Alan Moore a d’entrée choisi la théorie la plus romanesque : celle de la conspiration qui fait du chirurgien royal, Sir Gull, le coupable, exécuteur fou des ordres d’une Victoria qui voulait « simplement » éviter le scandale du mariage secret de son petit-fils avec une roturière ; le tout avec la complicité carriériste de francs-maçons. Moore reconnaît ne pas croire plus que cela à la théorie. À ma connaissance, Jack l’Éventreur reste inconnu, et ce n’est pas faute d’avoir cherché (Wikipédia vous livrera tous les suspects).

L’abord n’est pas spécialement facile, le début semble un peu décousu et je trouve le trait de Campbell assez moche. Par contre il rend parfaitement l’ambiance extrêmement glauque de Whitechapel, un quartier immonde de Londres. C’est le XIXè siècle finissant, ultralibéral, divisé en castes, et débordant de misère humaine, qui est le véritable thème du livre.

Dans l’annexe finale, Moore décrit quasiment page par page ses sources et les libertés qu’il a prises avec la réalité (connue).

Dur, pessimiste, souvent très cru (et pas que dans les scènes de charcuterie), un bon livre pas du tout pour les enfants.