Je l’ai remarqué chez moi, sur ma moitié, sur des personnes d’habitude très pondérées : les ordinateurs rendent grossier, voire violent.

Au point que Jid a érigé la chose en dicton :

« Sachez que l’informaticien est bruyant et se parle à lui-même : un informaticien qui ne fait pas de bruit n’est pas en train de travailler, il fait des trucs perso. » (Jid, 1er août 2006)

Pourquoi ? Je n’ai jamais entendu un électricien se plaindre et ronchonner à cause d’un réseau électrique semi-sentient qui en voudrait à sa santé mentale. Par contre, que l’on tape une lettre sous Word ou qu’on développe un logiciel, et les « mais qu’est-ce qu’il me fait ?? », « quel con !!! », « pourquoi il me fait ça ? »... fusent très rapidement.

Les ordinateurs ont-ils atteint un tel niveau de complexité et d’autonomie que l’anthropomorphisme s’applique à plein, et que l’on assiste au choc de deux volontés, l’une de fer et d’électrons, l’autre simplement humaine ? L’humain ne tolère-t-il pas que l’ordinateur fasse ce qu’il lui a ordonné, et non ce qu’il croit lui avoir dit ? Cette dernière hypothèse se conçoit pour les développeurs, confrontés toute la journée à des erreurs nées de leurs propres lacunes en programmation (et rarement à un message « Félicitations ! Votre programme compile ! Good job! »)[1]; par contre pour les utilisateurs bureautiques, le problème vient souvent desdits bugs ou incohérences ou limites du logiciel, donc de l’interface, donc d’autres humains.

Je me demande combien de PC meurent chaque année sous les coups d’utilisateurs excédés.

Notes

[1] Ajout de 2010: Si, en fait, j’ai vu UN logiciel professionnel dire que la formule de calcul entrée était correcte.