Blog éclectique & sans sujet précis<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Spinoza, l'homme qui a tué Dieu » de J.R. Dos Santosurn:md5:63f49be6d1a07176ce065b0c0ce54c1b2024-02-13T10:42:00+00:002024-02-13T10:42:00+00:00ChristopheScience et conscienceabsurditébon senschristianismecourageDieuhainehistoirelatinlibertélivres lusmulticulturalismeouverture d’espritperspectivepessimismepolitiqueracismereligionthéologietotalitarismeéducation<p>De l’évolution des mentalités</p>
<p>Le contexte historique est peu connu des Français : au XVIIᵉ siècle, le Portugal sous domination espagnole, sous l’influence de catholiques parmi les plus sectaires (dans une époque <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss">déjà pas très tolérante</a>) chasse ses Juifs. Ceux-ci se réfugient aux Pays-Bas, nation la plus libérale d’Europe, économiquement et religieusement (catholiques et différentes formes de protestantisme se tolérant à peu près). Sans oublier leur patrie, ces Juifs prospèrent dans le commerce, et s’intègrent dans une certaine mesure. Parmi eux naît <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza">Baruch Spinoza</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/Spinoza-JRDosSantos.webp" title="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Spinoza-JRDosSantos_m.webp" alt="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)" class="media-right" /></a></p>
<p>La coexistence pacifique entre Juifs et Néerlandais, protestants ou catholiques, ne signifie pas ouverture, et être minoritaire ne signifie pas être tolérant. Les rabbins ne sont pas mieux que l’Église, et trop dévier des croyances de base mène à l’anathème : c’est le sort d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Uriel_da_Costa">Uriel da Costa</a> qui ouvre le livre, ce sera celui de Spinoza, qui a repris ses idées. Les Juifs ne peuvent brûler leurs hérétiques, mais ils peuvent les bannir de leur communauté : même la famille ne doit plus voir le coupable. Un symptôme flagrant de sectarisme. Les protestants emprisonnent et laissent mourir, ce sera le sort d’amis de Spinoza.</p>
<p>Autre hypocrisie de l’époque : s’ils avaient publié en latin, que le bas peuple ne comprend pas, ils auraient eu beaucoup moins de problèmes.</p>
<p>Spinoza est d’abord repéré comme un futur grand rabbin. Sa connaissance de la Bible hébraïque lui permet de discuter avec des exégètes néerlandais (le dialogue interreligieux étant déjà une dangereuse nouveauté), puis d’accéder aux auteurs contemporains disponibles en latin : Descartes, Hobbes… Spinoza est d’abord cartésien, puis prolonge le raisonnement. En relisant la Bible et en s’appuyant uniquement sur la raison, il constate qu’elle n’a plus de cohérence, sauf à prendre absolument tout au figuré. En conséquence, plus aucun dogme chrétien ou juif n’est sûr. Spinoza ne va pas jusqu’à l’athéisme, pour lui Dieu <em>est</em> la nature. Mais tout le reste est renvoyé à la superstition, de l’immortalité de l’âme au libre arbitre, de la téléologie aux commandements, et la réaction des religieux est violente, très violente.</p>
<p>Même aux Pays-Bas, l’époque n’est pas pacifique. Non seulement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_de_Witt">De Witt</a> perd le pouvoir, à cause de revers militaires contre la France de Louis XIV, mais il finit lynché. Spinoza perd son protecteur.</p>
<p>Spinoza a pu survivre en vendant polissant des lentilles renommées, et éviter la prison en faisant autant profil bas que possible sans renoncer à la moindre de ses idées, et tant pis pour ses amours, mais sa santé fragile a raison de lui peu après. Ses amis et élèves réussiront à sauver et répandre ses idées iconoclastes parmi les philosophes. Ce n’était que le but de Spinoza. Ses lecteurs allumeront les Lumières au siècle suivant.</p>
<p>Page de l’éditeur : <a href="https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/">https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Spinoza%2C-l-homme-qui-a-tu%C3%A9-Dieu-%C2%BB-de-J.R.-Dos-Santos#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/878« Géohistoire » de Christian Grataloupurn:md5:478cf37f9b6a32f203931aaeb6a7c9a92023-12-29T18:48:00+00:002023-12-29T18:48:00+00:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcartescatastropheChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitédémographiedéveloppementeffondrementEmpireEmpire romainesclavageEuropeguerregéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndeMoyen Âgeorganisationperspectivepolitiquepouvoir d’acheterpétroleRenaissanceRussiesociétés primitivestempséconomieémerveillementénergieévolution<p>Les achats d’impulsion sont parfois les meilleurs. <em>Géohistoire</em> veut nous faire sentir <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geohistoire">tout l’impact de la géographie sur la manière dont tourne le monde</a>. Christian Grataloup nous expose la trame sous-jacente à l’histoire de bien des Empires, plus liée aux vents de mousson ou aux flux de capitaux à l’échelle continentale qu’aux généraux et mouvements politiques. La domination européenne est en bonne partie une conséquence de sa géographie. Notes de lectures.</p>
<h2>Il était une fois l’humanité…</h2>
<p>Et ça commence très tôt, par <em>Homo erectus</em> et sa lente diffusion à travers le monde, du moins les parties habitables accessibles à pied sec. Dès cette époque, notre espèce montre une rare adaptation à tant de milieux différents, des savanes africaines aux forêts humides aux steppes neigeuses de l’ère glaciaire. Des bras de mer sont franchis. Nos atouts : le feu, la construction de maisons, l’aiguille à coudre.</p>
<p><a href="https://arenes.fr/livre/geohistoire-2/" title="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Geohistoire-Christian_Grataloup-Arenes_2023_m.jpg" alt="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)" class="media-right" /></a></p>
<p><em>Homo sapiens</em> va encore plus loin, et même l’Amérique est envahie. À la fin de la glaciation ne restent inoccupées que des îles du Pacifique ou l’Islande, conquises vers l’An Mil au plus tard, et des zones polaires comme l’Antarctique.</p>
<h2>Axe & périphéries</h2>
<p>L’essentiel de l’histoire, de la démographie, des échanges de l’humanité, et depuis l’Antiquité, sont regroupées autour d’un « Axe » de l’Eufrasie (terme qui inclue bien l’Afrique dans le monde). Au départ, l’Axe va grossièrement de Gibraltar à la Chine du Nord via les côtes méditerranéennes, la Perse et l’Inde. Avec le temps, l’Axe s’épaissit, en premier lieu en incorporant toute l’Europe jusque la Scandinavie et Îles britanniques.</p>
<p>Sur cet axe s’échangent des biens ou des monnaies, et aussi des métaux précieux, une spécificité de l’Axe. Les latitudes étant voisines, les méthodes de culture ou domestication diffusent. Les idées circulent aussi, à commencer par les religions (monothéismes, bouddhisme…). Mais aussi des agents pathogènes : la Peste Noire est l’exemple le plus flagrant. Au fil du temps, toute la population de l’Axe acquiert une immunité à des germes, souvent transmise par des animaux d’élevage, et que d’autres peuples isolés ne connaissent donc pas, bientôt pour leur plus grand malheur.</p>
<p>Les Empires sur l’Axe se créent et se renouvellent en réaction à des menaces externes : Rome face aux barbares, la Chine ou les Empires indiens face aux envahisseurs des steppes. On note que les capitales (Pékin, Delhi, Trèves…) ont tendance à être proches des frontières menacées.</p>
<p>Des régions restent à la marge. L’Afrique d’abord, peu intégrée, peu peuplée, en contact toutefois avec l’Axe via quelques routes au travers du Sahel, et surtout toute la côte est. L’Insulinde est une zone fragmentée mais bien connectée à dominante commerciale. Sont à peu près isolés l’Australie et tout le monde polynésien, de Taïwan à l’île de Pâques, malgré les talents de navigation de ses habitants. Surtout, le continent américain entier est isolé depuis des dizaines de millénaires. Géographiquement beaucoup plus segmenté que l’Axe, il est aussi sans grand mammifère domesticable (et mangeable), ce qui aura son importance pour le développement des sociétés.</p>
<h2>Économies-monde polycentriques</h2>
<p>Les Empires sont des blocs en partie nés des impératifs de la culture (notamment la riziculture) et des attaques des nomades. D’autres parties de l’Axe évoluent en « économies-mondes », faute d’ennemi contre lequel s’unir. Il s’agit de l’Insulinde et, plus encore, de l’Europe. Celle-ci, bien que déchirée entre d’innombrables entités une fois disparu l’Empire romain, conserve son unité. Les frontières de l’Europe médiévale, et leur évolution, se repèrent très vite par la carte des mariages royaux. L’Europe, tout au bout de l’Eurasie, ne craint pas vraiment un envahisseur à grande échelle. Les Mongols s’approchent mais sont trop loin de leurs bases.</p>
<p>Étonnamment, une excroissance de l’Europe exposée, elle, aux attaques des steppes, reproduit le schéma de la conquête impériale à l’ancienne : la Russie. Une double origine et un dilemme national dont les conséquences perdurent.</p>
<h2>Les vents, les épices et l’or</h2>
<p>Pendant des millénaires, l’essentiel des échanges entre grandes masses humaines se fait via l’Océan Indien, de l’Afrique à la Chine. Les latitudes propices à la mousson permettent d’aller d’est en ouest et de ouest en est, sans trop de danger. La Route de la Soie n’est qu’un chemin secondaire, terrestre, plus dangereux, et lent, même si la Chine tente systématiquement d’en sécuriser les tronçons proches quand elle n’est pas sur la défensive.</p>
<p>Les périphéries fournissent ce dont les autres ont besoin : esclaves africains notamment, et depuis des siècles ; des fourrures ; des métaux précieux. La Chine et l’Inde exportent des biens manufacturées, textiles en premier lieu (cotonnades indiennes, soie…), mais aussi thé ou porcelaine. L’Insulinde exporte ses fameuses épices, dont le sucre. De tout cela les Européens sont friands. Mais ils ne peuvent rien produire eux-mêmes, et surtout pas la canne à sucre qui craint l’hiver. Et l’Europe n’a pas grand-chose à exporter, à part un peu de verre.</p>
<p>Pendant deux millénaires, l’or et l’argent européens servent à acheter des biens manufacturés ou des épices asiatiques (à destination des plus riches, bien sûr), et ces métaux précieux restent en Asie. Puis les techniques de navigation atteignent un niveau permettant d’aller plus loin, et le monde commence à changer.</p>
<p>D’un côté, la Chine impériale n’a pas <em>besoin</em> d’aller chercher des ressources ailleurs. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He">Flotte des Trésors de Zheng He</a> va peut-être loin, mais reste une exception trop coûteuse pour être renouvelée aux yeux de l’autorité centrale.</p>
<p>De l’autre, l’Europe a épuisé ses mines et manque de monnaie précieuse pour ses échanges. La multiplicité des acteurs, le rôle majeur des marchands, permettent les expériences. Le premier pas est la conquête de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Macaron%C3%A9sie">Macaronésie</a> par les Espagnols et les Portugais, un marche-pied dans l’Atlantique. On y inaugure le modèle de la plantation de canne à sucre avec esclaves africains. Les Portugais sont les premiers à dominer les vents et à acquérir les techniques pour arriver d’abord en Afrique noire, et acheter l’or du Mali sans intermédiaire. De comptoir en comptoir, les Portugais parviennent dans l’Océan Indien, profitent eux aussi des moussons, et mettent la main sur le très lucratif commerce des épices avec l’Asie.</p>
<p>Jusque là, pas de changement fondamental : l’Europe ouvre une voie d’accès périphérique (toujours lente et dangereuse) à l’Asie, mais l’on reste dans les échanges au sein de l’Axe. Le Portugal (1 million d’habitants) n’est démographiquement pas capable de tenir plus que des comptoirs, et craint plus ses rivaux européens envieux que les peuples « découverts ».</p>
<p>Christophe Colomb va tout changer. La connexion entre Ancien et Nouveau Monde était inévitable, et des contacts avaient déjà eu lieu (Vikings au nord et Polynésiens au sud). Une fois compris le régime des vents dans l’Atlantique et la nécessité de s’écarter de l’Afrique pour en profiter au mieux, il était fatal que les Européens accostent dans les Caraïbes ou au Brésil. Les Chinois ou les Japonais auraient pu le faire un jour ou l’autre, mais les Espagnols ont été les premiers à établir des colonies en Amérique, suivis par tous leurs voisins.</p>
<p>Ce qui intéresse les Européens, ce sont les contrées avec un climat sans hiver, en premier lieu pour la canne à sucre. Pour éviter la fuite des esclaves noirs, les îles sont privilégiées (et Louis XV sacrifiera pour elles bien les arpents de neige canadiens.) Les Anglais et les Français vont aussi au nord, à la recherche d’une voie directe vers l’Asie. Le prosélytisme, la curiosité scientifique ou le goût de l’exploration sont d’autres moteurs, mais annexes aux besoins commerciaux.</p>
<p>La conquête de l’Amérique du Centre et du Sud est rapide et facile. Les maigres effectifs hispaniques, avec à peine quelques chevaux et armes à feu, sont massivement aidés (involontairement, du moins au début) par les agents pathogènes inconnus des Amérindiens, et contre lesquels les habitants de l’Axe sont à peu près immunisés. L’effondrement de la population américaine (environ 90 % !) entraîne des troubles sociaux qui achèvent les sociétés. Tant de territoires sont libérés de l’agriculture (en Amazonie notamment) que le reboisement se traduit par une chute du CO₂ atmosphérique, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Little_Ice_Age#Destruction_of_native_populations_and_biomass_of_the_Americas">possible cause du Petit Âge glaciaire</a>. La main d’œuvre locale disparue, et faute de pouvoir motiver sa propre population à aller trimer dans les plantations, l’Europe se rabat sur la traite négrière à grande échelle, amplifiant la saignée du continent africain.</p>
<p>Grataloup se risque parfois à des uchronies. Parmi elles : des virus mortels auraient-ils pu traverser l’Atlantique dans l’autre sens ? Adaptés à une longue cohabitation avec beaucoup plus d’animaux d’élevage, les Eufrasiens avaient les probabilités pour eux… mais il n’aurait pas été impossible que nos ancêtres subissent une saignée symétrique à celle des Amérindiens.</p>
<h2>La domination européenne</h2>
<p>L’or et l’argent américain résolvent la crise monétaire européenne, on frôle même la surproduction. Parallèlement et grâce à ces ressources, le goût du sucre, du thé, du café, du tabac, du chocolat, se répand dans toute la société européenne, les besoins augmentent, justifiant la création des diverses Compagnies des Indes orientales. D’abord entreprises capitalistiques commerciales concurrentes destinées aux expéditions commerciales risquées, celles-ci finissent absorbées par leurs États respectifs, après avoir installé des ribambelles de comptoirs, devenus colonies ou protectorats. L’Europe exporte ses rivalités internes sur toute la planète. Colonies et protectorats changent de main, les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont un impact sur tout le commerce mondial, et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans">Guerre de Sept Ans</a> est quasiment une guerre mondiale.</p>
<p>Enfin, l’accès des Européens à des territoires sans hiver leur permet de tenter de produire eux-mêmes ce qu’ils achetaient avant. Après les cultures de la canne à sucre, du café et du chocolat se déploie celle du coton en Amérique du Nord (toujours grâce à la traite), ce qui permet de ne plus acheter d’indiennes (le tissu indien). Le thé reste longtemps une denrée qu’il faut acheter cher à la Chine. Pour rééquilibrer les échanges, les Britanniques (d’abord, puis avec les Français) du XIX<sup>è</sup> siècle se font narcotrafiquants : ils imposent aux Chinois l’opium des Indes britanniques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_l%27opium">Guerres de l’opium</a>).</p>
<h2>Révolutions</h2>
<p>Grataloup va jusqu’à suggérer que les nouvelles habitudes occidentales basées sur les productions tropicales ont alimenté la Révolution industrielle, qui a d’abord démarré par une meilleure alimentation : thé et chocolats sucrés représentent en effet quelques calories en plus. L’hévéa aussi en est un élément important.</p>
<p>La transition démographique commence en France, en partie grâce aux améliorations des routes au XVIII<sup>è</sup> siècle, éliminant les famines. Cumulant supériorité maritime, puis technologique et industrielle, et enfin démographique (¼ de la population mondiale en 1900), l’Europe impose son modèle d’États aux frontières délimitées, ce qui n’est pas une évidence partout. Surtout, les différents pôles européens créent chacun un Empire, d’un type nouveau puisqu’il associe une métropole dans le nord très éloignée de colonies, généralement tropicales. Certaines de ces colonies deviennent des États de culture européenne indépendants (États-Unis en premier lieu puis Australie, Afrique du Sud…).</p>
<p>La seconde vague de colonisation européenne au XIXè siècle tient plus de l’affrontement impérial qu’autre chose. Les nouvelles colonies, notamment africaines, ne rapportent pas autant qu’elles coûtent.</p>
<p>La domination européenne ne dure pas deux siècles. Le polycentrisme, qui a stimulé les découvertes et conquêtes, provoque le suicide de l’Europe dès 1914. Plus tard, le Tiers Monde reste centré sur ces régions tropicales tant convoitées par d’autres. La transition démographique rebat les cartes. Une autre géographie se met à influer sur les rapports de force dans le monde : celle du Carbonifère, dont nous brûlons les forêts fossilisées.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-G%C3%A9ohistoire-%C2%BB-de-Christian-Grataloup#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/877Au revoir Gandiurn:md5:f3bcb71ef82672b17a292186afd0128e2023-12-11T11:20:00+00:002023-12-11T11:20:00+00:00ChristopheInformatique pratique <p>Si tout va bien, ce billet devrait être visible depuis mon nouvel hébergement chez Infomaniak.</p>
<p>Ça faisait 9 ans que j’étais hébergé chez Gandi, et bien plus longtemps pour les domaines. Celui-ci <a href="https://next.ink/1032/gandi-passe-mails-en-payant-utilisateurs-cherchent-solutions-remplacement/">semblant passer du côté obscur après son rachat</a>, il était temps de voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Quitte à transférer le mail ailleurs, autant prendre plus large.</p>
<p>Je n’ai pas passé un temps fou à faire l’étude de marché, Infomaniak a bonne réputation, et fait l’affaire. Je regrette quand même la simplicité de l’interface Gandi et les alias infinis.</p>
<p>Le plus pénible a été de passer la famille à la nouvelle config IMAP/SMTP (c’est là qu’on s’aperçoit du nombre d’objets connectés qui lisent ou envoient des mails dans le foyer élargi).</p>
<p>Pour l’hébergement du présent blog et du site entier, c’était l’occasion de prendre une VM un rien moins modeste et de tout réinstaller proprement en rationalisant. J’ai redécouvert les joies de la config Apache et de la redirection dans tous les sens (c’est pas fini…).</p>
<p>La peinture est encore humide…</p>
<p>(Si tout va mal et les redirections foirent, vous ne lisez pas ça.)</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-revoir-Gandi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/876« La Seconde Guerre Mondiale vue d'ailleurs » (Claude Quétel & co)urn:md5:5983bb4c0c678e0517867a40bedb620a2023-11-05T20:04:00+01:002023-12-30T11:27:59+01:00ChristopheHistoireAllemagneapocalypsecatastropheChinechristianismecommunismedilemmedémocratieEuropeGuerre Froideguerre saintegéographiegéopolitiquehistoireHistoire de Francelivres lusnationalismeperspectiveRussieSeconde Guerre MondialetempsÉtats-Unis<p>Il est toujours bon de faire un pas de côté quand on s’intéresse aux grands événements internationaux. Fatalement, nous portons tous un biais lié à l’histoire de notre pays et notre éducation. La Seconde Guerre Mondiale ne s’est pas limitée à l’Occupation, à la Shoah, au 6 juin et à Hiroshima. L’optique de chaque peuple est différente. Et parfois changeante.</p>
<p><a href="https://www.buchetchastel.fr/catalogue/la-seconde-guerre-mondiale-vue-dailleurs/"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.La_Seconde_Guerre_Mondiale_vue_d_ailleurs-Claude_Quetel_m.jpg" alt="La Seconde Guerre Mondiale vue d’ailleurs (Claude Quétel &amp; co)" class="media-right" /></a> Pour qui s’intéresse un peu au conflit (et ça pourrait être un lycéen), ce livre ouvre vraiment des perspectives. Même si on a fait l’effort de s’informer hors du monde franco-hollywoodien, on a peu l’occasion de savoir ce que pensaient Marocains ou Suédois des hostilités. Chaque chapitre traite d’un pays, par un auteur différent. Je me demande dans quelle mesure il est fiable de résumer si vite cinq ans (souvent plus) de la vie d’un pays dans ce genre de période, mais c’est bien plus que ce qu’on peut lire dans la plupart des livres et magazines d’histoire.</p>
<p><em>Comme d’habitude, j’essaie de résumer, mais l’italique est avis personnel.</em></p>
<h2>Maroc</h2>
<p>En 1939, le sultanat est un protectorat français (et espagnol dans le nord), et toute révolte contre l’ordre établi pouvait être durement réprimée (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Rif">le Rif en sait quelque chose</a></em>). Le royaume reste pourtant fidèle à la France, fournissant nombre de soldats de valeur à la IIIᵉ République comme à la France Libre. Peut-être par intérêt bien compris : les Français partis, le pays risque de se faire dévorer par l’Espagne ou l’Allemagne… <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Nogu%C3%A8s">Noguès</a>, résident français d’Afrique du Nord, préfère rester fidèle à Vichy, mais le Maroc devient un refuge pour nombre de Juifs, et accueille favorablement les Anglo-Saxons qui débarquent en 1942.</p>
<p>Cette fidélité est mal récompensée : les demandes d’accès à l’indépendance totale après la guerre sont impitoyablement rejetées et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_au_Maroc#Manifeste_de_l'ind%C3%A9pendance_(1944)">il faudra l’attendre jusque 1956</a>.</p>
<h2> Égypte</h2>
<p>Le royaume est indépendant depuis 1922 mais le protectorat britannique n’est pas tout à fait terminé. Le Canal de Suez est une artère vitale de l’Empire britannique sur la route de l’Inde, il ne doit pas tomber. L’élite égyptienne, cosmopolite et occidentalisée, est partagée entre Axe (y compris apparemment le roi Farouk) et pro-britanniques : mais ces derniers sont-ils encore en mesure de protéger l’Égypte ? Officiellement l’Égypte reste neutre, mais bienveillante envers les Britanniques, et les Allemands sont internés. Puis les villes se prennent assez de bombes allemandes pour provoquer des paniques. Les militaires égyptiens n’ont qu’un rôle de supplétifs dans les opérations : les Britanniques se méfient d’eux, et ne leur ont vendu aucun équipement moderne.</p>
<p>Une fois Rommel écarté, la paix revient, et le roi Farouk prépare l’indépendance totale. L’Égypte fait partie de ces nations qui n’ont déclaré la guerre à l’Allemagne en 1945 que pour compter parmi les fondateurs des Nations-Unies.</p>
<h2> Suède</h2>
<p>Neutre pendant toute la guerre, la Suède n’a peut-être pas soldé son passé de collaboration avec l’Allemagne nazie. Certes, en 1940-45, cerné de toute part par l’Axe, traumatisé par les privations pendant la guerre précédente malgré sa neutralité, le pays n’a pas trop le choix. Les nazis continuent à profiter pendant toute la guerre du fer ou des roulements à bille suédois (ces derniers sont d’ailleurs vendus aux deux camps).</p>
<h2> Suisse</h2>
<p>Neutre et cernée elle aussi, la Suisse a toujours clamé que son indépendance a été préservée grâce à son armée toujours prête. Pour Irène Herrmann, c’est une légende : les qualités militaires de la Suisse sont des conséquences de sa pauvreté originelle, et les Nazis n’auraient fait qu’une bouchée d’elle.</p>
<p>Mais les Allemands n’y pensent pas sérieusement, puisque l’économie suisse fonctionne essentiellement pour l’Allemagne, et les banques sont accommodantes dans leurs prêts. Les représailles anglo-saxonnes sont puissantes (gel des avoirs aux États-Unis…), mais par la suite les nécessités de la reconstruction et de la Guerre Froide font oublier cette page peu glorieuse.</p>
<h2>Irlande</h2>
<p>Pays pauvre tout juste sorti de sa guerre d’indépendance et d’une guerre civile, encore aux prises avec l’IRA, l’Irlande fait le choix d’une neutralité totale. Malgré la pression des Anglais, et encore plus des Américains, le pays refuse toute collaboration… officielle. La population (comme le président Valera) reste de fait favorable aux Alliés, et les Allemands n’arrivent jamais à exploiter la rancœur envers les Britanniques. Des dizaines de milliers de volontaires rejoignent même les forces britanniques. Économiquement, le pays souffre beaucoup.</p>
<h2>Canada & Québec</h2>
<p>Indépendant mais toujours fidèle à la couronne britannique, le Canada la suit dans la guerre. Caroline D’Amours nous sort beaucoup de chiffres pour montrer que le Québec, connu pour avoir été très réticent envers la conscription, a fait sa part. Une bonne partie de la retenue québécoise tient au fossé linguistique que doivent franchir les francophones. Pendant la guerre, le Québec, comme une bonne part du Canada, devient une gigantesque usine de chars et munitions pour l’Empire britannique.</p>
<h2>Australie</h2>
<p>Pays-continent, à l’identité toute fraîche trempée dans le sang pendant la Première Guerre Mondiale, et indéfendable, l’Australie se sait liée au Royaume-Uni pour sa défense, et lui est donc fidèle. Si l’engagement militaire reste faible au début, la menace japonaise devient palpable dès la chute du « verrou de Singapour ». On sait à présent que les Japonais ont vite renoncé à envahir l’Australie, ayant déjà assez de ressources (et de problèmes) après la prise de contrôle de l’Indonésie et de la Nouvelle-Guinée.</p>
<p>Se tournant bien sûr vers les Américains, le pays devient une gigantesque base arrière de la Guerre du Pacifique, non sans quelques soucis de cohabitations : chez sept millions d’Australiens conservateurs débarquent pas moins d’un million de jeunes soldats américains « <em>overpayed, oversexed and overhere</em> » (à la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Brisbane">bataille de Brisbane</a>, il n’y avait pas de Japonais.)</p>
<p>L’Australie fait partie des rares pays sortis renforcés du conflit.
L’impact sur le pays est profond : modernisation, renforcement des liens avec les États-Unis, ouverture à l’immigration non-anglo-saxonne, puis non-européenne, pour renforcer la population.</p>
<h2>États-Unis</h2>
<p>Le chapitre expose surtout l’évolution de l’isolationnisme américain. Si les Américains n’ont effectivement aucune envie d’envoyer les <em>boys</em> à nouveau se faire tuer en Europe, les Nazis n’y acquièrent jamais aucune sympathie, et Roosevelt n’a pas trop de mal à faire des États-Unis l’arsenal (et le banquier !) de la Grande-Bretagne. En partie parce que la prospérité de l’Amérique se base encore sur la sécurité des mers assurée par la marine britannique, et la chute de ce dernier est donc inenvisageable ; mais aussi et surtout à cause des liens culturels ; enfin à cause des souffrances des Britanniques (les Chinois bénéficient de la même sympathie). Et l’industrie de l’armement se met à recréer beaucoup d’emplois.</p>
<p>Sans aller jusqu’à la guerre, les Américains avancent leurs pions : les débarquements au Groenland et en Islande visent à sécuriser les routes atlantiques, pleines de sous-marins allemands pas encore ennemis. Washington utilise aussi largement les menaces de blocus, et la tension monte ainsi avec le Japon à cause de son invasion de la Chine, puis de ses visées vers les possessions européennes en Asie, devenues sans défense en 1940. Le Japon fait l’erreur monumentale d’attaquer les États-Unis aux Philippines (Pearl Harbor n’étant qu’un raid pour couler la flotte). Churchill craint un temps que cela ne distrait les ressources américaines vers le Pacifique mais Hitler prend la décision assez étonnante de déclarer lui-même la guerre aux États-Unis. Ceux-ci, s’étant fait forcé la main, peuvent jeter tout leur poids dans la guerre.</p>
<h2>URSS</h2>
<p>Les régimes autoritaires adorent détourner l’Histoire, et les régimes totalitaires la réécrivent. Si le rôle majeur de l’Union Soviétique dans la destruction du nazisme a longtemps été rabaissé en Occident pour cause de Guerre Froide, et réévalué depuis, les évolutions n’ont jamais cessé dans le monde (ex-)soviétique.</p>
<p>Évidemment, pendant la guerre, il est dangereux pour quiconque de faire mention du faustien Pacte germano-soviétique ou de la purge des généraux avant-guerre. Cela reste valable après la guerre. Mais il y a une progression entre l’époque stalinienne, tenant à marquer le génie de Staline, à ne pas honorer les anciens soldats, et à nier l’intérêt des livraisons occidentales (par exemple la moitié des camions de l’Armée Rouge, entre autres…), et la détente sous Khroutchev (qui, lui, avait fait la guerre aux premières loges, comme son successeur Brejnev) : le jour de la Victoire redevient férié, et les anciens combattants sont mis en valeur.</p>
<p>Sous Poutine, la Grande guerre patriotique devient un des piliers du rassemblement de ce qui reste de la Russie en ruine autour de son nouveau chef, thème utilisé jusqu’à l’absurde en 2022 quand il déclare vouloir dénazifier une Ukraine dirigée par un Juif. Il n’est pas impossible que l’occultation, voire la négation du sort particulier réservé aux Juifs par les Allemands joue un rôle : pour les Soviétiques, c’est le peuple entier qui a (énormément) souffert, il est hors de question qu’il y ait quelque particularisme.</p>
<h3>Les Juifs en Russie</h3>
<p>Un chapitre s’étend sur le sort des Juifs côté soviétique. Les Allemands à l’est ne s’embarrassent d’aucune précaution pour masquer leurs charniers, et les liquidations massives commencent dès le début de la conquête de l’URSS, avant le choix définitif de la Solution finale. Vue l’ampleur de la tâche, les populations locales sont enrôlées, au moins pour la logistique et combler les fosses. Les Allemands sont bien accueillis, et les pogroms spontanés, dans nombre d’endroits victimes récentes du stalinisme (Ukraine affamée, États baltes annexés…), renommé « judéo-bolchevisme ».</p>
<p>Staline est donc parfaitement au courant de l’ampleur de l’extermination, mais ne la met pas spécialement en avant : les Juifs sont noyés parmi beaucoup d’autres victimes, et il n’est pas question de faire des Juifs des martyrs plus que les autres, surtout quand des Soviétiques sont complices. D’un autre côté, les massacres servent à mobiliser la communauté juive à l’étranger (États-Unis en tête) au profit de l’URSS. Un premier comité juif créé en 1942 est envoyé au goulag car trop international, et le Kremlin en recrée un autre. Promoteur de la culture juive, il récolte de l’argent à l’étranger.</p>
<p>La libération progressive du territoire révèle les charniers et rend la Shoah palpable, mais fait aussi ressortir les compromissions… et l’antisémitisme, y compris au sommet. L’URSS, devenue un Empire dont la victoire s’est basée sur le nationalisme, n’a plus besoin de Juifs. Dès la fin de la guerre, Staline étouffe tout, la parution du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_noir">Livre noir</a></em> (une compilation de témoignages) est annulée, les membres du comité sont exécutés en 1952. Il n’y aura pas de monuments commémoratifs sur les charniers. Lors de la perestroïka, les Russes ont d’autres sujets de réflexion et d’autres chats à fouetter. Puis Poutine réinstrumentalise la Grande Guerre Patriotique, qui n’a pas besoin de victimes juives. Les anciennes républiques soviétiques rebâtissent souvent leur identité en réaction au communisme sans place particulière pour leurs Juifs.</p>
<h2> Mers el-Kébir</h2>
<p>L’attaque de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_de_Mers_el-K%C3%A9bir">Mers el-Kébir</a> (en Algérie française) a fait couler beaucoup d’encre depuis juillet 1940 : Churchill ordonne alors à sa flotte de couler la partie de la flotte française qui y est stationnée, de peur qu’elle ne passe aux mains des Allemands. Avant l’armistice, Darlan avait promis aux Anglais que la flotte passerait dans leur camp, ou au pire se saborderait. Mais il se fait acheter par Vichy. Certes, la flotte n’est effectivement pas livrée aux Allemands et se saborde en 1942. Mais qui en a la garantie en juillet 1940 ?</p>
<p>Bernard Costaglia apporte quelques nouveaux éléments aux débats : Churchill ne suit pas juste ce qui est devenu la version officielle (trahis par Darlan, épouvantés par l’idée d’une flotte française alliée aux nazis, les Anglais choisissent à regret la plus sûre solution). Entrent en compte le besoin d’infliger un revers, même indirect, à l’Axe ; de marquer la résolution britannique à un moment où le pouvoir de Churchill n’est lui-même pas si assuré ; le fait qu’il faut un an pour former l’équipage si les Allemands mettent la main sur les navires (à l’appui, un document de Churchill de… la guerre précédente) ; le message ainsi envoyé aux Américains (message reçu) qu’il est critique qu’ils livrent des navires ; peut-être le besoin de punir les Français ; voire de les vexer pour qu’ils réinvestissent dans leur armée, même vichyssoise. Mais encore : l’occasion est unique pour frapper. Les navires sont en position de faiblesse à ce moment, alors qu’à long terme, si l’Angleterre veut poursuivre le blocus du continent, une bataille est inévitable. L’encre n’a pas fini de couler.</p>
<h2>Italie</h2>
<p>L’Italie n’a pas gagné une grande bataille de toute la Seconde Guerre Mondiale. Le chapitre redore le blason des troupes italiennes, qui ne se rendent pas sans combattre, et qui sauvent parfois les fesses de Rommel en Afrique. Lequel Rommel leur impute en retour certains de ses échecs.</p>
<p>Mais le problème fondamental de l’Italie est au sommet : Mussolini, velléitaire, voit beaucoup trop grand, veut recréer un Empire, et agit sans coordination avec son allié (qui ne fait pas grand cas de lui), allié vite devenu protecteur suite à toutes ces mauvaises décisions. En effet : déclarer la guerre aux Alliés en 1940, c’est couper Somalie et Éthiopie de la métropole (et la reconquête alliée commencera par là en 1941). L’attaque sur la Grèce vire à la catastrophe, Hitler doit intervenir. (<em>C’est un succès, mais Barbarossa est retardé : Mussolini a peut-être sauvé Moscou.</em>) Rebelote en Égypte.</p>
<h2>Pologne</h2>
<p>S’il y a un État au centre des « terres de sang » de cette période, et victime des deux totalitarismes, c’est bien la Pologne. Attaqué par le Reich et l’URSS en même temps, à nouveau dépecé, le pays voit ses élites liquidées, sans parler des Juifs. La Résistance culturelle tente de préserver l’éducation, mais politiquement les succès sont très limités. Le gouvernement en exil est impuissant.</p>
<p>L’insurrection désespérée du ghetto de Varsovie en 1943 est un acte de désespoir, et l’insurrection de Varsovie en 1944 mène à la destruction de la ville et de la Résistance par les Allemands, au plus grand profit des Soviétiques qui ne lèvent pas le petit doigt. Les Alliés ne peuvent rien faire quand Staline installe son propre gouvernement polonais, vassalise peu à peu le pays, et décale ses frontières arbitrairement.</p>
<h2>Vatican</h2>
<p>Le comportement du pape Pie XII (élu en 1939) face au nazisme continue de faire débat. Pie XI dénonce l’attitude du régime nazi en 1937, mais son successeur fait partie de ceux qui espère préserver la paix et il ne s’exprime pas ouvertement. La principale raison de la prudence de Pie XII est sans doute la crainte de représailles sur les millions de catholiques allemands (raison pour laquelle il essaie plus tard de modérer les Alliés qui rasent l’Allemagne jusqu’à obtenir une reddition sans condition). Il est clair que ce choix l’a tourmenté.</p>
<p>La guerre ne modifie pas la tradition de neutralité de l’Église, qui se veut universelle, médiatrice, et pourvoyeuse de secours. Les chrétiens sont dans chaque camp, et sont censés obéir à leur gouvernement local. Le Saint-Siège s’est toujours accommodé des régimes autoritaires s’ils respectaient les catholiques, et toujours mal vu les régimes libéraux, bien qu’encourageant la démocratie en 1945. Évidemment, il abhorre le communisme et l’URSS depuis longtemps. Mais Pie XII ne croit pas que Hitler soit un rempart contre Staline, et refuse d’approuver la croisade nazie contre le bolchevisme. Et tant mieux si ces deux maux s’annihilent mutuellement.</p>
<p>Cette guerre est différente des précédentes par son idéologie et son ampleur, et des pressions pour prendre partie pour les Alliés se font jour dans l’Église même, par exemple chez les jésuites. Bien informé sur les massacres de Juifs, Pie XII n’en parle timidement que dans deux discours en 1942 et 1943, sans consigne ferme aux fidèles. Il laisse la responsabilité d’agir aux épiscopats locaux. Face aux persécutions contre les Juifs dans des pays très catholiques comme la France de Vichy ou la Hongrie, l’Église est juste résignée et fait peu. L’antisémitisme traditionnel a évidemment joué plus ou moins consciemment, avant comme pendant la guerre.</p>
<h2>Pacifique & Japon</h2>
<p>1941 marque la bascule de la guerre européenne vers une guerre mondiale. Frank Michelin remarque que l’indépendance de l’Indochine française, et de nombre d’États de la région, fait suite à l’invasion japonaise. C’est en Asie du Sud-Est que les conséquences politiques de la guerre sont les plus radicales.</p>
<p>Chaque pays voit cette face du conflit selon prisme. Pour les Japonais il y a la guerre de quinze ans (d’abord contre la Chine dès 1931), dont la seconde partie est la guerre d’Asie-Pacifique. La « grande guerre européenne » est plutôt un conflit séparé qui ne les a pas concernés.</p>
<p>L’expansion japonaise aux dépens de la Chine débute avec l’annexion de la Corée puis Taïwan en 1894. À partir de l’invasion de la Mandchourie, la guerre est permanente. Les Japonais occupent la plupart des zones peuplées mais le gouvernement chinois (provisoirement allié aux communistes) ne s’avoue jamais vaincu, et la Chine est gigantesque. Rediriger l’expansion vers la Sibérie n’est plus une option après la raclée de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">Nomohan</a> en 1939 face aux Soviétiques.</p>
<p>Pour étouffer la Chine, le Japon lance un blocus et fait pression pour occuper l’Indochine de Vichy, sans défense et forcée d’obéir. Ce mouvement vers le sud menace directement Singapour et l’Inde, perles de l’Empire britannique.
Les États-Unis menacent de sanctions (pétrole…) potentiellement mortelles. L’Indonésie (elle aussi sans défense depuis l’invasion des Pays-Bas) devient donc une cible majeure, qui implique de renforcer le contrôle de l’Indochine, voire d’affronter les Britanniques (protecteurs de l’Indonésie mais sur la défensive face aux Allemands), voire les États-Unis (propriétaires des Philippines et alliés inconditionnels des précédents).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px.png" title="Expansion du Japon 1937-42"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px_m.png" alt="Expansion du Japon 1937-42" class="media-right" /></a>Le processus de décision japonais est peu clair et résulte de nombreuses luttes d’influence entre armée et marine, voire de faits accomplis de généraux locaux. Finalement, l’option choisie continue la fuite en avant : attaque de Singapour, des Philippines, et raid sur Pearl Harbor, en espérant sécuriser assez de ressources et de territoires avant la contre-attaque anglo-saxonne.</p>
<p>Les Japonais vont effectivement conquérir en six mois un espace immense, des frontières indiennes aux Aléoutiennes.
S’ils sont des occupants brutaux, ils détruisent l’ordre occidental, pour le plus grand profit des indépendantistes locaux. Les Européennes ne réussiront pas à reprendre le contrôle après-guerre. En Chine, les communistes profitent de l’épuisement des troupes nationalistes pour prendre le pouvoir.</p>
<h2>Chine</h2>
<p>Le point de vue chinois est bien sûr focalisé sur la guerre de quinze ans contre le Japon, fondateur devenu un mythe fondateur de la Chine actuelle.</p>
<p>En 1900, le pays est en déliquescence depuis des décennies face aux Occidentaux. Puis le Japon annexe Taïwan et la Corée, et enfin le sud de la Mandchourie après avoir évincé les Russes en 1905 (première grande défaite d’une puissance blanche).
La République chinoise s’enfonce dans une guerre civile avec les communistes. L’invasion complète de la Mandchourie survient en 1931, sur une initiative des nationalistes japonais de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_japonaise_du_Guandong">armée du Kwantung</a>. Les Japonais rêvent d’une alliance contre les Soviétiques mais Staline soutient plutôt l’union sacrée qui apparaît en Chine. En 1937, une nouvelle attaque japonaise va jusque Shangaï et Nankin.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub_s.png" alt="Carte de l’occupation japonaise en Chine, 1940" class="media-right" /></a></p>
<p>Les crimes de guerre systématiques (le massacre de Nankin étant l’éternel symbole) n’ont pas raison de la résistance chinoise. Le nombre pur, et le soutien anglo-saxon ou soviétique, ne compensent toutefois pas le dénuement de l’armée chinoise. Sa façade maritime occupée, la Chine ne peut recevoir de soutien que par l’Indochine et la Birmanie, nouvelles cibles du Japon (voir ci-dessus). La guerre monte en intensité. L’URSS n’aide plus la Chine dès 1941 (elle signe un traité de non-agression avec le Japon pour couvrir ses arrières face aux nazis) mais l’aide américaine s’intensifie (« Tigres volants », pont aérien depuis la Birmanie).</p>
<p>Communistes et nationalistes mènent séparément la guerre contre le Japon. À la capitulation japonaise et au départ précipité des occupants, la guerre civile reprend jusque 1949. Toutes ces guerres coûtent environ vingt millions de morts, très majoritairement des civils.</p>
<p>La Chine ne recommence à exploiter la corde nationaliste, mémorielle et anti-japonaise qu’à la fin des années 80, à l’effondrement du bloc soviétique. Le manque de remords officiels du Japon envenime les choses. Xi Jinping appuie à fond sur le nationalisme, l’exploitation de la Seconde Guerre Mondiale, où le rôle de la Chine a été sous-évalué (première victime en taille et durée et enlisement du Japon), et la victimisation (un siècle d’humiliation). Le pouvoir déforme le rôle du Parti communiste (secondaire pendant contre le Japon) et les souffrances des autres pays. D’autres sons de cloche émergent cependant. Mais même entre les autres pays de la zone, une mémoire transnationale du conflit a du mal à émerger.</p>
<h2>Allemagne & dénazification</h2>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" title="Division de l'Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5_s.png" alt="Division de l'Allemagne vaincue, 1945" class="media-center" /></a></p>
<p><em>Der Fragebogen</em> est le succès de librairie allemand de 1951, sur le questionnaire que tous les ouest-allemands ont dû remplir sur leur activité sous le nazisme : un monument de déni (par un auteur d’extrême-droite (<em>comme par hasard !</em>))), réduisant le soutien nazi à celui de la classe dirigeante, et mélangeant camps d’internement américain et de concentration. Sans aller jusque là, l’Allemand de base trouve vite que la dénazification s’attaque aux petits et laisse filer les gros, et la perçoit comme une justice des vainqueurs.</p>
<p>Dans l’après-guerre, la dénazification ne peut être qu’imparfaite. Les dirigeants, les politiques, les membres de la Gestapo, les SS partent immédiatement au trou, mais trop de gens ont participé à l’administration du IIIè Reich, sa justice et sa politique criminelle pour les arrêter tous. À peu près tout le monde, de gré ou de force, a fini dans une organisation nazie. Le but principal des Alliés est que le retour de la démocratie ne soit pas sapé par des nazis restés à des postes-clés politiques ou économiques. L’interdiction des organisations, l’annulation de nombreuses lois, sont la partie facile. L’expérience américaine de « défascisation » en Italie depuis 1943, ou celle de l’épuration en France, sert. Les gouverneurs des quatre zones d’occupation sont chargés de l’exécution de mesures prises en commun, mais chacun fait un peu à sa sauce.</p>
<h3>À l’ouest</h3>
<p>Arrive donc le fameux questionnaire pour juger du niveau d’implication de chacun (chez les Américains, car les Britanniques ont plus ciblé) : coupable principal, compromis/bénéficiaire, moins compromis, simple suiveur, exonéré ? La masse à traiter implique que les Allemands se jugent au final souvent entre eux, avec compréhension. Le contexte de Guerre Froide naissante, comme le chaos économique, font passer l’épuration politique second plan. Des nazis encartés écopent de peines légères car économiquement nécessaires, au lieu d’être condamnés à finir leur vie comme manœuvre. Les plus jeunes et les suiveurs les moins riches, ou les prisonniers de guerre, sont rapidement amnistiés d’office. Le système est aussi perverti par les <em>Persilscheine</em>, attestations de bon comportement, souvent réciproques entre connaissances. Tout le monde a sa justification pour avoir plus ou moins suivi (mais pas plus !) le Führer.</p>
<p>Les Églises freinent aussi des quatre fers : une épuration trop massive gênerait la rechristianisation de l’Allemagne. Les partis politiques voient aussi un vivier d’électeurs dans tous ces dénazifiés plus ou moins repentis, qui se considèrent plutôt comme des escroqués et donc des victimes. En 1950/51, la nouvelle République Fédérale rouvre les portes des administrations à presque tout le monde. L’Allemagne fédérale voit sa dénazification comme un échec relatif, mais au moins sa culture politique a-t-elle été rebâtie.</p>
<h3>À l’est</h3>
<p>Les communistes ont la main beaucoup plus lourde et déportent jusqu’en URSS. C’est aussi le moyen de mettre le pays politique au pas. Mais là aussi l’épuration s’arrête vite par besoin de main d’œuvre.</p>
<h2>Du souvenir de cette guerre</h2>
<p><em>C’est un fil rouge : le souvenir de la guerre dépend des pays, y compris relativement aux autres conflits.</em></p>
<p><em>Si pour les Américains la Seconde Guerre Mondiale est d’abord celle du Pacifique et de la reconquête de l’Europe de l’Ouest, les Russes ou les Chinois ont des perspectives très différentes,marquées par la ligne variable du Parti. Les Suédois et les Suisse préfèrent regarder ailleurs. Les Australiens restent plus marqués par la Première Guerre Mondiale, où ils eurent beaucoup plus de victimes et participèrent à des batailles majeures.</em></p>
<p><em>À l’inverse, l’Allemagne a été totalement traumatisée par l’anéantissement qu’elle a subi, et la mémoire allemande me semble plus tournée vers le long cauchemar du front russe et les derniers mois de guerre que par la Première Guerre Mondiale, la Normandie ou les victoires des débuts.</em></p>
<p><em>Manquent forcément quelques pages : il y aurait beaucoup à écrire sur l’ex-Yougoslavie (avec ses conséquences jusque dans les années 90), les États baltes, la Finlande, l’Afrique (exploitée par les Alliés), la Syrie, l’Irak ou l’Iran…</em></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Seconde-Guerre-Mondiale-vue-d-ailleurs-Claude-Qu%C3%A9tel-co#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/873BROTHER je te hais (aussi), ou : ne mettez pas à jour vos firmwaresurn:md5:5e6f7d350c5fa8ff88e5edc8669761952023-09-17T20:12:00+02:002023-09-17T20:12:00+02:00ChristopheInformatique militante et technologie<p>J'ai une imprimante laser couleur Brother MFC-L3750CDW, dont je suis plutôt satisfait. Ou plutôt : était. Histoire d'un gaspillage programmée confinant à l'escroquerie.</p>
<p>Comme toutes celles de notre triste époque, cette imprimante est programmée pour forcer le changement de cartouche de toner bieeeen en avance sur la véritable pénurie. Subitement, elle décide qu’il faut changer la cartouche parce qu’un certain nombre de pages a été imprimé. Dialogue :</p>
<blockquote>
<p>— (Imprimante) <em>Faut changer la cartouche noire.</em></p>
<p>— (Moi) Non, ça imprime encore parfaitement, je sais qu’il reste de l’encre, et j’assume toute dégradation de la qualité, c’est moi qui choisirai le moment du changement quand ça tournera grisâtre.</p>
<p>— <em>Faut changer la cartouche noire.</em></p>
<p>— Il est 19 h, tu attendras que j’en commande une, et là tu m’imprimes ce dont j’ai besoin pour demain, tout de suite.</p>
<p>— <em>Faut changer la cartouche noire.</em></p>
<p>— (Fait un geste.) Ta cartouche noire est pleine. Imprime, machine.</p>
<p>— <em>Ma cartouche noire est pleine. Voici votre impression, maître<sup id="fnref:ts1694970769.1"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fn:ts1694970769.1" class="footnote-ref" role="doc-noteref">1</a></sup></em> (Elle imprime.)</p>
</blockquote>
<p>Le geste en question consiste en une ouverture de capot et 4 pressions de touches pour réinitialiser la contenance d’un des quatre toners. Cette astuce se trouve dans cinquante sites différents sur Internet et dix vidéos Youtube. J’ai économisé plusieurs cartouches avec ça (dont le prix, rappelons-le, avoisine celui de l’or). Cette astuce a été un des critères d’achat de cette imprimante-là.</p>
<p>En tout cas ça a marché.</p>
<p>Mais j’ai été stupide : j’ai laissé la machine faire ses mises à jour de firwmare. Ces choses qu’il vaut mieux faire religieusement pour éviter les failles de sécurité, par exemple. (J’ai rarement vu de nouvelles fonctionnalités suite aux mises à jour sur un produit déjà acheté<sup id="fnref:ts1694970769.2"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fn:ts1694970769.2" class="footnote-ref" role="doc-noteref">2</a></sup>.</p>
<p>Et à partir du firmware 1.58 (? à vérifier), l’astuce ci-dessus ne fonctionne plus. On se demande pourquoi. Les commentaires des vidéos Youtube concernées indiquent le même désarroi depuis quelques mois, et il n’y a pas de solution. Et cela concerne aussi les cartouches non Brother, subitement rejetées par la bête après mise à jour du firmware.</p>
<p>Si une nouvelle combinaison de touches est nécessaire, personne du SAV de Brother ne l’a faite fuiter (ou je n’ai pas fouillé assez longtemps/assez bien.) Quant à l’aide en ligne de Brother, elle ne connaissait évidemment pas l’astuce précédente, et ne connait rien d’une nouvelle. (Je m’arrête là sur le sujet de l’aide en ligne, pas envie de devenir grossier.)</p>
<p>Bref, j’ai dû nourrir la bête, et je garde l’ancienne cartouche pas vraiment vide pour le cas où je retrouverais une astuce similaire.</p>
<p>Brother peut se permettre cela parce que ses concurrents font pareil : gaspillage d’encre, protections anti-cartouches compatibles… Officiellement pour garantir la qualité, en pratique pour conserver des marges qui ne peuvent être faites sur du matériel vendu presque à perte. Le marché est totalement pourri. Il y a pourtant dans l’Union Européenne une entité théoriquement chargée d’éviter de s’occuper de concurrence, respect du consommateur, mais elle ne fait pas grand-chose. Je ne parle même pas de l’impact écologique du gaspillage de cartouches « vides » <sup id="fnref:ts1694970769.3"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fn:ts1694970769.3" class="footnote-ref" role="doc-noteref">3</a></sup>.</p>
<p>Une référence sur le sujet : <a href="https://www.halteobsolescence.org/plan-daction-pour-leconomie-circulaire-lenfumage-des-fabricants-dimprimantes/">un article de Halte à l’Obsolescence Programmée de 2021</a></p>
<p>Je rêve d’un Fairphone des imprimantes, qui vendrait des imprimantes solides, réparables, au prix juste, et pas l’encre que plusieurs prestataires pourraient fournir dans une joyeuse concurrence libre et non faussée. Mais ces imprimantes, forcément plus chères, ne pourraient trouver leur marché puisque le jetable y règne en maître.</p>
<h3>Et à propos de Fairphone</h3>
<p>Je suis très content de mon Fairphone 3+ (modèle vieux de 4 ans), et les mises à jour Android arrivent régulièrement. La version 13 est tombée cet été. Problème : <a href="https://forum.fairphone.com/t/android-13-on-the-fairphone-3/95183">le lecteur d’empreintes digitales ne fonctionne alors plus</a>. C’est la faute du fournisseur du composant qui ne livre plus de firmware adapté, et Google qui a décidé que ce capteur n’était alors plus assez sécurisé. On parle d’obsolescence par évolution des normes… Et pas de bol, c’est vraiment un composant qu’on ne peut pas changer. Quant à rester en Android 11, ce n’est plus acceptable, car il n’est plus supporté. Je pense tenter la migration, car la seule application problématique est une application d’une banque annexe que je jetterai au besoin (l’application comme la banque). Mais pour beaucoup d’autres personnes, c’est plus gênant (la faute aux banques ou à leur État). Passer à /e/OS serait une option exigeant de tout réinstaller et reparamétrer…</p>
<h3> Moralité</h3>
<p><strong>Ne mettez pas à jour vis firmwares si tout va bien !</strong> (je comprends mieux mes clients qui ne mettent jamais à jour parce que tant qu’on ne change pas une équipe qui gagne)(jusqu’au jour où une faille de sécurité est exploitée.)</p>
<div class="footnotes" role="doc-endnotes">
<hr />
<ol>
<li id="fn:ts1694970769.1" role="doc-endnote">
<p>Je propose que tout ordinateur, machine, IA, ne s’adresse à un humain qu’en finissant par « maître·sse » histoire de toujours rappeler qui <del>est</del> devrait être le maître. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fnref:ts1694970769.1" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1694970769.2" role="doc-endnote">
<p>Exceptions notables : l’Android de mon Fairphone 3, l’OS de mon routeur Turris Omnia, la Freebox. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fnref:ts1694970769.2" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1694970769.3" role="doc-endnote">
<p>Ah oui : Brother a un programme de récupération des cartouches usagées pour une broutille symbolique. Si les cartouches sont encore au quart pleine (estimation minimale à la louche), c’est carrément rentable. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#fnref:ts1694970769.3" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
</ol>
</div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/BROTHER-je-te-hais-%28comme-les-autres-fabricants-d-imprimantes%29%2C-ou-%3A-ne-mettez-pas-%C3%A0-jour-vos-firmwares#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/874« Cette planète n’est pas très sûre » d’Alexis Jenni : pop science par un Goncourturn:md5:9e191eca8e7b4b36b59bf5d054ff4a5c2023-09-02T12:33:00+02:002023-09-02T11:34:33+02:00ChristopheScience et conscienceabominationapocalypseastronomieautodestructioncataclysmecatastrophecivilisationclimatcolonisationcomplexitécosmologiedinosaureseffet de serreeffondremententropieexaptationgigantismegéographiegéologielivres luspanspermieperspectivepessimismesciencetempsvolcansécologieéonsévolution<p>Les 5 Grandes Extinctions racontées par un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Jenni">détenteur du Goncourt</a>. Ce n'est pas de la littérature mais de la bonne vulgarisation. Alexis Jenni est d’abord prof de Sciences Nat’ (comme on disait autrefois), c’est cela qui transparaît, avec l’amour de la Science et de ses turpitudes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure.jpg" title="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure_s.jpg" alt="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)" class="media-right" /></a>
Dans l’histoire de la vie sur Terre, les extinctions principales n’étaient pas cing (<em>Big Five</em>) mais au moins six, plus celle en cours, quoique peut-être plutôt dix-huit, question de choix de seuil puisque la disparition et l’apparition des espèces est un phénomène continu, la moyenne est d’un million d’année d’existence pour les mammifères, et les pics sont des anomalies dans ce bouillonnement permanent, et cette phrase est trop longue comme certaines de celles de l’auteur.</p>
<p>Le propos est grand public, ouvertement « pop science ». Les termes techniques ne manquent pourtant pas. J’aurais aimé une petite frise chronologique des époques : si j’ai une vision claire de l’ordonnancement des Permien, Trias, Jurassique et Crétacé, c’est moins clair pour l’Ordovicien ou le Silurien. Merci Wikipédia pour les précisions.</p>
<p>Entre deux leçons de science, on croise Stephen Jay Gould, Lamarck et Darwin : à côté de géologie, il s’agit aussi d’évolution, et ces débats sont rarement scientifiques, et en disent beaucoup sur la société de l’époque. Le rôle du hasard sans but dans l’évolution est insupportable pour tant de monde, qui ressassent les mêmes arguments démontés depuis un siècle et demi. Gould dirait que la complexité des espèces n’est qu’une illusion : le monde reste massivement dominé par les bactéries et autres animaux minuscules.</p>
<h2>Limite K-T</h2>
<p>On commence par la plus connue et médiatique des extinctions, celle d’il y a 66 millions d’années, où les dinosaures ont disparu, ainsi que les ammonites et nombre d’animaux et plantes. C’est l’occasion d’un petit cours de géologie de base sur les couches de sédiments : leur nature dépend en bonne partie des animaux morts qu’ils contiennent, et la fameuse couche K-T (Crétacé-Tertiaire)<sup id="fnref:ts1693647273.1"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.1" class="footnote-ref" role="doc-noteref">1</a></sup> est justement vide de vie. Suit un exposé sur les différentes théories plus ou moins farfelues, les problèmes de datation, et la solution trouvée par Alvarez père & fils, décrite non comme un moment eurêka mais comme un bel exemple d’interdisciplinarité et de sérendipité. Alvarez fils, géologue, cherchait un moyen pour calculer la <em>durée</em> de cette couche K-T, et Alvarez père, astronome, eut une idée d’astronome : mesurer la quantité des métaux typiques des météorites, qui tombent des cieux avec une régularité de métronome. La quantité trouvée, astronomique (littéralement), mena immédiatement à l’hypothèse du caillou assassin.</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur comment fonctionne vraiment la science, loin de l’image éthérée de la tour d’ivoire et des froids raisonnements. Les pinaillages incessants, la mauvaise foi des partisans des théories battues en brèche, les différentes quasi culturelles entre différentes branches des sciences, les conséquences des batailles passées (le catastrophisme a été difficilement délogé au XIXᵉ, on n’allait pas le faire revenir !), même les éventuels noms d’oiseaux échangés… garantissent au final la solidité de la théorie finale <sup id="fnref:ts1693647273.2"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.2" class="footnote-ref" role="doc-noteref">2</a></sup>, ou l’améliorent. La théorie volcanique reste l’alternative la plus plausible à la météorite, mais elle ne résista pas aux dernières découvertes archéologiques, notamment à Chicxulub. S’il y eut des éruptions monstrueuses en Inde vers cette époque, il est significatif qu’elles aient eu lieu aux antipodes du point d’impact, une éventuelle activité ayant été empirée par l’onde de choc. Au passage, petite explication d’un hiver nucléaire.</p>
<p><a href="https://pxhere.com/en/photographer/3176923" title="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Diplodocus_comete-ChristianMR_via_pxhere.com-CC0_m.jpg" alt="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)" class="media-right" /></a>
Alexis Jenni se plaint que les gens ne soient pas comme lui fascinés par la couche K-T quand elle est si proche (il y a un <em>spot</em> au pays basque), ou même d’habiter à Chixculub. Je partage cet effarement, ça me remuerait d’être proche d’un témoignage d’un tel événement.</p>
<h2>Du Permien au Trias</h2>
<p>Ensuite on enchaîne sur la pire extinction : le Permien, 252 millions d’années en arrière, bien avant les dinosaures. Une période étouffante, avec très peu d’oxygène, avec un méga continent unique, des eaux trop basses… et donc peu de traces. La couche de transition est encore plus pauvre en carbone 12 (végétal, vivant) que la couche K-T. Des restes de champignons : beaucoup de bois mort. Les indices s’accumulent : la période déjà chaude (36 degrés de plus que la nôtre !) a été suivie d’une véritable cuisson.</p>
<p>Et cette fois le coupable semble bien volcanique, et sibérien, avec plein d’effets en cascade. (J’avais déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">parlé de l’extinction du Permien</a>.) Notre civilisation ne part pas d’aussi chaud, mais on y va tout droit.</p>
<p>À cause du début du fractionnement de la Pangée et du volcanisme, une extinction moins grave (« juste » les ¾ des espèces) a lieu entre Trias et Jurassique, ouvrant le premier âge d'or des dinosaures.</p>
<h2>Du Dévonien au Carbonifère</h2>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D_Terrelli.png" title="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/animaux/Devonien/.Dunkleosteus-par_Entelognathus_via_Wikipedia-CCBYSA4.0_m.png" alt="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)" /></a></p>
<p>On revient encore 100 millions d’années en arrière. La fin du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9vonien">Dévonien</a> voit deux ou trois pics d’extinctions sur une Terre pourtant luxuriante « dominée » par les poissons. Parmi eux, les premiers tétrapodes, qui, dans leurs mangroves encombrées, commencent à se demander si ça ne serait pas mieux sur terre. Cette fois, la cause de l’extinction serait la vie elle-même : le succès des forêts aurait entraîné une masse de sédiments vers les mers peu profondes de l’époque, devenues alors invivable pour nombre d’espèces. (La belle autorégulation de la planète est donc une légende, même à l’échelle de quelques millions d’années.) Cerises sur le gâteau : une glaciation pour faire chuter le niveau des mers (dit Wikipédia) ; puis un coup d’effet de serre pour détruire la couche d’ozone.</p>
<h2>De l’Ordovicien au Silurien</h2>
<p>On est presque un demi-milliard d’années dans le passé : pendant que des bestioles tenant du scorpion géant croisent dans les océans grouillant de vie invertébrée, les plantes et mousses commencent à conquérir la Terre, consomment le CO₂… et déclenchent une grande glaciation : exit 85% des espèces.</p>
<h2>La Grande Oxydation</h2>
<p>Cette glaciation, ce n’était certes pas la première de l’histoire de la Terre. Quand les bactéries se mirent à la photosynthèse, elles polluèrent massivement l’atmosphère avec leur déchet : l’oxygène, autrefois absent et mortel pour la vie. L'oxygène rouilla tout le fer de la planète, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thane_atmosph%C3%A9rique#Processus_d'absorption">puis le méthane</a>, très puissant gaz à effet de serre. Le soleil étant, il y a 2,4 milliards d’années, moins chaud, c’était parti pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_huronienne">300 millions d’années de Terre-boule de glace</a>. Le cycle du carbone est fragile et oui, la vie s’est lentement adaptée après l’hécatombe, mais le sort de ces bactéries anaérobies qui ont pollué leur planète à un niveau mortel (pour elles) et détraqué le climat devrait nous faire réfléchir. Il a fallu attendre que les volcans aient craché assez de CO₂ pour la débâcle.</p>
<p>Il y eut des rechutes de glaciation, notamment quand le supercontinent Rodinia se fragmenta, favorisant l’érosion et donc la chute du CO₂, provoquant le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cryog%C3%A9nien">Cryogénien</a>, juste avant la diversification et les bestioles bizarroïdes de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diacarien">Édiacarien</a>.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote>
<p>On meurt beaucoup sur cette Terre, parfois seul et parfois brutalement tous ensemble.</p>
</blockquote>
<p>La Terre a été alternativement une boule de glace et un four, et le soleil n'est pas le responsable principal. Un continent unique entraîne un désert en son centre, réduit l’érosion, réduit les mers peu profondes, le CO₂ s’accumule, la planète cuit. Quand un continent se scinde, l’érosion reprend, le CO₂ chute et l’effet de serre baisse, la glaciation menace. Le CO₂ dépend aussi des volcans et de l’extension du vivant. La vie s’amuse à balancer ses déchets dans l’atmosphère ou à jouer sur l’érosion. L’occasionnel géocroiseur ne fait que complexifier une situation assez instable.</p>
<p>Mais la vie est souple, grouille, s’étend partout… si on la laisse tranquille. La planète nous survivra, aucun doute là-dessus, quitte à panser ses plaies quelques millions d’années. Notre civilisation obsédée par le court terme ne verra peut-être pas le siècle suivant. Ne pas oublier non plus que les espèces qui pullulent (nous humains représentons 13% de la biomasse mondiale, nos animaux 85%…) finissent par devenir des ressources pour d’autres jusqu’à régulation (Je me dis que le Covid n’est que le premier de virus conquérants.)</p>
<p>Quant à une nouvelle extinction majeure, elle est bien en marche, et s’accélère : 80% d’insectes en moins (en poids) en 40 ans, les oiseaux suivent. Jenni panique. Anthropocène ou Nécrocène ?</p>
<div class="footnotes" role="doc-endnotes">
<hr />
<ol>
<li id="fn:ts1693647273.1" role="doc-endnote">
<p>Apparemment, on dit plutôt <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_Cr%C3%A9tac%C3%A9-Pal%C3%A9og%C3%A8ne">K-Pg (Crétacé-Paléogène)</a> de nos jours. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.1" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1693647273.2" role="doc-endnote">
<p>Je lisais justement un <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/pasteur-une-carriere-jalonnee-de-polemiques-24434.php">article de <em>Pour la Science</em></a> sur Pasteur, pas toujours exemplaire dans les débats scientifiques. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.2" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
</ol>
</div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/872« Le troupeau aveugle » (The Sheep Look Up) de John Brunnerurn:md5:26cf4438a44904f45a3795ca81cf064c2023-08-11T21:16:00+02:002023-08-23T17:28:15+02:00ChristopheFragile planèteabominationabsurditéAmériqueapocalypseautodestructionbon senscataclysmecatastrophecivilisationclimatcourt termedysfonctionnementdécadencedémocratieeaueffet de serreeffondrementfoutage de gueulelivres lusmétéooh le beau cas !panurgismeperspectivepessimismepétrolescience-fictionterrorismeécologieÉtats-Unis<p><em>Le troupeau aveugle</em> est un classique de la SF écolo-catastrophique des années 70. Il est faux qu'il soit daté, son actualité est même glaçante.</p>
<p>John Brunner ne brille pas par son optimisme. Dans sa fameuse tétralogie sur l'avenir proche et ses dangers, <em>Le troupeau aveugle</em> (1972) est peut-être le plus noir et désespéré. <img alt="John Brunner : Le troupeau aveugle (édition Livre de poche)" src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/SF/.John_Brunner-Le_troupeau_aveugle-Liredepoche_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Les premières pages peuvent rassurer : cette civilisation étouffant sous la pollution, ces pluies si acides, ces avalanches provoquées par des avions supersoniques, ces plages innommables, on y a échappé (du moins à cette échelle, dans la plus grande partie de l'Occident, merci aux lois anti-pollution apparues justement peu après la publication). Quant au CO₂, Brunner n'était pas au courant du problème.</p>
<p>Mais la suite fait tout de même grincer les dents. Les masques que tous portent, on a connu récemment, pour d'autres raisons. La malbouffe <em>est</em> un problème, ainsi que les résidus de pesticides dans l'alimentation, et l'impact de la pollution sur la fécondité, ou le <em>greenwashing</em>, ou la pollution aux plastiques. Juste pas la même échelle que dans le livre, ou plus insidieusement. Denver qui brûle fait écho à cette <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2023_Hawaii_wildfires">ville brûlée à <em>Hawaï</em> ces derniers jours</a>, même si la cause immédiate diffère. La pollution des nappes phréatiques, c'est toujours d'actualité.</p>
<p>La myopie complète des gouvernants et d'une bonne partie de la population : on atteint le niveau de <em>Don't Look Up</em> (et je me demande si le titre du livre de Brunner a pu inspirer celui du film). Les écolos (initialement) non violents réprimés violemment, tandis que les pollueurs sont laissés tranquilles, on connaît. On a juste encore échappé au virage écoterroriste, mais pour combien de temps ? Non, ça ne finit pas bien. Bref : excellent, déconseillé aux éco-anxieux.</p>
<p>Références : <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Sheep_Look_Up">Page wikipédia anglophone</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Le-troupeau-aveugle-%C2%BB-%28The-Sheep-Look-Up%29-de-John-Brunner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/871« Le chemin des Dames » de Pierre Miquelurn:md5:ce7667faa96e1fc0cc9edbc9ae4ebfc92023-06-30T19:00:00+02:002023-08-23T17:28:57+02:00ChristopheHistoireabominationabsurditéabusrditéautodestructioncatastrophedommagedysfonctionnementgénéalogieHistoire de Francelivres lusmortorganisationPremière Guerre Mondialeténacité <p>Ypres, Les Dardanelles, Verdun, la Somme, le Chemin des Dames… Il y eut tant de boucheries en 14-18 qu'on les confond. Ce livre de 1997 s'étend sur tout le déroulé de la dernière grande offensive française, en 1917, au nom devenu tristement célèbre. Résumé.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Pierre_Miquel-Le_Chemin_des_Dames-Perrin.png" title="Pierre Miquel : Le Chemin des Dames, Perrin 1997"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Pierre_Miquel-Le_Chemin_des_Dames-Perrin.png" alt="Pierre Miquel : Le Chemin des Dames, Perrin 1997" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
La légende dit que les « dames » de ce chemin entre Reims, Soissons et Laon, étaient les filles de Louis XV, allant rendre visite à une ancienne maîtresse de leur père. En 1917, la ligne de front s'y était établie, sur une crête entre les vallées de l'Aisne au sud, et l'Ailette au nord. Le 16 avril 1917, le général Nivelle y lance une offensive massive, brusque, préparée depuis des mois et destinée à rompre le front jusque Laon. Au bout de quelques heures, il est clair que c'est un échec. Ce demi-succès (en étant gentil) ne vaut pas les 300 000 morts et blessés dans les deux camps.</p>
<p>Il serait facile d'accuser les généraux de l'époque de pure incompétence. Joffre avait été remplacé par Nivelle, artilleur ayant appliqué là-bas de nouvelles techniques qui font de lui le vrai vainqueur de Verdun. Quand il présente son plan d'offensive majeure, des résistances se font bien jour. On ne veut pas d'une nouvelle attaque qui s'enlise des mois pour rien comme sur la Somme. Pétain préférerait faire le gros dos en attendant les Américains et des chars en quantité. Chez les Britanniques, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Haig">Haig</a> renâcle, se fait tirer l'oreille pour lancer une attaque simultanée, mais Lloyd George approuve l'idée. Pierre Miquel passe beaucoup de temps sur le côté politique français. En arrière-plan : dans quelle mesure le Parlement doit-il s'occuper des opérations ? Faut-il risquer tout de suite une nouvelle attaque ou attendre, au risque que les Allemands se renforcent ? Faut-il envoyer des renforts aux Italiens ? Peut-on encore se fier au nouveau gouvernement russe après la Révolution de Février ? Que penser des ouvertures de paix du nouvel Empereur d'Autriche, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Ier_(empereur_d%27Autriche)">Charles</a> ?</p>
<p>Nivelle a le malheur d'être trop persuasif. Il mise sur la préparation d'artillerie massive, et la rapidité d'exécution. Il a tout planifié : préparation massive, déplacement précis et rapide de l'artillerie derrière l'infanterie pour s'attaquer tout de suite à l'artillerie ennemie, aux secondes lignes, et éviter l'arrivée de renforts, l'arrivée d'armées entières. Pour être prêt, la date d'attaque a été repoussée plusieurs fois. Sur le papier, c'était parfait.</p>
<p>Et comme tout plan parfait, la confrontation avec la réalité est cruelle. Les avions français, surclassés par les Allemands, ne peuvent aider à régler l'artillerie autant que prévu. Des munitions manquent. Les tanks sont moins nombreux que voulu, et moins fiables que prévu. Le temps n'est pas de la partie : il neige, alors que les unités d'élites coloniales engagées ne sont pas supposées combattre en conditions hivernales. Les Allemands ont profité du réseau de cavernes sous la crête pour en faire des abris, créer un réseau souterrain invisible de l'ennemi, monter des tourelles bétonnées que les canons français ne peuvent détruire. Malgré la préparation d'artillerie, les Français se retrouvent face à de nombreux nids de mitrailleuses, apparus parfois dans leur dos. Pire : les Allemands ont deviné ce qui allait se passer, ils ont amené de nombreuses réserves.</p>
<p>Nivelle n'a pas tenu compte des signaux qui auraient permis de prévoir tout cela (de petites attaques avaient échoué, des plans avaient été perdus). Il était cependant délicat de tout annuler au dernier moment, quand des centaines de milliers d'hommes ont été déplacés, sont prêts, et attendent sous la pluie.</p>
<p>L'offensive n'atteint pas ses objectifs du premier jour, loin de là, ni le lendemain. Malgré la promesse initiale d'arrêter très vite les frais si le succès n'était pas au rendez-vous, d'autres offensives suivent pendant un certain temps. Le gain final n'est pas totalement négligeable : des observatoires d'artillerie, une partie du Chemin des Dames enlevé, de lourdes pertes infligées aux Allemands, un nombre énorme de prisonniers… mais à un coût hallucinant.</p>
<p>Avant la bataille, le moral des troupes est élevé. Mais le Chemin des Dames marque le début des mutineries, du refus de bien des Poilus de partir à l'attaque sans aucune chance de vaincre. Le gouvernement se persuade que les pacifistes de l'arrière contaminent les soldats, alors qu'il s'agit plutôt de l'inverse. Il faut lâcher du lest sur les permissions.</p>
<p>Nivelle est écarté. On pense à le juger, mais il faudrait aussi juger ceux qui l'ont nommé, lui ont demandé d'être offensif. Pétain prend sa place et se contente d'offensives très limitées sur quelques kilomètres, avec des moyens maximaux (la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Malmaison">Malmaison</a>, fin octobre 1917), sans trop de pertes mais sans grande conséquence stratégique.</p>
<p>En relisant mon arbre généalogique, j'ai réalisé que deux de mes arrière-grands-pères ont été blessés au Chemin des Dames, les deux en octobre 1917, dont l'un à la Malmaison. Il faut jeter un œil aux livrets militaires de ses ancêtres.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-chemin-des-Dames-de-Pierre-Miquel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/870« L’effroyable tragédie » de Marie-Pierre Rey : la fin de la Grande Armée pendant la campagne de Russieurn:md5:12ebc1605b7ca5abfdd4a22380e535e12023-06-10T19:45:00+02:002023-08-23T17:29:39+02:00ChristopheHistoireabsurditéautodestructioncatastrophedysfonctionnementeffondrementEmpireEuropegigantismeguerre saintehistoireHistoire de Franceimpérialismelogistiquemortoh le beau cas !organisationracléeRussie <p>L’armée de Napoléon a disparu en Russie. Tout était écrit, et pourtant… Cet excellent livre de 2012 décrit bien le calvaire de l'Armée française et les choix catastrophiques de Napoléon. Résumé.</p>
<h2>L’invasion</h2>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Marie-Pierre_Rey-L_effroyable_tragedie.jpg" alt="Marie Pierre Rey : L'effroyable tragédie" style="float: right;" /> En 1812, Napoléon se fâche définitivement avec le tsar Alexandre, dont il espérait tant l'alliance pour étouffer l'Angleterre. Avec un demi-million d'hommes, il envahit la Russie pour lui imposer ses conditions . On connaît la suite, pas les détails. Souvent on a lu Tosltoï (cf mon billet sur <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-guerre-et-la-paix-de-L%C3%A9on-Tolsto%C3%AF">la Guerre et la Paix</a></em>), qui n'était pas historien, et louait la sagesse du général russe Koutouzov, qui a juste suivi les Français en retraite, et laisser l'hiver et la faim les décimer.</p>
<p>Mais Koutouzov n'était pas l'initiateur de la stratégie russe. Ses collègues lui reprochent même de ne pas avoir été assez agressif sur la fin (car la Grande Armée en déroute avait parfois encore de beaux restes) et d'avoir raté la capture de Napoléon. Le choix du retrait devant l'invasion et de la terre brûlée se décide avant le conflit (« Notre climat, notre hiver feront la guerre pour nous » écrit Alexandre), sans forcément que tous les détails aient été fixés. Un siècle avant, l'hiver avait déjà battu les Suédois.</p>
<p>Juin 1812 : la gigantesque Grande Armée, avec ses effectifs pléthoriques, ses soldats peu habitués au climat russe, ses innombrables chevaux, sa lourde artillerie, ses convois de chariots de bagages parfois inutiles, s'enfonce au printemps dans un pays gigantesque, misérable, rural, souvent sans routes, d'où le pouvoir russe a enlevé ou brûlé tout ce qui pouvait l'alimenter. L'armée russe se dérobe, refuse à l'Empereur la bataille décisive qu'il cherche. Napoléon découvre réellement ce qu'est la « profondeur stratégique ».</p>
<p>Fouché l'avait prévenu pourtant, pointant le cauchemar logistique et la leçon infligée aux Suédois. Mais Napoléon veut une guerre courte, il ne veut pas s'éloigner trop longtemps de Paris, de sa femme, et de l'Espagne en guerre. Son armée colossale comprend des contingents de tous ses alliés et vassaux, son réseau d'espionnage et ses cartes sont prêts, des stocks ont été faits en Pologne et en Prusse orientale.</p>
<p>Ça ne suffira pas. Il y a tant de chevaux que le fourrage (et les fers à chevaux !) manquent vite, et les pauvres bêtes meurent comme des mouches dès le début, bien avant l'hiver. Les chevaux russes, en face, sont acclimatés et aussi nombreux.</p>
<p>La conquête de Vilnius est une promenade. Les Lituaniens accueillent la Grande Armée et ses alliés polonais avec joie. Napoléon ne mise pourtant pas à fond sur le patriotisme polono-lituanien, de peur de froisser l'allié (de façade) autrichien. Il ne jouera pas non plus la carte de la libération des serfs russes, une perspective qui terrifie la noblesse russe. Pendant ce temps, Alexandre fait la paix avec les Suédois et les Turcs, encourage la ferveur patriotique et religieuse de son peuple, mise sur la peur du Français. Les Polonais seront déçus et les moujiks ne se révolteront jamais. L'armée russe est malade de la corruption, manque souvent de fusils et d'uniformes, mais elle recrute en masse. Paradoxalement, la noblesse russe continue de parler français.</p>
<h2>Moscou</h2>
<p>La Grande Armée progresse moins vite que prévu. Les villes conquises sont vides (Vitebsk) ou détruites par les combats (Smolensk), sans réapprovisionnement possible. Entre les pertes des quelques batailles, les malades, la chaleur, quelques désertions, les garnisons laissées en arrière, les effectifs, homme et chevaux, ont déjà fondu de moitié à mi-chemin de Moscou !</p>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Russie#/media/Fichier:Minard.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.Pertes_de_la_Grande_Armée_en_Russe_1812-1813-Charles_Minard-1869-via_Wikimedia_m.png" alt="Graphe par Charles Minard (1869) montrant les effectifs de la Grande Armée à l’aller et au retour de Moscou (via Wikimedia)" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p>Dès juillet, Napoléon hésite à s'arrêter, du moins pour l'année, puis décide de rester fidèle à sa stratégie de foncer sans donner de répit à l'ennemi. Les généraux russes s'écharpent sur la stratégie. Finalement ils refusent toute grande bataille jusque Borodino, sur la Moskova, car il faut tout de même tenter de sauver Moscou. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Moskova">Ce sera une boucherie sans nom</a> (73 000 morts ou blessés, dont beaucoup d'officiers).</p>
<p>Moscou sera abandonnée, ce qui consterne toute la Russie, puis incendiée par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9dor_Rostopchine">Rostopchine</a> (officiellement : par les Français). La Grande Armée se retrouve à jouer les pillards dans une ville dévastée dont presque tous les habitants ont fui, et aux faubourgs pleins de partisans et de cosaques. Elle y perd sa réputation à cause du pillages et des exactions. La discipline disparaît.</p>
<h2>La déroute</h2>
<p>Le tsar refuse de négocier. L'armée de Koutouzov se renforce et commence à prendre l'initiative. Les communications françaises avec Paris deviennent compliquées. Napoléon hésite à continuer sur Saint-Pétersbourg. Au bout d'un mois, aux premières neiges, il décide du repli vers Smolensk. Le départ est précipité, des stocks abandonnés. L'armée n'a toujours pas de vêtements d'hiver. Elle est encombrée de chariots pleins du butin des pillages et de nombreux civils (dont de nombreux Français habitant à Moscou, ayant peur des représailles). La moitié des hommes est encore bonne condition, une autre moitié a déjà beaucoup souffert. Les régiments étrangers ne sont plus fiables. Le retour doit se faire par des zones sous contrôle, donc déjà dévastées. Les Russes commencent à attaquer à nouveau mais ne gagnent pas forcément. Le harcèlement au quotidien est plus efficace.</p>
<p>La faim frappe les Français dès le départ de Moscou. Il n'y a plus beaucoup de chevaux, et l'anthropophagie apparaît. Des 104 000 hommes ayant quitté Moscou, seuls 42 000 arrivent à Smolensk, et les stocks qui les attendent sont bien maigres, et mal distribués. Les revers militaires s'accumulent, l'armée russe menace de piéger les Français. En fait, Koutouzov préfère en rester au harcèlement : le gros de sa propre armée a du mal à suivre le rythme des fuyards, en partie car il faut éviter les zones deux fois dévastées, et le climat est cruel pour les Russes aussi.</p>
<p>Les prisonniers des Russes se compteront en centaines de milliers. Une bonne part mourra de manière plus ou moins cruelle, par les partisans, l'armée russe, les mauvais traitements, les marches, la faim. Certains pourront rentrer en France à la Restauration, certains iront même cultiver un bout de terre russe. En face, les Français ne feront pas grand-cas des cent mille prisonniers du début de la campagne. Ceux-ci n'étaient guère protégés : il y avait encore moins d'approvisionnements pour eux, et qui ne pouvait marcher était liquidé.</p>
<h2>La Bérézina</h2>
<p>Ce qui est resté comme l'expression d'une défaite retentissante est en fait une retraite réussie dans des conditions dantesques. Napoléon réussit à tromper les Russes sur son chemin exact, et les restes de la Grande Armée réussissent à passer par un gué sur deux ponts construits en un temps record. La Garde s'en sort encore, mais les Russes arrivent, et le sort est cruel pour les derniers, traînards et beaucoup de civils, tentant de traverser sous les feux d'artillerie.</p>
<p>Début décembre, le froid descend à -37°C. Les pertes sont terribles, y compris chez les Russes. Napoléon quitte son armée presque comme un voleur. Murat le remplace à la tête d'une bande où plus aucune discipline ne règne. L'arrivée à Vilnius devait être une délivrance, mais le typhus y règne, les Polonais prennent peur devant l'état de cette armée… et retournent parfois leur veste, car les Russes arrivent. Les Français fuient, laissant derrière eux des monceaux de cadavres qui ne seront parfois enterrés qu'au printemps. Le tsar arrive et préfère la magnanimité à la punition impitoyable de tous les collaborateurs.</p>
<p>Murat arrive vers Königsberg, en Prusse, censée être alliée, devenue hostile. Il faut continuer.</p>
<p>Dès janvier, le tsar entre aussi en Prusse. Commence la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_d%27Allemagne_(1813)">campagne d'Allemagne</a>, qui finira par la boucherie de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Leipzig_(1813)">Leipzig</a>, pour déboucher sur l'invasion de la France et la chute de l'Empire en 1814. Le tsar, à Paris, sera à la tête du nouveau système d'alliances des Empires qui redessineront la carte de l'Europe.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-effroyable-trag%C3%A9die-de-Marie-Pierre-Rey#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/869« L'Éclaireur » de Sergueï Jirnov & Jean-Luc Rivaurn:md5:f493d1ee6c72e1a5cb82612023c6691c2023-03-13T10:49:00+01:002023-03-13T10:50:39+01:00ChristopheHistoireabsurditéeffondrementURSS <p>Sergueï Jirnov a été officier du KGB, la crème de la crème, formé pour devenir un illégal capable de se fondre dans la population. Il a réussi. Il est entré à l’ENA. Et ça n’a servi à rien : l’URSS s’est effondrée, il a trahi.</p>
<p><a href="https://www.nimrod.fr/accueil/77-l-eclaireur.html"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.L_Eclaireur-S.Jirnov-Nimrod_s.jpg" alt="L’Éclaireur, de Sergueï Jirnov & Jean-Luc Viva" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> </a></p>
<p>Une bonne partie du livre raconte ce qu’est grandir dans l’URSS de Brejnev, parmi la classe moyenne privilégiée (papa ingénieur et maman membre du Parti) de la banlieue moscovite, dans ce qui se voulait la Silicon Valley russe. Ni voiture ni téléphone, et ne parlons pas d’ordinateur (même l’école du KBG n’en avait pas (en comparaison, à cette époque, j’étais au collège et j’avais déjà mon MO5…)), mais ce n’est rien quand on a connu au début les appartements partagés par plusieurs familles.</p>
<p>Jirnov excelle à l’école, montre un don effarant pour les langues, et joue au bon petit communiste chez les pionniers — alors que plus grand-monde ne croit vraiment au système autour de lui. Son entrée au prestigieux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_d%27%C3%89tat_des_relations_internationales_de_Moscou">MGIMO</a> est-elle due au piston ? En effet, l’URSS n’était pas vraiment plus égalitaire que l’Ouest quant il s’agissait d’accéder aux plus prestigieuses écoles.</p>
<p>Il n’a pas choisi le KGB, mais le KGB l’a choisi… et ne le lâche plus. Jirnov est poussé par le prestige de l’espion infiltré, et l’appât puissant d’une vie à l’Ouest (plus facile, confortable, et rémunératrice). Il finit par mener une triple vie, entre des émissions de langue française à la télé, sa formation secrète à l’université du KGB, et sa formation, elle-même archi-secrète, de futur illégal. Ses sacrifices à la cause sont nombreux, y compris sentimentaux. Il donne nombre de petits trucs de l’espionnage de base, par exemple pour les filatures (les espions des films se trahiraient en cinq minutes). Mentir, gagner la confiance de tout le monde, mais se méfier de tous, famille comprise… deviennent des secondes natures.</p>
<p>Une constante au KGB, ce pilier du monde socialiste : tout le monde veut aller à l'Ouest ! Dans une ambassade, comme espion sous couverture diplomatique par exemple. Pour le niveau de vie mais aussi pour se faire un maximum de devises. Poutine, lui, n'ira pas aussi loin, placardisé en Allemagne de l'Est.</p>
<p>En attendant, Jirnov se fait les dents sur les groupes de français, fichant les touristes qu’il encadre. Sous Gorbatchev, l’URSS tente de s’ouvrir, et devenir consultant pour aider les entreprises à commercer avec l’Ouest lui offre la couverture idéale. Il peut aller en France, et ses contacts s'y développent. Les Occidentaux ne se méfient plus, la DST l’ignore, c’en est presque vexant. L’ENA lui propose d’entrer dans un circuit international, cursus qui se révèle un vrai nid d’espions étrangers. Jirnov est aussi interprète aux JO d’Albertville, une superbe occasion d’étoffer son réseau et ses fiches. Cependant, sa rencontre avec la haute administration française est une véritable déception. Le parallèle avec la bureaucratie soviétique et son côté nomenklatura hors sol est évident pour lui. Plus tard, il se frottera aux absurdités administratives qu'affrontent les réfugiés en France.</p>
<p>Sa mission ne sert pas à grand-chose car à la même période l’URSS éclate. Ses collègues démissionnent par services entiers, pour aller dans le privé. Les Américains refusent les transfuges, il y en a trop. Une des dernières notes de Jirnov aura été de signaler que les investisseurs occidentaux ne comprennent plus rien au chaos administratif soviétique où les mafias se développent, et que seul le KGB leur semble encore un pôle de stabilité. Il ne croit pas si bien dire.</p>
<p>Il décide de rester à l’Ouest malgré les offres. Hors de question de revenir en Russie, devenue un endroit dangereux où le FSB reprend peu à peu les commandes. Son refus de revenir finit par être suspect. Réclamer publiquement son diplôme (théoriquement secret) jusque devant les tribunaux le fait très mal voir. Il s’arrange pour devenir médiatique : c’est une protection contre un malencontreux « accident ». Pour lui, il n'a pas trahi : il a prêté serment à un service et un pays disparus — comme les nouveaux maîtres du pays d'ailleurs.</p>
<p>Rien ne rappelle James Bond. Jirnov est très sportif et a suivi une formation militaire, mais n’est pas un surhomme. Plus généralement, tout le témoignage discrédite la série télé <em>The Americans</em>, sur un couple d'illégaux soviétiques aux États-Unis, à peu près à la même époque, au début des années 80. Les agents infiltrés sont tellement précieux et ils doivent rester tellement discrets que les personnages n’auraient pas exécuté eux-mêmes un centième des missions de la série (et les téléspectateurs seraient morts d’ennui au bout de 3 épisodes). Un illégal repère des cibles, fait des fiches, recrute, mais s’expose le moins possible.</p>
<p>Comme dans toute biographie d’espion, une question lancinante : tout est-il vrai ou ce manipulateur de première catégorie certifié mène-t-il parfois le lecteur en bateau ? Bien avant d’entrer au KGB, Sergueï Jirnov croise en effet le Premier Ministre Kossygine ou un célèbre tueur en série et se fait quasiment recruter par Andropov en personne. Surtout, il croise dès 1984 son futur collègue Vladimir Poutine, qu’il recroisera plusieurs fois au fil de sa transformation de petit fonctionnaire incapable et espion raté en dangereux oligarque mafieux.</p>
<p>Une grosse frustration : il passe sur son cheminement intellectuel. Maman était certes au Parti, mais tout le monde à part Brejnev et quelques privilégiés voyait depuis longtemps que le système dysfonctionnait. Sa ville spéciale de Zélénograd était un repère de dissidents, laissés tranquilles entre eux. Ses états de service de bon petit communiste pendant tout sa scolarité étaient-ils sincères, des devoirs de premier de la classe, ou déjà hypocrites ? Plus tard, la carrière d’illégal était-elle plus un but de carrière ou une volonté sincère de promouvoir le communisme ? Il était pro-Gorbatchev, même si son jugement est cruel pour celui qui n’a rien vu venir de l’effondrement du système.</p>
<p>L’URSS est un monde disparu, mais le KGB aussi. Un tel service dans notre monde connecté ne serait plus efficace. Les trahisons ont été telles dans les deux camps que Jirnov sous-entend « à quoi bon ? »</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-L-%C3%89claireur-%C2%BB-de-Sergue%C3%AF-Jirnov#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/868ChatGPT est un gamin moralisateur, dangereusement borné, sans bon sens, et qui ne dort jamaisurn:md5:6734746d8a794aeca04cc37f16b912242023-03-03T10:52:00+01:002023-03-13T10:51:16+01:00ChristopheInformatique militante et technologie<p>J'ai fait joujou un certain temps avec <a href="https://chat.openai.com/chat">ChatGPT</a>, le gadget à la mode pour générer des textes à partir d'une simple question. Je sais, c'est pas neuf, je traîne à publier mes billets.</p>
<p>Passons sur le fait que pour tester le monstre, il faut fournir mail et numéro de téléphone... Ça fait une belle base de données derrière.</p>
<p>Je ne vais pas copier-coller, juste donner mes impressions.</p>
<p>Au premier abord c'est impressionnant. Très impressionnant.</p> <h3>Wouaouh !</h3>
<p>Les phrases sont syntaxiquement correctes, avec à peine une faute d'orthographe à l'occasion (erreur ou « pour faire vrai » ?). La langue, le thème sont immédiatement compris. Il comprend mes fautes de frappes. Il comprend je ne sais combien de langues, et traduit entre elles (pas trop mal pour ce que j'ai pu vérifier ; ce n'est certes pas nouveau depuis DeepL). Même en langue du Mordor. Il comprend une fonction en SQL et explique son fonctionnement.</p>
<p>Il a digéré tout Wikipédia. Il est capable de pointer une incohérence temporelle si je lui demande de raconter un texte impliquant François Ier et Alexandre le Grand. Mais si je lui dis que c'est imaginaire, il imagine comment pourrait tourner une guerre entre l'armée de Louis XIV et ses mousquets et l'armée de Sauron, en termes souvent trop vagues pour être utiles.</p>
<p>Les précautions oratoires sont multiples, à la limite du pénible. On sent que les expériences malheureuses d'autres chatbots devenus racistes après un quart d'heure sur Twitter ont servi. La moindre allusion raciste, esclavagiste, sexiste, ou violente génère une réponse outrée un peu moralisatrice qui invite vite à consulter un professionnel de santé. Une question politico-économique génère souvent une mini-dissertation avec des définitions, et des conclusions un peu bateau (« y a pas de certitudes, mais des bons et des mauvais côtés, faut voir »).</p>
<p>J'ai essayé de le pousser du côté complotiste. Hitler est bien mort, et les théories du complot sont sans fondement. La Terre n'est pas plate. Il refuse de démontrer que 2+2=5 et répond « va compter sur tes doigts ».</p>
<p>ChatGPT est capable de générer des programmes dans un langage sur un simple énoncé. En bash, python, SQL, PL/pgSQL, PL/Python.</p>
<p>La réponse est en gros pertinente...</p>
<h3>Oui mais</h3>
<p>Au deuxième abord, et ensuite au troisième, ça se gâte.</p>
<p>Péchés véniels : ses tics de langages et précautions oratoires énervent vite. Le côté moralisateur va bloquer rapidement toute utilisation artistique, le joker « imagine que » ne fonctionne pas si facilement. Il décrit souvent le processus qu'il suit pour expliquer ce qu'il répond.</p>
<p>Mastodon<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/ChatGPT#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> est plein d'exemples du manque total de bon sens de ChatGPT. Il n'a aucun sens critique sur ce qu'il fait, ni même de la réalité. L'expression « perroquet stochastique » devient un lieu commun justifié, et si on lui demande il est d'ailleurs d'accord.</p>
<p>Ses propositions de fonctions en bash ou python sont syntaxiquement correctes, mais peuvent utiliser des fonctions qui n'existent pas.
Il invente des aussi des options de commandes informatiques (qui pourraient très bien exister).</p>
<p>Il sait écrire une fonction qui calcule les dernières décimales de pi, sans la culture pour savoir que la question est débile (quand il ne se plante pas et calcule les 10 premières). Il démontre que √4 est irrationnel.</p>
<p>Il se contredit dans une même phrase. Il affirme que la France n'a qu'un fuseau horaire (UTC !), et au fur et à mesure que je lui parle de l'outre-mer, il s'excuse d'avoir oublié la Guyane ou le Gabon (il ne vérifie rien). Il ne dit jamais spontanément que la France est le pays avec le plus de fuseaux horaires au monde ; c'est dans Wikipédia pourtant.</p>
<p>Je peux lui demander de créer un sonnet sur n'importe quel sujet. Mais les vers ne riment pas.</p>
<p>Il comprend sans corriger. Je peux lui demander de convertir 54 000 blocs de 8 ko en « mégactets », la réponse sera « 447.144 mégactets ». Le chiffre est d'ailleurs faux car il divise des ko de 1024 octets par des mégaoctets de 1 000 000 octets, et, pire :</p>
<blockquote><p>Le résultat de l'opération 54123 x 8192 est 447 144 576.</p></blockquote>
<p>Oui, ce calcul est faux : ChatGPT marque une régression même par rapport à une calculette. C'est reproductible avec des grands chiffres. Quand on lui fait remarquer, il se confond en excuses. C'est aussi le cas quand on lui fait corriger par une autre erreur.</p>
<p>Il est capable d'affirmer deux choses opposées dans deux phrases successives.</p>
<p>Il est perdu quand il y a une <a href="https://hci.social/@Mor/109631432389618519" hreflang="en">ambiguïté dans une phrase</a>.</p>
<p>Si je lui demande si les plumes de baleines font de bons oreillers, il objecte que ce n'est pas une option éthique car la chasse à la baleine est illégale.</p>
<p>Les jeux de mots le dépassent. Peut-être pourra-t-on discerner un humain d'une IA en lui demandant d'expliquer des blagues : <em>Blade Runner</em> n'est pas loin. Certains humains échoueront à ce test. Il est difficile de tester ChatGPT là-dessus puisqu'il ne prétend pas du tout être un vrai humain ni ressentir d'émotions. Mais il a déjà plus d'empathie que certains de mes semblables.</p>
<h3>Et c'est encore l'humain qui va poser problème</h3>
<p>En tant que complétion automatique pour aider les humains, ça fait longtemps que les IA sont utiles. Et comme la complétion automatique du téléphone, elle va être source de pas mal de fous rires et crise de nerfs, mais c'est une question d'habitude.</p>
<p>Sur le plus long terme, je vois monter la compétence « formuler des question pour ChatGPT pour qu'il sorte quelque chose de correct ». Ça devient déjà un sport sur les IA qui génère des images. On parie que ça va finir par devenir tellement technique que ça va finir chez les informaticiens comme le SQL, les tableaux BI, tout ce qui est pour utilisateurs finaux mais réclame de la réflexion ?</p>
<p>Des réseaux sociaux vont devenir inutilisables car submergés de <em>bots</em> innombrables qui ne dormiront jamais. Les délaisser sera peut-être une preuve de santé mentale. À mon avis, faire passer une IA pour un être humain réel deviendra un délit, et j'espère plus tôt que tard (sauf mention explicite bien sûr, et je sens qu'il va y avoir pas mal de zones grises), et devrait l'être depuis longtemps. Même ça ne protégera pas des concepts remontant du pire fond de l'humanité de rediffuser dans la société si des IA les répètent assez souvent.</p>
<p>Le futur va être intéressant. Les IA ont une très sale tendance à révéler le mauvais fond de l'humanité si on ne les bride pas. Le réglage du niveau d'éthique est une décision carrément politique. Voire philosophique, comme dans le dilemme du tramway. Pour un ChatGPT moralisateur qui ne s'engage pas, combien d'autres devenues fachos en quelques heures de contacts avec les internautes ? Qui définira la philosophie des IA ?</p>
<p>L'IA remplacera peut-être des travailleurs et autres petites mains, créateurs comme trolls, ou restera juste un outil dans leur main. En fin de compte, celui qui donnera les ordres tout en haut continuera de donner le ton.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/ChatGPT#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Fini, l'oiseau bleu pour moi</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/ChatGPT#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/867„Die Teilung Deutschlands” (La scission de l’Allemagne) de Matthias Uhlurn:md5:69839c6b33fd0764fa2daa9acd17a2682022-11-29T19:48:00+01:002022-12-16T18:22:09+01:00ChristopheHistoireabominationadministrationAllemagneapocalypsecartescataclysmechaoscommunismedémocratieEmpire soviétiqueEuropeguerreGuerre Froidegéographiegéopolitiquehistoireimpérialismelivres luslogistiquemémoireperspectivepolitiqueracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeéconomieÉtats-Unis<p>Au début, je me demandais pourquoi les frontières entre Berlin Ouest et Est étaient si tordues. Ça a fini par l’achat de ce <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de"></a>petit livre.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag.jpg" title="Die Teilung Deutschland"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag_s.jpg" alt="Die Teilung Deutschland" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>J’ai d’abord connu Berlin coupé en deux, lors d’un voyage scolaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Voir le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin">Mur</a>, taggé de haut en bas, a été un de mes souvenirs frappants d’ado (deux ans avant la joyeuse stupéfaction à sa disparition).</p>
<p><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:Occupied_Berlin.svg" title="Berlin occupé divisé en 3 zones (image Wikipedia, Stephan-Xp,CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Occupied_Berlin_depuis_Wikipedia-Stefan-Xp-CC-BY-SA-3.0.png" alt="Berlin occupé divisé en 3 zones" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Berlin occupé divisé en 3 zones" /></a></p>
<p>En y retournant récemment, je n’ai plus vu du Mur qu’un morceau devenu une expo artistique, l<em>'<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de">East Side Gallery</a></em>, dans un <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/6807791">coin paumé très à l’est</a>. Qu’est-ce que ce bout de Berlin-Ouest faisait de l’autre côté de la Spree ? Qui a fait des frontières aussi farfelues en 1945 quand les vainqueurs se sont partagé la ville ?
Et parce que cette question me trottait dans la tête, je n’ai pas pu ne pas acheter <em>Die Teilung Deutschlands</em> dans la librairie du château de Charlottenburg.</p>
<p>Il condense en quelques pages une très dense et difficile période, entre la capitulation (mai 1945) et la proclamation des deux Républiques allemandes (1949). Étonnamment, l’Allemagne est restée quatre ans écartelée entre quatre zones d’occupation, avec sa monnaie d’avant-guerre, et son administration (sous tutelles).</p>
<h3>Occupation</h3>
<p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Map-Germany-1947.svg/330px-Map-Germany-1947.svg.png" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" alt="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" /></a>Après la capitulation sans condition, tout le pays était occupé, et les Alliés pouvaient dicter leur loi. Les zones furent établis selon des critères logistiques, et non selon le front à la fin de la guerre (les Américains laissant notamment la Saxe aux Soviétiques). La Russie et la Pologne annexèrent la Prusse orientale, la Silésie, la Poméranie… pourtant allemandes depuis des siècles.</p>
<h3>L’heure zéro</h3>
<p>La situation matérielle en 1945 était évidemment dantesque. Avec un quart des logements en moins suite aux combats et bombardements, des millions de morts et prisonniers, des millions de réfugiés expulsés des zones annexées ou des zones germanophones de toute l’Europe de l’Est, la surface de logement par habitant était la moitié de celle de l’avant-guerre. Ce n’était pas le pire.</p>
<p>Les moyens de communications étaient anéantis, la main d’œuvre masculine prisonnière ou tuée, l’économie en ruine. Seule chose en abondance : les gravas de ce qui avait été des villes. Les prix alimentaires explosaient, et les familles des villes se dispersaient dans les campagnes à la recherche de la moindre nourriture.</p>
<p>Au titre des réparations, les Alliés se servirent sur la bête, et les Soviétiques sans retenue — ce qui se conçoit vu les destructions opérées chez eux par les Allemands. Des démontages d’usines tournèrent au fiasco, faute de capacité d’accueil réelles dans une URSS elle-même dévastée. La chasse aux ingénieurs et techniciens qualifiés avait démarré avant la fin des combats. Alors que les Américains leur offraient une alléchante émigration, les Soviétiques les renvoyaient chez eux une fois leurs compétences plus ou moins transmises.</p>
<h3>Réorganisation politique</h3>
<p>Il fallut refaire tourner les administrations locales et les systèmes judiciaires, sociaux, éducatifs, médicaux.
Très vite apparurent des Länders de taille régionale au sein de chaque zone, mais sans rien au-dessus que l’administration militaire d’occupation.</p>
<p>La Guerre froide n’était pas déclarée, mais l’administration militaire commune a très vite dysfonctionné, Soviétiques et Occidentaux ne s’entendant évidemment pas. De manière moins attendue, la coordination entre les trois zones occidentales n’était pas complètement acquise, chacun faisant un peu à sa sauce chez lui, par exemple en matière de dénazification. Les Français ont parfois dû se faire tirer l’oreille pour suivre le mouvement (les aides du plan Marshall étant un moyen de persuasion efficace). La fragmentation administrative par zone menaçait.</p>
<p>À l’est, les communistes se préoccupèrent d’entrée de placer leurs hommes aux postes clés, même si des « bourgeois » purent être mis en avant à nombre d’endroits. La dénazification, assez brutale, permit de réduire au silence nombre de fortes têtes. Progressivement les partis non communistes furent fusionnés de force avec le parti communiste et les élections devinrent une farce totale. Les brutalités et pillages des soldats russes en terre conquise <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> énerva jusqu’aux plus hautes autorités d’occupation, conscientes de l’impact désastreux sur la population, avant que l’Armée Rouge finisse parquée dans des casernes.</p>
<p>À l’ouest, la dénazification était bien sûr à l’œuvre aussi, mais il s’agissait aussi de rééduquer les Allemands et d’en faire progressivement des démocrates.</p>
<p>Nulle part la dénazification ne fut chose facile si l’on ne voulait pas totalement désorganiser les services.
Les exilés politiques, revenus après toutes ces années, n’étaient pas forcément bien vus par leurs collègues.
Il fallut bien laisser en place de nombreux anciens membres du parti nazi.
Cela n’empêcha pas les nouvelles administrations de suivre la politique décidée par les occupants.</p>
<h3>La population</h3>
<p>Le sort des femmes fut bien différent entre les deux zones. Il n’y a pas besoin de rappeler leur sort dans les zones envahies par l’Armée Rouge à la fin de la guerre. Les exactions sexuelles furent bien plus rares à l’ouest, même si la zone française a fait tache. Par contre, une prostitution plus ou moins ouverte se répandit dans toutes les couches de la population en raison des difficultés d’approvisionnement, pour le plus grand plaisir des occupants. La criminalité explosa, puis retomba avec l’amélioration de l’approvisionnement.</p>
<p>Les prisonniers furent relâchés relativement vite par les Anglo-Saxons pressés de rendre de la main d’œuvre à l’économie. Les Français avaient de nombreuses zones à leur faire déminer et prirent plus de temps. Les Soviétiques, rancuniers, mirent plus de dix ans à renvoyer tous les survivants <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. L’effarant taux de décès des prisonniers à l’est (33 % contre 1 % à l’ouest) provenait autant des privations, générales à l’est, que de la dureté du régime stalinien. Nombre de prisonniers furent condamnés sous divers prétextes.</p>
<p>Avant le retour des hommes, les femmes (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines" hreflang="de">Trümmerfrauen</a></em>) durent se sentir un peu seules pour déblayer ce qui restait des villes, un travail titanesque. Les maris revenus, bien des couples éclatèrent, l’homme étant souvent traumatisé et la femme ayant pris en main le foyer pendant ce temps, sans parler des enfants trop vite grandis. Peu à peu, à l’ouest, les femmes retournèrent à leurs fourneaux, pendant que l’est communiste restait plus égalitaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Le plan Marshall</h3>
<p>La reconstruction de l’Europe patinait. Or, les Américains voulaient éviter une redite du chaos économique
de l’Allemagne d’après la Première Guerre Mondiale, dont l'état impactait d'ailleurs toute l’économie européenne.</p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall" hreflang="fr">plan Marshall</a> de 1948, à destination de <em>toute</em> l’Europe, fut une gigantesque carotte américaine
— mais aussi un piège pour les communistes. Profiter du plan impliquait un droit de regard américain sur l’utilisation des fonds et ressources,
et poussait à l’intégration économique entre les États européens, de l’ouest comme de l’est. Staline ne pouvait supporter rien de cela.</p>
<p>Le refus des communistes de profiter du plan leur aliéna de nombreuses voix à l’ouest, et plomba les relations entre l’URSS et les États à qui elle avait imposé de refuser le plan.</p>
<h3>DM</h3>
<p>Le redémarrage économique fut lent. Le miracle (ouest-)allemand démarra en 1948 quand les Américains, en secret et suivis par leurs alliés, économiquement dépendants, préparèrent le remplacement du vieux Reichsmark par une nouvelle monnaie promise à un grand avenir, le Deutsche Mark.</p>
<p>Ne furent convertis à parité que quelques dizaines de RM par tête, et les flux réguliers (pensions, salaires, loyers…). Tout le reste, dettes, économies, valeurs, hypothèques… fut converti à des taux de 10 à 15 RM pour un DM. « La plus grande expropriation de l’histoire allemande » effaçait 80 % du patrimoine financier, purgeait l’Allemagne de dettes qu’elle aurait été incapable de rembourser, signa la fin du marché noir, et relança spectaculairement l’économie après quelques mois difficiles.</p>
<p>Les Soviétiques, au courant de l’opération par leurs espions, interdirent chez eux la nouvelle monnaie et durent faire une réforme similaire.</p>
<h3>Le blocus</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public.jpg" title="C -54 arrivant à Berlin-Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public_m.jpg" alt="C -54 arrivant à Berlin Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
C’est à la même période que se déroula le bras de fer du blocus de Berlin-Ouest. Staline coupa tous les accès terrestres à l’enclave occidentale dans la zone soviétique.</p>
<p>Pendant presque un an, tout le ravitaillement de 2 millions d’habitants passa par un pont aérien allié, qui coûta la vie à de dizaines de pilotes. L’aéroport du Tegel fut bâti en 3 mois. La population subit évidemment de nouvelles restrictions, alors que la ville restait une gigantesque ruine. Économiquement insensé, politiquement indispensable, médiatiquement génial, le pont aérien marqua la détermination américaine sans aller jusqu’à l’affrontement armé, et obligea Staline à reculer. Lui non plus n’était pas prêt à un affrontement armé. Et les Occidentaux le savaient : les dizaines d’officiers soviétiques passés à l’ouest permttaient un aperçu de l’état des troupes communistes. Par ses propres espions, Staline savait les Occidentaux déterminés à un affrontement, passa outre à son habitude, puis jeta l’éponge.</p>
<h3>Les 2 Allemagnes</h3>
<p>Le blocus de Berlin fut totalement contre-productif pour les communistes à l’ouest, puisqu’il souda les Allemands de l’Ouest derrière les Alliés occidentaux et accéléra les discussions sur la mise en place d’un État ouest-allemand.</p>
<p>Sous la pression américaine, et devant l’état de partition de fait, les élus des Länder des zones occidentales créèrent un conseil de représentants des différents partis pour élaborer une nouvelle Loi Fondamentale. Les quelques élus communistes, sans surprise, votèrent contre le texte final. L’Allemagne n’était pas encore pleinement souveraine : les puissances occupantes se réservaient encore relations et commerce extérieurs. Bonn, petite ville loin de la frontière est, fut choisie comme capitale (provisoire). Les parlements régionaux approuvèrent la Loi Fondamentale — sauf la Bavière, qui accepta tout de même d’intégrer la nouvelle République Fédérale d’Allemagne. Née en 1949, celle-ci s’agrandit en 1956 de la Sarre, alors officiellement indépendante mais protectorat français de fait.</p>
<p>Staline ne créa un État est-allemand qu’après avoir perdu tout espoir d’étendre son influence à tout le pays, et laissé les Occidentaux assumer la division officielle. Un conseil populaire, officiellement pan-allemand, décida plus tard de créer la future République Démocratique. Évidemment, tous les scrutins et organisations étaient biaisés, quitte à recompter avec une mauvaise foi consommée, pour garantir les mains libres au Parti Socialiste Unifié, dirigé de fait par les communistes.</p>
<p>Le Mur de Berlin ne fut construit qu'en 1961 pour mettre un terme à l'émigration massive vers la RFA, mais c'est une autre histoire.</p>
<p>Voir la <a href="https://www.bebraverlag.de/verzeichnis/titel/die-teilung-deutschlands.html" hreflang="de">page du livre chez l’éditeur</a>.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Et pour en revenir à la trajectoire farfelue du mur : les zones d’occupation ont été définies à partir des limites administratives existantes.
Les occupants n’ont pas prévu au départ que les zones pourraient être séparées, et sont allés au plus simple.
Dans cette <a href="https://www.landkartenarchiv.de/historischestadtplaene600b.php?q=landkartenarchiv_gesamtadressenwerk_der_nsdap_berlin_1938" hreflang="de">carte des groupes du parti nazi à Berlin en 1938</a>, l’<em>ortsgruppe</em> 108 va bien jusqu’au bord de la Spree. Était-ce basé sur une vraie limite administrative ? Je n’ai pas trouvé. En tout cas, une partie de Berlin-Ouest donnant sur le fleuve obligeait les communistes à planter un mur sur la rive en face, pourtant toute à eux, pour interdire les passages à la nage. Plusieurs personnes se noyèrent là sans que les policiers des deux côtés ne puissent ou ne veulent faire quelque chose. Effarant.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Calculez mon âge…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Déjà…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Dont des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov">Alsaciens malgré-nous</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les avancées vers l’égalité homme-femme ont été un des rares succès des communistes est-allemands.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/866Berlinurn:md5:e459add2a3a1249baa67657e432cacac2022-11-21T19:48:00+01:002023-06-12T07:29:03+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoAllemagnecommunismehistoiretourismeémerveillement<p>Qu'est-ce que c'était bien, ces quelques jours à <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/62422#map=14/52.5138/13.4045" hreflang="fr" title="Berlin centre sur Openstreetmap">Berlin</a> fin octobre ! Depuis le temps qu'on en parlait à la maison. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Brandenburger_Tor_abends.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/allemagne/Brandenburger_Tor_abends-Thomas_Wolf-via_Wikipedia-CC_B_SA_3.0.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Pas seulement parce que le temps était dangereusement<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> superbe.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais y avait toujours autre chose, c'était loin, et puis le Covid...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Réchauffement climatique, tout ça.</em></p></div>
<p>Mais il s'agit d'une capitale d'un des plus puissants États du monde, et il y a beaucoup moins de stress qu'à Paris.</p>
<p>Peut-être parce qu'en mode touriste, on est toujours plus cool ? Mais je suis toujours à Paris en mode touriste, même pour le boulot.</p>
<p>Peut-être à cause des masses de touristes en mois ? Il y a pas mal de monde autour de la Porte de Brandebourg ou du Reichstag, un bon lot de magasins aimants à touriste, mais rien d'étouffant. Et le reste de la ville est plus paisible.</p>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Cityscape_Berlin.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/allemagne/Cityscape_Berlin-Thomas_Wolf-via_Wikipedia-CC_BY_SA_3.0.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Peut-être à cause du Tiergarten, de ce gigantesque parc au milieu ? Et même pas surpeuplé. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Peut-être qu'il y a juste moins de monde. La ville fait 3,6 millions d'habitants, pas loin du double de Paris, mais sans les 10 millions supplémentaires autour. Cela doit jouer sur la population en ville à un moment donné. Surtout que Berlin n'est <em>pas</em> le poumon économique de l'Allemagne, loin de là.</p>
<p>Peut-être qu'il y a moins de voiture. Apparemment moins de bouchons. Les routes sont peut-être plus larges, mieux fichues. Entre la guerre et les gigantesques opérations immobilières à la chute du Mur, il y a eu plus d'une occasion de revoir à fond l'urbanisme. De toute façon, les Allemands de l'Ouest n'avaient pas arraché leurs trams comme nous, et à l'Est les transports avaient été privilégiés.</p>
<p>Peut-être grâce au métro. Dans les petites stations, juste un escalier et on est déjà sur le quai. Ni pont-levis ni champs de mine pour éviter les resquilleurs, juste un composteur dans un coin. Comme dans un tram, quoi. Oui, nous nous sommes fait contrôler une fois.</p>
<p>Le zoo ? Sympa. Je ne pensais pas les pandas aussi cabotins.</p>
<p>Les restaus ? Il y a ce qu'il faut, y compris des restaus italiens, <em>surtout</em> des restaus italiens. Hallucinant. Il faut vraiment le vouloir pour manger allemand. Et pas très cher (mais ne pas oublier le pourboire en sus).</p>
<p>Non, pas de musée. Il faisait trop beau. On a aussi pensé aux balades dans les îles au bord de la Spree, mais c'était tout de même un peu loin et couru.</p>
<p>Les belles avenues ? Il y a deux fois l'équivalent des Champs-Élysées : Unter den Linden, impériale, bordée de monuments prestigieux ; et le Kurfürstendamm, vitrine de la société de consommation autrefois en territoire hostile. Deux salles, deux ambiances.</p>
<p>Mais oublions la propreté. Certains coins avaient besoin d'un bon coup de balai. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Oublions aussi l'Alexanderplatz. Je ne mets pas de photo parce que ce mélange du « meilleur » de l'architecture socialiste relooké avec le « meilleur » des chaînes de magasin capitalistes mérite sans doute qu'on rase tout à nouveau. Même la tour de télé, fierté de la RDA, jure car elle n'est pas dans l'alignement de la porte de Brandebourg et d'Unter den Linden.</p>
<p>Quant aux trains... Trois trajets ne sont pas représentatifs mais à l'aller avec un collègue nous avons eu 2h de retard ; ma moitié et la petite ont dû prendre leur correspondance pour le même train dans une autre gare ; et au retour ensemble, même chose, avec le stress de se retrouver dans un fauteuil réservé par quelqu'un d'autre sur ce segment. Rien de grave au final mais tout de même…</p>
<p>J'ai connu Berlin un peu avant la chute du Mur, avec les miradors pour touristes ; pleine de grues quelques années après la chute ; et plus bucolique ainsi.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et il y a un piège : malgré son nom, il n'y a pas d'animaux, à part les chiens des promeneurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>En fait, je doute que ça puisse être différent dans n'importe quelle ville aussi dense hors du Japon ou Singapour.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/865Petits plaisirs de la vie (suite)urn:md5:344f74f515e74b460e608971f6968cf42022-06-24T19:02:00+02:002022-08-15T16:00:46+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoconquête de l’inutilecuisinemétéoémerveillement<p>Pour équilibrer le site qui reste connu de Google pour les lois de Murphy, autres petits petits plaisirs de l’existence :</p> <p>- le « aaaah » de satisfaction d’un élève qui a enfin compris une explication ;</p>
<p>- acheter au kiosque le dernier numéro d’un des ses magazines préférés, dont on ignorait la parution ;</p>
<p>- le compliment d’un collègue, alors qu'on est en pleine période d’essai et de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_l%27imposteur">syndrome de l’imposteur</a> ;</p>
<p>- trier le contenu de son réflex et découvrir LA photo parfaite qui ne nécessite même pas de post-production ;</p>
<p>- se coucher dans un lit dont on vient de changer les draps ;</p>
<p>- les muffins de Madame ;</p>
<p>- terminer enfin le dénoyautage du troisième saladier de cerises de la soirée ;</p>
<p>- le tiramisu auxdites cerises de Madame ;</p>
<p>- avoir un bureau propre et net après l'avoir déménagé de pièce (non, ça ne va pas durer) ;</p>
<p>- une cave enfin rangée correctement (ça ne durera pas non plus) ;</p>
<p>- terminer dans un crumble le dernier paquet de cerises congelées de la récolte d'il y a deux ans ;</p>
<p>- une température idéale dans le bureau pour bosser, ce qu'on n'apprécie jamais autant qu'après une canicule ;</p>
<p>- une pompe de relevage qui fonctionne toute seule lors d'un méga-orage (si vous avez une maison, une cave et que vous ne savez pas ce qu'est une pompe de relevage, renseignez-vous vite ; j'ai un voisin qui a découvert le concept les pieds dans l'eau) ;</p>
<p>- B***** qui a été jeté dès le premier tour des législatives (<em>Schadensfreude</em>), et en plus dans la circonscription de mes parents où il n'avait rien à faire ;</p>
<p>- fiston qui décroche son premier job d'été ;</p>
<p>- miam, la traduction de la dernière version de PostgreSQL est <a href="https://github.com/gleu/pgdocs_fr/wiki/Traduction-v15">ouverte</a> ! que de joies chronophages en perspectives ! ;</p>
<p>- publier un billet de blog qui traînait depuis des années.</p>
<p>(Pour le tome 1, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-plaisirs-de-la-vie">c'était en 2016</a>.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-plaisirs-de-la-vie-%28suite%29#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/831« Théorème vivant » de Cédric Villaniurn:md5:e4c905afcfdcfe065e0223e50f03f8a02022-01-07T19:51:00+01:002023-03-13T10:52:28+01:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationcomplexitéhard sciencemathématiquesperfectionnismeprise de têtesciencetranscendanceténacitééducationémerveillement<p>Parmi les livres amenés par le Père Noël, il y avait un livre de littérature mathématique : <em>Théorème vivant</em>, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9dric_Villani" hreflang="fr">Cédric Villani</a>. Si vous ne le connaissez pas, c'est le mathématicien à l'araignée, médaillé Fields (le Nobel des maths), qui s'est fait exclure de LREM après y avoir cru un temps, et depuis a rejoint les écologistes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Cedric_Villani-Theoreme_vivant.jpg" title="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Cedric_Villani-Theoreme_vivant_s.jpg" alt="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Théorème vivant de Cédric Villani, Grasset, 2013" /></a> Un proverbe prétend que chaque équation dans un livre en divise les ventes par deux : ce livre ne devrait donc pas exister sous forme entière. Et pourtant, il s'est vendu.</p> <p>Des pages entières d'intégrales (et Dieu sait quoi encore, je n'ai fait que maths spé), aux notations non expliquées, parsèment le livre, mais elles ne sont que pour la décoration, ou plutôt l'émerveillement ; pour être admirées, pas comprises.</p>
<p>Et il n'y a pas que les équations : dès les premières pages le lecteur est (délibérément) assommé par une discussion saturée de termes techniques entre Cédric et son collègue <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Mouhot" hreflang="fr">Clément Mouhot</a>. Pas des termes techniques barbares inconnus comme échangeraient deux <em>geeks</em> ou deux ingénieurs de science-fiction, non, mais des mots de français courants qui, en maths, prennent un sens complètement ésotérique : « réplique du tore », « relaxation pour une équation réversible », « tu fais un changement de fonction non linéaire, tu montes en puissance… »</p>
<p>Ça sert à quoi tout ça ? Ah, oui, l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amortissement_Landau" hreflang="fr">amortissement Landau</a>, l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Vlassov" hreflang="fr">équation de Vlassov</a> sont importants dans la physique des plasmas (donc de la fusion nucléaire, entre autres), et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Boltzmann">l'équation des gaz de Boltzmann</a> occupe les physiciens depuis un siècle et demi. Les maths semblent désincarnées, mais les physiciens n'arrêtent pas de leur demander de résoudre leurs problèmes depuis des millénaires (et les marchands, les comptables, les militaires…).</p>
<p>D'un côté, Villani semble hors de ce monde, avec ses problèmes que peu de personnes monde comprennent, sa bulle sociale (microcosme de mathématiciens, résidence studieuse loin des contingences à Princeton…) ; de l'autre ses problèmes sont très concrets, de l'angoisse de se déshonorer à avoir annoncé des résultats trop tôt aux problèmes de garde de ses enfants.</p>
<p>L'histoire est mince et le suspens faible (Cédric aura-t-il sa médaille Fields ? trouvera-t-il le moyen de dompter ces équations ? son article, de la taille d'un petit livre, sera-t-il accepté pour parution ?), mais il s'agit surtout de dépoussiérer les maths, de montrer qu'il y a des humains derrière.</p>
<p>En prime, une liste éclectiques de références musicales à découvrir.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Th%C3%A9or%C3%A8me-vivant-%C2%BB-de-C%C3%A9dric-Villani#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/861« Le monde d'hier » de Stefan Zweigurn:md5:f41a7b4cef6d81753e0a4bee446e679c2021-07-31T15:16:00+02:002023-03-13T10:52:49+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneapocalypseautodestructionAutrichecataclysmecatastrophechaoscivilisationculturediscriminationdécadencedémocratiedéshumanisationguerregéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmulticulturalismemémoirenationalismeperspectivePremière Guerre MondialeracismeSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p><em>Und ich mußte immer an das Wort denken, das mir vor Jahren ein exilierter Russe gesagt: »Früher hatte der Mensch nur einen Körper und eine Seele. Heute braucht er noch einen Paß dazu, sonst wird er nicht wie ein Mensch behandelt.«</em></p>
<p>
Et je me souviens toujours de ce mot, que m'avait dit un exilé russe, des années auparavant : « Autrefois l'homme n'avait qu'un corps et une âme. Maintenant il lui faut encore un passeport, sinon il n'est pas traité comme un homme. »</p>
<p>
<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stefan_Zweig" hreflang="fr" title="Stefan Zweig : page Wikipédia">Stefan Zweig</a></em>, Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers</p></blockquote>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-vers_1912-via_Wikipedia.png" alt="Stefan Zweig vers 1912 (via_Wikipedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Stefan Zweig était de ces Européens d'avant l'heure, cosmopolites d'avant la Première Guerre Mondiale, voyageurs sans passeport, passeurs de la culture entre les pays et à travers les langues, et qui, hommes déjà mûrs, ont vu s'effondrer leur monde dans la haine, les mouvements de masse, les frontières, l'exil, la guerre. <em>Le monde d'hier</em> est le testament de Zweig, rédigé juste avant son suicide en 1942.</p> <p>Certes son « monde d'avant » était privilégié : la jeunesse dorée d'une capitale impériale, polyglotte, avide de littérature, de théâtre, de musique, d'art. S'il décrit la Vienne d'avant 1900 comme conservatrice et trop respectueuse de l'âge, il appréciait l'ambiance de son époque : la stabilité, le progrès en marche, l'amélioration progressive de la condition de tous, l'avenir sûr et radieux. Les grandes guerres du XIXè siècle étaient déjà loin, les sociétés évoluaient, dans un Empire presque millénaire.</p>
<p>Cette vitalité et cette confiance furent un piège (à ajouter au dossier de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark">Sleepwalkers</a></em>) :</p>
<blockquote><p><em>Jeder Staat hatte plötzlich das Gefühl, stark zu sein und vergaß, daß der andere genauso empfand, jeder wollte noch mehr und jeder etwas von dem andern. Und das Schlimmste war, daß gerade jenes Gefühl uns betrog, das wir am meisten liebten: unser gemeinsamer Optimismus.</em></p>
<p>
Chaque État avait soudain le sentiment d'être fort, et oubliait que les autres se sentaient de même ; chacun en voulait encore plus, et chacun quelque chose de l'autre. Et le plus grave est que c'est justement ce sentiment que nous aimions le plus qui nous abusait : notre optimisme à tous.</p></blockquote>
<p>Effaré, Zweig voit tous ses amis happés par l'hystérie collective nationaliste.
Incapable de voyager loin, militairement « planqué », il collabore en Suisse à un collectif d'écrivains européens contre la guerre, conscients de parler dans le vide.</p>
<p>Il assiste aux derniers instants de l'Autriche impériale, en croisant l'Empereur Charles de Habsbourg en exil à la frontière suisse.
De Salzbourg, il assiste au chaos économique, au bouillonnement culturel et au complet renversement des valeurs de la nouvelle Autriche — le seul pays que l'on ait jamais forcé à être indépendant.</p>
<p>Les Années Folles se passent mieux (c'est au tour des Allemands de souffrir économiquement). Son succès littéraire déjà naissant avant guerre se renforce.</p>
<p>S'impose progressivement Hitler, que personne en Autriche ne voit venir. En Allemagne, son ami l'homme politique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walther_Rathenau" hreflang="fr" title="Walter Rathenau sur Wikipédia">Rathenau</a> est assassiné. Les chemises brunes sèment le chaos. L'ordre moral et légal, les bases de la société, que même la Première Guerre Mondiale avait à peu près préservées : tout cela s'envole. Sous l'unité de façade du pays face à la menace, Zweig sait que beaucoup, par peur ou prudence, sont déjà préparés à l'Anschluß.</p>
<p>Zweig est un des premiers à fuir, bien avant le rattachement au IIIè Reich. Pour en ajouter aux pertes matérielles (livres, collections) ou immatérielles (amis, famille), il est déchu de sa nationalité en 1938 : il se retrouve apatride. Ce qui semblait un rêve pour un citoyen du monde se transforme vite en cauchemar administratif.
En Autriche, sa vieille mère mourante n'a même plus le droit de se reposer sur un banc lors de ses promenades : interdit aux Juifs.</p>
<p>En Angleterre, impossible de convaincre ses interlocuteurs que la perte de l'Autriche entraînera la chute de toute l'Europe. Zweig assiste à l'euphorie à l'annonce des accords de Munich, et à la consternation rapide quand la population réalise que tout a été abandonné à Hitler. L'ambiance se plombe, la guerre s'annonce, certaine.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26.jpg" title="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26_m.jpg" alt="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Le livre est un document. Quelques petits travers énervent, comme le <em>name dropping</em> permanent : Sigmund Freud, Richard Strauss, Romain Rolland, Bernard Shaw, H. G. Wells, Walter Rathenau, Charles Ier… Certaines visions semblent un peu idylliques (le Paris d'avant-guerre !), en tout cas réservées aux gens des classes aisées ; mais c'est le propre de la nostalgie. Ce livre décrit certes un monde perdu et son auteur, mais sa famille est quasiment oubliée, et il est surprenant que les prénoms de ses deux femmes ne soient même pas cités.</p>
<p>Zweig n'a pas vu la guerre se retourner, ni la reconstruction de l'Europe. Il en aurait sans doute été un des rebâtisseurs. Notre époque, qui remet des frontières partout, fait la chasse aux migrants, et à nouveau en prise à la stupidité de masse, ne lui aurait pas plu. Et il n'aurait pu s'empêcher de retisser des parallèles avec la chute de l'Europe un siècle plus tôt.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/860« L’odyssée des gènes » d’Évelyne Heyerurn:md5:4ad6250b8a59c8bd8d02356d1191698c2021-04-05T19:12:00+02:002021-04-05T18:13:04+02:00ChristopheGénéalogie & ancêtresAfriqueAmériqueAntiquitébase de donnéesChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitéculturedémographieenfantsEuropeexaptationgénéalogiegéographiehistoirelyrismemobilitémytheperspectiveracismereligionsciencesociétés primitivestempsthéorieécologieémerveillementévolution<p>(Oui, enfin une chronique d'un livre récent !)
Depuis quelques années, l'étude génétique des fossiles a progressé à pas de géants, ainsi que celle des écarts entre deux populations actuelles. Évelyne Heyer résume l'état des connaissances de manière accessible et lisible.</p>
<p>Résumé subjectif (<em>commentaires personnels en italiques</em>) :</p> <p>Les gènes mutent en permanence. Par quelques passages peu techniques, Évelyne Heyer explique clairement de quelle manière on peut lister et exploiter les écarts afin de remonter aux ancêtres communs de deux populations, et estimer les transferts démographiques entre elles.
Chaque exemple de sa fresque historique est l’occasion d’illustrer un concept : dérive génétique dans les petits groupes isolés, possibilités offertes par les différents types de code génétique (mitochondrial, chromosomes X ou Y…) ; ou d'expliquer une technique ou difficulté : recherche d'ADN dans les os, dents, les bulbes de cheveux, difficultés de conservation dans certains sols… <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/L_Odyss%C3%A9e_des_g%C3%A8nes-%C3%89velyne_Heyer.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.L_Odyssée_des_gènes-Évelyne_Heyer_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Un chercheur qui cherche des volontaires pour ses études dans des régions reculées peut avoir quelques surprises : la cordialité d'un administrateur quasi-soviétique d'Asie centrale, la surveillance du FSB ouzbekh, le blocage d'une région où est tombé un Soyouz, les frontières à passer en douce après avoir perdu un passeport, l'accueil et l'aide spontanés des nomades, les ravages de l'alcoolisme dans le Kouzbass, la musique hyper-sophistiquée des Pygmées, ou une véritable Vallée des Rois dans l'Altaï.</p>
<p><em>Depuis longtemps, je dévore tout ce qui est démographie dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science & Vie<em> ; je savais par exemple que les </em>Homo sapiens<em> non africains avaient rencontré Néandertal en arrivant au Moyen-Orient, et que leurs descendants, nous comme les Aborigènes d'Australie, avions gardé quelques pour cents de gène néandertaliens. Je savais aussi qu'à côté de Néandertal existaient au moins 2 ou 3 espèces comme Denisova, qui elles aussi nous ont légué quelques gènes. Je ne savais pas que la chronologie de l'histoire de l'humanité était aussi bien établie.</em> Résumé :</p>
<h4>−200 000 et −300 000 ans en Afrique : apparition de l'homme moderne</h4>
<p><em>Le livre n'en parle pas, mais cela se passe pendant l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_Riss" hreflang="fr">avant-dernière glaciation</a></em>.</p>
<p>La limite entre <em>Homo erectus</em> et <em>Homo sapiens</em> est un peu floue.</p>
<h4>−120 000 ans : séparation des Khoe & San</h4>
<p>Leurs descendants sont les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/San_(peuple)" hreflang="fr">derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari</a>.</p>
<h4>−100 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>La Chine a été colonisée il y a plus de 100 000 ans. Par contre, ces premières vagues, et même les suivantes évoquées plus bas, y compris celle qui se croisera avec Denisova et ira en Australie, n'ont pas laissé de trace génétique.</p>
<h4>−70 000 ans au Moyen Orient : Sapiens rencontre Néandertal</h4>
<p>(<em>Donc pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_W%C3%BCrm" hreflang="fr">dernière glaciation</a>, entre −100 000 à −10 000 ans environ</em>).</p>
<p>La rencontre a commencé vers −70 000 ans. Il semble avoir suffi de 150 métissages laissant une descendance, dans quelques groupes sortis d'Afrique, de quelques milliers d'individus au total, pour expliquer la diffusion des gènes vers notre espèce. Les deux groupes manquaient-ils d'intérêt l'un pour l'autre, ou les hybrides étaient-ils généralement stériles ?</p>
<p>Se sont-ils rencontrés paisiblement et romantiquement, ou violemment ? Les gènes ne le disent pas, mais le chromosome X (masculin) semble peu touché par le métissage : peut-être les hommes métis étaient-ils plus facilement malades (ils n'ont pas de deuxième chromosome X, mais un Y), peut-être le croisement était-il asymétrique (cela se rencontre), avec une attirance entre femmes <em>Sapiens</em> et hommes de Néandertal, sans que le symétrique soit vrai.</p>
<p>Les métis sont donc les ancêtres des Européens, Asiatiques, Amérindiens… Quelques-uns sont manifestement retournés en Afrique, où l'on retrouve quelques traces génétiques de Néandertal.</p>
<p>Les Européens ont environ 2 % de gènes néandertaliens. Mais c'est très peu quand 99,87 % du génome est identique. Les Néandertals souffraient cependant de consanguinité, les premiers métis semblent en avoir pâti. Il n'est pas facile de savoir à quoi nous servent à présent les gènes restants. Certains sont liés au système immunitaire ou à la kératine, peut-être à la résistance au froid, car Néandertal était adapté au climat de l'Eurasie de l'époque glaciaire.</p>
<p>Bizarrement, des gènes <em>Sapiens</em> de l'époque, et disparus depuis, ont été retrouvés chez certains Néandertals. Le croisement a été à double sens.</p>
<h4>D'autres croisements, d'autres espèces</h4>
<p>Les croisements sont encore plus compliqués en Asie : des habitants de Nouvelle-Guinée ont hérité jusqu'à 6 % de gènes de Denisova, cousin de Neandertal, les Tibétains ont hérité de gènes d'adaptation à la haute altitude. Des preuves de métissage Denisova-Neandertal existent aussi.</p>
<p>En Afrique existent des traces de métissage de <em>Sapiens</em> avec d'autres espèces dont on ne sait rien. En Indonésie, pendant des centaines de milliers d'années, a existé un « homme de Florès », peut-être descendant d<em>'Homo erectus</em>, mais dont l'ADN reste inconnu (le sol tropical conserve mal les fossiles). L<em>'Homo luzonensis</em> est un cousin philippin datant d'autant moins 50 000 ans.</p>
<blockquote><p>« Cela fait finalement très peu de temps que nous sommes la seule espèce d'humains sur Terre. »</p></blockquote>
<h4>−60 000 ans : séparation des pygmées</h4>
<p>Pendant ces mélanges en Asie, les pygmées sont devenus un groupe à part, lui-même scindé en deux il y a 20 000 ans.</p>
<p>La raison de leur petite taille reste discutée : adaptation à la forêt, dérive génétique dans de petits groupes… Il y a plus de différences génétiques entre ces deux groupes pygmées, de même culture pourtant, qu'entre Européens et Asiatiques ! Ce qui d'ailleurs peut se généraliser à l'Afrique, puisque les non-Africains descendent tous d'un petit groupe, qui n'a emporté qu'une partie de la diversité génétique originelle de l'Afrique (même si elle a ajouté ses mutations, adaptations et métissages avec Neandertal et Denisova).</p>
<h4>−50 000 ans : colonisation de l'Australie</h4>
<p>Toujours pendant la dernière glaciation, le niveau bas des mers permet aux hommes en provenance d'Asie (métissés de Néandertal donc) d'arriver jusqu'en Australie. Les Aborigènes actuels sont les descendants directs de ces premiers colons. Dispersés en Asie, on trouve encore les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritos">Négritos</a>, qui seraient les descendants directs de ces anciennes populations.</p>
<p>Les fondateurs, même à cette époque, étaient forcément des marins, et assez nombreux, vu la diversité génétique des Aborigènes. Les populations du bloc Nouvelle-Guinée-Australie ont ensuite été séparées par les mers, les déserts, et, peut-être, leur système parental très complexe.</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Europe</h4>
<p>La génétique n'a pas modifié l'histoire déjà connue de Cro-Magnon et de ses voisins. Elle confirme une organisation en petites bande de chasseurs-cueilleurs, et des unions entre membres de bandes proches. Mais il est surprenant de retrouver le même phénomène que chez les Pygmées : une séparation génétique entre Est et Ouest de l'Europe malgré une proximité culturelle sur tout le continent.</p>
<p>Autre surprise : les Cro-Magnons et leurs voisins étaient plutôt noirs aux yeux bleus ! L'éclaircissement de leur peau a été très progressive, jusque pendant le Néolithique. Le problème est complexe : la peau claire est apparue plusieurs fois, avec des gènes différents, dans différentes populations dans le monde.</p>
<p>Les yeux bleus des Européens dateraient des débuts de colonisation. Les cheveux roux seraient apparus un peu avant. Ces caractères sans bénéfice évident ont pu se répandre par préférence sexuelle. (Autres exemples : les yeux bridés ou la barbe.)</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>On l'a vu, l'Asie était déjà colonisée. Les populations actuelles sont plus proches des Européens que des Australiens, et il doit s'agir de la même vague qui s'est séparé en deux branches, Europe et Asie. La frontière, floue, a permis des migrations entre elles. Le rôle de l'Asie centrale (source ou convergence) est flou : c'est un « mille-feuilles d'histoires de migrations », y compris aux temps historiques.</p>
<h4>−37 000 ans : disparition de Neandertal</h4>
<p>Parmi les innombrables causes possibles, de l'inadaptation au génocide par <em>Sapiens</em>, Évelyne Heyer en raye une : la consanguinité. Elle n'était pas forcément plus élevée chez les Néandertals que chez certains chasseurs-cueilleurs. Par contre, la diversité génétique était faible, et les Néandertals subissaient déjà une très lente décroissance démographique bien avant de rencontrer les <em>Sapiens</em>. Il n'est pas encore sûr que la consanguinité se soit renforcée ensuite, suite au morcellement du territoire.</p>
<h4>−15 000 ans : première découverte de l'Amérique</h4>
<p>Via le détroit de Béring ou les Aléoutiennes, comme il était déjà connu. Mais y a-t-il eu un peuplement plus ancien, par les côtes ou en dérivant depuis l'Afrique ? Les indices archéologiques sont ténus. Génétiquement, il n'en reste aucune trace.</p>
<h4>−10 000 ans : l'agriculture</h4>
<p>L'agriculture est apparue à peu près simultanément à plusieurs endroits de la planète.</p>
<p>(<em>Cela m'avait longtemps intrigué. J'avais compris qu'un assèchement avait conduit les populations à se regrouper autour des grands fleuves, par exemple. En fait, l'apparition de l'agriculture correspond à la fin de la glaciation et aux modifications climatiques qui ont eu un impact sur tout le globe.</em>)</p>
<p>L'explosion démographique a-t-elle suivi ou précédé l'apparition de l'agriculture ? Habituellement, on pose que la nourriture plus abondante a permis d'augmenter la population. Mais Heyer penche pour la seconde hypothèse. En effet, l'ADN permet de calculer le moment où l'effectif d'un groupe a fortement augmenté (la proportion d'ancêtres communs dans un petit groupe est plus grande), et les dates calculées sont nettement antérieures aux premières traces d'agriculture. Il a existé des populations non agricoles assez importantes pour laisser des grands monuments (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6bekli_Tepe" title="fr">Göbekli Tepe</a>) ou de premiers centres urbains (Jéricho). Le néolithique serait d'abord marqué par la démographie, qui a rendu nécessaire l'intensification de pratiques agricoles déjà embryonnaires chez des chasseurs-cueilleurs.</p>
<p>L'enchaînement causal reste très flou. On ne sait même pas si, au Moyen-Orient, il y a eu migration des convertis à l'agriculture ou diffusion culturelle auprès des chasseurs-cueilleurs. Par contre, il y a bien eu diffusion par des migrations vers l'est (Asie du Sud) et l'ouest (Europe).</p>
<p>Sont apparus en même temps que l'élevage et la démographie galopante : les caries, la malnutrition, des maladies contagieuses comme la rougeole, la tuberculose — pas forcément des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoonose" hreflang="fr">zoonoses</a> d'ailleurs, même si celles-ci vont devenir fréquentes.</p>
<h4>−6000 ans : l'agriculture en Europe</h4>
<p>L'agriculture se répand en Europe par l'est, depuis l'Anatolie, et n'atteint la France que vers 5000 av. J.-C.</p>
<p>La « continuité génétique » n'est pas facile à établir, par manque de fossiles d'époque avec un ADN en bon état. On sait toutefois que les premiers agriculteurs européens descendent des migrants anatoliens, qui se sont mélangés ensuite aux anciens chasseurs-cueilleurs. Le mode de vie de ces derniers a disparu en quelques millénaires.</p>
<p>Il semble que les nouveaux venus aient apporté la peau claire en Europe, utile si la nourriture contient moins de vitamine D.</p>
<p>(<em>Si je suis bien, les blonds aux yeux bleus sont des métis de Cro-Magons noirs, pour les yeux, et d'Anatoliens pour la peau.</em>)</p>
<h4>Le lait</h4>
<p>Les premières traces d'utilisation du lait (faisselle, fromage) remontent à 6500 av. J.-C. en Anatolie ; un peu moins en Europe.</p>
<p>Normalement un mammifère adulte ne possède plus l'enzyme pour digérer du lait… sauf les humains descendants d'éleveurs. Cela dépend énormément des populations, et les Africains, Européens, Asiatiques concernés ne possèdent pas les mêmes mutations.</p>
<p>La pression de sélection sur un gène peut se mesurer, et elle a été importante pour propager ce caractère (existant, jusque là peu utile) dans certaines populations (Finlandais, Irlandais, Touaregs…), mais pas dans d'autres (Chinois, Amérindiens). Des techniques comme la fermentation du lait permettent de se passer de la mutation.</p>
<p>(<em>Certains disent carrément que le lait est un poison. C'est excessif, mais son utilité pour un adulte dépend donc surtout de ses ancêtres. Quant à l'alimentation paléolithique, quoi qu'elle ait pu être, nous n'y sommes plus adaptés.)</em></p>
<h4>Ötzi, Âge du Bronze et culture Yamnaya</h4>
<p>Vers 3300 ans av. J.-C., dans le Tyrol, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi">Ötzi</a> était assassiné dans des circonstances qui resteront à jamais obscures. Son génome est proche des… Sardes !</p>
<p>L'histoire génétique de l'Europe ne s'est pas arrêtée avec l'arrivée des cultivateurs anatoliens. Un groupe se répand entre 3000 et 1000 av. J.-C. (<em>en gros, pendant l'histoire de l'Égypte antique classique, de l'unification jusque la fin du Nouvel Empire</em>), provenant du nord de la Caspienne, identifié comme « culture <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Yamna" hreflang="fr">Yamnaya</a> », nomade, inventeur du chariot à bœufs et des poteries en forme de cloche, entre autres, et a massivement influencé les génomes européens (et centre-asiatiques : leurs traces se retrouvent jusque dans l'Altaï).</p>
<p>(<em>Et ce ne sera pas la dernière invasion de nomades venus de ces steppes…</em>)</p>
<h4>L'Europe génétique actuelle</h4>
<p>5000 ans de guerres, invasions et acculturations diverses ne changèrent ensuite plus grand-chose : les gradients génétiques des Européens d'il y a un siècle (avant l'exode rural et les migrations massives du XXè siècle) suivent la géographie.</p>
<blockquote><p>« À tel point qu'à partir de l'ADN d'un individu contemporain, on peut retracer son origine à 500 km près. »</p></blockquote>
<p>Exceptions : les Basques, les Sardes, les Siciliens. Les Basques ne sont pas, comme on a pu le croire, un isolat des chasseurs-cueilleurs du Néolithique ; ils ont subi en gros les mêmes mélanges que les autres, mais seraient restés plus isolés depuis la fin de l'Âge du Bronze. Les Sardes par contre n'ont pas subi le dernier mélange, et restent proches des contemporains d'Ötzi. Les Étrusques ou les Minoens étaient peut-être aussi dans ce cas.</p>
<p>Et les Indo-Européens là-dedans ? Il n'y a pas forcément diffusion simultanée d'une langue et d'une population. Les langues indo-européennes ont conquis presque toute l'Europe, et au-delà (Hittites, Iraniens, certains Indiens…), et aucun scénario n'explique encore cela clairement.</p>
<h4>Le cheval & l'Asie centrale</h4>
<p>Dans les plaines kazakhs, vers 3000 ans av. J.-C. (<em>donc au moment où les Yamnayas conquièrent l'Europe et où les Égyptiens comment à penser aux pyramides</em>), le cheval est domestiqué. 1000 ans plus tard, depuis l'Oural, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Sintachta" hreflang="fr">Sintashtas</a> (Yamnayas mâtinés d'Européens) se répandent vers l'Asie centrale, et laissent des traces génétiques jusqu'en Inde.</p>
<p>L'Asie centrale se dessèche peu après, poussant les peuples à devenir nomades ou éleveurs se mélangeant allègrement au fil des générations : la région devient encore plus un véritable patchwork génétique.</p>
<h4>Bantous & pygmées</h4>
<p>Toujours vers 3000 ans av. J.-C., en Afrique, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bantous" hreflang="fr">Bantous</a> (des agriculteurs) diffusent depuis le Cameroun dans toute la moitié sud de l'Afrique, et fragmentent le territoire des Pygmées (chasseurs-cueilleurs).</p>
<p>Les deux peuples cohabitent, avec prédominance des Bantous : les Pygmées ont adopté les langues de leurs voisins non Pygmées, et échangé des gènes régulièrement. Heyer a constaté que ces échanges se font surtout des non-
Pygmées vers les Pygmées. Explication : les femmes pygmées, bien que considérées comme inférieures, peuvent épouser des hommes bantous (pas l'inverse), mais finissent généralement par retourner avec leurs enfants dans leur village. La taille des descendants est directement liée au degré de métissage, car de nombreux gènes sont impliqués dans la taille des pygmées (et en aucun cas la malnutrition).</p>
<p>À cause de la rapidité de leur expansion, les Bantous sont relativement homogènes linguistiquement et génétiquement. On retrouve tout de même les traces génétiques des populations absorbées, notamment ce qui a trait à l'adaptation locale.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. en Océanie</h4>
<p>Au moment où les Bantous terminent leur expansion (<em>époque de Ramsès Ⅲ et de la Guerre de Troie</em>),
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanuatu#Peuplement_initial" hreflang="fr">Vanuatu</a> est atteinte par l'homme.</p>
<p>D'où venait-il ? Les habitants sont un mélange génétique de Nouvelle-Guinée et d'Asie du Sud-Est (plus précisément Taïwan, suggère l'archéologie). Les premiers habitants, par contre, ne seraient pas passés par la Nouvelle-Guinée, le mélange avec les Papous est ultérieur.</p>
<p>Il faut attendre l'an 1000 de notre ère pour que la Nouvelle-Zélande et Polynésie soit conquises, jusqu'à l'Île de Pâques.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. : les Scythes</h4>
<p>Les « barbares » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scythes" hreflang="fr">scythes</a>, de langue iranienne, très anciens nomades éleveurs de chevaux des steppes de la Hongrie à la Mongolie, étaient craints des anciens Grecs. Leur origine est un mystère.</p>
<p>La réponse d'Heyer : génétiquement, ils descendraient des Shintayas des steppes d'Asie, et non de celles du Caucase, et se seraient mélangés aux nombreuses populations rencontrées. La relative homogénéité culturelle n'est pas génétique.</p>
<h4>Endogamie</h4>
<p>Heyer a participé à une longue étude génético-linguistique en Ouzbékistan (pays ethniquement très mélangé) : la proximité linguistique est corrélée à la génétique, mais ce n'est pas systématique, et des phénomènes de remplacement linguistiques sont prouvés ici ou là. Les mariages s'y font préférentiellement entre gens culturellement proches, quitte à parcourir de grandes distances, d'où divergence génétique. Le phénomène se retrouve entre castes indiennes, entre catholiques et protestants néerlandais…</p>
<p>À <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boukhara" hreflang="fr">Boukhara</a>, Heyer a constaté elle-même que les quelques familles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_de_Boukhara" hreflang="fr">juives ouzbekhs</a> sont génétiquement proches de celles du Caucase (une histoire remontant à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nabuchodonosor_II" hreflang="fr">Nabuchodonosor</a>). Ils sont aussi moins mélangés avec leurs voisins et les communautés juives proches, que ne l'ont fait les Ashkénazes d'Europe, très métissés… à moins que la tradition orale ait oublié l'arrivée récente d'un groupe important.</p>
<p>L'endogamie totale reste cependant exceptionnelle.</p>
<h4>IXè siècle : les Vikings en Islande</h4>
<p>L'Islande, isolée, avec sa généalogie millénaire, est un paradis de généticien. Les études récentes montrent que les premiers colons étaient moitié Scandinaves, moitié Gaéliques. Ces derniers ont laissé moins de descendance, car sans doute socialement inférieurs (des esclaves ?). Les chromosomes X et Y montrent que l'ascendance scandinave est surtout paternelle, mais les lignées maternelles sont écossaises. Ne pas oublier que l'Irlande était déjà en partie viking.</p>
<p>Par son isolement et sa petite taille, la petite population islandaise a subi une dérive génétique qui la rend bien identifiable.</p>
<h4>De Gengis Khan aux Maoris</h4>
<p>Selon un article de 2003, le conquérant aux nombreuses épouses serait l'ancêtre de 10 % des hommes actuels de son ancien Empire (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol" hreflang="fr">le plus grand de l'Histoire</a> avec le britannique). Plus rigoureusement, des variants génétiques sur le chromosome mâle Y, propres aux Mongols (pas forcément le Khan) remonteraient à cette époque. Ce n'est possible qu'avec un fort succès reproducteur sur plusieurs générations. Les groupes concernés sont fortement patrilinéaires, et leurs généalogies officielles ne sont pas que mythiques, mais recoupent bien la génétique. Le statut social et la capacité à avoir beaucoup d'enfants s'héritent par les pères. Les hommes ont alors tendance à partager des Y proches. Le phénomène se retrouve même dans les sociétés patrilinéaires moins strictes, comme l'Occident actuel.</p>
<p>Le phénomène se retrouve ailleurs et même, inversé, chez les Maoris, et plus généralement chez les chasseurs-cueilleurs, où l'ADN mitochondrial montre que le succès reproductif des femmes se transmet aux filles. Les raisons sociales sont nombreuses.</p>
<p>On peut donc détecter le système de parenté de civilisations par leurs gènes. Les haplogroupes peuvent être datés (comme l'a été celui de Gengis Khan). En Eurasie, la patrilinéarité aurait émergé pendant l'âge du Bronze (1000 à 2000 av. J.-C.).</p>
<p>Les études d'Heyer au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Touva" hreflang="fr">Touva</a> et en Mongolie retrouvent la patrilinéarité, mais aussi sa conséquence : les femmes ont beaucoup plus la bougeotte que les hommes. Ce phénomène concerne les ⅔ de l'humanité, mais pas toute l'espèce. Pourquoi sommes-nous le seul grand singe à varier les modes sociaux ?</p>
<h4>Les esclaves africains</h4>
<p>Il n'y a bien sûr pas d'archive de la provenance exacte des esclaves africains déportés aux Amériques. Les informations issues de l'ADN s'affinent au fur et à mesure que les bases de données s'enrichissent. Les Afro-Américains viendraient d'Afrique Centrale et de l'Ouest. Les esclaves ont retransmis quelques pour cent de gènes pygmées.</p>
<p>S'y ajoutent généralement des gènes européens, dans des proportions très variables selon les individus (y compris 95 %, puisque la règle locale veut qu'une goutte de sang noir fasse de vous un Noir...). Même des suprémacistes blancs possèdent des gènes noirs : la couleur de peau n'est pas un indicateur très fiable, et peut simplement ne pas avoir été sélectionnée.</p>
<p>Le chromosome Y (mâle) est souvent européen, alors que l'ADN mitochondrial (féminin) est généralement africain, alors que les esclaves étaient surtout des hommes ! Cela se voit aussi en Amérique du Sud (chromosome Y européen, mitochondries amérindiennes), là aussi dans des proportions très variables : les colons prenaient femme (au mieux) sur place. Chaque région d'Amérique a son histoire marquée par la disparition plus ou moins complète des Amérindiens, l'arrivée des Européens et des esclaves africains (pas partout), les taux de mélange, le degré d'isolement, les déportations, les maladies importées d'Europe ou d'Afrique…</p>
<h4>Le Québec & l'effet fondateur</h4>
<p>Comme l'Islande, le Québec est un paradis pour généticiens. La population, longtemps faible, a explosé, les mouvements de population sont documentés, et les archives généalogiques sont complètes.</p>
<p>Comme les hivers rigoureux limitent les maladies, les familles nombreuses y deviennent la norme. Les quelques milliers d'aventuriers et d'orphelines sous Louis XIV sont 70 000 un siècle après, quand la colonie devient britannique. Les colons suivants sont exclusivement britanniques et ne se mélangent pas aux francophones. L'Église catholique lance alors la « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Revanche_des_berceaux" hreflang="fr">guerre des berceaux</a> » : la natalité reste très élevée que dans les années 1960.</p>
<p>La description de l'exploitation à grande échelle des registres paroissiaux est passionnante. Une motivation : les maladies génétiques propres aux Québécois, à priori une conséquence de la consanguinité. Surprise : les populations victimes ne sont pas plus consanguines que les autres !</p>
<p>Il est parfois possible de remonter à <em>la</em> personne ayant importé la mutation au Québec au XVIIe siècle. Quelques dizaines de personnes sont ancêtres de <em>toute</em> une région, voire d'une bonne partie des Québécois francophones !
En théorie, au bout de 10 générations, un individu représente ½¹⁰ ~ 0,1 % du patrimoine de ses descendants (et en pratique, souvent absolument rien), mais ce sera beaucoup plus s'il se retrouve plusieurs fois dans l'arbre d'une personne. Les mutations portées par l'ancêtre finissent donc par avoir une grande fréquence dans la population. À l'inverse, certaines maladies génétiques de France sont absentes du Québec. C'est l'« effet fondateur ».</p>
<p>Ce n'était pas vraiment une découverte, mais Heyer a été surprise de l'ampleur de l'effet en si peu de générations pour une population devenue importante. L'effet a été amplifié par celui des « enfants utiles » : ceux qui meurent jeunes , ou partent, sont neutres quant à l'évolution d'une population donnée. Par exemple, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saguenay%E2%80%93Lac-Saint-Jean" hreflang="fr">Sagueney-Lac-Saint-Jean</a> était un front pionnier, il y avait de la place, et les enfants de familles nombreuses restaient facilement dans la région.</p>
<p>Heyer donne un autre exemple en France : une vallée du Jura possédant sa maladie génétique endémique létale. Les malades portent la même mutation, et il n'y a pas d'ancêtre commun récent (XVIIIe siècle). Il fallait expliquer une persistance aussi longue, malgré la sélection naturelle, dans une population réduite et pas isolée. La cause s'est avérée sociologique : les habitants les plus ancrés, propriétaires des terres, avaient plus d'enfants et formaient une sorte de noyau stable ; les arrivants, sans terres, avaient tendance à repartir après une ou deux générations.</p>
<h4>Généalogie génétique</h4>
<p>Après 40 générations, la plupart des Français descendent sans doute de Charlemagne : la population de l'époque est très inférieure à celle de nos ancêtres potentiels s'ils étaient tous différents. De plus, une part notable n'a pas laissé de descendance jusqu'à nos jours : des branches peuvent s'éteindre relativement rapidement, mais d'autres personnes ont de nombreux descendants. Cela se calcule, et à supposer qu'il y ait quelques migrations à longues distances de temps à autre :</p>
<blockquote><p>« En Europe, tous nos ancêtres communs ont vécu il y a a entre 1 200 et 2 000 ans environ : tout individu (…) qui a laissé au moins un descendant jusqu'à nos jours est l'ancêtre de tous les individus actuels. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Le premier ancêtre généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3 000 ans. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Il y a à peine 5 000 ans, nous avions tous les mêmes ancêtres ! »</p></blockquote>
<p>Et parmi les habitants de cette époque, 60-80 % ont encore des descendants, donc :</p>
<blockquote><p>« Si vous entriez dans un village ou une cité d'il y a 5 000 ans, la plupart des personnes que vous croiseriez seraient les ancêtres communs à toute l'humanité. »</p></blockquote>
<p>(<em>Ce qui veut quasiment dire, cher lecteur, qui que tu sois, que les pyramides ont sans doute été construites par nos ancêtres communs ; et que nous descendons tous des premiers pharaons ou de Gilgamesh, de Papous, de Pygmées, de Maoris et de Sibériens. D'un côté, j'ai du mal à croire qu'en si peu de temps des Amérindiens de 3000 av. J.-C. aient pu transmettre leurs gènes à toute l'Eurasie, vu que les contacts étaient à peu près coupés jusqu'aux grandes explorations. D' un autre côté, pour un <a href="https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5313-vikings-decouvrent-ameriques.html" hreflang="fr">Leif Erikson</a> ou une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pocahontas" hreflang="fr">Pocahontas</a> qui ont laissé une trace dans la grande Histoire, combien d'aventuriers, de nomades, de bannis, de pirates violeurs, ou d'esclaves razziés très loin de chez eux ?</em>)</p>
<p>Les tests ADN sont à la mode, surtout aux USA. Les bases de données existantes sont un problème de vie privée, car notre ADN est commun avec nos parents. Y fouiller permet de débusquer des criminels, mais aussi de révéler des secrets de famille. Quant aux tests d'origine, ils ne possèdent aucune rigueur. Or l'extrême-droite américaine a tendance à les utiliser.</p>
<p>Paradoxalement, nos ADN sont très similaires, mais les différences permettent de désigner des populations distinctes (restées dans un même endroit et se mariant avec ses proches voisins). Quant à en déduire des « races », c'est illusoire : des populations très différentes peuvent posséder un même caractère (cas des maladies génétiques) ; si un caractère est précis, il ne concerne qu'un tout petit groupe (ex : l'adaptation à l'altitude des Tibétains). La notion n'est même pas fonctionnelle en médecine, et ne recouvrirait même pas les notions historiques et sociales. Évidemment, ceux qui parlent de races en arrivent très vite à les hiérarchiser, à réduire un individu à sa race (essentialisme), à oublier tous les aspects culturels, sociaux et environnementaux, en aucun cas liés aux gènes, voire qui les déterminent. On connaît les conséquences.</p>
<p>Si un humain ne semble pas spontanément raciste, il serait volontiers ethnocentriste, et privilégie naturellement son groupe, même non apparenté, tout en étant assez ouvert à l'étranger. L'essentialisme en fait un raciste.</p>
<h4>Les migrants</h4>
<p>250 millions de migrants en 2015, dit l'ONU. La plupart migrent à des distances très variables, généralement entre pays du Sud, et ce ne sont pas forcément les plus pauvres qui migrent, et pas forcément vers des États en dépression démographique. Aujourd'hui encore, 95 % des gens restent dans leur pays de naissance.</p>
<p>Dans le passé, les migrants ont toujours fini par se mélanger aux occupants précédents, à quelques quasi-génocides près (États-Unis). Le « taux de mélange » est très élevé dans nos sociétés, et quasi-total en 3 générations. En France, le mélange est la norme, mais il est beaucoup plus lent aux États-Unis. Au sein d'une même région du monde, l'endogamie est très variable, variant parfois d'une famille à l'autre. Si les femmes bougent plus (patriarcat oblige), les hommes qui quittent leur village vont plus loin. Un Californien aux yeux bleus bridés et à la peau sombre conclut le chapitre : l'allongement des distances va conduire à des brassages plus variés et des phénotypes nouveaux.</p>
<h4>Nos descendants</h4>
<p>La sélection naturelle ne nous changera pas en quelques siècles (<em>modulo cataclysme</em>). Le petit doigt de pied est inutile, il pourrait disparaître sans souci (comme nos queues autrefois), mais il faut une mutation, qui ne se diffusera que très lentement puisqu'il n'y a aucune pression de sélection dessus.</p>
<p>Si sélection il y a encore, elle est soit liée aux polluants (impact sur la fertilité de certains hommes, par exemple), et dans ce cas sans doute peu durable, ou variable ; soit à la sélection sexuelle, lors du choix du conjoint, les exemples étant des caractères visibles, en premier lieu la taille. L'exemple est développé : la taille est fortement héréditaire, mais son augmentation rapide au XXè siècle montre que le milieu a aussi un rôle majeur. Un plafond (génétique) semble atteint dans certains pays (Suède), d'autres populations grandissent ailleurs sans pouvoir espérer grandir autant. Par contre, la diversité génétique semble favoriser les plus grandes tailles, les divers mélanges génétiques vont donc jouer un rôle. (Surtout que nous serions inconsciemment plus attirés par des gens au système HLA différent du nôtre ! (<em>donc sans que l'apparence physique joue un rôle</em>))</p>
<p>Pour compliquer les choses, il y a l'épigénétique, c'est-à-dire l'expression des gènes (version amoindrie de l'hérédité des caractères acquis). Typiquement, une disette peut avoir un impact sur les quelques générations suivantes, pas plus loin. À l'inverse, l'augmentation de la taille peut bénéficier de cet effet, dans le bon sens.</p>
<p>La population humaine est gigantesque, et un caractère se propage lentement, et son environnement varie beaucoup plus vite que la sélection naturelle : impossible de savoir comment nous évoluerons — jusqu'à ce que nous isolions une petite population sur une planète. (<em>D'ailleurs, tous les films de science-fiction non immédiate me semblent faux à cause de cela : la population de Mars ou Cérès, après quelques générations, sera aussi diverse que l'équipage de Star Trek, mais ne ressemblera à aucun phénotype actuel.</em>)</p>
<h4>L'espérance de vie</h4>
<p>Quant à l'espérance de vie, son envolée en deux siècles tient à la réduction de la mortalité infantile et une meilleure hygiène de vie. Elle plafonne voire recule dans certains pays pour des raisons sociales (sida en Afrique, vodka en Russie, obésité aux États-Unis…). Une augmentation tiendrait à présent à la prolongation de la vie des personnes âgées (marginalement) ou simplement… l'amélioration de l'intégration sociale des moins favorisés ! Il ne semble pas y avoir de gène des centenaires. L'espérance de vie en bonne santé est une autre voie où progresser encore, mais le calcul est très délicat.</p>
<h4>Transition démographique</h4>
<p>(<em>On m'en parlait déjà au collège, je trouve fascinant de la voir se réaliser.</em>) L'augmentation de la population tient au délai entre diminution de la mortalité et diminution de la natalité (plus court en France qu'en Angleterre, d'où des augmentations de population différentes au XIXè siècle). L'Amérique latine, l'Iran… sont en train de terminer leur transition démographique. L'Afrique est très hétérogène sur ce point. Les pays industrialisés sont souvent tombés à 1 enfant/femme (Japon, Allemagne, Pologne…).</p>
<p>Parallèlement l'espérance de vie grimpe, la population mondiale continue de grimper. Le pic serait entre 9 et 11 milliards entre 2050 et 2100… si la transition se réalise partout. Après les révolutions néolithique et industrielle, quel sera l'impact d'une transition écologique ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-odyss%C3%A9e-des-g%C3%A8nes-d-%C3%89velyne-Heyer#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/859« La chute du Japon » de William Craigurn:md5:1477cf6bde729463b434ee59a1c292032020-09-27T21:21:00+02:002020-09-27T21:21:00+02:00ChristopheHistoireabominationAmériqueapocalypseautodestructionbombe atomiquebon senscataclysmecatastrophechaosChinecivilisationdécadencedéshumanisationEmpire soviétiquegigantismeGuerre FroidegéopolitiquehainehistoirehiérarchieimpérialismeLibérationmortnationalismeoh le beau cas !ouverture d’espritperspectiveracléescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unis<p>Loin de l'histoire militaire pleine de bruits, il y a la petite grande histoire, celle qui se déroule dans des réunions feutrées, ou dans des consciences déchirées entre devoirs, intérêts, peurs et réalisme. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> C'est plutôt celle-là que William Craig choisit de décrire. En 1967, ce livre rapportait les souvenirs des survivants des dirigeants de l'Empire japonais pendant les jours les plus terribles de son histoire. Si quelques pages décrivent les événements militaires de la toute fin de la guerre ou s'étendent sur la mission qui a failli ne pas lâcher la deuxième bombe atomique sur Nagasaki, l'essentiel tourne autour des discussions, tergiversations et affrontements des divers dirigeants japonais.</p> <p>Les ministres, amiraux, officiers... sont évidemment nombreux, et l'Occidental moyen qui les découvre tous ensemble aura du mal à suivre. Heureusement, les photos aident un peu à mémoriser.</p>
<p>Le jeu se déroule essentiellement entre quelques membres du gouvernement, le conseil des anciens Premiers Ministres, et le Conseil suprême, donc beaucoup de militaires et quelques politiques : très peu de personnes au final. Leur poids est écrasant. On est à l'été 1945, Okinawa est tombé, les grandes villes sont rasées sous les bombes incendiaires, et même les plus fanatiques ne croient plus à la victoire. La seule discussion porte sur les termes d'un arrêt des hostilités. Notamment : le maintien de l'Empereur, la non-occupation du Japon, le refus de faire juger des criminels de guerre par l'extérieur.</p>
<p>Dans ce cadre, le dernier ultimatum allié, la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Potsdam_Declaration" hreflang="en">déclaration de Potsdam</a>, demandant une reddition sans conditions sous peine d'anéantissement, est inacceptable. L'espoir des jusqu'au-boutistes : une résistance opiniâtre et des pertes terribles amenant les Américains à plus de concessions. Les Japonais avaient d'ailleurs prévu correctement le plan d'invasion américain par le sud de l'archipel. (<em>On sait que les prévisions de pertes américaines pour l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall" hreflang="fr">invasion de l'archipel</a> se chiffraient en millions. Cela n'effrayait apparemment pas les planificateurs du Pentagone.</em>). Un passage surréaliste : un maréchal revenant d'Hiroshima annonce que la bombe A n'est pas aussi destructrice, des abris souterrains pourraient résister.</p>
<p>Mais d'autres facteurs pèsent : d'abord, les bombes atomiques.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia.png" title="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia_m.png" alt="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Craig consacre beaucoup de pages à décrire le lancement du projet, l'entraînement des pilotes pour cette délicate mission, le choix des cibles... Étonnamment, il passe vite sur Hiroshima (6 août), dont l'attaque se déroule comme à l'exercice, pour se concentrer sur Nagasaki (9 août). Contrairement aux bombes A précédentes à l'uranium, il s'agit là d'une bombe au plutonium, donc non encore testée. La mission fut un cauchemar : problème de carburant dès le départ ; difficulté de rendez-vous avec les avions d'observation ; conditions mauvaises au-dessus de la cible, Kokura ; changement d'objectif ; carburant trop limité pour un deuxième passage et mauvaises conditions, toujours. Il fallait que le bombe tombe juste pour avoir un impact majeur. Mais il y eut une trouée, et Nagasaki disparut. Le bombardier se posa de justesse à Okinawa. La description du sort des habitants de Nagasaki dans les jours suivants est dantesque. Certains victimes étaient des soldats alliés prisonniers. D'autres bombes atomiques étaient en cours d'assemblage.</p>
<p>Depuis plusieurs mois, des vagues de B-29, basés près du Japon, tapissent de bombes les villes japonaises. Même sans bombe atomique, l'industrie japonaise est déjà en train de disparaître. La société, dans des villes rasées où tout manque, se délite.</p>
<p>Les tentatives d'ouverture de divers diplomates dans plusieurs chancelleries pour entamer des négociations de paix échouent pathétiquement. Il est effarant de voir à quel point les deux belligérants possèdent peu de moyens pour communiquer l'un avec l'autre, et combien sont rares les gens bilingues. La déclaration de Potsdam, discutée en interne, reste d'abord sans réponse — ce qui est interprété comme un rejet par les Américains.</p>
<p>Le coup de bambou est sans doute soviétique : les Japonais comptaient sur la neutralité de Staline, voire son intermédiation. Mais celui-ci tient la promesse faite à Roosevelt : l'URSS envahit la Mandchourie au moment où tombe la bombe de Nagasaki, et en un temps record.</p>
<p>Le 10 août, après d'âpres discussions dans un abri antiaérien sous le palais impérial, aucun consensus entre les dirigeants n'est obtenu. Le vieux Premier ministre <a href="ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Kantar%C5%8D_Suzuki">Suzuki</a> pousse, contre toute tradition, l'Empereur à intervenir. Hirohito tranche et décide d'accepter la déclaration de Postsdam. Les irréductibles ne peuvent s'y opposer, mais sauvent la face, puisqu'il faut obéir à l'Empereur.</p>
<p>Les Alliés sont contactés via la Suisse et la Suède. L'acceptation par le Japon ajoute la réserve que les prérogatives du souverain régnant seront préservées. Truman et ses conseillers discutent de cette entorse à la « capitulation sans conditions » exigées. Le pragmatisme l'emporte : l'Empereur sera un moyen de faire pression sur les derniers extrémistes dispersés dans les possessions japonaises ; il faut tenter de libérer les prisonniers de guerre le plus vite possible ; plus la guerre durerait, plus l'influence soviétique grandirait. Il faut aussi consulter les Alliés. Les Soviétiques tentent en vain un bluff pour avoir une part du commandement du Japon occupé.</p>
<p>La réponse américaine annonce que toute l'administration japonaise sera subordonnée au commandant suprême allié pour mettre en œuvre les conditions de la capitulation, que le peuple japonais choisira lui-même la forme de son futur gouvernement, et que le Japon sera occupé jusque là. Ce la ne calme pas les partisans de la guerre à outrance, surtout que les Russes et les Chinois veulent explicitement la tête de l'Empereur. Faut-il accepter cette note ? Là encore, il faut que Hirohito tranche à nouveau, le 14 août, pour que l'acceptation soit envoyée aux Américains.</p>
<p>Pendant ces quelques jours, la situation reste floue. Nagasaki brûle toujours. Les extrémistes continuent de lancer aux troupes des appels à la résistance à la radio. Les Japonais annoncent la fin de leurs offensives. Les Américains suspendent leurs bombardements dès le 10 août, se contentant de lâcher des tracts. Le temps passant, quelques bombardiers repartent à l'attaque juste avant le cessez-le-feu définitif.</p>
<p>Au-dessus des responsables japonais planent depuis des décennies les menaces de coup d'État militaire et d'assassinat par des officiers fanatiques. (Ce fut le cas, entre autres, lors de l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_japonaise_de_la_Mandchourie" hreflang="fr">invasion de la Mandchourie en 1931</a>). À ce moment encore, certains généraux sont ouvertement poussés au putsch par leurs officiers. Ce n'est pas une révolte contre l'Empereur, celui-ci est juste est mal conseillé. Les extrémistes voient notamment le général <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Korechika_Anami" hreflang="fr">Anami</a>, hostile à une capitulation sans conditions, mener un coup d'État. Mais Anamu se plie à la décision finale d'Hirohito, refuse de se révolter, et se suicide comme tant d'autres. Plusieurs autres renoncent, parce qu'ils savent que le coup d'État est voué à l'échec. Le cas de l'ancien Premier Ministre <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hiranuma_Kiichir%C5%8D" hreflang="en">Hiranuma</a> surprend : partisan de la paix, il change d'avis quand il voit que la personne de l'Empereur n'est pas garantie.</p>
<p>Les derniers extrémistes ne se suicident pas tous. Un dernier groupe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Incident_de_Ky%C5%ABj%C5%8D">va jusqu'au bout</a> et, le 14 août, attaque le Palais impérial. Le disque où Hirohito a enregistré son adresse au peuple n'est pas retrouvé. Le Premier ministre Suzuki manque d'être assassiné. L'essentiel de l'armée ne suit pas. Le putsch échoue, les derniers insurgés se suicident. Le discours d'Hirohito est diffusé le 15 août. Certains Japonais ont du mal à comprendre le message, puis à y croire.</p>
<p>La capitulation se diffuse difficilement. Les combats continuent quelques jours aux Philippines. Quand elle parvient, les réactions sont parfois violentes. Des prisonniers de guerre sont exécutés. Des kamikazes décollent, dont plus personne n'entend parler. Par la suite, il faut encore calmer quelques excités.</p>
<p>Suivent les détails techniques, parfois triviaux, comme l'échange de fréquences radio pour communiquer. Les Japonais envoient les ordres d'arrêt des hostilités à toutes leur troupes, demandent des sauf-conduits pour les officiers et membres de la famille impérial envoyés les confirmer. MacArthur demande l'envoi à Manille d'officiers pour planifier l'occupation. Au moins le transfert d'autorité devait-il se faire dans l'ordre : la mission japonaise s'envole dans le secret et la peur des kamikazes, et arrive le 20 août. L'ambiance, d'abord lourde, se détend un peu. La délégation japonaise apprend le plan américain, qui prévoit des débarquements dès les jours suivants (!). Elle réclame du temps pour mettre au pas les derniers fanatiques, nombreux dans les bases aériennes... et obtient le retrait d'un tableau prévoyant un nombre de femmes de chambres au service d'officiers supérieur ! Au retour, l'avion de la délégation doit amerrir !</p>
<p>Entre les chapitres s'intercalent des passages sur les opérations en vue de la libération des prisonniers. Craignant à juste titre des représailles sur les prisonniers de la part de Japonais désespérés, certains commandos américains, parachutistes et OSS, se positionnent en urgence, prêts à bondir vers les camps de prisonniers à l'annonce de l'arrêt des hostilités. Des difficultés avec les militants communistes sont prévues, et il y a des accrochages : la guerre civile va reprendre en Chine. À ces endroits, les premiers contacts entre Américains et Japonais après l'annonce de la capitulation sont très tendus, mais globalement la libération des prisonniers se déroule sans trop de problèmes.</p>
<p>Très tendu aussi le premier débarquement de soldats américains au Japon, le 28 août, sur une base aérienne auparavant dédiée aux envols des kamikazes. Les Américains arrivent plus tôt que prévu, même retardés de deux jours par la météo. Si l'ambiance reste fraîche, tout se déroule cependant avec un minimum de bonne volonté réciproque, et la première base américaine commence à voir déferler des milliers de soldats vainqueurs, dont MacArthur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia_s.jpg" alt="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" /></a>La brève cérémonie signature officielle de la capitulation, en présence de tous les représentants galonnés des nations vainqueurs, n'a lieu sur le <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/USS_Missouri_(BB-63)" hreflang="en">Missouri</a></em> que le 2 septembre. Le choix du bateau tient dans la rivalité MacArthur/Nimitz, ou plutôt Army/Navy : MacArthur étant signataire, le lieu doit être un navire, et est disponible celui du nom de l'État de Truman. Les Américains débarquent alors à Tokyo, et les emprisonnements de responsables suspects de crimes commencent. Au fur et à mesure que les nouveaux maîtres s'installent, les principaux problèmes sont plutôt des chocs culturels, ou des problèmes de disciplines récurrents dans une armée d'occupation, que les deux camps veulent éviter au maximum.</p>
<p>Le livre raconte aussi l'histoire de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Marcus_McDilda" hreflang="en">Marcus McDilda</a>, pilote de chasse prisonnier : aux Japonais qui croient qu'il savait des choses sur la bombe atomique, il donne une théorie et des chiffres fantaisistes — qui ont peut-être fait peur en haut lieu. Et celle du major <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Mayhew_Wainwright_IV" hreflang="fr">Wainwright</a>, ancien second de MacArthur, prisonnier depuis la prise de Manille en 1942, et retrouvé à temps pour être présent, squelettique, à la signature de la capitulation. Ou du drame de l'Indianapolis, coulé après avoir livré la bombe A, dont l'équipage naufragé est décimé par les requins <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>Une question que je me pose : Craig s'est basé sur les souvenirs des dignitaires japonais survivants et des témoins, mais pas de l'Empereur. Celui-ci apparaît de manière très furtive. Son rôle dans le fonctionnement de l'Empire japonais est totalement minimisé. Cela colle avec la théorie plus ou moins officielle, après guerre, d'un Empereur traditionnellement sans rôle politique, impuissant face à la caste militaire toute-puissante, théorie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hirohito#Question_de_la_responsabilit%C3%A9_personnelle_de_l'empereur">remise en cause depuis</a>. On l'a vu, les généraux en faisaient à leur tête ; mais Hirohito se serait laissé pour le moins laissé convaincre, et aurait approuvé la politique d'agression japonaise. Vue la manière extrêmement cérémoniale dont Hirohito communiquait avec ses ministres, on se demande même quelle pouvait être sa vision du monde.</em></p>
<p>Titre original : <em>The Fall of Japan</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le récit d'un survivant est une des pires scènes des </em>Dents de la me'r' de Spielberg.''</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/858« La sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles » de Rodolphe Reussurn:md5:d3f64b897ed1308aa11679268733709f2020-08-23T21:20:00+02:002021-01-11T12:48:41+01:00ChristopheHistoireabominationAlsaceautodestructionchristianismecynismeDieudéshumanisationguerre saintehainehistoireincohérencejusticelivres luslégendes urbainesmèmeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparadoxeparanoïapeine de mortperspectivepessimismepsychologiereligionRenaissancethéologietotalitarisme<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/La%20Sorcellerie%20en%20Alsace%20aux%2016%C3%A8%20et%2017%C3%A8%20si%C3%A8cles%20-%20Rodolphe%20Reuss.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.La Sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles - Rodolphe Reuss_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Petite analyse des procès en sorcellerie, en une époque que l'on croyait déjà civilisée. La grande époque des bûchers de sorcières, ce n'est pas l'obscur Moyen Âge, mais les siècles suivants. Et le nombre de femmes (surtout) torturées, étranglées, brûlées, pour une aussi petite région que l'Alsace, fait froid dans le dos.</p> <p>(<em>Comme d'habitude, le texte vise à résumer, et l'italique indique une remarque de ma part.</em>)</p>
<p>Il y a parfois de bonnes surprises dans les dépôts de livres en accès libre que l'on trouve à présent un peu partout. Il s'agit ici de la réédition de 1987 (il y en a <a href="https://editionsdegorce.ecwid.com/La-Sorcellerie-au-XVIe-et-au-XVIIe-si%C3%A8cle-particuli%C3%A8rement-en-Alsace-p88163721" hreflang="fr">une de 2017</a>) de l'ouvrage de 1871 d'un des anciens responsables de la Bibliothèque de Strasbourg. Rodolphe Reuss a passé en revue et résumé des dizaines de procès en sorcellerie sur deux siècles.</p>
<h3>Les sorcières</h3>
<p>Les « sorciers » et « sorcières » sont de toutes les couches sociales, mêmes les plus élevées, et de la campagne comme de la ville. Les femmes sont surreprésentées : elles sont censées être moins intelligentes, moins capables de se défendre, et donc plus faciles à séduire par Satan, qui d'ailleurs est un être au-delà du lubrique. Les enfants ne sont pas épargnés.</p>
<p>Satan est censé frapper à un moment de faiblesse, pour une raison ou une autre : il donne, protège, offre des pouvoirs. Il s'agit de devenir plus riche, se venger, tuer des animaux, ou beaucoup d'enfants — il fallait bien une explication aux nombreux décès en bas âge. Bizarrement, aucun de ces pouvoirs n'est dangereux à grande échelle, et il se retourne parfois contre la personne ou les biens de la sorcière. Les réunions avec Satan, les sabbats, les différentes formes de Satan, les noces diaboliques, du dernier degré de dépravation... tout cela figure dans les minutes des procès avec moults & glauques détails, menus des noces et composition des breuvages inclus.</p>
<h3>Les procès</h3>
<p>L'Église catholique n'est pas seule coupable de chasse aux sorcières ; l'Alsace était d'ailleurs en bonne partie protestante à cette période. D'ailleurs les inquisiteurs n'étaient plus aux commandes, et chaque ville avait son tribunal dédié aux maléfices, rempli de gens sans formation, que Reuss décrit comme incultes et bornés. Il n'y avait presque jamais d'avocat, cela ralentissait trop le procès, et il ne faisait de toute façon pas bon protéger un accusé de sorcellerie : c'était un bon moyen de se voir suspecté soi-même. Se défendre trop bien est également l'indice d'une possession satanique. Par contre, il est évident que Dieu protège les juges !</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Femme_accus%C3%A9e_de_sorcellerie-%C3%89mile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="Femme accusée de sorcellerie (Émile Deschamps, domaine public, via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Femme_accusée_de_sorcellerie-Émile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Au début d'un procès, il y a bien sûr dénonciation, pour une broutille souvent (tout le monde se surveille, dans des petites villes), souvent par calomnie, ou dénonciation anonyme, mais parfois à cause de l'aveu d'un(e) accusé(e) de sorcellerie. Le juge agit à charge, appelle des témoins qui n'ont pas à prouver ce qu'ils avancent, cherche des traces du Malin, et, bien sûr, fait grand usage de la torture. Il y avait une grande variété de supplices, et plusieurs degrés, dont même le premier fait dresser les cheveux sur la tête. La recherche de signes « objectifs » de possession (marques diverses, dont celle d'une partie insensible du corps) relevait aussi de la torture. Évidemment, l'accusé(e) avouait au final tout et n'importe quoi, quand il ne décédait pas sur le chevalet. Les incohérences et contradictions dans les confessions n'étaient pas un problème.</p>
<p>Le ou la coupable quittant généralement ce monde, ses biens étaient confisqués, servant entre autres à payer le procès, les juges, rémunérer les accusateurs ! — la question des dénonciations calomnieuses est donc ouverte, et enfin remplir les caisses de la commune. Quand les juges étaient miséricordieux, que la sorcière se repentait, il y avait décapitation ou étranglement avant le bûcher. Si, quasiment par miracle, l'accusé était déclaré innocent (cela arrivait !), on l'exilait quand même.</p>
<p>(<em>Cette hystérie collective se retrouve dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorci%C3%A8res_de_Salem" hreflang="fr">sorcières de Salem</a>. Au moins les Américains ont-ils alors tiré une morale de l'histoire. Un exemple effroyable, alsacien, vers 1617-1630 est la <a href="https://journals.openedition.org/alsace/1036" hreflang="fr">série de procès à Molsheim</a>, où 76 « sorciers » ont été brûlés… dont 30 enfants !</em></p>
<p><em>Il ne faut pas se moquer de ces gens si superstitieux. À l'époque moderne, sans Satan, le phénomène du coupable par association sans défense possible frappe aussi : Terreur en France, terreur stalinienne... Certaines hystéries médiatiques ou sur les réseaux sociaux sont moins graves, mais de la même logique.)</em></p>
<p>Le nombre de victimes est effarant : on parle de bûchers chaque année, ou presque, pendant des décennies, avec parfois de véritables flambées . Sélestat : 91 sorcières brûlées de 1629 à 1642 ; Rouffach : 37 personnes en 8 ans à Rouffach avant 1596 ; et 5000 dans l'évêché de Strasbourg entre 1615 et 1635 ! Le XVIIè siècle fut pire que le XVIè à cause de la Guerre de Trente Ans. Il y eut encore quelques cas de procès dans les premières décennies du XIXè siècle ! Pour Reuss, les bûchers n'ont reculé que grâce aux philosophes des Lumières. Et le combat contre ignorance et superstition n'est pas fini, déplore Reuss en 1871.</p>
<h3>Pourquoi</h3>
<p>Rodolphe Reuss cherche des explications à un tel délire et à tant de victimes. L'acharnement des juges à poursuivre la torture jusqu'à des aveux complets, et la suggestion des réponses à l'accusé, la duplicité des interrogatoires, la perspective d'être damné si l'on n'avouait pas… n'expliquent pas tout.</p>
<p>Un point important : dans un monde ignorant et superstitieux, <em>tout le monde</em> croyait au Diable autant qu'à Dieu, et était réellement terrorisé par le concept, les juges — sincères — comme les accusés. Avec suffisamment de pression, ces derniers pouvaient mettre eux-mêmes sur le compte d'influences sataniques certaines de leurs mauvais pensées ou rêves. Certains étaient évidemment des malades mentaux à un degré ou un autre.</p>
<p>Une autre explication levée par l'auteur est la disponibilité de substances plus ou moins hallucinogènes. Vue la rudesse du temps, la consommation ne devait pas être anecdotique chez certains (Reuss la compare à l'ivrognerie de son temps et le besoin d'oubli de la réalité). Les consommateurs auraient projeté dans leurs délires confus leurs croyances et les on-dits, et sincèrement cru rencontrer le démon, avant ou après la suggestion des juges. Les aveux étaient donc parfois <em>sincères</em> ! Cela expliquerait aussi leur monotonie.</p>
<p>Enfin, certains procès auraient plutôt dû relever du droit commun : empoisonnement (mais toute science était à l'époque ramenée à la magie), simple charlatanisme, ou affaires de mœurs divers, dont l'accusé comme la société préfère se dédouaner sur Satan. Enfin, les accusations de sorcellerie permettent de s'attaquer aux hérétiques ou aux membres d'une religion concurrente (clergé compris).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic.jpg" title="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic_s.jpg" alt="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a> Rodolphe Reuss est manifestement consterné par la crédulité et les préjugés des gens de cette époque. Il parle du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malleus_Maleficarum" hreflang="fr">Marteau des Sorcières</a></em> comme d'un « monument prodigieux de la bêtise humaine ». Il sait bien que son lecteur du XIXè siècle ne croit plus à la sorcellerie, mais il sait que certains sont sceptiques sur l'ampleur ahurissante du phénomène. On sourit et on le sent gêné, quand certains passages des sévices subis sont trop obscènes pour être racontés « même en latin ».</p>
<p>On retrouve dans les pages quelques blessures personnelles de l'auteur. Plus d'une fois, il se plaint que certains documents ont été détruits par les « obus prussiens » en plein pendant la rédaction du livre : sa chère bibliothèque strasbourgeoise a été incendiée lors du très dur <a href="https://www.lalsace.fr/magazine-tourisme-et-patrimoine/2020/07/12/le-siege-de-strasbourg-en-1870-une-catastrophe-aussi-pour-le-genealogiste" hreflang="fr">siège de Strasbourg</a>. Il a ensuite dû quitter l'Alsace annexée. Il la verra à nouveau française — mais ses trois fils auront laissé la vie dans la Grande Guerre.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/857« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856« La Sinsé gravite au 21 » de Roland C.Wagnerurn:md5:95e68465a183e1bb95ef8ce52015a6ba2019-09-01T19:03:00+02:002020-02-08T17:46:56+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesconquête spatialeextraterrestreshumourlivres lusoptimismescience-fictionspace operaunivers <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/La_Sinse_gravite_au_21-Roland_C_Wagner.jpg" title="La Singé gravite au 21 (Roland C. Wagner)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/.La_Sinse_gravite_au_21-Roland_C_Wagner_m.jpg" alt="La Singé gravite au 21 (Roland C. Wagner)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Autant l’excellente uchronie <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/R%C3%AAve-de-gloire-de-Roland-C.-Wagner">Rêves de Gloire</a></em> semblait construite, complexe, fouillée et longue, autant le space-opera <em>La Sinsé gravite au 21</em> se lit comme rapidement du petit lait, sans se fatiguer, relaxant très agréablement les neurones.</p>
<p>Un héros à la Han Solo, une intrigue à multiples rebondissements plus ou moins crédibles, mais ça n’est pas vraiment le sujet, des idées farfelues à chaque page, des machinations à tiroir, un cosmos tel que je l’aime, débordant de vies, de civilisations et d’extraterrestres originaux, des robots futés, indociles voire gaulois, des méchants un rien caricaturaux sinon c’est pas drôle, une ribambelle de références plus ou moins masquées aux autres auteurs du domaine : c’est le dessus du panier de la SF tonique mais qui délasse. Comme tout livre du domaine vieux de 30 ans, tout le côté informatique est déjà dépassé mais ça n’a aucune importance.</p>
<p>Bref : à lire.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-Sins%C3%A9-gravite-au-21-%C2%BB-de-Roland-C.Wagner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/855«Red Inferno: 1945» de Robert Conroyurn:md5:6718b6cc69c4749960820df689367c222019-08-16T18:36:00+02:002023-08-26T18:54:21+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypsebombe atomiquecataclysmecatastrophechaoscivilisationcommunismecoup basEmpire soviétiqueespionnageEuropegigantismeguerreGuerre FroidegéopolitiquehaineimpérialismeLibérationracléeRussieSeconde Guerre MondialetotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Red_Inferno_1945.jpg" title="Red Inferno: 1945, de Robert Conroy"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Red_Inferno_1945.jpg" alt="Red Inferno: 1945, de Robert Conroy" class="media-left" /></a> Une uchronie qui aurait pu être excellente : et si, en mai 1945, Truman avait voulu marquer son territoire face à Staline, et que celui-ci avait surréagi ? L’Armée Rouge déferle alors sur l'ouest de l’Allemagne direction Anvers, et la Troisième Guerre Mondiale prend une toute autre tournure. <em>Red Inferno: 1945</em> se lit sans déplaisir mais il aurait mérité bien des pages supplémentaires.</p> <p>Le point de divergence est crédible. Dans la réalité, les Soviétiques se sont arrêtés à Berlin. Il y avait bien assez à digérer en Europe de l’Est pour une Armée Rouge épuisée. Mais les Américains n’ont même pas essayé de faire la course à la capitale allemande. (Si les Nazis avaient été rationnels, ils auraient mis les pouces après la perte de la Ruhr.)</p>
<p>Staline, grand paranoïaque, aurait pu vouloir prévenir une trahison des Anglo-Saxons, et attaquer. Une raison supplémentaire était la bombe atomique dont il connaissait l’existence : il fallait frapper <em>avant</em> qu’elle soit fonctionnelle.</p>
<p>Quelques unités américaines, mêlées à des civils allemands ou autres, se retrouvent donc assiégées à Potsdam, près de Berlin, pendant que le gros des armées alliées recule en bon ordre, posément, jusqu’au Rhin. Dans cette enclave, la romance entre un sergent et une Allemande est le fil rouge du livre.</p>
<p>Aux États-Unis, autre romance entre deux fonctionnaires, un universitaire antithèse d’Indiana Jones, qui va se retrouver vite près des hautes sphères, et une Russe blanche. Le côté fleur bleu est trop vite mené, et le suspens lié au risque d'espionnage vite éventé.</p>
<p>Si les histoires de nombreux autres personnages alimentent l’intrigue, ce sont presque tous des militaires, du simple tankiste ou pilote à Ike ou Staline. Ne sont que très furtivement évoqués le cauchemar vécu par les civils ou le sort des millions de prisonniers et déportés de tous bords, perdus dans une Allemagne encore plus chaotique que celle que nous avons connue, ou encore les interrogations des civils, comme les dilemmes des communistes parmi les Alliés... La mécanique militaire et les scènes de combat semblent cohérentes à mes yeux de béotien nourri à <em>Guerres & Histoire</em>, même si on doit pouvoir pinailler sur tel ou tel détail<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Les discussions entre haut gradés sont un peu trop didactiques, mais il en faut bien. Les Soviétiques sont caricaturaux (il n’y en a pas un pour racheter l’autre, de Staline aux tankistes), même si l’ambiance à cette époque <em>était</em> caricaturale. Les personnages n’ont guère le temps d’évoluer.</p>
<p>Sur un thème pareil (une Guerre Mondiale, plusieurs continents), il aurait fallu de nombreuses autres pages sur la masse de conséquences périphériques que la nouvelle situation entraîne. Notamment : l’armée allemande existait encore en 1945, et la manière dont elle aurait pu jouer un rôle n’est traitée que trop vite, du côté américain. Bref, les Allemands sont sous-utilisés et l’on ne rencontre que les plus « respectables », pas les SS (il auraient pu faire chanter les Alliés, par exemple, avec d’effroyables conséquences). Les Japonais n’ont droit qu’à quelques lignes. Les communistes en France, Angleterre, Italie... et les remous sociaux associés ne sont que trop vite traités (à mon avis, en France, on aurait dérivé vers la guerre civile), mais la logistique américaine en aurait massivement souffert. Les pays périphériques sont oubliés. Quant aux membres du projet Manhattan, quel aurait été l’impact de cette guerre sur leur motivation ? Qu’auraient pensé les espions soviétiques les plus idéalistes ?</p>
<p>On voit venir le dénouement à des kilomètres, tellement évident que Staline a effectivement dû le deviner dans la réalité. Les conséquences (titanesques, qui auraient été très ouvertes) sont trop vite évacuées.</p>
<p>Bref, j’ai eu l’impression de lire une version <em>vintage</em> de <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%AAte_rouge">Red Storm Rising</a></em> de Tom Clancy, qui décrivait une attaque soviétique en 1986, de manière trop militaire aussi, et où tout s’enchaînait de façon <em>trop</em> logique. Les guerres actuelles sont certes aussi implacables que des rouleaux compresseurs, mais elles ne se déroulent jamais comme prévu sur les plans.</p>
<p>Cela dit, c’est une uchronie agréable, bien construite, sans temps mort.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Toutes les critiques en lignes relèvent l’attaque de l’URSS en 1940 et non 1941, une erreur de base. Mais après tout le point de divergence réel aurait pu être antérieur à1945...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/854„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbachurn:md5:4398784936b629e8bc092eadc52694c42019-08-04T19:09:00+02:002023-08-26T18:51:44+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAllemagneapocalypsechaosmicroéconomiemortSeconde Guerre Mondialeéconomie <p>C'est un <em>krimi</em>, lu en VO, et à ma connaissance non traduit. Non germanophones, passez votre chemin<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ou restez, vous ne lirez ceci nulle part ailleurs. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" title="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" alt="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach" class="media-left" /></a></p>
<p>Les polars se ressemblent souvent, j’en lis peu. L’intérêt de celui-ci : le lieu et l’époque. L’Allemagne était sans doute un des pires endroits en 1946 : ruinée, détruite, occupée, affamée, parcourue de bandes de <em>displaced persons</em>, et sans nouvelles de millions de prisonniers. À Mayence, sous occupation française, les gens meurent littéralement de froid. La viande, l'alcool ou le vrai café sont rarissimes et précieux. Le trafic et les petites combines sont généralisés, question de survie.</p>
<p>Né à Mayence, vétéran de la guerre d’Espagne et de la Résistance (française, oui), le commissaire Koch arrive dans les rangs d’une police saignée par la guerre et la dénazification, et minée par la corruption due à la pénurie généralisée.</p>
<p>Premier cas : un gardien a été tuée par un raid sur un entrepôt. On suspecte un bourgeois local, quasi-chef de bande, au centre de trafics en tout genre, mais intouchable par ses nombreuses relations, y compris chez les officiers français.</p>
<p>Second cas : un jeune homme assassiné, sans doute pour quelque morceaux de viande. Lui aussi trafiquait-il ?</p>
<p>Ce ne seront pas les derniers cadavres. Koch devra faire le lien avec une femme du quartier, sans nouvelle d'un mari prisonnier en Sibérie, dont le fils, amputé, agonise, et pour qui elle trahira toutes les règles. Le point de vue de cette <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines">Trümmerfrau</a></em> alterne tout le livre avec celui de Koch.</p>
<p>Koch devra aussi démêler tout ça avec un adjoint doué mais débutant, un collègue vieux briscard et un voisin alcoolique aux activités louches ; parfois sans voiture, toujours sans le soutien de son chef.</p>
<p>Les relations troubles, les nazis encore présents, les éternels problèmes d'approvisionnement, le pessimisme de ceux qui ne croient pas à une vie meilleure dans le futur s'égrènent tout le livre, parfois contrebalancés par quelques lueurs d'optimisme : un printemps qui arrive ou une université qui rouvre.</p>
<p>Page des romans de l'auteur :
<a href="https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211" hreflang="de">https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211</a> (ô joie, il y a deux suites !)</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Et là disparaît 90 % de mon misérable lectorat.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/853« La campagne du Rhin : Les Alliés entrent en Allemagne (janvier-mai 1945) » de Daniel Feldmann & Cédric Masurn:md5:c68ad5398703e89ace8912eae64179472019-02-03T18:50:00+01:002020-02-08T17:50:24+01:00ChristopheHistoireAllemagneAlsaceAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmechaoscomplexitédéshumanisationEuropegigantismeguerre saintegéographiegéopolitiquehainehistoireHistoire de FrancehiérarchieimpérialismejusticenationalismeorganisationracléeSeconde Guerre MondialetempsténacitéÉtats-Unis<p>(<em>Encore une chronique de mes lectures, pour changer...</em>)</p>
<p><a href="https://www.economica.fr/livre-la-campagne-du-rhin-janvier-mai-1945-feldmann-daniel-mas-cedric,fr,4,9782717868807.cfm"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.feldmann-mas-campagne-du-rhin_m.jpg" alt="feldmann-mas-campagne-du-rhin.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Il n’y avait apparemment pas de livre dédié aux opérations des Occidentaux début 1945. Le sujet intéresse moins que le rouleau compresseur russe à l’Est, la prise de Berlin, ou la décision d’Eisenhower de ne <em> pas</em> aller à Berlin. Ce livre, assez austère mais relativement facile à lire pour l’amateur éclairé, comble le vide. La vision est plus celle des états-majors, globale et technicienne, que celle anecdotique du soldat de terrain.</p>
<p>Il s’agira essentiellement ici des armées anglo-américaines, et de la canadienne.</p> <p>Quelques chapitres parle de la petite armée française, pas vraiment en bien. C’est un mélange instable de Français libres, d’unités de l’armée de Vichy de France ou d’Afrique du Nord ayant rejoint les Alliés parfois assez tard, de troupes nord-africaines aguerries, et d’anciens FFI courageux mais sans formation militaire. Le manque de matériel est complet et la dépendance envers les Américains totale. Son chef, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De Lattre" hreflang="fr">https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Lattre_de_Tassigny</a> aura besoin d’eux pour réduire la poche de Colmar et ne semble pas vouloir ce qu’il veut en Forêt Noire et à Stuttgart. Leclerc et la 2è DB préféreront être sous les ordres d’un général américain.</p>
<p>Quant aux Russes, ils sont de l’autre côté, rouleau compresseur en train de broyer la Wehrmacht et de conquérir l’Europe de l’Est. Rappelons que pendant que les Occidentaux débarquaient en Normandie, il entamaient la reconquête de la Pologne (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bagration" hreflang="fr">opération Bagration</a>). Fin 1944, ils ont déjà entamé la conquête de terres allemandes.</p>
<h3>Les généraux</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dwight_D._Eisenhower" hreflang="fr">Eisenhower</a> le diplomate, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Montgomery" hreflang="fr">Montgomery</a> l’égocentrique... : tous sont alors connus, environnés de journalistes, et très conscients à l’époque d’écrire l’Histoire. Les rivalités plus ou moins sportives entre généraux s’ajoutent à la rivalité anglo-américaine : les calculs politiques en vue de l’après-guerre s’additionnent au besoin de gloriole et de prestige. Les auteurs sont assez critiques, et tout le monde au sommet en prend pour son grade.</p>
<p>Les moyens et les choix d’offensive sont en permanence arbitrés entre le front nord (anglo-canadien) et centre et sud (américain), et des unités américaines passent alternativement d’une armée à l’autre selon les besoins. S’ajoute le style : Montgomery aime préparer ses offensives et réclame toujours plus de forces ; les Américains ont plus de moyens, plus de chance aussi dans leurs adversaires (les dernières unités allemandes sont très inégales), et foncent volontiers.</p>
<h3>Situation fin 1944 & plan de bataille</h3>
<p>Fin 1944, après une difficile percée en Normandie, un débarquement en Provence, les armées alliées ont reconquis rapidement presque toute la France et la Belgique. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Ardennes" hreflang="fr">bataille des Ardennes</a> en décembre 1944 est la dernière grande offensive de la Wehrmacht à l’Ouest, péniblement repoussée. Si celle-ci n’a ensuite plus les moyens de rééditer une telle opération, cela ne veut pas dire que la suite sera un chemin pavé de rose.</p>
<p>Le front début janvier 1945 suit à peu près les frontières allemandes de 1939. Au nord, les Allemands tiennent encore de gros morceaux des Pays-Bas, dont l’embouchure du Rhin. Au sud, la bataille continue en Alsace : Colmar et Rouffach sont encore occupés, et Wissembourg le redevient (l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a> ramène la Wehrmacht jusque Haguenau).</p>
<p>La supériorité matérielle alliée est totale : chars, canons, avions, hommes, et aussi pétrole, à l’est comme à l’ouest. Dans les airs, la Luftwaffe use ses dernières réserves. La coordination interarmes alliée est rodée.</p>
<p>On a gardé l’image d’une armée alliée aux moyens inépuisables, mais ce moment est une crise. D’abord la logistique est cauchemardesque, mais cela s’arrangera quand le port d’Anvers sera à nouveau opérationnel. L’armée britannique est expérimentée mais l’Angleterre est épuisée et les effectifs manquent, il faut même dissoudre des divisions. Même l’armée américaine a des problèmes de remplacement : les pertes en France ont été plus importantes que prévues, et les troupes disponibles sont déjà toutes en ligne. Mais comme 13 % seulement des 2,7 millions d’hommes sont des troupes offensives, une réorganisation et l’embauche de civils pour certaines tâches permettra de parer au problème.</p>
<p>La météo est exécrable, avec un hiver rigoureux. Les périodes de redoux ne sont pas plus faciles, car la boue gêne les offensives d’ampleur et détruit les routes, parfois étroites. Pendant tout le livre revient le problème de faire passer des divisions entières par des chemins vite embourbés et saturés.</p>
<p>Le chemin pour la conquête de l’Allemagne n’est pas évident : des massifs montagneux comme l’Eifel sont difficiles à conquérir (les Américains s’y useront inutilement) ; des barrages permettent d’inonder des zones entières (autour de la Roer) ; la ligne Siegfried protège bien certains endroits ; la supériorité numérique n’est pas assez écrasante pour une attaque partout à la fois ; enfin les chemins faciles n’offrent pas de possibilité d’exploitation évidente vers des objectifs importants. Les raisons des choix stratégiques sont les parties les plus intéressantes du livre.</p>
<p>Assez vite se dégage l’idée qu’il vaut mieux conquérir toute la rive gauche du Rhin, et y détruire les dernières forces allemandes, avant de tenter de franchir le fleuve. La cible principale sera ensuite la Ruhr, poumon industriel de l’Allemagne.</p>
<p>Les auteurs s’attardent à décrire ce à quoi s’attendent les Allemands. Ils n’ont plus guère de réserves, mais n’abandonnent pas le terrain pour autant. Mais le renseignement est défaillant et la coordination des unités n’est plus ce qu’elle a été. Les ordres débiles d’Hitler de ne jamais reculer, fidèlement retransmis, parfois obéis, et la faible qualité des dernières recrues (trop jeunes, trop vieilles, inaptes...), en plus du manque de matériel et de carburant, obèrent toute initiative stratégique. Si beaucoup de divisions n’existent plus que sur le papier, quelques unités restent solides, le régime nazi tient le pays et punit de mort toute idée de reddition : la débandade générale n’interviendra qu’après le passage du Rhin.</p>
<h3>L’Alsace</h3>
<p>La poche de Colmar et plus globalement l’Alsace n’ont pas une grande importance stratégique, mais elles fixent beaucoup d’unités alliées. Au milieu d’un froid glacial, Français et Américains doivent d’abord repousser une attaque allemande (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a>) qui menace Strasbourg. Eisenhower prévoit même au début de l’abandonner avec tout le Bas-Rhin, à la fureur des Français. Il cède à la pression politique et fournit les troupes. Puis il faut reprendre Rouffach et Colmar, difficilement. L’armée allemande se retire par Brisach en bon ordre. Le front alsacien ne bougera plus avant le printemps.</p>
<h3>La Rhénanie</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public.png" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public_m.png" alt="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " /> </a></p>
<p>C’est le 8 février, par Nimègue et l’extrême nord, qui a l’avantage d’être plat et dépourvu de cours d’eau, que démarre l’invasion de la Rhénanie par les Anglo-Canadiens (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Veritable" hreflang="fr">opération Veritable</a>). Malgré une longue préparation, ils tombent sur des troupes allemandes de qualité et bien commandées, et l’avancée est très difficile.</p>
<p>Les Américains entrent un peu plus tard en lice au sud, depuis l’extrême sud de la Hollande. Ils auront auparavant eu du mal à sécuriser les barrages de la Roer, et seront ralentis par les inondations provoquées par les Allemands. La suite sera pour eux plus facile que pour les Anglais, et un rouleau compresseur impeccablement huilé se déploie sans anicroche jusqu’au Rhin et Düsseldorf.</p>
<p>Ces opérations détruisent en un mois les dernières capacités allemandes à l’ouest. Ce sont des unités très diminuées qui retraitent derrière le Rhin.</p>
<p>Les auteurs étudient la décision de ne pas profiter du succès pour franchir le Rhin tout de suite : sécuriser la tête de pont et mener l’exploitation aurait nécessité trop de troupes, sans compter la difficulté de batailles dans la zone urbaine de la Ruhr.</p>
<h3>Remagen</h3>
<p>Début mars, Patton profite de l’effondrement allemand pour sortir enfin du massif de l’Eifel, encore un peu plus au sud (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Lumberjack" hreflang="fr">opération Lumberjack</a>), et border le Rhin jusqu’à la Moselle, Bonn et Coblence. La progression est si facile et rapide qu’un pont, par chance et incompétence allemande, tombe aux mains des Américains à Remagen. Ce n’est pas le meilleur endroit pour créer une tête de pont, mais Eisenhower donne l’autorisation de consolider la tête de pont. Le point de franchissement du Rhin n’a donc pas été planifié, les Alliés s’attendaient à ce que tous les ponts aient été détruits !</p>
<p>Les Allemands ont beau faire, ils ne repoussent pas la tête de pont américaine. L’impact n’est pas tant stratégique que psychologique : la Wehrmacht ne peut même plus espérer souffler un temps derrière le Rhin.</p>
<h3>Sarre & Palatinat</h3>
<p>Les Allemands sont encore au sud de la Rhénanie, à la frontière française, car évacuer ce saillant impliquerait de perdre le charbon de la Sarre. Les armées de Patton et Patch s’enfoncent facilement au nord de la Lorraine et du Bas-Rhin, si vite qu’elles se croisent involontairement (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Undertone" hreflang="fr">opération Undertone</a>).</p>
<h3>Le franchissement du Rhin</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Crossing_of_the_Rhine.jpg" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Crossing_of_the_Rhine_m.jpg" alt="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" /></a></p>
<p>La suite est une longue agonie pour les Allemands. La logistique de l’opération britannique au-dessus du Rhin, nommée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Travers%C3%A9e_du_Rhin" hreflang="fr">Plunder</a>, avec divisions aéroportées, est massive, même surdimensionnée. Les auteurs expliquent que les Anglo-Américains n’ont jamais eu de progression aisée, que Montgomery veut tirer la couverture médiatique à lui, et effacer son premier échec sur le Rhin à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Market_Garden#Arnhem_2" hreflang="fr">Arnhem</a> en 1944.</p>
<p>En face, la plaine est défavorable à la défense. Si les effectifs allemands font encore illusion, il n’y a plus guère d’officiers expérimentés ni d’armes ni de munitions. Les Anglais doivent combattre mais leur organisation est impeccable et leur progression est rapide.</p>
<p>Les Américains de leur côté ne prennent aucun repos et, en plus de Remagen, franchissent le Rhin plus au sud également, et eux sans préparation, par un « coup de main » ! Patton veut là avoir un prétexte pour éviter de prêter des divisions à l’opération de Montgomery, et faire pièce au succès de ce dernier ; mais il a aussi raison de vouloir profiter d’une défense devenue presque inexistante. Mais par endroit les Allemands s’accrochent encore et les envahisseurs doivent être prudents.</p>
<p>Au final, la Ruhr finit encerclée par les deux armées le 3 avril. Le Reich n’a plus d’industrie.</p>
<h3>Après la Ruhr</h3>
<p>Les Alliés n’ont jamais cherché à battre les Soviétiques dans la course à Berlin. Pourtant, la Ruhr prise, c’était le dernier objectif possible, politique cette fois. Cette décision, prise très tardivement par Eisenhower, a fait couler beaucoup d’encre. Un éventuel « réduit alpin » (condamné d’avance, mais avec les nazis on ne sait jamais) n’aurait pas mobilisé beaucoup de troupes. Les coûts et l’impact sur l’après-guerre étaient des décisions politiques, pas militaires.</p>
<p>Après bien des explications vient la théorie des auteurs : Eisenhower a décidé pour une fois d’affirmer son autorité, a favorisé l’armée de son ami et compatriote Bradley, et ne voulait pas que Montgomery entre à Berlin (les troupes britanniques étaient les mieux placées pour cela). Roosevelt mourant, c’est une période de flottement, et Churchill ne peut changer faire changer d’avis Marshall, seul supérieur d’Eisenhower.</p>
<p>Les Anglo-Canadiens se sont donc contentés de foncer sur la Baltique pour barrer l’accès au Danemark aux Soviétiques. Les Américains ont poussé jusqu’à Leipzig. Au passage ils découvrent les camps de concentration, ce qui ôtera ensuite à certains leurs scrupules à bombarder des villes (Erfurt).</p>
<p>La résistance allemande subsiste ponctuellement, désorganisée, mais l’organisation étatique nazie ne s’effondre jamais. Il faudra attendre la mort d’Hitler pour que Dönitz signe la capitulation. Les détails précis de l’agonie de l’Allemagne ne sont pas le sujet ici -- là-dessus j’avais déjà chroniqué l’excellent <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw">The End</a></em> de Kershaw.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>Dans cette histoire m’ont frappé les dissensions entre généraux des trois nationalités, leurs mesquineries dignes de cours d’école. Celles-ci n’ont cependant pas eu d’effet sur les opérations. Bref, les Allemands n’avaient aucune chance contre le rouleau compresseur anglo-américain, très bien huilé techniquement, que la logistique n’a plus bridé en 1945.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-campagne-du-Rhin-Les-Alli%C3%A9s-entrent-en-Allemagne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/852Francis Carsacurn:md5:a1a4641b796f8db94b9580b910c9c2502018-09-14T18:30:00+02:002021-08-12T10:10:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanthropomorphismeapocalypsecataclysmecatastrophecivilisationcolonisationcommunicationconquête spatialedéshumanisationextraterrestresimpérialismelivres lusmulticulturalismenationalismeracismesciencescience-fictionsociétés primitivesspace opera<p>Il y a 13 ans, dans un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/./lectures/liste_livres_lus.html">autre recoin de ce coin de web</a>, j'écrivais à propos de <em>Ce monde est nôtre</em> :</p>
<blockquote><p>C’est un vieux classique par un vieux routard de la SF française des années 60, et la suite de <em>Ceux de nulle part</em>, que j’ai apprécié en tant qu’ado. Ici revient l’intrigue assez classique d’un explorateur d’une civilisation intergalactique plongé dans une guerre sur une planète médiévale. Pas trop mal mené, mais les thèmes et surtout le style ont mal encaissé les années.</p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_1.jpg" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_1_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" /></a> Adolescent, j'aimais bien les trois Carsac que j'avais lu, notamment dans un recueil du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_du_livre_d%27anticipation">Club du Livre d'Anticipation</a> de mon père, entre les <em>Robots</em> d'Asimov et <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt">l'Empire de l'Atome</a></em> de Van Vogt. L'été dernier, j'ai trouvé chez beau-papa l'intégrale parue il y a 20 ans chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lefrancq_(maison_d%27%C3%A9dition)">Lefrancq</a> et je lui ai empruntée.</p>
<p>Sur la forme : cette intégrale contient moultes coquilles, quelques bout de phrases déplacés, des sauts de paragraphe manquants et même une mention erronée de <em>Terre en fuite</em> sur le tome 1 (à la place de <em>Ce monde est nôtre</em>). Je sais certes que l'on peut relire mille fois un texte et qu'il restera toujours des coquilles, mais bon. De plus, les commentaires du fils de l'auteur, pas inintéressants dans le tome 1 pour éclairer un peu l'œuvre, manquent totalement du tome 2.</p> <ul>
<li>Pour la biographie de Carsac, plus connu en fait sous son nom de François Bordes, paléontologue reconnu : <a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">voir Wikipédia</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour une liste détaillée des œuvres avec les couvertures originales au mythique Rayon fantastique : <em>cf</em> le blog <em><a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">En terre étrangère</a></em>.</li>
</ul>
<p>Les différents romans sont parus dans les années 1950 et 60, et en portent la marque, différemment. Je fais parfois mon blasé parce que j'ai lu beaucoup depuis de choses publiées entre temps, mais, globalement, on reste sur le dessus du panier de la SF française de l'époque. Et bonne nouvelle : chaque roman est meilleur et plus complexe que le précédent. Les trois dont je me souvenais depuis le siècle dernier (<em>Les robinsons du Cosmos</em>, <em>Ceux de nulle part</em>, <em>Ce monde est nôtre</em>) le méritaient.</p>
<p>Par ordre plus ou moins chronologique :</p>
<h3>Sur un monde stérile</h3>
<p>Un groupe de jeunes amis embarquent dans l'astronef fabriqué en secret dans son garage par l'un d'eux, débarquent sur Mars sans préparation, sinon des armes, beaucoup d'armes, et rencontrent trois peuplades martiennes qui se livrent une guerre éternelle. Comme il est très clair d'entrée qui sont les beaux et gentils et qui sont les affreux et méchants, ils prennent parti, sinon le commandement, et participent au génocide final des mauvais.</p>
<p>C'est typiquement l'œuvre de jeunesse (écrite vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui doit expliquer des choses) sortie des fonds de tiroir bien plus tard, sans intérêt autre que comme témoignage d'une époque. Le scénario ne manque pas de rythme mais l'histoire est prévisible, le manichéisme brutal, le savant un peu trop génial, et la psychologie des personnages basique. L'enchaînement des opérations militaires lasse. Carsac lui-même n'aimait pas ce roman de débutant qui n'a pas été publié de son vivant.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile.jpg" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile_m.jpg" alt="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" /></a></p>
<h3>Les robinsons du Cosmos</h3>
<p>Par contre, cette histoire a marqué mon adolescence, en partie par les dessins de Moebius dans l'édition du Club. Il paraît qu'elle eut un grand succès en Union Soviétique à l'époque.</p>
<p>L'idée n'est pas bête, de déporter un village entier sur une autre planète, par un tour de passe-passe soudain dans l'espace-temps. (Cela rappelle un peu un vieil Hamilton, <em><a href="https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146560676">la Ville sous Globe</a></em>, mais l'histoire est plus intéressante, les personnages moins caricaturaux et les filles sont armées.) Comme dans toute bonne SF post-apocalyptique, les ennemis les plus dangereux ne sont pas les hydres volantes ou les indigènes, mais d'autres humains, et cela d'entrée.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" /></a> Ce problème réglé, nos déportés explorent et s'installent, rencontrant une peuplade de centaures, et on tombe plus ou moins dans le roman d'exploration-colonisation à la gloire des ingénieurs et techniciens.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" /></a>J'ai été un peu agacé par ce côté « dictature éclairée des scientifiques », très fréquent chez Carsac, ainsi que par le sort très expéditif réservé aux « méchants » (mais je n'ai pas combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale comme l'auteur, moi). Comme je cherche toujours la petite bête, je suis un peu resté sur ma faim sur le côté pratique (à partir d'un gros village et d'une usine, comment reconstruit-on une civilisation ? à quoi doit-on renoncer ?). Le narrateur est un dirigeant, un scientifique-qui-sait, la piétaille reste dans l'ombre.</p>
<p>Malgré ces peccadilles, une bonne lecture.</p>
<h3>Ceux de nulle part</h3>
<p>Voici un autre très bon souvenir de lecture de jeunesse que j'ai relu avec plaisir. Écrit en pleine mode des soucoupes volantes, <em>Ceux de nulle part</em> relate l'enlèvement, un peu par hasard, du docteur Clair par des extraterrestres (les Hiss, quasi-humains à peau verte, pour ne pas faire original), et la découverte de leur civilisation et de celle des planètes amies.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" alt="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" /></a>Civilisation où le bon docteur prendra une place importante, puisqu'il est de la première espèce à sang rouge découverte par ses kidnappeurs ; particularité qui le rend insensible au rayonnement des maléfiques misliks.</p>
<p>Les misliks sont constitués de métal pur, éteignent les étoiles, et sont une des meilleures inventions de Carsac : l'Ennemi, le Mal absolu, qui éteint la lumière et la vie, qui nous est totalement étranger, avec qui on ne pourra jamais trouver d'arrangement. (Dans la fameuse <a href="https://spacearchaeology.org/?p=79" hreflang="en">classification des aliens d'Orson Scott Card</a>, ils seraient les « varelses » ou même les « djurs », quand les hiss et leurs nombreuses espèces amies sont des « ramens », voire plus proches encore).</p>
<p>Civilisation intergalactique pacifique, chocs culturels, traditions différentes, mélange même des espèces, puisque Clair rencontre une charmante quasi-humaine d'Andromède (sans surprise, le charme exotique opère), sans supériorité humaine : était-ce si fréquent dans la SF française des <em>fifties</em> ?</p>
<h3>Ce monde est nôtre</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" alt="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" /></a><em>Ceux de nulle part</em> pourrait être vu comme une longue introduction à l'univers de <em>Ce monde est nôtre</em>, dont la thématique commence à être nettement plus complexe.</p>
<p>Quelques siècles après l'arrivée de Clair chez les Hiss, un de ses descendants, Akki, a pour tâche d'inspecter les planètes encore barbares. L'une d'elle, au stade médiéval, est peuplée de deux civilisations humaines ennemies, plus une troisième proche des Hiss. Or la loi de fer de la grande civilisation galactique et paternaliste est impitoyable : il ne doit y avoir qu'une humanité par planète — l'expérience montre que, sinon, cela finit toujours par dégénérer. Quels peuples vont devoir être déportés sur une autre planète ? Pour tous, cette terre est celle de leurs ancêtres, ils sont chez eux.</p>
<p>Très loin de la neutralité, Akki va se faire entraîner dans la politique interne d'un camp — évidemment il y a une jeune et belle duchesse en danger — puis la guerre entre les deux factions humaines, pour commencer. Enfin arrivera le choix de ceux qui resteront et ceux qui partiront.</p>
<p>C'est bien mené, on est loin du scénario linéaire, les personnages se cassent le crâne à savoir quelle est la chose juste à faire, et il n'y a pas de solution miracle. Le chapitre final est de trop, et je suis un peu dubitatif sur cette grande et sage civilisation galactique qui s'autorise à génocider les peuples les plus agressifs.</p>
<p>On a vu des relents de guerre d'Algérie dans cette histoire pourtant écrite avant, mais le fils de Francis Carsac explique qu'il s'agit plutôt d'un parallèle avec la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers" hreflang="fr">Guerre des Boers</a>. Hélas, on peut tracer un parallèle avec un très grand nombre de zones de conflits passés et présents, probablement futurs.</p>
<p>Bref, une bonne lecture aussi sur un thème éternel.</p>
<h3>Terre en fuite</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72.jpg" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72_s.jpg" alt="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" /></a>Roman un peu bâtard, un peu énervant par le côté « je suis un super-scientifique et je deviens le dictateur qui sauve l'humanité » (ah, si c'était même possible !). Un homme d'un futur lointain s'incarne dans un ingénieur de notre époque, et raconte son épopée, rien moins que la migration de la Terre et de Vénus, transformés en vaisseaux spatiaux, autour d'une autre étoile.</p>
<p>Les histoires s'enchaînent comme des épisodes différents sans grand fil conducteur, les problèmes techniques sont vite évacués, les opposants sont d'infâmes fanatiques sans subtilité, le reste de la population est docile, et comme souvent j'ai l'impression qu'elle n'existe pas vraiment. Je l'avais lu il y a bien longtemps, je comprends pourquoi il m'a laissé un souvenir flou.</p>
<h3>Pour patrie, l'espace</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" alt="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" /></a>Bien plus complexe est l'histoire de ce militaire d'élite d'un Empire terrien en pleine guerre civile, recueilli par une civilisation d'astronefs-villes nomades, à tendance anarchistes, où on lui fait bien comprendre qu'il est un plouc. Mais on a besoin de ses qualités militaires et techniques.</p>
<p>Le choc culturel est violent, les relations avec la gente féminine pleines de méfiance. Racisme, égoïsme, tout y passe. Peut-être peut-on reprocher un manque de subtilité, mais ce militaire n'est <em>pas</em> subtil.</p>
<p>Ce n'est pas déplaisant. Il y a une <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/07/27103626.html">chronique enthousiaste sur SF Emoi</a>.</p>
<h3>La vermine du lion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_2.gif" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_2_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" /></a>Cette dernière histoire est la plus longue, dense et complexe écrite par Carsac (surtout avec les deux prologues, ajoutés par la suite si j'ai bien compris). Fondamentalement en fait, c'est un mélange de western (Carsac était fan) et de roman d'aventure coloniale, transposé dans le futur, sur une autre planète ; où l'on rejoue une fois de plus le thème de la très méchante méga-entreprise sans âme qui veut exploiter une planète en pressurant ses employés, en soudoyant les colonialistes au gouvernement, et en liquidant les autochtones s'ils gênent, quitte à encourager leurs dissensions internes et manipuler leurs fanatiques religieux. Cela pourrait se passer au XIXè siècle comme de nos jours, et devait résonner d'autant plus fort à l'époque de la décolonisation. En fait, la science-fiction n'apporte pas grand-chose à cette histoire.</p>
<p>Notre héros est la caricature du surhomme à la Carsac, physiquement et mentalement, devenu un cow-boy redresseur de tort, défenseur de ses amis les « sauvages » sans trop d'égard pour la loi et les grands principes vus les enjeux. Il est flanqué d'un lion intelligent, fort pratique pour se défendre ou livrer une justice expéditive, mais un peu sous-exploité. L'histoire est parasitée par plusieurs dames qui ne peuvent rester insensibles à son charme, aux motivations parfois floues. Hélas, là encore, Carsac ne semble savoir résoudre les problèmes de cœur de ses personnages que par l'élimination physique de certains protagonistes. Pour ce dernier roman, il ne se croit pas obligé au <em>happy end</em>.</p>
<p>Je fais la fine bouche, mais je suis d'accord avec la chronique ébahie de <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/10/27121855.html">SF Emoi</a>.</p>
<h3>Nouvelles</h3>
<p>Le tome 2 de l'intégrale se finit par quelques nouvelles, un peu inégales, en taille comme en valeur ou en originalité, mais pas désagréables. Beaucoup tournent autour du voyage dans le temps jusque l'époque paléolithique (la spécialité de François Bordes) et du choc entre hommes civilisés et « sauvages ».</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Francis-Carsac#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/851« Quoi de neuf ? » (”The Shock of the Old”) de David Edgerton : du rôle des techniques dans l'histoire globaleurn:md5:4205507f449fd68c860c1dfa7b4079c02018-08-22T12:37:00+02:002020-02-08T17:52:55+01:00ChristopheScience et conscience<p>Ce livre remet quelques pendules à l'heure sur la technologie, l'innovation, la
globalisation. Certains diront qu'il enfonce quelques portes ouvertes, mais le
discours futuriste de nombreux gourous sur l'innovation perpétuelle,
le monde qui devient petit, les peuples qui se rapprocheront,
la guerre qui va devenir impossible, etc. se répète en gros à chaque génération et a
tendance à devenir dominant, alors qu'il est souvent faux.</p>
<p>David Edgerton voit donc plus une
histoire de la technique sous l'angle de l'utilisation que de l'innovation,
englobant aussi le quotidien et les populations des pays les plus pauvres.</p> <p>(<em>Comme d'habitude, l'italique indique un commentaire personnel, le reste tentant un résumé objectif.</em>)</p>
<ul>
<li>L'innovation ne génère pas forcément croissance et emploi : une bonne partie des inventions finissent dans l'oubli.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les inventions les plus médiatiques (pilule, informatique, bombe atomique, aviation...) ne sont pas forcément celles qui ont le plus changé le monde, du moins lors de leur invention. <br />Par exemple, le train à la fin du XIXè siècle n'a que modérément accéléré une croissance américaine déjà très rapide ; et Bill Gates a-t-il plus changé le monde que Ingvar Kamprad (Ikea) ? (<em>Et ne parlons des inventeurs du container pour cargo, des frigos et des machines à laver.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>En effet, on oublie souvent l'effet de substitution : le monde aurait pu utiliser d'autres technologies, oubliées ou plus anciennes. Par exemple, la pilule n'était pas le seul contraceptif et la révolution sexuelle aurait pu avoir lieu sans elle. Il y eut de nombreuses machines à calculer avant les ordinateurs, et il y a toujours plusieurs moyens de produire de l'énergie. La technologie qui se généralise n'est parfois que marginalement meilleure que les autres. Et parfois le rapport de force s'inverse (la voiture électrique revient après plus d'un siècle).</li>
</ul>
<ul>
<li>Les techniques de substitution réapparaissent parfois comme techniques de réserve en cas de défaillance de la technique plus moderne : un exemple est le carburant synthétisé, faute de pétrole, à partir du charbon dans l'Allemagne nazie ou l'Afrique du Sud de l'apartheid.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines des inventions sont contre-productives sur le court terme : fin 1945, le V2 tout comme la bombe atomique pouvaient être considérés comme deux moyens effroyablement coûteux de faire de que l'on savait déjà faire avec des bombardiers classiques. Ce sont les versions suivantes de ces outils qui ont ouvert d'autres champs.<br />Autre exemple : Concorde, médiatique mais un échec total en terme d'utilisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>La date d'apparition d'une invention n'a pas forcément de lien avec le moment où elle est réellement utile. Une histoire des techniques qui se limite aux dates d'invention et aux brevets n'a pas forcément de lien avec le développement ou la croissance.</li>
</ul>
<ul>
<li>Si une invention se répand, ce n'est pas forcément dans le pays ou même l'époque de son invention. <br />(<em>Exemple personnel : il a fallu un siècle entre l'invention du téléphone et le moment où mes parents ont enfin pu l'avoir, et ce dans un pays riche.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Une bonne partie de la croissance provient de la simple généralisation de technologies déjà présentes, sinon périmées, dans le « monde riche ». Le frein principal à la diffusion est souvent l'argent.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas les premiers à vivre une ère de transformations techniques massives, cela fait quelques temps que cela dure, et la croissance extrêmement rapide des Trente Glorieuses ne doit pas être prise pour une règle.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une partie de l'innovation, dans les pays moins développés, consiste à mixer des apports étrangers avec les contraintes matérielles locales (« créolisation »). Certaines inventions se diffusent entre ces pays (exemple du pousse-pousse japonais de 1900 encore visible dans certains pays). <br />À l'inverse, ces pays peuvent adopter une technologie étrangère en s'adaptant de manière parfois surprenante aux besoins et contraintes en maintenance (penser notamment aux trésors d'ingéniosité dépensés pour maintenir des voitures importées en état de marche sans argent ni pièces).</li>
</ul>
<ul>
<li>L'essentiel des ingénieurs et techniciens ne se consacre pas à l'innovation, comme le veut le cliché, mais à la maintenance. Les gains de productivité sont bien plus faibles sur l'entretien que sur la production en série d'appareils neufs. <br />La réduction des coûts de maintenance se fait sur le long terme, avec l'amélioration des produits neufs et l'expérience acquise par les utilisateurs et techniciens (exemple : la durée d'utilisation croissante des moteurs d'avion). <br />Un cas extrême, les cuirassés au XXè siècle, montre que la rénovation peut prolonger très longtemps la durée de vie d'un outil.</li>
</ul>
<ul>
<li>L'entretien de produits importés dans les pays en développement est un moyen pour ceux-ci d'acquérir des compétences pour devenir eux-mêmes producteurs (exemple des bicyclettes japonaises), parfois forcés par des guerres ou des restrictions économiques.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une part essentielle de la diffusion des technologies ne se fait pas au sein d'un pays mais au sein de sociétés multinationales.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les régressions technologiques ne sont pas rares. Un exemple récent : le démantèlement des bateaux par des ouvriers aux pieds nus en Inde et au Bangladesh. On peut citer aussi Concorde. <br />Parfois on se fait gloire de rééditer un exploit technique déjà réalisé des décennies auparavant (<em>Qu'est-ce que ce sera quand on retournera sur la Lune !</em>).<br />(<em>Je pourrais ajouter qu'on réinvente souvent la roue. C'est archi-fréquent en informatique.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La mondialisation aussi peut revenir en arrière : l'Angleterre de 1900 importait massivement de la viande d'Amérique du Sud ; ce n'est plus le cas grâce au Marché Commun.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une technologie « dépassée » peut rester massivement utilisée voire majoritaire malgré les apparences : la Wehrmacht de 1941 a attaqué la Russie avec plus de chevaux que Napoléon.</li>
</ul>
<ul>
<li>Elle peut même continuer à croître quand on la croit oubliée : la machine à vapeur était plus utilisée après 1900 qu'au XIXè siècle ; le cuirassé a été plus utilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale que pendant la Première ; nous consommons plus de charbon maintenant qu'en 1950 ; les plus gros paquebots et les trains les plus rapides sont construits de nos jours, malgré l'avion. David Edgerton cite aussi le câble ou la guillotine.<br /> (<em>Par contre, j'attends toujours le </em>revival<em> des dirigeables et des gros avions à hélice que </em>Science & Vie <em> me promet depuis que je suis gamin.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Si les médias ont leurs chouchous (biotechnologie, informatique...), les industries plus classiques (chimie, automobile...) restent encore loin devant en terme de montants investis en R&D.</li>
</ul>
<ul>
<li>L'armée, bien qu'en soi une force très conservatrice, est un moteur puissant d'innovation par ses besoins et ses subventions, et est à l'origine de nombreuses technologies civiles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un chapitre entier décrit l'évolution des techniques de mises à mort, humaines ou animales. Les abattoirs géants ne sont pas une nouveauté. Auschwitz n'avait rien de « moderne » et, au Rwanda, rien de plus compliqué qu'une machette ne fut nécessaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il ne faut pas opposer caricaturalement l'innovation à visée uniquement nationale (sinon autarcique), porteur parfois de régression, et le techno-globalisme (« le monde devient plus petit »). Les deux sont dans une certaine mesure faux.</li>
</ul>
<p>On l'a vu, les exemples fourmillent, au risque de noyer le propos dans une avalanche d'anecdotes, dont on se demande s'ils sont des règles ou des exceptions.</p>
<p>La traduction est approximative. Il y a un je-ne-sais-quoi dans le style qui m'énerve, et quelques coquilles (<em>condom</em> en français, c'est « préservatif », pas « condom »).</p>
<p>Cela dit, ce livre est très instructif. Nombre de ces idées sont à garder à l'esprit quand on décide des politiques de recherche ou de développement : il est idiot de nous consacrer tous à quelques technologies émergentes quand l'essentiel de l'économie continue de croître ailleurs.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Quoi-de-neuf-%C2%BB-%28%E2%80%9DThe-Shock-of-the-Old%E2%80%9D%29-de-David-Edgerton#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/850“On killing” du Lt. Col. Dave Grossmanurn:md5:278ef545df39d924228ba9c4a9076f5e2018-07-23T19:51:00+02:002020-02-08T17:52:37+01:00ChristopheHistoire<p>(<em>Pour donner une idée de mon retard en lectures, ce livre m'attendait depuis la Coupe du Monde, celle de 1998. Je le sors de la cave et la France gagne à nouveau. Il y a de ces coïncidences... Comme d'habitude, l'italique est avis personnel, le reste du texte tentant le résumé objectif.</em> )</p>
<h3>« Why can't Johnny kill ? »</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Dave_Grossman-On_Killing.jpg" title="On killing, de Dave Grossman"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Dave_Grossman-On_Killing.jpg" alt="On killing, de Dave Grossman" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="On killing, de Dave Grossman" /></a>L'argument de base est étonnant mais simple : les humains sont presque tous presque toujours incapables de tuer leurs congénères, y compris en pleine guerre, y compris si leur vie est menacée. Il faut une accumulation de facteurs pour qu'ils tuent. Et ceux qui le font en paient généralement le prix plus tard au niveau psychiatrique.</p> <p>Pour le militaire et psychologue américain Dave Grossman, la « killologie » est un domaine à peu près aussi important mais tout aussi délaissé que la saxualité d'il y a quelques décennies. Les études ne datent que de la Seconde Guerre Mondiale, qui pointent que la plupart des soldats, même entraînés, même en danger de mort sous le feu, évitent de tirer sciemment sur des êtres humains. Dans la Guerre de Sécession, de trop nombreux fusils ont été retrouvés chargés. Dans les batailles rangées des XVIè au XIXè siècle, les pertes au combat étaient ridicules comparées avec la puissance de feu théorique (les hécatombes pouvant s'expliquer par de longues batailles). Dans tous les cas, le nombre de munitions tirées pour chaque victime est hallucinant. Les exemples abondent, où des officiers devaient insister pour que leurs soldats tirent, et où des feux nourris se révèlent inoffensifs. Bien avant, Alexandre le Grand n'aurait perdu au combat que sept cent hommes.</p>
<p>La plupart des soldats se contentent de « postures » (au final, des menaces plus qu'une attaque), tirent sans viser quelqu'un, ou essaient de se trouver une autre tâche, même exposée au feu. Parfois ils se rendent. Tout ceci se retrouve jusque dans le comportement des animaux.</p>
<p>Une petite minorité de gens « agressifs », estimée à 2 % de la population, est capable de tuer sans remords. Ces gens ne sont pas moins pacifiques que les autres, mais peuvent tuer si la société approuve : ils fournissent les soldats les plus efficaces, les snipers, les forces de l'ordre.</p>
<p>La répugnance à tuer augmente avec la distance, physique ou morale. À mains nues, nous répugnons à utiliser la manière la plus efficace. De près, nous répugnons fortement à transpercer un ennemi. L'efficacité des arquebuses tenait plus à cette distance et au « taux de frappe » ainsi plus élevé qu'à leur efficacité technique. Un ennemi vu de face, dans une situation qui en fait un humain et non un uniforme, a moins de chance d'être abattu qu'un adversaire aperçu au loin, ou pas du tout.</p>
<p>Un ennemi dépeint comme un criminel, un barbare, un sous-homme sera plus souvent frappé. Bien avant le cas extrême des nazis envers les Slaves et les Juifs, on peut citer les chevaliers du Moyen-Âge, auteurs probable de la plupart des morts de ces piétons roturiers qu'ils méprisaient.</p>
<p>Les pires tueries des batailles rangées de l'ère pré-industrielle venaient des débâcles : vus de dos, les fuyards devaient de plus exciter une sorte d'instinct de chasse encore présent chez l'humain.</p>
<p>Les artilleurs ou les équipages de bombardiers ont peu d'état d'âme : ils ne voient pas l'ennemi. De même les marins ou les pilotes de chasse visent un bateau ou un avion ennemi, pas des humains. De plus la société civile ne les blâme pas, comme elle peut le faire avec un sniper.</p>
<p>Les remords (et conséquences psychologiques) chez ceux qui ont tout de même tué sont liés à cette distance. Plus la mort a été infligée de près, plus l'impact est terrible.</p>
<p>Il est à noter que cela est valable chez les victimes : le traumatisme à long terme est moindre pour les survivants d'attaque de bateaux ou de bombardements stratégiques, car l'attaque n'est pas vue comme une agression « personnelle ». Les survivants des camps de la mort, à l'inverse, ont été personnellement maltraités par un système délibérément sadique.</p>
<h3>Augmenter le taux de frappe</h3>
<p>Les armées, consciemment ou pas, ont cherché à améliorer la proportion de combattants frappant ou tirant effectivement et ne faisant pas juste semblant.</p>
<h4>Dilution des responsabilités, le groupe</h4>
<p>La dilution des responsabilités joue un grand rôle : l'effet de groupe, la solidarité entre soldats qui doit être sans faille, la répartition des tâches dans un collectif (artillerie...), l'obéissance à un ordre donné par un supérieur (qui, lui, ne tue pas directement), tout cela décharge le soldat tueur d'une partie de la culpabilité.</p>
<p>Le rôle de l'officier qui ordonne de tirer est capital. Un soldat qui tire sans ordre n'a pas sa place dans une armée. D'un autre côté, l'ordre rend possible certains massacres comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_M%E1%BB%B9_Lai">Mỹ Lai</a> (<em>J'ajoute que nombre de nazis n'auraient pas participé au génocide sans, justement, ces ordres.</em>). L'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram">expérience de Milgram</a> illustre parfaitement quoi mène cette soumission à l'autorité.</p>
<h4>Respect et cohésion</h4>
<p>Le cérémonial autour de l'armée a un rôle thérapeutique. Il rappelle au soldat qu'il appartient à un groupe. Les décorations, par exemple, rappellent à chacun qu'il a fait son devoir envers la société.</p>
<h4>Conditionnement</h4>
<p>L'esprit de corps, l'entraînement intensif de gestes devenus aussi mécaniques que ceux de la conduite automobiles, sont les techniques modernes les plus efficaces. Ce véritable conditionnement a atteint son apogée en Corée (50 % de taux de frappe, contre 10-15 % pendant la Seconde Guerre Mondiale dans l'armée américaine) puis au Vietnam (95 % !). Le corps expéditionnaire anglais aux Malouines, bien entraîné, a écrasé les soldats argentins en partie grâce à cela.</p>
<p>Si l'esprit de corps a participé au succès des phalanges grecques, Grossman fait de l'entraînement au geste meurtrier de transpercer une des clés de l'efficacité des légions romaines.</p>
<p>Dans les forces de polices, ce conditionnement sert également à entraîner les policiers à ne tirer qu'à bon escient.</p>
<h4>Remords et justification</h4>
<p>Les soldats qui ont tué suivent un cycle assez courant : éventuellement excitation, puis remord, et rationalisation pour se justifier d'avoir tué. Tous n'y arrivent pas. Les échanges entre anciens combattants sont capitaux (à commencer lors du retour du front, en groupe). Dans les nombreux échanges et récits des soldats, une bonne partie consiste en auto-justification à l'usage de leur propre équilibre mental.</p>
<h3>Le Vietnam</h3>
<p>Le Vietnam a marqué le summum de l'application des techniques de conditionnement. Mais les conséquences psychologiques ont été terribles en terme de vies dérangées, divorces, instabilité mentale, suicides (mais pas en terme de vétérans devenus criminels !).</p>
<p>Beaucoup plus de soldats ont tué que dans les guerres précédentes, dans un contexte d'éloignement culturel, même de racisme, et de guerre civile où civils, femmes, enfants, étaient parfois réellement des ennemis armés.</p>
<p>De plus, la plupart des compensations habituelles ont été refusées aux vétérans du Vietnam : système de conscription pour un an par personne limitant l'effet de corps ; pas de sécurité lors du repos à l'arrière, qui était aussi zone hostile ; démobilisation personnelle rapide, sans les camarades ; aucun cérémonial au retour ; pas de regroupement des anciens combattants à l'époque ; hostilité ouverte d'une partie de la population envers cette guerre, parfois violemment dirigée contre les soldats eux-mêmes.</p>
<p>Alors que, pour Grossman, la plupart n'ont fait que ce que leur société demandait. Et si la bataille a été perdue, ils ont contribué au final à gagner la Guerre Froide.</p>
<h3>Atrocités</h3>
<p>Quelques pages mettent l'accent sur l'efficacité, à court terme, d'une organisation ouvertement agressive. Des gangs organisés aux nazis (<em>voire, plus récemment, Daesh</em>), les massacres de prisonniers, non-combattants, civils et innocents permettent de donner une cohésion à un groupe.</p>
<p>Un combattant ne peut alors maintenir sa santé mentale que s'il adhère à l'idéologie sous-jacente et reconnaît toute la population ennemie comme des combattants potentiels, des sous-hommes, ou se laisse convaincre que les règles de la civilisation ont changé.</p>
<p>Cela peut être très efficace (exemple des Mongols ; ou du Vietnam, encore, où les communistes ont largement pratiqué l'assassinat ciblé). Mais à moyen terme l'adversaire voit sa résolution augmentée, comme dans l'exemple des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Baugnez">prisonniers américains massacrés pendant la Bataille des Ardennes</a>. Le groupe assassin finit souvent par se mettre tout le monde à dos (cas des nazis, <em>et sans doute de Daesh</em>) et être éliminé.</p>
<h3>Conditionnement, médias, jeunesse</h3>
<p>Grossman s'inquiète des évolutions récentes de la société américaine : montée des images de meurtres dans les médias, valorisation de héros ambigus tuant illégalement, banalisation de l'acte de tuer dans les films et séries, jusqu'aux tueries parfois gratuites.</p>
<p>Parallèlement, nombres d'enfants grandissent sans père comme référent. Pour couronner le tout, certains jeux vidéos provoquent exactement le conditionnement recherché par les armées : « je vois une silhouette humaine, je tire ».</p>
<p>Il va jusqu'à suggérer un certain retour à la censure hollywoodienne, et la restriction des armes disponibles dans la population (<em>un débat encore d'actualité aux États-Unis</em>).</p>
<blockquote><p>“We know how to take the psychological safety catch off of human beings almost as easily as you would switch a weapon from "safe" to "fire. " We must understand where and what that psychological safety catch is, how it works, and how to put it back on.”</p></blockquote>
<blockquote><p>« Nous savons enlever le cran de sûreté des êtres humains presque aussi facilement que l'on passe une arme de « sécurité » à « feu ». Nous devons comprendre ce qu'est ce cran de sûreté psychologique, où il est est, comment il marche, et comment le remettre. »</p></blockquote>
<h3>Avis personnel</h3>
<p><em>Ce livre est passionnant et met le doigt sur un gigantesque non-dit. D'un côté on reprend un peu foi en l'espèce humaine ; de l'autre on s'aperçoit que transformer n'importe qui en tueur est relativement facile.</em></p>
<p><em>Le cadre est clairement américain ; il y a peu de références à d'autres cultures, à part les Européens et les Israéliens. J'aurais bien aimé des références et exemples plus variés.</em></p>
<p><em>Comme avec beaucoup de militaires américains de cette génération, on sent que le Vietnam est resté en travers de la gorge de Grossman, même s'il est un superbe exemple de sa thèse.</em></p>
<p><em>La conclusion sur les médias et les jeux vidéos dangereux fait un peu conservateur et vieux jeu — ce qui ne veut pas dire qu'elle soit complètement fausse. J'ai expérimenté moi-même le conditionnement des jeux vidéos à petite échelle, ayant mentalement braqué un fusil imaginaire sur un collègue qui entrait dans la petite pièce en pleine partie d</em>'Half-Life<em> à la pause de midi. (Par contre, je me demande dans quelle mesure les films violents et les polars à </em>serial killers<em> ne sont pas un reflet que notre société est justement relativement paisible, et que nous n'y trouvons pas notre dose d'adrénaline ; à l'inverse dans un pays pauvre comme l'Inde on préfère le rêve sucré de Bollywood.)</em></p>
<p><em>Grossman a écrit tout cela au moment du pic de criminalité des années 1990 aux États-Unis. <a href="https://www.courrierinternational.com/article/2011/06/23/mais-pourquoi-la-criminalite-baisse">La courbe s'est inversée depuis</a> pour diverses raisons possibles (incarcérations massives, méthodes policières différentes, légalisation de l'avortement...). La seconde édition du livre ne me semble rien contenir sur le sujet.</em></p>
<h3>Références</h3>
<ul>
<li><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/On_Killing" hreflang="en">résumé sur le Wikipédia anglophone</a> ;</li>
<li>la page <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Killology" hreflang="en">killologie</a>, qui reprend l'essentiel du livre ;</li>
<li><a href="https://www.hachettebookgroup.com/contributor/dave-grossman/">page de l'auteur chez son éditeur</a> ;</li>
<li><a href="http://kropfpolisci.com/cognitive.grossman.pdf">une version en ligne de l'édition de 2009, dont je doute de la légalité</a>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/On-killing#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/849Le chemin de croix pour le lycéeurn:md5:2cccdd1037f5fad6bd411118558ab13f2018-06-30T14:20:00+02:002020-02-08T17:55:31+01:00ChristopheRes publica<p>Mon fils a enfin reçu son affectation pour son lycée de Seconde. Ce n'était pas son premier choix, mais je vais vous épargner la saga du mini-Parcours Sup pour futurs lycéens. (En gros, il a bien reçu le message : ce n'est pas la peine de se casser le crâne à avoir d'excellentes notes et un projet, l'affectation finale n'en tiendra pas compte. On fera avec le deuxième choix.)</p>
<p>Bref. <strong>Vendredi</strong> soir, après la dernière épreuve du Brevet, il reçoit le papier pour le lycée en question. Le dossier complet est à renvoyer <strong>pour</strong> vendredi 6 prochain dernier délai. Évidemment, je suis en déplacement professionnel cette semaine-là (le seul du trimestre), Murphy oblige. Heureusement on peut démarrer le dossier par Internet, c'est même obligatoire.</p>
<p><strong>Samedi matin</strong>. Le serveur rame un peu, un peu normal. Et puis on arrive là :
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/educnat/lycee_date_limite.png" title="lycee_date_limite.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/educnat/lycee_date_limite.png" alt="lycee_date_limite.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>Deadline lundi soir donc. Y a pas intérêt à avoir une contrainte, un déplacement, une urgence, une panne d'Internet. Bref. Je clique. Et là :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/educnat/lycee_rugby_feminin.png" title="Rémi va faire du rugby féminin"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/educnat/.lycee_rugby_feminin_m.png" alt="Rémi va faire du rugby féminin" style="display:table; margin:0 auto;" title="Rémi va faire du rugby féminin" /></a></p>
<p>Oui, enseignement de spécialité : « <strong>rugby féminin</strong> ». Je confirme que dans sa fiche d'information est bien spécifié « Sexe : masculin ». Pas de choix, pas de possibilité de changer.</p>
<p>Heureusement, par les temps qui court, un changement de sexe est mieux toléré. Mais du rugby, non, là ça va pas être possible.</p>
<p>Pour les options, c'est « Création et culture design » ou « Éducation physique et sportive », point. Intéressant, oui, mais on espérait plus économie, gestion, latin ou italien.</p>
<p>Qu'on ne me mette pas l'erreur sur le dos lors des vœux il y a 4 mois : deux autres garçons de sa classe au moins ont aussi le problème, en demandant juste « 2nde générale et technologique ».</p>
<p>Ils pourront foncer en vélo lundi matin sonner à l'établissement et tenter de voir un être humain possédant une compréhension de, sinon une influence sur, la machine. Heureusement que nous n'habitons pas dans une banlieue ou en cambrousse (rappel : nous, parents, travaillons). Au pire fiston s'inscrit en rugby féminin, raye tout en rouge dans le dossier à remplir, et laisse l'administration gérer sa propre aberration — même si ce ne sera sûrement pas le responsable qui subira les conséquences. Il est presque heureux que l'erreur soit aussi débile.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/Facepalm-Cain-Henri_Vidal-Tuileries_Paris-Alex_E._Proimos-CCBY2.0-via-Wikimedia.jpg" title="Caïn par Henri Vidal, Tuileries, Paris, photo Alex E. Proimos, CCBY2.0, via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/.Facepalm-Cain-Henri_Vidal-Tuileries_Paris-Alex_E._Proimos-CCBY2.0-via-Wikimedia_m.jpg" alt="Caïn par Henri Vidal, Tuileries, Paris, photo Alex E. Proimos, CCBY2.0, via Wikimedia" style="display:table; margin:0 auto;" title="Caïn par Henri Vidal, Tuileries, Paris, photo Alex E. Proimos, CCBY2.0, via Wikimedia" /></a></p>
<p>Allez savoir ce qui s'est passé. Je pense au bête bug informatique faute de tests suffisants et à cause de la sous-traitance abusive, mais c'est peut-être une déformation professionnelle née de mon observation de nombre de clients publics (et pas que publics).</p>
<p>Désolé si vous avez une fille qui rêve de faire rugby-études et est en liste d'attente : il lui laissera la place avec plaisir.</p>
<p>Contact : on ne peut joindre personne, bien sûr. Le seul numéro accessible sur <a href="https://teleservices.ac-strasbourg.fr/" hreflang="fr">https://teleservices.ac-strasbourg.fr/</a> est celui du collège, qui n'a sans doute aucune influence sur le Léviathan de l'Éducation
Nationale. Le lycée ne répond pas au téléphone un samedi, et je comprendrais que la personne à l'accueil n'ose plus décrocher si l'aberration est courante.</p>
<p>Ah oui : le rectorat a attendu 4 mois après les vœux pour attribuer les places ; nous usagers devons réagir en quelques heures de temps ouvré, il y a donc urgence. Par contre, retirer le dossier papier n'est possible que mardi matin entre 9h30 et 12h. Le retour par la poste doit se faire <strong>pour</strong> le vendredi ; sinon en main propres c'est 9h-12h ou 13-16h, toute la semaine.</p>
<p>Là encore, dommage si votre fils ne peut y aller sans vous en vélo ou bus et que vous n'avez pas des horaires de travail flexibles. Je ne sais pas qui fait un blocage sur le concept d'« horaires d'ouverture exceptionnellement rallongés en période d'affluence » : connaissant de l'intérieur des administrations et l'EN dans d'autres contextes, la personne responsable déconnectée de la réalité peut être aussi bien à la base qu'à la tête. Pas facile de déduire un « coupable » d'autres échos comme celui-ci : <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/strasbourg-fonctionnaires-du-rectorat-manifestent-meilleures-conditions-travail-1496871.html" title="https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/strasbourg-fonctionnaires-du-rectorat-manifestent-meilleures-conditions-travail-1496871.html">https://france3-regions.francetvinf...</a>.</p>
<p><strong>Mise à jour semaine suivante</strong> : Bug assez général confirmé par le lycée, et assez vite corrigé après le week-end.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-chemin-de-croix-pour-le-lyc%C3%A9e#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/848Loi de Clarke-Chachraurn:md5:6a3e575fbdceb97e39fe77f94d7a31ff2018-06-16T15:34:00+02:002018-07-24T09:06:05+02:00ChristopheCitations <p>Il y a bien longtemps, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe">ici</a> puis <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe">là</a>, j'avais évoqué la Loi d'Hanlon, celle de Clarke et leurs dérivées comme la loi de Grey :</p>
<blockquote><p>Toute science suffisamment avancée est indiscernable de la magie.</p></blockquote>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui peut s’expliquer par la stupidité.</p></blockquote>
<blockquote><p>Toute incompétence assez avancée est indiscernable de la malveillance.</p></blockquote>
<p>Et j'ai croisé sur Touitteur récemment la version qu'on appelera celle de Clarke-Chachra :</p>
<blockquote><p>Toute négligence suffisamment avancée est indiscernable de la malveillance.</p></blockquote>
<p><a href="https://pbs.twimg.com/media/Dfo5GnOXUAEuT3N.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/sciences/.Loi_Chachra_m.jpg" alt="Loi de Clarke-Chachra (de Touitteur : https://pbs.twimg.com/media/Dfo5GnOXUAEuT3N.jpg) " style="display:table; margin:0 auto;" title="Loi de Clarke-Chachra (de Touitteur : https://pbs.twimg.com/media/Dfo5GnOXUAEuT3N.jpg) " /></a></p>
<p>Il y a bien une différence entre incompétence (je n'ai jamais eu mon permis de conduire) et négligence parfois criminelle (j'ai mon permis mais je lis Fessebouc au volant).</p>
<p>Dans le cas d'un mien client, que je ne nommerai pas et qui ne fait jamais ses sauvegardes malgré moultes relances, je suis partisan de cette version :</p>
<blockquote><p>Loi 3C (Clarke-Chachra-Courtois) :<br />Toute négligence suffisamment avancée est indiscernable du sabotage. <br />Any sufficiently advanced neglect is indistinguishable from sabotage.</p></blockquote>
<p>(Le saboteur pouvant être le financier qui refuse le budget pour un NAS de base.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Loi-de-Clarke-Chachra#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/847« Traité de la ponctuation française », de Jacques Drillonurn:md5:0e0a369f979d936e25fb2fe9dcd23f062018-02-23T00:00:00+01:002018-02-25T18:01:35+01:00ChristopheDes formes des mots <p>Les compte-rendus d'intervention et les éventuels fragments de manuels de formation que je rédige à titre professionnel ces temps-ci, et de sporadiques billets de blog, n'ont guère de valeur littéraire. L'orthographe, fautes de frpae exclues, à peu assurée, la typographie de base au moins considérée dans ses bases, restait l'emplacement du point-virgule, du double-point et de cette damnée virgule. D'où l'achat de ce livre.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jacques_Drillon-Traite_de_la_ponctuation_francaise.jpg" title="Jacques Drillon : Traité de la ponctuation française (Gallimard) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jacques_Drillon-Traite_de_la_ponctuation_francaise.jpg" alt="Jacques Drillon : Traité de la ponctuation française (Gallimard) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Jacques Drillon : Traité de la ponctuation française (Gallimard) " /></a> Si l'éclairage fut réel sur certains sujets comme la parenthèse, le crochet, les points de suspension, je doute d'être plus certain de mes virgules dans le futur. Les plus de cent pages et cent quarante cas d'utilisation mélangent parfois plus les idées qu'ils ne les éclaircissent.</p>
<p>Je pense au moins avoir saisi la différence entre propositions explicative, [virgule] qui ne peut être supprimée sans modifier le sens de la phrase, et déterminative, [virgule] qui ne peut en être retranchée. Application dans les billets [pas de virgule] qui viendront. Le cas des incises, dont, je sais, j'abuse, est à peu près clair.</p>
<p>Par contre, il est tout aussi clair que l'usage a varié moultes fois depuis le Moyen Âge, depuis le n'importe-quoi du XVIIe siècle à l'explosion (sens nihiliste) de la ponctuation au XXe en passant par la dictature des typographes du XIXe. Nombre de cas sont arbitraires, tordus, limite, parfois pure affaire de style. Un des mérites du livre : quelques exemples de choix de ponctuation qui altèrent le sens et le rythme (on sent l'admiration pour Céline et ses points d'exclamation et suspension ; je trouve cela pénible). Les plus grands auteurs sont cités, parfois fort lointains.</p>
<p>La perspective historique et les piques envoyées de-ci de-là allègent le pavé. On sent poindre un certain regret que la ponctuation soit assez négligée de nos jours malgré son importance dans une langue aussi subtile que la nôtre — il faudra que je compare avec l'allemand, tiens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trait%C3%A9-de-la-ponctuation-fran%C3%A7aise-%C2%BB%2C-de-Jacques-Drillon#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, mais c'est valable pour tout ce qui semble règles arbitraires et carcan de traditions — pas toutes inutiles ou infondées. Mais Drillon s'insurge régulièrement contre certaines lois imposées par les purs typographes.</p>
<p>Paradoxalement, la situation doit être meilleure qu'au moment de la parution (1991) : il suffit de se poser une question sur une orthographe, une ponctuation, une tournure, [virgule] et un moteur de recherche renvoie vers la page adéquate de l'Académie [pas de virgule] ou d'un maniaque de la langue.</p>
<p>L'index en fin de volume sera fort utile et je pense m'y référer assez souvent...</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trait%C3%A9-de-la-ponctuation-fran%C3%A7aise-%C2%BB%2C-de-Jacques-Drillon#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] L'anglais que je lis est majoritairement rédigé par des non-natifs, c'est sans espoir.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trait%C3%A9-de-la-ponctuation-fran%C3%A7aise-%C2%BB%2C-de-Jacques-Drillon#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/846Éduc Nat’ + Windows : le combo gagnanturn:md5:09c217e0203c7394113289b9c76e59b62018-02-17T00:00:00+01:002018-02-17T00:00:00+01:00ChristopheRes publicafoutage de gueule <p>Le week-end dernier, j'ai perdu plus d'une heure à faire retomber en marche la mise en route du Windows de ma chère moitié, outil parti dans une boucle sans fin de téléchargement et de mises à jour de la version 1709 de Windows 10.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/windows_on_fire2.jpg" title="Windows on fire (merci Deep Dream Generator) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/.windows_on_fire2_s.jpg" alt="Windows on fire (merci Deep Dream Generator) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title=" Windows on fire (merci Deep Dream Generator) " /></a>Un peu de surf sur les forums Microsoft, téléchargement d'un outil de réparation des <em>upgrades</em> qu'on espère assez récent, détection de services pas démarrés (pourquoi ?)... La bête a fini par retomber en marche et par se mettre à jour, une dernière fois, mais la bonne. C'est courant avec du Windows.</p>
<p>Cette machine sert à mon épouse à lire son mail professionnel et à préparer ses cours. Nous l'avons achetée avec nos sous, y compris la taxe Microsoft (la compatibilité d'Office entre le Mac et les Windows du lycée était déjà assez aléatoire pour qu'elle ne veuille même pas tenter LibreOffice). Au mieux, on a pu faire passer la machine en frais professionnel aux impôts (je n'ai pas dit « note de frais » !).</p>
<p>Non, les régions qui offrent des tablettes et des ordinateurs portables à des gamins <del>pour jouer pendant les cours</del> n'en offrent pas aux profs : pas les mêmes budgets, pas le bon employeur sans doute. Quant à l'État (l'employeur), il y a peut-être pensé, mais la perspective d'offrir des centaines de milliers de portables a dû provoquer un veto immédiat d'un gestionnaire quelconque. Quand je vois déjà le cirque pour obtenir des marqueurs pour les tableaux...</p>
<p>Oh, il y a bien des machines <em>dans</em> les lycées. Sauf que les professeurs bossent en général chez eux. Ségolène Royal, il y a plus d'une décennie, avait proposé que les enseignants effectuent leurs 35 heures dans les établissements (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video">j'en avais parlé à l'époque</a>) : ça ne se fera jamais pour de simples raisons logistiques : où caser les centaines de milliers de bureaux et d'armoires ? ...et d'ordinateurs professionnels ?</p>
<p>Je n'en demande pas tant. J'aimerais juste que pour dépanner son Windows, elle fasse comme dans toutes les entreprises : appeler la <em>hotline</em> (et pas moi ou le collègue qui a royalement deux heures de décharge dans la semaine pour un lycée entier et se forme sur son temps personnel). Ah oui : de fait, cette <em>hotline</em> aura intérêt à être à pleine capacité le soir, et le week-end (horaires déduits des moments où l'ENT rame). Parce que <em>moi</em>, je n'ai jamais signé pour travailler le soir ou le week-end.</p>
<p>PS : Découverte de dernier moment qui me met en joie : après la mise à jour, le scanner n'est plus reconnu — un grand classique, comment ai-je pu oublier ? C'est un vieil Epson qui fonctionne très bien une fois qu'on a faire croire à Windows que c'est le modèle d'après ; je redécouvre comment faire à chaque fois. Linux a juste besoin qu'on le branche pour le reconnaître et l'utiliser.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C3%89duc-Nat-Windows-le-combo-gagnant#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/845Deep dream generator : ordinateurs sous acide & psychédélisme industrialiséurn:md5:ba42200c055ed5c9491fd78ebb5b715d2018-02-11T18:46:00+01:002018-07-24T09:06:50+02:00ChristophePhoto <h3>Inception</h3>
<p>Ça avait commencé en 2015 comme un outil pour des informaticiens pour débuguer leurs réseaux de neurones, dont le fonctionnement reste un peu magique. Or les réseaux de neurones font essentiellement de la reconnaissance de formes, imitant l'outil le plus doué pour cela : notre cerveau. Ce cerveau qui, dans les nuages, cherche désespérément des formes et finit par deviner des lapins ou des yeux. <em>Très</em> facilement des yeux d'ailleurs, des fois que ce serait un prédateur en embuscade...</p>
<p>L'outil au point, on peut « pousser les curseurs », dépasser le stade du lapin dans les nuages et voir n’importe quoi n'importe où, c'est le <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/DeepDream" hreflang="en">Deep Dream</a></em>, et une fois de plus c'est un cadeau de Google à l'humanité. (Au-delà du côté ludique, il doit y avoir un intérêt pratique : après tout, il vaut mieux savoir quand une voiture autonome hallucine, pour éviter qu'elle pile à cause d'une silhouette de sorcière dans un nuage un peu bas sur l'horizon.)</p>
<p>Ce qui était une curiosité de labo est devenu un site (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Deep Dream Generator" hreflang="en">https://deepdreamgenerator.com</a>) et chacun peut à présent faire halluciner un ordinateur sur l'image de son choix. Je ne vais pas refaire l'<a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/07/09/on-a-teste-pour-vous-deep-dream-la-machine-a-reves-psychedeliques-de-google_4675562_4408996.html">article du Monde</a> sur le sujet, qui comprend même une version vidéo de l'outil (je comprends à présent ce qu'est une hallucination). On trouvera aussi <a href="https://twitter.com/search?q=%23deepdream" hreflang="en">beaucoup d'applications plus ou moins glauques sur Touitteur</a>. Ou ici, à titre d'exercice :</p>
<pre><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/moon_inception.jpg" title="Inception (photo de la mission Galileo, par Wikimedia) &amp; Inception 4"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.moon_inception_m.jpg" alt="Inception (photo de la mission Galileo, par Wikimedia) &amp; Inception 4" style="display:table; margin:0 auto;" title="Inception (photo de la mission Galileo, par Wikimedia) &amp; Inception 4" /></a></pre>
<h3>Deep Style</h3>
<p>Mais on se lasse vite de ces horreurs lovecraftiennes et la reconnaissance de forme permet de faire plus utile : un autre algorithme repère un « style » de peinture (au sens très large) et l'applique à une image, c'est le <em>Deep style</em>. En pratique ça revient à réinterpréter une image dans le style d'une autre. Et puisque le site permet de charger ses images, on peut s'amuser à croiser n'importe quelle photo avec n'importe quoi trouvé sur Wikimédia. Par exemple si on réinterpète une <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Saturn_during_Equinox.jpg">célèbre image de Saturne par Cassini</a> au travers d'un bout de circuit électronique, on obtient :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/saturne-electronique.jpg" title="Saturne par Cassini + deep style électronique"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.saturne-electronique_m.jpg" alt="Saturne par Cassini + deep style électronique" style="display:table; margin:0 auto;" title="Saturne par Cassini + deep style électronique" /></a></p>
<p>La Joconde aussi peut être détournée ainsi :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/joconde-electronique.jpg" title="Joconde + deep style électronique"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.joconde-electronique_m.jpg" alt="Joconde + deep style électronique" style="display:table; margin:0 auto;" title="Joconde + deep style électronique" /></a></p>
<p>Par contre il faut un certain contraste de style entre les deux images pour un résultat intéressant. Réinterpréter Fragonard à la lumière de De Vinci n'a pas un intérêt terrible. Mettre une fractale sur un peu tout peut donner des choses parfois rigolotes.</p>
<h3>Thin Style</h3>
<p>Le <em>Thin Style</em> est une variante plus limitée mais bien plus rapide à base d'un choix restreint d'images, ça peut donner quelques choses sympathiques sans être originales. Des applications pour téléphone permettent déjà cela (si cela se trouve, la base technique est la même) :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/Fragonard-Le_Verrou_thin_style.jpg" title="Fragonard, Le Verrou (par Wikimédia), réinterpration par un Thin Style"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.Fragonard-Le_Verrou_thin_style_m.jpg" alt="Fragonard, Le Verrou (par Wikimédia), réinterpration par un Thin Style" style="display:table; margin:0 auto;" title="Fragonard, Le Verrou (par Wikimédia), réinterpration par un Thin Style" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/joconde-thinstyle-chaud.jpg" title="Joconde + sthin style chaud"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.joconde-thinstyle-chaud_m.jpg" alt="Joconde + sthin style chaud" style="display:table; margin:0 auto;" title="Joconde + sthin style chaud" /></a></p>
<p>Il y aura forcément beaucoup de déchets dans tous ces essais, beaucoup d'excès et d'essais avant de trouver quelques perles (pensez aux filtres automatiques pour les photos, en pire ). Une sorte de <em>best of</em> est maintenu ici : <a href="https://deepdreamgenerator.com/best" hreflang="en">https://deepdreamgenerator.com/best</a>.</p>
<p>Les essais de n'importe quel quidam découvrant le sujet comme moi et qui aura tenté n'importe quoi le sont aussi : <a href="https://deepdreamgenerator.com/latest" hreflang="en">https://deepdreamgenerator.com/latest</a>. Dans le lot il y a quelques perles. Pour les nuls en manipulation numérique comme votre serviteur, Deep Dream Generator est un bon moyen de trafiquer facilement quelques photos. Ne vous étonnez pas si quelques futures illustrations de ce blog virent dans l'expérimental ou le psychédélique.</p>
<p>Hélas, la puissance de calcul n'est pas infinie : il faut un peu de patience pour qu'un <em>datacenter</em> quelque part calcule les images. Et il faudra publier et faire <em>liker</em> pas mal de vos essais format vignette pour avoir le droit de générer une image en grande résolution. Alternative : <a href="https://github.com/google/deepdream" hreflang="en">directement chercher le code</a> pour le faire tourner chez soi, mais je n'ai encore pas tenté, et ça ne semble concerner que la première des manipulations évoquées ci-dessus.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/toureiffel_galaxy.jpg" title="Tour Eiffel + deep style galaxie (images Wikimédia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/deepdream/.toureiffel_galaxy_m.jpg" alt="Tour Eiffel + deep style galaxie (images Wikimédia)" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tour Eiffel + deep style galaxie (images Wikimédia" />)</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Deep-dream-generator-le-psych%C3%A9d%C3%A9lisme-industrialis%C3%A9#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/844« Le Français qui possédait l’Amérique : la vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV » de Pierre Ménardurn:md5:62a7adf8c4d5f7ea631f306bb6c5951d2018-01-30T18:26:00+01:002018-07-24T09:15:23+02:00ChristopheHistoireAmériqueargentcolonisationcoup bascynismedéshumanisationesclavagefoutage de gueulehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoireParispolitiquespéculationténacitévaleuréconomie <p>Toulousain, Antoine Crozat avait un père d’origine modeste, mais qui s’était déjà énormément enrichi sous Louis XIV. Bénéficiant de ses réseaux puis développant les siens, il atteignit un niveau de fortune monstrueux, prêtant même au Roi, allant jusqu’à se voir octroyée toute la gestion de la Louisiane française. Ce ne fut pas sa meilleure affaire.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Antoine_Crozat.jpg" title="Antoine Crozat, par Wikimédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Antoine_Crozat_s.jpg" alt="Antoine Crozat, par Wikimédi)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Antoine Crozat, par Wikimédia" /></a> Sa richesse ne provenait pas que du commerce transcontinental, en plein boom, et d’innombrables trafics, y compris d’esclaves. Ajoutons la spéculation sur les monnaies, en des temps où l’État jouait en permamence avec leur valeur, et les premiers billets à ordre et de banque, aux valeurs aléatoires. Ou le copinage avec les plus grandes familles nobles, auxquelles ce snob rêva toute sa vie de s’allier (il y parvint) ; la mise en coupe réglée de pans entiers du commerce, avec des monopoles légaux ; l’achat et la revente des charges publiques, à titre personnel ou comme intermédiaire de l’État ; et le financement des corsaires ; ou encore la contrebande de grand style : les réseaux financiers se jouaient déjà des frontières.</p>
<p>Mais, surtout, le système fiscal de l’Ancien Régime était un tel bazar qu’une bonne partie était quasiment sous-traitée à de riches personnes avançant l’argent à l’État, parfois à l’avance et se débrouillant pour récupérer cet argent. Rémunérateur, le poste était comme tant d’autres une « charge » vendue par l’État, que l’on pouvait revendre ensuite. Il n’était d’ailleurs pas sans risque financier, et valait aussi en retour la haine du peuple — en plus du mépris que récolte tout parvenu dans une société si hiérarchisée.</p>
<p>Le Régent remit un peu d’ordre dans ces choses (malgré l’échec de la banque de Law). Crozat comme nombre de confrères, fut poursuivi, mais, de fait indispensable, il s’en tira mieux que d’autres, avec une monstrueuse amende.</p>
<p>Crozat est mort vieux, dans son lit, ayant marié ses enfants aux plus anciennes familles. Il fait partie de ces gens éloignés de toute politique ou idéologie mais égoïstes qui ont modifié l’histoire, pas forcément pour le mieux, et que l’on a très vite oubliés (pourtant il a fait construire les futurs Ritz et Palais de l’Élysée !).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Fran%C3%A7ais-qui-poss%C3%A9dait-l-Am%C3%A9rique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/840John Wyndham : triffides, krakens, lichen, chrysalides, coucous et graines du tempsurn:md5:01abce100db92465d0a99eab904d39d62018-01-19T19:02:00+01:002020-02-08T17:56:11+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypseautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophechaoscivilisationcommunismecoup basexaptationextraterrestresgéopolitiquelivres luspessimismeracléescience-fictionthéologie<p>Je viens de relire des classiques de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Wyndham">John Wyndham</a>, ce maître de la science-fiction britanniques des années 50. Ça n’a pas forcément vieilli.</p>
<p>Un point rare dans les livres de cette époque : les personnages féminins de Wyndham sont très loin des potiches, princesses à sauver ou méchantes sorcières. Elles sont aussi motrices de l'action que les mâles, sinon plus assurées qu’eux. C’est un signe de l’évolution sociale depuis les années 50, à la mentalité étonnamment éloignée de la nôtre (<em>cf</em> <em>The Trouble With Lichen</em>, notamment).</p>
<p>Ce n’est pas le seul point lié à la société : la difficulté d’une réponse collective à un danger extérieur, nos effets de troupeau, les foules stupides (y compris en haut de la société) reviennent systématiquement. Les réactions de l’URSS (à l’époque stalinienne) aux différentes menaces rencontrées relèvent du comique.</p> <h3>Triffides</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Triffide.gif" title="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Triffide.gif" alt="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia" /></a></p>
<p>Le plus connu, <em>The Day of the Triffids</em> (VF : <em>Le jour des Triffides</em>) ne déparerait pas dans les histoires de zombies et vampires. Et comme dans beaucoup de ces histoires apocalyptiques, ce sont les autres survivants, et non les zombies/triffides/monstres divers, qui sont les véritables dangers (on est quand même loin du sadisme de <em>The Walking Dead</em>).</p>
<p>À la suite d'un phénomène astronomique, presque toute l’humanité est devenue aveugle et la civilisation s’effondre. Parallèlement, des plantes autoportantes à dards, très agressives, se répandent — l’aspect comique disparaît très vite. À Londres, les quelques non-aveugles restants se battent pour les réserves des magasins, fuient les villes ravagées par les épidémies et qui vont brûler. Comment s’organiser ? Peut-on/doit-on tenter de sauver tous ces aveugles ?</p>
<h3>The Kraken Wakes</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/The_Kraken_Wakes.jpg" title="The Kraken Wakes"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/.The_Kraken_Wakes_s.jpg" alt="The Kraken Wakes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="The Kraken Wakes" /></a></p>
<p>Au début il s’agit d’une « classique » invasion extraterrestre, même si la provenance de l’ennemi est floue. Des OVNIs disparaissent en mer, puis des bateaux sont coulés en masse, puis les plages sont attaquées. On ne verra jamais les envahisseurs. Les humains sont surtout incapables de reconnaître à temps le danger et d’y apporter une réponse efficace. Là encore la fin du monde menace.</p>
<p>Le couple de narrateurs est journaliste : très pratique pour suivre les informations et les errements politico-sociaux. Mais ils se laissent un peu porter par les événements, en spectateurs.</p>
<h3>The Chrysalids</h3>
<p>Grand saut dans le futur : <em>The Chrysalids</em> relève de la SF post-apocalyptique version atomique, dans un Labrador devenu le dernier refuge de la civilisation, ravalée tout de même au niveau social et technologique de la Renaissance. Cette petite communauté hyper-religieuse brûle la moindre plante mutante, et il arrive malheur aux nouveaux-nés anormaux. Les zones ravagées par la radioactivité reculent peu à peu, mais à leur frontière vivotent de nombreux humains « anormaux » et agressifs. Mais certains ne présentent aucune malformation apparente et apparaissent dans les familles les plus établies du Labrador. Seront-ils démasqués ?</p>
<p>Le thème du mutant-surhomme-mais-maudit n’avait déjà pas une grande originalité (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_la_poursuite_des_Slans">À la poursuite des Slans</a></em> de Van Vogt date de 1940 et n’est sûrement pas le premier sur le sujet) et le coupler à la grande peur de l’Apocalypse atomique correspondait à l’ambiance de la Guerre Froide.</p>
<p>Là encore le héros réagit plus qu’il ne mène les événements, et les personnages moteurs sont plutôt féminins. Le plus intéressant réside encore dans la sociologie de cette communauté isolée, arc-boutée sur l’orthodoxie, dont les membres les plus laxistes et irresponsables sont involontairement facteurs de progrès. Le <em>deus ex machina</em> final est un peu facile.</p>
<h3>The Seeds Of Time</h3>
<p>C’est un recueil de nouvelles. J'en ai oublié donc la plupart. Un peu atypiques par rapport à ce qui se lisait dans les années 50, et avec ces femmes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds (parfois le contraire...).</p>
<h3>The Trouble with Lichen</h3>
<p>Difficile de parler de <em>The Trouble with Lichen</em> sans révéler son thème principal, longtemps inconnu du lecteur. De tous les livres de cette petite liste, c’est aussi le plus marqué par son époque : si l’héroïne, biochimiste, est la maîtresse de son destin dans tous les sens du terme, elle subit bien des pressions pour revenir au cliché de la femme au foyer ayant abandonné ses études, préoccupée par les enfants et sa beauté qui sera trop vite fanée. On ne réécrirait rien de pareil à notre époque. Quoique.</p>
<p>En arrière-plan : comment faire accepter à une société des changements scientifiques majeurs, qu'elle a de bonne chance de rejeter d'emblée ? Un goût de transhumanisme avant la lettre...</p>
<h3>The Midwich Cuckoos</h3>
<p>Des films ont été tirés de cette histoire d’invasion, tout à fait dans l’air de son temps, elle. Une nuit, un village entier est coupé du monde et toutes les femmes tombent enceintes. Et les enfants font peur... Un classique.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/John-Wyndham-%3A-triffides%2C-krakens%2C-lichen%2C-chrysalides%2C-coucous-et-graines-du-temps#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/843« Uchronie : l'Histoire telle qu'elle n'a pas été, telle qu'elle aurait pu être » (François Pernot & Éric Vial)urn:md5:ff857a6cb932a780a3eca64491f602432017-11-11T17:30:00+01:002020-02-08T17:57:17+01:00ChristopheHistoire<p>Ce livre rassemble des contributions d’une journée d’étude de 2013 incluant quelques pontes français du domaine (par exemple Éric Henriet). Au-delà de quelques rétrospectives sur l’évolution du thème dans le grand public et chez les historiens, on trouvera quelques bijoux, parfois très anciens.</p>
<p>En vrac : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Uchronie_L_Histoire_telle_qu_elle_n_a_pas_ete.gif" title="Uchronie : L’Histoire telle qu elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être - François Pernot et Éric Vial "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Uchronie_L_Histoire_telle_qu_elle_n_a_pas_ete_s.jpg" alt="Uchronie : L’Histoire telle qu elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être (François Pernot et Éric Vial)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Uchronie : L’Histoire telle qu elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être - François Pernot &amp; Éric Vial" /></a></p> <h3>Antiquités</h3>
<p>Une sélection de très anciennes uchronies rappellent que l’idée n’est pas ancienne :</p>
<p>Hérodote démontre que, sans les Athéniens, personne ne se serait opposé à Xerxès, qui aurait conquis la Grèce.</p>
<p>Tite-Live suppose que le grand Alexandre a eu le temps de poursuivre ses conquêtes : vieilli et corrompu par les Empires même qu’il a conquis, il n’aurait pu vaincre la jeune Rome, aux hommes disciplinés, aux généraux tous doués de la même force d’âme que lui, et capable de perdre bien des combats sans perdre les guerres ; sans parler du recrutement et de la logistique.</p>
<p>Clovis aurait dit qu’il aurait sauvé le Christ s’il avait été là avec ses Francs. Alain-René Lesage, en 1732, raconte le voyage d’Indiens qui découvrent l’Europe, une bien étrange contrée peuplée de gens bizarres. Delisle de Salles conte, peu après les événements réels, ce qui serait survenu si Louis XVI avait vu la lumière et soutenu l’Assemblée du Jeu de Paume (le texte est pompeux et illisible).</p>
<h3>Textes plus récents</h3>
<p>Giusto Traina suppose que César n’est pas mort. Où aurait-il tourné ses armées ?</p>
<p>Raymond Iss tente d’imaginer ce que l’Europe serait devenue si le pistolet de Gavrielo Princip s’était enrayé en 1914 à Sarajevo : petit exercice plein de <em>name dropping</em>, où Hitler n’est plus qu’un peintre à succès.</p>
<p>Un texte assez ancien de H.A.L. Fischer imagine Napoléon réfugié aux États-Unis et partant délivrer le message de la Révolution en Amérique du Sud.</p>
<p>Rémi Astruc parle du <em>Complot contre l’Amérique</em> de Philip Roth (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/01/460-the-plot-against-america-de-philip-roth">chroniqué ici il y a bien des années</a>), qui relève en partie de l’autobiographie fictive. Rémi Astruc évoque une résonance avec les années Bush, il n’a pas écrit cela après l’avènement de Trump...</p>
<p>Frédéric Pernot commente l’article <em>Analyse d’une bataille atomique</em> de Ferdinand-Otto Mieksche, un militaire franco-tchèque, paru en 1955.Il s’agit ni plus ni moins d’étudier l’impact de bombes atomiques lors de l’attaque allemande de mai 1940. La France dégaine en atomisant notamment Aix-la-Chapelle, les Allemands répliquent sur des villes belges. La progression des blindés allemands est cassée mais la contre-attaque est elle-même laborieuse. Bloqués tactiquement, les deux camps passent au niveau stratégique et les bombes A rasent de grandes villes...</p>
<p><em>J’ai fait un rêve</em> de Robert Franck imagine une Europe acceptée dès les années 50 par les gaullistes, basée sur la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_europ%C3%A9enne_de_d%C3%A9fense">CED</a> et donc sur une alliance d’abord politico-militaire. Les Britanniques n’adhèrent qu’après la chute du Rideau de Fer et l’instauration d’une monnaie unique en 1979. Le monde n’est pas fondamentalement changé mais a gagné quelques décennies d’évolution.</p>
<h3>Articles</h3>
<p>L’inventeur du mot « uchronie », au XIXème siècle, est Charles Renouvier, un anticlérical militant. Éric Vial retrace l’évolution de son univers, où il imagine que le christianisme ne s’est pas imposé. Renouvier évolue dans sa haine au fil des événements de son temps.</p>
<p>François Pernot conte l’évolution de la notion de Lotharingie, née de la partition de l’Empire carolingien, coincée entre Gaule/France et Germanie, et dont le plus célèbre avatar est la Bourgogne de la fin du Moyen Âge. La Lotharingie a ressurgi périodiquement dans l’histoire en guise d’État tampon, et fut même évoquée encore lors des négociations de paix de 1919, bien que réduite alors à la Rhénanie.</p>
<p>L’Histoire secrète n’est pas un fantasme récent de complotistes : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_D%27Israeli">D’Israeli</a> en a fait un livre dès 1791.</p>
<p>En 1964, le premier film uchronique de l’Histoire parut sous le titre <em><a href="http://www.imdb.com/title/tt0055024/?ref_=fn_al_tt_1" hreflang="en">It Happened Here</a></em>, tourné par deux ados avec peu de moyens et des acteurs principalement amateurs. Mais pour cette histoire d’une Angleterre occupée par les nazis dès 1940 les auteurs s’étaient documentés sur la Résistance des pays occupés. Ce n’était pas si lointain alors... Le film est une réussite par son grand soin du détail et se voulait un avertissement sur une résurgence possible de l’extrême droite dans l’Angleterre des années 60.</p>
<p>Ajoutons à ce menu roboratif quelques mini-uchronies plus oubliables, et des articles, dont un sur les jeux vidéos.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Uchronie-%3A-l-Histoire-telle-qu-elle-n-a-pas-%C3%A9t%C3%A9%2C-telle-qu-elle-aurait-pu-%C3%AAtre-%C2%BB-%28Fran%C3%A7ois-Pernot-%C3%89ric-Vial%29#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/839Bouvines, Ramsès III contre les Peuples de la Mer, Murat et éléphants de guerre : « Guerres & Histoire » n°35 de février 2017urn:md5:4aed52224bbe4918b7ceae84c386e11b2017-05-18T22:26:00+02:002020-02-08T17:58:17+01:00ChristopheHistoire<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Guerre_et_Histoire_35.jpg" title="Guerre et Histoire n°35.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Guerre_et_Histoire_35_s.jpg" alt="Guerre et Histoire n°35.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerre et Histoire n°35.jpg" /></a></p>
<p>Petit résumé encore plus en retard que d’habitude à cause de ces fichues épaules. <em>Commentaires personnels en italique comme d’habitude.</em></p> <h3>Bouvines : l’acte de naissance de la France</h3>
<p><em>Titre un peu racoleur : la bataille de Bouvines (1214) ne marque pas la naissance de la France comme entité nationale, mais plutôt l’affirmation définitive de la suprématie du roi en tant que puissance dominante dans son propre royaume, après avoir soumis les grands seigneurs et confisqué aux Plantagenêts l’essentiel de leurs terres françaises. Les Capétiens travaillaient à cela depuis deux siècles. À la même époque les seigneurs du Nord de la France soumettent le Sud sous prétexte de Croisade. Pour la véritable naissance d’un sentiment national, il faudra attendre deux autres siècles et la fin de la Guerre de Cent Ans.</em></p>
<p>À Bouvines, Philippe Auguste, roi depuis 34 ans, écrase l’Empereur Othon et le
comte de Flandres, alliés du Roi d’Angleterre Jean sans Terre, et met fin à leur
tentative d’invasion. Par la suite, ce seront même les Français qui manqueront
de peu <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_VIII_le_Lion">l’invasion de l’Angleterre</a>. Quatre articles
décrivent le lourd contentieux Capétiens/Plantagenêts ; expliquent
pourquoi les Français ont gagné un duel au départ équilibré (surprise,
initiative et motivation religieuse) ; décrivent l’apogée de la
chevalerie franque (plus que française) ; enfin s’étendent sur les conséquences à
très long terme pour la France (établissement de la domination royale) et en
Angleterre (Grande Charte et contrôle du Roi par le Parlement).</p>
<h3>La guerre civile grecque</h3>
<p>La Grèce n’a jamais été un État très stable. Pendant la Seconde Guerre Mondiale,
l’occupation allemande est terrible (avec des famines), et la Libération marque
le début d’une guerre civile entre les communistes pro-URSS, lâchés plus tard
par Tito, et le gouvernement pro-anglais puis pro-américain. À la victoire de ce
dernier en 1948, on compte au moins 158 000 morts.</p>
<p><em>La Libération fut rarement aussi joyeuse et « réussie » qu’en France.</em></p>
<h3>Éléphants de guerre</h3>
<p>Les éléphants de combat remontent à la plus haute Antiquité, en Asie du moins (y
compris en Chine). Ils font merveille contre les chevaux qui en ont peur. Les
Perses les avaient déjà affrontés contre les royaumes indiens, mais c’est Alexandre le Grand qui les ramène en
Occident après avoir soumis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Poros_(roi)">Poros</a>.</p>
<p>L’éléphant se retrouve dans les armées des
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diadoque">diadoques</a> puis dans celles des
Carthaginois, et même dans les troupes romaines. L’animal est cher et peut se
retourner contre son propre camp quand il panique. Les éléphants d’Afrique du
Nord disparaissent peu après. En Asie l’animal reste utilisé pour le combat
(notamment comme plate-forme de tir) jusqu’au XIXè siècle.</p>
<h3>Ramsès III contre les Peuples de la Mer</h3>
<p>Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peuples_de_la_mer">Peuples de la Mer</a> ravagent
les côtes du Proche Orient au XIIè siècle avant notre ère, redistribuant les
cartes dans un équivalent méditerranéen des Grandes Invasions européennes du Vè
siècle.</p>
<p>On ne sait trop d’où ils viennent (Europe du Sud <em>via</em> la Grèce ?), on ne sait
trop ce qu’ils deviennent (à part ceux que la Bible connaîtra un peu plus tard
comme les Philistins), et ils détruisent entre autres l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hittites">Empire hittite</a>.</p>
<p>L’Égypte, elle, tient bon, et la bataille du Nil vers -1175 n’est que le plus
notable de nombreux affrontements étalés sur des décennies. Le Nouvel Empire
égyptien est au faîte de sa puissance avec Amhenotep III, Ramsès II et Ramsès III. La bataille dans le delta du Nil est féroce mais la victoire de Pharaon est
totale. C’est pourtant le chant du cygne pour le Nouvel Empire : l’Égypte
s’enfoncera lentement dans la décadence puis passera sous domination assyrienne,
perse, macédonienne, romaine...</p>
<h3>Shoah et destruction des États</h3>
<p>Selon Timothy Snyder, spécialiste des grands massacres de la Seconde Guerre
Mondiale (<em>j’ai toujours la chronique de </em>Bloodlands<em> dans mes brouillons</em>),
le déclencheur premier de la Shoah est la destruction des États à l’est :
Pologne, Lituanie, Estonie... Ces États ont subi l’invasion de l’URSS
<em>et</em> de l’Allemagne entre 1939 et 1941 : toutes leurs institutions ont disparu.</p>
<p>L’Allemagne, même nazifiée, est encore trop pétrie de droit et de règles pour
que des massacres à très grande échelle ait lieu : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_de_Cristal">Nuit de cristal</a> n’a pas l’ampleur de
l’Holocauste. Mais là où le chaos s’installe peut se consolider l’idée que l’on
peut massacrer tous les Juifs massivement, rapidement, impunément. Cela n’arrive qu’à partir
de 1941. Auparavant, les nazis se contentaient de ghettoïser, spolier, déporter,
chasser, liquider les élites.</p>
<p>Dans la France de Pétain ou le Danemark occupé, les Allemands n’osent pas trop
brusquer des institutions qui leur servent certes de courroie de transmission,
mais qui tentent aussi de protéger au moins leurs concitoyens (et pensent
parfois aux représailles au cas où les États-Unis gagneraient la
guerre). Les Juifs apatrides ou déchus de leur citoyenneté sont dans ces États
les principales victimes, les nationaux ont de meilleures chances survie.</p>
<p>Dans les zones où l’État a disparu, les gens s’adaptent au chaos, et les Justes
sont ceux qui ont agi comme si les institutions existaient encore, sans trop eux-mêmes savoir pourquoi.</p>
<p>Timothy Snyder, Américain, fait le parallèle avec l’Irak : la barbarie de Daesh
est survenue en Irak <em>parce que</em> ses structures (armée, partie Baas) ont été
liquidées par Bush sans remplacement, en imaginant que la démocratie fleurirait toute seule. Et remarque que la Russie considère
l’Ukraine dans le Donbass comme illégitime, ce qui autorise tout.</p>
<blockquote><p>« Si vous considérez que <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/la Shoah" title="la Shoah">la Shoah</a> est un événement unique, si unique qu’il n’y a pas d’histoire, qu’il n’y a que la mémoire, alors vous ne pouvez pas en tirer de leçons. En réalité on peut en tirer beaucoup. La plus importante à mes yeux est que détruire un État est toujours une chose extrêmement dangereuse. »</p></blockquote>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La prise du fort belge d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_du_fort_d%27%C3%89ben-%C3%89mael">Eben-Émael</a> en mai 1940 fut montée en épingle par la propagande allemande pour l’audace et la préparation minutieuse de l’attaque. L’article montre que la nullité de la défense belge a puissamment contribué.</li>
</ul>
<ul>
<li>La suite de l’histoire de Yon Deguen reste dans la veine de la première partie (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-août-2016">dans le n°32</a>). Jusqu’à une blessure en janvier 1945, il enchaîne les combats. Les officiers soviétiques incapables se révèlent parfois aussi dangereux que les Allemands. Après avoir vu tant de camarades se faire tuer, il peut se considérer comme extrêmement chanceux. Après guerre il devient chirurgien orthopédique, et il a encore à souffrir de l’antisémitisme stalinien et russe, au point d’émigrer en Israël.</li>
</ul>
<ul>
<li>La polygamie des classes dominantes et donc le besoin de s’enrichir aurait été une cause majeure des raids vikings.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les États-Unis n’ont eu aucun mal à fournir l’énorme effort de guerre de la Seconde Guerre Mondiale grâce à l’emprunt, à leur propre population essentiellement. La dette monte à 110% du PIB en 1945 mais l’investissement se révèle rentable : domination économique sans partage, croissance vigoureuse lors de la reconstruction et du <em>baby boom</em>... (<em>La dette française actuelle est du même ordre, presque 100%</em> -- <em>mais difficile de croire que la croissance et la démographie actuelles permettront de la repayer aussi vite...</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Joachim Murat, général, ami et beau-frère de Napoléon fait partie de ces destins exceptionnels des périodes de chamboulement comme l’Empire. Bon militaire, piètre politique, il meurt en tentant de reconquérir son royaume de Naples alors même que Napoléon a perdu Waterloo.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-35#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/838Blog en pause pour cause de tendinite...urn:md5:6c9820c1dcfbc04166ef9a5809d71a912017-02-08T11:09:00+01:002017-02-08T11:09:00+01:00ChristopheMoi, ma vie, mon ego <p>No comment...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Blog-en-pause-pour-cause-de-tendinite...#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/837« Ravage » de Barjavelurn:md5:145f601f59d23413fcf25318a57c57a52017-01-22T22:19:00+01:002017-03-04T22:00:32+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanalogieapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcouragedéshumanisationexaptationlivres luslyrismenaturenostalgieperspectivepessimismesciencescience-fictionSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeutopieécologieénergieévolution <p>Dans la SF française, qui ne s’appelait pas encore comme cela en 1942, c’est un classique et la première œuvre d’un de nos plus grands auteurs. Mais noyés dans les odeurs de cendres surnagent quelques relents un peu nauséabonds. C’est une des difficultés des anciens livres : discerner ce qui vient de l’air de son temps, ce qui est deuxième degré, et ce qui est vrai choix de l’auteur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Barjavel_Ravage.jpg" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Barjavel_Ravage_m.jpg" alt="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin" /></a> Dans le Paris de 2052, tel qu’imaginé juste avant-guerre, l’électricité disparaît inexplicablement. Pendant que la civilisation s’écroule puis que le monde flambe, le jeune François sauve sa jeune, innocente, belle et naïve Blanche, puis monte une expédition pour rejoindre la région rurale isolée où ils ont grandi.</p>
<p>Comme dans toute anticipation dont la date est dépassée ou proche, certaines pages font sourire. La nourriture ne provient que de la synthèse chimique, personne ne sait plus à quoi ressemble un poulet, mais les ouvriers meurent toujours à 50 ans à cause de la dureté de l’usine. Le « plastec » omniprésent n’est pas si loin de la réalité actuelle, et les trains à haute vitesse sillonnent l’Eurasie, mais les avions ne semblent pas voler plus loin qu’en 1939. Le téléphone est en 3D mais il faut toujours se déplacer dans la pièce où il sonne. Les mœurs nous sembleront surannées : Blanche suit une école pour futures « mères d’élite » et elle obéit sans mot dire à son homme. Il est facile de se moquer après coup, je pense que mes éventuelles prédictions pour 2117 feraient rire mes descendants (voire moi-même ?).</p>
<p>La partie la plus intéressante reste la description de la société qui s’effondre, du chaos et des méthodes de survie. On a sans doute fait mieux dans le domaine depuis 1942, mais le passage des individus policés aux bandes barbares reste convaincant : un sage a bien dit que la différence entre la civilisation et la barbarie n’était que de quelques repas, et je le crois volontiers.</p>
<p>Par certains côtés <em>Ravage</em> m’a rappelé <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malevil">Malevil</a></em> de Robert Merle : destruction totale, barbarie des survivants, héros reconstituant une bande.</p>
<p>Tout cela a d’ailleurs un avant-goût assez inquiétant : combien de temps durerait notre civilisation si l’électricité, pour une raison ou une autre, disparaissait pour longtemps à une échelle continentale ? Sommes-nous certains d’être à l’abri du danger ? Saurions-nous rester assez disciplinés et éviter le chaos ? Barjavel a peut-être été inspiré en partie par l’Exode, tout proche.</p>
<p>Le personnage de François fait froid dans le dos par son adaptation froide à la barbarie de la situation. C’est l’« homme providentiel » par excellence, le guide-né sans lequel les autres ne sont que moutons stupides, et contesté par personne. C’est par lui que l’on retrouve peut-être le pétainisme à la mode en 1942. Barjavel a certes travaillé pour Denoël qui était collaborationniste et publié chez lui, mais il y travaillait avant guerre ; et si <em>Ravage</em> cadrait dans la philosophie de Vichy, le reste de l’œuvre de Barjavel n’a rien à voir. On peut ne voir dans <em>Ravage</em> que méfiance envers un progrès incontrôlé et regret de la France rurale, comme encore parfois aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire que l’on souhaite la destruction de la société moderne. Doit-on voir dans le chapitre final une apologie du bonheur par l’obscurantisme, ou un avertissement ? C’est sur cette grosse ambiguïté que se finit le livre. Même si le futur de cette société, entrevu dans le <em>Voyageur imprudent</em> paru peu après, ne fait pas rêver.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ravage-de-Barjavel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/836Bombe atomique nazie, pentaquarks, guêpe parasite... dans Pour la science n°471 de janvier 2017urn:md5:c679b92e5d9184a6529096771250ed632016-12-31T19:44:00+01:002020-02-08T17:58:48+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_0471_couv_200px.jpg" title="Pour la Science n°471 de janvier 2017"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_0471_couv_200px_s.jpg" alt="Pour la Science n°471 de janvier 2017" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Pour la Science n°471 de janvier 2017" /></a>Innovation de ma part : commencer le compte-rendu du meilleur d’un numéro de <em>Pour la Science</em> l’année précédant sa parution !</p>
<p>Faisons vite. <em>Commentaires personnels en italiques comme d’habitude.</em></p> <p>::TOC::</p>
<h3>La chronique de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres perles :</p>
<blockquote><p>Exceller dans une technique n’incite guère à discuter la vision du monde qui la sous-tend. (...) Admirer sans réserve un « grand pro », c’est faire la part trop belle à la seule maîtrise technique. <br /> <br />Didier Nordon, p.98</p></blockquote>
<h3>Pourquoi les nazis n’ont pas eu la bombe atomique</h3>
<blockquote><p>Ich danke Gott auf Knien, dass wir keine Atombombe gebaut haben.<br /> <br />Je remercie Dieu à genoux de nous avoir évité de construire la bombe atomique. <br /> <br /> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Otto_Hahn">Otto Hahn</a>, découvreur de la fission atomique</p></blockquote>
<p>C’est l’article le plus intéressant du lot, par un <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Manfred_Popp" hreflang="de">spécialiste du nucléaire allemand</a> : les nazis sont passés à côté de la bombe atomique non à cause de limitations matérielles et économiques, non parce que ses physiciens ont sciemment saboté le programme (comme le clamaient certains après guerre), mais à cause de la nature même de leur régime de terreur.</p>
<p>Manfred Popp décrit (voire dézingue) les hypothèses des divers auteurs, surtout anglo-saxons, qui s’étaient penchés sur le sujet. Il semblait étonnant que l’Allemagne, grande puissance scientifique, maîtresse de toute l’Europe, se soit fait grillée par les États-Unis, partis tard dans la course, même avec leurs moyens considérables. Rappelons que les Américains ont même construit et utilisé contre le Japon <em>deux</em> types de bombes : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Little_Boy">à l’uranium</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fat_Man">au plutonium</a> !</p>
<p>Samuel Goudsmit, à la fin de la guerre, était chargé de repérer et arrêter les physiciens allemands de l’<em>Uranverein</em>. Ceux-ci ont été regroupés dans un manoir anglais pour qu’ils discutent... sous l’oreille de micros. Goudsmit, physicien lui-même, a publié dès 1947 ses conclusions, reprises par Popp : les physiciens allemands confondaient réacteur et bombe et ont donc fait fausse route dès le départ.</p>
<p>Les synchrotrons français ou danois n’ont pas été utilisés pour créer du plutonium, cette piste était donc fermée. Pour l’uranium 235, ils en restèrent à l’utilisation de neutrons lents, acceptables pour un réacteur (qu’il faut maîtriser), alors qu’une bombe doit utiliser des neutrons rapides (pour parer à la dilatation ultra-rapide du combustible). Les neutrons lents semblaient pourtant une bonne piste. Si les Américains surent repérer celle des neutrons rapides, les Allemands ne l’explorèrent même pas en tentant d’obtenir quelques microgrammes d’uranium : jusqu’au bout ils travaillèrent à un réacteur, pas une bombe.</p>
<p>Les documents administratifs de l’époque se concentrent sur l’utilisation d’un réacteur et évoquent très peu la bombe, qui pour eux ne serait qu’un dérivé. Il semble que les estimations sur les besoins, la taille et la puissance dégagée aient été faux, faute de neutrons rapides</p>
<p>Les écoutes montrent qu’à l’annonce d’Hiroshima, Heisenberg, Hahn et consorts furent sincèrement étonnés (voire soulagés). Ce n’est qu’à la lumière des premières explosions qu’ils tentèrent vraiment de découvrir le principe de la bombe. Leurs calculs les jours suivants reprennent les erreurs « de débutant » déjà faites bien plus tôt par les Américains. Pour Popp, « durant toute la guerre, Heisenberg n’a pas réfléchi sérieusement à la bombe pendant toute une semaine ! »</p>
<p>Popp s’étonnait aussi que l’<em>Uranverein</em> n’ait pas exploré de nombreuses pistes pour ensuite se concentrer sur une, ce qui est le procédé normal en terrain inconnu. Ce n’était pas un simple problème de gestion de projet. D’un côté personne n’avait intérêt à voir son petit sous-projet arrêté pour être réaffecter ailleurs voire au front ; de l’autre promettre explicitement une bombe à ces fous furieux de nazis était dangereux sans garantie de succès à court terme. Heisenberg, lui-même qualifié de « Juif blanc » par les SS et un temps inquiété, se méfiait d’eux. Mieux valait continuer sur le chemin connu et faire taire sa curiosité. Les nazis n’ont pas eu de bombe A à cause de la terreur qu’ils inspiraient en cas d’échec.</p>
<p><em>Et Staline ne l’a eue que parce que lui savait que c’était réalisable, et avec une bonne dose d’espionnage.</em></p>
<p><em>En complément : </em></p>
<ul>
<li><em><a href="http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-46214181.html" hreflang="de">une interview de Heisenberg en 1967</a>, où il évoque aussi la piste ratée du graphite comme modérateur (au lieu de l’eau lourde), parle des limitations économiques, de l’espoir que les Américains renonceraient aussi devant les coûts monstrueux, de l’inertie des hauts dirigeants allemands qui n’ont pas compris le potentiel dès 1940 comme Einstein et Roosevelt et surtout pensé que la bombe arriverait de toute façon trop tard ;</em></li>
<li><em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Otto_Hahn#Internierung_in_England_.281945.29" hreflang="de">la réaction de Otto Hahn à l’annonce d’Hiroshima</a> : en tant que découvreur de la fission il culpabilisa lorsque les Américains, en qui il plaçait tous ses espoirs, utilisèrent la bombe A contre une ville. </em></li>
</ul>
<h3>Tétraquarks et pentaquarks</h3>
<p>Depuis les années 60, on sait que protons et neutrons sont constitués de trois quarks. Depuis a été découvert tout un bestiaire de quarks différents par leur « saveur », « charme », « couleur »... et de mésons (pions, kaons...) constitués d’un quark et d’un antiquark de saveur différente.</p>
<p>Depuis quelques années se rencontrent dans les accélérateurs les premières particules constituées de quatre voire cinq quarks, suggérées depuis des décennies par la théorie mais à la durée de vie si éphémère que leur détection n’est qu’indirecte.</p>
<p><em>Quant à savoir à quoi peut bien mener cette quête ? C’est de la recherche pour de la recherche, dont le résultat final sera peut-être juste de peaufiner les modèles et la chromodynamique, ce qui servira pour Dieu sait quoi Dieu sait quand.</em>'</p>
<h3>Guêpe-émeraude et blatte zombie</h3>
<p>Un article s’étend sur les mécanismes qui permettent à une jolie guêpe bleue de zombifier une pauvre blatte qui se fera bouffer de l’intérieur par la larve de la guêpe (oui, on est dans <em>Alien</em>) : piqûre pour paralyser, re-piqûre de venin en plein dans ce qui sert de cerveau à la victime, ponte sur le corps, abandon dans le terrier. La blatte entre quasiment en hibernation forcée pour rester fraîche plus longtemps sans mourir et se fait dévorer de l’intérieur jusqu’à l’éclosion de la larve.</p>
<p><em>Rien de bien neuf, on connaît les guêpes parasitoïdes depuis longtemps, mais avec plein de détails croustillants sur la biochimie de cette abomination.</em></p>
<p><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-la-guepe-emeraude-et-sa-blatte-zombie-37963.php">Voir aussi sur le site de Pour la Science</a></p>
<h3>Les Pelagornis</h3>
<p>Les Pelargonis avaient le double de l’envergure des albatros, leur bec avait des excroissances rappelant des dents. Ils ont dominé les ciels maritimes pendant 50 millions d’années, occupant la niche écologique des ptérosaures jusqu’à leur disparition inexpliquée il y a 3 millions d’années.</p>
<h3>Le calcul sans coût énergétique</h3>
<p>Il semble à présent que le lien entre entropie et information soit expérimentalement validé et donc un calcul a forcément un coût énergétique minimal : c’est la <a href="http://strangepaths.com/calcul-reversible/2008/01/20/fr/">barrière de Landauer</a>. À la vitesse actuelle (tous les 18 mois doublement du nombre d’opérations effectuées à énergie égale), nous l’atteindrons au plus tard dans 20 ans.</p>
<p>Une parade serait le calcul <em>réversible</em> où toute opération pourrait être faite à rebours. Par exemple, une opération <code>ET</code> (destructrice) serait remplacée par une opération donnant le résultat et des informations permettant de revenir en arrière. Il y a un coût en mémoire à payer.</p>
<p>La recherche fondamentale travaille déjà sur la théorie, des puces, des compilateurs, un langage... peut-être en lien avec les futurs ordinateurs quantiques, naturellement réversibles.</p>
<p><em>Mouais. Ça me semble trop beau pour être vrai, l’entropie gagne toujours.</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le cannabis perturbe bien la mémoire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il y aurait des noyaux atomiques « bulles », c’est-à-dire creux, comme le silicium 34, et qui seraient donc moins incompressibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Encelade, une Lune de Saturne, cacherait bien un océan sous une couche de glace, avec des cheminées hydrothermales. De quoi abriter la vie ? La source de la chaleur d’Encelade n’est pas claire, et cela une importance pour savoir à quand remonte cet océan.<br />Il n’y a pas qu’Encelade a receler un océan souterrain et à faire fantasmer les exobiologistes : Europe, le satellite de Jupiter, était connu pour cela, mais peut-être aussi Ganymède, Callisto, Titan, Mimas, voire Pluton...</li>
</ul>
<ul>
<li>Les ordinateurs ont un avantage sur nous : la « pile ». Ils peuvent donc reprendre un travail interrompu là où ils l’avaient laissé, ce dont nous sommes incapables sur plus d’un niveau. Les portes de la récursivité leur sont ouvertes, tandis que nous pauvres humains en sommes réduits à des algorithmes moins efficaces ne nécessitant pas de mémoire de travail.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le Président du CNRS veut des sous, <strong>la France est à la traîne pour le financement de la recherche</strong> par rapport à l’Allemagne, au Japon, aux États-Unis...</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-science-n-471#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/835Deux choses qui me passent très au-dessus de la têteurn:md5:71bdc9c45e7835551ad8a1c3d78f9c532016-11-26T20:38:00+01:002018-02-10T09:48:48+01:00ChristopheScience et conscience <p><a href="http://www.keepcalm-o-matic.co.uk/p/keep-calm-and-solve-navier-stokes-equation-8/" title="http://www.keepcalm-o-matic.co.uk/p/keep-calm-and-solve-navier-stokes-equation-8/"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/sciences/.keep-calm-and-solve-navier-stokes-equation-8_s.jpg" alt="keep-calm-and-solve-navier-stokes-equation-8.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>J’adore la vulgarisation qui fait <em>presque</em> comprendre des choses qui nous volent très très <em>très</em> au-dessus. Quelque part des gens y consacrent leur vie et comprennent, eux, quand j’ai juste saisi des bribes de connaissances, des éclairs d’au-dehors de ma caverne platonicienne, que je serais bien incapable de retransmettre.</p>
<p>Pour la génération avant la mienne, ce seuil était atteint par la description du moteur nucléaire d’<em><a href="https://laurafrancoismartinemile.wordpress.com/tintin-objectif-lune/">Objectif Lune</a></em>. Comme j’en ai été gavé avant même de savoir lire, c’est acquis. Par contre pour les deux exemples ci-dessous je m’émerveille mais intellectuellement je déclare forfait :</p>
<ul>
<li>La <a href="https://sciencetonnante.wordpress.com/2016/09/02/la-gravite-quantique-a-boucles/">gravité quantique à boucle expliquée en vidéo par David Louapre</a>. <br />C’est une concurrente de la théorie des cordes pour concilier la gravitation et les autres forces, le Graal des astrophysiciens. Nos outils ne permettent pas encore de trancher entre les deux mais c’est envisageable. Il faut lire aussi le long commentaire écrit à la vidéo.<br />Ne pas s’effrayer des quelques équations dans la vidéo : de toute manière elles sont tellement ésotériques que ça aurait pu être des glyphes mayas.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://sametmax.com/cest-le-futur/">C’est le futur</a>, une traduction d’une parodie américaine cruelle sur la vogue des web services et virtualisations en tout genre à base de technos qui évoluent plus vite qu’on ne peut les absorber en empilant les couches d’abstraction, et passent de mode dès que le développeur moyen commence à en entendre parler. (Si quelqu’un passe ici, qui est du domaine j’aimerais son avis...) <br />Je suis fort heureux de sévir dans la partie de l’informatique qui ne peut se permettre de céder au <em>hype</em> et aux effets de mode parce que les données, elles, devront encore être là dans dix ans.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Deux-choses-qui-me-passent-tr%C3%A8s-au-dessus-de-la-t%C3%AAte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/826Les mythes de la Seconde Guerre Mondialeurn:md5:c184b0dc26183cf537c08ebc70c775602016-11-18T18:43:00+01:002020-02-08T17:59:37+01:00ChristopheHistoire<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Les_mythes_de_la_2eGM.jpg" title="Les Mythes de la Seconde Guerre Mondiale"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Les_mythes_de_la_2eGM_s.jpg" alt="Les Mythes de la Seconde Guerre Mondiale" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Les Mythes de la Seconde Guerre Mondiale" /></a> Cet excellent et passionnant ouvrage collectif d’articles de pointures universitaires reste très accessible au lecteur un tant soit peu cultivé (celui qui sait distinguer Roosevelt et Churchill, Koufra et El-Alamein, et les deux Débarquements en France en 1944). Chaque thème se développe sur la bonne longueur, même si certains se sentiront frustrés de ne pas avoir <em>tous</em> les détails et croquis sur les <em>Wunderwaffen</em> ou la biographie complète de Montgomery, et d’autres auront l’impression de lire des travaux universitaires.</p> <p>Certains des « mythes » évoqués ne le sont plus à qui a déjà étudié un peu l’Histoire, d’autres relèvent des résidus de la propagande d’avant et après la guerre, ou d’une vision un peu trop géocentrée. Manquent hélas deux ou trois gros mythes à la limite du complotisme, comme le piège de Pearl Harbor <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-mythes-de-la-Seconde-Guerre-Mondiale#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Je voudrais retenir ce qui suit (parmi la foule de croustillants détails et l’abondante bibliographie) :</p>
<p>::TOC::</p>
<h3>Mythe : les Britanniques étaient unanimement derrière Churchill</h3>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Churchill_V_sign_HU_55521.jpg" title="Winston Churchill (image domaine public via Wikimedia) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Winston_Churchill_V_sign-HU_55521-DomainePublic-via-Wikimedia.jpg" alt="Winston Churchill (image domaine public via Wikimedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Winston Churchill (image domaine public via Wikimedia) " /> </a> Churchill, farouchement anti-hitlérien et écarté jusque 1939, ne fut rappelé à la tête de la Navy qu’au déclenchement de la guerre, quand il fallut montrer les dents face à Hitler.</p>
<p>L’effondrement de mai 1940 le porta au pouvoir. Les tentatives pour le renverser (démocratiquement au Parlement) ne manquèrent pas à l’époque où les défaites s’accumulaient, mais son charisme lui permit de garder le contrôle. Puis Hitler attaqua l’URSS, l’Amérique entra en guerre et la pression retomba.</p>
<p>Les élections de 1945 l’ont, de manière un peu ingrate, renvoyé dans ses foyers : les Britanniques voulaient reconstruire le pays plus à gauche.</p>
<h3>Mythe : la défaite de 1940 était inéluctable</h3>
<p>Les troupes françaises se sont souvent bien battues, le matériel aurait pu suffire face à une Wehrmacht pas si performante elle-même, la stratégie (purement défensive, avec de bonnes raisons) restait cohérente... au début.</p>
<p>Les vrais causes de la défaite : la doctrine périmée (les chars !), le commandement nullissime, les gros coups de chance et l’audace des Allemands. (<em>Voir mon billet sur </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1" hreflang="fr">Comme des lions</a><em> de Dominique Lormier.</em>)</p>
<h3>Mythe : les sous-marins allemands auraient pu changer le cours de la guerre</h3>
<p>Churchill <em>himself</em> avait plus peur d’une rupture des approvisionnements à cause des sous-marins allemands que d’une invasion des Îles Britanniques. Si jusqu’en 1943 les pertes en bateaux ont été terribles, malgré les convois, la productivité américaine a permis de les remplacer.</p>
<p>De plus la marine allemande, défavorisée par rapport aux armées de terre et de l’air (en partie pour ne pas fâcher les Britanniques avant-guerre), a démarré la guerre sous-dimensionnée et finit rapidement obsolète. Un nouvel effort allemand trop tardif ne permit pas aux <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/U-Boot-Klasse_XXI" hreflang="de">sous-marins XXI</a> d’être prêts à temps.</p>
<h3>Mythe : Hitler a devancé une attaque de Staline</h3>
<p>La théorie a eu cours il y a quelques années, elle a été descendue ensuite : d’après certains indices dans les discours de Staline, ou de témoignages sur les positions soviétiques attaquées par les Allemands en juin 1941, certains ont prétendu que l’URSS était sur le point d’attaquer le Reich dans une guerre préventive.</p>
<p>Les indices semblent en fait ténus. Cela ne cadre pas avec la mentalité de Staline, son comportement dans les mois précédents (coopération maximale avec l’Allemagne, alors que les signes d’une attaque imminente se multipliaient), et la mentalité qu’il prêtait à Hitler, proche de la sienne : notamment il ne pouvait imaginer qu’Hitler serait assez bête pour ouvrir un second front, et en tout cas pas avant 1942. Si Staline avait l’intention d’intervenir, cela aurait été <em>après</em> qu’Allemands et Britanniques se soient épuisés.</p>
<p>Quant aux positions avancées : la stratégie soviétique en cas d’attaque consistait à contre-attaquer immédiatement, d’où le positionnement de troupes avancées, renforcées juste auparavant suite aux bruits de bottes.</p>
<p>Rappelons que le <em>but ultime</em> d’Hitler était la conquête de la Russie, l’idée de guerre préventive de sa part ne tient pas.</p>
<h3>Mythe : Pearl Harbor, une victoire japonaise</h3>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_USS_Arizona_(BB-39)_burning_after_the_Japanese_attack_on_Pearl_Harbor_-_NARA_195617_-_Edit.jpg" title="USS Arizona en train de brûler après l’attaque de Pearl Harbor (domaine public via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/The_USS_Arizona__BB-39__burning_after_the_Japanese_attack_on_Pearl_Harbor_-_NARA_195617-DomPub-via_Wikimedia.jpg" alt="USS Arizona en train de brûler après l’attaque de Pearl Harbor (domaine public via Wikimedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="USS Arizona en train de brûler après l’attaque de Pearl Harbor (domaine public via Wikimedia) " /></a> À la limite de ses capacités logistiques, le Japon a infligé aux États-Unis à Hawaï une branlée plus morale que matérielle : les navires définitivement coulés étaient antédiluviens, aucun porte-avion n’a souffert, l’industrie américaine a vite couvert le reste des pertes.</p>
<p>Le raid, fruit de longues tractations à Tokyo, n’a pas été si bien préparé. Rappelons que le vrai objectif japonais était en Asie : prise des Philippines américaines et des possessions britanniques et néerlandaises. Pearl Harbor devait juste tétaniser l’Amérique, il l’a braquée.</p>
<p>Les experts japonais avaient eux-mêmes calculé que le Japon serait incapable de tenir face à l’industrie américaine, avec raison : en 1942 leurs nouveaux porte-avions n’étaient pas lancés que les États-Unis verrouillaient déjà le Pacifique. Sans même parler de ce projet impérial intrinsèquement débile finalement : pour conquérir la gigantesque Chine, le Japon a dû attaquer toutes les grandes puissances économiques et militaires de l’époque, tout en surveillant l’URSS.</p>
<h3>Mythe : Rommel était un bon chef de guerre</h3>
<p>Encore un que la propagande nazie a magnifié jusqu’à aujourd’hui. Admiré même par ses ennemis, Rommel semble avoir été au final un bon meneur d’hommes, aimé et soucieux de ses hommes, mais indiscipliné, écoutant peu ses officiers et alliés. En partie à cause de cela, il n’a pas brillé dans la direction d’armées de grande taille.</p>
<p>Longtemps chef de la garde d’Hitler, il lui a toujours été fidèle, jusqu’au putsch raté de juillet 1944.</p>
<h3>Mythe : les cheminots ont collectivement été le fer de lance de la Résistance</h3>
<p>Le mythe a été gonflé dès l’immédiat après-guerre. Les cheminots étaient idéologiquement plutôt de gauche, très mobiles, les premiers à constater le pillage allemand. Mais les actes de résistance semblent plus relever de l’initiative individuelle que de grands réseaux réels, et il y en a suffisamment pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter artificiellement.</p>
<h3>Mythe : l’économie soviétique ne pouvait rivaliser avec celle du Reich</h3>
<p>C’est difficile à croire : l’Allemagne hautement industrialisée a bien été économiquement et industriellement écrasée par l’URSS, sous-développée sur bien des points, amputée de la moitié de son territoire productif !</p>
<p>La brutalité du régime stalinien a très efficacement redirigé les ressources vers les industries de guerre, y compris en déplaçant 25 millions de personnes hors de portée des Allemands ! Les industries se concentrèrent sur quelques modèles en très grande série. Si le régime se libéralisa très légèrement, le peuple restait soumis a une pression infernale, la moindre absence pouvant être interprétée comme une désertion !</p>
<p>L’article minimise le poids de l’aide américaine : non négligeable, essentiellement civile, elle a surtout permis aux Soviétiques de compenser leurs points faibles (nourriture, camions, machines, métaux spéciaux...) pour se concentrer sur ce qu’ils pouvaient faire.</p>
<p>En face, l’Allemagne a toujours eu un problème de matières premières : l’URSS lui fournissait l’essentiel de nombreuses ressources avant 1941 ! Le problème de ressources touchait aussi les hommes, à cause de la mobilisation. Le Reich a tout de même réussi à <em>augmenter</em> sa production jusque 1944 malgré les bombardements anglo-américains, mais en mobilisant — bien trop tard ! — toute sa population, en pillant allègrement les territoires conquis, en réduisant des millions de personnes en esclavage. Par contre, la planification des ressources était erratique (voir plus loin les <em>Wunderwaffen</em>).</p>
<p>C’est un des <em>leitmotivs</em> du livre : l’Allemagne n’était pas dimensionnée pour mener une guerre longue. Les succès hitlériens sont déjà un petit miracle. Et elle n’aurait jamais pu gagner la Seconde Guerre Mondiale militairement et économiquement.</p>
<h3>Mythes : Montgomery, un général surestimé</h3>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bernard_Law_Montgomery.jpg" title="Montgomery (domaine public via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Bernard_Law_Montgomery-DomPub-via_Wikimedia.jpg" alt="Montgomery (domaine public via Wikimedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Montgomery (domaine public via Wikimedia) " /></a>Le plus grand général anglais cherchait trop les caméras, était vaniteux et brouillé avec beaucoup de ses homologues américains, et favorisait les progressions lentes et sûres mais pas très médiatiques aux grandes et élégantes manœuvres. Il ne cherchait donc pas à encercler l’ennemi, parfois l’a laissé fuir. Sans goût pour théoriser, il n’a pas su repérer ses propres faiblesses.</p>
<p>Le chapitre le réhabilite en bonne partie : Montgomery a gagné tous ses combats face à la Wehrmacht, notamment parce qu’il ne cherchait pas à la singer. Il était adaptable à tous les terrains et toutes les unités. Il tenait à préserver le moral de ses hommes et à s’en faire comprendre. Son plus grand échec à la fin de la guerre (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Market_Garden">Market Garden</a></em>) n’était justement pas dans son style habituel.</p>
<h3>Mythe : Les Waffen-SS étaient des soldats d’élite</h3>
<p>Glorifiés jusqu’à l’absurde par la propagande allemande, les hommes en noir fascinent encore. D’abord police politique, les SS militarisés hors de la Wehrmacht étaient certes fanatisés mais sans expérience ni tradition militaire. Si l’audace a parfois été payante, leur manque de professionnalisme leur coûta cher au début de la guerre.</p>
<p>L’instruction progressant et l’expérience venant, et pourvus à présent de blindés, les SS atteignirent leur apogée en 1943. Puis leur effectif continuant de monter, la qualité des recrues baissa. (<em>J’ai connu un Allemand, lycéen pendant la guerre, qui a eu le « choix » entre s’engager volontairement dans la Wehrmacht, ou finir d’office dans les Waffen SS.</em>)</p>
<h3>Mythe : la Seconde Guerre Mondiale, une affaire d’hommes</h3>
<p>Ce chapitre rappelle le rôle des femmes dans la guerre : combattantes (surtout chez les Russes), auxiliaires (partout), victimes des bombes (partout), victimes de viols des armées en campagnes (partout même si les Allemandes ont payé le prix fort face à l’Armée Rouge), résistantes, collaboratrices, victimes de l’épuration (avec toute la symbolique de l’homme vaincu cherchant à restaurer son autorité sur la coupable de collaboration horizontale, comme si c’était le plus grave des crimes), victimes des énormes déplacements de population, victimes des génocides, elles assumaient toutes les tâches civiles à la place des hommes partis au combat, y compris les villes à déblayer.</p>
<p>Une note sur le Japon : les Japonaises, écartées de la conduite de la guerre, semblaient plus pacifiques, et l'égalité accordée par l’occupant américain visait à pacifier ainsi le Japon d’après-guerre.</p>
<h3>Mythe : l’armée italienne était mauvaise</h3>
<p>L’Italie n’a pas brillé pendant la Seconde Guerre Mondiale : incapable d’envahir les Alpes en 1940 alors que les Français se faisaient écraser par la Wehrmacht, incapable d’envahir la Grèce, incapable de tenir la Lybie, appelant chaque fois la Wehrmacht à l’aide, hâchée menu sur le front russe...</p>
<p>Équipement médiocre, motivation nulle, ravitaillement catastrophique, commandement minable (à commencer par Mussolini) : après la pitié vient presque la sympathie pour le soldat de base.</p>
<p>L’article rappelle quelques pages sombres de massacres, souvent à base raciste. Mais la brutalité nazie ne pénétra pas profondément dans l’armée italienne, limitant ou condamnant les excès. Certains combats en Afrique du Nord firent honneur au soldat italien.</p>
<p>Conclusion : après guerre, pour ancrer l’Italie dans le camp démocratique, on a masqué les excès et fait de l’Italien un humaniste incapable de se battre pour le mal. L’armée italienne n’était pas si nulle, faisant ce qu’elle pouvait avec ce qu’elle avait.</p>
<h3>Mythe : Le Pacifique, théâtre secondaire</h3>
<p>Au contraire ! Benoist Bihan rappelle que le Pacifique mettait en contact la moitié de la population mondiale, un territoire énorme et tous les grands Empires coloniaux, les États-Unis, l’URSS, le Japon. Ce dernier pouvait menacer l’Australie et intervenir dans l‘Océan Indien <em>via</em> le Pacifique.</p>
<p>La bataille pour l’Asie est bien l’autre face de la Seconde Guerre Mondiale. Il y a eu un impact sur les opérations en Europe, par exemple sur la disponibilité des troupes australiennes ou des navires britanniques en 1942 (perte de Singapour, de la Malaisie, menace sur l’Australie...).</p>
<p>Les Américains prévoyaient d’ailleurs plutôt cette guerre-là (création du corps des Marines), et le matériel prévu (barges de débarquement, bombardiers...) a aussi servi en Europe. Ils n’ont pas donné tout de suite la priorité à l’Europe dans leur stratégie.</p>
<p>Staline aussi craignait le Japon. Le cynique pacte germano-soviétique avec Hitler servait en partie à se garantir d’un deuxième front pendant que <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov repoussait les Japonais</a>. Cette défaite amena le Japon à se retourner contre les Britanniques et Américains. L’attaque soviétique de 1945 sonna la capitulation.</p>
<p>Quant à la doctrine d’après-guerre, elle a hérité de bien des choses de la guerre du Pacifique, du rôle des porte-avions à la bombe atomique. Et toute la géopolitique de la région est encore marquée par les suites de cette guerre.</p>
<h3>Mythe : le débarquement de Provence, une opération inutile</h3>
<p>Le débarquement de Provence d’août 1944, militairement un succès de troupes essentiellement françaises (du moins de l’Empire français), a été masqué par le Débarquement de Normandie (déjà largement réussi à ce moment). Sa gestation a été le fruit de dissensions stratégiques entre Français brûlant d’en découdre chez eux, Américains voulant prendre les Allemands en tenaille, et Anglais soucieux de terminer la reconquête de l’Italie pour foncer ensuite sur Vienne (à la rencontre des Rouges).</p>
<p>Indéniablement un théâtre secondaire, le front sud a accéléré la Libération et redonné confiance et crédibilité aux Français.</p>
<h3>Mythe : le soldat américain ne sait pas se battre</h3>
<p>La légende vient de tous les côtés et des deux camps : les Américains ont gagné par leur industrie et leur puissance de feu, pas par la qualité de leurs soldats. Si l’opinion d’Hitler était entachée de racisme, un fait subsiste : le baptême du feu en Afrique du Nord face à Rommel a été cruel.</p>
<p>Les soldats au feu n’ont pas flanché, se sont peu rendus, ont encaissé de grandes pertes. Mais l’armée américaine vient de très loin : elle est constituée à 99% de conscrits, citoyens en arme, non fanatisés (d’où une tendance plus <em>relax</em> qui leur sera reprochée ailleurs), sans aucun professionnalisme ou expérience, qu’il faut former. Les rares divisions d’infanterie d’avant-guerre ou la garde nationale ne suffisent pas.</p>
<p>Vue la puissance qu’émane l’Amérique, il semble étonnant que son infanterie 1944 souffrait d’un problème continu de renouvellement des effectifs et surtout des cadres, avec des effets pervers : maintien des unités en opération en permanence, arrivée des nouveaux au compte-gouttes avec une intégration difficile, retrait des soldats expérimentés pour en faire des instructeurs si nécessaires...</p>
<p>Cette armée n’avait pas vraiment de capacité d’anticipation (elle fondait effectivement tout sur la puissance de feu) et se cassait parfois les dents sur des difficultés inattendues (combats de rue...). Mais alors elle apprenait vite, très vite. Le partage d’expérience était constant et rapide. Le GI n’était pas censé être une brute stupide ou surhumaine, l’initiative était encouragée et se glissait dans mille détails, jusqu’à la coopération interarmes. En 1945 les soldats américains étaient d’efficaces éléments d’une machine redoutable.</p>
<h3>Mythe : l’armée française en Italie, un sacrifice inutile</h3>
<p>Il est peu connu que les armées françaises, fusion entre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_fran%C3%A7aises_libres">FFL</a> et ancienne <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_d%27Afrique_(France)#La_Seconde_Guerre_mondiale">armée d’Afrique</a> vichyssoise, ont participé à la lente <a href="https://it.wikipedia.org/wiki/Campagna_d%27Italia_(1943-1945)" hreflang="it">progression alliée le long de l’Italie</a>. Si les Américains commandaient, les Français jouèrent là un rôle important et encaissèrent de sévères pertes — mais pour quel intérêt, puisque ce front était inutile ?</p>
<p>Sur ce dernier point, la discussion dure toujours, mais en 1943 les Alliés n’avaient guère d’autre cible possible que l’Italie, et Churchill visait alors plutôt les Balkans que la Normandie. Les Français se devaient d’y participer, et là ils reconstruisirent une armée et lui rendirent sa crédibilité. Ainsi le débarquement de Provence fut essentiellement français, et la place de la France à la table des vainqueurs devenait plus crédible.</p>
<h3>Mythe : les bombardements aériens ont vaincu l’Allemagne</h3>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Koeln_1945.jpg" title="Cologne 1945 (domaine public, via Wikimedia) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Cologne_1945-DomPub-via_Wikimedia.jpg" alt="Cologne 1945 (domaine public, via Wikimedia) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Cologne 1945 (domaine public, via Wikimedia) " /> </a> Les Anglo-Saxons rasèrent l’Allemagne, au point que certains assimilent cela à un crime de guerre. Le Britannique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Travers_Harris">Bomber Harris</a> pensait, comme beaucoup avant guerre (<em>et les nazis les premiers, </em>cf<em> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Varsovie_(1939)#Le_si.C3.A8ge_et_les_bombardements_de_la_Luftwaffe">Varsovie</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Rotterdam_Blitz">Rotterdam</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Mondscheinsonate">Coventry</a></em>), que les bombardements de population seraient suffisants pour casser le moral allemand. Les Américains visaient plus les cibles industrielles. En tout cas le bilan fut terrible.</p>
<p>Moralement, les bombes furent aussi contre-productives que celles du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blitz">Blitz</a> : les Allemands encaissèrent, et la propagande nazie exploita le sujet à fond. L’industrie se dispersa et s’enterra. La production militaire ne stoppa pas, loin de là, augmentant fortement jusque 1944 ! (''Voir aussi ce <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">qu’en disait Destremau à partir des analyses communications de l'époque</a></p>
<p>L’impact fut tout de même réel : la dispersion rendit le système d’autant plus fragile que les nœuds de communication furent touches, le déblaiement des villes mobilisa des travailleurs. Les pénuries diverses augmentèrent (par exemple les pétroles roumains, nécessaires au Reich, furent attaqués). Toute l’infrastructure du Reich fut touchée. Et indirectement, ce front aérien mobilisa canons de DCA, munitions, avions qui auraient été utiles à l’est. Et finalement les Alliés choisirent les bombardiers comme appâts pour casser les reins à la Luftwaffe.</p>
<p>Conclusion : il fallut des troupes terrestres pour faire plier l’Allemagne. Les bombes ne suffirent pas, mais firent très mal.</p>
<h3>Mythe : les kamikazes sont morts pour rien</h3>
<p>Jeter des avions neufs et des pilotes, élites de la nation, contre des ennemis, avec un taux de réussite faible et 100% de pertes semble totalement hallucinant. Le commandement japonais, désespéré, l’a pourtant fait : l’optique n’était plus que d’affermir la volonté de sacrifice du peuple, et de faire assez peur à l’inéluctable vainqueur pour qu’il consente à une paix aux conditions japonaises.</p>
<p>L’impact sur les opérations fut faible même si les kamikazes infligèrent une très grosse part des pertes navales américaines des derniers mois de la guerre. Les marins américains développèrent vite une peur panique des kamikazes.</p>
<p>Indirectement, les Américains purent se sentir d’autant plus légitimés à déclencher le feu nucléaire, puis MacArthur à modérer les conditions d’occupation (<em>voir plus bas pour l’effet réel</em>) — et à maintenir l’Empereur pour éviter « 100 millions de kamikazes ».</p>
<h3>Mythe : la France a contribué à la victoire des Alliés</h3>
<p>En résumé : militairement et directement, non. Les unités françaises (en Italie puis en Provence, en Allemagne...), équipées par les Américains, ont fourni un appoint parfois très utile mais dont les Anglo-Saxons auraient pu se passer. La propagande alliée et le besoin de symboles ont amplifié leur rôle. Les Résistants favorisèrent évidemment le Débarquement et la Libération, notamment pour le renseignement, comme guides, éclaireurs, ponctuellement comme auxiliaires.</p>
<p>Mais les insurrections des maquis dans tout le pays ont été réduites avec relativement peu de troupes par les Allemands, et le harcèlement en 1944 ne semble pas avoir été si efficace (et les civils ont subi les représailles). La France ne s’est pas libérée seule, la Résistance a bouché le vide (notamment dans le sud-ouest) après la retraite allemande.</p>
<p>Cependant l’Empire français fut utile comme source de matières premières (Afrique) ou bases logistiques (Nouvelle-Calédonie).</p>
<h3>Mythe : les armes miracles allemandes auraient pu tout changer</h3>
<p>Les nazis (voire les Allemands dans leur ensemble...) avaient une fascination pour la technologie plus que pour les quantités ou le ratio coût/efficacité à l’américaine ou à la soviétique. Bref, une sorte de pendant technologique à la « valeur supérieure du soldat allemand », qui devait permettre de vaincre sans l’avantage du nombre.</p>
<p>Les armes miracles (<em>Wunderwaffen</em>) ou armes de représailles (<em>Vergeltungwaffen</em>) furent exceptionnellement un succès (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Sturmgewehr_44" hreflang="de">fusil d’assaut StG 44</a>). Parfois l’impact n'était que psychologique : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/V1_(missile)">V1</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/V2_(missile)">V2</a> n’emportaient que peu de bombes, de manière imprécise, à un coût final exorbitant. Même le bombardier capable d’attaquer New York n’aurait infligé aucun dégât sérieux aux Alliés.</p>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Messerschmitt_Me_262A_at_the_National_Museum_of_the_USAF.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/.Messerschmitt_Me_262A_at_the_National_Museum_of_the_USAF_publicdomain_via_Wikipedia_s.jpg" alt="Messerschmitt Me 262A, National Museum of the USAF, Dayton (domaine public via Wikipedia) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Messerschmitt Me 262A, National Museum of the USAF, Dayton (domaine public via Wikipedia) " /></a> La course au gigantisme inutile fit également rage (char <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Panzerkampfwagen_VIII_Maus">Maus</a>). La réalisation péchait : si un appareil était utilisable, il n’était pas forcément assez fiable et endurant pour changer les choses (par exemple le fameux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Messerschmitt_Me_262">Me-262</a> à réaction). Ou l’industrialisation fut beaucoup trop tardive et hâtive (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/U-Boot-Klasse_XXI" hreflang="de">sous-marins XXI</a>).</p>
<p>La planification allemande erratique, non centralisée, née des conflits entre baronnies et empires industriels, la fascination pour la technologie, mobilisèrent des ressources monstrueuses au dépens des industries classiques. Les armes allemandes ne furent jamais autant efficaces qu’en optimisant l’existant à partir d’un besoin de terrain (cas typique : les radios et les jerrycans pour les tanks en 1940). En face les Alliés n’étaient pas inertes, apprirent à dévier les V1 ou les bombes téléguidées, et amélioraient aussi leur matériel.</p>
<p>L’article conclut que le matériel allemand, malgré certains points forts, était en 1945 inférieur à celui des Alliés. Mais la propagande nazie intensive autour des armes miracle continue jusqu’à nos jours. Aucune arme ne suffit à gagner une guerre.</p>
<h3>Mythe : L’Allemagne a perdu à cause de Hitler</h3>
<p>En résumé : non. Le Führer a eu sa part de décisions catastrophiques, mais Benoist Bihan argumente :</p>
<ul>
<li>l’Allemagne nazie ne pouvait pas vraiment mener la guerre autrement qu’à la manière d’Hitler (à supposer que le but ultime soit l’extension du <em>Lebensraum</em> à l’est, ou alors ce n’aurait pas été l’Allemagne nazie et il n’y aurait pas eu cette guerre) ;</li>
<li>beaucoup de facteurs internes expliquent l’échec allemand malgré Hitler (par exemple la fascination pour la technologie évoquée ci-dessus, le manque de centralisation, le manque de matières premières, une pensée militaire bloquée à Napoléon et la recherche de la bataille décisive, un suicidaire et aveugle mépris pour l’Armée Rouge...) ;</li>
<li>les Alliés ont participé <em>très</em> activement à abattre l’Allemagne qui ne s’est pas effondrée de l’intérieur.</li>
</ul>
<p>Au final, les Allemands n’avaient aucune chance de battre la Seconde Guerre Mondiale (en gros : eux contre le reste du monde) sur le long terme.</p>
<h3>Mythe : le Japon a capitulé à cause d’Hiroshima</h3>
<p>Hiroshima et Nagasaki n’ont pas changé grand-chose pour les dirigeants japonais, dans un pays déjà réduit en cendres avant même les largages atomiques.</p>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Atomic_bombing_of_Japan.jpg" title="Bombes d’Hiroshima et Nagasaki (domaine public via Wikimedia) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Hiroshima_Nagasaki-DomPub-via_Wikimedia.jpg" alt="Bombes d’Hiroshima et Nagasaki (domaine public via Wikimedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Bombes d’Hiroshima et Nagasaki (domaine public via Wikimedia) " /></a> Le 9 août 1945 (le jour de Nagasaki) l’URSS honora la promesse faite aux États-Unis, rompit sa neutralité avec le Japon, et une Armée Rouge au faîte de sa puissance se rua sur la Mandchourie. L’armée japonaise, affaiblie par les prélèvements pour les autres fronts et doctrinalement dépassée, fut proprement pulvérisée. D’autres attaques soviétiques ailleurs suivirent.</p>
<p>À ce moment, les derniers espoirs japonais d’une reddition à leurs conditions (maintien de l’Empereur, pas d’occupation...) s’effondrèrent : perte de l’intermédiaire potentiel avec les Occidentaux, fin de l’espoir de tirer parti de la division entre Américains et Russes, ouverture d’un nouveau front, perte d’une région industrielle majeure, prise en tenaille et possibilité d’un blocus complet du Japon, perspective d’une occupation communiste (horreur !).</p>
<p>Les discussions autour de l’Empereur restent mal connues mais son fameux discours aux Japonais réécrivait déjà le passé en invoquant la puissance de l’atome : il fallait bien trouver une excuse à cette peu honorable capitulation. Les Américains n’ont pas démenti par la suite, aussi bien par égocentrisme que par nécessité de minimiser le rôle des Soviétiques : la Guerre Froide se réchauffa diablement vite en Asie.</p>
<h3>Mythe : Churchill, Roosevelt et Staline se sont partagé le monde à Yalta</h3>
<p>Les accords de Yalta (février 1945) devaient au contraire poser les bases de la reconstruction d’un monde pacifique et démocratique, avec notamment la création de l’ONU. Les Américains ont par la suite accusé les Soviétiques de ne pas les avoir respectés (en empêchant l’apparition de démocraties dans leur zone d’influence notamment). Les Français, vexés de ne pas avoir été invités, en rajoutèrent dans la légende du « partage du monde ».</p>
<p>Au moment des accords la situation était <em>déjà</em> gelée, l’Armée Rouge ayant pris le contrôle de l’essentiel de l’Europe de l’Est. Roosevelt avait besoin de la promesse soviétique d’entrer en guerre contre le Japon et espérait sans trop d’illusions intégrer l’URSS pacifiquement au nouvel ordre mondial. Staline ne voulait pas brusquer Roosevelt pourvu que sa main-mise sur l’Europe de l’Est soit acquise. Churchill commençait à vouloir résister à Staline.</p>
<p>L’ONU, la guerre contre le Japon furent actés. Staline promit des élections en Pologne. Des choses restèrent en suspens, notamment le sort de l’Allemagne : sa division n’a <em>pas</em> été actée à Yalta. Si les Occidentaux se sont résignés à la réalité d’une influence soviétique sur tout l’Europe de l’Est, ils n’imaginaient pas à quel point elle serait exclusive.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-mythes-de-la-Seconde-Guerre-Mondiale#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Voir l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">avis de Destremau à la lumière des interceptions</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-mythes-de-la-Seconde-Guerre-Mondiale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/830Tout n’est pas noir dans ce monde : les leçons de Gapminderurn:md5:b04027194c35e5e79ff88038dd82c0af2016-11-06T17:03:00+01:002020-02-08T18:00:53+01:00ChristopheTout petit monde<p>Parmi les sites qui ne seront jamais assez connus, <a href="http://wiesmann.codiferes.net/wordpress/">Thias</a> m’a rappelé récemment l’existence de <a href="http://www.gapminder.org" hreflang="en">Gapminder</a>, une merveille alliant histoire, technologie (à la portée des années 90), <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Repr%C3%A9sentation_graphique_de_donn%C3%A9es_statistiques">dataviz</a></em>, doses massives de statistiques, bon sens et optimisme. Résumer en un graphique les fantastiques progrès de l’humanité sur les deux derniers siècles, chapeau !</p>
<h3>2015</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%202015.png" title="Gapminder 2015.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder 2015_m.png" alt="Gapminder 2015.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>En ordonnée, l’<strong>espérance de vie</strong> de chaque pays. En abscisse, le <strong>PIB par habitant</strong>. Les riches avec une grande espérance de vie sont donc en haut à droite, les pauvres mourant jeunes en bas à gauche.</p>
<p>La taille de la bulle indique la population : la Chine est donc bien visible. L’autre bulle rouge est évidemment l’autre superpuissance en devenir dont on parle trop peu, l’Inde, juste derrière la Chine.</p>
<p>La couleur indique le continent. Les Européens (en jaune) sont concentrés dans le quadrant supérieur droit. L’Afrique, en bleu, s’étale entre l’extrême pauvreté (Centrafrique ou Congo Démocratique, à gauche, et un niveau de vie dépassant celui de certains États est-européens (Maghreb).</p>
<p>On a déjà une comparaison très visuelle des rapports entre pays. On peut ergoter sur la pertinence des indicateurs (notamment le PIB), il y en a une palanquée d’autres disponibles.</p> <h3>1800</h3>
<p>Mais j’adore Gapminder pour se dimension temporelle. Retournons directement en 1800. La Chine et l’Inde se détachent toujours, en même milieu de peloton. Europe et États-Unis sont parmi les plus avancés.</p>
<p>Mais le plus important : <strong>pour l’espérance de vie à la naissance, les nations les plus avancées de 1800 sont <em>toutes</em>, et de loin, derrière le plus misérable pays du Tiers-Monde de 2015</strong>. Mieux vaut naître de nos jours en Centrafrique qu’en 1800 en France, rien que pour la probabilité d‘atteindre son premier anniversaire.</p>
<p>Et pour la richesse, à la louche, les 3/4 de l’humanité actuelle font mieux que l’Europe de 1800.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%201800.png" title="Gapminder 1800.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder 1800_m.png" alt="Gapminder 1800.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>C’est la grande leçon que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Rosling">Hans Rosling</a> tient à transmettre (par exemple dans <a href="https://www.facebook.com/gapminder.org/videos/1060574540644170/">cette vidéo où il incendie un présentateur télé pour la vision catastrophiste du monde portée par les médias</a>) : <strong>l’écrasante majorité de la population mondiale a accès au confort de base, est vaccinée, envoie ses fils et ses filles à l’école, et se limite en gros à deux enfants</strong>.</p>
<p>Les paysans pas éduqués, crevant parfois de faim, faisant beaucoup d’enfants mourant comme des mouches correspondent plus à notre propre passé qu’au pays pauvres actuels — Afrique Noire exceptée, qui reste le point noir avec quelques moutons noirs isolés comme l’Afghanistan ou le Yémen. (Si vraiment vous en êtes resté à l’idée d’un Tiers Monde peuplé de lapins : comparaison de la fertilité par femme en France ou Suède par rapport au <a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&codePays=FRA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.TFRT.IN&codePays2=BRA&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=fr">Brésil</a>, <a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&codePays=FRA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.TFRT.IN&codePays2=DZA&optionsDetPeriodes=avecNomP">l’Algérie</a>, la <a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&codePays=FRA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.TFRT.IN&codePays2=CHN&optionsDetPeriodes=avecNomP">Chine</a>, l’<a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&codePays=SWE&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.TFRT.IN&codePays2=IND&optionsDetPeriodes=avecNomP">Inde</a>, l’<a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&codePays=SWE&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.TFRT.IN&codePays2=IDN&optionsDetPeriodes=avecNomP">Indonésie</a>.)</p>
<p>Le monde bipolaire (riches d’un côté, miséreux de l’autre) a existé — il y a des décennies. La plupart des pays sont dans un <em>continuum</em> entre la richesse et la pauvreté. Il ne s’agit pas de nier l’existence d’un milliard de personnes réduites à l’extrême pauvreté, notamment en Afrique, d’inégalités au sein de chaque pays (voyez nos SDF...) ou de régressions locales, mais la tendance globale est bonne. La généralisation de l’éducation, depuis des générations, a payé, les programmes d’aide au développement ont payé.</p>
<p>Que cela soit grâce à la mondialisation, la colonisation ou l’intervention des petits gris n’est pas le sujet ici. Et cela ne doit en rien pousser à relâcher les efforts pour le développement (l’explosion démographique se poursuit d’abord dans les pays les plus pauvres et les moins éduqués).</p>
<h3>1950</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%201950.png" title="Gapminder 1950.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder 1950_m.png" alt="Gapminder 1950.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>L’Afrique noire actuelle est déjà bien au-delà de la France napoléonienne — voire de celle de 1950. Le Nigéria actuel est au niveau de l’URSS de 1950 — une superpuissance pourtant à l’époque.</p>
<h3>La sortie du cadran inférieur gauche</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%201898.png" title="Gapminder 1898.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder 1898_m.png" alt="Gapminder 1898.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Quand la transition entre les deux cadrans a-t-elle eu lieu ? Sans surprise, au XIXè siècle, mais vers la toute fin, quand les progrès cumulés de l’hygiène, de l’éducation, des transports et de l’industrialisation ont commencé à avoir un effet sur l’espérance de vie et la richesse globale. C’est à ce moment que l’Europe et les États-Unis se sont nettement détachés et ont foncé vers le coin supérieur droit.</p>
<p>La progression a continué tout le XXè siècle, malgré deux Guerres Mondiales, malgré la grippe espagnole par exemple, dont les effets sont violents sur l’espérance de vie des belligérants, voire de la planète entière dans la version animée.</p>
<h3>La France</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%20France%201800-2015.png" title="Gapminder France 1800-2015.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder France 1800-2015_m.png" alt="Gapminder France 1800-2015.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> L’outil permet de sélectionner un pays et d’en faire une trace, et de résumer en un coup d’œil l’évolution de la France en deux siècles : une progression régulière, hormis la Guerre de 14 bien visible sur l’espérance de vie.</p>
<h3>La Chine</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder%20Chine%201800-2015.png" title="Gapminder Chine 1800-2015.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder Chine 1800-2015_m.png" alt="Gapminder Chine 1800-2015.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
L’évolution de la Chine est un peu différente : aucune progression en terme de richesse par habitant pendant un siècle et demi ! L’évolution vers la droite (la richesse) ne date que des années 1970, <em>après</em> un XIXè siècle bien chaotique et sanglant (entre autres, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_Taiping">Guerre des Taipings</a>) entraînant une plongée vers le bas, suivi d’un XXè siècle très éprouvant aussi.</p>
<h3>Je pourrais y passer des heures</h3>
<p>On peut cibler d’autres pays, observer le parcours très chaotique de la Russie, toujours à la queue de l’Europe, ou les rattrapages spectaculaires de nations endormies (Japon après 1870) ou subitement enrichies (Qatar).</p>
<p>Les Américano-Européens traversent le schéma en diagonale (richesse et espérance de vie progressant ensemble) tandis que la plupart des pays plus tardivement partis montent avant seulement d’entamer la progression vers la droite (la santé amenant la richesse — à moins que les deux ne soient une conséquence de l’éducation qui progresse, de l’alimentation qui s’améliore).</p>
<p>Pour l’outil complet, c’est ici : <a href="http://www.gapminder.org/tools/#_ui_chart_trails:false;;&chart-type=bubbles&state_time_end=2015&delay=325.0;&entities_select@_geo=fra&trailStartTime:null;&_geo=afg&trailStartTime:null;&_geo=usa&trailStartTime:null;&_geo=deu&trailStartTime:null;&_geo=gbr&trailStartTime:null;&_geo=rus;&_geo=nga;&_geo=swe;&_geo=qat;;;&marker_size%2F_label_extent@:0&:0.08;;&axis%2F_y_zoomedMin:14.98" hreflang="en">http://www.gapminder.org/tools/#_ui_chart_trails:false;;&chart-type=bubbles&state_time_end=2015&delay=325.0;&entities_select@_geo=fra&trailStartTime:null;&_geo=afg&trailStartTime:null;&_geo=usa&trailStartTime:null;&_geo=deu&trailStartTime:null;&_geo=gbr&trailStartTime:null;&_geo=rus;&_geo=nga;&_geo=swe;&_geo=qat;;;&marker_size%2F_label_extent@:0&:0.08;;&axis%2F_y_zoomedMin:14.98</a></p>
<h3>Décisionnel</h3>
<p>Pour l’ancien consultant en décisionnel que j’ai été, ce graphique écrase par densité et sa simplicité tout ce que je pouvais cracher péniblement avec cette <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2008/03/05/451-l-abominable-bo">bouse de BusinessObjects</a>.</p>
<p>Un unique graphique rassemble <strong>3 indicateurs</strong> (richesse, espérance de vie, population) et <strong>2 dimensions</strong> (le temps et deux niveaux de géographie, continent et pays). C’est énorme. C’est au-delà de ce que la plupart de mes clients cherchaient à avoir, eux qui ne voulaient souvent pas démordre de leur bête tableau de chiffres !</p>
<p>On pourrait même pas passer à 4 indicateurs (la couleur de la bulle pourrait être utilisée pour un ratio quelconque).</p>
<h3>Mais encore</h3>
<p>Il y a plein d’autres indicateurs présentés aussi avec la même perspective, pas toujours hélas depuis 1800 pour tous les pays. On peut choisir n’importe quelle combinaison. Quelques exemples :</p>
<ul>
<li>En abscisse la <strong>dépense énergétique par personne</strong>, en ordonnée le <strong>nombre d’enfants par femme</strong>, la taille des bulles indique les émissions de <strong>CO2 par personne</strong> : les quatre pays les plus consommateurs mêlent la glaciale Islande peu émettrice de CO2 pour pays riche (grâce à la géothermie ?) et des États pétroliers. En version animée, la chute inexorable de la natalité donne l’impression d’une pluie alors que la consommation d’énergie par personne reste relativement contenue dans la plupart des pays. (<a href="http://www.gapminder.org/tools/#_ui_chart_trails:false;;&chart-type=bubbles&state_time_value=2009&start=1960&end=2011&startSelected=1960&endSelected=2011&delay=325.0;&entities_select@_geo=fra&trailStartTime:null;&_geo=usa&trailStartTime:null;&_geo=deu&trailStartTime:null;&_geo=gbr&trailStartTime:null;&_geo=rus&trailStartTime:null;&_geo=swe&trailStartTime:null;&_geo=tto&trailStartTime:null;&_geo=ago&trailStartTime=1975;&_geo=sen&trailStartTime:null;&_geo=irq&trailStartTime:null;&_geo=sgp&trailStartTime:null;&_geo=bgd&trailStartTime=1972;&_geo=qat;&_geo=sau;&_geo=syr;&_geo=isr;&_geo=isl;&_geo=kwt;&_geo=hkg;;&opacitySelectDim=0.38;&marker_size_slash<strong>label_extent@:0&:0.08;;&axis_slash</strong>y_which=children_slash<strong>per_slash</strong>woman_slash<strong>total_slash</strong>fertility&domainMin:0.84&domainMax:9.22&zoomedMin:0.84&zoomedMax:9.22;&axis_slash<strong>x_which=energy_slash</strong>use_slash<strong>per_slash</strong>person&domainMin:0.00902&domainMax:23.07&zoomedMin:0.01&zoomedMax:23.07&scaleType=linear;&size_which=co2_slash<strong>emissions_slash</strong>tonnes_slash<strong>per_slash</strong>person&domainMin:0&domainMax:252&zoomedMin:0&zoomedMax:252">Version animée ici</a>) <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder_-_Be_be_s<strong>NRJ</strong>CO2_-_2010.png" title="Gapminder_-_Be_be_s<strong>NRJ</strong>CO2_-_2010.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder_-_Be_be_s__NRJ__CO2_-_2010_m.png" alt="Gapminder_-_Be_be_s__NRJ__CO2_-_2010.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></li>
</ul>
<ul>
<li>En abscisse l’<strong>index de démocratie</strong> de -10 à +10, en ordonnée le <strong>pourcentage de filles à l’école par rapport à celui des garçons</strong>, et en taille de bulles les <strong>dépenses militaires par personne</strong> : on voit un grand mouvement vers la droite depuis 1988, notamment avec la chute du rideau de fer, et hélas trop de pays qui vont à contre-sens. La bonne nouvelle est que le plus souvent l’éducation des filles n’est pas délaissée, y compris dans les pires dictatures tout à gauche. (<a href="http://www.gapminder.org/tools/#_ui_chart_trails:false;;&chart-type=bubbles&state_time_value=2009&start=1988&end=2011&startSelected=1988&endSelected=2011&delay=325.0;&entities_select@_geo=sau;&_geo=qat;&_geo=omn;&_geo=mar;&_geo=jor;&_geo=tcd;&_geo=pak;&_geo=dza;&_geo=geo;&_geo=isr;&_geo=fra;&_geo=deu;&_geo=cod;&_geo=kwt;&_geo=rus;;&opacitySelectDim=0.38;&marker_size_slash<strong>label_extent@:0&:0.08;;&axis_slash</strong>y_which=ratio_slash<strong>of_slash</strong>girls_slash<strong>to_slash</strong>boys_slash<strong>in_slash</strong>primary_slash<strong>and_slash</strong>secondary_slash<strong>education_slash</strong>perc&domainMax:146.8&zoomedMin:0&zoomedMax:146.8;&axis_slash<strong>x_which=democracy_slash</strong>score_slash<strong>use_slash</strong>as_slash<strong>color&domainMin:-10&domainMax:10&zoomedMin:-10&zoomedMax:10&scaleType=linear;&size_which=military_slash</strong>expenditure_slash<strong>percent_slash</strong>of_slash__gdp&domainMin:0.04642&domainMax:117.4&zoomedMin:0.04642&zoomedMax:117.4">Version animée ici</a>) <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/Gapminder_-_e_duc_filles<strong>de_mocratie</strong>de_penses_militaires_-_2010.png" title="Gapminder_-_e_duc_filles<strong>de_mocratie</strong>de_penses_militaires_-_2010.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/gapminder/.Gapminder_-_e_duc_filles__de_mocratie__de_penses_militaires_-_2010_m.png" alt="Gapminder_-_e_duc_filles__de_mocratie__de_penses_militaires_-_2010.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour finir, revenons à la démographie : <a href="http://www.gapminder.org/tools/#_ui_chart_trails:false;;&chart-type=bubbles&state_time_value=2013&delay=325.0;&entities_select@_geo=fra&trailStartTime:null;&_geo=afg&trailStartTime:null;&_geo=usa&trailStartTime:null;&_geo=deu&trailStartTime:null;&_geo=gbr&trailStartTime:null;&_geo=rus;&_geo=nga;&_geo=swe;&_geo=qat;&_geo=ner;;;&marker_size_slash<strong>label_extent@:0&:0.08;;&axis_slash</strong>y_which=child_slash<strong>mortality_slash</strong>0_slash<strong>5_slash</strong>year_slash<strong>olds_slash</strong>dying_slash<strong>per_slash</strong>1000_slash<strong>born&domainMin:1.9&domainMax:756.3&zoomedMin:1.9&zoomedMax:756.3&scaleType=log;&axis_slash</strong>x_which=children_slash<strong>per_slash</strong>woman_slash<strong>total_slash</strong>fertility&domainMin:0.84&domainMax:9.22&zoomedMin:0.84&zoomedMax:9.22&scaleType=linear">cette animation montre l'évolution parallèle de la natalité et de la mortalité des moins de cinq ans</a> : la transition démographique lente et inexorable de l’humanité (vers le bas et la gauche) est parfois secouée par le <em>baby boom</em> européen d’après-guerre, suivie de la chute de la natalité à partir de la fin des années 60, par l’évolution erratique de la Chine d’après-guerre, ou l’évolution radicale de la natalité afghane après 2001.</li>
</ul>
<p>Je m'arrête là — j’y serais encore demain.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Gapminder-Tout-n-est-pas-noir-dans-ce-monde#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/832« La Forteresse perdue » (de Nathalie Henneberg)urn:md5:4af00f3d6615e89c031f7fac516482422016-09-17T12:00:00+02:002019-02-02T11:26:45+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypseconquête de l’inutileconquête spatialecoup basdommageextraterrestresgaspillageguerrelivres luslyrismemémoireperspectiveprise de têtepsychologiescience-fictionSeconde Guerre Mondialespace operasurréalismeunivers <p>Ma période <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg">Nathalie Henneberg</a> n’est pas terminée, il me reste quelques livres issus des étagères remplies par mon père dans les années soixante.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_forteresse_perdue.jpg" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_forteresse_perdue_s.jpg" alt="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" /></a>La Terre de 2300, en pleines convulsions, envoie sa Légion Spatiale de « volontaires pour mourir ». Un navire échoue sur une planète maudite et stérile où de sombres forces maléfiques immatérielles manipule la faune et la population locales, pousse des humains à la trahison, pour se saisir de ces astronautes perdus — avec la Terre en ligne de mire.</p>
<p><em>La Forteresse perdue</em> ne restera pas pour moi son meilleur ouvrage. Trop de thèmes déjà lus dans la <em>Rosée du soleil</em> ou le <em>Mur de la lumière</em> reviennent. Le couple des Amants-Parfaits-qui-se-sont-toujours-connus perturbé par un génie-tourmenté-presque tout-puissant, évidemment amoureux de la belle-pas-indifférente-car-ils-se-sont-connus-dans-un-autre-temps-mais-qui-le-repousse a déjà été utilisé dans le <em>Mur de la lumière</em>. La force occulte et la trahison dudit savant annoncent le prince Valeran de la <em>Plaie</em>. Autre rengaine : les mutants, positifs ou négatifs, qui modifient l’univers autour d’eux sans le vouloir ni même le savoir. Au moins n’a-t-on pas cette fois de mère folle prête à vendre sa fille, l’héroïne est orpheline.</p>
<p>Le style d’Henneberg reste matière de goût, un rien confus et flamboyant, instable mélange de lyrisme slave et de rationalité française. Et on ne goûte pas forcément l’utilisation systématique de ces personnages-archétypes.</p>
<p>Un intérêt quand même : le parallèle avec la vie de l’autrice et certains faits oubliés de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Impossible de ne pas retrouver Nathalie Henneberg et son mari, sous-officier de la Légion Étrangère d’origine allemande, basé en Syrie avant-guerre, dans le couple d’Alix & Arnold de Held (<em>Held</em> = héros en allemand). Les résurgences entre époques abondent chez Nathalie Henneberg.</p>
<p>Le couple était également aux premières loges pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Syrie_(1941)">campagne de Syrie de juin 1941</a>, quand Britanniques et Français libres envahirent le territoire tenu par Vichy pour couper les voies de communication de l’Axe : des Français, dont des légionnaires, étaient dans les deux camps, et il y eut des morts. Dans quels camps de 1941 se transposent les légionnaires et les androïdes du livre ? La transposition est vaine mais la Légion de 2300 se bat inutilement pour l’honneur plus que pour d’autre cause, comme celle de 1941 par bien des côtés.</p>
<p>Bref, la <em>Forteresse perdue</em> est un ouvrage peut-être un peu superflu pour qui n’est pas un inconditionnel d’Henneberg, mais il m’a donné envie de lire les autres autour de cette histoire syrienne vécue réellement de près (notamment <em><a href="http://sombres-rets.fr/hecate-nathalie-henneberg" hreflang="fr" title="Hécate, éditions Sombres Rets">Hécate</a></em>).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-forteresse-perdue-de-Nathalie-Henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/828Petits plaisirs de la vieurn:md5:c2ad70942421a548e9b9502326c565ea2016-09-16T17:23:00+02:002016-09-16T17:23:00+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egocarpe diem <ul>
<li>Enlever les rubans de masquage après avoir passé plusieurs jours à repeindre une pièce.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un bébé qui se lève à neuf heures du matin le week-end, et enchaîne deux heures de sieste l’après-midi.</li>
</ul>
<ul>
<li>Rouler fenêtres ouvertes en plein été sur une route des Vosges dégagée qui tourne gentiment.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un ordinateur ou une base de données en croix qui redémarre enfin.</li>
</ul>
<ul>
<li>Vider sa vessie après des heures sans possibilité de se soulager.</li>
</ul>
<ul>
<li>Entamer le dernier tome d’une trilogie presque d’une traite, au calme.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un bébé hilare et frétillant accueillant son papa le soir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Retrouver des potes pas vus depuis deux ans autour d’une bonne table.</li>
</ul>
<ul>
<li>Bouquiner une heure peinard sur la terrasse en fin d’après-midi.</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux mois en vacances en été entre deux boulots, à faire le tour de France, voir anciens condisciples et famille et à réduire infinitésimalement le stock de livres et revues en retard.</li>
</ul>
<ul>
<li>Annoncer sa démission à son chef après des années de recherche d’un meilleur boulot.</li>
</ul>
<ul>
<li>Paramétrer pour la première fois un bout d’électronique.</li>
</ul>
<ul>
<li>Découvrir le premier épisode d’une série dont tout le monde parle depuis des années.</li>
</ul>
<ul>
<li>Battre son (modeste) record de longueurs à la piscine, sans trop d’effort.</li>
</ul>
<ul>
<li>Réussir sa première réplication sous PostgreSQL, du premier coup.</li>
</ul>
<ul>
<li>Publier un billet de blog qui traînait depuis des années dans les brouillons.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faire découvrir à ses enfants le premier <em>Star Wars</em>, la <em>Grande Vadrouille</em> ou <em>Il était une fois l’Homme</em>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ranger une pile de livres dans une nouvelle bibliothèque <em>enfin</em> assez grande (du moins pour le moment).</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-plaisirs-de-la-vie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/623« Guerres & Histoire » n° 32 d’août 2016 : l’armée invincible d’Alexandre le Grandurn:md5:effea9c5e805582f883f07253649f26b2016-09-13T00:00:00+02:002020-02-08T18:02:38+01:00ChristopheHistoireAntiquitébon sensEmpire romainguerrehistoireimpérialismenationalismeoptimisationperspectiveraclée<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerresEtHistoire_32.jpg" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) "> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerresEtHistoire_32_s.jpg" alt="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " /> </a> C’est le dossier principal de ce numéro. J’ai traité les autres thèmes dans le billet précédent. <em>Commentaires perso en italique.</em></p>
<p>D’un pays quasiment barbare, il a fait la première puissance mondiale de son époque : d’où vient le succès d’Alexandre le Grand ? Notes :</p> <h3>La Macédoine</h3>
<p>La Macédoine, à la limite de la culture grecque mais sous-développée, possédait d’<strong>abondantes ressources naturelles</strong> (dont des pâturages pour les chevaux)... et <strong>humaines</strong>.</p>
<p>L’armée macédonienne était celle d’un <strong>peuple en armes</strong>, sans mercenaires, manifestement avec aussi des professionnels, avec une bonne cavalerie noble. Plus tard, Alexandre utilise le nationalisme grec pour les unir contre les Perses (et châtie les mercenaires grecs rencontrés en face).</p>
<h3>Philippe</h3>
<p><strong>Philippe</strong>, le père d’Alexandre et véritable fondateur de la puissance macédonienne, s’inspire des <strong>phalanges de hoplites grecs</strong> (de lents rouleaux compresseurs) et améliore le système. Il essaie de refuser les grandes batailles, évite les longs sièges, préfère la « petite guerre » à base de petits combats et de surprise. Profitant des éternelles guerres entre cités grecques il soumet tout le monde. Déjà il vise la Perse.</p>
<p>Alexandre, formé par son père, sait faire fructifier l’héritage de son père et commence par mater les rébellions. Il hérite aussi de bons officiers.</p>
<p>Techniquement, <strong>la « phalange du pauvre » de Philippe</strong> vise à reprendre le principe des <strong>rangs serrés</strong> (jusque là invincibles face à la cavalerie) mais en <strong>allégeant</strong> le coûteux équipement et en <strong>allongeant les lances</strong>. Les sarisses, longues mais légères, ont une allonge supplémentaire face aux Grecs, écrasent les Perses trop légèrement protégés, et, dressées, offrent une protection contre les flèches. Ces phalanges moins lourdes sont bien plus <strong>mobiles</strong> que leur équivalent grec.</p>
<h3>La stratégie</h3>
<p>À côté des phalanges (l’enclume), les Macédoniens misent sur leur <strong>cavalerie</strong> (le marteau, négligé par les Grecs) qui s’occupe du choc : <strong>les cavaliers macédoniens osent charger l’infanterie</strong> ! La procédure exacte reste discutée : des chevaux ne chargent pas un mur de lances ! Il aurait pu suffire de les laisser approcher doucement (à revers) pour qu’ils passent entre les lances puis arrivent aux boucliers ennemis, pendant que les phalanges clouent l’ennemi d’un autre côté, jusqu’à dislocation de l’unité adverse.</p>
<p>L’armée macédonienne, autour des phalanges, utilise de <strong>nombreux autres types d’unités</strong>, pour protéger les flancs par exemple. Il le faut aussi pour intégrer des unités issues des pays conquis. Leur roi coordonne tout cela : Philippe et Alexandre maîtrisent le <strong>combat interarmes</strong>. La bataille ne se limite pas à un grand choc où les unités légères ne sont qu’accessoires.</p>
<h3>Préserver la conquête</h3>
<p>L’Empire perse (monstre de 50 millions d’habitants peut-être) a une dynastie à la légitimité fragile, une armée utilisant beaucoup l’infanterie légère, les archers et les mercenaires... grecs ! Les satrapes (gouverneurs) sont très autonomes : Alexandre sait les retourner pour assoir son propre pouvoir et assurer ses arrières.</p>
<h3>Mais aussi...</h3>
<p>Les ingénieurs grecs se montrent utiles pour l’artillerie de jet (innovation pendant les batailles) et les sièges (Tyr, Gaza).</p>
<h3>La fin</h3>
<p>L’Empire d’Alexandre n’a finalement comme limite que la fatigue de ses soldats après la conquête de la vallée de l’Indus. À la mort (de maladie ?) du conquérant, ses généraux se partagent les territoires. Puis il s’empressent de se faire la guerre pendant plus d’un siècle, avec des armées alourdies, moins formées, moins fiables.</p>
<p>Avant qu’une armée de citoyens-soldats sans général de génie mais encore mieux organisée, adaptable et manœuvrable mette tout le monde d’accord : la légion romaine.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-aout-2016-l-armee-d-alexandre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/827« Guerres & Histoire » n° 32 d’août 2016 : Verdun, un borgne chez les aveuglesurn:md5:7865ce2d76b0cdcaa45092967553e9722016-09-11T16:13:00+02:002020-02-08T18:05:06+01:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypsebon senscatastrophecommunismeesclavageEuropeguerreGuerre FroidehainehistoireHistoire de Franceimpérialismeincohérencelégendes urbainesparadoxeperspectivePremière Guerre MondialepsychologieracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerresEtHistoire_32.jpg" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) "> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerresEtHistoire_32_s.jpg" alt="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " /> </a> Petit résumé rapide de ce dont je veux me rappeler du dernier <em>G&H</em>, à part la partie sur l’armée d’Alexandre reportée au prochain billet.</p> <h3>Verdun</h3>
<p>Le plus grand massacre de la Première Guerre Mondiale était stratégiquement dénué de sens !</p>
<p>Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_von_Falkenhayn">Falkenhayn</a>, l’organisateur allemand, le but n’était pas simplement de « saigner à blanc l’armée française » (le degré zéro de la stratégie). Le général sait que malgré de gros succès défensifs, l’Allemagne ne tiendra pas face à la multiplication des fronts (Italie, Balkans, Arabie...) et au blocus naval. Faute de volonté du politique de négocier la paix, Falkenhayn vise à <strong>séparer ses ennemis</strong> et croit s’attaquer au plus faible : la France (« meilleure épée » de l’Angleterre et, croit-on, épuisée).</p>
<p>Verdun (la ville du Traité) est un <strong>objectif limité mais symbolique</strong>. À cause du terrain, les contre-offensives seraient si coûteuses que la France finirait par accepter une paix séparée. L’armée russe recevrait alors tout le poids de l’armée du Reich, et l’Angleterre finirait seule.</p>
<p>Est-ce la faute à Falkenhayn, ce plan n’a pas été appliqué à la lettre par les généraux : l’attaque limitée mais puissante a été étendue dans le but de prendre Verdun, en espérant plus. Les troupes allemandes se sont donc beaucoup plus exposées au feu ennemi alors que le but n'était que d’attirer les Français et les pilonner, au moindre coût. <strong>Le but tactique (Verdun) a remplacé le but stratégique (user les Français)</strong>. (<em>Oublier la stratégie au bénéfice des victoires tactiques, il semblerait que ce soit une constante allemande pendant les deux Guerres Mondiales...</em>)</p>
<p>Ces damnés Français tiennent, grâce à la rotation des effectifs, et l’armée allemande s’épuise elle aussi, sans résultat probant. Falkenhayn est écarté par Hindenburg et Ludendorff qui vont établir une quasi-dictature sur le Reich. Ils suivent la même philosophie (une grande victoire tactique suffira, comme aux siècles précédents), sans plus de succès puisqu’ils ne sauront pas exploiter les avancées de 1918.</p>
<p>Ironiquement les Français tombent dans le même travers (Chemin des Dames). Ils gagnent quand même (arrivée des troupes américaines, matériel supérieur, succès dans les fronts arabes ou balkaniques, épuisement des puissances centrales...). Mais pour Benoist Bihan, ils prolongent l’erreur en 1940 : croyant là encore à une guerre d’usure, la France s’enferme derrière la ligne Maginot et laisse à Hitler le temps de manger les petites puissances et l’initiative.</p>
<h3>Moshe Dayan au Vietnam</h3>
<p>Le général israélien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Moshe_Dayan">Moshe Dayan</a>, un peu désœuvré en 1966, a joué quelques semaines au reporter, et écrit une série d’articles sur les opérations américaines au Vietnam. Il a les coudées franches et est impressionné par l’hallucinante débauche de moyens, mais beaucoup moins par la stratégie. <strong>La machine américaine ne semble pas savoir où elle va, dans quel but, à part vouloir impressionner le monde entier</strong>.</p>
<p>Le peu que les Américains font pour gagner les cœurs des habitants est totalement insuffisant. Les soldats vont chercher dans la jungle un ennemi très mobile et insaisissable. Le renseignement, essentiellement technique, ne peut localiser précisément le Viet-Công, qui frappe toujours juste à côté, ou juste après : les Américains « utilisent des marteaux-pilons pour forer des trous dans le vide ». « <strong>Les Américains gagnent tout — sauf la guerre</strong>. »</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les <strong>équipages des bombardiers américains</strong> ont encaissé le pire taux de pertes de toutes les troupes alliées. 1943 fut la pire année, faute d’escortes. Avec l’expérience, les équipages avaient de plus en plus de chances de revenir vivants.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’interview du mois est celle de <strong>Yon Deguen</strong>, un de ces miraculés de la Seconde Guerre Mondiale : Juif soviétique ukrainien, il s’engage dès l’attaque allemande de 1941, à 16 ans. Dans l’ambiance chaotique de ces premiers mois, il se retrouve très vite commandant de section car il sait lire les cartes ! (<em>les armées russe puis soviétique ont toujours eu un énorme problème d’encadrement</em>). Il se retrouve à franchir le Dniepr à la nage bien que blessé ! Baladé dans diverses unités, il survit aussi bien aux combats qu’au NKVD qui fusille pour un oui ou pour un non. Sur la manière dont l’URSS à tenu : « Nous avons inondé les Allemands avec nos cadavres. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>reportage photo sur la guerre de Corée</strong> (1951), où la machine de guerre américaine s’est grippée dans les collines et face aux vagues chinoises, est quelque part surréaliste : pas de combat, et elles rappellent la Seconde Guerre Mondiale (mais en couleur) et le Vietnam (sans la jungle ni les hélicos).</li>
</ul>
<h3>Réponses du journal à des questions de lecteurs</h3>
<ul>
<li><strong>La traite des Noirs a-t-elle facilité le colonialisme européen</strong> ? Selon G&H, c’est probable : 40 millions de personnes enlevées par les divers esclavagistes africains, arabes, européens représentaient une ponction notable, mais pas le seul facteur (l’Asie aussi a été colonisée malgré une population supérieure).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Si l’Italie avait respecté ses engagements en 1914</strong> et combattu aux côtés de l’Allemagne et de l‘Autriche, cela n’aurait sans doute pas changé grand-chose : la France était protégée par des Alpes infranchissables, un blocus naval allié aurait mené à une rapide paralysie, et au final le pays aurait été une charge pour l'Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le terme « <strong>génocide vendéen</strong> » est abusif : malgré d’innombrables massacres typiques d’une guerre civile, et que l’on retrouve dans d'autres guerres antérieures, il n’y avait pas de plan d’extermination.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-ao%C3%BBt-2016#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/829« Skeptic » de Juin 2016 (vol 21, n°2) : la prochaine apocalypseurn:md5:a77c2e139990c9f3e85eac4d0a6ee48e2016-09-04T00:00:00+02:002024-02-13T10:44:02+01:00ChristopheTout petit monde<p>Dernière partie du résumé du dernier numéro de <em>Skeptic</em> (après <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-1">articles divers</a>, la <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-2-numeriser-cerveau">numérisation du cerveau</a> et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-3-saint-paul">l’épilepsie de Saint-Paul</a>), avec un article effrayant de <a href="http://www.risksandreligion.org/" hreflang="en">Phil Torres</a> : <strong>le terrorisme apocalyptique va prendre de l’ampleur durant le XXIè siècle</strong>.
(<em>Manifestement Phil Torres est un athée militant. Je viens de voir que l’article dans </em>Skeptic<em> résume <a href="https://richarddawkins.net/2016/06/review-of-phil-torres-the-end-what-science-and-religion-tell-us-about-the-apocalypse/" hreflang="en">son livre</a></em>.)</p> <h3>Changement de nature du terrorisme</h3>
<p>Depuis les années 1990 la religion est devenue la cause principale du terrorisme. Ce dernier n’est plus un <strong>moyen</strong> pour une fin politique mais bien <strong>un but en soi</strong> : il s’agit de hâter la fin du monde, le Jugement Dernier, le retour du Mahdi ou d’une incarnation du Christ…</p>
<p>Il n’y a plus de limite au mal : il est justifié par cette fin du monde qu’il faut déclencher. Exemple le plus médiatique et récent : Daesh qui veut que l’Ouest vienne l’affronter à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dabiq">Dabiq</a>. Mais toutes les cultures ont des tendances millénaristes, parfois très répandues, à commencer par la chrétienté (<em>même s’il y a un très grand pas entre s’attendre au retour très prochain de Jésus et chercher activement à provoquer l’Apocalypse</em>).</p>
<h3>Changement de civilisation</h3>
<p>Pendant ce temps, la population augmente, les technologies évoluent, et donc le nombre de fous furieux avec l’accès à des technologies potentiellement dévastatrices va exploser. Pour Phil Torres, c’est un énorme danger pour la survie même de la civilisation.</p>
<p>Historiquement, les groupes apocalyptiques apparaissent dans les périodes instables (changements sociaux rapides, instabilité politique ou économique) : <em>radical change breeds radical religion</em>. Or ce siècle devrait être marqué par la « révolution GNR » (génétique, nanotechnologies, robotique) avec allongement de la vie, interface cerveau-machine voire numérisation de cerveaux, intelligences artificielles, nanomachines… Les changements vont s’accélérer, de manière encore plus disruptive que jusqu’à présent. Torres craint qu’en réaction la pensée apocalyptique n’explose.</p>
<p>Indépendamment de la science, une autre évolution menace : le changement climatique et d’innombrables désastres écologiques. Cela a commencé : <a href="http://www.pnas.org/content/112/11/3241.full" hreflang="en">le changement climatique serait à l’origine de la terrible sécheresse de 2007-2010 en série, d’un exode rural massif, des troubles sociaux</a>, puis indirectement de Daesh. De plus, les catastrophes naturelles annoncent l’Apocalypse dans beaucoup de religions, et les conversions augmentent pendant les catastrophes.</p>
<h3>Changements démographiques</h3>
<p>Torres estime à la louche que les croyances apocalyptiques concerneront un ou deux milliards de personnes (<em>oui, milliards</em>) . Dont évidemment une majorité écrasante de « spectateurs » qui s’attend à la fin du monde prochaine sans chercher à la hâter d’aucune manière, qui sera hélas le terreau d’une minorité active, numériquement nombreuse par le simple accroissement de la population.</p>
<p>De quoi se demander pour beaucoup si notre civilisation, <em>la</em> civilisation, ou même l’espèce humaine arrivera au XXIIè siècle… Une perspective qu’en fait toute religion rejette d’emblée : au moins une petite partie d’élus survivra. Les avertissements de la science sont donc niés plus ou moins consciemment (exemple : des ultra-conservateurs américains qui nient le réchauffement en citant la promesse de Dieu de ne plus noyer la Terre après le Déluge).</p>
<h3>Un danger plus grand à présent</h3>
<p>On remarquera que l’histoire est jalonnée de groupes apocalyptiques qui ont échoué — mais ils n’avaient pas de grands moyens. Torres cite la révolution GNR évoquée ci-dessus : comme toutes technologies elles pourront être employées pour le bien comme pour le mal. Mais leur efficacité et leur croissance sera exponentielle, et surtout sera accessible à énormément de monde. (<em>Voir ce que certains hackers et escrocs peuvent faire avec un ordinateur et leur intelligence — que se passera-t-il avec une usine pour nanomachines ? Au moins la bombe atomique nécessitait les moyens d’un État</em>). Bref, le nombre de moyens pour l’humanité de s’autodétruire va augmenter… même si la civilisation a permis au monde de s’améliorer d’innombrables manières.</p>
<h3>Contre les religions</h3>
<p>Pour Torres, l’activisme autour du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/New_Atheism" hreflang="en">Nouvel Athéisme</a> n’en devient que <a href="http://thehumanist.com/magazine/march-april-2016/features/new-atheism-meet-existential-risk-studies" hreflang="en">plus nécessaire</a> : la religion est fausse mais aussi dangereuse. Nous allons avoir à faire à des groupes apocalyptiques plus nombreux et mieux équipés, dont un seul pourrait nous amener l’extinction — et non le Paradis.</p>
<h3>Remarques personnelles</h3>
<p><em>Phil Torres s’attaque directement aux religions ici. Hélas nous avons eu suffisamment de fous furieux nihilistes aux XIXè et XXè siècles pour savoir que ce n’est pas </em>que<em> cela. Comme (entre mille autres) Souvarine dans </em>Germinal<em> de Zola : « Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand il ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur. » On pourrait citer le nazisme (délire raciste sans aspect religieux), ou les cinglés qui déclenchent régulièrement des fusillades aux États-Unis sans savoir trop pourquoi eux-mêmes.</em></p>
<p><em>Les religions établies et « embourgeoisées » n’ont jamais été une menace sérieuse menant à la fin du monde : le conservatisme souvent associé à la religion a ses bons côtés. L’athéisme progresse dans le monde avec le renouvellement des générations et la communication, même aux États-Unis ou dans les pays musulmans, la domination mondiale est loin. Même si la pratique religieuse s’effondrait, les extrémistes dangereux ne seraient pas forcément moins nombreux car ils viennent des noyaux durs ou au contraire des non-religieux déboussolés, cibles de toutes bonnes sectes. La solution serait-elle de laisser chaque religion tenir ses ouailles les plus excitées fermement, bref de couper l’herbe à toute secte ? Mais comme dit plus haut, le nihilisme athée, ça ne date pas non plus d’hier.</em></p>
<h3>Note pour 2100</h3>
<p>”Relire cet article, voir en quoi il s’est complètement planté, ou comment il a été prophétique, et si nous nous en sommes sortis par pure chance ou suite à des appels de ce genre.”</p>
<p><strong>Ajout quelques jours plus tard</strong> : Une citation :</p>
<blockquote><p>Every eighteen months, the minimum IQ necessary to destroy the world drops by one point. <br />— <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Eliezer_Yudkowsky" hreflang="en">Eliezer S. Yudkowsky</a></em></p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-4-la-prochaine-apocalypse#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/825« Skeptic » de Juin 2016 (vol 21, n°2) : Saint Paul et l’épilepsieurn:md5:ea3a91521b3680dae5af750ba2ad7d942016-09-01T11:38:00+02:002024-02-13T10:44:01+01:00ChristopheHistoire<p>Troisième partie du résumé du dernier numéro de <em>Skeptic</em> (après <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-1">articles divers</a> et la <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-2-numeriser-cerveau">numérisation du cerveau</a>), avec <em>Agony and Ecstasy: Were Saint Paul’s Christian Beliefs a Symptom of Epileptic Personality Disorder?</em>, un article de Harry White.</p> <h3>Épilepsie et conversion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Caravaggio_-_La_conversione_di_San_Paolo-Wikipedia.jpg" title="La conversion de Saint Paul - Le Caravage, 1600 (via Wikimedia) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Caravaggio_-_La_conversione_di_San_Paolo-Wikipedia_s.jpg" alt="La conversion de Saint Paul - Le Caravage, 1600 (via Wikimedia) " class="media-right" title="La conversion de Saint Paul - Le Caravage, 1600 (via Wikimedia) " /></a> Le christianisme a été durablement influencé par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_de_Tarse">Saint Paul</a>, ancien Juif pharisien, persécuteur des premiers Chrétiens, mais, selon la Bible, converti sur le chemin de Damas par une apparition de Jésus.</p>
<p>Lors de cet événement bien connu, les symptômes ressemblent à ce qui peut précéder une crise épileptique : perte de la vision et du contrôle musculaire notamment.</p>
<p>Plus que la conversion, conséquence de la crise (cela s’est vu ailleurs), Harry White s’intéresse à la personnalité de Paul, et aux traits de caractères liés à cette épilepsie : certains désordres liés sont évoqués dans ses <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_de_Paul">épîtres</a>. (<em>Voir aussi <a href="http://www.epilepsy.com/article/2014/3/there-epileptic-personality" hreflang="en">cette page</a> qui reste sceptique sur le lien entre épilepsie et certains traits plus ou moins pathologiques ; mais l’article ne remet pas cela en cause</em>).</p>
<h3>Symptômes</h3>
<p>Parmi les symptômes de la maladie : expérience mystique pendant la crise, modification de la personnalité après, recherche d’un sens cosmique dans chaque trivialité, manque d’humour, sens de sa propre importance, égocentrisme, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hypergraphia" hreflang="en">hypergraphie</a>, obsession des problèmes philosophiques et théologiques, épisodes colériques voire violents. (<em>À comparer à d’autres épileptiques célèbres, si j’en crois Wikipédia : Alexandre le Grand, Jules César, Jeanne d’Arc, Napoléon, Dostoïevski, Lénine.</em>)</p>
<p>Entre les crises, les malades se comportent parfois de manière incontrôlable ou irrationnelle : cela cadre avec les actes violents de Paul avant sa conversion puis des mots très violents envers des dissidents dans ses épîtres. Mais ces malades ne sont pas psychotiques : ils gardent intelligence et sens moral, et sont conscients de mal agir. Paul se reprochait ses excès, ses péchés malgré sa volonté de suivre le bien : d’où sa vision de la chair et de l’esprit qui s’affrontent.</p>
<p>Dostoïevski, autre épileptique et très pieux sur la fin, connaissait sa maladie et le lien avec ses excès. Dans l’<em>Idiot</em> il a analysé tout cela : l’hyper-religiosité, les accès de colère, les excès sexuels, tout ce péché incontrôlable. Paul ne savait rien de son état.</p>
<h3>Influence sur le dogme</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Paulus_on_Piazza_San_Pietro_at_night-CC-BY-SA-MatthiasKabel_via_Wikimedia.jpg" title="Saint Paul, place St Pierre du Vatican - Photo Matthias Kabel, licence CC-BY-SA, via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Paulus_on_Piazza_San_Pietro_at_night-CC-BY-SA-MatthiasKabel_via_Wikimedia_s.jpg" alt="Saint Paul, place St Pierre du Vatican - Photo Matthias Kabel, licence CC-BY-SA, via Wikimedia" class="media-right" title="Saint Paul, place St Pierre du Vatican - Photo Matthias Kabel, licence CC-BY-SA, via Wikimedia" /></a>En généralisant son propre cas, il établissait que chacun était inévitablement un pécheur incapable de se contrôler. C’est le début de la distinction entre culpabilité et responsabilité, la possibilité de rester un bon Chrétien si, malgré ses fautes, on distinguait le Bien et le Mal. C’est aussi la voie ouverte au pardon et à l’absolution pour le pécheur repentant.</p>
<p>De plus, le Jugement Dernier se baserait donc plus sur les pensées que sur les actes — et donc, plus par la foi que par le comportement.</p>
<p>Paul serait aussi le responsable de la condamnation de la sexualité, bien plus qu’un Jésus peu loquace sur le sujet, ou qu’une tradition juive parfois <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cantique_des_Cantiques">beaucoup plus tolérante</a>. Ce Paul malade, qui prêche l’amour tout se sachant capable du pire, a bien plus influencé le christianisme actuel que Jésus.</p>
<h3>Remarque perso</h3>
<p><em>Je n’ai aucune idée de la pertinence de tout ceci, n’étant ni médecin ni versé en théologie. Disons que l’argument semble se tenir.</em></p>
<p><em>L’article s’étend peu sur la cohérence ou les différents avec les autres apôtres, et pourquoi Paul a prévalu (il y a une lacune dans mon histoire des religions). Qu’un névrosé hyperactif et militant ait influencé une religion dans les premiers stades de son développement me semble logique, et aussi qu’il ait attribué ses propres angoisses à tous — un peu l’opposé de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parabole_de_la_paille_et_de_la_poutre">la paille et la poutre</a>. Rappelons que l’article est américain, et que le christianisme là-bas est différent de celui de l’Église catholique en France, l’interprétation des Épîtres de Paul est-elle différente ?</em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-3-saint-paul#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/824« Skeptic » de Juin 2016 (vol 21, n°2) : numériser un cerveau et la conscienceurn:md5:4acc0e51350e82fc0048a329abdb56752016-08-29T16:48:00+02:002024-02-13T10:44:01+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Skeptic-21-2-201606.jpg" title="Skeptic-21-2-201606.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Skeptic-21-2-201606_s.jpg" alt="Skeptic-21-2-201606.jpg" class="media-right" /></a>
Suite du résumé du dernier numéro de <em>Skeptic</em>… (premier épisode : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-1">ici</a>, suivant : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-3-saint-paul">ici</a>) <em>Avis personnels en italique..</em></p> <h3>Numériser un cerveau & le copier</h3>
<p>C’est <em>le</em> dossier du numéro où scepticisme, matérialisme, transcendance se mélangent allègrement.</p>
<p>Qui commence de manière bizarre puisque le premier article de <a href="http://www.futura-sciences.com/magazines/matiere/infos/actu/d/physique-hayworth-neurobiologiste-veut-suicider-devenir-immortel-40150/">Kenneth Hayworth</a> démonte par avance le deuxième du très sceptique <a href="http://www.skeptic.com/reading_room/artificial-intelligence-gone-awry/" hreflang="en">Peter Kassan</a>, qui discutait de l’impossibilité de dupliquer un cerveau, état des pensées inclus.</p>
<p>Les problèmes techniques évoqués par Kassan couvrent la modélisation de 85 milliards de neurones et 85 billions de synapses (alors que nous ne savons encore modéliser qu’un ver à 302 neurones et 7000 synapses). Si même c’était possible, le coût en serait faramineux. La précision ne serait jamais suffisante pour un tel système chaotique. Un cerveau numérisé pourrait paraître conscient mais ce ne serait que notre interprétation extérieure.</p>
<p>Pour Hayworth par contre, il n’y a pas d’objection de principe à une description complète d’un cerveau, et Kassan n’est pas au courant des progrès foudroyants de ces dernières années. Ce qui ne veut pas dire que nous ayons une chance de pouvoir dupliquer à l’identique un cerveau dans un avenir proche, mais c’est envisageable à très long terme. (<em>Je passe sur l’avalanche de termes techniques, je n’ai évidemment pas le début de la moindre qualification pour juger de la plausibilité de la chose.</em>)</p>
<p>Des rétines artificielles (ça commence tout juste) ne posent pas de problème, pourquoi cela en poserait-il pour le reste de notre corps et du cerveau ? C’est le matérialisme : <em>si</em> on suppose que le cerveau est uniquement gouverné par les lois de la physique, <em>alors</em> on peut remplacer chaque paquet de neurone par une simulation équivalente, pourvu que les interfaces soient respectées. Et au final on obtient un cerveau numérisé strictement équivalent.</p>
<h3>Le problème de la conscience</h3>
<p>Et la conscience ? On pense savoir où elle se logerait. Le <em>phenomenal self-model</em> (<em>je n’ai pas de traduction française</em>) est une structure qui regroupe actions et états du cerveau et semble agir comme un centre de contrôle. Les neurones concernés couvriraient de grandes parties du cortex, de l’hippocampe, du ganglion basal. Les modèles du cerveau actuel, tous matérialistes, impliquent donc qu’une conscience peut être copiée, comme un programme… et reproduite en plusieurs exemplaires !</p>
<p>Un autre article de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Lawrence_Kuhn" hreflang="en">Robert Lawrence Kuhn</a> (présentateur d’une <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Closer_to_Truth" hreflang="en">série télévisée philosophique</a>) continue sur ce problème de la conscience. Il rapproche ce problème de celui de la Singularité, ce moment où un cerveau électronique nous dépassera. Pour Kuhn, les problèmes technologiques ou la mécanique quantique ne sont pas des obstacles à un cerveau numérique : l’« éléphant dans la pièce », c’est le problème de la conscience. <em>Si</em> nous comprenons parfaitement ce qui cause la conscience, nous pouvons la reproduire en silicium, comme un cœur artificiel. Mais pour d’autres penseurs, simuler n’est pas reproduire (une simulation d’un ouragan n’est pas mouillée) et un cerveau numérique ne serait qu’un « zombie ».</p>
<h3>Le support de la conscience</h3>
<p>Le substrat biologique à la conscience est-il nécessaire ? Kuhn développe certaines entretiens avec spécialistes et scientifiques de renom, mais aucune certitude n’apparaît. <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose#Physics_and_consciousness" hreflang="en">Roger Penrose</a> depuis longtemps pense que la conscience n’est pas calculable et se cache dans l’indéterminisme quantique. Cela reste à prouver (après tout, <em>tout</em> est quantique si on descend assez bas). Pour <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Ray_Kurzweil" hreflang="en">Ray Kurzweil</a>, les ordinateurs arriveront au stade où ils diront eux-même qu’ils sont devenus conscients, et participeront au débat pour définir les critères.</p>
<p>Toujours pour Kurzweil, il n’y a pas de critère objectif, scientifique, permettant de savoir si un autre être est conscient ou un zombie. Nous ne pouvons être sûrs que pour nous-mêmes, et nous l’accordons aux autres humains par analogie. Si un robot se mettait à exprimer toutes les caractéristiques de la conscience, nous lui accorderions aussi — et il vaudrait mieux, sinon le robot serait furieux ! Au-delà de la Singularité, d’autres formes de conscience pourraient même apparaître.</p>
<p>Fondamentalement, y a-t-il besoin d’autre chose que de nos neurones ou d’une simulation pour arriver à la conscience ? Kuhn énumère les différentes théories autour de sa nature :</p>
<ul>
<li><strong>matérialisme</strong> : la conscience est un état physique, mesurable, reproductible (ce que laisse supposer l’état actuel de la science) ;</li>
<li><strong>épiphénomènalisme</strong> : la conscience n’est qu’une apparence, elle existe mais n’est en réalité jamais le moteur des actions du cerveau (l’« écume de la vague ») ;</li>
<li><strong>physicalisme non-réductible</strong> : la conscience reste le produit de l’activité physique du cerveau mais est un phénomène émergent, non physique, lui ;</li>
<li><strong>conscience quantique</strong> : la conscience n’est pas calculable et se niche dans les équations quantiques ;</li>
</ul>
<p>Jusque là on reste dans un cadre physique et scientifique, et un ordinateur conscient reste envisageable. Avec les théories qui suivent, cela est plus discutable :</p>
<ul>
<li><strong><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Qualia">qualia</a> comme force</strong> : la conscience est indépendante du monde physique habituel, quantique ou pas, comme une nouvelle force ;</li>
<li><strong>qualia comme espace</strong> : <em>idem</em>, mais qualia est une structure totalement différente de la réalité (nouvelle dimension…) ;</li>
<li><strong>panpsychisme</strong> : tout dans l’univers possède une particule de proto-conscience, qui peut s’agréger en « vraie » conscience ;</li>
<li><strong>dualisme</strong> : la conscience réside dans un univers totalement détaché, une telle âme notamment peut exister indépendamment du cerveau (vision de nombre de religions) ;</li>
<li><strong>conscience comme réalité ultime</strong> : seule la conscience existe, et l’univers physique émane de la « conscience cosmique » (voir certaines religions asiatiques).</li>
</ul>
<h3>De l’aspect pratique</h3>
<p>L’importance de la conscience chez les robots aura un jour un aspect pratique, puisqu’ils conquerront un jour l’univers (en tout cas plus vite que nous, humains de chair) (cas extrême : les sondes autoréplicantes de von Neumann). Une colonisation par des machines intelligentes mais inconscientes ne serait pas philosophiquement la même chose que par des robots conscients, que nous pourrions prendre pour nos enfants — ou nous-mêmes, si nous nous sommes téléchargés dans ces robots voyageurs. Et ces futures (super-)intelligences artificielles, <em>nécessiteront</em>-elles la conscience ?</p>
<p>Autre aspect pratique, l’immortalité. Suivant les options ci-dessus, elle est possible, ou pas (création de zombies), et la duplication d’une conscience est possible, ou pas. Si la duplication est possible, on aura des indices pour trancher entre les théories précédentes : une même conscience copiée plusieurs fois donnerait-elle lieu à plusieurs consciences indépendantes qui ne se sentiront pas différentes de l’original, resteront-elles liées dans une même conscience, ou celle-ci se fragmentera-t-elle ? La conscience originale est-elle détruite avec le corps original ?</p>
<p><em>Je ne commenterais pas ce débat qui me passe très au-dessus. Je me bornerais à citer deux bouquins de SF assez exigeants :<br />- la </em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cit%C3%A9_des_permutants">Cité des permutants</a><em> de Greg Egan, sur la conscience et son besoin d’incarnation physique ;<br />- </em><a href="http://www.antipope.org/charlie/blog-static/fiction/accelerando/accelerando-intro.html" hreflang="en">Accelerando</a><em> de Charles Stross, sur la Singularité, les consciences numérisées et dupliquées, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Accelerando-de-Charles-Stross">dont j’avais parlé ici</a>.</em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-2-numeriser-cerveau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/823« Skeptic » de Juin 2016 (vol 21, n°2)urn:md5:53c00bb32cbca8e9abfcdd2c8457f7982016-08-26T14:52:00+02:002024-02-13T10:43:58+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Skeptic-21-2-201606.jpg" title="Skeptic-21-2-201606.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Skeptic-21-2-201606_s.jpg" alt="Skeptic-21-2-201606.jpg" class="media-right" /></a>
<em><a href="http://www.skeptic.com/magazine/" hreflang="en">Skeptic</a></em>, l’ennemi des illuminés et des mystiques, a rarement plané aussi haut. Le dernier numéro s’intéresse notamment à la <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-2-numeriser-cerveau">neurologie de science-fiction</a>, à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-3-saint-paul">l’exégèse psychiatrique</a> et à l’Apocalypse qui vient, qui feront l’objet d’autres billets. Résumé du reste :</p> <h3>Vaccin contre la grippe</h3>
<p>À propos du vaccin contre la grippe, la rubrique médicale dézingue les habituels arguments des anti-vaccins.</p>
<p>En vrac : le <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Presse-Communiques-Points-presse/THIOMERSAL">thimerosal</a> n’est pas systématique et non, il ne cause pas d’autisme ; on peut avoir la grippe adulte sans jamais l’avoir eue avant ; le vaccin ne donne pas la grippe ; la maladie est plus dangereuse que tout effet secondaire ; vous rêvez si vous pensez vous protéger avec des plantes ; la grippe n’est <em>pas</em> bénigne ; le vaccin ne coûte pas cher (en tout cas moins qu’être malade) ; et évidemment il n’est pas « naturel » mais tant mieux puisque dans ce cas la nature vous tuerait (“<em>Medecine is all about trying to keep nature from hurting people</em>”) ; le formaldéhyde encore présent dans le vaccin est négligeable par rapport à celui naturellement présent chez nous ; etc.</p>
<p>Le vaccin n’est pas infaillible (il faut que la souche soit bonne pour une protection quasi-parfaite) mais une immunité partielle protège déjà les plus faibles (personnes âgées, immunodéprimées et très jeunes enfants) en réduisant la propagation (immunité de groupe).</p>
<p>Évidemment, des arguments basés sur des méta-études scientifiques ne valent rien quand on croit que tous les scientifiques sont vendus aux labos pharmaceutiques.</p>
<h3>Le cycle de la violence</h3>
<p>Des enfants maltraités répéteront-ils ces actes sur leurs propres enfants ? L’argument a été utilisé pour retirer préventivement des enfants à des parents à l’enfance malheureuse. Intuitivement il y a un risque, et effectivement ceux maltraités d’une manière ou d’une autre dans l’enfance sont surreprésentés parmi les personnes dépressives, suicidaires ou violentes. Mais on ne parle jamais des résilients, ceux devenus des adultes qui ne feront pas parler d’eux (même si leur vie reste marquée) — et ils sont de loin la majorité !</p>
<p><a href="http://science.sciencemag.org/content/347/6229/1480" hreflang="en">Si l’on suit sur 30 ans toute une population d’enfants maltraités</a>, de manière rigoureuse (groupe de contrôle de même environnement, validation de la réalité des mauvais traitements, etc. — ce n’est pas facile) on constate que la criminalité des jeunes adultes est plus élevée, mais pas énormément (l’étude citée donne 21% contre 14% dans le groupe de contrôle).</p>
<p>Les auteurs ne trouvèrent pas de preuve de transmission intergénérationnelle des abus physiques, sachant que les enfants de parents d’enfance difficile sont plus surveillés (et sensibilisés) que d’autres. Une autre étude australienne conclut aussi à la non-transmission des violences sexuelles.</p>
<p>Bref : la plupart des enfants surmontent les épreuves, par caractère, chance, et/ou grâce au soutien d’autres personnes. S’il y a séquelles, leurs propres enfants n’en subissent pas les conséquences (en tout cas pas plus que dans la population générale et en termes de maltraitance).</p>
<p><a href="https://tavris.socialpsychology.org/" hreflang="en">Carol Travis</a> conclut qu’il ne faut pas relâcher la surveillance quant à la détection des mauvais traitements aux enfants, mais qu’ils ne faut pas voir ceux-ci comme de futurs criminels en puissance. Cela rajouterait à leur malheur. À l’inverse, de mauvais traitements dans l’enfance ne sont pas une excuse suffisante chez un adulte pour son propre comportement.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Après une décennie, le « dessein intelligent », cette forme de créationnisme <em>soft</em> qui se voulait aussi scientifique, est en déclin aux États-Unis, faute d’avoir atteint aucun de ses objectifs, et après bien des débats et procès qui lui ont bloqué l’entrée des écoles.</li>
</ul>
<ul>
<li>J. Howard Siegel signe un article un peu provocant sur le mouvement « anti-anti-science » qui va trop loin : “<em>because science</em>”est une réponse parfois un peu méprisante, voire conservatrice à tout questionnement sur le fonctionnement de la technologie ou de la science. (<em>Ah, ce bon vieux débat entre science établie parfois sclérosée et contestation oscillant entre le « cela reste à prouver » et le grand n’importe quoi. Y a pas de réponse simple à part de rester ouvert sans l’être trop…</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Les pages pour la jeunesse s’étendent sur une longue tradition de plantes carnivores géantes et autres vignes vampires dans la littérature de la fin du XIXè et du début du XXè siècles. Tout semble parti de New York en 1874, avec un pseudo-reportage sensationnaliste mais totalement imaginaire sur Madagascar, ses tribus barbares et son arbre carnivore. La plante décrite n’est pourtant pas réaliste : elle a des tentacules (inconnues chez les plantes) et compile quasiment toutes les adaptations connues des diverses plantes carnivores (une impossibilité évolutionniste). L’article a eu du succès et été maintes fois reproduit… y compris à Madagascar, où la rumeur locale l’a repris !<br />Les plantes carnivores, assez répandues en Europe n’ont été reconnues comme telle que récemment (XVIIIè siècle) et peu étudiées jusque vers l’époque de l’article, justement.</li>
</ul>
<p><em>À suivre dans : </em><br /><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-2-numeriser-cerveau">Numériser le cerveau et le problème de la conscience</a><br /><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-3-saint-paul">Saint Paul et l’épilepsie</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-de-Juin-2016-1#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/821Presque 10 ans et bien plus qu’un cartonurn:md5:f802f3aeeccc563ab8d71b6462d93ecb2016-08-16T16:27:00+02:002023-12-13T11:35:53+01:00ChristopheMoi, ma vie, mon ego<p>C’était il y a presque 10 ans : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/16/305-six-ans-et-demi-et-un-carton">je changeais d’employeur, et les six années précédentes tenaient dans un carton</a>.</p>
<p>Aucun regret : en migrant vers un autre domaine (où j’ai dû me reformer mais toujours dans le merveilleux monde des SSII), j’ai appris plein de choses, rencontré plein de collègues et clients sympas et différemment compétents, qui m’ont en général supporté, en tout cas qui valaient le coup d’être connus ;</p> <p>Mais quand les roues tournent, que les entreprises se font manger, et qu’on se retrouve à travailler pour une entité qui n’a plus grand-chose à voir avec celle qui nous a embauché (même en faisant attention au syndrome « c’était mieux avant » et même si les humains dans les bureaux restaient en gros les mêmes) ;</p>
<p>quand l’essentiel des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur">droits du développeur</a> relève de la science-fiction ou de l’utopie (pas de SSD sur un portable pro en 2016 ??!) ;</p>
<p>quand la techno découverte avec (presque) admiration à un moment périclite, gérée avec les pieds par son nouvel éditeur, gros prédateur sans soucis du développement, de la cohérence, des tests de régression ou du respect du client ;</p>
<p>quand mes audits deviennent implicitement la recherche du meilleur moyen pour le client de ne pas raquer le prix d’un appartement (pour… rien), voire à échapper à une amende de l’éditeur (ça devient son <em>business model</em>), et que plus généralement les clients cherchent parfois activement à se désengager de la techno dont on est référent (et justement pour cette raison) ;</p>
<p>quand faute de budget les clients ne font plus grand-chose d’autre que des migrations techniques sans aucun besoin créatif ;</p>
<p>quand le domaine entier où l’on exerce s’oriente dans deux directions différentes, aucune ne semblant vraiment excitante pour un câblé du SQL comme moi ;</p>
<p>quand on se demande ce qu’on fait là au milieu des bouchons, à polluer la ville et réchauffer la planète, juste pour aller ou revenir d’un bureau où l’<em>open space</em> bruyant et la simple (et agréable) socialisation provoquent un effondrement de la productivité, où la connectivité est parfois inférieure à celle de la maison, et quand cette transhumance quotidienne est source de stress (parce que traverser l’agglomération à l’heure de pointe pour être à 18h30 à la fin du périscolaire, c’est pas de la tarte sans partir trop tôt) ;</p>
<p>alors il est plus que temps de se dire qu’il faut voir ailleurs.</p>
<p>Ailleurs mais pas n’importe où : on sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne. Mon ex-employeur, aussi exaspérant qu’il soit par bien des côtés, n’est pas le pire sur ce créneau et j’avais ma niche confortable avec le réseau informel qui va bien. Mais cela aurait-il été le cas encore dans 2, 5 ou 10 ans ? Certains collègues peuvent encore jouer la montre en attendant la retraite, pas moi.</p>
<p>Dans un milieu où le jeunisme règne (ben oui, un jeune diplômé c’est pas cher et ça pose pas de questions quand on l’envoie à 170 km une semaine entière avec aller-retour quotidien en train), un reclassement devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que les tempes grisonnent. Mon chef direct n’aurait pas voulu que je parte, mais il n’aurait sans doute pas le droit de me réembaucher !</p>
<p>Évidemment, entre penser à partir et le faire, il y a un monde, amplifié par le travail en cours à continuer d’assurer, la difficulté à vouloir changer et d’employeur et de créneau (et la réflexion sur lequel), les contraintes familiales, mon manque flagrant de sens de l’aventure… Vive l’informatique moderne et ses sites d’offres d’emploi, même si ce sont plutôt les hasards du réseau informel qui m’ont mené là où je vais.</p>
<p>Les prochains mois vont être denses. Mais je me demanderai sans doute moins à quoi je sers dans l’existence – en tout cas pas à enrichir un éditeur qui n’en a rien à battre de ses clients.</p>
<p>(En attendant, vider 10 ans de bazar dans mon armoire, puisque j’avais la chance d’être en général en agence, a pris bien plus de temps et quelques bacs Ikéa de docs de formation à garder, audio-électronique personnelle, exceptionnels <em>goodies</em>, et, ce qui donne presque envie de rester, les cadeaux de départ des collègues.)</p>
<p>(<strong>Mise à jour de 2020</strong> : Aucun regret, mais alors aucun ! J‘aurais dû aussi parler de la joie de passer au logiciel libre ou à une SCOP.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Presque-10-ans-et-boen-plus-qu-un-carton#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/822« Syzygie » de Michael Coneyurn:md5:372e4fc7ca0b810a58508db4f81375992016-08-05T12:05:00+02:002016-08-08T11:16:53+02:00ChristopheSur mes étagères alourdies <p>Le britannique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Coney">Michael Coney</a> n’est pas très connu mais certaines de ces œuvres m’ont marqué. La nullité et/ou la duplicité d’un gouvernement d’incapables ou de médiocres qui néglige les petites communautés, les catastrophiques effets de foule dans une population, ou la manque de vision à long terme reviennent fréquemment. Malgré tout les romans restent optimistes, et on sent de la tendresse pour le commun des mortels.</p>
<p><em>Syzygie</em> tire son nom d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syzygie">phénomène astronomique</a>. En l’occurrence une conjonction des six lunes d’Arcadia, paisible planète colonisée depuis des décennies mais encore très rurale. La précédente conjonction, 52 ans plus tôt, avait donné lieu à de nombreuses violences. Dans ce monde manifestement ni informatisé ni connecté, la mémoire collective de l’événement reste étonnamment floue.</p>
<p>Ces phénomènes réapparaissent avec la nouvelle conjonction, avec de nombreux phénomènes écologiques bizarres. Pourquoi les villageois se querellent-ils violemment ? Comment est morte la fiancée du héros (un scientifique un rien misanthrope, donc l’observateur détaché idéal des mouvements de foule et leur cible favorite), quelques temps auparavant ? Comment réagir face à une intelligence extérieure qui n’a jamais côtoyé d’autre intelligence ? (Ça m’a fait penser à la distinction <a href="http://enderverse.wikia.com/wiki/Hierarchy_of_Foreignness" hreflang="en">raman/varelse</a> de Orson Scott Card dans les suites de la <em>Stratégie Ender</em>).</p>
<p>Roman assez court, à conseiller à tous y compris vos ados.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Syzygie-%C2%BB-de-Michael-Conney#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/820Les mythes du terrorisme (Michael Shermer)urn:md5:156c3b29e670078b5ef8f5cf39a052d62016-07-17T14:32:00+02:002020-02-08T18:18:09+01:00ChristopheRes publica<p>Histoire de relever le désastreux niveau médiatique après les tragiques attentats de Nice, voici le résumé de <em><a href="http://www.skeptic.com/reading_room/myths-of-terrorism/" hreflang="en">Myths of terrorism</a></em>, un article de 2015 de ma revue américaine préférée, <em><a href="http://www.skeptic.com/magazine/archives/20.1/" hreflang="en">Skeptic</a></em>, avec une vision assez américaine mais sur une longue durée du terrorisme en général. (<em>Remarques personnelles en italique.</em>)</p>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Shermer" hreflang="en">Michael Shermer</a> (ex-fondamentaliste chrétien passé chef de file des sceptiques) a pour conviction que l’humanité, contrairement aux apparences, s’améliore, et en tient pour preuve l’avancée des droits des minorités et le nombre décroissant de meurtres et autres massacres sur le long terme. (Un exemple extrême et récent cité par ces gauchistes du <em>Figaro</em> : <a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/05/05/01016-20150505ARTFIG00256-en-20-ans-le-nombre-d-homicides-a-ete-divise-par-trois-a-paris.php">deux tiers d’homicides en moins à Paris en vingt ans</a> ; sur une tendance plus globale en France, voir la <a href="http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/criminalite-les-homicides-volontaires-en-nette-baisse-en-france-ia0b0n2810145">Voix du Nord</a>).</p>
<p>On lui oppose souvent le contre-exemple du terrorisme, apparemment une régression majeure. Mais même cela est sur la pente descendante, et en fait noyé dans le bruit statistique des décès (malgré le bruit médiatique). Alors, pourquoi en avons-nous tant peur ?</p>
<p>Le terrorisme est une attaque par des entités non étatiques contre des non-combattants, et vise à faire régner la terreur — et à empêcher tout raisonnement rationnel. Shermer tient à faire rendre gorge à sept mythes :</p> <h3>Mythe 1 : les terroristes sont le Mal incarné</h3>
<p>« Ils nous attaquent parce que nous sommes le Bien », et eux sont purement maléfiques — c’est le mantra de Bush en 2001 par exemple, et cela revient encore de nos jours. Mais ce n’est pas la motivation première des kamikazes. Une étude a établi que pour beaucoup leur motif est la <strong>vengeance</strong> : contre l’Amérique qui frappe où elle veut (Afghanistan, Irak, Yémen...), contre Israël... (<em>et en France contre ces blasphémateurs de </em>Charlie Hebdo<em>, contre les frappes françaises en Syrie, contre les lois sur la laïcité...</em>)</p>
<p>Plus qu’étendre la Charia, les terroristes pensent protéger leurs coreligionnaires.</p>
<p>(<em>Daesh ou les Talibans sont très doués pour monter en épingle la moindre bourde de ciblage des frappes occidentales. Goebbels faisait pareil après les bombardements alliés, nettement moins ciblés. En conséquence, toute riposte de notre part doit être soigneusement pensée pour ne pas être récupérée. C’est pour cela que les Américains n’ont pas déployé </em>toute<em> leur armée contre Daesh, le remède serait peut-être pire que le mal, et certains proposent qu’ils se retirent. Beau dilemme pour Obama et son successeur.</em>)</p>
<p>Une grosse partie des auteurs d’attentats-suicide sont des jeunes, où une cause, les effets de groupe, la camaraderie, la promesse de gloire sont importants (<em>et ce sont même des éléments de cohésion majeurs de toutes les armées régulières !</em>), et les promesses des vierges au Paradis comptent moins que le statut et le prestige social qui rejaillissent sur la famille d’un combattant tombé contre l’ennemi.</p>
<h3>Mythe 2 : Les terroristes sont organisés</h3>
<p>Il n’y a pas de réseau centralisé des conspirateurs contre l’Ouest. (<em>Un tel réseau ne tiendrait pas face aux capacités de renseignements ennemies.</em>). La mouvance terroriste est décentralisée, auto-organisée, et constituée de sous-réseaux complexes n’ayant rien à voir (clubs de sport locaux...).</p>
<p>(<em>Ce qui, dirais-je, les condamne à un amateurisme éternel, même dangereux. Daesh ou les Talibans ne développeront jamais un État fort avec des infrastructures qui seront autant de cibles. Des groupes terroristes ne peuvent que végéter tapis dans une population, ou dans les zones de chaos comme l’Irak, la Syrie, la Lybie, ce qui ne les empêche pas de rester dangereux. Pour survivre, de tels groupes sont condamnés à évoluer vers une structure mafieuse, féodale, politique... où l’on revient dans le champ rationnel, avec des buts différents, une violence qui n’est plus une fin en soi, et d’autres moyens de pression.</em>)</p>
<h3>Mythe 3 : Les terroristes sont des génies du mal</h3>
<p>Le 11 septembre est un plan bien organisé mais une exception (<em>dans le contexte des attentats sur le sol américain</em>). La plupart du temps, une fois la tête neutralisée ou loin du réseau principal, ne restent que des « imbéciles incompétents ». Michael Shermer énonce quelques exemples de plans lamentablement ratés aux États-Unis. Même à Boston, les frères Tsarnaev n’avaient rien planifié.</p>
<p>(<em>Et l’attentat de Nice est un nouvel exemple de pauvre type solitaire utilisant une technique tout ce qu’il y a de plus basique et </em>low-cost<em>. On pourrait citer aussi la mode palestinienne des attentats au couteau à l’aveugle, le degré zéro du machiavélisme — plutôt du désespoir.</em>)</p>
<h3>Mythe 4 : Les terroristes sont pauvres et sans éducation</h3>
<p>Non, il ne suffit pas de leur payer des écoles pour que l’éducation fasse de tout le monde des pacifistes. Les terroristes proviennent au contraire plutôt des couches moyennes sinon aisées (<em>cf 11 septembre, Londres...</em>). La pauvreté n’a pas grand-chose à voir avec le terrorisme.</p>
<p>(<em>Pourtant, on retrouve souvent le prototype de la petite frappe qui se trouve un but dans la vie en virant djihadiste. Cela ne veut pas dire que ce sont des crétins incultes. Mais Shermer se concentre surtout sur les États-Unis, où le vivier des djihadistes locaux est bien différent de l’européen.</em>)</p>
<h3>Mythe 5 : Le terrorisme est une menace mortelle</h3>
<p>Comparé à tous les homicides commis aux États-Unis, le terrorisme relève du « bruit statistique », même en tenant compte du 11 septembre.</p>
<p>(<em>Le contre-exemple serait la Norvège, où un terroriste (d’extrême-droite cette fois) a fait exploser les statistiques des meurtres en un seul massacre — mais la Norvège n’a rien à voir avec les États-Unis. En tout cas, les pertes humaines et matérielles terroristes sont d’un ou deux ordres de grandeur inférieures par rapport aux 1000 homicides volontaires, 10 000 suicides ou 5000 morts par accident de la route annuels en France. Évidemment, c’est en partie parce que les forces de l’ordre cherchent activement les terroristes. Mais nous avons toujours tendance à surestimer un danger effrayant par rapport aux simples accidents.</em>)</p>
<h3>Mythe 6 : Les terroristes vont obtenir une bombe nucléaire ou une bombe « sale »</h3>
<p>Construire une bombe atomique est <em>très</em> complexe et rien n’indique que des terroristes aient réellement essayé. Les sources radioactives sont tracées, et celles perdues ne représentent pas de danger à cette échelle-là.</p>
<h3>Mythe 7 : Le terrorisme fonctionne</h3>
<p>Shermer cite une étude de 42 groupes terroristes sur plusieurs décennies : seuls le Hezbollah au Sud Liban et les Tigres tamouls sont parvenus à établir un pouvoir durable. (<em>Peut-on ajouter Daesh, qui a construit un embryon d’État, même si son avenir est sérieusement compromis ?</em>)</p>
<p>Les prises d’otage et meurtres de prisonniers entraînent des réponses violentes de la part des opinions publiques et des États — or il faudra bien finir par négocier avec eux un jour. Les exigences des terroristes étudiés (<em>du moins ceux à l’ancienne, voir plus bas</em>) sont en fait rarement politiques, ils veulent plus souvent de l’argent ou libérer un prisonnier.</p>
<p>Les démocraties encaissent mieux le terrorisme malgré leurs lois moins sécuritaires, car elles s’interdisent les contre-mesures disproportionnées. Les résultats des terroristes sont en général nuls, rarissimes sont ceux qui obtiennent des résultats politiques. Les mouvements disparaissent généralement en quelques années.</p>
<p>(<em>Il faudrait lire </em><a href="http://howterrorismends.com/" hreflang="en">How Terrorism End</a><em>, le livre cité, peut-être aborde-t-il le thème central de la définition de terrorisme, notamment par les vainqueurs. Pétain nommait « terroristes » nos Résistants (qui n’ont rien réussi seuls d’ailleurs) ; Assad appelle terroristes ses opposants, qui ne se définissent pas comme tels et la mention n'arrivera pas dans les livres d’histoire locaux s’ils arrivent au pouvoir ; Poutine nomme terroristes les Tchétchènes qui s’opposent au pouvoir russe, dont certains se sont effectivement rabattus sur le terrorisme ; en Afghanistan comme en Irak la guerre a également une dimension nationaliste ou ethnique, il n’y a pas que l’influence des émules de Ben Laden. D’ailleurs la CIA ne devait pas cataloguer Ben Laden « terroriste » à l’époque où il attaquait l’armée soviétique. La composante terroriste n’est parfois qu’un élément d’un mouvement plus vaste mais pacifique, et la puissance dominante a souvent un gros intérêt à confondre les extrémistes avec l’« adversaire » classique. On retrouve le bon vieux phénomène qui consiste à se débarrasser des bonnes volontés chez soi comme chez l’adversaire pour ne garder que des épouvantails.</em></p>
<p><em>Ajoutons que l’article </em>Apocalypse soon<em> de Phil Torres dans le dernier </em>Skeptic<em> s’étend sur la mutation des motivations terroristes : autrefois nationalistes ou mafieuses comme le décrit Shermer, elles sont en train de changer vers un extrémisme à visée apocalyptique, typique des sociétés en changement brutal, visant à restaurer un monde parfait, en détruisant l’actuel : tuer n’est plus un moyen pour une fin mais le but en soi. Et l’article avance que cela ira en empirant vu l’explosion démographique et les avancées technologiques.</em></p>
<p><em>Tout ça pour dire que ce point « le terrorisme ne fonctionne pas » se base sur une mentalité qui n’est plus celle de l’étude citée. Non que je crois que le terrorisme actuel puisse marcher à long terme </em>directement<em>. Indirectement, il fait des ravages sur le niveau intellectuel du politique moyen aux États-Unis ou en France...</em>)</p>
<p>Voir aussi : la <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160331.OBS7480/la-strategie-de-la-mouche-comment-quelques-terroristes-font-trembler-les-grandes-nations.html">stratégie de la mouche</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-mythes-du-terrorisme#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/819« Pour la Science » n° 464 de juin 2016urn:md5:66d239e18de3c343abc87f8f1c33ae4d2016-07-17T00:00:00+02:002020-02-08T18:24:38+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_0464_200px.jpg" title="pls_0464_200px.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_0464_200px_s.jpg" alt="pls_0464_200px.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Je sais, je suis en retard. Petit numéro sans grand-chose de passionnant à retenir pour moi.</p> <h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>Qu’une œuvre soit « datée » ne devrait pas être en soi un problème, toutes les grandes œuvres artistiques ou philosophiques le sont. Il y a problème si l’œuvre ne semble plus contenir « que »' l’ambiance ou le style de l’époque.</li>
</ul>
<ul>
<li>On néglige trop un universel : le déchet. La vie sur Terre ne tient que grâce aux déchets (électromagnétiques) de l’activité du Soleil.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les gens conscients d’être influencés par la mode vestimentaire sont plus nombreux que ceux conscients de l’être par la mode intellectuelle.</li>
</ul>
<ul>
<li>Didier Nordon met en parallèle la version classique de <em>La laitière et le pot au lait</em>, pleine de détails populaires qui en appellent à tous, et celle d’un physicien qui la résumerait à la forme du pot et le rythme de marche. L’écrivain exprime un cas particulier, mais où tous se reconnaîtront, et le physicien réduit jusqu’à l’os, pour arriver là aussi au cas général.</li>
</ul>
<h3>OGM : débat manipulé</h3>
<p>Une tribune de Yves Bertheau dénonce les procédés très cavaliers du Haut Conseil des Biotechnologies (dont il a claqué la porte). De nouveaux procédés pour créer des OGM seraient prétexte à une procédure de validation allégée par rapport à l’existante, alors que le résultat final est le même : l’ajout d’un fragment d’ADN ou ARN inconnu jusque là dans l’organisme cible.</p>
<p>Il est aberrant que des cultures traditionnelles aient plus de contraintes que de nouveaux OGM. La coexistence peut être possible mais, à cause de la dispersion par les vents, plutôt entre régions entièrement dédiées aux modèles OGM ou non-OGM.</p>
<h3>Pi</h3>
<p>Dans la suite du précédent numéro, Jean-Paul Delahaye décrit maintes méthodes, physiques ou mathématiques, plus ou moins intuitives, pour calculer π. Il se trouve vraiment dans les endroits les plus inattendus : ensemble de Mandelbrot, conjecture de Syracuse, choc de billes élastiques, voire Jeu de la vie !</p>
<h3>Cryptage quantique</h3>
<p>Rien de bien neuf : l’ordinateur quantique n’en est qu’au prototype, mais il menace la cryptographie traditionnelle. Par contre, il autorise d’autres méthodes avec une confidentialité parfaite, qui commencent à se mettre en place.</p>
<p><em>Quant à la théorie de la chose, ça me passe au-dessus. Ce passage me laisse rêveur :</em> « Les corrélations monogames assorties à une quantité même faible de libre arbitre suffisent pour protéger notre vie privée. »</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La meilleure façon d’empiler des oranges a occupé les mathématiciens pendant presque quatre siècles. Képler avait déjà conjecturé que les pyramides sur les étals étaient l’optimum ; en 1998 ce fut enfin démontré formellement — mais seulement pour le monde réel en 3D. Pour les oranges en dimensions 8 et 24, c’est fait depuis peu. Ces résultats servent dans les logiciels pour la correction d’erreurs de transmission.</li>
</ul>
<ul>
<li><em>Homo naledi</em> : on en sait encore peu sur cet ancêtre, à l’âge encore inconnu, retrouvé récemment en Afrique du Sud dans une grotte quasi inaccessible — il a fallu sélectionner des paléontologues, uniquement des femmes, sur des critères de minceur pour se glisser dans l’étroit boyau. Comment quinze individus de tous âges se sont-ils retrouvés là ? Il s’agirait bien d’une pratique funéraire, ce qui serait étonnant pour une espèce qui tient à la fois de l’<em>homo</em> et de l’australopithèque. L’analyse des milliers d’os va durer longtemps.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le bassin de la femme évolue avec l’âge (optimum d’élargissement vers 25 ans) mais aussi les hormones : quel est l’influence de l’alimentation sur les difficultés à l’accouchement ?</li>
</ul>
<ul>
<li>On va pouvoir remplacer des catalyseurs chimiques par des champs magnétiques. Encore une branche de la chimie qui s’ouvre.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les garçons ne sont pas si nuls en lecture par rapport aux filles, il faut juste ne pas présenter l’exercice comme un test mais comme un jeu. <em>(Ça corrobore l’expérience de mon épouse, dont les élèves ont surtout un problème de motivation et ne cherchent même pas essayer.)</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La science africaine démarre !</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>L’imparfait du subjonctif revient à la mode</strong>, du moins à l’écrit : la version correcte est à deux clics grâce à Internet.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>fraude fiscale</strong> est vieille comme le monde : des tablettes assyriennes révèlent des astuces de marchand pour contourner taxes et péages.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les prises de sang peuvent à présent suffire pour détecter des cancers.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une exoplanète aux anneaux géants a été détectée, et ainsi, indirectement, sans doute la première lune hors de notre système solaire. <em>Je suis fasciné par les courbes de luminosité de l’étoile qui ont permis de démasquer la planète.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Même en buvant jambes écartées, une girafe doit faire monter l’eau le long de son œsophage sur deux mètres en hauteur. Remplir la bouche et lever la tête des dizaines de fois serait trop long, et dangereux pour le cerveau car la variation de la pression sanguine sur un animal aussi grand est d’une demi-atmosphère, même si le système sanguin est adapté. Le principe de la paille semble possible (les auteurs de l’article sont parvenus à aspirer à deux mètres de haut), mais en fait la girafe fait l’inverse : elle remplit son œsophage d’eau sur le principe de la pompe à piston, qui refoule de l’eau depuis le bas. Il suffit que sa mâchoire sache se fermer malgré le poids des 5 kg d’eau dans l’œsophage.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-464-juin-2016#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/817Nathalie Hennebergurn:md5:3c2b731d7ae988524d52a3d0757ca4592016-07-06T23:40:00+02:002020-02-08T18:31:09+01:00ChristopheSur mes étagères alourdies<p>Ma revue de SF préférée, <em><a href="http://www.galaxies-sf.com/">Galaxies</a></em>, a sorti un <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier sur Nathalie Henneberg</a>, et ça n’a pas raté : je relis en rafale tous les tomes que j’ai sous la main (en bonne partie hérités de mon père, car la dame est peu republiée depuis ma naissance, hélas !).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_Plaie.jpg" title="N_Henneberg_La_Plaie.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_Plaie_s.jpg" alt="N_Henneberg_La_Plaie.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Elle était exactement le genre d’auteur entre deux mondes (on dit aussi « le cul entre deux chaises » ) que j’aime en ce moment : Nathalie Henneberg n’est pas née française mais russe, s’est réfugiée en Syrie après la Révolution de 1917, et a épousé un militaire français, témoin de la Seconde Guerre Mondiale.</p>
<p>Elle mélange allègrement romantisme, souffle épique et fatalité slaves, éléments rationalistes plus occidentaux et science-fiction de l’époque « fusées et fulgurants ». Elle détonne dans le monde très rationnel de la SF du XXè siècle.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" title="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>J’avais parlé ici de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg">la Plaie</a></em>, que j’adore, et de sa suite <em>Le Dieu foudroyé</em> ; mais aussi du <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg">Sang des astres</a></em>, beaucoup plus dispensable (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg#c84199">quoique Pierre ne serait pas d’accord</a>).</p>
<p>Je viens de relire la <em>Rosée du soleil</em>, qui commence comme une mauvaise histoire d’astronautes perdus sur une planète, et dérive dans l’<em>heroic fantasy</em> noire avec des reines-déesses.</p>
<p>Un de ses premiers succès, le <em>Mur de la lumière</em> (republication de <em>An Premier, Ère spatiale</em>), mélange allègre le <em>space opera</em>, des mutants, des réminiscences atlantes et un roman policier à huis clos à l’ancienne.</p>
<p>Avec le dossier, <em>Galaxies</em> avait publié <em>Kheroub des Étoiles</em>, dernière œuvre, jamais publiée, sans plus grand rapport avec la science-fiction, au point que l’on pourrait la transposer aux temps d’Ulysse ou du Graal en changeant une poignée de mots. Plus encore que dans le <em>Dieu foudroyé</em>, les ellipses nuisent à la lisibilité, et la rationalité des personnages-archétypes devient accessoire.</p>
<p>La subtilité n’est pas le rayon des Russes et Nathalie Henneberg ne lésine pas sur l’eau de rose : les jeunes gens innocents des deux sexes se pâment devant (suivant leur sexe) leur sauveur mi-<em>boy scout</em> mi-demi-dieu ou devant une reine quasi-déesse. Une pesante dose de catastrophisme provient des guerres que Nathalie Henneberg a vues en Russie ou en Syrie. Les personnages sont rarement gris clair-gris foncé, le manichéisme règne — parfois au sein d’un même personnage ! Ajoutons un peu de psychanalyse de bazar : il y a peu de mères plus indignes que celles de ses livres, il paraît que Nathalie Henneberg ne s'entendait pas avec la sienne. Les turpitudes internes des personnages sont plus travaillées que l’arrière-plan technologique parfois risible.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Dieu_foudroy%C3%A9.jpg" title="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé_s.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Dans les anciens comme les derniers livres, les personnages principaux sont toujours des archétypes, quasi-explicitement. Pas forcément parfaits, parfois maléfiques mais souvent surhumains. Le parallèle avec les demi-dieux ou les Atlantes est parfois explicite, parfois plus ténu. Comme dans les tragédies grecques, ça ne fait pas leur bonheur : soit ils ne savent pas maîtriser leur don, soit ils en usent pour le pire plus ou moins volontairement, soit le monde veut les éliminer <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, ces options ne s’excluant nullement entre elles. Et le temps qui passe ne change rien, car c’est un cycle et les réincarnations sont courantes.</p>
<p>Vue la génération de la dame, on pardonnera quelques clichés plus très politiquement corrects, notamment les comportements stéréotypés des femmes-enfants énamourées ou des remarques sur le côté hystérique et instable des dames que ces crétins de mâles sont évidemment incapables de comprendre.</p>
<p>Stylistiquement, j’ai l’impression que les parties les plus faibles, sinon carrément mauvaises, sont celles se voulant rationnelles, dans le fil de la SF des années 50 un peu naïve, explicative (simplette ?). Une fois l’histoire en place, et le mode épique enclenché, parfois sans trop se soucier que le lecteur suive, on change de dimension, se fait emporter, tant pis si la vérité scientifique ou la cohérence de l’histoire passent à la trappe — c’est un cartésien qui parle —, et tant pis pour quelques aspects devenus kitsch.</p>
<p>Mais c’est justement souvent cela qui frappe et qui plaît : un mélange nettement plus corsé que <em>Star Wars</em>, car écrit de manière plus lyrique et moins simpliste, avec du vocabulaire, souvent là d’ailleurs plus pour le clinquant des mots que pour leur sens. Il faut lire Henneberg plus comme on lit le <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Cycle-du-Graal-de-Jean-Markale">Graal</a> ou le <em>Seigneur des Anneaux</em>, pas comme de la <em>hard science</em> ni même de la bonne <em>fantasy</em> « réaliste » comme l’<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">Assassin Royal</a></em>.</p>
<p>Pour les détails, voir sa <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathalie_et_Charles_Henneberg">page Wikipédia</a> ou le <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier de Galaxies</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Vieille tradition remontant au moins au </em>À la poursuite des Slans<em> de Van Vogt de 1946 ; des érudits connaissent sans doute plus ancien encore.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/815Canicule & discriminationurn:md5:049f4c5b25ce76dc39d5016b47a45d752016-06-24T22:44:00+02:002016-06-24T22:44:00+02:00ChristopheFragile planète <p>La canicule revient, et avec elle une pénible discrimination de notre société.</p>
<p>Pendant que ces dames peuvent en général réduire et raccourcir textiles et chaussures jusqu'aux limites autorisées par la décence élémentaire, nous autres hommes de bureau sommes contraints par la pression sociale, le management, nombre de règles plus ou moins écrites, voire la <em>fashion police</em>, au pantalon long, aux chaussures fermées, donc aux chaussettes, voire aux chemises à manche longue. J’ai une pensée pour ceux condamnés à porter en sus une cravate par 40°. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canicule-discrimination#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Écologiquement c’est un non-sens, à cause de besoins en climatisation supplémentaires par rapport au triptyque tee-shirt/short/sandale que la plupart d’entre nous adoptent spontanément chez eux.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canicule-discrimination#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Le confort puis la santé pâtissent de l’écart important avec la température extérieure. Je ne parle pas des bus, du métro ou de la voiture, étouffants quand on est trop vêtu.</p>
<p>Nous sommes le pays de la mode : qu’attendent nos couturiers pour s’inspirer du meilleur du kilt, de la djellaba, du boubou, de la toge puis lancer tout un nouveau marché de vêtements d’été pour hommes !</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canicule-discrimination#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et j’hallucine quand je vois des costards-cravate dans des pays tropicaux.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canicule-discrimination#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Surtout dans </em>mon<em> bureau, où nous ouvrons les fenêtres pour éviter de geler mais le cas est extrême.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canicule-discrimination#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/818Copernic, Matière noire, Amazonie, π : « Pour la Science » n°463 de mai 2016urn:md5:019e947a659aeeb8cd4b979e2247dab42016-06-05T15:34:00+02:002020-02-08T18:33:29+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_0463_couv_200_px.jpg" title="Pour la Science n°463 Mai 2016"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_0463_couv_200_px_s.jpg" alt="Pour la Science n°463 Mai 2016" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Pour la Science n°463 Mai 2016" /></a> Un bon petit numéro plus passionnant pour les chroniques que pour les articles de couverture.</p> <h3>Le sage Didier Nordon a dit...</h3>
<ul>
<li>Les enfants font des pitreries et disent des bêtises pour les mêmes raisons : ils explorent les limites de la gravitation d’une part, et du langage d’autre part. Les adultes ont intériorisé ces limites. « Tant qu’Alzheimer n’a pas frappé, on peut garder l’espoir de dire encore des âneries » : c’est le signe qu’on continue d’explorer les limites sans se scléroser.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une théorie scientifique doit être réfutable. Mais par qui ? Un non-spécialiste est condamné à faire confiance. Dans l’absolu, il n’existe aucune autorité absolue sans aucun risque de biais (présupposés communs inconscients d’une communauté, refus du risque d’aller à contre-courant...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Ressusciter serait génial, mais à quel âge ? Nous ne verrions pas le monde futur du même œil en tant que bébé, jeune homme, vieillard.</li>
</ul>
<h3>Copernic</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/astronomie/Copernic_De_revolutionibus_Orbium_Coelestium_via_Wikipedia_dompub.png" title="Copernic - De Revolutionibus Orbium Coelestium - via Wikipedia, domaine public"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/astronomie/.Copernic_De_revolutionibus_Orbium_Coelestium_via_Wikipedia_dompub_s.png" alt="Copernic - De Revolutionibus Orbium Coelestium (via Wikipedia, domaine public)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Copernic - De Revolutionibus Orbium Coelestium - via Wikipedia, domaine public" /></a>Le petit mais très éclairant <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-copernic-pivot-revolution-astronomie-36731.php">article de Richart Taillet, disponible sur Signal sur bruit</a>, remet en perspective la découverte de Copernic. Devant le système complexe de la théorie de Ptolémée avec ses épicycles et ses <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quant">équants</a>, Copernic a tout voulu rebaser sur un mouvement « parfait », circulaire et uniforme, et sans s’intéresser non plus aux causes physiques : en fait un pas en arrière !</p>
<p>À l’usage le progrès était minime, et le pouvoir prédictif peu amélioré. Et Képler brisera à nouveau ce mouvement parfait en découvrant le mouvement elliptique, puis Galilée comprendra la relativité des mouvements, et Newton donnera un sens physique à ce mouvement. « C’est alors seulement que prend fin la science médiévale ».</p>
<h3>Archéologie en Amazonie</h3>
<p>Les premiers explorateurs pensaient que le développement des cultures amazoniennes avait toujours été stérilisé par un milieu difficile, et qu’elles n’avaient « pas d’histoire, seulement de l’ethnographie ». Ce mode de pensée a stérilisé toute recherche jusqu’à nos jours. Pourtant des traces de villages, des nécropoles, des monticules, des urnes funéraires... ont été retrouvés dans tout le bassin amazonien, de l’Équateur à l’embouchure de l’Amazone, de la Guyane à la Bolivie.</p>
<p>L’article rappelle qu’une part énorme de notre agriculture provient d’Amazonie : maïs, tabac, ananas, patate douce, piment... Le cacao y était cultivé 1500 ans avant qu’il n’apparaisse au Mexique. Quant au manioc, plante toxique sans préparation longue, elle serait une défense face aux flots de réfugiés qui auraient sinon ravagé les champs en fuyant face aux Européens !</p>
<p>Culturellement, l’Amazonie n’était pas fermée : on retrouve des mythes locaux au-delà des Andes. De larges sentiers y existent encore et facilitaient déjà les communications.</p>
<p>Les <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_preta">terra preta</a></em>, hyper fertiles, attestent d’occupation humaine pendant des siècles le long de l’Amazone, sur pas moins de 3% de la surface du bassin !</p>
<p>Les recherches archéologiques s’intensifient, et font appel de plus en plus appel aux dernières technologies.</p>
<h3>Les illuminés de π</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/JP_Delahaye_Le_fascinant_nombre_Pi.jpg" title="Jean-Paul Delahaye : Le fascinant nombre Pi - Belin"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.JP_Delahaye_Le_fascinant_nombre_Pi_s.jpg" alt="Jean-Paul Delahaye : Le fascinant nombre Pi - Belin" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Jean-Paul Delahaye : Le fascinant nombre Pi - Belin " /></a>Jean-Paul Delahaye se délecte de la fascination que π exerce sur certaines personnes (<a href="http://www.eyrolles.com/Sciences/Livre/le-fascinant-nombre-pi-9782842418250">lui-même au premier chef</a>) : œuvres d’art, sudokus ou concours de mémorisation des décimales (record homologué : 70000 !).</p>
<p>Puis il se désole : π ressurgit dans toutes les branches des mathématiques, et sa valeur a été recalculée par mille algorithmes différentes. Et pourtant il reste des gens persuadés que le 3,1415926535... est faux, et proposent des valeurs voisines, mais fausses, et algébriques (alors qu’on sait que π est <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_transcendant">transcendant</a>et que la quadrature du cercle est impossible).</p>
<p>En 1897, l’État de l’Indiana <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Indiana_Pi_Bill">envisagea une une loi</a> pour établir que π = 3,2. Jean-Paul Delahaye a correspondu avec un Français convaincu que π=∜(2143/22).</p>
<p>Internet permet déjà à n’importe qui de publier n’importe quoi. Il y a pire : en payant, des revues pseudo-scientifiques au nom impressionnant (pour des non-initiés) acceptent tous les délires. Par exemple <a href="http://www.iosrjournals.org/iosr-jm/papers/Vol10-issue4/Version-3/C010431317.pdf" hreflang="en">cet article du zoologue indien Sarva Jagannadha Reddy</a>, récidiviste du domaine, qui a « découvert » en 1998 que π = (14-√2)/4 <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-463#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. « Ses articles sont des non-sens absolus. » <em>Apparemment <a href="http://lahosken.san-francisco.ca.us/new/2006/07/book-report-untold-story-of-the-true.html">ce monsieur spamme tous ceux qui publient sur π</a>.</em></p>
<p><em>Ça me donne envie de retrouver la première définition de π dans mes cours de prépa, tiens.</em></p>
<p><a href="http://www.scilogs.fr/complexites/les-simplificateurs-de-pi/">Article en ligne chez Scilogs également</a>. Dans les commentaires un lien nous apprend même que <a href="https://math.stackexchange.com/questions/12906/is-value-of-pi-4">π=4</a> !</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le dossier sur <strong>le GPS de notre cerveau</strong> s’étend longuement sur les neurones impliqués dans notre système de navigation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article discute des différentes variantes de la très énigmatique <strong>matière noire</strong>. Il n’y a après tout aucune raison qu’elle soit plus simple que la matière ordinaire. Les auteurs ne sont pas d’avis qu’il s’agit d’une fausse piste à l’instar des épicycles, car le peu qu’on en sait explique déjà bien des choses.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’équipe du très connu <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Craig_Venter">Craig Venter</a> a réussi à créer <strong>des cellules de seulement 473 gènes</strong> (naturellement il existe une bactérie avec 517 gènes) : un pas de plus vers la compréhension du fonctionnement du génome — et vers la biologie de synthèse. Un tiers des gènes n’a pas de fonction connue...</li>
</ul>
<ul>
<li>À Kyoto a été découverte une bactérie capable de dégrader du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyt%C3%A9r%C3%A9phtalate_d'%C3%A9thyl%C3%A8ne">PET</a> : un petit pas vers la liquidation des <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/le-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-les-oceans_1696072_3244.html">océans de plastique</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mimivirus">mimivirus</a> est un virus géant, et même assez grand pour avoir développé un système immunitaire proche de celui des bactéries et des archées — ou bien l’a-t-il hérité de l’ancêtre commun ? Un élément de plus dans la question « les virus sont-ils vivants ? »</li>
</ul>
<ul>
<li>On distingue <strong>un classique</strong> intemporel d’un succès contemporain par la courbe temporelle des recherches sur Google : les requêtes sur Victor Hugo ou Charles Baudelaire suivent une périodicité annuelle à cause des besoins scolaires, celles de Marc Lévy sont liées à ses parutions.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une nouvelle énergie renouvelable : en utilisant <strong>l’osmose entre eau douce et salée à la sortie des fleuves</strong> <em>via</em> une membrane, il est envisageable de construire des centrales électriques. Les premiers prototypes font quelques kilowatts, le seuil de rentabilité ne semble pas inatteignable, le potentiel est titanesque. <em>Pourvu que ce soit vrai...</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-463#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Noter que la bibliographie ne cite à peu près que l’auteur lui-même. J’ai autre chose à faire mais trouver l’erreur serait un bon exercice pour lycéens.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-463#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/816“SQL Performance explained” (« SQL : au cœur des performances ») de Markus Winand : indexer sa base de donnéesurn:md5:b704381b8474a76b1f75fd0d564cb42b2016-03-24T22:09:00+01:002020-02-08T18:38:17+01:00ChristopheInformatique : l’art du développementbase de donnéesinformatiquelivres lusoptimisationperfectionnismeéconomies d’énergieéducation<p>(Si vous ne savez pas et ne voulez pas savoir ce que sont le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Structured_Query_Language">SQL</a>, les bases de données et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Index_%28base_de_donn%C3%A9es%29">index</a>, ce qui suit ne vous intéressera pas.)</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/MarkusWinand_SQLPerformanceExplained.jpg" title="MarkusWinand_SQLPerformanceExplained.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.MarkusWinand_SQLPerformanceExplained_s.jpg" alt="MarkusWinand_SQLPerformanceExplained.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>J’ai beaucoup apprécié ce livre, mais je commencerai par un reproche courant sur son titre : il ment ! Markus Winand ne parle pas des performances des requêtes SQL à proprement parler, mais <strong>se concentre quasi-exclusivement sur les index</strong>. Son principe : une bonne indexation est la clé des performances. C’est parfaitement vrai, mais ceux qui s’intéressent aussi à la répartition de la mémoire entre SGA et PGA sous Oracle, à la fragmentation de leurs <em>tablespaces</em>, à la distribution des fichiers sur des disques de rapidité différente, à l’utilité des clusters, au maniement des T-SQL et PL/SQL... seront frustrés.</p> <p>Un autre principe de Winand : <strong>le développeur est celui qui sait comment les données sont utilisées</strong>. Il est à la fois le premier utilisateur des index et celui qui doit savoir pointer ceux qui manquent. (Et je confirme qu’à part certaines évidences ou contraintes techniques, il est difficile de savoir comment optimiser une base quand on n’a aucune idée de la manière dont elle sera utilisée, des critères primordiaux des utilisateurs, de la fréquence d’utilisation de telle ou telle donnée. Quant aux DBAs j’ai constaté qu’hors problème sérieux ils étaient assez peu proactifs. De plus, si certains étaient ouverts à l’ajout d’index quand on le justifiait, d’autres voyaient ça avec une franche hostilité <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/SQL-Performance-explained-de-Markus-Winand#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.)</p>
<h3>Le bien</h3>
<p>Bref, il y a là-dedans tout ce que j'aurais voulu savoir quand je tapais du SQL au kilomètre. À cette époque (et après) j’ai acquis pas mal de réflexes pour obliger Oracle à choisir tel chemin et pas un autre. Mais il est toujours agréable et instructif de voir réexprimés proprement des concepts appris sur le tas, expliqué des habitudes prises par imitation et validé des réflexes. En général, je me suis retrouvé conforté dans mes habitudes, et encouragé à creuser un peu plus l’existant ou le juste-effleuré (<a href="http://use-the-index-luke.com/fr/sql/regrouper-les-donnees/parcours-d-index-couvrants">index couvrants</a> notamment).</p>
<p>Contrairement à nombre de livres sur les bases de données, il ne se spécialise pas sur une seule, mais parle des quatre principales : Oracle, SQL Server, PostgreSQL, MySQL. J’aurais bien aimé en voir d’autres (comme SQLite, même s’il est limité, ou Sybase) mais on ne peut pas tout avoir. Les différences entre les bases sont une part importante de la culture informatique. MySQL apparaît souvent comme le mauvais élève.</p>
<p>Le livre se concentre presque exclusivement sur les index B-tree classiques, de loin les plus courants. Il part des bases puis dissèque les méthodes d’utilisation (<em>hash</em>, <em>merge</em>...), ou leur utilisation dans différents contextes, dont les résultats partiels, ou encore l’impact sur les tris. La nécessité et les limites des <em>bind</em> dans les requêtes répétées sont abordés, tout comme les dégâts que peuvent faire des ORM comme Hibernate.</p>
<h3>Le moins bien</h3>
<p>Il y a juste une mention des index <em>bitmaps</em> pour dire qu’il sont réservés aux <em>datawarehouses</em> à cause de leur coût élevé en mise à jour <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/SQL-Performance-explained-de-Markus-Winand#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Winand ne dit pas du bien des tables organisées en index comme cela semble courant sous SQL Server (les autres index seraient plombés par cette structure) mais un commentateur sur Amazon <a href="http://www.amazon.fr/SQL-coeur-performances-Markus-Winand/product-reviews/3950307834/ref=dpx_acr_txt?showViewpoints=1">lève une objection</a> (mais il travaille chez Microsoft, à moins que ce soit un homonyme).</p>
<p>Les requêtes d’exemple sont assez simples pour la compréhension, mais finalement je me demande encore quelle politique adopter pour optimiser des requêtes de dix tables, en décisionnel ou pas — il n’y a sans doute pas de recette miracle, il faut voir ce que pond l’optimiseur.</p>
<h3>Où</h3>
<p>Le livre en allemand (la VO ?), anglais (que j’ai lu) ou français est disponible sur Amazon, et hélas uniquement là, sous forme papier du moins. Cependant <a href="http://use-the-index-luke.com/sql/preface" hreflang="en">l’essentiel semble accessible depuis le site</a>.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2020</strong> : je continue de conseiller ce livre en formation à tous ceux qui doivent parler à une base de données, DBA comme développeurs — <em>surtout</em> les développeurs.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/SQL-Performance-explained-de-Markus-Winand#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais sous SAP R/3 la logique normale n’a pas cours, voir <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">ma vieille série sur le sujet</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/19/210-initialiser-tu-n-oublieras-pas">là</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/16/252-par-paquets-de-5">là</a> et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille">là</a>, commentaires compris.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/SQL-Performance-explained-de-Markus-Winand#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Et, ajouterai-je, du coût de la licence Oracle Enterprise nécessaire.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/SQL-Performance-explained-de-Markus-Winand#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/813Boson de Higgs et biocarburants à base d’algues : « Pour la Science » de Septembre 2012urn:md5:b6d45f659da7901077f0e604be60b81a2016-03-19T00:00:00+01:002020-02-08T18:42:59+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_419.jpg" title="pls_419_couverture3.indd"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_419_s.jpg" alt="pls_419_couverture3.indd" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<pre></pre>
<p><del>Chouette, il ne sera pas trop tard pour celui-là.</del> Trois ans et demi après, je m’aperçois que la planification a échoué. Bah, la bonne science reste intemporelle <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>Comme d’hab, j’italique mes commentaires et impressions conscients, les caractères normaux n’incluant que mes biais inconscients.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai de très vieux </em>Science & Vie<em> à la cave à chroniquer à l’occasion.</em></p></div>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>La TSF avait un fil... électrique. Le fil est partout, et il réapparaît ailleurs après chaque victoire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Idée géniale : faire rédiger les programmes scolaires par des enseignants d’autres matières. Finis les programmes surchargés !<br /><em>Et toute passion serait expurgée de chaque matière.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une erreur minime peut ruiner une œuvre scientifique. La littérature encense des œuvres mêmes imparfaites.</li>
</ul>
<h3>Le Boson de Higgs</h3>
<p>Ce ne sera pas cette fois-là que je comprendrai vraiment ce qu’est ce boson.</p>
<p>Le premier article résume les étapes de la découverte de la physique des particules depuis un siècle : atome, noyaux, électrons, protons, neutrons, neutrinos, positron, pions, leptons, hadrons, bosons, fermions, quarks... Bon aperçu mais j’ai perdu pied au moment de la « voie octuple » et surtout de la « brisure de symétrie ».</p>
<p>Le second voit plus loin, après avoir décrit une partie de la machinerie du LEP. À raison de 20 millions de collisions proton-proton par seconde, et une chance sur 65 milliards de produire un Higgs, le problème revenait à chercher une irrégularité sur un bruit de fond <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. L’étude des propriétés exactes se poursuit, ainsi que l’ajustement des modèles... dont certains pourraient avoir besoin de plusieurs bosons de Higgs, ou le décomposent ! Bref, y a du boulot. Une perspective effrayante : vue la masse détectée, le champ de Higgs ne serait pas dans son minimum d’énergie, et donc pourrait devenir instable, basculer et changer la physique de l’univers. <br /><em>Cette fin du monde, je ne vois pas comment l’éviter, mais on devrait avoir plusieurs fois la durée de vie passée de l’univers pour réfléchir à la question.</em></p>
<h3>Le biocarburant et les microalgues</h3>
<p>L’article donne l’esquisse de ce qui sera peut-être le moyen de sauver le monde de la cuisson à l’étouffée par le CO2 : il est possible de créer du carburant à partir d’huiles sécrétées par des microalgues. Les microalgues se reproduisent facilement (tout possesseur de piscine le sait), tout est à présent dans le choix de technologies pour augmenter les rendements, réduire les coûts, dans la vente de coproduits... en espérant pouvoir industrialiser dans une ou deux décennies. Le coût de revient ? Bien malin qui peut le prédire, mais ce n'est pas gagné...</p>
<p><em>Rappel : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/05/508-le-xylocarburant">les xylocarburants existent déjà</a>, il faudrait que je vois ce qu’ils deviennent...</em></p>
<h3>La coopération</h3>
<p>L’entraide et la coopération entre animaux, pourtant destinés à se déchirer dans la lutte pour la survie du mieux adapté, gênait déjà Darwin pour sa théorie.</p>
<p>Un spécialiste de la théorie des jeux, Martin Nowak, ressort un de mes sujets de fascination des années 90, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dilemme_du_prisonnier">dilemme du prisonnier</a>, et l’apparition spontanée d’une stratégie « altruiste », dite donnant-donnant.</p>
<p>En poussant ses simulations informatiques, Nowak a vu apparaître aussi la clémence (pardonner des trahisons ponctuelles). Puis il a retrouvé et discerné cinq modes de coopération que l’on retrouve dans la nature :</p>
<ul>
<li>réciprocité directe (« donnant-donnant »), avec l’exemple des chauve-souris qui se donnent mutuellement de la nourriture en cas de coup dur, et se souviennent de qui les a aidées ;</li>
</ul>
<ul>
<li>coopération spatiale : partage du travail ;</li>
</ul>
<ul>
<li>coopération entre génétiquement apparentés : elle explique l’engagement suicidaire des insectes sociaux, qui en fait aident ainsi à la diffusion de leurs gènes (<em>ça me rappelle les théories sur le gène égoïste</em>) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>réciprocité indirecte : elle se base sur la réputation que les individus acquièrent dans un groupe ;</li>
</ul>
<ul>
<li>sélection de groupe : Darwin avait déjà noté que l’action en faveur du bien commun, et non d’un seul, rendait le groupe plus fort par rapport aux autres ; la sélection de groupe s’effectue donc un niveau au-dessus de l’individu.</li>
</ul>
<p>Les humains, super-coopérants, exploiteraient à fond la première et surtout la quatrième stratégie. Notre obsession des interactions sociales, renforcée par le langage, marque cette importance de la réputation.</p>
<p>Suivent quelques remarques sur la « tragédie des biens communs », où personne n’a intérêt à se sacrifier pour la cause (« quelqu’un d’autre en profitera de toute manière » — justification de bien des lâchetés), et les moyens de parer à cela : publicité des actions altruistes, transparence, informations claires, émulation.</p>
<p><em>Un article qui aurait mérité de longs développements...</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La copulation <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> des mouches peut leur être fatale : tout à leur joie, elles battent des ailes et attirent des prédateurs (chauve-souris...) alors qu’elle n’ont alors pas l’esprit à fuir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour des raisons de distance au soleil croissante, la Terre subirait un refroidissement climatique de 0,3° par millénaire en moyenne.<br /><em>Bon, ça annulera le réchauffement du présent siècle dans 10 000 ans.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une explication du rayon vert lors du coucher du soleil : l’atmosphère diffracte la lumière du soleil, d’autant plus qu’au couchant l’épaisseur traversée augmente. Les couleurs sont déviées différemment, le rouge l’étant le moins (mais il est encore visible alors que l'étoile est <em>vraiment</em> déjà couchée !), le bleu est absorbé par l’atmosphère, reste donc un peu de vert, fugitivement visible juste au moment de la disparition du rouge et du jaune.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les cigarettes <em>light</em> sont aussi toxiques que les autres : les fumeurs aspirent juste plus.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Salpidae">salpes</a> sont des bestioles étranges, importantes au sein du plancton marin, apparentées aux vertébrés.<br /><em>J’ignorais leur existence.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Grattage de crâne chez les paléontologues : comment, dans la Laramidia <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> du Crétacé, deux populations distinctes de dinosaures géants ont-elles pu évoluer, avec de tels effectifs ? Cela en dit long sur leurs faibles besoins énergétiques et la luxuriance de la région à l’époque. Les paléontologues continuent de creuser.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les plaisirs du pavage du rectangle (article de Delahaye) m’ont laissé froid.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et je comprends mieux les fascinants articles sur l’informatique du LEP, forcée de filtrer agressivement des pétaoctets de données, et obligée de stocker des volumes fantastiques.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Séquence racolage !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Vous non plus vous ne saviez pas où (ni quand) c'était ? <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Laramidia">Wikipédia est votre ami</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Septembre-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/710Acalien, Rhéno-champenois ou Néo-austrasien ? De la difficulté de nommer une région sans unitéurn:md5:4f69cfb432e2e6c82e4a105d57c828432016-03-13T12:53:00+01:002023-12-27T12:13:04+01:00ChristopheInclassable & inclassé<p>J’étais peut-être précurseur en parlant de ma « bonne ville d’Austrasie » <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos">dans un billet il y a presque dix ans</a>.</p>
<p>Rappel pour mon lectorat non-acalien : sur ordre de Paris, selon un processus bâclé sur lequel je ne m’étendrai pas pour rester calme, et en tout cas sans aucune initiative locale, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alsace">Alsace</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lorraine">Lorraine</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Champagne-Ardenne">Champagne-Ardenne</a> sont depuis le début de l’année fusionnées en une seule région, provisoirement nommée ACAL.</p>
<p>Cette région n’a aucune unité, est séparée par un grand vide au milieu et n’a pas de précédent historique (on y reviendra). La capitale, Strasbourg, totalement excentrée, a été imposée lors des tractations parisiennes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> : les Lorrains, en position centrale, peuvent se sentir floués. En tant que Strasbourgeois, cela m’arrange, mais j’ai été Lorrain <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Quant aux Champenois et Rémois, qui sont plus dans l’orbite de Paris <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, j’ai lu qu’il craignaient de se faire phagocyter par les autres régions plus peuplées et nettement plus riches.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Peut-être pour éviter une demande alsacienne de rattachement à l’Allemagne. Ou pour éviter de donner un argument de plus aux opposants du Parlement européen à Strasbourg.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Tout ça par migration et pas de naissance.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Disons la ceinture de Kuiper de Paris…</em></p></div>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/M%C3%A9tropolisation_du_Grand_Est_MonsieurFou%40Wikipedia.svg_s.png" title="Métropolisation_du_Grand_Est_MonsieurFou@Wikipedia.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/M%C3%A9tropolisation_du_Grand_Est_MonsieurFou%40Wikipedia.svg.png" alt="Métropolisation_du_Grand_Est_MonsieurFou@Wikipedia.svg.png" class="media-right" /></a></p>
<p>Et maintenant, cette région il faut la nommer. (<strong>Avril 2016</strong> : Finalement, le nom final sera « Grand Est ». Consensuel mais fade.) Trois noms ont été proposés par un comité un peu choisi au hasard (<em>cf</em> les <a href="http://www.dna.fr/actualite/2016/03/12/l-etonnant-tierce-du-nom-de-la-region-acal">DNA d’avant-hier</a>) et ne font pas l’unanimité, sinon contre eux (<a href="http://www.dna.fr/actualite/2016/03/13/vote-sur-le-nom-l-entourage-de-richert-peaufine-son-discours">DNA d’hier</a>) :</p>
<ul>
<li><strong>Acalie</strong> est un néologisme reprenant l’acronyme ACAL (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne). Ça évoque l’Acadie canadienne. Je ne me vois pas devenir un Acalien. Après tout, on s’est bien habitué à la région PACA dans le sud, mais uniquement comme acronyme. Autant garder le nom à rallonge actuel qui ne vexe personne et l’acronyme ACAL !</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Rhin-Champagne</strong> essaie de singer Rhône-Alpes. C’est peut-être dans les trois propositions celle qui me plaît le plus. On allie deux extrêmes de la Région et deux éléments très connus à l’extérieur. Évidemment, c’est encore dommage pour les Lorrains.<br />(Une collègue proposait ironiquement <strong>Riesling-Champagne</strong> : quitte à faire alcoolisé je préfére Gewurtzraminer-Champagne. Rajoutons les Lorrains, pour un Gewurtzraminer-Mirabelle-Champagne plus long que l’ancien nom provisoire. Raté !)</li>
</ul>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/France_714_Paul_Vidal_de_la_Blache_1912%40Wikimedia.jpg" title="France_714_Paul_Vidal_de_la_Blache_1912@Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/.France_714_Paul_Vidal_de_la_Blache_1912@Wikimedia_s.jpg" alt="France_714_Paul_Vidal_de_la_Blache_1912@Wikimedia.jpg" class="media-left" /></a> <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/Austrasie_752_CJ_Drioux_C_Leroy_1850_%40Wikimedia.jpg" title="Austrasie_752_CJ_Drioux_C_Leroy_1850_@Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/geographie/.Austrasie_752_CJ_Drioux_C_Leroy_1850_@Wikimedia_s.jpg" alt="Austrasie_752_CJ_Drioux_C_Leroy_1850_@Wikimedia.jpg" class="media-right" /></a></p>
<ul>
<li><strong>Nouvelle Austrasie</strong> tente au moins la racine historique. L’Austrasie, royaume franc de l’époque mérovingienne, recouvre a peu près cette région. <strong>Austrasie</strong> tout court aurait eu ma préférence si ce nom évoquait encore quelque chose après presque un millénaire et demi, et s’il était tout simplement plus beau. Le « Nouvelle » est à mon avis de trop, on n’est pas dans l’hémisphère sud.</li>
</ul>
<p>Des noms ont été proposés qui n’ont pas été retenus :</p>
<ul>
<li><strong>Grand Est</strong> semblait de loin le favori, mais en fait, à part un consensus mou qui n’enthousiasme personne en fait, qu’apportait-il ? Là encore c’est une vision parisienne. Vu de Strasbourg, ce sont les Parisiens qui sont à l’ouest (dans tous les sens du terme) et ne parlons pas de nos voisins allemands. Je viens de Région Centre, région patchwork aussi, et un nom purement géographique est la marque d’un manque total d’âme. Je ne parle pas du nom des habitants (Grand-estois ?).<br />(Un ancien condisciple me proposait <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Estrie">Estrie</a></strong>, un nom qui existe déjà au Québec, et réellement évoqué pendant les débats de la commission. Encore plus qu’avec Acalie ou Austrasie, des touristes risquent de se tromper de continent en allant au marché de Noël de Strasbourg <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Carolingie</strong> aurait été sympa (l’Austrasie est le cœur de la famille et de l’Empire de Charlemagne), mais la perte de mémoire collective a encore frappé. Et aurions-nous aimé être des Carolingiens ?</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>Lotharingie</strong> a aussi brièvement existé sur ces terres, mais là encore, qui s’en souvient encore ? De toute façon, la Lorraine s’appelle déjà comme ça (<em>Lothringen</em> en allemand).</li>
</ul>
<ul>
<li>Essayer de contenter tout le monde est mission impossible. Donc, dans une optique de reconnaissance à l’étranger, reprendre un nom délibérément réducteur était défendable :<br /> <strong>Champagne</strong> a une identité forte (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Comt%C3%A9_de_Champagne">historique</a> aussi). <br /><strong>Alsace</strong> aurait été perçu comme arrogant par ceux qui nous confondent encore avec des Allemands, mais ne m’aurait évidemment pas déplu. <br /><strong>Lorraine</strong> m’aurait convenu. Si les Alsaciens n’aiment pas, ils doivent se dire que si <a href="http://www.liberation.fr/france/2013/04/07/alsace-echec-du-referendum-selon-des-resultats-partiels_894360">l’unification n’avait pas foiré en 2013</a>, ils auraient eu des arguments pour rester indépendants.<br /><strong>Rhin-Champagne</strong> doit provenir d’une recherche entre tout ça.</li>
</ul>
<ul>
<li>CHAMpagne-ALsace-Lorraine faisait <strong>Chamallo</strong> : au moins on s’en souviendrait à l’étranger.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Marches de l’Est</strong> faisait un peu « terre de conquête », vu de Paris. De plus c’était déjà pris (<em>Ostmark</em> = <em>Österreich</em> = Autriche)</li>
</ul>
<ul>
<li>Avec <strong>Territoires Nord-Est</strong>, on se demandait si on avait même encore le droit de vote.</li>
</ul>
<ul>
<li>Je ne sais pas ce que pensaient ceux qui ont proposé <strong>Île d’Europe</strong> (sinon à singer les Parisiens, encore ?), <strong>Union Grand-Est</strong>, <strong>Orest</strong>, <strong>Uniest</strong> (voir <a href="https://jonathanfrickert.wordpress.com/2016/03/06/region-acal-apres-le-casse-tete-de-la-fusion-limbroglio-du-nom/">ce blog</a> qui pariait pourtant sur <strong>Grand Est</strong> aussi.).</li>
</ul>
<p>Nommer est difficile. Je le sais, j’ai dû choisir pour deux enfants. Encore était-ce dans une liste de noms déjà établis <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et sans intention marketing (consciente).</p>
<p>Pour une Région sans unité autre que géographique ou de lien vers les pays germaniques, pour laquelle on n’a pas consulté les citoyens (qui auraient répondu « Non » comme à toute autre question, comme d’habitude en France à présent), c’est presque mission impossible.</p>
<p>L’exécutif local a voulu un processus un peu ouvert avec une commission faite de gens d’horizons différents, il aurait peut-être fallu impliquer plus de monde plus longtemps, faire des sondages en temps réel, laisser chaque nom monter ou descendre. Pour certains, il fallait peut-être juste s’habituer.</p>
<p>En tout cas, je préfère encore n’importe lequel des ces trois noms à <a href="http://www.nordpasdecalaispicardie.fr/sondage-nom-region/">ceux proposés aux citoyens de Nord-Picardie</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>…</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Quoiqu’il y a trop de touristes de toute façon.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Madame ne m’a pas laissé expérimenter mon générateur de mots…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Choisis apparemment uniquement par des lycéens et apprentis, sans doute les dernières personnes à avoir la connaissance culturelle et historique pour trouver le nom d’un ensemble.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Acalien-Rh%C3%A9no-champenois-ou-N%C3%A9o-austrasien#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/811Réponses scientifiques à des questions absurdes : “What If?” de Randall Munroeurn:md5:f876d48a25c6712362c988c5ff771aab2016-03-07T19:36:00+01:002016-06-12T14:09:05+02:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/What_If_Randall_Munroe.jpg" title="What_If_Randall_Munroe.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/What_If_Randall_Munroe.jpg" alt="What_If_Randall_Munroe.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Randall_Munroe">Randall Munroe</a>, l’auteur du mythique <a href="https://xkcd.com" hreflang="en">XKCD</a>, est indéniablement un fou, <br />du genre qui ne fonctionne pas comme le reste de la société (parce que la société a tort),<br />du genre que j’admire, <br />du genre à lâcher un poste de roboticien à la NASA pour faire un blog de dessins sur Internet alors qu’il n’a apparemment pas de talent artistique particulier (d’où un style faussement naïf),<br />
<a href="https://xkcd.com/1195/"><img src="https://imgs.xkcd.com/comics/flowchart.png" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a> <br />
du genre à mettre ses dessins en <em><a href="https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.5/" hreflang="en">Creative Commons</a></em>,<br />
du genre à devenir une icône et pas un gourou,<br />
du genre à abuser des notes de bas de page encore plus que moi, <br /><a href="https://xkcd.com/1208/"><img src="https://imgs.xkcd.com/comics/footnote_labyrinths.png" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />
du genre, sans doute, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sheldon_Cooper">Sheldon Cooper</a> en plus sociable,<br />
du genre de Calvin (<a href="http://calvinethobbes.free.fr/">celui avec le tigre</a>, surtout pas le fanatique protestant),<br />
du genre à plaire aux <em>geeks</em>,<br />
du genre à les faire crever de jalousie avec un <a href="http://blog.xkcd.com/2013/09/30/asteroid-4942-munroe/" hreflang="en">astéroïde à son nom</a> (!),<br />
du genre à leur faire comprendre qu’ils n’ont rien compris au monde, <br />
<a href="https://xkcd.com/538/"><img src="https://imgs.xkcd.com/comics/security.png " alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />
du genre, sans doute, à lire <em>Scientific American</em>/<em>Pour la Science</em>,<br />
du genre à appliquer maths et physique à toutes les questions,<br />
du genre exigeant, qui exige de la culture générale scientifique/littéraire/<em>geek</em>/pop pour comprendre ses blagues (non, je n’ai pas pigé toutes les références du tome 0 du recueil des dessins du blog) (<a href="https://www.explainxkcd.com/wiki/index.php/Main_Page" hreflang="en">il y a un site pour ça</a>, d’ailleurs),<br />
du genre récursif,
<a href="https://xkcd.com/1260/"><img src="https://imgs.xkcd.com/comics/ld50.png" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />
du genre à mixer les mèmes des <em>geeks</em> (les vrais, pas ceux sous Windows), des libristes, des fanas de SF, des poètes et des mathématiciens,<br />
du genre à se poser des questions totalement farfelues,<br />
du genre à y répondre comme si elles étaient sérieuses,<br />
du genre à en faire un livre.<br /></p>
<p>J’avais résumé/traduit quelques-uns des articles qui ont donné lieu plus tard au livre : <strong><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD">ici</a></strong>, et <strong><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD-7-a-10">là</a></strong>. Ces amuses-gueules n’épuisent pas le livre...</p>
<p>La jaquette du livre contient une carte du monde (plus détaillée que ci-dessous) après qu’un trou de ver dans la fosse de Mariannes ait vidé l’essentiel des océans vers Mars:<br />
<a href="https://what-if.xkcd.com/53/"><img src="https://what-if.xkcd.com/imgs/a/53/drain_nl.png" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />(Quant à Mars, ce scénario en fait une planète océan où seul émergent Olympus Mons et une poignée d’îles).</p>
<p>Quelques découvertes à retenir :</p>
<ul>
<li>l’échelle de Richter peut être étendue au-delà des traditionnels 0-9 : une poussière qui tombe déclenche un séisme de magnitude -15 ; une Étoile de la Mort un tremblement de planète de magnitude +15 sur Alderaan (« seulement ») ;</li>
<li>on peut nager sans grand danger dans la piscine qui abrite du combustible nucléaire en train de refroidir, à condition de rester à la surface ;</li>
<li>créer un tableau de Mendeleiev avec un centimètre cube de chaque élément provoquerait simultanément empoisonnement, incendie, et explosion nucléaire ;</li>
<li>un Cessna serait incapable de voler sur Mars, faute d’atmosphère ; sur Vénus il n’a guère besoin de vitesse (mais il ne résistera pas longtemps à la température, aux nuages d’acides et aux ouragans) ; Titan est le paradis des Cessna (prévoir une doudoune) ;</li>
<li>une supernova vue de la distance Terre-Soleil équivaut à un humain à regarder de près une bombe à hydrogène (allumée) ;</li>
<li>mais pour que les neutrinos émis (en quantité fantastique) par cette supernova vous tuent, il faudrait quasiment être <em>dans</em> l’étoile mourante ;</li>
<li>les personnes les plus isolées (en distance jusqu’à un autre être humain) de toute l’histoire de l’humanité ont probablement été les pilotes d’Apollo XI et suivants au moment où ils étaient au-dessus de la face cachée de la Lune pendant que leurs camarades ramassaient des cailloux.</li>
</ul>
<p>Ce livre est indispensable dans la bibliothèque de tout fana de science, <br />de tout <em>geek</em>,<br />de tout honnête homme.</p>
<p>Si vraiment il le faut, il y a une traduction française chez <a href="http://editions.flammarion.com/Albums_Detail.cfm?ID=48712">Flammarion</a> :</p>
<p><a href="http://editions.flammarion.com/Albums_Detail.cfm?ID=48712"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.What_If_Randall_Munroe_VF_m.jpg" alt="What_If_Randall_Munroe_VF.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/810Planète X, perte d’audition, vaccins, conscience informatique, vie & complexité : « Pour la Science » n°461 de mars 2016urn:md5:d6fef73e1d368ea586a7710017697eae2016-03-02T00:00:00+01:002020-02-08T18:56:50+01:00ChristopheScience et conscience<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_461.jpg" title="pls_461.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_461_s.jpg" alt="pls_461.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Numéro passionnant sur plein de sujets, et en plus il devrait être en kiosque quand ceci paraîtra.</p> <h3>La planète X</h3>
<p>La système solaire pourrait-il retrouver une neuvième planète ? Pluton a été déclassé car elle n’était qu’un des corps (et pas le plus gros) de la ceinture de Kuiper, avec Eris, Sedna et d’autres. Elle avait été découverte par chance puisque les calculs qui voulaient expliquer les anomalies de la trajectoire de Neptune étaient faux. La découverte de cette même Neptune avait d’ailleurs suivi la découverte de perturbations de l’orbite d’Uranus. Mais l’histoire de l’astronomie est pleine de planètes mathématiquement démontrées et jamais détectées.</p>
<p>Les astronomes sont donc prudents depuis que les analyses des trajectoires des objets de la ceinture de Kuiper et d’autres indiquent la présence d’une planète d’environ dix masses terrestres dix fois plus loin que Neptune (<em>même pas deux jours-lumière</em>). L’hypothèse se défend, mais il va falloir <em>voir</em> cette planète. Des recherches systématiques ont déjà eu lieu, mais avec une sensibilité insuffisante pour un tel astre aussi lointain. Selon les télescopes mis à contribution, on pourrait la trouver dans les cinq ans.</p>
<p>On se demandait justement pourquoi il manquait dans notre système des « super-terres » si fréquentes autour d’autres étoiles. Les scénarios de formation des planètes prévoyaient déjà que des proto-planètes soient éjectées ou éloignées lors des différentes migrations de Jupiter ou Saturne.</p>
<h3>Perte d’audition cachée</h3>
<p>Quelques heures ou jours près une agression sonore, votre seuil d’audition peut retrouver une apparence normale mais en réalité le nerf auditif aura pu être atteint. Le seuil de détection des sons faibles semblera normal, mais la <em>résolution</em> aura baissé. L’auteur compare cela à réduire la résolution d’une image, où l’on peut reconnaître des formes en ayant perdu de nombreux détails. Cela expliquerait de nombreux problème de personnes âgées qui ont du mal à suivre des conversations.</p>
<p>Les normes sur le bruit ne tiennent pas compte de cela, il faudra les revoir. La bonne nouvelle : il serait possible de réparer les nerfs abîmés avec quelques gouttes.</p>
<h3>Vie et complexité</h3>
<p>Article très peu mathématique de Jean-Paul Delahaye : comment repérer la vie ou l’intelligence ? Est-ce par la complexité de ses artefacts ?</p>
<p>La régularité ne suffit pas (les découvreurs des pulsars ont d’abord cru à un signal extraterrestre). Des formes géométriques parfaites non plus, de manière assez étonnamment différentes suivant les formes : une sphère naturelle peut être énorme (planète) ou minuscule, un cube peut être moyen ; mais une sphère de taille moyenne ou un cube gigantesque seraient traces d’intelligence. De même, la polémique perdure sur certaines traces supposées de vie terrestre ou martienne, pas assez complexe pour exclure un phénomène purement chimique. En conclusion : « il faut raisonner prudemment en oubliant nos rêves ».</p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<p>Mon chroniqueur préféré était en forme :</p>
<ul>
<li>« Pour un mot auquel nous croyons avoir avoir réussi à assigner un sens précis, nous en employons mille que nous ne contrôlons pas. » Même chez les mathématiciens et les philosophes.</li>
</ul>
<ul>
<li>En mathématiques, impossible de tout redémontrer soi-même : il faut bien faire confiance à d’autres. Dans bien des sciences, c’est pire, on ne peut refaire certaines mesures ou enquêtes ou assister à des événements passés. Plus il y a d’intermédiaires, plus le risque de dérive idéologique est fort : sociologie et économie attisent plus les passions que ne le devraient des sciences.</li>
</ul>
<ul>
<li>Expliquer l’opposition de quelqu’un par la frustration (de ne pas faire partie d’un cercle, d’avoir échoué...) a beau être toujours plausible, cela n’enlève rien à la valeur des arguments. « Déconsidérer un individu est plus facile que réfuter ses arguments. Surtout s’ils sont pertinents. »</li>
</ul>
<h3>Science et laïcité</h3>
<p>Le phénomène de la contestation religieuse de l’enseignement scientifique est sporadique et amplifié par les médias, mais il est réel. Et les professeurs sont parfois dépourvus.</p>
<p>Le renoncement et l’évitement du conflit ne sont pas des options. Il faut bien distinguer science et croyance, faire attention à ne pas présenter la science comme une croyance parmi d’autres, ni à la sacraliser comme un dogme (l’inverse de la démarche scientifique), ni chercher à réfuter des croyances religieuses. On ne peut forcer les élèves à « croire » aux enseignements de l’école, mais ils sont tenus de les apprendre. L’histoire des sciences (contextualisée) est une bonne porte d’entrée.</p>
<h3>Vaccins</h3>
<p>Les vaccins sont victimes de leur succès : on a oublié les maladies mortelles dont ils nous protègent (<em>rappelons que la variole a totalement disparu, et que la poliomyélite va bientôt suivre</em>), et qui ressurgissent dès que la couverture vaccinale se réduit (<em>tétanos, rougeole...</em>). La polémique sur les effets secondaires, l’activisme de certains groupes parfois irrationnels, la défiance envers les autorités de santé ont ainsi pu entamer la confiance de certaines parties de la population.</p>
<p>Les effets secondaires sont maîtrisés, pas prouvés ou paradoxalement moins graves quand on est vacciné : le vaccin contre la grippe peut entraîner un syndrome de Guillain-Barré, avec une probabilité infime par rapport à une vraie grippe qui peut aussi entraîner le syndrome. La recherche se poursuit sur les adjuvants et leurs risques.</p>
<p>La France est un des derniers pays où la vaccination est obligatoire pour des raisons historiques, quand les nouveaux vaccins ne sont que recommandés, ce qui est peu compréhensible pour le public. Supprimer l’obligation (en insistant sur le fait que certains sont indispensables) risque de réduire la couverture vaccinale, alors que des populations arrivent de pays où la couverture est insuffisante. Une fois de plus, il y a encore beaucoup à faire en matière de prévention ou de simplicité d’accès au vaccin.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Pour résoudre un paradoxe lié à la conservation de l’information lors de l’évaporation d’un trou noir, Stephen Hawking propose des gravitons <em>soft</em> et des photons <em>soft</em>, particules d’énergie issues d’une théorie sur les supertranslations de l’espace-temps.<br /><em>Ça me dépasse...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a 10 000 ans au Kenya, une tribu a été massacrée par une autre (mains liées, flèches, massue...). Nos ancêtres auraient commencé à se faire la guerre quand des chasseurs-cueilleurs trouvèrent des ressources régulières et devinrent semi-nomades et, surtout, territoriaux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le champion européen de Go a été bâti par un logiciel qui combine une approche arborescente à des réseaux de neurones, qui a analysé 30 millions de parties de joueurs professionnels et joué contre lui-même sur 50 ordinateurs...</li>
</ul>
<ul>
<li>Si on suit Leibnitz, est conscient celui qui peut décrire ses actions. Un ordinateur le peut, mais forcément de manière partielle puisqu’il fait bien s’arrêter quelque part dans l’auto-description pour de simples raisons pratiques. Il nous semble évident aujourd’hui qu’une partie de nos actions sont inconscientes : ce ne l’était pas au temps de Leibnitz.<br /><em>De là à dire qu’un PC est conscient parce qu’il logue son propre fonctionnement...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait en anthropologie que les peintures de guerre ou les masques lèvent les inhibitions et notamment libèrent l’agressivité. On peut faire le parallèle avec toute situation où nous ne sommes pas en contact direct avec nos semblables, des insultes au volant aux <em>flamewars</em> sur le Net.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les Chinois ont depuis les origines ignoré voire méprisé les civilisations voisines du cœur de la Chine antique. Leurs archéologues actuels tentent de sortir du carcan des chroniques anciennes et découvrent tout juste la cité de Jinsha, civilisation avancée du IIè millénaire avant notre ère, vénérant les éléphants, dans le Sichuan. La région est à présent totalement sinisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Merveilleuse application des logarithmes à l’astronomie pour un dessin d’assiette : et en plus l’auteur <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Observable_universe_logarithmic_illustration.png">nous l‘a offert dans Wikipédia !</a></li>
</ul>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Observable_universe_logarithmic_illustration.png" title="Pablo_Carlos_Budassi-Observable_universe_logarithmic_illustration.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/astronomie/.Pablo_Carlos_Budassi-Observable_universe_logarithmic_illustration_m.png" alt="Pablo_Carlos_Budassi-Observable_universe_logarithmic_illustration.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-461#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/809Génie par accident, astronomie des neutrinos : Pour la Science n° 460 de février 2016urn:md5:e7ecc60220dd19aa63359a36cdf075072016-02-28T19:31:00+01:002016-02-29T13:22:53+01:00ChristopheScience et conscience <p>J’aurais dû publier ça plus tôt. Comme le prochain est déjà lu, on va résumer en vitesse (<em>sans me priver de commenter, comme d’hab’)</em> :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_460.jpg" title="pls_460.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_460_s.jpg" alt="pls_460.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Les génies par accident</h3>
<p>Des gamin devenus dieu de la mécanique, génie de la musique ou compteur génial après une balle dans la tête ou une méningite ; des adultes dans la force de l’âge victimes d’hémorragie cérébrale ou d’un choc grave transformés en artiste au point de pouvoir en vivre : c’est le <strong>syndrome du savant acquis</strong>. Il y a assez de cas documentés pour mériter une étude. Le recâblage du cerveau après la lésion améliorerait le fonctionnement de certains régions.</p>
<p>Les maisons de retraite sont également pleines de talents artistiques qui se dévoilent à mesure que s’installe une certaine forme de démence (liée uniquement aux lobes frontaux). La levée de certaines inhibitions libéreraient certaines qualités dormantes. Sans compter certains handicapés socialement inadaptés aux capacités hors norme (Rain Man).</p>
<p>Évidemment se pose la question de la transposition du phénomène à des gens sains : la simple stimulation par courant électrique du lobe temporal antérieur droit fait exploser les résultats à un test cognitif.</p>
<p>La recherche sur le fonctionnement du cerveau en phase de création continue — mais les outils ne permettent pas (encore) d’étudier finement un artiste en pleine action.</p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-recherche...">Voir la semaine dernière</a> pour la remarque sur l’originalité dans la recherche.</p>
<p>Autres remarques à discuter :</p>
<blockquote><p>« L’homme ne se nourrit pas que de pain : il lui faut aussi de la difficulté. Quand une question facile se pose, il n’a de cesse d’imaginer comment la transformer en questions de plus en plus difficiles. S’il parvient à en formuler une qui soit carrément inextricable, là, il connaît enfin le bonheur. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Personne n’a peur d’un faisceau lisse, d’un schéma formel ou d’une tour de corps de classe — sauf ceux qui savent de quoi il s’agit. (...) Tout le monde a peur du dioxyde de titane, de l’acide malique ou du citrate de calcium — sauf ceux qui savent de quoi il s’agit. »</p></blockquote>
<p>À ce propos, se rappeler que le <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/31/344-le-scandale-du-dhmo">monoxyde de dihydrogène</a> reste un poison mortel scandaleusement méconnu.</p>
<h3>Les neutrinos</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juillet-2015">Il m’avait déjà fasciné dans le numéro de juillet dernier</a> : IceCube, constitué de milliers de détecteurs noyés dans un kilomètre cube de glace au Pôle Sud, est en fonction. Les neutrinos ont l’intérêt de ne pas interagir avec la matière, donc proviennent en ligne droite des événements qui les ont créés. Exceptionnellement ils daignent percuter directement le noyau d’un atome d’IceCube et génèrent une flopée d’autres particules dans une traînée d’un kilomètre de long <em>(!!)</em> qui permet de définir très précisément leur origine. Il faut filtrer ceux qui sont générés sur Terre (par les rayons cosmiques) ou le Soleil.</p>
<p>La provenance d’une poignée de neutrinos à haute énergie venant de l’espace profond, enfin prouvée, reste énigmatique : supernovas, sursauts gamma ? Des hypothèses exotiques évoquent même la désintégration de l’hypothétique matière noire de l’univers. En attendant, le centre de notre galaxie est un gros émetteur.</p>
<p>Suivent d’autres considérations théoriques sur l’oscillation de leur saveur (liée au fonctionnement interne du Soleil), et la masse du neutrino (capitale pour les scénarios de formation des galaxies). D’autres détecteurs sont en projet et c’est encore une nouvelle page de l’astronomie qui s’ouvre.</p>
<h3>La maladie de Lyme</h3>
<p>Elle est trop peu connue des médecins en France, surtout hors du nord-est, et sa détection est délicate : nous ne nous apercevons pas toujours que nous avons une tique ; la tache rouge symptôme de l’infection peut passer inaperçue si même elle apparaît ; les symptômes (fatigue, douleurs, problèmes neurologiques...) sont très généraux ; les tests ne cherchent pas forcément toutes les espèces des bactéries responsables, et les laboratoires ne savent pas eux-mêmes quel test teste quoi, d’où des tests faussement négatifs. Bref, il y a des progrès à faire mais pas mal de monde va encore souffrir pendant des années sans savoir pourquoi... Après la phase d’incubation, la guérison est beaucoup plus difficile.</p>
<p>80% du « pathobiome » (virus et bactéries (<em>j’adore ce mot)</em>) transmis par les tiques est encore inconnu ! Des tests ADN existent, mais paradoxalement uniquement en médecine vétérinaire, aux normes moins strictes que pour les humains.</p>
<h3>L’exploitation de l’espace</h3>
<p>Le Traité de l’Espace de 1967 interdit aux États de réclamer la propriété de la Lune ou de toute autre astre — sage décision en pleine Guerre Froide. Les Américains viennent pourtant de permettre et encourager l’exploitation des ressources par des entreprises privées : après tout il ne s’agit pas de prise de possession par un État.</p>
<p><em>Ceux qui iront là-bas les premiers poseront les règles du jeu. Ça me rappelle de vieux livres de SF sur la conquête privée de l’espace, à commencer par l’</em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Homme_qui_vendit_la_Lune">Homme qui vendit la Lune</a><em>, du génial et regretté Robert Heinlein. On parie que vont se rejouer dans l’espace toutes les phases du développement terrestre : guerres privées, esclavage... ?</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Des chercheurs de Rouen ont identifié une des protéines émises par des bactéries de nos intestins et qui provoquent la satiété. <em>Nous vivons bien en symbiose avec elles...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la déformation de l’espace-temps induite par un amas d’étoile, une supernova détectée par Hubble en 2014 a été à nouveau détectée en décembre ! <em>Le cosmos aussi a une fonction Replay...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Des chercheurs d’Oxford ont montré que plus il y a d’intervenants dans une blague, moins elle est drôle : nous peinons à suivre les états mentaux des protagonistes.</li>
</ul>
<ul>
<li>La testostérone serait une cause des différences de performance en navigation spatiale et en orientation entre les sexes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les Indiens d’Amazonie pratiquent le « tapirage » : ils obtiennent des oiseaux au plumage particulier en leur arrachant des plumes et en enduisant celles qui repoussent de diverses décoctions. Cet art disparaît rapidement en même temps que les Indiens...</li>
</ul>
<ul>
<li>Le militantisme par Internet est beaucoup moins efficace que la manifestation physique classique. Cependant, les restrictions des libertés actuelles pour raisons de sécurité pourraient mener à un accroissement de l’action militante sur le web, à commencer par les pétitions. <br /><em>Mouais. Ça fait bien vingt ans qu’on nous promet ça. Entre signer une pétition en ligne et agir plus concrètement, il y a un gouffre que 99% des gens ne franchiront pas. Pour des gouvernants en mode je-me-fiche-ce-que-le-peuple-pense, ou (plus courant sans doute) je-n’écoute-que-mon-camp, ça ne va pas changer grand chose. Et à l’inverse il y a risque de ne gouverner qu’en réagissant aux bulles médiatiques sur Facebook.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pourquoi ne peut-on pas dire que le Soleil tourne autour de la Terre, sachant qu’un référentiel fixé sur la Terre est tout aussi valide qu’un référentiel fixé sur le Soleil ? <em>(Dans ma folle jeunesse, j’avais écrit un programme de simulation de la gravitation : j’adorais fixer l’origine sur la Terre et voir les autres planètes décrire des boucles).</em> Les réponses « Tout le monde le sait » ou « les autres planètes tournent aussi autour » ne sont pas valables. <br />Une réponse : <em>stricto censu</em>, Soleil et Terre tournent en fait autour d’un centre de gravité commun... qui est bien <em>dans</em> le Soleil.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-430-f%C3%A9vrier-2016#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/808La recherche...urn:md5:7c02f1dcfd3d26a3e69567abdfdd455f2016-02-20T16:38:00+01:002016-02-20T16:40:04+01:00ChristopheScience et conscience <blockquote><p>Research is to see what everybody has seen and think what nobody has thought.<br /> <br /><em>« La recherche consiste à voir ce que tout le monde a vu, et à penser ce que personne n’a pensé. »</em><br /> <br /><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Szent-Gy%C3%B6rgyi">Albert Szent-Györgyi</a></em>, <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&id=e6FqAAAAMAAJ&dq=editions%3AOCLC1180968&focus=searchwithinvolume&q=research+is+to+see" hreflang="en">Bioernegetics</a>, 1957, p.57</p></blockquote>
<p>Citation présentée par Didier Nordon dans le dernier <em>Pour la Science</em>. Il ajoute :</p>
<blockquote><p><em>« Reste que porter un regard neuf sur un objet connu est sans doute un exploit de plus grande valeur qu’analyser un objet neuf selon des procédures connues. »</em></p></blockquote>
<p>Et que cela ne vaut pas qu’en science, mais aussi en philosophie (technique du faux naïf), en littérature...</p>
<p>Certes, mais (pour en revenir à la science seule), chercher à voir des choses que personne n’a vues est l’autre moitié du métier. Le même numéro de <em>Pour la Science</em> décrit les détecteurs de neutrinos, une nouvelle porte sur la comoslogie ; et le web bruisse encore de la détection des premières ondes gravitationnelles. Y a-t-il plusieurs sortes de recherche ? La partie la plus noble et difficile (interpréter, réinterpréter le connu, penser ce que personne n'a pensé avant), et la partie de ceux qui essaient d’aller là où personne n’est allé avant ? Et bien sûr complémentaires.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-recherche...#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/807Les snipers, Shanghai 1937, les mousses de la Royal Navy, la bataille de Kosovo (« Guerres & Histoire » n°28 de décembre 2015)urn:md5:547e028938a615be3374787d34c777f02016-01-31T22:03:00+01:002016-02-07T16:10:24+01:00ChristopheHistoire <p>Résumé d’un numéro avec quelques sujets peu connus (<em>en italique mes impressions</em>) : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Guerre_et_Histoire_28.jpg" title="Guerre_et_Histoire_28.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Guerre_et_Histoire_28_s.jpg" alt="Guerre_et_Histoire_28.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Les snipers</h3>
<p>L’Antiquité utilisait massivement lances et flèches, mais le Moyen-Âge devint la grande époque du combat rapproché, et depuis la frappe à distance a toujours traîné une mauvaise réputation : déloyauté, lâcheté, plus tard volonté réelle de tuer et non de se fondre dans la masse de l’armée...</p>
<p>Les chevaliers méprisaient les archers, les arbalétriers puis dédaignèrent les armes à feu. Pourtant utilisés dès que possible pour leur efficacité, les <em>snipers</em> retournent dans l’obscurité et l’ignorance des États-majors après chaque guerre. Jusqu’à l’URSS qui met en avant ses snipers féminines pendant la Seconde Guerre Mondiale, et l’époque actuelle qui exige efficacité, professionnalisme et précision. Les biographies et entretiens sont glaçants.</p>
<h3>Shanghai 1937</h3>
<p>L’armée japonaise avait conquis la Mandchourie et prévoyait ensuite d’envahir la Sibérie <em>(ce sera un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">désastre</a>)</em>. La Chine (en pleine guerre civile pourtant) ne lâche pas l’affaire. Pékin tombe sans combat car les Chinois veulent piéger les Japonais à Shanghai, sous le nez des Européens des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Concessions_%C3%A9trang%C3%A8res_en_Chine">concessions</a>, en espérant les voir intervenir — ils se contenteront, horrifiés, de compter les points.</p>
<p>Sous-équipés mais plus nombreux, les Chinois réussissent un temps à piéger les Japonais. Ceux-ci envoie renforts sur renforts. La bataille de rue impitoyable et meurtrière annonce Stalingrad, avec un quart de million de morts au total : c’est la plus sanglante bataille d’Asie.</p>
<p>Si les Japonais finissent par l’emporter, et peuvent prendre ensuite la capitale ennemie (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Viol_de_Nankin">Nankin</a>), leur rêve d’une victoire définitive disparaît. Le gouvernement nationaliste chinois a certes inutilement sacrifié le noyau dur de son armée mais il a pu replier usines et administration, et il ne s’effondre pas. Les Japonais ne sortiront jamais du bourbier chinois, et un historien japonais est d’avis que le Japon a perdu la guerre à Shanghai et non dans le Pacifique. (<em>Finalement, le parallèle avec l’échec allemand en URSS est frappant.</em>)</p>
<h3>La Guerre du Rif</h3>
<p>...ne dit sans doute rien au Français moyen actuel. Dans les années 20, un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkrim_al-Khattabi">indépendantiste berbère</a> tient plusieurs années la dragée haute aux Espagnols, Français et Marocains. Pour faire plier Abd el-Krim, il faudra dégainer l’artillerie lourde et des centaines de milliers d’hommes — dont Franco et Pétain.</p>
<h3>Les mousses de la Royal Navy</h3>
<p>Il ne doit pas y avoir beaucoup d’abominations pires pour nous que l’exploitation d’enfants de dix ans dans des situations dangereuses comme le travail dans des voilures sans sécurité, agrémenté d’affrontements militaires parmi les pires qui soient. Et pourtant, cela faisait partie du quotidien de toutes les flottes militaires il y a deux ou trois siècles. En premier lieu, dans la Royal Navy.</p>
<p>Cela ne choquait pas, à une époque où l’on pouvait être pendu pour vol à 7 ans, et où la marine pratiquait le recrutement forcé. Conséquence : la discipline était de fer, et on n’apprend pas à nager à des marins qui pourraient ainsi s’enfuir !</p>
<p>Utilisés dans les gréements ou comme porteur de poudre, les enfants sont exposés aux chutes mortelles, au dangereux recul des canons, aux éclats de bois meurtriers suite aux boulets reçus... L’amputation est courante.</p>
<p>Paradoxalement, cette situation n’était pas si atroce comparée à d’autres. La Navy nourrit bien ses équipages, par souci d’efficacité, ce qui est améliore les perspective de croissance. Apprendre un métier est possible. Les équipages sont souvent soudés. La paye est meilleure que celle des domestiques ou des enfants ouvriers. L’alternative serait souvent une misérable vie monotone dans un village, sans perspective dans ces sociétés figées d’Ancien Régime.</p>
<h3>La bataille de Kosovo Polje, mythe fondateur de la nation serbe</h3>
<p>En 1389, l’armée serbe se serait fait écraser par les Ottomans au Kosovo. Le roi Lazar, tué, aurait été trahi par son allié et gendre Vuk. Sous l’occupation ottomane, l’histoire sera utilisée pour cimenter les Serbes. Bien plus tard, Milosevic s’appuiera sur cette histoire pour réaffirmer que la région de la bataille, le Kosovo, entretemps peuplé surtout d’Albanais musulmans, est bien serbe ; et cela finira sous les bombes de l’OTAN en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Kosovo">1998-99</a>. Le statut du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kosovo">Kosovo</a> reste encore mal défini...</p>
<p>L’article voit les choses autrement : la victoire turque n’est pas certaine, ne serait-ce que parce que le sultan lui-même y est assassiné, et que son fils doit retourner rapidement à Constantinople. Les sources contemporaines de pays voisins sont ambigues. La désertion de Vuk résulte peut-être d’un accord avec son beau-père pour préserver l’avenir en cas de décès de Lazar, et d’ailleurs Vuk tombera plus tard face aux Turcs alors que tant d’autres Serbes se sont soumis. Kosovo ne serait qu’une bataille sans grande importance sur le long terme, quel que soit le vainqueur, mais l’histoire a été ressassée, réécrite... bien des fois dans les siècles suivants et par les deux camps. Pas facile de trouver la vérité sur un thème si chargé émotionnellement pour les Serbes.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>L’entretien du mois concerne Roger Ludeau, un habitant de la Nouvelle-Calédonie, engagé en 1940 dans les Forces Françaises Libres et combattant de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bir_Hakeim">bataille de Bir-Hakeim</a> (premier fait d’arme de la France libre). Intéressant, aussi bien pour ses motivations que pour le résumé des combats.</li>
</ul>
<ul>
<li>En 1983 les Soviétiques (en particulier <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Andropov">Andropov</a>, paranoïaque comme tout bon chef de service d’espionnage) auraient vraiment cru que les manœuvres de l’OTAN masquaient une attaque massive. <br /><em>(Je me souviens qu’à l’époque les journaux au contraire décrivaient ce qui se passerait en cas d’attaque par une Armée Rouge très supérieure en nombre — allez savoir quelle était la part de manipulation, propagande militariste, auto-intoxication là-dedans...)</em><br /><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ronald_Reagan">Reagan</a>, abasourdi, aurait écrit dans son journal intime « Que diable pensent-ils posséder que nous puissions décemment convoiter ? » <em>(Remarque arrogante : un Russe aurait noté que l’Allemagne a quand même envahi une URSS encore sous-développée en 1941...)</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un siècle après, la pollution des obus de Verdun perdure : elle a récemment entraîné la destruction du blé et du lait de plusieurs fermes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans la cavalerie, doit-on préférer la lame courbe ou la droite ? Le débat a perduré jusqu’à la disparition de cette arme. En très résumé, les lames courbes, moins meurtrières mais d’un emploi plus naturel, seraient plus adaptées aux escarmouches et dérobades lors de reconnaissances. La cavalerie lourde évoluant en formation serrée pour écraser l’ennemi préférera la lame droite. L’origine, l’histoire et la tradition de chaque corps a cependant beaucoup joué sur la forme de leur arme.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les ponts Bailey en kit étaient des merveilles d’ingénierie : légers, simples, pas chers, montés en deux heures. Grâce à eux, les armées alliées ont pu déferler sur l’Europe en 1944 sans se faire arrêter par quelques rivières. L’armée française en a encore monté quelques-uns en Afrique tout récemment. <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Donald_Bailey_%28civil_engineer%29" hreflang="en">Donald Bailey</a>, comme Alan Turing, fait partie de ces obscurs génie sans qui nous n’aurions peut-être pas gagné la guerre, ou à un coût bien supérieur. <em>(Scandale : il n’a même pas de page sur le Wikipédia francophone !)</em></li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-28#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/806Légendes & lasagnes culturelles : « Le Cycle du Graal » de Jean Markaleurn:md5:d3d95b043f44be08b20f24788aeda4d32016-01-06T00:00:00+01:002016-06-12T13:26:00+02:00ChristopheTemps et transformationsAntiquitéchristianismechâteauxcivilisationCroisadesculturefantasyGrandes Invasionsguerre saintehistoirelivres luslyrismemagieMoyen ÂgemulticulturalismemythemèmemémoireMérovingiensperspectivequêterecyclagereligionsignifiésociétés primitivestempsthéologieémerveillementévolution <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Markale">Jean Markale</a>, dans les années 90, a entrepris une réécriture dans un style moderne de <em>tout</em> le Cycle du Graal : au total deux pavés de mille pages dans mon édition incluant la Table Ronde, les vies d’Arthur & Merlin, Lancelot & Guenièvre, Yvain, Gauvain, Galaad, Bohort, Viviane, Morgane, Tristan & Yseult et j’en passe beaucoup.</p>
<p>Un travail titanesque donc, surtout qu’il ne s’agit pas d’une simple réactualisation du style d’une mythologie « achevée », mais aussi de l’arbitrage, la fusion, la synthèse, l’harmonisation de plusieurs versions dans différentes langues d’Europe de l’Ouest écrites et traduites sur plusieurs siècles dans différents contextes religieux et politiques, leur compilation, leur mise en cohérence.</p>
<p>L’ensemble se présente sous la forme d’une suite de nouvelles pleines de digressions, aux ambiances parfois très différentes, reliées de manière un peu lâches, malheureusement souvent répétitives (il y a <em>beaucoup</em> de jeunes filles à sauver d’un infâme méchant auquel le preux chevalier fera mordre rapidement la poussière). C’est parfois très primaire et binaire, sauf peut-être vers la fin.</p>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8527589h/f13.item" title="La Table Ronde, de « Messire Lancelot du Lac » de Gautier Moap, 1470, Gallica via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public_m.jpg" alt="Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Un gros patchwork culturel</h3>
<p>Il ne semble pas que les universitaires aient beaucoup porté Markale dans leur cœur donc on prendra ses interprétations avec des pincettes, mais il reste malgré tout clair que le Cycle du Graal agrège :</p>
<ul>
<li>des histoires issues de la mythologie celte, parfois si anciennes que l’on peut parler de chamanisme (notamment lors des transformation d’humains en animaux) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des légendes celtes, bretonnes, armoricaines, galloises, irlandaises, souvent pré-chrétiennes, agrégées au mythe parfois brutalement ;</li>
</ul>
<ul>
<li>une version historiquement peu correcte de l’invasion romaine et des Empereurs à l’époque de l’arrivée du Graal en Bretagne ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des personnages historiques réels des alentours des années 475-500 : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roi_Arthur">Arthur</a> aurait été un chef de guerre celto-romain, ou une synthèse de plusieurs chefs ayant effectivement combattu les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l'Angleterre_anglo-saxonne">Saxons lors des Grandes Invasions</a>, et des allusions montrent qu’il n’était pas très respectueux des biens de l’Église de l’époque ; <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Merlin">Merlin</a> aurait pu être un chef de tribu un peu plus tardif ; le poète <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taliesin">Taliesin</a> ; le roi <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Urien">Urien</a> et son fils devenu le chevalier <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Owain_mab_Urien">Yvain</a> ; voire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraimbault_de_Lassay">Lancelot / Saint Fraimbault</a> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des histoires n’ayant pas forcément de liens avec le Graal à l’original ;</li>
</ul>
<ul>
<li>un vernis chrétien parfois très fin recouvrant à peine le fantastique celtique, parfois transposant des divinités celtiques en preux chevaliers (Lug / Lancelot) ou en magiciennes (Morgane), déplaçant l’Autre Monde celtique dans des royaumes imaginaires, ou transformant la quête du Graal originelle (sordide vengeance ? guérison d’une blessure du Roi Pêcheur dans ses parties sexuelles ?) en apologie de l’Eucharistie ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des réinterprétations médiévales du passé : Virgile passait pour un prophète ou un magicien ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des ajouts par des moines choqués par l’immoralité de ces chevaliers querelleurs, parfois pillards ou lubriques : Perceval/Peredur puant trop la mythologie païenne, il est remplacé par Lancelot comme nouveau roi du Graal ; mais Lancelot, ayant cocufié Arthur avec Guenièvre, ne pouvait décemment pas être le Bon Chevalier gardien du Graal, il a donc fallu inventer son fils Galaad, personnage transparent et fade, arrivé comme un cheveu sur la soupe et très vite débarqué ; les autres amants de Guenièvre ont été (mal) gommés, et les femmes globalement rabaissées ; tout est fait pour rendre les amours interdites inévitables <em>malgré</em> les personnages (filtre d’amour pour Tristan & Yseult, substitution de femme pour Lancelot et Brisane/Elaine) et l’on montre qu’elles mènent à la catastrophe : la guerre finale vient de l’adultère de Lancelot & Guenièvre enfin révélé ;</li>
</ul>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2200046b/f3/" title="Chrétien de Troyes, Gravure de 1530, BNF"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public_s.jpg" alt="Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<ul>
<li>des réécritures à la mode de l’amour courtois par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_de_Troyes">Chrétien de Troyes</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Boron">Robert de Boron</a>, au top des <em>playlists</em> des trouvères et troubadours du XIIè siècle (en plein renouveau médiéval, à l’apogée de la féodalité et au plus fort des Croisades), et par bien d’autres dans tout l’Occident chrétien (Italie, Allemagne, Angleterre des Plantagenêts, cour d’Aquitaine...), qui ont lié, remixé à divers degrés et inséré au chausse-pied beaucoup d’histoires existantes, à commencer par Lancelot, et connecté le Graal et Jésus ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des éléments typiques de la société médiévale telle que clercs et nobles l’idéalisaient : code de l’honneur chevaleresque, amour courtois, vassalité bien ordonnée, ignorance et mépris des vilains, assimilation des beautés physiques et morales, quelques mentions antisémites, un prosélytisme chrétien <em>très</em> agressif ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des échos des remous de la société de l’époque, comme des piques envers les chevaliers pilleurs, ou une allusion de Chrétien de Troyes à l’exploitation des ouvrières dans le textile en Champagne (plus d’un demi-millénaire avant Marx) ; des relents de l’affrontement de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bouvines">Bouvines</a> entre Philippe Auguste et l’Empereur allemand ; des traces de besoins d’affirmation du pouvoir des Plantagenêt (les versions de leur époque affirment qu’Arthur est bien mort, inutile d’attendre son retour d’Avalon).</li>
</ul>
<h3>De quoi/qui parle-t-on en fait ?</h3>
<p>Ajoutons des confusions entre personnages : Arthur fait un enfant à sa sœur, mais est-ce Morgane ou Anne ? Perceval s'est vu dépouillé par Lancelot de bien des histoires. Combien de personnages, fées, sorcières, déesses différentes Morgane agrège-t-elle elle-même ? Et Viviane/Mélusine ? Et ne parlons pas de Merlin ! Markale a pas mal arbitré pour nommer les personnages.</p>
<p>Il y a même un mystère sur le concept même du Graal : chaudron ou corne d’abondance celtique pré-chrétienne, récipient du sang du Christ, vengeance, guérison symbolique, quête mystique de soi-même, tout cela à la fois ? Jean Markale a tranché pour la version chrétienne mais mentionne les autres interprétations.</p>
<h3>Le Moyen Âge n’était pas une période rose</h3>
<p>Certains traits médiévaux agacent. On fait peu de cas de la vie humaine. Les chevaliers s’entretuent à la moindre provocation, et le vainqueur épouse la femme du perdant trucidé (Uther Pendragon & Ygerne). Un sens de l’honneur disproportionné mène à des guerres fratricides et bien des morts inutiles. Les jeunes filles sont toutes les plus belles que l’on peut imaginer, à part une poignée de sorcières hideuses, dont la moitié se retransforment en magnifiques jeunes filles quand le jeune homme est chevaleresque.</p>
<p>En matière de religion, le niveau d’ouverture d’esprit approche celui de Daesh : qui ne se convertit pas est passé au fil de l'épée. Ces preux ne doutent pas un instant de l’aide de Dieu.</p>
<p>La misogynie règne : ces dames s’enflamment toutes pour un rien, parfois sans avoir vu le valeureux chevalier, n’ont d’yeux que pour les guerriers vainqueurs, sont hautement capricieuses (revers de la médaille de l’amour courtois) et ont souvent la cuisse légère. On sent que l’idéal de virginité avant le mariage et de monogamie n’est pas encore bien établi, et en tout cas allègrement ignoré par beaucoup. D’un autre côté, des personnages aussi exceptionnels ne peuvent avoir été conçus que de manière exceptionnelle, voire interdite : Merlin est fils d’un diable et d’une pieuse mortelle ; Arthur nait d’un adultère ; son fils maudit Mordret naîtra d’un inceste (dans les anciennes versions il n’ont pourtant aucune parenté.)</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>En creusant un peu</h3>
<p>Les anciennes coutumes celtes surnagent et surprennent : le Graal n’est chrétien et médiéval que superficiellement.</p>
<p>Le couple Arthur/Merlin reprend la dualité roi/druide. Le roi n’est pas le moteur, juste le premier de pairs, et n’est pas le moteur de grand-chose dans toute la quête. Par tradition, il doit accorder presque à n’importe qui des « dons » sans savoir auparavant de quoi il retourne, d’où bien des dilemmes.</p>
<p>On répand des joncs pour accueillir les invités (normal pour des Celtes, mais le Moyen-Âge utilisait déjà les chaises). Les moines cisterciens ont laissé passer quelques allusions à des liens ouvertement homosexuels entre preux chevaliers (à la manière de la Grèce antique). Les références aux nuits de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_de_Walpurgis">Walpurgis</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Samain_%28mythologie%29">Samain</a> abondent.</p>
<p>Les filiations celtiques sont plutôt matrilinéaires, il est donc normal que le neveu d’Arthur, Gauvain, soit son héritier. Les enfants sont confiés à d’autres familles pour être élevés. À la mode celtique, Lancelot ou Galaad ont été élevés par des femmes : chez la Dame du Lac pour le premier, chez des religieuses pour le second, plus tardif. On découvre que les femmes de l’époque se décoloraient déjà les cheveux en blond.</p>
<p>Quant aux mentions topographiques ou architecturales comme la forme des forteresses, elles remontent plus à l’Antiquité qu’à l’apogée du Moyen Âge.</p>
<p>Bref, un gros pavé pas très digeste, bien représentative de l’évolution culturelle occidentale, qui plaira aux fanas d’histoire.</p>
<p>Pour finir, <a href="http://boutdubois.blogspot.fr/2014/07/jean-markale.html">une interview de l’auteur</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Cycle-du-Graal-de-Jean-Markale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/801Bug de l’an 2016 strasbourgeoisurn:md5:5e4d6fe4752239675957b77d5893b10a2016-01-02T16:20:00+01:002016-01-02T16:20:00+01:00ChristopheBug de l’An 2000 et d'autres tempsabominationadministrationAlsacealsacienbugcommunicationdysfonctionnementdéveloppementinformatiquelégendes urbainesoh le beau cas !sabotagespéculationSSII <p>Je mitonnais un papier sur le Graal pour l’année nouvelle, mais il attendra : la <a href="http://www.cts-strasbourg.eu/fr/">CTS</a> (Compagnie des Transports Strasbourgeois) a inventé le bug de l’année 2016, et on ne peut plus valider son billet de tramway : <a href="http://www.dna.fr/actualite/2016/01/01/les-composteurs-de-la-cts-victime-du-bug-de-la-nouvelle-annee" title="http://www.dna.fr/actualite/2016/01/01/les-composteurs-de-la-cts-victime-du-bug-de-la-nouvelle-annee">http://www.dna.fr/actualite/2016/01...</a>.</p>
<blockquote><p>« Les composteurs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> sont victimes d'un problème de codage, “certainement dû au passage de l'année 2015 à 2016”, indique la responsable de la communication de la CTS. »</p></blockquote>
<p>Pour la correction, il faudra attendre qu’un « prestataire » intervienne (encore une compétence critique sous-traitée...).</p>
<p>On notera le côté téléphone arabe : combien de niveaux entre ledit prestataire et la responsable de la communication (forcément spécialisée en novlangue et dissimulation de problèmes sous le tapis) ? Il n’y a aucun détail technique, et ni le site des actualités de la CTS, ni leur Facebook ni leur Twitter <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> ne sont plus fournis</p>
<p>Hypothésons faute de mieux :</p>
<ul>
<li>un bug sur 2016 est plus plausible que 2015 ou 2017 : 16 = 2 ^ 4, ce qui impliquerait que l’année soit codée ici sur un demi-octet et qu’il y a eu dépassement, donc retour en 2000 ;</li>
<li>il est tout de même étonnant qu’après tout le foin autour du <a href="http://www.coindeweb.net/humour/y2k.html">Bug Y2K</a> on retrouve ce genre de problème : pour ma part, je ne vois plus aucune date stockée dans une base de données sans ses quatre chiffres ;</li>
<li>d’un autre côté je n’ai aucune compétence dans le domaine des composteurs et cartes magnétiques, où la place coûte plus cher et où règnent peut-être des normes antédiluviennes ;</li>
<li>ce qui n’excuserait pas que les concepteurs/mainteneurs aient laissé passer un problème de ce calibre ;</li>
<li>mais depuis quinze ans, mine de rien, pas mal de stagiaires ont grandi sans avoir été traumatisés par le Bug — ça promet pour 2038 ou 2100 !</li>
<li>Reste la possibilité de l’enfumage (de la part de n’importe quelle personne dans la chaîne), un bug de 2016 paraissant plus plausible pour la communication que « zut, personne ne surveillait les serveurs pendant le réveillon, ça a planté, et maintenant il va falloir appeler le prestataire auquel on n’a pas voulu payer l’astreinte »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Dernière minute : <a href="http://www.theguardian.com/money/2016/jan/02/oyster-card-glitch-means-free-travel-for-london-passengers" hreflang="en">bug aussi à Londres</a> ! Impossible de savoir si le fournisseur est le même...</p>
<p>PS : Bonne année à mon lecteur, s’il est encore là !</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Les machines à composter les billets, pas les bacs pour déchets putrescibles.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Oui, je me mets enfin aux technologies </em>hype<em> en 2010.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Cette hypothèse pue la mauvaise foi — symptôme d’exaspération d’un contribuable...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/805« Nous allons mourir, et cela fait de nous les veinards... »urn:md5:0316bb19766e8575157cdbb6114c61422015-12-03T00:00:00+01:002015-12-03T00:00:00+01:00ChristopheTout petit mondebon senscitationcomplexitécouragedémographiemortmèmemétaloptimisationoptimismeperspectiveréalitétempsuchronieéonsévolution <blockquote><p><em>“We are going to die, and that makes us the lucky ones. Most people are never going to die because they are never going to be born. The potential people who could have been here in my place but who will in fact never see the light of day outnumber the sand grains of Sahara. Certainly those unborn ghosts include greater poets than Keats, scientists greater than Newton. We know this because the set of possible people allowed by our DNA so massively outnumbers the set of actual people. In the teeth of these stupefying odds it is you and I, in our ordinariness, that are here. We privileged few, who won the lottery of birth against all odds, how dare we whine at our inevitable return to that prior state from which the vast majority have never stirred?” </em><br /> <br />Nous allons mourir, et cela fait de nous les veinards. La plupart des gens ne mourront jamais parce qu’il ne naîtront jamais. Les personnes potentielles qui auraient pu être là à ma place mais en fait ne verront jamais la lumière du jour sont plus nombreuses que les grains de sable du Sahara. Ces fantômes non nés comprennent certainement des poètes plus grands que Keats, des scientifiques plus grands que Newton. Nous savons cela parce que l’ensemble des personnes possibles permises par notre ADN dépassent si massivement l’ensemble des personnes réelles. En dépit de ces probabilités stupéfiantes c’est vous et moi, dans notre banalité, qui sommes là. Nous les quelques privilégiés qui avons gagné la loterie de la vie contre toutes les probabilités, comment osons-nous nous plaindre de notre inévitable retour à cet état précédent dont la majorité d’entre nous ne s’éveillera jamais ?<br /> <br />— <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Dawkins">Richard Dawkins</a>, </em>Unweaving the Rainbow <em>(<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Myst%C3%A8res_de_l'arc-en-ciel">Les Mystères de l’arc-en-ciel</a>), 1</em></p></blockquote>
<p>Selon Wikiquote, Dawkins, athéiste militant, a demandé à ce que ce texte soit lu à ses funérailles.</p>
<p>J’ai trouvé cette citation reprise dans <em>The Greatest Show On Earth</em>, long et épique morceau de clôture d’ <em><a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/nightwish-endless-forms-beautiful">Endless Forms Most Beautiful</a> </em>, dernier opus du bruyant et finlandais groupe de métal symphonique Nightwish <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<iframe width="854" height="480" src="https://www.youtube.com/embed/uzPT9dGgeTs" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Album que j’ai une méchante tendance à écouter en boucle depuis quelques semaines, alternant à peine avec <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6gxFlTXPZVY">un</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=1HYgidYaBl8">deux</a> albums précédents et le dernier <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Dy6MpsDPKts">Within Temptation</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/804Vous avez regardé le code source de Google.com récemment ?urn:md5:2e1bbd0aa8413c1098c554f214d0ac682015-11-29T19:36:00+01:002015-11-29T19:36:00+01:00ChristopheInformatique lourde <p>C’est l’inépuisable <a href="https://xkcd.com/1605/" hreflang="en">XKCD</a> qui a attiré mon attention là-dessus. La page web ultra-minimaliste des débuts fait à présent 20 ko (l’équivalent de 20 pages d’un livre, oui), est constitué apparemment de scripts divers, sans espace inutile et aux noms de variables minimalistes pour réduire la taille (qui doit être dans le cache de milliards de navigateurs et proxys) et <a href="http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/obfusquer/">obfusquer</a> le code ; de styles CSS inclus dans le HTML pour ne pas avoir à charger des scripts externes ; de parties dédiées à la pub ; de code de gestion des cookies pour espionner l’utilisateur.</p>
<p><img src="https://www.google.fr//images/branding/googlelogo/1x/googlelogo_white_background_color_272x92dp.png" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />
Je suis déçu : le nouveau logo est une image de 5 ko (sans doute elle aussi un des éléments artistiques les plus dupliqués de toute l’histoire humaine), pas un bout de code informatique.</p>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tim_Berners-Lee">Tim Berners-Lee</a> avait-il prévu cela quand il a créé le web ? À l’époque, le code HTML, il se le paluchait à la main et ça mettait longtemps à voyager dans des modems à 28,8 kbps. La page aurait mis au moins trois secondes à s’afficher sur les réseaux de 1995. Je n’arrive pas à retrouver un exemple de la vieille page d’Altavista de 1998, bourrée de pubs et informations (c’était la mode des portails). Les plus jeunes ici ne se souviennent pas du choc que Google, simplissime et effroyablement rapide à charger, a représenté à cette époque.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Vous-avez-regarde-le-code-source-de-Google#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/800Hannibal, les Noirs dans l’armée américaine & les Taipings (« Guerres & Histoire » n°27)urn:md5:0189e185708761d27996c6e5f580ac842015-11-26T18:38:00+01:002015-11-26T18:39:14+01:00ChristopheHistoire <p>Résumé express des points principaux de ce dernier numéro :</p>
<h3>Hannibal</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Guerre_et_Histoire_27.jpg" title="Guerre & Histoire n°27"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Guerre_et_Histoire_27_s.jpg" alt="Guerre_et_Histoire_27.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_puniques#Deuxi.C3.A8me_guerre_punique">deuxième Guerre Punique</a>, le Carthaginois Hannibal a infligé des défaites colossales à Rome. Après Cannes notamment, les Romains se retrouvèrent dans l’équivalent pour la France du cumul des pertes démographiques de 14-18 en combattants disponibles, du désastre stratégique de juin 1940 et de la décapitation de l’élite militaire suite à Azincourt. Pourtant Rome s’est relevé et a gagné. Pourquoi ? En résumé :</p>
<ul>
<li>Hannibal a renoncé à prendre Rome sur le champ et a continué à guerroyer ailleurs en Italie, un mystère matière à deux millénaires de discussions. En fait, son armée n’avait pas les moyens matériels pour le siège d’une ville aussi bien fortifiée. De plus, d’éducation grecque, Hannibal cherchait à négocier en position de force plutôt qu’à anéantir son ennemi. Les Romains étaient par contre prêts à aller jusqu’au bout. Les deux camps ne jouaient pas la même guerre !</li>
<li>Grâce à la démographie italienne, Rome avait une grande réserve de troupes culturellement assez proches et a pu remonter une armée motivée. Tandis que l’armée d’Hannibal, hétéroclite et pleine de mercenaires, s’est usée le long de la route malgré les victoires.</li>
<li>Nombre d’alliés plus ou moins contraints de Rome, notamment les Grecs du sud de l’Italie, ont repris leur liberté et ont rallié Hannibal... ce qui paradoxalement a constitué un handicap pour lui : ces cités ont repris leur bonne vieille tradition de se trucider entre elles et demandé de l’aide sans en apporter aucune (comme quoi la <em>pax romana</em> était aussi un atout de Rome).</li>
<li>Rome contrôlait les mers : les marins carthaginois étaient d’abord des marchands. D’où la traversée des Alpes.</li>
<li>Carthage s’est toujours méfié de ses propres généraux : Hannibal n’a pas eu les renforts demandés.</li>
<li>Au contraire, Rome a puisé dans ses dernières réserves, démographiques mais aussi financières.</li>
</ul>
<p>L’historien Giovanni Brizzi conclut que Rome est devenue un Empire lors de cette guerre : le traumatisme l’a poussée aux guerres préventives. Au contraire, Carthage victorieuse n’aurait pas eu la mentalité nécessaire pour créer un véritable empire intégrant ses alliés et anciens ennemis.</p>
<h3>La Révolte des Taiping</h3>
<p>Au milieu du XIXè siècle, la Chine déjà humiliée par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_l'opium">Guerres de l’Opium</a> voit apparaître une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_Taiping">insurrection</a> menée par un illuminé se prétendant le frère cadet de Jésus-Christ. À la différence de la plupart des nombreuses insurrections paysannes chinoises, celle-ci s’étend jusque Nankin et fonde un quasi-État, basé sur le rejet du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Confucianisme">confucianisme</a> déjà ébranlé par des mutations sociales, des idées d’inspiration communiste, l’égalité hommes-femmes (mais dans la séparation)... du moins en théorie.</p>
<p>Jusqu’à ce que la dynastie des Qing se reprenne, réforme l’armée avec le soutien occidental, et que les insurgés s’affaiblissent sous le poids de leurs contradictions, on comptera 20 à 25 millions de victimes (guerres, épidémie, anarchie...) : un tarif de guerre mondiale.</p>
<p>L’article conclut que les dirigeants chinois ont tiré des leçons différentes des Occidentaux de cette guerre : au lieu de libéraliser la religion, il faut écraser dans l’œuf toute secte un peu illuminée.</p>
<h3>Alfred Liskow</h3>
<p>Triste histoire que celle d’Alfred Liskow : en 1941, ce soldat et communiste allemand a déserté pour avertir l’URSS de l’attaque imminente. Contrairement à d’autres transfuges, il n’a pas été abattu sur le champ comme provocateur (Staline niait jusqu’à l’absurde tous les signaux indiquant une attaque imminente), mais a vite été utilisé par la propagande soviétique comme un « bon Allemand ».</p>
<p>Puis il disparaît : il n’avait plus sa place quand la propagande est devenue ouvertement patriotique et moins internationaliste, et il se serait fâché avec un influent exilé communiste étranger. On ne sait où il est mort, et les procès-verbaux de la Gestapo ou du NKVD, évidemment suspects de faire pression sur les témoins, ne permettent guère de faire la lumière sur sa personnalité.</p>
<h3>Les Noirs dans l’armée américaine</h3>
<p>Si les Noirs sont surreprésentés dans l’armée américaine actuelle, ils en ont souvent été exclus, en tout cas des troupes combattantes, jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale. Les expériences de troupes noires ponctuelles mais continues, depuis les Guerres d’Indépendance et de Sécession, sont systématiquement limitées voire étouffées par un encadrement resté désespérément raciste.</p>
<p>Un des facteurs d’évolution : la présence des troupes noires pendant deux guerres dans une France sans doute raciste mais pas ségrégationniste et accueillante. Après bien des pressions politiques, l’égalité de traitement au sein de même unités ne remonte qu’au Vietnam. Ils restent sous-représentés parmi les officiers, même si <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Colin_Powell">Colin Powell</a> a montré que le commandement suprême leur était accessible.</p>
<p>(<em>Remarque personnelle : en général une puissance impériale ne se prive pas d’utiliser comme chair à canons ceux qu’elle voient comme sujets ou inférieurs, comme la France en 14-18 et ses troupes noires. Bizarrement les Américains ont longtemps refusé de toucher à cette réserve, préférant envoyer uniquement des Blancs à la boucherie. Le racisme est d’une bêtise crasse.</em>)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-27#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/803Batteries & obsolescence programméeurn:md5:966fb4be9ef150f5ecba68348b278ec22015-11-19T22:40:00+01:002015-11-19T22:40:00+01:00ChristopheGuerre au marketing <p>Nous avons une tablette Asus (ME173X) dont la batterie semble donner des signes de faiblesse. Elle n’a pas deux ans, mais il semble que les batteries de mobiles et tablettes ne durent jamais plus longtemps... <a href="https://openclipart.org/detail/178889/tablet" title="Tablet, by franklevel, openclipart.org"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/tablet_1370290172_by_franklevel_openclipart.org.png" alt="Tablet, by franklevel, openclipart.org" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Une recherche sur Internet fait peur, certains la vendent 125 € (à comparer aux 150 € d’achat !).</p>
<p>Je téléphone à la FNAC : après tout ça avait été acheté chez eux... mais la garantie n’était d’un an (tiens, je croyais que c’était obligatoirement deux ans de nos jours). Découvrir le numéro du SAV sur leur site ne fut pas simple (j’ai échoué <a href="http://www4.fnac.com/guides/services/le-sav/assistance-telephonique.aspx">là</a> et <a href="http://www4.fnac.com/Service/default.aspx#bl=footer">là</a> ; se plaindre ensuite sur « Donner votre avis » finit par une erreur de création de compte), mais je suis stupide de ne pas avoir <a href="https://www.google.fr/search?q=fnac+sav+téléphone">demandé à Google plus tôt</a>. Le monsieur au téléphone est incapable de m’aider, il faut que j’aille en magasin, en centre ville. Je n’ai que ça à faire.</p>
<p>On va tenter Darty et son SAV. Trouver le numéro est plus facile, mais le résultat encore plus pitoyable : après le robot qui me demande de dire « SAV » ou « tablette », un être humain me donne un numéro de téléphone où on pourra me dépanner, en 0892. « C’est pas surtaxé ? — Non non, c’est au tarif local. » Incompétence crasse, mépris du client qui pose une question pas triviale dont on veut se débarrasser pour diminuer sa durée moyenne d’appels, ou mensonge délibéré ? C’était bien du 2 francs la minute, tout ça pour arriver... au standard générique de Darty. J’ai laissé tomber. J’avais eu une meilleure expérience pour des pièces détachées d’aspirateur. Fnac et Darty vont fusionner, ça promet.</p>
<p>Sur le site d’Asus, il n’y a rien en terme de batterie, juste des tablettes neuves, des pochettes... à marge confortable. Je trouve tout de même un numéro de téléphone, et un être humain me renvoie vers trois sites différents : leur « shop » (inutile) ; un revendeur qui ne reconnaît pas la référence ; enfin un site suédois basique mais apparemment efficace, à des prix moins délirants (50 € avec port, tout de même). Par contre, ce n’est pas un site officiel, juste revendeur-partenaire (les marques se contrefichent donc des consommables, moins de deux ans après la vente), je n’ai pas de délai de livraison (le <em>Remote stock</em> indiqué est-il en Chine ? il est en tout cas chez Asus (qui produit donc mais ne vend pas ?), en délai « habituellement environ 3 semaines » répond-on à mon mail), les caractéristiques sont floues (combien de mAh ?). Bon courage en cas de problème pour les non-anglophones. Si la batterie est bien morte, je verrais avec eux.</p>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:E-Waste_Recycling_%287027059003%29.jpg" title="Alex_Proimos, Sydney CC_BY_2.0 via Wikimedia et Flickr"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/.E-Waste_Recycling_7027059003_Alex_Proimos_Sydney_CC_BY_2.0_s.jpg" alt="Alex_Proimos, Sydney CC_BY_2.0 via Wikimedia et Flickr" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Cela corrobore mon expérience précédente pour remplacer la batterie de mon vieux Galaxy Note de trois ans d’âge : un cauchemar aggravé par l’<a href="http://www.tomshardware.fr/articles/batterie-smartphone-samsung,2-2320.html">omniprésence des batteries de contrefaçon</a> (voir aussi <a href="http://www.heise.de/newsticker/meldung/Gefaelschte-Samsung-Akkus-bei-Amazon-2609747.html" hreflang="de">cet article de C’t</a>). Il est urgent que les pièces détachées soient correctement disponibles dans les circuits classiques et sur les boutiques <em>officielles</em> des fabricants, et à des prix « normaux » : l’« obsolescence programmée » n’est peut-être pas délibérée, mais le système actuel la génère de fait. J’ai toujours été d’avis qu’allonger les durées de garantie (batterie comprise, quitte à l’échanger gratuitement) était le moyen le plus simple de rationaliser notre consommation d’électronique.</p>
<p>Ah oui : si on pouvait aussi rendre Amazon ou la Fnac en partie comptable de toutes les contrefaçons chinoises qui passent par leurs <em>marketsplaces</em> au mépris des lois de la consommation et de la fiscalité (TVA, taxe sur les déchets électroniques), on nettoierait pas mal le marché.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Batteries-obsolescence-programm%C3%A9e#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/802Les blagues de l’ex-RDAurn:md5:0eb549900b7b07928376710c1b90b6fa2015-11-01T21:27:00+01:002015-11-01T21:32:00+01:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnecommunismeEmpire soviétiquefoutage de gueuleGuerre FroidehistoirehumourmémoireperspectivepolitiqueRussietotalitarisme <p>J’ai eu la joie de constater que divers moteurs de recherches proposaient mon site dès la première page à propos d’un État : la République Démocratique Allemande<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>... pour une compilation de blagues !</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/rda/bilder/drapeau_rda.gif" alt="Drapeau est-allemand" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour les plus jeunes parmi nous, rappelons qu’il s’agissait de la partie de l’Allemagne occupée par les Soviétiques après la guerre, devenue une dictature communiste, frugale mais vivable tant qu’on se taisait, enfermant ses administrés derrière le fameux Mur de Berlin (qui les empêchait d’entrer à Berlin Ouest), jusqu’à 1989 et de nouvelles évasions massives<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et des manifestations monstres, puis l’annexion en 1990 par le voisin de l’ouest. Pour une idée de l’ambiance, je conseille deux films connus : le glaçant <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111643.html">La vie des autres</a></em> et la comédie <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=52715.html">Goodbye Lenin!</a></em></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" title="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg_s.png" alt="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Carte administrative de RDA, Wikimedia, CC-BY-SA 4" /></a>J’ai vécu un an là-bas, quelques années après la Réunification qui n’avait pas encore effacé les différences. Je m’étais amusé à traduire en français certaines des blagues de l’époque communiste, publiées en recueils après 1989 aux début de la vague de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostalgie">Ostalgie</a>. Certaines sont des transpositions locale de blagues universelles ; d’autres sont applicables à tout le bloc communiste ; certaines se fichent gentiment des dirigeants ; d’autres sont beaucoup plus grinçantes quand on connaît un peu le régime stalinien des débuts de la RDA, le flicage généralisé, le trucage des élections ; beaucoup détournent la langue de bois de l’époque. Beaucoup d’entre elles ne font plus rire, mais renseignent sur ce qui désespérait les gens de l’époque.</p>
<p>La collection complète est sur le « vieux site » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>: <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda.html">sommaire</a>, blagues d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda40.html">après-guerre</a>, des <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda50.html">années 50</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda60.html">années 60</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda70.html">années 70</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html">années 80</a>, de <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html#1989">1989</a>, d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda90.html">après la Réunification</a>. En prime : <a href="https://www.coindeweb.net/blagues_lada.html">quelques blagues sur les Ladas</a>, des voitures soviétiques, à la mode dans les années 80 et 90 (les blagues, pas les voitures, du moins de notre côté du Mur). Il faudrait que je relise et corrige pas mal de maladresses.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<h4>Période stalinienne</h4>
<blockquote><p><em>Staline fait un discours à l’Académie Militaire de Moscou. Silence absolu dans l’auditoire.<br />Soudain quelqu’un éternue violemment dans l’assistance. <br />Staline s’interrompt : « Qui a éternué ? »<br />L’assistance est pétrifiée de peur. Personne ne répond. Tout le monde se voit déjà en Sibérie.<br />Staline demande alors à ceux du premier rang si l’un d’entre eux éternué. Aucun n’avoue. Staline les fait tous fusiller sur le champ.<br />Puis c’est au tour du deuxième rang.<br />Puis du troisième.<br />Soudain quelqu’un se lève et crie : « Camarade Staline, c’est moi qui ait éternué ! »<br />Alors Staline :<br />« À tes souhaits, Camarade ! »<br />Et il continue son discours. </em></p></blockquote>
<h4>Années 50</h4>
<blockquote><p><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Ulbricht">Ulbricht</a> [Secrétaire Général du PC est-allemand de l’époque] convoque son ministre de la sûreté et lui demande : <br />« Deux et deux, ça fait combien ? <br />— Cinq, Camarade Président. »<br />Ulbricht sort un revolver et l’abat. <br />D’autres camarades, alertés par le bruit, arrivent aussitôt et s’étonnent : <br />« Mais pourquoi l’as-tu tué ??!! <br />— Il en savait trop ! »</em></p></blockquote>
<p>...à rapprocher du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2_%2B_2_%3D_5" hreflang="en">2+2=5</a> évoqué par George Orwell dans <em>1984</em>, et sa conséquence :</p>
<blockquote><p><em>Freedom is the freedom to say that two plus two make four. If that is granted, all else follows.</em><br /> <br />La liberté, c’est la la liberté de dire que deux et deux font quatre. Une fois cela accordé, tout le reste suit.</p></blockquote>
<h4>Années 60</h4>
<blockquote><p><em>— Pourquoi les Égyptiens ont-ils perdus contre les Israéliens pendant la Guerre des Six Jours ? <br />— Parce qu’ils ont suivi les conseils des Soviétiques, leurs alliés : d’abord laisser l’ennemi s’enfoncer profondément dans son territoire, puis attendre l’hiver. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" title="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Trabant_P50_front.burts.Wikimedia_s.jpg" alt="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Trabant P50, la voiture locale en plastique qu’il fallait attendre des années, burts, Wikimedia" /></a></p>
<blockquote><p><em>Deux policiers est-allemands, un vieux expérimenté et un jeune qui débute à peine, sont chargés de contrôler l’alcoolémie des automobilistes et autres usagers du bitume et des pavés. Une mobylette approche, elle fait des zigzags.<br />« En voilà un ! dit le jeune policier, qui veut l’arrêter.<br />— Mais non, laisse-le passer », dit le policier expérimenté.<br />Le jeune s’étonne mais obéit.<br />Une voiture alors arrive, qui va aussi en zigzags. Une deuxième fois, le policier expérimenté dit à l’impétueux jeune de ne pas l’arrêter.<br />Une autre voiture arrive. Le jeune la regarde à peine, mais le policier expérimenté bondit.<br />« Hé celui-là, faut l’arrêter, il est complètement fait !<br />— Comment le sais-tu ? demande le jeune, étonné. Il roule bien droit !<br />— Oui, mais sans éviter les trous dans la chaussée ! »</em></p></blockquote>
<p>Il est vrai qu’après la chute du Mur et pendant toutes les années 90, les routes est-allemandes ont été un gigantesque chantier...</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Stamps_of_Germany_%28DDR%29_1969%2C_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" title="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia_s.jpg" alt="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Timbre de 1969, Wikimedia" /></a></p>
<h4>Années 70</h4>
<blockquote><p><em>Un ange vient visiter l’ancien chef du parti tchécoslovaque <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Dub%C4%8Dek">Dubcek</a> [destitué par les Russes après l’écrasement du printemps de Prague en 1968].<br />« Tu es un vrai communiste, Dubcek, et j’ai recu l’ordre de te récompenser. Tu as droit à trois vœux. »<br />Dubcek n’a pas besoin de réfléchir longtemps avant de répondre :<br />« D’abord je veux que l’armée chinoise vienne jusqu’en Tchécoslovaquie, l’occupe quelques jours, puis reparte.<br />— Et le second vœu ?<br />— La même chose !<br />— Et le troisième ?<br />— Encore la même chose !<br />— Tu es sûr d’avoir bien réfléchi ? demande l’ange un peu surpris.<br />— Certain. Comme ça les Chinois devront passer six fois à travers toute l’Union Soviétique ! »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Deux policiers arrêtent une Trabant qui a commis un excès de vitesse. Il y a dans la voiture un homme, sa femme et sa mère. Les flics demandent son permis au conducteur :<br />« Désolé, répond-il, je n’en ai pas.<br />— Ne l’écoutez pas, messieurs les policiers, interrompt sa femme, il est complètement saoul. »<br />La grand-mère : « Je savais qu’on aurait des problèmes dans une voiture volée ! »<br />Et le grand-père, dans le coffre : « On est déjà à l’Ouest ? »</em></p></blockquote>
<p>Fernand Raynaud a aussi utilisé cette blague (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qn_cFnDihv0">premier sketch de cette vidéo</a>), à la chute finale près.</p>
<blockquote><p><em>— Quelle est la différence entre la RDA et l’ancien dieu grec de l’amour Cupidon ?<br />— Aucune. Tous les deux sont petits, nus, et armés. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019%2C_Berlin%2C_30._Jahrestag_DDR-Gr%C3%BCndung%2C_Parade.jpg" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019,_Berlin,_30._Jahrestag_DDR-Gründung,_Parade_s.jpg" alt="30 ans de la RDA" style="display:block; margin:0 auto;" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0" /></a></p>
<h4>Années 80</h4>
<blockquote><p><em>Les membres du syndicat polonais Solidarnozc sont divisés en deux tendances :<br />— les optimistes pensent qu’on va les flanquer dans un train et les envoyer au fin fond de la Sibérie ;<br />— les pessimistes pensent qu’ils devront y aller à pied.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Trois chirurgiens, un Américain, un Russe, un Allemand de l’Est se rencontrent :<br />« Chez nous en Amérique, nous avons dû un jour soigner les jambes broyées d’un accidenté, et on a si bien réussi qu’il est maintenant coureur de marathon de niveau international.<br />— Chez nous, dit le Russe, on a si bien soigné les mains écrasées d’un blessé qu’il a pu devenir un pianiste réputé.<br />— Chez nous, dit le chirurgien de RDA, il y a eu un grave accident de la route ; du blessé il ne restait que le cul, on a pu lui greffer ce qui restait de ses oreilles ; il est maintenant notre chef. »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>— Pourquoi le capitalisme est-il au bord du gouffre ?<br />— Parce qu’il regarde le communisme qui est au fond.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Période de campagne électorale en RDA. Le secrétaire du Parti local arrive un jour devant la mairie de sa commune et voit plein de policiers.<br />« Que se passe-t-il ? demande-t-il à l’un d’eux, une manifestation ?<br />— Non. Mais on a volé quelque chose à la mairie.<br />— Et quoi ?<br />— Les résultats de l’élection de dimanche prochain. »</em></p></blockquote>
<h4>1989 : la chute du Mur</h4>
<blockquote><p><em>Honecker fait son dernier discours au congrès du Parti.<br />« Qui est votre mère ? demande-t-il.<br />— La RDA ! répond l’assistance.<br />— Et votre père ?<br />— Toi, cher Honecker !<br />— Et que voulez-vous devenir ?<br />— Orphelins ! »</em></p></blockquote>
<h4>Après la Réunification</h4>
<blockquote><p><em>— Après la chute du mur et la dissolution de la police politique, comment les agents de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Minist%C3%A8re_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_d'%C3%89tat">Stasi</a> [redoutable police politique] se sont-ils reconvertis ?<br />— Comme chauffeurs de taxis de nuit. Si, après une fête, vous êtes trop bourré pour dire où vous habitez, ils sortent votre fiche et vous ramènent chez vous.</em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Reunification.Wikimedia.296px.svg.png" title="Reunification.Wikimedia.296px.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Reunification.Wikimedia.296px.svg_s.png" alt="Carte de la réunification, Wikimedia" style="display:block; margin:0 auto;" title="Carte de la réunification, Wikimedia" /></a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un État disparu depuis plus longtemps que certains mes lecteurs majeurs n’existent, certes ; et c’est une des plus anciennes pages du site, ce qui n’est pas très motivant pour l’avenir de ce blog. Mais tout de même ça fait du bien à l'ego.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>À l’époque les Autrichiens et les Allemands ne se posaient pas la question de savoir si tous ces milliers d’Allemands de l’Est </em>devaient<em> être accueillis, et la mode était plutôt à la destruction des murs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>L’apparence spartiate n’est pas qu’un hommage à l’ambiance de l’époque, mais à mes compétences en HTML des années 90 :-)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/654Les réseaux sociaux sans tracking : Shariffurn:md5:fb6c2230eec9bab0ffa40fedda142e482015-10-18T21:04:00+02:002023-12-27T12:21:17+01:00ChristopheBlogger, une aventurepérimé <p>Ce blog vient de fêter ses dix ans, mais Internet a évolué entre temps. Les blogs ne sont plus à la mode, comme les pages statiques et autres <em>homepages</em> ne l’étaient plus il y a une décennie <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. « Le monde » a migré sur Facebook, Twitter, accessoirement Google + <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ceux qui bloguent encore utilisent les boutons de Facebook & consorts avec un <strong>GROS</strong> effet pervers : le <em>tracking</em> des utilisateurs par lesdits services, y compris ceux qui ne repostent/retweetent pas les pages, puisque les boutons proviennent directement des serveurs des mastodontes américains.</p>
<p>En tant que webmestre je pourrais dire que je m’en fiche : <em>je</em> ne suis pas tracké. Et quand je surfe, <a href="https://www.ghostery.com/our-solutions/ghostery-add-on/" hreflang="en">Ghostery</a> me masque ces boutons si je ne veux pas explicitement partager des choses… mais tout le monde ne l’utilise pas, et autant réduire le problème à la source.</p>
<p>Mon magazine allemand favori <em><a href="http://www.heise.de/ct/" hreflang="de">C’t</a></em> s’est déjà attaqué au problème, d’abord avec des icônes à double clic, puis avec Shariff, que je viens d’installer ici. (Il doit exister des équivalents vu que ce n’est pas fondamentalement compliqué, par exemple <a href="https://meddelare.com/" hreflang="en">Meddelare</a>, que je n’ai pas testé). Je suis preneur de toute autre option.</p>
<h3>Liens</h3>
<ul>
<li>Le <a href="http://www.heise.de/ct/ausgabe/2014-26-Social-Media-Buttons-datenschutzkonform-nutzen-2463330.html" hreflang="de">projet</a> (en allemand)</li>
</ul>
<ul>
<li>La page Github pour télécharger les quelques fichiers voire les sources, avec de la doc (en anglais) : <a href="https://wordpress.org/plugins/shariff/" hreflang="en">https://github.com/heiseonline/shariff</a></li>
</ul>
<h3>Principe</h3>
<p>Si j’ai bien compris, les boutons sociaux sont générés par un script qui tourne sur <em>mon</em> serveur, et les icônes proviennent de la police de caractère libre <em><a href="https://fortawesome.github.io/Font-Awesome/" hreflang="en">Font Awesome</a></em> qui comprend les icônes des services suscités et bien d’autres. Les serveurs des nouveaux maîtres du monde ne savent donc pas que vous êtes venus ici, votre navigateur ne leur parle pas.</p>
<p>Si le visiteur clique pour partager par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol18-n3-50-ans-de-conspiration-sur-la-mort-de-John-Kennedy">la vérité sur la mort de Kennedy</a> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, alors seulement il y a communication entre son navigateur et celui <del>de la NSA</del> de Google ou concurrents.</p>
<h3>Détails techniques divers</h3>
<h5>Intégration à une page web</h5>
<ol>
<li>Télécharger les feuilles de style et les scripts Javascript <a href="https://github.com/heiseonline/shariff/tree/master/build" hreflang="en">sur Github</a>. En fait, il y a deux versions, je préfère la « complète », ce qui ne fait que deux fichiers à déposer sur son serveur web.</li>
<li>La <a href="https://wordpress.org/plugins/shariff/" hreflang="en">page du projet</a> donne un exemple propre, mais le pavé suivant suffit, inséré à un endroit intelligemment choisi de la page et en adaptant les deux chemins :</li>
</ol>
<pre> <link href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/<strong>/scripts/shariff/shariff.complete.css</strong>" rel="stylesheet">
<div class="shariff"
data-lang=<strong>fr</strong>
data-background-image=none data-orientation=vertical
data-theme=standard
data-services="[&quot;<strong>facebook</strong>&quot;,&quot;<strong>googleplus</strong>&quot;,&quot;<strong>twitter</strong>&quot;]"
></div>
<script src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/<strong>/scripts/shariff/shariff.complete.js</strong>"></script></pre>
<p>C’est l’emplacement du <code>script</code> qui indique l’emplacement effectif.</p>
<p>On pourrait changer la langue (le défaut est l’allemand :-), le thème, les services (comme LinkedIn ou le mail) ; voir la page du projet.</p>
<h5>Intégration à Dotclear</h5>
<p>Cela dépend du thème. J’utilise <a href="http://ductile.dotaddict.org/">Ductile</a> et le code ci-dessus, inséré dans <code>_sidebar.html</code>, entre la première et le deuxième ligne, fonctionne. J’ai un problème esthétique (le <code>background-image</code> pointant vers l’image du carré gris) mais je ne m’y connais pas vraiment en CSS et je n’ai pas envie de hacker le code de Dotclear. C’est bien les CMS mais jamais assez flexible.</p>
<h5>Plugin Wordpress</h5>
<p>Il y en a un, je n’ai pas testé : <a href="https://wordpress.org/plugins/shariff/" hreflang="en">https://wordpress.org/plugins/shariff/</a></p>
<h5>Récupérer Font Awesome</h5>
<p>Il est un peu paradoxal de se débarrasser d’un suivi par Facebook pour le remplacer par celui de l’éditeur de la police FontAwesome (moins pérenne également). Les commentaires de la page de Shariff suggère de <a href="https://fortawesome.github.io/Font-Awesome/" hreflang="en">télécharger la police sur son serveur</a> et, dans <code>shariff.complete.css</code>, de remplacer les URL du style <code>https://netdna.bootstrapcdn.com/font-awesome/4.3.0/fonts/fontawesome-webfont.eot?v=4.3.0</code> par <code>/fonts/font-awesome/fonts/fontawesome-webfont.eot</code>.</p>
<p>Le problème ne se pose pas si on utilise la version réduite <code>sharif.min.css</code> qui suppose que l’on utilise déjà cette police, je n’ai pas testé.</p>
<h3>Décompte des partages</h3>
<p>La seconde étape consistera à afficher le nombre de partage (pour le moment je vais me passer de n’afficher que des zéros), que ne connaissent que Google & consorts. Pour éviter que le simple affichage ne rende le visiteur à nouveau visible à leurs grandes oreilles, il va falloir ajouter un script côté serveur qui fera l’interrogation, et seul l’IP du site sera enregistré par la NSA à la place de toutes celles des lecteurs. Il y a des versions en Node.js, perl, PHP, Java. On va voir.</p>
<h3>Tracking or not tracking</h3>
<p>Ce genre de technique ne supprime pas une autre source de flicage des utilisateurs : celle par les créateurs du site. J’utilise Piwik (et vous ai posé un <em>cookie</em> par la même occasion) pour suivre en gros le trafic, mais vous devez me croire sur parole si je vous dis que je n’en fais rien que des graphiques agrégés ou une liste des mots clés qui mènent ici. Même avec AdblockPlus, uBlock Origin, Ghostery, le Do-Not-Track activé chez tout le monde, je peux toujours explorer mes logs Apache. Je n’ai pas encore comparé les résultats de Piwik et AWstats…</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je rappelle que <a href="https://www.coindeweb.net/index.html">le site statique existe toujours</a>, un peu mis à jour depuis les années 90.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Uniquement des gens intéressants pour Google + apparemment.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Oui, c’est du racolage.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/r%C3%A9seaux-sociaux-sans-tracking-Shariff#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/799« Frontières d’acier — Histoire de la fortification permanente en Lorraine et en Alsace 1871-1945 » de Michaël Séramoururn:md5:8cb2d8cdff4423a66516e76daccabb332015-10-04T22:07:00+02:002018-08-22T15:14:21+02:00ChristopheHistoireAllemagneAlsacebombe atomiquecatastrophechâteauxcomplexitécoup bascouragedommagedéshumanisationgigantismeGuerre FroidehainehistoireHistoire de FrancelibertéLibérationlivres luslégendes urbainesmortmèmemémoireparadoxeperfectionnismePremière Guerre MondialeracléerecyclageréseauSeconde Guerre Mondialesécuritétempstourismetravail <p>Je ne pensais pas un jour acheter un livre de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_%28militaire%29">poliorcétique</a>, mais je résiste parfois difficilement aux impulsions chez mon <a href="http://www.illauxtresors.com/">libraire favori</a>.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Frontieres_d_acier.jpg" title="Frontieres_d_acier.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Frontieres_d_acier_s.jpg" alt="Frontieres_d_acier.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Le sujet est simple et compliqué à la fois : les fortifications à la frontière franco-allemandes de 1870 jusqu’à après la Seconde Guerre Mondiale. La ligne Maginot vient à l’esprit, mais aussi les forts de Verdun ou en face ceux de Metz... construits alors qu’elle était allemande. Certaines installations ont donc servi deux camps : les Allemands se sont aussi cassé les dents sur certaines parties de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_Maginot">ligne Maginot</a> en juin 1940, qu’ils ont utilisée pour ralentir notablement les Américains à l’automne 1944 !</p>
<p>Les premiers chapitres traitent de l’évolution de ces forts. Les villes fortifiées à la Vauban étant dépassées, les fortifications éclatées assez éloignées des centres urbains deviennent à la mode, comme autour de Metz ou tout autour de Strasbourg. En France, cet ensemble est désigné sous le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_S%C3%A9r%C3%A9_de_Rivi%C3%A8res">Séré de Rivières</a>. L’artillerie progressant à pas de géants après 1870 et la Première Guerre Mondiale, l’obsolescence est rapide : si les premiers ensembles ont de beaux frontons en pierre, par la suite les forts s’éloignent, se couvrent de béton, les communications s’enterrent, les tourelles se fondent dans le paysage, se terrent derrière de profondes meurtrières, voire s’éclipsent :
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fort-15-28-19.jpg" title="Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson, via Wikimedia Commons"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.320px-Fort-15-28-19_s.jpg" alt="Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson, via Wikimedia Commons" style="display:table; margin:0 auto;" /></a> <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fort-15-28-19.jpg">Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson sur Wikipédia Commons</a>
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manoeuvre_tourelle.gif" title="Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Manoeuvre_tourelle_s.jpg" alt="Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons" style="display:table; margin:0 auto;" /></a> <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manoeuvre_tourelle.gif">Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons</a></p>
<p>Les désastres du début de la Première Guerre Mondiale semblent montrer l’inutilité de ces fortifications. L’auteur s’insurge : les Allemands sont passés par la Belgique justement à cause des forts entre Verdun et Belfort, et Verdun notamment a fixé de gros effectifs allemands pendant la bataille de la Marne. Le haut commandement français dégarnit pourtant ces bastions « inutiles » en hommes et en canons dont le manque se fait cruellement sentir ailleurs... ce qui facilite l’offensive allemande de 1916 sur Verdun. Les fortifications tiennent pourtant durablement quand elles sont bien équipées, et le coût pour l’assaillant en obus est délirant par rapport aux pertes (humaines) infligées au défenseur. La guerre de mouvements reprend en 1918, mais les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Forts_de_Metz">forts allemands de Metz</a> n’ont guère l’occasion de montrer leur efficacité avant l’armistice.</p>
<p>La France de l’entre-deux guerres, démographiquement exsangue, voit dans la ligne Maginot une protection efficace. Plus encore que pour les fortifications de 1914, tout est enterré ; les forts sont reliés par des tunnels et se soutiennent entre eux. Cette ligne, surtout, rompt avec le principe des grandes places, et court sur tout la frontière... sauf devant la Belgique <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. La France vise le long terme : abritée derrière la ligne, il faut continuer le réarmement et laisser agir le blocus envers l’Allemagne, et n’attaquer que plus tard. Les généraux allemands aussi s’attendent à une guerre longue : le <em>blitzkrieg</em>, « <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Histoire-sp%C3%A9cial-d-avril-2010-France-1940-autopsie-d-une-d%C3%A9faite">acte de désespoir du niveau opérationnel pour sortir d’une situation désespérée au niveau stratégique</a> », fruit du bluff de l’audace de bons généraux, monté en épingle par la propagande, se casse les dents sur la ligne Maginot quand la Wehrmacht l’attaque de front. Globalement, les forts ont tenu malgré un déluge de feu — certains sacrifiés pour préserver le symbole d’un mur infranchissable alors que les Allemands l’avaient déjà contourné. À l’armistice, trahison : les équipages invaincus partent en captivité, exigence allemande contre la menace d’occuper Lyon.</p>
<p>Là encore, la ligne Maginot a rempli sa mission, puisque l’agresseur a dû la contourner — conformément aux plans français. Au sud, la partie alpine de la ligne (non traitée ici) a bloqué toute progression italienne.</p>
<p>Quand Patton arrive sur la Moselle en 1944, il n’imagine pas que les fortifications de Metz (certains morceaux datent d’avant 1870 !) et d’autres parties de la ligne Maginot tenues par les Allemands vont lui poser un gros problème. Il faut plusieurs semaines, de nombreux morts et le recul du front en d’autres endroits <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Metz">pour que Metz tombe</a>. Pendant ce temps, la Wehrmacht se replie en bon ordre. Là encore, les fortifications jouent leur rôle.</p>
<p>L’armée française conserve ce qui reste de ligne Maginot encore quelques années après la Seconde Guerre Mondiale, jusqu’à ce que la bombe atomique la rende inutile. Puis s’ensuit le démantèlement d’une grande partie des installations (vente aux enchères, ensevelissement, retour à la nature des abords...). Aujourd’hui, grâce aux associations locales, de bonnes parties peuvent encore se visiter. On en croise encore bien des fragments dans la campagne alsacienne quand on sait où chercher, et j’ai bien l’intention de visiter assez vite la <a href="http://www.fort-mutzig.eu/pages/_menu/menu_f.html">forteresse allemande de Mutzig</a>, celle de Metz, ou le <a href="http://www.lignemaginot.com/ligne/schoen.htm">fort de Schoenenbourg</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Les Belges ayant déclaré leur neutralité en 1936, un peu tard pour prolonger la ligne.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/797P*tain, dix ans !urn:md5:c9db1639f804283dddde406d77b618c62015-09-05T16:10:00+02:002015-09-07T12:33:06+02:00ChristopheBlogger, une aventure<p><img src="https://openclipart.org/image/200px/svg_to_png/14860/nicubunu-Chocolate-birthday-cake.png" alt="Image Openclipart" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Le temps passe à une vitesse dingue : il y a dix ans, oui dix (10, soit deux lustres), je lançais ce blog.</p> <p>C’était à une autre adresse, chez un autre hébergeur. À l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas (Facebook était réservé à Harvard), et « les gens » étaient sur les blogs, comme ils étaient autrefois sur Usenet ou les listes de discussion. Puis ils ont migré, et l’internet ouvert, non contenu dans un seul méga-site dont il faut être membre, s’est réduit, du moins pour ce que j’en ai vu.</p>
<p>Il faudrait que je compare les taux de visite de l'époque et de maintenant. Pourtant le sujet n’a guère varié : parler de tout et de n’importe quoi, et en pratique en me centrant sur mes lectures. Trop de compte-rendus, pas assez de contenu propre, je sais.</p>
<p>Je compte entamer une rediffusion des billets qui me semblent les plus intemporels, à présent cachés aux alentours de la trentième page de résultats, histoire de les remettre en lumière... et de compenser la relative inactivité du présent blog pour cause de boulot, de gamins prenants, d’intérêts divers et prenants (photo, généalogie, monstrueuse pile de bouquins).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/P%2Atain%2C-dix-ans-%21#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/788« Retouchez vos photos pas à pas » d’Anne-Laure Jacquarturn:md5:63dd20e3f1b3071c9052dc1e97e17a0b2015-08-23T19:11:00+02:002015-08-23T18:19:11+02:00ChristophePhoto <p>Que celui qui pense que ses photos brutes de jpeg, même issues d’un réflex ou autres appareil coûteux, reproduisent fidèlement ses impressions à la prise de vue lève le doigt : il n’a pas appris à repérer tout ce qui cloche dans le contraste ou la couleur <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. J’avais longtemps dis que je ne me lancerai pas là-dedans (en partie par manque de temps), mais j'ai fini par céder devant l’évidence <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Pour les photos un tant soit peu importantes, il faudra <em>développer</em>, <a href="http://www.dxo.com/fr/photographie/tutoriels/pourquoi-shooter-au-format-raw">de préférence à partir d’un fichier RAW</a> — je le fais de manière quasi-systématique à présent.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Retouchez_vos_photos_pas_a_pas_AL_Jacquard.jpg" title="Retouchez_vos_photos_pas_a_pas_AL_Jacquard.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Retouchez_vos_photos_pas_a_pas_AL_Jacquard_s.jpg" alt="Retouchez_vos_photos_pas_a_pas_AL_Jacquard.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Pour une personne au sens artistique aussi <del>abyssal</del> <del>inexistant</del> <del>atrophié</del> embryonnaire que le mien, il fallait un bouquin clair, avec juste ce qu’il faut de théorie, plein d’exemples et de comparatifs avant/après, et qui me prenne par la main.</p>
<p>Et c’est exactement ce que fait Anne-Laure Jacquart : elle reprend tous les concepts (densité, contraste, teinte, saturation, les tons intermédiaires, etc.) à la base, ce qui n’est pas du luxe. Elle ne se limite pas à la technique, et part bien de l’<em>intention</em> recherchée avant de faire joujou avec les curseurs (et torpille le mythe de la photo brute et objective).</p>
<p>Une fois le but et le principe posés, elle explique posément au béotien comment gérer le contraste ou les couleurs avec les réglettes ou les courbes selon le logiciel et l’envie. C’est d’ailleurs ainsi que l’on découvre les limites de son outil habituel, quelque part ça fait plaisir.</p>
<p>Pour ne rien gâter, et c’est même un des points forts du livre, il n’est pas question uniquement du classique et dispendieux mammouth du secteur, Lightroom. Sont abordés quelques concurrents, y compris gratuits comme <a href="https://pixlr.com/" hreflang="en">Pixlr</a>, voire libres comme <a href="http://rawtherapee.com/blog/screenshots" hreflang="en">Rawtherapee</a> ou <a href="http://www.darktable.org/about/screenshots/" hreflang="en">Darktable</a>, simples (Picasa, Snapseed...) comme disproportionnés (Photoshop, Gimp <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>) <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Une limite : il est sujet uniquement des modifications concernant toute l’image (contraste, balance des blancs...), pas de retouche. On saura comment affadir la couleur d’un couleur élément parasite voyant, pas comment le détourer pour le remplacer par autre chose. Il fallait bien s’arrêter quelque part, et pour ma part je n’avais jamais eu l’intention d’entrer sur ce territoire. Manquent également quelques pages sur la netteté (l’œil sera plus vite attiré par un beau rocher torturé s’il est très net, tandis qu’on évitera de forcer le microcontraste sur les pores de la peau d’un portrait de bébé).</p>
<p>Mais le but est atteint : donner envie de se lancer dans la retouche d’image et avoir quelques résultats encourageants. Une fois ces bases établies, j’ai moins hésité à jeter un coup d’œil aux autres modules plus ou moins dispensables des divers logiciels.</p>
<p>Quelques tics de langage sont passé à travers la relecture et deviennent vite crispants, notamment « sublimer » et « subtil ». Dommage.</p>
<p>Bref, un bon achat pour démarrer dans la retouche de ses photos. Pour acheter, <a href="http://www.eyrolles.com/Audiovisuel/Livre/retouchez-vos-photos-pas-a-pas-9782212138689">préférer le site de l’éditeur, Eyrolles</a>. Si vous hésitez, voir les <a href="http://www.eyrolles.com/Chapitres/9782212138689/Intro_Jacquart.pdf">extrait 1</a> et <a href="http://www.eyrolles.com/Chapitres/9782212138689/Page-6_Jacquart.pdf">extrait 2</a> en ligne.</p>
<p>Anne-Laure Jacquart a commis deux autres livres du même tonneau : <em><a href="http://www.eyrolles.com/Audiovisuel/Livre/photographier-au-quotidien-avec-anne-laure-jacquart-9782212137682">Photographier au quotidien</a></em> et <em><a href="http://www.eyrolles.com/Audiovisuel/Livre/composez-reglez-declenchez-9782212673340">Composez, réglez, déclenchez !</a></em>, à présent tout en haut de ma liste de vœux.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/.SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml_s.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Pour l’exemple, suivent ci-dessous quelques clichés issus de mon passage dans le Périgord au printemps dernier, avant et après retravail du RAW. Le recadrage ou la correction de l’horizon peut s’effectuer avec un Jpeg, mais la reprise des contre-jours, l’augmentation du contraste, la modification de la balance, le passage en noir et blanc... ne se font réellement bien qu’en RAW, même si la photo ci-contre <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Strasbourg-Marseille">est un jpeg de mon smartphone traité avec Darktable</a>. Mon matériel n’a rien de mirifique (un vieux mais suffisant Canon 500D, un 17-50 mm Sigma pas trop ruineux, occasionnellement un filtre polarisant pour faire péter les bleus du ciel), et je n’ai pas fait grand-chose dans ce qui suit, et juste avec DPP.</p>
<ul>
<li>Au <a href="http://www.sarlat-tourisme.com/le-thot-espace-cro-magnon">parc du Thot</a> (à faire <em>avant</em> Lascaux : acheter le billet couplé au Thot, histoire d’éviter la queue pour la grotte à Montignac) :</li>
</ul>
<p>L’original n’est pas si mal: <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150427_1256-IMG_0019-orig.JPG" title="20150427_1256-IMG_0019-orig.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150427_1256-IMG_0019-orig_s.jpg" alt="20150427_1256-IMG_0019-orig.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a> mais je préfère avec un noir et blanc au contraste poussé : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150427_1256-IMG_0019A.JPG" title="20150427_1256-IMG_0019A.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150427_1256-IMG_0019A_s.jpg" alt="20150427_1256-IMG_0019A.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<ul>
<li>Château de <a href="http://www.castelnaud.com/fr/">Castelnaud</a> :</li>
</ul>
<p>Il y a par défaut un contre-jour : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150428_1114-IMG_0002-orig.JPG" title="20150428_1114-IMG_0002-orig.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150428_1114-IMG_0002-orig_m.jpg" alt="20150428_1114-IMG_0002-orig.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a>
J’ai tenté une version un peu décontrastée et légèrement saturée : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150428_1114-IMG_0002-flashy.JPG" title="20150428_1114-IMG_0002-flashy.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150428_1114-IMG_0002-flashy_m.jpg" alt="20150428_1114-IMG_0002-flashy.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a>
et puis une version à l’ancienne : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150428_1114-IMG_0002-NB-s%C3%A9pia.JPG" title="20150428_1114-IMG_0002-NB-sépia.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150428_1114-IMG_0002-NB-sépia_m.jpg" alt="20150428_1114-IMG_0002-NB-sépia.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<ul>
<li>Encore Castelnaud :</li>
</ul>
<p>Direct de boîtier : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150428_1257-IMG_0115-orig.JPG" title="20150428_1257-IMG_0115-orig.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150428_1257-IMG_0115-orig_m.jpg" alt="20150428_1257-IMG_0115-orig.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a>
Un rien plus lumineux et saturé : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150428_1257-IMG_0115.JPG" title="20150428_1257-IMG_0115.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150428_1257-IMG_0115_m.jpg" alt="20150428_1257-IMG_0115.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<ul>
<li>Rocamadour :</li>
</ul>
<p>J’avais au départ un paysage sans saveur : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150430_1559-IMG_0120-orig.JPG" title="20150430_1559-IMG_0120-orig.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150430_1559-IMG_0120-orig_m.jpg" alt="20150430_1559-IMG_0120-orig.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a>
que j’ai recadré et (trop ?) saturé : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150430_1559-IMG_0120.JPG" title="20150430_1559-IMG_0120.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150430_1559-IMG_0120_m.jpg" alt="20150430_1559-IMG_0120.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<ul>
<li>Sur le chemin d’accès à Rocamadour :</li>
</ul>
<p>L’original est sans contraste : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150430_1727-IMG_0150-orig.JPG" title="20150430_1727-IMG_0150-orig.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/.20150430_1727-IMG_0150-orig_s.jpg" alt="20150430_1727-IMG_0150-orig.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a>
C’est mieux avec juste un peu plus de lumière et un changement de la balance de blancs : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150430_1727-IMG_0150.JPG" title="20150430_1727-IMG_0150.JPG"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/foto/20150430_1727-IMG_0150.JPG" alt="20150430_1727-IMG_0150.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Pas encore de quoi oser me montrer sur Flickr, mais on y travaille. Le problème devient celui du temps à consacrer à la retouche.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je suis allé à la médiathèque et lu tous les </em>Réponses Photo<em> et </em>Chasseur d’images<em> des deux dernières années. Après ça , impossible de regarder une photo amateur sans avoir envie de la recadrer, de modifier la mise au point ou de la passer en noir & blanc.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Marrant : <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/photo-premiers-raw/">Alias aussi</a>, que je suivais au départ juste pour ses conseils en musique bruyante.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Gimp ne sort pas grandi de ces indirectes comparaison. Son interface le dessert, mais il est vrai qu’il n’est pas dédié au développement/retouche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Il y a un grand débat avec moi-même pour le choix de mon développeur entre ces deux-là et DPP, l’outil livré avec mon Canon. Ce dernier a le mérite de la simplicité pour un débutant dans le RAW comme moi et m’a déjà bien servi, mais est finalement assez limité. L’interface de Rawtherapee manque de simplicité et me submerge un peu, même si je commence à y prendre mes repères. Je redonne actuellement sa chance à Darktable, à l’interface plus sobre et consistante. Darktable n’existe pas encore pour Windows, mais cela n’est pas un problème quand on ne possède sous cet OS que des portables dont l’écran ne se prête pas à la retouche, ni en taille ni en couleurs. Ces outils se complètent, DPP ayant l’avantage de la simplicité et de la rapidité pour l'essentiel du boulot, mais c’est peut-être une question d’habitude des deux autres. Le plus rageant est de ne pouvoir commencer un traitement avec l’un pour le terminer avec l’autre : le paramétrage n'est pas repris d’un logiciel à l’autre.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Retouchez-vos-photos-pas-a-pas-d-Anne-Laure-Jacquart#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/796« Pour la Science » de juillet 2015 : l’ère des médusesurn:md5:74139b4f507c1c66a29b85f848c06a602015-07-12T22:53:00+02:002015-07-12T21:56:54+02:00ChristopheScience et conscience <p><em>Comme d’habitude, l’italique est personnel & subjectif.</em></p>
<h3>Gélification marine</h3>
<p><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/e/espace-numerique-detail.php?art_id=35428&num=453"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_0453_couv_200.jpg" alt="pls_0453_couv_200.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Les méduses flottent dans les océans depuis plus d’un demi-milliard d’années, et les reconquièrent grâce à notre incurie : surpêche des poissons et même du krill (leurs compétiteurs) ; hausse de la température marine ; déchets, insecticides, hormones féminines et perturbateurs endocriniens dans nos rejets qui bloquent la reproduction des espèces sexuées ennemies... Leurs prédateurs disparaissent, et elles pullulent, avec un impact écologique désastreux : elles se goinfrent de plancton, ont peu de prédateurs et bouchent même les fanons des baleines. Ajoutons l’impact économique et le danger des espèces venimeuses sinon mortelles.</p>
<p>Leur résistance fascine les scientifiques (certaines savent rajeunir !) et leur étude n’en est qu’au début. On vient juste de découvrir que leurs polypes adorent coloniser le polystyrène que nous balançons dans l’océan.</p>
<p>Seule bonne nouvelle : certaines espèces se mangent. (<em>On assaisonnera ça avec des insectes, probablement les derniers animaux sur terre.</em>). Elles sont aussi très photogéniques.</p>
<h3>IceCube</h3>
<p><em>Les médias ne parlent pas assez des projets de Big Science qui font rêver. Le boson de Higgs est passé probablement à des kilomètres au-dessus de la tête du pékin moyen. D’accord il y a eu Rosetta/Philae sur une lointaine comète, et bientôt <a href="http://pluto.jhuapl.edu/" hreflang="en">New Horizons</a> près de l’encore plus lointaine Pluton. Par contre il y a beaucoup plus proche et loin à la fois :</em></p>
<p>Le projet <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/IceCube">IceCube</a> semble délirant à première vue : un détecteur d’un kilomètre cube dans la glace du Pôle Sud ! Pourquoi au Pôle Sud ? Parce qu’il fallait un énorme volume d’eau ou de de glace, et qu’un glacier de deux kilomètres d’épaisseur est l’écrin idéal pour des centaines de profonds puits au fond desquels on a posé des détecteurs.</p>
<p><em>Par contre, le but de ce monstre ne va pas provoquer de fascination chez le contribuable moyen...</em></p>
<p>IceCube chercher à détecter des neutrinos et à en déterminer la saveur et la provenance (solaire ou exotique). Les premiers résultats tombent...</p>
<h3>Traitement massif et faux positifs</h3>
<p>Les faux positifs rendent inefficaces le traitement massif des données que nos gouvernements aiment tant : un algorithme fiable à 99% trouverait immédiatement 600 000 suspect en France, tandis que le nombre de personnes à surveiller est estimé à 3000 : 99,5% des suspects seront donc innocents — une quasi-certitude.</p>
<p>Les services de sécurité connaissaient déjà certains qui sont réellement passés à l’action (frères Kouachi entre autres), ils feraient donc mieux de se concentrer sur l’exploitation des données disponibles que de se noyer dans les faux positifs.</p>
<p>Ce qui ne dispense pas de mettre en place des autorités de contrôle efficaces et de demander des comptes (<em>accountability</em>) à ceux dotés du pouvoir de tout savoir sur quelqu’un. En France, les moyens matériels de contrôle (nombre de postes) sont dérisoires.</p>
<h3>Gluten</h3>
<p>Selon Christian Rémésy, l’allergie au gluten regroupe un peut tout et n’importe quoi. La maladie cœliaque touche bien moins d’un pour cent de la population, et quelques pour cent sont devenus hypersensibles (leur intestin ne filtre plus les molécules longues). Pourquoi ? La paroi intestinale est fragilisée par la nourriture raffinée, les graisses, le manque de fibres. La farine du pain favorise la levée de la pâte, avec des molécules plus longues et moins digestes. Le levain, qui favorisait une fermentation acide qui casse les molécules de gluten, a été remplacé par la levure. La fermentation du pain se fait à présent à froid.</p>
<p>Bref : mangeons moins de sucres et de graisse animales et plus de végétaux, et réformons l’industrie alimentaire pour que la valeur nutritive passe d’abord. <em>Bon courage.</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>On peut lutter contre sexisme et racisme en réactivant des associations anti-préjugés pendant le sommeil. <em>Un exemple de manipulation inconsciente...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les bactéries sur notre peau, généralement inoffensives, peuvent devenir pathogènes si nous émettons les mauvais signaux (stress, sueur et peptides). S’attaquer à la communication entre peau et bactérie évite de dégainer les antiseptiques.</li>
</ul>
<ul>
<li>Des Français ont enfin découvert un peptide qui favorise <em>vraiment</em> la croissance des cheveux. Commercialisation en 2016. <em>Si ce n’était pas une pub déguisée.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Ce n’est pas une surprise, mais les neurosciences le confirment : nous sommes attirés par les événements inattendus, bref par les catastrophes. Un quotidien russe a tenté de ne parler que de choses positives pendant une journée : -70% de visiteurs.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a un demi-milliard d’années, des océans devenus soudain transparents auraient mené à l’apparition de la vision, de la chasse, des carapaces, bref à l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Explosion_cambrienne">explosion cambrienne</a>. Un article tente le parallèle avec notre société où le secret disparaît, où l’information devient transparente. Le parallèle est osé, nous verrons si les leurres de fausse information (l’encre de la seiche) et la diversification massive des types d’organisation se produisent. Si le parallèle tient, les systèmes gouvernementaux figurent tout en haut de la liste des espèces en voie de disparition.</li>
</ul>
<ul>
<li>Requête de Didier Nordon énervé par la complétion automatique de son traitement de texte :</li>
</ul>
<blockquote><p>« Chers inventeurs, lorsque vous concevez un objet, enseignez-lui qu’être intelligent ne consiste pas à toujours savoir mieux que les autres, et ne l’autorise pas à leur couper la parole sous prétexte qu’il est plus rapide. Prévenez-le que quand un utilisateur fait un choix étrange, ce n’est pas forcément une ineptie ou une étourderie de sa part. S’il vous plaît, ne lancez pas sur le marché un objet intelligent tant que vous n’êtes pas sûrs qu’il a compris et retenu ces leçons. Merci d’avance. »</p></blockquote>
<p>(<em>À méditer en cette période d’apparition des voitures autonomes et drones tueurs...</em>)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juillet-2015#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/794« Pour la Science » de juin 2015 : géométrie aléatoire, mémordinateurs, néoténie et centrales solaires orbitalesurn:md5:8c6daea4ad26d13ab01ac83e63afe5b52015-07-09T12:00:00+02:002015-07-09T12:00:00+02:00ChristopheScience et conscience <p>Petit billet en vitesse sur ce numéro :
<a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/e/espace-numerique-detail.php?art_id=35275&num=452&utm_source=archives"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_0452_couv_200.jpg" alt="pls_0452_couv_200.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Géométrie aléatoire</h3>
<p>Après la géométrie euclidienne, après les espaces courbes, voici la géométrie aléatoire, c’est-à-dire où la distance entre deux points quelconques est aléatoire. Les physiciens en ont besoin pour les théories quantiques de la gravitation, un sujet de recherche depuis nombre d’années.</p>
<p><em>Désolé, pas lu, trop aride.</em></p>
<h3>Néoténie</h3>
<p>La théorie de la néoténie humaine n’est pas nouvelle : l’homme est un singe qui n’est pas devenu adulte, voire est resté un fœtus. Cela explique nombre de nos caractéristiques anatomiques (nudité, taille et position du crâne notamment), mais aussi comportementales. Aucune autre espèce n’a un tel degré d’adaptation, ni ne joue encore à l’âge adulte (<em>j’ajouterais : à part le chien, qui se comporte comme un louveteau</em>).</p>
<p>L’homme recherche du ludique partout, y compris en science, en art ou en sexualité. Plus dramatique : aussi dans la guerre et la cruauté. Notre plasticité nous force aussi à réfléchir à ce qu’est la morale.</p>
<p>De plus nous prolongeons cette néoténie, que ce soit par le rasage ou nos rituels sociaux. (<em>Je remarque aussi que plus l’espérance de vie s’allonge, plus la jeunesse se prolonge : un adulescent occidental de trente ans ne se comporte pas comme un paysan d’un pays pauvre marié à quinze ans</em>.)</p>
<h3>Mémordinateurs</h3>
<p>La méminformatique propose de rassembler dans les mêmes composants la mémoire et la capacité de calcul, à un très bas niveau (les mémristors, mémcapacité, méminductances, tous à effet mémoire). De gros progrès en capacité de calcul sont à attendre, sans investissement important (la finesse de gravure ne change pas et on garde les usines actuelles, alors que leur coût devient le facteur limitant de l'évolution des processeurs).</p>
<p>(<em>Les concepteurs de compilateurs vont donc s’amuser. Par contre, vu le mal qu’a déjà à s’imposer le parallélisme dans l’informatique actuelle, je pense que nous allons rester encore bloqués longtemps avec la bonne vieille architecture processeur/mémoire séparés.</em>)</p>
<h3>Dans la tête de Néandertal</h3>
<p>Un article détaille les différences cérébrales entre notre cousin/ancêtre et <em>Homo sapiens</em> et ne relève aucune lacune majeure par rapport à ce dernier.</p>
<p>L’explication de l‘extinction (après des centaines de milliers d'années d’existence tout de même) serait plutôt à rechercher dans une population plus réduite et fragmentée, moins ouverte aux innovations que l’homme moderne.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Pas mal d’heures de calcul sur superordinateur à partir des équations décrivant les interactions entre particules élémentaires ont permis de calculer les 0,14% de différence de masse entre proton et neutron, en accord avec l’expérience. Un beau succès de la chromodynamique quantique.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le moustique tigre (vecteur de la chikungunya) se répand rapidement en France. On le rencontre déjà vers Bordeaux et la vallée du Rhône. (<em>Super...</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Gilles Dowek analyse nos élections en terme d’information : un vote entre huit candidats, c’est huit bits d’information. Les technologies actuelles permettent sans doute de faire bien mieux et il imagine quelques formes politiques originales.</li>
</ul>
<ul>
<li>La forme des nids des termites dérive directement de leurs gènes. Plus étonnamment, c’est aussi le cas pour des mammifères comme les souris sylvestres. : les enfants ont des terriers de forme intermédiaire entre ceux des parents. (<em>Et quelles formes de notre société sont-elles dominées ainsi par quelques gènes chez nous, sans que nous en ayons la moindre conscience ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La <a href="http://global.jaxa.jp/" hreflang="en">Jaxa</a> prévoit de créer des centrales solaires orbitales, et d’envoyer l’énergie sur Terre <em>via</em> des micro-ondes (non absorbées par l’atmosphère). La puissance arrivant au sol pourrait être dangereuse, et les antennes et la zone interdite feraient plus d’un kilomètre. Pour le moment les Japonais transmettent quelques kilowatts sur des centaines de mètres, mais prévoient une exploitation commerciale en 2040. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2015#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></li>
</ul>
<ul>
<li>Parmi les réflexions du mois de Didier Nordon : dans une discussion, une objection pertinente peut tomber à plat car le débateur y aura peut-être pensé. Un argument hors sujet a plus de chances de toucher : « mais ça n’a rien à voir ! » donne l’impression d’être sur la défensive et en état de faiblesse. (<em>Une technique abondamment employée par certains, et qui atomisera n’importe quel ingénieur ou personne logique pensant qu’elle peut gagner une discussion en ayant raison.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2015#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Coïncidence : je viens de relire </em>Le dormeur s’éveillera-t-il ?<em> de Philippe Curval, écrit à la fin des années 70, décrivant un monde où les écolos et autres gauchistes typiques de l’époque ont mené la civilisation européenne au refus de la technologie, au retour à la campagne massif, et à l’autodestruction. Lesdits écolos avaient notamment comme ennemi les centrales solaires orbitales, potentiellement mortelles et centralisées, et voient, à la fin du livre, les centrales nucléaires comme une source d’énergie plus sûre et facilement décentralisable !</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2015#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/792De Saturne à ma rétine sans intermédiaireurn:md5:ca556e7f811b77809e0e00cd5fa566a52015-07-05T23:02:00+02:002015-07-05T23:02:00+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoémerveillement <p>J’ai vu les anneaux de Saturne directement, sans intermédiaire. Des photons se sont tapés trois heures-lumières depuis la surface du soleil jusque ma rétine <em>via</em> Saturne, ses anneaux et le miroir de mon télescope, et tout ça pour mon plaisir esthétique <em>à moi</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><a href="http://nssdc.gsfc.nasa.gov/photo_gallery/photogallery-saturn.html"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/astronomie/.saturn_s.jpg" alt="saturn.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Rien à voir évidemment avec les images des sondes Voyager comme ci-contre, juste de quoi comprendre pourquoi Galilée pensait que cette planète avait des « oreilles » il y a quatre siècles presque tout ronds <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Avant-hier soir, comme il était hors de question de se coucher avant une heure avancée vue la chaleur, j’ai eu le plaisir de mettre réellement en fonction mon télescope tout neuf sur ma terrasse toute neuve. Dans mon environnement saturé de pollution lumineuse et à la ligne d’horizon très encombrée de bâtiments, il n’y avait pas beaucoup de cibles possibles, mais les plus impressionnantes restaient disponibles : la Lune, avec ses cratères finement découpés, et Saturne.</p>
<p>Je pointe encore l’appareil au <em>feeling</em> et à la lunette d’approche, il va falloir que je me joigne à un club astronomique pour espérer pouvoir le régler un jour sur des cibles moins évidentes que Véga, Saturne ou la Lune. Et que j’installe la monture équatoriale pour que l’étoile péniblement repérée ne quitte pas le champ avant que toute la famille ait pu l’admirer. Et que j’installe l’appareil photo dessus. Et que j'aille un soir au fond des Vosges admirer la Voie Lactée. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Un grand merci à <em>Google Sky Map</em> au passage.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Explication assez égocentrique de l’existence de l’univers, mais basta, il y a forcément une part de cela dans tout émerveillement scientifique.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Et avec une lunette bricolée Dieu sait comment, quand mon télescope est une petite merveille de précision et d’ingénierie : franchement j’admire ce qu’arrivaient à faire les Anciens.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Comme si je n’avais que ça à faire. Mais un rêve de gosse a priorité sur le reste.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De-Saturne-%C3%A0-ma-r%C3%A9tine-sans-interm%C3%A9diaire#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/793Dossier Pour la Science n°82 (janvier 2014) : L’évolution des languesurn:md5:6c04beaae324ae7a7c4a14c9136bc4812015-05-20T22:17:00+02:002015-05-20T22:17:00+02:00ChristopheDes formes des mots <p>Très instructif ce numéro (qui n’est bien sûr plus en kiosque). Je vais me faire violence pour le résumer brièvement :</p>
<h3>Recherche</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_dossiers_82_langues.jpg" title="pls_dossiers_82_langues.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.pls_dossiers_82_langues_s.jpg" alt="pls_dossiers_82_langues.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>La recherche porte sur les modèles d’organisation communs, à grand renfort de concepts mathématiques : statistiques, réseaux, connectivité..., parallèlement à l’étude des formes rudimentaires : celles des enfants, celles des robots devant développer eux-mêmes une langue de communication.</p>
<p>Et l’on croise volontiers les résultats avec la génétique pour retracer des migrations sur tous les continents.</p>
<h3>Le basque, langue des premiers Européens</h3>
<p>Un chercheur allemand pose que le <strong>vascon</strong> (ancêtre du basque) serait la première langue d’Europe : on retrouve ses racines dans la toponomie (noms de lieux et fleuves) du Maroc aux pays baltes, en passant par Munich et toutes les vallées en <em>aran</em> d’Europe'. Appuyé entre autres par la génétique, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Theo_Vennemann">Theo Vennemann</a> suppose que les peuples réfugiés près des Pyrénées pendant la dernière glaciation ont recolonisé l’Europe ; puis les envahisseurs indo-européens ont conservé ces noms.</p>
<p>Le système numérique de base vingt serait aussi d’origine vasconne, et ses dernières traces (« quatre-vingt », <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4pital_des_Quinze-Vingts">Quinze-Vingts</a></em>...) nous ont été léguées par les Gaulois.</p>
<p>Cette théorie ne fait pas l’unanimité mais attire l’attention sur les interactions entre les premières langues d’Europe.</p>
<h3>L’invasion indo-européenne</h3>
<p>Nos <strong>langues indo-européennes</strong> nous sont-elles parvenues par des cavaliers d’Asie Centrale il y a 6000 ans ou des agriculteurs d’Anatolie il y a 8000 ans ? Le débat n'est pas tranché ; la génétique s’en mêle, ainsi que des calculs pour dater les divergences des langues européennes, vers -8700 — trop tôt pour l’hypothèse des cavaliers, mais dans la période de l'arrivée de l’agriculture en Europe. Les contre-exemples abondent cependant (linéaire A crétois...) et « dans ce domaine, les hypothèses les plus simples ne sont pas forcément les meilleures ».</p>
<h3>Créoles & pidgins</h3>
<p>Langues parmi les plus récentes, les <strong>créoles</strong> se rencontrent partout et mélangent la « langue source » d’un colonisateur ou esclavagiste (en général européen, souvent français, exceptionnellement arabe) avec des principes grammaticaux différents : les créoles ressemblent plus à d’autres créoles qu’à leurs langues sources. Les créoles deviennent des langues maternelles, au contraire des pidgins (qui peuvent évoluer en créoles).</p>
<p>L’anglais, le yiddish ou le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9tchif">métchif</a> sont des « langues mixtes », issues du mélange d’autres langues de manière continue sur plusieurs générations, et non des créoles.</p>
<p>Selon la théorie du « bioprogramme », les créoles se ressemblent car ils sont revenus à un dénominateur commun de toutes les langues, utilisé de manière innée par la première génération née dans cette langue. Cette théorie perd du terrain face aux théories « substratives », où les adultes tiennent le rôle principal : non guidés dans leur apprentissage de la langue source, ils utilisent un peu les mêmes stratégies pour en saisir une partie de la grammaire, expliquant les ressemblances.</p>
<p>Nombre de créoles sont en danger, notamment sous l’influence de la langue « standard ».</p>
<h3>Création des langues de nos jours</h3>
<p>Rares sont les exemples de création de langue sans influence d’une langue originelle, mais il peut suffire d’une poignée de personnes. En Israël, un village comporte un nombre important de sourds à cause d’une anomalie génétique courante : ils ont créé leur langue. Au Nicaragua à la fin des années 70, de jeunes sourds jusque là isolés ont été regroupés dans une école : ils ont spontanément créé une langue des signes commune, observés par des linguistes.</p>
<p>Ces derniers ont remarqué que l’ordre des mots se fige vite, et il n’est pas simplement transposé de la langue parlé voisine, mais plutôt en sujet-objet-verbe, comme dans la plupart des langues : pourquoi ? Serait-il un ordre « naturel » ?</p>
<h3>Langues de cinéma</h3>
<p>J.R.R. Tolkien a créé les langues artificielles les plus connues (notamment, mais pas seulement, les langues elfiques <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sindarin">sindarin</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Quenya">quenya</a>). D’autres exemples très fouillés en cinéma ou littérature :</p>
<ul>
<li>le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Klingon_%28langue%29">klingon</a> dans <em>Star Trek</em> ;</li>
<li>le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Koba%C3%AFen">kobaïen</a> du groupe Magma ;</li>
<li>le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Dothraki_language" hreflang="en">dothraki</a> de <em>Game of Thrones</em> ;</li>
<li>le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_na%27vi">na’Vi</a> dans <em>Avatar</em> ;</li>
<li>le langage schtroumpf !</li>
</ul>
<h3>L’évolution et l’extinction des langues</h3>
<ul>
<li>Le <strong>débit</strong> en syllabes varie fortement entre des extrêmes comme le japonais ou l’espagnol d’une part, et l’anglais, l’allemand ou le chinois d’autre part. Mais le débit en information reste constant !</li>
</ul>
<ul>
<li>La moitié des 6000 langues du monde vont disparaître avant 2100, car l'énorme majorité n’est parlé que par quelques locuteurs. Seule solution : le multilinguisme. Les enfants ne doivent pas être poussés (y compris par leurs parents !) à abandonner leur langue d’origine pour de simples raisons « utilitaires ».</li>
</ul>
<ul>
<li>Non, le SMS n’est pas un danger pour le français, car il correspond à des usages bien précis.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Dossier-Pour-la-Science-82-L-%C3%A9volution-des-langues#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/791“The sleepwalkers — How Europe went to war in 1914” (« Les somnambules — Eté 1914 : Comment l’Europe a marché vers la guerre ») de Christopher Clarkurn:md5:2521e44836d265fb4a56207b0ef066e22015-04-19T22:25:00+02:002021-07-31T14:38:14+02:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophecolonisationdommagedéterminismeEuropeguerregéopolitiquehainehistoireHistoire de FranceimpérialismeincohérencenationalismeperspectivepessimismepolitiquePremière Guerre Mondialeprise de têteprovocationpsychologieRealpolitikRussieuchronie <blockquote><p>The outbreak of the war was a tragedy, not a crime. <br /> <em>Le déclenchement de la guerre fut une tragédie, pas un crime.<br /><br />Christophe Clark, </em>The Sleepwalkers<em>, Conclusion, p. 561</em></p></blockquote>
<p>L’Europe s’est suicidée sans que personne veuille vraiment la guerre : c’est la tragédie de la Première Guerre Mondiale, et une leçon pour le futur. Certaines causes résonnent encore au XXIè siècle.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM1/the_sleepwalkers.jpg" alt="the_sleepwalkers.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La séquence d’introduction porte déjà la violence des conséquences lointaines (oui, le titre français est trompeur : Christopher Clark commence bien plus tôt que l’été 1914). En Serbie en 1903, des officiers ultranationalistes assassinent sauvagement le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Ier_de_Serbie">roi Alexandre</a> et sa femme. D’après la description de Clark, ce souverain n’était pas très sympathique, mais les tueurs ne le sont pas plus. Cette clique militaire régicide, notamment un certain colonel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragutin_Dimitrijevi%C4%87">Apis</a>, va acquérir une grande influence en Serbie dans les années suivantes, et, de manière à peu près autonome, semer le trouble dans la Bosnie-Herzégovine voisine (partiellement serbe mais annexée par l’Autriche), puis organiser l’assassinat de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Ferdinand_d%27Autriche">François-Ferdinand</a>, l’allumette qui embrasera le continent.</p>
<p>Toute cette partie sur la politique serbe, le nationalisme intense, le déni par exemple de l’existence même de Slaves non serbes en Bosnie et Croatie, les exactions pendant la conquête serbe de la Macédoine en 1912-13… rappellent furieusement ce qui s’est passé dans les années 1990 en Yougoslavie ; jusqu’au rôle de la Russie, ange gardien autoproclamé des Slaves des Balkans ; jusqu’au conflit est-ukrainien actuel (un russophone est-il forcément russe ?).</p>
<h3>Les acteurs</h3>
<p>Clark fait le tour de toutes les grandes puissances du moment, leurs gouvernants, leur organisation, leurs faiblesses, leurs relations mutuelles…</p>
<p>Tout le monde voyait la Russie, en croissance très rapide, comme la nouvelle superpuissance, malgré la défaite de 1905 face au Japon, malgré son gouvernement pas très stable et marqué par l’absolutisme — ce qui ne voulait pas dire que le Tsar donnait toujours le ton.</p>
<p>À l’inverse, l’Autriche-Hongrie semblait en décrépitude, paralysée par un gouvernement double et les revendications ethniques, malgré une économie florissante. Que serait-elle devenue si François-Ferdinand avait vécu, lui qui ne voulait pas de guerre et ambitionnait de créer un État fédéral ?</p>
<p>Le fantasque Kaiser ne dominait pas une Allemagne envieuse des empires coloniaux de ses voisins.</p>
<p>La France ne s’impliquait pas dans les Balkans, sinon par ses banques et ses exportations d’armes. Face à des Ministres des Affaires étrangères instables, les diplomates étaient devenus autonomes ; mais en 1914 Poincaré, Président, donnait le ton et prônait la fermeté face à l’Allemagne. Clark n’est pas tendre avec lui.</p>
<p>L’Angleterre (comme souvent…) ne tenait pas à s’engager irrévocablement, comme la France auprès de la Russie. Au Foreign Office, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Grey,_1st_Viscount_Grey_of_Fallodon" hreflang="en">Edward Grey</a> n’en faisait qu’à sa tête et lia son pays à la France.</p>
<p>L’Italie, théoriquement alliée aux puissances centrales, se rapprochait de plus en plus de l’Entente.</p>
<p>Les états des Balkans combattaient depuis 1912, contre l’Empire ottoman et entre eux.</p>
<h3>Les alertes et la déstabilisation</h3>
<p>La Grande Guerre n’a pas éclaté dans un ciel serein. Sans remonter jusqu’au conflit franco-allemand de 1870, les années d’avant-guerre virent plusieurs affrontements dont certains auraient pu dégénérer, et dont le souvenir influença les décideurs de 1914.</p>
<p>Allemagne et France s’accrochèrent notamment au Maroc (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27Agadir">crise d’Agadir en 1911</a>), mais cela ne dégénéra qu’en marchandage (Maroc contre Cameroun). L’Allemagne remettait en cause la domination britannique sur les mers, mais ne l’inquiéta en fait jamais sérieusement. En Asie, les impérialismes russe et britanniques se heurtèrent plus d’une fois (Inde, Afghanistan, Iran…), sans conséquence majeure. En Afrique, les Anglais s’étaient heurtés aux Français (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Fachoda">Fachoda en 1898</a>), et, juste après, lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers">guerre des Boers</a>, émergea fugitivement l’idée d’une alliance franco-germano-russe contre l’Empire britannique.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/627px-Balkan_1912.svg.png" title="627px-Balkan_1912.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.627px-Balkan_1912.svg_m.png" alt="627px-Balkan_1912.svg.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>La vraie déstabilisation commença en 1912 avec l’agression italienne contre l’Empire ottoman, qui perdit Lybie et Dodécanèse. Les jeunes et ambitieux États européens fraîchement émancipés de la tutelle turque (Serbie, Bulgarie, Grèce) se ruèrent sur l’Empire malade. Le partage tourna mal : la Bulgarie finit en guerre contre ses anciens alliés, et la Serbie menaça déjà de déclencher une guerre européenne en voulant croquer l’Albanie (et l’on parlait déjà de purification ethnique au Kosovo). Autriche et Italie considérèrent cela comme une ingérence dans leur sphère ; l’Autriche mobilisa partiellement ; la Russie aussi. On fut à deux doigts de la guerre ; puis les Serbes, sous la pression internationale, renoncèrent. Ces fausses alertes éloignèrent le spectre d’un conflit continental, et en 1914 les décideurs y crurent hélas moins.</p>
<h3>Des blocs non figés</h3>
<p>Tout n’était pas figé, et la guerre n’était pas inéluctable. Certes certains l’attendaient, par exemple certains Allemands effrayés de la très rapide (mais fragile) évolution industrielle et militaire russe, ou certains généraux autrichiens belliqueux. Mais il existait à l’inverse une multitude de facteurs de pacification : Guillaume II, tout fantasque qu’il ait été, reculait devant cette perspective ; ses relations avec Nicolas II étaient cordiales ; la rivalité navale entre Royaume-Uni et Allemagne avait déjà été gagnée par le premier ; François-Ferdinand ne voulait pas de guerre… Les guerres d’agression entre puissances européennes étaient impensables<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, même l’attaque autrichienne sur la Serbie nécessitait une justification. (<strong>Ajout de 2021</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig">voir ce qu’en dit Stefan Zweig dans <em>Le monde d’hier</em></a>.)</p>
<p>Enfin, les alliances étaient elles-mêmes mouvantes : la petite Serbie avait été protégée par l’Autriche avant de se retourner contre elle ; les alliés balkaniques de 1912-13 s’étaient entre-déchirés immédiatement après leur victoire ; la Russie et l’Angleterre avaient de nombreux points de friction coloniaux ; l’alliance de la France démocratique et de la Russie autocratique n’allait pas de soi ; la Russie s’était focalisée sur les Balkans en partie parce que sa cible prioritaire (Constantinople et les détroits) restait pour le moment inaccessible ; la Turquie avait un général allemand pour moderniser son armée, mais aussi un amiral anglais pour sa flotte ; etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" title="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg_m.png" alt="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
Cette instabilité des blocs provoqua d’ailleurs l’enchaînement inéluctable ! La France craignait que la Russie, puissance montante, n’ait plus besoin de son alliance, absolument vitale pour elle contre l’Allemagne : Poincaré l’assurait donc de son soutien indéfectible, y compris dans les Balkans, pourtant inutiles aux Français. Symétriquement, l’Allemagne ne faisait pas confiance à seul grand allié, l’Autriche, et la soutint donc inconditionnellement, là aussi dans les Balkans. La Russie se devait de soutenir son allié serbe, autrefois soumis à l’Autriche. L’Angleterre avait garanti la protection des côtes du nord de la France, dont toute la flotte croisait en Méditerranée : l’Angleterre se voyait donc entraînée par son alliée contre l’Allemagne.</p>
<h3>Tous ensembles vers l’abîme</h3>
<p>La Main Noire serbe, aidée par des services serbes, sans accord réel du plus haut niveau, place ses tueurs : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gavrilo_Princip">Prinzip</a> assassine l’archiduc François-Ferdinand. L’Autriche-Hongrie prend son temps pour l’enquête, finit par envoyer un ultimatum à la peu coopérative Serbie — ultimatum que Clark trouve presque acceptable, comparé à celui adressé par l’OTAN à la Serbie en 1999 ! La tradition occidentale veut que la Serbie ait quasiment accepté ces conditions coupant toute justification à l’attaque autrichienne ; en fait Clark qualifie la réponse serbe de « chef-d’œuvre d’équivoque diplomatique » (<em>a masterpiece of diplomatic equivocation</em>). L’Autriche menace d’attaquer, la Russie mobilise (complètement), donc l’Allemagne prend peur et mobilise, provoquant la mobilisation française. La rapidité de mobilisation et d’attaque pouvant décider du sort de la guerre, les hostilités commencent ; puis l’entrée du Reich en Belgique provoque l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.</p>
<p>Cet enchaînement, tout le monde l’avait vu venir, mais personne ne le voulait et chacun croyait faire toutes les concessions possibles pour éviter la guerre. Dans les deux camps, chacun pensait que ceux d’en face la voulait, et y recourrait sans une volonté de fer en face — toute conciliation ou désaveu d’un allié serait donc un dangereux signe de faiblesse, de plus inutile puisque l’ennemi <em>voulait</em> la guerre. La fermeté protégeait donc la paix. Sans cela, difficile d’expliquer que Poincaré en Russie lie sciemment la France aux événements d’une zone aussi instable que les Balkans. Et chaque progrès d’une alliance effrayait l’autre, la poussant à se préparer au pire (un grand classique).</p>
<h3>Facteurs psychologiques</h3>
<p>Ils jouèrent massivement dans l’enchaînement de la crise. Les Serbes en voulurent trop dès 1912, et surestimèrent le poids du soutien russe. Les Autrichiens, exaspérés par les Serbes depuis des années, furent légers en les attaquant sans penser aux terribles conséquences. En cette période sans instance supranationale reconnue, tout abandon de souveraineté était inconcevable — les Serbes ne pouvaient <em>pas</em> accepter l’ultimatum. Les Russes ne comprirent pas que les Autrichiens ne pouvaient <em>pas</em> laisser passer impuni le meurtre du prince héritier. Les Autrichiens auraient pu attaquer dès après le meurtre, ce qui aurait été bien mieux accepté, mais le processus de décision de la double monarchie se traînait (les Hongrois notamment craignaient une invasion des Carpathes par la Roumanie). Les Russes auraient pu attendre pour mobiliser, laissant aux Serbes une chance d’accepter l’ultimatum, ou se contenter d’une mobilisation partielle contre l’Autriche pour ne pas effrayer l’Allemagne, mais leur logistique ne le prévoyait pas. Les Allemands auraient pu se contenter de n’envahir qu’une petite partie de la Belgique (<em>tout le monde</em> s’y attendait) : cela aurait donné une chance aux pacifistes dans le gouvernement anglais. Mais les militaires allemands (contrairement aux civils) sous-estimaient la Grande-Bretagne.</p>
<p>Clark ajoute une note : la « masculinité » du mâle européen semblait menacée à cette période précise par les évolutions de la société et, par réaction, le besoin de s’affirmer dur et endurant prenait le pas sur les vieilles valeurs aristocratiques, plus accommodantes.</p>
<p>Une chose finalement est sûre : attribuer à l’Allemagne la responsabilité totale de la guerre dans le Traité de Versailles, en plus d’une faute politique à l’époque, était purement et simplement une erreur factuelle. Si les Alliés s’imaginaient dès le début que l’intransigeance autrichienne venait de Berlin, la paranoïa régnait partout.</p>
<h3>Digestion</h3>
<p>C’est un pavé (pas loin de 600 pages en anglais sans les notes) et, forcément, les affrontements diplomatico-commerciaux subtils et pleins de sous-entendus ne sont pas la meilleure matière pour des rebondissements trépidants mêlés de réparties cinglantes, surtout quand on connaît déjà la fin. J’ai été un peu frustré par la relation du déclenchement des hostilités : Clark s’arrête aux mobilisations et ne relate pas l’assassinat de Jaurès, par exemple (est-il tellement important d’ailleurs, vu par un Anglo-Saxon ?) ni les réflexions des Français dans les derniers jours.</p>
<p>Si le passionné d’histoire trouvera son compte dans les causes plus ou moins immédiates de la mort de millions de soldats et l’effondrement de quatre empires, le dilettante risque de trouver la chose indigeste. <em>The Sleepwalkers</em> est pourtant déjà devenu une référence sur le sujet. Et comme je le disais au début, le XXIè siècle semble en rejouer des pans entiers.</p>
<p>Quant à l’amateur d’uchronies, il croulera sous les points de divergence potentiels…</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Contre les Turcs et autres non-Européens, on s’en donnait par contre à cœur joie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/786« Pour la Science » d’avril 2015 : écrans & sommeil, routes de 5è génération, fractales 3Durn:md5:3562b2b34ead0050910fd147caa64ad22015-03-27T17:49:00+01:002015-03-29T20:43:30+02:00ChristopheScience et conscienceanthropieastronomieauto-organisationbon senscommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecourt termedétectionenfantsenseignementextraterrestreshard scienceinformatiquepollutionrecyclageréseausantésécuritéterrorismeuniverséducationémerveillement <p><em>The Sleepwalkers</em> attendra encore, en partie à cause de ce bon cru de mon journal scientifique favori. Comme d’hab’, <em>l’italique n’engage que moi</em>, et le romain vise le résumé objectif. Il est encore en kiosque.</p>
<p><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/e/espace-numerique-detail.php?art_id=34119&num=450"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_450.jpg" alt="pls_450.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>L’hygiène lumineuse</h3>
<p>Un article très concret et immédiatement applicable dans <em>Pour la Science</em>, ça change : le neurobiologiste Claude Grondier a mesuré <strong>l’influence des lumières bleues de l’électronique moderne sur notre sommeil</strong>. En résumé :</p>
<ul>
<li>c’est surtout la lumière bleue qui agit sur nos détecteurs ;</li>
<li>plus la lumière est froide, plus la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9latonine">mélatonine</a> (l’hormone du sommeil) est inhibée : performances cognitives et bien-être sont meilleurs (<em>Moralité : mettez vos ingénieurs et ouvriers sous les néons</em>) ;</li>
<li>les écrans à LED ont le même effet ;</li>
<li>trois heures de lecture sur tablette le soir retarde de plus d’une heure l’horloge biologique par rapport à la lecture sur livre (<em>ça doit expliquer pourquoi je me </em>réveille<em> le soir devant mon Mac</em>) ;</li>
<li>et non seulement l’endormissement est retardé, mais la qualité du sommeil s’en ressent (moins profond).</li>
</ul>
<p>Cas extrême : la station antarctique <a href="http://www.institut-polaire.fr/ipev/bases_et_navires/station_concordia_dome_c">Concordia</a>. Pendant les neuf mois d’hiver, le manque de luminosité provoque chez certains résidents un sommeil raccourci. Augmenter la lumière et l’enrichir en bleu a rallongé les nuits.</p>
<p>Chaque personne a un cycle propre, légèrement supérieur à 24 heures, recalé par la lumière. Chacun doit trouver sa propre « hygiène lumineuse » pour améliorer son sommeil. Pour la plupart des gens, un accès à la lumière solaire en journée sera suffisant, et il est un peu tôt pour traiter la dépression saisonnière par de la lumière bleue — on ne sait pas mesurer le dosage.</p>
<p>Un ado qui n’arrive pas à dormir le soir devra baisser la lumière en soirée, bannir l’électronique une heure avant de dormir, et éclairer au maximum le matin. Au contraire, quelqu’un qui s’endort en début de soirée se réveillera avec plus de lumière.</p>
<h3>Détection du radicalisme</h3>
<p>Avertissement de Gérald Bronner : <strong>la campagne de détection du radicalisme va noyer le ministère sous une avalanche de faux positifs</strong>.</p>
<p>Les djihadistes sont (heureusement) extrêmement rares. Même avec des symptômes supposés pertinents (méfiance, rejet, changements d’habitudes...), il y a aura inévitablement une part de faux positifs... multipliée par une population de plusieurs dizaines de millions. Quelques fous furieux vont donc être noyés parmi une mer de gens inoffensifs.</p>
<h3>Les routes de 5è génération</h3>
<p>Chemin muletier, voie romaine, macadam, autoroute... et à présent voie connectée, durable, automatisée, écologique, communicante, silencieuse, résiliente, bardée de capteurs... Bref, de la science-fiction au quotidien, qui démarre aujourd’hui.</p>
<p><em>Difficile de dire comment quelles options vont se développer, entre </em> les routes recouvertes de panneaux solaires pour alimenter les voitures ; celles bordées de pistes cyclables solaires ; les routes démontables, ou préfabriquées avec tuyauterie prête pour différents modes de transport et interconnexion à tous les réseaux ; les bitumes intégrant du caoutchouc pour le silence, ou de l’oxyde de titane contre la pollution ; les murs antibruit à structure fractale ; les caténaires pour alimenter des camions électriques ; à moins que l’induction ne soit favorisée ; etc.</p>
<h3>Cancer : ces cellules qui perdent le contact</h3>
<p>Les thérapies ciblées déçoivent un peu, car les tumeurs peuvent être très hétérogènes — et donc ne pas être la conséquence d’une unique mutation.</p>
<p>Une nouvelle piste de recherche concerne une cause possible de l’apparition du cancer : <strong>des perturbations dans la communication entre la cellule et son environnement mènerait à lui faire exprimer d’autres gènes qu’en temps normal</strong>. À l’inverse, il est connu que des cellules cancéreuses <em>in vitro</em> peuvent retrouver un fonctionnement normal une fois réimplantée à leur place. On parle donc plus d’épigénétique que de génétique.</p>
<p><em>Manifestement, cette théorie n’en est qu’au début, l’article ne parle pas encore de thérapie.</em></p>
<h3>La maîtrise de soi</h3>
<p>Après bien des études, ils est établi que <strong>les enfants qui ont la meilleure maîtrise d’eux-mêmes réussissent mieux</strong> et sont plus heureux. Il faut donc développer cette capacité par des jeux et activités.</p>
<p><em>Il est bon de savoir que le sens commun touche parfois juste.</em></p>
<p>Une importante remarque : <strong>l’entourage (les parents surtout) ont leur rôle</strong>. Un enfant aux parents imprévisibles ou menteurs ne saura développer un sens du long terme, et privilégiera les gains à court terme (« un tien vaut mieux que deux tu l’auras »).</p>
<p><em>Je me demande comment tout ça peut être transposé à une société, avec un État imprévisible, des agents économiques qui ne voient plus que le court terme, et comment on pourrait rééduquer cette société...</em></p>
<h3>Notre place dans l’univers</h3>
<p>(<em>Un article un peu longuet pour une idée simple.</em>) Selon le principe copernicien, notre monde est quelconque. Selon le principe anthropique, nous sommes à l’endroit exact et exceptionnel où la vie intelligente est possible.</p>
<p>Il faut concilier cela : nous sommes en fait dans un quelconque très moyen, ni trop chaud ni trop froid, dans une période encore active mais déjà calmée de l’histoire de l’univers, au sein d’un système solaire un peu atypique mais stable. C’est le principe d’équilibre, et la vie n’est ni rare ni fréquente.</p>
<h3>Art & fractales</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/fractales/JeremieBrunet-Treasure-pls_0450_delahaye_2.jpg" title="JeremieBrunet-Treasure-pls_0450_delahaye_2.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/fractales/.JeremieBrunet-Treasure-pls_0450_delahaye_2_s.jpg" alt="JeremieBrunet-Treasure-pls_0450_delahaye_2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Jean-Paul Delahaye expose le travail de <a href="http://bib993.deviantart.com/" hreflang="en">Jérémie Brunet</a>, spécialiste de l’art à base de fractales. D’où un questionnement sur la nature de l’art quand c’est un ordinateur qui calcule. Si la technique reste nécessaire, c’est bien un créateur qui fournit travail, imagination, génie, comme en photographie ou au cinéma.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jeremie_Brunet_L_art_fractal.jpg" title="Jeremie_Brunet_L_art_fractal.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jeremie_Brunet_L_art_fractal_s.jpg" alt="Jeremie_Brunet_L_art_fractal.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a><em>Encore un bouquin d’art sur ma liste de cadeaux potentiels. Ça fait longtemps que les fractales me fascinent : au lycée sur mon Atari 520 STF je calculais l’ensemble de Mandelbrot, et en DEA je cherchais un attracteur étrange dans de la coalescence de bulles...</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La <strong><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_de_Lyme">maladie de Lyme</a></strong> est une maladie sournoise, mal diagnostiquée, aux symptômes banals. Ça ne date pas d’hier : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi">Ötzi</a> en était malade.<br /><em>J’en arrive à ne plus être tranquille en forêt. Si vous attrapez une tique ou détectez une tache mouvante sur votre peau, consultez un médecin.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les chiens savent reconnaître les émotions de leur maître.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La quête de l’énergie sombre continue</strong>. Pour le moment des études sur le spectre des quasars permet de poser des contraintes sur une possible évolution du rapport des masses entre électron et proton (évolution donc indétectable depuis 12 milliards d’années), pour contraindre les modèles (« scalaires dits caméléon »).<br /><em>Je suis content que certains comprennent ce domaine.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a 70000 ans, <strong>une étoile double constitué de deux naines a frôlé notre système solaire à moins d’une année-lumière</strong>, et traversé le nuage de Oort, lequel a sans doute été peu perturbé. <br /><em>Heureusement, sinon nous aurions eu droit à une pluie de comètes. Je me demande combien de temps ce genre de perturbation met à se manifester, et dure.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>En creusant un peu, <strong>une planète comme <em>Dune</em> pourrait exister</strong>, par exemple une équivalente en taille de Mars, avec une atmosphère plus épaisse pour permettre une érosion suffisante.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les enfants surdoués ne sont pas plus anxieux que les autres</strong>. Ce serait même parfois le contraire.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-avril-2015#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/789Préférences pubs de Googleurn:md5:c52beb166726378d5f1ee32172a29edf2015-02-25T14:26:00+01:002015-02-25T14:27:06+01:00ChristopheGuerre au marketing <p>Découvert au fil d’<a href="http://www.heise.de/ct/ausgabe/2014-20-Datenschutz-Was-Dritte-ueber-uns-verraten-2307435.html?wt_mc=print.ct.2014.20.76#zsdb-article-links">un article de C’t</a> :</p>
<ul>
<li>Se connecter sur <a href="https://www.google.de/ads/preferences">https://www.google.de/ads/preferences</a> avec son compte Google (qui n’en a pas, à part les possesseurs d’iphone, même si ce n’est que pour y connecter son smartphone ?).</li>
</ul>
<ul>
<li>Voir le nombre effarant d’informations déjà connues Google (centres d’intérêt notamment) en espionnant votre surf depuis tablette et smartphone (il faut reconnaître que sur un téléphone, Firefox avec Ghostery et Adblock, c’est pas aussi simple que sur un PC).</li>
</ul>
<ul>
<li>Effacer ou désactiver le maximum de choses, notamment les annonces par centre d’intérêt (éventuellement dans les deux colonnes !).</li>
</ul>
<ul>
<li>Ne pas se faire d’illusion sur l’amélioration de la confidentialité de sa vie numérique ainsi obtenue.</li>
</ul>
<p>À savoir :</p>
<ul>
<li>La date de naissance la plus ancienne acceptée par Google est apparemment 1885. Discrimination envers les plus de 130 ans ? (Oui, je réponds n’importe quoi à ceux qui me demandent des informations qui ne les regardent pas.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Il existe aussi <a href="https://www.google.com/settings/dashboard">Google Dashboard</a> qui sait plein de choses...</li>
</ul>
<p>Au moins Google est-il un peu ouvert sur ces sujets. Plus généralement je reste partisan d’une taxation de toutes les données nominatives stockées (hors données très agrégées ou d’utilisation impérative comme la facturation, la livraison...) : cela mettrait un frein au stockage ; les requêtes de la CNIL seraient plus respectées car accompagnées d’une évocation de redressement fiscal. Certes, pas facile de contrôler le contenu d’une base en pratique, mais la publicité de l'existence et de la volumétrie de ces bases, plus une commission sur le redressement par un informaticien délateur (même sous-traitant indien) devraient faciliter les choses. Aucune idée sur ce que cela pourrait rapporter à l’État (quoique : une telle taxe sur les données de la NSA réglerait le problème de la dette dans plusieurs pays).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/preferences-pubs-de-Google#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/787« Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. »urn:md5:00b880a09f7f338d4b265bfb1fee3ea82015-01-08T22:41:00+01:002015-01-22T14:31:28+01:00ChristopheCitationsanalogiebon senscitationcivilisationcommunicationcourageculturecynismeguerreguerre saintehainehistoireintelligencejusticemèmeouverture d’espritpeine de mortperspectivepolitiqueprovocationpsychologieracléesignifiésociétés primitivesterrorismeéducation <blockquote><p>Derjenige, der zum erstenmal an Stelle eines Speeres ein Schimpfwort benutzte, war der Begründer der Zivilisation.<br /> <br />Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. <br /> <br />Attribué à Sigmund Freud</p></blockquote>
<p><a href="https://de.wikiquote.org/wiki/Diskussion:Sigmund_Freud#Noch_.27n_Zitat" hreflang="de">La source de cette citation reste douteuse</a> : raison de plus de garder la version française plus proche de la version anglaise qui coure sur le net (“<em>The first human who hurled an insult instead of a stone was the founder of civilization.</em>”) que de cette hypothétique version allemande originale qui parle plutôt de javelot.</p>
<p>Elle n’en reste pas moins douloureusement actuelle.</p>
<p>Elle commence très mal, mais bonne année à tous quand même.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-premier-homme-%C3%A0-jeter-une-insulte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/784“The Tawny Man” de Robin Hobb (suite de l’« Assassin Royal »)urn:md5:ed278cdb314b9ad5522dbb6016c170072014-12-04T22:09:00+01:002023-12-27T11:58:10+01:00ChristopheSur mes étagères alourdies <p>(Attention, je me réfère à l’édition en anglais, en trois épais tomes. Pour la correspondance avec le découpage en sept tomes dans l’édition française, un scandale en soi d’ailleurs, voir par exemple <a href="http://critiques-imaginaire.com/blog/le-cycle-de-lassassin-royal/">http://critiques-imaginaire.com/blog/le-cycle-de-lassassin-royal/</a> )</p>
<p>Après avoir dévoré <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">la trilogie des Farseer</a>, où Fitz, bâtard royal dans un monde de <em>fantasy</em>, s’en prenait plein la gueule et disait « pouce » à la fin ; après avoir englouti aussi avidemment la trilogie parallèle des « Aventuriers de la mer » (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Liveship-Traders-de-Robin-Hobb">Liveship Traders</a>) ; je me suis lancé avec délectation dans cette troisième trilogie de pavés dans le monde de Hobb.</p>
<p>C’est une suite à la première trilogie, les gens pressés pourront donc sauter la deuxième sans trop de problème, mais ils ne savent pas ce qu’ils perdent en références et en arrière-plan.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.TheTawnyMan_m.jpg" alt="TheTawnyMan.jpg" class="media-right" /></p>
<h3>Fitz is back</h3>
<p>Fitz reprend le rôle du narrateur. Quinze ans après avoir juré qu’on ne l’y reprendrait plus à risquer sa vie pour la dynastie des Farseer, Fitz est rappelé plus ou moins subtilement à la Cour. Le contexte politique l’exige : la Reine mijote un mariage royal pour faire la paix avec les envahisseurs simili-Vikings de la première trilogie, et la promise a un comportement bizarre ; des luttes internes déchirent les détenteurs du Vif (<em>Wit</em>), ce don qui mène droit au bûcher mais relativement répandu ; le royaume n’a plus de maître pour enseigner l’Art (<em>Skill</em>), la magie des Farseer, au jeune prince ; et autour de ce dernier rôdent des gens inquiétants.</p>
<p>Fitz n’étant plus un gamin, son retour au rang qu’il mériterait aurait eu l’effet d’un chien dans un jeu de quille, et de toute façon, littérairement, il valait mieux qu’il reste dans l’ombre : il ignore ainsi assez de choses pour continuer à faire des bêtises et se faire manipuler par tout le monde. Son rôle de simple valet de Lord Golden (nouvelle incarnation du Fou, délicieuse) sert de prétexte à nombre de quiproquos.</p>
<p>Parallèlement à son rôle de soutien de la dynastie des Farseers, il se retrouve à devoir gérer trois ados, alors qu’il n’est complètement le père d’aucun d’eux. Son statut de guerrier accompli ne pouvant plus mener à de grands développements (même s’il s’en prend encore plein la g…), c’est en tant que père qu’il angoisse — et se plante royalement. Avec les femmes, il n’a toujours fait aucun progrès. La routine, quoi, et c’est pour ça qu’on l’aime.</p>
<h3>Ça fonctionne toujours</h3>
<p>Comme pour les tomes précédents, impossible de les lâcher sans gros effort de volonté (l’actualisation de ce blog en a souffert). Les personnages sont tous fouillés, réfléchis, avec leurs failles, même les plus forts (Kettricken !). Et même si la plupart sont du même camp et sympathiques, leurs relations aigres-douces, de pouvoir et manipulations réciproques valent le détour.</p>
<p>Quelques scènes d’actions, rapides, rajoutent un peu de rythme, et une masse de détails réalistes sinon triviaux — le rendez-vous amoureux près des toilettes par exemple, ou les remarques sur la monotonie de la nourriture pendant l’expédition — donnent de la crédibilité entre deux lamentations du Fitz sur lui-même. Il y a toujours de la magie, utilisée de manière presque trop rationnelle à présent (et c’est un cartésien qui parle).</p>
<h3>Petites déceptions</h3>
<p>Je suis pinailleur et exigeant avec les œuvres que j’aime, donc je ne suis jamais content. L’histoire du premier tome met du temps à démarrer, mais l’exposition prend toujours son temps chez Hobb.</p>
<p>Même présentes, les histoires et relations de Fitz avec sa famille plus ou moins proche et d’autres personnages restent sous-exploitées. Quelques fils traînent, inutilisés (Rosemary !) et des scènes d’anthologie nécessitées par quinze ans d’absence, longtemps redoutées par Fitz et impatiemment attendues par les fans, passent tout simplement à la trappe. Ou se déroulent en son absence, à la grande frustration du lecteur. Hobb voulait peut-être épargner quelques raclées supplémentaires à son héros.</p>
<p>Frustrantes aussi les trop rares interventions de Tintaglia — oui, il y a encore des dragons. La Narcheska aurait mérité plus de dialogues avec son prince charmant, pour le côté fleur bleue. On n’était plus à cent pages près ; et à l’inverse trop de pages glissent sur la glace, ou s’appesantissent sur Thick. Mais contrairement aux autres trilogies, assez de pages sont consacrées à ficeler la fin.</p>
<p>Autre fausse note, certains artifices commencent à lasser : Fitz laisse dériver certaines situations sans réagir. Ou se résigne à mourir en faisant son devoir au moins une fois chaque tome. Ou cache des secrets à ses propres amis de manière assez irresponsables. Évidemment c’est le caractère du personnage et le non-dit a toujours été un des véritables ressorts du monde ; mais cette ficelle pour compliquer la situation commence à se voir. Hobb continue à torturer ses héros, et à les sortir des griffes de la mort <em>in extremis</em> (ou pas) de manière de plus en plus improbable.</p>
<p>La Grande Méchante du troisième tome pue le recyclage de thèmes de la première trilogie, alors que les intrigues du premier tome (nouvelles et internes aux Six-Duchés) passent à l’arrière-plan. Elles n’auraient peut-être pas suffi à remplir une trilogie — quoique.</p>
<h3>Thèmes</h3>
<p>Ce recyclage concerne aussi certains thèmes : la fidélité à la famille ou au devoir, aux traditions ou à l’avenir, à ses semblables discriminés ou à la société entière ; la manipulation par des apprentis dictateurs (plus faciles à vaincre cette fois) ; la capacité qu’a chacun de <em>choisir</em>.</p>
<p>Plus nouveaux : le choix entre différentes formes d’amour ; le rôle du père ; l’absence du père ; la nécessité de laisser les enfants refaire les erreurs de leurs parents ; la mort qui sépare les couples.</p>
<p>Bref, une lecture indispensable pour un adorateur, comme moi, du monde de Hobb ; mais avec la déception d’avoir été spolié de quelques scènes délectables ou tragiques.</p>
<p>(Et pour la suite, ce sera <em><a href="http://www.theplenty.net/wiki/index.php?title=Rain_Wild_Chronicles" hreflang="en">The Rainwild Chronicles</a></em>, tétralogie qui suit la deuxième trilogie. Quand j’aurais lu ça, peut-être Hobb aura-t-elle achevé la trilogie <em>Fitz and the Fool</em>, pour un total de 18 tomes de 500 à 900 pages. Miam.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Tawny-Man-de-Robin-Hobb#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/782Linux planté dans le métrourn:md5:e6c11bdc8627fb3476e466b82c9366e72014-11-01T20:28:00+01:002014-11-01T20:30:33+01:00ChristopheInformatique pratique <p>À une époque déjà reculée où les réseaux sociaux se résumaient à l’e-mail, il était de bon ton de poster les écrans d’aéroport, ou autres endroits publiques, affichant de magnifiques écrans bleus de Windows royalement plantés. (<em>Les sites où les images ont été pillées sont en lien.</em>)</p>
<p><a href="https://www.flickr.com/photos/9704498@N05/3383841393/"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/Windows_bleu_screen_GatwickAirport_20090314_Matt_Williams.jpg" alt="Windows_bleu_screen_GatwickAirport_20090314_Matt_Williams.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Et ce, encore récemment, jusque dans les occasions les plus publiques :</p>
<p><a href="http://gizmodo.com/5035456/blue-screen-of-death-strikes-birds-nest-during-opening-ceremonies-torch-lighting#c7158273"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/bsod_jo_2008.jpg" alt="bsod_jo_2008.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Cette mode a disparu pour diverses raisons :</p>
<ul>
<li>c’est rigolo au début, mais au centième plantage, ça lasse ;</li>
<li>ça rappelle trop le bureau ou la maison ;</li>
<li>Windows s'est quand même pas mal stabilisé depuis l’an 2000 ;</li>
<li>Windows 7 n’affiche presque plus d’écran bleu, il reboote ;</li>
<li>et souvent ce n’est que l’interface graphique qui pèche :</li>
</ul>
<p><a href="http://www.gizmodo.fr/2009/01/01/nous-interrompons-nos-programmes-avec-une-erreur-windows.html"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/windows-error-weather-gizmodo.jpg" alt="windows-error-weather-gizmodo.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Il n’y a pas eu que Windows. J’ai eu droit à un plantage en direct d’un OS/2 sur un distributeur de tickets de tram à Strasbourg, à une époque où mon téléphone n’avait pas d’appareil photo.</p>
<p>Et puis le mois dernier, à Paris, sur la ligne 4 je crois, je suis tombé là-dessus :</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/20141018_RAPTlinuxko-sml.jpg" title="20141018_RAPTlinuxko-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/info/20141018_RAPTlinuxko-sml.jpg" alt="20141018_RAPTlinuxko-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Oui, c’est un noyau Linux qui panique.</p>
<p>Deux questions :</p>
<ul>
<li>Linux est-il devenu instable ? (Et est-ce sa faute si, par exemple, un disque dur est mort ? <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Linux-plant%C3%A9-dans-le-m%C3%A9tro#pnote-781-1" id="rev-pnote-781-1">1</a>]</sup>)</li>
<li>Est-ce la rançon du succès, des Linux se retrouvant de nos jours absolument partout, même dans les endroits les plus improbables, au sein des Freebox, des téléviseurs, des briques Lego (EV3), et jusque dans le métro ?</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Linux-plant%C3%A9-dans-le-m%C3%A9tro#rev-pnote-781-1" id="pnote-781-1">1</a>] <em>On notera que pour Windows, on ne se pose même pas la question.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Linux-plant%C3%A9-dans-le-m%C3%A9tro#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/781« Pour la Science » d’octobre 2014 (II)urn:md5:29d6e6f570ce6726f2a1c409920f65282014-10-12T00:00:00+02:002015-01-12T10:25:33+01:00ChristopheScience et conscience <p><em>Suite du résumé du numéro d’octobre... (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-octobre-2014-I">partie 1 ici</a>)</em></p>
<h3>Houtermans</h3>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fritz_Houtermans" hreflang="en">Friedriech Houtermans</a> n’a pas eu de chance dans la vie : non seulement il fait partie de ces grands savants du XXè siècle inconnus du grand public (la compréhension de la fusion au centre du soleil ou l’âge de la Terre à 4,5 milliards d’années, c’est en partie lui) qui ont raté de peu de grandes découvertes (le laser).</p>
<p>Mais sa vie est un long calvaire : juif et communiste dans l’Allemagne d’avant-guerre, il doit émigrer avec sa famille dès 1933, et finit par diriger un laboratoire de physique à Kharkov. Quand la terreur, stalinienne cette fois, frappe, il ne peut s’échapper et finit torturé par le NKVD. Il ne reverra pas sa femme et ses enfants avant très longtemps.</p>
<p>Les Soviétiques le livrent à la Gestapo dans le cadre du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_germano-sovi%C3%A9tique">Pacte germano-soviétique</a>. Ses compétences et amitiés chez les savants allemands lui sauvent encore la vie. Mais il doit travailler notamment sur <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Uranprojekt" hreflang="de">la bombe atomique allemande</a>.</p>
<p>Après guerre, tenu à la fois pour un espion soviétique et un nazi, il doit encore à Heisenberg de retrouver du travail en Allemagne ; puis il termine sa carrière en Suisse.</p>
<h3>Spéculations cosmique</h3>
<p>Ce mois-ci Jean-Paul Delahaye part en vrille, et évoque le vertigineux <em><a href="http://hplusmagazine.com/2014/05/14/a-detailed-overview-of-clement-vidals-the-beginning-and-the-end-part-1/" hreflang="en">The Beginning and the End: The Meaning of Life in a Cosmological Perspective</a></em> de
<a href="http://clement.vidal.philosophons.com/" hreflang="en">Clément Vidal</a>. (<em>Snif. Un livre en anglais quand l’auteur est manifestement français...</em>)</p>
<p>La vie est-elle condamnée à disparaître à très long terme par les lois de la physique (entropie, expansion indéfinie de l’univers, mort du photon...) ? S’ensuivent toutes les possibilités plus ou moins envisageables selon la science moderne pour prolonger notre existence : les sphères de Dyson, le multivers, la sélection naturelle des univers qui explique à la fois la présence des trous noirs et le paramétrage fin de notre univers. Je connaissais l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Kardashev#Cat.C3.A9gories_d.C3.A9finies_par_Kardashev">échelle des civilisations de Kardashev</a> selon le niveau d’énergie qu’elles maîtrisent, j’ai découvert celle de Barrow, en fonction de la taille des objets fondamentaux maîtrisés (nous arrivons au stade Ⅱ avec la génétique ; au Ⅵ nous créerions n’importe quoi à base de quarks ; à vous d’imaginer la suite). Et ce n’est que le début.</p>
<p>L’article n'est qu’un frustrant avant-goût : encore un pavé à rajouter dans la liste des bouquins à lire...</p>
<p><em>Dans le même registre, je voulais chroniquer depuis longtemps </em><a href="http://leslecturesdecyril.blogspot.fr/2012/04/voyages-dans-le-futur-laventure.html">Voyages dans le futur</a> de Nicolas Prantzos, tout aussi vertigineux, et sans doute plus accessible.''</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Enfin <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maryam_Mirzakhani">une femme lauréate d’une médaille Fields</a>, le Nobel de maths. <em>Et issue d’un pays pas franchement féministe par-dessus le marché. L’Iran est frappante par le contraste conservatisme religieux/excellence universitaire féminine.</em><br />À part <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Artur_%C3%81vila">un Franco-Brésilien parisien</a>, tous les lauréats travaillent dans des universités anglo-saxonnes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Après un demi-millénaire de recherches, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Conjecture_de_Kepler">la conjecture de Képler</a>, portant sur l’empilement optimal des oranges, est enfin démontrée rigoureusement.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le Soleil est stable depuis cent mille ans : en comparant les neutrinos (conçus au cœur du Soleil huit minutes avant leur détection) et les photons (qui ont mis cent mille ans à atteindre la surface et huit minutes à nous arriver), on a vérifié que les flux étaient très proches.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-octobre-2014-II#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/779« Pour la Science » d’octobre 2014 (I)urn:md5:76360a0f97a897c380b510393fe603742014-10-10T16:55:00+02:002015-01-12T10:38:53+01:00ChristopheScience et conscience <p>Petit numéro, plus par la viande qui manque autour des sujets que par les sujets eux-mêmes. <em>Comme d’habitude, les remarques purement perso sont en italiques.</em></p>
<h3>Gaz de schistes</h3>
<p><a href="https://www.cne2.fr/index.php/commission/membres/special/123-pijaudier-cabot">Gilles Pijaudier-Cabot</a>, chercheur, parle longuement des gaz de schiste. En résumé :</p>
<ul>
<li>Le prix du gaz a chuté aux États-Unis grâce aux gaz de schiste, et contribué à une réindustrialisation (pétrochimie). Les États-Unis redeviennent exportateurs.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans le monde, les réserves seraient d’un tiers du gaz exploitable. En France et en Europe les possibilités sont très aléatoires (facteur 100 d’incertitude !), et les Polonais ont pas mal déchanté.</li>
</ul>
<ul>
<li>En France, la situation est bloquée car l’État délivre les permis, et toute entreprise qui chercherait à explorer voudra forcément rentabiliser son investissement en exploitant. L'exploration du sous-sol est au point mort. On pourrait tout de même chercher tout de suite où les installations de surface polluantes seraient acceptables ou non.</li>
</ul>
<ul>
<li>La pollution directe ne devrait pas être un problème : la technique consiste à injecter de l'eau entre 1000 et 2000 mètres de profondeur alors que les nappes sont autour de 100 mètres... à condition que les puits soient étanches, ce qui coûte cher ! <br />De même, l’eau récupérée doit être dépolluée et traitée : cela réclame beaucoup d’installations et de place. Il ne doit pas y avoir de fuite de méthane, si les bonnes pratiques sont respectées.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le risque sismique (affaissement de roches) est faible mais réel, comme dans l’exploitation traditionnelle. On n’a pas encore de recul sur l’impact de toute l’eau ajoutée en profondeur, qui y reste en bonne partie, et qui pourrait modifier le comportement de la roche, dans des décennies.</li>
</ul>
<ul>
<li>Se rappeler que le gaz naturel génère moins de dioxyde de carbone que le charbon.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans les recherches en cours, l’amélioration, la compréhension et la fiabilisation de la technique de fracturation actuelle prime sur la recherche d’alternatives.</li>
</ul>
<h3>Décryptage du cerveau</h3>
<p>La une est réservée à cet article sur l’exploration du cerveau, et les techniques en développement : imagerie par ADN, analyse des monstrueuses masses de données générées... <em>Il manque un peu de recul.</em></p>
<h3>Gaz galactique</h3>
<p>On sait enfin modéliser la formation des étoiles au sein d’une galaxie. Tâche difficile, car les phénomènes se jouent à plusieurs échelles différentes. Au final, le gaz se contracte à cause de la gravité, et se redisperse à cause du vent de particule des étoiles.</p>
<h3>Épidémies 2.0</h3>
<p>La spectrométrie de masse appliquée à l’ADN couplée à des bases de données permet de créer des détecteurs de pathogènes rapides et efficaces. L’auteur prêche pour la mise en place d’un réseau de détecteurs dans les hôpitaux, qui permettrait de détecter bien plus vite une épidémie, une attaque bioterroriste ou une contamination grave. Quelques dizaines de millions de dollars d’investissement en économiserait des milliards.</p>
<p>J’ai découvert là l’« effet entonnoir » : les patients sérieusement atteints se dirigeant d’eux-mêmes vers les urgences, où les médecins peuvent rapidement sélectionner les cas suspects. Au final, très peu de détecteurs dans les hôpitaux couvrent une très large population.</p>
<h3>Pyramides de Ponzi dans l’économie</h3>
<p>(<em>Article extrêmement frustrant qui manque d’exemples et de développement</em>) Ponzi comme Madoff payaient les intérêts à leurs premiers clients avec le capital des derniers pigeons ; cette escroquerie existe depuis une éternité. Un tel système s’écroule fatalement un jour. Hors cette structure de pyramide se retrouve dans nombre de domaines, alimente des bulles spéculatives, voire peut s’avérer un modèle économique.</p>
<p>Une bulle financière se rapproche d’un système de Ponzi « naturel », où l'anticipation joue le premier rôle (exemples : l’immobilier à bien des périodes, la bulle autour de l’or récemment...). Il suffit que certains achètent juste parce qu’ils estiment qu’un bien va prendre de la valeur.</p>
<p>Des entreprises légitimes en difficulté, voire des gouvernements, pariant un peu trop sur l’avenir, en viennent parfois à un système de pyramide. Difficile de lutter contre cela sans effet sur les activités saines.</p>
<p>Offrir des stock options pour compenser un salaire bas ne fonctionne que pour les entreprises en croissance rapide, dont la chute peut être brutale quand les dettes s’accumulent.</p>
<p>Légiférer n'est pas si facile : une entreprise peut démarrer de manière très aventureuse puis, avec de la chance et du talent, stabiliser sa croissance. La règlementation est de plus en plus complexe.</p>
<p>Le syndrome du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Too_big_to_fail">too big to fail</a></em> n’aide pas : la pérennité de la pyramide est garantie pour les plus gros bonnets, au dépens du contribuable !</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-octobre-2014-II">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-octobre-2014-I#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/778Strasbourg-Marseilleurn:md5:f4aec2ecd958cc7ccf24605db47747a62014-09-21T23:00:00+02:002014-09-21T23:00:00+02:00ChristophePhoto <p>Il y a quelques petites compensations à se lever très tôt pour aller prester quelques heures à Marseille : un lever de soleil sur une mer de nuages.</p>
<p>Ce qui suit n’est pas si mal, pour des photos prises à main levée au travers d’un hublot sale, avec un smartphone de trois ans d’âge, et une maîtrise de <a href="http://www.darktable.org/" hreflang="en">Darktable</a> de seulement quelques heures. J’espère <a href="http://annelaurejacquart.com/tag/retouchez-vos-photos-pas-a-pas/">améliorer ça bientôt</a>.</p>
<p>Le troisième cliché, décliné en trois versions, me laisse perplexe : quelle est la plus proche de mon impression originelle ? Ce que capture un appareil photo n’a pas forcément grand-chose à voir, et la post-production (interne à l’appareil ou volontaire sur ordinateur) peut en faire n’importe quoi.</p>
<p>Au retour le soir même, la pleine Lune éclairait des nuages traversés épisodiquement par des éclairs : impossible à immortaliser.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_070719-b3-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_074119-nb2-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_074119-nb2-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_074119-nb2-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_074119-nb2-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-nb1-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_075300-nb1-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-nb1-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_075300-nb1-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-s2-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_075300-s2-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-s2-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_075300-s2-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-s3-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_075300-s3-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075300-s3-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_075300-s3-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075756-s2-sml.jpg" title="SXB-MAR-20140909_075756-s2-sml.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/photos/20140909-SXB-MAR/SXB-MAR-20140909_075756-s2-sml.jpg" alt="SXB-MAR-20140909_075756-s2-sml.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Strasbourg-Marseille#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/777« Guerres & Histoire » n°20 d’août 2014 : qui a eu la peau de la Wehrmacht ? et le C-130 Herculesurn:md5:597db747fca5971493946d301b7d598f2014-09-03T22:55:00+02:002014-09-08T21:23:29+02:00ChristopheHistoireAllemagneautodestructioncatastrophecommunismeEmpire soviétiqueEuropeguerrehistoireLibérationlogistiquenationalismeorganisationRussieSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unisévolution <p>« Alliés ou Armée rouge : qui eu la peau de la Wehrmacht ? » : voilà un titre bien vendeur, comme si la défaite du Reich n’était dû qu’à l’un ou l’autre (et sans qu’aient pesé les combats en Italie ou dans les airs au-dessus de l’Allemagne). Le texte est plus sérieux (et ne répond pas à la question d’ailleurs). Un autre article s’étend sur l’increvable avion de transport (et plus) C-130 Hercules.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_20.jpg" title="GuerreEtHistoire_20.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerreEtHistoire_20_m.jpg" alt="GuerreEtHistoire_20.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Overlord et Bagration : la tenaille</h3>
<p>La France a été libérée par les Anglo-Saxons à la suite du Débarquement de Normandie, et des combats se sont déroulés chez nous, il est donc normal que nous nous souvenions mieux de ces événements que de « Bagration », offensive soviétique lancée à peu près au même moment. La synchronisation des deux attaques date de la conférence de Téhéran de 1943, moment où Churchill doit abandonner sa stratégie « périphérique » (Italie, Balkans...) face aux Américains qui veulent foncer sur la Ruhr.</p>
<p>Le résumé d’Overlord n’apprend rien de neuf, et résume que la préparation de cette opération effroyablement complexe a été exemplaire, y compris les volets sur l’intoxication de l'ennemi (Fortitude...), et l’exécution en général saine.</p>
<p>À l’est, Staline et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> veulent profiter à fond de l’effet Overlord, et montent une opération bien plus ambitieuse que les précédentes. Ou plus exactement, suivant l’art soviétique de la guerre, une cascade d’opérations, de la Finlande à la Roumanie. Bagration, sur l’axe central en Biélorussie, n’est que la plus notable. Staline veut récupérer le maximum de territoires : sa paranoïa lui fait craindre un renversement d’alliances, notamment si Hitler est renversé. Le but ultime (atteint) est le passage de la Vistule, avec la moitié ouest de la Pologne et l’Allemagne en perspective.</p>
<p>Bagration et consorts alternent les attaques sur différents fronts, attirant les blindés allemands là pour attaquer ailleurs. Les Soviétiques, saignés pendant la guerre, compensent des effectifs plus réduits par une expérience croissante et surtout une écrasante supériorité en matériel (en partie américain). Les Allemands doivent lancer leurs réserves en France et ne peuvent résister.</p>
<p>L’effondrement du groupe d’armées Centre (Biélorussie) signe la pire catastrophe de l’histoire de la Wehrmacht, marquée par des paniques rarement vues jusque là. Hitler, fidèle à lui-même, retarde au maximum des retraites qui auraient permis de raccourcir le front. Le rouleau compresseur est lancé, il progresse sur des centaines de kilomètres, dépasse les frontières soviétiques de 1941, entre dans les Balkans, pour ne s’arrêter qu’à Varsovie. Les Allemands perdent un million d’hommes à l’est entre juin et fin août 1944. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Model">Model</a>, brillant tacticien envoyé par Hitler de la Biélorussie à la Normandie, ne peut que limiter les dégâts, mais porte des coups rudes aux unités trop avancées (Arnhem, Varsovie...).</p>
<p>Les Alliés exploitent à fond leurs deux percées : à la fin de l’été 1944, Hitler a perdu la France, la Belgique, la moitié de la Pologne et de la Grèce, quasiment tous les États baltes ; la Finlande, la Roumanie et la Bulgarie ont changé de camp ; les Soviétiques sont même entrés en Prusse orientale.</p>
<p>Mais après soixante-dix jours, quasiment simultanément en septembre 1944, Russes et Américains arrivent au bout de leur logistique après avoir libéré des pays aux ports et réseaux routiers et ferroviaires ruinés, et vont donner aux Allemands le temps de se ressaisir pour leurs dernières offensives.</p>
<p>Un article termine sur le complot du 20 juillet contre Hitler : son échec, au moment où la situation militaire est catastrophique sur deux fronts, soude le pays autour du Führer, renforce la répression, et élimine la résistance. La peur de la défaite, des Russes, d’une révolution communiste permettent au nazisme de tenir l’Allemagne plus que jamais. La seule issue est l’anéantissement.</p>
<p>Au passage, je signale <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/2014/07/jean-lopez-operation-bagration-la.html">cette page</a> sur le livre <em>Bagration</em> de Jean Lopez (auteur principal des articles résumés ici, et directeur de <em>Guerre & Histoire</em>), où <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/p/lauteur-du-blog-stephane-mantoux.html">Stéphane Mantoux</a> trouve de nombreux trous dans la bibliographie et fait de nombreuses remarques sur tel ou tels point. Manifestement il y a un contentieux entre lui et Jean Lopez, je ne peux juger, je note que le livre est au moins une bonne compilation, et lisible, des recherches issues d’autres langues.</p>
<h3>C-130</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/.RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek_m.jpg" alt="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg#mediaviewer/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg" /></a></p>
<p>C’est un nom mille fois entendu ou lu : le C-130 Hercules est la bête de somme multifonction de nombre d'armées. L’<a href="http://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-pnote-754-4">ouranocratie</a> américaine repose au moins autant sur cet avion de transport pas très <em>sexy</em> que sur les avions de chasse.</p>
<p>Soixante ans après sa conception, on le produit encore, évidemment remis au goût du jour et décliné en d’innombrables versions. Les avions conçu pendant la guerre avaient montré leurs limite pendant le pont aérien sur Berlin notamment, et l’Air Force avait commandé un avion conçu d’emblée comme militaire (et non une déclinaison militaire d’un avion civil), capable de remplir de nombreuses missions différentes.</p>
<p>Lockheed créa alors un avion « bien conçu, mais pas révolutionnaire ». Bref, une merveille d’ingénierie bien pensée. Par exemple, la fameuse rampe arrière permet de débarquer du matériel (parfois sans atterrir !) ou de larguer des parachutistes. Les ailes sont hautes et les trains d’atterrissage rangés dans des nacelles pour dégager la cabine. Il se contente de peu pour décoller et atterrir : c'est le plus gros appareil à avoir apponté et redécollé d’un porte-avion ! Et l’autonomie est respectable.</p>
<p>Transport de troupes, de matériel, parachutages, ravitaillement en vol, bombardier d’eau civil, lance-drone, batterie d’artillerie volante... : il fait tout. Et partout : c’est un énorme succès commercial (y compris en Iran, en Inde ou en France, qui l’utilise pour l’intervention au Mali).</p>
<p>Bref, un coucou qui volera encore un siècle après sa conception !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Sinon dans ce numéro :</p>
<ul>
<li>Un ancien pilote vietnamien raconte comment il a descendu un Phantom américain en 1972... et comment il a retrouvé l’un des pilotes et est devenu son ami. Quelque part, c’est totalement surréaliste.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pendant l’évolution de l'espèce humaine, la face se serait aplatie pour mieux encaisser les coups de poings, au moment où la main devenait un poing bien percutant. Le mythe du bon sauvage en prend encore un coup. Nous descendons donc de ceux qui encaissaient — et donnaient — le mieux les coups. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="http://www.dinosauria.org/blog/2014/06/26/le-cassage-de-gueule-est-il-aux-origines-de-lhumanite/">une grosse objectction ici</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Des photos des guerres balkaniques en 1912-1913 : un avant-goût de la Grande Guerre, y compris tranchées sur front bloqué, mitrailleuses et artillerie, qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des grandes puissances sur ce qui les attendait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les généraux sudistes n’étaient pas forcément meilleurs que ceux du Nord. Cependant, la culture aristocratique au Sud favorisait le métier des armes, et une bonne partie des officiers était donc sudiste, du moins au début.</li>
</ul>
<ul>
<li>La plupart des Français évacués à Dunkerque en 1940 étaient revenus en France avant même l’armistice : ils n’étaient donc pas « disponibles » pour de Gaulle.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-20-la-peau-de-la-Wehrmacht-C130-Hercules#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/776« Pour la Science » d’août 2014 : généalogie des mythes, Anthropocène, indécidabilité & complexité, supernovaurn:md5:b7ac9d317d9eb63bd9bc86e69b73c4d92014-08-18T00:00:00+02:002014-08-18T00:00:00+02:00ChristopheScience et conscience <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_442.jpg" alt="pls_442.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Espérons que les kiosques le présenteront encore quand je publierai ceci. Pour une fois, je vais tenter de faire court. <em>Avis personnels en italique comme d’habitude.</em></p>
<h3>La généalogie des mythes</h3>
<p>En cataloguant les mythes de nombreux peuples, Julien d’Huy a trouvé des liens très surprenants, et constitué un arbre phylogénétique qui recouvre bien ce qu’on sait des migrations humaines anciennes.</p>
<p>Un grand classique : la Chasse Cosmique. Le mythe grec de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Callisto_%28mythologie%29">Callisto</a> transformée en Grande Ourse a des équivalents un peu partout dans le monde, y compris chez les Indiens d’Amérique, mais pas en Papouasie ou Australie : ce mythe daterait donc d’avant la conquête de l’Amérique. Julien d’Huy esquisse même un rapport (discutable) avec certaines scènes de la grotte de Lascaux.</p>
<p>Pour prouver tout cela, il a fallu décomposer les légendes en « mythèmes » élémentaires, montrer les divergences progressives, traquer les chaînons manquants, et appliquer des algorithmes utilisés à l’origine pour tracer la diffusion des gènes.</p>
<p>Exemple frappant : l’évolution du conte de Cendrillon, méconnaissable il y a 4000 ans au Moyen-Orient (une vache est tuée par une marâtre et devient un arbre nourricier !), devenu celui que nous connaissons vers l’An Mil en Scandinavie, en passant les Balkans dans l’Antiquité (une jeune fille peut aller au bal grâce à l’arbre nourricier).</p>
<p>Ulysse a échappé au Cyclope en se cachant sous les moutons de son troupeau sortant de la grotte : une version existe en Amérique, où deux compagnons enfermés échappent à Corbeau en se cachant sous des bisons. Le mythe de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pygmalion_et_Galat%C3%A9e">Pygmalion</a>, sous diverses variantes, semble aussi universel.</p>
<h3>L’Anthropocène</h3>
<p>L’historien des sciences J.-B. Fressoz explique ce qu’est l’<strong><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropoc%C3%A8ne">Anthropocène</a></strong>, c’est-à-dire l’ère géologique actuelle, marquée d’abord par l’homme avant même la nture. Cette ère n’est pas encore reconnue par les définitions officielles internationales qui nous situent encore dans l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Holoc%C3%A8ne">Holocène</a>.</p>
<p>Le début pourrait en être la Révolution Industrielle (à partir de 1750), et les marqueurs géologiques majeurs seraient bien sûr l’explosion du taux de CO2, mais aussi de bien d’autres gaz, parfois absents auparavant comme les CFC ; puis l’évolution climatique accélérée actuelle ; et enfin les extinctions d’espèces massives ; mais aussi la perturbation du cycle de l’eau (drainages, barrages...), de l’azote (pollutions, engrais), et même du phosphore !</p>
<p>La perspective est intéressante : nous en sommes arrivés là d’abord par un système inégalitaire, les nations dominantes des deux derniers siècles (Grande-Bretagne et États-Unis au premier chef) accaparant les ressources de leur empire. La France y a participé aussi, à un coût moindre en émissions.<br /> <br />L’Anthropocène n’était pas inéluctable. Une bonne partie des émissions est due à un système basé sur le pétrole, lequel a été (<em>et est encore...</em>) encouragé par des intérêts pétroliers. Une publicité de 1892 pour un chauffe-eau solaire est fascinante : c’est l’électrique qui l’a tué. Les canaux ont été remplacés par le chemin de fer, les lampes à huile par les lampes à gaz, les millions d’éoliennes américaines de 1900 par l’électrification rurale, les tramways par la voiture (des lignes ont été rachetées pour être fermées...), les banlieues « rouges » concentrées par des banlieues périurbaines très étendues. (<em>NB : ne pas y voir </em>systématiquement<em> une volonté délibérée derrière. La recherche d’un profit ponctuel, l’efficacité économique à l’échelle de quelques années, la recherche de tous du confort et d’un meilleur cadre de vie expliquent une bonne partie de tout cela sans recourir à des théories de la conspiration comme seul moteur.</em>)</p>
<p>Les alertes environnementales sont aussi anciennes, par exemple à propos de la déforestation (<em>et on pourrait noter que le problème, en Occident, a été en partie résolu... et grâce au charbon !</em>), ou même de l’industrie de l’époque (dans les cahiers de doléances de 1789 !). Si la science de l’époque se trompait, la conscience du danger existait.</p>
<p>Bref, la manière dont nous sommes entrés dans l’Anthropocène doit nous donner une idée sur les leviers à activer pour en réduire l’impact. (<em>C’est pas gagné...</em>)</p>
<h3>Indécidabilité et complexité</h3>
<p>L’article de Jean-Paul Delahaye se situe à la limite de mes capacités de compréhension, catégorie vertigineux. Depuis Gödel, on savait que tous les théorèmes n’étaient pas démontrables, quelques axiomes que l’on rajoute. Il semble qu’une bonne partie de l’incomplétude puisse être comblée (au moins pour les besoins pratiques, du genre de tous les théorèmes « pour tout x, on a telle propriété », conjectures de Goldbach et Riemann comprises) en rajoutant un certain nombre (parfois aléatoire, potentiellement infini...) d’axiomes liés à la complexité de Kolmogorov des suites finies.</p>
<p>La complexité de Kolmogorov correspond au plus petit programme nécessaire pour écrire une suite de chiffres. La complexité d’un milliard de zéros est ridicule, celle de π est très faible (il existe des programmes très courts), celle d’une suite aléatoire est proche de la longueur de la suite, et la majorité écrasante des suites ont une grande complexité.</p>
<p>Philosophiquement : « ce qui manque dans une théorie formalisée, c’est essentiellement de l’information sur la complexité et le hasard ».</p>
<p><em>Je n’ai pas fouillé la bibliographie pour les applications en psychologie (!!). Et non, je n’ai pas tout compris. Il y a des choses qui sont assez merveilleuses pour qu’on ne cherche pas à creuser plus.</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>New York serait la ville la plus écologique des États-Unis, en terme d’émissions de CO2, et le bucolique Vermont est de ce point de vue catastrophique. En effet, concentration urbaine signifie transports en communs efficaces et chauffage plus économe. S’éloigner des villes est la pire décision écologique qui soit... (<em>Du moins en gardant le mode de vie actuel avec les technologies présentes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les Tibétains ont hérité de gènes des hommes des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hominid%C3%A9_de_Denisova">Denisova</a>. <br /><em>Après les Européens qui descendent de Néandertal, voici une preuve de plus que l’arbre généalogique de l’homme est touffu et complexe. Et vus les gènes de certains ancêtres du côté de ma belle-famille, mes enfants descendent probablement des Denisova </em>et<em> des Neandertaliens.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Des images de filaments liquides visqueux qui s’empilent me rappellent bien des souvenirs de DEA.</li>
</ul>
<ul>
<li>La « course aux armements acoustique » décrit le sonar des chauve-souris et des cétacés, et les contre-mesures des papillons de nuit (<em>le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_Martin_F-117_Nighthawk">F117</a> n’a pas inventé la furtivité !</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Les astronomes attendent la prochaine supernova galactique (proche) avec impatience. Les neutrinos, émis peu avant l’explosion, annonceront peut-être l’événement assez tôt pour que les télescopes soient pointés à temps. En 1987, la première supernova observée dans notre galaxie depuis que le télescope existe avait permis de valider cela. Les détecteurs sont prêts à lancer l’alerte, en espérant que ce sera plus demain que dans un siècle.<br /> <br />(<em>Rappelons que le fait que l’on puisse comprendre l’explosion d’une supernova, phénomène hors norme où toutes les sciences se trouvent rassemblées, constitue un des plus grands prodiges de la science moderne, et la preuve de sa cohérence.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La paléontologie est en partie une affaire de chance, on creuse parfois sans rien trouver. La détection des sites fossilifères par satellites, en fonction de signatures spectrales bien particulières et avec l’aide de réseau de neurones, dans chaque type de terrain, pourrait économiser énormément de temps aux chercheurs. Premiers tests réussis dans le Wyoming.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dernière estimation du nombre de planètes dans la galaxie : entre 100 milliards et 2000 milliards ! Dont des dizaines de milliards de super-Terres en zone habitable...</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2014#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/774Fin de karmaurn:md5:09f284136f0761d0e8e8cb576546933a2014-07-29T14:00:00+02:002023-12-27T11:58:15+01:00ChristopheInformatique pratique <p>Il y a sept ans je faisais l’acquisition de deux machines de bureau HP d’occase, construites avant la fin du millénaire dernier, destinées à servir comme serveur de mail/sauvegarde/VPN/versioning/web/juge Diplomacy… au sein de mon placard, la deuxième machine servant de remplaçant à la première. Vu le tarif, elles m’ont plus coûté en électricité qu’en matériel.</p>
<p>Deux machines semblent un luxe, mais cela permettait de mutualiser les composants et de remplacer très vite la machine défaillante. L’une a donc vampirisé disque et mémoire (256 Mo au total, ouaouh !) de la seconde, et vécu deux ans dans un placard avant de migrer dans la cave de la maison. À son décès, une partie de son silicium a rejoint son clone qui a vaillamment pris la relève. « Karma » je l’avais appelée, ne me demandez pas pourquoi.</p>
<p>Elles en ont vues, des versions de Debian, ces machines : Sarge, Etch, Lenny, Squeeze. Je crois me souvenir qu’il y a eu une réinstallation de zéro au milieu à cause d’un décès de disque dur. Mais à chaque itération le nombre de paquet augmentait, et chaque <code>aptitude update ; aptitude safe-upgrade</code> prenait plus de temps.</p>
<p>Pendant ces années le monde, la technologie et mes besoins changeaient. Ma bureautique passait sur Mac, et l’ancien <em>desktop</em> Linux plus puissant (<em>dual core</em> !) migrait dans une cave où je n’avais jamais le temps de me réfugier, reprenant de plus en plus le rôle de serveur. Les services finalement ont tous migré sur cette dernière machine, ou disparu, faute de besoin réel, de curiosité ou de temps. Les machines virtuelles sont devenues enfin pratiques sous Linux (KVM), mais inutilisables sur Karma. Dans mon infrastructure personnelle les contraintes tournaient à présent autour de la consommation électrique, du choix entre service hébergé (d’un prix à présent ridicule) et auto-hébergé (limité en bande passante), et de la réduction du temps de maintenance (finie <a href="http://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/09/19/14-je-suis-passe-a-free">l’époque héroïque où je compensais la nullité de Cybercable en gérant domaine et serveur de mail chez moi</a>) .</p>
<p>La technologie continuait de galoper, et le pauvre karma, incapable d’évoluer en RAM, limité à des disques IDE trop petits et à présent hors de prix, devenait de moins en moins utile. Mon <a href="http://raspberrypis.net/">Raspberry Pi</a>, tellement peu cher que ce fut un achat d’impulsion, a un peu plus de puissance de calcul — mais pas de carte Gbit ni de mémoire de masse, ok. Le présent site tourne sur la machine virtuelle la plus minimaliste que vend <a href="https://www.gandi.net/hebergement/serveur/prix">Gandi</a>, avec dix fois plus de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/BogoMips">bogomips</a> et cent fois plus de bande passante — mais moins de disque et hors de mon réseau.</p>
<p>Est arrivé ce qui devait arriver : l’existence de karma, encore fonctionnel, ne peut plus se justifier, surtout s’il coûte du courant, surtout s’il prend une étagère dans une cave totalement saturée. Mon manque de temps chronique et ma procrastination naturelle n’ont fait que repousser l’inéluctable agonie. La fin de Squeeze força les choses, la machine était en général éteinte depuis l’automne.</p>
<p>J’ai récupéré les dernières données hier, et éteint définitivement karma. L’étagère va être libérée pour du stockage quelconque. J’ai du mal à jeter, donc je garderai sans doute karma quelque temps, au cas où quelqu’un ait besoin d’un disque dur IDE un jour.</p>
<p>Tous les PC n’ont pas la chance de servir quatorze ans.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fin-de-karma#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/773« Rêves de gloire » de Roland C. Wagnerurn:md5:914631f8e7dbe13b9edc5319b1d6460d2014-06-21T16:32:00+02:002019-09-01T17:37:54+02:00ChristopheTemps et transformationsuchronie <p>Il n’y a pas des tonnes d’uchronies françaises de haute volée. La <a href="http://www.scifi-universe.com/critiques/4853/la-trilogie-de-la-lune-la-lune-seule-le-sait-1-2000-jules-l-anarchiste">trilogie de la Lune</a> de Johan Heliot restait assez utopique et légère. J’ai récemment parlé ici de deux autres, sympathiques mais manquant d’ampleur : <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Françatome-de-Johan-Heliot">Françatome</a></em>, toujours d’Heliot, et le <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel">Dernier des Francs</a></em> de Michel Pagel. Enfin, les deux tomes déjà parus de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continué-la-guerre">La France continue la guerre</a></em>, fouillés et passionnants, ne relèvent pas de la littérature.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/RolandCWagner-R%C3%AAve_de_Gloire.jpg" alt="RolandCWagner-Rêve_de_Gloire.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />La dernière œuvre <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/R%C3%AAve-de-gloire-de-Roland-C.-Wagner#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> de <a href="http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/08/14/roland-c-wagner-une-vie-de-musique-et-de-science-fiction_1745939_3382.html">Roland C. Wagner</a> relève brutalement le niveau. Le pavé pèse son poids, le monde est vaste, le sujet original, le style travaillé. Le point de divergence est flou : il est antérieur à l’assassinat de De Gaulle en 1960. Par exemple, von Braun va travailler non pour les Américains comme dans la réalité, non pour les Français comme dans <em>Françatome</em>, mais pour les Soviétiques (et Béria !), d’où une course à la Lune différente, et une Guerre Froide qui évolue différemment, ce qui aura son importance pour Alger.</p>
<p>Car c’est à Alger que tout va se passer, une Alger restée française après l’indépendance de l’Algérie, transformée en <em>melting-pot</em> où vont se retrouver les <em>vautriens</em>, version française des <em>hippies</em>, une ville d’Alger qui en 1977 proclame purement et simplement son indépendance... et la Commune.</p>
<p>Mais Alger n’est qu’un arrière-plan, terriblement important, et un point de convergence des nombreux fils narratifs. Ceux-ci concernent un nombre mal défini de personnage souvent secondaires, Algériens, Français et Algérois, rarement nommés, dont les histoires évoluent par flash, même pas en ordre chronologique strict, entre la Guerre d’Algérie et le XXIè siècle. Si les plus importants fils (la quête du personnage principal, la « tante » de Mélusine, la révolution) se suivent assez bien, pour d’autres c’est plus flou. Je mentirais en disant que ça ne gêne pas la lecture, mais ça en fait un peu le charme.</p>
<p>Et ce charme il vient aussi du sentiment de dépaysement d’une bonne uchronie, et je ne parle pas que des mille détails techniques et de vocabulaire, comme les « minifiles » qui menacent de remplacer les platines laser lectrices de vinyles, le « mulot », l’évolution fédérale de l’Algérie indépendante, le putsch militaire de 1973 en France, l’arrivée de Shepard sur la Lune, une fédération israélo-palestinienne, un vieil Albert Camus qui pense écrire une uchronie, ou la référence obligatoire au <em><a href="http://www.actusf.com/spip/Le-Maitre-du-Haut-Chateau,13079.html">Maître du Haut-Château</a></em> de Philip K. Dick. Non, l’arrière-plan capital, c’est celui des <em>vautriens</em>, et des adeptes de la <em>Gloire</em> — dans notre fil temporel : <em>hippies</em> et LSD. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Timothy_Leary">Timothy Leary</a> lui-même débarque à Paris et la répression policière fait le reste. Toute cette faune non violente d’une époque à présent disparue se retrouve dans l’Algérois pas encore indépendant, déportée ou attirée par le joyeux bordel de la casbah, avec ses utopies, ses dérapages et son déclin. <a href="http://petebondurant.over-blog.com/article-reves-de-drogue-de-rock-et-d-algerie-78657052.html">Un chroniqueur</a> a justement parlé de « contre-histoire de la contre-culture » : même pour moi trop jeune pour l’avoir connue, c’est un des attraits du livre.</p>
<p>L’autre, c’est une histoire alternative de la musique. Elle a toujours tenu une grande place chez Roland C. Wagner, et là il s’en donne à cœur joie. Le héros, incarnation uchronique de l’auteur (lui aussi né en Algérie d’un père légionnaire), collectionne et vend des disques, et traque une perle rare introuvable de « rock psychodélique » algérois autoproduit, <em>Rêves de Gloire</em> par les Glorieux Fellaghas. Un disque dont la quête s’avère finalement très dangereuse : on ne remue pas impunément un passé qui remonte au Prophète de l’Aurès, sur fond de barbouzeries et de menaces d’une invasion française d’Alger. Mais le bouillon culturel algérois devient le refuge des musiciens français, les chroniques et histoires de groupes qui n’ont jamais été, ou qui auraient dû être, foisonnent, quitte à tuer Johnny Hallyday au passage. On regrettera de ne jamais pouvoir entendre Dieudonné Laviolette (une sorte de Jimi Hendrix). Ce bouquin manque terriblement d’une bande son, Wagner n’a pas eu le temps de l’écrire.</p>
<p>Uchronie personnelle, uchronie proche comme lointaine, culturelle comme politique, et fouillée sur 700 pages (qu’on a envie de relire sur le champ pour remettre en place les pièces du puzzle laissées un temps de côté) : une belle réussite.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/R%C3%AAve-de-gloire-de-Roland-C.-Wagner#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Définitivement dernière, Roland C. Wagner nous ayant quitté récemment pour un monde qu’on espère meilleur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/R%C3%AAve-de-gloire-de-Roland-C.-Wagner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/772Science étonnanteurn:md5:7a737ab753c4df2325b487a532c2a4032014-06-07T16:54:00+02:002014-06-19T21:43:09+02:00ChristopheScience et conscience <p>Tout en haut de ma déjà très longue liste de blogs à lire régulièrement vient de se rajouter <a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/">Science étonnante</a>.</p>
<p>Bons articles, bonne vulgarisation, et des sujets que j’aime.</p>
<p>Parmi cent perles, quelques-unes, pas que mathématico-physiques, qui me font marrer ou provoquent chez moi un <em>brain overflow</em> :</p>
<ul>
<li><a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/2014/04/28/quel-est-le-plus-grand-nombre-possible-utile/">Quel est le plus grand nombre utile ?</a></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/2012/05/14/la-plus-grosse-erreur-de-toute-lhistoire-de-la-physique/">La plus grosse erreur de toute l’histoire de la physique</a> (en terme d’écart entre théorie et valeur mesurée ; on est très loin de l’écart incompréhensible de quelques pour cent entre deux mesures de la taille du proton qui fait la couverture du dernier <em>Pour la Science</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/2013/05/27/1234567-112/">Somme finie pour des séries divergentes </a>, et la <a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/2014/01/20/le-scandale-des-series-divergentes/">suite</a> : je ne crois pas qu’on m’en ait parlé en prépa, ça aurait peut-être été trop à l’époque. Et c’est utilisé en physique !</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://sciencetonnante.wordpress.com/2014/01/06/la-langue-que-lon-parle-influe-t-elle-sur-notre-maniere-de-penser/">Notre langue influe-t-elle sur notre manière de penser ?</a></li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-%C3%A9tonnante#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/771“Fatherland” de Robert Harrisurn:md5:643491779b1953c361e2a96b4c5c016b2014-05-05T22:34:00+02:002016-06-06T19:34:55+02:00ChristopheHistoireSeconde Guerre Mondialeuchronie <p>Cette uchronie date de 1992, donc du début de la mode sur le thème. C’est une des plus connues, et un coup de maître pour Robert Harris, dont c’est à la fois le premier roman et la première uchronie (et d’ailleurs la dernière).</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Fatherland_Robert_Harris.jpg" alt="Fatherland_Robert_Harris.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Le monde n’est pas original, c’est celui où Hitler a gagné la Seconde Guerre Mondiale, rayé les États slaves de la carte, et lancé la colonisation germanique jusqu’à l’Oural. <a href="http://alternatehistory.net/discussion/showthread.php?t=84633" hreflang="en">Le point de divergence n’est pas très clair</a>, il se pourrait qu’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/05/423-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-5">Heydrich</a> ait survécu à l’attentat de 1942, et influé dans le « bon » sens.</p>
<p>Ce n’est pas le plus important car le cadre est le Grand Berlin (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Gro%C3%9Fe_Halle" hreflang="de">très grand Berlin</a>) de 1964, capitale d’un continent, juste avant l’anniversaire du Führer, toujours actif, et après l’amorce d’une <em>détente</em> avec l’ennemi de la Guerre Froide, les États-Unis de Joseph Kennedy (non, pas John, mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Patrick_Kennedy">son père</a>, nettement plus à droite).</p>
<p>March, détective doué de la Criminelle, ancien combattant tourmenté et dont la vie privée confine au désastre, hérite du cas d’un noyé anonyme. Il s’agit évidemment d’une personnalité du Parti nazi, au passif chargé. Évidemment, March remontera à une machination impliquant Heydrich (on ne ressuscite pas un Grand Méchant de ce calibre sans l’utiliser), beaucoup plus subtile dans son but que les complots habituels de domination mondiale. Vu l’envergure et la mentalité des personnages impliqués, ça va vite sentir le roussi pour le matricule de March. On est bien dans un polar, et les personnages habituels sont au rendez-vous : le tueur sadique (un SS, forcément), la belle journaliste, le traître...</p>
<p>L’uchronie ne se limite pas aux figures imposées comme les allusions au point de divergence, aux changements dans la cartographie de l’Europe et de Berlin, ou au jeu des citations déformées ou des personnages historiques à reconnaître au détour d’une page. Les meilleures uchronies montrent le changement sur les hommes, et il ressort bien la mentalité de cette race de prétendus surhommes au sein d’un régime totalitaire toujours soumis au « terrorisme » des partisans slaves : les femmes dans un rôle de mères poules, la bureaucratie omniprésente, les regards prudents systématiques autour de soi à cause d’une Gestapo omniprésente, la crainte de se voir reprocher quoi que ce soit <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>...</p>
<p>J’aurais une réserve sur la mentalité du héros, pas rebelle mais assez insoumis pour que le lecteur ne se dise pas « mon Dieu, je sympathise avec un Oberstumführer ! ». D’accord, le héros d’un polar classique est volontiers <em>borderline</em>, et, évidemment, un flic bêtement obéissant n’aurait pas donné lieu à une intrigue. J’avais chroniqué il y a sept ans (déjà !) l’excellent <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/20/304-in-the-presence-of-mine-enemies-de-harry-turtledove">In the Presence of Mine Enemies</a></em> de Harry Turtledove, et là aussi le héros n’était pas un nazi mais un Juif planqué et intégré dans un Reich vacillant. J’attends l’uchronie dont le héros serait un vrai produit du Reich, nazi bien obéissant, mais forcément haineux mais bien endoctriné après deux générations passées à la moulinette des Jeunesses hitlériennes.</p>
<p>Bref : chaudement conseillé, et pas que pour les amateurs de Seconde Guerre Mondiale.</p>
<p>PS : Merci à Pedro, mon <a href="https://fr-fr.facebook.com/pages/Librairie-Ill-Aux-Tresors/152442178123725">libraire favori</a> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour m’avoir rappelé l’existence de ce livre.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Une scène où March bluffe auprès d’un sous-fifre en lui faisant craindre de se voir mis en cause auprès d’autorités supérieures avait un parallèle saisissant avec une histoire de mon ancien coiffeur, qui avait tenu tête à des policiers dans l’Allemagne de l’Est communiste : s’ils lui confisquaient son appareil photo destiné à ramener des photos aux camarades de Strasbourg, ils auraient des nouvelles du Parti. Un État de droit non corrompu, policier ou pas, est celui où un fonctionnaire ne craint pas qu’on lui reproche de faire son boulot, même face à des gens avec des relations.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>À ma grande horreur, je ne trouve sur la toile que la page Facebook qui ait du contenu sur la librairie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/770Skeptic vol.19 n° 1 : montée du QI, lanceurs d’alerte & exorcistesurn:md5:6bcde658a1894016131ffe46d5927f622014-04-26T00:00:00+02:002014-04-26T00:00:00+02:00ChristopheScience et conscience <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Skeptic-19-1.jpg" alt="skeptic redesign" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="skeptic redesign" />Quelques articles intéressant dans ma revue américaine militante préférée :</p>
<h3>La montée du QI au XXè siècle</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/James_R._Flynn">James R. Flynn</a> a longuement étudié l’évolution du QI en Occident pendant le XXè siècle, et il s’étend dans une interview sur les différences restantes entre Blancs et Noirs, hommes et femmes, passé et futur. En espérant ne pas le caricaturer, j’ai retenu :</p>
<p>Les Occidentaux ont grimpé de 30 points de QI en un siècle. Comme par définition la moyenne est à 100, cela signifierait que nos ancêtres sont à 70 selon nos critères — la limite du retard mental. Les explications génétiques ne tiennent pas : ça ne fonctionne pas sur trois générations, et les Américains de 1900 étaient déjà très mobiles et mélangés. L’amélioration de la nourriture est un facteur, mais qui ne devrait plus influer après 1950 (et nous sommes par certains côtés moins bien nourris qu’à cette époque).</p>
<p>En fait, l’explication la plus probable est culturelle : le monde est devenu beaucoup complexe en un siècle, les cerveaux se sont entraînés, l’ouverture d’esprit et la capacité d’abstraction ont explosé, le système éducatif a aussi fait d’énormes progrès (favorisant le questionnement et la réflexion plutôt que la mémorisation pure, et le niveau des professeurs eux-mêmes est monté). La proportion de professions intellectuellement exigeantes a énormément augmenté.</p>
<p>L'augmentation n’est pas uniforme, certains groupes sont en retard, par exemple aux États-Unis les Noirs, même si l’écart se réduit. On pourrait considérer qu'ils en sont juste au niveau des Blancs de 1963. Flynn accuse une « sous-culture noir » qui n’encourage pas l’effort intellectuel, et des préjugés dans le reste de la société qui n’aident pas à en sortir. Il fait un parallèle avec ses propres ancêtres irlandais : en 1900 leur réputation de violence et d’alcoolisme n’était plus à faire. Ils provenaient d’un milieu de petits paysans illettrés (pas d'école pour les catholiques en Irlande...) puis ils se sont rapprochés du reste des Blancs américains. Mais il note que les Irlandaises avaient cependant plus de facilité à épouser un non-Irlandais qu’une Noire à épouser un Blanc, et ils n’avaient pas un passé d’esclaves démotivés. À l’inverse, les immigrés chinois investissent massivement dans la scolarité des enfants, alors qu’ils partent déjà de beaucoup plus haut : ils sont issus d’une civilisation déjà très organisée, commerçante et méritocratique.</p>
<p>Tout cela est évidemment à gros trait, ne doit en aucun cas décourager un investissement dans l’éducation des groupes moins favorisées (au contraire) et n’indique rien au niveau d’un individu. Si Flynn est convaincu que les différences de QI sont culturelles et pas génétiques (les bébés ne montrent pas de différence ; les enfants adoptés suivent le QI de leur groupe d’adoption ; la proportion adultes/enfants influence le niveau d’exigence cognitive d’une famille..), il déplore cependant le manque d’études : toute conclusion (génétique ou culturelle) serait politiquement explosive.</p>
<p>De même, les vieilles antiennes racistes sur les pays sous-développés, « trop stupides pour s’industrialiser » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol-19-n-1-montee-QI-lanceurs-alerte-exorcistes#pnote-769-1" id="rev-pnote-769-1">1</a>]</sup> n'a pas de sens : le QI moyen y est déjà partout plus élevé que le 70 des Occidentaux de 1900... Là où l’industrialisation commence, le QI monte en flèche.</p>
<p>Un petit paradoxe concerne les femmes dans les universités (américaines ?). Bien que le retard par rapport aux hommes se soit quasi annulé depuis trente ans, elles accusent 4 points de moins dans les universités, tout en récoltant de meilleures notes que les hommes à QI égal. Elles sont simplement nettement mieux armées en capacités de lecture et écriture que les garçons en fin de lycée et en profitent plus.</p>
<p>L’évolution du QI se ralentit toutefois, notamment dans les pays les plus avancés comme en Scandinavie (James Flynn semble les admirer, pour leur égalitarisme, leur système éducatif, leur capacité d’intégration) : on arriverait à un plateau.</p>
<p>L’évolution du QI après l’âge de 65 ans est déprimante : les capacités analytiques déclinent d’autant plus vite que l’on part de haut... Est-ce dû à une usure du cerveau ou un arrêt des sollicitations cognitives ?</p>
<p>Flynn est notoirement de gauche, et lance quelques piques sur la société américaine (ça nous concerne en partie) : à cause de l’inégalité des écoles, les gens dépensent des fortunes pour une maison dans le « bon » quartier, et réduisent les dépenses sur l’éducation pour récupérer une partie sur les impôts ; alors qu’au final investir le même argent dans le système scolaire rendrait service à tout le monde, et éviterait bien des problèmes coûteux comme la dérive criminelle des plus pauvres <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol-19-n-1-montee-QI-lanceurs-alerte-exorcistes#pnote-769-2" id="rev-pnote-769-2">2</a>]</sup>. Rendre l’éducation payante est le meilleur moyen de prolonger les inégalités.</p>
<p>Il ne s’étend hélas pas trop sur ce qui est laissé de côté par le QI, indicateur tout de même très lié à l’abstraction. Quoiqu’un graphique (peu commenté) insiste que le progrès du QI s’est effectué d’abord sur les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Matrices_progressives_de_Raven">matrices</a> plus que sur d’autres facteurs. Et Flynn dit bien que ces tests sont adaptés au monde moderne, pas à des civilisations disparues.</p>
<h3>Religions et santé</h3>
<p>Deux pages s’étendent sur l’impact désastreux de certaines pratiques religieuses sur la santé, des plus compréhensibles (le Ramadan mène à la déshydratation et d’autres maux, voire paradoxalement fait grossir, augmente les violences et l’accidentologie) aux plus criminelles et délirantes (des enfants américains sont morts faute de soins, leur secte considérant que seules les prières sauvent). Quelques cas sont bénéfiques : la circoncision réduit la propagation des MST, entre autres ; la pratique religieuse réduit globalement la mortalité. L’impact est par contre mauvais sur certains maladies mentales.</p>
<p>Quant à l'efficacité des prières à la place des soins, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Francis_Galton" hreflang="en">Francis Galton</a> avait eu l’outrecuidance de calculer que la famille royale, pour qui tout le monde priait à l’époque, avait une espérance de vie inférieure à la moyenne !</p>
<h3>L’existence de Jésus</h3>
<p>Un beau blond fait la couverture, mais peu de pages traitent le sujet. Pas mal d’épisodes des Évangiles (les trente deniers de Judas et son suicide) renvoient à d’autres passages de l’Ancien Testament, et certains en déduisent que tout à été inventé. Il reste cependant de courtes mentions de Jésus chez des Romains peu suspects de sympathie. L’auteur conclut à la probable existence de Jésus comme personnage historique, mais « le Jésus historique est assez pénétré de caractéristiques mythiques pour rendre son historicité sans importance. »</p>
<h3>L’exorciste</h3>
<p>L’ancien jeune assistant d’un exorciste américain raconte ce qu’il a vu et fait. En résumé : les techniques sont celles des voyantes et autres illuminés, habitués de la collecte de renseignements préalable (incidemment ou avec des fouilles de domicile discrètes), de la mise en scène (le <em>poltergeist</em> qui met la pièce sens dessus-dessous est l’assistant ; dans les cas extrêmes l’exorcisé était payé et simulait) et d’autres techniques de prestidigitation, et de la suggestion envers des personnes faibles (« le démon va réagir de telle manière...» : le possédé suit ce qu’on lui a inculqué).</p>
<p>Les maladies provoquées par le démon étaient souvent imaginaires : l’exorciste s’interdisait prudemment de traiter de vrais cas médicaux. L’argent motivait l’exorciste : il disparut quand la manne se tarit. Son assistant pensait apporter un peu de confort aux gens, jusqu’à ce qu’il change de bord et devienne quasiment athée.</p>
<h3>Les lanceurs d’alerte</h3>
<p>Les <em>whistleblowers</em> sont censés être protégés par la loi. Mais qui dénonce les turpitudes de son service ou de sa caste a en général plus à perdre qu’à gagner. On peut expliquer cela par la théorie des jeux : si un équilibre, même malsain, s’est établi, chaque membre de ce corps social a personnellement intérêt à suivre l’<em>omerta</em> plutôt qu’à aider un accusateur interne — la loyauté prime sur l’honnêteté.</p>
<p>Un exemple dans la police de New York des années 70, ou la montée des irrégularités tolérées dans l’armée américaine même, sont des exemples inquiétants : l’intégrité serait même une valeur en baisse...</p>
<p>(Remarque personnelle : cela contraste avec ce que j’ai lu du système stalinien dans <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a></em>. La caste des officiers soviétiques, renouvelée par la Première Guerre Mondiale puis la Guerre civile, surveillée par un Parti paranoïaque et de très mauvaise formation, n’avait pu développer un esprit de corps. Elle fut donc incapable de résister à Staline et à ses accusations délirantes : la purge accentua le phénomène. Le manque de tenue de ce corps mena ensuite à de très graves dysfonctionnements pendant la Seconde Guerre Mondiale. À l’inverse, les médecins ou les policiers sont aussi connus pour un esprit de corps parfois excessif quand l’un d’eux dérape, et nous avons tous des réflexes corporatistes, car évidemment nous connaissons mieux notre métier et ses turpitudes. Peut-être y a-t-il un juste équilibre à trouver entre la cohésion d’un groupe, nécessaire à sa mission et sa capacité de résilience, et le droit de la société en son ensemble à surveiller les écarts de ses membres. Pas facile.)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Un article déprimant décortique les révélations de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/James_Van_Praagh" hreflang="en">Van Praagh</a>, un pseudo-médium américain spécialisé dans la communication avec les morts, notamment des enfants. Ses « révélations » sont pleines de contradictions, de bons sentiments jusqu’à l’écœurement, et bizarrement, toujours positives. Les idées de Van Praagh sur la réincarnation ou l’action des morts sur le monde physique sont tordues et font frémir. On sent l’auteur tellement affligé qu’il ne peut s’empêcher d’ironiser massivement, ce qui affaiblit finalement le propos.</li>
</ul>
<ul>
<li>Des chasseurs de fantôme sont partis en chasse à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Sand_Creek">Sand Creek</a>, lieu d’un massacre d’Indiens en 1864, et où de nombreuses personnes ont raconté avoir vu ou entendu des fantômes, bizarrement pas à l’endroit réel de la tuerie. Le journaliste (sceptique) qui les accompagnait a remarqué que leurs « détecteurs » étaient muets là où de nombreux restes ont été retrouvés, et semblaient s’agiter dans les endroits les plus boisés, là où l’esprit humain a le plus de matière à interpréter le moindre bruit, abusivement ou non. Quant aux esprits photographiés, ils ressemblent furieusement à des artefacts photographiques archi-classiques.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol-19-n-1-montee-QI-lanceurs-alerte-exorcistes#rev-pnote-769-1" id="pnote-769-1">1</a>] <em>Je ne me souviens pas d’avoir entendu de telles stupidités en France, mais je suis né après la décolonisation.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol-19-n-1-montee-QI-lanceurs-alerte-exorcistes#rev-pnote-769-2" id="pnote-769-2">2</a>] <em>« Ouvrir une école, c’est fermer une prison » aurait écrit Hugo.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Skeptic-vol-19-n-1-montee-QI-lanceurs-alerte-exorcistes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/769« Le Dernier des Francs » de Michel Pagelurn:md5:d9e0517622a6f86a186c49dd0d14bb052014-04-20T00:00:00+02:002016-06-06T17:58:36+02:00ChristopheTemps et transformations <p>Dans une uchronie on cherche toujours la petite bête. L’auteur a trop fait évoluer la société ici, pas assez là, tel comportement est anachronique, etc. Ça fait partie du jeu et n’enlève rien aux qualités de ce petit roman fort sympathique et riche en action, et qui aurait gagné à prendre de l’épaisseur (en pages, et en intrigue en conséquence).</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Le_Dernier_des_Francs.jpg" alt="Le_Dernier_des_Francs.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> César a été assassiné à Alésia. Suite à leur victoire, les Celtes se sont unis. Huit cent ans plus tard, coincé entre entre les empires hun, celte et parthe, l’Empire romain de la dynastie des Pompée n’a pas la toute-puissance que nous lui avons connue.</p>
<p>Le narrateur, malheureux bossu peu porté sur les armes, accompagne son oncle, un sénateur romain, à Gergovie, pour son mariage, prétexte bidon au déplacement. Évidemment il tombe amoureux de sa future épouse, une belle Cananéenne (de religion non pas chrétienne, car Judas ne s’est pas pendu, mais « judassique »). Dans l’escorte figure un jeune Germain, le « dernier des Francs » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, ceux-ci ayant été exterminés par les Huns. La mission secrète à l’ampleur géopolitique tourne au vinaigre, et s’ensuit une odyssée au sein de l’Empire celte.</p>
<p>Dans les premières pages je pensais redécouvrir une version romaine du grand classique de Silverberg, <em><a href="http://a-c-de-haenne.eklablog.com/la-porte-des-mondes-de-robert-silverberg-w-a2349372">La Porte des Mondes</a></em>, roman-d’initiation-d’un-jeune-par-le-voyage, qui a fait découvrir à plus d’un ado ou pré-ado les délices de l’uchronie. Si le héros est bien jeune et un peu niais au début, beaucoup moins à la fin, j’ai vite changé d’avis : le voyage en question tourne court, et la violence de bien des scènes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> l’interdit aux plus jeunes.</p>
<p>Comme je disais, on peut ergoter : les Huns avaient plus tendance à soumettre les Germains qu’à exterminer totalement <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; la civilisation gauloise n’avait peut-être pas la cohésion nécessaire pour créer un État unifié capable de faire plier Rome ; les Parthes auraient-ils tenu cinq ou six siècles de plus avec une Rome affaiblie ? Le christianisme a été remplacé par une autre version et surtout ne s’est pas répandu dans l’Empire romain, et d’ailleurs l’Islam est passé à la trappe aussi (conséquence ? il manque un passage là-dessus), mais les anciennes religions romaines auraient-elles perduré encore des siècles ? Ce monde n’est-il pas une version figée des environs de l’an 500 ?</p>
<p>Ça n’a pas d’importance et ça ne gâche pas le plaisir — comme je disais, ça aurait été encore mieux avec quelques pages de plus.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Référence évidente au </em>Dernier des Mohicans<em>, mais n’ayant pas lu celui-là, je ne sais jusqu’où va le parallèle.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Manque de valeur de la vie humaine, abondance de sang qui gicle, mais aussi du genre de ce qui se passe entre soudards et donzelles capturées.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Certains ont décrit la célèbre bataille des Champs catalauniques comme un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_champs_Catalauniques_%28451%29#Les_forces_en_pr.C3.A9sence">affrontement entre Germains</a>, soumis aux Huns d’une part, alliés à Rome d’autre part.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Dernier-des-Francs-de-Michel-Pagel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/768« Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler » de Jean Lopez & Lasha Otkhmezuriurn:md5:b7296e1625000affd975d745b3b4cead2014-04-10T22:25:00+02:002016-06-05T19:52:39+02:00ChristopheHistoire <p>Pas la peine de s’abaisser aux romans de <em>fantasy</em> pour rencontrer un destin titanesquement hors norme : dans un pays arriéré, un jeune paysan presque illettré, sorti du rang pendant une guerre civile impitoyable, a la chance de côtoyer des maîtres dans l’art martial, devient ensuite un des plus grands militaires de son temps, passe miraculeusement entre les griffes du Seigneur Rouge maléfique qui maltraite son peuple, se retrouve à affronter une cataclysmique invasion par le Mal absolu, transforme une armée d’incompétents déboussolés en un rouleau compresseur inexorable, finit vainqueur d’une guerre inexpiable, mais ne choisit pas de venir dictateur — quoiqu’il aurait peut-être dû, et enfin participe à l’éviction des criminels héritiers du Seigneur Rouge, tout cela pour finir écarté par cette bande de médiocres qui ne supportent ni son franc-parler ni sa popularité. Il y a aussi des femmes, des amitiés scellées dans le sang, et des haines mesquines pour la place dans l’Histoire.</p>
<h3>Joukov</h3>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Joukov.gif" alt="Joukov.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />L’histoire de la Russie au XXè siècle est une telle suite de transformations au sein d’une suite de catastrophes que tout survivant fait figure de héros ; et toute personne douée (et chanceuse) de génie. Mais le maréchal Joukov émerge.</p>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gueorgui_Joukov">Gueorgui Konstantinovitch Joukov</a> n’avait pas terminé l’école primaire : il a écrasé l’élite du militarisme allemand, issu de deux siècles d’excellence militaire. Promis à une carrière de fourreur et sans goût martial particulier, il a su se nourrir de la littérature militaire de son temps, et plus tard planifier des opérations gigantesques impliquant des millions d’hommes sur la moitié d’un continent. Émotif, il a envoyé des milliers (sinon des millions) d’hommes se faire tuer — l’URSS et l’Europe ont été sauvées à ce prix. Brutal et vaniteux, il ne cède pas à la tentation bonapartiste. Russe, il n’était pas alcoolique. Franc et factuel, il réussit à gagner la confiance de Staline — et à y survivre. Communiste convaincu, il sauve et soutient un système qui le mettra deux fois au placard.</p>
<p>La biographie de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri tient de l’oignon : il y a plusieurs couches. Tout en bas, les <em>Mémoires</em> écrites par Joukov dans les années 1960 pour rétablir la vérité après sa mise d’office à la retraite, quand la réécriture de la Grande Guerre patriotique servait plus les intérêts des clans du Kremlin et du Parti que la vérité factuelle. Il y mit juste ce qu’il faut de mauvaise foi pour masquer quelques bourdes et régler quelques comptes avec d’autres maréchaux. Par-dessus, une bonne couche de censure et de déformation soviétiques pour encenser ses origines misérables, masquer sa conversion relativement tardive au bolchevisme, alléger les crimes de Staline ou encenser le rôle du Parti, ce Parti que Joukov tenait pourtant à écarter des affaires militaires. Puis les auteurs, à la suite de bien d’autres, comparent ces souvenirs déformés avec les archives des différents événements, ou les mémoires d'autres maréchaux, pas tous des amis de Joukov.</p>
<h3>Formation et début de la Grande Guerre Patriotique</h3>
<p>Pour Jean Lopez, le rôle de Joukov a été déterminant dans la Seconde Guerre Mondiale, il en est même le plus grand général par la durée, l’ampleur des opérations, la distance entre l’effondrement de 1941 et l’apothéose de 1945. En face, les Allemands ne comprenaient pas, et pensaient que Joukov était passé par leurs écoles à l’époque de la coopération secrète germano-soviétique entre les deux guerres. C’était faux, mais les Allemands ne comprirent jamais l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-17">art opératif</a>, le produit des meilleurs penseurs russes et soviétiques. Joukov y fut formé, et face aux nazis mieux entraînés et tactiquement très supérieurs, mais ne rêvant que de batailles décisives impliquant toutes les forces, cette optique nouvelle de la guerre fut une des clés de la victoire.</p>
<p>Certes, Joukov porte une partie de la responsabilité dans le désastre de l’été 1941, quand la Wehrmacht pulvérise la défense soviétique. Mais tout le système soviétique est coupable de cette catastrophe. Staline d’abord refuse de croire aux innombrables signaux annonçant l’attaque (Hitler ne serait tout de même pas assez stupide pour ouvrir un <em>deuxième</em> front quand l’Angleterre n’est pas encore hors-jeu ? Et bien si !). Le même Staline a éliminé physiquement en 1937-38 la majeure partie des officiers, par peur de toute tentation bonapartiste, alors que l’Armée Rouge, comme celle des tsars, souffrait d’un sous-encadrement massif. Bien que Joukov ait fait son éducation d’état-major avec la clique de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Toukhatchevski">Thoukhatchevski</a>, intégralement liquidée, il s’en sort, peut-être par hasard. La plupart des autres officiers survivants sont déresponsabilisés par ce système paranoïaque, et à cause du manque de cadres et de l’explosion des effectifs avant la guerre, sont montés en grade beaucoup trop vite.</p>
<p>Joukov a eu la chance de ne pas avoir à apprendre son métier pendant la guerre. Car il a peut-être déjà sauvé une première fois l’Europe, indirectement : en 1939 il inaugurait sa carrière de redresseur de situations à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">Khalkin Gol</a>. Grâce à lui, son souci de la logistique et sa maîtrise de l’art opératif, l’URSS infligeait une cuisante défaite aux arrogants Japonais partis à la conquête de la Mongolie. Le Japon, refroidi, ne participa donc pas à la curée en 1941 et préféra l’aventure dans le Pacifique.</p>
<p>Dans le chaos de l’été 1941, Joukov réussit (sur ordre de, avec et malgré Staline) à remettre de l’ordre dans cette armée en décomposition, à réinstaurer la discipline comme il a toujours fait, à trouver les chefs valables parmi les incapables, à apprendre la défensive à une armée dont la doctrine est exclusivement offensive, enfin et surtout à éviter l’effondrement total. Les ordres pour cela sont terribles, et rappellent ce que les Nazis imposeront à leurs troupes dans la situation inverse (j’avais parlé ici de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw">The End</a></em>) : punitions massives, déserteurs fusillés sommairement, voire représailles sur les familles... Aurait-il pu faire autrement ? Pas avec Staline dans le dos en tout cas. En face, Hitler n’a pas l’intelligence de chercher à s’attirer la sympathie des populations, il vise plutôt leur <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Hungerplan" hreflang="de">extermination</a> ! Le Parti et l’Armée Rouge tiendront.</p>
<p>C’est le peuple russe qui porte le gros de l’effort, ce qui surprend les Allemands : la première défense enfoncée, ils en affrontent une deuxième, inattendue, puis une troisième qui livre une guerre d’usure, avant qu’une contre-attaque sauve Moscou. En moins de six mois, l’Armée Rouge peut à nouveau passer à l’offensive, certes avec des pertes énormes. La boue, l’hiver, les problèmes logistiques, les pertes plus sévères que prévues ont raison du <em>blitztkrieg</em>. Joukov en décembre 1941 n’a pas sauvé que Moscou, mais aussi l’URSS, voire l’Europe.</p>
<h3>L’homme qui a vaincu Hitler</h3>
<p>Après Moscou, Joukov poursuit son redressement et son projet de professionnalisation de l’Armée rouge, malgré un Staline toujours prompt à lancer ses maigres réserves dans des assauts tous azimuts, malgré les commissaires politiques qui parasitent le commandement habituel, malgré le clientélisme et le manque d’unité du corps des officiers.</p>
<p>Joukov participe au tournant majeur de Stalingrad, mais cache dans ses <em>Mémoires</em> l'échec de l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Mars">Mars</a></em>. Puis le rouleau compresseur soviétique (aguerri et soutenu par l’industrie américaine, Joukov le reconnaît lui-même) s’enclenche face à une Wehrmacht qui est au bout de ses forces et sans vision stratégique. Joukov procède par de gigantesques offensives soigneusement et longuement préparées qui progressent de centaines de kilomètres d’un coup. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bagration">Bagration</a> amène l’Armée Rouge en Pologne au moment où les Alliés libèrent la France. Son armée s’arrête aux portes de Varsovie, pendant que les nazis écrasent l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_de_Varsovie">insurrection</a> : le livre ne s’étend pas sur l’attentisme ignoble des Soviétiques à ce moment (les insurgés n’étaient pas communistes...).</p>
<p>Autre exploit : le franchissement de la Vistule et la conquête-éclair de l’est de l’Allemagne au tout début 1945. Certains lui ont reproché de ne pas être allé jusque Berlin dans la foulée : c’est justement parce qu’il savait (en général...) jusqu’où ne pas aller trop loin qu’il n’a pas pris le risque. De plus se révèlent de nouvelles faiblesses de l’Armée Rouge : renseignement défaillant en territoire ennemi ; logistique défaillante dans des régions rasées et... indiscipline généralisée dans une troupe occupée à violer, piller et se venger !</p>
<p>Par contre, quelques semaines plus tard, Staline mettra la pression pour que Berlin soit prise par l’Armée Rouge, avant les Alliés. Comme à son habitude, le dictateur sème la zizanie entre ses propres maréchaux, et met Joukov et Koniev en compétition pour la prise de Berlin : bien des soldats payèrent de leur vie des opérations précipitées ou mal coordonnées dans la prise de cet objectif symbolique mais pas militaire. Joukov finalement entre dans l’Histoire en vainqueur de Berlin et signe la capitulation allemande.</p>
<h3>Gloire et déchéances</h3>
<p>Staline couvre son maréchal favori de gloire — momentanément. La paranoïa reprend le dessus, et les purges recommencent : des proches de Joukov disparaissent, et sont torturés pour monter un dossier contre lui — sa vanité va lui coûter cher, ainsi que sa part dans le pillage de l’Allemagne (généralisé par les Russes). Joukov est exilé à un poste subalterne dans l’Oural : il y trouvera sa dernière femme ! Comme tant d'autres de son époque, Joukov avait du mal à voir Staline comme un psychopathe manipulateur et criminel <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, mais il sera plus ambivalent : Staline avait commis d’énormes fautes, mais il avait été le moteur de la victoire de 1945.</p>
<p>À la mort de Staline, Béria manque de prendre le contrôle du pays. Khroutchev et ses alliés appellent Joukov pour procéder à son arrestation musclée. L’Armée Rouge ne se mêle pourtant jamais de politique : en l’occurrence, Joukov ne faisait là qu’obéir au Parti. Il en profite pourtant : Khroutchev le nomme Ministre de la Défense. Parmi ses tâches : la professionnalisation d’une armée toujours sous-encadrée et très mal formée (et très surestimée par l’Occident) ; la prise en compte du feu nucléaire ; l’écrasement du soulèvement hongrois de 1956 (après bien des hésitations, quand le pays semble vouloir passer à l’ouest) ; la réhabilitation des victimes de Staline ; la reconnaissance envers les anciens soldats et les anciens prisonniers...</p>
<p>Joukov soutient la déstalinisation de Khroutchev, mais ce dernier, en bon bolchevik, craint un général trop puissant, trop populaire, trop proche même de l’autre grand vainqueur, Eisenhower : Joukov est brutalement mis à la retraite à soixante et un ans. Le tombeur de Khroutchev, Brejnev, lui octroie quelques compensations symboliques, mais le maintient à l’écart. Joukov consacre la fin de sa vie à ses <em>Mémoires</em>, gros succès de librairie. Sa mémoire continue de suivre les vicissitudes et besoins de la politique russe : maudit un temps comme maréchal de Staline, il est maintenant au niveau de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Souvorov">Souvorov</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Koutouzov">Koutouzov</a>.</p>
<p>Quelques articles sur le web :</p>
<ul>
<li>sur <em>l’Opinion</em>, <a href="http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/joukov-marechal-sovietique-qui-a-brise-wehrmacht-4075">une interview de Jean- Lopez</a> ;</li>
<li>sur causeur.fr, une <a href="http://www.causeur.fr/comment-joukov-brisa-hitler-et-enterra-clausewitz,25028#">critique louangeuse</a> ;</li>
<li>par contre, <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/2014/02/jean-lopez-et-lasha-otkhmezuri-joukov.html">historicoblog</a> reproche aux auteurs de passer un peu rapidement sur l’armée tsariste et d’en avoir une vision trop négative.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le destin du maréchal <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Konstantin_Rokossovski">Rokossovski</a> est hallucinant : trois ans de prison et de torture avant une réintégration soudaine et inexplicable, et pourtant le maréchal se souviendra avec émotion plus tard de Staline.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/767« Françatome » de Johan Helioturn:md5:2482633561d76228fce7171931c61c752014-03-23T00:00:00+01:002016-06-05T19:36:19+02:00ChristopheTemps et transformations <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Françatome_m.jpg" alt="Françatome.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Johan Heliot sort régulièrement des uchronies à forte inspiration feuilletonesque (à commencer par <em><a href="http://www.scifi-universe.com/critiques/4853/la-trilogie-de-la-lune-la-lune-seule-le-sait-1-2000-jules-l-anarchiste">La Lune seule le sait</a></em>), et la dernière répond en partie à ceux qui se demandent « où sont les fusées, les stations orbitales, promises dans les années 1950 ? », celles de <em>2001</em>, ou moins récemment celle imaginée par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Wernher_von_Braun">von Braun</a> :</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/.Von_Braun_1952_Space_Station_Concept_9132079_original_s.jpg" alt="Von_Braun_1952_Space_Station_Concept_9132079_original.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Justement, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence</a> imaginé par Johan Heliot traite de von Braun : et s’il était venu travailler en France avec son équipe, au lieu de partir aux États-Unis après la Seconde Guerre Mondiale ? (En toute franchise, la divergence devrait être antérieure, pour que la France réussisse à mettre la main sur von Braun avant les Américains dans le chaos de l’Allemagne de 1945, le garde, et se permette un programme spatial). Et surtout, si on lui avait donné les moyens de ses ambitions, au lieu de le limiter à construire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saturn_V">Saturn V</a> pour une course à la Lune sans lendemain ?</p>
<p>Hélas, les conséquences sont beaucoup moins riantes que ne le laissent présager les personnages hilares de la couverture : si la France devient une superpuissance grâce à ces nouvelles technologies et les armes correspondantes, elle vire aussi à la dictature militaire qui ne veut pas lâcher son Empire colonial (De Gaulle aurait-il si mal évolué ?).</p>
<p>Vers 1988, le fils du premier adjoint scientifique de von Braun, brouillé avec son père, revient dans une France en pleine décomposition, et tombe en plein sac de nœud politico-familial. L’action s’entremêle avec les flashbacks sur son enfance, dans le désert algérien d’où partaient fusées et éléments de station orbitale.</p>
<p>Un bon cru, à la lecture facile (ce n’est pas péjoratif), même si j’ai trouvé la fin également facile. Ce n’est pas un livre optimiste.</p>
<p>PS : Livre découvert grâce à une conférence organisée par mon précieux <a href="http://www.illauxtresors.com/">libraire</a> à Fegersheim il y a quelques jours, à laquelle Johan Heliot participait. Encore une soirée pleine de titres qui vont me coûter cher en temps de lecture !</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fran%C3%A7atome-de-Johan-Heliot#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/766« Guerres & Histoire » n°17 de février 2014 : la Guerre de Sécession, l’art opératif, 300, le Mandchoukouo & Bériaurn:md5:178342b497322e7e1cbbb6a2780abf842014-03-19T22:54:00+01:002014-03-21T14:44:37+01:00ChristopheHistoire <p>Encore un numéro de ma revue historique préférée, et une fois de plus il est excellent. Petite prise de notes pour me souvenir de l’essentiel.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/Guerres-Histoire-17.jpg" title="Guerres-Histoire-17.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Guerres-Histoire-17_s.jpg" alt="Guerres-Histoire-17.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Guerre de Sécession, guerre d’amateurs</h3>
<p>La Guerre de Sécession américaine (1861-1865) semble préfigurer les guerres mondiales du siècle suivant, avec leurs machines et leurs pertes massives (les Américains y perdent autant d’hommes pendant toutes les guerres du XXè siècle !). Cependant, même si le matériel était plus efficace et meurtrier qu’auparavant, cette guerre a été moins bien menée de part et d’autre que bien des guerres européennes, au premier lieu celles de l’Empire.</p>
<p>Non-préparation et amateurisme dans la conduite de la guerre : c’est la conséquence de l’isolement américain, jamais impliqué dans aucune guerre d’envergure depuis des décennies (sauf <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_am%C3%A9ricano-mexicaine">contre le Mexique</a>, mais les guerres indiennes ne comptent pas). Peu d’hommes, peu d’officiers, et une masse de conscrits sans expérience : rien à voir avec la Grande Armée. Quand Lincoln est élu et qu’éclate la guerre, un peu par surprise même si le différent sur l’esclavage est ancien, il faut lever des armées des deux côtés, lesquelles ne sont souvent que des milices locales. L’infanterie représente 90% des troupes, la coordination avec la cavalerie est mauvaise. Les deux armées redécouvrent toutes les tactiques largement connues en Europe.</p>
<p>Parmi les points communs avec les guerres suivantes : les deux adversaires ont dû mobiliser toute leur population, toute leur économie, jouer à fond la carte de l’opinion et de la propagande, et déplacer de grandes armées sur des théâtres d’opération gigantesque. Mais tout cela sera peu étudié dans les décennies suivantes par les armées des autres puissances.</p>
<p>Le terrain joue également un rôle primordial dans la durée de la guerre : c’est l’équivalent de toute l’Europe de l’Ouest ! Peu densément peuplé, il ne permet pas à des armées de se déplacer facilement en vivant sur le pays, même si le train commence à être utilisé massivement. Les deux capitales sont proches et donnent lieu à de nombreuses batailles, mais la guerre d’usure s’effectue bien plus loin, d’abord sur le Mississippi.</p>
<p>Il faut cette immensité, et le talent du général sudiste Lee face aux généraux nordistes trop timorés, pour expliquer que le Sud ait tenu tête au Nord si longtemps. Le Nord possédait pourtant quasiment toute l’industrie (armes, locomotives, etc...), une population quatre fois plus nombreuse, mieux éduquée, et la totale maîtrise des mers pour étrangler le Sud. Ce dernier, rural et trop axé sur le coton, isolé sur tous les plans, économiquement exsangue, sans autorité centrale forte (l’indépendance des États est le fondement de la Confédération !) a pourtant tenu quatre années. Finalement la guerre d’usure a payé, le Mississippi est tombé, et de là les colonnes nordistes ont commencé à ravager tous les États jusqu’à l’Atlantique.</p>
<p>Les conséquences de la Guerre de Sécession s’étendent jusqu’au XXIè siècle : pendant la Seconde Guerre Mondiale comme en Irak, les Américains exigent souvent des victoires définitives, seule justification de la guerre pour une démocratie très religieuse.</p>
<h3>1066 : la bataille de Hastings</h3>
<p>Quand Guillaume le Conquérant écrase et tue Harold, dont il disputait le trône, il sort la Grande-Bretagne de la sphère scandinave et la lie à la France, où son rôle sera capital tout le Moyen Âge. Autant dire qu’Hastings figure dans les dates majeures à connaître.</p>
<p>De la description de la bataille, il faudra surtout retenir qu’elle oppose une armée de Normands et autres alliés fraîchement débarqués à une armée anglo-saxonne de valeur équivalente, mais épuisée par un aller-retour jusqu’au nord de l'Angleterre et une bataille brillamment gagnée contre des envahisseurs norvégiens.</p>
<h3>L’armée du Kwantung & le Mandchoukouo</h3>
<p>En 1931, la conquête de la Mandchourie chinoise est menée par quelques milliers d’hommes et une poignée d’officiers ultra-nationalistes qui gardaient un bout de voie ferrée japonaise, en mettant Tokyo devant le fait accompli. Le succès acquis, cette clique vit sur la bête, quasi-indépendamment du Japon. Elle y expérimente le totalitarisme, attire des colons japonais, tente vainement d’industrialiser le pays, puis se lance à la conquête de la Sibérie... et se prend une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">raclée</a> par les Soviétiques en 1939.</p>
<p>Le militarisme japonais extrême a prit son élan en grande partie à cause de ces officiers, descendants de samouraïs déchus et appauvris par l’ouverture et l’industrialisation éclair du Japon, dépourvus d’autorité supérieure claire. De la Mandchourie, le poison a diffusé dans toute l’armée impériale. Cependant, l’armée du Kwantung, après l’échec en Sibérie, perd l’avantage face à la marine, qui lance le pays contre les Britanniques et les Américains. En 1945, l’URSS envahit la Mandchourie en une semaine.</p>
<h3>L’art opératif</h3>
<p>Jusqu’au XIXè siècle les militaires visaient la bataille décisive après laquelle l’ennemi accepterait de négocier : Napoléon en était le maître et a hélas mal inspiré l’Allemagne jusqu’aux deux Guerres Mondiales. Car au XXè siècle, les théâtres et les masses humaines acquièrent une telle échelle qu’aucune bataille n’est vraiment décisive : les masses acceptent bien moins facilement la défaite et la « résilience » d’une armée est bien plus grande qu’auparavant. C’est donc sur la durée, la logistique, la mobilisation de toutes les ressources d’un pays à tous les niveaux, la désorganisation progressive de l’adversaire que se gagne un conflit. Et surtout, le but politique à atteindre doit être précis pour permettre une bonne coopération.</p>
<p>Les penseurs militaires russes ont donc inauguré « l’opératique », intermédiaire entre tactique et stratégie ; puis Joukov a appliqué magistralement, aussi bien contre les Japonais en 1939 que contre les nazis, avec un grand succès.</p>
<p>Plus récemment, la Guerre du Golfe de 1991 contre l’Irak a été une superbe mise en œuvre de l’opératique : les Américains ont parfaitement intégré et coordonné leurs armes, atteignant l’objectif précis désigné par le politique (libérer le Koweït et affaiblir Saddam Hussein). Par contre l’invasion de 2003 revient au mythe de la bataille décisive, et croit que tout sera rose après la conquête de tous les lieux de pouvoir.</p>
<h3>300</h3>
<p>Le film déforme l’histoire : Léonidas a surtout payé de sa vie une erreur tactique (oublier un chemin de berger qui contourne les Thermopyles), et son combat n'a été qu’une manœuvre de retardement face au rouleau compresseur perse. D’ailleurs les trois cent Spartiates n’étaient qu’une minorité de cette arrière-garde sacrifiée, l'essentiel des hoplites lacédémoniens étant restés à la maison pour une fête religieuse. Les Grecs n’ont préservé leur indépendance que par la victoire navale de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Salamine">Salamine</a>, suivie d’un étonnant manque d’agressivité de Xerxès.</p>
<h3>Beria</h3>
<p>Parmi les créatures les plus criminelles du XXè siècle, Béria, dernier chef de la police de Staline, organisateur de maintes déportations, figure en bonne place. Malgré tout, c’était un administrateur hors pair, à qui l'URSS doit notamment une part de sa victoire de 1945, et sa bombe nucléaire.</p>
<p>Étonnamment, il était totalement dépourvu d’idéologie, acceptait la discussion dans ses équipes dans des buts d'efficacité, et ne répugnait pas à prendre des idées à l’ouest. Plus radical que Deng Xiao Ping, plus marxiste que Gorbatchev, il était prêt à rendre leur place aux nationalités.</p>
<p>Après la mort de Staline, ses projets de réforme décapants ont effrayé ses collègue du Politburo, qui l’ont évincé et liquidé. L’URSS aurait été très différente — ou n’aurait plus été — avec lui à sa tête.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-17#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/765