Le domaine pas public

Les lois du copyright et du droit d’auteur[1] protègent la reproduction des livres pendant bien trop longtemps (des ouvrages rédigés avant la naissance des mes parents comme ceux de Céline ou de Saint-Exupéry ne sont toujours pas dans le domaine public !), et Google n’a pas encore scanné et indexé toute la Bibliothèque du Congrès. Donc la recherche de sources de citations de livres relativement récents est plus problématique.

On en est réduit à deux sources (hors confiance aveugle en Wikiquote) :

Soit la version papier, qu’il faut posséder - ce qui est le cas quand j’ai relevé moi-même la citation dans le livre, et noté au crayon à papier le numéro de la page sur celle de garde. À défaut, je peux parfois retrouver le passage si je me souviens à peu près de quelle partie du livre il s’agit, ou si j’ai la référence du chapitre. Ce fut le cas pour les versions originales de citations de Jorge Luis Borges ou Umberto Eco.
Pour le passage suivant, j’ai dû survoler à nouveau tout un chapitre - heureusement, c’était le bon, la trilogie en cinq tomes fait un épais volume !

“The ships hung in the sky in much the same way that bricks don’t.”

Douglas Adams, The Hitch Hiker’s Guide to the Galaxy, 3

Soit le moteur de recherche d’Amazon, surtout utile pour les livres anglophones relativement récents. Malgré ses limites (disponible pour peu de livres, pas de possibilité de voir toute la page), il permet de valider définitivement une source ou de remonter à la version originale d’une citation traduite.
Par exemple, je n’ai plus chez moi la version papier de Jurassic Park[2] mais j’ai pu retrouver ma chère citation vestimentaire.
Par contre, se taper une recherche sur toute l’impressionnante intégrale d’Arthur C. Clarke ou d’Isaac Asimov n’est pas une partie de plaisir... Si quelqu’un connaît la source exacte de ceci, je suis preneur :

“Two possibilities exist: Either we are alone in the Universe or we are not.
Both are equally terrifying.”

Arthur Charles Clarke

Les sources numériques

Beaucoup de bande passante et de gigaoctets de disque dur ont été gaspillés dans les flame wars sur Usenet.Il y a quelques pépites dont la référence est Google lui-même à présent. Les auteurs, par contre, sont souvent des pseudonymes.
Un bon côté est que le copier-coller permet de maintenir l’intégrité du texte ; il y a très rarement des variantes.

“What if God was really Evil incarnate, out to strike a blow for man, but won the Heavenly war, and painted Satan as the bad guy?”

badseed@ibm.net, groupe alt.illuminati, 10 février 1998

À l’inverse, certaines listes de discussion sont fermées, non archivées, non indexées. Vous devez donc me faire confiance pour la véracité de ceci :

« C’est très difficile de piquer son argent à quelqu’un qui en a vraiment beaucoup. En général, ça se fait plutôt par la force. »

Philippe Jean, liste Politix, 2 mai 1997

Les sources peu numérisées

Même le jour où Google aura numérisé toute la Bibliothèque Nationale, je doute que je puisse facilement rechercher dans une bande dessinée, par exemple. La citation suivante, notée sans source, me forcera à relire l’intégrale d’Achille Talon (pas désagréable, mais très long).

« Si l’argent n’a pas d’odeur, comment expliquez-vous que certaines personnes sentent à ce point le fric ? »

Greg

Tandis que j’ai eu la présence d’esprit de noter immédiatement la source de celle-ci (pas à la case près, mais un album se lit vite, surtout que Trondheim est moins verbeux que Greg) :

« Dieu n’a pas inventé le couteau pour que l’homme s’entretue mais pour couper les carottes en jolies rondelles, non ? »

Lewis Trondheim, Walter (Les formidables aventures de Lapinot, tome 5)

À suivre

Notes

[1] Ce n’est pas pareil ! Mais le résultat est le même.

[2] Le livre de Michael Crichton est meilleur que le film.