C’est la dernière fois que j’achète un jeu original sans garantie d’absence de verrou. Ce vieux truc bradé cent fois amorti possède quand même une protection Securom que VMWare ne digère pas. Même avec Daemon Tools, ça marche quand ça veut, une fois sur vingt. Les patchs « no-CD » existent certes, mais à récupérer sur des sites plutôt douteux.

Sur un PC de 2006, directement sous XP, le DVD est également mal détecté, peut-être une histoire de subtile incompatibilité avec le contrôleur JMicron plus récent que la réédition du jeu. Il est possible de passer par une partie précédemment sauvegardée mais comment commencer une nouvelle mission ?

Bref, il est peut-être possible de contourner tout cela et de forcer ce fichu jeu à marcher. Mais que de temps perdu ! Quitte à faire du louche voire du (techniquement) illégal, autant taper dans Bittorrent.

Je ne suis certes pas un client idéal pour les éditeurs de jeux vidéo, je me contente de ceux que j’ai acquis au XXè siècle (et pas encore fini) et qui ne nécessitent pas de carte 3D. (Ah, Dungeon Keeper ! Et j’ai été ému de rejouer à Populous dans un émulateur Atari ST, ainsi qu’au Macmanager que j’ai découvert sur le Mac de mon oncle il y a plus de 20 ans, et qui fonctionne très bien sur un des émulateurs Mac 68k, Minivmac par exemple).

Ce jeu, est-ce qu’il a une chance de fonctionner dans les machines virtuelles de 2020 ? Il n’a besoin que d’un Windows 2000 (que l’on peut espérer voir alors offert par Microsoft, tout comme le DOS est un téléchargement gratuit de nos jours), mais un soft actuel a souvent besoin de XP ou Vista, et s’il n’est pas compatible avec Windows 2020[1] sera-t-il condamné, juste par l’impossibilité d’activer Windows ? Quid des jeux comme Spore, qui ont eux-même besoin d’une activation ? Il y a déjà pléthore de logiciels ainsi tués après quelques années par leurs éditeurs, sciemment ou par un lâche désintérêt.

Se posent également les éternels problèmes des supports trafiqués comme l’impossibilité de faire une sauvegarde du DVD (ou, de manière plus moderne, une ISO qui sera montée comme lecteur virtuel).

J’étais pourtant sensibilisé depuis très longtemps au problème : en un temps où les plus jeunes de mes lecteurs potentiels n’étaient pas de ce monde, l’Atari STE, simple évolution du mythique et regretté Atari STF, s’était révélé carrément incompatible avec les protections de nombre de jeux originaux parus avant lui. Les versions craquées et piratées qui circulaient dans la cour du lycée tournaient sans problème. Déjà à l’époque le piraté se montrait sur tous les plans supérieur à l’original coûteux (à part la zolie boîboîte). Déjà à l’époque les protections ne contenaient en rien le piratage. Déjà les éditeurs se plaignaient (à juste titre, mais quelques éons informatiques plus tard ils sont toujours là). Une génération entière déjà échaudée.

Les jeux récents comme WoW se basent énormément sur l’interactivité en ligne. Le phénomène d’obsolescence les frappera encore plus vite que les vieux standards d’avant l’Internet à haut débit. En 2050, à quel jeu ancien jouerai-je avec mes petits-enfants ? Au Monopoly (version martienne), à Tetris, à un fossile issu de Gmame ? Sans doute pas à un des jeux récents. La mentalité « gestionnaire » qui impose les protections les plus efficaces se contrefiche de la pérennité sur le long terme d’une œuvre (quoique, comme dans tous les domaines, 99% des jeux vidéos méritent l’oubli). Après tout, c’est peut-être meilleur pour l’éducation des générations futures...

Notes

[1] Ou Dieu sait comment il s’appellera en ce temps là, si ce n’est pas juste devenu une surcouche Wine d’Ubuntu 2020.01 ou Max OS XX.