Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - science<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Cette planète n’est pas très sûre » d’Alexis Jenni : pop science par un Goncourturn:md5:9e191eca8e7b4b36b59bf5d054ff4a5c2023-09-02T12:33:00+02:002023-09-02T11:34:33+02:00ChristopheScience et conscienceabominationapocalypseastronomieautodestructioncataclysmecatastrophecivilisationclimatcolonisationcomplexitécosmologiedinosaureseffet de serreeffondremententropieexaptationgigantismegéographiegéologielivres luspanspermieperspectivepessimismesciencetempsvolcansécologieéonsévolution<p>Les 5 Grandes Extinctions racontées par un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Jenni">détenteur du Goncourt</a>. Ce n'est pas de la littérature mais de la bonne vulgarisation. Alexis Jenni est d’abord prof de Sciences Nat’ (comme on disait autrefois), c’est cela qui transparaît, avec l’amour de la Science et de ses turpitudes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure.jpg" title="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure_s.jpg" alt="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)" class="media-right" /></a>
Dans l’histoire de la vie sur Terre, les extinctions principales n’étaient pas cing (<em>Big Five</em>) mais au moins six, plus celle en cours, quoique peut-être plutôt dix-huit, question de choix de seuil puisque la disparition et l’apparition des espèces est un phénomène continu, la moyenne est d’un million d’année d’existence pour les mammifères, et les pics sont des anomalies dans ce bouillonnement permanent, et cette phrase est trop longue comme certaines de celles de l’auteur.</p>
<p>Le propos est grand public, ouvertement « pop science ». Les termes techniques ne manquent pourtant pas. J’aurais aimé une petite frise chronologique des époques : si j’ai une vision claire de l’ordonnancement des Permien, Trias, Jurassique et Crétacé, c’est moins clair pour l’Ordovicien ou le Silurien. Merci Wikipédia pour les précisions.</p>
<p>Entre deux leçons de science, on croise Stephen Jay Gould, Lamarck et Darwin : à côté de géologie, il s’agit aussi d’évolution, et ces débats sont rarement scientifiques, et en disent beaucoup sur la société de l’époque. Le rôle du hasard sans but dans l’évolution est insupportable pour tant de monde, qui ressassent les mêmes arguments démontés depuis un siècle et demi. Gould dirait que la complexité des espèces n’est qu’une illusion : le monde reste massivement dominé par les bactéries et autres animaux minuscules.</p>
<h2>Limite K-T</h2>
<p>On commence par la plus connue et médiatique des extinctions, celle d’il y a 66 millions d’années, où les dinosaures ont disparu, ainsi que les ammonites et nombre d’animaux et plantes. C’est l’occasion d’un petit cours de géologie de base sur les couches de sédiments : leur nature dépend en bonne partie des animaux morts qu’ils contiennent, et la fameuse couche K-T (Crétacé-Tertiaire)<sup id="fnref:ts1693647273.1"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.1" class="footnote-ref" role="doc-noteref">1</a></sup> est justement vide de vie. Suit un exposé sur les différentes théories plus ou moins farfelues, les problèmes de datation, et la solution trouvée par Alvarez père & fils, décrite non comme un moment eurêka mais comme un bel exemple d’interdisciplinarité et de sérendipité. Alvarez fils, géologue, cherchait un moyen pour calculer la <em>durée</em> de cette couche K-T, et Alvarez père, astronome, eut une idée d’astronome : mesurer la quantité des métaux typiques des météorites, qui tombent des cieux avec une régularité de métronome. La quantité trouvée, astronomique (littéralement), mena immédiatement à l’hypothèse du caillou assassin.</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur comment fonctionne vraiment la science, loin de l’image éthérée de la tour d’ivoire et des froids raisonnements. Les pinaillages incessants, la mauvaise foi des partisans des théories battues en brèche, les différentes quasi culturelles entre différentes branches des sciences, les conséquences des batailles passées (le catastrophisme a été difficilement délogé au XIXᵉ, on n’allait pas le faire revenir !), même les éventuels noms d’oiseaux échangés… garantissent au final la solidité de la théorie finale <sup id="fnref:ts1693647273.2"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.2" class="footnote-ref" role="doc-noteref">2</a></sup>, ou l’améliorent. La théorie volcanique reste l’alternative la plus plausible à la météorite, mais elle ne résista pas aux dernières découvertes archéologiques, notamment à Chicxulub. S’il y eut des éruptions monstrueuses en Inde vers cette époque, il est significatif qu’elles aient eu lieu aux antipodes du point d’impact, une éventuelle activité ayant été empirée par l’onde de choc. Au passage, petite explication d’un hiver nucléaire.</p>
<p><a href="https://pxhere.com/en/photographer/3176923" title="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Diplodocus_comete-ChristianMR_via_pxhere.com-CC0_m.jpg" alt="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)" class="media-right" /></a>
Alexis Jenni se plaint que les gens ne soient pas comme lui fascinés par la couche K-T quand elle est si proche (il y a un <em>spot</em> au pays basque), ou même d’habiter à Chixculub. Je partage cet effarement, ça me remuerait d’être proche d’un témoignage d’un tel événement.</p>
<h2>Du Permien au Trias</h2>
<p>Ensuite on enchaîne sur la pire extinction : le Permien, 252 millions d’années en arrière, bien avant les dinosaures. Une période étouffante, avec très peu d’oxygène, avec un méga continent unique, des eaux trop basses… et donc peu de traces. La couche de transition est encore plus pauvre en carbone 12 (végétal, vivant) que la couche K-T. Des restes de champignons : beaucoup de bois mort. Les indices s’accumulent : la période déjà chaude (36 degrés de plus que la nôtre !) a été suivie d’une véritable cuisson.</p>
<p>Et cette fois le coupable semble bien volcanique, et sibérien, avec plein d’effets en cascade. (J’avais déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">parlé de l’extinction du Permien</a>.) Notre civilisation ne part pas d’aussi chaud, mais on y va tout droit.</p>
<p>À cause du début du fractionnement de la Pangée et du volcanisme, une extinction moins grave (« juste » les ¾ des espèces) a lieu entre Trias et Jurassique, ouvrant le premier âge d'or des dinosaures.</p>
<h2>Du Dévonien au Carbonifère</h2>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D_Terrelli.png" title="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/animaux/Devonien/.Dunkleosteus-par_Entelognathus_via_Wikipedia-CCBYSA4.0_m.png" alt="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)" /></a></p>
<p>On revient encore 100 millions d’années en arrière. La fin du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9vonien">Dévonien</a> voit deux ou trois pics d’extinctions sur une Terre pourtant luxuriante « dominée » par les poissons. Parmi eux, les premiers tétrapodes, qui, dans leurs mangroves encombrées, commencent à se demander si ça ne serait pas mieux sur terre. Cette fois, la cause de l’extinction serait la vie elle-même : le succès des forêts aurait entraîné une masse de sédiments vers les mers peu profondes de l’époque, devenues alors invivable pour nombre d’espèces. (La belle autorégulation de la planète est donc une légende, même à l’échelle de quelques millions d’années.) Cerises sur le gâteau : une glaciation pour faire chuter le niveau des mers (dit Wikipédia) ; puis un coup d’effet de serre pour détruire la couche d’ozone.</p>
<h2>De l’Ordovicien au Silurien</h2>
<p>On est presque un demi-milliard d’années dans le passé : pendant que des bestioles tenant du scorpion géant croisent dans les océans grouillant de vie invertébrée, les plantes et mousses commencent à conquérir la Terre, consomment le CO₂… et déclenchent une grande glaciation : exit 85% des espèces.</p>
<h2>La Grande Oxydation</h2>
<p>Cette glaciation, ce n’était certes pas la première de l’histoire de la Terre. Quand les bactéries se mirent à la photosynthèse, elles polluèrent massivement l’atmosphère avec leur déchet : l’oxygène, autrefois absent et mortel pour la vie. L'oxygène rouilla tout le fer de la planète, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thane_atmosph%C3%A9rique#Processus_d'absorption">puis le méthane</a>, très puissant gaz à effet de serre. Le soleil étant, il y a 2,4 milliards d’années, moins chaud, c’était parti pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_huronienne">300 millions d’années de Terre-boule de glace</a>. Le cycle du carbone est fragile et oui, la vie s’est lentement adaptée après l’hécatombe, mais le sort de ces bactéries anaérobies qui ont pollué leur planète à un niveau mortel (pour elles) et détraqué le climat devrait nous faire réfléchir. Il a fallu attendre que les volcans aient craché assez de CO₂ pour la débâcle.</p>
<p>Il y eut des rechutes de glaciation, notamment quand le supercontinent Rodinia se fragmenta, favorisant l’érosion et donc la chute du CO₂, provoquant le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cryog%C3%A9nien">Cryogénien</a>, juste avant la diversification et les bestioles bizarroïdes de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diacarien">Édiacarien</a>.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote>
<p>On meurt beaucoup sur cette Terre, parfois seul et parfois brutalement tous ensemble.</p>
</blockquote>
<p>La Terre a été alternativement une boule de glace et un four, et le soleil n'est pas le responsable principal. Un continent unique entraîne un désert en son centre, réduit l’érosion, réduit les mers peu profondes, le CO₂ s’accumule, la planète cuit. Quand un continent se scinde, l’érosion reprend, le CO₂ chute et l’effet de serre baisse, la glaciation menace. Le CO₂ dépend aussi des volcans et de l’extension du vivant. La vie s’amuse à balancer ses déchets dans l’atmosphère ou à jouer sur l’érosion. L’occasionnel géocroiseur ne fait que complexifier une situation assez instable.</p>
<p>Mais la vie est souple, grouille, s’étend partout… si on la laisse tranquille. La planète nous survivra, aucun doute là-dessus, quitte à panser ses plaies quelques millions d’années. Notre civilisation obsédée par le court terme ne verra peut-être pas le siècle suivant. Ne pas oublier non plus que les espèces qui pullulent (nous humains représentons 13% de la biomasse mondiale, nos animaux 85%…) finissent par devenir des ressources pour d’autres jusqu’à régulation (Je me dis que le Covid n’est que le premier de virus conquérants.)</p>
<p>Quant à une nouvelle extinction majeure, elle est bien en marche, et s’accélère : 80% d’insectes en moins (en poids) en 40 ans, les oiseaux suivent. Jenni panique. Anthropocène ou Nécrocène ?</p>
<div class="footnotes" role="doc-endnotes">
<hr />
<ol>
<li id="fn:ts1693647273.1" role="doc-endnote">
<p>Apparemment, on dit plutôt <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_Cr%C3%A9tac%C3%A9-Pal%C3%A9og%C3%A8ne">K-Pg (Crétacé-Paléogène)</a> de nos jours. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.1" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1693647273.2" role="doc-endnote">
<p>Je lisais justement un <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/pasteur-une-carriere-jalonnee-de-polemiques-24434.php">article de <em>Pour la Science</em></a> sur Pasteur, pas toujours exemplaire dans les débats scientifiques. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.2" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
</ol>
</div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/872« Théorème vivant » de Cédric Villaniurn:md5:e4c905afcfdcfe065e0223e50f03f8a02022-01-07T19:51:00+01:002023-03-13T10:52:28+01:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationcomplexitéhard sciencemathématiquesperfectionnismeprise de têtesciencetranscendanceténacitééducationémerveillement<p>Parmi les livres amenés par le Père Noël, il y avait un livre de littérature mathématique : <em>Théorème vivant</em>, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9dric_Villani" hreflang="fr">Cédric Villani</a>. Si vous ne le connaissez pas, c'est le mathématicien à l'araignée, médaillé Fields (le Nobel des maths), qui s'est fait exclure de LREM après y avoir cru un temps, et depuis a rejoint les écologistes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Cedric_Villani-Theoreme_vivant.jpg" title="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Cedric_Villani-Theoreme_vivant_s.jpg" alt="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013" /></a> Un proverbe prétend que chaque équation dans un livre en divise les ventes par deux : ce livre ne devrait donc pas exister sous forme entière. Et pourtant, il s'est vendu.</p> <p>Des pages entières d'intégrales (et Dieu sait quoi encore, je n'ai fait que maths spé), aux notations non expliquées, parsèment le livre, mais elles ne sont que pour la décoration, ou plutôt l'émerveillement ; pour être admirées, pas comprises.</p>
<p>Et il n'y a pas que les équations : dès les premières pages le lecteur est (délibérément) assommé par une discussion saturée de termes techniques entre Cédric et son collègue <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Mouhot" hreflang="fr">Clément Mouhot</a>. Pas des termes techniques barbares inconnus comme échangeraient deux <em>geeks</em> ou deux ingénieurs de science-fiction, non, mais des mots de français courants qui, en maths, prennent un sens complètement ésotérique : « réplique du tore », « relaxation pour une équation réversible », « tu fais un changement de fonction non linéaire, tu montes en puissance… »</p>
<p>Ça sert à quoi tout ça ? Ah, oui, l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amortissement_Landau" hreflang="fr">amortissement Landau</a>, l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Vlassov" hreflang="fr">équation de Vlassov</a> sont importants dans la physique des plasmas (donc de la fusion nucléaire, entre autres), et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Boltzmann">l'équation des gaz de Boltzmann</a> occupe les physiciens depuis un siècle et demi. Les maths semblent désincarnées, mais les physiciens n'arrêtent pas de leur demander de résoudre leurs problèmes depuis des millénaires (et les marchands, les comptables, les militaires…).</p>
<p>D'un côté, Villani semble hors de ce monde, avec ses problèmes que peu de personnes monde comprennent, sa bulle sociale (microcosme de mathématiciens, résidence studieuse loin des contingences à Princeton…) ; de l'autre ses problèmes sont très concrets, de l'angoisse de se déshonorer à avoir annoncé des résultats trop tôt aux problèmes de garde de ses enfants.</p>
<p>L'histoire est mince et le suspens faible (Cédric aura-t-il sa médaille Fields ? trouvera-t-il le moyen de dompter ces équations ? son article, de la taille d'un petit livre, sera-t-il accepté pour parution ?), mais il s'agit surtout de dépoussiérer les maths, de montrer qu'il y a des humains derrière.</p>
<p>En prime, une liste éclectiques de références musicales à découvrir.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Th%C3%A9or%C3%A8me-vivant-%C2%BB-de-C%C3%A9dric-Villani#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/861« L’odyssée des gènes » d’Évelyne Heyerurn:md5:4ad6250b8a59c8bd8d02356d1191698c2021-04-05T19:12:00+02:002021-04-05T18:13:04+02:00ChristopheGénéalogie & ancêtresAfriqueAmériqueAntiquitébase de donnéesChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitéculturedémographieenfantsEuropeexaptationgénéalogiegéographiehistoirelyrismemobilitémytheperspectiveracismereligionsciencesociétés primitivestempsthéorieécologieémerveillementévolution<p>(Oui, enfin une chronique d'un livre récent !)
Depuis quelques années, l'étude génétique des fossiles a progressé à pas de géants, ainsi que celle des écarts entre deux populations actuelles. Évelyne Heyer résume l'état des connaissances de manière accessible et lisible.</p>
<p>Résumé subjectif (<em>commentaires personnels en italiques</em>) :</p> <p>Les gènes mutent en permanence. Par quelques passages peu techniques, Évelyne Heyer explique clairement de quelle manière on peut lister et exploiter les écarts afin de remonter aux ancêtres communs de deux populations, et estimer les transferts démographiques entre elles.
Chaque exemple de sa fresque historique est l’occasion d’illustrer un concept : dérive génétique dans les petits groupes isolés, possibilités offertes par les différents types de code génétique (mitochondrial, chromosomes X ou Y…) ; ou d'expliquer une technique ou difficulté : recherche d'ADN dans les os, dents, les bulbes de cheveux, difficultés de conservation dans certains sols… <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/L_Odyss%C3%A9e_des_g%C3%A8nes-%C3%89velyne_Heyer.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.L_Odyssée_des_gènes-Évelyne_Heyer_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Un chercheur qui cherche des volontaires pour ses études dans des régions reculées peut avoir quelques surprises : la cordialité d'un administrateur quasi-soviétique d'Asie centrale, la surveillance du FSB ouzbekh, le blocage d'une région où est tombé un Soyouz, les frontières à passer en douce après avoir perdu un passeport, l'accueil et l'aide spontanés des nomades, les ravages de l'alcoolisme dans le Kouzbass, la musique hyper-sophistiquée des Pygmées, ou une véritable Vallée des Rois dans l'Altaï.</p>
<p><em>Depuis longtemps, je dévore tout ce qui est démographie dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science & Vie<em> ; je savais par exemple que les </em>Homo sapiens<em> non africains avaient rencontré Néandertal en arrivant au Moyen-Orient, et que leurs descendants, nous comme les Aborigènes d'Australie, avions gardé quelques pour cents de gène néandertaliens. Je savais aussi qu'à côté de Néandertal existaient au moins 2 ou 3 espèces comme Denisova, qui elles aussi nous ont légué quelques gènes. Je ne savais pas que la chronologie de l'histoire de l'humanité était aussi bien établie.</em> Résumé :</p>
<h4>−200 000 et −300 000 ans en Afrique : apparition de l'homme moderne</h4>
<p><em>Le livre n'en parle pas, mais cela se passe pendant l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_Riss" hreflang="fr">avant-dernière glaciation</a></em>.</p>
<p>La limite entre <em>Homo erectus</em> et <em>Homo sapiens</em> est un peu floue.</p>
<h4>−120 000 ans : séparation des Khoe & San</h4>
<p>Leurs descendants sont les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/San_(peuple)" hreflang="fr">derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari</a>.</p>
<h4>−100 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>La Chine a été colonisée il y a plus de 100 000 ans. Par contre, ces premières vagues, et même les suivantes évoquées plus bas, y compris celle qui se croisera avec Denisova et ira en Australie, n'ont pas laissé de trace génétique.</p>
<h4>−70 000 ans au Moyen Orient : Sapiens rencontre Néandertal</h4>
<p>(<em>Donc pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_W%C3%BCrm" hreflang="fr">dernière glaciation</a>, entre −100 000 à −10 000 ans environ</em>).</p>
<p>La rencontre a commencé vers −70 000 ans. Il semble avoir suffi de 150 métissages laissant une descendance, dans quelques groupes sortis d'Afrique, de quelques milliers d'individus au total, pour expliquer la diffusion des gènes vers notre espèce. Les deux groupes manquaient-ils d'intérêt l'un pour l'autre, ou les hybrides étaient-ils généralement stériles ?</p>
<p>Se sont-ils rencontrés paisiblement et romantiquement, ou violemment ? Les gènes ne le disent pas, mais le chromosome X (masculin) semble peu touché par le métissage : peut-être les hommes métis étaient-ils plus facilement malades (ils n'ont pas de deuxième chromosome X, mais un Y), peut-être le croisement était-il asymétrique (cela se rencontre), avec une attirance entre femmes <em>Sapiens</em> et hommes de Néandertal, sans que le symétrique soit vrai.</p>
<p>Les métis sont donc les ancêtres des Européens, Asiatiques, Amérindiens… Quelques-uns sont manifestement retournés en Afrique, où l'on retrouve quelques traces génétiques de Néandertal.</p>
<p>Les Européens ont environ 2 % de gènes néandertaliens. Mais c'est très peu quand 99,87 % du génome est identique. Les Néandertals souffraient cependant de consanguinité, les premiers métis semblent en avoir pâti. Il n'est pas facile de savoir à quoi nous servent à présent les gènes restants. Certains sont liés au système immunitaire ou à la kératine, peut-être à la résistance au froid, car Néandertal était adapté au climat de l'Eurasie de l'époque glaciaire.</p>
<p>Bizarrement, des gènes <em>Sapiens</em> de l'époque, et disparus depuis, ont été retrouvés chez certains Néandertals. Le croisement a été à double sens.</p>
<h4>D'autres croisements, d'autres espèces</h4>
<p>Les croisements sont encore plus compliqués en Asie : des habitants de Nouvelle-Guinée ont hérité jusqu'à 6 % de gènes de Denisova, cousin de Neandertal, les Tibétains ont hérité de gènes d'adaptation à la haute altitude. Des preuves de métissage Denisova-Neandertal existent aussi.</p>
<p>En Afrique existent des traces de métissage de <em>Sapiens</em> avec d'autres espèces dont on ne sait rien. En Indonésie, pendant des centaines de milliers d'années, a existé un « homme de Florès », peut-être descendant d<em>'Homo erectus</em>, mais dont l'ADN reste inconnu (le sol tropical conserve mal les fossiles). L<em>'Homo luzonensis</em> est un cousin philippin datant d'autant moins 50 000 ans.</p>
<blockquote><p>« Cela fait finalement très peu de temps que nous sommes la seule espèce d'humains sur Terre. »</p></blockquote>
<h4>−60 000 ans : séparation des pygmées</h4>
<p>Pendant ces mélanges en Asie, les pygmées sont devenus un groupe à part, lui-même scindé en deux il y a 20 000 ans.</p>
<p>La raison de leur petite taille reste discutée : adaptation à la forêt, dérive génétique dans de petits groupes… Il y a plus de différences génétiques entre ces deux groupes pygmées, de même culture pourtant, qu'entre Européens et Asiatiques ! Ce qui d'ailleurs peut se généraliser à l'Afrique, puisque les non-Africains descendent tous d'un petit groupe, qui n'a emporté qu'une partie de la diversité génétique originelle de l'Afrique (même si elle a ajouté ses mutations, adaptations et métissages avec Neandertal et Denisova).</p>
<h4>−50 000 ans : colonisation de l'Australie</h4>
<p>Toujours pendant la dernière glaciation, le niveau bas des mers permet aux hommes en provenance d'Asie (métissés de Néandertal donc) d'arriver jusqu'en Australie. Les Aborigènes actuels sont les descendants directs de ces premiers colons. Dispersés en Asie, on trouve encore les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritos">Négritos</a>, qui seraient les descendants directs de ces anciennes populations.</p>
<p>Les fondateurs, même à cette époque, étaient forcément des marins, et assez nombreux, vu la diversité génétique des Aborigènes. Les populations du bloc Nouvelle-Guinée-Australie ont ensuite été séparées par les mers, les déserts, et, peut-être, leur système parental très complexe.</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Europe</h4>
<p>La génétique n'a pas modifié l'histoire déjà connue de Cro-Magnon et de ses voisins. Elle confirme une organisation en petites bande de chasseurs-cueilleurs, et des unions entre membres de bandes proches. Mais il est surprenant de retrouver le même phénomène que chez les Pygmées : une séparation génétique entre Est et Ouest de l'Europe malgré une proximité culturelle sur tout le continent.</p>
<p>Autre surprise : les Cro-Magnons et leurs voisins étaient plutôt noirs aux yeux bleus ! L'éclaircissement de leur peau a été très progressive, jusque pendant le Néolithique. Le problème est complexe : la peau claire est apparue plusieurs fois, avec des gènes différents, dans différentes populations dans le monde.</p>
<p>Les yeux bleus des Européens dateraient des débuts de colonisation. Les cheveux roux seraient apparus un peu avant. Ces caractères sans bénéfice évident ont pu se répandre par préférence sexuelle. (Autres exemples : les yeux bridés ou la barbe.)</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>On l'a vu, l'Asie était déjà colonisée. Les populations actuelles sont plus proches des Européens que des Australiens, et il doit s'agir de la même vague qui s'est séparé en deux branches, Europe et Asie. La frontière, floue, a permis des migrations entre elles. Le rôle de l'Asie centrale (source ou convergence) est flou : c'est un « mille-feuilles d'histoires de migrations », y compris aux temps historiques.</p>
<h4>−37 000 ans : disparition de Neandertal</h4>
<p>Parmi les innombrables causes possibles, de l'inadaptation au génocide par <em>Sapiens</em>, Évelyne Heyer en raye une : la consanguinité. Elle n'était pas forcément plus élevée chez les Néandertals que chez certains chasseurs-cueilleurs. Par contre, la diversité génétique était faible, et les Néandertals subissaient déjà une très lente décroissance démographique bien avant de rencontrer les <em>Sapiens</em>. Il n'est pas encore sûr que la consanguinité se soit renforcée ensuite, suite au morcellement du territoire.</p>
<h4>−15 000 ans : première découverte de l'Amérique</h4>
<p>Via le détroit de Béring ou les Aléoutiennes, comme il était déjà connu. Mais y a-t-il eu un peuplement plus ancien, par les côtes ou en dérivant depuis l'Afrique ? Les indices archéologiques sont ténus. Génétiquement, il n'en reste aucune trace.</p>
<h4>−10 000 ans : l'agriculture</h4>
<p>L'agriculture est apparue à peu près simultanément à plusieurs endroits de la planète.</p>
<p>(<em>Cela m'avait longtemps intrigué. J'avais compris qu'un assèchement avait conduit les populations à se regrouper autour des grands fleuves, par exemple. En fait, l'apparition de l'agriculture correspond à la fin de la glaciation et aux modifications climatiques qui ont eu un impact sur tout le globe.</em>)</p>
<p>L'explosion démographique a-t-elle suivi ou précédé l'apparition de l'agriculture ? Habituellement, on pose que la nourriture plus abondante a permis d'augmenter la population. Mais Heyer penche pour la seconde hypothèse. En effet, l'ADN permet de calculer le moment où l'effectif d'un groupe a fortement augmenté (la proportion d'ancêtres communs dans un petit groupe est plus grande), et les dates calculées sont nettement antérieures aux premières traces d'agriculture. Il a existé des populations non agricoles assez importantes pour laisser des grands monuments (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6bekli_Tepe" title="fr">Göbekli Tepe</a>) ou de premiers centres urbains (Jéricho). Le néolithique serait d'abord marqué par la démographie, qui a rendu nécessaire l'intensification de pratiques agricoles déjà embryonnaires chez des chasseurs-cueilleurs.</p>
<p>L'enchaînement causal reste très flou. On ne sait même pas si, au Moyen-Orient, il y a eu migration des convertis à l'agriculture ou diffusion culturelle auprès des chasseurs-cueilleurs. Par contre, il y a bien eu diffusion par des migrations vers l'est (Asie du Sud) et l'ouest (Europe).</p>
<p>Sont apparus en même temps que l'élevage et la démographie galopante : les caries, la malnutrition, des maladies contagieuses comme la rougeole, la tuberculose — pas forcément des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoonose" hreflang="fr">zoonoses</a> d'ailleurs, même si celles-ci vont devenir fréquentes.</p>
<h4>−6000 ans : l'agriculture en Europe</h4>
<p>L'agriculture se répand en Europe par l'est, depuis l'Anatolie, et n'atteint la France que vers 5000 av. J.-C.</p>
<p>La « continuité génétique » n'est pas facile à établir, par manque de fossiles d'époque avec un ADN en bon état. On sait toutefois que les premiers agriculteurs européens descendent des migrants anatoliens, qui se sont mélangés ensuite aux anciens chasseurs-cueilleurs. Le mode de vie de ces derniers a disparu en quelques millénaires.</p>
<p>Il semble que les nouveaux venus aient apporté la peau claire en Europe, utile si la nourriture contient moins de vitamine D.</p>
<p>(<em>Si je suis bien, les blonds aux yeux bleus sont des métis de Cro-Magons noirs, pour les yeux, et d'Anatoliens pour la peau.</em>)</p>
<h4>Le lait</h4>
<p>Les premières traces d'utilisation du lait (faisselle, fromage) remontent à 6500 av. J.-C. en Anatolie ; un peu moins en Europe.</p>
<p>Normalement un mammifère adulte ne possède plus l'enzyme pour digérer du lait… sauf les humains descendants d'éleveurs. Cela dépend énormément des populations, et les Africains, Européens, Asiatiques concernés ne possèdent pas les mêmes mutations.</p>
<p>La pression de sélection sur un gène peut se mesurer, et elle a été importante pour propager ce caractère (existant, jusque là peu utile) dans certaines populations (Finlandais, Irlandais, Touaregs…), mais pas dans d'autres (Chinois, Amérindiens). Des techniques comme la fermentation du lait permettent de se passer de la mutation.</p>
<p>(<em>Certains disent carrément que le lait est un poison. C'est excessif, mais son utilité pour un adulte dépend donc surtout de ses ancêtres. Quant à l'alimentation paléolithique, quoi qu'elle ait pu être, nous n'y sommes plus adaptés.)</em></p>
<h4>Ötzi, Âge du Bronze et culture Yamnaya</h4>
<p>Vers 3300 ans av. J.-C., dans le Tyrol, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi">Ötzi</a> était assassiné dans des circonstances qui resteront à jamais obscures. Son génome est proche des… Sardes !</p>
<p>L'histoire génétique de l'Europe ne s'est pas arrêtée avec l'arrivée des cultivateurs anatoliens. Un groupe se répand entre 3000 et 1000 av. J.-C. (<em>en gros, pendant l'histoire de l'Égypte antique classique, de l'unification jusque la fin du Nouvel Empire</em>), provenant du nord de la Caspienne, identifié comme « culture <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Yamna" hreflang="fr">Yamnaya</a> », nomade, inventeur du chariot à bœufs et des poteries en forme de cloche, entre autres, et a massivement influencé les génomes européens (et centre-asiatiques : leurs traces se retrouvent jusque dans l'Altaï).</p>
<p>(<em>Et ce ne sera pas la dernière invasion de nomades venus de ces steppes…</em>)</p>
<h4>L'Europe génétique actuelle</h4>
<p>5000 ans de guerres, invasions et acculturations diverses ne changèrent ensuite plus grand-chose : les gradients génétiques des Européens d'il y a un siècle (avant l'exode rural et les migrations massives du XXè siècle) suivent la géographie.</p>
<blockquote><p>« À tel point qu'à partir de l'ADN d'un individu contemporain, on peut retracer son origine à 500 km près. »</p></blockquote>
<p>Exceptions : les Basques, les Sardes, les Siciliens. Les Basques ne sont pas, comme on a pu le croire, un isolat des chasseurs-cueilleurs du Néolithique ; ils ont subi en gros les mêmes mélanges que les autres, mais seraient restés plus isolés depuis la fin de l'Âge du Bronze. Les Sardes par contre n'ont pas subi le dernier mélange, et restent proches des contemporains d'Ötzi. Les Étrusques ou les Minoens étaient peut-être aussi dans ce cas.</p>
<p>Et les Indo-Européens là-dedans ? Il n'y a pas forcément diffusion simultanée d'une langue et d'une population. Les langues indo-européennes ont conquis presque toute l'Europe, et au-delà (Hittites, Iraniens, certains Indiens…), et aucun scénario n'explique encore cela clairement.</p>
<h4>Le cheval & l'Asie centrale</h4>
<p>Dans les plaines kazakhs, vers 3000 ans av. J.-C. (<em>donc au moment où les Yamnayas conquièrent l'Europe et où les Égyptiens comment à penser aux pyramides</em>), le cheval est domestiqué. 1000 ans plus tard, depuis l'Oural, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Sintachta" hreflang="fr">Sintashtas</a> (Yamnayas mâtinés d'Européens) se répandent vers l'Asie centrale, et laissent des traces génétiques jusqu'en Inde.</p>
<p>L'Asie centrale se dessèche peu après, poussant les peuples à devenir nomades ou éleveurs se mélangeant allègrement au fil des générations : la région devient encore plus un véritable patchwork génétique.</p>
<h4>Bantous & pygmées</h4>
<p>Toujours vers 3000 ans av. J.-C., en Afrique, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bantous" hreflang="fr">Bantous</a> (des agriculteurs) diffusent depuis le Cameroun dans toute la moitié sud de l'Afrique, et fragmentent le territoire des Pygmées (chasseurs-cueilleurs).</p>
<p>Les deux peuples cohabitent, avec prédominance des Bantous : les Pygmées ont adopté les langues de leurs voisins non Pygmées, et échangé des gènes régulièrement. Heyer a constaté que ces échanges se font surtout des non-
Pygmées vers les Pygmées. Explication : les femmes pygmées, bien que considérées comme inférieures, peuvent épouser des hommes bantous (pas l'inverse), mais finissent généralement par retourner avec leurs enfants dans leur village. La taille des descendants est directement liée au degré de métissage, car de nombreux gènes sont impliqués dans la taille des pygmées (et en aucun cas la malnutrition).</p>
<p>À cause de la rapidité de leur expansion, les Bantous sont relativement homogènes linguistiquement et génétiquement. On retrouve tout de même les traces génétiques des populations absorbées, notamment ce qui a trait à l'adaptation locale.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. en Océanie</h4>
<p>Au moment où les Bantous terminent leur expansion (<em>époque de Ramsès Ⅲ et de la Guerre de Troie</em>),
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanuatu#Peuplement_initial" hreflang="fr">Vanuatu</a> est atteinte par l'homme.</p>
<p>D'où venait-il ? Les habitants sont un mélange génétique de Nouvelle-Guinée et d'Asie du Sud-Est (plus précisément Taïwan, suggère l'archéologie). Les premiers habitants, par contre, ne seraient pas passés par la Nouvelle-Guinée, le mélange avec les Papous est ultérieur.</p>
<p>Il faut attendre l'an 1000 de notre ère pour que la Nouvelle-Zélande et Polynésie soit conquises, jusqu'à l'Île de Pâques.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. : les Scythes</h4>
<p>Les « barbares » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scythes" hreflang="fr">scythes</a>, de langue iranienne, très anciens nomades éleveurs de chevaux des steppes de la Hongrie à la Mongolie, étaient craints des anciens Grecs. Leur origine est un mystère.</p>
<p>La réponse d'Heyer : génétiquement, ils descendraient des Shintayas des steppes d'Asie, et non de celles du Caucase, et se seraient mélangés aux nombreuses populations rencontrées. La relative homogénéité culturelle n'est pas génétique.</p>
<h4>Endogamie</h4>
<p>Heyer a participé à une longue étude génético-linguistique en Ouzbékistan (pays ethniquement très mélangé) : la proximité linguistique est corrélée à la génétique, mais ce n'est pas systématique, et des phénomènes de remplacement linguistiques sont prouvés ici ou là. Les mariages s'y font préférentiellement entre gens culturellement proches, quitte à parcourir de grandes distances, d'où divergence génétique. Le phénomène se retrouve entre castes indiennes, entre catholiques et protestants néerlandais…</p>
<p>À <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boukhara" hreflang="fr">Boukhara</a>, Heyer a constaté elle-même que les quelques familles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_de_Boukhara" hreflang="fr">juives ouzbekhs</a> sont génétiquement proches de celles du Caucase (une histoire remontant à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nabuchodonosor_II" hreflang="fr">Nabuchodonosor</a>). Ils sont aussi moins mélangés avec leurs voisins et les communautés juives proches, que ne l'ont fait les Ashkénazes d'Europe, très métissés… à moins que la tradition orale ait oublié l'arrivée récente d'un groupe important.</p>
<p>L'endogamie totale reste cependant exceptionnelle.</p>
<h4>IXè siècle : les Vikings en Islande</h4>
<p>L'Islande, isolée, avec sa généalogie millénaire, est un paradis de généticien. Les études récentes montrent que les premiers colons étaient moitié Scandinaves, moitié Gaéliques. Ces derniers ont laissé moins de descendance, car sans doute socialement inférieurs (des esclaves ?). Les chromosomes X et Y montrent que l'ascendance scandinave est surtout paternelle, mais les lignées maternelles sont écossaises. Ne pas oublier que l'Irlande était déjà en partie viking.</p>
<p>Par son isolement et sa petite taille, la petite population islandaise a subi une dérive génétique qui la rend bien identifiable.</p>
<h4>De Gengis Khan aux Maoris</h4>
<p>Selon un article de 2003, le conquérant aux nombreuses épouses serait l'ancêtre de 10 % des hommes actuels de son ancien Empire (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol" hreflang="fr">le plus grand de l'Histoire</a> avec le britannique). Plus rigoureusement, des variants génétiques sur le chromosome mâle Y, propres aux Mongols (pas forcément le Khan) remonteraient à cette époque. Ce n'est possible qu'avec un fort succès reproducteur sur plusieurs générations. Les groupes concernés sont fortement patrilinéaires, et leurs généalogies officielles ne sont pas que mythiques, mais recoupent bien la génétique. Le statut social et la capacité à avoir beaucoup d'enfants s'héritent par les pères. Les hommes ont alors tendance à partager des Y proches. Le phénomène se retrouve même dans les sociétés patrilinéaires moins strictes, comme l'Occident actuel.</p>
<p>Le phénomène se retrouve ailleurs et même, inversé, chez les Maoris, et plus généralement chez les chasseurs-cueilleurs, où l'ADN mitochondrial montre que le succès reproductif des femmes se transmet aux filles. Les raisons sociales sont nombreuses.</p>
<p>On peut donc détecter le système de parenté de civilisations par leurs gènes. Les haplogroupes peuvent être datés (comme l'a été celui de Gengis Khan). En Eurasie, la patrilinéarité aurait émergé pendant l'âge du Bronze (1000 à 2000 av. J.-C.).</p>
<p>Les études d'Heyer au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Touva" hreflang="fr">Touva</a> et en Mongolie retrouvent la patrilinéarité, mais aussi sa conséquence : les femmes ont beaucoup plus la bougeotte que les hommes. Ce phénomène concerne les ⅔ de l'humanité, mais pas toute l'espèce. Pourquoi sommes-nous le seul grand singe à varier les modes sociaux ?</p>
<h4>Les esclaves africains</h4>
<p>Il n'y a bien sûr pas d'archive de la provenance exacte des esclaves africains déportés aux Amériques. Les informations issues de l'ADN s'affinent au fur et à mesure que les bases de données s'enrichissent. Les Afro-Américains viendraient d'Afrique Centrale et de l'Ouest. Les esclaves ont retransmis quelques pour cent de gènes pygmées.</p>
<p>S'y ajoutent généralement des gènes européens, dans des proportions très variables selon les individus (y compris 95 %, puisque la règle locale veut qu'une goutte de sang noir fasse de vous un Noir...). Même des suprémacistes blancs possèdent des gènes noirs : la couleur de peau n'est pas un indicateur très fiable, et peut simplement ne pas avoir été sélectionnée.</p>
<p>Le chromosome Y (mâle) est souvent européen, alors que l'ADN mitochondrial (féminin) est généralement africain, alors que les esclaves étaient surtout des hommes ! Cela se voit aussi en Amérique du Sud (chromosome Y européen, mitochondries amérindiennes), là aussi dans des proportions très variables : les colons prenaient femme (au mieux) sur place. Chaque région d'Amérique a son histoire marquée par la disparition plus ou moins complète des Amérindiens, l'arrivée des Européens et des esclaves africains (pas partout), les taux de mélange, le degré d'isolement, les déportations, les maladies importées d'Europe ou d'Afrique…</p>
<h4>Le Québec & l'effet fondateur</h4>
<p>Comme l'Islande, le Québec est un paradis pour généticiens. La population, longtemps faible, a explosé, les mouvements de population sont documentés, et les archives généalogiques sont complètes.</p>
<p>Comme les hivers rigoureux limitent les maladies, les familles nombreuses y deviennent la norme. Les quelques milliers d'aventuriers et d'orphelines sous Louis XIV sont 70 000 un siècle après, quand la colonie devient britannique. Les colons suivants sont exclusivement britanniques et ne se mélangent pas aux francophones. L'Église catholique lance alors la « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Revanche_des_berceaux" hreflang="fr">guerre des berceaux</a> » : la natalité reste très élevée que dans les années 1960.</p>
<p>La description de l'exploitation à grande échelle des registres paroissiaux est passionnante. Une motivation : les maladies génétiques propres aux Québécois, à priori une conséquence de la consanguinité. Surprise : les populations victimes ne sont pas plus consanguines que les autres !</p>
<p>Il est parfois possible de remonter à <em>la</em> personne ayant importé la mutation au Québec au XVIIe siècle. Quelques dizaines de personnes sont ancêtres de <em>toute</em> une région, voire d'une bonne partie des Québécois francophones !
En théorie, au bout de 10 générations, un individu représente ½¹⁰ ~ 0,1 % du patrimoine de ses descendants (et en pratique, souvent absolument rien), mais ce sera beaucoup plus s'il se retrouve plusieurs fois dans l'arbre d'une personne. Les mutations portées par l'ancêtre finissent donc par avoir une grande fréquence dans la population. À l'inverse, certaines maladies génétiques de France sont absentes du Québec. C'est l'« effet fondateur ».</p>
<p>Ce n'était pas vraiment une découverte, mais Heyer a été surprise de l'ampleur de l'effet en si peu de générations pour une population devenue importante. L'effet a été amplifié par celui des « enfants utiles » : ceux qui meurent jeunes , ou partent, sont neutres quant à l'évolution d'une population donnée. Par exemple, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saguenay%E2%80%93Lac-Saint-Jean" hreflang="fr">Sagueney-Lac-Saint-Jean</a> était un front pionnier, il y avait de la place, et les enfants de familles nombreuses restaient facilement dans la région.</p>
<p>Heyer donne un autre exemple en France : une vallée du Jura possédant sa maladie génétique endémique létale. Les malades portent la même mutation, et il n'y a pas d'ancêtre commun récent (XVIIIe siècle). Il fallait expliquer une persistance aussi longue, malgré la sélection naturelle, dans une population réduite et pas isolée. La cause s'est avérée sociologique : les habitants les plus ancrés, propriétaires des terres, avaient plus d'enfants et formaient une sorte de noyau stable ; les arrivants, sans terres, avaient tendance à repartir après une ou deux générations.</p>
<h4>Généalogie génétique</h4>
<p>Après 40 générations, la plupart des Français descendent sans doute de Charlemagne : la population de l'époque est très inférieure à celle de nos ancêtres potentiels s'ils étaient tous différents. De plus, une part notable n'a pas laissé de descendance jusqu'à nos jours : des branches peuvent s'éteindre relativement rapidement, mais d'autres personnes ont de nombreux descendants. Cela se calcule, et à supposer qu'il y ait quelques migrations à longues distances de temps à autre :</p>
<blockquote><p>« En Europe, tous nos ancêtres communs ont vécu il y a a entre 1 200 et 2 000 ans environ : tout individu (…) qui a laissé au moins un descendant jusqu'à nos jours est l'ancêtre de tous les individus actuels. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Le premier ancêtre généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3 000 ans. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Il y a à peine 5 000 ans, nous avions tous les mêmes ancêtres ! »</p></blockquote>
<p>Et parmi les habitants de cette époque, 60-80 % ont encore des descendants, donc :</p>
<blockquote><p>« Si vous entriez dans un village ou une cité d'il y a 5 000 ans, la plupart des personnes que vous croiseriez seraient les ancêtres communs à toute l'humanité. »</p></blockquote>
<p>(<em>Ce qui veut quasiment dire, cher lecteur, qui que tu sois, que les pyramides ont sans doute été construites par nos ancêtres communs ; et que nous descendons tous des premiers pharaons ou de Gilgamesh, de Papous, de Pygmées, de Maoris et de Sibériens. D'un côté, j'ai du mal à croire qu'en si peu de temps des Amérindiens de 3000 av. J.-C. aient pu transmettre leurs gènes à toute l'Eurasie, vu que les contacts étaient à peu près coupés jusqu'aux grandes explorations. D' un autre côté, pour un <a href="https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5313-vikings-decouvrent-ameriques.html" hreflang="fr">Leif Erikson</a> ou une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pocahontas" hreflang="fr">Pocahontas</a> qui ont laissé une trace dans la grande Histoire, combien d'aventuriers, de nomades, de bannis, de pirates violeurs, ou d'esclaves razziés très loin de chez eux ?</em>)</p>
<p>Les tests ADN sont à la mode, surtout aux USA. Les bases de données existantes sont un problème de vie privée, car notre ADN est commun avec nos parents. Y fouiller permet de débusquer des criminels, mais aussi de révéler des secrets de famille. Quant aux tests d'origine, ils ne possèdent aucune rigueur. Or l'extrême-droite américaine a tendance à les utiliser.</p>
<p>Paradoxalement, nos ADN sont très similaires, mais les différences permettent de désigner des populations distinctes (restées dans un même endroit et se mariant avec ses proches voisins). Quant à en déduire des « races », c'est illusoire : des populations très différentes peuvent posséder un même caractère (cas des maladies génétiques) ; si un caractère est précis, il ne concerne qu'un tout petit groupe (ex : l'adaptation à l'altitude des Tibétains). La notion n'est même pas fonctionnelle en médecine, et ne recouvrirait même pas les notions historiques et sociales. Évidemment, ceux qui parlent de races en arrivent très vite à les hiérarchiser, à réduire un individu à sa race (essentialisme), à oublier tous les aspects culturels, sociaux et environnementaux, en aucun cas liés aux gènes, voire qui les déterminent. On connaît les conséquences.</p>
<p>Si un humain ne semble pas spontanément raciste, il serait volontiers ethnocentriste, et privilégie naturellement son groupe, même non apparenté, tout en étant assez ouvert à l'étranger. L'essentialisme en fait un raciste.</p>
<h4>Les migrants</h4>
<p>250 millions de migrants en 2015, dit l'ONU. La plupart migrent à des distances très variables, généralement entre pays du Sud, et ce ne sont pas forcément les plus pauvres qui migrent, et pas forcément vers des États en dépression démographique. Aujourd'hui encore, 95 % des gens restent dans leur pays de naissance.</p>
<p>Dans le passé, les migrants ont toujours fini par se mélanger aux occupants précédents, à quelques quasi-génocides près (États-Unis). Le « taux de mélange » est très élevé dans nos sociétés, et quasi-total en 3 générations. En France, le mélange est la norme, mais il est beaucoup plus lent aux États-Unis. Au sein d'une même région du monde, l'endogamie est très variable, variant parfois d'une famille à l'autre. Si les femmes bougent plus (patriarcat oblige), les hommes qui quittent leur village vont plus loin. Un Californien aux yeux bleus bridés et à la peau sombre conclut le chapitre : l'allongement des distances va conduire à des brassages plus variés et des phénotypes nouveaux.</p>
<h4>Nos descendants</h4>
<p>La sélection naturelle ne nous changera pas en quelques siècles (<em>modulo cataclysme</em>). Le petit doigt de pied est inutile, il pourrait disparaître sans souci (comme nos queues autrefois), mais il faut une mutation, qui ne se diffusera que très lentement puisqu'il n'y a aucune pression de sélection dessus.</p>
<p>Si sélection il y a encore, elle est soit liée aux polluants (impact sur la fertilité de certains hommes, par exemple), et dans ce cas sans doute peu durable, ou variable ; soit à la sélection sexuelle, lors du choix du conjoint, les exemples étant des caractères visibles, en premier lieu la taille. L'exemple est développé : la taille est fortement héréditaire, mais son augmentation rapide au XXè siècle montre que le milieu a aussi un rôle majeur. Un plafond (génétique) semble atteint dans certains pays (Suède), d'autres populations grandissent ailleurs sans pouvoir espérer grandir autant. Par contre, la diversité génétique semble favoriser les plus grandes tailles, les divers mélanges génétiques vont donc jouer un rôle. (Surtout que nous serions inconsciemment plus attirés par des gens au système HLA différent du nôtre ! (<em>donc sans que l'apparence physique joue un rôle</em>))</p>
<p>Pour compliquer les choses, il y a l'épigénétique, c'est-à-dire l'expression des gènes (version amoindrie de l'hérédité des caractères acquis). Typiquement, une disette peut avoir un impact sur les quelques générations suivantes, pas plus loin. À l'inverse, l'augmentation de la taille peut bénéficier de cet effet, dans le bon sens.</p>
<p>La population humaine est gigantesque, et un caractère se propage lentement, et son environnement varie beaucoup plus vite que la sélection naturelle : impossible de savoir comment nous évoluerons — jusqu'à ce que nous isolions une petite population sur une planète. (<em>D'ailleurs, tous les films de science-fiction non immédiate me semblent faux à cause de cela : la population de Mars ou Cérès, après quelques générations, sera aussi diverse que l'équipage de Star Trek, mais ne ressemblera à aucun phénotype actuel.</em>)</p>
<h4>L'espérance de vie</h4>
<p>Quant à l'espérance de vie, son envolée en deux siècles tient à la réduction de la mortalité infantile et une meilleure hygiène de vie. Elle plafonne voire recule dans certains pays pour des raisons sociales (sida en Afrique, vodka en Russie, obésité aux États-Unis…). Une augmentation tiendrait à présent à la prolongation de la vie des personnes âgées (marginalement) ou simplement… l'amélioration de l'intégration sociale des moins favorisés ! Il ne semble pas y avoir de gène des centenaires. L'espérance de vie en bonne santé est une autre voie où progresser encore, mais le calcul est très délicat.</p>
<h4>Transition démographique</h4>
<p>(<em>On m'en parlait déjà au collège, je trouve fascinant de la voir se réaliser.</em>) L'augmentation de la population tient au délai entre diminution de la mortalité et diminution de la natalité (plus court en France qu'en Angleterre, d'où des augmentations de population différentes au XIXè siècle). L'Amérique latine, l'Iran… sont en train de terminer leur transition démographique. L'Afrique est très hétérogène sur ce point. Les pays industrialisés sont souvent tombés à 1 enfant/femme (Japon, Allemagne, Pologne…).</p>
<p>Parallèlement l'espérance de vie grimpe, la population mondiale continue de grimper. Le pic serait entre 9 et 11 milliards entre 2050 et 2100… si la transition se réalise partout. Après les révolutions néolithique et industrielle, quel sera l'impact d'une transition écologique ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-odyss%C3%A9e-des-g%C3%A8nes-d-%C3%89velyne-Heyer#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/859« La chute du Japon » de William Craigurn:md5:1477cf6bde729463b434ee59a1c292032020-09-27T21:21:00+02:002020-09-27T21:21:00+02:00ChristopheHistoireabominationAmériqueapocalypseautodestructionbombe atomiquebon senscataclysmecatastrophechaosChinecivilisationdécadencedéshumanisationEmpire soviétiquegigantismeGuerre FroidegéopolitiquehainehistoirehiérarchieimpérialismeLibérationmortnationalismeoh le beau cas !ouverture d’espritperspectiveracléescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unis<p>Loin de l'histoire militaire pleine de bruits, il y a la petite grande histoire, celle qui se déroule dans des réunions feutrées, ou dans des consciences déchirées entre devoirs, intérêts, peurs et réalisme. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> C'est plutôt celle-là que William Craig choisit de décrire. En 1967, ce livre rapportait les souvenirs des survivants des dirigeants de l'Empire japonais pendant les jours les plus terribles de son histoire. Si quelques pages décrivent les événements militaires de la toute fin de la guerre ou s'étendent sur la mission qui a failli ne pas lâcher la deuxième bombe atomique sur Nagasaki, l'essentiel tourne autour des discussions, tergiversations et affrontements des divers dirigeants japonais.</p> <p>Les ministres, amiraux, officiers... sont évidemment nombreux, et l'Occidental moyen qui les découvre tous ensemble aura du mal à suivre. Heureusement, les photos aident un peu à mémoriser.</p>
<p>Le jeu se déroule essentiellement entre quelques membres du gouvernement, le conseil des anciens Premiers Ministres, et le Conseil suprême, donc beaucoup de militaires et quelques politiques : très peu de personnes au final. Leur poids est écrasant. On est à l'été 1945, Okinawa est tombé, les grandes villes sont rasées sous les bombes incendiaires, et même les plus fanatiques ne croient plus à la victoire. La seule discussion porte sur les termes d'un arrêt des hostilités. Notamment : le maintien de l'Empereur, la non-occupation du Japon, le refus de faire juger des criminels de guerre par l'extérieur.</p>
<p>Dans ce cadre, le dernier ultimatum allié, la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Potsdam_Declaration" hreflang="en">déclaration de Potsdam</a>, demandant une reddition sans conditions sous peine d'anéantissement, est inacceptable. L'espoir des jusqu'au-boutistes : une résistance opiniâtre et des pertes terribles amenant les Américains à plus de concessions. Les Japonais avaient d'ailleurs prévu correctement le plan d'invasion américain par le sud de l'archipel. (<em>On sait que les prévisions de pertes américaines pour l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall" hreflang="fr">invasion de l'archipel</a> se chiffraient en millions. Cela n'effrayait apparemment pas les planificateurs du Pentagone.</em>). Un passage surréaliste : un maréchal revenant d'Hiroshima annonce que la bombe A n'est pas aussi destructrice, des abris souterrains pourraient résister.</p>
<p>Mais d'autres facteurs pèsent : d'abord, les bombes atomiques.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia.png" title="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia_m.png" alt="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Craig consacre beaucoup de pages à décrire le lancement du projet, l'entraînement des pilotes pour cette délicate mission, le choix des cibles... Étonnamment, il passe vite sur Hiroshima (6 août), dont l'attaque se déroule comme à l'exercice, pour se concentrer sur Nagasaki (9 août). Contrairement aux bombes A précédentes à l'uranium, il s'agit là d'une bombe au plutonium, donc non encore testée. La mission fut un cauchemar : problème de carburant dès le départ ; difficulté de rendez-vous avec les avions d'observation ; conditions mauvaises au-dessus de la cible, Kokura ; changement d'objectif ; carburant trop limité pour un deuxième passage et mauvaises conditions, toujours. Il fallait que le bombe tombe juste pour avoir un impact majeur. Mais il y eut une trouée, et Nagasaki disparut. Le bombardier se posa de justesse à Okinawa. La description du sort des habitants de Nagasaki dans les jours suivants est dantesque. Certains victimes étaient des soldats alliés prisonniers. D'autres bombes atomiques étaient en cours d'assemblage.</p>
<p>Depuis plusieurs mois, des vagues de B-29, basés près du Japon, tapissent de bombes les villes japonaises. Même sans bombe atomique, l'industrie japonaise est déjà en train de disparaître. La société, dans des villes rasées où tout manque, se délite.</p>
<p>Les tentatives d'ouverture de divers diplomates dans plusieurs chancelleries pour entamer des négociations de paix échouent pathétiquement. Il est effarant de voir à quel point les deux belligérants possèdent peu de moyens pour communiquer l'un avec l'autre, et combien sont rares les gens bilingues. La déclaration de Potsdam, discutée en interne, reste d'abord sans réponse — ce qui est interprété comme un rejet par les Américains.</p>
<p>Le coup de bambou est sans doute soviétique : les Japonais comptaient sur la neutralité de Staline, voire son intermédiation. Mais celui-ci tient la promesse faite à Roosevelt : l'URSS envahit la Mandchourie au moment où tombe la bombe de Nagasaki, et en un temps record.</p>
<p>Le 10 août, après d'âpres discussions dans un abri antiaérien sous le palais impérial, aucun consensus entre les dirigeants n'est obtenu. Le vieux Premier ministre <a href="ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Kantar%C5%8D_Suzuki">Suzuki</a> pousse, contre toute tradition, l'Empereur à intervenir. Hirohito tranche et décide d'accepter la déclaration de Postsdam. Les irréductibles ne peuvent s'y opposer, mais sauvent la face, puisqu'il faut obéir à l'Empereur.</p>
<p>Les Alliés sont contactés via la Suisse et la Suède. L'acceptation par le Japon ajoute la réserve que les prérogatives du souverain régnant seront préservées. Truman et ses conseillers discutent de cette entorse à la « capitulation sans conditions » exigées. Le pragmatisme l'emporte : l'Empereur sera un moyen de faire pression sur les derniers extrémistes dispersés dans les possessions japonaises ; il faut tenter de libérer les prisonniers de guerre le plus vite possible ; plus la guerre durerait, plus l'influence soviétique grandirait. Il faut aussi consulter les Alliés. Les Soviétiques tentent en vain un bluff pour avoir une part du commandement du Japon occupé.</p>
<p>La réponse américaine annonce que toute l'administration japonaise sera subordonnée au commandant suprême allié pour mettre en œuvre les conditions de la capitulation, que le peuple japonais choisira lui-même la forme de son futur gouvernement, et que le Japon sera occupé jusque là. Ce la ne calme pas les partisans de la guerre à outrance, surtout que les Russes et les Chinois veulent explicitement la tête de l'Empereur. Faut-il accepter cette note ? Là encore, il faut que Hirohito tranche à nouveau, le 14 août, pour que l'acceptation soit envoyée aux Américains.</p>
<p>Pendant ces quelques jours, la situation reste floue. Nagasaki brûle toujours. Les extrémistes continuent de lancer aux troupes des appels à la résistance à la radio. Les Japonais annoncent la fin de leurs offensives. Les Américains suspendent leurs bombardements dès le 10 août, se contentant de lâcher des tracts. Le temps passant, quelques bombardiers repartent à l'attaque juste avant le cessez-le-feu définitif.</p>
<p>Au-dessus des responsables japonais planent depuis des décennies les menaces de coup d'État militaire et d'assassinat par des officiers fanatiques. (Ce fut le cas, entre autres, lors de l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_japonaise_de_la_Mandchourie" hreflang="fr">invasion de la Mandchourie en 1931</a>). À ce moment encore, certains généraux sont ouvertement poussés au putsch par leurs officiers. Ce n'est pas une révolte contre l'Empereur, celui-ci est juste est mal conseillé. Les extrémistes voient notamment le général <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Korechika_Anami" hreflang="fr">Anami</a>, hostile à une capitulation sans conditions, mener un coup d'État. Mais Anamu se plie à la décision finale d'Hirohito, refuse de se révolter, et se suicide comme tant d'autres. Plusieurs autres renoncent, parce qu'ils savent que le coup d'État est voué à l'échec. Le cas de l'ancien Premier Ministre <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hiranuma_Kiichir%C5%8D" hreflang="en">Hiranuma</a> surprend : partisan de la paix, il change d'avis quand il voit que la personne de l'Empereur n'est pas garantie.</p>
<p>Les derniers extrémistes ne se suicident pas tous. Un dernier groupe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Incident_de_Ky%C5%ABj%C5%8D">va jusqu'au bout</a> et, le 14 août, attaque le Palais impérial. Le disque où Hirohito a enregistré son adresse au peuple n'est pas retrouvé. Le Premier ministre Suzuki manque d'être assassiné. L'essentiel de l'armée ne suit pas. Le putsch échoue, les derniers insurgés se suicident. Le discours d'Hirohito est diffusé le 15 août. Certains Japonais ont du mal à comprendre le message, puis à y croire.</p>
<p>La capitulation se diffuse difficilement. Les combats continuent quelques jours aux Philippines. Quand elle parvient, les réactions sont parfois violentes. Des prisonniers de guerre sont exécutés. Des kamikazes décollent, dont plus personne n'entend parler. Par la suite, il faut encore calmer quelques excités.</p>
<p>Suivent les détails techniques, parfois triviaux, comme l'échange de fréquences radio pour communiquer. Les Japonais envoient les ordres d'arrêt des hostilités à toutes leur troupes, demandent des sauf-conduits pour les officiers et membres de la famille impérial envoyés les confirmer. MacArthur demande l'envoi à Manille d'officiers pour planifier l'occupation. Au moins le transfert d'autorité devait-il se faire dans l'ordre : la mission japonaise s'envole dans le secret et la peur des kamikazes, et arrive le 20 août. L'ambiance, d'abord lourde, se détend un peu. La délégation japonaise apprend le plan américain, qui prévoit des débarquements dès les jours suivants (!). Elle réclame du temps pour mettre au pas les derniers fanatiques, nombreux dans les bases aériennes... et obtient le retrait d'un tableau prévoyant un nombre de femmes de chambres au service d'officiers supérieur ! Au retour, l'avion de la délégation doit amerrir !</p>
<p>Entre les chapitres s'intercalent des passages sur les opérations en vue de la libération des prisonniers. Craignant à juste titre des représailles sur les prisonniers de la part de Japonais désespérés, certains commandos américains, parachutistes et OSS, se positionnent en urgence, prêts à bondir vers les camps de prisonniers à l'annonce de l'arrêt des hostilités. Des difficultés avec les militants communistes sont prévues, et il y a des accrochages : la guerre civile va reprendre en Chine. À ces endroits, les premiers contacts entre Américains et Japonais après l'annonce de la capitulation sont très tendus, mais globalement la libération des prisonniers se déroule sans trop de problèmes.</p>
<p>Très tendu aussi le premier débarquement de soldats américains au Japon, le 28 août, sur une base aérienne auparavant dédiée aux envols des kamikazes. Les Américains arrivent plus tôt que prévu, même retardés de deux jours par la météo. Si l'ambiance reste fraîche, tout se déroule cependant avec un minimum de bonne volonté réciproque, et la première base américaine commence à voir déferler des milliers de soldats vainqueurs, dont MacArthur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia_s.jpg" alt="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" /></a>La brève cérémonie signature officielle de la capitulation, en présence de tous les représentants galonnés des nations vainqueurs, n'a lieu sur le <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/USS_Missouri_(BB-63)" hreflang="en">Missouri</a></em> que le 2 septembre. Le choix du bateau tient dans la rivalité MacArthur/Nimitz, ou plutôt Army/Navy : MacArthur étant signataire, le lieu doit être un navire, et est disponible celui du nom de l'État de Truman. Les Américains débarquent alors à Tokyo, et les emprisonnements de responsables suspects de crimes commencent. Au fur et à mesure que les nouveaux maîtres s'installent, les principaux problèmes sont plutôt des chocs culturels, ou des problèmes de disciplines récurrents dans une armée d'occupation, que les deux camps veulent éviter au maximum.</p>
<p>Le livre raconte aussi l'histoire de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Marcus_McDilda" hreflang="en">Marcus McDilda</a>, pilote de chasse prisonnier : aux Japonais qui croient qu'il savait des choses sur la bombe atomique, il donne une théorie et des chiffres fantaisistes — qui ont peut-être fait peur en haut lieu. Et celle du major <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Mayhew_Wainwright_IV" hreflang="fr">Wainwright</a>, ancien second de MacArthur, prisonnier depuis la prise de Manille en 1942, et retrouvé à temps pour être présent, squelettique, à la signature de la capitulation. Ou du drame de l'Indianapolis, coulé après avoir livré la bombe A, dont l'équipage naufragé est décimé par les requins <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>Une question que je me pose : Craig s'est basé sur les souvenirs des dignitaires japonais survivants et des témoins, mais pas de l'Empereur. Celui-ci apparaît de manière très furtive. Son rôle dans le fonctionnement de l'Empire japonais est totalement minimisé. Cela colle avec la théorie plus ou moins officielle, après guerre, d'un Empereur traditionnellement sans rôle politique, impuissant face à la caste militaire toute-puissante, théorie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hirohito#Question_de_la_responsabilit%C3%A9_personnelle_de_l'empereur">remise en cause depuis</a>. On l'a vu, les généraux en faisaient à leur tête ; mais Hirohito se serait laissé pour le moins laissé convaincre, et aurait approuvé la politique d'agression japonaise. Vue la manière extrêmement cérémoniale dont Hirohito communiquait avec ses ministres, on se demande même quelle pouvait être sa vision du monde.</em></p>
<p>Titre original : <em>The Fall of Japan</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le récit d'un survivant est une des pires scènes des </em>Dents de la me'r' de Spielberg.''</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/858Francis Carsacurn:md5:a1a4641b796f8db94b9580b910c9c2502018-09-14T18:30:00+02:002021-08-12T10:10:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanthropomorphismeapocalypsecataclysmecatastrophecivilisationcolonisationcommunicationconquête spatialedéshumanisationextraterrestresimpérialismelivres lusmulticulturalismenationalismeracismesciencescience-fictionsociétés primitivesspace opera<p>Il y a 13 ans, dans un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/./lectures/liste_livres_lus.html">autre recoin de ce coin de web</a>, j'écrivais à propos de <em>Ce monde est nôtre</em> :</p>
<blockquote><p>C’est un vieux classique par un vieux routard de la SF française des années 60, et la suite de <em>Ceux de nulle part</em>, que j’ai apprécié en tant qu’ado. Ici revient l’intrigue assez classique d’un explorateur d’une civilisation intergalactique plongé dans une guerre sur une planète médiévale. Pas trop mal mené, mais les thèmes et surtout le style ont mal encaissé les années.</p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_1.jpg" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_1_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" /></a> Adolescent, j'aimais bien les trois Carsac que j'avais lu, notamment dans un recueil du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_du_livre_d%27anticipation">Club du Livre d'Anticipation</a> de mon père, entre les <em>Robots</em> d'Asimov et <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt">l'Empire de l'Atome</a></em> de Van Vogt. L'été dernier, j'ai trouvé chez beau-papa l'intégrale parue il y a 20 ans chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lefrancq_(maison_d%27%C3%A9dition)">Lefrancq</a> et je lui ai empruntée.</p>
<p>Sur la forme : cette intégrale contient moultes coquilles, quelques bout de phrases déplacés, des sauts de paragraphe manquants et même une mention erronée de <em>Terre en fuite</em> sur le tome 1 (à la place de <em>Ce monde est nôtre</em>). Je sais certes que l'on peut relire mille fois un texte et qu'il restera toujours des coquilles, mais bon. De plus, les commentaires du fils de l'auteur, pas inintéressants dans le tome 1 pour éclairer un peu l'œuvre, manquent totalement du tome 2.</p> <ul>
<li>Pour la biographie de Carsac, plus connu en fait sous son nom de François Bordes, paléontologue reconnu : <a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">voir Wikipédia</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour une liste détaillée des œuvres avec les couvertures originales au mythique Rayon fantastique : <em>cf</em> le blog <em><a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">En terre étrangère</a></em>.</li>
</ul>
<p>Les différents romans sont parus dans les années 1950 et 60, et en portent la marque, différemment. Je fais parfois mon blasé parce que j'ai lu beaucoup depuis de choses publiées entre temps, mais, globalement, on reste sur le dessus du panier de la SF française de l'époque. Et bonne nouvelle : chaque roman est meilleur et plus complexe que le précédent. Les trois dont je me souvenais depuis le siècle dernier (<em>Les robinsons du Cosmos</em>, <em>Ceux de nulle part</em>, <em>Ce monde est nôtre</em>) le méritaient.</p>
<p>Par ordre plus ou moins chronologique :</p>
<h3>Sur un monde stérile</h3>
<p>Un groupe de jeunes amis embarquent dans l'astronef fabriqué en secret dans son garage par l'un d'eux, débarquent sur Mars sans préparation, sinon des armes, beaucoup d'armes, et rencontrent trois peuplades martiennes qui se livrent une guerre éternelle. Comme il est très clair d'entrée qui sont les beaux et gentils et qui sont les affreux et méchants, ils prennent parti, sinon le commandement, et participent au génocide final des mauvais.</p>
<p>C'est typiquement l'œuvre de jeunesse (écrite vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui doit expliquer des choses) sortie des fonds de tiroir bien plus tard, sans intérêt autre que comme témoignage d'une époque. Le scénario ne manque pas de rythme mais l'histoire est prévisible, le manichéisme brutal, le savant un peu trop génial, et la psychologie des personnages basique. L'enchaînement des opérations militaires lasse. Carsac lui-même n'aimait pas ce roman de débutant qui n'a pas été publié de son vivant.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile.jpg" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile_m.jpg" alt="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" /></a></p>
<h3>Les robinsons du Cosmos</h3>
<p>Par contre, cette histoire a marqué mon adolescence, en partie par les dessins de Moebius dans l'édition du Club. Il paraît qu'elle eut un grand succès en Union Soviétique à l'époque.</p>
<p>L'idée n'est pas bête, de déporter un village entier sur une autre planète, par un tour de passe-passe soudain dans l'espace-temps. (Cela rappelle un peu un vieil Hamilton, <em><a href="https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146560676">la Ville sous Globe</a></em>, mais l'histoire est plus intéressante, les personnages moins caricaturaux et les filles sont armées.) Comme dans toute bonne SF post-apocalyptique, les ennemis les plus dangereux ne sont pas les hydres volantes ou les indigènes, mais d'autres humains, et cela d'entrée.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" /></a> Ce problème réglé, nos déportés explorent et s'installent, rencontrant une peuplade de centaures, et on tombe plus ou moins dans le roman d'exploration-colonisation à la gloire des ingénieurs et techniciens.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" /></a>J'ai été un peu agacé par ce côté « dictature éclairée des scientifiques », très fréquent chez Carsac, ainsi que par le sort très expéditif réservé aux « méchants » (mais je n'ai pas combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale comme l'auteur, moi). Comme je cherche toujours la petite bête, je suis un peu resté sur ma faim sur le côté pratique (à partir d'un gros village et d'une usine, comment reconstruit-on une civilisation ? à quoi doit-on renoncer ?). Le narrateur est un dirigeant, un scientifique-qui-sait, la piétaille reste dans l'ombre.</p>
<p>Malgré ces peccadilles, une bonne lecture.</p>
<h3>Ceux de nulle part</h3>
<p>Voici un autre très bon souvenir de lecture de jeunesse que j'ai relu avec plaisir. Écrit en pleine mode des soucoupes volantes, <em>Ceux de nulle part</em> relate l'enlèvement, un peu par hasard, du docteur Clair par des extraterrestres (les Hiss, quasi-humains à peau verte, pour ne pas faire original), et la découverte de leur civilisation et de celle des planètes amies.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" alt="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" /></a>Civilisation où le bon docteur prendra une place importante, puisqu'il est de la première espèce à sang rouge découverte par ses kidnappeurs ; particularité qui le rend insensible au rayonnement des maléfiques misliks.</p>
<p>Les misliks sont constitués de métal pur, éteignent les étoiles, et sont une des meilleures inventions de Carsac : l'Ennemi, le Mal absolu, qui éteint la lumière et la vie, qui nous est totalement étranger, avec qui on ne pourra jamais trouver d'arrangement. (Dans la fameuse <a href="https://spacearchaeology.org/?p=79" hreflang="en">classification des aliens d'Orson Scott Card</a>, ils seraient les « varelses » ou même les « djurs », quand les hiss et leurs nombreuses espèces amies sont des « ramens », voire plus proches encore).</p>
<p>Civilisation intergalactique pacifique, chocs culturels, traditions différentes, mélange même des espèces, puisque Clair rencontre une charmante quasi-humaine d'Andromède (sans surprise, le charme exotique opère), sans supériorité humaine : était-ce si fréquent dans la SF française des <em>fifties</em> ?</p>
<h3>Ce monde est nôtre</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" alt="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" /></a><em>Ceux de nulle part</em> pourrait être vu comme une longue introduction à l'univers de <em>Ce monde est nôtre</em>, dont la thématique commence à être nettement plus complexe.</p>
<p>Quelques siècles après l'arrivée de Clair chez les Hiss, un de ses descendants, Akki, a pour tâche d'inspecter les planètes encore barbares. L'une d'elle, au stade médiéval, est peuplée de deux civilisations humaines ennemies, plus une troisième proche des Hiss. Or la loi de fer de la grande civilisation galactique et paternaliste est impitoyable : il ne doit y avoir qu'une humanité par planète — l'expérience montre que, sinon, cela finit toujours par dégénérer. Quels peuples vont devoir être déportés sur une autre planète ? Pour tous, cette terre est celle de leurs ancêtres, ils sont chez eux.</p>
<p>Très loin de la neutralité, Akki va se faire entraîner dans la politique interne d'un camp — évidemment il y a une jeune et belle duchesse en danger — puis la guerre entre les deux factions humaines, pour commencer. Enfin arrivera le choix de ceux qui resteront et ceux qui partiront.</p>
<p>C'est bien mené, on est loin du scénario linéaire, les personnages se cassent le crâne à savoir quelle est la chose juste à faire, et il n'y a pas de solution miracle. Le chapitre final est de trop, et je suis un peu dubitatif sur cette grande et sage civilisation galactique qui s'autorise à génocider les peuples les plus agressifs.</p>
<p>On a vu des relents de guerre d'Algérie dans cette histoire pourtant écrite avant, mais le fils de Francis Carsac explique qu'il s'agit plutôt d'un parallèle avec la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers" hreflang="fr">Guerre des Boers</a>. Hélas, on peut tracer un parallèle avec un très grand nombre de zones de conflits passés et présents, probablement futurs.</p>
<p>Bref, une bonne lecture aussi sur un thème éternel.</p>
<h3>Terre en fuite</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72.jpg" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72_s.jpg" alt="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" /></a>Roman un peu bâtard, un peu énervant par le côté « je suis un super-scientifique et je deviens le dictateur qui sauve l'humanité » (ah, si c'était même possible !). Un homme d'un futur lointain s'incarne dans un ingénieur de notre époque, et raconte son épopée, rien moins que la migration de la Terre et de Vénus, transformés en vaisseaux spatiaux, autour d'une autre étoile.</p>
<p>Les histoires s'enchaînent comme des épisodes différents sans grand fil conducteur, les problèmes techniques sont vite évacués, les opposants sont d'infâmes fanatiques sans subtilité, le reste de la population est docile, et comme souvent j'ai l'impression qu'elle n'existe pas vraiment. Je l'avais lu il y a bien longtemps, je comprends pourquoi il m'a laissé un souvenir flou.</p>
<h3>Pour patrie, l'espace</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" alt="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" /></a>Bien plus complexe est l'histoire de ce militaire d'élite d'un Empire terrien en pleine guerre civile, recueilli par une civilisation d'astronefs-villes nomades, à tendance anarchistes, où on lui fait bien comprendre qu'il est un plouc. Mais on a besoin de ses qualités militaires et techniques.</p>
<p>Le choc culturel est violent, les relations avec la gente féminine pleines de méfiance. Racisme, égoïsme, tout y passe. Peut-être peut-on reprocher un manque de subtilité, mais ce militaire n'est <em>pas</em> subtil.</p>
<p>Ce n'est pas déplaisant. Il y a une <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/07/27103626.html">chronique enthousiaste sur SF Emoi</a>.</p>
<h3>La vermine du lion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_2.gif" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_2_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" /></a>Cette dernière histoire est la plus longue, dense et complexe écrite par Carsac (surtout avec les deux prologues, ajoutés par la suite si j'ai bien compris). Fondamentalement en fait, c'est un mélange de western (Carsac était fan) et de roman d'aventure coloniale, transposé dans le futur, sur une autre planète ; où l'on rejoue une fois de plus le thème de la très méchante méga-entreprise sans âme qui veut exploiter une planète en pressurant ses employés, en soudoyant les colonialistes au gouvernement, et en liquidant les autochtones s'ils gênent, quitte à encourager leurs dissensions internes et manipuler leurs fanatiques religieux. Cela pourrait se passer au XIXè siècle comme de nos jours, et devait résonner d'autant plus fort à l'époque de la décolonisation. En fait, la science-fiction n'apporte pas grand-chose à cette histoire.</p>
<p>Notre héros est la caricature du surhomme à la Carsac, physiquement et mentalement, devenu un cow-boy redresseur de tort, défenseur de ses amis les « sauvages » sans trop d'égard pour la loi et les grands principes vus les enjeux. Il est flanqué d'un lion intelligent, fort pratique pour se défendre ou livrer une justice expéditive, mais un peu sous-exploité. L'histoire est parasitée par plusieurs dames qui ne peuvent rester insensibles à son charme, aux motivations parfois floues. Hélas, là encore, Carsac ne semble savoir résoudre les problèmes de cœur de ses personnages que par l'élimination physique de certains protagonistes. Pour ce dernier roman, il ne se croit pas obligé au <em>happy end</em>.</p>
<p>Je fais la fine bouche, mais je suis d'accord avec la chronique ébahie de <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/10/27121855.html">SF Emoi</a>.</p>
<h3>Nouvelles</h3>
<p>Le tome 2 de l'intégrale se finit par quelques nouvelles, un peu inégales, en taille comme en valeur ou en originalité, mais pas désagréables. Beaucoup tournent autour du voyage dans le temps jusque l'époque paléolithique (la spécialité de François Bordes) et du choc entre hommes civilisés et « sauvages ».</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Francis-Carsac#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/851« Ravage » de Barjavelurn:md5:145f601f59d23413fcf25318a57c57a52017-01-22T22:19:00+01:002017-03-04T22:00:32+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanalogieapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcouragedéshumanisationexaptationlivres luslyrismenaturenostalgieperspectivepessimismesciencescience-fictionSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeutopieécologieénergieévolution <p>Dans la SF française, qui ne s’appelait pas encore comme cela en 1942, c’est un classique et la première œuvre d’un de nos plus grands auteurs. Mais noyés dans les odeurs de cendres surnagent quelques relents un peu nauséabonds. C’est une des difficultés des anciens livres : discerner ce qui vient de l’air de son temps, ce qui est deuxième degré, et ce qui est vrai choix de l’auteur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Barjavel_Ravage.jpg" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Barjavel_Ravage_m.jpg" alt="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin" /></a> Dans le Paris de 2052, tel qu’imaginé juste avant-guerre, l’électricité disparaît inexplicablement. Pendant que la civilisation s’écroule puis que le monde flambe, le jeune François sauve sa jeune, innocente, belle et naïve Blanche, puis monte une expédition pour rejoindre la région rurale isolée où ils ont grandi.</p>
<p>Comme dans toute anticipation dont la date est dépassée ou proche, certaines pages font sourire. La nourriture ne provient que de la synthèse chimique, personne ne sait plus à quoi ressemble un poulet, mais les ouvriers meurent toujours à 50 ans à cause de la dureté de l’usine. Le « plastec » omniprésent n’est pas si loin de la réalité actuelle, et les trains à haute vitesse sillonnent l’Eurasie, mais les avions ne semblent pas voler plus loin qu’en 1939. Le téléphone est en 3D mais il faut toujours se déplacer dans la pièce où il sonne. Les mœurs nous sembleront surannées : Blanche suit une école pour futures « mères d’élite » et elle obéit sans mot dire à son homme. Il est facile de se moquer après coup, je pense que mes éventuelles prédictions pour 2117 feraient rire mes descendants (voire moi-même ?).</p>
<p>La partie la plus intéressante reste la description de la société qui s’effondre, du chaos et des méthodes de survie. On a sans doute fait mieux dans le domaine depuis 1942, mais le passage des individus policés aux bandes barbares reste convaincant : un sage a bien dit que la différence entre la civilisation et la barbarie n’était que de quelques repas, et je le crois volontiers.</p>
<p>Par certains côtés <em>Ravage</em> m’a rappelé <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malevil">Malevil</a></em> de Robert Merle : destruction totale, barbarie des survivants, héros reconstituant une bande.</p>
<p>Tout cela a d’ailleurs un avant-goût assez inquiétant : combien de temps durerait notre civilisation si l’électricité, pour une raison ou une autre, disparaissait pour longtemps à une échelle continentale ? Sommes-nous certains d’être à l’abri du danger ? Saurions-nous rester assez disciplinés et éviter le chaos ? Barjavel a peut-être été inspiré en partie par l’Exode, tout proche.</p>
<p>Le personnage de François fait froid dans le dos par son adaptation froide à la barbarie de la situation. C’est l’« homme providentiel » par excellence, le guide-né sans lequel les autres ne sont que moutons stupides, et contesté par personne. C’est par lui que l’on retrouve peut-être le pétainisme à la mode en 1942. Barjavel a certes travaillé pour Denoël qui était collaborationniste et publié chez lui, mais il y travaillait avant guerre ; et si <em>Ravage</em> cadrait dans la philosophie de Vichy, le reste de l’œuvre de Barjavel n’a rien à voir. On peut ne voir dans <em>Ravage</em> que méfiance envers un progrès incontrôlé et regret de la France rurale, comme encore parfois aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire que l’on souhaite la destruction de la société moderne. Doit-on voir dans le chapitre final une apologie du bonheur par l’obscurantisme, ou un avertissement ? C’est sur cette grosse ambiguïté que se finit le livre. Même si le futur de cette société, entrevu dans le <em>Voyageur imprudent</em> paru peu après, ne fait pas rêver.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ravage-de-Barjavel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/836« Frankenstein » de Mary Shelleyurn:md5:3f8aacb1653001484ddab0c6e6d5b8172013-10-14T17:20:00+02:002016-07-07T13:06:48+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanthropomorphismeapparenceculturecynismediscriminationdommagedéshumanisationintelligenceintelligence artificiellelivres luslégendes urbainesoh le beau cas !prise de têtepsychologiepériméquêteracismesciencescience-fiction <p>L’histoire de Frankenstein a été totalement déformée par le cinéma, les dessins animés, bref toute la culture populaire du XXè siècle, sachant que ce livre a déjà deux siècles.</p>
<p>Frankenstein n'était pas le monstre, mais son créateur. Ledit créateur n'était pas un savant chenu et cinglé, mais un jeune homme brillant, qui ne perd la tête que progressivement.</p>
<p>La conception de la créature n’est évoquée que furtivement. Très frustrant.</p>
<p>Le monstre n’a rien de la brute épaisse et stupide souvent décrite. Au contraire : un an après sa création, il maîtrise déjà deux langues, sait lire et disserter mieux que l’essentiel de la population actuelle. Le monstre est parfaitement capable de rationaliser son comportement cruel, en résumé : « je suis malheureux parce que tout le monde me rejette, donc je deviens un méchant assassin parfaitement conscient de tuer des innocents pour me venger de mon créateur et de pauvres gens plus gâtés que moi par la nature » (donc encore un niveau de culpabilité au-dessus du <em>serial killer</em> psychopathe standard). Il maîtrise parfaitement le chantage.</p>
<p>Bizarrement, le génial jeune Frankenstein agit de manière impulsive, et bien que ses pérégrinations durent des mois, il est incapable de réfléchir à une échappatoire, d’appeler à l’aide, ou d’imaginer de protéger sa famille. Puis il met en danger la vie de ses proches de la manière la plus crétine possible. Il n’y a pas besoin d’avoir vu <em>Scream</em> pour savoir qu’un personnage secondaire isolé a de très mauvaises chances de survie quand le monstre rôde, on tient peut-être là l’origine de ce cliché des films d’horreur.</p>
<p>Le style a sacrément vieilli (et je ne pense pas que la traduction française soit la cause), mais je suppose qu’il reflète son époque. Autre tic de l’époque, les histoires imbriquées lassent : Untel raconte son voyage au Pôle (sans lien avec le reste de l’histoire), où il rencontre Frankenstein, qui au cours de son récit reprend un long monologue du monstre sur ses premiers mois d’existence, dont l’histoire (grotesquement et longuement hors sujet) de Français exilés en Suisse à cause d’une histoire avec une jeune Turque... <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Et manifestement, à cette époque, une engueulade consistait en un échange de tirades de dix phrases sans interruption — on savait vivre.</p>
<p>L’influence romantique joue à plein (on est en 1818 !) et les sentiments sont étonnamment extrêmes. Nombreux sont les personnages qui tombent malades pendant des mois suite à une grosse contrariété. Le monstre a même lu <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Souffrances_du_jeune_Werther">Werther</a></em>, c’est dire.</p>
<p>Ah oui : ça finit mal.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Avec une touche de racisme implicite, mais ça aussi c’était l’époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/753« Pour la Science de septembre 2013 » : Universités en ligne, loi de Mooreurn:md5:cb97420413073f6c3878adcad7ec871a2013-09-16T12:04:00+02:002016-07-07T12:59:32+02:00ChristopheScience et conscienceaddictionbesoincomplexitéconquête de l’inutilecosmologieculturedinosaureseauenseignemententropiehard sciencehowtoinformatiqueintelligence artificiellemicroéconomiemétéonaturepanspermieparadoxeperspectivepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationtempséconomieéconomies d’énergieéducationémerveillementénergieéonsÉtats-Unis <p>Un numéro moyen avec quelques infos intéressantes. <em>Comme d’hab’, les commentaires personnels sont en italiques.</em></p>
<h3>De l’origine de la monogamie</h3>
<p>Il y a 10% d’espèces monogames chez les mammifères : pourquoi ? L’intérêt du mâle serait plutôt de multiplier le nombre de femelles qui porteront ses enfants. Il y a deux explications à l’établissement de la monogamie, en fonction du comportement précédent de l'espèce.</p>
<p>D’abord, chez les espèces où la femelle avait son propre territoire, les mâles ne pouvaient s’assurer de la fidélité des femelles : ils seraient devenus monogames pour écarter la compétition.</p>
<p>Ensuite, surtout chez les primates, l’infanticide par le beau-père est courant : le père serait devenu fidèle pour protéger ses enfants.</p>
<p>L’amélioration des soins aux enfants ne seraient que la conséquence de la monogamie, pas la cause !</p>
<h3>Neutrinos</h3>
<p>Ils ont été inventé par Pauli pour compléter une équation bancale, ils sont quasiment indétectables, ils sont mal connus, ils ont des « saveurs », ils sont peut-être leur propre antiparticule : les neutrinos détiennent peut-être la clé de bien des problèmes de l’astrophysique moderne : asymétrie matière-antimatière, matière noire...</p>
<p><em>Trop éthéré pour que ça me passionne vraiment...</em></p>
<h3>L’amour au temps des dinos</h3>
<p>Comment les stégosaures, hérissés de pointes, faisaient-ils pour copuler sans que la mâle se fasse empaler ? Comment la femme diplodocus supportait-elle les assauts du mâle ? En fait, on n’en sait trop rien, et les fossiles n’ont pas conservé beaucoup d’informations.</p>
<p><em>Et ce petit article est frustrant pour cette raison : il se résume à dire qu’on ne sait quasiment rien.</em></p>
<h3>La loi de Moore</h3>
<p>À prix égal, la puissance informatique double tous les 18 mois : la loi de Gordon Moore, un des fondateurs d’Intel, a tenu quarante ans. Facteur de progrès cumulé : un million, dans des domaines aussi différents que le processeur ou le stockage ! Des limites infranchissables semblent en vue (on approche du transistor réduit à un atome, ou d’investissements dépassant le PIB), et le ralentissement des progrès explique en partie le faible renouvellement des PC, mais les optimistes considèrent que les progrès vont continuer au même rythme sur d’autres plans.</p>
<p>Il existe des généralisations du concept, par exemple sur la progression de l’efficacité énergétique. Plus spéculatif, la « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique">Singularité </a> » concerne notre futur. Il existe aussi une sorte de loi de Sharov s’appliquant à la complexité du génome : sa complexité double tous les 350 millions d’années ! Le plus troublant est l’origine : dix milliards d‘années dans le passé, avant la formation de la Terre (et pas si loin du Big Bang). De là à imaginer que la vie primitive est apparue ailleurs...</p>
<h3>Universités en ligne</h3>
<p><em><a href="https://www.coursera.org/" hreflang="en">Coursera</a></em> (alimenté par Stanford ou l’X), <em><a href="https://www.edx.org/" hreflang="en">edX</a></em> (du MIT), <a href="https://www.canvas.net/courses/abc-de-la-gestion-de-projet">Centrale Lille</a> ou tout simplement <a href="https://www.khanacademy.org/" hreflang="en">Khan academy</a>... : les sites offrant des cours en ligne, ne faisant payer parfois que les certificats, voire rien du tout, fleurissent. Les Américains d’abord y voient un moyen de réduire leurs colossaux frais universitaires. Les pays du Tiers-Monde, Inde en tête, cherchent à faciliter l’accès à une éducation de bon niveau, pas forcément supérieure... pourvu que les étudiants aient un ordinateur et sachent l’utiliser. Entre autres avantages, on y progresse à son rythme. L’enseignant n’est pas hors-circuit, mais il est libéré des cours magistraux. Place à l’interaction entre élèves !</p>
<p><em>Oh non, encore une tentation... Coursera ou edX fournissent des cours complets exigeant plusieurs heures par semaine, mais même les cours d’introduction m’attirent. Je dois déjà me faire violence pour ne pas dévorer toute la partie Histoire de Khan academy. Il faut dire que le format de quelques minutes est bien fichu (et en prime je bûche mon anglais). Dans le même registre il y a le </em><a href="http://ddc.arte.tv/">Dessous des cartes</a>.</p>
<p><em>Peut-on refondre ainsi le système éducatif ? La motivation et la discipline d’apprentissage n’en seront que plus cruciales. Quant à la tendance à faire bûcher les élèves </em>avant<em> le cours avec l’enseignant (pédagogie inversée), elle n’a rien à voir avec Internet : livre ou vidéo, les deux sont utilisables, même si un écran scotche plus facilement un gamin. </em></p>
<p><em>Ce qui est marrant, c'est l’inversion des évolutions entre la télé il y a quelques décennies, et Youtube (puisque tout ça dépend de Youtube) : la télé a été inventée pour éduquer à distance et est très vite devenue un outil de divertissement, sinon essentiellement un robinet à merde ; Youtube a commencé comme dépotoir, et permet de faire fleurir quelques perles. Dans les deux cas menace le piège de l’homogénéisation culturelle (le monde anglo-saxon domine massivement !).</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les neurologues ont autrefois découvert avec étonnement que le cerveau était aussi actif au repos (quand l’esprit vagabonde) qu’en plein effort de concentration. Il y a un lien avec la capacité humaine à se projeter dans les états mentaux d’autrui (« que pense/que comprend mon interlocuteur ? »), voire avec le langage.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>rivières atmosphériques</strong> sont de gigantesques fleuves de vapeur d’eau en altitude, responsables de certains inondations gigantesques. Exemple majeur : l'inondation de 1861-62 qui noya Sacramento et ruina la Californie. La mémoire s'est perdue, et une répétition (fort possible dans les prochaines années) coûterait des centaines de milliards de dollars. Il n’y a pas que la faille de San Andrea...</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans les années 50, <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Willi_Hennig">Willi Hennig</a></strong> a mis au point la systématique actuelle, et fourni enfin les bonnes règles pour classer tous ces animaux en fonction de leurs ancêtres. Continuateur de Darwin, sa gloire a été éclipsée par la montée en puissance du tout-ADN, la technophilie, la confusion entre phylogénétique et biodiversité... Cette science qui consiste à ordonner le vivant a du mal à exister indépendamment.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/751Canard PC Hardware n°16 & fourberies du marketingurn:md5:5744696d8530f0f3bcdd6029100174b12013-04-28T12:55:00+02:002016-06-02T12:25:38+02:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismeargentbon sensbullefoutage de gueulehumourincohérenceinformatiquelivres lusmanipulationMP3mytheoh le beau cas !optimisationparanoïaperfectionnismepouvoir d’acheterpsychologiesciencespéculationsécuritéthéorieéconomie <p>C’est la première fois que j’achète ce magazine, et pourtant je ne suis pas dans la cible <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Par contre je les avais découvert à propos d’un dossier sur les ondes radio qu’ils avaient mis en ligne <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. J’avais apprécié le ton badin bien que sérieux.</p>
<p>J’ai donc jeté un œil au <a href="http://www.canardpc.com/news-52991-cpc_hardware_n<strong>16_est_sorti</strong>.html">sommaire du n°16</a> : alléchant. Entre quelques benchmarks de CPU ou de carte graphique pas inintéressants pour conserver une petite culture de ce qui se fait en ce moment, il y a deux perles :</p>
<h3>Les câbles pour audiophiles ont-ils un intérêt ?</h3>
<p>La réponse est : en gros, non.</p>
<p>Le milieu de l’audio haut de gamme doit servir de champ d’étude des consommateurs argentés prêts à dépenser pour du subjectif. Attention, on ne parle pas d’améliorations incrémentales valant l’investissement pour certaines oreilles éduquées, mais de vent, de pipeau complet.</p>
<p>La technologie des amplis, des enceintes... ayant atteint la quasi perfection, il ne restait donc que les câbles comme composants dont on pouvait tenter de gonfler la marge. Le summum : des câbles optiques plaqué or, des câbles de raccordement électrique à 1000 €, des protections contre les parasites sur des câbles numériques. Quand les arguments de vente ne s’avèrent pas totalement farfelus (et dignes d’un prix Nobel en cas de démonstration rigoureuse), l’effet obtenu est ridicule, surtout comparé à l’effet placebo.</p>
<p>Le test ultime, en double aveugle, ils l’ont fait : les audiophiles concernés, sur leur propre chaîne, ne voyaient pas la différence entre deux câbles basique et ruineux. Ce n’est qu’un début, ils cherchent d’autres cobayes. (<strong>2016</strong> : Hélas j’attends toujours.)</p>
<p>D’autres arnaques plus ou moins évidentes suivent : radiateurs de barrettes mémoire inutiles ; mémoire cache inutilement gonflée sur des disques durs ; « certifications militaires » portant en fait sur la <em>méthode</em> de test d’un composant et pas le résultat ; cartes graphiques identiques et rebadgées...</p>
<h3>Les inondations thaïlandaises et les disques durs</h3>
<p>Depuis un an et demi le prix des disques durs a explosé, officiellement à cause des inondations d’usine en Thaïlande. Bizarrement, en plein milieu de la crise, le chiffre d’affaire des deux plus gros fabricants (Western Digital et Seagate) n’a guère accusé le coup. Puis il a presque doublé pendant les trimestres qui ont suivi, et n’est pas retombé depuis. Les bénéfices, eux, ont explosé en 2012. Le tout dans un contexte normalement défavorable (baisse mondiale des ventes de PC, montée des SSDs...).</p>
<p>Bref, les inondations ont bon dos, l’occasion a été trop belle aux fabricants de se refaire leur marge. Comme ce marché est devenu un duopole, il
n’y a plus grand chose à espérer de la loi du marché dans l’immédiat...</p>
<h3>Puces RFID & NFC</h3>
<p>Le NFC, c’est le dernier truc à la mode dans les téléphones, l’équivalent des puces RFID, lisibles à distance. J’avais déjà un mauvais <em>a priori</em> sur tout ce qui est lecture sans contact, puisque cela peut se faire potentiellement sans l’accord du propriétaire de la carte. Surtout pour tout ce qui est carte bancaire.</p>
<p>Moralité : ça n’a pas manqué, il suffit manifestement de quelques connaissances et d’un peu de matos pour récupérer en trois quarts d’heure dans un métro bondé les infos sur sept cartes bancaires et deux passeports. Consternant.</p>
<p>Bref, sans doute un magazine de plus à suivre... (<strong>2016</strong> : Et que je lis effectivement religieusement tous les trimestres.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je ne joue qu’à des jeux remontant au XXè siècle et j’ai essentiellement un Mac, des PCs sous Linux dont le plus jeune a plus d’une demi-décennie au compteur, ou des petits bouts d’électronique qui n’ont pas atteint le stade du double cœur.</em> </p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>En fait <a href="http://www.canardpc.com/pdf/CPCHW13.pdf">tout le numéro est disponible en PDF</a>. À propos de ce dossier sur les ondes : il me semblait bien fait, avec une tentative de chercher les intérêts financiers dans les deux camps, et d’en revenir aux fondamentaux scientifiques, notamment à propos des énergies impliquées. Pour le côté rationnel, voir <a href="http://www.skepdic.com/electrosensitives.html">Skeptic</a> : en double aveugle, on n’a jamais rien trouvé de probant. Voir aussi <a href="https://electroallergique.wordpress.com/2013/02/20/canard-pc-hardware-n13">l’avis d’une électrosensible qui a lu le dossier</a>, qui pointe surtout l’absence de certains conflits d’intérêt. Difficile de se faire des avis objectifs de nos jours sur des sujets que l’on n’a pas creusé soi-même et où tous les acteurs sont susceptibles d’avoir des intérêts financiers et de faire de la comm’ ou d’être irrationnels...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/741“Life After People”urn:md5:eebdf1a12cb562d150c76a0daf652e712013-03-20T00:00:00+01:002016-06-02T10:36:59+02:00ChristopheTemps et transformationsAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcomplexitédommagedécadenceentropieexaptationgéologiehistoirelyrismemortnatureperspectivepollutionrecyclagesciencesimulationspéculationtempsécologieémerveillementéonsévolution <p><em>Welcome to Earth, population zero.</em></p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51xtluUbvcL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Cette série américaine de documentaires a manifestement été inspirée par <em>The World without us</em> (en français, <em>Homo disparitus</em>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman">déjà chroniqué et apprécié ici en 2008</a>), d’ailleurs l’auteur du livre fait des apparitions.</p>
<p>Elle en reprend l’hypothèse de départ : toute présence humaine disparaît du jour au lendemain, comme par magie, et sans détruire le reste de la planète qui évolue alors sans nous. Que deviennent le monde et nos villes ?</p>
<p>Bon point, la série utilise comme le livre la mise en perspective historique : la déliquescence de Washington désertée est rapprochée de celle d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Angkor">Angkor</a>, abandonnée à la jungle il y a un demi-millénaire. Mine de rien, il existe de nos jours flopée de cités abandonnées, même récemment, même dans les pays riches.</p>
<p>Nombre d’épisodes rappellent la puissance des éléments : la pluie, la foudre, les inondations mais aussi la neige, les racines des arbres, les fientes des oiseaux, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana#Le_kudzu_en_tant_qu.27esp.C3.A8ce_exotique_envahissante">kudzu</a>, la rouille, les ultra-violets solaires... Notre société a incroyablement modifié le paysage, détourné des fleuves, prélevé et déplacé des masses d'eau gigantesques, asséché des marais, et installé des piscines dans des déserts. Los Angeles retournera au désert quand les pompes s’arrêteront, et les monuments de Washington finiront fossilisés sous le niveau de la mer.</p>
<p>Ce ne sont pas les constructions les plus apparemment solides qui survivront forcément : tout ce qui est en béton armé, bunkers du Mur de l’Atlantique y compris, sera vite rongé par la corrosion. Dans deux-trois siècles, il ne restera plus grand-chose de visible de nos villes ; et dans deux mille ans, peut-être Notre-Dame et sûrement les pyramides. Les derniers témoignages de l’humanité seront des coffres-forts enterrés plein d’or, des sondes dans l’espace, et un rover sur la Lune. La question n’est
pas de savoir si mais quand et comment un pont, un navire de guerre, une statue, la Joconde... disparaîtront.</p>
<p>Le monde que nous laisserons derrière nous ne sera pas le même que celui où nous sommes apparus. Après nous prospérerons peut-être des plantes invasives venues d’autres continents, tenues péniblement sous contrôle (comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana">kudzu</a> aux états-Unis), des chiens retournés à l’état sauvage, des chimpanzés lâchés dans des villes vides pleine d’opportunités pour les plus fûtés...</p>
<p>Quelques touches d’humour surnagent au sein d’un commentaire évidemment catastrophiste, par exemple le sort des <a href="http://www.kelchien.com/races/welsh-corgi.php">corgys</a> d’Élisabeth II, obligés de piller Buckingham Palace avant de s’échapper dans le vaste monde.</p>
<p>Des bémols ? Un ton très sensationnaliste, une certaine lassitude après le énième immeuble effondré à cause de l’assaut de l'eau et de la foudre et faute de maintenance ; beaucoup d’effets faciles ; des redites à cause des coupures pubs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et une vision très centrée sur l’Amérique (on voit quand même la Tour Eiffel s’émietter). Ça n’en reste pas moins passionnant.</p>
<p>Attention, c’est uniquement en anglais, sans sous-titre ! Je n'ai cependant eu aucun problème pour comprendre, à part quelques Texans, et pourtant j’écoute peu d’anglais ces temps-ci. Gaffe au zonage si vous vous offrez le DVD.</p>
<p>Site de la série (deux saisons) : <a href="http://www.history.com/shows/life-after-people" hreflang="en">http://www.history.com/shows/life-after-people</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais comment font les Américains pour supporter de la pub toutes les cinq minutes ? Pour le moment ils n’en mettent pas sur les DVDs, Dieu merci.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/715« Pour la Science » de Janvier 2013 : Mer morte, loup domestiqué, monde continu ou discreturn:md5:e11ad857d68921787c0821850e5cfcf22013-03-16T00:00:00+01:002016-04-26T12:17:12+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieauto-organisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecynismegénéalogiegéologieintelligence artificiellelanguesmathématiquesperspectivesciencescience-fictionsignifiéspéculationsurréalismetempsuniversvirtuelécologieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieénergieévolution <p>À chaque fois que je lis mon magazine préféré, je me dis que je vais essayer d’économiser le temps de chroniquer celui-ci. Et paf, ça ne rate jamais, il <em>faut</em> que je me souvienne de certains articles, donc que je les résume ici. C’est parti, <em>commentaires personnels comme d’habitude en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_423_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Sigma de un n sur deux » est plus parlant pour un mathématicien que « la somme des inverses des carrés des nombres entiers. » De même, des mots comme « ontologie » ou « keynésien » permettent de ne pas se laisser submerger à nouveau par tous les détails et d’avancer un peu plus loin. « L’étrange besoin qu’a l’esprit de court-circuiter les détails d’une étape pour pouvoir s’appuyer sur celle-ci confère aux abréviations une étrange puissance créatrice. »<br /><em>Parallèle à faire avec les fonctions et autres routines en informatique ; ou une documentation souvent inutile quand elle reprend ce qui est déjà noté clairement en code informatique.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour passer pour un oracle, il ne faut pas être nuancé et capable de changer d’avis, mais carré, inflexible et inébranlable, et on vous écoutera. « Le monde n’écoute que les sourds. »<br /><em>Éternel dilemme entre les principes et le réalisme. Pour que les réalistes ne bradent pas trop les principes, ne faut-il pas quelques têtes de mules qui leur rappellent ?</em></li>
</ul>
<h3>Le monde est-il discret ou continu ?</h3>
<p>Grave question non résolue, au confluent de la philosophie, des plus audacieuses théories de physique théorique, du <em>Jeu de la vie</em>, de la physique quantique et de <em>Matrix</em>.</p>
<p>Le discret est à la mode à notre époque, et la théorie des quanta (paquets d’énergie aux quantités bien définies, et non continues) semble le justifier. Cependant, <a href="http://www.damtp.cam.ac.uk/user/tong/bio.html">David Tong</a> rappelle que ces quantas ne sont, par un « tour de magie mathématique », que des solutions à l’équation de Shrödinger qui, elle, suppose un espace continu.</p>
<p>D’ailleurs en physique théorique fondamentale, il n’y a même pas vraiment de particules, juste des champs.</p>
<p>En conséquence, le <em>seul</em> entier fondamental de toute nos théories physiques est 1, nombre de dimensions temporelles. En effet il n’est pas certain que le nombre de dimensions d’espace soit simplement 3 si l’espace est fractal (dimension non entière). Et le nombre de sortes de quarks (6) ou autres particules n’est qu’une conséquence des équations des champs. (<em>Le concept de dimensions temporelles plurielles me laisse rêveur, mais il paraît que les théories seraient alors incohérentes.</em>)</p>
<p>Plus pratiquement, aucune simulation numérique ne semble réalisable pour certains phénomènes chiraux en chromodynamique quantique : ils seraient fondamentalement non discrétisables.</p>
<p><em>Moralité : si nous sommes dans la Matrice, elle est analogique.</em></p>
<h3>Du loup au chien</h3>
<p>Le chien descend des loups domestiqués il y a au bas mot 30 000 ans, soit nettement plus tôt que tous les autres animaux domestiques (10 000 ans au plus). Les premiers louveteaux auraient pu être allaités par des femmes, comme cela se voyait encore récemment en Papouasie. Par nature social, un jeune loup se considère alors comme membre d’une horde d’humains. C’est en fait logique : le loup occupait la même place écologique que nous avant le Néolithique : prédateur en meute et sociologiquement, c’est donc déjà l’animal le plus proche de nous.</p>
<p>Sélection artificielle aidant, nous aurions alors obtenu cet animal artificiel, très dépendant de nous, loup éternellement adolescent, qu’est le chien.</p>
<p>La définition du chien en tant qu’espèce est d’ailleurs un exemple du flou sur la notion même d’espèce, car la variabilité entre espèces canines est plus grande que la distance avec le loup. Quant à l’apparence, elle ne veut rien dire (le pékinois est plus proche du loup que le berger allemand !). Espèce à part ou sous-espèce de <em>Canis lupus</em> ?</p>
<p>Un passage laisse songeur : grâce au chien, doté d’un odorat et d’une endurance plus performants bien supérieurs, la chasse de nos ancêtres a été bien plus efficace. Peut-être le chien a-t-il été un atout majeur d’<em>Homo sapiens</em> dans la lutte contre Neandertal, lequel, justement, a disparu peu après cette domestication...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><strong>La Mer Morte se meurt</strong> (<em>je sais que les zombies sont à la mode, mais là ça devient zarb’</em>) : les eaux du Jourdain sont massivement détournées par les pays riverains, le niveau baisse d’un mètre par an (<em>!!!</em>), provoquant d’impressionnants et dangereux effondrements circulaires près des rivages. Un projet d’aquaduc depuis la Mer Rouge existe (c’est la saumure résultant du dessalement de l’eau qui approvisionnerait la Mer Morte), les études sont en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour un père qui veut diffuser ses gènes, il vaut mieux s’occuper de ses neveux (par sa sœur) que de ses propres enfants (supposés) si le taux d’infidélité dépasse 50%. <br /><em>J’adore quand on croise probas, génétique, et morale.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait à présent mesurer la température d’un plasma quarks-gluons (environ 2 000 milliards de degrés, pendant 10<sup>-23</sup> s). <br /><em>Non je n’ai compris ni la technique, ni l’utilité immédiate, ni même ce que l’on mesurait.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait détecté à une centaine d’années-lumière une <strong>planète errante</strong>, éjectée de son système solaire. <br /><em>Des étapes sur la route des étoiles ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Évaluation entre experts au sein de l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche</strong> : plutôt que la nomination en cascade depuis le sommet (politique), ou des critères de « performances » vite générateurs de cercles vicieux, <a href="http://lem.vjf.cnrs.fr/spip.php?article91">Philippe Büttgen</a> propose purement et simplement... l’élection par les pairs. Transparence n’est pas confiance, et ça se passe bien en Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une usine à gaz en préparation au Parlement vise à <strong>moduler le prix de l’électricité</strong> en fonction de la consommation : -20% sur la facture en dessous d’un quota de base, +10% pour ce qui en dépasse le double. <a href="http://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2012/03/12-03-CV-Boris-Solier.pdf">Boris Solier</a> accuse ce système d’être contre-productif, comme cela a été le cas en Californie : le prix moyen, plus bas pour certains, mènera à une hausse de leur consommation, et en général lors des pics. Ensuite, on ne consomme pas moins quand on est pauvre et plus quand on est riche : les gens modestes ont du mal à faire isoler leur logement. Autant aider la rénovation. Enfin, la mise en œuvre sera complexe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pas d’addiction au sucre</strong> : dans les définitions officielles des psychiatres, l’addiction suppose plusieurs critères, dont un conflit entre un désir d’arrêter une consommation, et le désir impérieux de continuer à en consommer, et plus que de raison. On ne pourra donc parler d’addiction au sucre que lorsque la pression sociale sera telle que les gens <em>voudront</em> arrêter le sucre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Australopithecus sediba</em></strong>, découvert en Afrique du Sud, serait-il le véritable ancêtre des <em>Homo erectus</em> (et donc le nôtre) ? Une grotte a livré deux squelettes assez complets, événement très rare, et promet déjà d’autres belles découvertes pour trancher le débat. L’arbre généalogique de l’homme reste dans le détail très discuté.<br /><em>J’ai même l’impression qu’ils y rajoutent une nouvelle espèce tous les 3-4 ans : </em>Homo antecessor<em>, </em>Homo heidelbergensis<em>...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique de Jean-Paul Delahaye s’étend sur <strong>ces jeux sérieux qui utilisent l’intelligence humaine</strong> de manière massivement parallèle pour des problèmes (encore) inaccessibles aux ordinateurs, par exemple <a href="http://www.galaxyzoo.org/" hreflang="en">Galaxy Zoo</a>, ou <a href="http://fold.it/portal/" hreflang="en">FoldIt</a>, quand ce n’est pas <a href="http://www.google.com/recaptcha" hreflang="en">reCAPTCHA</a> pour numériser des livres.</li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique Science-Fiction détaille l’anatomie de la bestiole d’<em>Alien</em>, et montre que c’est un condensé de toutes nos peurs animales (reptile, insecte, arachnide...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Et la rubrique artistique montre que, <strong>géologiquement, le monde de J.R.R. Tolkien est cohérent</strong>. On a même les frontières des plaques tectoniques.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Janvier-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/734« Pour la Science » de novembre 2012urn:md5:0394e2356f4f7b9fc5bf8374e85dca1a2013-02-16T16:53:00+01:002016-03-21T13:36:57+01:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanthropomorphismeanticonsumérismebon sensconquête de l’inutilecoup basDieudommagedéterminismefoutage de gueulehistoirejardinagelobbysmanipulationmathématiquesoh le beau cas !psychologiereligionsantésciencethéorieécologieévolution <p>Pour ce numéro qui n’est plus en vente et qui globalement ne m’a pas autant intéressé que d’autres, je vais pour une fois essayer de faire court :</p>
<h3>Le bloc-notes de Didier Nordon</h3>
<p>Beau festival ce mois-ci :</p>
<ul>
<li>Même les grands mathématiciens de notre époque ne comprennent rien à certains domaines des maths qu’ils considèrent totalement sans intérêt.</li>
</ul>
<ul>
<li>Évident mais frappant : « donner des exemples est une démarche inverse à celle qui consiste à énumérer ». <strong>Si on vous noie sous des listes interminables, c’est que l’idée sous-jacente est banale ou qu’on vous enfume !</strong></li>
</ul>
<ul>
<li>Didier Nordon rapporte l’exemple d’un physicien russe qui demande l’autorisation de dater au carbone 14 un prétendu morceau de l’arche Noé. Le prêtre arménien accepte : ce serait un bon test pour cette méthode scientifique. Clash des systèmes de pensée.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></li>
</ul>
<pre></pre>
<h3>La conjecture ABC résolue ?</h3>
<p>Résolue ou pas, ça ne changera pas votre quotidien. Ne me demandez pas en quoi elle consiste, je n’ai ni compris ni cherché à comprendre. C’est de la théorie des nombres, pour laquelle j’ai toujours eu une certaine allergie.</p>
<p>Je peux juste préciser que cette conjecture permettrait de démontrer le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dernier_th%C3%A9or%C3%A8me_de_Fermat">dernier théorème de Fermat</a> plus élégamment que dans la démonstration de Wiles en 1993. Et que la démonstration proposée par un Japonais réputé est longue et prendra du temps à valider.</p>
<h3>Science & croyance</h3>
<p>Une des principales perles du numéro n’est qu’un entretien avec <a href="http://lettre.ehess.fr/4261">Yves Gingras</a> sur le mélange des genres entre science & croyance, chose un peu trop à la mode ces temps-ci chez de grands scientifiques reconnus.</p>
<p>On est très loin des délires des créationistes des diverses religions, mais la séparation stricte entre science et religion devient poreuse. Le mysticisme ou la spiritualité percent dans un titre comme <em>The God Particle</em> (du Prix Nobel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leon_Lederman">Leon Lederman</a>), ou dans ce qu’à pu écrire Trinh Xuan Thuan (j’avais été choqué du finalisme qui perçait dans <em><a href="http://www.trinhxuanthuan.com/origines.htm">Origines</a></em>, superbe et instructif par ailleurs). Certains rapprochent bizarrement théorie quantique et mystique indienne ou immortalité de l’âme. D’autres abusent du « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_anthropique">principe anthropique</a> ».</p>
<p>La confusion ne peut que se faire dans le grand public impressionné par l’aura de ces scientifiques éminents. Yves Gingras tire la sonnette d’alarme sur ce mélange des genres encore vu avec indulgence par le milieu scientifique.</p>
<blockquote><p>Un homme savant a compris un certain nombre de vérités. Un homme cultivé a compris un certain nombre d’erreurs. Et voilà toute la différence entre l’esprit droit et l’esprit juste. L’esprit droit surmonte l’erreur sans la voir ; l’esprit juste voit l’erreur ; et certes il n’y veut pas tomber, mais il y veut descendre. <br /> <br />Alain, <em><a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/Alain/Vigiles_de_lesprit/vigiles.html">Les Vigiles de l’esprit</a></em>, XXXI</p></blockquote>
<h3>Histoire des sciences : le DDT</h3>
<p>En 1962, le <em>Printemps silencieux</em> de Rachel Carson dénonçait les ravages du DDT. C’est l’occasion de revenir sur la prédominance de la chimie dans l’agriculture : si pratique, compensant les faiblesses de la monoculture industrielle, elle semblait invincible. Les diverses influences sociales, la foi aveugle dans le progrès technique, ont fait le reste et ignoré les réserves.</p>
<p>Pourtant, à l’extrême fin du XIXè siècle, aux États-Unis, on avait déjà régulé les pulvérisations de « vert de Paris » dans les vergers : les apiculteurs voyaient mourir leurs abeilles. Il faut croire que chaque génération doit redécouvrir que balancer des produits chimiques en vrac n'est pas innocent, et que les faibles dosages peuvent avoir des effets à long terme. Désespérant.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les LED blanches vont petit à petit remplacer nos fluocompactes, je n’ai pas cherché à comprendre les détails techniques.</li>
</ul>
<ul>
<li>Au milieu du magazine, quatre pages de pubs payées par LVMH Cosmétique rapportent un colloque : pavé illisible sans fil conducteur évident et au langage boursouflé (application de la remarque de Nordon ci-dessus).</li>
</ul>
<ul>
<li>L’épidémie mondiale d’obésité s’étend : plusieurs articles décrivent le coût faramineux, le rôle majeur mais non fatal des gènes, et celui des perturbateurs endocriniens trop utilisés dans notre civilisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les dernières recherches sur le cerveau dissocient les circuits du désir (déterminant les actions) et du plaisir. Un drogué agit sans plaisir : quand les deux circuits divergent, il y a maladie mentale, que l’on pourra peut-être mieux traiter à présent.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un paléontologue et un astrophysicien essaient d’interpréter ce que pourraient être les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Midi-chlorien">midichloriens</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, si nombreux dans le sang d’Anakin Skywalker. Les Jedis sont-ils des « super-organismes » ? Ce n‘est pourtant pas le numéro d’avril.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’avais trouvé un site web d’un fondamentaliste américain qui réinterprétait toutes les incohérences entre Bible et science en prenant bien sûr ses croyances au pied de la lettre : un fascinant exercice de loopings intellectuels.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Une des pires bourdes de Lucas dans </em>Episode I<em>, heureusement non développée par la suite.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/732Questions à la con chez XKCD (7 à 12)urn:md5:a390493be7d456b7cfe26974e1b8eb972012-12-09T00:00:00+01:002016-03-18T12:42:03+01:00ChristopheScience et conscienceamourapocalypsebon senscartescataclysmecatastrophechiffresclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedémographiegravitationgéographiehard sciencehumourlivres luslogistiquelyrismeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationsurréalismetempsthéorieutopievaleuréducationémerveillementénergie <p>Suite des questions stupides-qui-font-réfléchir sur l’un des sites qui justifient l’existence même d’Internet (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD">premier recueil de résumé-traductions ici</a>) :</p>
<ul>
<li><strong>Tout le monde dehors</strong> : <a href="https://what-if.xkcd.com/7/" hreflang="en">Avons-nous assez d’énergie pour faire quitter la planète à toute l’humanité ?</a>. Enfin une question « appliquée ». <br />L’énergie nécessaire strictement minimale est l’énergie cinétique atteinte par 7 milliards d’humains d’en moyenne 65 kg dépassant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_lib%C3%A9ration">vitesse de libération</a> terrestre (11,2 km/s), soit 2,8.10<sup>18</sup> J, environ 5% de notre consommation d’énergie annuelle. Difficile mais jouable en théorie.<br />L’énergie réellement nécessaire dépend du moyen utilisé. Les fusées traditionnelles ne sont pas très efficaces, avec 20 à 50 tonnes de carburant pour 1 tonne de charge utile dans l’espace ! De quoi siphonner toutes les réserves mondiales de pétrole. L’ascenseur spatial serait une option (le matériau reste à inventer) ; ou encore l’utilisation de nos bombes atomiques comme carburant (projet <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Orion">Orion</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Jump!</em></strong>: <a href="https://what-if.xkcd.com/8/" hreflang="en">si toute l’humanité se rassemblait dans le plus petit espace possible et sautait ensemble en même temps</a>, la Terre ne serait pas déplacée de la largeur d’un atome (elle est simplement trop grosse pour nous). Par contre, la concentration de sept milliards de personnes sur un territoire de la taille de Rhode Island (équivalent à un petit département français comme le Bas-Rhin) posera de cataclysmiques problèmes de logistiques lors de l’évacuation (on a supposé une arrivée instantanée et miraculeuse), menant au chaos et au décès de milliards de personnes. (Les expériences de pensée ont parfois d’inattendues conséquences.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/9/" hreflang="en">L’âme sœur</a></strong> : à supposer très romantiquement que nous n’ayons réellement qu’une seule âme sœur chacun, disséminée aléatoirement au sein de l’humanité, mais que l’on saurait reconnaître au premier regard, quelle serait la chance de la rencontrer et de déclencher le coup de foudre ?<br />Si on se limite à l’humanité <em>qui a vécu</em>, il y a 90% de chances que l’âme sœur soit déjà morte ; beaucoup plus si on inclut les générations à venir.<br />Si on considère que l’âme sœur fait forcément partie des vivants d’âge voisin, ça ne fait plus qu’un demi-milliard de rencontres à faire avant le coup de foudre. Combien d’étrangers croisez-vous par jour ? Même à raison de plusieurs douzaines, ça ne fait guère qu’une chance sur dix mille de rencontrer un jour l’Amour Vrai.<br />Industrialiser le problème d’une manière ou d’une autre (<em>SoulMateRoulette</em>) permettrait de rassembler tous les couples en quelques décennies... à condition que chacun s’y consacre à plein temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/10/" hreflang="en">Si la Terre tournait de 90°</a></strong>, en mettant par exemple le Mexique au Pôle Sud, et en espérant que les règles de la météo ne soient pas complètement déréglée par des phénomènes aussi bizarres que ceux de la réalité (du genre de l’Amazonie ensemencée par un bout de désert tchadien), après une période d’adaptation la carte du monde deviendrait :<br /><img src="https://what-if.xkcd.com/imgs/a/10/cassini_cities.png" alt="Le monde basculé de 90°" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />La France et l’Antarctique devenues tropicales, Madagascar à notre place, Chine et Inde congelées... Il n’y a guère que le Kamtchatka qui ne change pas.<br /> <em>PS : J’</em>adore<em> ce genre de renversement de carte, ça change complètement la perspective par rapport à nos habitudes.</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/11/" hreflang="en">Se faire chier dans la bouche par un oiseau</a></strong> nécessite en moyenne 195 ans de sieste gueule ouverte ininterrompue. Bon exemple de moyenne stupide vue la répartition totalement non-uniforme des piafs en ce monde.<br />Cet exemple débile donne pourtant un bon exemple d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_dimensionnelle">analyse dimensionnelle</a> avec des ratios de nombre de fiente/oiseau et de cm² par bouche, le résultat du calcul s’exprimant en année.<br />Avec une analyse du même genre, Randall montre que la consommation d’une voiture, en miles par galon (ou en kilomètres par litre, c’est en fait l’inverse de la manière de raisonner des Européens) peut s’exprimer en mm<sup>2</sup>, le nombre étant la section du volume d’essence étiré dans un tube de la longueur du trajet.</li>
</ul>
<p><em>Suite : </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">What If?</a><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">, le livre !</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD-7-a-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/714“World War II Plans that never happened” (« Les plans secrets de la Seconde Guerre mondiale ») de Michael Kerriganurn:md5:38c8bc6a0463981d0e3a94742dcd89bb2012-10-15T00:00:00+02:002016-03-15T14:04:22+01:00ChristopheHistoireAllemagnebombe atomiqueEuropegigantismeguerregéographiegéopolitiquehistoireincohérencelivres lusoh le beau cas !politiquescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis <p>Je l’ai lu en anglais mais il y a une <a href="http://www.amazon.fr/plans-secrets-seconde-guerre-mondiale/dp/2735703622/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1348775339&sr=8-1">version française</a>.</p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/61mQbgqfzkL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Chez tout amateur d’uchronie, ce livre fera naître joie et frustration.</p>
<h3>Joie</h3>
<p>Kerrigan recense une flopée de plans qui auraient pu marcher (ou échouer), réalistes ou fous, planifiés pendant des mois ou juste griffonnés en vitesse, et chacun ferait un point de divergence parfait pour une uchronie.</p>
<p>Certaines opérations n’ont jamais eu lieu :</p>
<ul>
<li>l’invasion de la Scandinavie ou juste de la Norvège par l’un ou l’autre camp (les Allemands ont osé les premiers en 1940), ou celle de l’Irlande (inquiétante pour les Britanniques, mais trop loin pour les Allemands) ;</li>
<li>l’invasion de la Suisse par le Reich (opération <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Operation_Tannenbaum" hreflang="de">Tannenbaum</a></em>), reportée on ne sait trop pourquoi : autres urgences, coopération entre les deux pays, promesse suisse de faire payer un ticket d’entrée disproportionné... ;</li>
<li>un classique : <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Seel%C3%B6we">Seelöwe</a></em>, l’invasion allemande de la Grande-Bretagne — très difficile faute de moyens de barges de débarquement et de maîtrise des mers, et impliquant donc une supériorité aérienne que la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-bataille-d-Angleterre">Bataille d’Angleterre</a> ne donna pas ;</li>
<li>l’attaque anglaise ou américaine sur les Açores ou le Cap Vert — inutiles tant que le Portugal et l’Espagne ne soutenaient pas trop l’Allemagne ;</li>
<li>la prise de Gibraltar par les Allemands (se rappeler que <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/03/427-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-3">Canaris a pas mal fait pour saborder le projet</a>) — opération reportée faute d’autorisation espagnole puis de troupes disponibles ;</li>
<li><em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Herkules" hreflang="en">Herkules</a></em>, c’est-à-dire la prise de la stratégique Malte par les Allemands — reportée car au début tout allait bien pour Rommel en Afrique, puis faute de moyens ;</li>
<li>les précurseurs d’<em>Overlord</em> (<em>Sledgehammer</em>, <em>Roundup</em>) : les Britanniques, plus réalistes, freinent l’envie des Américains d’en découdre en France dès 1942 et malgré les demandes pressantes de Staline d’un deuxième front ;</li>
<li>par les Japonais, l’invasion de l'Australie —trop loin, trop grande finalement — ou celle de Ceylan — trop loin— ou encore de Madagascar — Hitler était contre, c’était « sa » partie du monde ;</li>
<li>l’invasion de la Sardaigne par les Alliés, ou celle des îles anglo-normandes — îles abandonnées à leur sort, les Allemands ne pouvant faire grand-mal de là-bas ;</li>
<li>la plus délirante, l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Unthinkable">Unthinkable</a></em>, envisagée par Churchill avant même la capitulation allemande : l’attaque des forces russes sur le continent au cas où Staline se montrerait agressif — opération abandonnée car finalement inutile, souhaitée par personne, et si j’en crois Wikipédia il est probable que les Russes, éventuellement alliés aux Japonais, auraient gagné une guerre longue — mais personne ne savait alors que la bombe A allait tout changer ;</li>
<li>la plus gigantesque : l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall">Downfall</a></em> (rassemblant <em>Coronet</em> et <em>Olympic</em>) visait en 1946 à débarquer au Japon, au sud puis vers Tokyo, avec des effectifs, des moyens et des pertes qui auraient ravalé Overlord au rang d’escarmouche — Hiroshima et Nagasaki ont tué dans l’œuf ce monstre logistique.</li>
</ul>
<p>Certaines armes n’ont jamais vu le feu :</p>
<ul>
<li>un projet américain de porte-avion mi-bois mi-glace : certes incoulable, mais avec trop de problèmes pratiques, et rattrapé par les évolutions des modèles classiques ;</li>
<li>les bombes anglaises destinées à diffuser l’anthrax, bien trop efficaces pour être utilisées (testé sur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/en">Gruinard Island</a>) ;</li>
<li>les bombardiers allemands et japonais à très longue distance pour attaquer les États-Unis sur leur sol, voire Panama (trop loin, effet uniquement psychologue) ;</li>
<li>le super-tank allemand <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Panzer_Maus" hreflang="de">Maus</a></em>, véritable bunker sur roues, avec ses 188 tonnes, et invincible (mais beaucoup trop lent et gourmand en pétrole pour être utile, et trop lourd pour passer le moindre pont) ;</li>
<li>la marine de guerre allemande complètement réarmée, prévue avant-guerre pour être prête en 1945, et donc abandonnée pour privilégier les sous-marins ;</li>
<li>un canon longue portée, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/V3_%28canon%29">V3</a>, destiné à bombarder Londres, mais à peine utilisé ;</li>
<li>un V2 intercontinental, projet utopique des derniers mois de la guerre.</li>
</ul>
<p>Dans la catégorie des plans « fous et foireux » :</p>
<ul>
<li>les projets de liquidation physique des différents leaders par le camp d’en face par bombardement, <em>sniper</em> ou espions (trop compliqués, trop irréalistes, ou contrecarrés trop tôt) ;</li>
<li>le projet de « réduit nazi » dans les Alpes, grande crainte des Alliés (justifiant en partie qu’ils aient délaissé la course à Berlin) — plan réel ou intoxication des derniers jours du Reich ?</li>
</ul>
<p>Fils rouges des différentes pages, les deux principaux décideurs de la guerre : Churchill et Hitler. Le premier était toujours partant pour un plan audacieux voire fou, favorisant les attaques indirectes aux frontales (il aurait préféré les Balkans plutôt que la Normandie). Le second changeait facilement d’avis et adorait les armes qui « en jetait » sans résultat stratégique réel.</p>
<h3>Frustration</h3>
<p>Les articles très résumés sur chaque opération militaire avortée n’en disent pas forcément beaucoup plus, souvent moins même, que des pages Wikipédia. À part quelques cartes, photos et documents n’offrent que peu d’intérêt Le style dérive souvent vers l’humour et le jeu de mot facile alors que le sujet porte rarement à la rigolade. Les commentaires sur le web sont assez assassins...</p>
<p>Bref, un bouquin intéressant pour la concentration de points de divergence uchroniques, plus que pour les informations sur chaque opération ou la profondeur de l’analyse.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9CWorld-War-II-Plans-that-never-happened%E2%80%9D-%28%C2%AB%C2%A0Les-plans-secrets-de-la-seconde-guerre-mondiale-%C2%BB%29-de-Michael-Kerrigan#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/719« Pour la Science » de Juin 2012urn:md5:d9bea52a92b5713f6c6d74adcfafcba92012-10-10T00:00:00+02:002016-03-15T13:50:19+01:00ChristopheScience et conscienceAfriqueastronomieauto-organisationconquête de l’inutilecosmologieesclavagegravitationhistoireprise de têtesantésciencescience-fictionsimulationthéorieuniversvirtueléconomieémerveillement <p>Je sais, il est périmé. Pas grave, ces notes sont d’abord pour moi.</p>
<p><em>Comme d’hab’, les avis et commentaires personnels figurent en italique, qui complètent un texte qui tente le résumé objectif et fidèle bien que très partialement partiel.</em></p>
<h3>Didier Nordon...</h3>
<p>... note que répondre « je ne sais pas » dénonce l’ignorant, et « on ne sait pas » signale l’homme instruit.</p>
<h3>L’espace est-il discret ?</h3>
<p>Une expérience en cours près de Chicago, une version inspirée de l’interféromètre de Michelson & Morley ou de <a href="http://www.ligo.caltech.edu/" hreflang="en">LIGO</a>, avec des lasers modernes, tente de montrer que l’espace-temps est discret. Si c’est le cas, cela appuierait la théorie holographique qui pose que le tridimensionnel n’existe pas (<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion">voir un article de 2006</a></em>).</p>
<p>La clé : une masse regroupée dans un volume plus petit que l’échelle de Planck correspondrait à moins d’un quantum d’énergie : impossible. À cette échelle s’arrêtent et la relativité générale et la mécanique quantique. Tout n’est plus alors qu’information à base de 1 et 0, y compris dans le cas très particulier des trous noirs. Et cette information ne disparaît <em>jamais</em>.</p>
<p>Or ladite information (l’entropie) engloutie dans un trou noir est proportionnelle à sa <em>surface</em> — c’est de la 2D. L’univers pourrait lui aussi n’être que de la 2D.</p>
<p><em>Je ne suis pas sûr d’avoir rendu, encore moins compris, ce raisonnement. Au passage, y a-t-il une mode « tout est information » dans la science moderne, comme auparavant tout était électrique, magnétique... ?</em></p>
<p><em>Finalement, si tout se résume à des 0 et des 1 dans une surface bidimensionnelle, nous n’existerions donc que dans un « Jeu de la vie » géant... Sommes-nous juste une simulation ? Quelque part j’avais lu que si une simulation d’un univers est possible, </em>alors<em> nous sommes très probablement dans une de ces simulations. Et au combientième niveau de simulation ?</em></p>
<h3>La Côte des Esclaves</h3>
<p>Les royaumes d’Allada, du Dahomey, de Ouidah, aux XVIIè et XVIIIè siècles, occupaient le territoire de l’actuel Bénin. Leur système politique et leur prospérité étaient basés sur la traite des esclaves revendus aux Européens. L’arrêt de la traite au XIXè siècle eut un énorme impact sur leur économie (notamment le début de l’exportation de l’huile de palme... cultivée par des esclaves), déstabilisa totalement l’ordre social basé sur la coercition, entraîna l’apparition d’impôts.</p>
<p><em>Tout ça pour dire que l’Afrique d’avant la colonisation avait déjà sa civilisation et ses États, et que l’impact de l’esclavage toucha toute la société.</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Une étude montre que les joueurs de football ne truquent pas tant que ça leurs chutes (l’arbitre finit par se méfier). <em>Tiens, ça me rappelle les sumos tricheurs de </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner">Freakonomics</a><em>.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Faut-il détecter systématiquement le cancer de la prostate ? Comme l’évolution est lente, le traitement peut apporter plus d’inconvénients que de bénéfices. <em>Et combien de cancers dans nos cellules, jamais détectés, qui ne feront jamais parler d’eux ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li>L’article de Jean-Paul Delahaye traite de <strong>cryptographie visuelle</strong>. C’est à base de masques jetables.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juin-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/702« Fables scientifiques » de Darryl Cunninghamurn:md5:9d657e3f5c65e4a534ac4794525f474b2012-10-05T00:00:00+02:002016-03-14T13:59:00+01:00ChristopheScience et conscienceabominationanticonsumérismeapparenceastronomiecivilisationcomplexitéconquête spatialehard sciencehistoireincohérenceintelligencelivres lusLunelégendes urbainesmèmemémoireoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparanoïaperspectivepollutionprécisionquêtesantéscienceéconomie de l’attentionéducation <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/41gdLv9q4CL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Je dois avouer une certaine déception à la lecture de cette BD. Ce n’est pas une histoire, mais une mise en images de quelques mini-essais sur divers délires anti-scientifiques. Le total du texte tiendrait dans un gros article de blog, et honnêtement j’ai peu vu l’intérêt des images (ah si : le pingouin est sympa). Aucun humour.</p>
<p>Chiropractie, tenants du faux débarquement sur la Lune, sceptiques du réchauffement climatique, créationnistes : ce sont les cibles. Cunningham n’a pas de formation scientifique mais a compris : comment elle marche ; ce qui la distingue de la foutaise ; et comment elle se fait ridiculiser par des médias stupides, au mieux partisans de donner tous les points de vue, au pire influencés par des groupes de pression sinon achetés, ou encore accros au sensationnel sans aucune notion du fonctionnement de la science.</p>
<p>De là à convaincre les sceptiques ou ceux qui s’opposent à la vaccination, je doute. Il donne des arguments mais les opposants ont aussi les leurs, les pétroliers et lobbys du tabac valant bien les groupes pharmaceutiques, le tout menant à un « tous pourris » où l’on jette le bébé Connaissance avec l’eau du bain commerciale.</p>
<p>Les passages les plus intéressants sont ceux sur la chiropractie (fondements théoriques : zéro), ou le passage de l’homme sur la Lune (les vraies conspirations sont bordéliques, et il était moins compliqué d’aller <em>vraiment</em> sur la Lune<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>), ou la fin sur l’exposé de la méthode scientifique avec quelques exemples de cas délicats (Wegener, la fraude).</p>
<p>Par contre et par exemple, aucun sceptique ne sera convaincu par les stats sur la proportion de climatologues <del>pro- </del> qui <del>croient</del> pensent que le réchauffement climatique existe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. (Au passage : la meilleure discussion sur le réchauffement que j’ai lue vient du <a href="http://www.skeptic.com/the_magazine/archives/vol17n02.html" hreflang="en">QG du mouvement sceptique</a>).</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Ni là ni ailleurs je n’ai entendu l’argument que les Soviétiques auraient immédiatement décelé et dénoncé la fraude. Mais la Guerre Froide est déjà hors de tous les esprits, comme si elle n’avait jamais eu lieu.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Lutter contre le réchauffement climatique passera aussi par donner un nom « positif » à ceux-qui-pensent-que-c’est-d’origine-humaine-et-que-c’est-une-mauvaise-chose : « pro-réchauffement » fait croire qu’on le veut. Et « ceux qui <strong>croient</strong> que...» est une aberration puisqu’on parle de presque-certitude-après-examen-par-un-paquet-de-gens-qui-y-ont-consacré-leur-vie, et non de croyance religieuse ou philosophique, qui justifie que l’on ait une autre opinion par simple choix de vie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/717Questions à la con chez XKCD (1 à 6)urn:md5:1260e2479f7ac6c3af46bafcf3e6ad422012-09-22T00:00:00+02:002016-03-14T13:55:08+01:00ChristopheScience et conscienceastronomieconquête de l’inutilecosmologieexpertisegravitationhard scienceinformatiqueintelligence artificielleoh le beau cas !robotssciencescience-fictionsimulationsurréalismetempsthéorieémerveillementénergie <p>Si vous êtes un vrai <em>geek</em>, ou un scientifique, inutile de présenter <a href="https://xkcd.com/" hreflang="en">XKCD</a>, “<em>a webcomic of romance, sarcasm, math, and language</em>”, un des sites les plus azimutés et réjouissants que je connaisse, un des rares que je lise tous les jours de parution. J’ai acheté le <a href="https://store.xkcd.com/xkcd/#xkcdvolume0">livre</a>, qui date déjà (vivement le suivant), et je sais que je n’en comprendrai jamais toutes les clés.</p>
<p><img src="https://imgs.xkcd.com/comics/angular_momentum.jpg" alt="L’un des dessins les plus romantiques et scientifiques du lot" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour la petite histoire, l’auteur Randall Munroe a laissé tomber son boulot à la NASA car il s’y ennuyait ferme. C’est sans doute une personne cent fois plus expansive en ligne que dans la vie réelle.</p>
<p>À côté de la BD, une partie du site est peu connue : <em><a href="https://what-if.xkcd.com/" hreflang="en">What if?</a></em>, pleine de questions et hypothèses apparemment stupides, mais menées scientifiquement jusqu’au bout. J’ai trop à faire et à lire mais je me suis laissé piéger à en dévorer chaque page. Ça devrait passionner les profs de physique.</p>
<p>(<strong>Ajout de 2016</strong> : Et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">il en a fait un autre livre</a>, indispensable à tout honnête homme !)</p>
<p>Petit résumé pour les non-anglophones ou les gens pressés, et pour que je m’en souvienne moi-même plus tard:</p>
<ul>
<li><strong>Base-ball relativiste</strong> : <a href="https://what-if.xkcd.com/1/" hreflang="en">que se passerait-il si on lançait une balle de base-ball à 90% de la vitesse de la lumière ?</a><br />Les conséquences physiques sont inéluctables : la ville entière est détruite dans une explosion nucléaire.<br />(Un objet à la vitesse de la lumière contient <em>beaucoup</em> d’énergie, ça me rappelle un billet sur la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires">ballistique relativiste interstellaire</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Probabilités infimes</strong> : <a href="http://what-if.xkcd.com/2/" hreflang="en">combien de scores « parfaits » si toute le monde passait en même temps le SAT (un QCM standardisé pour l’entrer à l’université) en cochant les cases au hasard</a> ? Il y a 158 questions, soit une chance sur 2,7.10<sup>110</sup> de faire un sans-faute au hasard. Randall compare avec la probabilité d’un foudroiement le même jour de tous les anciens Présidents et les acteurs de la série <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Firefly_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29">Firefly</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/" title="en">Quelle puissance développe Yoda grâce à la Force ?</a> </strong> En estimant la masse d’un X-Wing, comparé à un F-22, et vue la vitesse à laquelle Yoda l’a sorti de l’eau dans l’<em>Empire contre-attaque</em>, enfin connaissant la gravité sur Dagobah (ça se trouve !), on calcule 19 kW (25 cv) comme limite inférieure. L’Empereur génère des arcs électriques estimés à au moins 10 kW. Conclusion : il faudrait cent millions de Yoda pour répondre aux besoins énergétiques de l’humanité. Mais ça serait vert...<br />(Sur le thème de l’exploitation des super-héros, <a href="http://www.smbc-comics.com/index.php?db=comics&id=2305#comic" hreflang="en">SMBC a aussi traité de Superman</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/4/" hreflang="en">A mole of mole</a></strong> : en français, une mole de taupes, soit (à la louche) autant de petites bestioles que de grains de sable sur Terre. Une telle quantité recouvrirait la Terre d’une épaisseur de 80 km de petites créatures poilues, ou plutôt constituerait une planète de la taille de Pluton.<br />“<em>But this is where it gets weird.</em>”<br />Une telle planète de viande de taupe, en se refroidissant, développerait des cellules de convection de viande décomposée. Noter qu’il suffirait de quelques millions d’années après la colonisation de toutes les planètes habitables de la galaxie pour totaliser suffisamment de petits mammifères que l’on pourrait soumettre à ce supplice.</li>
</ul>
<ul>
<li>Science-fiction hollywoodienne : <strong><a href="https://what-if.xkcd.com/5/" hreflang="en">Combien de temps l’humanité résisterait-elle à une « apocalypse robotique »</a></strong>, c’est-à-dire une insurrection générale de tous les robots ? Randall connaît le domaine et rappelle que les robots actuels sont incapables de monter un escalier, de distinguer un humain d’un rouleau de papier toilette, de résister à une lance de pompiers, voire de se déplacer, sinon (pour les drones militaires) de trouver eux-mêmes leur munitions. Les téléphones portables ne feraient pas directement grand mal, et les voitures, faute de capteurs, ne poseraient un danger pour leurs occupants que si elles roulaient. Il y aurait bien les ordinateurs qui contrôlent les missiles nucléaires, mais ce serait un suicide pour eux aussi...</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/6/" hreflang="en">Et si un verre d’eau devenait soudain à moitié vide ?</a></strong> Et par vide, on entend l’absence même d’air. Si c’est la moitié supérieure du contenu qui disparaît soudain, rien de bien méchant n’arrive. Si c'est la partie inférieure, l’eau du dessus, incompressible, s’écrase sur le fond comme un marteau, fait éclater le bas du verre. Par réaction, la partie haute du contenant vole s'écraser au plafond et arrose les convives d’éclats coupants.</li>
</ul>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD-7-a-10">À suivre...</a></em> (ou aller dévorer <a href="https://what-if.xkcd.com/" hreflang="en">sur le site</a> si ce n’est déjà fait)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/711« Pour la Science » d’Août 2012urn:md5:f5a248c7f54e8f7982330ec1a3b90cac2012-08-24T19:33:00+02:002016-01-22T15:16:44+01:00ChristopheScience et consciencecataclysmecivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup basgravitationhard sciencehistoirepsychologiescienceuniverséonsévolution <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_418_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Encore un numéro chroniqué trop tard. Pas grave, vous pouvez l’acheter en ligne.</p>
<p><em>En italique, les commentaires personnels sur ce qui tente d’être un résumé d’extraits.</em></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<p>Il rapporte notamment une étude de psychosociologie (pas de référence), où les hommes seraient dépeints comme plus fumistes que les femmes, moins attachés au travail bien fait. Cela devient une qualité nécessaire pour grimper dans les hiérarchies, où il ne faut pas trop chercher à prévoir les innombrables conséquences de ses décisions, sous peine de paralysie.</p>
<p><em>J’ajouterai que le manque de j’m’en-foutisme devient aussi un défaut pas que pour les femmes, juste tous ceux qui veulent faire un boulot correct, et, effectivement, risquent de s’y noyer. On retombe sur le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_Dilbert">principe de Dilbert</a> : « les gens les moins compétents sont mutés à l’encadrement ». </em></p>
<h3>Archéologie sous-marine</h3>
<p>Toute une série d’articles s’étend sur les bateaux trouvés au fond des mers : des flûtes (navires de commerce, vers 1800) impériales coulées par les Anglais ; des pinques (petits cargos) provençales des XVIIè et XVIIIè siècles...</p>
<p>Le plus intriguant ? Le <em>Carron Wreck</em>. Il a fallu du temps pour reconstituer l’histoire de ce petit navire de guerre fabriqué en Amérique juste avant l’indépendance des États-Unis, donc anglais, avec des canons écossais, capturé par les Français, transformé à Lorient, endommagé alors qu’il transportait des messages de la France aux autorités françaises et états-uniennes d’Amérique, réparé à Boston, re-modifié en Bretagne, attaqué par les Anglais à Saint-Domingue et sabordé par son équipage (qui a échappé à la captivité et la noyade) juste avant l’armistice signant la fin de la Guerre d’Indépendance américaine. Récit rocambolesque qui explique le mélange des genres, des techniques, des restes d’uniformes et d’armements retrouvés dans l’épave.</p>
<h3>Divers</h3>
<p><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/98/Andromeda_Galaxy_%28with_h-alpha%29.jpg/320px-Andromeda_Galaxy_%28with_h-alpha%29.jpg" alt="Andromède" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Andromède" /></p>
<ul>
<li>La NASA a refait les calculs, c’est sûr, la galaxie d’Andromède nous fonce dessus ! À 430 000 km/h, ça nous fait un impact dans quelques milliards d’années. <em>Ça fera un très joli spectacle dans le ciel pour nos éventuels descendants.</em><br />(<strong>Mise à jour du lendemain</strong> : le dernier <em>Science & Vie</em> tombé ce matin dans ma boîte aux lettres a justement des images de notre ciel dans les prochains milliards d’années !)</li>
</ul>
<ul>
<li>Des gens ont cherché et trouvé pourquoi les moustiques en vol peuvent se prendre des gouttes de pluie (équivalentes pour nous à ce que serait un impact avec une petite baleine) sans conséquence. <em>Quel intérêt ? Tout ce qui peut permettre de mieux connaître et donc peut-être d’exterminer les moustiques est bon à prendre.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un sursaut gamma survenu il y a 12,2 milliards d’années est-il à 12,2 milliards d’années-lumière ? Non, car l’espace a lui-même augmenté pendant le trajet. Il était à l’époque à 4,65 milliards d’années-lumière, et serait à présent à 24,37. <br /><em>L’article ne précise pas mais je suppose que cela ne vaut pas pour les distances et durées plus faibles au sein d’ensembles en cohésion gravitationnelles : si une étoile de notre galaxie est à 1000 al, sa lumière doit bien mettre 1000 ans pour arriver.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les lions avaient conquis l’essentiel des continents autrefois. <em>J’ignorais.</em> Il y avait même un lion des cavernes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans le cerveau, sous l’effet de stress et de ses conséquences chimiques, le cortex préfrontal perd son rôle d’arbitre et de contrôles des émotions : s’ensuivent paralysie, actes irrationnels, prise de contrôle par les parties plus anciennes du cerveau... Le but était peut-être d’accélérer les réflexes pour fuir les prédateurs. Des exercices de maîtrise existent, qui permettent de « rallumer » le cortex en se forçant à réfléchir et à s’interroger.</li>
</ul>
<h3>Et puis...</h3>
<p>Manifestement, <a href="http://drgoulu.com/2012/08/12/divers-d-ete/">Dr Goulu a retenu des choses complètement différentes de ce numéro</a> (à la fin de la page). Rigolo.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-Ao%C3%BBt-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/706« Science & Vie » d’août 2012 : « Nous ne sommes pas seuls ! »urn:md5:a8a1f96c73b5f47dc40a2a2ee4d44cd62012-08-16T21:37:00+02:002016-01-22T14:36:12+01:00ChristopheScience et conscienceapocalypseastronomiecosmologiedinosauresextraterrestresgéologiepanspermiesciencespéculationuniverséonsévolution <p>Petit billet vite fait sur le plus sensationnaliste des magazines de sciences sérieux <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Nous ne sommes pas seuls !</h3>
<p><em>Science & Vie</em> en couverture, c’est parfois comme <em>Voici</em> ou <em>Gala</em> : un « grand drame » de la vie d’une star se révèle être une peccadille ; mais pour le savoir il faut avoir acheté, et quand on hurle à l’arnaque il est trop tard.</p>
<p>Ici c’est pareil. D’ailleurs quand on lit « les scientifiques en sont convaincus », il y a de quoi s’inquiéter, aucune unanimité n’est prête de se faire sur un tel sujet avant un débarquement, pacifique ou agressif, des ETs. <em>S&V</em> n’a pas l’exclusivité de la preuve d’une rencontre avec de petits hommes verts ou gris, ou même d’une esquisse de découverte de trace de signature d’une possible vie dans le spectre d’une planète.</p>
<p>Non, l’article s’étend sur l’extrapolation (très raisonnable d’après les premiers relevés) qu’il y a dans notre seule galaxie au bas mot 80 milliards de planètes « habitables ». Au sens large, l’habitabilité : 1 à 10 fois la masse de la Terre, avec la possibilité d’eau liquide, et en général autour d’une naine rouge. Extrapolation sur tout l’univers : 10 000 milliards de milliards de planètes.</p>
<p>Suivent quelques arguments sur les derniers calculs et découvertes tendant à augmenter la proportion des habitées parmi les habitables : l’eau est bien présente partout dans l’univers ; la plupart des systèmes sont plats et stables ; la vie peut coloniser les lieux les plus invivables (pas une nouveauté...) ; les supernovas ne sont pas si nocives et ne stérilisent pas des bras entiers de galaxies ; une énorme Lune comme la nôtre n’est pas nécessaire pour qu’une planète reste à peu près stable sur son axe. J’aurais aimé connaître le niveau de consensus de certaines de ces affirmations.</p>
<p>Bref, sous-entendu : « c’est bien le diable si avec tout ça il n’y a pas la vie quelque part. » Tout ça ne résout pas <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Fermi</a>.</p>
<p>Suivent des extrapolations sur ce que pourraient être les habitants de ces planètes mais on retombe dans les <del>devinettes déduites <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></del> hypothèses éclairées : plantes gonflées d’hydrogène par forte gravité ; plantes noires autour d’étoiles froides ; espèces massives volantes dans les atmosphères denses... <em>Pour la Science</em> avait déjà eu un article là-dessus (<a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-couleur-des-plantes-extraterrestres-22382.php">extrait</a>).</p>
<h3>L’Anthropocène a-t-il commencé ?</h3>
<p>Après l’Holocène, l’Anthropocène a-t-il commencé ? Quels sont les critères ? Nous avons déjà laissé des traces indélébiles, mais laquelle pourrait être <em>la</em> référence ? Selon les critères habituels (limite stratigraphique identique sur toute la planète), c’est discutable. Serait-ce une époque, ou juste un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tage_g%C3%A9ologique">étage</a> de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Holoc%C3%A8ne">Holocène</a> (les 10 000 années depuis la fin de la dernière glaciation) ? Les géologues discutent.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Un paléogénomicologue (?) récolte des sangsues vietnamienne pour analyser l’ADN trouvé dans le sang qu’elles ont sucé. Il y trouve des bestioles jamais vues pourtant dans la zone. J’adore ce genre de découvertes indirectes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le nombre de cancers va exploser d’ici 2030. La bonne nouvelle : c’est juste le revers de la médaille de l’enrichissement et de l’élévation du niveau de vie (surpoids, diabète...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit entrefilet me fascine, sur le bon vieux mystère de la fin des dinosaures et de la survie des mammifères : ce serait à cause des œufs. Non que les mammifères les mangeassent (ça a dû arriver, mais pourquoi là et pas dans les 150 millions d’années précédents ?). Mais ces œufs imposant une limite maximale à la taille des bébés dinosaures, ces derniers, en grandissant, devaient occuper plusieurs niches écologiques différentes... occupées par les mammifères adultes plus petits. Sans la protection des adultes après la chute de la météorite, les bébés dinos survivants n’ont pu concurrencer les mammifères.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quand un satellite vient se désagréger dans l’atmosphère, il est impossible de prédire exactement où vont tomber les morceaux. Même pas de quoi faire un film catastrophe réaliste...</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Au contraire de tous ces machins qui fleurissent en récupérant le paranormal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Vous avez une meilleure traduction d’</em>educated guess<em> ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/705« Pour la Science » de Juillet 2012urn:md5:4c0d3ad9cd4985a0348845f3a527987b2012-07-01T23:41:00+02:002016-01-11T13:59:55+01:00ChristopheScience et conscienceapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecomplexitéconquête de l’inutilecosmologiedinosauresdysfonctionnementdéfense du françaiseffet de serregigantismegravitationhard sciencemathématiquespollutionsantésciencetempsthéorieténacitéuniversémerveillement <p>En vitesse, quelques notes sur un petit numéro dominé par les supernovas <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> (<em>avec commentaires persos en italique</em>) :</p>
<h3>Didier Nordon...</h3>
<p>...en appelle à la rationalisation de la prononciation du “qua” en français :</p>
<blockquote><p>« Les équations de la mécanique quantique ont les qualités adéquates pour quantifier des quantités qu’on peut qualifier de quasi imperceptibles. »</p></blockquote>
<h3>Supernovas</h3>
<p>Le mécanisme est bien connu pour les supernovas « classiques » dans les grosses étoiles (plus de 8 masses solaires) : fusion d’hydrogène en hélium, puis d’hélium en carbone, en néon... jusqu’au fer trop stable pour fusionner ; arrêt brutal de la fusion dans le cœur de l’étoile, qui ne compense plus la gravité ; effondrement de l’astre sur lui-même, onde de choc terrible au centre et dispersion explosive de l'essentiel de la masse. Reste souvent une scorie, comme une étoile à neutrons ou un trou noir.</p>
<p>Cela ne vaut (valait !) pas pour les plus grosses étoiles connues (100 masses solaires) : trop boursouflées, elles se dispersent.</p>
<p>Le scénario est différent pour des étoiles encore plus grandes, de 120-140 masses solaires. Ce type d'étoile n’était d’ailleurs censé exister que dans les premiers âges de l’univers. Pour ces astres, au stade de l’oxygène, le cœur ne se contracte pas assez pour amorcer la fusion ; les noyaux émettent des rayons gamma en masse, qui interagissent pour former des paires électron/positron (E=mc²) ; l’énergie des photons est donc captée par cette nouvelle masse ; la pression au sein du cœur chute alors brutalement ; la fusion de l’oxygène commence... et dans ce contexte instable s’emballe de manière cataclysmique. Il ne reste <em>rien</em> de l'étoile. Ce second type de supernova est une nouveauté.</p>
<p>L’article vaut autant par ces fascinants mécanismes que par les allusions à la manière dont avance l’astrophysique. En 2006 l’auteur (<a href="http://www.weizmann.ac.il/home/galyam/" hreflang="en">Avishay Gal-Yam</a>), à cause d’un temps couvert, change son programme et observe une supernova récente, la plus brillante connue.</p>
<p>Sa luminosité est inexplicable. Parmi les hypothèses, celle de la supernova à production de paires, mécanisme connu depuis plus de quarante ans. Problème : il faut des étoiles de plus de 100 masses solaires, qui en théorie ne se forment plus de nos jours, à cause de tous les métaux laissés par les supernovas des générations passées <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Le chercheur garde cependant l’idée en tête.</p>
<p>Parallèlement, en 2005, profitant d’un nouveau télescope pas encore à la mode (<em>!!</em>), Gal-Yam obtient <em>une</em> nuit d’observation (<em>quel pari sur la météo !</em>) pour observer précisément les supernovas du moment. Il compte chercher l’étoile qui a explosé dans les archives de <em>Hubble</em>. Ce « progéniteur » aura disparu une fois fois la supernova éteinte. Ce genre de recherche est difficile et récent (site du projet : <a href="http://www.weizmann.ac.il/home/galyam/progenitors.html" hreflang="en">http://www.weizmann.ac.il/home/galyam/progenitors.html</a>).</p>
<p>Sur le moment, cependant, le progéniteur suspecté semble si gros (100 masses solaires) qu’il n’aurait pas dû exploser, ou être un simple amas d'étoiles dont une seule a explosé.</p>
<p><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fc/Eta_Carinae.jpg/240px-Eta_Carinae.jpg" alt="Eta Carinae" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Eta Carinae, image NASA/ESA/Hubble" />Le mystère perdure pendant que Gal-Yam s’interroge sur la supernova de 2006, et étudie le spectre d’une autre en 2007. Or la supernova de 2005, trois ans plus tard, est enfin éteinte, et son progéniteur est bien une unique géante bleue, énorme, du genre d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Eta_Carinae">Eta Carinae</a>... (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/">article dans</a> <em><a href="http://www.nature.com/nature/journal/v458/n7240/full/nature07934.html" hreflang="en">Nature</a></em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>) Une étoile de plus de 100 masses solaires peut donc bien exploser.</p>
<p>Les calculs montrent aussi que les supernovas par production de paires fabriquent énormément de nickel, et sont très lentes à s’éteindre : ce fut le cas pour celle de 2007 (<a href="http://adsabs.harvard.edu/abs/2009Natur.462..624G" hreflang="en">résumé de l’article</a>). Gal-Yam et ses collègues ont passé beaucoup de temps sur des spectres pour découvrir cela.</p>
<p>Bref, un type de supernova théoriquement impossible a été détecté deux fois, et des étoiles trop grosses pour exister sont bien là : il y a des modèles de formation à revoir, au moins dans les galaxies naines étudiées.</p>
<p>Finalement, la supernova de 2006 n’était pas si exceptionnelle (un autre mécanisme la rendait si brillante), elle fut cependant l’aiguillon intellectuel de toute l’histoire !</p>
<h3>Guérir du SIDA</h3>
<p>Le virus du SIDA s’attaque aux lymphocytes T, et leur multiplication pour le contrer favorise justement le virus jusqu’à l’effondrement du système immunitaire. De plus, le virus peut se cacher dans le moindre recoin de l’organisme. Les médicaments actuels se contentent donc de le contenir, pas de l’anéantir.</p>
<p>Le premier article décrit une technique inspirée de celle qui a guéri (?) le « patient de Berlin ». Séropositif, celui-ci fut victime d’une leucémie. Il fallut donc détruire son système immunitaire pour le remplacer par celui d’un donneur compatible. Improbable (et unique jusqu’ici) coup de chance, ce dernier était doté en plus d’une (très rare) immunité naturelle contre le VIH : il ne possédait pas de protéine CCR5 fonctionnelle, <em>la</em> porte d'entrée du virus dans les lymphocytes. Des années après la greffe, le SIDA n’est plus du tout détectable chez le patient. Est-il définitivement éradiqué par les lymphocytes sans CCR5 issus de la moelle du donneur, ou est-il juste tenu en respect ?</p>
<p>La technique n’est pas généralisable : presque pas de donneurs, lourdeur d’une greffe, traitement antirejet aussi lourd que le traitement anti-SIDA... Mais il y a une piste. L’article expose comment des lymphocytes T d’un malade peuvent être génétiquement modifiés pour ne plus exprimer le gène CCR5 (un sacré boulot), massivement reproduits <em>in vitro</em> sur billes magnétiques (une autre grande découverte en soi), et réinjectés. Les essais n’en sont qu’au tout début mais sont encourageants.</p>
<p><em>La découverte est d’importance. Mais même en cas de succès éclatant, la complexité du traitement le rend impossible à généraliser rapidement aux deux tiers des malades, en Afrique...</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les seuls sauropodes (les grosses cuves à fermentation à pattes parmi les dinosaures) émettaient sans doute plus de méthane que toute la nature <em>et</em> l’humanité actuellement, avec un impact sérieux sur l'effet de serre de l’époque.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les émissions de CO₂ continuent de battre chaque année de nouveaux records (2010-2011 : +3,2%)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les moustiques choisissent leur cible sur l’odeur, il y a bien des « peaux à moustique ». (<em>Pas de bol pour moi...</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On invente des matériaux autocicatrisants : ils incluent des billes de polymères, voire un réseau vasculaire, qui amènent des catalyseurs et des réactifs là où il y a dégât. La technique débute, et au début sera surtout utile pour les revêtements.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les limites de l’apnée semblent liées à la fatigue du diaphragme, pas au taux d’oxygène dans le sang. Contrôler l’apnée et en connaître les limites a son importance pour certains traitements (radiothérapie où le patient doit bouger le moins possible), et... le maintien de l’ordre, où les accidents sont fréquents et mal expliqués.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article de Delahaye fait partie de ces délires de mathématiciens apparemment éloignés de la réalité : « comment accrocher un tableau pour qu’il tombe ? » Et en couverture, en plus :-) <br />On suppose plusieurs clous, il doit suffire d’en ôter un pour que le tableau tombe. L’algèbre sert, l’intérêt est d’explorer les conditions <em>fail safe</em>, où une défaillance provoque une mise en sécurité.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>En fait, ils écrivent « supernovae », ce qui voudrait dire que, soit ce terme est latin et non francisé. Je ne vois pas pourquoi on ne le franciserait pas et dans ce cas il suit la règle des pluriels. S’il fallait reprendre le pluriel d’origine de tous les mots d’origine étrangère, il y aurait du boulot.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Est-il connu de tous que les éléments hors hydrogène et hélium sont nés au cœur d’étoiles, et dans des supernovas pour les éléments au-delà du fer ? Nous sommes de la poussière d’étoiles, dirait Hubert Reeves.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>30 € pour acheter l’article complet, ouch ! </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Juillet-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/699« Pour la Science » d’avril 2012 : Objectif Mars ; juger au lieu de voter ; sécurité...urn:md5:bc6b3d2c501d2c4dd8d9e33acbaf32832012-04-20T22:33:00+02:002015-12-04T13:28:34+01:00ChristopheScience et conscienceabominationadministrationAfriqueAlsacebon senschiffrescolonisationconquête de l’inutileconquête spatialediscriminationemmerdeursenfantshard sciencehistoireMarsoptimisationoptimismeorganisationprise de têtepsychologiesantésciencescience-fictionsociétés primitivessécuritétempsécologieéconomieéconomies d’énergieénergieévolution <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_414_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Terminerai-je cette chronique avant la fin du mois ? Vous le savez déjà, le suspens n’existe que pour moi au moment où je rédige ces lignes.</p>
<p>Résumé : un bon cru.</p>
<p><em>Comme d’habitude, les italiques sont des commentaires personnels ajoutés à un résumé sélectif qui tente la fidélité aux articles originaux.</em></p>
<h3>Le bloc-note de Didier Nordon</h3>
<p>Les liseuses électroniques abolissent enfin une discrimination : les livres pourront enfin avoir un nombre de pages <em>impair</em>.</p>
<h3>Ne votez pas, jugez !</h3>
<p>C’est de saison : l’article reprend une proposition de système de scrutin par jugement simultané de tous les candidats, qui n’a pas les inconvénients du système actuel ni les inconvénients du système de Condorcet, par exemple.</p>
<p>J’en ferai un billet séparé.</p>
<h3>Science, énergie & élections</h3>
<p>Un article de Benjamin Dessus de l’association <em><a href="http://www.global-chance.org/index.php">Global Chance</a></em> s’insurge contre la manière dont l’énergie nucléaire est présentée dans la campagne :</p>
<ul>
<li>tout d’abord l’électricité ne représente qu’une petite partie de l’énergie dépensée en France ;</li>
<li>c’est d’abord la réduction de la demande qui permettra de ne pas émettre trop de CO₂ : les économies d’électricité potentielles sont énormes : isolation, eau chaude solaire, appareils sobres...</li>
</ul>
<p>Le nucléaire a un coût difficile à estimer mais la Cour des Comptes fournit des chiffres.</p>
<p>En résumé, sortir du nucléaire vers 2031 est possible, avec un kilowattheure 20% plus cher mais une facture 25% moins élevée !</p>
<h3>Science & politiques de sécurité <em>(& donc élections)</em></h3>
<p>Le sociologue <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sebastian_Roché_(sociologue)">Sebastian Roché</a> nous donne un résumé de nombreuses études sur l’efficacité des diverses politiques de sécurité appliquées un peu partout en Occident :</p>
<p>L’<strong>alourdissement des peines est contre-productif</strong>, et cela inclut le jugement de mineurs en tant que majeurs : une longue détention rend plus compliquée la réinsertion.</p>
<p>La « <strong>police communautaire</strong> » (chez nous : la défunte « police de proximité ») vise à améliorer les liens avec la population, s’impliquer dans la prévention… mais aussi à comprendre les délits et à les prévenir : le résultat est surtout visible sur les incivilités et désordres, mais aussi (modestement) sur la délinquance de rue (vols…) ; bref c’est une piste prometteuse.</p>
<p>La « <strong>police analytique</strong> » est une méthode : analyser comment des méfaits se déroulent, imaginer et diffuser des contre-mesures parfois simples ; apparemment efficace, elle n’est utilisée en France qu’au coup par coup. L’auteur regrette que la France préfère la « gestion verticale », centrée sur l’après-délit, les chiffres de résolution… au lieu de la police analyitique notamment.<br />(<em>Prévenir plutôt que guérir, ça ne date pourtant pas d’hier…</em>)</p>
<p>La <strong>vidéosurveillance</strong> a un intérêt réel dans les lieux clos, typiquement les parkings, mais pas ailleurs, et n’est en rien la solution miracle prônée par certains.<br />(<em>Surtout par les vendeurs de caméras je pense, et ceux qui veulent économiser des postes de policiers. Je n’ai toujours pas compris comment une caméra pouvait protéger d’un délit.</em>)</p>
<p>Il existe des <strong>méthodes « cognitivo-comportementales »</strong> visent à corriger les biais cognitifs des délinquants (prendre une simple remarque comme une provocation par exemple, ou rechercher uniquement les satisfactions immédiates, ou se voir tout le temps comme une victime). Les résultats sont spectaculaires (-30 à -50% de récidive).<br />(<em>Oui mais ces psys qui causent avec des jeunes, ça doit coûter plus d’argent sur le court terme que les laisser croupir en prison…</em>)</p>
<h3>Science & politique de santé <em>(& élections)</em></h3>
<p>Les deux auteurs sont des médecins. En résumé, leur étude clame que jusqu’ici seule la régulation par des mécanismes de marché a été mise en place en France, sans succès : réduction du nombre de médecins, tarification à l’acte (inadaptée pour les pathologies difficiles), développement des cliniques privées. De plus les missions de service public comme la prévention, les urgences, la formation des internes... sont limitées.</p>
<p>Les auteurs réclament le retour au remboursement à 80% et s’opposent à une franchise modulée selon les revenus : ce serait encore reporter le problème sur les mutuelles et réserver la solidarité à 100% aux plus pauvres, et « une solidarité pour les pauvres se transforme très vite en solidarité au rabais ! ». Ils demandent des règles draconiennes pour autoriser le remboursement d’un médicament, qui doit être efficace (donc : 80% de remboursement, ou 0), et de favoriser les génériques (pas si utilisés que ça en France).</p>
<p>Ou encore : une taxe sur la publicité de médicaments vers le corps médical doit financer la formation continue des médecins. Il y aurait 25% d’actes injustifiés (<em>25 % !!!</em>) : les économies potentielles et l’enjeu éthique sont flagrants.</p>
<p>Pour le financement, ils en appellent à Philippe Séguin, qui voulait soumettre les stocks-options aux cotisations sociales (3 milliards) ; et à la hausse automatique des recettes pour combler tout déficit et ne pas reporter la dette sur les générations futures (<em>avec intérêts</em>).</p>
<p>Au final… ils proposent le système en place en Alsace-Moselle : plus cher (1,5% du salaire contre 0,75%), mais remboursant mieux… et bénéficiaire !</p>
<p>Pour finir : le système est encore à réformer de fond en comble. Prise en compte de trois types de médecines différents (maladies bénignes, graves, chroniques), coordination, réforme des modes de rémunération des généralistes, centres de santé, formation des médecins (en communication, psychologie, pédagogie ; stages…), rénovation du secteur psychiatrique, accent sur la prévention et pas que sur les soins, « démocratie sanitaire » et contrôle, etc.</p>
<p>« Vaste programme… »</p>
<h3>En route vers Mars</h3>
<p>Les deux auteurs travaillent pour la NASA et proposent un programme spatial avant tout flexible, capable de s’adapter aux évolutions technologies et budgétaires. En fait, l’argent est la première contrainte pour la NASA avant la technique ou la balistique spatiale...</p>
<p>Au lieu de foncer directement sur Mars, la technique des petits pas viserait plutôt à explorer des astéroïdes de plus en plus gros et de plus en plus éloignés, où se poser est facile. Il y en a de nombreux intéressants selon les fenêtres de tir budgétaires. Une fois les lunes de Mars atteintes et explorées, on pourrait envisager de se poser sur la planète, ce qui est l’opération la plus complexe.</p>
<p>Les vaisseaux à propulsion ionique, lente mais régulière, sont peu coûteux (<em>critère finalement majeur</em>). Pour éviter que les astronautes restent trop longtemps dans l’espace, il suffirait de prépositionner sur le chemin des fusées classiques arrivées, elles aussi, par propulsion ionique : résultat environ -50% en masse au décollage, et autant en coût.</p>
<p>De même, le vaisseau spatial (réutilisable) serait monté en orbite terrestre haute par propulsion ionique (lentement), les astronautes le rejoignant avec une fusée classique au dernier moment.</p>
<p>Un encart du CNES parle des réacteurs nucléaires, thermiques ou électriques, comme une option pour réduire les temps de trajet.</p>
<h3>Le retour de la punaise de lit</h3>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/Bed_bug%2C_Cimex_lectularius.jpg/320px-Bed_bug%2C_Cimex_lectularius.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Depuis des millénaires, la punaise de lit se nourrit de sang humain la nuit, et heureusement elle ne transmet pas de maladie. Éradiquée en Occident au XXè siècle, grâce au DDT notamment, elle s’en rit depuis longtemps, et fait un retour en force grâce au chauffage central et aux échanges inter- et intranationaux !</p>
<p>S’en débarrasser est une plaie, entre autre grâce à sa capacité à jeûner des mois et à se disperser. Nettoyage à fond, congélation, chauffage à 50°, insecticides spécifiques et rémanents… les outils sont nombreux mais pas parfaits. De nouvelles armes pourraient se baser sur leur mode de reproduction « traumatique » (le mâle transperce la femelle, et parfois se trompe de cible), que l’on pourrait manipuler à coup de phéromones par exemple. Le temps presse, la résistance aux insecticides se développe...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Dans son « Point de vue », <a href="http://www.mnhn.fr/oseb/GOUYON-Pierre-Henri">Pierre-Henri Gouyon</a> nous alerte sur la dernière loi sur <strong>les semences</strong> : en vue de mieux contrôler et tracer les cultures, le ressemage des graines par les agriculteurs est interdit, sauf paiement d’une taxe à l’industriel semencier. Une objection majeure : certes la centralisation et l’industrialisation des semences ont permis de gros gains de productivité, mais cette loi interdit la « sélection participative » entre agriculteurs, misant sur la sélection naturelle. <br /> <br /><em>(Consternant. Le parallèle avec l’informatique ou le domaine des médias est flagrant : quelques groupes veulent totalement dominer un domaine où la coopération dans un léger bazar est à long terme bien plus riche et productive… pour la société, pas les grands groupes.)</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Nos souvenirs ne sont pas immuables</strong> : ils évoluent avec le temps et les répétitions. Hors quelques événements frappant précis (au cadre, lui, reconstruit), la plupart des souvenirs se confondent dans un savoir plus général et générique (prendre le train…). Or les souvenirs sont le fondement de l’identité. Comment un petit enfant construit-il son identité avec un système de mémorisation immature ? Comment les pathologies atteignant l’identité (schizophrénie…) atteignent-elles les souvenirs ?</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>savane centre-africaine</strong> serait l’œuvre de l’homme : 1000 ans <em>avant</em> Jésus-Christ, la migration des Bantous, agriculteurs qui possédaient la technologie du fer, aurait provoqué un défrichement important, l’érosion des sols puis la disparition de pans entiers de la forêt africaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Donner des acides gras (oméga 3) aux femmes enceintes réduirait l’incidence de l’eczéma et des allergies aux œufs après la naissance. <br /><em>(L’impact de notre alimentation sur notre santé me fascinera toujours.)</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique d’histoire des sciences parle de l’abaque de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvestre_II">Gilbert d’Aurillac</a> : ce moine astronome et mathématicien, devenu le pape de l’An Mil Sylvestre II, avait tenté d’introduire les chiffres arabes qu’il avait appris en Espagne à l’aide d’une abaque, sans zéro ni numération de position. Son utilisation nous semble assez absconse, mais cela restait un progrès : la division n’était pas possible avec les abaques de l’époque ! On ne sait pourquoi Gilbert n’a pas directement proposé le calcul écrit permis par la numération de position et le zéro (peur d’être accusé de sorcellerie ?). Le système actuel s’est répandu comme une traînée de poudre deux siècles plus tard. <br />(<em>Deux siècles perdus. Sur le sujet, voir mon résumé du pavé de Georges Ifrah </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/04/30/329-l-histoire-universelle-des-chiffres-de-georges-ifrah-1">L’histoire universelle des chiffres</a>.)</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-avril-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/684« Pour la Science » de mars 2012 : pharaons au ¹⁴C & véritable hasardurn:md5:8394081bc662619215478ec35f6a80062012-04-11T23:06:00+02:002015-10-06T12:43:53+02:00ChristopheScience et conscienceAfriqueAntiquitéapocalypsebon senscomplexitéconquête de l’inutiledéterminismeexpertisehard sciencehistoiremathématiquesmémoirenatureperspectivesciencesimulationsociétés primitivestemps <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_413_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />
Ce numéro est périmé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, donc on va faire vite<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. (<em>Commentaires personnels en italique comme d’hab’.</em>)</p>
<h3>Le bloc-note de Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Les économies d’énergie commandent donc que l’on supprime les feux de circulation et que l’on confère aux voitures une priorité permanente sur les piétons » car les arrêts-redémarrages consomment beaucoup d’énergie. <br /> <br /><em>Dissertez sur la notion de « priorité d’une société »… Puis remplacez les feux rouges par les lois sur la pollution par exemple.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un train annoncé à 14 h 22, puis en retard à 14 h 52, arrivé finalement à 14 h 47 est-il en retard de 25 ou en avance de 5 minutes ?<br /> <br /><em>Ne rigolez pas, l’embellissement des mauvais résultats est un art pratiqué dans beaucoup de hautes sphères !</em></li>
</ul>
<h3>Égypte ancienne et carbone 14</h3>
<p>Malgré deux siècles de décryptage intensif de hiéroglyphes, les archéologues hésitent sur les dates exactes des règnes des divers pharaons, et cela empire évidemment en remontant le temps : l’incertitude approche du siècle pour les plus anciens. Les Égyptiens ne tenaient pas de calendrier à origine fixe comme les Hébreux ou nous, et certains périodes troublées laissent peu de traces qui permettent de calculer leur durée… Même les références astronomiques peuvent être douteuses.</p>
<p>Le principe du carbone 14 est connu, mais un article expose les biais de la méthode, et comment calibrer les courbes. Au tout début, on supposait constante dans le temps la concentration en ¹⁴C par rapport au ¹²C car elle découle de l’action des rayons cosmiques sur le carbone atmosphérique. Il suffisait donc de mesurer la quantité restante de ¹⁴C (demi-vie : environ 5700 ans) par rapport au ¹²C pour savoir depuis combien de temps la matière biologique étudiée n’avait plus d’échange avec l’atmosphère (donc qu’elle était morte).</p>
<p>Cependant, la concentration atmosphérique de ¹⁴C varie dans le temps, et aussi avec le champ magnétique terrestre, le climat, la latitude, le type de créature (les deux isotopes ne sont pas <em>strictement</em> chimiquement identiques, les plantes ou les animaux ne les absorbent pas de manière identique), l’influence de l’océan et son inertie, ce qui introduit un biais dans les zones côtières, etc.</p>
<p>Bref, il faut une courbe de calibration, relativement tordue au final, créée notamment grâce au comptage des cernes des vieux arbres (on peut remonter à 11 000 ans, avant c’était la glaciation) ou aux coraux et carbonates marins (on arrive à -50 000 ans).</p>
<p>Au final, après une sélection d’échantillons assez drastique, les scientifiques de plusieurs pays sont parvenus à dater précisément (un quart à un demi-siècle près…) de nombreux règnes de pharaons. L’accord avec les diverses dates historiques supposées est bon, et permettrait de trancher pour les plus anciennes.</p>
<h3>L’impossible hasard</h3>
<p><em>C’est vraiment une constante : les articles de Jean-Paul Delahaye m’intéressent beaucoup une fois sur deux, sinon je suis carrément froid. Pas de milieu !</em></p>
<p>Le hasard pur a un critère : la suite doit être incompressible (non reproductible sauf à l’énumérer), et imprévisible (aucun système de pari ne peut gagner contre elle). Les irrationnels comme π ou √2 passent les pires tests d’imprévisibilité haut la main mais sont compressibles (leur définition suffit à tout recalculer).</p>
<p>Pour produire ce hasard deux moyens sont utilisés à notre époque : des algorithmes mathématiques (donc ce n’est pas du hasard pur non plus !) ou des systèmes à base de phénomènes quantiques… mais dans ce dernier cas rien ne permet d’affirmer réellement que ce hasard est bien pur. Les phénomènes physiques (jet de pièces) sont trop biaisés si bien contrôlés. (Au passage : le calcul du résultat d’un jet à la roulette est bien en pratique imprévisible, quoi qu’en disent des casinos trop heureux de faire croire à l’existence de martingales).</p>
<p>Pour la pratique (vénales machines à sous, secrète cryptographie, ou scientifiques méthode de Monte-Carlo), ce problème théorique fondamental n’a pas d’importance. « La théorie et la pratique divergent au maximum ! »</p>
<p>Dans le numéro d’avril suivant, Jean-Paul Delahaye répond à un lecteur en évoquant le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Oméga_de_Chaitin">nombre Oméga de Chaitin</a> comme nombre mathématiquement définissable mais totalement aléatoire (l’article Wikipédia sus-lié est passionnant, du moins la première partie que je suis parvenu à comprendre avant de décrocher).</p>
<h3>Divers</h3>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/65/Hypsibiusdujardini.jpg" alt="http://tardigrades.bio.unc.edu/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>Les tardigrades sont d’adorables bestioles d’un demi-millimètre… et quasiment indestructibles, y compris après un voyage dans l’espace ! <br />(Image : Willow Gabriel and Bob Goldstein, <a href="http://tardigrades.bio.unc.edu/" hreflang="en">http://tardigrades.bio.unc.edu/</a>, <em>via</em> Wikipédia)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit les querelles entre scientifiques français (Wurtz & Berthelot notamment) sur l’hypothèse atomique pendant tout le XIXè siècle. Simples notations, hypothèses non scientifiques, existence réelle ou pas ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit le contexte géologique de la région de Franceville au Gabon : ses roches contiennent les restes des plus vieux organismes pluricellulaires connus (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">on en avait parlé rapidement</a>). Cette zone a notamment été peu perturbée par les tremblements de terre depuis cette époque.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’extinction massive du Permien (peu avant l’apparition des dinosaures ; <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">tiens, j’en avais déjà causé</a>) aurait bien été causée<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> par les trapps de Sibérie, les kilomètres d’épaisseur de basalte crachés par des milliers de volcans, la libération de milliers de gigatonnes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> de chlore, soufre et autres saletés, avec (c’est la découverte) empoisonnement au mercure de toute la chaîne alimentaire à la clé.</li>
</ul>
<ul>
<li>La disposition des panneaux de la centrale solaire de Séville suit la même logique en spirale que la disposition des feuilles de tournesol. <br /><em>J’adore quand des ingénieurs redécouvrent ce que la nature avait déjà trouvé.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les alligators de Floride ont trouvé leur prédateur : le python birman, en train de se répandre dans les Everglades, en attendant le reste des États-Unis.</li>
</ul>
<ul>
<li>On pense pouvoir descendre bientôt à une température d’un picokelvin.<br /><em>Glagla. En laboratoire uniquement, heureusement.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Façon de parler, la Connaissance est intemporelle. Pendant mes études, je prenais plaisir à feuilleter les premiers numéros de </em>Pour la Science<em>, d’une époque où je ne savais pas lire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Même pressé par le temps, vous savez que j’en suis incapable.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Est-ce une inesthétique répétition quand le verbe « causer » est utilisé dans deux acceptions différentes à la suite ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Ça sonne mieux que « 1 ou 2 pétakilogrammes ».</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/683« Pour la Science » de février 2012 : secondes excédentaires, ours des cavernes et multiversurn:md5:166c739421722fe9a6610268fc87f95b2012-02-02T23:33:00+01:002015-10-06T12:12:35+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieconquête spatialecosmologiedéfense du françaisexaptationhard scienceprise de têtesciencescience-fictionspéculationtempsthéorieuniversévolution <p><em>(<del>Défit personnel : je vais tenter de chroniquer vite fait ce numéro un peu mineur, en dominant ma logorrhée habituelle, pour publier ceci avant le début du mois du numéro. Chiche !</del> C’est rapé.)</em></p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/done_20120117_1011_PLS-2012-fevrier_412-fu-pls_412_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Les secondes intercalaires</h3>
<p>Passionnant article sur un phénomène qui touche peu le commun des mortels, qui se contente au mieux de la précision d’un train ou du serveur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Network_Time_Protocol">NTP</a> auprès duquel son PC trouve son heure.</p>
<p>Le problème à la base est très concret : <strong>synchroniser la régularité du calendrier avec la rotation de la planète</strong>, qui est après tout le cadre ultime de nos vies. Certains s’en fichent, comme les Arabes avec des années lunaires plus courtes qu’une année solaire ; les Chinois rajoutent des mois au petit bonheur ; chez nous <a href="http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article134">Caius Julius</a> a imposé les années bissextiles, puis le pape Grégoire a affiné tout ça avec son calendrier.</p>
<p>Depuis 1972 le temps est mesuré avec des horloges atomiques, et la rotation de la Terre étant ce qu’elle est, il faut parfois ajouter, ou retrancher une seconde en milieu ou fin d’année pour que le temps solaire corrigé de l’équation du temps (l’explication du concept est claire) coïncide au micropoil avec le Temps Universel Coordonné, décompte des période du rayonnement entre deux niveaux hyperfins du césium 133 (une référence universelle qui en vaut une autre — mais sans lien avec la Terre). Il y aura donc sur certaines horloges précises un 30 juin 2012 23 h 59’ 60”.</p>
<p>Ces ajouts de seconde perturbent certaines applications précises, en partie à cause du système de notification. Bref, certains plaident pour la suppression de ces secondes intercalaires (<em>ça a failli être voté après l’écriture de l’article mais la décision est reportée à 2015</em>).</p>
<p>L’auteur plaide pour leur maintien : le calendrier « réel » (ressenti, avec heures, jour et nuit) et celui universel et coordonné vont diverger. Déjà le GPS a 15 secondes d’écart (il ne tient pas compte des secondes intercalaires). J’aime beaucoup la conclusion qui voit loin : dans 50000 ans, à cause de la rotation de la Lune, il faudra au moins une seconde intercalaire <em>par jour</em> : la planète tournera en 86401 secondes ! Comment dans le futur allons-nous gérer cela ?</p>
<p><em>(Personnellement, je me dis que le problème sera peut-être résolu quand nous nous installerons sur Mars ou ailleurs : un temps universel arbitraire ajusté ensuite pour chaque planète au gré des besoins de celles-ci, sera nécessaire. Il faudra juste que ce temps devienne arbitraire et formellement déconnecté des jours et nuits terrestres pour qu'on ne s’y réfère plus du tout. Il faudrait lire les discussions sur ce sujet à l’ITU-R.</em>)</p>
<h3>Les ours des cavernes</h3>
<p>Totem de la Préhistoire européenne, l’ours des cavernes a bien existé et laissé pas mal d’ossements. L’espèce était bien distincte de l’ours brun et de ses cousins proches (grizzly, ours blanc…), avec un ancêtre commun il y a environ 1,6 millions d’années. Ce monstre était plus végétarien que carnivore.</p>
<p>Les comparaisons de peintures rupestres étalées sur des milliers d’années, dans la grotte Chauvet par exemple, ainsi que l’analyse de la diversité génétique des ossements trouvés, montre que l’espèce a progressivement disparu au Paléolithique, et son déclin s’amorça avant l’arrivée de l’homme.</p>
<h3>Le multivers</h3>
<p>Depuis longtemps la SF prend comme décor les univers parallèles et les univers <em>très</em> lointains, au-delà du mur de quelques dizaines de milliards d’années-lumière autour de nous. Est-il possible, scientifiquement, de découvrir si oui ou non ils existent ? Pour le cosmologiste <a href="http://www.mth.uct.ac.za/~ellis/" hreflang="en">George Ellis</a>, non.</p>
<p>Le premier type de multivers englobe les espaces de l’univers « classique » trop lointains pour que leur lumière ou toute autre information nous en parviennent : à jamais inaccessibles, ils ont <em>a priori</em> les mêmes lois physiques que nous. Ce très plausible multivers est simplement un ensemble de bulles isolées à jamais par la vitesse finie de la lumière et l’expansion de l’univers.</p>
<p>Le second type de multivers envisage que des bulles assez lointaines auraient potentiellement des lois physiques différentes, voire toutes les combinaisons possibles de lois et de paramètres physiques. Ils restent également trop lointains et à jamais inaccessibles.</p>
<p>Les arguments scientifiques de ce multivers sont au mieux indirects sinon spéculatifs, et ils utilisent souvent des variantes ou la marge des théories physiques : les champs scalaires des dernières théories permettent des univers-bulles à l’infini (mais pourquoi ?) ; l’hyperinflation des débuts de l’univers pourrait s’être déroulée différemment ailleurs (rien ne l’interdit, rien ne l’y oblige) ; ils pourraient être parallèles ou juste lointains…</p>
<p>La théorie des cordes notamment offre un paysage idéal pour ces univers multiples, avec sa multitude de paramètres possibles. Mais on attend toujours une confirmation expérimentale des cordes ou d’un sous-ensemble. Et justement, parmi les arguments les plus intéressants du multivers figure l’étonnante (improbable ?) coïncidence de paramètres physiques qui permet la vie dans notre univers. Si énormément d’univers possibles existent, sinon tous ceux possibles, il n’y a rien d’étonnant à ce que nous existions dans un qui soit favorable à la vie, même improbable.</p>
<p>La recherche de trace d’univers passés dans le fond diffus de l’univers ou de variations possibles des constantes fondamentales a fait à peu près chou blanc. À l’inverse on n’a pas trouvé de motif se répétant dans l’univers, il ne semble donc pas sphérique et fini… ou alors à plus grande échelle, et nous ne le saurons jamais.</p>
<p>Bref, sans possibilité d’y aller voir jamais, sans théorie bien établie suggérant fortement l’existence du multivers, on ne peut parler de science quand on évoque le multivers. On tient plus là un concept extrêmement flexible qu’une théorie un tant soit peu travaillée. On extrapole « du connu à l’inconnu, du vérifiable à l’invérifiable ». George Ellis reproche que l’on cherche à établir par des hypothèses théoriques des choses à jamais invérifiables, ce qui est pourtant la base de la science moderne.</p>
<p>Dernier argument massue : le rasoir d’Ockham ne permet pas de créer une infinité d’univers aux paramètres exotiques juste pour expliquer l’existence du nôtre !</p>
<p>Il reconnaît certes un bon argument des défenseurs du multivers : il n’y a pas d’autre explication à notre existence. Il n’a jamais été établi, juste espéré, que les lois de la physique sont « obligatoires ». Mais le choix entre multivers, univers arrivé là par hasard, et univers créé, relève là de la métaphysique. Pas de la science.</p>
<p>Un encadré d’<a href="http://www2.cnrs.fr/journal/3150.htm">Aurélien Barrau</a> objecte : le sage a raison de se méfier de la spéculation, mais méfions-nous aussi d’un excès de circonspection. Le multivers est un « pari ». Il est en partie <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutable (donc scientifique)</a> car basé sur des théories scientifiques certes non établies, mais testables dans notre monde. On parle certes de probabilité que le multivers existe, mais c’est en fait très souvent le cas en physique. Et il voit le rasoir d’Ockham dans l’autre sens, car des théories suggèrent que le multivers est possible, et l’interdire les compliquerait. Il finit par dire que la physique change en permanence et pourrait accepter un cadre un peu plus spéculatif.</p>
<p>( <em>Avis perso : je n’ai aucune idée de ce à quoi peuvent ressembler les théories de l’inflation ou des cordes et comment en pratique on pourrait en déduire des univers différents. Ça me fascine. D’un côté tirer des conséquence parfois osées de théories (relativité, mécanique quantique) s’est révélé vrai, d’un autre côté cela a souvent permis de montrer qu’elles sont fausses et imparfaites. D’où la nécessité des observations pour valider ou infirmer la déduction théorique. Impossible ici. Et l’idée d’un multivers fatalement là parce qu’il n’y a pas d’autre possibilité défendable me rappelle le « Dieu des manques » qui a reculé à chaque avancée scientifique.<br />D’un autre côté, si l’on parle effectivement d’univers parallèles causalement inatteignables (ce dernier point sera massivement attaqué par tout écrivain de SF), le résultat de cette spéculation n’a matériellement </em>aucune<em> importance matérielle, juste philosophique !</em> )</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Didier Nordon met le doigt sur des <strong>aberrations étymologiques</strong> : un « misanthrope anthropophage » est quasiment une oxymore (et Matyo en rajoute : un vampire est aussi un hémophile…).</li>
</ul>
<ul>
<li>Du même : <strong>nul ne peut juger les hommes</strong> et les dire bons ou mauvais, ni certains d’entre nous, forcément juges et partie, ni les animaux que nous avons trop bousculés, ni les extra-terrestres qui pourraient lire toute notre littérature sur eux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>légumes et fruits surgelés</strong> sont réellement sains et bons, mangez-en.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong><em>Listeria</em></strong> est une bactérie avec de nombreux moyens d’invasion de l’organisme. Elle pourrait paradoxalement nous servir : génétiquement modifiée pour exprimer des gènes de cancer, elle deviendrait un vaccin anticancer !</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-f%C3%A9vrier-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/678« Science & Vie » de décembre 2011 : Neanderthal Park, effets secondaires, feux de charbonurn:md5:01872069b87981d9af8c52342df3c2fc2012-01-05T21:46:00+01:002015-10-01T13:10:17+02:00ChristopheScience et conscienceabominationaddictionbon sensclimatconquête de l’inutiledinosauresdommagedéveloppementeaueffet de serreexaptationgaspillagegéologienatureoptimisationpollutionprise de têterobotssantésciencesociétés primitivesspéculationtravailécologieéconomie de l’attentionévolution <p>(<strong><em>Ante scriptum</em></strong> : Bonne année et bonne santé à tous mes lecteurs réguliers, enfin, celui qui n’aura pas quitté la blogosphère pour Fesse-bouc, Gogue Pus et autres obscénités dont je n’ai toujours pas trop capté l’intérêt.)</p>
<p>Bon, je m’étais dit que ce numéro-là je pourrais le chroniquer alors qu’il est encore en kiosque. La pile des choses à faire grossissant sans cesse, c’est encore râpé.</p>
<p>En vitesse, pendant que dort la ’tiote, liste des choses notables dans ce numéro à se rappeler :</p>
<ul>
<li><strong>Les enfants Cro-Magnons dessinaient aussi dans les grottes</strong>, avec leurs petites mimines. Le sens de leurs gribouillis n’est pas clair mais je ne sais pas s’il faut chercher bien loin.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les racines des arbres influencent le lit des rivières</strong>. Le cours des rivières d’avant 360 millions d’années (date d’apparition des arbres) était beaucoup moins stable qu’après. Les racines fixent les berges. (<em>J’ai toujours trouvé fascinantes les interactions entre géologie et espèces vivantes. La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Oxydation">Grande Oxydation</a> en est une, celle-là est plus subtile.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les maladies chroniques</strong> deviennent les principales causes de mortalité, y compris dans les pays en voie de développement : inactivité physique, surpoids, tabac, alcool… Nombre de pays pauvres ont déjà des maladies de riche, et pas les moyens d’y faire face.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Peut-on faire revivre des mammouths ? L’homme de Néanderthal ? Des dinosaures ?</strong><br /> L’article tente vraiment de nous convaincre que c’est possible, et il y a des chercheurs optimistes. Mais l’ADN est déjà en kit dans les mammouths congelés retrouvés en Sibérie, alors pour ce qui est d’espèces complètement pétrifiées et dix ou dix mille fois plus anciennes… De plus, le problème de la mère porteuse du bébé mammouth n’est pas résolu : <a href="http://www.30millionsdamis.fr/acces-special/actualites/detail/article/1532-australie-naissance-du-premier-elephant-concu-par-insemination-artificielle/retour-actus/47.html">l’insémination artificielle d’éléphante est déjà un exploit</a>. <br />Pour le Néanderthal, des obstacles éthiques majeurs apparaissent.<br />Au mieux, un « pouletosaure » pourrait apparaître, simple piaf dont on aurait réactivé de vieux gènes jurassiques lui rendant queue et dents.<br />Enfin, que faire de ces espèces dont l’environnement aura disparu ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>effets secondaires des médicaments</strong> ont un bon côté : ils peuvent servir à traiter d’autres maladies que celle prévue au départ, et l’effet indésirable pour un malade sera bénéfique pour le malade à la pathologie inverse. L’aspirine peut provoquer des hémorragies, ce qui en fait un bon anticoagulant ; et le Viagra, médiocre dans le traitement de l’angine de poitrine, a révélé des effets secondaires intéressants… <br />Des chercheurs américains ont entré dans une base de données médicaments, effets secondaires, maladies, et ainsi pu repérer des substances potentiellement intéressantes dans des cas à l’origine non prévus. L’intérêt est énorme, aussi bien du point de vue de la réduction des coûts et des délais de mise sur le marché (on étend la prescription d’une molécule déjà connue et testée), que pour le soin des maladies orphelines (non rentables car trop rares).<br />Bref, un bon exemple de systématisation et d’industrialisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quelques émouvants exemples des « <strong>robots qui refusent de mourir</strong> », beaux témoignages de l’ingéniosité humaine et du travail des ingénieurs quand on les laisse faire leur travail : <em><a href="http://www.daviddarling.info/encyclopedia/P/Pioneer_6.html" hreflang="en">Pioneer 6</a></em> tourne autour du soleil depuis 1965 et émettait encore en 2000 ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opportunity">Opportunity</a></em> devait fonctionner trois mois en 2004 mais continue d’explorer Mars depuis (<strong>Mise à jour de 2015</strong> : et ce n’est pas fini !) ; et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_1">Voyager 1</a></em>, lancé en 1977, après avoir rempli sa mission autour de Saturne et Titan en 1980, continue de nous renseigner sur les limites du système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Histoire de désespérer un peu plus dans la lutte contre le réchauffement climatique, un article s‘étend sur les <strong>feux de charbon</strong> : pas ceux allumés pour produire de l’électricité ou chauffer des maisons, mais de mines entières qui se consument petit à petit, parfois depuis des décennies voire bien plus, polluent des régions entières, provoquent des affaissements de terrain, en Chine, en Australie, aux États-Unis… Une fois démarrés, parfois naturellement (il suffit que l’air soit en contact avec le charbon sous-terrain pour qu’un jour cela brûle), ces feux sont encore quasiment impossibles à éteindre. Un gaspillage insensé qui, avec les incendies de tourbières (oui, ça aussi), représentent une part notable des émissions de CO2 humaines.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>On se frotte les yeux quand on est fatigués</strong> à cause de l’assèchement du film de larmes protégeant l’œil. La fatigue réduit la fréquence des clignements d’œil, il faut une pression des doigts pour stimuler les glandes. Mais point trop n’en faut.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-d%C3%A9cembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/672« Science & Vie » de novembre 2011 : nucléaire sûr au thorium ; neutrinos plus rapides que la lumière ; animaux-plantesurn:md5:e29cb772fdc9570c04e2e3f5782acee42011-11-24T22:28:00+01:002015-10-01T10:21:06+02:00ChristopheScience et conscienceabominationbombe atomiquebon sensbugcomplexitécosmologiedommagedysfonctionnementdétectiongravitationincohérenceouverture d’espritparadoxeperspectiveprise de têtepériméréalitésciencespéculationsécuritétempsémerveillementénergie <p><img src="http://www.science-et-vie.com/AnciensSV/images/Numeros/1130_cov.jpg" alt="Science & Vie 1130 de novembre 2011" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Un bon numéro du magazine le plus « sciensationaliste »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> :</p>
<h3>Les centrales nucléaires au thorium</h3>
<p>Les centrales nucléaires actuelles fonctionnant sous pression avec de l’uranium ne sont pas le seul modèle de centrale nucléaire (basée sur la fission exothermique de certains éléments).</p>
<p>Il y a pléthore de modèles possibles. Celui utilisant l’uranium n’est pas le moins mauvais, mais pas le meilleur du point de vue économique et sécuritaire. La lourdeur de développement des technologies nucléaires nous a en effet « verrouillé » avec le modèle à l’uranium : conçu à l’origine pour fabriquer des bombes, puis amélioré pour être embarqués sur des sous-marins, un milieu où la compacité est reine, le modèle à l’uranium était donc éprouvé et fiabilisé quand on a pensé au nucléaire civil. Il a donc emporté d’emblée le morceau sans que l’on étudie sérieusement les autres options, notamment le réacteur liquide au thorium.</p>
<p>Ce dernier fonctionne selon le même principe, mais en pratique très différemment :</p>
<ul>
<li>le thorium (et non l’uranium ou le plutonium), bombardé par des neutrons, se transforme en uranium 233, et dégage de l’énergie ;</li>
<li>il n’y a pas besoin de maintenir le système sous pression (dans les réacteurs actuels à 155 bars, la moindre fuite est une catastrophe) ;</li>
<li>le thorium barbote dans une soupe de sels fondus à 800°C, liquide ;</li>
<li>on peut rajouter petit à petit le thorium, et extraire les matériaux fissiles produits, il y a donc beaucoup moins de matières dangereuses dans le cœur que dans les réacteurs actuels où les barres d’uranium sont utilisées puis remplacées en bloc ;</li>
<li>les matériaux produits sont beaucoup moins pratiques pour construire une bombe A (cela reste possible) ;</li>
<li>et ils sont beaucoup moins nombreux (donc moins de déchets) ;</li>
<li>pas de problème de refroidissement, la cuve se vide par gravité.</li>
</ul>
<p>Une énergie nucléaire presque propre, sans danger ? Trop beau pour être vrai. Et si tout de même... ? Restent quelques obstacles à surmonter : une phase liquide pas dans les habitudes du milieu ; une température très élevée ; et surtout une fabuleuse résistance au changement de la part des constructeurs de centrale... qui n’auront peut-être pas le choix pour s’adapter. (Du moins en France, la Chine et l’Inde construisent des centrales à tour de bras.)</p>
<p>Quant aux coûts de construction, je n’en ai aucune idée. Je dirais naïvement que si les mesures de sécurité sont allégées, le réacteur étant structurellement sûr, cela se ressentira sur le coût de construction.</p>
<p>Doit-on investir là-dedans au lieu de la fusion ? au lieu des énergies renouvelables ? en même temps que ces énergies ?</p>
<h3>Des neutrinos plus rapides que la lumière</h3>
<p>(<strong>Mise à jour</strong> : Cet article est périmé, puisque l’erreur de mesure dans un appareil a été décelée par la suite. Einstein est sauf.)</p>
<p>Ça avait fait grand bruit il y a quelques semaines : l’expérience <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/OPERA_(expérience)">OPERA</a> a trouvé des neutrinos se déplaçant un rien plus vite que la lumière. <em>Science & Vie</em> détaille l’expérience et le contexte. Notamment : la relativité ne dit pas que la vitesse de la lumière dans le vide est indépassable, mais qu’il existe une vitesse limite <em>et invariante</em> avec l’observateur. Or on a justement mesuré que la lumière dans le vide satisfait ce critère, avec une précision « diabolique », et on a donc vite identifié la vitesse de la lumière à la limite absolue <em>c</em>.</p>
<p>Puis viennent les réflexions des responsables, et ce que cela inspire aux autres sommités du milieu. Cela va de :</p>
<ul>
<li>« je n’y crois pas », « on l’aurait déjà vu dans d’autres expériences », « j’ai déjà vu trop d’anomalies finir par s’évaporer », sous-entendu : il y a un effet subtil qui n’a pas été pris en compte (pas forcément évident et potentiellement très intéressant d’ailleurs) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à « cela met par terre toute la physique », car la relativité restreinte a été montée pour préserver le principe de causalité ;</li>
</ul>
<ul>
<li>en passant par « c’est stimulant », sous-entendu : ça s’explique avec des dimensions supplémentaires, la théorie des cordes, bref c’est un nouveau champ de recherche.</li>
</ul>
<p>Rappelons que :</p>
<blockquote><p><em>The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not “Eureka!” (I found it!) but rather, “hmm.... that’s funny…”</em><br /> <br />La phrase la plus excitante à entendre en science, celle qui annonce de nouvelles découvertes, n’est pas « Eurêka » (j’ai trouvé !), mais plutôt « Tiens, c’est marrant… » <br /> <br />(Attribué à <a href="http://lafemmedessteppes.over-blog.com/article-le-grand-livre-des-robots-isaac-asimov-48571752.html">Isaac Asimov</a>, un des Grands Anciens de la SF de l’Âge d’Or)</p></blockquote>
<p>Donc de cette expérience peuvent découler aussi bien un correctif d’une ligne dans un subtil algorithme de calcul en Fortran, une découverte scientifique obscure qui n’intéressera que les géomètres du CERN, une avancée permettant à terme des outils plus qu’utiles comme le GPS<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> ou le laser, ou bien une théorie ravalant la relativité au rang d’approximation moins imprécise que la gravitation de Newton, et permettant le voyage plus rapide que la lumière (ou pas).</p>
<p>Il faut bien garder à l’esprit que ceux qui ont trouvé cette vitesse « impossible » ne sont pas des guignols qui ont oublié de prendre en compte la rotondité de la Terre ou la dérive des continents. L’article est gratuitement en ligne (<a href="http://arxiv.org/abs/1109.4897" hreflang="en">abstract</a>, <a href="http://arxiv.org/pdf/1109.4897v2" hreflang="en">PDF complet</a>). Je n’irais pas prétendre que j’y ai tout compris, ni même tout lu, mais tout de même trois remarques :</p>
<ul>
<li>pour qu’autant de gens <em>a priori</em> sérieux aient signé une publication aussi iconoclaste, après des mois d’analyse, avec le risque du ridicule si l’erreur est simple, c’est que l’explication de l’écart n’est <em>pas</em> triviale ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la forme et le vocabulaire scientifique de haut niveau sont vraiment complètement déconnectés du niveau du commun des mortels, même de l’ingénieur de base : ils ne disent pas pas qu’ils ont trouvé une vitesse de 299 799,9 ± 1,7 km/s (au lieu de 299 792 458,0...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>), mais (merci Wikipédia) : <br /> <br /><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/math/e/0/3/e03b7d539a868c0b46ad8a0d054f9ccc.png" alt="(v-c)/c >0" style="display:block; margin:0 auto;" /></li>
</ul>
<ul>
<li>ils ont pensé à énormément d’erreurs de mesure possibles, le calcul des marges d’erreur est même l’essentiel du papier. Il y a par exemple les mesures des écarts de distance avant et après un tremblement de terre en Italie.</li>
</ul>
<p>La fin de la conclusion est aussi son passage le plus spéculatif et débridé :</p>
<blockquote><p>In conclusion, despite the large significance of the measurement reported here and the robustness of the analysis, the potentially great impact of the result motivates the continuation of our studies in order to investigate possible still unknown systematic effects that could explain the observed anomaly. We deliberately do not attempt any theoretical or phenomenological interpretation of the results.<br /> <br />Tentative de traduction : En conclusion, malgré la grande importance des mesures rapportées ici et de la robustesse de l’analyse, l’impact potentiellement énorme du résultat motive la poursuite de notre étude pour enquêter sur d’éventuels effets systématiques encore inconnus qui pourraient expliquer l’anomalie observée. Délibérément, nous ne chercherons aucune interprétation théorique ou phénoménologique des résultats.</p></blockquote>
<h3>Les animaux-plantes</h3>
<p>Jusqu’à il y a peu, on ne connaissait pas de vertébré vivant en symbiose avec une algue, juste des une limace, une méduse… Une salamandre abrite pourtant une algue dès l’œuf. Cette précocité est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle le système immunitaire de l’animal tolère l’algue. Peut-être utile à l’œuf, la capacité de photosynthèse ne sert pourtant pas grand-chose à la salamandre adulte qui vit à l’ombre.</p>
<p>Les premiers essais commencent mais il va être très difficile de recréer le phénomène avec d’autres animaux. Vivre de soleil et d’eau fraîche serait pourtant pratique — et écologique.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Il y a plus racoleur, mais le contenu scientifique est alors beaucoup plus sujet à caution.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Imaginez le casse-tête des ingénieurs chargés de déboguer les premiers GPS si Einstein n’était pas passé par là...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Par définition de la seconde, cette valeur est exacte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/667Seuls dans l’univers ?urn:md5:34a614271989813a3271cc30dd8c02e82011-10-11T00:00:00+02:002015-09-25T14:45:19+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropomorphismeastronomiebon senscolonisationconquête spatialecosmologiedommageextraterrestrespanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêteréalitésciencescience-fictionsimulationtempsténacitéuniversécologieémerveillementévolution<p>Ce qui suit s’appuie sur l’article d’Howard Smith sur la possibilité d’une vie intelligente dans notre coin de la galaxie, paru dans le numéro d’octobre 2011 de <em>Pour la science</em> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2011">mentionné ici</a> et encore en kiosque quand paraîtra ceci).</p> <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110921_103017_PLS-2011-octobre_408-fu-pls_408_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Nous avons détecté de nombreuses exoplanètes dans de nombreux systèmes, aucune ne ressemble à la Terre. Évidemment, nos instruments ne sont pas encore assez sensibles. Il n’empêche que la diversité des systèmes solaires est bien plus grande qu’autrefois envisagée et cela réduit d’autant plus les chances qu’il y ait une autre Terre dans un système stable.</p>
<p>Dans l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie">équation de Drake</a>, seuls les premiers termes sur le nombre d’étoiles ou le nombre de planètes sont estimables, le reste est pure spéculation, et beaucoup y projettent leur optimisme pour trouver que la galaxie pullule de vie.</p>
<p>Le point primordial de l’article de Smith repose sur la distance aux éventuels extraterrestres. Même si on estime que l’univers est tellement grand que la vie ne peut qu’y foisonner, il faut compter avec la vitesse finie de la lumière<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, seuls comptent pour le moment les 30 millions d’étoiles dans un rayon d’environ 1250 années-lumières — seuil supérieur vu que nous n’attendrons pas plus de 100 générations la réponse à un de nos messages.</p>
<p>Et si nous sommes plus optimistes en espérant qu’il y a des moyens plus rapides que la lumière, comme nous ne recevons rien, nous pouvons juste en déduire que la vie intelligente est rarissime, éparse et lointaine.</p>
<p>Smith continue avec un résumé des arguments sur la « Terre rare » : gamme de masses peu étendue (la planète doit retenir son atmosphère mais si elle est trop grosse, il n’y aura pas de tectonique des plaques ), présence d’eau sans noyer les continents, bande d’habitabilité étroite, stabilité de l’obliquité, rareté des systèmes solaires comme le nôtre, et même de notre type d’étoile (brillante sans être éphémère) ou la répartition des éléments chimiques dans la galaxie.</p>
<p>Et tout cela sans parler de la durée d’apparition et d’évolution de la vie, et du rôle déterminant de catastrophes rares (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théia_(impacteur)">impact de Théia</a>, météorite tueuse de dinosaures…).</p>
<p>Bref, pour Smith, il faudrait que chacun des termes de l’équation de Drake approche des 20% (un chiffre en fait énorme) pour que nous ayons à qui parler dans cette bulle d’univers de 100 générations de diamètre.</p>
<p>Il finit par une pirouette sur le « principe misanthropique », référence au principe anthropique (l’univers est adapté à la vie puisque nous sommes là) : l’univers est si varié et vaste qu’il y a peu de chances que deux civilisations vivent assez longtemps pour se rencontrer.</p>
<p><em>Commentaire personnel : tout cela est bien résumé, mais connu, et ne convaincra pas celui qui tient à croire à la présence des ETs dans un endroit proche (oui on se rapproche plus de la foi que de la science sur ce terrain où elle manque cruellement de données). Son article ne tient pas compte de certains des scénarios expliquant le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>, et surtout pas du paradoxe lui-même, soit la rapidité de la colonisation de la galaxie dès qu’une civilisation l’entreprend. Des hypothèses peuvent être avancées sur l’impossibilité pratique de cette colonisation, mais elles n’ont rien à voir avec la Terre rare et les autres idées de Smith, lequel traite de l’espace relativement proche. Si ses vues sont justes et la colonisation de la galaxie possible, alors la vie est encore plus improbable (nous sommes seuls dans la Voie Lactée), ou nous sommes dans un zoo, etc.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et même si le neutrino est plus rapide d’un pouième, cela ne change rien en pratique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/663« Pour la Science » d’octobre 2011urn:md5:cf417ec7f67efcf1befaf761df87de932011-10-08T00:00:00+02:002012-05-08T17:59:58+02:00ChristopheScience et conscienceconquête de l’inutiledommagedysfonctionnementexaptationextraterrestresgaspillagegéographiegéologiehard sciencehistoiremathématiquespanspermieparadoxesantésciencesociétés primitivesécologieémerveillementévolution<p>Allez, encore un « petit » numéro.</p> <p>En vrac et par ordre décroissant personnel d’intérêt :</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110921_103017_PLS-2011-octobre_408-fu-pls_408_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>Howard Smith donne son avis sur <strong>la possibilité d’une vie intelligente dans notre coin de la galaxie</strong>. Ce sera pour un autre billet.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>maximum thermique</strong> d’il y a 56 millions d’années fut une hausse de 5°C de la température de la planète, avec un gros impact sur faune et flore, des disparitions et migrations d’espèces… Cet épisode permet de deviner ce qui nous attend avec le réchauffement actuel… sauf qu’au Paléocène le phénomène s’est étalé sur des milliers d’années, et pas un siècle, et que l’environnement était beaucoup plus « ouvert » qu’à présent (les grands animaux ne peuvent plus migrer, l’homme occupe tout). Ça promet.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pourquoi tombe-t-on malade quand on a froid ?</strong> Pas à cause du froid même bien sûr, mais à cause de la vasoconstriction de nos vaisseaux dans un air froid, de la baisse de lumière et de la synthèse de vitamine D, de la fatigue accrue, de la promiscuité renforcée, et du virus qui survit mieux dehors dans un environnement frais.</li>
</ul>
<ul>
<li>Effet pervers de la lutte contre les bactéries : au Bengladesh, l’aide internationale a poussé au forage de puits profonds car l’eau de surface est polluée. Si la mortalité infantile a chuté en partie grâce à cela, les Bengalis boivent à présent de <strong>l’eau contaminée par de l’arsenic des sédiments issus de l’érosion de l’Himalaya</strong>, un phénomène totalement naturel. Ce problème se rencontre ailleurs dans le monde, et il n’y a pas de solution décentralisée et peu coûteuse adaptée à un pays aussi pauvre.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit <strong>les travaux d’Évariste Galois</strong> (le génie mathématique assez stupide pour se faire tuer en duel en 1831, à seulement 20 ans, pour les beaux yeux d’une donzelle). Ça parle de congruence et de corps finis, et même si je sais que ce champ est devenu capital dans l’économie numérique moderne, le lien entre les courbes elliptiques et les modulos me semble trop abstrait pour que mon cerveau cherche même à comprendre. Déjà en prépa je faisais un blocage sur la congruence.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>navigateurs polynésiens</strong> ont conquis l’espace entre l’Asie, Hawaï et même l’Amérique du Sud sans aucune carte. Ce génie est d’abord lié à une connaissance parfaite de l’astronomie et de la position des étoiles au fil de l’année, en plus de celle des courants, des signes météorologiques, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit <strong>l’évolution de l’œil</strong> depuis un bon demi-milliard d’années. Darwin pensait qu’un organe si miraculeux était une épine dans sa théorie de l’évolution. À présent le chemin depuis les premières cellules photo-sensibles est plus clair, grâce à l’étude de « presque vertébrés » encore existants comme la myxine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains ont étudié <strong>pourquoi les taches de café ont des bords plus colorés que l’intérieur</strong>. Ça semble mériter le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams">Ig Nobel</a> du meilleur prétexte à faire des pauses café à rallonge, mais le résultat a une importance pour les fabricants d’encre par exemple. Le phénomène est lié aux grains ronds et disparaît avec une partie de grains oblongs.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>nicotine</strong> protège contre Parkinson. Pas une raison pour fumer.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>béton ne se recycle pas assez</strong>. Il y a des progrès pour convertir les gravats en d’autres matériaux utilisables directement sur le chantier, pour éviter le coûteux et écologiquement désastreux transport, mais en France il va encore falloir faire des efforts.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article de Delahaye sur les <strong>polynômes générant des nombres premiers</strong> m’a laissé froid, comme une fois sur deux (l’autre fois Delahaye me passionne). La recherche mathématique sur le sujet est foisonnante.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/662« Pour la Science » d’août 2011 : inflation cosmique, octonions, Antiquité polychromeurn:md5:d84fa64351651f749e287767fda94ace2011-08-23T00:00:00+02:002015-09-14T12:58:22+02:00ChristopheScience et conscienceabominationAmériqueAntiquitéargentastronomiebombe atomiquecomplexitéconquête de l’inutilecosmologiegigantismeguerrehistoiremathématiquesprise de têtesantéscienceSeconde Guerre MondialetempsuniversÉtats-Unis<p>« Petit » numéro dans le sens où rien de très frappant ne m’a été révélé.</p> <p>En très rapide (<em>et comme d’habitude avec mes commentaires personnels subjectifs en italique</em>) :</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110719_182833_PLS-2011-aout_406-fu-pls_406_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>L’Antiquité était colorée</h3>
<p>Les statues et monuments antiques, que l’inconscient collectif conserve blanches et immaculées, étaient bigarrées en diable. L’article traite notamment des statues grecques, des fresques et frusques assyriennes ou babyloniennes <em>(et, ajouterai-je, c’est même valable pour les <a href="http://www.liturgiecatholique.fr/Amiens-la-cathedrale-en-couleurs.html?artsuite=1">cathédrales</a>)</em>.</p>
<p>Les robes et costumes étaient également colorés. Il y eut même tout un commerce du bleu égyptien pendant des siècles autour de la Méditerranée.</p>
<h3>Le retour des farines animales</h3>
<p>Une tribune prône le retour de l’utilisation des farines animales, interdites depuis la crise de la vache folle. Mais à présent, l’ESB a disparu, et utiliser des farines dans des conditions plus prudentes qu’autrefois (jamais au sein de la même espèce, ni quand une encéphalopathie transmissible est envisageable, avec des contrôles stricts) serait économiquement pertinent : le soja (importé voire transgénique) coûte dix fois plus cher que le déchet de boucherie (mangeable par des humains !), rejeté actuellement plus pour des raisons commerciales que sanitaires.</p>
<h3>L’inflation se dégonfle ?</h3>
<p>En cosmologie, l’<strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Inflation_cosmique">inflation</a></strong> avait, il y a 30 ans, semblé résoudre pas mal de problèmes dans la théorie du Big Bang : en enflant de façon démentielle en très peu de temps au tout début de son existence, l’Univers devenait ainsi plat.</p>
<p>Un article s’interroge (l’auteur semble vraiment dubitatif) sur certaines interprétations naïves des début de la théorie qui lèvent à présent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent, sur le pouvoir prédictif de la théorie, sur des théories qui pourraient tout aussi bien expliquer l’univers que l’inflation : inflation éternelle, univers cyclique…</p>
<p>Comme souvent en cosmologie théorique, impossible de trancher avec les éléments actuels : il faudra voir si l’inflation est confirmée par la découverte d’ondes gravitationnelles, prochainement (peut-être).</p>
<p><em>(Je ne prétends pas voir réellement compris les arguments pour et contre l’inflation ni même m’en souvenir dans deux semaines…</em>)</p>
<h3>Les omégas 3 c’est bon, mangez-en</h3>
<p>Les <strong>omégas 3 et 6</strong> sont des acides gras issus des plantes et primordiaux pour la santé. Ce qui est important aussi est l’équilibre entre eux, surtout si les apports en oméga 3 sont insuffisants. Les apports principaux chez l’homme ne sont pas végétaux mais animaux (laitages d’abord, puis produits carnés).</p>
<p>Pour augmenter les apports par la nourriture, il faudrait aussi que les animaux de boucherie mangent du lin, mais le lapin, ou les poules ayant mangé des escargots ayant eux-même mangé du pourpier, sont déjà de bonnes sources. L’effet est transgénérationnel : mesdames, mangez du poisson gras (saumon, maquereau, sardine…) pendant votre grossesse ! Les oméga 3 protègent en outre nos artères et contre la dépression. Si le commun des mortels satisfera ses besoins par une alimentation variée riche en huiles végétales (colza, noix…), certains cas graves nécessitent des capsules</p>
<h3>Dimension 8</h3>
<p>Les <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Octonion">octonions</a></strong> ont été inventés (découverts ?) au milieu du XIXè siècle, et peu étudiés depuis : ils sont la version en 8 dimensions des nombres complexes et des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Quaternion">quaternions</a>. Les nombres complexes sont utilisés massivement depuis la Renaissance, et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Rowan_Hamilton">Hamilton</a> s’est consacré aux quaternions après avoir séché sur les triplets, où multiplication et division ne peuvent être définies de façon cohérente et utile (<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010">c’est pour cela que le Mandelbulb a été long à trouver</a></em>).</p>
<p>Au-delà de 4, ce n’est qu’en dimension 8 que l’on trouve à nouveau une algèbre utilisable. Graves, un ami d’Hamilton, inventa les octonions dans la foulée de la découverte des quaternions (dans l’optique de « pourquoi ne pas pousser le bouchon encore plus loin ; quitte à utiliser 3 imaginaires, pourquoi pas aller à 7 ? »), sans qu’Hamilton s’y intéresse vraiment. En effet, d’une part il était déjà accaparé par ses quaternions et leurs applications (description des rotations…) ; d’autre part la multiplication des octonions a le mauvais goût de ne pas être associative (en plus de ne pas être commutative comme déjà pour les quaternions) ; enfin Hamilton voyait sans doute mal l’utilité, même mathématique, des octonions.</p>
<p>Un siècle et demi plus tard, c’est la théorie des cordes qui ressort les octonions du placard poussiéreux des maths : on sait que cette théorie ne serait cohérente qu’en dimension 10 ; or c’est le nombre de dimensions d’un monde où les particules de matière et de force sont décrites par des octonions (dimension 8) parcourant des cordes (unidimensionnelles) dans le temps (unidimensionnel), cela en respectant la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Supersymétrie">supersymétrie</a>, théorie si belle qu’elle ne peut qu’être juste (<em>!</em>).</p>
<p>Ni la théorie des cordes ni la supersymétrie ne sont encore confirmées expérimentalement, mais les choses semblent bonnes dans le proche avenir… pour certains. Les octonions, pure curiosité mathématique, sont peut-être à la base de la compréhension du monde.</p>
<p><em>(Comme je dis toujours, les maths servent à fournir des outils à des physiciens cinquante ans plus tard, pour qu’ils découvrent des théories qui ne seront réellement utiles que cinquante ans plus tard.)</em></p>
<h3>L’argent de la bombe atomique</h3>
<p>Un article intéressant sur un aspect purement matériel du <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Manhattan">Manhattan Project</a></em> : pour séparer les deux isotopes d’uranium (<em>le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Little_Boy" hreflang="en">235 qui foudroya les Japonais</a> est naturellement noyé dans le <a href="http://cseserv.engr.scu.edu/StudentWebPages/IPesic/ResearchPaper.htm" hreflang="en">238 qui n’est bon qu’à faire des obus pour casser de l’Irakien ou du Serbe</a></em>) au sein de gigantesques <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Calutron" hreflang="en">calutrons</a>, il y avait besoin d’une quantité monstrueuse de cuivre, au point que cela aurait gêné la production de munitions, voire mis la puce à l’oreille à l’ennemi.</p>
<p>Le cuivre pouvait être remplacé par de l’argent : c’est carrément le Trésor américain qui fournit pas moins de 13300 tonnes du métal, déjà quasiment pur ! La surveillance et le soin de récupération de l’argent seront tels qu’il y eut même un excès quand le dernier lingot fut rendu… en 1970 ! Dès 1946 d’autres techniques de séparation isotopique furent employées mais certains calutrons restèrent longtemps en service.</p>
<p>Cet argent fut manipulé, transformé de manière complexe, et les appareils qui le contenait utilisés par des milliers de gens qui n’avaient aucune idée de ce à quoi ils contribuaient. <em>(Et que des ressources matérielles et humaines aussi démentielles aient pu être détournées aussi longtemps pour un projet dont le succès à court terme était plus qu’aléatoire, le tout malgré (grâce à ?) la guerre me fascinera toujours.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les doigts se friperaient dans l’eau pour améliorer la préhension en milieu humide !</li>
</ul>
<ul>
<li>Les ultraviolets A sont moins dangereux que les B, mais ils représentent 95% des UV. Ils attaquent l’ADN de manière différente, un article donne tous les détails.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/658« Les histoires sont là pour nous rappeler... »urn:md5:ccb6b4d55f48072d85aaac48d57e1b292011-06-10T00:00:00+02:002011-06-19T14:48:18+02:00ChristopheCitationsbon sensconquête de l’inutilelibertémèmeouverture d’espritperspectivequêtesciencespéculationténacitéutopievirtueléconomie de l’attentionéducationémerveillement <blockquote><p>« Les histoires sont là pour nous rappeler qu’il y a plus et autrement que la réalité, ou sinon comment ferions-nous pour changer la réalité ? »<br /> <br />Élisabeth Vonarburg, <em>Les Rêves de la Mer</em> (<em><a href="http://www.alire.com/Romans/Tyranael.html">Tyranaël</a></em>, tome 1), 17</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-histoires-sont-la-pour-nous-rappeler.#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/588« Pour la Science » de novembre 2010 : « le temps est-il une illusion ? » et « l’ensemble de tous les ensembles »urn:md5:6c9a2074b2394b2d4086be5ce0594c3a2011-01-02T22:21:00+01:002015-08-20T15:08:54+02:00ChristopheScience et conscienceanalogieapocalypseastronomieautoréférencebugcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecourt termeentropiegalaxiesgravitationlyrismemathématiquesmortparadoxeperspectivesciencespéculationtempsthéorieunivers<p><a href="http://drgoulu.com/2010/11/21/le-temps-est-il-une-illusion/">Dr Goulu a parlé déjà de cet excellent et vertigineux numéro</a>, j’en rajoute une couche.</p> <h3>Le temps</h3>
<p>Il est rigolo de constater qu’après la mode d’un espace-temps à quatre dimensions, voire <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Th%C3%A9orie_des_cordes#Dimensions_suppl.C3.A9mentaires">26 dans certaines variantes de la théorie des cordes</a>, la mode serait plutôt au bidimensionnel : la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion">théorie holographique dit que la troisième dimension est une illusion</a> et dans ce numéro, nous découvrons que le temps... n’existe pas !</p>
<p>C’est un des débats qui animent ce numéro. Depuis Newton, nous avions l’habitude d’un temps abstrait et imperturbable, une horloge qui bat indépendamment de l’espace. Depuis Einstein, nous savons que c’est moins simple, l’écoulement du temps est relatif, dépend de l’accélération, de la masse des objets impliqués et de leur voisinage... L’horloge universelle n’existe pas : chaque durée d’un phénomène peut se mesurer à partir de l’écoulement d’un autre, de proche en proche. Le temps des équations, similaire à l’argent qui remplace le troc, n’est plus qu’un outil pratique sans existence intrinsèque.</p>
<p>La non-existence du temps en tant que tel n’est que l’étape suivante du processus. Les équations de la relativité peuvent être reformulées sans que le temps intervienne, dans un univers statique : il serait donc bien inutile. Ce serait une des clés pour (enfin) marier physique quantique et relativité.</p>
<p>Évidemment, il faut alors expliquer pourquoi nous constatons l’existence du temps, et de sa « flèche ». Le parallèle avec les débuts de la thermodynamique, où température et pression sont des propriétés sans sens au niveau atomique, est explicite : le temps pourrait être une propriété émergente. Nous ne le percevons que parce que nous sommes justement un des éléments mais que nous nous considérons distincts du reste de l’univers : le temps ne serait que subjectif.</p>
<p>Le seul temps réel serait celui né des phénomènes thermodynamiques, non réversibles au niveau macroscopique (au contraire de la plupart des équations de base de la physique, au niveau microscopique). L’irréversibilité naît du nombre immense de composants en jeu, et de l’improbabilité pratique de la réversibilité (il est <em>possible</em> que toutes les molécules d’un gaz puisse décider de se regrouper dans un coin et de laisser du vide dans le reste du récipient, c’est juste fantastiquement improbable). Le temps ne serait qu’un effet de l’ignorance de l’état microscopique des systèmes macroscopiques. (<em>J'ai personnellement du mal à avaler cela.</em>).</p>
<p>Un article qui vole un peu trop haut pour moi relie la question de l’antimatière à celle de la flèche du temps : la violation de la symétrie CP qui a pu donner la prédominance à la matière sur l’antimatière implique une violation de la symétrie temporelle. On est là « au-delà du modèle standard », dans la physique de demain.</p>
<p>La science-fiction a usé jusqu’à la corde le filon des paradoxes temporels. La moindre communication à une vitesse supérieure à celle de la lumière violerait la causalité, cela reviendrait à remonter le temps. Le voyage vers le futur est « facile », il suffit d’attendre, et d’accélérer à une vitesse proche de la lumière pour ralentir l’écoulement propre du voyageur. Pour aller vers le passé, la technique la plus connue est celle des « trous de vers », assez délicate toutefois (la matière exotique dont la gravité est négative ne coure pas les rues).</p>
<p>Un article de <a href="http://www2.iap.fr/users/riazuelo/">Alain Riazuelo</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> décrit l’avenir très lointain de l’univers. Certaines des plus petites étoiles qui brillent actuellement ne s’éteindront que dans cent mille milliards d’années, et il n’y aura pas d’autres étoiles ensuite (le taux de formation d’étoiles baisse continuellement), à quelques collisions près. Dans 10²² ans (dix mille milliards de milliards d’années), les dernières naines brunes s’étant insensiblement rapprochées pour fusionner et créer une nouvelle étoile se seront éteintes. Entretemps les galaxies se seront évaporées ou se seront perdues dans leurs trous noirs centraux (la mystérieuse matière noire, si elle existe, ne fera que ralentir le processus). Une civilisation pourrait survivre en exploitant la fabuleuse énergie de rotation des trous noirs. Sur le très long terme, le proton pourrait être mortel, même à une échéance de 10²⁰⁰ ans. Ne resteraient au final que des trous noirs dans une soupe d’électrons, positons, neutrinos, et photons très refroidis par le décalage vers le rouge. Ensuite, il se pourrait que les trous noirs s’évaporent, avant 10¹⁰⁰ ans. Dans le cas où le proton serait parfaitement stable, tous les atomes se seront transmutés en fer (à l’horizon de 10¹⁵⁰⁰ ans), dans des objets tous devenus parfaitement sphériques grâce à la gravité. Des trous noirs apparus spontanément dans les plus gros les transformeront en petits trous noirs, dont l’évaporation pourra durer jusque 10^10⁵⁶ ans !</p>
<p>D’autres articles parlent du temps de manière plus concrète dans d’autres branches des sciences :</p>
<ul>
<li>les horloges moléculaires mesurent la vitesse d’évolution de l’ADN au sein des espèces au fil du temps (vous saviez que nos ancêtres communs avec les champignons remontent à environ un milliard d’années ?) — plus facile à dire qu’à faire, les pièges sont nombreux et le calibrage par la paléontologie est nécessaire ; mais elles peuvent lui rendre en retour bien des services ;</li>
<li>nos diverses horloges biologiques internes commencent à être bien connues ; elles sont pilotées par une horloge centrale dans le cerveau, elle-même « calibrée » par la lumière extérieure ;</li>
<li>les émotions (ou plutôt leur souvenir) évoluent dans le temps ;</li>
<li>les Indiens (ceux d’Amérique du Nord, entre autres cultures) ont une vision de l’évolution structurée par l’espace et les lieux, et non le temps et les dates : d’où divers problèmes de cohabitation avec la mentalité occidentale et son rythme effréné... ;</li>
<li>l’Égypte ancienne avait même une sorte de temps double incarné par deux dieux.</li>
</ul>
<h3>Les bases de la théorie des ensembles</h3>
<p>Une fois sur deux, l’article de Jean-Paul Delahaye me laisse froid (quand il parle de pavage du plan par exemple), et une fois sur deux il me laisse rêveur, surtout quand il s’approche de la logique et des paradoxes, à la limite de ma compréhension. Ce mois-ci il est en plein dedans. Miam !</p>
<p>À la fin du XIXè siècles, les mathématiques ont été refondées sur la nouvelle théorie des ensembles (grâce à, entre autres, <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Georg_Cantor">Cantor</a>). Patatras, des paradoxes flanquent tout par terre, le plus compréhensible étant l’antinomie de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell">Russell</a> sur l’ensemble des ensembles qui ne sont pas membre d’eux-mêmes (est-il membre de lui-même ?).</p>
<p>Le problème a été résolu de manière un peu radicale dans la nouvelle version de la théorie, les axiomes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/ZFC">ZFC</a>, qui interdit les ensembles « trop gros » en définissant les règles de construction. Entre autres et surtout, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Schéma_d%27axiomes_de_compréhension">l’axiome de séparation ou de compréhension restreint</a> : un ensemble peut être défini par une propriété <em>à condition</em> qu’elle porte sur un ensemble déjà défini, donc pas par une propriété dans l’absolu (ce serait un « regroupement »).</p>
<p>Von Neumann a ajouté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_de_fondation">l’axiome de fondation</a> (AF) : il n’existe pas de chaîne d’ensembles qui se contiennent indéfiniment ou se contiennent eux-même. Bizarrement, on peut rejeter cet axiome et ajouter un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_d%27anti-fondation">axiome d’anti-fondation</a> (permettant l’existence d’hyperensemble qui se contiennent eux-même) pour obtenir une théorie ZFC-AF+AFA tout aussi cohérente que ZFC+AF !</p>
<p><em>Exit</em> le paradoxe. La théorie ZFC donne parfaitement satisfaction mais limite un peu arbitrairement les ensembles que l’on peut créer alors qu’intuitivement ils semblent bien exister. Déjà Russell avait imaginé travailler avec des types : chaque ensemble appartient à un niveau <em>n</em>, et ne peut comporter que des éléments de niveau <em>n-1</em> : on évite alors les paradoxes mais les difficultés de manipulation avaient fait préférer la théorie ZFC.</p>
<p>L’idée est reprise par une théorie dite <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/New_Foundations" hreflang="en">NFU</a> (<em>New Foundation & Urelements</em>), où cette distinction de niveau n’est nécessaire qu’à l’apparition du symbole d’appartenance <code>∈</code>. On remplace l’axiome de séparation par une plus souple stratification temporaire au sein d’une démonstration ou d’un théorème ; il n’y a plus de types. On peut définir un ensemble U des ensembles vérifiant <code>x=x</code> (donc le fameux ensemble de tous les ensembles), mais il est interdit d’écrire <code>x ∉ x</code> car il faut un ensemble à droite : <code>x ∈ U</code> est légal et pas paradoxal. On peut ainsi manipuler de « gros » ensembles « naturels » sans paradoxe, comme aux premiers temps de la théorie, un siècle auparavant.</p>
<p>Pour Delahaye, cette théorie NFU semble moins stricte, aussi bonne (et commode !) que ZFC, ouvre de nouveaux horizons, et n’a que le défaut d’être apparue trop tard. Il semble qu’il n’y ait pas qu’en technologie que la supériorité intrinsèque le cède à la disponibilité immédiate !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Un peintre du XVIIè siècle peignait des jeunes gens avec des vestes en jeans ! La toile de Nîmes ou de Gênes (qui a donné <em>jeans</em>) existait déjà et, solide, vêtait des gens modestes. Levi Strauss n’a rien inventé !</p>
<h3>PS</h3>
<p>Bonne année à mon (mes ?) lecteur(s) !</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un nom qui revient souvent. J’avais bien aimé <a href="http://video.google.com/videoplay?docid=3818939164658758924#">son petit film de simulation sur les trous noirs</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/640« Science & Vie » de novembre 2010 : astéroïdes, déchets nucléaires, suie qui réchauffe, ADN mêléurn:md5:7790aff097bcec77370a75283ddfbdaa2010-12-06T21:05:00+01:002015-08-20T14:54:21+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieautodestructionclimatconquête spatialedéveloppementeffet de serregaspillagegravitationgéologieJupitermanipulationoptimismeprise de têtepétrolerecyclagesantésciencesécuritéécologieéconomies d’énergieénergieéonsévolution<p>Ce numéro de <a href="http://www.science-et-vie.com/">Science & Vie</a> figure parmi les meilleurs de l’année, selon le critère « j’ai appris plein de trucs assez fondamentaux » (et non un énième petit progrès médical ou un nouveau scandale toxicologique).</p> <h3>Astéroïdes</h3>
<p>Ces cailloux, et en particulier les géocroiseurs qui passent près de la Terre, ont de bonnes chance de devenir la prochaine cible de la conquête spatiale habitée :</p>
<ul>
<li>Pas de gravité, donc pas de matériel complexe, lourd et coûteux à développer pour s’y poser et repartir, il suffit d’ajuster les vitesses. (Inconvénient : les astronautres doivent être bien arrimés, sinon ils s’envolent au premier coup de pioche.)</li>
<li>Toute une gamme de missions courtes de quelques mois peut être lancée pour valider méthodes et matériel, avant de se lancer dans des explorations plus lointaines (pour Mars, il faut trois ans aller-retour).</li>
<li>Scientifiquement, ils sont très alléchants, car peu altérés depuis la formation du Système solaire. Certains y voient la source des premières molécules organiques qui ont ensemencé la Terre.</li>
<li>Économiquement, ils pourraient être très rentables : rhodium, platine… Ou bêtement du silicium pour des panneaux solaires fabriqués dans l’espace, que l’on n’aurait pas besoin d’envoyer à grand frais de la Terre ; ou encore de l’eau comme comburant des fusées, ou pour la consommation humaine ; etc.</li>
</ul>
<p>Il manque une motivation économique pour la conquête spatiale (hors orbite terrestre déjà saturée de satellites), les astéroïdes la fourniront-ils ?</p>
<h3>Les déchets nucléaires</h3>
<p>Nombre de pays s’interrogent sur la méthode de stockage de leurs déchets à longue vie. Les critères de choix sont nombreux : économique, sûr à l’échelle des millénaires, permettant un contrôle continu voire un retrait des matériaux...</p>
<p>Les techniques envisagées ou déjà en place sont :</p>
<ul>
<li>le stockage terrestre (solution provisoire qui dure) : évidemment inacceptable à l’échelle des siècles, car trop liée à la situation économique ou politique sur le long terme, forcément inconnue ;</li>
</ul>
<ul>
<li>l’enfouissement dans des mines de sel (Allemagne), dans du sol argileux (France) ou une montagne (<a href="http://www.yuccamountain.org/">Yucca Mountain</a> aux États-Unis, projet récemment abandonné), vers 500 m de profondeur : l’inconvénient est qu’il faut garantir que le sol sera stable pendant des milliers d’années, y compris en cas de dégradation des matériaux entreposés et de leur réaction avec ce qui les entoure, ou en cas de nouvelles failles créées par la chaleur ou la construction, et ce en tenant compte de l’érosion due aux futures glaciations ! — et c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les forages profonds sont une idée en vogue, adaptée aux petites quantités : on fore carrément dans le socle rocheux granitique à 5000 m, et on dépose, empilés dans le trou, les déchets ; à cette distance même les glaciations n’ont plus d’impact — mais en cas de pépin, impossible de revenir en arrière ; et il est délicat d’être certain de la qualité et de la perfection du granit à cette profondeur ;</li>
</ul>
<ul>
<li>le stockage dans des trous sous des sédiments marins profonds revient à la mode, car l’érosion n’y a pas court, au contraire : les déchets seraient perpétuellement recouverts de nouveaux sédiments, et en cas de fuite la dilution serait énorme ; cependant jeter ses déchets nucléaires dans le domaine public est contraire au droit de la mer ;</li>
</ul>
<ul>
<li>j’aime bien la sphère de tungstène remplie de déchets brûlants, qui fond la roche alentour et s’enfonce très vite toute seule dans le sol — un projet même pas encore expérimental.</li>
</ul>
<p>Les idées abandonnées : l’envoi dans l’espace ou sur le Soleil (ruineux, trop lourd, trop dangereux au décollage) ; la vitrification par une explosion atomique souterraine (pas si sûr et à présent illégal) ; le stockage dans les glaces du Pôle Sud (trop de risque de retrouver les déchets dans un lac souterrain) ou dans une zone de subduction (contexte très mal connu).</p>
<h3>La suie</h3>
<p>Le combat pour la réduction des émissions de CO2 est difficile. Certains proposent de se concentrer temporairement sur un intermédiaire plus accessible et (presque) aussi dangereux : les suies.</p>
<p>Les suies sont émises surtout par les feux en plein air (déforestation…), les feux de cuisine au bois ou charbon dans nombre de pays, les feux de poêle et cheminée dans les pays développés (surtout en foyer ouvert avec du bois humide : le feu de bois devant la cheminée n’est pas écolo !), le transport routier (vieux diesels qui crachent de la fumée noire), le transport maritime (pas de norme de pollution en haute mer !), des centrales industrielles ou au charbon…</p>
<p>Chaque particule noire absorbe la chaleur solaire et se transforme en « radiateur » pendant deux semaines, le temps de disparaître. S’ensuivent réchauffement de l’atmosphère, opacification du manteau neigeux (qui réfléchit moins la lumière solaire vers l’espace), impact sur la mousson… en fonction aussi du type de suie.</p>
<p>C’est la courte durée d’action qui est intéressante, car toute politique de réduction donnera des effets immédiats. La suie fait partie d’une liste de composés à effet de serre dont l’effet cumulé représente l’équivalent d’une grosse partie de celui du CO2. Il est donc possible de retarder le réchauffement (lui-même générateur de gaz à effet de serre…) en s’attaquant entre autres aux suies, donc de s’« acheter du temps » par des actions à effet immédiat sur cette cible plus facile et « consensuelle », le temps que la prise de conscience sur le CO2 lui-même se fasse. De nombreux projets sont en cours, par exemple l’introduction de réchauds de bien meilleur rendement chez les paysans du Tiers monde.</p>
<p>Ajoutons que l’impact sanitaire des suies n’est pas négligeable (pollution urbaine), et que les gains seraient immédiats aussi sur ce plan.</p>
<h3>De l’ADN croisé</h3>
<p>L’ « arbre de la vie » a pris un sacré coup de vieux. Déjà dans un documentaire que j’aime bien, <em><a href="http://www.educnet.education.fr/dossier/mini-dossiers/evolution/ressources/films-animations/especes-d-especes">Espèces d’espèces</a></em>, il ressemble plus à un choux-fleur. À présent, c’est un maillage, car il faut ajouter les échanges croisés d’ADN entre espèces, une habitude chez les bactéries, mais aussi, chez les espèces plus évoluées, nous compris. Les vecteurs sont sans doute des parasites communs. La notion d’espèce prend encore un peu plus de plomb dans l’aile.</p>
<h3>En vrac :</h3>
<ul>
<li>Une théorie propose que le cœur de la Terre est asymétrique, et pas figé : des cristaux de fer cristallisent à l’ouest (sous les Amériques), et au fil des millions d’années, migrent à l’autre extrémité, où ils fusionnent à nouveau dans le noyau liquide. Cela expliquerait certaines hétérogénéités dudit noyau. Il pourrait y avoir un impact sur le champ magnétique notamment. Comme toute théorie sur la graine, il va être difficile de la vérifier <em>in situ</em>…</li>
</ul>
<ul>
<li>La « meilleure planète habitable découverte » a tout de même le grave défaut de toujours présenter la même face à son soleil, d’où des températures moins accueillantes que celles de Mars. La gravité y sera aussi trop élevée (ce qui lui permet de garder son atmosphère, au contraire de Mars justement).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le champagne est meilleur servi penché, comme une bière.</li>
</ul>
<ul>
<li>On a pesé Jupiter grâce à son influence sur les déviations de la lumière des pulsars (la relativité et la masse qui courbe l’espace, vous vous souvenez ?) : une amélioration de la précision de 0,2 millionièmes, soit un paquet de milliards de milliards de tonnes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le premier souffle tient à un gène. Celui qui ne l’a pas meurt à la naissance (ben tiens…). Il a fallu sacrifier des souriceaux pour découvrir ce gène massivement sélectionné par l’évolution.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les légionnaires romains portaient des chaussettes dans leurs sandales. Ça devait quand même servir l’hiver…</li>
</ul>
<ul>
<li>Succès de la thérapie génique grâce au sida : un patient atteint de β-thalassémie s’est vu « greffer » un gène <em>via</em> une version trafiquée du virus du sida, ce qui lui évite greffe de moelle osseuse et traitement antirejet. Il a fallu passer par une chimio pour supprimer son ancienne moelle osseuse avant de réinjecter la moelle modifiée. Le patient va bien depuis trois ans.</li>
</ul>
<ul>
<li>On peut à présent détecter la maladie de Parkinson par une bête biopsie... du côlon !</li>
</ul>
<ul>
<li>Les dirigeables reviennent ! Ça ne fait jamais que vingt ans que je le lis régulièrement, mais l’armée américaine a mis l’argent sur la table pour un prototype de grande taille. Un dirigeable consomme très peu (et pas du pétrole), et les défauts inhérents seraient en passe d’être corrigés (charge utile, maniabilité, personnel au sol…).</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/639« Pour la Science » d’octobre 2010urn:md5:ee10a8ad1bd7e2826f0db83c02822fb42010-10-07T22:14:00+02:002015-08-20T13:11:20+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanticonsumérismeargentastronomiebon sensbullechiffrescitationcivilisationclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecoup bascourt termecynismedommagedémocratiedéshumanisationeaueffet de serreesclavageEuropefichagefootformationfoutage de gueulegaspillagegigantismegravitationgéologieinformatiquemanipulationmathématiquesmortmétainformationpanurgismepeine de mortperfectionnismepessimismeprise de têtesciencesociétés primitivesspéculationtempstravailvaleurécologieéconomieémerveillement<p>Alors en vitesse pour ce numéro encore en kiosque (<em>comme d’hab’, en italique mes commentaires</em>)...</p> <h3>Décompte</h3>
<p>À propos du pitoyable débat sur les nombres de manifestants (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Décompte-des-manifestants">qui m’avait déjà mis hors de moi</a>), Didier Nordon déclare :</p>
<blockquote><p>« La presse ne remplit pas sa fonction lorsqu’elle se contente de rapporter sans se compromettre les versions contradictoires des parties au conflit. Répéter n’est pas informer. »</p></blockquote>
<p>(<em>Il faut reconnaître que ce matin (seulement !) j’ai entendu des reportages tentant de tirer au clair la manière dont les manifestants sont comptés. D’accord, j’écoute une radio pas supposée être à droite, mais c’était assez consternant…</em>)</p>
<h3>Cocorico</h3>
<p>La liste des médaillés Fields, Gauss ou Chern honore les mathématiques françaises.</p>
<p>(<em>Mais les médias n’en parleront pas, nos millionnaires incapables de jouer correctement à la baballe les passionnent plus. Impossible de comprendre de quoi traitent leurs travaux ; c’est toujours comme ça avec les maths, on se dit que c’est totalement vain et puis quelques siècles plus tard une théorie fondamentale de la nature, ou une bête optimisation d’ingénieur, utilise ces inutiles théorèmes.</em>)</p>
<h3>Prédation</h3>
<p>Ivar Ekeland évoque les <em>dark markets</em>, des marchés financiers où les listes de ventes et d’achats ne sont pas publiques, ce qui coupe l’herbe sous le pied à certains spéculateurs. Ils ont été inventés car le marché normal aux carnets d’ordre publics permet de créer des algorithmes redoutablement rapides et efficace et cela coûte cher à de gros acheteurs (<em>pourtant c’est pas comme ça que c’est censé marcher un marché théorique pleinement efficient ? où les gens pressés et gros consommateurs payent forcément plus chers que les patients peu gourmands ?</em>).</p>
<p>De petits malins ont vite compris comment utiliser ces « marigots obscurs » pour savoir quels gros acheteurs ferrer sur les marchés ouverts et à quel prix. Conclusion d’Ekeland : tous ces gens hyper-brillants qui passent leur temps à optimiser la finance ne seraient-ils pas mieux employés par la société à des choses utiles ?</p>
<p>(<em>Ça me rappelle une remarque lue tout récemment je ne sais où : <strong>notre économie est passée d’une recherche de l’équilibre des ressources et besoins et de répartition du travail à un système d’optimisation de la prédation</strong>.</em>)</p>
<h3>SF théorique</h3>
<p>Les « super-Terres », des planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre sont détectés depuis quelques temps autour de diverses étoiles. Pour savoir si elles peuvent être habitables, une étude de ce que peut être leur géologie, leur tectonique des plaques a été faite.</p>
<p>La pression au centre est plus élevée et elles sont plus chaudes : la convection dans le manteau est donc accélérée et la tectonique des plaques plus rapides. Paradoxalement la croûte est plus fine, et le cycle du carbone rallongé. L’atmosphère est également mieux retenue. Cette stabilité rend ces planètes encore plus favorables à la vie que la nôtre (<em>C’est rare ça ! En général on s’extasie devant l’improbable perfection de notre petit monde.</em>) Il se pourrait que la Terre soit en fait tout en bas de la gamme de masses des planètes habitables, Vénus et Mars n’ayant pas les bonnes caractéristiques.</p>
<p>Par contre, leur noyau est devenu probablement complètement métallique, et le champ magnétique protecteur n’est donc pas là. La super-Terre n’est pas forcément à la bonne distance de son étoile et bien orientée (on en connaît une qui présente toujours la même face à son étoile : la silice s’évapore de cette fournaise pour retomber sur la face cachée.)</p>
<p>Il existe aussi sans doute des super-Terres recouvertes d’un océan, dont le fond est un manteau de glace sous très forte pression. La quête et l’étude des super-Terres ne fait que commencer.</p>
<h3>Violations de sépultures ou enquête criminelle ?</h3>
<p>Nos ancêtres du Néolitihique (il y a 6000 ans), dans une bonne partie de l’Europe, enterraient leurs morts dans des tombes circulaires. Certaines, à côté du défunt principal en position fœtale, contenaient aussi d’autres cadavres jetés plus négligemment. Seule hypothèse acceptable pour l’auteur : il s’agissait d’esclaves sacrifiés au décès de leur maître. Cette coutume effroyable était connue sous diverses formes sur tous les continents plus récemment, elle n’a pas épargné l’Europe…</p>
<h3>La minute du matheux ultime</h3>
<p>La chronique de Jean-Paul Delahaye parle notamment du site <em><a href="http://primes.utm.edu/" hreflang="en">The Prime Pages</a></em> (et du livre associé <em><a href="http://www.amazon.fr/Prime-Curios-Dictionary-Number-Trivia/dp/1448651700/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1286353199&sr=1-1">Prime Curios! The Dictionary of Prime Number Trivia</a></em>). C’est bien là que se trouvent des gens capables de trouver que 313 est un premier remarquable entre autres parce que c’est le plus petit nombre de personnes qui, prises au hasard, ont plus de 50% de chances que cinq d’entre elles aient le même jour anniversaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; ou que 3539 est aussi un premier remarquable car donne la formule de la nitroglycérine (C3H5N3O9) ; ou que le 16719è siècle sera le premier à ne comporter aucune année égale à un nombre premier ; et mille autres propriétés affolantes.</p>
<p>En prime une réflexion sur les nombres premiers illégaux : il est possible de créer des premiers contenant tout chaîne arbitraire, et donc tout texte illégal (appel à la haine raciale…) correspond à un nombre premier donc illégal (il y a aussi l’exemple du <a href="http://decss.zoy.org/" hreflang="en">DeCSS</a>). Et il existe aussi des nombres premiers contenant votre nom<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Nos muscles se « souviennent » des entraînements passés car les multiples noyaux cellulaires ne disparaissent pas avec l’inactivité et l’atrophie ; donc ils regonflent plus vite ensuite. (<em>Dans mon cas, y a rien à se souvenir.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On a identifié le gène de la respiration à la naissance. (<em>Évidemment la sélection naturelle l’a lourdement favorisé.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les vrais jumeaux n’ont pas les mêmes empreintes, car elles sont liées à certaines périodes de la vie utérine. On pourrait même repérer par les empreintes certains traumatismes vécus par la mère pendant la grossesse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Sondage fait auprès de scientifiques (19% de doctorants !) : ils font nettement plus confiance aux scientifiques qu’aux politiques ou aux religieux pour obtenir des informations exactes. (<em>Sans blague ?!</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’espèce humaine a failli disparaître il y a moins de 200 000 ans, étant réduite à une poigne d’individus dans une Afrique rendue inhabitable par une glaciation. L’auteur pense avoir découvert un des refuges des survivants : des grottes en Afrique du Sud près du Cap, au bord de la mer.</li>
</ul>
<ul>
<li>En comparant des photos des années 1940 et des récentes, des scientifiques américains ont étudié l’évolution de la flore dans un coin d’Alaska. L’évolution suit ce qu’on pourrait attendre des conséquences du réchauffement climatique : la toundra voit fleurir des arbustes, la taïga (forêt boréale) progresse vers le nord et brunit dans le sud. Les rétroactions sont multiples et difficiles à modéliser.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Alors que tout le monde sait que c’est le numéro de la voiture de Donald.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Ça me rappelle l’histoire des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_univers">nombres univers</a> qui contiennent toute chaîne de chiffres possibles, donc n’importe quel texte, donc plein de versions de l’histoire de votre vie en de multiples langues, y compris inexistantes, y compris des versions fausses par un détail ou qui divergent totalement à partir du moment où vous avez gagné au loto.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/633« Pour la Science » de septembre 2010urn:md5:f7ee3d7305c8d20becf129776d192fc12010-09-10T00:00:00+02:002015-08-20T10:13:43+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanalogieanthropieargentastronomieauto-organisationbon sensbullechaoscivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup bascynismedilemmeeauemmerdeursentropiefoutage de gueulehard sciencelobbyslyrismemathématiquesoptimismepanurgismeperspectiveprise de têteprovocationréalitésabotagesciencescience-fictionspéculationsurréalismetempsthéorieuchronieuniversvaleurvirtuelécologieéconomieémerveillementénergieéons<p>Miracle : j’ai eu le temps de lire ce numéro avant même que son mois théorique d’édition soit entamé.</p> <p>Comme d’hab’, en italique mes commentaires personnels.</p>
<h3>La carnet de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres :</p>
<p>Les unités de mesure, tout le monde connaît. Didier Nordon propose les unités de <em>démesure</em> : le kerviel (somme qu’un employé peut faite perdre à l’employeur) ; le paléobiologiste (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">capable de se tromper de 1,5 milliards d’années dans l’estimation de la date d’apparition de la vie multicellulaire</a>) ; le BP (argent dilapidé par pollution d’une réserve naturelle).</p>
<h3>Les fractales 3D</h3>
<p>Franchement, tout le monde devrait connaître l’ensemble de Mandelbrot. Je rappelle juste ici qu’il rassemble les points du plan complexe qui divergent quand on itère la suite <code>z(n+1) = z(n)²+c</code> (<code>c</code> constante).</p>
<p>Habituellement, l’ensemble est en noir et les jolies couleurs sont fonction de la vitesse de divergence hors de l’ensemble. Infiniment découpable, c’est LA fractale la plus connue. On peut en imaginer une infinité d’autres, basées sur la fameuse non-linéarité de l’équation de base, mais il semble que le simple carré contienne en fait toute la substantifique moëlle du sujet.
<img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/de/Mandelbrot_set_rainbow_colors.png/800px-Mandelbrot_set_rainbow_colors.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Mais elle est plate, une simple image, bien que déjà gourmande en puissance de calcul (<em>Je me souviens de la première fois où je l’ai calculée sur mon vieil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Atari_ST">Atari 520 ST</a>, et c’était déjà leeeeent.</em>), ce qui explique en partie que la version en trois dimensions ait dû attendre.</p>
<p>Cependant les obstacles n’étaient pas que technologiques :</p>
<ul>
<li>la généralisation en 3D n’est <em>pas</em> immédiate, ou plutôt ne donne pas aisément des résultats esthétiques : déjà il faut définir ce qu’est une multiplication dans un espace en trois dimensions (ce n’est pas trivial) ; certains ont obtenu quelques résultats avec les <a href="http://nylander.wordpress.com/2009/07/07/4d-quaternion-mandelbrot-set/" hreflang="en">quaternions</a> (des couples de complexes, en 4D donc) ;</li>
<li>une fois définie cette multiplication (de manière plus géométrique qu’algébrique), il faut trouver la « bonne » puissance pour un résultat intéressant : si le Mandelbrot classique se contente d’un <code>z²</code>, il a fallu aller jusqu’à la puissance huit pour le <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Mandelbulb</a> :</li>
</ul>
<p><img src="http://www.skytopia.com/project/fractal/new/ff/q85/z7_b_3D_fractal_2-s_by_KrzysztofMarczak.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li>pour le rendu on arrive aux limites des moteurs de calcul : comment calculer le vecteur normal d’une surface en <em>ray-tracing</em> sur une fractale par définition infiniment découpée qui n’admet aucune tangente ? En conséquence, certaines surfaces apparemment et bizarrement lisses ne le sont peut-être qu’à cause d’un artefact de calcul.</li>
</ul>
<p>Les images du Mandelbulb (voir <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Skytopia</a>) sont fascinantes, un véritable monde de cauchemar, et ce n’est qu’une des variantes possibles.</p>
<h3>L’univers perd-il de l’énergie ?</h3>
<p>Contrairement à certains paradoxes astrophysiques très ésotériques que ne comprennent que quelques chercheurs, celui-ci est à la porté d’un étudiant de base : à cause de l’expansion de l’univers, la longueur d’onde de la lumière qui se promène sur des milliards d’années-lumière diminue de plus en plus (décalage vers le rouge). L’énergie des photons décroît en conséquence. Cette énergie perdue n’étant apparemment allé nulle part, le principe universel de conservation de l’énergie, base fondamentale de la physique depuis deux siècles, est-il violé ?</p>
<p>J’ai appris à cette occasion le lien entre une loi de conservation et une symétrie de l’espace, découvert par <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Emmy_Noether" hreflang="de">Emmy Noerther</a> : notamment la conservation de l’énergie est liée à la symétrie de translation dans le temps des phénomènes, c’est-à-dire au fait que la forme de l’espace-temps ne change pas, donc que les lois de la physique peuvent être « rejouées » indifféremment en descendant ou en remontant le temps (en reprenant le classique exemple des boules de billard, on peut dire que la conservation de l’énergie entre les billes suppose que la forme du tapis ne change pas pendant leur déplacement). De même la symétrie de translation dans l’espace implique la conservation de toute quantité de mouvement.</p>
<p>Donc, puisque l’espace-temps, aux échelles cosmiques, évolue, la loi de conservation n’est pas forcément observée.</p>
<p>À l’inverse, il est possible d’expliquer l’expansion de l’univers comme un simple éloignement classique de deux objets, l’émetteur et le receveur, et de réduire le problème à un effet doppler classique où l’énergie est conservée (les ondes sonores comme lumineuses d’une voiture de police ne changent pas d’énergie entre l’émission et l’arrivée à vos oreilles ; pourtant on entend bien l’effet de changement de la longueur d’onde de la sirène avec le déplacement de la voiture, et on verrait l’effet Doppler sur le gyrophare avec des yeux plus sensibles).</p>
<p>Quant à la comptabilisation de l’énergie totale contenue dans l’univers, travail déjà totalement titanesque, il est rendu vain par l’énergie sombre (à la densité constante, donc en augmentation si le volume d’univers s’étend !), la prise en compte de l’énergie cinétique des galaxies, ou des ambiguïtés dans la théorie de la relativité.</p>
<h3>Immortalité et suicide quantique</h3>
<p>Idée provocante : si la théorie des « mondes multiples » de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Everett_III" hreflang="en">Hugh Everett </a> est juste, chaque réduction de fonction d’onde donne lieu à une divergence et à la création de deux univers : le célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schrödinger">chat de Schrödinger</a> meurt donc dans un univers, vit dans un autre. En conséquence, on peut jouer au « suicide quantique » : je joue au loto, et la boîte du chat me tue dans tous les cas où je n’ai pas gagné. Je ne survis donc que dans l’univers où je suis richissime. Mille variantes existent, permettant même d’accéder à l’immortalité — en fait, si l’hypothèse des mondes multiples est juste, nous serons tous immortels.</p>
<p>Évidemment, le moindre doute sur la justesse de cette théorie justifie le refus de jouer cette roulette russe quantique. Même sans cela, des problèmes éthiques se posent, par exemple par la douleur infligée aux proches dans les univers (majoritaires) où l’on décède.</p>
<p>(<em>Commentaire personnel : Mouais. L’hypothèse des mondes multiples est séduisante, expliquerait bien des paradoxes, et est à mon avis à peu près invérifiable. Si chaque seconde, les myriades de réductions d’onde qui se produisent dans notre environnement donnent lieu à autant d’univers, nous n’avons en tout cas l’impression que d’un seul fil temporel. Chaque fois que j’ai joué à l’Euromillion une de mes copies a gagné, mais je n’en ai ni le souvenir ni la connaissance. Donc nous sommes (nous les êtres conscients, peut-être réductibles à une « âme », quoi que ce que cela signifie) également multipliés par le nombre d’univers créés. Il n’y a pas de raison que la mort ne suive pas le même chemin et que l’écrasante majorité de nos « exemplaires » ne décède pas à un âge normal, même si existe un archi-improbable-mais-possible quasi-immortel. Or dans le suicide quantique, on suppose que l’âme se « réfugie » automatiquement dans les univers où l’on est encore vivant. Si cela est vrai, nous sommes tous effectivement immortels mais sera-ce enviable ? C’est peut-être cela l’Enfer : l’immortalité dans un corps très probablement totalement décrépi. Mais je n’y crois pas.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les Mayas sacrifiaient des enfants lors de l’enterrement de leurs rois. Ils n’ont pas été les seuls à faire accompagner leurs grands défunts de membres de leur entourage, mais là c’est macabre…</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines petites lunes de Saturne seraient tellement jeunes et brillantes qu’elles ne peuvent s’être formées qu’à partir d’agrégats de matière échappée des anneaux. Elles seraient donc les derniers objets formés dans le Système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ivar Ekeland annonce que l’Europe tolère une « expérience grandeur nature » : le <em>trading</em> haute fréquence, où les logiciels sont seuls à décider, où la vitesse de la lumière devient une limite, où les cours virent probabilistes. Déjà un tiers de l’activité des bourses, sans aucune théorie économique derrière, et un impact sur des millions de personnes. <br /> <br />(<em>Et l’utilité sociale là-dedans ? J’ai toujours été partisan d’une taxation des bénéfices boursiers en fonction de la durée de détention. En-dessous de 24 h je prendrais 100% des bénéfs’, et rien des pertes bien sûr. Alors en-dessous de la seconde ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux chercheurs québécois plaident pour les plantations : intelligemment gérées (plusieurs essences complémentaires...), elles ne sont pas le mal absolu et peuvent se rapprocher du « service écologique » des forêts primaires (biodiversité, stockage de CO₂ ...), surtout sur sol déjà dégradé.<br /> <br />(<em>Je me méfie toujours de ce genre de rationalisation qui est une porte ouverte à pas mal d’abus, mais à l’inverse le danger de virer khmer vert est réel. En Europe, où la forêt primaire n’est plus qu’un souvenir, nous sommes d’ailleurs dans la configuration de l’article depuis longtemps.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Être du soir ou du matin a une base génétique, mais dépend aussi de la date de naissance des enfants ! Un bébé cale son rythme vers trois mois et si c’est l’été, a des chances de rester « du soir ». <br /> <br />(<em>Dans la famille, c’est raté, l’hérédité semble être trop lourde.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les couleurs interdites existent : le jaune bleuâtre et le vert rougeâtre sont discernables quand on force le cerveau à mélanger des couleurs, comme quoi l’opposition entre ces couleurs n’est pas aussi fondamentalement ancrée dans le cerveau qu’on le pensait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le manioc est une plante peu connue sous nos latitudes, et en conséquence délaissée par la recherche occidentale. C’est pourtant la base de l’alimentation de centaines de millions de personnes. La recherche de variétés plus résistantes et plus riches en vitamines et nutriments bat son plein, plutôt en Égypte, au Nigéria et au Brésil qu’en Occident. La bonne nouvelle : ça se fait plutôt par les méthodes traditionnelles ; les OGM, c’est trop cher.<br /> <br />Rigolo : le manioc est une plante qui se bouture aisément, mais les pieds/clones ont tendance à accumuler tous les virus qu’ils rencontrent et voient leur rendement dépérir à chaque génération — jusqu’à ce qu’on reparte d’une graine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans l’île de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn">Bahreïn</a>, les sources artésiennes qui ont fait la prospérité de l’île dès l’Antiquité (en plus de sa position géographique idéale dans le Golfe Persique) se sont récemment taries. Comme dans nombre d’oasis de la péninsule arabique, l’eau provenait de nappes remplies il y a des millions d’années, époque d’un climat plus verdoyant. L’exploitation humaine a eu raison de cette précieuse ressource… Les habitants se reposent donc entièrement sur leurs usines de dessalement, mais comment les faire tourner le jour où le pétrole aussi se tarira ? Pour éviter (ou retarder…) la même catastrophe, l’Arabie saoudite a carrément renoncé à cultiver des céréales. Trop tard ?</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/628« Pour la Science » d’août 2010 : calmars géants, neutrinos et postpérovskiteurn:md5:bd40ed446a18ba65afd3a790da3264352010-08-21T18:03:00+02:002011-06-12T15:23:28+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéargentauto-organisationbon senscitationcivilisationcomplexitéconquête de l’inutiledéveloppementenfantsextraterrestresgigantismeguerregéologiehistoireintelligencenaturepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationsécuritétempsténacitééconomieéducationémerveillementéonsévolution<p>Ce numéro n’est peut-être plus en kiosque, vu que j’ai déjà reçu le suivant. Mais baste, ceci me sert aussi à me rappeler plus tard de ce dont je veux me souvenir (et je suppose que la plupart de ceux qui tomberont par hasard sur ceci se contenteront du résumé et n’iront pas acheter le numéro, <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/archives.php">même en ligne chez l’éditeur</a>).</p> <p>En italiques, mes commentaires personnels.</p>
<h3>Chronique de Didier Nordon</h3>
<p>Pleins d’idées en une page, comme d’habitude. Notamment :</p>
<ul>
<li>La philosophie ressasse les sentences des Grands Anciens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#pnote-625-1" id="rev-pnote-625-1">1</a>]</sup>, alors qu’objectivement toutes n’en valent pas la peine. À l’inverse, la science liquide sans état d’âme ce qui s’avère faux, se privant de l’étude de la survenue de l’erreur justement.<br /> <br />(<em>Mouais, un peu réducteur… comme toute provocation qui a un fond de vérité.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les feux rouges sont inutiles : en nous fiant à un signe arbitraire et en laissant de côté l’important (regarder si personne ne vient), nous provoquons justement certains accidents. <br /> <br />(<em>Mouais. L’idéal, ce sont les deux : des règles et le bon sens. Toute mesure de sécurité ne vaut que si elle est strictement respectée (les grandes catastrophes sont l’accumulation de plusieurs négligences). Je me souviens effectivement de mon grand-père pompier qui disait que la nuit, les feux rouges étaient ignorés et qu’il fallait faire attention même au vert ; d’ailleurs à présent beaucoup de feux sont oranges la nuit. À l’inverse, j’ai connu bien des carrefours bloqués par des gens qui ne respectaient pas les feux et s’engageaient — ou, à l’inverse encore, s’engageaient parce que c’était vert même s’il n’y avait pas la place.</em>)</li>
</ul>
<h3>Vieux fossiles</h3>
<p>Des micro-organismes vieux de 2,1 milliards d’années découverts au Gabon repoussent carrément de 1,5 milliards d’années l’apparition de la vie multicellulaire. Les bestioles « complexes » datent surtout d’il y a 500 millions d’années.</p>
<p>(<em>Mine de rien, c’est un paramètre à rajouter au <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Paradoxe de Fermi</a> : la lenteur de l’émergence de la vie multicellulaire pouvait être un signe de sa rareté dans l’univers. Là, il semble que ce soit le multicellulaire </em>complexe<em> qui ait mis son temps à apparaître.</em>)</p>
<h3>Vidéosurveillance et délinquance</h3>
<p>Une « méta-analyse » rassemble des études sur le même sujet, trie celles méthodologiquement douteuses, et fait une synthèse. La conclusion, en gros : la vidéosurveillance, présentée par beaucoup comme la panacée, n’est efficace que dans certaines conditions. Les caméras sont très dissuasives sur les vols dans certains parkings par exemple, mais à peine sur les violences physiques en ville. Il n’est pas facile de distinguer l’effet de la caméra et celui de l’éclairage amélioré à la même occasion… Le déplacement de la criminalité n’est pas non plus une évidence. La population est sans illusion sur l’efficacité mais plébiscite en général.</p>
<h3>Résilience</h3>
<p>Boris Cyrulnik résume ses travaux sur la résilience, c’est-à-dire la capacité de certaines personnes et enfants à se reconstruire, contre toute attente, après une catastrophe, une agression majeure, ou un abandon complet (voir le tragique cas des orphelinats roumains sous Ceaucescu). Cette capacité est acquise très tôt dans la vie, on peut distinguer un bébé de neuf mois « sécure » (qui a été stimulé et protégé, et est devenu curieux, sociable…) d’un autre qui ne l’est pas, et sera plus vulnérable en cas de catastrophe. Les liens avec la neurologie sont frappants (action sur l’hypothalamus, sécrétions de sérotonine…).</p>
<h3>La postpérovskite</h3>
<p>Kei Hirose a découvert la postpérovskite, un minéral dont l’existence au fin fond du manteau terrestre était inconnue. Quelle importance ? Une mince couche de ce minéral, aux très hautes pressions qui règne entre le noyau terrestre et le manteau inférieur (constitué de pérovskite, lui) , joue un rôle capital dans les transferts de chaleur du centre vers la surface de notre planète.</p>
<p>Cela n’intéresse que certains géophysiciens, pensera-t-on. Pourtant, l’impact sur la vie terrestre a pu être important : un refroidissement accéléré pourrait impliquer que la graine, au centre du noyau, n’a « que » un milliard d’années, et que le champ magnétique terrestre n’existait donc pas avant, interdisant à la vie de sortir de l’océan.</p>
<p>(<em>Même si plantes et animaux ont mis encore un bout de temps après cela à conquérir la terre ferme, ce facteur est lui aussi à prendre en compte dans la probabilité d’apparition de la vie intelligente. Surtout que la postpérovskite semble se former dans un domaine restreint de température et pression. Dommage, l’article ne dit pas combien de temps il aurait fallu sans ce minéral magique pour former la graine.</em>)</p>
<p>M’amuse aussi le lien entre expériences de laboratoire pour créer et étudier le minéral, et l’étude de la terre elle-même. (Un passage savoureux sur les difficultés à reproduire les pressions gigantesques du manteau avec des enclumes en diamant : « Avec mes collègues, nous avons ainsi perdu de nombreux diamants, ce qui a sérieusement entamé nos crédits de recherche et notre enthousiasme. »)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La ville égyptienne d’Oxyrinchos a fourni aux archéologues des milliers de papyrus antiques. On y lit que cette ville, bien avant la conquête par Alexandre le Grand en -332, était déjà à moitié grecque. Commerçants et mercenaires héllènes présents depuis des générations ont fourni à la dynastie grecque des Ptolémés l’élite administrative pour la prise en main de l’Égypte jusqu’à la conquête romaine. Les Grecs ont gardé leur langue et leur mode de vie jusqu’à l’ère chrétienne et, s’ils ont fait beaucoup d’emprunts à la religion égyptienne, l’inverse semble faux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit les progrès dans la détection des neutrinos, particules pourtant quasi-indétectables, qui ouvrent la voie à de nouvelles branches de l’astronomie.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un gros article sur les <em>Architeuthis</em> ou calmars géants. (<em>Belles bêtes</em> !)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les cachalots mangeurs de baleine ont existé il y a 12 millions d’années. Ils avaient des dents de 36 cm. (<em>Enfoncé, le tyrannosaure !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les chimpanzés se font la guerre, et il y a des morts. (<em>Plus le temps passe, plus on voit que l’homme n’est qu’un singe comme les autres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://www.liberation.fr/vous/0101641554-outox-la-boisson-detox-ou-intox">Outox</a> est une intox : ses effets mesurés sont faibles, et explicables par la concentration en fructose et en acide citrique.</li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique d’Ivar Ekeland explique que dans une entreprise les actionnaires ne sont pas responsables pour plus que leur part dans l’entreprise. Au pire pour eux, la société responsable d’une catastrophe (par exemple BP) serait liquidée pour payer les dégâts, mais ils n’auraient pas à payer plus. Dommage pour la société dans son ensemble.<br /> <br />(<em>D’un autre côté, est-ce que vous investiriez dans une entreprise si vous saviez que vous pourriez être amenés à couvrir les bourdes du dirigeant ? La société à responsabilité limitée est une des raisons du succès du capitalisme. Plus choquante est la prime de départ mirifique du patron même si, comme le remarque Ekeland, ça reste théoriquement une punition puisqu’il aurait touché plus en restant !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La SNCF fait n’importe quoi avec son fret. (<em>On n’a pas fini de voir des camions sur les routes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Il serait possible de faire du caoutchouc en Europe, avec du pissenlit russe.</li>
</ul>
<ul>
<li>Hervé This étudie la vodka : les liaisons hydrogènes ont une influence sur le goût, et les impuretés ont un impact sur l’hydratation de l’éthanol.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Gardner" hreflang="en">Martin Gardner</a>, pilier du <em>Scientific American</em> (père américain de <em>Pour la Science</em>), est mort. Snif.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#rev-pnote-625-1" id="pnote-625-1">1</a>] <em>Tiens, on dirait du Lovecraft.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/625Coupe du Monde de Foot : victoire de l’Allemagne par 7 à 1 !urn:md5:367b899747d54944b55c8d76fa7d640a2010-07-01T22:08:00+02:002015-08-19T16:34:31+02:00ChristopheInformatique militante et technologieanthropomorphismeauto-organisationcomplexitéconquête de l’inutiledéshumanisationfootinformatiqueintelligence artificielleperspectiverobotssciencescience-fictionémerveillement <p>(J’en entends déjà qui doivent se dire : « ça y est, il est tombé dans le piège des paris sportifs en ligne, le dernier impôt et arnaque aux pigeons à la mode. » Meuh non.)</p>
<p>De la même manière qu’il y a quatre ans, (et <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/16/203-la-coupe-du-monde-des-robots">j’en avais parlé</a>), la RoboCup a eu lieu, cette fois à Singapour, et dans la catégorie <em>Humanoid Kid Size</em>, celle des humanoïdes format <del>Sarko</del> bambins découvrant la marche (pas seulement par la taille), c’est l’équipe allemande de Darmstadt qui a écrasé par 7 à 1 d’autres Allemands, les FUmanoids, après bien d’autres massacres dans les poules.</p>
<p>Ci-dessous la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4wMSiKHPKX4">vidéo de la finale</a>. J’adore la démarche un brin pataude de ces bestioles, leur stabilité assez relative (mais ils savent se relever seuls), et la technique du grand écart des gardiens de but, capables de pas mal d’anticipation.</p>
<p>Je n’ai pas vu les autres catégories, mais pour le moment, il n’y a pas encore de quoi faire peur à grand-monde, même à l’équipe de France actuelle. Rappelons que le but réel de la compétition est de faire naître une équipe de robots humanoïdes capable de battre l’équipe championne du monde 2050 humaine (qui n’est pas encore née elle non plus d’ailleurs).</p>
<center>
<object width="640" height="385"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/4wMSiKHPKX4&color1=0xcc2550&color2=0xe87a9f&hl=fr_FR&feature=player_embedded&fs=1"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowScriptAccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/4wMSiKHPKX4&color1=0xcc2550&color2=0xe87a9f&hl=fr_FR&feature=player_embedded&fs=1" type="application/x-shockwave-flash" allowfullscreen="true" allowScriptAccess="always" width="640" height="385"></embed></object>
</center>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Coupe-du-Monde-de-Foot-victoire-de-l-Allemagne-par-7-%C3%A0-1#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/620Balistique relativiste et diplomatie interstellairesurn:md5:840200b4528307a26b60c725ec1410c52010-06-10T00:00:00+02:002015-07-29T12:47:29+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieabominationapocalypseastronomieautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophecivilisationcommunicationconquête spatialecosmologiecoup bascynismedilemmedommagedéshumanisationemmerdeursextraterrestresgigantismegravitationguerregéologiegéopolitiquehard scienceimpérialismeintelligencepanspermieparanoïapeine de mortperspectivepessimismeprise de têtepsychologieracléesciencescience-fictionSetispace operaspéculationsécuritétempsterrorismeuniverséonsévolution<p>Issue d’<a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=1453440&cid=30199506" hreflang="en">un petit bout de discussion</a> qui a dérivé du sujet initial (l’envoi d’un inutile message interstellaire depuis un iPhone), voici une petite application de la théorie des jeux à ajouter au dossier du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>.</p> <h5>Prudence paranoïaque</h5>
<p>Une civilisation A se met à émettre dans l’espace, délibérément ou non. Une civilisation B plus avancée sur une autre planète capte cela et déduit l’existence de A. Elle ne sait rien de A. Elle peut se douter cependant qu’à la réception du message, c’est-à-dire quelques siècles plus tard, l’autre civilisation aura sans doute progressé. B peut faire rapidement l‘analyse suivante :</p>
<ul>
<li>soit elle reste coi et ne signale pas sa présence en retour, sachant que le contact aura forcément lieu plus tard d’une manière ou d’une autre si les voyages interstellaires sont possibles ;</li>
<li>soit elle décide de signaler sa présence, au risque de se retrouver face à une puissance agressive qui lui fera la peau ;</li>
<li>soit elle opte pour l’option la plus sûre, l’Arme Balistique Ultime (si elle en a les moyens) : <strong>un météore de bonne taille, accéléré à une vitesse proche de celle de la lumière</strong>, précipité sur la planète émettant le signal.</li>
</ul>
<p>Cette dernière arme a plusieurs avantages : aisément disponible (les planétoïdes sont pléthores), propre (pas de radiations qui empoissonnent tout à dix parsecs aux alentours), sans protection possible (un bouclier assez costaud n’existe pas), et surtout sans préavis car, par définition, un objet qui s’approche à la vitesse <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_la_lumière">c</a></em>-ε ne peut être détecté avant d’être reçu dans la tronche. Rappelons qu’à vitesse relativiste, l’énergie de l’impact sera bien supérieure au classique ½mv² ; un modeste astéroïde suffira pour transformer n’importe quelle planète rocheuse en ceinture de poussière d’astéroïdes.</p>
<p>La question de savoir comment accélérer un caillou à une telle vitesse est laissée en exercice, mais les militaires financeront sans problème la chose à la première occasion.</p>
<p>Reste un problème : l’attaquant ne recevant les émissions de la victime que des décennies, des siècles voire des millénaires après leur émission, elle ne peut deviner si, au moment de l’impact, l’agressé n’aura pas déjà colonisé quelques autres mondes et évolué assez vite, ce qui lui fournirait hypothétiquement la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à l’agresseur. Celui-ci se trouve donc forcé de détourner l’attention de son propre système en attaquant depuis un autre ou en faisant dévier le projectile pour masquer sa provenance. Cela suppose que l’agresseur est déjà un empire interstellaire (en fait évident pour quelqu’un capable de déplacer de telles masses à de telles vitesses), mais ajoute beaucoup aux délais puisque l’ordre doit être envoyé à une vitesse forcément limitée par <em>c</em>, ou le voyage bien allongé, d’où sursis supplémentaire pour l’agressé.</p>
<h5>Mauvais voisin</h5>
<p>Il existe un autre inconvénient à cette politique du « je me tais et je désintègre balistiquement tout ce qui apparaît autour » : d’autres civilisations évoluées pourraient découvrir ce qui se passe. Et, bien que pacifiques, décider que la communauté galactique peut se passer de membres paranoïaques agressifs et régler le problème de la même manière. Selon que la première civilisation à se répandre sera prudente-paranoïaque ou coopérative-justicière dépend le sort de toutes les autres civilisations.</p>
<p>En arrière-plan figurent les hypothèses que l’on peut faire sur la cohérence d’une civilisation multi-planétaire où les communications sont limitées par la distance (répétition, en pire, des problèmes au sein des Empires européens à l’heure de la conquête de l’Amérique), et les durées se comptant en décennies : le temps que l’astéroïde arrive sur sa cible, ou que celui de la Revanche parvienne, la situation politique et philosophique de l’agresseur peut avoir évolué. L’Allemagne actuelle mérite-t-elle d’être anéantie pour les abominations d’Hitler ?</p>
<p>Si cela se trouve, la galaxie est actuellement parcourue par des centaines d’astéroïdes tueurs envoyés par des civilisations peureuses jouant au <em>sniper</em> interstellaire. La Voie lactée semble vide car ceux qui ne se taisent pas rencontrent très vite un rocher relativiste. Pendant ce temps, une autre civilisation fait peut-être les choses en grand et allume des supernovas dans tous les recoins favorables à la vie, la stérilisant par millions de parsecs-cube à la fois.</p>
<p>À l’inverse, chaque civilisation peut faire ce raisonnement, constater que l’astéroïde tueur est (relativement) simple à mettre en œuvre mais que des représailles sont également faciles, et dans le doute s’abstenir. Collectivement, on arriverait à un « équilibre de la terreur » galactique équivalent à celui de la Guerre Froide. Le « donnant-donnant » deviendrait donc la règle, comme après tout c’est à peu près le cas dans le monde actuel… à quelques timbrés éventuels près qui pourraient faire du dégât mais seraient plus aisément « traitables » par la collectivité. (Ce dernier cas m’interroge : les distances galactiques et le coût des déplacements empêchant les vrais conflits d’intérêt, quelles seraient les motivations pour attaquer ses voisins ? Fondamentalisme religieux ? Régime délirant à la nord-coréenne ?)</p>
<h5>En conclusion</h5>
<p>Einstein disait qu’il ne connaissait pas les armes de la Troisième Guerre Mondiale mais celle de la Quatrième : les cailloux. Je ne sais pas s’il pensait à cette variante-là de la fronde.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/616« Pour la Science » de juin 2010 : fusion inexploitable et baleines mortesurn:md5:df3ba38d180b14d9d7ee0e2e7d523e232010-06-02T00:00:00+02:002015-07-29T12:45:01+02:00ChristopheScience et conscienceanticonsumérismeastronomiecomplexitécosmologiegigantismegéologiehard sciencemathématiquesperspectivesciencescience-fictionuniversécologieéconomieénergieéons<p>Grande première : j’arrive à chroniquer un numéro de <em>Pour la Science</em> avant même le début du mois pour lequel il est paru. Je réussis à contenir la vague de parutions de magazines, j’en suis tout étonné.</p> <p>Au sommaire :</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-fusion-nucleaire-une-filiere-d-avenir-25196.php">Avenir de la fusion</a></h5>
<p>Le titre et un dossier s’étendent sur la faisabilité de la fusion nucléaire, ce graal énergétique qui nous garantirait une énergie inépuisable (le carburant est dans l’eau de mer), propre (du moins en dehors de la centrale) et sûre (pas de risque de polluer un continent en cas de pépin). Depuis 70 ans on prévoit que les centrales seront au point dans 50 ans.</p>
<p>Techniquement c’est un cauchemar : comment confiner 150 millions de degrés de telle manière que la fusion deutérium-tritium s’effectue, tout en récupérant la chaleur sans faire fondre le réceptacle, sachant que les neutrons émis doivent servir à fabriquer ce fameux tritium au passage et non à altérer les propriétés mécaniques des parois ?</p>
<p>J’ignorais qu’il existât deux filières pour obtenir la fusion :</p>
<ul>
<li>la filière à <a href="http://www.itercad.org/projet_3.php">tokamak</a>, avec un plasma très chaud confiné magnétiquement (plus facile à dire qu’à faire), c’est la filière suivie par le réacteur <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-une-recherche-span-style-text-transform-uppercase-iter-span-ative-25198.php">ITER</a>, encore loin du pilote industriel ;</li>
<li>l’<em>outsider</em>, le chauffage d’une cible par de nombreux lasers d’une puissance démentielle, au sein d’une chambre sphérique grande comme un immeuble ; c’est en fait une retombée des besoins militaires.</li>
</ul>
<p>La fusion, on sait la faire dans les deux cas… quelques secondes en laboratoire. Un réacteur commercial devra cependant tourner 24h/24. Il faudra donc soit réussir à maintenir le plasma chaud en permanence, soit agir par laser sur de véritables rafales de cibles deutérium/tritium. Quelle que soit la filière, des progrès énormes (mais réalistes) doivent encore être accomplis par les techniciens pour améliorer les matériaux, augmenter la puissance des aimants, des lasers…</p>
<p>Théoriquement ça marche. Mais, forcément ruineuse, la fusion ne sera économiquement viable que si elle peut résoudre ces problèmes techniques assez vite pour ne pas être dépassée par d’autres techniques qui ont aussi 50 ans d’optimisation devant elles : solaire, géothermie…</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-evolution-des-mineraux-25200.php">Évolution des minéraux</a></h5>
<p>Je n’avais jamais accroché à la géologie, mais depuis quelques temps je lis des choses passionnantes dessus. L’évolution des minéraux ne relève en aucun cas du darwinisme, mais comme ils sont les témoins des mécanismes en œuvres sur notre planète, il ne faut pas s’étonner qu’il y en ait des milliers.</p>
<p>En plus des originaux nés de la lave, des minéraux n’existent que grâce à l’action de l’eau, de la tectonique des plaques, des glaciers, à la présence d’oxygène due à la vie, et à la vie elle-même qui érode beaucoup, voire donne lieu à des roches sédimentaires (le calcaire n’est qu’un amoncellement de coquillages sur des durées géologiques, et charbon ou pétrole sont d’anciennes forêts). À l’inverse, bien avant cela, l’impact avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théia_(impacteur)">Théia</a> avait redistribué les éléments rares et réduit leur capacité à créer des cristaux.</p>
<p>J’aime bien les expressions de Grande Oxydation (quand le taux d’oxygène a dépassé le pour cent grâce aux algues, et tout oxydé) ou
de <em>boring billion</em> (« emmerdant milliard ») pour désigner l’interminable période suivante, qui n’a pas vu grand-chose de nouveau se dérouler dans aucun règne. (Ont suivi ensuite la Terre « boule de neige », l’explosion de la vie…)</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-baleines-mortes-sources-de-vie-25201.php">Baleines mortes</a></h5>
<p>Une baleine de plusieurs dizaines de tonnes qui meurt et se dépose sur le plancher océanique est une véritable manne pour la faune locale. Il lui faut des décennies pour absorber tous ces nutriments.</p>
<p>Il existe ainsi des cadavres de gros cétacés tous les quelques kilomètres sur le fond océanique, avec leur écosystème bien spécifique… qui en dit aussi long sur ce qui vit au fond des océans, loin de la lumière.</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-univers-est-il-mathematique-25194.php">Univers mathématique</a></h5>
<p>La « déraisonnable efficacité » des mathématiques pourrait s’expliquer si l’univers <em>est</em> une structure mathématique, une parmi une infinité, et donc soumise à ses lois. Il y a du pour et du contre. Tout cela est très éthéré, philosophiquement vertigineux, et sera encore sujet de réflexion dans quelques siècles je pense.</p>
<h5>Divers</h5>
<ul>
<li>Finalement, <a href="http://tomroud.com/2010/05/10/faq-50-millions-de-neandertals-et-moi-et-moi-et-moi/">Néandertal se serait bien croisé avec les premiers hommes modernes au Moyen-Orient</a> ; Européens et Asiatiques en descendraient donc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les bernards-l’ermites sont capable de créer des bourses aux coquillages pour changer ensemble de maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-liminer-la-mauvaise-grece-25188.php">contrer les spéculateurs</a></strong>, qui cherchent à deviner l’évolution du marché et non à suivre la logique, il ne faut pas chercher à lutter, mais changer les règles du jeu pour que ledit marché n’ait plus d’intérêt à jouer ceci ou cela à la baisse. (Je m’abstiens de tout commentaire en raison de lois réprimant les incitations au meurtre.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-boissons-energisantes-sont-elles-dangereuses-25189.php">boissons énergisantes</a></strong> sont une saleté, surtout mélangées à de l’alcool dont elles masquent les symptômes, d’où des abus avec les conséquences que l’on imagine. En plus il y a risque d’accoutumance.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">Un article intéressant sur les </a><strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">truffes</a></strong> m’a appris que ces champignons ont choisi de s’enterrer pour se protéger du climat parfois froid des régions tempérées. Inconvénient : il faut attirer une bestiole qui la déterrera, la mangera, et répandra les spores parfois très loin. D’où le besoin d’un fumet attirant. Et le rôle parfois crucial dans les écosystèmes.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-eyjafjoll-radiographie-d-un-volcan-qui-a-du-panache-25202.php">Un article revient sur le volcan islandais-dont-on-ne-peut-prononcer-le-nom</a>, l’historique local, les risques de réveil des volcans voisins.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-enigme-de-la-theiere-qui-coule-25193.php">Le phénomène physique qui fait couler le thé le long de la théière est utilisé en aéronautique</a>. Sisi ! (Truc de grand-mère dévoilé par l’article : mettre une substance hydrofuge comme du beurre au bout de la théière.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les merveilles du Système solaire en peinture : notamment une superbe vue des anneaux de Saturne depuis le « sol » et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Valles_Marineris">Valles Marineris</a></em>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2010-fusion-inexploitable-et-baleines-mortes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/617Telepolis special Kosmologieurn:md5:09cbf1a1440420c9321ce2319bdbd4442010-05-26T00:00:00+02:002015-06-25T12:51:10+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationchristianismecivilisationcolonisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedinosauresdétectionentropieextraterrestresgalaxiesgigantismehard scienceintelligenceintelligence artificiellemèmeoptimismeouverture d’espritpanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêtereligionrobotssciencescience-fictionSetispace operaspéculationtempsthéologiethéorietranscendanceténacitéuniverszooécologieémerveillementénergieéonsévolution<p><a href="http://www.heise.de/tp/" hreflang="de">Telepolis</a> serait un magazine que j’achèterais et lirais si j’avais le temps. Mais j’ai tout de même craqué pour le « <a href="https://www.heise.de/kiosk/special/tp/10/01/" hreflang="de">special Kosmologie</a> ».</p>
<p>Sur la couverture, la question fondamentale : <strong>« Où sont-ils ? »</strong></p> <p>Suivent une série d’articles sur le destin à long terme de l’humanité dans l’univers, la possibilité d’une vie extraterrestre, le programme <a href="http://www.seti.org/Page.aspx?pid=1366" hreflang="en">SETI</a> (radio ou optique), etc :</p>
<ul>
<li>Les mystères encore mystérieux de l’univers et les frontières actuelles de la science : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sursaut_gamma">sursauts gamma</a>, détecteur géant de neutrinos au pôle sud, détecteurs d’ondes gravitationnelles à la précision diabolique, fin possible de l’univers…</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>multivers</strong> peut exister de plusieurs manières : tout simplement d’abord sous forme de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hubble_volume" hreflang="en">volumes de Hubble</a> dans un univers infini, avec à 10^10^118 mètres d’ici un monde quasi identique au nôtre, qui restera à jamais inconnu à cause des distances et de l’expansion universelle ; ensuite sous forme d’une interminable série d’univers répartis le long d’autres dimensions ; enfin sous forme de duplication d’univers nés à chaque fois qu’une fonction d’onde est observée. Que nous soyons dans un univers miraculeusement adapté à la vie (toutes proportions gardées) s’explique par le principe anthropique au sein de cette infinité d’univers possibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’énergie négative (pas l’antimatière, qui est positive, mais la vraie négative) n’est déjà pas un objet que l’on manie tous les jours hors de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Casimir">effet Casimir</a>. En théorie, cela pourrait servir à voyager plus vite que la lumière, ou traverser des trous noirs. En théorie aussi ça n’avancera en pratique à rien (fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d'incertitude">principe d’incertitude</a> !).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.hawking.org.uk/" hreflang="en">Stephen Hawking</a> <em>himself</em> évoque la possibilité d’une vie intelligente dans l’univers, et ajoute des réflexions pas très nouvelles sur la fragilité de la vie sur Terre avec ces humains et leur bombe atomique, le passage à un type d’évolution qui ne soit plus darwiniste, ou des solutions possibles connues au paradoxe de Fermi. La remarque que je retiens : la vie datant quasiment du refroidissement de la Terre, on peut considérer que son apparition est facile et commune ; par contre il a fallu attendre trois milliards d’années pour voir apparaître la vie multicellulaire, c’est peut-être donc cette étape qui est hautement improbable.<br />(<strong>Ajout quelques semaines plus tard</strong> : Et paf, la <a href="http://www.bdpgabon.org/articles/2010/07/07/les-plus-anciens-organismes-multicellulaires-connus-decouverts-au-gabon/">découverte de fossiles multicellulaires plus jeunes d’un milliard et demi d’années</a> abat cette idée en vol.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Et ce paradoxe de Fermi (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">je rappelle que j’ai déjà radoté là-dessus ici</a>) revient comme une rengaine. Deux articles surtout énumèrent des hypothèses souvent déjà connues par qui s’intéresse au sujet : impossibilité du vol interstellaire, causes sociales, autodestruction systématique… Pour <a href="http://www.ucl.ac.uk/~ucfbiac/" hreflang="en">Ian Crawford</a> encore, les dinosaures montrent que la vie pourrait prospérer sans mener inéluctablement à l’intelligence. <br />D’autres hypothèses : les artefacts nous crèvent les yeux mais nous les interprétons comme des phénomènes naturels (pulsars ?) ; nous ne savons pas reconnaître les extra-terrestres car ils diffèrent trop de nous (exemple de la fourmi sur une autoroute incapable de découvrir la civilisation humaine) ; ils nous observent depuis toujours (scénario « du <a href="http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/09/19/kubrick-signification-du-monolithe-de-2001/">monolithe</a> ») et nous découvrirons un jour leurs traces dans notre système solaire (un article discute de ce que ce pourrait être) ; nous vivons dans une zone de la Galaxie ou de l’univers exceptionnellement riche en éléments lourds ; toute civilisation est vite victime d’un univers finalement très dangereux (au moins jusque récemment) : supernovas, rayons gamma…</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a>, formulée en 1961 dans un minuscule congrès, n’a pas réclamé grand effort à son auteur, qui s'étonne de son succès. Les premiers facteurs (nombre d’étoiles et planètes) sont mieux estimés à présent ; les autres restent des devinettes. Il y manquerait cependant un facteur <em>Pb</em> (<em>Politicians & bigotry</em>) : un seul membre du Congrès américain peut couper les ailes au SETI.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’équation de Drake comme le paradoxe de Fermi se ramènent donc vite à l’interrogation sur la durée de vie des civilisations. Un article de 1981 du regretté bon docteur Asimov rappelle que nous sommes intelligents et capables de prévoir, avec des inconvénients majeurs : la possibilité d’une vengeance, le besoin d’accumuler les richesses et donc l’épée de Damoclès de l’autodestruction.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faut-il tenter de communiquer ? Le contact lui-même recèle un danger : les extra-terrestres, s’ils nous captent, voire viennent ici, auront une énorme avance sur nous, et nous savons par l’histoire de l’humanité qu’en cas de différentiel, c’est le moins technologiquement développé qui soufre le plus, même sans agressivité volontaire. Certains ont peur d’extraterrestres ouvertement impérialistes ou esclavagistes. D’un autre côté, si toutes les civilisations écoutent et aucune n’émet, l’espace semblera effectivement mort. Nous émettons de toute façon depuis 60 ans intensivement pour nos propres besoins en télécommunications, la question est vaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Exothéologie : quel serait l’impact de l’arrivée d’extraterrestres sur les religions terrestres ? L’Église catholique s’est déjà posé la question. (À mon avis, ce sera sur les autres religions, ou plutôt leurs versions radicales, que l’effet risque d’être le plus violent. À voir aussi la réaction des ETs à une tentative de conversion, et s’ils n’ont pas <em>déjà</em> une religion à nous offrir. Drake rêve de communiquer grâce aux mathématiques, s’embrochera-t-on dans une guerre de religion galactique ?)</li>
</ul>
<ul>
<li>En cas de détection, quelle est la procédure, quel serait le langage utilisé ? Petit rappel.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour optimiser les chances de détection, une proposition consiste à chercher les « phares » de l’univers : par exemple une supernova va être observée par beaucoup de monde, donc on peut <em>émettre</em> dans la direction opposée pour optimiser ses chances. (Je suis à moitié convaincu : cela suppose qu’on ne sait pas du tout où émettre, alors autant le faire dans cette direction-là.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas mal de pages, dont un entretien avec Frank Drake, décrivent le projet de détection <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">SETI</a>, ses réalisations, ses échecs, ses difficultés pour obtenir des fonds, l’obstruction d’une poignée de personnes au Congrès américain. Le SETI va enfin avoir son propre réseau de radiotélescopes dédiés (payé par <a href="http://www.paulallen.com/TemplateHome.aspx?contentId=1" hreflang="en">Paul Allen</a>), mais le manque de moyens reste criant. <br />À côté du SETI classique sur les ondes radio, il existe d’autres projets plus ou moins actifs, notamment le SETI optique qui analyse le spectre des exoplanètes, ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson#Observations_astrophysiques">celui qui cherche des sphères de Dyson qui n’émettent que dans l’infrarouge</a> (un article entier). <br />Les possibilités ne dépendent que de budgets toujours trop réduits. Les détecteurs existants d’ondes gravitationnelles ou de neutrinos (<a href="http://www.icecube.wisc.edu/info/explained.php" hreflang="en">IceCube</a> me fascine) pourraient être mis à contribution. On pourrait imaginer encore plus spéculatif (que sont vraiment les sursauts gamma ?).<br />SETI n’a rien détecté de manière fiable, il y a cependant eu dans l’histoire deux signaux : le fameux « <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">signal WOW</a> » radio en 1977 et un autre en 1998 en optique, tous deux jamais reproduits ni retrouvés ni expliqués.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le dernier article s’étend sur l’écart entre nous et Eux… dont la civilisation remonterait à des millions d’années. Malgré cela, l’auteur estime que les communications sont hors de prix : émettre à 1000 années-lumières (à la fois beaucoup et pas grand-chose à l’échelle de la Galaxie) nous coûterait l’équivalent de notre production actuelle mondiale d’énergie (environ 10 TW), pour un dialogue qui s’étalerait sur des milliers d’années. Impossible dans ces conditions de fixer des rendez-vous quand on n’est même pas sûr que la civilisation à laquelle on s’adresse soit encore là des millénaires plus tard.<br />Ajoutons quelques hypothèses classiques du paradoxe de Fermi, et on peut conclure que s’il y a un « club galactique » de civilisations évoluées, elles s’ignorent sans doute la plupart du temps et nous laissent tranquilles dans notre zoo.<br />(Personnellement, je trouve que cet article se base trop sur la technologie et la psychologie humaines, et élude les hypothèses des machines de von Neumann autoreproductrices, des monolithes... comme celles où, la technologie permettant une quasi-immortalité, l’expansion à l’échelle des siècles devient réaliste.)</li>
</ul>
<p>Deux ou trois interviews ou débats d’Allemands connus chez eux suscitent nettement moins l’intérêt, trop éloignés du sujet ou trop proches du café du commerce. L’iconographie a le défaut de décorer plus que d’illustrer pertinemment le sujet de l’article. Quatre nouvelles de SF un peu trop didactiques tentent d’éclairer les fins possibles de l’univers ou de la civilisation.</p>
<p>Je n’ai pas encore eu le temps de regarder le DVD fourni (il y a des sous-titres français).</p>
<p>Bref, à acheter si vous lisez l’allemand.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/611« Pour la Science » de mai 2010urn:md5:5c437dabfe389583a9adb6c6e9824a5f2010-05-05T00:00:00+02:002015-06-10T12:52:14+02:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationcataclysmecivilisationconquête de l’inutileenfantsgéologiehard sciencemusiqueperspectivesantéscienceéconomie<p>Petit numéro, ce mois-ci. Non que la la qualité baisse, mais les articles m’ont moins frappé que d’habitude.</p> <p>La couverture allèche par un article sur <strong>la naissance violente des continents</strong>. En fait, quelques pages sur une théorie qui suppose que les noyaux des continents actuels ont été formés par les conséquences d’impacts majeurs (du genre qui ravale le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">tueur de dinosaures</a> au rang de « moustique sur un pare-brise ») pendant l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Archéen">Archéen</a>. Un caillou de 50 km à pleine vitesse crée une mer de roche en fusion de 500 km de rayon, dérange les panaches remontant du manteau et les dévie sous les protocontinents qui gagnent ainsi en épaisseur.<br />Comme il y a très peu de roches de cette époque<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, la théorie sera très délicate à prouver.</p>
<p>J’ai appris ce qu’était un <strong><a href="http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/medecine-2/d/metagenome_5153/">métagénome</a></strong> grâce à l’édito. Celui d’un être humain comprend l'ensemble des 170 espèces de bactéries qui vivent en symbiose avec lui dans ses entrailles. Une étude chinoise sur le sujet de notre flore intestinale fait d’ailleurs l’objet d’un petit article.</p>
<p>La chronique économique d’Ekeland rappelle qu’il n’y a <strong>pas de règle formelle pour la faillite d’un État</strong>. Ça pourrait servir pourtant…</p>
<p>Les émotions générées par la musique sont à peu près universelles : un article fait une étude quasi-mathématique des <strong>accords mineurs et majeurs</strong>, qui m’est passé très au-dessus (je suis un ignare total en théorie musicale), et hypothèse que notre cerveau est biologiquement entraîné à associer les vocalisations montantes à l’agressivité, celles descendantes à la soumission, et que l’utilisation des sons par l’humanité puis les musiciens se base sur cette origine très lointaine.</p>
<p>De loin l’article le plus important : la <strong>mort subite du nourrisson</strong>. Depuis que les enfants sont à nouveau couchés sur le dos les décès sont chuté. Les causes de ces tragédies mal expliquées seraient à la fois environnementales et génétiques, cardiaques et nerveuses (notamment parce qu’à la période la plus dangereuse, entre un et six mois, un bébé perd sa capacité innée de respirer par la bouche en cas de problème nasal, et doit la réapprendre !). <br />Si les parents ne fument pas, ne sont pas des toxicomanes, que bébé n’est pas enrhumé, pas trop stressé (il y aurait moins de décès à la crèche en France qu’aux Pays-Bas grâce à la période d’adaptation préalable), suce une tétine, a têté sa mère, voire dort dans la chambre de ses parents (pas dans leur lit !), sur un lit ferme, bref s’il a peu de chance de commencer à s’étouffer sans se réveiller, alors on divise encore le risque.</p>
<p>Un article inattendu concerne une région que j’ai un peu connue : <strong>les puits creusés au néolithique</strong> (très précisément l’hiver 5098-97 avant notre ère pour l’un !) dans la région de Leipzig. Les charpentiers locaux savaient déjà faire des mortaises. Le plus étonnant en fin d’article : de ce qu’on peut déduire des bâtisses de l’époque, elles utilisaient déjà le même modèle que certaines encore bâties au XXè siècle…<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Les minuscules <strong>nanobactéries</strong>, du genre de celles qu’on a cru détecter sur une météorite martienne en 1996, que l’on retrouve jusque dans l’organisme humain, et trop petites (moins qu’un virus) pour être vivantes, ne sont que des cristallisations un peu étonnantes de phosphate et de calcium au sein d’un milieu plein de protéines. Déception… à moins que ce ne soit une piste sur la méthode qui a fait apparaître la vie autrefois ?</p>
<p>Un article chante les louanges de <strong>Bernard Palissy</strong>, le prototype même du monomaniaque qui brûlait son parquet pour faire cuire ses fameux émaux, et était en fait un des précurseurs de la méthode scientifique (la pratique plutôt que la théorie issue de livres antiques). Devenu riche, il est mort à la Bastille, victime des Guerres de Religion…</p>
<p>La chronique de Delahaye traite de <strong>la division équitable de parts de pizzas</strong> quand le centre est mal défini. Le type même d’article caricaturellement mathématique : une question concrète au départ, un délire total à l’arrivée. (Je ne pense pas que cela serve beaucoup chez Pizza Hut, mais peut-être qu’en 2234 un thésard utilisera ces théorèmes pour un point final à une théorie de l’espace-temps qui nous permettra de dépasser le mur de la lumière, allez savoir…)</p>
<p>52 tableaux représentent <strong>la Cène, de l’an Mil à Dali</strong> : la quantité moyenne de mets sur la table ne cesse d’augmenter au fil du temps, sans doute parce qu’en moyenne l’alimentation humaine s’est améliorée. La quantité de vin a plafonné au XVIè siècle par contre.</p>
<p>Pourquoi un <strong>magnet</strong> (celui que l’on colle sur un frigo) ne colle-t-il que d’un côté quand un aimant a deux pôles ? Il y a deux pages dessus.</p>
<p>Enfin, les fanatiques de <strong>bowling</strong> aimeront l’article sur les machines ramasseuses automatiques de quilles.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai depuis peu appris que les fonds océaniques ont tous été renouvelés depuis au plus 180 millions d’années par le jeu de la tectonique des plaques. Ce n’est pas le cas pour les continents (heureusement pour les paléontologues) mais rien d’antérieur aux dinosaures ne pourra être trouvé sur le fond des océans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mon grand-père, né en 1921, dit souvent que les choses ont plus changé au XXè siècle que pendant toute la période précédente. Effectivement.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/608Livres en stock et en coursurn:md5:05fc233a4f4e8642e7097ee76bfd6d812010-04-17T19:48:00+02:002015-06-08T14:26:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanticonsumérismeapocalypseastronomiecataclysmecatastrophechiffrescommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologieentropiegalaxiesgravitationhard sciencelivres luslyrismemèmemémoiremétainformationouverture d’espritpanspermieperspectivepessimismeprise de têtepsychologieréalitéréseausciencescience-fictionsimulationspace operaspéculationtranscendanceuniversvirtueléonsévolution<p>Faute de temps pour lire et chroniquer ici et quand même pondre un billet, histoire que mon lectorat ne m’oublie pas, je vais causer de mes trois derniers achats.</p> <ul>
<li><em>Visual and Statistical Thinking: Displays of Evidence for Making Decisions</em> de Edward R. Tufte (<a href="http://www.soc.washington.edu/users/bpettit/soc506/tufte.pdf" hreflang="en">PDF</a>) : pas cher, et il me manque toujours un arrière-plan théorique sur la représentation de données que je fais souvent au boulot (non que Business Objects aille bien loin dans le domaine mais bon...). Il y a un bout sur les célèbres statistiques du choléra de Londres au XIXè qui ont permis de repérer le rôle des fontaines publiques, et sur les différentes manières de présenter les mêmes bilans.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.eyrolles.com/Sciences/Livre/voyages-dans-le-futur-9782746504257">Voyages dans le futur</a></em> de Nicolas Prantzos : aussi épais que le précédent était fin. Ça cause du paradoxe de Fermi et d’astroingénierie, le genre de chose archi-éthérée qu’il me faut pour sortir de mon quotidien terre-à-terre surmené. (<strong>Ajout postérieur</strong> : C’est lu, à chroniquer prochainement. (<strong>Ajout de 2015</strong> : À relire avant de faire la chronique :-) )</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.debatpublic.net/2008/01/04/petit-cours-dautodefense-intellectuelle/">Petit cours d’autodéfense intellectuelle</a></em> de Normand Baillargeon : maintes fois conseilllé, ça peut pas faire de mal, et ça permettra peut-être d’éviter de tomber dans un ou deux pièges intellectuels ou publicitaires.</li>
</ul>
<p>Sur la table de nuit actuellement (ou plutôt à son pied vu le format) : <em><a href="http://www.decitre.fr/livres/Atlas-du-monde-prehistorique.aspx/9782035051677">Atlas de la préhistoire</a></em> de Douglas Palmer. Bien détaillé, y compris sur l’ère pré-dinosaures. Je conseille à ceux que les mots compliqués ne gênent pas.</p>
<p>Interrompu : <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Accelerando_(novel)" hreflang="en">Accelerando</a></em> de <a href="http://www.accelerando.org/" hreflang="en">Charles Stross</a>. SF de haute voltige, j’adore, une idée par chapitre. Il m’est tombé des mains parce que dans mon état actuel de déficit de sommeil aussi affolant que celui budgétaire des Grecs, et de saturation cérébrale suite à la saturation permanente de ce qui me reste de capacités mentales pour de frustrantes banalités, je suis incapable de lire un texte exigeant en langue étrangère le soir. Or <em>Accelerando</em> est typiquement le livre à ne pas lâcher faute d’oublier des pans entiers de l’histoire d’une fois sur l’autre (surtout avec ma mémoire de poisson rouge actuelle). On verra pendant les vacances. <br />(<strong>Ajout d’octobre</strong> : <a href="http://wiesmann.codiferes.net/wordpress/?p=8335&lang=en" hreflang="en">Thias en parle sur son blog</a>.)</p>
<p>Avec du bol, j'aurais lu ça avant Noël 2011… (<strong>Ajout post-Noël</strong> : Deux sur cinq seulement…)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Livres-en-stock-et-en-cours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/605Remarques diverses pour dire quelque chose faute de temps de faire des billets décemment rédigésurn:md5:7effa81710973e55dffc4b768d8ff3bb2010-02-24T21:42:00+01:002010-10-17T18:24:05+02:00ChristopheInclassable & inclasséalsacienargentbesoinclimatcomplexitéconquête de l’inutileDebianinformatiquemathématiquespollutionpériméscienceécologieénergie<p>Allez, un petit billet-plein-de-trucs-en-vrac pour rappeler que j’existe encore à tous ceux qui n’ont pas quitté la blogosphère pour la tweetsphère, <del>Myspace</del> (ah non ça c’est <em>has been</em>), Facebouk et autres machins à la mode.</p> <ul>
<li>Le bébé va bien, merci.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://thedailywtf.com/Articles/Testing-the-Path-to-Pain.aspx" hreflang="en">Tester le chemin de la douleur</a></em> fera hurler n’importe quel informaticien, et rappellera sans doute des horreurs (pas forcément aussi extrêmes) à quiconque a déjà sous-traité en Inde (merci <a href="http://blog.pwkf.org/">Steve</a>).<br />Le <em><a href="http://thedailywtf.com/" hreflang="en">Daily WTF</a></em> (<em>Daily What-The-Fuck</em>) est une mine inépuisable de rire (jaune).</li>
</ul>
<ul>
<li>Si quelqu’un a un avis à me donner sur une marque de chaudière à granulés de bois (<em>pellets</em>), je suis preneur. J’en suis aux devis (chers !) et à la bibliographie web (pour le temps que je peux y consacrer...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Fondamental pour tout scientifique, et pour les autres encore plus : <a href="http://pifometrie.indriya.org/">Grandeurs et unités - Système d'unités pifométriques</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>D’excellentes remarques sur comment concevoir des icônes (assez stylisées mais pas trop) : <em><a href="http://ignorethecode.net/blog/2010/01/21/realism_in_ui_design/" hreflang="en">Realism in UI Design</a></em>. Une image doit se résumer au concept stylisé (pas trop) ; une image trop photoréaliste perd le sens général et provoque l’incompréhension.</li>
</ul>
<ul>
<li>Prise de tête : <a href="http://van.der.waals.free.fr/dotclear/index.php?post/2010/01/11/Est-il-plus-écologique-d-écouter-la-musique-sur-un-CD-ou-en-mp3#rev-pnote-73-5">Est-il plus écologique d'écouter la musique sur un CD ou en fichier numérique ?</a>.<br />J’aurais des dizaines de contre-remarques à ajouter dans les commentaires mais j’ai pas le temps. En gros, le côté pratique (notamment point de vue pérennité du format, des sauvegardes...) primera toujours, et si je veux réduire mon impact écologique il y a plus urgent (comme virer cette chaudière au fioul, reporter encore le changement de la télé, rouler moins).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.odebian.org/">Projet Odebian</a> pour avoir son système crypté via Tor sur une clé USB. Le début du cryptage généralisé des communications en réactions à l’espionnite aigüe de nos dirigeants ?</li>
</ul>
<ul>
<li>P*tain, enfin la fin de l’hiver ! Voir cette cuve de fioul puante se vider et se convertir en gaz à effet de serre me rendait malade chaque fois que je passais devant.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Remarques-diverses-pour-dire-quelque-chose-faute-de-temps-de-faire-des-billets-d%C3%A9cemment-r%C3%A9dig%C3%A9s#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/600« Les exoplanètes » : Dossier Pour la Science de septembre 2009urn:md5:57c3a7803a8894f1bf8f0e05685b886a2009-09-27T00:00:00+02:002010-10-17T16:38:57+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanalogieastronomieauto-organisationcataclysmechaoscomplexitéconquête spatialecosmologiedétectiondéterminismegigantismegravitationhard scienceJupiterMarsperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationuniversémerveillement<p>Franchement ça devient une manie chez les éditeurs de <em>Pour la Science</em> : encore un titre destiné à allécher le lecteur, qui ne décrit pas complètement le contenu. La moitié du dossier concerne plus notre propre système solaire que les quelques centaines de planètes déjà connues autour d’autres étoiles.</p> <p>Évidemment, l’observation des autres systèmes solaires depuis une quinzaine d’années nous en apprend beaucoup par contraste sur le nôtre. Naïvement, les scientifiques s’étaient toujours attendu à découvrir des planètes plus ou moins homologues à celles de notre système (des rocheuses proches de l’étoile et des géantes gazeuses au loin), mais le bestiaire s’est révélé bien plus varié que prévu, notamment avec toutes ces planètes géantes orbitant extrêmement près de leur étoile.</p>
<p>En conséquence, la remise en cause des modèles anciens de formation planétaire (les plus anciens remontent à Laplace) jette une nouvelle lumière sur l’origine de notre système solaire. Des constantes se dégagent tout de même, comme une planète géante juste au-delà de la « limite des glaces » de fusion de certains gaz, justement là où se trouve Jupiter... mais les géantes migrent souvent plus près de l’étoile en fonction du gaz restant. Le destin d’une planète relève quasiment de la mécanique des fluides.</p>
<p>Notre existence ne semble guère tenir qu’à un hasard monstrueux sur la densité exacte du nuage primordial : une autre valeur aurait pu voir dériver Jupiter beaucoup plus près du Soleil au final. À l’inverse, les collisions entre planètes rocheuses primitives deviennent quasiment inéluctables, ce qui rend <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/la-taille-de-la-lune-est-elle-une-coincidence">le hasard de la taille énorme de la Lune moins improbable</a>.</p>
<p>En effet, les systèmes planétaires semblent tous « pleins » : toute planète supplémentaire générerait un beau bazar qui se solderaient par une collision ou l’éjection d’une autre planète. À l’inverse, la création des planètes n’a pas été qu’une agglomération de poussières, mais aussi un véritable billard : elles doivent être des milliards à avoir été éjectées de leur système solaire naissant par plus grosses qu’elles, et à errer dans l’espace interstellaire (hum, une idée pour un roman de science-fiction ?), de la même manière que la Terre, Neptune ou Jupiter « nettoient » encore leur orbite. (C’est d’ailleurs pour cela que Pluton n’est plus officiellement une planète : elle n’a pas purgé son orbite de la concurrence ; au contraire la ceinture de Kuiper, et le nuage d’Oort, sont peuplés de ces planétoïdes éjectés par les autres planètes.)</p>
<p>D’ailleurs Newton, Poincaré comme bien d’autres s’étaient penché sur le thème de la stabilité du Système solaire. <a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/Laskar.html">Jacques Laskar</a> avait calculé il y a un bout de temps que le chaos y avait sa place, et qu’<a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/jxl_collision.html (voir la superbe animation des impacts Terre-Vénus et Terre-Mars)" hreflang="en">un impact entre les planètes telluriques n’était pas totalement exclu à l’échelle des milliards d’années</a>.</p>
<p>Les astronomes recherchent évidemment des traces de vie sur les exoplanètes. Pour le moment, les instruments disponibles ne permettent pas de détecter l’équivalent lointain de notre terre et d’y rechercher par spectroscopie une signature biologique. Et sur la masse des planètes détectées, bien peu orbitent dans la « zone habitable » de leur étoile.</p>
<p>Ce dossier est tout de même l’occasion de refaire un tour parmi la diversité des planètes et satellites du système solaire, de fouiller leur structure interne, de se pencher sur les hôtes les plus modestes, ces astéroïdes à l’histoire mouvementée et mal connue, de deviner la frontière de notre système, cette héliopause que les sondes <em>Voyager</em> viennent de franchir.</p>
<p>J’ai appris que cette diversité parmi les satellites était ignorée jusqu’au passage des sondes <em>Voyager</em> dans les années 79 à 89. Jusque là il était naturel de penser que Io, Europe, Ganymède... ressemblaient à notre vieille Lune pelée. La nature a toujours plus d’imagination que nous, et les exoplanètes promettent sans doute de belles surprises à chaque amélioration des techniques de détection.</p>
<p><strong>Ajout du lendemain</strong> : Et justement, dans le <em>Pour la Science</em> de septembre, un article sur les atmosphères des planètes décrit l’influence que leur disparition progressive peut jouer. Et cette évaporation peut être lente comme chez nous, ou accélérée par la chaleur ou les impacts d’astéroïdes. Un facteur de plus à prendre en compte dans la vie d’une planète.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-exoplan%C3%A8tes-Dossier-Pour-la-Science-de-septembre-2009#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/589“The electric telegraph made possible - indeed, inevitable - the United States of America.”urn:md5:75d7f49f877b5f6c5d6f82bedd5b1a8b2009-09-08T00:00:00+02:002011-06-03T21:44:40+02:00ChristopheCitationsAmériqueauto-organisationcitationcivilisationcommunicationconquête spatialedéveloppementguerregéographiegéopolitiquehistoiremèmenationalismeoptimismeorganisationperspectivepessimismepolitiquesciencescience-fictionsolidaritéÉtats-Unisévolution <blockquote><p>“<em>A hundred years ago, the electric telegraph made possible — indeed, inevitable — the United States of America. The communications satellite will make equally inevitable a United Nations of Earth; let us hope that the transition period will not be equally bloody.</em>”<br /><br />« Il y a cent ans, le télégraphe électrique a rendu possibles — en fait, inévitables — les États Unis d'Amérique. Les satellites de télécommunication rendront aussi inévitables les Nations Unies de la Terre ; espérons que la période de transition ne sera pas aussi sanglante. »<br /> <br />Arthur C. Clarke, <em>First On The Moon</em>, épilogue (1970)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-electric-telegraph-made-possible-indeed%2C-inevitable-the-United-States-of-America#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/575« Petit traité de l’imposture scientifique » d’Aleksandra Krohurn:md5:b6cf628183ce8ae4b254d876d1ee166f2009-06-26T00:00:00+02:002012-01-04T21:13:27+01:00ChristopheScience et conscienceanthropieanthropomorphismeauto-organisationBiblebon senschristianismecivilisationcommunismecomplexitécynismeDieudiscriminationdommagedysfonctionnementdéterminismeenseignementexpertiseextraterrestresfoutage de gueuleGuerre Froideguerre saintehistoireincohérenceintelligencelivres luslobbysmanipulationmèmeouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprovocationreligionRussieréalitésabotagesciencescience-fictionthéologiethéorietotalitarismetranscendanceuniverséducationÉtats-Unisévolution<p>Les titres des dernies livres de <em>Pour la Science</em> sont accrocheurs mais parfois un peu trompeur. Il y avait déjà le cas de (l’excellent) <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-Sébastien-Steyer-et-Alain-Béneteau">la Terre avant les dinosaures</a></em>, qui traitait exclusivement des tétrapodes, et ici ce <em>Petit traité de l’imposture scientifique</em> décevra tous ceux qui cherchent à casser du sucre sur le dos de la science officielle. C’est peut-être le but d’ailleurs :-)</p> <p>Le livre vise plutôt à dénoncer tous ceux qui, sous couvert de science justement, sortent des inepties plus ou moins criminelles, plus ou moins sincères. Sur les pages flotte l’esprit du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>, grand pédagogue de l’évolution et grand pourfendeur de racistes et créationistes en tout genre. Mais le titre est encore une fois trompeur car il n’y a rien d’un « traité », on se limitera à un aperçu historique de quelques cas plus ou moins connus.</p>
<p><img src="http://www.editions-belin.com/e_img/boutique/full/004624.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Sont abordés plus ou moins succintement :</p>
<h3>Les canulars</h3>
<p>« Forme bénigne », les canulars touchent tous les domaines. Les plus connus sont l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Piltdown">homme de Piltdown</a> ou certains témoignages d’OVNI (dont un, français, exemplaire). J’ai adoré le canular d’Alain Sokal (développé dans <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html#impostures_intellectuelles">Impostures intellectuelles</a>, j’en parlerai ici).</p>
<h3>La mémoire de l’eau</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Benveniste">Jacques Benveniste</a>, loin d’être un original, a déclenché une tempête avec sa « mémoire de l’eau », que quasiment personne n’a pu reproduire et qui flanque en l’air les bases de la chimie, mais fut soutenu par toute l’industrie homéopathique (l’article Wikipédia sur le sujet est un modèle de schizophrénie.) L’homéopathie aurait d’ailleurs mérité un chapitre dans le livre...</p>
<p>Benveniste n’a jamais été accusé de fraude, au pire de faire n’importe quoi. Son cas est exemplaire par l’impact médiatique (<em>le Monde</em>, rien que ça, et je me souviens des tempêtes dans <em>Science & Vie</em>...).</p>
<h3>OVNI</h3>
<p>La mode des « soucoupes volantes » a duré de l’immédiat après-guerre à la fin du XXè siècle, parasitée par canulars et fraudes, interprétation sélective, phénomènes étonnants mais naturels mal interprétés, un ras-le-bol des scientifiques d’être assaillis de témoignages bidons, une méfiance envers les autorités de la part des «croyants », le tout sur fond de paranoïa en temps de guerre froide. Aleksandra Kroh dépeint, entre autres, l’histoire des commissions militaires ou civiles chargées de faire la lumière sur ces affaires, fatalement sans convaincre personne.</p>
<h3>Lyssenko</h3>
<p>C’est là le plus énorme et catastrophique exemple de charlatanisme scientifique.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lyssenko">Trofim Lyssenko</a>, petit technicien agricole ukrainien, réussit à se hisser au sommet de la hiérarchie scientifique de l’URSS stalinienne par son astuce, ses « découvertes » toujours affirmées avec enthousiasme, mais jamais vérifiées, son talent oratoire, et sa capacité à deviner les attentes d’un Staline qui sera son soutien principal. Perte collatérale : l’agriculture soviétique, gérée en dépit du bon sens pendant des décennies, et la génétique de tout le bloc de l’Est — pendant qu’elle se développait massivement à l’ouest.</p>
<p>Comment un arriviste a-t-il pu si longtemps abuser un pays entier ? Pour Kroh, la réponse n’est pas qu’idéologique : la vue à très court terme des fonctionnaires de l’époque, assez désespérés par la situation catastrophique de l’agriculture soviétique pour croire le premier charlatan venu, et ce « règne des médiocres » typique des régimes totalitaires, sont la cause principale, et non un réel souci d’établir une « science prolétarienne ». La « logique » interne du stalinisme a fait le reste.</p>
<h3>La supériorité blanche</h3>
<p>L’apothéose des théories racistes s’incarne évidemment dans les délires du Ⅲè Reich. Cependant, bien longtemps avant, il était « évident » qu’il y avait plusieurs races humaines, et que la race blanche était « évidemment » supérieure. Selon l’époque et le milieu, on justifiait ainsi l’esclavagisme ou un simple paternalisme colonial.</p>
<p>Plus d’un scientifique a tenté de trouver une base réelle à la supériorité blanche, sans succès à chaque fois que le travail était fait sérieusement, sans sélection préalable ou postérieure des données. La génétique actuelle a sonné le glas définitif (en sciences...) du racisme en permettant, certes, de discerner des provenances géographiques mais en dévoilant l’énorme diversité génétique à l’intérieur de chaque groupe, et des indices sur nos ancêtres communs —bien trop proches et peu nombreux pour que toute différentiation sérieuse ait pu avoir lieu, sans compter les métissages réguliers.</p>
<p>La fin du chapitre relève quelques survivances racistes dans notre civilisation : le <a href="http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html">discours de Dakar</a> de Sarkozy (vers le milieu : « <em>Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire</em> » et la suite immédiate), ou les élucubrations de Watson (nouveau rappel que les Nobel ne sont pas toujours les derniers à dire des sottises).</p>
<h3>Le créationisme</h3>
<p>Les pages sur Darwin montrent bien la vitalité et disparité du monde créationiste, qui rejette le darwinisme, l’évolution, la sélection naturelle. Il y a un monde entre le rejet viscéral de fondamentalistes américains financièrement puissants, celui du clergé polonais qui même rejette les avis de Jean-Paul Ⅱ sur l’évolution (« <em>plus qu’une hypothèse</em> »), ou celui de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/William_Jennings_Bryan" hreflang="en">William J. Bryan</a> (un politicien américain du début du siècle, plutôt de gauche mais fondamentaliste, incapable de concilier d’une part la morale et le progrès, et d’autre part l’impitoyable lutte pour la survie et ses implications sociales effroyables — ses craintes sur ce point étaient fondées !), ou le « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">dessein intelligent</a> ».</p>
<p>Ce dernier, qui se veut une version « scientifiquement correcte » ne va pas jusqu’à nier l’âge canonique de la Terre ni même la modification graduelle des espèces, mais (et ça me rappelle le « Dieu des manques », explication bouche-trous aux manques de la science, et fatalement destiné à se réduire au fur et à mesure que celle-ci progresse) voit dans certaines choses « irréductiblement complexes » la main d’une intervention extérieure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#pnote-577-1" id="rev-pnote-577-1">1</a>]</sup>. Le piège <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Finalisme">finaliste</a> est sournois et courant (et, justement, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/">la Terre avant les dinosaures</a></em> montre bien qu’il n’y a aucune finalité dans la transition poisson/reptiles).</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_du_singe">procès du singe</a> est évidemment traité, ainsi que l’état désastreux de la culture américaine, polonaise ou turque dans le domaine de l’évolution. La montée d’un créationisme islamique est inquiétant même s’il touche peu les scientifiques locaux.</p>
<h3>Bilan</h3>
<p>Ce livre prêche plutôt à un public convaincu d’avance. Je lui reprocherais de ne pas s’étendre sur les critères qui font de la <em>bonne</em> science : reproductibilité, publication et avis des pairs, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutabilité</a> à la Popper, non-pertinence des anecdotes personnelles, règles statistiques contre-intuitives... ou les écueils à éviter : tour d’ivoire, consensus d’un petit cercle, parasites socio-économiques, modes... que les fanatiques de telle ou telle théorie rejetée brandissent un peu trop vite.</p>
<p>La possibilité d’une cohabitation paisible de la science et de la religion est par contre bien évoquée (référence à la doctrine <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Non-Overlapping_Magisteria" hreflang="en">NOMA</a> de non-empiètement de Gould).</p>
<p>Auraient mérité d’être abordés : les charlatanismes du genre de l’astrologie, les médecines douces plus ou moins délirantes, homéopathie en tête, tout ce qui tourne autour des manipulations motivées par des soucis financiers ou <em>marketing</em> (lobby pharmacie, lobby pétrolier anti-réchauffement climatique), ou la fraude délibérée venant des scientifiques eux-mêmes.</p>
<p>Bref : malgré tout, si vous ne connaissez pas déjà à fond les sujets ci-dessus, ce <em>Petit traité</em> sera une saine lecture, plus historique que fondamentale, juste un peu frustrante par le manque de profondeur.</p>
<p><a href="http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-petit-traite-de-l-imposture-scientifique-12486.php">Présentation sur le site web de l’éditeur</a><br />
<a href="http://charlatans.info/news/spip.php?article156">Avis sur charlatans.info</a><br />
<a href="http://scepticismescientifique.blogspot.com/2009/04/notes-de-lectures-9-petit-traite-de.html">Avis critique sur le blog scepticismescientifique</a>, avec des réserves sur le manque d’explication sur <em>pourquoi</em> certaines affirmations ne sont pas scientifiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#rev-pnote-577-1" id="pnote-577-1">1</a>] <em>Qu’on ose avancer cette explication, qui implique l’existence d’une entité </em>encore plus complexe<em>, me fascine.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/577Les marges des déserts, berceaux des civilisationsurn:md5:f3bcdc86b231032268e0de808418bd012009-01-01T12:14:00+01:002009-04-13T10:40:06+02:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcatastrophecivilisationclimatcomplexitéeaueffet de serreEmpire romainEuropeexaptationGrandes InvasionshistoireMoyen Âgeoptimismeparadoxesciencesociétés primitivestempsthéorietravailténacitéécologieéconomieéonsévolution<p>Une révé­la­tion sur la simul­ta­néité de l’appa­ri­tion de l’agri­cul­ture et de la civi­li­sa­tion dans les dif­fé­ren­tes par­ties du monde.</p> <h3>Simul­ta­néité du génie humain</h3>
<p>La révé­la­tion m’est venue grâce à un arti­cle du der­nier <em>Pour la Science</em> (n°375 de jan­vier 2009) : <em>Les mar­ges de désert, ber­ceaux des civi­li­sa­tions</em> de Bern­hard Eitel.</p>
<p>Jusqu’ici je m’étais tou­jours demandé com­ment il se fai­sait que les dif­fé­ren­tes civi­li­sa­tions humai­nes aient évo­lué sépa­ré­ment jusqu’à des sta­des pas trop dif­fé­rents les unes des autres, alors que l’huma­nité (<em>Homo sapiens</em>) a pres­que 200 000 ans au comp­teur. Cer­tes, au début, elle fut long­temps con­cen­trée en Afri­que<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#pnote-504-1" id="rev-pnote-504-1">1</a>]</sup>. Mais l’agri­cul­ture, l’écri­ture sont appa­rues en fait très récem­ment (je trouve des dates dif­fé­ren­tes sur le web, mais on tourne autour de 10 000 av. J.-C.). Un peu avant (-16 000), les chas­seurs déco­raient Las­caux.</p>
<p>Et atten­tion, on ne parle pas d’une décou­verte qui a donné un tel avan­tage à ses décou­vreurs qu’ils se sont répan­dus par­tout sur la pla­nète : l’agri­cul­ture a été décou­verte plu­sieurs fois, et l’écri­ture aussi. Si en Europe tout cela est bien de l’impor­ta­tion (il a même fallu pas mal de siè­cle depuis l’Ana­to­lie jusqu’à l’Atlan­ti­que), les Amé­ri­ques ont évo­lué indé­pen­dam­ment. Et mayas, aztè­ques, incas… con­nais­saient agri­cul­ture et écri­ture. Même si leurs civi­li­sa­tions ont été balayées par les Euro­péens, ces peu­ples n’avaient au plus « que » quel­ques siè­cles de retard sur l’Eura­sie. C’est un petit écart sur de tel­les durées.</p>
<p>Sans avoir trop réflé­chi à la ques­tion, je ne voyais que trois pos­si­bi­li­tés :</p>
<ul>
<li>une com­mu­ni­ca­tion entre les dif­fé­rents grou­pes : très dou­teux à l’échelle de plu­sieurs con­ti­nents, du moins avant l’inven­tion de la « civi­li­sa­tion », et cette com­mu­ni­ca­tion se fai­sait plu­tôt par migra­tion lente comme le néo­li­thi­que en Europe ;</li>
<li>une sorte de « fata­lisme », un groupe humain suf­fi­sam­ment impor­tant décou­vrant fata­le­ment l’agri­cul­ture au bout de tant d’années maxi­mum, et la masse cri­ti­que a été atteinte à peu près simul­ta­né­ment à plu­sieurs endroits à la fois car il y avait de nom­breux endroits où cela était pos­si­ble, et les pre­miers ont « étouffé » les autres ;</li>
<li>une cause exté­rieure glo­bale qui menait à l’agri­cul­ture et/ou la séden­ta­ri­sa­tion (laquelle est appa­rue la pre­mière ?), puis en cas­cade à l’explo­sion démo­gra­phi­que, les socié­tés, les États, etc. Mais quelle serait cette cause ?!?</li>
</ul>
<h3>La cause cli­ma­ti­que à dou­ble détente</h3>
<p>Selon l’arti­cle, c’est lumi­neux. La rai­son est cli­ma­ti­que : d’une part le réchauf­fe­ment de la pla­nète mar­que le pas après la fin de la gla­cia­tion ; d’autre part et assez con­tre-intui­ti­ve­ment, ce réchauf­fe­ment aug­mente la plu­vio­mé­trie dans les déserts.</p>
<ul>
<li>Nos ancê­tres se répan­dent un peu par­tout pen­dant les diver­ses gla­cia­tions et pério­des inter­gla­ciai­res jus­que la fin de la der­nière vers -18 000.</li>
<li>Il y a 8000 ans le cli­mat est devenu très clé­ment pour les chas­seurs-cueilleurs, et les déserts ont qua­si­ment dis­paru : le Sahara notam­ment est deve­nue une savane pleine de gibiers, sans qu’y sévis­sent les mala­dies tro­pi­ca­les. Eitel sug­gère que l’accrois­se­ment démo­gra­phi­que con­sé­quent y est la cause de l’inven­tion de l’éle­vage.</li>
<li>Après cette période de réchauf­fe­ment un léger refroi­dis­se­ment pro­vo­que un nou­veau dés­sè­che­ment des déserts. Les popu­la­tions, pié­gées, se réfu­gient dans les oasis - par exem­ple la plus grosse d’entre elles, le Nil ! Popu­la­tion impor­tante et néces­sité de s’adap­ter mènent à l’agri­cul­ture, l’irri­ga­tion, des sur­plus, du com­merce, des guer­res, une orga­ni­sa­tion crois­sante, des royau­mes, bref la société. Eitel note que ces royau­mes appa­rais­sent d’abord dans les endroits les plus secs et dif­fi­ci­les au bord du Nil, au sud !<br />Le phé­no­mène se repro­duit à d’autres endroits, notam­ment le Crois­sant fer­tile (au bord d’un désert et près de grands fleu­ves). Eitel détaille l’exem­ple récem­ment décou­vert du sud du Pérou : le désert de l’Ata­cama devenu humide est colo­nisé (plus tard qu’en Afri­que), puis s’assè­che et la popu­la­tion se regroupe dans des oasis flu­via­les. La den­sité de popu­la­tion a le même effet qu’ailleurs : séden­ta­ri­sa­tion, éle­vage, céra­mi­que, société, etc. <br />Un regret : l’arti­cle ne détaille pas l’évo­lu­tion dans les autres grands cen­tres de civi­li­sa­tion qui nais­sent à la même épo­que : la Chine, l’Indus, le Niger (même si ces deux der­niers sont là aussi des fleu­ves au bord d’un désert).</li>
</ul>
<h3>Pers­pec­tive</h3>
<p>Bref : expan­sion démo­gra­phi­que due à un cli­mat clé­ment, re-déser­ti­fi­ca­tion, con­cen­tra­tion, et inven­tion donc pres­que simul­ta­née de la civi­li­sa­tion à divers endroits.</p>
<p>Nous dépen­dons du cli­mat, ce n’est pas nou­veau. En marge de l’arti­cle, une courbe mon­tre que, plus récem­ment, celui-ci a joué un rôle : des opti­mums cli­ma­ti­ques ont vu l’apo­théose romaine ou l’expan­sion du Moyen Âge (entre l’An Mil et la Peste Noire, la popu­la­tion fran­çaise a plus que dou­blé !), et un refroi­dis­se­ment a mar­qué l’effon­dre­ment de l’Empire romain.</p>
<p>La ques­tion se pose quant à savoir si nous serons capa­bles de <em>nous</em> adap­ter au chan­ge­ment cli­ma­ti­que accé­léré actuel. Savoir qu’une période chaude n’est pas for­cé­ment syno­nyme de déser­ti­fi­ca­tion géné­rale redonne de l’espoir, encore ne fau­drait-il pas déboi­ser ni faire mon­ter le ther­mo­mè­tre trop haut trop vite…</p>
<p>Une leçon de morale pour finir : la « civi­li­sa­tion » (agri­cul­ture, société…) n’a pas été inven­tée par les peu­ples situés aux endroits les plus favo­ra­bles, mais par ceux qui, accu­lés par leur nom­bre et la raré­fac­tion des res­sour­ces, ont dû évo­luer pour ne pas dis­pa­raî­tre. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » et « c’est au pied du mur qu’on apprend à grim­per. »</p>
<p><strong>PS</strong> : Bonne année ! L’année 2009 pourra dif­fi­ci­le­ment déce­voir, ce sera son bon côté.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#rev-pnote-504-1" id="pnote-504-1">1</a>] <em>À moins que la théo­rie de l’évo­lu­tion simul­ta­née d’</em>Homo erec­tus<em> en </em>Homo sapiens<em> sur tous les con­ti­nents à la fois soit la bonne, mais j’ai cru com­pren­dre qu’elle était en perte de vitesse.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/504Le bug solaire qui nous pend au nezurn:md5:916b21120b5d6269d00e7efb791673e92008-11-28T00:00:00+01:002011-06-02T13:36:08+02:00ChristopheBug de l’An 2000 et d'autres tempsastronomiebugcatastropheconquête spatialedommagedysfonctionnementinformatiquepessimismeréseausaturationsciencesécurité<p>Le plus gros danger pour toute notre infrastructure électrique et électronique vient du ciel. Les dégâts sont déjà sérieux et bien pire pourrait nous tomber à brève échéance.</p> <p>(<em>Ceci est un résumé d’un article du dernier </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008">Pour la Science</a><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008"> n°374 de décembre 2008, dont j’ai parlé il y a peu</a>. Achetez-le. </em>)</p>
<p>En 1859, la plus grosse tempête solaire connue a frappé la Terre. À l’époque, rien de plus complexe que le télégraphe n’existait mais celui-ci a été bloqué par les courants induits. Au même moment, les aurores boréales, dues à des ceintures de Van Allen totalement désagrégées, éclairaient les nuits de Panama ou Cuba.</p>
<p>À présent on sait que ce genre de tempête est provoquée par une énorme éjection de masse coronale (de la matière solaire) qui écrase totalement la magnétosphère terrestre. Le plasme en lui-même n’est pas le plus dangereux, les moments les plus intéressants se situent lors de la reconnexion des lignes de champs (courants induits).</p>
<p>Ce genre de catastrophe nous pend au nez à court ou moyen terme. Régulièrement nous arrivent dessus des tempêtes solaires de moindre importance qui ont déjà fait quelques dégâts.</p>
<h3>Réseau par terre</h3>
<p>Aux pires moments, les courants induits de l’ionosphère se propagent dans le sol : la terre n’est plus neutre ! Et ce, à l’échelle d’un pays ou d’un continent... Par exemple, <a href="http://www.agu.org/sci_soc/eiskappenman.html" hreflang="en">les réseaux électriques canadiens avaient déjà sauté en mars 1989 pour une cause similaire</a>. Pour une fois, ce serait les pays riches (plus près des pôles) qui seraient les plus menacés, un <em>remake</em> de 1859 plongeant dans le noir des continents entiers, et nécessitant des mois de réparation.</p>
<h3>Satellite grillé</h3>
<p>Il n’y aurait pas que les électriciens à devoir prendre des précautions. En vingt ans, nous sommes devenus monstrueusement plus dépendants des satellites (les premiers exposés, hors de l’atmosphère protectrice).</p>
<p>D’après l’article, il « suffirait » de mettre les satellites sous surveillance. Leur conception prévoit déjà des situations de ce genre et on assisterait « simplement » à un vieillissement accéléré. On a aussi déjà perdu des satellites orbitant très bas, qui se sont retrouvés tout d’un coup dans la haute atmosphère chauffée par les rayons X, gonflée de plusieurs dizaines de kilomètres, et s’y sont brûlé.</p>
<p>Les assureurs des satellites connaissent la situation et les dégâts dues aux tempêtes solaires courantes se chiffrent en dizaines de millions d’euros annuels. Une grande tempête pourrait se chiffrer en dizaines de milliards.</p>
<p>Une mention pour les astronautes : leur vie ne serait pas directement menacée, ils prendraient juste en quelques heures l’équivalent d’une vie d’irradiation naturelle au sol.</p>
<h3>Ordinateur planté</h3>
<p>Les ordinateurs, à la mémoire toujours plus dense deviennent de plus en plus sensible au moindre petit rayon cosmique qui passe. L’erreur causée par la tempête solaire est estimée à une pour 256 Mo, soit déjà 16 bits inversés pour un serveur bien doté.</p>
<p>(<em>Remarque personnelle : Je ne sais pas si les barrettes de mémoire actuelles sont capables de repérer au moins l’erreur induite pour tout arrêter, ou si des données seront impitoyablement corrompues, doublant, quadruplant ou divisant par huit des comptes bancaires. <br />Même dans le cas favorable d’un simple blocage, quel sera l’impact de millions de serveurs de tous types forcés de rebooter quasi-simultanément ? D’une part il est toujours risqué de rebooter une machine qui ne l’est jamais (les fichiers de configuration sont-ils tous à jour ?) ; d’autre part l’indisponibilité simultanée de larges pans d’Internet ou des réseaux d’entreprise risque de révéler quelques palanquées de bugs bien planqués. </em>)</p>
<p>Il faudra aussi se passer de GPS pendant quelques temps : si les satellites ont tenu, leurs signaux seront perturbés et parasités. Pas un problème pour le commun des mortel qui réapprendra éventuellement à lire une carte routière, mais une petite catastrophe pour certaines applications du genre des systèmes anti-collision des avions.</p>
<h3>Peau toastée</h3>
<p>L’article mentionne que la couche d’ozone n’apprécie pas le traitement et met quelques années à retrouver son état normal.</p>
<h3>Préavis</h3>
<p>La bonne nouvelle : les astronomes, en comptant le nombre de tâches solaires, pourront avertir qui de droit de l’imminence du danger ; et lorsque la tempête se déclenchera, avec l’éjection de quelques millions de tonnes de matière solaire dans l’espace, le préavis sera de plusieurs heures, sinon jours.</p>
<p>La mauvaise nouvelle : les organismes chargés de surveiller le soleil et de communiquer aux industriels la météo solaire sont dangereusement sous-équipés (les auteurs prêchent pour leur paroisse, mais les enjeux sont effectivement énormes.)</p>
<p>Les auteurs insistent aussi plusieurs fois sur la différence que fera toute réserve de capacité électrique ou de disponibilité de satellites : ce pourrait être la différence entre un mauvais moment et un véritable effondrement. Les coupures à l’échelle presque continentales que nous avons vues ces dernières années n’encouragent pas à l’optimisme...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Le-bug-solaire-qui-nous-pend-au-nez#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/492« Pour la Science » de décembre 2008 : sauropodes qui fermentent, mer Aral qui remonte.urn:md5:2ac77f157b3697c8438b8f4268b716022008-11-26T00:00:00+01:002011-06-02T11:00:19+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationcatastropheclimatconquête de l’inutileconquête spatialedinosauresdéterminismeeauenfantsenseignementgaspillageGauloisgéologieMarsmathématiquesoptimismeperspectivesciencetourismeécologieéducationémerveillement<p>Plein de petites choses.</p> <p>Un bon numéro de ma revue non informatique préférée. Sélection-flash (<em>en italique mes commentaires purement personnels</em>) :</p>
<ul>
<li>Un article sur la <strong>réforme du lycée</strong> où la part des sciences risque de ne pas sortir grandie, pour employer un euphémisme.<br /><em>Je ne ferai aucun commentaire sur notre Éducation nationale car je ne veux pas m’énerver.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur la <strong>vision des bébés</strong> : c’est très flou les premiers mois.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Union Européenne étudie comment encadrer le <strong>tourisme médical</strong> (<em>pas forcément un mal en soi</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le meilleur article : <em><strong>Les sauropodes, géants habiles</strong></em>. <br />Les sauropodes, ce sont ces diplodocus, brachiosaures, titanosaures et autres bestioles, herbivores gigantesques, les plus pesantes créatures terrestres connues.<br />Les dernières découvertes établissent que ces animaux étaient bien terrestres et pas amphibies, à sang chaud, et nettement plus actifs que les représentations anciennes de l’imaginaire collectif.<br />Les causes du gigantisme de la famille sont floues. Fondamentalement, les sauropodes étaient de gigantesques sacs à fermentation de conifères, et plus gros le tas à fermenter dans le ventre, plus grande la chaleur et meilleure est la fermentation, ce qui encourage le gigantisme de la panse. Le reste (protection contre les prédateurs, taille utile pour atteindre les arbres) était probablement du bonus. De plus, les jeunes croissaient à une vitesse impressionnantes, ce qui en dit long sur la solidité de leurs os.<br />Me fait toujours sourire la correspondance de ces énormes animaux avec les oiseaux actuels : en l’occurence, l’article mentionne des vertèbres creuses (pour alléger le cou) et les gastrolithes (cailloux dans le gésier pour aider à la digestion).<br />La position exacte du cou reste matière à discussion, ainsi que leurs capacités cérébrales (ils étaient sociaux donc pas forcément si crétins que la tradition le dit).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article a sans doute donné à un scénariste d’Hollywood les idées pour un film-catastrophe : <strong>la tempête solaire du millénaire</strong> nous pend au nez. J’en reparlerai ici. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Le-bug-solaire-qui-nous-pend-au-nez">C’est fait !</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article sur <strong>les dunes de Mars</strong> peut intéresser du monde. <br /><em>Le plus important pour moi réside dans les réflexions sur les théories sur la formation des dunes qui ont dû être revues après confrontation avec les photos satellite des déserts martiens : quelques mesures contre la désertification sur Terre viendront-elles indirectement des enseignements des dunes martiennes ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Si vous êtes <strong>migraineux</strong>, un article vous apprendra que :</li>
</ul>
<ol>
<li>vous avez quelques centaines de millions de compagnons de souffrance, et :</li>
<li>la cause est une tare dans vos gênes.</li>
</ol>
<ul>
<li>L’autre article passionnant du numéro porte sur la <strong>Mer d’Aral</strong>, cette mer asiatique dont le niveau baisse constamment depuis des décennies à cause des plantations de coton ouzbekhs et kazakhs, et actuellement réduite à une fraction de sa surface d’autrefois. L’article relate les tentatives, notamment kazakhs, de sauver des parties de la mer ou au moins des écosystèmes parallèles. Le problème est principalement économico-humain (l’irrigation gaspille l’équivalent du débit des fleuves qui s’y jettent encore) mais la tonalité est optimiste.<br /><em><a href="http://www.dinosoria.com/mer_aral.htm">Voir aussi cette page avec quelques photos impressionnantes</a>.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Ceux que l’<strong>ordinateur quantique</strong> intéresse apprendront que des progrès ont été réalisés grâce à des chaînes d’ions. Moi j’attends de voir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cinq pages intéressantes sur l’<strong>historique de la jachère</strong>.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article mensuel de l’excellent Jean-Paul Delahaye sur la <strong>dissection articulée de polygones</strong> m’a personnellement laissé froid. À voir tout de même, <a href="http://www.cs.purdue.edu/homes/gnf/book2/Booknews2/lalanne.html" hreflang="en">l’impressionnante photo d’une application en menuiserie</a>. Une autre application possible serait l’auto-organisation des nanoparticules selon le milieu.</li>
</ul>
<ul>
<li>Maintenant je sais comment fonctionnent les <strong>chaufferettes chimiques</strong> à base d’acétate de sodium en surfusion. Ce n’est <em>pas</em> le clic du petit bout de métal qui déclenche la solidification !</li>
</ul>
<p>Pas la peine d’acheter le magazine rien que pour ce qui suit, ce sont des brèves :</p>
<ul>
<li>Un petit article sur <strong>les rayons X émis par le scotch</strong> qui se déroule !</li>
</ul>
<ul>
<li>L’hypertension est en partie liée au manque d’H2S dans le sang. Oui, c’est le gaz des boules puantes.</li>
</ul>
<ul>
<li>« La conjecture d’ergodicité quantique unique, qui prédit le comportement des systèmes chaotiques quantiques, est en partie résolue. »<br /> <em>J’en suis fort heureux.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une nouvelle méthode de prévision des tremblements de terre à base de détection de certains gaz libérés par les failles sous-marine évitera peut-être aux stambouliotes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#pnote-494-1" id="rev-pnote-494-1">1</a>]</sup> de finir en grand nombre sous leurs immeubles le jour du Big One. <br /><em>N’achetez pas dans l’immobilier local sans certitude absolue du respect des normes antisismiques de l’immeuble. Dans ce cas, la corruption tuera.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les Gaulois clouaient bien les têtes de leurs ennemis à leur maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains gènes s’expriment au hasard. <br /><em>Le déterminisme génétique pur et dur prend un nouveau coup.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#rev-pnote-494-1" id="pnote-494-1">1</a>] <em>Habitants d’Istanbul.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/494« Homo disparitus » (“The World Without Us”) d’Alan Weismanurn:md5:195abc6a98ec3bab0e66fd2540de41da2008-08-25T19:36:00+00:002011-06-01T13:34:58+00:00ChristopheTemps et transformationsautodestructioncataclysmeeffet de serreentropiegaspillageguerregéologiehistoireperspectivepessimismepollutionsciencescience-fictionspéculationécologieéonsévolution<p>Et si l’humanité disparaissait du jour au lendemain, quelles traces laisserions-nous ? Alan Weisman décrit la désintégration progressive des restes de notre civilisation. Le plus durable n’est pas le plus évident. Et on ne le devinera pas sans de gros efforts de perspective historique.</p> <p><em>Homo disparitus</em> frappe plus que le titre original (<em>Le monde sans nous</em>) mais relève du mensonge : dans le monde que décrit l’essai d’Alan Weisman, il ne reste <em>aucun</em> membre du groupe <em>homo</em>.</p>
<p>La cause possible de notre anéantissement soudain n’est pas creusée et reste en exercice au lecteur, il suffit que l’apocalypse nucléaire ne vitrifie pas la planète.</p>
<p>La disparition des traces de l’homme progresse <em>crescendo</em> : si le chapitre 2 s’étend sur la décrépitude en quelques décennies de simples maisons sous le coup des cycles gel-dégel, des spores, et d’entreprenantes racines, l’effondrement rapide d’un New York tributaire des pompes qui protègent son sous-sol suit vite. Un passage sur les masses monstrueuses de plastique non biodégradables que nous laisserons derrière nous précède un résumé assez apocalyptique de ce qui attend la ribambelle de barrages, raffineries et centrales nucléaires réparties sur la planète. Le final s’étend sur ce qui témoignera le plus longtemps de notre civilisation : des statues de bronze parfois déjà millénaires, des grottes et tunnels, les montagnes que nous avons façonnées (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Rushmore">mont Rushmore</a> ou collines décapitées pour leur charbon), les ondes et quelques sondes qui ont quitté la Terre voire le Système solaire.</p>
<p>Mais la description jouissivement morbide de la déliquescence de notre civilisation est une partie relativement maigre. La perspective historique semble plus lourde au premier abord : Weisman s’étend longtemps sur la conquête de l’Amérique par l’homme, l’écosystème de Manhattan avant la ville, les troglodytes turcs, l’histoire des engrais, celle du canal de Panama, l’effondrement de la civilisation maya, les avicides perpétrés plus ou moins volontairement par l’homme par sa seule présence, etc.</p>
<p>Cependant, ce n’est pas vain, le passé nous renseigne sur ce que sera le futur. En effet, des villages abandonnés retournés à la forêt primitive existent déjà : j’ai bien aimé le passage où un pommier au sein d’une forêt de chênes indique une ancienne habitation proche avalée par la forêt en quelques siècles ; après tant de temps il ne restera d’ailleurs de villes entières que les bouches d’incendie en fonte et des canettes d’aluminium. Nous pouvons même étudier en temps réel la déliquescence de <a href="http://www.jjkphoto.ch/photo_pripyat.htm">Pripiat</a> la radioactive ou de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Varosha_(Famagusta)" hreflang="en">Varosha</a> à Chypre, deux cités fantômes encore debout mais où le travail de sape végétal a commencé.</p>
<p>Une autre leçon du passé est la description comparée de l’action de l’homme préhistorique en Amérique (où la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mégafaune">mégafaune</a> a disparu) et en Afrique (où l’homme cohabite avec l’éléphant), obtenant des paysages très différents au final. Si le super-prédateur qu’est l’homme disparaît, le paysage changera à nouveau, même dans les contrées encore rurales. (Voir comme exemple <a href="http://www.zuneo.net/2004/06/quand-les-loups-font-pousser-les.html">la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone qui en a modifié paysage et écosystème</a>.)</p>
<p>La question de ce qui restera après nous pose immédiatement celle de ce qui est <em>déjà</em> détruit ou en voie de l’être, ou des destructions visibles que laissera notre civilisation. Un des passages les plus effrayants, car décrivant une catastrophe <em>en cours</em> concerne le plastique : il se fragmente mais les bactéries sont encore incapables de le dégrader, et ses morceaux de plus en plus minuscules finissent par étouffer des espèces de plus en plus petites. L’océan est un vaste dépotoir où flottent des millions de sacs, bouteilles... jamais dégradés.</p>
<p>Moins tragique, Weisman évoque les espèces animales qui nous regretteront : nos parasites (poux...), les cafards qui ne passeront plus d’hiver au chaud, les rats qui n’auront plus nos déchets, et devront se battre avec tous les chats redevenus sauvages...</p>
<p>Le signet fourni avec le livre contient une échelle temporelle égrenant la disparition de nos traces :</p>
<ul>
<li>2 jours après la disparition : sans stations de pompage, l’eau commence à saper New York par son métro ;</li>
<li>à 7 jours, l’arrêt de nombre de génératrices de secours dans diverses centrales et installations chimiques fait débuter les feux d’artifices nucléaires et les pollutions massives ;</li>
<li>dans les décennies qui suivent, les immeubles sans entretien ni chauffage disparaissent sous les assauts de la végétation, les mouvements du sol, les cycles gel-dégel ; les légumes et plantes que nous connaissons redeviennent sauvage ;</li>
<li>au bout de quelques siècles, les ponts les plus solides ont trop rouillé pour tenir (les plus récents et « optimisés » s’effondrent les premiers), les barrages cèdent tous, les fleuves retrouvent leur cours naturel, des deltas se remplissent ; les forêts ont effacé la présence humaine dans la plupart des endroits ;</li>
<li>les millénaires suivants éradiquent les traces visibles au-dessus du sol (notamment si les glaciations reviennent et broient tout) ;</li>
<li>après 100 000 ans, le CO2 que nous avons injecté dans l’atmosphère aura enfin été digéré par Gaïa ;</li>
<li>dans le million d’années qui suit devraient disparaître le plutonium et le plastique digéré (enfin) par les microbes ;</li>
</ul>
<p>En dernier recours, notre civilisation laissera un joli stock d’uranium 238 qui sera encore là quand la Terre disparaîtra, et pas mal de saletés genre PCB ou objets en fonte ou bronze qui se retrouveront peu à peu compressés dans des strates géologiques.</p>
<p><a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/2008/08/vestiges-dhier-et-de-demain.html">Voir aussi une critique enthousiaste du même livre par l’auteur de SF canadien Jean-Louis Trudel.</a></p>
<p>Sur le même thème on trouvera aussi <a href="http://environment.newscientist.com/article/mg19225731.100.html" hreflang="en">un article du New Scientist en ligne</a> avec quelques informations supplémentaires, et <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=06/10/18/2138247" hreflang="en">quelques réactions sur mon site geekesque favori</a>.</p>
<p>Entre autres remarques :</p>
<ul>
<li>les civilisation qui pourraient venir après nous auront bien du mal à décoller techniquement car nous aurons éliminé toutes les sources faciles d'accès de pétrole ou minerai ;</li>
<li>d’un autre côté, nos anciennes décharges, ou les ruines de nos cités, contiendront des métaux et autres matériaux sous forme assez concentrée ;</li>
<li>des extraterrestres débarquant 100 000 ans après nous ne verraient rien au premier abord... jusqu’à la découverte d’une extinction massive de nombre d’espèces à notre époque.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/472« On fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres... »urn:md5:27a0cb41bb5b8bd3d2fc47ef21ce980a2008-07-29T21:18:00+00:002011-06-01T13:11:34+00:00ChristopheScience et consciencecitationorganisationperspectivesciencethéorie <blockquote><p>« Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n'est une maison. »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Poincaré">Henri Poincaré</a>, <em><a href="http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?scihyp2">La science et l’hypothèse</a></em>, 9</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/29/528-on-fait-la-science-avec-des-faits-comme-une-maison-avec-des-pierres#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/470Doublé Terre-Luneurn:md5:d3ae2dbaf9d85011c4c6914447e9de482008-07-03T20:43:00+00:002011-06-01T13:00:25+00:00ChristopheMarscosmologiegéographieLuneMarsscienceémerveillement <p>Après <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/05/21/153-coucher-de-soleil-martien">le coucher de soleil martien qui m’a fait rêver l’an dernier</a>, voici une autre photo que l’on n’avait jamais vue avant les débuts de l’aventure martienne :</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/mars/mars17b.jpg" alt="Terre et Lune vues depuis Mars" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Ce « doublé » Terre & Lune depuis Mars provient du blog <em><a href="http://www.boston.com/bigpicture/" hreflang="en">The Big Picture</a></em> du <em>Boston Globe</em>, <a href="http://www.boston.com/bigpicture/2008/06/martian_skies.html" hreflang="en">qui recèle bien d’autres photos martiennes</a>.</p>
<p>Il était une chose de savoir que la Terre avait forcément des « phases » comme la Lune ou Vénus si on la voyait d’une autre planète, le <em>voir</em> fait quand même tout drôle.</p>
<p>(Merci à Laurent pour m’avoir aiguillé sur ledit blog).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/03/517-double-terre-lune#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/461Le xylocarburanturn:md5:84ead82f90f1bc41983fee2439a81c8d2008-06-05T18:21:00+00:002011-05-31T16:19:15+00:00ChristopheFragile planèteeffet de serreEuropeoptimismepollutionscienceéconomie<p>Le <em>Spiegel</em>, dans son numéro <a href="http://www.spiegel.de/spiegel/print/index-2008-16.html" hreflang="de">2008/16</a>, a <a href="http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-56574327.html" hreflang="de">présenté une mini-raffinerie de l’est de l’Allemagne qui produit du gasoil parfaitement comestible pour un moteur de voiture... à partir de bois</a>, éventuellement sous forme de déchets.</p> <p>Après les agrocarburants, abusivement nommés « biocarburants », au bilan écologique très contestable et contesté, et responsables en partie de l’envolée des prix de certaines céréales, voici peut-être venir le temps des xylocarburants.</p>
<p>Il suffit de forêts d’arbres à croissance rapide, qui ne nécessitent pas grand entretien ni engraissage. On n’empiète pas sur les terres cultivées et il n’y a guère que les papetiers qui doivent voir la concurrence d’un mauvais œil. Couper des arbres n’est pas bien vu, mais de toute manière les forêts primaires n’existent plus en Europe, elles sont toutes entretenues par l’homme.</p>
<p>Ironiquement, ce procédé est un direct héritier de la technologie du IIIè Reich, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Procédé_Fischer-Tropsch">procédé Fischer-Tropsch</a>, lequel a permis aux Allemands de fabriquer du carburant à partir de charbon pendant la Seconde Guerre Mondiale. D’autres régimes peu recommandables comme l’Afrique du Sud (sous embargo à l’époque de l’apartheid), ou l’Allemagne de l’Est (craignant pour son approvisionnement) ont perfectionné le procédé, pendant que le reste du monde se shootait au pétrole arabe bon marché. Les divers chocs pétroliers ont amélioré l’intérêt économique au procédé. Le Fischer-Tropsch classique est à présent intéressant pour toute nation possédant beaucoup de charbon (Chine, États-Unis...), mais au final on rejette toujours du carbone fossile : l’effet de serre n’y gagne rien.</p>
<p>L’intérêt du procédé est-allemand (car conçu sous le régime communiste), nommé <a href="http://wiki.oleocene.org/index.php/Biomass_to_Liquid_ou_BtL">BtL</a>, est qu’au lieu de charbon, on utilise du bois comme matière première. Ce qui après tout ne fait qu’accélérer le procédé naturel (en gros, le charbon est du fossile de forêt préhistorique). Le CO2 rejeté est celui capté dans l’atmosphère par les arbres abattus : on évite donc d’accentuer l’effet de serre.</p>
<p>Je me demande quelle ampleur va prendre le procédé si les lois de l’économie et divers lobbys n’obtiennent pas sa peau. Je vois bien les Vosges et les Landes devenir de petits émirats... L’article évoque plutôt les vastes espaces est-européens, et au final l’Europe pourrait ainsi couvrir à terme 40% de ses besoins en gasoil grâce à ce procédé, à raison de 4000 L de carburant par hectare et par an (le double du « bio »éthanol), et une proportion encore plus importante dans des pays moins densément peuplés — par exemple les États-Unis, où une unité est justement en cours de construction. C’est un poids lourd du monde du pétrole, Shell, qui finance <a href="http://www.choren.com/de/" hreflang="de">Choren Industries</a>.</p>
<p>Il existe de nombreux autres procédés plus ou moins expérimentaux permettant de fabriquer divers hydrocarbures à partir d’un peu toutes les formes de biomasse (algues, sucre...). L’usine allemande a l’avantage monstrueux d’en être déjà au stade de la production : 15 000 t/an (certes encore une goutte dans les océans d’hydrocarbures brûlés chaque année), mais la prochaine usine produira 200 000 t/an. Le prix de revient est évidemment un problème majeur, il évoluerait <a href="http://wiki.oleocene.org/index.php/Biomass_to_Liquid_ou_BtL">entre 0,6 et 1,0 €</a>. C’est concurrentiel pour peu que les États renoncent à leurs taxes sur les carburants.</p>
<p>Le xylocarburant est-il, sur le long terme, une bonne chose ? Toute molécule de CO2 récupérée dans l’atmosphère au lieu du sous-sol est bonne à prendre, et les avantages en terme d’indépendance énergétique ne sont pas à négliger. D’un autre côté, un procédé pareil n’est-il pas un moyen d’éviter de passer le plus vite possible à une économie <em>totalement</em> libérée du CO2 ? Ou nous permettra-t-il de faire la « soudure » avant que les voitures 100% électricité verte se généralisent ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/05/508-le-xylocarburant#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/452“I sometimes wonder...”urn:md5:3c09acbf9d5d22eaed61547b64af9b742008-05-18T19:26:00+00:002011-05-30T19:09:09+00:00ChristopheCitationscitationcommunicationconquête spatialeinformatiquelyrismeoptimismeréseausciencescience-fictionévolution <blockquote><p>“<em>I sometimes wonder how we spent leisure time before satellite television and Internet came along... and then I realise that I have spent more than half of my life in the ‘dark ages’!</em>”<br /> <br /> (« Je me demande parfois comment nous occupions nos loisirs avant la télévision par satellite et Internet... et je réalise alors que j'ai passé plus de la moitié de ma vie au Moyen Âge. »)<br /> <br />Arthur C. Clarke,<br /><a href="http://southasia.oneworld.net/article/view/74591/1" hreflang="en">interview parue dans le OneWorld South Asia, 5 décembre 2003</a></p></blockquote>
<p>Arthur C. Clarke, auteur de <em>2001</em> et de nombreux livres de science-fiction, inventeur du concept de satellite de télécommunications, est décédé en mars dernier.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/05/18/505-i-sometimes-wonder#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/450“The Ig Nobel Prizes” de Marc Abrahamsurn:md5:d852f896d25bad19671cf53689d5bfb62008-04-26T19:17:00+00:002011-05-29T20:25:27+00:00ChristopheScience et conscienceconquête de l’inutilehumourMurphyperspectivesciencespéculation<p>La Science doit faire rire... et penser.</p> <p>Décernés annuellement par le <del>très sérieux</del> magazine <em><a href="http://www.improbable.com/" hreflang="en">Annals of Improbable Research</a></em>, les prix Ig Nobel récompensent, dans des catégories variant chaque année, des recherches qui ne peuvent ou ne doivent pas être reproduites (officiellement), et (officieusement) des recherches qui font rire certes, <em>mais aussi penser</em>.</p>
<p>Parce que mine de rien, il y a une morale derrière la plupart des prix décernés. Beaucoup récompensent des sujets rigolos, mais qui dans certains contextes sont tout à fait sérieux, par exemple le Prix Ig Nobel 1996 de Biologie décerné à des recherches sur la stimulation de l’appétit des sangsues avec de la bière, de l’ail... L’échec de la démonstration d’un effet stimulant intéressera certains chirurgiens qui utilisent ces petites bêtes !</p>
<p>Dans la même catégorie, je citerai encore l’Ig Nobel 2000 de Médecine qui couronne une étude par IRM des organes humains <em>pendant</em> l’accouplement (les obstacles matériels à l’étude ne furent rien à côté des administratifs), avec découvertes à la clé. Ou encore le prix de la même catégorie de l’année suivante sur les blessures engendrées par la chute de noix de coco en Papouasie-Nouvelle Guinée (ne riez pas, des gens en meurent).</p>
<p>Certaines recherches sont carrément des découvertes fondamentales, dont on pouvait se douter parfois, mais il fallait le démontrer : l’Ig Nobel 2000 de Psychologie a été décerné à des Américains qui ont montré que les gens incompétents sont justement les moins bien placés pour se savoir incompétents, et sont justement ceux qui se surestiment le plus. Ce qui explique bien des choses sur la bêtise humaine...</p>
<p>D’autres prix sont ironiquement politiques — comme celui de la Paix décernés à Jacques Chirac, pour avoir fêté le 50è anniversaire d’Hiroshima avec la reprise d’essais nucléaires dans le Pacifique, ou encore le Prix 2002 d’Économie à Enron et bien d’autres pour leur découverte des nombres imaginaires dans leur comptabilité. Ou, au deuxième degré, celui de Technologie attribué en 2001 à celui qui parvint à breveter la roue en Australie. Ou encore le prix attribué à un ancien Vice-Président américain au QI digne de W.</p>
<p>Les Prix honorent aussi de doux dingues au grand sérieux scientifique, par exemple le père de la centrifugeuse pour aider les parturientes à accoucher (prix 1999 de la Santé), ou le créateur de la combinaison anti-grizzlys (Ig Nobel 1998 de Sécurité).</p>
<p>Par contre, la dernière catégorie se fiche ouvertement d’égarés très loin de la science « officielle », dont personne n’arrive à reproduire les résultats hautement surprenants, comme Louis Kervran et sa fusion froide <em>in vivo</em> ou Jacques Benveniste et sa mémoire de l’eau (ce dernier a même reçu un deuxième Ig Nobel de Chimie pour prétendre transmettre cette mémoire par Internet) ; ou encore de vrais escrocs et cinglés complets : l’Ig Nobel de Biologie 1992 a été attribué a un médecin qui, entre autres, inséminait des femmes avec son propre sperme au lieu de donneurs anonymes.</p>
<p>Nombre de lauréats des prix se sont déplacés à leurs frais pour accepter le prix, ou ont envoyé un message. D’autres n’ont pas eu cette sportivité, ou « avaient d’autres engagements » (parfois de la taule).</p>
<p>Et évidemment je termine en citant mon prix préféré, celui de Physique en 1996 décerné au génial Robert Matthews, pour son étude de la Loi de Murphy dans le cadre de la chute de la Tartine Beurrée (<a href="http://ourworld.compuserve.com/homepages/rajm/toast.htm" hreflang="en">résumé ici</a>, voir aussi le <em>Pour la Science</em> n°234 d’avril 1997). Cet article conclue que le beurre est négligeable, et que la rotation partielle de la tartine est inévitable pour des raisons qui tiennent à la structure fondamentale de l’Univers : celui-ci nous est donc <em>fondamentalement</em> hostile.</p>
<p>Ce petit livre paru en 2002 recense de nombreux prix décernés jusqu’à cette date, mais pas ceux d’après hélas. Le ton est délicieusement pince-sans-rire et ironique.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/448« Gödel, Escher, Bach » de Douglas Hofstadterurn:md5:600f7a35d9efb7581904736c0cfb91c32008-04-16T19:49:00+00:002011-05-29T20:00:20+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesauto-organisationautoréférencechaoscommunicationcomplexitéintelligencelivres lusmathématiquesmusiqueouverture d’espritparadoxeperspectivesciencethéorieémerveillement<p>Un énorme pavé éclectique sur la logique interne des mathématiques, de l’art, de la musique, etc. Miam.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Hofstadter">Douglas Hofstadter</a>, fils de Prix Nobel et physicien lui-même, a « juste » décroché le Pulitzer pour ce pavé de 800 pages. Le feuilleter mène à la découverte de quelques équations peu communes (chimiques ou plus souvent de système formel) ; par contre il y a des images (des gravures d’<a href="http://mcescher.frloup.com/">Escher</a>) pour alléger quelques pages. Ce n’est <em>pas</em> un livre pour se délasser les neurones avant de dormir le soir (sauf pour des gens un peu bizarres comme moi).</p>
<p>Les personnes dépourvues d’un (gros) minimum d’esprit logique et mathématique et/ou de curiosité intellectuelle peuvent passer leur chemin. Les autres découvriront quelques-uns des principes fondamentaux qui gouvernent le monde, de l’abstraction aride des systèmes formels à l’ADN et à l’intelligence artificielle, de Bach le compositeur à Escher le dessinateur et à Gödel le logicien, tous liés d’une manière assez inattendue.</p>
<p>Chaque chapitre est précédé d’un dialogue entre Achille, la Tortue, un Crabe et quelques autres. Les concepts et les figures de style s’inspirent des concepts développés par la suite (autoréférence, canons musicaux...). L’exercice est parfois plaisant (les <em>Canons cancrizans</em> !), parfois un peu inutile. Ces dialogues sont truffés de références, acrostiches, exercices de style pas tous évidents à la première lecture.</p>
<p>Les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Système_formel">systèmes formels</a> occupent le début du livre. Ce qui semble un jeu typographique totalement vain (les systèmes <code>pg</code> ou <code>MIU</code> ou la <code>TNT</code>) devient, après pas mal de dizaines de pages, un peu plus clair. Ils ne sont ni plus ni moins qu’une formalisation à l’extrême du raisonnement mathématique. Les premiers ne sont que des « jouets » pédagogiques, mais la TNT permet de rebâtir toute la théorie des nombres. Surtout, les théorèmes décrits par ces systèmes peuvent eux-mêmes devenir des sujets de ces théorèmes.</p>
<p><em>Via</em> cette autoréférence et les paradoxes qu’elle engendre, Kurt Gödel a démontré dans les années 30, à l’horreur de ses contemporains, qu’un système assez puissant pour être intéressant ne peut <em>pas</em> démontrer tous les théorèmes qu’il peut exprimer. Hofstadter explique la manière dont Gödel a créé ce fameux théorème indécidable : le passage est aride (l’« arithmoquinification » vous connaissez ?).</p>
<p>Les systèmes formels étant un simple jeu typographique, leur donner une signification est affaire de convention, mais ne se fait pas n’importe comment. Hofstadter s’étend sur les niveaux de signification successifs, voire infinis, que l’on peut leur donner. Cette connaissance peut être transposée aux langages informatiques, qui existent en plusieurs niveaux. Le choix d’un niveau de lecture n’est pas forcément une chose simple...</p>
<p>Suivent également quelques « applications » de ce qui paraissait un exercice un peu vain pour logiciens en tour d’ivoire. L’ADN est un exemple concret, universel et fascinant : à la fois le produit et la source, le code et les données. Le phénotype d’un être humain ne peut se comprendre en descendant au niveau moléculaire mais à un autre : sites des protéines, protéines, organes...</p>
<p>Autre exemple, l’intelligence humaine : les neurones sont des systèmes simplissimes (ils s’excitent ou ne s’excitent pas, c’est tout) mais les capacités d’un cerveau humain ne peuvent s’apprécier à ce niveau, il faut monter plusieurs niveaux quasiment indépendants les uns des autres, de même qu’un logiciel actuel ne peut se comprendre réellement si on en reste au niveau des bits qui passent dans le bus.</p>
<p>Récursion, identité, géométrie euclidienne ou non, les différents types de consistance d’un système, les koans zens, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réductionnisme">réductionnisme</a>, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Holisme">holisme</a>, l’intelligence collective d’une fourmilière, le substrat de l’intelligence, le Moi et sa nécessité pour aboutir à l’Intelligence Artificielle, la conscience, la diagonale de Cantor, les caméras qui filment la télé auxquelles elles sont branchées... sont d’autres concepts traités plus ou moins profondément.</p>
<p>Quel lien avec Bach et Escher demandera-t-on ? Les œuvres de Bach sont également bâties sur l’autoréférence (les canons notamment), et l’enchevêtrement de mêmes thèmes. Ceux qui connaissent les gravures d’Escher connaissent par contre les jeux de paradoxes qu’il adorait, où se mélangent les niveaux de signification. Les implications logiques et philosophiques sont plus profondes qu’il n’y paraît...</p>
<p>Le livre aurait-il mérité quelques coupures ? Sans doute. Mais Hofstadter suppose manifestement que le lecteur a le temps et la volonté d’absorber le vocabulaire que, comme tout bon mathématicien, il définit préalablement pour son propos avant de développer. Il tient à faire partager son émerveillement de l’imbrication logique de phénomènes <em>a priori</em> totalement séparés.</p>
<p>Sont plaisants quelques passages, à commencer par la préface, où l’auteur fait comprendre que la version française (qui a nécessité plus qu’une bête traduction !) est au moins aussi bonne que l’originale américaine. L’autoréférence joue à plein quand il décrit comment il a conçu le dialogue des <em>Canons cancrizants</em>. Plus drôle est le paragraphe où il pronostique (en 1979) qu’un logiciel assez bon joueur d’échec pour vaincre tous les humains sera assez intelligent pour vouloir faire autre chose — il n’a pas su prévoir les immenses progrès de la puissance informatique dans les vingt années qui suivirent.</p>
<p>Le lecteur pressé pourra jeter un œil sur le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gödel,_Escher,_Bach" hreflang="en">long article Wikipédia consacré au livre</a>, en sachant qu’il effleure la surface de la substantifique moëlle du pavé.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/16/487-godel-escher-bach-de-douglas-hofstadter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/434Les pièges dans le développementurn:md5:027397c82f7b17b77f214e2771de88882008-04-07T21:04:00+00:002014-02-26T14:06:23+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementan 2000apparencebase de donnéesbon sensbugchiffrescomplexitédommagedysfonctionnementgénéalogiegéographiehistoireinformatiquemathématiquesorganisationparadoxeparanoïaprise de têteprécisionsaturationsciencetempsthéorie<p>Quand les premiers programmeurs ont commencé à développer les premiers logiciels, ils se sont aperçu avec horreur qu’ils allaient perdre un temps effroyable en débogage : la belle rigueur mathématique qui enfanta l’informatique ne résista pas au choc avec la vie réelle, et plus concrètement à l’alimentation du bel ordinateur par des données mal foutues, non standardisées, parasitées, ou comprenant des situations tellement tordues que personne n’y avait pensé.</p> <p>Certaines situations exceptionnelles peuvent être prévisibles, mais arrivent une fois sur cent. Sans ordinateur, un être humain qui suit une procédure les remarque souvent spontanément, et adapte son comportement en conséquence.</p>
<p>Un ordinateur, lui, suit bêtement la règle, et l’applique dans des cas qu’un gamin de quatre ans trouverait débiles. D’où les classiques des débuts de l’informatisation administrative, comme les factures à 0,00 franc, ou les dossiers d’inscription à l’école envoyés à de vieilles dames de 106 ans. Les sociétés qui transforment des humains en téléopérateurs-perroquets assimilés à des machines sans initiative génèrent le même genre de bugs, juste avec de la viande en guise de matériel.</p>
<p>Je me méfie comme de la peste des spécifications écrites par des gens qui raisonnent « en règle générale » (à peu près la totalité de la population). Or, pour un développeur, il n’y a pas une règle générale et son 0,0001% d’exception, mais bien <em>deux</em> cas à traiter. Si le deuxième, exceptionnel, est renvoyé à un humain, cela me convient ; encore faut-il anticiper et détecter cette exception, prévenir cet humain, et donner à celui-ci le droit et le moyen matériel de passer « en manuel ». Notre civilisation pèche de plus en plus sur ce point.</p>
<p>Donc par déformation professionnelle, je <em>dois</em> devenir vicieux et mettre en doute les choses les mieux établies. Prenons quelques exemples. Demandez-vous si les règles suivantes sont <em>vraiment</em> universelles :</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années ont 365 jours.</strong></li>
</ul>
<p>Non, il y a les années bissextiles. Je sais, c’est facile. Mais il faut y penser réellement quand on calcule, par exemple, un taux annuel à partir de quantités journalières, et la formule devient subtilement plus compliquée qu’une bête multiplication. L’impact n’est pas négligeable (une journée de travail en plus, c’est 0,5% d’heures travaillées en plus sur l’année, et 5% en plus en février) et des comparaisons entre années doivent en tenir compte.</p>
<p>Cela fait aussi un cas à ajouter au jeu de test...</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 sont bissextiles.</strong></li>
</ul>
<p>Ça c’était au temps du calendrier julien. En calendrier grégorien, les années divisibles par 100 (1800, 1900...) ne sont <em>pas</em> bissextiles.</p>
<p>Pour les informaticiens versés dans les dates lointaines et étrangères, il faut faire attention : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Passage_au_calendrier_grégorien#Date_du_passage_au_calendrier_gr.C3.A9gorien_par_pays">selon les pays, le passage au calendrier actuel s’est étalé de 1582 à 1929</a>.</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 non divisibles par 100 sont bissextiles.</strong></li>
</ul>
<p>Depuis l’an 2000, on sait que non : par exception à l’exception qui veut que les années divisibles par 100 ne soient <em>pas</em> bissextiles, les années divisibles par 400 <em>sont</em> bissextiles. Il reste à espérer que les logiciels retouchés pour l’an 2000 ne l’ont pas été avec une simple exception pour 2000, sinon ceux encore en activité en 2400 nous sauteront à nouveau à la face.</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 non divisibles par 100 sont bissextiles, et aussi celles divisibles par 400.</strong></li>
</ul>
<p>Le 1er avril 1999, le site des éditions allemandes Heise annonçait la découverte de documents d’époque révélant que <a href="http://www.heise.de/newsticker/meldung/4387" hreflang="de">lors de la mise en place du calendrier grégorien et de la règle de la divisibilité par 100 ou 400, il avait été aussi précisé que les années divisibles par 1000 ne seraient pas non plus bissextiles, même si elles étaient divisibles par 400 (cas de l’an 2000), avec l’exception de 5è niveau des années divisibles par 4000, qui seraient bien bissextiles</a>.</p>
<p>Cette règle flanquait par terre une bonne partie du travail effectué pour corriger le bug de l’an 2000, et l’industrie entière a préféré prendre cette histoire comme un poisson plutôt que reprendre de zéro le travail. Je vous laisse vous faire votre avis. :-)</p>
<ul>
<li><strong>L’année commence en janvier et finit en décembre</strong>.</li>
</ul>
<p>Ne pensent cela que ceux qui n’ont pas travaillé avec des comptables. Les années fiscales et civiles n’ont pas forcément grand rapport, il y a un décalage de plusieurs mois.</p>
<ul>
<li><strong>Il y a 12 mois dans l’année (calendrier grégorien).</strong></li>
</ul>
<p>Pour le commun des mortels en Occident, oui.</p>
<p>Pour un système de gestion financière de collectivité locale française, il peut y en avoir 14 :</p>
<p>- les 12 mois habituels ;<br />- un pseudo-mois nommé par exemple « Décembre N-1 » rattaché à l’année N mais comprenant par exemple toutes les décisions prises à la fin de l’année civile antérieure (on vote en décembre le budget de l’année prochaine) ;<br />- un pseudo-mois « Journée complémentaire » qui regroupe toutes les opérations qui doivent être rattachées à cette même année N, mais qui pour des raisons pratiques sont effectuées en réalité au début de l’année suivante.</p>
<p>Pour une entreprise qui change sa référence d'année fiscale (par exemple de mars à mars au lieu de janvier à janvier), une année de transition est démesurément longue ou raccourcie.</p>
<p>Je suis sûr qu’il y a dans le monde une flopée d’exemples d’astuces de ce genre propres à un métier, une administration, une entreprise, un service, qui flanquent en l’air nombre d’algorithmes un peu naïfs.</p>
<ul>
<li><strong>En Occident, les mois sont janvier, février, mars, avril...</strong></li>
</ul>
<p>J’ai des ancêtres nés en ventôse de l’an V de la République...</p>
<p>Un logiciel traitant de cadastres, de généalogie, d’actes juridiques... peut avoir besoin de ces données remontant à deux siècles. Le recalcul permanent en calendrier grégorien est source d’erreurs, et il vaut mieux aussi stocker la date originelle pour comparer avec les documents originaux. (Bon, soyons réaliste, un champ « commentaire » pourrait suffire en pratique.)</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a pas de 30 février ni de 31 juin.</strong></li>
</ul>
<p>Dans le calendrier grégorien occidental récent, non.</p>
<p>Dans un champ rempli par les utilisateurs, et non contrôlé, on peut avoir n’importe quoi.</p>
<p>L’exemple type est le « <a href="http://www.iherve.com/oracle/Forms_Apps_FF.htm" hreflang="en">flexfield</a> » d’Oracle Applications (l’ERP). En gros, c’est un champ optionnel avec filtre paramétrable qui s’ajoute aux champs habituels d’un écran, et que peut remplir l’utilisateur. L’endroit idéal pour stocker une information non prévue dans le logiciel original, par exemple un code, un texte... ou une date de départ ou d’arrivée ou de rappel ou de Dieu sait quoi.</p>
<p>J’ai vu cent fois le cas de dates totalement corrompues dans ces champs : la valeur est stockée dans une colonne dédiée prévue pour cela (genre <code>SEGMENT1</code>, <code>SEGMENT2</code>, ... <code>SEGMENT20</code>), qui est <em>forcément</em> une chaîne (type Oracle <code>VARCHAR2</code>). Si cela ne porte pas à conséquence pour stocker un nombre (sauf pour le symbole décimal), les ambiguïtés pour une date sont énormes :</p>
<p>- L’utilisateur peut remplir un peu n’importe quoi s’il est mal luné.<br />- Il n’est pas à l’abri d’une faute de frappe et on obtient une année 202.<br />- Le symbole de délimitation n’est pas clair.<br />- Si des Américains sont impliqués, il y a le risque de voir des dates au format MM/JJ/AAAA... (et le pire est que pour les jours inférieurs à 13, vous ne pourrez <em>pas</em> détecter une erreur.)<br />- Les années de champs remplis avant l’an 2000, voire après, risquent d’être sur deux chiffres.<br />- Si des données sont importées d’autres systèmes, ou écrites par un programme directement en base (ça se fait, sous Oracle Appli...), en contournant les filtres éventuellement en place pour éviter les cas précédents, un développeur imprudent risque de stocker dans le format par défaut de sa session, qui ne sera pas forcément celui prévu par une autre session (<code>DD/MM/YYYY</code> n’est pas la même chose que <code>DD-MON-RR HH24:MI:SS</code>). S’il n’y a pas ambiguïté pour un humain, l’ordinateur ne trouvera pas tout seul le bon format.</p>
<p>Une autre erreur est de caser les dates sous forme de chiffres (!). On peut donc tomber sur un <code>20051232</code> pour le 32 décembre 2005. Oui, ça peut arriver quand on fait des calculs sous forme <code>DateB = DateA + 1</code> comme il est si pratique avec un <em>vrai</em> champ DATE de base de données qui est fait pour ça, et que la routine de calcul est boguée.</p>
<p>Bref, je me méfie toujours des dates non stockées sous forme de champ de type <code>DATE</code> (et même : la faute de frappe qui oublie un chiffre à l’année reste possible si l’interface humaine n’est pas blindée...).</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a pas eu <em>réellement</em> de 30 février (bis).</strong></li>
</ul>
<p>Oui, moi aussi je l’ai cru.</p>
<p>Dans leur chaotique transition au calendrier grégorien au XVIIIè siècle, les Suédois ont réussi à créer un 30 février. Un calendrier révolutionnaire soviétique rapidement abandonné aurait eu des mois de 30 jours. Dans des modèles mathématiques, on arrondit parfois les mois à 30 jours (mais peut-on encore les nommer avec les noms habituels auxquels ils ne correspondent plus ?).</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/30_février">Voir l’article de Wikipédia pour les détails</a>.</p>
<p>(<strong>Ajout du 1er janvier 2012</strong>) Et puis tant qu’on y est dans les bizarreries : les Samoa, ayant changé deux fois de fuseau horaire et franchi deux fois la ligne de changement de date, ont eu deux 4 juillet 1892, mais pas de 30 décembre 2011. Ce genre de bizarrerie disparaît si toutes les dates sont stockées et calculées en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_universel">Temps universel</a>, mais quel développeur en prend la peine dans les applications où les fuseaux horaires ne jouent habituellement pas ?</p>
<ul>
<li><strong>Il y a 52 semaines dans une année.</strong></li>
</ul>
<p>Comme il y a bien <em>toujours</em> sept jours dans la semaine depuis des temps immémoriaux, et en laissant de côté les cas des années de transition entre les calendriers julien et grégorien, on peut calculer qu’il y a
365/7= 52,14 semaines dans l’année. Donc le 31 décembre peut tomber dans un début de 53è semaine. Quoi qu’on fasse, on n’aura jamais un nombre entier de semaines dans une année.</p>
<p>Il y a un moyen normalisé de calculer le numéro de la semaine, c’est la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Numérotation_ISO_des_semaines">semaine ISO</a>. Le 1er janvier peut tomber la semaine 01 de l’année en cours, ou 52 ou 53 de l’année précédente. Le système ISO prévoit donc carrément des années différentes de longueur variable avec un nombre entier de semaines, mais ce n’est pas du tout entré dans les mœurs. En conséquence, un tableau qui affiche année civile/trimestre/mois/semaine ISO commencera à 2008/1/janvier/1 et finira à 2008/4/décembre/1. D’où <em>deux</em> semaines 1 dans l’année (civile) 2008...</p>
<p>Ce qui est rigolo, c’est que j’ai vu des différences dans le calcul de la semaine entre le monde entier et Outlook, ou entre deux versions de Business Objects (6.5 et XIR2). Je n’ai pas pu creuser, c’est peut-être lié aux paramétrages locaux.</p>
<ul>
<li><strong>Il y a toujours 24 heures dans une journée.</strong></li>
</ul>
<p>...Sauf deux fois dans l’année lors des transitions entre heure d’hiver et heure d’été... Donc de 23 à 25 heures. Et il faut éventuellement prévoir le gag d’avoir un événement à 2h59 (heure d’été) suivi d’un autre à 2h01 (heure d’hiver).</p>
<ul>
<li><strong>Une heure comprend toujours 3600 secondes.</strong></li>
</ul>
<p>Plutôt entre 3599 et 3601 : <a href="http://www.obspm.fr/actual/nouvelle/dec05/second.fr.shtml">presque chaque année, des secondes sont enlevées ou rajoutées en fin d’année pour recaler le temps universel et la rotation de la Terre</a> (tout de même la référence finale). Si dans un ERP on néglige le problème (le développeur est déjà heureux si tous les serveurs sont synchrones à la seconde près entre eux), les calculs de trajectoires de satellites doivent en tenir compte.</p>
<p>D’ailleurs le calcul temporel en orbite doit être assez folklorique puisqu’il faut même tenir compte d’éventuelles corrections relativistes (les détails sordides sont <a href="http://www.ipgp.jussieu.fr/~tarantola/Files/Professional/Teaching/Seminar/Lessons/Coll/Corrections-GPS.pdf">là</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Synchronisation_GPS">là</a>).</p>
<ul>
<li><strong>Le numéro de Sécurité Sociale identifie un individu de manière unique.</strong></li>
</ul>
<p>Non, il y a même une possibilité de doublon entre des gens nés à cent ans d’intervalle au même endroit. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Numéro_de_Sécurité_sociale">Voir Wikipédia pour les détails et le passionnant historique</a>. D’ailleurs il est possible de changer de numéro de Sécu (par exemple <a href="http://transmonde.net/etre/changer_secu.htm">pour un transexuel</a> ou quelqu’un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/NIR#Signification_des_chiffres_du_NIR">né dans l’Algérie française</a>).</p>
<p>Noter aussi qu’il existe des gens n’en possédant pas : étrangers, enfants... De plus, en Europe, le numéro de Sécurité Sociale est considéré comme une donnée personnelle, à diffusion restreinte et il n’est donc pas censé se retrouver n’importe où, doit être anonymisé, etc.</p>
<p>C’est un exemple fascinant à verser au dossier du débat « clé primaire arbitraire <em>vs.</em> clé primaire fonctionnelle. » (<del>J’en causerai un jour.</del> <em>Ajout postérieur</em> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle">C’est fait !</a>)</p>
<ul>
<li><strong>Les numéros des départements français ont deux chiffres.</strong></li>
</ul>
<p>...Sauf dans les DOM-TOMs ! Guadeloupe : 971 , St Pierre & Miquelon : 975</p>
<p>...Et vous avez tout faux si vous croyez que c’est du numérique (Corse : 2A et 2B).</p>
<p>De manière plus générale, la géographie offre une montagne d’aberrations diverses à toute personne
cherchant à y établir des règles. Rien que la transposition des lois votées à Paris par l’assemblée de Tahiti, ou leur compatibilité avec la loi alsacienne, donne du travail à maints juristes.</p>
<ul>
<li><strong>Un enfant a <em>biologiquement</em> un et un seul père et une et une seule mère.</strong></li>
</ul>
<p>Évidemment non.</p>
<p>Depuis quelques années il existe des mères porteuses, ce qui est autorisé dans certains pays. On peut choisir de prendre en compte la mère porteuse, ou celle qui a fourni l’ADN (qui peut d’ailleurs être une autre que celle qui va élever l’enfant), mais ce choix doit être conscient.</p>
<p>Comme dans le cas des enfants adoptés, où la filiation est modifiée par l’adoption. Selon le cadre et le but du logiciel développé (généalogie, études génétiques...) il faudra trancher, et se demander ce que l’on fait dans certains cas tordus du genre des enfants clonés (ça arrivera), ou pour <a href="http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/112183/--Un+homme+enceinte">un transexuel (devenu homme) qui accouche d’un enfant</a> (biologiquement c’est juste une femme qui a un enfant, mais civilement il est le père). Je prédis l’enfer informatique à cette famille, aucun logiciel n’est prévu pour gérer ce genre de cas.</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a que deux sexes.</strong></li>
</ul>
<p>En fait, cela dépend de ce que vous voulez faire de l’information. En tête du numéro Sécu peuvent apparaître 3, 7 ou 8 pour les transexuels et autres statuts provisoires. Pour un simple libellé de courrier, il y a trois possibilités traditionnelles (M., Mme, Mlle).</p>
<p>Dans une application pour un zoo ou un laboratoire de biologie, il faudra tenir compte des bestioles capables de changer de sexe à volonté. Sans compter les hermaphrodites comme les escargots, ou les espèces où le concept de sexe n’existe pas.</p>
<ul>
<li><strong>Tout le monde a un nom et un ou plusieurs prénoms.</strong></li>
</ul>
<p>J’ai rencontré pendant mes études un Indonésien qui n’avait qu’un nom. Je ne sais pas comment il avait rempli sa demande de visa.</p>
<ul>
<li><strong>12 > 2</strong></li>
</ul>
<p>Si vous manipulez des nombres, déclarés comme nombres auprès de l’ordinateur, oui.</p>
<p>Si vous manipulez des nombres stockés sous forme de chaînes de caractère (cela arrive tous les jours...), l’ordre lexicographique prend le pas et vous aurez tout ce qui commence par « 1 » qui sera trié avant (donc inférieur à) « 2 » : « 1 », « 10 », « 12561265463 »,..., « 2 », « 2564536 », ..., « 3 »,... Une conversion explicite en nombre peut être nécessaire suivant l’outil et le langage.</p>
<p>Je suis preneur de toute autre « règle générale qui ne l’est pas » à ajouter à cette liste !</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/07/466-les-pieges-dans-le-developpement#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/420« Toute technologie assez avancée... » : Variations sur un proverbe moderneurn:md5:4855febc161e5f7df09220caf83b53772008-02-24T21:49:00+00:002011-05-26T19:45:49+00:00ChristopheScience et consciencecitationcynismehard sciencehumourmagiesciencethéorieémerveillement<p><a href="http://home.nordnet.fr/~aleyssens/auteur/clarke.htm">Arthur C. Clarke</a> a célèbrement écrit :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic.</em>” <br /> <br /> « Toute science suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » <br /> <br /><em>Profiles of the Future</em> (édition révisée, 1973)</p></blockquote> <p>Ce qui a été étendu/complété/détourné/perverti par :</p>
<blockquote><p>“<em>Any technology distinguishable from magic is insufficiently advanced.</em>”<br /> <br />« Toute science discernable de la magie n’est pas suffisamment avancée. »</p></blockquote>
<p>Ou :</p>
<blockquote><p>“<em>Forget magic. Any technology distinguishable from divine power is insufficiently advanced.</em>”<br /> <br />« Oubliez la magie. Toute science indiscernable d’un pouvoir divin est insuffisamment avancée. »<br /> <br /><a href="http://seenonslash.com/node/2522" hreflang="en">ultranova, Slashdot.org</a></p></blockquote>
<p>Scott Adams (celui de Dilbert) a ajouté :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced technology is broken, and no one knows how to fix it.</em>”<br /> <br />« Toute technologie suffisamment avancée ne fonctionne pas, et personne ne sait la faire marcher. »</p></blockquote>
<p>On pourrait penser que les Simpsons ont trouvé l’extension ultime (épisode 350 paraît-il) :</p>
<blockquote><p>“<em>We can do anything now that science has invented Magic.</em>”<br /> <br /> « Nous pouvons faire n’importe quoi maintenant que la science a inventé la magie. »</p></blockquote>
<p>Mais Terry Pratchett a carrément renversé la situation :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced magic is indistinguishable from technology.</em>”<br /> <br />« Toute magie suffisamment avancée est indiscernable de la technologie. »</p></blockquote>
<p>Et comme j’ai assez d’ego pour me comparer à tous ces beaux esprits, j’ajouterai, en pensant très fort à l’informatique en particulier et pas qu’à Windows en encore plus particulier :</p>
<blockquote><p>« Toute technologie suffisamment avancée <em>devient</em> du vaudou. »</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/55Coloniser le désert de Gobi plutôt que Marsurn:md5:45b82bb0348d0d477ca2729527ce7e752008-02-19T20:08:00+00:002011-05-26T19:14:06+00:00ChristopheMarsbesoinbon sensChinecivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecourt termedilemmedommagedémographieeaueffet de serreenvieEuropeexaptationgigantismegravitationincohérenceintelligence artificielleMarsmytheoptimisationparadoxepessimismerobotssciencescience-fictionspéculationéconomieÉtats-Unisévolution<p>Une provocation de Bruce Sterling : pourquoi conquérir un but aussi éloigné que Mars quand les déserts terrestres nous tendent les bras ?</p> <p>C’était en 2004. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruce_Sterling">Bruce Sterling</a>, rien moins que l’un des fondateurs du mouvement SF <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyberpunk">cyberpunk</a>, ramenait violemment sur Terre tous les rêveurs qui, de moi à <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche">Brian Aldiss</a> ou <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">Kim Robinson</a>, s’imaginent entamer la colonisation de Mars dans quelques décennies au maximum.</p>
<blockquote><p><em><a href="http://www.boingboing.net/2004/01/08/sterling_ill_believe.html" hreflang="en">“I’ll believe in settling Mars when I see people settling the Gobi Desert.”</a></em> <br /> <br />(« Je croirai à la colonisation de Mars quand je verrai des gens coloniser le désert de Gobi. »)</p></blockquote>
<p>Son idée est que Gobi est sans intérêt, et trop inhospitalier pour bon nombre de raisons. Et les gens qui s’y établiraient délibérément seront les premiers candidats à la vie sur une Mars qui est mille fois plus aride, plus inhospitalière que Gobi. Il ajoute que la civilisation possédant une technologie capable de terraformer Mars se sera d’ailleurs elle-même transformée en chemin, ce qui rend vaine toute supposition sur ses motivations. (Le thème des humains modifiés, génétiquement ou par implants, occupe d’ailleurs la place centrale de ses livres.)</p>
<p>Sterling ne dit pas qu’<em>aller</em> sur Mars, ou y laisser une base avancée, est utopique. Des scientifiques occupent des bases en Antarctique, mais personne ne songe à <em>coloniser</em> ses arpents de neige. Ce sera pareil pour Mars.</p>
<p>(Fin de résumé/paraphrase.)</p>
<p>Diantre, que de pessimisme de la part d’un personnage qui par profession serait normalement plus enclin à voir l’homme se répandre dans la Galaxie ! Mais le rêve n’empêche manifestement pas de savoir garder les pieds sur terre.</p>
<h3>Le Paradis de Gobi contre le cauchemar martien</h3>
<p>On aura beau jeu de rétorquer que le désert de Gobi <em>est</em> habité. <a href="http://dinosoria.com/desert_gobi.htm">Par quelques nomades mongols et leurs troupeaux</a>. Pourtant Gobi fait partie d’un pays surpeuplé, la Chine. Si Mars était seulement aussi aride — et malgré tout « habitable » — que Gobi, ou que la froide Sibérie, ou que le Kalahari, et distant d’un jour de marche, oui, certains nomades et quelques ermites iraient sans doute s’y établir.</p>
<p>Mais Mars est à 55 millions de kilomètres (strict minimum), les tempêtes y sont apocalyptiques, et il n’y a rien à y respirer. Les habitants de Gobi ne possèdent pas d’astronef interplanétaire, ont besoin d’oxygène, et ne doivent pas considérer leur zone comme surpeuplée, donc ils ne vont pas sur Mars.</p>
<p>À l’inverse, des habitants de zones surpeuplées cherchant de la place ne vont même pas dans les déserts proches (Gobi, Sahara ou Arizona). Et ce alors que la technologie humaine, antique ou actuelle, y permet la survie, et que le lien avec les zones plus peuplées est « rapide » (des heures d’avion ou des jours de chameaux au pire). Exception : Las Vegas, qui n’est là justement que comme partie d’une nation beaucoup plus habitable.</p>
<p>Pour Mars, il faut des mois de voyage, et le soutien technologique d’une superpuissance pour y survivre. Pour les mêmes raisons que Mars, l’Antarctique n’est pas colonisée (au pire elle sera exploitée pour son pétrole, son cuivre ou son zinc par quelques techniciens).</p>
<h3><em>Freakonomics</em> appliqué à Mars</h3>
<p>Bref, comme dirait <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner">Levitt</a>, finalement c’est économique, on ne va que là où c’est économiquement réaliste.</p>
<p>Ajoutons trois choses :</p>
<p>D’abord, même si envoyer du monde sur Mars devenait aussi facile que vers la Lune grâce à Dieu sait quel mode de propulsion, et devenait cent fois moins cher grâce à la mise en place d’un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, une colonisation massive (des millions de personnes) resterait utopique, ou serait en tout cas effroyablement ruineuse. Bref, Mars deviendrait au mieux un territoire vierge où on rencontrerait ici ou là un hameau, une base scientifique, une petite ville. On est loin de l’Europe du XIXè siècle qui déversait ses excédents de population en Amérique.</p>
<p>Ensuite, la motivation des colons entre évidemment en compte. Qui va effectuer un voyage dangereux, long (des mois, probablement), pour un lieu désolé, où rien ne pousse, où il n’y a aucune industrie ? Des scientifiques, des fous, des aventuriers, des touristes, des techniciens du calibre de ceux qui vont sur les plate-formes pétrolières. (Les pauvres désespérés, SDF parisiens ou paysans du Sahel, ne pourront jamais s’offrir le billet, et personne ne leur offrira sans bonne raison, notamment sans une société martienne <em>déjà</em> présente.)</p>
<p>Vu le prix du billet, du séjour et du ravitaillement, et l’ensoleillement, je doute cependant que Mars devienne une destination aussi courue que les plages tunisiennes ; en tout cas il ne faut pas espérer qu’une société martienne puisse vivre des quelques touristes qui pourront aller là-bas juste admirer <em>Valles Marineris</em>.</p>
<p>D’autre part, pour « exploiter » les touristes, il faut une infrastructure déjà en place, donc du monde, ce que n’importe quel pays du Tiers Monde possède, mais pas Mars. Ce monde (conjoints, famille, médecins, coiffeurs, policiers, administratifs...) viendra en soutien des travailleurs (techniciens miniers ou GO du Club Méd’), et donc on revient au problème principal : que faire sur Mars d’intéressant, c’est-à-dire d’<em>économiquement rentable</em> ?</p>
<p>Enfin, notre espèce n’est peut-être sociale, mais elle est en tout cas grégaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-1" id="rev-pnote-354-1">1</a>]</sup>. La surpopulation locale n’est pas un problème : le taux d’urbanisation s’envole depuis deux siècles, les Chinois s’entassent sur leur côte est, les Américains dans quelques mégalopoles, les Français pour une bonne partie en région parisienne, etc. Le désert de Gobi n’est pas près d’être colonisé quand la Creuse, bien plus accueillante, se dépeuple. La population mondiale a explosé, mais les guerres pour des terres à coloniser n’existent quasiment plus entre États modernes. Nous ne sommes plus à l’époque des grands défrichements de l’apogée du Moyen Âge, ni de la conquête du <em>Far West</em> par des fermiers arrivés d’une Europe surpeuplée : dans notre civilisation industrielle les gens vont là où il y a du travail, et tant pis pour les prix délirants de l’immobilier. Je ne crois pas au télétravail pour inverser rapidement et massivement la tendance.</p>
<h3>Trop cher</h3>
<p>Oui, la conquête de Mars est romantique, c’est la prochaine étape de la conquête spatiale, le premier des objectifs difficiles, lointains mais réalistes que nous pouvons nous donner. Les Américains ou les Chinois iront sur Mars, oui, motivés d’abord par la gloriole. Et comme pour la Lune, ce sera sans doute juste pour planter un drapeau, collecter quelques cailloux, et repartir. Le prix effroyablement élevé d’une base permanente ne se justifie que très difficilement, alors pour une population plus importante, il faudra un intérêt économique supposé, même aléatoire.</p>
<p>Pour la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Station_spatiale_internationale">station spatiale internationale</a>, la justification scientifique est déjà tellement « limite » que les gouvernants hésitent à lâcher les milliards nécessaires. C’est d’ailleurs là que se situe le principal obstacle pour des projets de cette échelle : seuls des gouvernements d’États-continents (USA, Chine, Europe) peuvent aligner l’argent ; les projets privés sont irréalistes. Et un gouvernement est imperméable au romantisme. Christophe Colomb a été sponsorisé par l’Espagne pour rechercher des routes commerciales, pas pour faire de la recherche fondamentale en géographie.</p>
<p>Pour relancer la conquête de la Lune, <a href="http://www.onversity.net/cgi-bin/progactu/actu_aff.cgi?Eudo=bgteob&P=00000910">la NASA parle d’y chercher l’Hélium-3 qui alimenterait les centrales à fusion de la deuxième moitié du siècle</a>. Objectif douteux, et trop lointain, vaguement plausible. Mais la Lune est à trois petits jours de voyage. Accessoirement, pour utiliser des centrales à fusion à hélium, il faudrait déjà maîtriser celles à hydrogène — on en reparle en 2060.</p>
<p>J’ai du mal à imaginer ce qui serait exploitable sur Mars. Du pétrole ? Il aurait fallu des forêts autrefois. Du minerai ? Lequel ? Du CO₂ ? Nous en avons même trop, et Mars pas assez. Cependant, même si des mers de pétrole ou des mines de platine pur y était découvertes, le prix du transport serait tel que cela n'en vaudrait pas la chandelle. Quant à d’autres besoins... lesquels ? Que pouvons-nous faire sur Mars (hors l’étude de Mars) qui ne soit possible beaucoup plus près comme sur Terre, sur la Lune, ou simplement dans l’espace même, en orbite proche ou pas ?</p>
<p>La recherche d’une vie sur Mars est un objectif justifiant d’y envoyer des scientifiques, mais pas des colons. Ajoutons l’argument qui veut que pour le prix du billet d’un humain, on pourrait y envoyer une flotte entière de robots, certes limités, mais bien moins chers, et peut-être suffisants — en tout cas les gestionnaires qui lâcheront les crédits le verront comme ça. La robotique avance d’ailleurs plus vite que l’astronautique interplanétaire, et le retour sur investissement est plus rapide (les avancées technologiques se retrouvent très vite appliquées à l’industrie terrestre).</p>
<h3>Un pic à franchir</h3>
<p>Il ne s’agit pas de nier que la colonisation de Mars, sur le long terme, serait forcément une mauvaise opération. La conquête de la Lune a été remboursée plusieurs fois par les innovations qui ont été ensuite recyclées dans le « civil », l’envoi d’une mission sur Mars pourrait se justifier aussi ainsi. Sur le très long terme, que l’homme se répande sur une deuxième planète est un gage de survie à long terme de l’espèce. De là à investir massivement dans une colonisation... Notre époque a l’obsession du <a href="http://www.chef-de-projet.org/ROI.htm">retour sur investissement</a> rapide, et la terraformation est lointaine, aléatoire, et sans intérêt immédiat.</p>
<p>Sauf invention révolutionnaire par définition imprévisible, ou décision d’un gouvernement très volontaire qui aime les grands travaux (les Chinois ?), la colonisation martienne est face à un « mur de potentiel ». Le transport de la moindre denrée ou matériel est hors de prix. Si une justification économique existait (un minerai quelconque ?), et que notre société décidait collectivement d’aller l’exploiter, les masses d’argent en jeu nous pousseraient à les investir plutôt dans la substitution.</p>
<p>Or aucune colonisation ne démarrera sans justification économique. Le tourisme ou l’exploitation secondaire de ressources marginalement rentables suivrait sans doute si un premier circuit économique est en place. Mais, encore une fois, lequel ???</p>
<p>Deuxième mur de potentiel : toujours pour des raisons économiques et de protection de la vie humaine, une entreprise investissant dans Mars cherchera plus à y placer des robots que des humains. De l’exploitation sans colonisation donc. Même si ces robots se trouvent pilotés par des humains en réalité virtuelle, voire des trans-humains numérisés qui se téléchargeraient dans les robots — peut-on parler de colonisation dans ce cas ?</p>
<h3>Terraformation</h3>
<p>La colonisation de Mars (et non juste une tête de pont) n’a effectivement
pas de sens sans terraformation de la planète. Celle-ci est hors de portée. Il faudra donc attendre un temps où nous aurons les capacités d’oser même y penser. Mais la facture sera très salée et la terraformation étalée sans doute sur des siècles. Le personnel nécessaire justifierait un début de colonisation, mais la « rentabilité », certes positive sur le très long terme (nous serions enfin à l’abri d’une catastrophe globale sur Terre<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-2" id="rev-pnote-354-2">2</a>]</sup>) serait contrebalancée par le coût énorme à supporter pendant longtemps.</p>
<p>Ce peut être une décision politique (« Offrons-nous une deuxième planète !») qu’une société plus volontaire que la nôtre prendra peut-être. Ce peut être un moyen délibéré d’investir dans la recherche massivement, et qu’importe le but — mais pourquoi ce but-là (soyons cynique : terraformer Mars est plus clinquant que de sortir la moitié de l’humanité de la misère) ? Imaginons un rebond de la natalité occidentale couplé à de nouvelles inventions, ou un maintien du volontarisme chinois d’aller toujours plus avant, ou (comme dans la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">trilogie de Robinson</a>) une quasi-immortalité acquise par la médecine, nous rendant capables de planifier des projets aussi longs, et les justifiant par la place à conquérir. On en est donc réduit à imaginer des justifications de science-fiction.</p>
<p>Bref, si une vraie conquête de Mars est lancée ce siècle, ce ne sera probablement pas une décision rationnelle. L’humanité, il est vrai, en prend rarement collectivement.</p>
<h3>La prédiction est toujours difficile, surtout en ce qui concerne le futur</h3>
<p>Quand on se lance dans une telle discussion, il est toujours facile de trouver des exemples et contre-exemples sur le dépassement des limites économiques apparemment infranchissables. Les murs de potentiel s’effritent avec la technologie.</p>
<p>En cinquante ans, nous avons pris l’habitude de transporter des quantités monstrueuses de marchandises périssables ou très bon marché d’un hémisphère de la planète à l’autre ; cela aurait semblé utopique il n’y a pas si longtemps. Utiliser les tendances et contraintes actuelles pour prévoir le futur est toujours une manière efficace de se tromper, et une découverte par définition imprévisible peut redistribuer les cartes : un moteur quelconque pourrait raccourcir le voyage vers Mars à deux semaines, ou une percée spectaculaire dans l’ascenseur spatial, ou une autre technologie pourrait réduire le coût massivement et, couplé au manque criant de matières premières sur Terre, lancer une exploitation minière rentable des planètes et astéroïdes proches. Ou les contraintes écologiques terriennes enverront progressivement toutes les usines polluantes sur la Lune voire plus loin.</p>
<p>J’aime beaucoup la formule « <em><a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=287435&cid=20463705" hreflang="en">someone with a dream will harness the resources necessary to profit from the benefits that you cannot yet foresee.</a></em> ». Des <a href="http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/univers/d/hotel-spatial-et-si-le-reve-devenait-realite-maj_9315/">entreprises privées</a> tentent bien déjà un <a href="http://space.xprize.org/x-prize-cup/" hreflang="en">accès autonome</a> à l’espace, souvent comme « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Armadillo_Aerospace" hreflang="en">danseuse</a> » d’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_D._Carmack" hreflang="en">un milliardaire</a>. Mais l’investissement privé, sur le long terme, ne se maintient que s’il trouve une justification économique, les richissimes aventuriers ne jouant que le rôle de catalyseurs.</p>
<p>À l’inverse, une confiance aveugle dans l’avenir est aussi un moyen de se tromper. La Lune a bien été conquise — et ça n’a <em>rien</em> lancé. Toute l’histoire de l’astronautique depuis tourne uniquement autour de l’exploitation économique de l’espace proche (les satellites espions, météo, de communication, scientifiques...) et d’une poignée de sondes lointaines, dans l’attente de l’avancée technologique qui relancerait la machine. Quant à ces évolutions, d’une part elles ne se décrètent pas, d’autre part elles nécessitent des investissements, du temps, et une société accueillante pour fleurir.</p>
<h3>Échelle de temps</h3>
<p>Attention, je ne parle ici que du court et moyen terme, disons le XXIè siècle. Sur plus d’un siècle, tout et n’importe quoi peut se passer, surtout ce à quoi nous ne nous attendons pas. Dans mille ans, les contraintes économiques auront changé, et le tourisme sur Mars sera peut-être devenu un caprice accessible à beaucoup. La terraformation sera peut-être en cours voire achevée. L’intérêt minier de Mars sera peut-être réel, rien que pour alimenter l’économie locale. Après tout, dans la <em><a href="http://gotomars.free.fr/voie.html">Voie martienne</a></em>, Asimov décrit bien des Martiens obligés d’aller chercher leur précieuse eau dans les anneaux glacés de Saturne. Ou bien l’humanité sera peut-être réduite à quelques pauvres hères sur une planète cuite à l’étouffée dans son CO₂, incapables d’aller plus loin que la prochaine oasis.</p>
<p>Et même : comme le conclut Sterling, une civilisation capable de coloniser Mars aura sans doute bien mieux à faire que de s’occuper d’un caillou sans vie. Les mondes virtuels, ou des civilisations se construisant carrément leurs petits paradis dans l’espace interplanétaires, ne constituent que deux exemples. Ou encore, avant Mars, cette civilisation aura sans doute déjà cherché à occuper des zones inoccupées comme Gobi ou la Sibérie (encore une fois, pour y faire quoi ?). Alors, le clone numérique de Sterling croira peut-être à la colonisation martienne.</p>
<p>De toute manière, comme le remarque aussi Sterling, à quoi ressembleront les humains à cette époque ? J’ai évoqué des trans-humains qui se téléchargeraient dans des robots, ou des gens vivant uniquement en réalité virtuelle, il y a aussi le cas des cyborgs pouvant vivre n’importe où. Quels seraient les limitations et les besoins de tels « humains » ?</p>
<p>Enfin, donnons tout de même une dernière raison pour laquelle Mars sera peut-être terraformée quand le désert de Gobi restera sans vie : le sain conservatisme écologique. Nous commençons tout juste à comprendre comment fonctionne notre planète, et quand on lit ici ou là que les poussières du Sahara fertilisent l’Amazonie ou que les Rocheuses impactent le climat européen plus que le Gulf Stream, il est clair que terraformer une <em>autre</em> planète est moins risqué que de vouloir « finir » la terraformation de la seule que nous ayons pour le moment.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Devoir pour moi-même ou mes descendants, en 2100 voire avant : dans ce billet, qu’est-ce que je n’ai <em>pas</em> vu qui semblera tellement évident quelques décennies plus tard, et qui flanque par terre tout le raisonnement ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-1" id="pnote-354-1">1</a>] Dixit <em>John Brunner</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-2" id="pnote-354-2">2</a>] <em>Mais toujours pas d’une guerre mondiale, cette fois interplanétaire, qui emporterait les deux planètes, et l’humanité par la même occasion.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/354Comment volerurn:md5:4a1c08a19d3c3c5db4f3da76357358242008-02-01T20:42:09+00:002008-02-01T20:42:09+00:00ChristopheScience et consciencegravitationhumourscience <p>Ce billet est juste destiné à faire mention d’un billet du <em>Science Creative Quaterly</em> (magazine canadien) sur <em><a href="http://www.scq.ubc.ca/how-to-fly/" hreflang="en">How To fly (Comment voler</a></em>. En fait, c’est très simple, comme ils le rappellent, il suffit de suivre la recette du regretté Douglas Adams : viser le sol, et manquer. Les satellites ne font pas autre chose. On retrouve simplement les équations habituelles de balistique et de mise de satellite en orbite après un peu de maths. Foufou mais très bien fait en fait, un prof pourrait s’en inspirer.</p>
<p>Merci à <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2007/11/01/571-learning-to-fly">Éric Cabrol</a> pour m’avoir fait découvrir cette perle.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/01/443-comment-voler#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/405« Pour la Science » spécial Galaxiesurn:md5:8c3f559583cf57b512057700a4cbb63f2007-11-08T22:29:00+00:002011-05-09T19:49:28+00:00ChristopheScience et consciencegalaxiesgravitationoptimismescienceémerveillement<p>C’est un des plus beaux <em>Pour la Science</em> spéciaux : <a href="http://www.pourlascience.com/index.php?ids=bIdJTamvQDoqJNxsELTT&Menu=Dossier&Action=1&idn1=45#">le numéro spécial sur les Galaxies</a>. Il sera peut-être encore en kiosque au moment où ce billet sera publié.</p> <p>Les Galaxies semblent des objets statiques, très lointains, juste jolis. La situation est plus compliquée :</p>
<h3>Ça bouge et ça grossit</h3>
<p>Les Galaxies comme la nôtre sont le résultat d’une flopée de collisions. Un article montre tous les débris de galaxies naines littéralement déchiquetées par la nôtre. Certains de ces débris sont encore visibles, d’autres, intégrés dans notre galaxie, ne sont plus repérables que par la distribution de vitesse atypique de certaines étoiles.</p>
<p>D’autres superbes photos montrent des collisions de galaxies assez bizarres, des ponts entre les galaxies qui se frôlent à la galaxie en forme d’anneau car littéralement traversée par une autre ! <a href="http://haydenplanetarium.org/resources/ava/page/index.php?file=G0601andmilwy" hreflang="en">Dans ce film déniché sur le web qui montre une collision assez typique</a>, les deux galaxies se frôlent, se tournent autour, et finissent par fusionner après avoir éclaboussé tous les environs d’étoiles éjectées.</p>
<p>La forme d’une galaxie (elliptique, barrée...) est plus fonction de son histoire que d’un cycle de vie comme le croyait Hubble.</p>
<h3>Pas si loin</h3>
<p>...Relativement parlant s’entend. Alors que les étoiles et systèmes solaires sont séparés par des distances monstrueuses relativement à leur taille, les galaxies d’un même groupe sont relativement proches les unes des autres : la distance vers la galaxie d’Andromède n’est que de 25 fois environ la taille de notre Voie Lactée (2,5 millions d’années-lumière de distance pour 100 000 de rayon), et c’est beaucoup moins pour les galaxies naines satellites de la nôtre bien sûr.</p>
<p>Ce qui ne veut pas dire que cela est le cas partout : la matière (et donc les galaxies) est répartie sous forme de filaments dans l’univers, et il existe des sortes de « bulles » de vide aux dimensions absolument inimaginables. Mine de rien, la répartition de la matière joue un rôle capital dans la recherche de la manière dont l’univers s’est créé et de la simulation de son destin.</p>
<h3>Grosses</h3>
<p>La taille des galaxies obtenues en lumière visible n’est qu’une faible partie de leur masse : les gaz qui les environnent représentent une masse bien plus importante. Et il y a toute une dynamique de ces gaz qui tombent vers le cœur, sont éjectés, rejaillissent en fontaines, etc. Ces gaz jouent un rôle dans la dynamique de formation des jeunes étoiles et donc la forme de la galaxie. Ces gaz sont très chauds (parfois des millions de degrés), ce qui semble démentiel quand on sait que l’espace a une température très basse. Mais cette température calculée est liée à l’agitation des molécules, donc la température peut devenir effectivement énorme.</p>
<p>Ce qui ne veut pas dire que l’essentiel de la masse galactique est connue : entre la « matière noire froide », la « matière noire chaude », et « l’énergie sombre », il y a de quoi perdre son latin.</p>
<h3>Trou noir</h3>
<p>Un chapitre rapporte les observations des étoiles du centre galactique qui effectuent des orbites autour du trou noir. Oui, les instruments sont assez sensibles pour repérer des révolutions aussi lointaines sur des distances assez faibles pour que les étoiles fassent plusieurs orbites pendant la carrière d’un astronome !</p>
<h3>Andromède</h3>
<p><em>Science et Vie</em> en faisait même sa couverture catastrophiste et racoleuse le mois dernier : Andromède nous fonce dessus ! Notre Voie Lactée et sa cousine deux fois plus grosse vont se heurter et fusionner dans les cinq prochains milliard d’années. Le spectacle nocturne va devenir de plus en plus intéressant, surtout quand s’allumeront toutes les étoiles nées de la compression des gaz au début de la collision. Le <em>Science et Vie</em> nous fait craindre aussi que notre Soleil soit éjecté loin du disque galactique. Vu l’état prévu de notre étoile dans un futur aussi lointain (une géante rouge qui transformera la Terre en fournaise), je crois qu’avoir un ciel sans étoile ne soit le moindre des soucis des Terriens...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/08/431-pour-la-science-special-galaxies#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/388“Red Mars”, “Green Mars”, “Blue Mars” de Kim Stanley Robinsonurn:md5:0a40dae22e0533869c05c44ac1166a162007-06-01T07:47:00+00:002009-07-04T18:02:58+00:00ChristopheMarsauto-organisationcatastropheChinecivilisationcolonisationcommunismeconquête spatialecynismedilemmedémocratiedémographieeaueffet de serregigantismegéopolitiquehard scienceimpérialismeIndelibertélivres lusMarsmythenatureoptimismeouverture d’espritpessimismepolitiquepsychologieRésistancesciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsterrorismeténacitéutopieécologieéconomieémerveillementÉtats-Unisévolution<p>La Trilogie martienne est <ins>LA</ins> référence en matière de science-fiction réaliste sur la colonisation de Mars</p> <p>La trilogie <em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-1" id="rev-pnote-313-1">1</a>]</sup> est <em>le</em> livre de SF sur la colonisation et la terraformation de Mars. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Robinson</a> a effectué un travail de titan pour rendre plausible chaque étape du processus.</p>
<p>Les trois tomes se réfèrent aux trois étapes de la transformation de la planète en petit paradis :</p>
<ul>
<li>Encore vierge, Mars est rouge et hostile. Les humains y débarquent (les premiers, « les Cent », servent de fil conducteur aux livres) et s’installent petit à petit. Les effets de la terraformation ne sont pas encore visibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la montée des températures et l’apparition d’une véritable atmosphère dense, le lichen et les plantes se répandent, Mars devient verte. La colonisation devient massive, en provenance d’une Terre épuisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <em>permafrost</em> martien fond, l’eau liquide ne s’évapore plus, des mers apparaissent, et l’atmosphère devient enfin respirable : Mars devient bleue.</li>
</ul>
<p>Transformer aussi profondément une planète exige des centaines d’années au strict minimum. Pour couvrir la période entière en gardant les mêmes personnages, Robinson leur a offert la quasi-immortalité grâce aux progrès de la médecine. On suit donc « les Cent » au travers des trois tomes, de leurs premiers pas sur le caillou mort aux bains de soleil au bord de la nouvelle mer boréale. Robinson se concentre sur une dizaine d’entre eux, et certains de leurs descendants. Il ne lésine pas sur les introspections psychologiques et les analyses des rapports entre personnages. Cela est plaisant quand les relations interpersonnelles sont le reflet des nombreux affrontements politiques ou philosophiques qui traversent cette histoire de la colonisation martienne ; mais à d’autres moments le propos en est désagréablement alourdi (ces pavés sont pourtant déjà assez lourds).</p>
<p>Le plus intéressant, surtout pour un ingénieur et scientifique comme moi, réside dans l’arsenal de techniques déployées pour transformer le désert martien en contrée bucolique. Le mécanisme de base est similaire à l’effet de serre qui nous préoccupe tant sur Terre : l’atmosphère martienne est saturée de CO2 mais son épaisseur est trop faible. Tous les moyens seront donc bons pour ajouter du CO2. Certaines autres techniques utilisées pour gagner quelques degrés sont de la science-fiction pure, notamment la création d’une lentille orbitale pour concentrer les rayons du soleil.</p>
<p>Autre réalisation titanesque, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, l’invention qui ferait chuter le coût de la masse en orbite et rendrait enfin l’exploration spatiale bon marché. Quand ce câble qui monte littéralement jusqu’à l’espace est saboté et s’enroule autour de l’équateur martien, il provoque la plus impressionnante des « séquences catastrophes » de la trilogie.</p>
<p>La politique martienne démarre dès les premiers pas des Cent sur la planète. Très vite, les explorateurs sont divisés entre « Verts » (partisans de la terraformation) et « Rouges » (opposants, qui considèrent que Mars doit être préservée). Cette division perdurera chez les descendants et parmi les nombreux colons qui suivront. Politiquement et économiquement, Mars expérimente de nombreux systèmes : les villes naissantes gravitent dans le capitalisme caricatural des métanationales, tandis que les zones à peines habitées testent l’économie du don. De chacune des cités martiennes naîtra un modèle de civilisation différent ; diversité à laquelle les immigrés (y compris Arabes, Indiens, Chinois, Robinson n’est pas trop américano-centrique... ) ajouteront la leur, avec également leurs conflits.</p>
<p>La politique martienne ne se conçoit effectivement pas sans intervention terrestre. Quand ce ne sont pas les métanationales qui dictent leur loi, les nations les plus peuplées d’une Terre en plein chaos climatique exigent que leur population puisse se déverser dans la dérisoire soupape de sécurité martienne. Mais transférer une fraction significative de la population terrienne est illusoire, et le peu qui est possible saturerait déjà les capacités d’absorption de la jeune civilisation martienne, en la précipitant dans le chaos. En retour Mars, creuset politique et technologique, influence la Terre bien au-delà de sa petite population. Une fois la liberté acquise, qu’en faire ? L’isolationisme est tentant mais dangereux.</p>
<p>Bref, dans leur quête pour une planète habitable - et libre - les Martiens ne seront pas au bout de leur peine. Tout amateur de <em>hard science</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-2" id="rev-pnote-313-2">2</a>]</sup> un peu intéressé par la politique-fiction sera comblé.</p>
<p>Pinailleur comme je suis, j’aurais quand même quelques reproches à faire à la trilogie. Sur la forme, il y a quelques pages en trop sur les huit cents de chaque tome. Mais certains lecteurs apprécieront peut-être plus que moi les angoisses existentielles, voire amoureuses, des Cent, et voudront au contraire sauter les descriptions techniques.</p>
<p>Sur le fond, mon principal problème repose sur l’évolution de la Terre qui meurt. La trilogie a déjà dix à quinze ans (les parutions originelles datent de 1992 à 1996) et le futur a rattrapé partiellement la fiction. Dans cette fresque qui s’étale sur au moins deux siècles, la Chine et l’Inde semblent figées dans leur rôle prévisible dans les années 1990, futures superpuissances surpeuplées pas vraiment « mûres ». Or l’<a href="http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/POP910.doc.htm">ONU prévoie une stabilisation de la population mondiale avant 2100</a>, et le déclin démographique de la Chine est pour la prochaine génération : on peut être sûr que le futur ne sera <em>pas</em> comme prévu par Robinson. Surtout en 2300.</p>
<p>(Facile à dire, après coup. Faire de la prospective sans tomber dans le prolongement plus ou moins conscient des tendances actuelles est une mission impossible).</p>
<p>Les problèmes écologiques de la Terre semblent un peu artificiels. Robinson introduit de catastrophiques volcans antarctiques quand le réchauffement planétaire « normal » aurait suffi - mais en parlait-on autant en 1992 ?</p>
<p>Un trait américain de l’auteur surgit dans les révolutions martiennes (une dans le premier tome, une dans le second qui se prolonge dans le troisième) : les Martiens auront-ils vraiment envie de calquer leur histoire sur celle de la naissance des États-Unis ? Il est vrai que le rythme du récit y gagne.</p>
<p>En résumé : un gros pavé pour ceux qui aiment construire des mondes, et ne rechignent ni à la technique, ni à l’utopie. Un des monuments de la science-fiction récente dans ce qu’elle a de plus sérieux et fouillé. Quand je vois une carte de Mars, à présent, je rêve aux villes qui y seront peut-être un jour. Mon rêve est de me payer un voyage dans <em><a href="http://www.nirgal.net/valles.html">Valles Marineris</a></em> pour mon centenaire - sait-on jamais ?</p>
<hr />
<p>Autres sites sur cette trilogie :<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars">Article Wikipédia</a><br />
<a href="http://branchum.club.fr/mars.htm">http://branchum.club.fr/mars.htm</a><br />
<a href="http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html">http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-1" id="pnote-313-1">1</a>] <em>En français : </em>Mars la rouge<em>, </em>Mars la verte<em>, </em>Mars la bleue<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-2" id="pnote-313-2">2</a>] <em>Branche de la science-fiction la plus attachée à la plausibilité scientifique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/313Le scandale du DHMOurn:md5:0e3294d84b89c4ef5667577c3d4ee0512007-05-31T07:30:00+00:002011-04-06T20:31:43+00:00ChristopheScience et conscienceeauhumourperspectivepessimismepollutionscienceécologie<p>Je n’ai pas le temps de faire autre chose qu’un billet rapide, mais le scandale est trop important : un composé hautement dangereux se diffuse dans le public depuis des lustres sans que personne réagisse !</p> <p>Allez vite voir le <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/">site de mise en garde contre les dangers du DHMO</a>. Ce composé à la limite entre la chimie organique et la chimie minérale est totalement négligé par les pouvoirs publics. Un extrait de la <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/facts.html">FAQ</a> :</p>
<blockquote><p>Parmi les périls du monoxyde de dihydrogène on peut citer : <br />
<br />
Des décès dûs à l’inhalation accidentelle, même en faibles quantités<br />
L’exposition prolongée à sa forme solide entraîne des dommages graves des tissus.<br />
L’ingestion en quantités excessives donne lieu à un certain nombre d’effets secondaires désagréables, bien que ne mettant pas habituellement en cause le pronostic vital.<br />
Le monoxyde de dihydrogène est un constituant majeur des pluies acides.<br />
Sous forme gazeuse, il peut causer des brûlures graves.<br />
Il contribue à l’érosion des sols.<br />
Il entraîne la corrosion et l’oxydation de nombreux métaux.<br />
La contamination de dispositifs électriques par du DMHO entraîne souvent des court-circuits.<br />
Sa présence, même en quantité réduite, diminue l’efficacité des freins automobiles.<br />
Il a été trouvé dans des biopsies de tumeurs et lésions pré-cancéreuses.<br />
Il est souvent associé aux cyclones mortels survenant notamment dans le centre des États-Unis.<br />
Des variations de température du monoxyde de dihydrogène sont soupçonnées de contribuer au phénomène climatique El Niño.</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/31/344-le-scandale-du-dhmo#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/308Des étoiles pour un petit Rémiurn:md5:312e58d3e9f8571e0d9a61927b79c2f32007-04-19T21:24:00+00:002011-03-28T20:31:11+00:00ChristopheScience et conscienceastronomieconquête de l’inutileenfantsgaspillageoptimismescienceémerveillement<p>Les débuts d’un futur astronome ?</p> <p>Petit Rémi découvre les étoiles. Sa chambre est orientée sud-ouest, et en ce moment, en se couchant tard (21h 30, ce sont les vacances après tout, il peut faire le tour du cadran ; et de plus en cas de sieste postprandiale il ne dort de toute façon pas avant 22 h...), il peut admirer le soleil couché et les premières étoiles par la fenêtre.</p>
<p>Vénus est bien visible à l’ouest, un véritable phare. Petit Rémi a repéré avant moi les fameuses trois étoiles du baudrier d’Orion. Même si je suis un fana d’astronomie, je ne sais pas repérer beaucoup de constellations et j’ai dû dégainer <a href="http://www.stellarium.org/screenshots.html">Stellarium</a> pour chercher les noms des autres étoiles brillantes visibles, et si nous avions d’autres planètes pas trop loin.</p>
<p>Effectivement, Saturne se détache, à droite du Lion et au-dessus de la très visible Procyon. Par contre, pour Jupiter ou surtout Mars, rien avant la fin de l’été à une heure décente, et encore. Dommage.</p>
<p>Dommage aussi que les villes actuelles offrent une telle luminosité, rares sont les constellations entièrement visibles. Un des rares grands spectacles gratuits de l’humanité qui disparaît. Quel est le rôle de la disparition des étoiles dans la désaffection pour les sciences chez l’élève moyen ?</p>
<p>Un jour, je <del>lui</del> nous offrirai un télescope.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/19/324-des-etoiles-pour-un-petit-remi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/292« L’Empire de l’Atome» et « le Sorcier de Linn » d’A.E. Van Vogturn:md5:5bdab5c63fdf4693c888ea749fc40c242006-12-13T22:24:00+00:002009-05-10T11:16:47+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiqueextraterrestresguerreimpérialismelivres lusmagiepolitiquereligionsciencescience-fictionspace opera<p>Un vieux clas­si­que sur une étrange civi­li­sa­tion qui mélange arcs et flè­che et navi­ga­tion inter­pla­né­taire.</p> <p>Quel­ques mil­liers d’années dans notre futur, la Terre est enfin réu­ni­fiée au sein de l’Empire de Linn : un étrange État basé sur la force et l’escla­vage, où la guerre con­tre Mars se mène avec des épées, des arcs et des lan­ces, mais où les dépla­ce­ments s’opè­rent en astro­nef inter­pla­né­taire (il fau­dra accep­ter le para­doxe) ; une civi­li­sa­tion où la science n’est plus, et ce qui en reste est aux mains des prê­tres de l’atome, ado­ra­teurs d’Ura­nium, Plu­to­nium et con­sorts (le livre date des années 50 et est là mar­qué par les préoc­cu­pa­tions de son épo­que) ; un monde qui mani­fes­te­ment sort d’une période de bar­ba­rie suite à l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion inter­pla­né­taire bien long­temps aupa­ra­vant.</p>
<p>La belle-fille de l’Empe­reur accou­che d’un fils mutant, aux os défor­més. Con­tre toute attente, l’enfant est laissé en vie, et un vieux sage prend son édu­ca­tion en main. Le petit Clane, en marge de la Cour minée par les intri­gues poli­ti­ques, gran­dit alors et devient un des prê­tres de l’atome. <br />Au moment où il com­mence à accu­mu­ler un savoir et un pou­voir tech­ni­que immen­ses, pio­chés dans les rui­nes des anciens dis­pa­rus, il est forcé de s’impli­quer dans les sor­di­des com­plots de la Cour. Puis défer­lent des enva­his­seurs bar­ba­res des lunes de Jupi­ter. Ils ne repré­sen­tent que le pre­mier des dan­gers mor­tels que le « Sor­cier de Linn » va évi­ter à son peu­ple.</p>
<p>Ce cycle en deux tomes est du pur Van Vogt. L’action est très réduite, les batailles sont rela­tées plus que décri­tes, tout est dans le rai­son­ne­ment. Les per­son­na­ges réflé­chis­sent beau­coup et se com­por­tent de manière pres­que trop ration­nelle (l’enva­his­seur Czinc­zar capi­tule sur le champ en cons­ta­tant la puis­sance de Clane, de la même manière qu’un joueur d’échec aban­donne après la perte de sa dame). On retrouve le mythe du « surhomme » à la Van Vogt, c’est-à-dire celui que le savoir et la for­ma­tion intel­lec­tuelle ren­dent pres­que invin­ci­ble (voir le Gos­seyn du <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo1">Monde des Ã</a></em> ou le savant nexia­liste de la <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo10">Faune de l’Espace</a></em>, deux autres très bons clas­si­ques du même auteur).</p>
<p>La for­ma­tion de Clane et le jeu des intri­gues poli­ti­ques mou­che­tées ou mor­tel­les de la Cour sont bien sûr les par­ties les plus inté­res­san­tes. Inté­res­sante éga­le­ment la décou­verte de la civi­li­sa­tion des Riss et les rai­sons et con­sé­quen­ces de l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion pré­cé­dant celle de Linn. <br />Mais la fin de cha­cun des deux tomes est trop vite expé­diée : le mutant dégaine son atout et l’adver­saire capi­tule. Un peu frus­trant. Les per­son­na­ges secon­dai­res (la famille de Clane notam­ment) sont trop peu déve­lop­pés. Un roman assez froid donc (comme tout Van Vogt), et qui plaira à des gens comme moi ainsi qu’aux ama­teurs d’échec et de clas­si­ques de SF.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/260Références glissantes, extinctions de masse, purée d’orties et univers calculable (« Pour la Science » de novembre 2006)urn:md5:ee7884403ff4436fadf9e462fb710caf2006-11-19T22:52:00+00:002010-11-16T20:57:25+00:00ChristopheScience et consciencecataclysmeclimatconquête de l’inutilecosmologiedinosaureseffet de serregéologieinformatiquelobbysperspectivepessimismesciencespéculationécologie<p>Le dernier <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> n’est pas très rassurant sur l’avenir de la planète : « références glissantes » qui faussent notre perspective, effet de serre tendant vers l’extinction thermique, lacs de CO2...</p> <h3>De la fin du monde</h3>
<ul>
<li>Ivar Ekeland évoque les « <strong>références glissantes</strong> », à savoir que chaque génération évalue la dégradation de son environnement à partir de ce qu’elle a connu, et pas dans l’absolu. Mais les changements écologiques ne sont pas immédiatement visibles : nous n’aurons donc jamais l’impression de franchir un seuil. Et cela est valable même pour chaque génération <em>de chercheurs</em>.<br />Le phénomène est particulièrement net pour l’évolution des espèces de poissons. Les océans sont en voie rapide de ne plus bientôt contenir que bactéries et méduses à cause de la surpêche, mais cette disparition est progressive.<br />L’exemple de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Île_de_Pâques">l’Île de Pâques</a></strong> est effrayant : autrefois très boisée, cette île a été victime de la déforestation humaine en quelques siècles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#pnote-249-1" id="rev-pnote-249-1">1</a>]</sup>, et on peut se demander « qui a osé couper le dernier arbre ? » Mais le dernier arbre n’était qu’une brindille coupée par un paysan qui avait oublié jusqu’au souvenir des forêts d’arbres géants.<br />De même, la morue moyenne a vu sa taille divisée par trois et la biomasse de certains océans par dix. <strong>Les négociations internationales visent à stabiliser les stocks au niveau actuel, qui est peut-être déjà insuffisant</strong>.<br />Dernière flèche de Ekeland : bientôt nous aurons oublié qu’on ne parlait pas au téléphone qu’à des répondeurs et qu’on n’était pas fiché à chaque passage de frontière. « Pour nous qui avons connu autre chose, c’est un pas de plus vers un état totalitaire et policier à l’échelle du monde. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Grand article sur <strong>l’effet de serre, responsable des extinctions de masse</strong> : à part pour la plus connue (provoquée par la chute d’une météorite et où disparurent les dinosaures), les grandes extinctions de masse de l’histoire de la vie terrestre auraient été provoquées par l’effet de serre : le dioxyde de carbone de provenance volcanique provoque le réchauffement, et génère du sulfure d’hydrogène dans les océans, qui y oblitère la vie et se répand ensuite dans l’atmosphère, où il attaque la couche d’ozone.<br />Le point positif est, qu’au rythme d’émission actuel, nous avons encore deux siècles de sursis avant d’arriver au niveau de CO2 de l’« extinction thermique » d’il y a 54 millions d’années. Cette extinction est mineure, mais apparemment de nombreuses autres petites extinctions de masse auraient eu lieu. (Note personnelle : Cela signifie que si le « <a href="http://www.eons.fr/catalogue/extraits/E0020X.pdf">scénario Vénus</a> » n’est pas probable, nous courrons quand même de gros risques à déstabiliser notre écosystème. Et il y a d’<a href="http://generationsfutures.chez-alice.fr/livre/3scenarios_de_Reeves.htm">autres scénarios moins apocalyptiques mais pas plus rassurants</a> comme le « scénario désert » ou le « scénario geyser ». Cependant, on notera que cet effet de serre d’origine volcanique est peut-être ce qui nous a sauvé de la « <a href="http://www.futura-sciences.com/news-terre-boule-neige-avis-grand-froid-il-y-750-millions-annees_3406.php">Terre-boule de neige</a> ».)</li>
</ul>
<h3>Mais aussi...</h3>
<ul>
<li>Il existe sous la mer des <strong>lacs de dioxyde de carbone</strong>, où la pression est forte et la température basse. J’avais entendu parler de la possibilité de stocker ainsi le CO2 au fond de la mer, mais naturellement c’est donc déjà le cas. Il existe des formes de vie très spécifiques à l’interface dioxyde de carbone/eau... qu’on pourrait retrouver dans les glaces de... Mars !</li>
</ul>
<ul>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythie">Pythie de l’Oracle de Delphes</a> ne devait pas ses transes divinatoires à l’éthylène supposé dans les émanations qu’elle respirait dans sa grotte, située au-dessus de deux failles géologiques, mais simplement au manque d’oxygène dans les émanations.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>De l’impact des séries télévisées telles que <em>les Experts</em> sur les jurys américains</strong> : même si les anecdotes sur les exigences croissantes des jurés en preuves matérielles abondent, les études ne montrent pas de changement réel. Par contre, le nombre d’analyses, les effectifs de techniciens spécialisés... explosent. Une conséquence sympathique est l’amélioration de l’image de la science et les perspectives d’augmentation des crédits pour la recherche fondamentale liée à ces sujets.</li>
</ul>
<ul>
<li>« <strong>Les orties hors loi</strong> » : un article de Alain Baraton sur l’interdiction du purin d’ortie sous la pression des lobbys chimiques probablement : <a href="http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2354">plus de détails ici</a> et <a href="http://www.eco-echos.com/dotclear/index.php?2006/09/07/81-purin-d-ortie-ca-relaie-ca-relaie">ici</a>, le sujet a pas mal remué la blogosphère. Cela fait plaisir de voir que nos gouvernants ont plus peur des recettes transmises depuis la nuit des temps que des OGMs libérés sans grande précaution dans la nature. <a href="http://philippe.ameline.free.fr/wordpress/">Philippe Ameline fait même le lien avec l’article d’Ekeland</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Concevoir l’univers comme un ordinateur ?</strong> : Un article de Jean-Paul Delahaye qui démarre par une nouvelle d’<a href="http://www.noosfere.com/heberg/fbeurg/asimov.htm">Asimov</a> et pulvérise le mégalo <a href="http://www.boson2x.org/article.php3?id_article=63">Stephen Wolfram</a> au passage. La question est : « L’univers pourrait-il être réductible à une simple simulation informatique ? » Le <a href="http://www.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/divers/conway.html">jeu de la vie</a> est un exemple, simpliste (problème de directions privilégiées).<br />Une réponse affirmative permettrait de se débarrasser de ces problèmes de continuité infinie et de ramener l’évolution de l’univers à un simple calcul sur un ensemble discret. Une objection majeure à cette théorie est l’incompatibilité avec certains effets à distance de la mécanique quantique : on peut toutefois spéculer que l’ordinateur sous-jacent est lui-même quantique (donc on oublie localité et automates cellulaires).<br />Suivent des réflexions sur la complexité du programme sous-jacent (il doit être relativement simple puisque les lois de l’univers sont compréhensibles), et une possibilité que l’Univers échappe à la « mort thermique » à cause de ce fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxième_principe_de_la_thermodynamique">second principe de la thermodynamique</a> : il « suffit » que ce calcul soit réversible.<br />J’adore <em>Pour la Science</em> pour les articles parfois archi-spéculatifs de ce genre, fréquents dans la partie « logique et calcul ».</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#rev-pnote-249-1" id="pnote-249-1">1</a>] <em>L’article sur Wikipédia est plus nuancé et affirme que la météorologie y est aussi pour quelque chose ; ce qui ne change pas grand-chose à l’argument d’Ekeland.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/249« L’échelle de Darwin » de Greg Bearurn:md5:15690a6efcf5669d3e3d631e206cc5292006-09-17T18:15:00+00:002016-09-10T09:44:56+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescataclysmedémocratiehard sciencelivres luspsychologieracismesciencescience-fictionÉtats-Unisévolution<p>Un roman charpenté et réaliste sur l’émergence de l’espèce de mutants qui peut nous remplacer.</p> <p>En science-fiction, le thème des mutants comme représentants d’une évolution de l’espèce humaine, et rejetés par la société actuelle, ne date pas d’hier.</p>
<p>Un des meilleurs livres sur le sujet est <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/À_la_poursuite_des_Slans">À la poursuite des Slans</a></em> de <a href="http://www.vanvogt.net/">Van Vogt</a> ; comme Frankenstein les mutants y sont la création d’un esprit humain. Dans la SF de la Guerre Froide, le mutant né des retombées de la Bombe pullule également.</p>
<p>Moins couru est le chemin que Greg Bear explore, celui de la mutation <em>naturelle</em>, dans notre propre société. Les États-Unis de l’<em>Échelle de Darwin</em> sont ceux d’aujourd’hui (légèrement intemporels), aux réactions exacerbées devant ce saut dans l’inconnu.</p>
<p>Le livre ne couvre que l’apparition de la nouvelle espèce. Le plus intéressant se situe dans le mode d’apparition de la mutation : par un <a href="http://www.iledefrance-est.cnrs.fr/interest/numeros/n08/10-retrovirus.htm">rétrovirus endogène</a> tapi dans les gènes humain avant même l’apparition d’<em>Homo sapiens</em>. Réveillé par le stress subi par l’espèce, il transforme des groupes humains en une sorte de réseaux, capable de sélectionner inconsciemment la pertinence de nouvelles mutations.</p>
<p>(Oui, un peu d’instruction en biologie et en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l'évolution">théorie de l’évolution</a> ne seront pas de trop pour saisir toute la substantifique moëlle du livre de Bear.)</p>
<p>Coïncidence romanesque, le fameux virus commence à faire parler de lui au moment précis où, dans les Alpes autrichiennes, un couple de Néandertaliens momifiés est retrouvé... avec un bébé <em>moderne</em> — témoins du précédent saut évolutif de l’homme.<br />(Malheureusement pour l’auteur, il fut définitivement démontré peu après la parution du livre que <em><a href="http://www.dinosoria.com/neanderthalensis.htm">Homo neanderthalensis</a></em> n’<a href="http://www.ens-lyon.fr/Planet-Terre/Infosciences/Histoire/Evolution/Articles/neanderthal.html">est pas notre ancêtre</a>. Cela ne change pas grand-chose à l’histoire, <em>Homo erectus</em> fournissant un substitut valable. <strong> 2010</strong> : D’autres articles plaident au contraire pour l’intégration de l’ADN de Neanderthal dans le nôtre. Mais ce n’est pas l’ancêtre de Sapiens. <strong>2016</strong> : il semble acquis qu’il y ait eu hybridation. L’hypothèse du roman peut donc se défendre.)</p>
<p>SHEVA — le virus — se manifeste chez les femmes enceintes, et semble d’abord provoquer des fausses couches. Cette catastrophe de santé publique suffirait à paniquer une civilisation entière, mais s’y ajoute le mystère de nouvelles grossesses dans la foulée (conceptions divines ?). Les « enfants SHEVA » meurent cependant tous à la naissance : pourquoi ? Ajoutons le fait que si un seul survit, il risque de transmettre à l’humanité des virus en sommeil depuis des millénaires, contre lesquels nous ne sommes pas du tout préparés.</p>
<p>On est d’abord aux États-Unis, et la religion, les lobbys anti-avortement et pharmaceutiques... jouent donc un rôle. Les attaques contre les femmes enceintes comme le danger de ces nouveaux virus justifient une évolution du gouvernement vers une forme autoritaire. Les héros (le découvreur des momies néandertaliennes et une biologiste enceinte) vont donc devoir se cacher. La fuite des mutants (en quoi sont-ils différents d’ailleurs ?) ne fait que commencer.</p>
<p>L’action est très réduite. L’essentiel du roman consiste en <strong>dialogues parfois très élevés</strong> entre biologistes, ou politiques, sur l’évolution de la situation. C’est l’administration dans son ensemble (au sens le plus large, incluant notamment les laboratoires pharmaceutiques) qui découvre pas à pas chaque élément du problème. Les batailles politiques internes sont légions. On constate que le milieu des biotechnologies, concerné au premier chef par cette révolution, ne fait pas de cadeau aux idéalistes, mais sans qu’aucun personnage ne joue le rôle du « salaud intégral » destiné à être haï ; tous agissent pour ce qu’ils jugent nécessaires, avec parfois une bonne pointe d’arrivisme.</p>
<p>J’aurais tendance à reprocher quelques défauts mineurs « justifiés » par les nécessités romanesques : la coïncidence de la découverte des momies avec le retour du virus, ou l’irrationnalité du comportement des héros, gens pourtant si cartésiens, sur la fin du livre. Centrer l’histoire quasi-exclusivement sur les États-Unis, comme si le virus n’était pas mondial, m’énerve aussi passablement.</p>
<p>On relèvera que cette idée d’« évolution dirigée » rappelle parfois les délires des créationistes. Mais Bear ne milite pas pour l’<em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">intelligent design</a></em>, le virus est une arme supplémentaire pour une espèce pour diriger sa propre évolution. J’ai quand même du mal à comprendre comment un mécanisme si subtil que celui décrit ici aurait pu se mettre en place.</p>
<p>En résumé, <strong>un très bon <em>biotechno-thriller</em></strong> qui nécessitera un cerveau pas trop liquéfié par TF1. Le second tome, les <em>Enfants de Darwin</em> est disponible <del>, pour l’instant en grand format uniquement. Je le lirai.</del> (<strong>mise à jour du 27 mai 2007</strong>) en poche depuis ce mois ! Lecture en cours.</p>
<p>On trouvera d’autres critiques chez <a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS40/KWS4002.html">Quarante-deux</a> ou <a href="http://livres.krinein.com/Bear-L-echelle-de-Darwin-3278.html">Krinein</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/17/222-l-echelle-de-darwin#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/200Excellence et conformismeurn:md5:5a372631160da39e18820ce4042fd9d32006-08-15T11:07:00+00:002010-11-03T20:39:45+00:00ChristopheScience et conscienceexpertiseouverture d’espritsciencethéorie<p>Une chronique de Didier Nordon sur les liens entre la recherche de l’« excellence » et le conformisme.</p> <p>Remarque de <a href="http://www.didiernordon.org/">Didier Nordon</a> dans un vieux <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/15/211-excellence-et-conformisme#pnote-189-1" id="rev-pnote-189-1">1</a>]</sup>, que je m’en vais paraphraser :</p>
<ul>
<li>le mot en vogue dans les milieux de la recherche est « excellence » ;</li>
</ul>
<ul>
<li>l’excellence sous-entend une norme, le regard de pairs, une réalisation parfaite selon certains critères ;</li>
</ul>
<ul>
<li>alors que la recherche et la science consiste souvent à lancer des idées folles ou mal étayées, remettre en cause normes et théories dominantes, persister face aux avis négatifs, bref, ne pas hésiter à déranger ;</li>
</ul>
<ul>
<li>donc l’excellence est la voie vers le conformisme.</li>
</ul>
<p>Suivant le principe du bon vieux docteur <a href="http://en.wikiquote.org/wiki/Isaac_Asimov" hreflang="en">Isaac Asimov</a> (<em>“The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not ‘Eureka!’, but ‘That’s funny…’”</em>), ou celui d’<a href="http://www.college-de-france.fr/site/ast_obs/p998917921696.htm">Antoine Labeyrie</a> (« Si la science ne s’intéresse pas aux choses délirantes, elle risque fort de passer à côté de choses intéressantes. »), c’est justement en s’écartant des sentiers battus, en osant, que la science progresse.</p>
<p><em>(Fin de citation-paraphrase-résumé)</em></p>
<p>Cela dit, se pose aussi le problème de savoir jusqu’à quel point on peut ouvrir son intellect aux idées qui dérangent, « sans que le cerveau tombe dans le trou »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/15/211-excellence-et-conformisme#pnote-189-2" id="rev-pnote-189-2">2</a>]</sup>. L’idée d’une <a href="http://www.alaska.net/~clund/e_djublonskopf/Flatearthsociety.htm" hreflang="en">terre plate</a> (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Flat_Earth_Society" hreflang="en">historique</a>) mérite-t-elle vraiment qu’on s’y intéresse encore ? <br />(Et dans le domaine de la morale, pas si lointain, guette aussi le danger du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Relativisme_culturel">relativisme culturel</a>.)</p>
<p>En science, toute esquisse de théorie se doit de se baser sur au moins quelques données crédibles, ou prévisions vérifiables (schématiquement, bref, une théorie « <a href="http://www.pseudo-sciences.org/article.php3?id_article=102">falsifiable</a> »).</p>
<p>Est-ce un hasard si les sociétés les plus tolérantes envers les originaux, les électrons libres, les rebelles, sont celles où la science a avancé le plus vite ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/15/211-excellence-et-conformisme#rev-pnote-189-1" id="pnote-189-1">1</a>] <em>Septembre 2004. Ce qui est bien avec cette revue est qu’une bonne partie de son contenu est intemporel, à commencer par les chroniques de Nordon.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/15/211-excellence-et-conformisme#rev-pnote-189-2" id="pnote-189-2">2</a>] <em>J’aimerais bien retrouver l'auteur de cette expression...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/15/211-excellence-et-conformisme#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/189Supervolcans et supertélescopes (« Pour la Science » d’août 2006)urn:md5:93d5827bc82a358945bf43a1d3d894642006-07-23T19:36:00+00:002014-02-26T10:54:06+00:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéapocalypseastronomiecataclysmeenseignementgigantismegéologiepessimismesciencevolcansémerveillement<p>Un bon cru du magazine scientifique avec quelques articles scientifiquement « racoleurs ».</p> <p><a href="http://www.pourlascience.com/">Sous peu en kiosques</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-1" id="rev-pnote-171-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Que du bon pour un fanas de science, et notamment :</p>
<ul>
<li>Le <em>Bloc-notes</em> de <strong>Didier Nordon</strong> : à lui seul sa page justifie l’achat du magazine.<br />D’abord des réflexions sur la spécialisation : quand elle est poussée à fond comme de nos jours, il n’y a plus de communication, juste une juxtaposition de tours d’ivoire.<br />Les ravages du « flux tendu » appliqué aux étudiants : les semestres si courts ne favorisent pas la maturation des connaissances. J’ai moi-même dans bien des cas nécessité plus de temps pour digérer (quasiment au sens littéral) des connaissance et des concepts qu’il n’y en avait entre le cours et l’examen.<br />Enfin, le rôle trompeur de l’Internet : tout ce qui y circule n’est pas forcément vrai. Rien de nouveau sous le soleil, rappelle Nordon, la désillusion est la même à chaque révolution dans l’information : écriture, imprimerie...</li>
</ul>
<ul>
<li>Un résumé des exploits du télescope spatial <strong><a href="http://hubblesite.org/" hreflang="en">Hubble</a></strong>. <br />Le petit télescope est là-haut depuis seize ans déjà. Son maintien en fonction va nécessiter des investissements que les Américains ne vont peut-être pas consentir, alors que son successeur n’est pas encore prêt (le <a href="http://www.jwst.nasa.gov/" hreflang="en">James Webb</a> est prévu pour 2013). <br />Mais les télescopes spatiaux sont-ils encore utile, vu leur diamètre forcément réduit, et la taille de ce qu’on arrive à obtenir au sol ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Coup de bol, c’est le sujet de l'article suivant (ainsi que d’un entretien avec l’astrophysicien Roland Lehoucq sur les limites de l’exploration astronomique).<br />Hubble a une taille réduite (miroir de 2,5 m de diamètre), il se fait enfoncer par les récents télescopes du <a href="http://www.eso.org/projects/vlt/" hreflang="en">Very Large Telescope</a> européen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-2" id="rev-pnote-171-2">2</a>]</sup> dont les miroirs affichent un fier 8,2 m (déjà plus que le James Webb). De plus les progrès de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Optique_adaptative">optique adaptative</a> (et le soutien de l’informatique) permettent de s’affranchir des turbulences de l’atmosphère, argument majeur à l’époque du lancement du projet Hubble.<br />Les télescopes spatiaux vont donc sans doute se spécialiser dans les longueurs d’onde filtrées par l’atmosphère (rayons X...).<br /><br />La taille des miroirs des plus grands télescopes double tous les 20 ou 30 ans, et cela va continuer. Le projet <strong><a href="http://www.eso.org/projects/owl/" hreflang="en">OWL</a></strong> ambitionne de passer rapidement à un <strong>miroir de... 100 m</strong> ! Si on veut observer efficacement les planètes extrasolaires de type terrestre, il faudra bien ça.<br />OWL est un monstre, l’article détaille les cauchemars techniques à relever, ou déjà résolus par les télescopes actuels (à plus petite échelle !) : coupole de protection de 100 m de haut <em>mobile</em> (autour du miroir, elle générerait elle-même des turbulences atmosphériques !) ; ossature déformable ; prise en compte de la déformation due au vent ; miroir géant composé d’une myriade de petits, orientables ; impossibilité financière de faire chacun de ces petits miroirs de la forme parfaite, mais identiques, d’où nécessité d’un autre miroir correcteur pour redresser ; système de contrôle d’optique adaptative hors de portée de l’informatique actuelle ; système de rotation de cette structure du poids de la Tour Eiffel ; etc. etc.<br />Coût : un milliard d’euros (on avait craint soixante au début...), une misère pour l’Occident qui dépense déjà bien plus dans certaines missions spatiales.<br /><br />Il y a d’autres projets en cours, moins ambitieux mais moins risqués : le <a href="http://www.tmt.org/" hreflang="en">TMT</a>, miroir de 30 m, coût 580 M€ ou le <a href="http://www.gmto.org/" hreflang="en">Magellan</a>, assemblage de sept miroirs de 8 m, à 400 M€. La concurrence pour l’argent du contribuable fait rage.<br /><br />Soit dit en passant, il existe d’autres moyens que des miroirs de plus en plus grands, en morceaux ou pas, pour améliorer les images venues du ciel. Les <strong>capteurs</strong> arrivent à 100% de récupération de la lumière reçue (autrefois quelques pour cent ; ce gain monstrueux a permis de virtuellement quintupler le diamètre des télescopes existant comme celui du Mont Palomar), cette piste est close. <br />Les <strong>télescopes spatiaux</strong> sont forcément petits (6,5 m pour le James Webb quand même), et ruineux à maintenir dans des conditions très dures. <br />L’<strong>interférométrie</strong> permet de rassembler les observations de plusieurs télescopes de taille « humaines » pour obtenir une résolution (finesse de détails) équivalente à celle d’un télescope classique de la taille de la distance qui les sépare ! Le hic, c’est que la sensibilité (la lumière collectée) n’est pas meilleure : les temps de pose sont énormes. <br />Difficile donc de se passer des télescopes géants dans l’avenir. <br /><em>Caveat</em> : l’auteur de l’article est l’un des responsables du projet OWL. Ça fait rêver quand même<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-3" id="rev-pnote-171-3">3</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur le verre dans l’Empire romain répond à une question que je me posais depuis longtemps : <strong>depuis quand les fenêtres en verre existent-elles</strong> ? Les fenêtres des seigneurs du Moyen-Âge étaient-elles béantes ? J’ai ma réponse : le soufflage du verre a permis au verre de se généraliser dans les vitres (et la vaisselle) dès le Ier siècle après Jésus-Christ.<br />(Non, ça ne m’empêchait pas de dormir non plus).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je me garde le résumé de l’article sur le <a href="http://www.apprendre-en-ligne.net/jeux/dilemme/home.html">dilemme du prisonnier itéré</a> pour plus tard. (Encore un sujet qui me passionne en laissant tout le reste du monde de marbre.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Le plus spectaculaire pour la fin : les <strong>supervolcans</strong>.<br />Ils enfoncent <em><a href="http://www.imdb.com/title/tt0120461/" hreflang="en">Volcano</a></em> ou <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm.html?cfilm=13910">le Pic de Dante</a></em>. En principe, il s’agit d’une gigantesque bulle de magma peu liquide qui rompt tout d’un coup : une couronne de volcans apparaît tandis que s’effondre la partie centrale dans de gigantesques nuages de cendres.<br /><del>Si</del> Quand ceux du Wyoming ou de Californie explos<del>ent</del>eront (et ce sera brutal), tout sera détruit à des dizaines de kilomètres à la ronde, et la moité des États-Unis seront recouverts de deux mètres de cendres (certains diront que c’est une bonne nouvelle). Le climat mondial sera passablement secoué pendant des années (et ce n’est une bonne nouvelle pour personne) : fleuves charriant des cendres, soleil masqué, refroidissement massif, destruction de la couche d’ozone, pluies acides massives. Quand je vois <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde">ce qui est arrivé en 535 à cause du Krakatoa</a>, un volcan « normal », je tremble. <br />La bonne nouvelle est qu’un tel feu d’artifice n’advient que quelques fois par million d’années, et certainement pas durant nos existences à tous. Ouf.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-1" id="pnote-171-1">1</a>] <em>À l’heure où j’écris ceci, le site affiche encore le numéro de juillet sur les <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/26/174-les-gaulois-pas-si-barbares">Gaulois, dont j’ai aussi parlé ici</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-2" id="pnote-171-2">2</a>] <em>Mais installés dans un coin archi-désertique du Chili.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-3" id="pnote-171-3">3</a>] <em>Je suis de l’avis que la science moderne manque de Grands Projets bien visibles, genre conquête de la Lune ou instrument démentiel, pour enthousiasmer un minimum le grand public, pour la science ou dans notre capacité collective à « faire grand ». La Chine actuellement ne s’en prive pas (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_des_Trois-Gorges">barrage des Trois Gorges</a>, développement de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chongqing">Chongqing</a> - ces exemples sont peut-être contestables sur le plan utilitaire, mais incontestablement grandioses). La tendance « c’est trop cher pour ce que c’est » a hélas la main sur les cordons de la bourse chez nous.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/171Quelques livres de SFurn:md5:071e6a1531fdb86addb5d95e318347e32006-06-22T15:54:00+00:002010-10-31T18:08:52+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescataclysmedémocratieextraterrestresinformatiquelivres lusLunerobotssciencescience-fictionuchronieutopievirtuelémerveillement<p>Quelques suggestions de lectures en SF plus ou moins en vrac, souvent archi-connues (mais on ne rappellera jamais assez que les classiques sont <em>aussi</em> faits pour être lus !)</p> <h3>Auteurs classiques incontournables</h3>
<p>Il y en a flopée, voici ceux que je connais <em>et</em> préfère :</p>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Isaac_Asimov" hreflang="en">Isaac Asimov</a>, bien sûr, qui plaira dès le plus jeune âge ; j’ai découvert ado ses cycles mythiques de l’Âge d’Or de la SF (avant 1950). Pas un grand écrivain mais de bonnes idées, surtout :
<ul>
<li>le <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Foundation_Trilogy" hreflang="en">cycle de Fondation</a></em> (les trois premiers <em>Fondation</em>, <em>Fondation et Empire</em>, <em>Seconde Fondation</em>, à la rigueur la suite écrite bien plus tard : <em>Fondation foudroyée</em>, <em>Terre et fondation</em>, mais pas les « préquelles » trop commerciales et délayées) ;</li>
<li>le cycle des robots, surtout <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/I%2C_Robot" hreflang="en">I, Robot</a></em> (rien à voir avec le film).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Foundation_Trilogy" hreflang="en">Robert Heinlein</a> évidemment. Son <em>Histoire du futur</em> a pas mal vieilli et a été rattrapée par l’histoire réelle, mais a encore son charme. Mon livre préféré est <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=3857">Révolte sur la Lune</a></em> (<em>The Moon Is A Harsh Mistress</em>) : l’insurrection d’une civilisation de bagnards à peu près anarchiste sous l’égide d’un ordinateur conscient. Heinlein, ancien militaire a souvent été traité de fasciste (voir aussi <em>Starship Troopers</em>, à l’ambiance très différente du récent film qui en a été tiré) mais il en était très loin, alliance étrange du militaire et du <em>flower power</em>.<br />Autre classique, <em><a href="http://www.cafardcosmique.com/Voyage_dans_le_Temps/MarionnettesHumaines/VdlT.Heinlein.html">Marionnettes humaines</a></em> (<em>The Puppet Masters</em>) : des extraterrestres prennent le contrôle d’humains, un thème qui a plu au début de la Guerre Froide.<br />Plus poétique et à base de voyages dans le temps, <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=2804">Une porte de l’Été</a></em> (<em>The Door Into Summer</em>) m’avait bien plus il y a longtemps.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_Brunner_%28novelist%29" hreflang="en">John Brunner</a> : un Britannique, pour changer. Ses meilleurs et plus connus sont <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Brunner#The_jagged_orbit_.281969.2C_L.27orbite_d.C3.A9chiquet.C3.A9e.29">L’Orbite déchiquetée</a></em> (<em>The Jagged Orbit</em>) et <em>Tous à Zanzibar</em> (<em>Stand On Zanzibar</em>), sur la décomposition de la société occidentale. Brunner est volontiers pessimiste avec quelques touches d’espoir.<br />J’ajouterai à mes préférés <em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=10">À l’Ouest du Temps</a></em> (<em>Quicksand</em>), sur un psychiatre dont une patiente semble ne pas être de notre époque. De quel futur glauque vient-elle ?</li>
</ul>
<h3><em>Space operas</em> flamboyants anglo-saxons :</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://arcanesfantasy.free.fr/simmons.htm">Hypérion</a></em> de Dan Simmons, et sa suite : <em>la Chute d’Hypérion</em>. Grandiose !<br />Pour les inconditionnels, <em>Endymion</em> et <em>l’Éveil d’Endymion</em> existent aussi, mais je les avais trouvés <em>très</em> décevants (<a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html">trop longs, trop linéaires</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=21">La Guerre éternelle</a></em> (<em>The Forever War</em>) d’Haldeman, transposition de la guerre du Vietnam au niveau galactique (il en existe une très fidèle et très connue <a href="http://www.sceneario.com/bd_131_guerre_eternelle_(la).html">version en bande dessinée</a> chez Dupuis ; à la rigueur on peut se contenter de lire uniquement celle-là).</li>
</ul>
<h3><em>Space operas</em> français :</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://www.00h00.com/livre/index.cfm?GCOI=27454100224660">Étoiles mourantes</a></em> de Dunyach & Ayerdhal : l’humanité a évolué dans plusieurs directions différentes, et plusieurs de ses représentants se retrouvent autour d’une étoile en passe de devenir une supernova. Très bien écrit.</li>
</ul>
<ul>
<li>Autre <em>space op’</em> français déjà plus ancien, lyrique, plein de mutants, races diverses, univers incertains, pauvres malheureux ballotés dans des guerres intergalactiques, et de manichéisme radical : <em><a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm">la Plaie</a></em> de Nathalie Henneberg. C’est un de mes livres préférés. Je n’ai pas encore lu la suite, <em><a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm">le Dieu foudroyé</a></em>. (<strong>Ajout postérieur</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg">Le blog a en 2007 traité de ces deux livres</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/17/signe.html">Le Signe du Chien</a></em>, de Jean Hougron : de la bonne SF de l'Âge d'Or français, bien épique : un agent isolé d'un Empire spatial démesuré, des mondes entiers détruits, des guerres galactiques gigantesques, des extraterrestres étranges, une planète qui semble peinarde mais se révèle dangereuse, une conspiration...</li>
</ul>
<h3>La conquête de Mars</h3>
<p>C’est un de mes dadas, j’espère bien en voir le début :</p>
<ul>
<li><em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/voyage.html">Voyage</a></em> de Stephen Baxter : cette uchronie où l'arrivée sur la planète rouge a lieu en 1986 est très bien documentée, et la phase conception de la mission, ses impasses, ses choix, sont expliqués et détaillés ; les amateurs de <em>hard science</em> seront comblés.</li>
</ul>
<ul>
<li>La trilogie <em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_rouge_ksr.html">Mars la Rouge</a></em>, <em>Mars la Verte</em>, <em>Mars la Bleue</em> (<em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em>) de Kim Stanley Robinson, sur les problèmes plus sociologiques que techniques de la terraformation, étalés sur plusieurs siècles. Une référence sur le sujet.</li>
</ul>
<h3>Plus ardu</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/20/cite_1.html">La cité des permutants</a></em> de Greg Bear : mélange de Matrix et du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Automate_cellulaire">jeu de la vie ; pour amateurs de Wolfram</a>. Pas très facile à suivre mais abîmesque : si des humains ont réussi à se défaire totalement de leur enveloppe de chair pour ne plus vivre qu’au sein d’ordinateurs, pourquoi ne pourrait-on pas se détacher totalement de la matière même ?</li>
</ul>
<h3>Humoristique</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://bd-livres.krinein.com/Adams-Le-guide-galactique-2785.html">Le Guide galactique</a></em> du regretté Douglas Adams (au moins le 1er tome) : certains n’aiment pas le style loufoque <em>british</em>, mais personnellement j’adore. <br />Le <a href="http://french.imdb.com/title/tt0371724/combined" hreflang="en">film </a> est relativement fidèle mais j’ai été un peu déçu ; il mélange aussi des scènes des volumes suivants (le <em>Guide</em> n’est que le début d’une trilogie en cinq volumes, à réserver aux fanatiques).</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/martiens_go_home.html">Martiens Go Home</a></em> de Fredric Brown : les Martiens sont arrivés, ils sont petits et verts, impolis, et font tourner l’humanité entière en bourrique. Jouissif, pour les enfants comme les adultes.</li>
</ul>
<h3>Espace-temps</h3>
<ul>
<li><em><a href="https://www.coindeweb.net/lectures/lectures.html#chats_quantiques">L’avènement des chats quantiques</a></em> de Frederic Pohl : un excellent exemple des univers parallèles qui se mélangent et le sac de nœuds qui s'ensuit. On suit plusieurs exemplaires des mêmes personnages nés dans des univers différents, on y croise des personnages réels dans un autre rôle (Reagan en rebelle, Staline en immigré)... Un peu désorientant au début, mais le rythme et le chaos vont grandissant.</li>
</ul>
<h3>Extraterrestres</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://branchum.club.fr/voix.htm">La Voix du Maître</a></em> (<em>Glos pana</em>) de Stanislas Lem (auteur polonais). Je relis tous les quelques années ce livre sur les difficultés à décrypter un signal extraterrestre et les bassesses de l’humanité. Très philosophique et plutôt noir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus léger (et bien meilleur et plus subtil que le film) : <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=6485">Contact</a></em> de Carl Sagan : les ETs ont envoyé un message, c’est le plan d’une machine. Très réaliste.</li>
</ul>
<h3>Uchronies</h3>
<p>Dans la veine uchronique que l’on rattache souvent à la SF :</p>
<ul>
<li>L’essai d'Éric Henriet qui vise à les recenser toutes : <em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/51/histoire.html">L'histoire revisitée</a></em>. Une mine d’idées.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee">Le Livre de Cendres</a></em> de Mary Gentle : une curieuse perversion du Moyen Âge autour d’une Jeanne d’Arc mercenaire au prise avec des Wisigoths carthaginois (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee">j’ai déjà parlé du premier tome</a>) ; quatre tomes juste un peu verbeux.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’ai chroniqué aussi <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day">Resurrection Day</a></em> de Brendan DuBois : la quête d’un petit journaliste dans une Amérique qui se remet difficilement de la guerre atomique lancée par Kennedy dix ans plus tôt.</li>
</ul>
<h3>Autres classiques anglo-saxons</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://yodup.club.fr/critiques_bouquins/fantastique/patrouilletemps.htm">La Patrouille du temps</a></em> de Poul Anderson est une compilation archi-classique de nouvelles sur les bouleversements historiques, les paradoxes temporels...</li>
</ul>
<h3>Autres livres d’auteur francophones</h3>
<ul>
<li>Il n’y a pas grand chose à jeter dans ce qu’a écrit Jean-Claude Dunyach, et surtout pas le recueil de nouvelles <em>Déchiffrer la trame</em> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame">dont j’ai aussi déjà parlé</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Élisabeth Vonarburg écrit très bien ; voir par exemple le cycle de <em><a href="http://www.cafardcosmique.com/auteur/vonarburg.html">Tyranaël</a></em> ; un peu long toutefois. <em><a href="http://www.missmopi.net/article3.html">Chronique du pays des mères</a></em> dépeint une civilisation où l’homme (le mâle) a presque totalement disparu. (<strong>Ajout postérieur</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/04/08/316-chronique-du-pays-des-meres-et-le-silence-de-la-cite-d-elisabeth-vonarburg">Chroniqué ici en 2007</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Parmi les Grands Anciens de chez nous des débuts du genre, j’avais apprécié <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosny_aîné">J.-H. Rosny aîné</a>, notamment le fantastique <em>La Force Mystérieuse</em> : suite à des modifications des lois de la physique, l’humanité devient peu à peu folle. Un peu vieilli mais toujours prenant.</li>
</ul>
<ul>
<li>Du bon roman d’aventure sans prétention :
<ul>
<li><a href="http://www.mnemos.com/catalogue/heliot.php">Johan Heliott</a> s’est lancé notamment dans une uchronie limite <em>steampunk</em> (<em><a href="http://yodup.club.fr/critiques_bouquins/fantastique/lune.htm">La Lune seule le sait</a></em>, <em>La Lune n’est pas pour nous</em>) où il recycle presque uniquement des personnages historiques, dans la tradition des romans feuilletons.</li>
<li>Pierre Bordage est souvent assez saignant, comme par exemple dans <em><a href="http://www.kafkaiens.org/cl/abzalon.htm">Abzalon</a></em> qui conte le long voyage vers une autre planète de forçats mêlés à des exilés d’une société totalement patriarcale (j’ai moins aimé la très sanglante suite <em><a href="http://amnesietemporaire.free.fr/dotclear/index.php/2005/03/11/25-orcheron">Orchéron</a></em>).</li>
</ul></li>
</ul>
<h3>Science-fiction européenne</h3>
<ul>
<li>On citera l’allemand Eschbach pour son fabuleux <em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS36/KWS3605.html">Des milliards de tapis de cheveux</a></em> : le début s’attache à une civilisation fondée sur la production de tapis de cheveux, achetés par des commerçants interplanétaires, puis on prend de la perspective. Ne lisez pas les critiques, elles dévoilent trop de l’histoire !</li>
</ul>
<ul>
<li>Valerio Evangelisti a écrit le <a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS31/KWS3110.html">cycle d’Eymerich</a> (débutant par <em>Nicolas Eymerich, inquisiteur</em>), j'ai moins aimé la dimension fantastique, mais c’est un audacieux mélange entre la Sainte Inquisition et des événements parallèles dans le futur lointain.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://perso.orange.fr/pensee.sauvage/bonnpage/capek/capek.htm">La guerre des salamandres</a></em> de Karel Capek : de la SF tchèque d’avant-guerre. Une nouvelle espèce intelligente est trouvée au fond des mers, qui semble parfaite comme esclave de l’humanité. Du moins au départ.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://wagoo.free.fr/lneband.htm">La Nébuleuse d’Andromède</a></em> d’Ivan Éfrémov : de la SF soviétique ! Ah, que l’humanité communiste du futur promettait d’être belle et parfaite. Là, elle part à la conquête de l’espace dans des voyages qui durent des années, à la rencontre de pacifiques extraterrestres. À l’opposé total du <em>space opera</em>.</li>
</ul>
<p>On trouvera beaucoup d’autres avis succints sur mes lectures en parcourant la <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html">liste exhaustive de mes lectures depuis plus de dix ans</a> (en gras ce que j’ai beaucoup aimé). Figurent aussi des avis plus détaillés sur quelques-uns des livres cités ci-dessus.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/22/171-quelques-livres-de-sf#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/154La gravité est une illusionurn:md5:be7217f9dea7ecd1cb4468c5b4cd3ff92006-01-29T16:25:00+00:002010-10-25T19:49:17+00:00ChristopheScience et consciencecosmologiegravitationsciencespéculationthéorie<p>On nous a longtemps parlé de dimensions cachées de l’univers : une théorie n’en prévoit que deux en tout et pour tout !</p> <p>« La gravité est une illusion » : telle était la couverture provocatrice de <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> en janvier.</p>
<p>C’est un peu l’inverse de l'<a href="http://www.philocours.com/cours/cours-platon.html">allégorie de la caverne de Platon</a> : le philosophe imaginait que le monde sensible n’était qu’une version appauvrie du monde réel bien plus riche ; selon l'article de cet <a href="http://www.sns.ias.edu/~malda/" hreflang="en">éminent argentin, professeur à Princeton</a>, l'exact inverse serait vrai. Le monde tridimensionnel actuel est une illusion ; les particules évoluent dans un monde bidimensionnel (plus le temps), qui est le bord d’un espace de courbure négative (espace anti-de Sitter, du genre de celui décrit par les dessins d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurits_Cornelis_Escher">Escher</a>). La description de particules sur le « bord » de cet espace est strictement équivalente à celle de particules « à l’intérieur » d’icelui, intérieur où elles <em>sembleraient</em> soumises à la gravité. Le « bord » en question est situé à l’infini, c'est une limite.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-1" id="rev-pnote-86-1">1</a>]</sup></p>
<p>Cette thèse porte le doux nom de <strong><em>théorie holographique</em></strong>, en référence aux <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hologramme">hologrammes</a>, objets apparemment en trois dimensions nés d'une plaque photographique soumise à un laser. L'univers pourrait en fait se décrire des deux manières à la fois : la bidimensionnelle et la tridimensionnelle. Les calculs sont plus pratiques dans l’un ou l’autre selon les cas, mais l’équivalence serait totale. Un exemple est la manière dont on peut décrire un film : soit sous forme d’images sur l’écran, soit sous forme de bits sur un DVD.</p>
<p>Cet outil serait un moyen de <strong>résoudre le casse-tête de la théorie quantique de la gravité</strong>, sorte de Saint Graal pour physiciens de haute volée, qui réussirait à marier d’une part la théorie quantique, et d’autre part la théorie de la relativité (qui décrit la gravitation). Ces deux descriptions du monde, trésors de la science du XXè siècle, sont aussi fermement établies, éprouvées, vérifiées dans leur domaine respectif (l’infiniment petit pour la première, l’infiniment grand pour l’autre), qu'inconciliables entre elles, sur leurs principes comme dans les équations<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-2" id="rev-pnote-86-2">2</a>]</sup>.
<br />Expérimentalement, il n’est pas facile de trouver un domaine où ces deux théories jouent simultanément un rôle important, sinon quand on tente de décrire les premiers instants de l’univers.</p>
<p>C’est une théorie en germe, pas établie, qui de l’aveu de l'auteur n’a pas encore réussi à redécrire les quatre forces fondamentales de l’univers<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-3" id="rev-pnote-86-3">3</a>]</sup>. Ce n’est pas moi qui pourrait juger de sa validité. Peut-être est-ce LA grande explication de l’univers, qui réussit à évacuer la gravité du monde et permet de tout décrire en termes de particules quantiques, tout cela en supposant un espace-temps de structure assez bizarre. Peut-être est-ce un simple outil mathématique sans grand sens concret, similaire aux <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Transformée_de_Laplace">transformées de Laplace</a> qui me servaient à l’<a href="http://www.ensic.inpl-nancy.fr/">ENSIC</a> à calculer comment réagit un système physique aux perturbations<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-4" id="rev-pnote-86-4">4</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-1" id="pnote-86-1">1</a>] <em>Ne croyez pas que je comprenne à quelque niveau que ce soit la quintessence existentielle de ce paragraphe.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-2" id="pnote-86-2">2</a>] <em>Il y a bien des théories qui tentent de marier les deux : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hologramme">gravitation quantique à boucles</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_des_supercordes">théorie des cordes</a> (promotrice des mondes à 10 dimensions), la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Relativité_d%27échelle">relativité d’échelle</a>... Voir un récent </em>Science&Vie<em> dont je ne retrouve pas le numéro.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-3" id="pnote-86-3">3</a>] <em>Forces forte et faible, électromagnétique, gravitation (vous le saviez, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_fondamentales">bien sûr</a>).</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-4" id="pnote-86-4">4</a>] <em>Notamment l’évolution de la concentration d’un polluant largué par erreur dans un fleuve (exemple de TD réel).</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/86« Mars la Blanche » de Brian Aldissurn:md5:8b3316b641dfabaa1995ee9fc5f10e7f2005-12-09T14:53:00+00:002010-07-04T06:32:30+00:00ChristopheMarsauto-organisationcivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialedommageenseignementexaptationextraterrestreshard sciencelivres lusMarsmythemèmeoptimismeorganisationouverture d’espritperspectivepolitiqueprise de têtepsychologierésolutionssciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsténacitéutopieémerveillement<p>Une société qui vise la perfection, isolée sur sa planète. Un essai plus qu’un nouveau roman sur la conquête de Mars.</p> <h3>Mars la Blanche<br /></h3>
<p>de <a href="http://perso.wanadoo.fr/listes.sf/aldiss/bio.htm">Brian Aldiss</a><br />
avec <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" hreflang="en">Roger Penrose</a></p>
<p>Une « Mars blanche » est une Mars laissée à elle-même, non colonisée par l’homme, non polluée, juste parcourue par quelques scientifiques ; c’est le statut actuel de l’Antarctique. C’est un des thèmes sous-jacents de l’histoire, mais pas le principal.</p>
<h4>Utopie</h4>
<p>Le sous-titre évoque une « <strong>utopie martienne</strong> », et c’est sa construction qui est la base de l’histoire. Quelques milliers de personnes sont bloquées sur Mars suite à l’effondrement de la multinationale chargée de la colonisation, et survivent (relativement confortablement) en tentant de créer une société plus parfaite.</p>
<p>Les problèmes matériels de cette micro-société isolée (approvisionnement...) sont apparemment délibérément mis de côté, à peine évoqués. Plus intéressante est la manière dont leur civilisation s’organise.</p>
<p>On parle ouvertement d’utopie, donc je me demande si les points suivants, qui ont sabordé la crédibilité de l’histoire pour moi, sont délibérés : le « chef » de la colonie, qui lance les idées liées à l’utopie, n’est guère contesté ; les débats (pendant des pages, ce qui n’est pas un mal) sont assez dirigés ; les opposants sont souvent caricaturaux (et passent très vite à la violence) ; les diagnostics sur les raisons des problèmes de la Terre rappellent furieusement notre époque (et pas 2060) ; certaines des solutions sont des bonnes intentions et rappellent parfois les « yaka/fokon » de gamins de 15 ans naïfs ; la manière dont les problèmes de la société sont corrigés est assez floue (à part améliorer l’éducation des enfants (vaste débat...), et la disparition de l’argent).</p>
<p>Évidemment, tout est beaucoup plus facile dans une <strong>société de fait communiste, égalitaire</strong>, faite de gens tous éduqués aimant débattre, avec un minimum de confort, sans les charges de la civilisation qui leur a donné ce confort, et sans interaction avec icelle. Je suis peut-être trop terre-à-terre ou mauvais esprit pour goûter correctement une utopie.</p>
<p>Le <strong>côté scientifique</strong> à l’inverse est souvent massif, et je pense que certains sauteront le long passage sur les taches de bosons de Higgs que l’accélérateur martien doit découvrir. Les liens entre conscience et mécanique quantique (théorie de Penrose), ou les affirmations sur la nature de la vie sur Mars, sont plus affirmés que démontrés ou expliqués.<br />D’un autre côté, une <strong>action assez lente</strong>, plus orientée sur les relations entre les personnages et sur leurs débats, tranche agréablement avec tous les récits sur la conquête de Mars à la manière américaine (versions <em>hard science</em> ou western).</p>
<p>Je suis <strong>resté sur ma</strong> fin après la dernière page. Les pires problèmes d’une société utopique arrivent quand la population augmente et quand elle perd son isolement. Le livre ne va pas jusque là.</p>
<h4>Terraformation</h4>
<p>Dès le début, et dans la conclusion, Aldiss affiche ouvertement son <strong>hostilité aux projets de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Terraformation">terraformation</a> de Mars</strong>. Le livre ne sert son propos qu’en bottant en touche, en introduisant la seule chose qui pour moi l’interdirait sur le principe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#pnote-52-1" id="rev-pnote-52-1">1</a>]</sup> : de la vie sur Mars. Vie sous une forme assez inattendue il est vrai (et très utopique elle aussi, avec le même flou sur la manière concrète dont elle est apparue, et surtout comment elle évolue à la fin du livre).</p>
<p>Par contre, si cela était raisonnablement réalisable, je vois mal pourquoi nous nous priverions d’une deuxième planète, ou d’une troisième (Vénus ?) ou d’autres (autour de Jupiter ?). Les cailloux mort et inhabités, bien que scientifiquement passionnants, sont innombrables dans cet univers. Le parallèle avec l’Antarctique est à mon avis injustifié, car il fait partie de l’histoire de la terre, contient sa mémoire dans ses glaces, et a son propre et fragile écosystème.</p>
<p>On peut ensuite entrer dans le débat si la conquête de l’espace se fera par celle des planètes ou par des systèmes autonomes vivant dans l’espace, par le cyberespace et/ou via des robots, et dériver vers le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">paradoxe de Fermi</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?category/Paradoxe-de-fermi-et-exobiologie">thème que j’essaie de traiter ici</a>).</p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Un livre un peu décevant, que j’ai failli lâcher après le premier quart, mais l’histoire devient plus concrète ensuite. Cependant, pour narrer de façon réaliste la conquête de Mars, terraformation comprise, la référence reste la <a href="http://www.fakeforreal.net/index.php/2004/07/11/35-kim-stanley-robinson-red-mars-green-mars-blue-mars">trilogie martienne</a> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Kim Stanley Robinson</a>.</p>
<p>Google vous fournira d’autres critiques du livre, notamment <a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_blanche.html">celle-ci</a>, plus favorable que la mienne.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#rev-pnote-52-1" id="pnote-52-1">1</a>] <em> « Sur le principe », parce que l’on peut discuter longtemps du point de vue matériel ou financier, ou de l’utilité réelle d’une planète viable dans mille ans à cent millions de kilomètres. (<strong>Mise à jour</strong> : Sur le sujet, voir le billet <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars">Coloniser le désert de Gobi plutôt que Mars</a>.) </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/52Citation du 12 novembre 2005 du cardinal Paul Poupardurn:md5:ae6b4adfb13f5cb2f4a9a7c73401a6042005-11-12T18:56:00+00:002010-05-04T19:51:57+00:00ChristopheCitationschristianismecitationintelligenceouverture d’espritperspectivepolitiquereligionsciencethéologieévolution <blockquote><p>« Nous savons où peut mener la raison scientifique seule : la bombe atomique et la possibilité de cloner des humains sont les résultats d’une raison qui cherche à se libérer de tout lien éthique ou religieux.<br />Mais nous connaissons aussi les dangers d’une religion qui coupe tout lien avec la raison et devient la proie du fondamentalisme. »<br />
<br />
Cardinal Paul Poupard, <br />
directeur du Conseil pontifical pour la culture, <br />
conférence de presse au Vatican du 3 novembre 2005 sur le rôle des sciences, notamment la théorie de l’évolution.</p></blockquote>
<hr />
<p>Manifestement les catholiques sont plus ouverts que pas mal de protestants américains volontiers créationistes.</p>
<p>(Cette citation figure sur les sites d’information suivant ; nulle part
n’est précisée la langue d’origine. Si par miracle l’un de vous a accès
à la version originale de ce texte, je suis preneur de l’information !<br />
<a href="http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88">http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88</a><br />
<a href="http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205" hreflang="en">http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205</a><br />
<a href="http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science" hreflang="en">http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science</a> )</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/12/31-citation-du-12-novembre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/31