Morceaux choisis pour ceux qui n’auraient pas la patience de tout lire (ils ont tort) :

« Le désastre a été provoqué par le fonctionnement normal de l’institution judiciaire, et ce fonctionnement n’a pas révélé de défaut de conception auquel on pourrait remédier pour faire disparaître ce risque. »

« Le problème est là, et à mon sens nulle par ailleurs : la détention provisoire, cette arme terrible que les avocats redoutent tant. Cet engrenage dangereux n’est mis en marche qu’à certaines conditions légales qui se veulent protectrices des personnes poursuives, mais parfois, un grain de sable peut rendre la machine folle, et ici il est facile à identifier. »

« Menacer le juge de sanction s’il met un innocent en détention provisoire ou s’il remet en liberté quelqu’un qui va récidiver, c’est faire peser sur lui une obligation de résultat fondé sur des éléments sur lesquels il n’a aucun contrôle (la réalité de faits qui lui sont inconnus au moment où il doit décider, et le comportement futur d’un être humain). Comment peut-on sérieusement croire qu’une justice sous pression sera meilleure et plus à l’abri des erreurs qu’une justice indépendante ? Et incidemment, on se prend à rêver d’un gouvernement qui s’infligerait à lui même de telles sanctions s’il n’obtenait pas des résultats, par exemple, heu... faire baisser significativement le chômage en cent jours, tiens. »

« Dès qu’on parle de pédophilie, tout sens de la mesure disparaît. Notre société est prise d’hystérie, comme avec le terrorisme, qui donne une perception déformée et exagérée de la menace et provoque une réaction violente disproportionnée. (...) Dès lors qu’on aborde ces thèmes, la passion entre en scène, et la raison en paye le prix. »

« Si plus de 99% des instructions sont menées en France sans problème notable, si les juges d’instruction sont dans leur quasi-totalité des personnes compétentes et consciencieuses (même ceux qui tiennent un blog), il existera toujours un risque d’erreur. Il faut faire en sorte que ce risque soit le seul acceptable : la liberté d’un coupable. Et oui, quitte à risquer qu’il réitère. Gare au fantasme de la sécurité absolue qui primerait sur toutes les libertés. »

Ajout du 6 février 2006 : Nouveau billet de maître Eolas sur le discours du Président Montfort, sur le rôle de la presse, sur la détention provisoire théoriquement exceptionnelle mais en pratique encouragée, sur le fait que la justice a aussi cédé à la tendance répressive ambiante.