J’avais parlé ici, l’été dernier, des catastrophiques problèmes de retards de Vista : années de travail jetées à la poubelle, process gone thermonuclear, incitation limitée au résultat, poids délirant de la compatibilité ascendante à tout prix, etc...

Un exemple concret est donné par le toujours pertinent Joel Spolsky, avec pour exemple le menu pour arrêter ou mettre en veille Vista. La copie d’écran vaut le détour : beaucoup trop d’icônes, de boutons... partout ; un débutant est saturé d’informations et ne sait pas où donner de la tête (au contraire de l’informaticien chevronné qui sait mentalement faire le tri et hiérarchiser cette avalanche de symboles). Plus précisément, Spolsky met le doigt sur la multitude d’options disponibles quand nombre d’entre elles se recoupent quand on y réfléchit un peu.

Sur ce point précis, Moishe Lettvin, un des programmeurs de Microsoft, a répondu et confirme les pires craintes sur l’ambiance de développement de Microsoft (même si en ante-scriptum il a rajouté qu’il ne pense pas que le problème soit commun à tout Vista, il a manifestement vexé quelques collègues). Réunionnite aïgue, pléthore de personnel, mille-feuille bureaucratique, division du travail à l’extrême... Beaucoup de maladies de notre époque sont visibles comme le nez au milieu de la figure.

Une remarque étonnante : Moishe Lettvin précise que plusieurs des équipes impliquées possèdent des Mac et veulent s’en inspirer. Mais la philosophie du « simple et clair »[1] si propre à Apple semble totalement hermétique au personnel de Microsoft.

Le verdict final de Spolsky (lui-même ancien de l’équipe Excel de Microsoft) est sans appel : Microsoft est gangréné par la bureaucratie, comprend trop de monde, et en conséquence a même dû réduire la barre à l’embauche.

Je laisse aux geeks de service le soin de comparer avec l’ambience « joyeux bordel » typique du logiciel libre. Je remarquerai juste que là, le progrès est incrémental et que ce sont les ingénieurs qui sont aux commandes.

Notes

[1] Je rappelle qu’un Mac fait à peu près les mêmes choses qu’un PC, et a ses propres conventions à apprendre, ses contraintes, ses bugs, ses limites... Mais pour chaque opération, la manière de la faire semble en général beaucoup plus simple, sans boîtes de dialogues surchargées de texte ni fouilli d’icônes.