Toutes mes excuses à mes nombreux[1] admirateurs pour l’interruption momentanée des émissions de ce blog, due à de bien méritées mais trop courtes vacances en famille, précédées d’une visite de quelques châteaux de la Loire, avec Beaune et Vézelay comme étapes.

Beaune Façade intérieure de l’hospice de Beaune

La visite des hospices de Beaune m’a beaucoup plu. C’est un ancien hôpital construit juste après la Guerre de Cent Ans, et utilisé jusqu’au XXè siècle.

Un reproche : la reconstitution est très propre et nette, il est difficile de retrouver vraiment l’ambiance d’hôpital médiéval, aux normes d’hygiène pour le moins très différentes des nôtres.

Pour ne rien gâter, la région a quelques excellents nectars à son actif.


Vézelay Abbaye et village de Vézelay

C’était sur le chemin, nous y avons passé deux heures. Le village médiéval est sympa, sans plus - j’ai quand même cédé à mon vice et dévalisé la librairie semi-ésotérique du lieu. Le principal intérêt réside dans la basilique, mélange de roman et de gothique. Assez dépouillée, elle n’a rien à voir avec la flamboyante cathédrale de Strasbourg.

Le lieu est chargé d’histoire : monastère abritant des reliques de Marie-Madeleine, point de regroupement pour les pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle, prêche de la deuxième Croisade…

Question : pourquoi les moines avaient-ils construit un monastère aussi important sur ce lieu aussi élevé, à une époque où grimper jusque 300 m d’altitude n’était pas forcément une partie de plaisir, sans compter le cauchemar de la construction ? En fait, les premières implantations se situaient au pied de la montagne, mais les raids des Normands (en Bourgogne !!!) au IXè siècle ont vite persuadé les moines de chercher un lieu plus élevé et plus sûr.
Et pourquoi avaient-ils choisi ce coin paumé en premier lieu ? Parce qu’il y avait une voie romaine !
Et pourquoi la voie romaine passait-elle là ? Il y avait des sources salées exploitées dès le Néolithique.
Ce genre d’enchaînements et de hasards qui font qu’une agglomération importante se trouve à un endroit où, à froid, on ne songerait pas trop à construire sa cahute, me fascinera toujours.


Chenonceaux Château de Chenonceaux

C’est le type même du « Château de la Loire à touristes qui en met plein les yeux ». Grand parking bien organisé, avec de l’ombre même, queues assez importantes, langues multiples et nombreux Asiatiques, bouchons dans les couloirs. L’audio-guide par iPod n’est pas mal fichu et vaut la dépense. Jolie forêt agréable et grands jardins à la française (où je ne tiens pas s’il y a du soleil, il n’y a là pas un poil d’ombre). Les toilettes payantes sont un scandale quand on a raqué pas loin de cent balles pour l’entrée.

En tout cas la bâtisse vaut le coup d’œil pour son architecture (Renaissance à fond), son originalité (château jeté sur le Cher, dont la grande salle fait office de pont !) et surtout son historique : elle fut construite au début des années 1500 sur un ancien moulin fortifié, par un Intendant des Finances qui avait peut-être tapé dans la caisse. Pour cette pécadille, François Ier confisqua le château au fils. Le roi suivant, Henri II, l’offrit à sa favorite, Diane de Poitiers. Après le malencontreux accident de tournoi qui coûta la vie à Henri II, la reine légitime, Catherine de Médicis, reprit le château à Diane et y emménagea. Le château vit passer un peu de beau linge par la suite, dont Jean-Jacques Rousseau. Il servit d’hôpital pendant la Première Guerre Mondiale (les soldats pouvaient pêcher dans le Cher depuis leur fenêtre...). Il y a sûrement quelques histoires croustillantes sur le rôle pendant la Seconde Guerre Mondiale : la galerie reliait les zones libre et occupée...


Amboise partie haute du château d’Amboise

Paradoxalement, même moins beau, celui-ci m’a plus plu. Un peu parce qu’il y avait peu de monde, un peu par la proximité d’une ville sympathique, et beaucoup par le mélange assez sidérant d’architectures : à partir d’une château médiéval (type « je suis une colline à moi tout seul, et mes remparts sont des falaises », option imprenable), les rois qui ont mené la France du Moyen-Âge à la Renaissance (Charles VIII, Louis XII, François Ier) ont tous imprimé leur marque, et le style Renaissance se mêle au gothique. J’ai toujours aimé les zones de transition.

Accessoirement, Léonard de Vinci est enterré dans la chapelle. Vue imprenable sur la ville. Le jardin est gigantesque car, stupidement, l’Empire vit la démolition de beaucoup de bâtiments du haut du château. Il n’y a que le bâtiment supérieur principal sur la photo, les remparts sont tout autour.

Pour manger, nous avons beaucoup apprécié « Chez Hippeau » pas trop loin du château et des quais de la Loire.


Cheverny Moulinsart... pardon, Cheverny

Ce château plus « classique » est encore habité par un marquis, dont la petite famille en photo orne quelques pièces. Les pièces égrènent plusieurs styles depuis la Renaissance, et les jardins valent le coup d’œil, surtout en période de canicule (interdiction de se prélasser dans l’herbe mais au moins y a-t-il pas mal de bancs).

(Comme à Chenonceaux, j’ai remarqué, ô monstruosité sans nom, du TRÈFLE dans les beaux gazons entretenus amoureusement et professionnellement ! D’un coup s’est envolée ma culpabilité de ne pas pouvoir tondre assez souvent pour empêcher de prospérer nombre de mauvaises herbes, au premier rang desquelles le trèfle, dans mon propre gazon mon herbe.)

Son plus beau titre de gloire est d’avoir été pris par Hergé comme modèle pour Moulinsart, à deux ailes près. On y trouvera donc une exposition Tintin qui reconstitue quelques pièces du château tout à fait dans l’esprit de la BD.

Évidemment, une fois arrivé chez mes parents, j’ai ressorti quelques Tintins qui avaient bercé mon enfance. Madeleine madeleine...[2]


Chambord Château de Chambord

C’est LE château Renaissance format géant, avec une forêt de clochetons. Très imposant de l’extérieur, mais paraît-il assez vide à l’intérieur. Déjà saturés de castels, nous nous sommes garés là où nous avons pu (au petit café juste avant les parkings ; toutes les autres bordures et trottoirs des environs sont conçues pour interdire aux voitures de se garer) et fait quelques photos de loin. Ça suffira pour celui-là.


Retour

Lundi retour au turbin. Je m’attendais à quelques bombes et rapports de bugs dans la boîte aux lettres après dix jours, j’ai été servi. Et dire que je pensais qu’entre le 14 juillet et le 15 août les clients seraient calmes : j’en ai rarement eu autant au bout du fil à la fois ! Les clichés sur la fonction publique ne sont plus ce qu’ils étaient[3].

Les photos sont copiraillete ma pomme

Notes

[1] Si on compte robots de moteurs de recherche et de spammers.

[2] J’ai d’ailleurs eu droit à toute une boîte de madeleines proustiennes cet été : mes parents ont ressorti mes vieux jouets pour leur petit-fils ; j’avais oublié l’existence de la moitié d’entre eux...

[3] Provoc’ second degré et gratuite de petit-fils, fils, filleul et mari de fonctionnaire.