Blog éclectique & sans sujet précis - Sur mes étagères alourdies<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Le monde d'hier » de Stefan Zweigurn:md5:f41a7b4cef6d81753e0a4bee446e679c2021-07-31T15:16:00+02:002023-03-13T10:52:49+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneapocalypseautodestructionAutrichecataclysmecatastrophechaoscivilisationculturediscriminationdécadencedémocratiedéshumanisationguerregéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmulticulturalismemémoirenationalismeperspectivePremière Guerre MondialeracismeSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p><em>Und ich mußte immer an das Wort denken, das mir vor Jahren ein exilierter Russe gesagt: »Früher hatte der Mensch nur einen Körper und eine Seele. Heute braucht er noch einen Paß dazu, sonst wird er nicht wie ein Mensch behandelt.«</em></p>
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Et je me souviens toujours de ce mot, que m'avait dit un exilé russe, des années auparavant : « Autrefois l'homme n'avait qu'un corps et une âme. Maintenant il lui faut encore un passeport, sinon il n'est pas traité comme un homme. »</p>
<p>
<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stefan_Zweig" hreflang="fr" title="Stefan Zweig : page Wikipédia">Stefan Zweig</a></em>, Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers</p></blockquote>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-vers_1912-via_Wikipedia.png" alt="Stefan Zweig vers 1912 (via_Wikipedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Stefan Zweig était de ces Européens d'avant l'heure, cosmopolites d'avant la Première Guerre Mondiale, voyageurs sans passeport, passeurs de la culture entre les pays et à travers les langues, et qui, hommes déjà mûrs, ont vu s'effondrer leur monde dans la haine, les mouvements de masse, les frontières, l'exil, la guerre. <em>Le monde d'hier</em> est le testament de Zweig, rédigé juste avant son suicide en 1942.</p> <p>Certes son « monde d'avant » était privilégié : la jeunesse dorée d'une capitale impériale, polyglotte, avide de littérature, de théâtre, de musique, d'art. S'il décrit la Vienne d'avant 1900 comme conservatrice et trop respectueuse de l'âge, il appréciait l'ambiance de son époque : la stabilité, le progrès en marche, l'amélioration progressive de la condition de tous, l'avenir sûr et radieux. Les grandes guerres du XIXè siècle étaient déjà loin, les sociétés évoluaient, dans un Empire presque millénaire.</p>
<p>Cette vitalité et cette confiance furent un piège (à ajouter au dossier de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark">Sleepwalkers</a></em>) :</p>
<blockquote><p><em>Jeder Staat hatte plötzlich das Gefühl, stark zu sein und vergaß, daß der andere genauso empfand, jeder wollte noch mehr und jeder etwas von dem andern. Und das Schlimmste war, daß gerade jenes Gefühl uns betrog, das wir am meisten liebten: unser gemeinsamer Optimismus.</em></p>
<p>
Chaque État avait soudain le sentiment d'être fort, et oubliait que les autres se sentaient de même ; chacun en voulait encore plus, et chacun quelque chose de l'autre. Et le plus grave est que c'est justement ce sentiment que nous aimions le plus qui nous abusait : notre optimisme à tous.</p></blockquote>
<p>Effaré, Zweig voit tous ses amis happés par l'hystérie collective nationaliste.
Incapable de voyager loin, militairement « planqué », il collabore en Suisse à un collectif d'écrivains européens contre la guerre, conscients de parler dans le vide.</p>
<p>Il assiste aux derniers instants de l'Autriche impériale, en croisant l'Empereur Charles de Habsbourg en exil à la frontière suisse.
De Salzbourg, il assiste au chaos économique, au bouillonnement culturel et au complet renversement des valeurs de la nouvelle Autriche — le seul pays que l'on ait jamais forcé à être indépendant.</p>
<p>Les Années Folles se passent mieux (c'est au tour des Allemands de souffrir économiquement). Son succès littéraire déjà naissant avant guerre se renforce.</p>
<p>S'impose progressivement Hitler, que personne en Autriche ne voit venir. En Allemagne, son ami l'homme politique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walther_Rathenau" hreflang="fr" title="Walter Rathenau sur Wikipédia">Rathenau</a> est assassiné. Les chemises brunes sèment le chaos. L'ordre moral et légal, les bases de la société, que même la Première Guerre Mondiale avait à peu près préservées : tout cela s'envole. Sous l'unité de façade du pays face à la menace, Zweig sait que beaucoup, par peur ou prudence, sont déjà préparés à l'Anschluß.</p>
<p>Zweig est un des premiers à fuir, bien avant le rattachement au IIIè Reich. Pour en ajouter aux pertes matérielles (livres, collections) ou immatérielles (amis, famille), il est déchu de sa nationalité en 1938 : il se retrouve apatride. Ce qui semblait un rêve pour un citoyen du monde se transforme vite en cauchemar administratif.
En Autriche, sa vieille mère mourante n'a même plus le droit de se reposer sur un banc lors de ses promenades : interdit aux Juifs.</p>
<p>En Angleterre, impossible de convaincre ses interlocuteurs que la perte de l'Autriche entraînera la chute de toute l'Europe. Zweig assiste à l'euphorie à l'annonce des accords de Munich, et à la consternation rapide quand la population réalise que tout a été abandonné à Hitler. L'ambiance se plombe, la guerre s'annonce, certaine.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26.jpg" title="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26_m.jpg" alt="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Le livre est un document. Quelques petits travers énervent, comme le <em>name dropping</em> permanent : Sigmund Freud, Richard Strauss, Romain Rolland, Bernard Shaw, H. G. Wells, Walter Rathenau, Charles Ier… Certaines visions semblent un peu idylliques (le Paris d'avant-guerre !), en tout cas réservées aux gens des classes aisées ; mais c'est le propre de la nostalgie. Ce livre décrit certes un monde perdu et son auteur, mais sa famille est quasiment oubliée, et il est surprenant que les prénoms de ses deux femmes ne soient même pas cités.</p>
<p>Zweig n'a pas vu la guerre se retourner, ni la reconstruction de l'Europe. Il en aurait sans doute été un des rebâtisseurs. Notre époque, qui remet des frontières partout, fait la chasse aux migrants, et à nouveau en prise à la stupidité de masse, ne lui aurait pas plu. Et il n'aurait pu s'empêcher de retisser des parallèles avec la chute de l'Europe un siècle plus tôt.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/860« La Sinsé gravite au 21 » de Roland C.Wagnerurn:md5:95e68465a183e1bb95ef8ce52015a6ba2019-09-01T19:03:00+02:002020-02-08T17:46:56+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesconquête spatialeextraterrestreshumourlivres lusoptimismescience-fictionspace operaunivers <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/La_Sinse_gravite_au_21-Roland_C_Wagner.jpg" title="La Singé gravite au 21 (Roland C. Wagner)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/.La_Sinse_gravite_au_21-Roland_C_Wagner_m.jpg" alt="La Singé gravite au 21 (Roland C. Wagner)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Autant l’excellente uchronie <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/R%C3%AAve-de-gloire-de-Roland-C.-Wagner">Rêves de Gloire</a></em> semblait construite, complexe, fouillée et longue, autant le space-opera <em>La Sinsé gravite au 21</em> se lit comme rapidement du petit lait, sans se fatiguer, relaxant très agréablement les neurones.</p>
<p>Un héros à la Han Solo, une intrigue à multiples rebondissements plus ou moins crédibles, mais ça n’est pas vraiment le sujet, des idées farfelues à chaque page, des machinations à tiroir, un cosmos tel que je l’aime, débordant de vies, de civilisations et d’extraterrestres originaux, des robots futés, indociles voire gaulois, des méchants un rien caricaturaux sinon c’est pas drôle, une ribambelle de références plus ou moins masquées aux autres auteurs du domaine : c’est le dessus du panier de la SF tonique mais qui délasse. Comme tout livre du domaine vieux de 30 ans, tout le côté informatique est déjà dépassé mais ça n’a aucune importance.</p>
<p>Bref : à lire.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-Sins%C3%A9-gravite-au-21-%C2%BB-de-Roland-C.Wagner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/855«Red Inferno: 1945» de Robert Conroyurn:md5:6718b6cc69c4749960820df689367c222019-08-16T18:36:00+02:002023-08-26T18:54:21+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypsebombe atomiquecataclysmecatastrophechaoscivilisationcommunismecoup basEmpire soviétiqueespionnageEuropegigantismeguerreGuerre FroidegéopolitiquehaineimpérialismeLibérationracléeRussieSeconde Guerre MondialetotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Red_Inferno_1945.jpg" title="Red Inferno: 1945, de Robert Conroy"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Red_Inferno_1945.jpg" alt="Red Inferno: 1945, de Robert Conroy" class="media-left" /></a> Une uchronie qui aurait pu être excellente : et si, en mai 1945, Truman avait voulu marquer son territoire face à Staline, et que celui-ci avait surréagi ? L’Armée Rouge déferle alors sur l'ouest de l’Allemagne direction Anvers, et la Troisième Guerre Mondiale prend une toute autre tournure. <em>Red Inferno: 1945</em> se lit sans déplaisir mais il aurait mérité bien des pages supplémentaires.</p> <p>Le point de divergence est crédible. Dans la réalité, les Soviétiques se sont arrêtés à Berlin. Il y avait bien assez à digérer en Europe de l’Est pour une Armée Rouge épuisée. Mais les Américains n’ont même pas essayé de faire la course à la capitale allemande. (Si les Nazis avaient été rationnels, ils auraient mis les pouces après la perte de la Ruhr.)</p>
<p>Staline, grand paranoïaque, aurait pu vouloir prévenir une trahison des Anglo-Saxons, et attaquer. Une raison supplémentaire était la bombe atomique dont il connaissait l’existence : il fallait frapper <em>avant</em> qu’elle soit fonctionnelle.</p>
<p>Quelques unités américaines, mêlées à des civils allemands ou autres, se retrouvent donc assiégées à Potsdam, près de Berlin, pendant que le gros des armées alliées recule en bon ordre, posément, jusqu’au Rhin. Dans cette enclave, la romance entre un sergent et une Allemande est le fil rouge du livre.</p>
<p>Aux États-Unis, autre romance entre deux fonctionnaires, un universitaire antithèse d’Indiana Jones, qui va se retrouver vite près des hautes sphères, et une Russe blanche. Le côté fleur bleu est trop vite mené, et le suspens lié au risque d'espionnage vite éventé.</p>
<p>Si les histoires de nombreux autres personnages alimentent l’intrigue, ce sont presque tous des militaires, du simple tankiste ou pilote à Ike ou Staline. Ne sont que très furtivement évoqués le cauchemar vécu par les civils ou le sort des millions de prisonniers et déportés de tous bords, perdus dans une Allemagne encore plus chaotique que celle que nous avons connue, ou encore les interrogations des civils, comme les dilemmes des communistes parmi les Alliés... La mécanique militaire et les scènes de combat semblent cohérentes à mes yeux de béotien nourri à <em>Guerres & Histoire</em>, même si on doit pouvoir pinailler sur tel ou tel détail<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Les discussions entre haut gradés sont un peu trop didactiques, mais il en faut bien. Les Soviétiques sont caricaturaux (il n’y en a pas un pour racheter l’autre, de Staline aux tankistes), même si l’ambiance à cette époque <em>était</em> caricaturale. Les personnages n’ont guère le temps d’évoluer.</p>
<p>Sur un thème pareil (une Guerre Mondiale, plusieurs continents), il aurait fallu de nombreuses autres pages sur la masse de conséquences périphériques que la nouvelle situation entraîne. Notamment : l’armée allemande existait encore en 1945, et la manière dont elle aurait pu jouer un rôle n’est traitée que trop vite, du côté américain. Bref, les Allemands sont sous-utilisés et l’on ne rencontre que les plus « respectables », pas les SS (il auraient pu faire chanter les Alliés, par exemple, avec d’effroyables conséquences). Les Japonais n’ont droit qu’à quelques lignes. Les communistes en France, Angleterre, Italie... et les remous sociaux associés ne sont que trop vite traités (à mon avis, en France, on aurait dérivé vers la guerre civile), mais la logistique américaine en aurait massivement souffert. Les pays périphériques sont oubliés. Quant aux membres du projet Manhattan, quel aurait été l’impact de cette guerre sur leur motivation ? Qu’auraient pensé les espions soviétiques les plus idéalistes ?</p>
<p>On voit venir le dénouement à des kilomètres, tellement évident que Staline a effectivement dû le deviner dans la réalité. Les conséquences (titanesques, qui auraient été très ouvertes) sont trop vite évacuées.</p>
<p>Bref, j’ai eu l’impression de lire une version <em>vintage</em> de <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%AAte_rouge">Red Storm Rising</a></em> de Tom Clancy, qui décrivait une attaque soviétique en 1986, de manière trop militaire aussi, et où tout s’enchaînait de façon <em>trop</em> logique. Les guerres actuelles sont certes aussi implacables que des rouleaux compresseurs, mais elles ne se déroulent jamais comme prévu sur les plans.</p>
<p>Cela dit, c’est une uchronie agréable, bien construite, sans temps mort.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Toutes les critiques en lignes relèvent l’attaque de l’URSS en 1940 et non 1941, une erreur de base. Mais après tout le point de divergence réel aurait pu être antérieur à1945...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%ABRed-Inferno%3A-1945%C2%BB-de-Robert-Conroy#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/854„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbachurn:md5:4398784936b629e8bc092eadc52694c42019-08-04T19:09:00+02:002023-08-26T18:51:44+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAllemagneapocalypsechaosmicroéconomiemortSeconde Guerre Mondialeéconomie <p>C'est un <em>krimi</em>, lu en VO, et à ma connaissance non traduit. Non germanophones, passez votre chemin<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ou restez, vous ne lirez ceci nulle part ailleurs. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" title="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" alt="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach" class="media-left" /></a></p>
<p>Les polars se ressemblent souvent, j’en lis peu. L’intérêt de celui-ci : le lieu et l’époque. L’Allemagne était sans doute un des pires endroits en 1946 : ruinée, détruite, occupée, affamée, parcourue de bandes de <em>displaced persons</em>, et sans nouvelles de millions de prisonniers. À Mayence, sous occupation française, les gens meurent littéralement de froid. La viande, l'alcool ou le vrai café sont rarissimes et précieux. Le trafic et les petites combines sont généralisés, question de survie.</p>
<p>Né à Mayence, vétéran de la guerre d’Espagne et de la Résistance (française, oui), le commissaire Koch arrive dans les rangs d’une police saignée par la guerre et la dénazification, et minée par la corruption due à la pénurie généralisée.</p>
<p>Premier cas : un gardien a été tuée par un raid sur un entrepôt. On suspecte un bourgeois local, quasi-chef de bande, au centre de trafics en tout genre, mais intouchable par ses nombreuses relations, y compris chez les officiers français.</p>
<p>Second cas : un jeune homme assassiné, sans doute pour quelque morceaux de viande. Lui aussi trafiquait-il ?</p>
<p>Ce ne seront pas les derniers cadavres. Koch devra faire le lien avec une femme du quartier, sans nouvelle d'un mari prisonnier en Sibérie, dont le fils, amputé, agonise, et pour qui elle trahira toutes les règles. Le point de vue de cette <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines">Trümmerfrau</a></em> alterne tout le livre avec celui de Koch.</p>
<p>Koch devra aussi démêler tout ça avec un adjoint doué mais débutant, un collègue vieux briscard et un voisin alcoolique aux activités louches ; parfois sans voiture, toujours sans le soutien de son chef.</p>
<p>Les relations troubles, les nazis encore présents, les éternels problèmes d'approvisionnement, le pessimisme de ceux qui ne croient pas à une vie meilleure dans le futur s'égrènent tout le livre, parfois contrebalancés par quelques lueurs d'optimisme : un printemps qui arrive ou une université qui rouvre.</p>
<p>Page des romans de l'auteur :
<a href="https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211" hreflang="de">https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211</a> (ô joie, il y a deux suites !)</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Et là disparaît 90 % de mon misérable lectorat.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/853Francis Carsacurn:md5:a1a4641b796f8db94b9580b910c9c2502018-09-14T18:30:00+02:002021-08-12T10:10:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanthropomorphismeapocalypsecataclysmecatastrophecivilisationcolonisationcommunicationconquête spatialedéshumanisationextraterrestresimpérialismelivres lusmulticulturalismenationalismeracismesciencescience-fictionsociétés primitivesspace opera<p>Il y a 13 ans, dans un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/./lectures/liste_livres_lus.html">autre recoin de ce coin de web</a>, j'écrivais à propos de <em>Ce monde est nôtre</em> :</p>
<blockquote><p>C’est un vieux classique par un vieux routard de la SF française des années 60, et la suite de <em>Ceux de nulle part</em>, que j’ai apprécié en tant qu’ado. Ici revient l’intrigue assez classique d’un explorateur d’une civilisation intergalactique plongé dans une guerre sur une planète médiévale. Pas trop mal mené, mais les thèmes et surtout le style ont mal encaissé les années.</p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_1.jpg" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_1_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 1" /></a> Adolescent, j'aimais bien les trois Carsac que j'avais lu, notamment dans un recueil du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_du_livre_d%27anticipation">Club du Livre d'Anticipation</a> de mon père, entre les <em>Robots</em> d'Asimov et <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt">l'Empire de l'Atome</a></em> de Van Vogt. L'été dernier, j'ai trouvé chez beau-papa l'intégrale parue il y a 20 ans chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lefrancq_(maison_d%27%C3%A9dition)">Lefrancq</a> et je lui ai empruntée.</p>
<p>Sur la forme : cette intégrale contient moultes coquilles, quelques bout de phrases déplacés, des sauts de paragraphe manquants et même une mention erronée de <em>Terre en fuite</em> sur le tome 1 (à la place de <em>Ce monde est nôtre</em>). Je sais certes que l'on peut relire mille fois un texte et qu'il restera toujours des coquilles, mais bon. De plus, les commentaires du fils de l'auteur, pas inintéressants dans le tome 1 pour éclairer un peu l'œuvre, manquent totalement du tome 2.</p> <ul>
<li>Pour la biographie de Carsac, plus connu en fait sous son nom de François Bordes, paléontologue reconnu : <a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">voir Wikipédia</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour une liste détaillée des œuvres avec les couvertures originales au mythique Rayon fantastique : <em>cf</em> le blog <em><a href="https://ocyaran.wordpress.com/2013/01/04/un-auteur-francis-carsac/">En terre étrangère</a></em>.</li>
</ul>
<p>Les différents romans sont parus dans les années 1950 et 60, et en portent la marque, différemment. Je fais parfois mon blasé parce que j'ai lu beaucoup depuis de choses publiées entre temps, mais, globalement, on reste sur le dessus du panier de la SF française de l'époque. Et bonne nouvelle : chaque roman est meilleur et plus complexe que le précédent. Les trois dont je me souvenais depuis le siècle dernier (<em>Les robinsons du Cosmos</em>, <em>Ceux de nulle part</em>, <em>Ce monde est nôtre</em>) le méritaient.</p>
<p>Par ordre plus ou moins chronologique :</p>
<h3>Sur un monde stérile</h3>
<p>Un groupe de jeunes amis embarquent dans l'astronef fabriqué en secret dans son garage par l'un d'eux, débarquent sur Mars sans préparation, sinon des armes, beaucoup d'armes, et rencontrent trois peuplades martiennes qui se livrent une guerre éternelle. Comme il est très clair d'entrée qui sont les beaux et gentils et qui sont les affreux et méchants, ils prennent parti, sinon le commandement, et participent au génocide final des mauvais.</p>
<p>C'est typiquement l'œuvre de jeunesse (écrite vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui doit expliquer des choses) sortie des fonds de tiroir bien plus tard, sans intérêt autre que comme témoignage d'une époque. Le scénario ne manque pas de rythme mais l'histoire est prévisible, le manichéisme brutal, le savant un peu trop génial, et la psychologie des personnages basique. L'enchaînement des opérations militaires lasse. Carsac lui-même n'aimait pas ce roman de débutant qui n'a pas été publié de son vivant.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile.jpg" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Sur_un_monde_sterile_m.jpg" alt="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Sur un monde stérile, dessin de l'auteur.jpg" /></a></p>
<h3>Les robinsons du Cosmos</h3>
<p>Par contre, cette histoire a marqué mon adolescence, en partie par les dessins de Moebius dans l'édition du Club. Il paraît qu'elle eut un grand succès en Union Soviétique à l'époque.</p>
<p>L'idée n'est pas bête, de déporter un village entier sur une autre planète, par un tour de passe-passe soudain dans l'espace-temps. (Cela rappelle un peu un vieil Hamilton, <em><a href="https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146560676">la Ville sous Globe</a></em>, mais l'histoire est plus intéressante, les personnages moins caricaturaux et les filles sont armées.) Comme dans toute bonne SF post-apocalyptique, les ennemis les plus dangereux ne sont pas les hydres volantes ou les indigènes, mais d'autres humains, et cela d'entrée.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-hydre_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos-L'hydre, dessin de Moebius.jpg" /></a> Ce problème réglé, nos déportés explorent et s'installent, rencontrant une peuplade de centaures, et on tombe plus ou moins dans le roman d'exploration-colonisation à la gloire des ingénieurs et techniciens.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius.jpg" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Les_Robinsons_du_cosmos-centaures_par_Moebius_m.jpg" alt="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Les Robinsons du Cosmos : les centaures, dessin de Moebius.jpg" /></a>J'ai été un peu agacé par ce côté « dictature éclairée des scientifiques », très fréquent chez Carsac, ainsi que par le sort très expéditif réservé aux « méchants » (mais je n'ai pas combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale comme l'auteur, moi). Comme je cherche toujours la petite bête, je suis un peu resté sur ma faim sur le côté pratique (à partir d'un gros village et d'une usine, comment reconstruit-on une civilisation ? à quoi doit-on renoncer ?). Le narrateur est un dirigeant, un scientifique-qui-sait, la piétaille reste dans l'ombre.</p>
<p>Malgré ces peccadilles, une bonne lecture.</p>
<h3>Ceux de nulle part</h3>
<p>Voici un autre très bon souvenir de lecture de jeunesse que j'ai relu avec plaisir. Écrit en pleine mode des soucoupes volantes, <em>Ceux de nulle part</em> relate l'enlèvement, un peu par hasard, du docteur Clair par des extraterrestres (les Hiss, quasi-humains à peau verte, pour ne pas faire original), et la découverte de leur civilisation et de celle des planètes amies.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ceux_de_nulle_part.jpg" alt="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis_Carsac, Ceux de nulle part, le Rayon Fantastique.jpg" /></a>Civilisation où le bon docteur prendra une place importante, puisqu'il est de la première espèce à sang rouge découverte par ses kidnappeurs ; particularité qui le rend insensible au rayonnement des maléfiques misliks.</p>
<p>Les misliks sont constitués de métal pur, éteignent les étoiles, et sont une des meilleures inventions de Carsac : l'Ennemi, le Mal absolu, qui éteint la lumière et la vie, qui nous est totalement étranger, avec qui on ne pourra jamais trouver d'arrangement. (Dans la fameuse <a href="https://spacearchaeology.org/?p=79" hreflang="en">classification des aliens d'Orson Scott Card</a>, ils seraient les « varelses » ou même les « djurs », quand les hiss et leurs nombreuses espèces amies sont des « ramens », voire plus proches encore).</p>
<p>Civilisation intergalactique pacifique, chocs culturels, traditions différentes, mélange même des espèces, puisque Clair rencontre une charmante quasi-humaine d'Andromède (sans surprise, le charme exotique opère), sans supériorité humaine : était-ce si fréquent dans la SF française des <em>fifties</em> ?</p>
<h3>Ce monde est nôtre</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Ce_monde_est_notre.jpg" alt="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Ce monde est nôtre.jpg" /></a><em>Ceux de nulle part</em> pourrait être vu comme une longue introduction à l'univers de <em>Ce monde est nôtre</em>, dont la thématique commence à être nettement plus complexe.</p>
<p>Quelques siècles après l'arrivée de Clair chez les Hiss, un de ses descendants, Akki, a pour tâche d'inspecter les planètes encore barbares. L'une d'elle, au stade médiéval, est peuplée de deux civilisations humaines ennemies, plus une troisième proche des Hiss. Or la loi de fer de la grande civilisation galactique et paternaliste est impitoyable : il ne doit y avoir qu'une humanité par planète — l'expérience montre que, sinon, cela finit toujours par dégénérer. Quels peuples vont devoir être déportés sur une autre planète ? Pour tous, cette terre est celle de leurs ancêtres, ils sont chez eux.</p>
<p>Très loin de la neutralité, Akki va se faire entraîner dans la politique interne d'un camp — évidemment il y a une jeune et belle duchesse en danger — puis la guerre entre les deux factions humaines, pour commencer. Enfin arrivera le choix de ceux qui resteront et ceux qui partiront.</p>
<p>C'est bien mené, on est loin du scénario linéaire, les personnages se cassent le crâne à savoir quelle est la chose juste à faire, et il n'y a pas de solution miracle. Le chapitre final est de trop, et je suis un peu dubitatif sur cette grande et sage civilisation galactique qui s'autorise à génocider les peuples les plus agressifs.</p>
<p>On a vu des relents de guerre d'Algérie dans cette histoire pourtant écrite avant, mais le fils de Francis Carsac explique qu'il s'agit plutôt d'un parallèle avec la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers" hreflang="fr">Guerre des Boers</a>. Hélas, on peut tracer un parallèle avec un très grand nombre de zones de conflits passés et présents, probablement futurs.</p>
<p>Bref, une bonne lecture aussi sur un thème éternel.</p>
<h3>Terre en fuite</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72.jpg" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-Terre_en_fuite-Rayon_Fantastique_72_s.jpg" alt="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Terre en fuite, couverture Rayon Fantastique n°72" /></a>Roman un peu bâtard, un peu énervant par le côté « je suis un super-scientifique et je deviens le dictateur qui sauve l'humanité » (ah, si c'était même possible !). Un homme d'un futur lointain s'incarne dans un ingénieur de notre époque, et raconte son épopée, rien moins que la migration de la Terre et de Vénus, transformés en vaisseaux spatiaux, autour d'une autre étoile.</p>
<p>Les histoires s'enchaînent comme des épisodes différents sans grand fil conducteur, les problèmes techniques sont vite évacués, les opposants sont d'infâmes fanatiques sans subtilité, le reste de la population est docile, et comme souvent j'ai l'impression qu'elle n'existe pas vraiment. Je l'avais lu il y a bien longtemps, je comprends pourquoi il m'a laissé un souvenir flou.</p>
<h3>Pour patrie, l'espace</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-Pour_patrie_l_espace.jpg" alt="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Pour patrie l'espace" /></a>Bien plus complexe est l'histoire de ce militaire d'élite d'un Empire terrien en pleine guerre civile, recueilli par une civilisation d'astronefs-villes nomades, à tendance anarchistes, où on lui fait bien comprendre qu'il est un plouc. Mais on a besoin de ses qualités militaires et techniques.</p>
<p>Le choc culturel est violent, les relations avec la gente féminine pleines de méfiance. Racisme, égoïsme, tout y passe. Peut-être peut-on reprocher un manque de subtilité, mais ce militaire n'est <em>pas</em> subtil.</p>
<p>Ce n'est pas déplaisant. Il y a une <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/07/27103626.html">chronique enthousiaste sur SF Emoi</a>.</p>
<h3>La vermine du lion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/Francis_Carsac-OEuvres_completes_2.gif" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Francis_Carsac/.Francis_Carsac-OEuvres_completes_2_m.jpg" alt="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Francis Carsac, Œuvres complètes, tome 2" /></a>Cette dernière histoire est la plus longue, dense et complexe écrite par Carsac (surtout avec les deux prologues, ajoutés par la suite si j'ai bien compris). Fondamentalement en fait, c'est un mélange de western (Carsac était fan) et de roman d'aventure coloniale, transposé dans le futur, sur une autre planète ; où l'on rejoue une fois de plus le thème de la très méchante méga-entreprise sans âme qui veut exploiter une planète en pressurant ses employés, en soudoyant les colonialistes au gouvernement, et en liquidant les autochtones s'ils gênent, quitte à encourager leurs dissensions internes et manipuler leurs fanatiques religieux. Cela pourrait se passer au XIXè siècle comme de nos jours, et devait résonner d'autant plus fort à l'époque de la décolonisation. En fait, la science-fiction n'apporte pas grand-chose à cette histoire.</p>
<p>Notre héros est la caricature du surhomme à la Carsac, physiquement et mentalement, devenu un cow-boy redresseur de tort, défenseur de ses amis les « sauvages » sans trop d'égard pour la loi et les grands principes vus les enjeux. Il est flanqué d'un lion intelligent, fort pratique pour se défendre ou livrer une justice expéditive, mais un peu sous-exploité. L'histoire est parasitée par plusieurs dames qui ne peuvent rester insensibles à son charme, aux motivations parfois floues. Hélas, là encore, Carsac ne semble savoir résoudre les problèmes de cœur de ses personnages que par l'élimination physique de certains protagonistes. Pour ce dernier roman, il ne se croit pas obligé au <em>happy end</em>.</p>
<p>Je fais la fine bouche, mais je suis d'accord avec la chronique ébahie de <a href="http://sfemoi.canalblog.com/archives/2013/05/10/27121855.html">SF Emoi</a>.</p>
<h3>Nouvelles</h3>
<p>Le tome 2 de l'intégrale se finit par quelques nouvelles, un peu inégales, en taille comme en valeur ou en originalité, mais pas désagréables. Beaucoup tournent autour du voyage dans le temps jusque l'époque paléolithique (la spécialité de François Bordes) et du choc entre hommes civilisés et « sauvages ».</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Francis-Carsac#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/851John Wyndham : triffides, krakens, lichen, chrysalides, coucous et graines du tempsurn:md5:01abce100db92465d0a99eab904d39d62018-01-19T19:02:00+01:002020-02-08T17:56:11+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypseautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophechaoscivilisationcommunismecoup basexaptationextraterrestresgéopolitiquelivres luspessimismeracléescience-fictionthéologie<p>Je viens de relire des classiques de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Wyndham">John Wyndham</a>, ce maître de la science-fiction britanniques des années 50. Ça n’a pas forcément vieilli.</p>
<p>Un point rare dans les livres de cette époque : les personnages féminins de Wyndham sont très loin des potiches, princesses à sauver ou méchantes sorcières. Elles sont aussi motrices de l'action que les mâles, sinon plus assurées qu’eux. C’est un signe de l’évolution sociale depuis les années 50, à la mentalité étonnamment éloignée de la nôtre (<em>cf</em> <em>The Trouble With Lichen</em>, notamment).</p>
<p>Ce n’est pas le seul point lié à la société : la difficulté d’une réponse collective à un danger extérieur, nos effets de troupeau, les foules stupides (y compris en haut de la société) reviennent systématiquement. Les réactions de l’URSS (à l’époque stalinienne) aux différentes menaces rencontrées relèvent du comique.</p> <h3>Triffides</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Triffide.gif" title="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/Triffide.gif" alt="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Triffide par John Wyndham - Fair use via Wikipédia" /></a></p>
<p>Le plus connu, <em>The Day of the Triffids</em> (VF : <em>Le jour des Triffides</em>) ne déparerait pas dans les histoires de zombies et vampires. Et comme dans beaucoup de ces histoires apocalyptiques, ce sont les autres survivants, et non les zombies/triffides/monstres divers, qui sont les véritables dangers (on est quand même loin du sadisme de <em>The Walking Dead</em>).</p>
<p>À la suite d'un phénomène astronomique, presque toute l’humanité est devenue aveugle et la civilisation s’effondre. Parallèlement, des plantes autoportantes à dards, très agressives, se répandent — l’aspect comique disparaît très vite. À Londres, les quelques non-aveugles restants se battent pour les réserves des magasins, fuient les villes ravagées par les épidémies et qui vont brûler. Comment s’organiser ? Peut-on/doit-on tenter de sauver tous ces aveugles ?</p>
<h3>The Kraken Wakes</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/The_Kraken_Wakes.jpg" title="The Kraken Wakes"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/.The_Kraken_Wakes_s.jpg" alt="The Kraken Wakes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="The Kraken Wakes" /></a></p>
<p>Au début il s’agit d’une « classique » invasion extraterrestre, même si la provenance de l’ennemi est floue. Des OVNIs disparaissent en mer, puis des bateaux sont coulés en masse, puis les plages sont attaquées. On ne verra jamais les envahisseurs. Les humains sont surtout incapables de reconnaître à temps le danger et d’y apporter une réponse efficace. Là encore la fin du monde menace.</p>
<p>Le couple de narrateurs est journaliste : très pratique pour suivre les informations et les errements politico-sociaux. Mais ils se laissent un peu porter par les événements, en spectateurs.</p>
<h3>The Chrysalids</h3>
<p>Grand saut dans le futur : <em>The Chrysalids</em> relève de la SF post-apocalyptique version atomique, dans un Labrador devenu le dernier refuge de la civilisation, ravalée tout de même au niveau social et technologique de la Renaissance. Cette petite communauté hyper-religieuse brûle la moindre plante mutante, et il arrive malheur aux nouveaux-nés anormaux. Les zones ravagées par la radioactivité reculent peu à peu, mais à leur frontière vivotent de nombreux humains « anormaux » et agressifs. Mais certains ne présentent aucune malformation apparente et apparaissent dans les familles les plus établies du Labrador. Seront-ils démasqués ?</p>
<p>Le thème du mutant-surhomme-mais-maudit n’avait déjà pas une grande originalité (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_la_poursuite_des_Slans">À la poursuite des Slans</a></em> de Van Vogt date de 1940 et n’est sûrement pas le premier sur le sujet) et le coupler à la grande peur de l’Apocalypse atomique correspondait à l’ambiance de la Guerre Froide.</p>
<p>Là encore le héros réagit plus qu’il ne mène les événements, et les personnages moteurs sont plutôt féminins. Le plus intéressant réside encore dans la sociologie de cette communauté isolée, arc-boutée sur l’orthodoxie, dont les membres les plus laxistes et irresponsables sont involontairement facteurs de progrès. Le <em>deus ex machina</em> final est un peu facile.</p>
<h3>The Seeds Of Time</h3>
<p>C’est un recueil de nouvelles. J'en ai oublié donc la plupart. Un peu atypiques par rapport à ce qui se lisait dans les années 50, et avec ces femmes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds (parfois le contraire...).</p>
<h3>The Trouble with Lichen</h3>
<p>Difficile de parler de <em>The Trouble with Lichen</em> sans révéler son thème principal, longtemps inconnu du lecteur. De tous les livres de cette petite liste, c’est aussi le plus marqué par son époque : si l’héroïne, biochimiste, est la maîtresse de son destin dans tous les sens du terme, elle subit bien des pressions pour revenir au cliché de la femme au foyer ayant abandonné ses études, préoccupée par les enfants et sa beauté qui sera trop vite fanée. On ne réécrirait rien de pareil à notre époque. Quoique.</p>
<p>En arrière-plan : comment faire accepter à une société des changements scientifiques majeurs, qu'elle a de bonne chance de rejeter d'emblée ? Un goût de transhumanisme avant la lettre...</p>
<h3>The Midwich Cuckoos</h3>
<p>Des films ont été tirés de cette histoire d’invasion, tout à fait dans l’air de son temps, elle. Une nuit, un village entier est coupé du monde et toutes les femmes tombent enceintes. Et les enfants font peur... Un classique.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/John-Wyndham-%3A-triffides%2C-krakens%2C-lichen%2C-chrysalides%2C-coucous-et-graines-du-temps#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/843« Ravage » de Barjavelurn:md5:145f601f59d23413fcf25318a57c57a52017-01-22T22:19:00+01:002017-03-04T22:00:32+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanalogieapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcouragedéshumanisationexaptationlivres luslyrismenaturenostalgieperspectivepessimismesciencescience-fictionSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeutopieécologieénergieévolution <p>Dans la SF française, qui ne s’appelait pas encore comme cela en 1942, c’est un classique et la première œuvre d’un de nos plus grands auteurs. Mais noyés dans les odeurs de cendres surnagent quelques relents un peu nauséabonds. C’est une des difficultés des anciens livres : discerner ce qui vient de l’air de son temps, ce qui est deuxième degré, et ce qui est vrai choix de l’auteur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Barjavel_Ravage.jpg" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Barjavel_Ravage_m.jpg" alt="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin" /></a> Dans le Paris de 2052, tel qu’imaginé juste avant-guerre, l’électricité disparaît inexplicablement. Pendant que la civilisation s’écroule puis que le monde flambe, le jeune François sauve sa jeune, innocente, belle et naïve Blanche, puis monte une expédition pour rejoindre la région rurale isolée où ils ont grandi.</p>
<p>Comme dans toute anticipation dont la date est dépassée ou proche, certaines pages font sourire. La nourriture ne provient que de la synthèse chimique, personne ne sait plus à quoi ressemble un poulet, mais les ouvriers meurent toujours à 50 ans à cause de la dureté de l’usine. Le « plastec » omniprésent n’est pas si loin de la réalité actuelle, et les trains à haute vitesse sillonnent l’Eurasie, mais les avions ne semblent pas voler plus loin qu’en 1939. Le téléphone est en 3D mais il faut toujours se déplacer dans la pièce où il sonne. Les mœurs nous sembleront surannées : Blanche suit une école pour futures « mères d’élite » et elle obéit sans mot dire à son homme. Il est facile de se moquer après coup, je pense que mes éventuelles prédictions pour 2117 feraient rire mes descendants (voire moi-même ?).</p>
<p>La partie la plus intéressante reste la description de la société qui s’effondre, du chaos et des méthodes de survie. On a sans doute fait mieux dans le domaine depuis 1942, mais le passage des individus policés aux bandes barbares reste convaincant : un sage a bien dit que la différence entre la civilisation et la barbarie n’était que de quelques repas, et je le crois volontiers.</p>
<p>Par certains côtés <em>Ravage</em> m’a rappelé <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malevil">Malevil</a></em> de Robert Merle : destruction totale, barbarie des survivants, héros reconstituant une bande.</p>
<p>Tout cela a d’ailleurs un avant-goût assez inquiétant : combien de temps durerait notre civilisation si l’électricité, pour une raison ou une autre, disparaissait pour longtemps à une échelle continentale ? Sommes-nous certains d’être à l’abri du danger ? Saurions-nous rester assez disciplinés et éviter le chaos ? Barjavel a peut-être été inspiré en partie par l’Exode, tout proche.</p>
<p>Le personnage de François fait froid dans le dos par son adaptation froide à la barbarie de la situation. C’est l’« homme providentiel » par excellence, le guide-né sans lequel les autres ne sont que moutons stupides, et contesté par personne. C’est par lui que l’on retrouve peut-être le pétainisme à la mode en 1942. Barjavel a certes travaillé pour Denoël qui était collaborationniste et publié chez lui, mais il y travaillait avant guerre ; et si <em>Ravage</em> cadrait dans la philosophie de Vichy, le reste de l’œuvre de Barjavel n’a rien à voir. On peut ne voir dans <em>Ravage</em> que méfiance envers un progrès incontrôlé et regret de la France rurale, comme encore parfois aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire que l’on souhaite la destruction de la société moderne. Doit-on voir dans le chapitre final une apologie du bonheur par l’obscurantisme, ou un avertissement ? C’est sur cette grosse ambiguïté que se finit le livre. Même si le futur de cette société, entrevu dans le <em>Voyageur imprudent</em> paru peu après, ne fait pas rêver.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ravage-de-Barjavel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/836« La Forteresse perdue » (de Nathalie Henneberg)urn:md5:4af00f3d6615e89c031f7fac516482422016-09-17T12:00:00+02:002019-02-02T11:26:45+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypseconquête de l’inutileconquête spatialecoup basdommageextraterrestresgaspillageguerrelivres luslyrismemémoireperspectiveprise de têtepsychologiescience-fictionSeconde Guerre Mondialespace operasurréalismeunivers <p>Ma période <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg">Nathalie Henneberg</a> n’est pas terminée, il me reste quelques livres issus des étagères remplies par mon père dans les années soixante.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_forteresse_perdue.jpg" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_forteresse_perdue_s.jpg" alt="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" /></a>La Terre de 2300, en pleines convulsions, envoie sa Légion Spatiale de « volontaires pour mourir ». Un navire échoue sur une planète maudite et stérile où de sombres forces maléfiques immatérielles manipule la faune et la population locales, pousse des humains à la trahison, pour se saisir de ces astronautes perdus — avec la Terre en ligne de mire.</p>
<p><em>La Forteresse perdue</em> ne restera pas pour moi son meilleur ouvrage. Trop de thèmes déjà lus dans la <em>Rosée du soleil</em> ou le <em>Mur de la lumière</em> reviennent. Le couple des Amants-Parfaits-qui-se-sont-toujours-connus perturbé par un génie-tourmenté-presque tout-puissant, évidemment amoureux de la belle-pas-indifférente-car-ils-se-sont-connus-dans-un-autre-temps-mais-qui-le-repousse a déjà été utilisé dans le <em>Mur de la lumière</em>. La force occulte et la trahison dudit savant annoncent le prince Valeran de la <em>Plaie</em>. Autre rengaine : les mutants, positifs ou négatifs, qui modifient l’univers autour d’eux sans le vouloir ni même le savoir. Au moins n’a-t-on pas cette fois de mère folle prête à vendre sa fille, l’héroïne est orpheline.</p>
<p>Le style d’Henneberg reste matière de goût, un rien confus et flamboyant, instable mélange de lyrisme slave et de rationalité française. Et on ne goûte pas forcément l’utilisation systématique de ces personnages-archétypes.</p>
<p>Un intérêt quand même : le parallèle avec la vie de l’autrice et certains faits oubliés de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Impossible de ne pas retrouver Nathalie Henneberg et son mari, sous-officier de la Légion Étrangère d’origine allemande, basé en Syrie avant-guerre, dans le couple d’Alix & Arnold de Held (<em>Held</em> = héros en allemand). Les résurgences entre époques abondent chez Nathalie Henneberg.</p>
<p>Le couple était également aux premières loges pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Syrie_(1941)">campagne de Syrie de juin 1941</a>, quand Britanniques et Français libres envahirent le territoire tenu par Vichy pour couper les voies de communication de l’Axe : des Français, dont des légionnaires, étaient dans les deux camps, et il y eut des morts. Dans quels camps de 1941 se transposent les légionnaires et les androïdes du livre ? La transposition est vaine mais la Légion de 2300 se bat inutilement pour l’honneur plus que pour d’autre cause, comme celle de 1941 par bien des côtés.</p>
<p>Bref, la <em>Forteresse perdue</em> est un ouvrage peut-être un peu superflu pour qui n’est pas un inconditionnel d’Henneberg, mais il m’a donné envie de lire les autres autour de cette histoire syrienne vécue réellement de près (notamment <em><a href="http://sombres-rets.fr/hecate-nathalie-henneberg" hreflang="fr" title="Hécate, éditions Sombres Rets">Hécate</a></em>).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-forteresse-perdue-de-Nathalie-Henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/828« Syzygie » de Michael Coneyurn:md5:372e4fc7ca0b810a58508db4f81375992016-08-05T12:05:00+02:002016-08-08T11:16:53+02:00ChristopheSur mes étagères alourdies <p>Le britannique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Coney">Michael Coney</a> n’est pas très connu mais certaines de ces œuvres m’ont marqué. La nullité et/ou la duplicité d’un gouvernement d’incapables ou de médiocres qui néglige les petites communautés, les catastrophiques effets de foule dans une population, ou la manque de vision à long terme reviennent fréquemment. Malgré tout les romans restent optimistes, et on sent de la tendresse pour le commun des mortels.</p>
<p><em>Syzygie</em> tire son nom d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syzygie">phénomène astronomique</a>. En l’occurrence une conjonction des six lunes d’Arcadia, paisible planète colonisée depuis des décennies mais encore très rurale. La précédente conjonction, 52 ans plus tôt, avait donné lieu à de nombreuses violences. Dans ce monde manifestement ni informatisé ni connecté, la mémoire collective de l’événement reste étonnamment floue.</p>
<p>Ces phénomènes réapparaissent avec la nouvelle conjonction, avec de nombreux phénomènes écologiques bizarres. Pourquoi les villageois se querellent-ils violemment ? Comment est morte la fiancée du héros (un scientifique un rien misanthrope, donc l’observateur détaché idéal des mouvements de foule et leur cible favorite), quelques temps auparavant ? Comment réagir face à une intelligence extérieure qui n’a jamais côtoyé d’autre intelligence ? (Ça m’a fait penser à la distinction <a href="http://enderverse.wikia.com/wiki/Hierarchy_of_Foreignness" hreflang="en">raman/varelse</a> de Orson Scott Card dans les suites de la <em>Stratégie Ender</em>).</p>
<p>Roman assez court, à conseiller à tous y compris vos ados.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Syzygie-%C2%BB-de-Michael-Conney#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/820Nathalie Hennebergurn:md5:3c2b731d7ae988524d52a3d0757ca4592016-07-06T23:40:00+02:002020-02-08T18:31:09+01:00ChristopheSur mes étagères alourdies<p>Ma revue de SF préférée, <em><a href="http://www.galaxies-sf.com/">Galaxies</a></em>, a sorti un <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier sur Nathalie Henneberg</a>, et ça n’a pas raté : je relis en rafale tous les tomes que j’ai sous la main (en bonne partie hérités de mon père, car la dame est peu republiée depuis ma naissance, hélas !).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_Plaie.jpg" title="N_Henneberg_La_Plaie.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_Plaie_s.jpg" alt="N_Henneberg_La_Plaie.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Elle était exactement le genre d’auteur entre deux mondes (on dit aussi « le cul entre deux chaises » ) que j’aime en ce moment : Nathalie Henneberg n’est pas née française mais russe, s’est réfugiée en Syrie après la Révolution de 1917, et a épousé un militaire français, témoin de la Seconde Guerre Mondiale.</p>
<p>Elle mélange allègrement romantisme, souffle épique et fatalité slaves, éléments rationalistes plus occidentaux et science-fiction de l’époque « fusées et fulgurants ». Elle détonne dans le monde très rationnel de la SF du XXè siècle.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" title="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>J’avais parlé ici de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg">la Plaie</a></em>, que j’adore, et de sa suite <em>Le Dieu foudroyé</em> ; mais aussi du <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg">Sang des astres</a></em>, beaucoup plus dispensable (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg#c84199">quoique Pierre ne serait pas d’accord</a>).</p>
<p>Je viens de relire la <em>Rosée du soleil</em>, qui commence comme une mauvaise histoire d’astronautes perdus sur une planète, et dérive dans l’<em>heroic fantasy</em> noire avec des reines-déesses.</p>
<p>Un de ses premiers succès, le <em>Mur de la lumière</em> (republication de <em>An Premier, Ère spatiale</em>), mélange allègre le <em>space opera</em>, des mutants, des réminiscences atlantes et un roman policier à huis clos à l’ancienne.</p>
<p>Avec le dossier, <em>Galaxies</em> avait publié <em>Kheroub des Étoiles</em>, dernière œuvre, jamais publiée, sans plus grand rapport avec la science-fiction, au point que l’on pourrait la transposer aux temps d’Ulysse ou du Graal en changeant une poignée de mots. Plus encore que dans le <em>Dieu foudroyé</em>, les ellipses nuisent à la lisibilité, et la rationalité des personnages-archétypes devient accessoire.</p>
<p>La subtilité n’est pas le rayon des Russes et Nathalie Henneberg ne lésine pas sur l’eau de rose : les jeunes gens innocents des deux sexes se pâment devant (suivant leur sexe) leur sauveur mi-<em>boy scout</em> mi-demi-dieu ou devant une reine quasi-déesse. Une pesante dose de catastrophisme provient des guerres que Nathalie Henneberg a vues en Russie ou en Syrie. Les personnages sont rarement gris clair-gris foncé, le manichéisme règne — parfois au sein d’un même personnage ! Ajoutons un peu de psychanalyse de bazar : il y a peu de mères plus indignes que celles de ses livres, il paraît que Nathalie Henneberg ne s'entendait pas avec la sienne. Les turpitudes internes des personnages sont plus travaillées que l’arrière-plan technologique parfois risible.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Dieu_foudroy%C3%A9.jpg" title="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé_s.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Dans les anciens comme les derniers livres, les personnages principaux sont toujours des archétypes, quasi-explicitement. Pas forcément parfaits, parfois maléfiques mais souvent surhumains. Le parallèle avec les demi-dieux ou les Atlantes est parfois explicite, parfois plus ténu. Comme dans les tragédies grecques, ça ne fait pas leur bonheur : soit ils ne savent pas maîtriser leur don, soit ils en usent pour le pire plus ou moins volontairement, soit le monde veut les éliminer <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, ces options ne s’excluant nullement entre elles. Et le temps qui passe ne change rien, car c’est un cycle et les réincarnations sont courantes.</p>
<p>Vue la génération de la dame, on pardonnera quelques clichés plus très politiquement corrects, notamment les comportements stéréotypés des femmes-enfants énamourées ou des remarques sur le côté hystérique et instable des dames que ces crétins de mâles sont évidemment incapables de comprendre.</p>
<p>Stylistiquement, j’ai l’impression que les parties les plus faibles, sinon carrément mauvaises, sont celles se voulant rationnelles, dans le fil de la SF des années 50 un peu naïve, explicative (simplette ?). Une fois l’histoire en place, et le mode épique enclenché, parfois sans trop se soucier que le lecteur suive, on change de dimension, se fait emporter, tant pis si la vérité scientifique ou la cohérence de l’histoire passent à la trappe — c’est un cartésien qui parle —, et tant pis pour quelques aspects devenus kitsch.</p>
<p>Mais c’est justement souvent cela qui frappe et qui plaît : un mélange nettement plus corsé que <em>Star Wars</em>, car écrit de manière plus lyrique et moins simpliste, avec du vocabulaire, souvent là d’ailleurs plus pour le clinquant des mots que pour leur sens. Il faut lire Henneberg plus comme on lit le <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Cycle-du-Graal-de-Jean-Markale">Graal</a> ou le <em>Seigneur des Anneaux</em>, pas comme de la <em>hard science</em> ni même de la bonne <em>fantasy</em> « réaliste » comme l’<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">Assassin Royal</a></em>.</p>
<p>Pour les détails, voir sa <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathalie_et_Charles_Henneberg">page Wikipédia</a> ou le <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier de Galaxies</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Vieille tradition remontant au moins au </em>À la poursuite des Slans<em> de Van Vogt de 1946 ; des érudits connaissent sans doute plus ancien encore.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/815“The Tawny Man” de Robin Hobb (suite de l’« Assassin Royal »)urn:md5:ed278cdb314b9ad5522dbb6016c170072014-12-04T22:09:00+01:002023-12-27T11:58:10+01:00ChristopheSur mes étagères alourdies <p>(Attention, je me réfère à l’édition en anglais, en trois épais tomes. Pour la correspondance avec le découpage en sept tomes dans l’édition française, un scandale en soi d’ailleurs, voir par exemple <a href="http://critiques-imaginaire.com/blog/le-cycle-de-lassassin-royal/">http://critiques-imaginaire.com/blog/le-cycle-de-lassassin-royal/</a> )</p>
<p>Après avoir dévoré <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">la trilogie des Farseer</a>, où Fitz, bâtard royal dans un monde de <em>fantasy</em>, s’en prenait plein la gueule et disait « pouce » à la fin ; après avoir englouti aussi avidemment la trilogie parallèle des « Aventuriers de la mer » (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Liveship-Traders-de-Robin-Hobb">Liveship Traders</a>) ; je me suis lancé avec délectation dans cette troisième trilogie de pavés dans le monde de Hobb.</p>
<p>C’est une suite à la première trilogie, les gens pressés pourront donc sauter la deuxième sans trop de problème, mais ils ne savent pas ce qu’ils perdent en références et en arrière-plan.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.TheTawnyMan_m.jpg" alt="TheTawnyMan.jpg" class="media-right" /></p>
<h3>Fitz is back</h3>
<p>Fitz reprend le rôle du narrateur. Quinze ans après avoir juré qu’on ne l’y reprendrait plus à risquer sa vie pour la dynastie des Farseer, Fitz est rappelé plus ou moins subtilement à la Cour. Le contexte politique l’exige : la Reine mijote un mariage royal pour faire la paix avec les envahisseurs simili-Vikings de la première trilogie, et la promise a un comportement bizarre ; des luttes internes déchirent les détenteurs du Vif (<em>Wit</em>), ce don qui mène droit au bûcher mais relativement répandu ; le royaume n’a plus de maître pour enseigner l’Art (<em>Skill</em>), la magie des Farseer, au jeune prince ; et autour de ce dernier rôdent des gens inquiétants.</p>
<p>Fitz n’étant plus un gamin, son retour au rang qu’il mériterait aurait eu l’effet d’un chien dans un jeu de quille, et de toute façon, littérairement, il valait mieux qu’il reste dans l’ombre : il ignore ainsi assez de choses pour continuer à faire des bêtises et se faire manipuler par tout le monde. Son rôle de simple valet de Lord Golden (nouvelle incarnation du Fou, délicieuse) sert de prétexte à nombre de quiproquos.</p>
<p>Parallèlement à son rôle de soutien de la dynastie des Farseers, il se retrouve à devoir gérer trois ados, alors qu’il n’est complètement le père d’aucun d’eux. Son statut de guerrier accompli ne pouvant plus mener à de grands développements (même s’il s’en prend encore plein la g…), c’est en tant que père qu’il angoisse — et se plante royalement. Avec les femmes, il n’a toujours fait aucun progrès. La routine, quoi, et c’est pour ça qu’on l’aime.</p>
<h3>Ça fonctionne toujours</h3>
<p>Comme pour les tomes précédents, impossible de les lâcher sans gros effort de volonté (l’actualisation de ce blog en a souffert). Les personnages sont tous fouillés, réfléchis, avec leurs failles, même les plus forts (Kettricken !). Et même si la plupart sont du même camp et sympathiques, leurs relations aigres-douces, de pouvoir et manipulations réciproques valent le détour.</p>
<p>Quelques scènes d’actions, rapides, rajoutent un peu de rythme, et une masse de détails réalistes sinon triviaux — le rendez-vous amoureux près des toilettes par exemple, ou les remarques sur la monotonie de la nourriture pendant l’expédition — donnent de la crédibilité entre deux lamentations du Fitz sur lui-même. Il y a toujours de la magie, utilisée de manière presque trop rationnelle à présent (et c’est un cartésien qui parle).</p>
<h3>Petites déceptions</h3>
<p>Je suis pinailleur et exigeant avec les œuvres que j’aime, donc je ne suis jamais content. L’histoire du premier tome met du temps à démarrer, mais l’exposition prend toujours son temps chez Hobb.</p>
<p>Même présentes, les histoires et relations de Fitz avec sa famille plus ou moins proche et d’autres personnages restent sous-exploitées. Quelques fils traînent, inutilisés (Rosemary !) et des scènes d’anthologie nécessitées par quinze ans d’absence, longtemps redoutées par Fitz et impatiemment attendues par les fans, passent tout simplement à la trappe. Ou se déroulent en son absence, à la grande frustration du lecteur. Hobb voulait peut-être épargner quelques raclées supplémentaires à son héros.</p>
<p>Frustrantes aussi les trop rares interventions de Tintaglia — oui, il y a encore des dragons. La Narcheska aurait mérité plus de dialogues avec son prince charmant, pour le côté fleur bleue. On n’était plus à cent pages près ; et à l’inverse trop de pages glissent sur la glace, ou s’appesantissent sur Thick. Mais contrairement aux autres trilogies, assez de pages sont consacrées à ficeler la fin.</p>
<p>Autre fausse note, certains artifices commencent à lasser : Fitz laisse dériver certaines situations sans réagir. Ou se résigne à mourir en faisant son devoir au moins une fois chaque tome. Ou cache des secrets à ses propres amis de manière assez irresponsables. Évidemment c’est le caractère du personnage et le non-dit a toujours été un des véritables ressorts du monde ; mais cette ficelle pour compliquer la situation commence à se voir. Hobb continue à torturer ses héros, et à les sortir des griffes de la mort <em>in extremis</em> (ou pas) de manière de plus en plus improbable.</p>
<p>La Grande Méchante du troisième tome pue le recyclage de thèmes de la première trilogie, alors que les intrigues du premier tome (nouvelles et internes aux Six-Duchés) passent à l’arrière-plan. Elles n’auraient peut-être pas suffi à remplir une trilogie — quoique.</p>
<h3>Thèmes</h3>
<p>Ce recyclage concerne aussi certains thèmes : la fidélité à la famille ou au devoir, aux traditions ou à l’avenir, à ses semblables discriminés ou à la société entière ; la manipulation par des apprentis dictateurs (plus faciles à vaincre cette fois) ; la capacité qu’a chacun de <em>choisir</em>.</p>
<p>Plus nouveaux : le choix entre différentes formes d’amour ; le rôle du père ; l’absence du père ; la nécessité de laisser les enfants refaire les erreurs de leurs parents ; la mort qui sépare les couples.</p>
<p>Bref, une lecture indispensable pour un adorateur, comme moi, du monde de Hobb ; mais avec la déception d’avoir été spolié de quelques scènes délectables ou tragiques.</p>
<p>(Et pour la suite, ce sera <em><a href="http://www.theplenty.net/wiki/index.php?title=Rain_Wild_Chronicles" hreflang="en">The Rainwild Chronicles</a></em>, tétralogie qui suit la deuxième trilogie. Quand j’aurais lu ça, peut-être Hobb aura-t-elle achevé la trilogie <em>Fitz and the Fool</em>, pour un total de 18 tomes de 500 à 900 pages. Miam.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Tawny-Man-de-Robin-Hobb#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/782« Frankenstein » de Mary Shelleyurn:md5:3f8aacb1653001484ddab0c6e6d5b8172013-10-14T17:20:00+02:002016-07-07T13:06:48+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanthropomorphismeapparenceculturecynismediscriminationdommagedéshumanisationintelligenceintelligence artificiellelivres luslégendes urbainesoh le beau cas !prise de têtepsychologiepériméquêteracismesciencescience-fiction <p>L’histoire de Frankenstein a été totalement déformée par le cinéma, les dessins animés, bref toute la culture populaire du XXè siècle, sachant que ce livre a déjà deux siècles.</p>
<p>Frankenstein n'était pas le monstre, mais son créateur. Ledit créateur n'était pas un savant chenu et cinglé, mais un jeune homme brillant, qui ne perd la tête que progressivement.</p>
<p>La conception de la créature n’est évoquée que furtivement. Très frustrant.</p>
<p>Le monstre n’a rien de la brute épaisse et stupide souvent décrite. Au contraire : un an après sa création, il maîtrise déjà deux langues, sait lire et disserter mieux que l’essentiel de la population actuelle. Le monstre est parfaitement capable de rationaliser son comportement cruel, en résumé : « je suis malheureux parce que tout le monde me rejette, donc je deviens un méchant assassin parfaitement conscient de tuer des innocents pour me venger de mon créateur et de pauvres gens plus gâtés que moi par la nature » (donc encore un niveau de culpabilité au-dessus du <em>serial killer</em> psychopathe standard). Il maîtrise parfaitement le chantage.</p>
<p>Bizarrement, le génial jeune Frankenstein agit de manière impulsive, et bien que ses pérégrinations durent des mois, il est incapable de réfléchir à une échappatoire, d’appeler à l’aide, ou d’imaginer de protéger sa famille. Puis il met en danger la vie de ses proches de la manière la plus crétine possible. Il n’y a pas besoin d’avoir vu <em>Scream</em> pour savoir qu’un personnage secondaire isolé a de très mauvaises chances de survie quand le monstre rôde, on tient peut-être là l’origine de ce cliché des films d’horreur.</p>
<p>Le style a sacrément vieilli (et je ne pense pas que la traduction française soit la cause), mais je suppose qu’il reflète son époque. Autre tic de l’époque, les histoires imbriquées lassent : Untel raconte son voyage au Pôle (sans lien avec le reste de l’histoire), où il rencontre Frankenstein, qui au cours de son récit reprend un long monologue du monstre sur ses premiers mois d’existence, dont l’histoire (grotesquement et longuement hors sujet) de Français exilés en Suisse à cause d’une histoire avec une jeune Turque... <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Et manifestement, à cette époque, une engueulade consistait en un échange de tirades de dix phrases sans interruption — on savait vivre.</p>
<p>L’influence romantique joue à plein (on est en 1818 !) et les sentiments sont étonnamment extrêmes. Nombreux sont les personnages qui tombent malades pendant des mois suite à une grosse contrariété. Le monstre a même lu <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Souffrances_du_jeune_Werther">Werther</a></em>, c’est dire.</p>
<p>Ah oui : ça finit mal.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Avec une touche de racisme implicite, mais ça aussi c’était l’époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/753« World War Z », de Max Brooks (le bon livre, pas le navet au cinéma)urn:md5:864d70343e0a2e56a292e9b1e4ac83722013-08-31T19:57:00+02:002016-07-07T12:40:00+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypsecataclysmecatastrophechaosChinecouragedommagedéshumanisationgaspillageguerreintelligencelivres luslégendes urbainesoptimismeprise de têteracléesolidaritéspéculationsurréalismesécuritéténacitéÉtats-Unis <p>Les histoires de zombie sont à la mode, on frise même la saturation. Le film récemment sorti s’inspire de ce très prenant livre, mais hormis le thème (les zombies attaquent et la société ne s’effondre pas totalement) et quelques bonnes idées il n’y aucun rapport. Non, je n’ai pas vu le film mais j’ai lu <a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/07/19/651-world-war-z-la-critique-pourrie">cette très longue critique de Nioutaik</a>, écrite au napalm, et je me sens autorisé à faire le parallèle.</p>
<p>Contrairement au film qui narre les aventures d’un représentant en produits capillaires <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, le livre est qu’une suite d’anecdotes et témoignages de survivants de tous les horizons, sans lien direct. Le panel est très large : politiques, militaires de tous bords, anciens petits et gros trafiquants, mères de famille, enfants, etc.</p>
<p>Bizarrement, dans un film de zombies, il ne faut pas s’attacher aux personnages : on sait qu’ils vont tous y passer. Mais pas ici, puisque les narrateurs sont des survivants d’après-guerre (il est clair d’entrée que l’invasion zombie a été repoussée et que le monde est en ruines). On peut alors s’intéresser à eux : ce sont leurs tripes qui parlent.</p>
<p>Le livre n’est pas trop américano-centré, ça change. Si les USA ne sauvent pas le monde, ils tiennent quand même beaucoup mieux le choc que les Russes ou les Chinois. Chaque pays s’en sort différemment (ou pas) : Islande, Cuba, Corée du Nord...</p>
<p>Comme dans tout film d’horreur, on sent le plaisir de l’auteur qui se paye la tête de ses lecteurs, passifs bourgeois aveugles à leur hallucinant niveau de confort — qu’ils vont perdre. Les pages sur les militaires américains obligés de lâcher leurs F22 et leurs rayons de la mort pour se limiter au fusil et la pelle valent le détour. Les habitants des autres pays n’en sortent pas tous grandis non plus. Certains passages semblent surréalistes, comme des guerre civiles, voire atomiques, en pleine invasion mondiale. D’autres histoires redonnent la pêche, certaines désespèrent.</p>
<p><em>World War Z</em> est bien plus optimiste que la (très bonne) BD <em>Walking dead</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, même si on y retrouve un thème commun : en cas d’effondrement de la civilisation, le principal danger ce ne sont pas les zombies, mais parfois les autres survivants. Ici la civilisation ne disparaît pas, on est même relativement proche du « même quand la situation est désespérée, avec de l’intelligence et de la gniaque on s’en sortira » (oui, il y a un passage sur la propagande de guerre), même si les gâchis est monstrueux.</p>
<p>Évidemment, dans le monde réel, personne ne croit aux zombies, le concept n’a aucune plausibilité et il est étonnant qu’il ait tant de succès. <em>World War Z</em> est donc un excellent exemple de « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Suspension_consentie_de_l%27incr%C3%A9dulit%C3%A9">suspension d’incrédulité</a> », puisqu’il est intelligemment construit, décrit des comportements humains souvent très rationnels, et n’en appelle pas qu’à nos peurs enfouies dans un but distrayant — du moins au premier abord.</p>
<p>Dans notre civilisation plus fragile que jamais, se poser la question de nos comportements collectifs et individuels en cas de très gros pépin ne peut être que salutaire. C’est peut-être le premier livre sur les zombies qui soit un tant soit peu optimistes sur <em>nous</em>, au moins sur le long terme. (D’un autre côté on ne fait ni bon film ni bon livre avec des pompiers qui éteignent les feux à temps.) Fautes d’ennemis vraiment identifiables (communistes, Japs, nazis...), avons-nous à présent besoin de nous inventer une menace encore plus incroyable que des extraterrestres ? Depuis Wells, l’envahisseur venu des étoiles est usé jusqu’à la corde, et n’offre pas le même niveau de mal pur qu’un zombie issu de nos propres rangs. Les zombies sont presque indestructibles et immortels (ah, ces zombies paumés qui se réveillent au dégel ou attaquent les scaphandriers dans les grands fonds !), n’ont aucune hiérarchie, ne se rendront <em>jamais</em> et il faudra les abattre jusqu’au <em>dernier</em>.</p>
<p>Étonnamment, il y a un point commun avec une vieillerie comme les <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson">Croisés du comos</a></em> de Poul Anderson, où c’est le plus stupidement agressif qui l’emporte sur le civilisé pacifique et embourgeoisé.</p>
<p>Les témoignages des victimes des zombies ou des soldats de la reconquête rappellent furieusement certaines des plus glauques heures de la Seconde Guerre Mondiale. Avons-nous besoin de fiction pour nous rappeler ce genre d’horreur ? Est-ce plus « réaliste » parce que situé dans notre monde actuel ? <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Bref : excellent bouquin, plus profond qu’il ne paraît au premier abord, et difficile à lâcher. Je ne regrette pas l’impulsion d’achat. Je l’ai lu en français, et les annotations sur quelques références culturelles américaines ne sont pas de trop. Évidemment ce n’est pas pour enfants.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Comme l’explique Nioutaik dans sa critique, il est clair que Brad Pitt ne sert qu’à convaincre ces dames à suivre leur mec dans une salle noire voir un film d’horreur.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Jamais vu la série télé.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je suis en train de lire </em>Bloodlands<em>, livre d’histoire récente à dix mille morts par page, et il me faut bien reconnaître un certain sentiment d’irréalité...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/749« La mort du Melkine » d’Olivier Paqueturn:md5:d3922700503d70a877df2480858c2beb2013-08-04T12:57:00+02:002023-12-27T11:58:44+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesautodestructioncatastrophecivilisationcommunicationdéshumanisationenseignementimpérialismelivres lusmémoirescience-fictionspace operatotalitarismeutopieéducation <p>Ce roman de SF récemment paru m’est arrivé dans les mains un peu par hasard (merci Pédro). En tant que tome central d’une trilogie, il reste à peu près compréhensible indépendamment.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lamortdumelkine.jpg" alt="lamortdumelkine.jpg" class="media-right" /></p>
<p>Sur tous les mondes où il passe, un astronef-université, le <em>Melkine</em>, sauve une poignée d’élèves des pièges du conditionnement culturel. Cette dernière technique impose aux habitants de chaque planète des us et coutumes artificiels, bien qu’inspirés en général de civilisations terrestres passées. Bref, le <em>Melkine</em> tente d’ouvrir les esprits et de faire sauter les œillères imposées par ce conditionnement, tout cela très (trop ?) progressivement. Parallèlement, le transport et la communications instantanés apparaissent. En quelques années, les anciens élèves du <em>Melkine</em> dispersés constatent le début de l’effritement du conditionnement, certes souhaité, mais avec des conséquences indésirables. Il est clair qu’Olivier Paquet s’amuse dans la description de plusieurs civilisations basées sur l’Autriche impériale ou l’empire aztèque qui découvrent d’autres influences (un lien avec notre mondialisation culturelle ?).</p>
<p>À l’échelle de l’univers, les détenteurs des moyens de communications massifs, les Fréquences, s’affrontent pour l’hégémonie et la main-mise sur tout l’univers connu. <em>La mort du Melkine</em> s’achève sur le très attendu face-à-face entre les deux dernières Fréquences : la Technoprophète, grande méchante de service, à l’idéologie brutale et hélas peu décrite dans ce tome, et Ismaël, ancien élève du <em>Melkine</em>, surdoué et banni dans le premier tome.</p>
<p>Si j’en crois les critiques sur le web, le premier tome péchait par des personnages adolescents un peu sommaires. Quinze ans après, dans la <em>Mort du Melkine</em>, l’excès serait presque inverse, les rapports torturés entre les anciens, sinon leurs histoires de cœur, dominant presque trop les événements scientifico-politiques. Certes je n’ai pas lu le premier livre, et le troisième pourrait me donner une autre perspective.</p>
<p>Le personnage le plus intéressant reste bien sûr Ismaël, devenu superpuissance galactique, dont les scrupules tombent avec la montée en puissance. Son empire est parti d’une civilisation imitant l’ancienne secte des Assassins, mais ceux-ci semblent bien pacifiques voire douillets (« mon Dieu, j’ai abattu un astronef qui fonçait sur nous, n’a pas respecté les avertissements et était tellement mal entretenu qu’il a explosé au premier coup de semonce ! »). Est-ce une conséquence du manichéisme trop marqué entre les deux Fréquences ultimes ? (oui, en face la Technoprophète va jusqu’à torturer ses robots et buter les ingénieurs inefficaces.)</p>
<p>Quant au <em>Melkine</em>, symbole universel, c’est en fait le grand absent de l’essentiel de l’histoire, bien que présent dans tous les esprits.</p>
<p>Point faibles : l’action languit, surtout dans la première moitié, il faut un peu s’accrocher ; la méchante Technoprophète est sous-utilisée (quitte à avoir une psychopathe, autant l’utiliser) ; les angoisses existentielles de personnages en fait secondaires prennent trop le pas sur le reste. Je me demande s’il n’a pas simplement manqué deux cent pages à l’auteur pour développer toutes les facettes de son univers (l’inverse du problème de Robin Hobb). Et puis il y a ces petits trucs qui m’énervent et cassent ma suspension d’incrédulité : autant de prénoms français dans un monde futuriste, est-ce réaliste ? Les chefs des Fréquences semblent omnipotents, et pas du tout soumis à l’avalanche de tentatives de pression et d’arbitrages typique de tout chef d’État, absolu ou démocratique. Des opérations de conquête de planète semblent se planifier en quelques pages avec une poignée d’astronefs (il y a peu de repères temporels). De manière générale, il semble y avoir très peu de monde dans l’univers sinon les personnages et une masse de péquenots statiques. Certaines innovations technologiques semblent déjà dépassées pour nous (Google <del>Earth</del> Giverne sur écran tactile géant, ouaouh !).</p>
<p>Malgré tout il y plein de bonnes idées dans ce tome, et pour lire parfois la prose de l’auteur sur <a href="http://sf.emse.fr/Lists.html#SFFRANCO">SFFranco</a> je n’en attendais pas moins.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-mort-du-Melkine-d-Olivier-Paquet#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/748“The Liveship Traders” (« Les Aventuriers de la mer ») de Robin Hobburn:md5:17faba5c7e53637891bf1633e040b6502013-01-14T22:19:00+01:002016-03-18T12:49:48+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesaddictionamourargentcatastrophecourageesclavagefantasygigantismelibertélivres lusmagiepsychologieténacitéémerveillement <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/LiveshipTraders-ShipofMagic-UK.jpg" title="LiveshipTraders-ShipofMagic-UK.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.LiveshipTraders-ShipofMagic-UK_s.jpg" alt="LiveshipTraders-ShipofMagic-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="LiveshipTraders-ShipofMagic-UK.jpg" /></a></p>
<p>Il y a un bout de temps déjà, j’avais lu et encensé ici l’<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">Assassin royal</a></em> (<em>The Farseer Trilogy</em>), mythique et délicieusement longue trilogie de <em>fantasy</em> <em>light</em> de Robin Hobb. La trilogie des <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Aventuriers_de_la_mer">Aventuriers de la Mer</a></em> (<em>Ship Of Magic</em>, <em>The Mad Ship</em>, <em>Ship Of Destiny</em>) n’est pas la suite, mais se situe quelques années plus tard dans un autre pays du même monde.</p>
<p>Bingtown, gros port des <em>Cursed shores</em> (rivages maudits), est devenu prospère grâce au commerce et (c’est lourdement asséné) la volonté, le courage et le travail des ancêtres des marchands (<em>Traders</em>), opulente oligarchie commerçante. Le <em>summum</em> pour une de ces familles : posséder un bateau vivant (<em>liveship</em>, « vivenef » en français). La provenance et la nature du bois magique dont sont construits ces navires est un des ressorts principaux de l’histoire. Liés à une famille, nourris des souvenirs des trois générations de capitaine morts sur leur pont avant leur éveil, ces bateaux ne peuvent être volés... théoriquement. De plus, certains deviennent fous.</p>
<p>L’histoire tourne autour des Vestritts, famille de marchands dont le capitaine-patriarche décède : le bateau, <em>Vivacia</em>, s’éveille alors. La famille se déchire aussitôt entre Althéa, fille cadette du défunt et très attachée (sentimentalement et télépathiquement) au navire, et son beau-frère Kyle, manipulateur brutal peu enclin à laisser leur mot à dire aux femmes. Cette tête de mule d’Althéa claque la porte, Kyle l’emporte, décide que son fils Wintrow doit quitter ses études dans son cher monastère, et transforme le bateau en transport d’esclaves : il n’y a économiquement pas le choix.</p>
<p>Car l’économie détermine les choix de bien des personnages : la montée de l’esclavage ; l’arrivée de nouveaux marchands étrangers dans la ville ; les dettes des Vestritts envers les constructeurs du <em>Vivacia</em> ; leur rôle dans le mariage de la petite dernière ; les liens avec la capitale impériale ; l’influence sur les équilibres politiques dans Bingtown ; les esclaves enfuis obligés de devenir pirates... Tout cela ne peut être éludé.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/LiveShip-ShipofDestiny-UK.jpg" title="LiveShip-ShipofDestiny-UK.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.LiveShip-ShipofDestiny-UK_s.jpg" alt="LiveShip-ShipofDestiny-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="LiveShip-ShipofDestiny-UK.jpg" /></a></p>
<p>Pendant ce temps, un flibustier, le capitaine Kennit, rêve de devenir roi des Îles Pirates, inextricable archipel de hors-la-loi, anciens esclaves et flibustiers. Et justement il a besoin d’un <em>liveship</em>...</p>
<p>Si Althéa se rapproche du Fitz de l’<em>Assassin royal</em>, qui s’en prend plein la gueule à cause de ses erreurs autant que de ses ennemis, et grandit par ses renoncements et cicatrices ; si sa nièce Malta, petite peste inconsciente au départ, évolue de manière foudroyante bien que là aussi douloureuse ; si Wintrow vaut le détour par ses interrogations existentielles permanentes ; si la grand-mère Ronica joue le rôle du chêne indéracinable ; si le Satrape est délicieusement haïssable d’autosuffisance ; le plus fascinant reste cependant Kennit, capitaine ténébreux à la chance insolente, héros des esclaves libérés, idéalisé voire divinisé, au passé torturé et mystérieux, et surtout aux qualités de psychopathe délicieusement manipulateur.</p>
<p>Je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle en permanence avec l’<em>Assassin royal</em>. Les <em>Liveships</em> le dépassent en partie grâce à la narration plus complexe, les différents fils qui s’entrecroisent, le changement fréquent de point de vue — une manière pour Hobb d’en rajouter dans les quiproquos et les incompréhensions, elle adore ça.</p>
<p>La magie, introduite progressivement dans l’<em>Assassin</em>, joue ici un rôle d’emblée. Mais comme on est très loin du <em>Seigneur des Anneaux</em>, ça passe pour un cartésien comme moi. Ce monde est juste régi par quelques lois supplémentaires par rapport au nôtre.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/LiveShipTraders-MadShip-UK.jpg" title="LiveShipTraders-MadShip-UK.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.LiveShipTraders-MadShip-UK_s.jpg" alt="LiveShipTraders-MadShip-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="LiveShipTraders-MadShip-UK.jpg" /></a> Des thèmes sont communs aux deux trilogies, parlerais-je même de tics ? : les héros qui s’en prennent plein la gueule, au moral comme au physique ; la trahison ; la loyauté à un chef, à sa famille, à un ami ; l’amour inconditionnel ; les difficultés des relations hommes-femmes (il n’y a pas que les hommes à être à la ramasse cette fois) ; le renoncement ; le choix entre obligations et être aimé ; le rôle d’un capitaine ou d’un roi à qui l’on obéit aveuglément ; le poids sur les épaules d’icelui ; les psychopathes manipulateurs ; ceux (parfois les mêmes) qui accusent tous les autres des problèmes qu’ils se sont attirés ; les envahisseurs barbares sans pitié ; la ruine née de la division ; la fin d’un monde policé dans le feu et le sang ; le rôle des souvenirs dans la construction de l’identité ; leur « stockage » magique...</p>
<p>Mais aussi : l’égalité hommes-femmes (au sens socio-économique) ; les ravages de l’esclavage ; son influence économique désastreuse ; la construction d’une nation ; la légitimité pour en faire partie ; la reconstruction d’un monde détruit une fois écartées, convaincues ou soumises les mauvaises volontés ; la vie des marins, leur hiérarchie, leur solidarité ; le viol ; les règles du bon commerce ; la cruauté de la piraterie ; la pesanteur et l’utilité des conventions sociales ; la mécanique des foules en assemblée ; l'émergence de dictateurs dans les périodes troublées ; la réussite par la volonté ; l’enfer pavé de bonnes intentions ; le sens de la vie et de la liberté quand on est un bateau... ou un Seigneur des Trois Royaumes ; et j’en passe...</p>
<p>Et surtout, au contraire de beaucoup de bouquins de <em>fantasy</em>, on est aux antipodes des clichés sur la lutte du Bien contre le Mal ou de la Quête du Prince déchu contre le Prince des Ténèbres pour sauver le monde et restaurer un ordre féodal ancien : à la fois plus humble et plus difficile, l’aventure des Vestritts vise à trouver sa place dans un monde qui change de lois, à préserver ce qui peut l’être, à poser de nouvelles règles, à trouver de nouveaux alliés et partenaires, sans oublier de négocier ses petits privilèges, alors même qu’on n’a guère de cartes en main. De la négociation commerciale, quoi.</p>
<p>Les liens avec la première trilogie sont ténus : quelques mentions de la guerre décrite dans l’<em>Assassin</em>, et un personnage secondaire commun complètement métamorphosé, que je n’ai identifié que grâce à Wikipédia une fois la trilogie achevée.</p>
<p>La fin ? Peut-être un peu trop prévisible, surtout du côté des romances, sans assez de morts pour que ce soit réaliste. Surtout, l’épilogue frustre par sa rapidité. On n’était pourtant plus à quelques centaines de pages de plus pour dénouer tous les fils ou ouvrir de nouvelles perspectives.</p>
<p>À lire la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Aventuriers_de_la_mer">page sur la version française</a>, je ne suis pas sûr d’approuver les adaptations de noms. Peut-être qu’en anglais tout sonne simplement mieux, ou de manière plus cohérente, ou que la <em>fantasy</em> en français m’évoque trop Harry Potter ou Pratchett, bien plus humoristiques. Bref, si vous pouvez, lisez en version originale. Il n’y a que trois tomes après tout : en français il y en a neuf, et j’ai peur que l’histoire ne soit pas assez dense pour donner un intérêt à chaque tome séparément.</p>
<p>Tout ça n’est évidemment pas pour les enfants...</p>
<p>Parmi les critiques sur le net, souvent élogieuses, se détache par exemple <a href="https://requireshate.wordpress.com/2011/05/02/liveship-traders-trilogy-robin-hobb/" hreflang="en">celle-ci</a> (<strong>Mise à jour de 2014</strong> : tombée hors ligne), délicieuse rien que par ses vacheries et sa mauvaise foi admirative.</p>
<p>La trilogie suivante (<em>The Tawny Man</em>) attend déjà dans mon panier d’un libraire en ligne. (<strong>Décembre 2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Tawny-Man-de-Robin-Hobb">le compte-rendu est là</a>.)</p>
<p>Ah oui : comme dans l’<em>Assassin royal</em>, il y a des dragons. Et ils sont à baffer.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Liveship-Traders-de-Robin-Hobb#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/725Liseuse Fnac Kobo Glo : avis après quelques semainesurn:md5:785a55e84231bebfab9bac1ae85cb90f2012-12-03T17:27:00+01:002016-03-18T12:28:08+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesaddictionbesoinDRMinformatiquelivres lusmobilitépouvoir d’achetersaturationvaleuréconomie de l’attention <p>Ce billet est classé dans les « étagères alourdies » bien qu’il fasse partie du projet « allégeons-les du surplus ». Mais comme on le verra je ne suis pas prêt de les vider.</p>
<p>Tout amateur d’<em>ebooks</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> trouvera ce qui suit naïf : je découvre le domaine.</p>
<h3>Pourquoi ?</h3>
<p>J’ai toujours eu un doute sur l’utilité d’une liseuse dans mon cas personnel. Je ne passe pas des heures dans le métro, je ne fais pas le tour du monde à pied avec un sac à dos, je suis rarement gêné par le poids de tous les livres que je lis : LE livre en cours quitte rarement ma table de nuit (et en parallèle d’innombrables magazines traînent, eux, au salon).</p>
<p>L’accumulation des livres lus est un problème, mais je ne suis pas parisien ni en studio, j’ai les étagères pour afficher les « beaux » livres (grand format) que je veux montrer, et la cave pour stocker les poches.</p>
<p>La lecture sur <del>tablette</del> smartphone grand format n'est pas agréable : comme sur écran d’ordinateur, les yeux fatiguent vite lors d’une lecture de texte prolongée et il y a ce problème de batterie vite à plat (les liseuses sont plus endurantes).</p>
<p>Pour me faire offrir une liseuse, j’avais finalement deux motivations principales : la disponibilité de nombreux titres gratuits (domaine public notamment) ; la possibilité de lire confortablement une masse assez monstrueuse de docs techniques (boulot mais pas seulement), en général vite survolées, pour lesquelles je n’allais pas sacrifier d’arbre et d’encre hors de prix. De plus, le prix d’une liseuse est arrivé au niveau de l’accessible.</p>
<p><img src="http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/Images_Produits/FR/fnac.com/Visual_Principal_340/6/6/0/3305913420066.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Après avoir survolé les critiques sur le web, sans même tester en conditions réelles le modèle<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, j’ai opté pour celle de la Fnac, une version localisée de la Kobo canadienne. Une noire pour que la page semble moins grise. Le dernier <em>Que Choisir</em> la place en milieu de peloton. J’avais hésité à prendre la Cybook. La Sony TRS-2 semble une valeur sûre, mais Sony a toujours eu du mal avec les formats ouverts. Quant au Kindle, il était d’office hors concours à cause de son format fermé, <a href="http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/07/22/amazon-jette-1984-dans-le-trou-de-memoire_1221324_651865.html">la main-mise d’Amazon sur le contenu même après achat</a>, et son autisme à l’égard du format epub, le plus courant.</p>
<p>Après quelques semaines, bilan :</p>
<h3>Ce qui est bien</h3>
<p>La lecture est indubitablement agréable. Image nette, un plaisir. Aucune fatigue visuelle. Tourner les pages d’un doigt, changer la police pour une plus grosse... c’est parfait.</p>
<p>L’installation se fait avec connexion wifi : pas de problème, ce fut juste un peu long la première fois à cause d’une mise à jour, mais on ne va pas dire que c’est un point négatif.</p>
<p>Une liseuse classique ne permet pas de lire sans bon éclairage (comme un livre, donc). La grande nouveauté du Glo, l’éclairage dirigé sur le texte et non les yeux du lecteur, est une réussite. Je l’ai testé en lisant dans un car, de nuit : il est bien égal sur toute la surface, avec une intensité réglable, donc sans fatigue visuelle.</p>
<p>La connexion à mon Mac ou mon PC se fait par stockage de masse de base, pas besoin de l’application livrée avec le produit (pas très utile). On dépose les fichiers à la racine et ils sont disponibles quand je rallume la machine (après quelques secondes d’analyse).</p>
<p>La gestion de la bibliothèque est basique mais claire.</p>
<p>Pour afficher des photos (pourtant pas légères, elles viennent de mon Canon), c’est bien sûr en noir et blanc, mais l’affichage est réactif.</p>
<p>L’appareil semble assez solide pour ne pas avoir besoin de pochette de protection<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, mais ça ne fera pas de mal.</p>
<h3>Ce qui ne va pas</h3>
<p>La plus grosse déception, ce fut la lecture des PDFs. D’abord, c’est relativement lent pour un document un peu chargé. Mais le plus gros problème réside dans la taille de l’écran : insuffisante pour lire correctement un PDF formaté pour du A4. Le problème n’est pas propre au Kobo, vu que je ne connais pas de liseuse format s’approchant du A4.</p>
<p>Mais l’interface joue également un rôle car s’il y a un zoom, il n’est pas très agréable, et la vue réduite masque une partie du texte. Pour passer d’une page zoomée à la suivante, il y a un jeu délicat de taps de doigts bien placés pour dézoomer/changer de page/rezoomer sans faire apparaître le paramétrage : je ne maîtrise pas encore, surtout que la réactivité, là, est très moyenne. Un smartphone serait plus à l'aise car on y scrolle plus facilement. Bref, ça dépanne, sans plus.</p>
<p>J’ai testé rapidement <a href="http://calibre-ebook.com/" hreflang="en">Calibre</a> pour convertir les PDF en epub, ça marche en général bien pour des documents simple, parfois ça donne n’importe quoi.</p>
<p>Le moteur de recherche du site de la Fnac utilisé depuis le Glo est nul. Les résultats semblent totalement aberrants (je tape « Flaubert » : que des résultats en anglais ou espagnol ! ; « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Trudel">Jean-Louis Trudel</a> » : <em>Les Misérables</em>, <em>Phèdre</em>, <em>Pérou 2011</em>, <em>Nos ancêtres les Gaulois</em>... ?! ; « Barack Obama » : uniquement <em>Inaugura Parolado De Barack Obama</em> ?!!!). Et la pénibilité du clavier sur du papier électronique (c’est pas fait pour ça) n’arrange rien.</p>
<p>Au passage, pour chercher des epubs gratuits, ne <em>pas</em> passer par le site de la Fnac, ou alors <em>via</em> le Glo lui-même (si le moteur de recherche coopère) : depuis le site web, on ne télécharge que des PDF, à transformer en epub avec une appli d’Adobe ! Prendre le premier dépôt de livres gratuits trouvé par Google sera plus rapide que de fouiller sur le lourdingue site de la Fnac.</p>
<p>Accessoirement, comme lecteur MP3 le Glo est nul : pas de prise casque.C’est accessoire pour moi, mais pour certains, quitte à lire dans le métro, autant que ce soit en musique.</p>
<p>Planqué, il y a un navigateur Internet<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, pas très réactif, qui dépannera à l’occasion, mais hélas incapable de rendre lisiblement le présent blog. Et aussi un sudoku (non testé), et un jeu d’échec tout simple qui m’a aisément pulvérisé (ça n’est pas un exploit).</p>
<h3>Non testé</h3>
<p>- Les annotations.</p>
<p>- Les achats en ligne, parce que je n’ai pas l’intention d‘acheter des trucs verrouillés, question de principe et de pérennité de mes achats. Et que j’ai assez à lire sous forme papier.</p>
<h3>À lire</h3>
<p>J’ai découvert la masse monstrueuse d’<em>ebooks</em> gratuits (format <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/EPUB_%28format%29">epub</a> de préférence) à portée d’une recherche Google. Comme autres sources, voir <a href="http://www.inlibroveritas.net/">In Libro Veritas</a> (œuvres libres et du domaine public), <a href="https://fr.wikibooks.org/wiki/Accueil">Wikilivres</a> (<a href="https://en.wikibooks.org/wiki/Wikibooks:Featured_books" hreflang="en">Wikibooks</a> semble plus riche) ou les auteurs qui offrent leurs œuvres, comme <a href="http://craphound.com/?cat=5" hreflang="en">Cory Doctorow</a>.</p>
<p>Et avec ça, comment espérer venir à bout du mètre cube de bouquins papier déjà en stock ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Il faudra vraiment trouver un terme français moins long que « livre numérique ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Au passage : chez Darty le rayon des liseuses était rempli de machines éteintes. Comment comparer ou même savoir que le concept me plaît ? Et une vente ratée au moins...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pochette disponible même chez Amazon : quitte à ne pas vendre un Kindle, autant piquer sa marge sur les accessoires à la Fnac.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Rigolo : piwik le détecte comme un Safari 4.0 sur Android ?!</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fnac-Kobo-Glo#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/723« L’Étoile noire » de Michael Reeves & Steve Perryurn:md5:42627b1a509975b28607148529212cb92012-11-15T00:00:00+01:002016-03-18T12:16:42+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypsegigantismeguerreimpérialismelivres lusmèmeracléeRésistancescience-fictionspace operatotalitarisme <p><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/40/Deathstarnovel.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> C’est un énième opus de la série <em>Star Wars</em> du Fleuve Noir. Le Fleuve n’est pas connu pour sa qualité littéraire goncouresque, et effectivement le contraste fut violent avec le <em>Bonheur des dames</em> de Zola achevé juste auparavant. Les tics et astuces d’écrivain à la chaîne sont nombreux, les personnages un peu trop archétypaux et prévisibles, mais, baste, ça fonctionne.</p>
<p>L’originalité de ce bouquin est de reprendre l’histoire de l’Épisode 4 (<em>Un nouvel espoir</em>, bref le premier tourné), contée du côté des Impériaux. Et oui, ce sont des êtres humains comme les autres, et Luke en a tué ainsi un bon million en explosant l’Étoile Noire. Certains scènes sont amusantes, comme la fameuse scène où Dark Vador étrangle un amiral doutant de la Force, mais cette fois du point de vue dudit amiral.</p>
<p>Un pilote de chasseur TIE, un ancien prisonnier, un garde, un médecin engagé de force, une tenancière de bar... sont les protagonistes, en plus de <a href="http://starwars.wikia.com/wiki/Wilhuff_Tarkin" hreflang="en">Tarkin</a> et Vador bien sûr. La force de la franchise est la multiplication des personnages et leurs histoires entrecroisées qui s’étendent des décennies après la trilogie originale, et justement on croise <a href="http://starwars.wikia.com/wiki/Natasi_Daala" hreflang="en">Daala</a>, totalement absente des films, mais au destin assez chargé dans le monde post-<em>Retour du Jedi</em>.</p>
<p>Si quelques pages éclairent ce qui s’est passé pendant le film (pourquoi Luke et ses compagnons se sont-ils enfuis si facilement de l’Étoile noire ? qui leur a fourni l’indication de la faille fatale ?), certaines pistes sont jetées et pas explorées : l’architecte qui intrigue Dark Vador ne le croise plus ensuite (l’auteur se réserve-t-il de réutiliser le personnage ?) ; la grande explosion finale est trop vite expédiée...</p>
<p>Bref, ça fait partie de ces livres sympas sans plus, pour les <em>aficionados</em> mais pas fanatiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Etoile-noire-de-Michael-Reeves-Steve-Perry#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> de <em>Star wars</em> (au même niveau que la <a href="http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/28456">trilogie de la jeunesse de Han Solo</a>).</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Etoile-noire-de-Michael-Reeves-Steve-Perry#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Parce que l’intégrale des événements et guerres fratricides impliquant résidus de l’Empire, clones de Palpatine, enfants de Han & Leia ou de Luke, dont certains versants du Côté Obscur, sur des décennies, ça ne me dit rien. <a href="http://starwars.wikia.com/wiki/Main_Page">Wookiepedia</a> est suffisant pour assouvir toute curiosité sur les destins des personnages.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Etoile-noire-de-Michael-Reeves-Steve-Perry#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/703« Au Bonheur des Dames » d’Émile Zolaurn:md5:7f0d2f07e301cd938842edcd9095e2252012-10-31T00:00:00+01:002023-11-01T19:32:29+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesargentdéshumanisationgigantismehistoirelivres lusmicroéconomieperspectivepouvoir d’acheteréconomieévolution <blockquote><p>Classic – something that everybody wants to have read and nobody wants to read.<br /> <br /><em>Classique : ce que tout le monde veut avoir lu, et que personne ne veut lire.</em><br /> <br /><em>Mark Twain</em></p></blockquote>
<p>Et pourtant cet archi-classique vaut le coup.</p>
<p>Bon, j’ai toujours aimé Zola.</p>
<p>Mais cet opus particulier résonne encore. Le petit commerce qui coule, le rouleau compresseur du Grand Capital, les employés exploités... ça n’a pas disparu cent quarante ans après. Le XIXè siècle me fascine <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> par sa proximité et en même temps par sa différence sur certains points fondamentaux de civilisation (rôle de la femme, du travail...), et les résonances/résurgences avec notre époque, éventuellement dans d’autres pays.</p>
<p>Un peu vieillie et artificielle peut-être l’histoire d’amour entre le propriétaire coureur et la jeune-vendeuse-dure-travailleuse-qui-l’aime-mais-ne-veut-pas-se-l’avouer. Mais sans cela il n’y aurait plus guère d’histoire.</p>
<p>Il m’a donné envie de dévorer le reste des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Rougon-Macquart">Rougon-Macquart</a>, tiens. Dans le genre des sagas sur plusieurs générations, on fait difficilement mieux. Comme si je n’avais pas 2 m³ à lire par ailleurs.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je sais, je suis facilement fasciné.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/704« Des milliards de tapis de cheveux » d’Andreas Eschbachurn:md5:15e93cf986295ac2178d40760055ec152012-09-16T00:00:00+02:002016-02-25T13:55:01+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagnecivilisationconquête de l’inutiledéshumanisationesclavagelivres luslyrismemèmeoh le beau cas !science-fictionspace operasurréalismetempsuniversvaleur <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51C74DET5HL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p><strong>Titre original</strong> : <em>Die Haarteppichknüpfer</em></p>
<p>La SF allemande avait connu un vent de renouveau avec ce livre à la toute fin du XXè siècle. Sa version française a été pour moi le premier roman dévoré après l’an 2000, un symbole. Et j’ai pris autant de plaisir à le relire que la première fois, bien que l’effet de surprise soit évidemment passé, les souvenirs étant nets.</p>
<p>Le thème ? La civilisation d’une planète pauvre et primitive se consacre entièrement à la création de tapis de cheveux humains pour décorer le palais d’un Empereur lointain, invisible, éternel, omnipotent. Depuis des millénaires, religion, mariage, fiscalité, tout tourne autour de ces fameux tapis, qu’un tisseur met une vie à créer.</p>
<p>Jusqu’au jour où un étranger (un hérétique !) proclame que l’Empereur est mort.</p>
<p>Il n’y a pas de personnage central. Tout se dévoile par petites touches étalées sur des années, et la perspective s’éloigne lentement.</p>
<p>On trouvera sans peine sur le réseau, et d’abord Wikipédia, critiques, enthousiastes ou déçues, pleines d’émécheurs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Je me place du côté des enthousiastes-mais-juste-dommage-on-est-passé-à-côté-de-la-perfection.</p>
<p>Du même auteur, j’avais lu et apprécié aussi <em>Das Jesus Video</em> (en VO cette fois).</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em><a href="https://termexplore.wordpress.com/2009/03/03/traduire-spoiler-critique-des-arts-narratifs-et-cookie-informatique-internesque/">Il paraît que c’est le terme français pour</a> </em><a href="https://termexplore.wordpress.com/2009/03/03/traduire-spoiler-critique-des-arts-narratifs-et-cookie-informatique-internesque/">spoiler</a><em>. Je doute fortement de la capacité de pénétration, il y a un côté « allumage alcoolisé » dans le mot.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/709Rhapsody : Ascending to Infinityurn:md5:b29c9cc3ee4da63a65a4db9963a870e52012-07-08T19:14:00+02:002015-11-30T09:19:08+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypseBusiness Objectsgigantismelyrismemusiquemèmemétalouverture d’espritéconomie de l’attentionémerveillement <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/517tzVhFETL._SL500_AA300_.jpg" alt="Rhapsody" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Rhapsody" /> Ce CD, je l’ai acheté sur le conseil d’<a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/rhapsody-ascending-to-infinity/">Alias</a> (à lire). Du « métal symphonique », j’étais curieux <del>de voir</del> d’entendre ce que c’était.</p>
<p>Je cite Alias qui résume parfaitement mon impression même si je n’ai aucune culture en ce qui concerne la sphère <em>metal</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, symphonique ou pas :</p>
<blockquote><p><em>« un million de notes au mètre cube et vocaux en italien, anglais et latin », <br /> <br />« un chanteur-guitariste compositeur qui se la pète, mais avec de bonnes raisons de se la péter », <br /> <br />« ce n’est pas exactement le truc le plus original qu’il m’ait été donné d’écouter »</em>.</p></blockquote>
<p>Du gros, du lourd, parfaitement adapté à me réveiller le matin dans la voiture, ce qui est à peu près le seul endroit où je peux écouter ça <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. Certains effets un peu faciles, une certaine grandiloquence assumée, des références pas toujours fines (<em>Excalibur</em>, <em>Dante’s Inferno</em>, <em>Clash Of The Titans</em>, <em>Dark Fate Of Atlantis</em>), un peu bourrin quoi : ça me plaît.</p>
<p>J’ai pas vu le clip avec le DVD bonus (oui, j'ai carrément investi, d’ailleurs boîtier et livret sont jolis), il doit valoir le coup s’il est en phase avec la bande son. Faudra que j’attende un moment seul à la maison, autant dire après les grandes vacances. <strong>Mise à jour</strong> : Grosse déception, ce clip, un paysage apocalyptique, pas d’histoire, bôf bôf bôf.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et pas grand-chose dans les autres sphères musicales d’ailleurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Quand à la maison il n’y a ni gamin ni Madame, il règne un silence si rare que je tiens à le goûter.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Quoique je sens que je vais de plus en plus écouter ça ou autre chose dans l’</em>open space<em> au boulot. Chœurs et guitare saturée, ça masque bien les coups de téléphone des collègues et ça remet un peu la pêche quand des envies de tout laisser tomber me prennent, en général après le troisième plantage de Business Objects. Quoique ça pourrait aussi encourager les envies de meurtre après le quatrième, mais heureusement pour eux je n’ai personne de SAP sous la main. </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Rhapsody-Ascending-to-Infinity#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/700« Le Tour du monde en quatre-vingt jours » de Jules Verneurn:md5:fdf47aaa53edc0cca90f6b4f7191bf452012-01-09T19:30:00+01:002015-10-01T13:15:44+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAmériquecolonisationconquête de l’inutileculturedéfense du françaisgéographiehistoireimpérialismeIndelivres luspériméscience-fictiontempstourismeténacitéémerveillementÉtats-Unis <p>Ce grand classique a 140 ans, mais se lit encore bien. Stylistiquement, il faudra être miséricordieux, on est très loin de Balzac ou encore de Zola, mais après tout c’est aussi le style de l’époque. Les péripéties ne dépareraient pas un film hollywoodien finalement.</p>
<p>J’adore ces livres qui sont la marque d’une époque, de notre civilisation mais avec un parfum d’étrangeté, de mentalité différente. Je passe vite sur le colonialisme (les indigènes indiens et indiens des deux continents rencontrés sont surtout des barbares), le sexisme (la jolie princesse, personnage en fait à peine ébauché, tombe amoureuse de son sauveur), le paternalisme (Passepartout est un serviteur modèle qui admire son patron sévère-mais-juste), et des pointes de chauvinisme (quelques « cocoricos » sur des réalisations françaises parsèment le livre, bien que Verne ait choisi un héros anglais et qu’il admire manifestement sa nation).</p>
<p>Jules Verne n’exploite pas non plus vraiment la « couleur locale » à part peut-être en Inde (le sauvetage de la belle) et en Amérique (l’attaque du train). Il est vrai que Phileas Fogg d’une part préfère le bateau, peu propice au tourisme, d’autre part fait partie de ces gens « qui font visiter les pays où ils passent par leur serviteur » — un rien énervant pour nos mentalités.</p>
<p>En fait ce qui m’a le plus frappé est le vocabulaire : <em>bank-note</em>, <em>steamer</em> (bateau à vapeur), <em>railroad</em> ou <em>railway</em> pour le train, hautes technologies de l’époque venues d’Angleterre ou d’Amérique. Une leçon pour notre propre futur qui se purgera de quelques abominations actuelles de franglais ?</p>
<p>Je me disais au départ que c’était un peu tôt pour le donner au fiston, à cause du vocabulaire notamment, mais on va tenter l’expérience. (<strong>Ajout postérieur</strong> : C’est raté, ça plaît pas.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Tour-du-monde-en-quatre-vingt-jours-de-Jules-Verne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/675« La guerre et la paix » de Léon Tolstoïurn:md5:ddefbe9a9950c3c78da216c77e7d684c2011-09-11T15:59:00+02:002015-09-14T13:02:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesauto-organisationchaoscomplexitéEuropegigantismeguerrehistoireimpérialismelivres lusmythenationalismepanurgismeRussie<p>Déjà, dit-on <em>Guerre et paix</em> ou <em>La guerre et la paix</em> ? En russe l’article n’existe pas, et la traduction français pourrait subir l’influence du <em>War And Peace</em> qui est dans le même cas. Je reprends lâchement le titre de mon bouquin, une édition de presque cinquante ans. Deux fois plus de 700 pages en poche, écrit petit. Ça m’a occupé tout l’été.</p> <h3>Résumé à la <a href="http://www.quotationspage.com/quote/36.html" hreflang="en">Woody Allen</a></h3>
<p>Ça parle de la Russie.</p>
<h3>Résumé moins sommaire</h3>
<p>Ne cherchez pas l’intrigue, il n’y en pas pas.</p>
<p>C’est un des côtés furieusement modernes de ce roman, remontant pourtant à l’époque de la libération des serfs russes (1861) : le fil conducteur est très ténu — ou plutôt il est multiple.</p>
<p>Car si les mêmes personnages reviennent entre 1805 et 1820 (le prince Vassili, la famille du comte Rostov, le prince André, Pierre…), on en suit plus certains au départ, pour s’accrocher ensuite à d’autres. Il y a de la place pour nombre d’histoires dans un pavé de cette ampleur.</p>
<p>Tout ce beau monde ou presque fait partie de la très haute société russe, celle qui possède plusieurs palais dans différentes villes, compte sa fortune en âmes (de serfs), considère que le vrai monde tourne autour des bals et réceptions mondaines, et parle autant français que russe (!). Les serviteurs, précepteurs et nounous ont droit à quelques mentions, le reste, hors militaires, n’existe quasiment pas.</p>
<p>La vie suit son cours : pendant que le rouleau compresseur napoléonien passe sur l’Europe pour refluer après Moscou, la petite et trop gâtée Natacha Rostov grandit, découvre l’amour et en fait n’importe quoi ; Pierre, un bâtard sur qui la fortune est tombée brusquement, passe le livre à essayer de découvrir ce qu’il veut faire de sa vie ; Nicolas Rostov gagne ses galons sur les champs de bataille ; Boris le fauché, forcé d’être arriviste, grimpe dans la société et choisit sa femme pour son argent… La vie à cette époque est dure, des personnages meurent à qui le lecteur s’était attaché, à la guerre ou en couche, en deux lignes ou en cent pages.</p>
<p>La conquête de l’Europe par Napoléon constitue l’arrière-plan, puis au deuxième tome l’avant-plan avec l’invasion de la Russie, Borodino, la prise de Moscou, la retraite… Les personnages participent à quelques batailles plus ou moins complètement décrites.</p>
<p>C’est tout d’abord Austerlitz, un grand chaos où, comme le répète plusieurs fois Tolstoï, personne ne sait vraiment ce qui s’est passé, et en tout cas cela n’avait rien à voir avec les plans des généraux des deux camps.</p>
<p>La boucherie de Borodino (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Moskova">la Moskowa</a> pour nous Français) est plus importante. C’est à la fois une victoire et une défaite : Napoléon a forcé le passage de Moscou, à un prix effroyable, son armée étant en fait blessée à mort. Pour le général en chef russe Koutouzov (Tolstoï a manifestement beaucoup de tendresse pour ce vieil homme qui avait compris qu’il fallait plutôt éviter de livrer bataille), Borodino est une victoire… avec des pertes tellement énormes qu’il ne peut contre-attaquer immédiatement et doit livrer Moscou aux Français.</p>
<p>La fuite devant les armées françaises puis l’exode de la population moscovite (vu de l’exaspérante lorgnette des nobles qui déménagent carrément) constituent des passages assez glauques. Au passage : Moscou abandonnée devait « forcément » brûler : la ville était en bois !</p>
<p>Durs également les passages sur la retraite des Français en pleine débandade, et l’armée russe qui les poursuit (inutilement, l’ennemi fuyant le plus vite possible) tout en subissant l’hiver et les privations autant qu’eux. Les souffrances des soldats « de base » ne sont pas négligées.</p>
<p>L’épilogue se déroule quelques années après le départ des Français, et est suffisamment long pour que je ne me frustre pas<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-guerre-et-la-paix-de-L%C3%A9on-Tolsto%C3%AF#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Le tout dernier chapitre est une longue réflexion de Tolstoï sur la manière dont on écrivait l’histoire en son temps, histoire beaucoup trop centrée sur les chefs d’État et les militaires. Pour lui, Napoléon n’a rien fait, il n’aurait rien fait sans des peuples entiers dans le même mouvement. Son échec en Russie tient aussi au soulèvement du peuple russe entier, pas à ses dirigeants.</p>
<p>De même, une bataille ne peut être dirigée, y compris par Napoléon, c’est l’action de chacun des combattant, les paniques collectives et les enthousiasmes contagieux, qui font le résultat des batailles, dans le chaos le plus complet. Les généraux ne contrôlent rien même au niveau stratégique ; par exemple la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Russie_(1812)#La_marche_sur_Moscou">politique de la terre brûlée</a> était plus une conséquence du mouvement rapide des Français qu’une volonté réelle. De toute manière Tolstoï dépeint les états-majors comme des paniers de crabes où, dans les situations les plus désespérées, prime la mesquine recherche des avantages personnels. Le fatalisme (typiquement russe ?) parcourt tout le livre, y compris dans beaucoup de destins personnels (Pierre épouse Hélène parce que tout le monde s’y attendait).</p>
<p>(Les champs de bataille ont bien évolué depuis cette époque où les colonnes avaient du mal à se situer mutuellement, à savoir où elles étaient, et où les transmissions se faisaient par messager à cheval ; et depuis longtemps on sait que l’histoire tient souvent plus aux peuples et à l’économie qu’aux chefs. Quoique. Je laisse le sujet aux historiens.)</p>
<p>Bref : un grand roman avec du souffle, de l’Histoire, du romantisme, du panache, du réalisme, et de la Russie.</p>
<p>Ceux qui voudront dire qu’ils l’ont lu sans le faire peuvent se limiter à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_et_Paix">la page Wikipédia</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-guerre-et-la-paix-de-L%C3%A9on-Tolsto%C3%AF#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>L’épilogue vite expédié après la victoire finale est un problème récurrent je trouve dans beaucoup de sagas modernes : </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-2">Harry Potter</a><em>, </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb">L’assassin royal</a>… </p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-guerre-et-la-paix-de-L%C3%A9on-Tolsto%C3%AF#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/659“The Years of Rice and Salt” (« Chronique des années noires ») de Kim Stanley Robinsonurn:md5:3672d4b8474854f1add0b1c23e0bc84e2011-02-01T22:47:00+01:002015-08-21T09:52:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAmériquecatastropheChinecivilisationcolonisationdéterminismeguerregéopolitiquehistoireIndelivres lusmémoireperspectivespéculationtempstranscendanceuchronie<p>Ce pavé a été mon « uchronie de Noël », une tradition personnelle avec laquelle je renoue.</p> <p>L’idée est simple : au lieu de liquider un tiers de la population européenne, la Peste Noire de la fin du Moyen Âge ne laisse personne, et l’Europe devient un désert. Évidemment l’Histoire prend une toute autre tournure : le Nouveau Monde est envahi par les Chinois et les Arabes ; la France est recolonisée depuis l’Andalousie par les soufis et la Scandinavie par la Horde d’Or ; la science moderne apparaît à Samarcande ; les Indiens font la révolution industrielle et s’étendent aussi vite que les Européens au XIXè siècle ; la Guerre Mondiale est pire que celles que nous avons connues…</p>
<p>Le monde se divise (schématiquement) entre Islam, Indiens (d’Inde), Chinois, et accessoirement Indiens (ceux de ce qui n’est donc pas l’Amérique). Robinson retrace les transferts de connaissance entre ces civilisations sans les perturbations introduites par les Européens dans notre fil temporel (le choix de Samarcande, sur la Route de la Soie, n’est pas innocent, mais l’influence des Indiens du Nouveau Monde sur ceux de l’Ancien est plus surprenante), leurs remises en cause après des guerres perdues, l’évolution du rôle de la femme dans le temps, en Chine ou dans diverses contrées islamiques, l’évolution des sociétés vers certaines valeurs que l’on qualifierait d’occidentales, etc.</p>
<p>Comme dans la trilogie de SF martienne (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">déjà chroniquée ici</a>) Robinson veut que le lecteur s’attache aux personnages malgré une histoire étalée sur des siècles. En science-fiction il pouvait allonger leur vie grâce à la médecine, mais ici l’expédient est plus radical : ils se réincarnent. Après tout, le bouddhisme et l’Islam influencé par le bouddhisme le permettent. On suit donc K., B., I., P., S. au fil des siècles, de leurs changements de noms (ils ne conservent que l’initiale), de sexe, même, de leurs sauts d’une civilisation à l’autre, et de leurs réunions dans le bardo, entre deux réincarnations. Chacun est un archétype (K. le révolté, I. le scientifique…). Il n’y a pas vraiment d’intrigue, les personnages sont tous emportés par l’évolution du monde tout en faisant parti des minorités qui font l’histoire. Contrairement à la plupart des livres, on peut réellement craindre pour leur vie à chaque page.</p>
<p>J’ai trouvé des défauts au niveau de la plausibilité : la Peste Noire a tué absolument <em>tous</em> les Européens en épargnant les autres, mais un virus moins radical aurait aussi permis l’uchronie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; la fondation de la science moderne par les trois principaux personnages à Samarcande est plus que rapide ; les blocs lors de la Longue Guerre sont beaucoup trop caricaturaux (nos guerres mondiales ont transcendé les cultures : on fait plus souvent la guerre à son voisin de même religion qu’à un peuple mal connu aux antipodes — le « choc des civilisations » n’est pas loin) ; la civilisation évolue au final un peu comme dans la nôtre avec domination occidentale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et on peut se demander si ce n’est pas une (inévitable) marque du fait que l’auteur <em>est</em> occidental, malgré un évident effort de recherche. Et puis Robinson est un peu trop bavard, sans que l’ennui pointe.</p>
<p>Péchés véniels, le livre reste prenant, on le savourera un certain temps. Il y a un côté ludique à retrouver Amérique ou Australie sous leurs noms chinois.</p>
<p>Le titre français est une erreur (cf <a href="http://www.cafardcosmique.com/Chroniques-des-Annees-Noires-de">cette chronique sur le Cafard cosmique</a>). L’original est une référence chinoise.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Sur le même point de divergence, Silverberg s’était contenté dans la </em><a href="http://a-c-de-haenne.eklablog.com/la-porte-des-mondes-de-robert-silverberg-w-a2349372">Porte des mondes</a><em> de supposer que l’Europe était devenue turque — un petit livre sympa pour un préado soit dit en passant.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Quoique avec l'évolution actuelle de la Chine les deux mondes vont encore se rapprocher...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/642“The Farseer Trilogy” (« L’Assassin Royal ») de Robin Hobburn:md5:d5cd307b520d5e152ab5c73cd2d84e542010-10-16T16:53:00+02:002015-08-20T13:17:53+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesaddictioncouragedilemmefantasylivres lus<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Farseer-AssassinsApprentice-UK_m.jpg" alt="Farseer-AssassinsApprentice-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Cette excellente et très connue trilogie de <em>fantasy</em> fut un plaisir à lire.</p> <p>Ce n’est pas une lecture très originale, le livre est archi-connu, c’est même un classique de la <em>fantasy</em>.</p>
<p>Ce genre d’histoire se déguste mieux en version originale, avec vocabulaire et noms d’origine. Les traductions françaises trouvées sur les résumés de Wikipédia me semblent comparativement assez pauvres (la critique est facile). (Et puis, si je peux la lire, je préfère toujours une VO.)</p>
<p>Le thème : Fitz est un bâtard royal, fils d’une rôturière et du prince héritier des Six Duchés (qui abdiquera vite pour le protéger). Il ne connaîtra aucun de ses parents. Élevé au château royal, il est très tôt formé au rôle traditionnel des bâtards : celui de tueur aux ordres de son roi, un simple outil de la lignée, juré à la lignée des Farseer. Le drame de Fitz sera de toujours faire passer ses envies (et ses amours) au second plan après sa fidélité à deux rois et à son devoir.</p>
<p>Il devient fatalement un jeune homme très solitaire, pas fichu de se débrouiller avec Molly, son amour d’enfance. Pendant ce temps déferlent sur les côtes des Duchés les pirates rouges (<em>Red Ships</em>) : les habitants des îles du nord se livraient déjà couramment à la piraterie, mais ils se mettent à présent à tout détruire sans raison, et à « forger » les habitants de villages conquis, c’est-à-dire les débarrasser de toute humanité, un sort pire que la mort. Le pouvoir royal a du mal à faire face, entre un vieux roi mourant, une dissension entre Duchés côtiers et intérieurs, et Royal (<em>Regal</em> en VO), troisième fils du roi tenant le rôle du machiavélique psychopathe de service, extrêmement jaloux de ses deux frères (de véritables héros bourrés de qualités, eux), et devenu très vite allergique à son neveu Fitz le Bâtard, dont il pourrira la vie à l’extrême sur les trois tomes.</p>
<p>C’est un monde médiéval-fantastique, mais assez éloigné de Tolkien. La magie, de plus en plus présente au fil des tomes, est réduite à quelques éléments : l’Art (<em>the Skill</em>), une sorte de télépathie et de prise de contrôle d’autrui, maîtrisée par la lignée royale, capacité dont a hérité Fitz, mais qu’il maîtrise mal et où il risque plus d’une fois de se perdre ; le Vif (<em>the Wit</em>), une capacité à communiquer avec les animaux, à se « lier » à eux, don qui est plutôt considéré comme une abomination mortelle — et dont Fitz a hérité aussi. Il y a aussi des dragons.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Farseer-RoyalAssassin-UK_s.jpg" alt="Farseer-RoyalAssassin-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />L’histoire se développe lentement. Le premier tome, <em>Assassin’s Apprentice</em>, décrit l’enfance du Bâtard, ses premières missions (en fait, il assassine très peu, son rôle reste assez moral, pas de grandes angoisses sur « ai-je le droit de tuer untel ou untel quand le roi me le demande et que je sais que c’est mal »), ses problèmes de maîtrise de l’Art, son lien avec le prince héritier Vérité. Le deuxième tome, <em>Royal Assassin</em>, parle de la guerre (mal engagée) contre les pirates, et l’inexorable ascension de Royal, un véritable calvaire pour Fitz. Le troisième, <em>Assassin’s Quest</em>, s’étend sur sa recherche de Vérité, et d’autres personnages. Fitz n’a plus comme perspectives que de chercher une mort utile, de retrouver son roi parti dans les montagnes, et de se venger de l’immonde Royal. Le <em>happy end</em> de rigueur est très amer pour la plupart des personnages.</p>
<p>Les personnages secondaires abondent, un rien caricaturaux parfois même s’ils ont leurs failles et leur caractère bien décrit (les liens entre eux occupent de nombreuses pages, expliquant l’épaisseur des pavés) : Burrich le serviteur-fidèle qui élève Fitz ; Kettricken la belle reine exemplaire dans son rôle de Sacrifice ; Royal le manipulateur ; le Fou, qui tient plus du Prophète ; Vérité le roi qui sacrifie sa santé, son bonheur et celui de sa femme à son royaume, et exige tant de Fitz ; Nighteyes le loup plus sage que Fitz et bien des humains ; etc. Certains personnages semblent un peu sous-employés, par exemple Célérité, une fille de Duc avec un penchant pour Fitz qui aurait permis de compliquer un peu l’intrigue du troisième tome.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Farseer-AssassinsQuest-UK.jpg" title="Farseer-AssassinsQuest-UK.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Farseer-AssassinsQuest-UK_s.jpg" alt="Farseer-AssassinsQuest-UK.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Assassin’s Quest" /></a>Difficile de poser un tome une fois commencé. C’est vraiment le devoir et la pression de Madame qui me forçaient à poser le livre sur la table de chevet le soir.</p>
<p>Des défauts ? Outre les personnages un rien trop prévisibles et parfois parfaits jusque dans leurs défauts ou quelques pages sans doute inutiles, je relèverai surtout la très frustrante incapacité de Hobb à faire des épilogues dignes de ce nom. La conclusion d’un tome de huit cent pages mérite mieux que d’être bâclée en vingt.</p>
<p>Après plus de deux mille pages, la fin de la trilogie laisse un grand vide. J’avais aussi ressenti ce manque après la fin du dernier tome d’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix">Harry Potter</a> (là aussi la conclusion était un peu rapide). Mais, ô délice, je découvre que Hobb a écrit non pas une mais deux trilogies à la suite. Je les mets sur ma liste de Noël… (En version française, tout a apparemment été regroupé dans une seule longue série.)</p>
<p>Bref, à conseiller, mais pas aux enfants : les scènes dures abondent (massacres de villageois par les pirates, séances de torture du héros…).</p>
<p>Si quelqu’un l’a lu, et éventuellement a lu la suite, j’aimerais bien avoir votre avis.</p>
<p><strong>Ajout de 2012</strong> : J’ai effectivement lu, aimé, et chroniqué la suite, les <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/The-Liveship-Traders-de-Robin-Hobb">Liveship Traders</a></em>.</p>
<p><strong>Ajout de 2014</strong> : Chronique de la trilogie <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Tawny-Man-de-Robin-Hobb">The Tawny Man</a></em>, suite des aventures de Fitz.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Farseer-Trilogy-de-Robin-Hobb#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/635Livres en stock et en coursurn:md5:05fc233a4f4e8642e7097ee76bfd6d812010-04-17T19:48:00+02:002015-06-08T14:26:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanticonsumérismeapocalypseastronomiecataclysmecatastrophechiffrescommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologieentropiegalaxiesgravitationhard sciencelivres luslyrismemèmemémoiremétainformationouverture d’espritpanspermieperspectivepessimismeprise de têtepsychologieréalitéréseausciencescience-fictionsimulationspace operaspéculationtranscendanceuniversvirtueléonsévolution<p>Faute de temps pour lire et chroniquer ici et quand même pondre un billet, histoire que mon lectorat ne m’oublie pas, je vais causer de mes trois derniers achats.</p> <ul>
<li><em>Visual and Statistical Thinking: Displays of Evidence for Making Decisions</em> de Edward R. Tufte (<a href="http://www.soc.washington.edu/users/bpettit/soc506/tufte.pdf" hreflang="en">PDF</a>) : pas cher, et il me manque toujours un arrière-plan théorique sur la représentation de données que je fais souvent au boulot (non que Business Objects aille bien loin dans le domaine mais bon...). Il y a un bout sur les célèbres statistiques du choléra de Londres au XIXè qui ont permis de repérer le rôle des fontaines publiques, et sur les différentes manières de présenter les mêmes bilans.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.eyrolles.com/Sciences/Livre/voyages-dans-le-futur-9782746504257">Voyages dans le futur</a></em> de Nicolas Prantzos : aussi épais que le précédent était fin. Ça cause du paradoxe de Fermi et d’astroingénierie, le genre de chose archi-éthérée qu’il me faut pour sortir de mon quotidien terre-à-terre surmené. (<strong>Ajout postérieur</strong> : C’est lu, à chroniquer prochainement. (<strong>Ajout de 2015</strong> : À relire avant de faire la chronique :-) )</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.debatpublic.net/2008/01/04/petit-cours-dautodefense-intellectuelle/">Petit cours d’autodéfense intellectuelle</a></em> de Normand Baillargeon : maintes fois conseilllé, ça peut pas faire de mal, et ça permettra peut-être d’éviter de tomber dans un ou deux pièges intellectuels ou publicitaires.</li>
</ul>
<p>Sur la table de nuit actuellement (ou plutôt à son pied vu le format) : <em><a href="http://www.decitre.fr/livres/Atlas-du-monde-prehistorique.aspx/9782035051677">Atlas de la préhistoire</a></em> de Douglas Palmer. Bien détaillé, y compris sur l’ère pré-dinosaures. Je conseille à ceux que les mots compliqués ne gênent pas.</p>
<p>Interrompu : <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Accelerando_(novel)" hreflang="en">Accelerando</a></em> de <a href="http://www.accelerando.org/" hreflang="en">Charles Stross</a>. SF de haute voltige, j’adore, une idée par chapitre. Il m’est tombé des mains parce que dans mon état actuel de déficit de sommeil aussi affolant que celui budgétaire des Grecs, et de saturation cérébrale suite à la saturation permanente de ce qui me reste de capacités mentales pour de frustrantes banalités, je suis incapable de lire un texte exigeant en langue étrangère le soir. Or <em>Accelerando</em> est typiquement le livre à ne pas lâcher faute d’oublier des pans entiers de l’histoire d’une fois sur l’autre (surtout avec ma mémoire de poisson rouge actuelle). On verra pendant les vacances. <br />(<strong>Ajout d’octobre</strong> : <a href="http://wiesmann.codiferes.net/wordpress/?p=8335&lang=en" hreflang="en">Thias en parle sur son blog</a>.)</p>
<p>Avec du bol, j'aurais lu ça avant Noël 2011… (<strong>Ajout post-Noël</strong> : Deux sur cinq seulement…)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Livres-en-stock-et-en-cours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/605“Harry Potter & the Order of the Phoenix” ou : « Harry a 14 ans, et il s’en prend plein la tronche. »urn:md5:85d0b35d0282242cbb6a7d109d39faf92009-07-25T00:00:00+02:002011-09-11T13:39:56+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesaddictioncatastrophedilemmedommagelivres lusmortmytheparanoïapessimismepsychologieracléesaturationtempsténacitééducationémerveillement<blockquote><p>« Toute bonne littérature pour enfants et jeunes peut être appréciée par des adultes. »<br />« Il ne faut pas tuer l’enfant qui est en soi. »<br />« C’est bon pour mon anglais puisque je le lis en VO. »</p></blockquote>
<p>C’est ce que je me dis pour rationaliser. Ensuite, ça finit par :</p>
<blockquote><p>« Et puis merde, je culpabilise pas, je suis accro, c’est comme ça. Cette série est super. »</p></blockquote> <p>(<em>Ante scriptum</em> : Non, ceci ne parle pas du film qui sort en ce moment. Et je n’ai pas vu le film précédent lié au présent livre.)(<strong>Mise à jour</strong> : De manière générale et pour Harry Potter en particulier, les films sont très décevants par rapport aux livres.)</p>
<p>Au moment où ce billet fut créé, je venais de finir le tome 5 (<em>Harry Potter & the Order of the Phoenix</em>), et j’ai eu tant de mal à le lâcher (au point de prendre du temps sur celui passé devant mon ordi, un comble !) que j’ai continué sur ma lancée et déjà dévoré <del>le tiers</del> <del>la moitié</del> la totalité <del>du</del> des tomes suivants (<em>The Half-Blood Prince</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-1" id="rev-pnote-579-1">1</a>]</sup> et <em>The Deathly Hallows</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-2" id="rev-pnote-579-2">2</a>]</sup>).</p>
<p>Si le premier Harry Potter (<em>The Philosopher’s Stone</em>) m’avait bien plu, et rappelé les films, regardés distraitement et agréablement (ils sont bien faits et fidèles mais, fatalement, il y manque des pans entiers du monde de J.K. Rowling), au point que j’avais attaqué un peu plus tard le second (une agréable répétition justifiée par l’approfondissement du monde), tout cela relevait encore de la bonne littérature pour gamins.</p>
<p>Cependant, chaque tome se déroule pendant une année scolaire à Hogwart<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-3" id="rev-pnote-579-3">3</a>]</sup> et donc les sept volumes racontent toute l’adolescence du jeune orphelin, de 11 à 17 ans. Le troisième (<em>The Prisoner of Azkaban</em>), déjà plus épais, est rétrospectivement surtout intéressant par l’ouverture au monde, l’introduction de nombreux personnages importants (Sirius, les effroyables Démentors...), et une ambiguïté bienvenue dans la lutte « bons <em>vs</em> méchants ».</p>
<p>Au quatrième (<em>The Cup of Fire</em>), Harry et ses copains deviennent plus intéressants, leurs relations plus complexes (les histoires de cœur apparaissent, et à cet âge-là ça donne souvent n’importe quoi), le monde encore plus grand — et dangereux, et l’ambiance est <em>beaucoup</em> plus noire.</p>
<p>Les premiers pottermaniaques ont grandi avec leur héros, mais franchement, le gamin de 10-11 ans (voire moins…) du XXIè siècle qui découvre Harry<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-4" id="rev-pnote-579-4">4</a>]</sup> et qui s’enfile les tomes à la queue leu-leu devrait s’arrêter à <em>Cup of Fire</em> et attendre de grandir un peu avant d’attaquer la suite. Au pire, ça lui flanquerait les jetons, au mieux il passerait à côté de plein de choses. Quoique avec les gamins de maintenant...</p>
<p><em>The Order of the Phoenix</em> n’est qu’un long calvaire pour Harry Potter. Son monde déjà pas très douillet semble s’écrouler (et surtout le grand foyer que l’école est devenue pour lui<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-5" id="rev-pnote-579-5">5</a>]</sup>) et le malheureux en prend plein la gueule, y a pas d’autre mot. L’âge n’est pas facile et, forcément, un petit orphelin <del>sur</del>doué surmédiatisé télépathe langue-de-serpent rebelle désorienté arrogant et de plus irréfléchi et irresponsable comme on l’est souvent à 14 ans quelque soit son éducation<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-6" id="rev-pnote-579-6">6</a>]</sup> a du mal à tout encaisser. Après maintes catastrophes scolaires, magiques, sportives et sentimentales, Harry termine l’année dans une apothéose qui n’est un <em>happy end</em> que parce que la pire catastrophe a été évitée de justesse, et pas grâce à lui.</p>
<p>Je suis resté sur ma faim avec la conclusion : enjeu réel de l’histoire un peu dérisoire par rapport à ce que promet l’affrontement manichéen Dumbledore/Voldemort ; fin d’année scolaire trop vite évacuée ; pas de mention des résultats de la compétition de quidditch... Rowling en avait peut-être marre après 800 pages (c’est le plus lourd tome de la série). En tout cas, cette fin bancale donne envie d’enchaîner avec la suite : les trois derniers tomes sont une seule histoire de 2000 pages. (De manière générale, Rowling a du mal avec les conclusions de ses livres ; <em>The Deathly Hallows</em> est d’autant plus frustrant sur ce point que c’est la fin du cycle.)</p>
<p>J’ai eu du mal à lâcher le livre (et les suivants). Rowling sait captiver son auditoire. Le niveau de détail du monde magique y est pour beaucoup, comme dans l’œuvre de JRR Tolkien, Frank Herbert et autres bons écrivains de l’imaginaire. Mais on reste dans la littérature jeunesse, et certaines ficelles sont parfois un peu grosses : découpage artificiel de l’histoire pour suivre le déroulement de l’année scolaire, personnages souvent caricaturaux (quoique, pour certains, très ambigus<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#pnote-579-7" id="rev-pnote-579-7">7</a>]</sup>, et les histoires et failles des personnages se font de plus en plus jour à chaque tome), répartition systématique des personnalités (Hermione l’intello, Harry le leader, Ron le bon copain, Neville le gaffeur, les jumeaux blagueurs, Mc Conagal prof sévère-mais-juste, Dumbledore le sage (presque) invulnérable et infaillible...), morales un peu lourdement assénées par certains côtés, coups de bol à peine plausibles, personnages importants pas assez développés (Cho ici, Ginny dans les tomes suivants)...</p>
<p>Le petit magicien semble par bien des côtés n’être que le chien (souvent) obéissant de Dumbledore, ou le pion de Voldemort (et pas que de lui), sans autonomie réelle, et se laisse porter par les événements. Sa chance insolente, la protection de Dumbledore, la sous-traitance de fonctions cognitives à Hermione ne compensent que partiellement bien des défauts. Quand Harry prend une initiative, la catastrophe suit souvent : Harry (et Ron, parfois Hermione...) se conduisent trop souvent de manière impulsive ou irréfléchie — mais après tout sans cela il n’y aurait pas d’histoire, tout se terminerait bien et justement, Harry a 14 ans.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-1" id="pnote-579-1">1</a>] <em>Un peu décevant ; Harry passe plutôt à côté de l’intrigue réelle entre Malfoy, Snapes et Dumbledore.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-2" id="pnote-579-2">2</a>] <em>L’apothéose. Assez mou pendant un tiers, et ensuite tout s’imbrique. Épilogue bâclé.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-3" id="pnote-579-3">3</a>] <em>Poudlard en français paraît-il. Blasphème !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-4" id="pnote-579-4">4</a>] <em>Bon, même en français ça vaut le coup.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-5" id="pnote-579-5">5</a>] <em>Rappelons que sa famille adoptive est caricaturalement infecte.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-6" id="pnote-579-6">6</a>] <em>Je me demande comment un ado actuel prend le message bien explicite du bouquin : Sirius et Lupin, rappelés à certaines cruautés de leur adolescence, se jugent eux-même sévèrement. Le thème de l’évolution morale et du contrôle de soi est capital. Qui ne peut pas dire « qu’est-ce que j’étais con à cet âge-là ! » <a href="http://www.michel-bellin.fr/bellin/blog-officiel-michel-bellin/index.php/2008/01/22/299-on-nest-pas-serieux-quand-on-a-17-ans">Même Rimbaud le clame, et pour un âge plus tardif</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#rev-pnote-579-7" id="pnote-579-7">7</a>] <em>Snape est délicieux. Et ça continue jusqu’à la fin de la série.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/579« Trafic stellaire » de Pierre Barbeturn:md5:c39ab47022b1228b27203a3fefbdfa012009-07-02T21:28:00+02:002011-06-03T20:52:56+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiescynismedommageesclavageextraterrestresgaspillagehumourincohérencelivres lusscience-fiction<p>Petite chronique d’un navet de la SF française des années 70.</p> <p>Mes lecteurs se demanderont pourquoi je passe de précieuses heures d’éveil à lire des navets des années 70 (et en plus à les chroniquer<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-1" id="rev-pnote-572-1">1</a>]</sup>) quand parallèlement je me plains chroniquement de mon manque de temps et de mes étagères qui débordent. Le choix régulier
du nouvel hôte de la table de chevet fait partie de ces mystères
à jamais inexplicables. Ce soir-là j’avais sans doute envie de me
délasser les neurones après un pavé en anglais plein de termes techniques
et médiévaux<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-2" id="rev-pnote-572-2">2</a>]</sup>. (La vraie question serait plutôt : « que faisait ce vieux truc dans les livres à lire ? »)</p>
<p>Bref : j’avais déjà écrit beaucoup de mal d’un autre titre de Barbet,
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet">« À quoi songent les psyborgs »</a>. Cet opus est moins primaire, ou plutôt il est possible de le prendre à la fois au premier et au vingt-huitième degrés pour en faire une lecture pas
trop pénible (jusqu’au dernier quart qui est de trop).</p>
<p>Le héros est James Bond, ou plutôt son clone direct du futur :
invincible au combat rapproché, bourré de gadgets, irrésistible aux
yeux des femelles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-3" id="rev-pnote-572-3">3</a>]</sup> (il y a même l’équivalent de Moneypenny, le pillage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-4" id="rev-pnote-572-4">4</a>]</sup>
est complet).</p>
<p><del>James</del> Alex est donc envoyé sous un déguisement sur une planète manifestement pas assez industrialisée pour être riche, mais pleine aux as. Comment se fait-ce ?</p>
<p>À côté des invraisemblances propres aux conventions du genre combiné <em>Star Wars</em>/<em>007</em>,
le livre est pollué par un paquet d’aberrations très énervantes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-5" id="rev-pnote-572-5">5</a>]</sup> :
une planète est considérée comme pauvre car son écologie est parfaite
(savait-on en 1979 que l’écologie était un signe de richesse et
d’avancée technologique ?) ; chaque planète ne semble habitée que par
une poignée de personnes (aucune « construction de monde » là-dedans qui donne une impression de civilisation complète) ;
un ordinateur s’exprime avec des résultats
sur bandes de <em>papier</em> (l’auteur et les Apple Ⅱ<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-6" id="rev-pnote-572-6">6</a>]</sup> coexistaient pourtant déjà) ;
l’agent terrien arrive pile poil au moment de l’attaque des pirates (entre autres coïncidences improbables) ;
un pirate tient tête à une planète entière ;
les quelques humains portent trop souvent des noms français pour que cela soit plausible ;
etc.</p>
<p>Je veux bien que ce ne soit « que » du Fleuve Noir mais tout de même.</p>
<p>Le style est moins catastrophique que dans <em>À quoi songent les psyborgs ?</em>
mais les dialogues font toujours pitié. La moralité du héros même pue sérieusement (femmes-objet réduites en esclavage sans le moindre remord ...),
même si à d’autres moments son côté chevaleresque domine (du genre des boy-scouts dont on ne fait pas les 007). La psychologie primitive (pas complètement primaire, reconnaissons-le, il y a un début d’effort) ne relève pas le plat.</p>
<p>La fin est bâclée en deux pages pitoyables.</p>
<p>À conseiller : à personne, pour les aspects moraux, le style, et enfin parce que les scènes de fesse<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-7" id="rev-pnote-572-7">7</a>]</sup> interdisent de le donner à un gamin assez jeune pour ne pas rigoler de l’histoire.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-1" id="pnote-572-1">1</a>] <em>Mais j’aime dire du mal, et je voudrais bien chroniquer chacune de mes lectures ; c’est plus rapide avec un Barbet qu’avec </em>Les origines du totalitarisme<em> d’Arendt qui attend depuis des mois sur mon étagère.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-2" id="pnote-572-2">2</a>] Harry Potter<em>, tome 4. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix">Je suis fan et j’assume</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-3" id="pnote-572-3">3</a>] <em>Les ravissantes extraterrestres ne sont pas décrites comme possédant assez de neurones pour être désignées d’un autre terme, et le héros les traite plus ou moins effectivement comme des objets.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-4" id="pnote-572-4">4</a>] <em>On n’ose dire « hommage ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-5" id="pnote-572-5">5</a>] <em>Qui cassent la plausibilité même de l’histoire, alors que le lecteur a fait des efforts pour suspendre son sens critique selon les codes du genre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-6" id="pnote-572-6">6</a>] <em>Remarque de forme sur une découverte récente qui m’esbaudit : les chiffres romains existent dans Unicode ! Je ne sais pas si ça s’affiche sur tous les navigateurs et tous les systèmes par contre. À utiliser à la place des I, III, IV, XI... pour la valeur sémantique : Ⅰ,Ⅲ,Ⅳ,Ⅺ.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-7" id="pnote-572-7">7</a>] <em>Oh, pas de quoi fouetter un chat ; d’ailleurs on frémit à penser à ce que des descriptions moins elliptiques auraient donné avec le style de l’auteur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/572“From Hell” d’Alan Moore et Eddie Campbellurn:md5:8041e75a7db65c1093057ee6d33e44242009-05-03T00:00:00+02:002011-06-03T18:26:16+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationbande dessinéedéshumanisationlivres lusmort<p>C’est une BD de cinq cent pages, mais une des plus glauques que j’ai lues. Sujet : l’histoire sordide de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_l'éventreur">Jack l’Éventreur</a>.</p> <p>Alan Moore a d’entrée choisi la théorie la plus romanesque : celle de la conspiration qui fait du chirurgien royal, Sir Gull, le coupable, exécuteur fou des ordres d’une Victoria qui voulait « simplement » éviter le scandale du mariage secret de son petit-fils avec une roturière ; le tout avec la complicité carriériste de francs-maçons. Moore reconnaît ne pas croire plus que cela à la théorie. À ma connaissance, Jack l’Éventreur reste inconnu, et ce n’est pas faute d’avoir cherché (Wikipédia vous livrera tous les suspects).</p>
<p>L’abord n’est pas spécialement facile, le début semble un peu décousu et je trouve le trait de Campbell assez moche. Par contre il rend parfaitement l’ambiance extrêmement glauque de Whitechapel, un quartier immonde de Londres. C’est le XIXè siècle finissant, ultralibéral, divisé en castes, et débordant de misère humaine, qui est le véritable thème du livre.</p>
<p>Dans l’annexe finale, Moore décrit quasiment page par page ses sources et les libertés qu’il a prises avec la réalité (connue).</p>
<p>Dur, pessimiste, souvent très cru (et pas que dans les scènes de charcuterie), un bon livre pas du tout pour les enfants.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/From-Hell#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/536« Atlas de Paris, évolution d’un paysage urbain » de Danielle Chadych & Dominique Leborgneurn:md5:514e2c3417b2cd0e7e8adc56743f14732009-04-07T00:00:00+02:002011-06-03T08:40:53+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAntiquitécartesdéveloppementGauloisHistoire de Francelivres lusMoyen ÂgeorganisationParistempsévolution<p>Non, cet <em>Atlas de Paris</em> n’est pas un énième guide touristique avec rues et adresses des musées et restaurants, mais d’un bon résumé de l’histoire de la Capitale, des Gaulois à Delanoë. Il y a plein de cartes et j’aime ça.</p> <h3>Les traces du passé</h3>
<p>Le plan de la capitale, et bien des noms de lieux ou de rues archi-connus, prennent tout leur sens à la lumière de l’histoire du développement. Le plus flagrant est l’influence des différentes lignes de fortifications encore visibles dans le paysage : c’est évident pour le périphérique (ancienne enceinte de Thiers, au XIXè), très net pour les Boulevards des Maréchaux (qui longent cette même ancienne enceinte), ou les boulevards plus intérieurs qui ont remplacé les murailles de Philippe Auguste puis Charles V. Certaines rues un peu biscornues tout près du périphérique proviennent des limites d’anciens bastions. À l’inverse, il reste assez peu de marques évidentes de l’enceinte des Fermiers généraux (fin du XVIIIè).</p>
<p>Cette évolution concentrique, chaque enceinte se retrouvant débordée par le développement des faubourgs, est une constante de l’histoire parisienne. Je ne verrai plus les Champs-Élysées avec le même œil : anciennement c’était juste une grande allée en forêt à la sortie des Tuileries. D’autres pans entiers de la ville viennent de lotissements massifs sous François Ier, Richelieu, etc.</p>
<p>De nombreux quartiers ont été modelés par des bâtiments aujourd’hui disparus, par exemple le quartier du Temple (bâti autour de la gigantesque commanderie des Templiers... en banlieue sous Philippe Auguste).</p>
<p>Je suis resté rêveur devant le plan de Paris... sans Paris, avec les altitudes, et l’ancien méandre de la Seine : on fait vite le lien avec les zones inondables. Ou celui des toutes premières rues : <del>Paris</del> Lutèce au début de notre ère, c’était la Cité, les rues Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin rive droite, plus trois rues dans l’actuel Quartier Latin rive gauche ; l’axe historique Saint-Jacques-Saint Denis étant <del>l’antique</del> la protohistorique route des Pyrénées au Rhin. L’île de la Cité a une histoire mouvementée également, puisque c’est le cœur de Lutèce, et longtemps le passage obligé pour traverser la Seine.</p>
<p>J’ai bien aimé l’histoire des ponts : montés souvent par des entrepreneurs privés qui voulaient rentabiliser, ils étaient garnis de maisons. À l’heure où l’on apprécie la disparition des frontières grâce à l’Europe, on oublie que franchir la Seine fut très longtemps soumis à péage...</p>
<p>Certaines peintures ou photographies reproduites dans le livre (dont une bonne partie du Musée Carnavalet, après tout dédié à la ville ; il faudra que j’y fasse un tour...) semblent surréalistes par l’impression bucolique qui en ressort ! La plus fascinante ouvre même le livre : une vue en ballon depuis l’observatoire en 1855 : la couronne des arrondissements extérieurs (en gros, entre l’enceinte des Fermiers généraux et celle de Thiers ) tient plus du village clairsemé que de la mégalopole !</p>
<p>Et au fil des pages tombent les petites perles de savoir : une rue se « perce », et effectivement c’est parfois comme creuser un tunnel ; les passages couverts attiraient magasin et clients plus que les rues habituelles... car il n’y avait simplement pas de trottoir dans les rues jusque tard dans le XIXè ; les guinguettes hors les murs n’étaient pas seulement conviviales, mais aussi bon marché car les marchandises importées dans Paris étaient soumises à l’octroi (les enceintes étaient aussi, sinon surtout, fiscales !) ; le premier rond-point de l’histoire fut aussi le plus grand (la Place de l’Étoile en 1907) ; etc.</p>
<h3>Deux petits regrets</h3>
<ul>
<li>Il n’y a pas de carte détaillée du Paris actuel, et il faudra se munir d’un plan (celui pour touriste en 30 pages avec index des rues suffira) pour voir le tracé de toutes les rues évoquées et les visualiser l’agencement ; cependant la plupart des cartes portent en surimpression les tracés actuels.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas un mot sur la Tour Eiffel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#pnote-532-1" id="rev-pnote-532-1">1</a>]</sup> ! Mais soyons honnête : du point urbanistique, elle n’a rien changé, ayant été plantée sur un terrain de l’École militaire à un moment où la ville avait quasiment atteint son expansion actuelle.</li>
</ul>
<h3>Bref</h3>
<p>Un ouvrage indispensable pour les Parisiens, et très intéressant pour les autres.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#rev-pnote-532-1" id="pnote-532-1">1</a>] <em>Là je fais mon provincial...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/532« Der Spiegel » du 19 janvier 2009 : Marienburg la martyre ; de Berlin à la Norvège ; argent pas cher ; tsunami vert au Brésil ; régulation de gènes ; A320 à la baille ; le temps de la radicalitéurn:md5:c872227ca4228d131518394969bf9d2f2009-02-14T18:53:00+01:002011-06-03T07:47:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneAmériqueauto-organisationdysfonctionnementenfantsenseignementesclavageEuropeguerrehainelangueslivres lusmétainformationoptimismeperspectivepessimismepolitiqueRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarismevaleurécologieéconomieéconomies d’énergieéducationÉtats-Unisévolution<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué de cet hebdomadaire allemand.</p> <p>Je ne lis pas très souvent le <em>Spiegel</em> pour deux raisons : 1) mon manque de temps chronique et 2) cet hebdomadaire de référence allemand est paradoxalement difficile à trouver dans les maisons de la presse de la banlieue strasbourgeoise — au contraire hélas des équivalents de <em>Point de vue - Images du monde</em> que la ménagère alsacienne de plus de quatre-vingt ans semble apprécier. J’ai acheté ce numéro lors d’un passage à Offenburg (paradoxalement à peine plus loin en temps que Strasbourg, malgré le tram !)</p>
<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué :</p>
<h3>Le charnier de Marienburg</h3>
<p>Ce Marienburg n’existe plus depuis 1945. L’ancienne capitale des Chevaliers Teutoniques a été quasiment rasée lors de l’invasion de l’Armée Rouge, et est depuis polonaise. La plupart des habitants ont été évacués mais au final des milliers manquent à l’appel. En octobre dernier, des travaux ont mis une fosse commune contenant les restes d’environ 1800 civils, femmes et enfants inclus, dépouillés de leurs vêtements.</p>
<p>Victimes des combats sorties des maisons bombardées ? Victimes des épidémies et famines de la fin de la guerre, dans une Allemagne plongée dans le chaos et traitée sans ménagement par les Soviétiques ? Victimes de l’épuration ethnique, par l’Armée Rouge ou les Polonais ? L’article n’a pas la réponse.</p>
<p>Le terrible sort de l’Allemagne orientale est relativement peu connu chez nous, mais a traumatisé les Allemands. Ce que Rommel, <a href="http://resistanceallemande.online.fr/20-07-1944/20-07-1944.htm">von Stauffenberg</a>, <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow" hreflang="de">von Tresckow</a> et d’autres ont voulu épargner à leur peuple est arrivé : les derniers mois de la guerre ont été les plus meurtriers pour l’Allemagne, et seule une partie est imputable aux bombardements aériens (qui n’ont fait que s’intensifier sur la fin de la guerre, Dresde n’étant que l’exemple le plus connu) ; des millions de civils ont été déplacés ; le Reich a perdu des terres occupées depuis des siècles. La lecture des premiers chapitres de <em><a href="http://www.conflits-actuels.com/spip.php?article369">la Chute de Berlin</a></em> d’Anthony Beevor éclaire bien le comportement des Soviétiques, poussés par leur propagande à la vengeance. Les civils allemands ont lourdement payé les exactions des SS et de la Wehrmacht en Russie.</p>
<p>Voir les pages du Wikipédia allemand sur <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Malbork" hreflang="de">Marienburg</a>, et <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Massengrab_von_Marienburg" hreflang="de">sur le charnier</a>.</p>
<h3>L’anglais au primaire</h3>
<p>Une page s’étend sur l’effet de l’enseignement de l’anglais à la <em>Grundschule</em> : par manque de suivi, de formation, de contrôles, de séparation des filières... l’effet de l’enseignement précoce de l’anglais est indétectable quelques années plus tard par rapport à l’enseignement « classique » plus tardif.</p>
<p>(<strong>Ajout postérieur</strong> : ça colle avec l’expérience de ma mère, dont les élèves de 6è faisaient tous les même programme par la logique de l’Éducation Nationale, même s’ils avaient fait de l’anglais en primaire ; et après quelques mois il n’y avait plus de différence de niveau.)</p>
<p>(Pour ma part, je reste persuadé qu’un enseignement précoce doit plutôt viser une langue difficile : l’allemand, le chinois... et en tout cas être soutenu tout le long de la scolarité.)</p>
<h3>De Berlin à la Norvège</h3>
<p>Une page est dédiée à un recruteur norvégien qui vit un drame professionnel assez enviable : avec un taux de chômage de 2% en Norvège, impossible de recruter ! M. Engeset s’est alors établi à Berlin et envoie des Allemands travailler en Norvège. La tendance est en hausse. Tout le monde est content, mais Engeset prévient que l’émigration n’est pas la vraie solution pour laisser derrière soi ses problèmes : „<em>Es gibt keinen Zurück-auf-Start-Knopf.</em>“</p>
<h3>L’argent pas cher</h3>
<p>Trois pages s’intéressent à la crise bancaire, ornées d’une photo de Jean-Claude Trichet et Ben Bernanke, l’air très anxieux. En résumé, la crise est en bonne partie due à l’argent lâché par les banques centrales trop facilement contre des garanties trop légères. En 1929, c’était pareil, et la restriction brutale du crédit à l’époque avait aggravé le problème. Les banques centrales de 2008 n’ont pas voulu rééditer l’erreur et... ouvert encore plus les vannes. Mais « réduire à nouveau la masse d’argent en circulation est aussi facile que remettre du dentifrice dans son tube. »</p>
<p>Un des moyens de résoudre le problème, et réduire les dettes de l’État au passage, consisterait à faire tourner la planche à billets, bref à générer de l’inflation. Les excès d’une telle politique <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Deutsche_Inflation_1914_bis_1923" hreflang="de">ont traumatisé les Allemands en 1920-1923</a> (division de la valeur du mark par un billion). La Bundesbank a pendant des années suivi une politique inverse de monnaie forte, qui se retrouve dans celle de la Banque Centrale européenne actuelle. Mais la conjoncture actuelle, comme l’interdépendance croissante des économies et l’impact d’une monnaie trop forte sur les exportations, rend délicate une politique trop stricte.</p>
<p>Troisième politique possible : un retour au bon vieil étalon-or du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods">système de Bretton-Woods de 1944</a>, organisé autour du dollar et de l’or. Le cours de l’or exploserait d’un facteur 40...</p>
<p>Conclusion fataliste : le capitalisme semble condamné à une ou deux crises majeures par siècle. Mais les autres systèmes sont-ils capables de mieux ?</p>
<h3>Le tsunami vert</h3>
<p>Quatre pages parlent des cultures d’éthanol dans le Nordeste brésilien et du véritable esclavage qui y sévit. Le pays veut devenir le plus grand fournisseur de carburant à base d’éthanol grâce à sa canne à sucre, et les paysans locaux en payent le prix — on parle de Zola au XXIè siècle.</p>
<p>Le seul reproche que je fais à l’article est de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que les grands propriétaires du Nordeste se comportent en féodaux que les agrocarburants sont intrinsèquement mauvais, et les réserves de principe écologiques (engrais, concurrence avec l’agriculture de subsistance...) ne disparaîtraient pas même si les ouvriers étaient payés comme des princes avec 60 jours de RTT. Les problèmes écologiques et sociaux sont complètement orthogonaux.</p>
<h3>Génétique</h3>
<p>Quelques pages sympathiques sur Darwin. Dont une révélation pour moi (qui ne suit pas si près que ça l’actualité de la génétique), on aurait enfin compris à quoi sert tout le bazar non codant de notre ADN : ce serait du code de régulation de l’activité des protéines. Nous avons moins de gènes que la souris, et pas beaucoup plus que l’anémone de mer, mais un nombre record de <a href="http://www.snfge.asso.fr/01-Bibliotheque/0A-Resumes-JFPD/2008/2959.htm">miARN</a> de contrôle. Un savant a repéré une poignée d’emplacements identiques du poulet au chimpanzé, mais différents chez nous...</p>
<h3>Un A320 dans l’Hudson</h3>
<p>Trois pages sur le petit miracle de l’Hudson : le commandant de bord Sullenberg était vraiment l’homme de la situation avec une expérience énorme, y compris sur planeur et en voltige aérienne. En perspective, la compétition croissante pour l’air entre oiseaux (parfois protégés et plus nombreux) et avions (de plus en plus silencieux...).</p>
<h3>Le temps de la radicalité</h3>
<p>En final, une interview de Thomas Friedman, du <em>New York Times</em>, partisan d’Obama, de réformes radicales vertes en résistant aux lobbys. Il pointe que « la crise climatique n’est pas un problème de régulation, mais d’innovation ». « Ce dont nous avons besoin, c’est d’ingénieurs. » Les Américains doivent être à la pointe de la révolution verte. Pourvu qu’il soit écouté...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/14/%C2%AB%C2%A0Der-Spiegel-%C2%BB%C2%A0du-19-janvier-2009-%3A-Marienburg-la-martyre-%3B-de-Berlin-%C3%A0-la-Norv%C3%A8ge-%3B#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/534« À quoi songent les psyborgs ? » de Pierre Barbeturn:md5:2f03ff23e7ccb00be4e181d70ab09cd32009-01-08T20:40:00+01:002009-07-18T09:47:10+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesextraterrestreslivres lusmagiescience-fictionsimulationvirtuel<p>Tellement nul que c’en est drôle. Ou très très daté. Mais qu’est-ce qu’ils trouvaient à Barbet ?</p> <p>C’est mauvais, très mauvais. <br />Même pour de la SF française commerciale (<em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fleuve_noir">Fleuve Noir</a></em>) de 1971.</p>
<p>Divertissant cependant, dans le sens où la nullité de l’action, la linéarité primaire du récit, la naïveté hallucinante des personnages, leur psychologie basique, la prévisibilité complète des actions, le manque total d’originalité, le style de collégien appliqué, la plausibilité nulle, le romantisme de niveau conte de fée pour maternelle, permettent au lecteur un détachement certain et amusé.</p>
<p>Dans ma jeunesse, j’avais lu d’autres Barbet<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#pnote-500-1" id="rev-pnote-500-1">1</a>]</sup>, et même à cet âge naïf, j’avais trouvé l’écriture assez affligeante. La SF n’a jamais été une référence pour le bel ouvrage littéraire, mais sans forcément tomber dans l’extrême illisible et illu de <em><a href="http://www.rumbatraciens.com/limite/mecanique/m002.html">Limites</a></em>, bien des auteurs avaient fait des efforts.</p>
<p>Parlons de l’histoire : la Confédération Galactique envoie son meilleur astronaute explorer une planète bizarrement apparue <em>ex nihilo</em> et dont les sondes n’arrivent pas à percer le secret. À peine arrivé, le super-astronaute bardé de technologie sauve un preux chevalier d’un assassinat par la main même du fils de l’empereur (quelle chance ! tomber au pif sur un continent sur du beau linge de ce calibre !), fil narratif qui ne sera d’ailleurs même pas exploité. Notre héros entame alors sa quête à la recherche des magiciens qui dirigent ce monde en sous-main, accompagné du chevalier qui s’esbaudit à chaque page de la puissance de son compagnon face aux divers monstres écrasés avec la régularité d’un métronome (un dragon ? paf, une grenade atomique !).</p>
<p>Une jolie princesse délivrée au passage tombe immédiatement amoureuse du courageux astronaute libérateur et vice-versa (même Disney n’aurait pas osé), avec force serments. Il la trompe allègrement au chapitre suivant, puis la retrouve comme otage dans la grande confrontation finale contre les tout-puissants maîtres de la planète au fond des entrailles d’icelle.</p>
<p>Je peux révéler la fin, elle est sur la quatrième de couverture (!) de mon édition (l’originale apparemment) : après que l’astronaute a latté un dernier dragon et re-délivré sa belle, lesdits magiciens concluent que l’espion a le cœur pur (même la mentalité médiévale avait dû dépasser ce stade), et lui content leur histoire : derniers représentants d’une civilisation avancée<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#pnote-500-2" id="rev-pnote-500-2">2</a>]</sup> qui s’est auto-éradiquée dans une guerre bactériologique (ah, une originalité, pendant la Guerre Froide l’apocalypse atomique était plus à la mode), les savants devenus « psyborgs » (les cerveaux numérisés sur silicium était-ils encore confidentiels en 1971 ?) se sont construit leur petit monde médiéval en guise de <em>World of Warcraft</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#pnote-500-3" id="rev-pnote-500-3">3</a>]</sup> réel. Sur ce, l’astronaute laisse sans trop de remord sa blonde (après tout, ce n’est qu’une androïde dont on effacera la mémoire) et s’en retourne faire son rapport à sa hiérarchie (dont les maîtres sont des Grands Cerveaux organiques qui baignent dans le formol).</p>
<p>Inutile de donner ce chef d’œuvre même à un jeune lecteur de SF, il y a assez de bijoux chez Asimov ou Heinlein pour ne pas avoir à se rabattre là-dessus.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Barbet">Pierre Barbet</a> étant un des rares français à l’époque traduits aux US, je reste tout de même perplexe. Même pour un roman de 1971, la plupart des thèmes n’avaient pas grande originalité que je sache. J’aurais été plus indulgent pour un livre d’avant-guerre.</p>
<p><strong>Ajout de juillet</strong> : Le fana de Barbet pourra lire aussi <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet">Trafic stellaire</a></em>, un peu moins nul.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-500-1" id="pnote-500-1">1</a>] <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Empire_du_Baphomet">L’Empire du Baphomet</a><em> était au moins une uchronie amusante bien que loin des sommets du genre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-500-2" id="pnote-500-2">2</a>] <em>Le terme « civilisation avancé » revient comme une rengaine à chaque découverte. C’est aussi énervant que lorsque j’ai revu </em>Capitaine Flam<em> qui utilisait l’expression à chaque épisode, mais ce dernier est basé sur des scénarios d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Hamilton">Hamilton</a> remontant aux années 40, recyclés pour des enfants des années 1970.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-500-3" id="pnote-500-3">3</a>] <em>Remarque totalement anachronique, je sais.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/500“Lest Darkness Fall” (« De peur que les les ténèbres ») de L. Sprague de Campurn:md5:2dd6e25edc2943f6d126f3999a1b820a2008-12-29T00:00:00+01:002011-06-02T18:23:45+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAntiquitéByzancechristianismeEmpire romainFrancsGrandes Invasionshistoiremulticulturalismescience-fictiontempsthéologieuchronie<p>La tradition personnelle veut que je lise une uchronie en VO américaine à chaque Noël. <em>Lest Darkness Fall</em> n’est pas à proprement parler une uchronie, puisque le thème est le changement explicite du passé, mais ça ne change pas grand-chose au résultat — qui est jouissif.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lyon_Sprague_de_Camp">Sprague de Camp</a> ne s’embarrasse pas d’explications sur les raisons qui ont précipité Padway, un historien américain du XXè siècle, en pleine Rome de l’Antiquité tardive, ce n’est de toute façon pas le sujet. Padway comprend très vite sa situation et essaie d’abord de survivre grâce à son astuce et sa connaissance de quelques inventions du genre du télégraphe optique ou de l’imprimerie, puis de sauver l’Europe des ténèbres.</p>
<p>Car, et c’est une des meilleures idées du livre, Padway n’a pas été précipité à une époque « classique » archi-connue, mais à une obscure page de l’Histoire : l’an 535. L’Empire Romain n’est plus qu’un souvenir, et l’Italie fait partie du royaume ostrogoth. Padway est le seul à le savoir, mais l’Empereur d’Orient Justinien<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/24/Lest-Darkness-Fall-De-peur-que-les-les-tenebres-de-L-Sprague-de-Camp#pnote-503-1" id="rev-pnote-503-1">1</a>]</sup> s’apprête à attaquer l’Italie, dans une longue guerre qui va ruiner la péninsule, et liquider définitivement la civilisation romaine. Sous la protection des barbares, celle-ci existe effectivement encore. Au nord, les Francs menacent. (Je suppose qu’un historien spécialiste trouverait à redire à tel ou tel détail, mais ne boudons pas notre plaisir.)</p>
<p>Le but de Padway est d’éviter ce Moyen-Âge obscur qui s’annonce. Autant que ses efforts, l’histoire donne un aperçu de ce que pouvait être la société multiethnique romaine de cette époque troublée, déchirée par les querelles religieuses, aux valeurs très éloignées des nôtres, et pas très favorables aux <em>start-ups</em> que tente de lancer Padway. Très vite, ce dernier devra se mêler de politique et de guerre.</p>
<p>Bref, un bon vieux classique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/24/Lest-Darkness-Fall-De-peur-que-les-les-tenebres-de-L-Sprague-de-Camp#pnote-503-2" id="rev-pnote-503-2">2</a>]</sup> fort plaisant à lire.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/24/Lest-Darkness-Fall-De-peur-que-les-les-tenebres-de-L-Sprague-de-Camp#rev-pnote-503-1" id="pnote-503-1">1</a>] <em> <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">J’avais déja causé de Justinien et Bélisaire ici.</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/24/Lest-Darkness-Fall-De-peur-que-les-les-tenebres-de-L-Sprague-de-Camp#rev-pnote-503-2" id="pnote-503-2">2</a>] <em>De 1938 !</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/24/Lest-Darkness-Fall-De-peur-que-les-les-tenebres-de-L-Sprague-de-Camp#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/503« 118 h avant la fin » de Pierre Gévarturn:md5:dc4c79ad842803c8c5b6b83b0de6afcc2008-12-18T00:00:00+01:002011-06-02T18:20:06+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesextraterrestreslivres lusMarsscience-fictionécologieémerveillement<p>Ce tout petit livre recueille quatorze nouvelles de science-fiction classique très courtes (moyenne de 4,5 pages/nouvelle). C’est la loi du genre, il y a du très bon, du bien et du moins bon.</p> <p>Vue la taille des récits, vous pouvez en lire un le soir en amuse-gueule avant de vous lancer dans la suite d’un <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/16/487-godel-escher-bach-de-douglas-hofstadter">passionnant mais austère pavé</a> ou d’une <a href="http://www.alire.com/Romans/Tyranael.html">interminable pentalogie</a>.</p>
<p>Certaines nouvelles auraient mérité d’être plus développées (dont celle-titre), et j’ai éprouvé une certaine frustration devant de bonnes idées un peu gâchées. Par contre, Gévart se situe plus dans la veine de l’inoubliable <em><a href="http://nebalestuncon.over-blog.com/article-11943617.html">Fantômes et farfafouilles</a></em> du regretté Fredric Brown pour d’autres histoires où l’effet final prime. J’aime notamment beaucoup <em>Patrimoine naturel</em> sur une vision un peu étonnante des militants verts du futur, ou <em>Merde, ils ont bougé !</em> sur une rencontre avec d’étonnants Martiens.</p>
<p>À ma connaissance, le livre n’est disponible que sur <a href="http://eons.fr//main.php?lang=fr&rubrique=Catalogue&idlivre=82" hreflang="fr">Eons.fr</a> (vous pouvez vous offrir la version PDF pour le prix d’un café).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/14/118-h-avant-la-fn-de-Pierre-Gevart#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/501« Delphes » de Philippe Navarrourn:md5:abea13d109499d5924670ee3d4c299da2008-12-02T00:00:00+01:002011-06-02T13:44:47+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiescommunicationconquête spatialedysfonctionnementEuropehard sciencehistoireintelligenceintelligence artificielleJupitermythereligionrobotsscience-fictionSeconde Guerre Mondialeémerveillement<p>De la bonne SF canadienne : un historien du futur se retrouve à écouter la BBC de 1940 en direct... mais ça ne colle pas !</p> <p>Ce livre canadien débute à la fois comme <em>2001, l’Odyssée de l’espace</em> et <em>Alien</em> : les personnages se réveillent d’hibernation dans leur astronef en plein espace, et au chapitre suivant ils sont sur la Lune. Si le parallèle avec <em>Alien</em> s’arrête là, il s’avère qu’une connaissance du « mythe halien » est quasiment un pré-requis à <em>Delphes</em> : l’ordinateur de bord s’appelle <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/HAL_9000">HAL</a> comme dans <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/2001_:_l'odyssée_de_l'espace">2001</a></em>, et il est aussi loquace et parfois inquiétant que son homonyme. Ce n’est pas une clé masquée, le parallèle est explicite.</p>
<p>Mille ans dans notre futur, l’humanité peut voyager à des centaines d’années-lumières, sans avoir vraiment essaimé au-delà du Système solaire. Elle cohabite avec les Intelligences artificielles. Toutefois, après la Seconde Venue du Christ et le Second Moyen Âge, l’Église possède toujours un poids énorme, la science est sous contrôle.</p>
<p>Paul Kass est historien, et sa spécialité est le XXè siècle. Peu de documents de cette époque lui sont parvenus, et le grand projet de sa vie, <em>Historia</em>, a consisté à aller chercher les émissions de la BBC d’époque là où elles sont, c’est-à-dire à mille années-lumières. Après quelques années, <em>Historia</em> se met soudain à dériver par rapport à l’histoire connue : l’Allemagne n’attaque pas en mai 1940 ! Paul part avec trois équipiers vérifier ses lointains interféromètres.</p>
<p>Les deux derniers tiers du livre se rapportent à ce huis-clos entre une poignée de personnages bloqués pendant des mois dans leur vaisseau spatial, face à un phénomène mal compris. Suspicion, chocs des caractères, vieilles rancœurs historiques, sectarisme religieux, méfiance envers les Intelligences, doutes sur ce qu’est réellement l’Histoire, officielle ou non, les manipulations... un joli cocktail !</p>
<p>Par rapport aux personnages, le lecteur a la supériorité de connaître le déroulement réel de l’Histoire du XXè siècle. D’où vient l’écart ? Dans le déroulement de l’histoire selon Kass, la Seconde Guerre Mondiale est un nœud vital : a-t-elle eu lieu ?</p>
<p>Comme dans tout bon livre, et surtout en <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hard_science-fiction">hard science</a></em>, l’intérêt réside dans le monde autant sinon plus que dans l’intrigue. Le monde de <em>Delphes</em> est cohérent, même si par certains côtés il ressemble trop à ce qu’on pourrait imaginer ce que serait notre an 2100, alors que des siècles et des bouleversements énormes sont évoqués. Manifestement Navarro a un peu les mêmes lectures que moi, c’est flagrant quant aux « transbordeurs Aldrin »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#pnote-497-1" id="rev-pnote-497-1">1</a>]</sup>, ces stations non propulsées qui suivraient la gravitation entre la Terre et Mars, et dont je n’ai retrouvé l’idée nulle part ailleurs auparavant.</p>
<p>Les personnages sont bien étudiés, et psychologiquement cohérents : l’historien autiste, le scientifique génial camé, la navigatrice néo-européenne... Pas de pyrotechnie (ou si peu), juste de la réflexion et l’intelligence. Rien à voir avec le formatage hollywoodien qui m’énerve si souvent.</p>
<p>Des reproches pour le principe : d’abord la fin est assez confuse (car complexe ; même si l’habitué du genre devine d’entrée les causes possibles de la divergence historique, ce n’est pas aussi simple). Il y a quelques coquilles pénibles dans le livre (c’est un petit éditeur). Le vocabulaire se relâche un rien par moments, sans que je sache faire la part entre le décalage de mille ans de l’action ou celui d’un continent de l’auteur.</p>
<p>Entre autres critiques louangeuses, deux illustres compatriotes de Navarro ont dit :</p>
<blockquote><p>« Je dirais même que c'est le meilleur nouveau roman de science-fiction du siècle au Québec. » (<a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/">Jean-Louis Trudel</a>, sur SFFranco)</p></blockquote>
<p>et :</p>
<blockquote><p>«Je préviens toutefois, dans <a href="http://www.revue-solaris.com/numero/2006/159.htm">ma critique</a> et ici, qu'il s'agit d’un premier roman, avec des lacunes sur le plan littéraire qui m’ont fait grincer des dents à plusieurs endroits. Attention aux attentes trop élevées donc. Personnellement je l'ai classé dans la catégorie des curiosités fascinantes, plus que dans celle des œuvres littéraires abouties. » (<a href="http://sf.emse.fr/AUTHORS/JCHAMP/jc.html">Joël Champetier</a>, <em>ibid.</em>)</p></blockquote>
<p><a href="http://www.fractale-framboise.com/2006/12/lectures-de-novembre/">Sur ''Fractale Framboise'', Christian Sauvé est plus dubitatif</a> (le monsieur est exigeant).</p>
<p>En tout cas, un excellent livre de SF, lisible même par les non-fans du genre (prévoir de (re)voir <em>2001</em> auparavant pour ne pas manquer quelques répliques cultes), qui tient en haleine du début à la fin.</p>
<p><a href="http://patwhite.com/node/856">Ce sera peut-être une trilogie</a>, on verra bien...</p>
<p>(Acheter le livre depuis la France n’a pas été simple. Il semble qu’à présent <a href="http://www.editionssylvainharvey.com/catalogue.html">l’éditeur québécois permette l’achat en ligne</a> ; à l’époque j’ai dû passer par <a href="http://www.amazon.ca/s/ref=nb_ss_gw?url=search-alias%3Daps&field-keywords=delphes+philippe+navarro">Amazon.ca</a>. La <a href="http://www.librairieduquebec.fr/">Librairie du Québec</a> à Paris ne l’a pas dans sa base, mais peut-être suffit-il d’un coup de fil ? )</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#rev-pnote-497-1" id="pnote-497-1">1</a>] <em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets">Article en VO dans le </a></em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets">Scientific American</a><em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets" hreflang="en"> de mars 2000</a>, sinon c’est dans </em>Pour la Science<em> n°271 de mai 2000. Pour une fois que le CD-ROM des archives de la revue me sert...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/497“The Da Vinci Code” de Dan Brownurn:md5:b7db22d90cfb7fa09ec8b9d7ee3b66da2008-07-24T19:26:00+00:002011-06-01T13:11:22+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAntiquitéchristianismefoutage de gueulehistoirelatinMoyen Âgemythereligionémerveillement<p><em>The Da Vinci Code</em> ne restera pas dans les annales comme le livre du millénaire, mais le polar est honnête et prenant, j’ai eu du mal à le lâcher.</p>
<p>Si Brown pioche lourdement dans toutes les références religieuses « alternatives » autour de cette nouvelle quête du Saint Graal, il sait jusqu’où ne pas aller trop loin (pas de Cathares ou de Petits Hommes Verts à l’horizon, ni de Grande Conspiration totalement incroyable finalement).</p> <p>(Je sais, ce livre n’a pas besoin de publicité, et il est un peu tard pour en faire la critique. Ceux que ça gêne n’ont pas besoin de lire plus loin.)</p>
<p>Le mélange entre réalité historique « officielle », réalité moins connue, théories alternatives contestées, bancales, voire fantaisistes, ne doit pas induire le lecteur en erreur : il s’agit bien d’un roman, pas d’une attaque en règle contre le Vatican ou l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opus_Dei">Opus Dei</a>. L’œuvre n’a pas du tout été appréciée par l’Église qui a en général réagi par le mépris et la pédagogie, quelques cardinaux outrés mis à part. Entre autres, <a href="http://insidecatholic.com/Joomla/index2.php?option=com_content&task=view&id=157&pop=1&page=0&Itemid=12" hreflang="en">un article</a> du magazine catholique américain <em><a href="http://insidecatholic.com/Joomla/index.php?option=com_magazine" hreflang="en">Crisis</a></em> flingue délicieusement le livre en relevant toutes les erreurs factuelles (<a href="http://www.catholiceducation.org/articles/persecution/pch0058.html" hreflang="en">miroir de l’article ici</a>) — dont certaines que j’avais relevées.</p>
<p>Le découpage a été prévu pour Hollywood : petits chapitres, accroche en fin pour forcer à tourner la page, dans la plus pure tradition des feuilletonistes. Certains « trucs » de l’écrivain de <em>thriller</em> chevronné finissent par énerver à la longue : Brown multiplie les allusions à des événements passés, ou à des découvertes des personnages, mais attend deux cent pages pour y revenir et développer. Point positif, la course-poursuite n’est qu’un prétexte : Brown s’intéresse plus aux symboles cachées et aux théories mystiques alambiquées qu’aux scènes d’action ou de romance, et je lui en sais gré. Même les « méchants » criminels ne sont pas des tarés psychopathes complets comme c’est si souvent le cas.</p>
<p>Fatalement, dans une quête aussi mythique, la fin déçoit à coup sûr. On fera avec. Je me suis tout de même fait avoir sur l’identité du <em>Teacher</em> (« le Maître » en VF ?).</p>
<p>Donc un polar bien foutu basé sur du vent et qu’on ne prendra pas plus au sérieux qu’une bonne uchronie. C’est même l’occasion de se renseigner sur les circonstances de la mise en place de l’Église et des choix des Évangiles dans les premiers siècles de la Chrétienté. (Mon livre de chevet actuel consiste justement en une analyse par de vrais historiens de tout ce qui est évoqué dans le <em>Da Vinci Code</em> et sépare le sûr du douteux et du pipeau complet. J’en parlerai peut-être ici.)</p>
<p>Mais tout de même : c’est bien Marie-Madeleine, pas Jean, assise à la droite de Jésus dans <em><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/08/Leonardo_da_Vinci_(1452-1519)_-_The_Last_Supper_(1495-1498).jpg">La Cène</a></em> de de Vinci...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/24/527-the-da-vinci-code-de-dan-brown#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/469“The End of Eternity” (« La fin de l’Éternité «) d’Isaac Asimovurn:md5:93e1f29b84561166af4f138da9a7e0272008-04-19T14:20:00+00:002011-05-29T20:21:42+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanthropiehistoirelivres lusparadoxescience-fictiontempsuchronieéons<p>Un grand classique asimovien sur la manipulation de l’histoire par des voyageurs temporels.</p> <p><em>The End of Eternity</em>, grand classique de l’Âge d’Or de la SF (plus d’un demi-siècle d’âge), utilise de manière assez originale le thème des voyages temporels.</p>
<p>L’Éternité, une organisation située physiquement hors de la trame temporelle classique, se donne pour mission de <em>modifier</em> la trame réelle pour le bien global de l’humanité, sur des centaines de milliers d’années de durée. Son recrutement, très masculin, rassemble des gens issus de nombreux siècles, et l’organisation, méritocratique, se base sur des castes : Techniciens, Sociologues, Maintenance... Quand un Changement de Réalité est décidé par la hiérarchie, le Technicien Harlan y procède en introduisant le minimum de modifications : une boîte déplacée peut éviter une guerre un siècle plus tard.</p>
<p>Si sur la durée la trame globale du Temps absorbe bien les changements, l’impact d’un Changement de Réalité sur des vies individuelles peut être extrêmement important, et des individus peuvent purement et simplement disparaître. Et Harlan s’aperçoit un jour que la superbe créature du DLXXVè siècle dont il est tombé fou amoureux n’existe simplement pas dans la nouvelle Réalité qui va se mettre prochainement en place dans ce siècle. Il se met alors à violer toutes les consignes et serments pour sauver sa belle, avec d’effroyables impacts sur l’existence même de l’Éternité.</p>
<p>Les deux premiers tiers du livre mélangent exposition et mise en place de l’intrigue. Le dernier tiers est une cascade de dénouements à tiroirs, où chaque conclusion se révèle fausse, à cause d’un jeu politique, d’une manipulation politique ou temporelle. Harlan (et ses collègues) découvrent que la situation est bien plus compliquée que la simple sauvegarde d’une jeune fille. Ce qui commence par un coup de tête d’amoureux transi évolue rapidement vers une manipulation de la trame temporelle complète, explication (légère...) du Paradoxe de Fermi en prime. Ceux qui cherchent une unité dans toute l’œuvre d’Asimov trouveront dans ce livre certaines clés sous-tendant toute son histoire du futur.</p>
<p>Au final, un grand classique de la science-fiction à l’ancienne et à la sauce Asimov, avec beaucoup plus de parlote et de réflexion que de scènes d’action (ce n’est pas un mal).</p>
<p>Ne lisez pas les articles sur Wikipédia, ils révèlent trop de l’intrigue.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/19/502-the-end-of-eternity-d-isaac-asimov#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/447« Gödel, Escher, Bach » de Douglas Hofstadterurn:md5:600f7a35d9efb7581904736c0cfb91c32008-04-16T19:49:00+00:002011-05-29T20:00:20+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesauto-organisationautoréférencechaoscommunicationcomplexitéintelligencelivres lusmathématiquesmusiqueouverture d’espritparadoxeperspectivesciencethéorieémerveillement<p>Un énorme pavé éclectique sur la logique interne des mathématiques, de l’art, de la musique, etc. Miam.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Hofstadter">Douglas Hofstadter</a>, fils de Prix Nobel et physicien lui-même, a « juste » décroché le Pulitzer pour ce pavé de 800 pages. Le feuilleter mène à la découverte de quelques équations peu communes (chimiques ou plus souvent de système formel) ; par contre il y a des images (des gravures d’<a href="http://mcescher.frloup.com/">Escher</a>) pour alléger quelques pages. Ce n’est <em>pas</em> un livre pour se délasser les neurones avant de dormir le soir (sauf pour des gens un peu bizarres comme moi).</p>
<p>Les personnes dépourvues d’un (gros) minimum d’esprit logique et mathématique et/ou de curiosité intellectuelle peuvent passer leur chemin. Les autres découvriront quelques-uns des principes fondamentaux qui gouvernent le monde, de l’abstraction aride des systèmes formels à l’ADN et à l’intelligence artificielle, de Bach le compositeur à Escher le dessinateur et à Gödel le logicien, tous liés d’une manière assez inattendue.</p>
<p>Chaque chapitre est précédé d’un dialogue entre Achille, la Tortue, un Crabe et quelques autres. Les concepts et les figures de style s’inspirent des concepts développés par la suite (autoréférence, canons musicaux...). L’exercice est parfois plaisant (les <em>Canons cancrizans</em> !), parfois un peu inutile. Ces dialogues sont truffés de références, acrostiches, exercices de style pas tous évidents à la première lecture.</p>
<p>Les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Système_formel">systèmes formels</a> occupent le début du livre. Ce qui semble un jeu typographique totalement vain (les systèmes <code>pg</code> ou <code>MIU</code> ou la <code>TNT</code>) devient, après pas mal de dizaines de pages, un peu plus clair. Ils ne sont ni plus ni moins qu’une formalisation à l’extrême du raisonnement mathématique. Les premiers ne sont que des « jouets » pédagogiques, mais la TNT permet de rebâtir toute la théorie des nombres. Surtout, les théorèmes décrits par ces systèmes peuvent eux-mêmes devenir des sujets de ces théorèmes.</p>
<p><em>Via</em> cette autoréférence et les paradoxes qu’elle engendre, Kurt Gödel a démontré dans les années 30, à l’horreur de ses contemporains, qu’un système assez puissant pour être intéressant ne peut <em>pas</em> démontrer tous les théorèmes qu’il peut exprimer. Hofstadter explique la manière dont Gödel a créé ce fameux théorème indécidable : le passage est aride (l’« arithmoquinification » vous connaissez ?).</p>
<p>Les systèmes formels étant un simple jeu typographique, leur donner une signification est affaire de convention, mais ne se fait pas n’importe comment. Hofstadter s’étend sur les niveaux de signification successifs, voire infinis, que l’on peut leur donner. Cette connaissance peut être transposée aux langages informatiques, qui existent en plusieurs niveaux. Le choix d’un niveau de lecture n’est pas forcément une chose simple...</p>
<p>Suivent également quelques « applications » de ce qui paraissait un exercice un peu vain pour logiciens en tour d’ivoire. L’ADN est un exemple concret, universel et fascinant : à la fois le produit et la source, le code et les données. Le phénotype d’un être humain ne peut se comprendre en descendant au niveau moléculaire mais à un autre : sites des protéines, protéines, organes...</p>
<p>Autre exemple, l’intelligence humaine : les neurones sont des systèmes simplissimes (ils s’excitent ou ne s’excitent pas, c’est tout) mais les capacités d’un cerveau humain ne peuvent s’apprécier à ce niveau, il faut monter plusieurs niveaux quasiment indépendants les uns des autres, de même qu’un logiciel actuel ne peut se comprendre réellement si on en reste au niveau des bits qui passent dans le bus.</p>
<p>Récursion, identité, géométrie euclidienne ou non, les différents types de consistance d’un système, les koans zens, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réductionnisme">réductionnisme</a>, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Holisme">holisme</a>, l’intelligence collective d’une fourmilière, le substrat de l’intelligence, le Moi et sa nécessité pour aboutir à l’Intelligence Artificielle, la conscience, la diagonale de Cantor, les caméras qui filment la télé auxquelles elles sont branchées... sont d’autres concepts traités plus ou moins profondément.</p>
<p>Quel lien avec Bach et Escher demandera-t-on ? Les œuvres de Bach sont également bâties sur l’autoréférence (les canons notamment), et l’enchevêtrement de mêmes thèmes. Ceux qui connaissent les gravures d’Escher connaissent par contre les jeux de paradoxes qu’il adorait, où se mélangent les niveaux de signification. Les implications logiques et philosophiques sont plus profondes qu’il n’y paraît...</p>
<p>Le livre aurait-il mérité quelques coupures ? Sans doute. Mais Hofstadter suppose manifestement que le lecteur a le temps et la volonté d’absorber le vocabulaire que, comme tout bon mathématicien, il définit préalablement pour son propos avant de développer. Il tient à faire partager son émerveillement de l’imbrication logique de phénomènes <em>a priori</em> totalement séparés.</p>
<p>Sont plaisants quelques passages, à commencer par la préface, où l’auteur fait comprendre que la version française (qui a nécessité plus qu’une bête traduction !) est au moins aussi bonne que l’originale américaine. L’autoréférence joue à plein quand il décrit comment il a conçu le dialogue des <em>Canons cancrizants</em>. Plus drôle est le paragraphe où il pronostique (en 1979) qu’un logiciel assez bon joueur d’échec pour vaincre tous les humains sera assez intelligent pour vouloir faire autre chose — il n’a pas su prévoir les immenses progrès de la puissance informatique dans les vingt années qui suivirent.</p>
<p>Le lecteur pressé pourra jeter un œil sur le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gödel,_Escher,_Bach" hreflang="en">long article Wikipédia consacré au livre</a>, en sachant qu’il effleure la surface de la substantifique moëlle du pavé.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/16/487-godel-escher-bach-de-douglas-hofstadter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/434« Si la gauche savait » de Michel Rocardurn:md5:364208de7bd5b4fafd185c0fd98c842b2008-03-16T10:26:00+00:002016-07-03T12:41:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcolonisationcommunismedommagedémocratieguerrehistoireHistoire de Francelivres lusperspectivepolitiqueéconomie<p>Michel Rocard est un des rares hommes politiques avec une bonne réputation qui a résisté à l’usure du pouvoir. Si sa carrière nationale est achevée, il reste actif au Parlement Européen, et j’ai eu plaisir à le voir s’engager lors de la <a href="http://brevets-logiciels.info/">guerre des brevets logiciels</a>.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" title="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Si_la_gauche_savait_M.Rocard_s.jpg" alt="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Ce livre paru peu avant la dernière campagne présidentielle retrace la vie de Michel Rocard, sous forme d’entretien avec le très mitterrandien Georges-Marc Benamou.</p>
<p>La jeunesse de Rocard est marquée par la Guerre d’Algérie, qui a profondément chamboulé la vie politique française : pas seulement par le retour de de Gaulle, mais aussi par les scissions et les rancunes au sein même de la gauche. Rocard, et une bonne partie de la gauche non communiste avec lui, s’est défini par opposition à Guy Mollet, puis à Mitterrand (« L’Algérie c’est la France »). Même énarque, il est mobilisé en Algérie, et le devoir de réserve l’oblige à écrire dans les revues politiques sous un pseudonyme. Il insiste sur le fait que les Français de l’époque n’étaient <em>pas</em> informés de ce qui se passait réellement en Algérie (les déplacements de population...), et qui l’écœurait.</p>
<p>Un des drames de la gauche française, pour lui, est la difficulté avec laquelle elle réussit à s’unir. Il envie par exemple le Parti Socialiste suédois et sa longue histoire. Il explique par exemple que les socialistes français n’ont jamais réussi à se regrouper avant 1905, donc n’ont pas « bénéficié » de l’aura de la lutte pour la démocratisation. Puis l’arrivée des communistes, les guerres et divers événements ont à chaque fois provoqué la perte de centaines de milliers de militants expérimentés. En France, il a fallu attendre la reconstruction du PS autour de Mitterrand pour en faire la force dominante de gauche.</p>
<p>Par rejet du communisme, si puissant à l’époque, Rocard raconte s’être toujours soucié de rassembler les forces de gauche et les « catholiques » modérés, donc les centristes. On pense bien sûr à Delors, et à l’« ouverture » alors qu’il était Premier Ministre, au début du second septennat de Mitterrand. Mais cela remonte beaucoup plus loin, quand il se battait pour être élu par ses condisciples étudiants. Certaines des pages les plus savoureuses remontent à cette époque — notamment quand il se fait voler une élection par un certain Jean-Marie Le Pen, personnage déjà peu recommandable.</p>
<p>Un autre personnage croisé pendant sa jeunesse est un certain Jacques Chirac, plus fortuné que lui auprès des femmes comme financièrement, et qui refusera de rejoindre le mouvement de Rocard, pas assez à gauche pour lui !</p>
<p>Bien que Mendès France ait été un de ses modèles, Rocard n’est pas tendre avec lui : Mendès France, trop timoré, n’a été Président du Conseil que mis devant le fait accompli par René Coty ; en 1956 il laisse à Guy Mollet un pouvoir qu’il aurait pu prendre d’une phrase.</p>
<p>Les luttes d’appareils et les querelles de chapelle occupent une bonne partie du livre. Trente à cinquante ans plus tard, elles semblent dérisoires. Les noms et encore plus les sigles sont tombés dans l’oubli. Mais à l’époque il ne s’agit pas simplement de querelles de personnes. Rocard offre aussi une perspective sur tout le côté sociologique de la vie d’un parti, de son appareil, nécessaires pour gagner des élections, et qui ne se construisent pas du jour au lendemain.</p>
<p>Mitterrand est certes presque un ennemi, mais Rocard finit par rejoindre le PS organisé autour de ce dernier, par réalisme. Déjà à l’époque il porte un regard critique sur la campagne de 1981, puis les débuts du premier septennat de Mitterrand. Le nouveau Président est un homme qui pense d’abord appareil, politique et jeux de pouvoirs, et considère les contraintes économiques comme négligeables. Le meilleur exemple est celui des nationalisations, que Rocard et d’autres ont voulu bien plus réduites (par exemple en se limitant à des participations), alors que Mitterrand voit grand et gaspille des milliards.</p>
<p>Mitterrand s’est fort bien coulé dans le modèle de monarchie élective français, et les rapports entre lui et Rocard sont toujours restés froids, même après la nomination de Rocard comme Premier Ministre — quasiment par surprise, lors d’un dîner. Les anecdotes foisonnent. En 1993 Rocard est littéralement viré par le Président.</p>
<p>Bref, un livre extrêmement instructif sur une époque qui semble déjà lointaine — mais dont une partie a représenté mon enfance et mon adolescence. Toute la perspective historique est passionnante.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/03/16/486-si-la-gauche-savait-de-michel-rocard#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/433“The Plot Against America” (« Le complot contre l’Amérique ») de Philip Rothurn:md5:743b254023a90b67e72f8a58a6b83ef52008-01-01T17:33:00+00:002011-05-23T20:36:53+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesdémocratieespionnagehistoirelivres luspolitiqueSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis<p>Il semble qu’à chaque Noël je me retrouve avec une uchronie en VO américaine sur ma table de chevet. Je ne le fais même pas exprès. Après <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day">Resurrection Day</a></em> de Brendan DuBois sur une Amérique sous une dictature après une Troisième Guerre Mondiale en 1962, après <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/01/h/blogeclectique/index.php?post/2007/01/20/304-in-the-presence-of-mine-enemies-de-harry-turtledove">In The Presence Of Mine Enemies</a></em> d’Harry Turtledove sur des Juifs cachés dans l’Allemagne nazie hégémonique des années 1980, cette année ce fut <em>The Plot Against America</em> de Philip Roth, basé sur une hypothétique élection de Lindbergh comme Président en 1940. Le livre a eu son succès et est traduit en français (<em>Le complot contre l’Amérique</em>).</p> <p>Rappelons que <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Lindbergh" hreflang="en">Charles A. Lindbergh</a> a été, en 1927, le premier aviateur à franchir l’Atlantique sans y laisser sa peau, et il continua à faire parler de lui par la suite : son fils perdit la vie dans un enlèvement crapuleux ; ses discours isolationistes et antisémites (“<em>America First</em>”), son admiration pour l’Allemagne hitlérienne eurent un certain écho mais ruinèrent sa réputation auprès de beaucoup de gens ; puis il participa à l’effort de guerre comme consultant technique et instructeur dans l’aviation.</p>
<p>Cependant, au sortir de la crise de 1929, le refus de nombre d’Américains d’entrer en guerre était réel (Roosevelt a eu fort à faire pour pouvoir soutenir les Anglais avant Pearl Harbor) et l’antisémitisme (même en version <em>light</em> par rapport à Hitler) était répandu aux États-Unis comme en Europe. Roth n’est pas le premier à imaginer que ces tendances isolationistes aient pris le dessus. Ajoutons une petite machination (<em>the plot</em>), et Lindbergh bat Roosevelt pour devenir Président en 1940.</p>
<p>Le point de vue du livre se situe à un niveau trop « ras des pâquerettes » pour plaire à l’amateur d’uchronie : Philip Roth lui-même, enfant de dix ans d’une modeste famille juive d’un quartier juif de Newark. Le parti pris se défend, de décrire l’évolution de la situation et de l’ambiance « de la base ». Il est dommage que des pages soient gaspillées aux angoisses existentielles d’un petit garçon ; on pourra les sauter allègrement. Plus intéressants sont les autres membres de la famille, notamment le père de Roth, un homme très droit, très instruit de la situation internationale, qui s’effondre petit à petit devant l’avancée progressive des amis de Lindbergh voire de l’Allemagne — y compris dans sa propre famille — mais se refuse à émigrer comme d’autres au Canada. Roth s’attache également beaucoup à la vie du quartier (très majoritairement juif, ce qui déplaît à la nouvelle administration qui cherche à en disperser la population), aux voisins, aux autres Américains (très loin de représenter des masses d’antisémites aigris). Se pose au passage la question du communautarisme : doit-on laisser vivre « entre eux » des membres d’une même communauté, ou les forcer à se mélanger à la population, sachant que l’isolation est le meilleur moyen d’entretenir les fantasmes et les haines, mais qu’un lieu propre, comme ce quartier juif de Newark, représente un havre de paix contre l’extérieur hostile ou, tout simplement, « chez soi ». Vaste sujet que l’intégration, et différent de toute manière d’une situation à l’autre.</p>
<p>On ne trouvera finalement pas beaucoup de modifications de la trame historique. Lindbergh élu, le sort du monde ne change finalement pas tant que ça, alors que le soutien américain en 1940-41 aux Britanniques puis aux Soviétiques, et la remise à niveau de la machine de guerre américaine, ont en réalité joué un rôle capital avant même l’entrée en guerre formelle des États-Unis en décembre 1941. On peut craindre le pire sur ce qui serait arrivé sans ce soutien américain pendant les deux années de l’apogée nazie. Comme uchronie, le livre possède là une faille réelle.</p>
<p>Cependant, pour la partie politique intérieure, du moins pour ce que je peux en juger, Roth reste relativement réaliste, et Lindbergh ne transforme pas les États-Unis en dictature nazie en six mois. La manière très plausible dont le régime de Lindbergh se met en place et se maintient, les arguments pour sa neutralité bienveillante envers le IIIè Reich, sont matière à réflexion. <a href="http://bulles.agora.eu.org/20060811_philip_roth.html">Comme le dit François Schreuer à propos du même livre</a>, « avant qu’il n’ait montré son vrai visage, le fascisme a toujours tendance — au nom peut-être du bons sens populaire qu’il prétend incarner — à bénéficier d’un crédit, même chez ses propres victimes. »</p>
<p>Quant à la fin, qui donne des rôles très importants à des personnages publics de l’époque, je ne sais pas trop quoi en penser, mais elle est du moins défendable. Il manque cependant un véritable épilogue.</p>
<p>Bref, un livre intéressant avec quelques défauts. Google trouvera sur le réseau une flopée d’autres critiques avec le titre, en français comme en anglais, en mot clé.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/01/460-the-plot-against-america-de-philip-roth#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/414« Les racines du ciel » de Romain Garyurn:md5:d7be34c148165ed54406b6f244fc548c2007-12-13T21:12:00+00:002011-05-23T20:25:32+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAfriquecolonisationcynismedémocratiehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres luspolitiquesociétés primitivestourismeutopieécologie<p>Dans l’Afrique coloniale française, un fou veut sauver les éléphants. Récupération, tornade médiatique, conflit avec les colons comme les indépendantistes... Un grand roman !</p> <p>Avec ce pavé, Romain Gary a décroché le premier de ses deux Prix Goncourt. Contrairement à la plupart des œuvres primées, le livre n’a pas été oublié.</p>
<p>Avec le temps s’est ajouté la patine et un très intéressant côté historique : l’action se déroule presque intégralement dans l’Afrique Équatoriale Française (Tchad, Centrafrique), peu avant la décolonisation, à une époque où « écologie » ne figurait pas au vocabulaire courant. Un ancien résistant déporté, Morel, se met en tête de protéger les éléphants, plus chassés par les Blancs pour le « sport » que par les Africains pour la viande. D’abord avec des pétitions inutiles, puis de manière plus violente. Il se met ainsi dans l’illégalité mais donne naissance à un phénomène médiatique où certains voient la main des communistes et d’autres un appel symbolique à l’indépendance des nations africaines. Lui se veut pourtant neutre, et exige juste que l’on fiche la paix aux éléphants.</p>
<p>Le plus plaisant à mes yeux a été la découverte de la société coloniale de l’époque : le gouverneur obligé de ménager la chèvre et le chou, les petits trafiquants en tout genre, les chasseurs, les profiteurs, les sorciers, les missionnaires, les indépendantistes, les paumés...</p>
<p>Se détache notamment Waïtiri l’Africain, ancien député, imbibé de culture française, décidé à inculquer de force les idées occidentales à son peuple qu’il juge arriéré, et à lui imposer une indépendance qu’il ne réclame même pas encore. Il est prêt à aller en prison, « antichambre des ministères », ou à faire liquider Morel après l’avoir aidé, pour que l’on ne s’aperçoive pas que la défense des éléphants n’est pas un symbole pour l’indépendance africaine, mais bien le but de l’écologiste. Le continent africain en a connu depuis, des Waïtiri...</p>
<p>Le peuple africain est spectateur de l’essentiel du livre. Le paysan de base ne voit dans l’éléphant qu’une masse de plusieurs tonnes de viande, et Morel explique clairement que les éléphants ne seront réellement à l’abri que le jour où les Africains mangeront à leur faim. L’écologie était — et est toujours — un souci d’homme rassasié.</p>
<p>Globalement, les coloniaux en prennent pour leur grade, même si l’écart est large entre le gouverneur qui se glorifie de ses succès dans la lutte contre les maladies, et les massacreurs d’éléphants.</p>
<p>Cinquante ans plus tard, les éléphants ont finalement été sauvés. Mais les <em>Racines du ciel</em> montre que certains des problèmes de l’écologie alors naissante n’ont toujours pas été résolus.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/13/449-les-racines-du-ciel-de-romain-gary#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/400« La Plaie » et « le Dieu foudroyé » de Nathalie Hennebergurn:md5:c69ba358d94fc1d63e99552fa2d689cf2007-11-30T14:51:00+00:002016-09-10T09:38:32+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypselivres luslyrismemythepessimismescience-fictionspace operaémerveillementéons<p><em>La Plaie</em> constitue le meilleur livre d’Henneberg, et un des meilleurs <em>space operas</em> lyriques que la SF française a pu produire.</p> <p>J’avais déjà parlé ici d’une œuvre mineure de Henneberg, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg">le Sang des astres</a></em>, mélange un peu daté de mythologie et de science-fiction un rien surannée.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_Plaie.jpg" title="N_Henneberg_La_Plaie.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_Plaie_s.jpg" alt="N_Henneberg_La_Plaie.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Plus intéressant est <em>la Plaie</em> (1964), le meilleur livre de cette regrettée auteure française d’origine russe, et un des rares encore réédités (<a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm">chez l’Atalante</a>). Le côté mythologique presque absent est compensé par un manichéisme digne du <em>Seigneur des Anneaux</em> croisé avec la <em>Guerre des Étoiles</em> : il s’agit non moins que de la lutte entre les Nocturnes (ceux au pavillon noir qui massacrent pour le plaisir, bref le Mal), qui tiennent la Terre notamment, et les civilisations des astres libres, elles trop civilisées pour oser se battre. Des Terriens d’outre-espace devront donc mouiller la chemise. Et comme pendant au Mal absolu, les principaux personnages se comportent vite comme des anges voire des dieux.</p>
<p>On comprendra qu’il faut un certain lyrisme pour faire passer la pilule, et, cela tombe bien, c’est le registre d’Henneberg, dont le style flamboyant est parfaitement adapté. Tous plus ou moins mutants paranormaux ou métissés d’extra-terrestre, bref pas complètement humains, les malheureux héros fuient pour la plupart le sinistre chaos de la Terre qui agonise. Mais l’Enfer dantesque a plusieurs niveaux, et les personnages sont ballottés d’univers instables en planètes improbables, traversent des guerres intergalactiques qui ne les concernent pas, accumulent les deuils, et se paient le luxe de se trahir mutuellement pour des histoires de cœur.</p>
<p>Mutants aux pouvoirs incertains, extraterrestres dépressifs, frères ennemis, famille impériale décimée, prince noir déchu et princesse ressuscitée suicidaire, jeune soldat tête brûlée viré corsaire, amazone guerrière, batailles inexpiables et sièges interminables, repentirs et trahisons, gamins forcés de devenir trop tôt des adultes... la panoplie du grand <em>space opera</em> est complète. Si le final semble facile, il est dans la logique du livre. Comme musique de fond, prévoir Wagner, surtout pas John Williams.</p>
<p>La narration est complexe, suit plusieurs destins simultanément, et accumule les retours en arrière. Certaines références à la science-fiction populaire des années 50 feront tiquer l’amateur de crédibilité comme moi, et le vocabulaire notamment date parfois (ah, les « fulgurants » !), mais malgré cela la <em>Plaie</em> reste un de mes livres préférés, relus tous les lustres. À déconseiller aux plus jeunes toutefois.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Dieu_foudroy%C3%A9.jpg" title="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé_s.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Dieu_foudroyé.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>La suite, le <em>Dieu foudroyé</em> (1976), lu tout récemment, m’a moins convaincu, l’action est plus confuse bien qu’il n’y ait plus la pléthore de figurants, et le bel élan des personnages du premier tome s’est brisé — et c’est d’ailleurs réellement leur principal problème. La tonalité est encore plus noire, bien que le danger du déferlement du Mal semble moins pressant. C’est peut-être ce dernier point qui rend le livre moins intéressant, ou j’en attendais trop.</p>
<p>(<strong>2016</strong> : Voir <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg">le billet sur Nathalie Hennerberg</a>, et le <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier que Galaxies lui avait consacré</a>.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/355« Freakonomics » de Levitt & Dubnerurn:md5:048d983a546f85f550c08dc475ab241d2007-10-30T18:10:00+00:002011-05-09T19:43:29+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieslivres lusmicroéconomieperspectiveéconomieÉtats-Unis<p>Enfin un livre de micro-économie archi-concret, parfois dérangeant, en tout cas surprenant.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Levitt">Steven Levitt</a> est un économiste à la mode. <em>Freakonomics</em> est son œuvre grand public la plus connue, pleine d’exemples de l’influence de la micro-économie sur la société.</p>
<p>Le cas le plus frappant à mes yeux est la chute de la criminalité américaine dans les années 90 qui suivait exactement dans chaque État, l’assouplissement des lois sur l’avortement. (<em>Coïncidence, un autre article vient de sortir qui ne nie pas le lien avec l’avortement, mais corrèle plutôt l’interdiction du plomb dans l’essence avec la baisse de la criminalité vingt ans plus tard : <a href="http://www.amherst.edu/~jwreyes/papers/LeadCrimeNBERWP13097.pdf" hreflang="en">PDF de l’article</a>, <a href="http://www.nytimes.com/2007/10/21/magazine/21wwln-idealab-t.html?_r=1&adxnnl=1&adxnnlx=1193069109-tIv/I01qmqYqqX/fw3A7Iw&oref=slogin">résumé et commentaire par le</a> </em><a href="http://www.nytimes.com/2007/10/21/magazine/21wwln-idealab-t.html?_r=1&adxnnl=1&adxnnlx=1193069109-tIv/I01qmqYqqX/fw3A7Iw&oref=slogin" hreflang="en">New York Times</a><em>, <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=07/10/23/1839245&threshold=4" hreflang="en">quelques commentaires intéressants sur Slashdot</a>. Ou est-ce un exemple de corrélation sans causalité ?</em>).</p>
<p>La démonstration de l’existence d’une économie de la triche entre joueurs de sumo est également implacable, ainsi que celle du trucage des notes des élèves dans une société où les enseignants sont payés au mérite<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#pnote-261-1" id="rev-pnote-261-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>C’est quasiment l’inverse des théories à la mode des années 60 ou 70 : au lieu de « tout est politique », on finit par un très marxiste (?) « tout est micro-économique ».</p>
<p>Très instructif. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Levitt#Freakonomics">Les gens pressés se limiteront à l’article Wikipédia</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#rev-pnote-261-1" id="pnote-261-1">1</a>] <em>Et voilà pourquoi je tiens à ce que le Bac reste un examen national dans le contexte actuel...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/261« The Player of Games » (l’« Homme des Jeux ») de Iain M. Banksurn:md5:8898a76214e1062e80e66365dafb73cb2007-09-09T22:00:00+00:002011-04-26T07:35:25+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescynismehumourimpérialismejeulivres lusscience-fictionspace opera<p>Iain M. Banks a atteint la célébrité dans le microcosme de la science-fiction par le <a href="http://arcanesfantasy.free.fr/banks.htm">cycle de la Culture</a>, dont <em>The Player of Games</em> est le premier tome.</p> <p>L’utopique civilisation de la Culture s’étend sur toute notre Galaxie. Plusieurs fois millénaire, plutôt anarchiste, libertaire, sans monnaie ni vraiment de lois, elle n’en est pas moins toute-puissante, et absorbe pacifiquement les autres civilisations qu’elle rencontre. Aux côtés des humains et d’autres espèces, existent une foule de robots sentients et souvent effroyablement intelligents (et non soumis aux <a href="http://www.vieartificielle.com/article/?id=78">Trois Lois de la Robotique</a>).</p>
<p>Gurgeh est un joueur, sans doute le meilleur de toute la Culture. Il n’est de jeu où il n’arrive à atteindre le plus haut niveau. Il est contacté par Contact, l’organisation de la Culture chargée des relations avec les autres civilisations, qui lui propose de venir jouer à l’Azad, dans l’Empire interstellaire du même nom, dans le Petit Nuage de Magellan.</p>
<p>Les Azadiens ne représentent pas une espèce très originale, en terme de SF, pas plus que l’extra-terrestre moyen de <em>Star Trek</em>. Banks les dépeints esclavagistes, violents, sanguinaires, barbares, obsédés par le contrôle et le pouvoir, de vrais psychopathes - l’antithèse totale de la Culture. Comment un Empire bâti sur de telles bases a-t-il pu perdurer aussi longtemps ? Grâce au jeu d’Azad, difficile jeu dont les champions accèdent aux plus haut niveau de la hiérarchie impériale. L’Azad est le ciment de l’Empire et un reflet de sa philosophie.</p>
<p>Gurgeh acceptera-t-il de consacrer cinq ans de sa vie dans un grand voyage vers l’Azad pour participer à la grande compétition ? Juste pour l’honneur bien sûr, du moins en apparence. Au départ le joueur n’est pas chaud, mais les circonstances le feront changer d’avis.</p>
<p>Même humaniste et tolérante, la Culture est joyeusement cynique et manipulatrice (ce grand écart entre principes et actes rappelle furieusement notre propre civilisation...), et le joueur devient lui-même une pièce sur le plateau géopolitique.</p>
<p>Au-delà de l’affrontement entre Gurgeh et ses divers adversaires, qui bien que théoriquement purement sportif, prend une dimension beaucoup plus politique, l’intérêt du livre réside dans la description de l’univers de la Culture. Plus que le décorum futuriste (vaisseaux intelligents, mondes artificiels, personnages qui changent de sexe à volonté...), il vaut par la logique même de la Culture et les différentes couches de logique. Même les dernières pages changent tout aux raisons qui ont poussé Gurgeh à partir.</p>
<p>Le style humoristique ne gâche rien, au contraire, et les personnages secondaires mettent un peu de piquant à la place d’un Gurgeh souvent déchiré entre plusieurs choix mais d’abord obsédé par le jeu.</p>
<p>Chaque tome de la Culture est une histoire indépendante ; inutile de sentir obligé de s’enfiler le cycle entier. Je ne vais pourtant pas m’en priver. <em>The Player of Games</em> est le second volume après <em>Consider Phlebas</em> (<em>Une forme de guerre</em>).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/09/407-the-player-of-games-de-iain-m-banks#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/365« Les Croisés du Cosmos » de Poul Andersonurn:md5:68c3b23496938c3eb473d772fef09cdf2007-06-09T19:38:00+00:002011-04-11T20:09:52+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesguerrehistoirelivres lusMoyen Âgescience-fiction<p>Ce petit livre de 1960 se classe à première vue dans la bonne science-fiction à l’ancienne de série B, et à deuxième vue aussi d'ailleurs. Mais il est plus subtil qu’il n’y paraît.</p> <p>Le thème est simple : en 1345, un astronef extra-terrestre débarque dans la campagne anglaise. Ses occupants, tout agressifs qu’ils soient eux-mêmes, se font massacrer par la soldatesque anglaise locale. Sir Roger, exemple parfait du petit féodal imaginatif et retors, imagine débarquer en France avec ses troupes grâce à cet astronef ; ses victoires lui permettraient de se faire bien voir de son roi. Mais l’unique prisonnier extra-terrestre détourne le vaisseau, et emmène l’armée de ses geôliers sur une des planètes de sa civilisation. Le choc des épées et des cultures entre les rustres médiévaux et l’empire interstellaire ne va pas forcément tourner à l’avantage du plus « évolué ».</p>
<p>On n’y croit pas une seconde ; l’auteur non plus d’ailleurs. Mais la justification des succès d’un féodal ignorant qui découvre l’univers, et s’y taille sa place sans vraiment changer de schéma mental - <em>justement</em> parce qu’il a gardé son schéma mental médiéval - tient à peu près la route. Une bonne dose de culot, une fuite en avant digne de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hernán_Cortés">Cortés</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson#pnote-309-1" id="rev-pnote-309-1">1</a>]</sup>, les problèmes de communication de cet empire immense mais vide, une agressivité et une habitude du combat au corps à corps que tous les « civilisés » ont perdu, une chance démoniaque, et une grosse dose de suspension d’incrédulité<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson#pnote-309-2" id="rev-pnote-309-2">2</a>]</sup> rendent l’histoire presque plausible.</p>
<p>Le narrateur, un moine, confronte ses découvertes à la vision du monde médiévale. Même si, comme souvent en pareil cas, l’écrivain du XXè siècle a tout de même du mal à rendre la réelle mentalité du Moyen-Âge, l’exercice est parfois savoureux. (Mine de rien, on se demande comment se déroulerait dans <em>notre</em> civilisation qui se croit toute-puissante l’irruption d’une bande de guerriers agressifs et futés.)</p>
<p>Bref, à offrir sans réserve à un gamin (petit ou grand ;-) qui aime la SF et l’histoire.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson#rev-pnote-309-1" id="pnote-309-1">1</a>] <em>Et plus j’y pense, plus je me dis que Cortés a fait un peu la même chose, sans retard technologique toutefois.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson#rev-pnote-309-2" id="pnote-309-2">2</a>] Suspension of disbelief.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/309« Chronique du Pays des Mères » et « le Silence de la Cité » d’Élisabeth Vonarburgurn:md5:217e0cf21eb6e0e9cea94b607d3060852007-04-08T21:57:00+00:002011-03-28T20:07:48+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshiérarchielivres lusoptimismereligionscience-fiction<p>Un excellent roman de science-fiction québécoise, version féministe <em>light</em>, option post-cataclysmique semi-religieuse.</p> <p>À Béthély, Lisbeï naît et grandit sans connaître sa mère - c’est normal au Pays des Mères : les femmes font tant d’enfant<em>e</em>s dans leur vie, pour compenser le manque d’hommes (un sur dix), et il meurent tant de ces enfants en bas âge de la Maladie, qu’il ne vaut pas la peine de s’intéresser à eux, ni de les éduquer avant l’âge de raison.</p>
<p>Les journées de Lisbeï enfant sont illuminées par la présence de Tula, avec qui elle a une affinité particulière — elle aussi a une « lumière ». Tula est sa petite sœur, mais Lisbeï ne le sait pas... Les années passent, les deux fillettes grandissent dans l’univers strict et ordonné de la garderie de Béthély, presque exclusivement féminin.</p>
<p>Puis Lisbeï découvre le monde extérieur — et aussi qu’elle est la fille de la Mère de la cité, la dirigeante, et destinée à lui succéder dès sa majorité. Mais Lisbeï se découvre stérile, et une Mère ne peut l’être. Finalement destinée à devenir la Mémoire - la secrétaire de la Mère — elle fouille le passé de Béthély, et se lance dans l’archéologie. Sa première découverte, sur le plan religieux, est une bombe.</p>
<p>Même si Lisbeï est loin d’être un personnage passif — son évolution et ses relations compliquées avec nombre de personnages sont le centre du livre — elle sert en partie de prétexte à Élisabeth Vonarburg pour décrire la complexe société du Pays des Mères : après le Déclin et le chaos climatique et génétique, les Harems et les Ruches, cette partie de l’Europe devenue presque exclusivement féminine connaît des crises de croissance. L’opposition entre progressistes et conservateurs quasi-intégristes, l’impact des découvertes archéologiques sur la foi en Garde (une équivalente féminine plus récente du Christ), l’obsession de la pureté génétique des lignées, la peur des Mauterres, pleines de mutants, le rôle à laisser aux hommes, ces êtres si violents mais si indispensables, le besoin d’exploration... sont autant de questions que se pose collectivement cette société en pleine renaissance autour de ses quelques villes — questions que notre civilisation se pose ou s’est aussi posé.</p>
<p><strong><em>Chronique du pays des Mères</em></strong> n’est en rien un pamphlet féministe ; au contraire, par bien des aspects, les mères hégémoniques ne valent pas forcément mieux que les hommes qu’elles ont ravalés au rang d’étalons réservés à la reproduction, et l’amour maternel ne les étouffe pas toujours. Encore ne se battent-elles pas entre elles ; petit à petit leur société avance ; les transformations sont politiques, économiques, sociales. Vonarburg s’étend sur toutes ces évolutions, les différences entre les courants, les cités... Son monde est cohérent et complet.</p>
<p>Les dernières pages sont étonnantes, et en révèle à la fois trop et pas assez sur l’origine de nombreux personnages, et du plus énigmatique d’entre elles.</p>
<p>La clé se trouve partiellement dans le <strong><em>Silence de la Cité</em></strong>, récit plus ancien de Vonarburg, se déroulant quelques siècles auparavant, juste après le Déclin :</p>
<p>Élisa est le produit de manipulation génétique d’un scientifique réfugié au fond d’une Cité, dernier îlot de science presque toute-puissante dans un monde livré au chaos et aux mutations. On n’en saura guère sur les causes profondes du Déclin, mais plus sur la manière dont Élisa cherchera à accélérer le retour de l’humanité sur des voies plus heureuses. Élisa a des capacités très particulières, et, dernière enfant de la Cité, a toute la puissante de cette dernière à disposition. Comment une adolescente peut-elle évoluer dans ces conditions ?</p>
<p><em>Chronique du Pays des Mères</em> n’est pas vraiment la suite du <em>Silence de la Cité</em>, ce sont plutôt deux récits liés, à des siècles d’écart, aux mêmes lieux... et personnages. Le <em>Silence de la Cité</em> a été encensé à sa sortie en 1982 ; je lui préfère pourtant largement le <em>Pays des Mères</em>, qui décrit une civilisation entière sous de nombreux aspects. Le <em>Silence de la Cité</em> se lit très bien <ins>après</ins> le <em>Pays des Mères</em>, l’éclaire d’une lumière totalement différente, et donne envie de le relire.</p>
<p>Au final, <a href="http://www.noosfere.org/heberg/auteurstf3/infolivre.asp?site=58&numlivre=-1196556267">Élisabeth Vonarburg</a> signe là deux œuvres majeures de la SF franco-québécoise.</p>
<p>(<strong>NB</strong> : Si <em>Chronique du Pays des Mères</em> se trouve sans problème en France, le <em>Silence de la Cité</em> a bizarrement disparu des rayonnages, même d’Amazon ou de la Fnac. L’éditeur québécois <a href="http://www.alire.com/Romans/SilenceCite.html">Alire</a> se fera pourtant un plaisir de l’envoyer sans frais de ports. Pour les Parisiens, se tourner vers la <a href="http://www.librairieduquebec.fr/">Librairie du Québec</a> au Quartier Latin.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/08/316-chronique-du-pays-des-meres-et-le-silence-de-la-cite-d-elisabeth-vonarburg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/288“In the Presence of Mine Enemies” de Harry Turtledoveurn:md5:28d8e1ca98bdd4066f1b080cffd742c72007-01-20T19:45:00+00:002014-05-05T20:42:48+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshistoirelibertélivres lusRésistancetotalitarismeuchronie<p>Une uchronie : des Juifs vivent, cachés mais parfaitement intégrés, au sein du IIIè Reich en 2009.</p> <p>Parmi les uchronies, certains thèmes sont archi-rebattus, et <em>In the Presence of Mine Enemies</em> démarre sur le plus couru : les conséquences d’une victoire allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le point de divergence exact avec notre ligne temporelle est assez flou (ou il m’a échappé) ; cependant il est clair que les Américains ne sont pas entrés en guerre en 1941, et ont été eux-mêmes écrasés par les bombes atomiques et les missiles allemands des décennies après.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/lectures/images/in_the_presence_of_mine_enemies.jpg" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> Le Grand Reich domine donc le monde de 2009 avec l’Italie et le Japon. L’Angleterre et les États-Unis sont occupés, il ne reste plus beaucoup de Russes, de Noirs, ni d’Arabes, et tous les Juifs ont été exterminés. Ou presque.</p>
<p>Le livre commence par une étrange cérémonie familiale dans la famille Gimpel. Le père, Heinrich, est analyste dans les bureaux de la Wehrmacht à Berlin ; elle, une <em>Hausfrau</em> très en phase avec le statut féminin sous le régime nazi. Mais ce soir-là, en présence d’amis intimes, leur fille aînée Alicia apprend qu’elle est juive ! <br />Obligés de se présenter comme des Ariens totalement quelconques, de masquer tout ce qui ressemble à un signe d’appartenance, d’oublier un peu plus leur culture à chaque génération, les derniers Juifs du Reich risquent chaque jour leur vie et celle des leurs à chaque lapsus malheureux. Paradoxalement, ce sont les Nazis qui forcent ces Juifs à se dissimuler et à conspirer entre eux, pour leur survie.<br />La pauvre Alicia voit alors ses cours d’un œil nouveau et remet (intérieurement !) en question chaque dogme du nazisme triomphant.</p>
<p>Meurt alors le successeur de Hitler et Himmler, le troisième Führer, Haldweim (nom ouvertement inspiré de ce qu’aurait pu devenir <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Kurt_Waldheim">Kurt Waldheim</a>). Buckliger, son successeur, est un inconnu qui porte le costume-cravate au lieu de l’uniforme. Chacun de ses discours est un chef-d’œuvre de duplicité, réutilisant la rhétorique nazie pour forcer une réforme dans un sens plus efficace, mais aussi plus libéral, au grand dam des SS - et pour la prudente joie des derniers Juifs allemands.</p>
<p>Turtledove a ouvertement calqué l’évolution du Grand Reich sur celle de notre URSS à l’époque de la <em>perestroïka</em> : réformes venues d’en haut, assouplissement du carcan répressif, et tentative de reprise en main par les durs du régime. On croise même le symétrique d’Eltsine, et sans doute d’autres que je n’ai pas reconnus.<br />Je tique tout de même sur la plausibilité du parallèle : Gorbatchev tentait de redonner son dynamisme à un système en train de se faire dépasser par l’Occident, alors que le IIIè Reich de Buckliger semble prospère et capable de maintenir sa domination sur la planète. Bref, le côté économique est évacué. L’assouplissement du régime nazi se révèle à travers les conversations des personnages qui s’étonnent eux-même de leur hardiesse. Mais une telle évolution en quelques mois me semble un peu rapide après soixante ans de terreur.</p>
<p>Un autre défaut du livre réside dans le flou du point de divergence et de la manière dont le Reich a par la suite dominé le monde. Dommage, l’enchaînement des événements après la divergence représente un des attraits d’une uchronie. Les nombreux détails sur l’état de ce monde sont par contre un petit délice. Il existe <a href="http://turtledove.wikia.com/wiki/In_the_Presence_of_Mine_Enemies" hreflang="en">un site dédié au livre</a> qui le décrit en détail (plus la peine de lire le livre ensuite...).</p>
<p>L’essentiel de l’histoire gravite autour des Gimpel et de leurs proches, de simple rouages du Reich, dont l’obsession est de ne jamais attirer l’attention sur eux. Hélas pour Heinrich, cette attention lui tombera dessus de plusieurs manières inattendues.</p>
<p>Malheureusement, il ne semble pas y avoir de traduction en français.</p>
<p><strong>PS de 2014</strong> : Dans le même genre d’univers où les nazis ont vaincu, j’ai également chroniqué le polar <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fatherland-de-Robert-Harris">Fatherland</a></em> de Robert Harris.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/20/304-in-the-presence-of-mine-enemies-de-harry-turtledove#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/273« De cape et de crocs », géniale bande dessinée de Ayroles & Masbouurn:md5:73e40bd651719eeb81873dad2f21f0b22007-01-03T21:11:00+00:002010-11-21T16:52:22+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbande dessinéedéfense du françaisextraterrestreslivres lusLunelyrismemytheémerveillement <p>Cette bande dessinée est un pur bijou. Si vous cherchez quelque chose à vous offrir en remplacement des cadeaux de Noël revendus sur Internet, c’est l’occasion. Les amateurs de textes recherchés seront aux anges. La série n’est hélas pas encore terminée après plusieurs tomes, mais elle semble faire partie de celles qui, un jour, verront leur fin (que je prévois très molièresque).</p>
<p>Sites dédiés : <a href="http://www.capecrocs.free.fr/">http://www.capecrocs.free.fr/</a> et <a href="http://decape.free.fr/">http://decape.free.fr/</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/03/160-de-cape-et-de-crocs-bande-dessinee-de-ayroles-masbou#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/145« L’Empire de l’Atome» et « le Sorcier de Linn » d’A.E. Van Vogturn:md5:5bdab5c63fdf4693c888ea749fc40c242006-12-13T22:24:00+00:002009-05-10T11:16:47+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiqueextraterrestresguerreimpérialismelivres lusmagiepolitiquereligionsciencescience-fictionspace opera<p>Un vieux clas­si­que sur une étrange civi­li­sa­tion qui mélange arcs et flè­che et navi­ga­tion inter­pla­né­taire.</p> <p>Quel­ques mil­liers d’années dans notre futur, la Terre est enfin réu­ni­fiée au sein de l’Empire de Linn : un étrange État basé sur la force et l’escla­vage, où la guerre con­tre Mars se mène avec des épées, des arcs et des lan­ces, mais où les dépla­ce­ments s’opè­rent en astro­nef inter­pla­né­taire (il fau­dra accep­ter le para­doxe) ; une civi­li­sa­tion où la science n’est plus, et ce qui en reste est aux mains des prê­tres de l’atome, ado­ra­teurs d’Ura­nium, Plu­to­nium et con­sorts (le livre date des années 50 et est là mar­qué par les préoc­cu­pa­tions de son épo­que) ; un monde qui mani­fes­te­ment sort d’une période de bar­ba­rie suite à l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion inter­pla­né­taire bien long­temps aupa­ra­vant.</p>
<p>La belle-fille de l’Empe­reur accou­che d’un fils mutant, aux os défor­més. Con­tre toute attente, l’enfant est laissé en vie, et un vieux sage prend son édu­ca­tion en main. Le petit Clane, en marge de la Cour minée par les intri­gues poli­ti­ques, gran­dit alors et devient un des prê­tres de l’atome. <br />Au moment où il com­mence à accu­mu­ler un savoir et un pou­voir tech­ni­que immen­ses, pio­chés dans les rui­nes des anciens dis­pa­rus, il est forcé de s’impli­quer dans les sor­di­des com­plots de la Cour. Puis défer­lent des enva­his­seurs bar­ba­res des lunes de Jupi­ter. Ils ne repré­sen­tent que le pre­mier des dan­gers mor­tels que le « Sor­cier de Linn » va évi­ter à son peu­ple.</p>
<p>Ce cycle en deux tomes est du pur Van Vogt. L’action est très réduite, les batailles sont rela­tées plus que décri­tes, tout est dans le rai­son­ne­ment. Les per­son­na­ges réflé­chis­sent beau­coup et se com­por­tent de manière pres­que trop ration­nelle (l’enva­his­seur Czinc­zar capi­tule sur le champ en cons­ta­tant la puis­sance de Clane, de la même manière qu’un joueur d’échec aban­donne après la perte de sa dame). On retrouve le mythe du « surhomme » à la Van Vogt, c’est-à-dire celui que le savoir et la for­ma­tion intel­lec­tuelle ren­dent pres­que invin­ci­ble (voir le Gos­seyn du <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo1">Monde des Ã</a></em> ou le savant nexia­liste de la <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo10">Faune de l’Espace</a></em>, deux autres très bons clas­si­ques du même auteur).</p>
<p>La for­ma­tion de Clane et le jeu des intri­gues poli­ti­ques mou­che­tées ou mor­tel­les de la Cour sont bien sûr les par­ties les plus inté­res­san­tes. Inté­res­sante éga­le­ment la décou­verte de la civi­li­sa­tion des Riss et les rai­sons et con­sé­quen­ces de l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion pré­cé­dant celle de Linn. <br />Mais la fin de cha­cun des deux tomes est trop vite expé­diée : le mutant dégaine son atout et l’adver­saire capi­tule. Un peu frus­trant. Les per­son­na­ges secon­dai­res (la famille de Clane notam­ment) sont trop peu déve­lop­pés. Un roman assez froid donc (comme tout Van Vogt), et qui plaira à des gens comme moi ainsi qu’aux ama­teurs d’échec et de clas­si­ques de SF.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/260« La mère des tempêtes » de John Barnesurn:md5:6d8144ae3626288cd1298cf6527580da2006-10-09T22:50:00+00:002010-11-04T20:06:01+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesapocalypsecataclysmeeffet de serrehard sciencelivres luspessimismescience-fictionécologie<p>Le réchauffement planétaire puissance mille donne des cyclones de dimension planétaire. Un roman assez prenant.</p> <p>Ce roman-catastrophe parle du réchauffement planétaire sans en parler. Il date de 1994 où le sujet était déjà brûlant, mais il l’aborde sous le côté cataclysmique : des bombes atomiques tombent par accident sur des stocks de <a href="http://www.notre-planete.info/actualites/actu_818.php">clathrates de méthane</a>. Ce relâchement massif de méthane ravale le problème de l’effet de serre dû au dioxyde de carbone au rang de plaisanterie. (Certains scénarios inquiétants du réchauffement climatique évoquent réellement le danger que fait courir tout ce méthane stocké au fond de l’océan ; jeter des bombes dessus n’entre cependant pas dans le cadre des simulations numériques).<br />(<strong>Ajout de 2010</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">Certains attribuent à ces hydrates de méthane l’extinction massive du Permien</a>…)</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/lectures/images/la_mere_des_tempetes.jpg" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> La conséquence est immédiate et violente : la civilisation de 2028 voit apparaître un super-cyclone dans le Pacifique. Plusieurs personnages étant météorologues, on en apprend beaucoup sur la dynamique de formation de ces monstres, pourquoi ils finissent par s’évaporer, et pourquoi <em>ce</em> cyclone restera : l’eau est assez chaude pour qu’il puisse se payer le luxe de faire des ronds dans le Pacifique... en se reproduisant.</p>
<p>Hawaï est totalement rasée au tiers du livre. La Floride, la Hollande, l’Irlande, le Bangladesh et quelques centaines de millions d’êtres humains finissent noyés dans les pages qui suivent. Il faudra un <em>deux ex machina</em> au sens quasiment propre pour sauver le monde.</p>
<p>L’intérêt du livre ne réside pas dans la résolution du problème (un peu tirée par les cheveux et relevant de la science-fiction spéculative la plus échevelée, avec une dose de grandiloquence naïve), mais d’une part dans le côté « film catastrophe » saignant et très bien rendu (Hollywood devrait aimer), et d’autre part dans la description foisonnante de la société de 2028, archi-connectée mais plutôt décadente : règne abrutissant de la XV (version « de cerveau à cerveau » de la télévision, devenue par contraste quasiment un média pour intellectuels), rôle dominant d’une ONU écrasant les pays (l’auteur est américain, et la Présidente du livre veut se débarrasser de ces gêneurs et restaurer la prédominance de son pays), programme spatial en berne, dérive sectaire des adeptes du “<em>politically correct</em>”, liquidation de la vie privée (généralisation des « datarats » espions)...</p>
<p>Quelques scènes géniales valent le détour, notamment celle où des robots auto-réplicants sur la Lune se battent pour les ressources et créent toute une économie puis une société. Barnes aime bien décrire un phénomène ou un mécanisme, et certains passages sont un rien trop didactiques (cela ne me gêne pas).</p>
<p>Il n’y a pas de protagoniste principal mais plusieurs offrant une optique différente ; l’idée est bonne et les personnages fouillés et complexes, mais les liens entre eux sont assez improbables. Certains personnages secondaires sont négligés, alors que des intrigues parasites viennent alourdir le pavé (quel intérêt de faire du très rationnel conseiller de la Présidente un psychopathe tueur de petites filles ?).</p>
<p>Au final, un livre catastrophe que je ne juge pas inoubliable, mais bien mené, à lire avant qu’il prenne de l’âge. La version du Livre de Poche possède une fort bonne préface de <a href="http://www.quarante-deux.org/archives/klein.html">Gérard Klein </a>, qui fait froid dans le dos (le « scénario Vénus ») et <a href="http://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/lp27235.html">que l’on aussi peut lire en ligne</a>.</p>
<p>Voir aussi la <a href="http://www.quarante-deux.org/kws/11/mere.html">critique enthousiaste de Pascal J. Thomas dans KWS</a>, qui dévoile plus de l’intrigue. <a href="http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=403">Alain Paris a beaucoup moins aimé</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/09/249-la-mere-des-tempetes-de-john-barnes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/220« L’échelle de Darwin » de Greg Bearurn:md5:15690a6efcf5669d3e3d631e206cc5292006-09-17T18:15:00+00:002016-09-10T09:44:56+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescataclysmedémocratiehard sciencelivres luspsychologieracismesciencescience-fictionÉtats-Unisévolution<p>Un roman charpenté et réaliste sur l’émergence de l’espèce de mutants qui peut nous remplacer.</p> <p>En science-fiction, le thème des mutants comme représentants d’une évolution de l’espèce humaine, et rejetés par la société actuelle, ne date pas d’hier.</p>
<p>Un des meilleurs livres sur le sujet est <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/À_la_poursuite_des_Slans">À la poursuite des Slans</a></em> de <a href="http://www.vanvogt.net/">Van Vogt</a> ; comme Frankenstein les mutants y sont la création d’un esprit humain. Dans la SF de la Guerre Froide, le mutant né des retombées de la Bombe pullule également.</p>
<p>Moins couru est le chemin que Greg Bear explore, celui de la mutation <em>naturelle</em>, dans notre propre société. Les États-Unis de l’<em>Échelle de Darwin</em> sont ceux d’aujourd’hui (légèrement intemporels), aux réactions exacerbées devant ce saut dans l’inconnu.</p>
<p>Le livre ne couvre que l’apparition de la nouvelle espèce. Le plus intéressant se situe dans le mode d’apparition de la mutation : par un <a href="http://www.iledefrance-est.cnrs.fr/interest/numeros/n08/10-retrovirus.htm">rétrovirus endogène</a> tapi dans les gènes humain avant même l’apparition d’<em>Homo sapiens</em>. Réveillé par le stress subi par l’espèce, il transforme des groupes humains en une sorte de réseaux, capable de sélectionner inconsciemment la pertinence de nouvelles mutations.</p>
<p>(Oui, un peu d’instruction en biologie et en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l'évolution">théorie de l’évolution</a> ne seront pas de trop pour saisir toute la substantifique moëlle du livre de Bear.)</p>
<p>Coïncidence romanesque, le fameux virus commence à faire parler de lui au moment précis où, dans les Alpes autrichiennes, un couple de Néandertaliens momifiés est retrouvé... avec un bébé <em>moderne</em> — témoins du précédent saut évolutif de l’homme.<br />(Malheureusement pour l’auteur, il fut définitivement démontré peu après la parution du livre que <em><a href="http://www.dinosoria.com/neanderthalensis.htm">Homo neanderthalensis</a></em> n’<a href="http://www.ens-lyon.fr/Planet-Terre/Infosciences/Histoire/Evolution/Articles/neanderthal.html">est pas notre ancêtre</a>. Cela ne change pas grand-chose à l’histoire, <em>Homo erectus</em> fournissant un substitut valable. <strong> 2010</strong> : D’autres articles plaident au contraire pour l’intégration de l’ADN de Neanderthal dans le nôtre. Mais ce n’est pas l’ancêtre de Sapiens. <strong>2016</strong> : il semble acquis qu’il y ait eu hybridation. L’hypothèse du roman peut donc se défendre.)</p>
<p>SHEVA — le virus — se manifeste chez les femmes enceintes, et semble d’abord provoquer des fausses couches. Cette catastrophe de santé publique suffirait à paniquer une civilisation entière, mais s’y ajoute le mystère de nouvelles grossesses dans la foulée (conceptions divines ?). Les « enfants SHEVA » meurent cependant tous à la naissance : pourquoi ? Ajoutons le fait que si un seul survit, il risque de transmettre à l’humanité des virus en sommeil depuis des millénaires, contre lesquels nous ne sommes pas du tout préparés.</p>
<p>On est d’abord aux États-Unis, et la religion, les lobbys anti-avortement et pharmaceutiques... jouent donc un rôle. Les attaques contre les femmes enceintes comme le danger de ces nouveaux virus justifient une évolution du gouvernement vers une forme autoritaire. Les héros (le découvreur des momies néandertaliennes et une biologiste enceinte) vont donc devoir se cacher. La fuite des mutants (en quoi sont-ils différents d’ailleurs ?) ne fait que commencer.</p>
<p>L’action est très réduite. L’essentiel du roman consiste en <strong>dialogues parfois très élevés</strong> entre biologistes, ou politiques, sur l’évolution de la situation. C’est l’administration dans son ensemble (au sens le plus large, incluant notamment les laboratoires pharmaceutiques) qui découvre pas à pas chaque élément du problème. Les batailles politiques internes sont légions. On constate que le milieu des biotechnologies, concerné au premier chef par cette révolution, ne fait pas de cadeau aux idéalistes, mais sans qu’aucun personnage ne joue le rôle du « salaud intégral » destiné à être haï ; tous agissent pour ce qu’ils jugent nécessaires, avec parfois une bonne pointe d’arrivisme.</p>
<p>J’aurais tendance à reprocher quelques défauts mineurs « justifiés » par les nécessités romanesques : la coïncidence de la découverte des momies avec le retour du virus, ou l’irrationnalité du comportement des héros, gens pourtant si cartésiens, sur la fin du livre. Centrer l’histoire quasi-exclusivement sur les États-Unis, comme si le virus n’était pas mondial, m’énerve aussi passablement.</p>
<p>On relèvera que cette idée d’« évolution dirigée » rappelle parfois les délires des créationistes. Mais Bear ne milite pas pour l’<em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">intelligent design</a></em>, le virus est une arme supplémentaire pour une espèce pour diriger sa propre évolution. J’ai quand même du mal à comprendre comment un mécanisme si subtil que celui décrit ici aurait pu se mettre en place.</p>
<p>En résumé, <strong>un très bon <em>biotechno-thriller</em></strong> qui nécessitera un cerveau pas trop liquéfié par TF1. Le second tome, les <em>Enfants de Darwin</em> est disponible <del>, pour l’instant en grand format uniquement. Je le lirai.</del> (<strong>mise à jour du 27 mai 2007</strong>) en poche depuis ce mois ! Lecture en cours.</p>
<p>On trouvera d’autres critiques chez <a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS40/KWS4002.html">Quarante-deux</a> ou <a href="http://livres.krinein.com/Bear-L-echelle-de-Darwin-3278.html">Krinein</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/17/222-l-echelle-de-darwin#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/200« Le Sang des Astres » (de Nathalie Henneberg)urn:md5:2a5708242787d1e780585cc6813743002006-09-14T00:00:00+00:002016-09-10T09:55:24+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesCroisadeslivres luslyrismeMoyen Âgemythepessimismescience-fictionspace opera<p>Un bon petit livre de l’époque héroïque de la SF française.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" title="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" alt="N_Henneberg_Le_Sang_des_astres.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Ce livre provient des collections de la jeunesse de mon père, il n’est pas si jeune (1963), et apparemment il est épuisé. (Seuls sont encore édités chez l’Atalante le meilleur livre de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nathalie_henneberg’">Henneberg</a>, <em><a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm’">la Plaie</a></em> (<strong>Mise à jour</strong> : un de mes livres préférés, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg">chroniqué et loué sur ce blog</a>) <em>Le sang des astres</em> n’est pas un bijou immortel, ni même le meilleur de l’auteur, donc pourquoi un billet ? Parce qu’à part le titre et des annonces de bouquinistes, on ne trouve rien sur le web au sujet de cette œuvre, et je n’aime pas que se perde quoi que ce soit.</p>
<p>Henneberg aimait mélanger les <strong>thèmes mythologiques avec la science-fiction</strong> de son époque (encore très orientée « astronaute-superman tueur de monstres et donneur de leçons aux extra-terrestres »). Ici, Salamandre (connue aussi comme Lilith), nouvelle incarnation pure d’un Élément, ici le Feu, quitte la Terre hyper-civilisée de l’an 2700, et atterrit sur Anti-Sol, une lointaine planète, clone quasi-parfait de la Terre avec quelques siècles de retard : elle devient partie intégrante de l’histoire locale des Croisades.</p>
<p>Un Élément pur possède cependant l’inconvénient de provoquer des catastrophes en chaînes sur son chemin, de façon totalement involontaire : les chevaliers s’entretuent pour cette beauté démoniaque (dont Gilbert, un explorateur terrien dont on se demande ce qu’il fait là justement ce jour-là), la météo devient folle, la guerre éclate, les pogroms se succèdent, la terre tremble, le sang coule.</p>
<p>La société policée des civilisations galactiques ne peut tolérer cela, ni les Elms (les êtres « magiques », comme les Lutins), qui ont toujours vécu sur Terre et entamaient une migration vers la plus naturelle Anti-Sol. Un Chasseur (surhomme métis avec une bonne dose d’Élément Eau en lui) est envoyé traquer la belle.</p>
<p>Nathalie Henneberg rend bien la déliquescence de la haute société du royaume croisé quand apparaît Salamandre, et les angoisses de celle-ci, innocente et incapable d’empêcher de brûler et consumer tous ceux qui l’approchent. Le Chasseur semble un peu trop parfait, mais la partie intéressante et tourmentée du personnage est rendue par Gilbert d’Este, le preux mais faillible envoûté. Il aurait fallu fusionner ces deux Terriens, ils occupent le premier rôle masculin successivement.</p>
<p>Le mélange entre fantastique et science-fiction se fait sans peine — même si le milieu est plutôt médiéval de toute manière. Le comportement des astronautes (genre <em>boy-scout</em>) est un peu suranné et date le livre.</p>
<p>Au final une lecture mineure mais agréable qu’on peut dénicher chez un bouquiniste.</p>
<p><strong>2016</strong> : Voir <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg">le billet sur Nathalie Hennerberg</a>, et le <a href="http://www.galaxies-sf.com/sommaire.php?id_revue=42">dossier que Galaxies lui avait consacré</a>. On verra que Pierre, dans les commentaires, avait raison de rattacher cette histoire à la biographie de Nathalie Henneberg.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/14/238-le-sang-des-astres-de-nathalie-henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/210Rayons de BD dépareilléesurn:md5:1e8e8c0b28bde82ad401cdb668bc44562006-08-07T23:33:00+00:002010-11-01T18:52:04+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanticonsumérismebande dessinéedommagefoutage de gueulegaspillagelivres lusmicroéconomie<p>Pourquoi les tranches des bandes dessinées changent-elles inévitablement pendant la durée de vie d’une série, fusillant l’esthétique des étagères des collectionneurs ? Pourquoi ?</p> <p>Parmi les choses qui m’énervent et me font douter du respect que l’industrie du livre porte à ses lecteurs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-1" id="rev-pnote-181-1">1</a>]</sup>, figure le changement répété de la tranche au sein d’une même série de bande dessinée.</p>
<p>Pourtant une BD est, dans le domaine grand public et financièrement raisonnable<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-2" id="rev-pnote-181-2">2</a>]</sup>, ce qui se rapproche le plus de l’Œuvre d’Art qu’on aime montrer. Ce ne sont pas des livres de poches à empiler dans des cartons une fois lus. On pourrait penser que l’alignement esthétique des tomes, toujours plus nombreux à chaque série, sur les étagères, serait une préoccupation importante des <del>artistes et</del> commerçants que sont les éditeurs. Que nenni. La tranche d’une bande dessinée fait montre d’une labilité bien plus grande que son verso ou son recto.</p>
<p>Parfois l’œil ne relève qu’un changement du logo de l’éditeur ; ces gens-là sont chatouilleux sur leur image et considèrent que le grand public doit oublier du jour au lendemain leur ancien glyphe qui rendit tant de services pendant 20 ans. C’est le cas sur mes BDs de <a href="http://www.bdxiii.com/">XIII</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-3" id="rev-pnote-181-3">3</a>]</sup> : le logo rond de Dargaud est remplacé à partir du tome 14 par un « DARGAUD » en toutes lettres, dix fois plus long, qui casse l’alignement des numéros de tome. Mais un <em>manager</em> a sans doute décidé que, faute de mieux, un changement d’identité visuelle était une nécessité pour relancer les ventes. Au moins la couleur blanche reste-t-elle du tome 1 au tome 17.</p>
<p>Toujours chez Dargaud, mes neuf tomes de <a href="http://www.bedetheque.com/serie-128-BD-Formidables-aventures-de-Lapinot-(Les).html">Lapinot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-4" id="rev-pnote-181-4">4</a>]</sup>, de Lewis Trondheim, passent violemment du noir austère au bigarré, changement du « positionnement <em>marketing</em> » de la collection ou autre aberration de marketeux oblige.<br />C’est le contraire pour la dernière série de <a href="http://bilal.enki.free.fr/oeuvres.php3?quelles_oeuvres=albums">Bilal</a> (la suite de la <em><a href="http://bd.casterman.com/isbn/2-731-66235-2/">Trilogie Nikopol</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-5" id="rev-pnote-181-5">5</a>]</sup>) qui passe au noir complet au tome 3.<br /><em>Lanfeust de Troy</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-6" id="rev-pnote-181-6">6</a>]</sup> a eu le bon goût de changer de graphie entre deux cycles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-7" id="rev-pnote-181-7">7</a>]</sup>, mais le <em>spin-off</em> <em>Trolls de Troy</em> a suivi au même moment, et a brisé son harmonie sur étagères au tome 5.</p>
<p>J’avais cru un temps, naïvement, qu’au lieu de prendre une série en cours de route, et m’exposer à ces perturbations esthétiques sur mes étagères - ainsi qu’à la possibilité si courante d’un arrêt total de la série avant la fin de l’histoire -, je serais plus avisé d’acheter en bloc les premiers tomes, souvent disponibles à un prix attrayant sous forme de coffret. <br />La déception fut grande. L’excellent et jubilatoire <em><a href="http://www.bulledair.com/index.php?rubrique=serie&serie=cape_crocs">De capes et de crocs</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-8" id="rev-pnote-181-8">8</a>]</sup> a totalement modifié le graphisme de sa tranche à partir du tome septième.</p>
<p>Il n’y a que chez <a href="http://www.fluideglacial.fr/">Fluide Glacial</a> que je réussis à repérer une certains constance dans l’esthétique latérale, jusqu’à l’extrême inverse, puisqu’il est difficile de repérer les différentes séries à l’œil seul (<em><a href="http://www.coinbd.com/bd/albums/resume/413/bill-baroud/tome-1-bill-baroud-espion.html">Bill Baroud</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-9" id="rev-pnote-181-9">9</a>]</sup>, <em><a href="http://www.bedetheque.com/serie-2162-BD-Aime-Lacapelle.html">Aimé Lacapelle</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-10" id="rev-pnote-181-10">10</a>]</sup>...).</p>
<p>L’éditeur de BD moyen pense-t-il vraiment que les premiers acheteurs vont acheter une deuxième fois les premiers tomes pour avoir une étagère bien uniforme ? Et y en a-t-il suffisamment qui le font pour que le « truc » soit aussi systématique ? Suis-je le seul à m’intéresser à ce problème<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#pnote-181-11" id="rev-pnote-181-11">11</a>]</sup> ?</p>
<p><strong>Mise à jour d’octobre 2006</strong> : Et paf, ça y est, « ils » viennent de frapper à nouveau, cette fois avec <em><a href="http://www.poukram.org/index_accueil.php">Sillage</a></em>. Rââââhhh...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-1" id="pnote-181-1">1</a>] <em>Humour.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-2" id="pnote-181-2">2</a>] <em>Quoiqu’à 8 ou 9 € minimum, la pilule soit parfois dure à avaler...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-3" id="pnote-181-3">3</a>] <em>Série très commerciale que je n’achète plus que par nostalgie depuis au moins cinq tomes ; après vingt-deux ans, il serait temps que cela finisse.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-4" id="pnote-181-4">4</a>] <em>Une des mes bandes dessinées fétiche. À l’inverse de XIII, l’auteur a su s’arrêter à temps - de manière définitive, et cette fois trop tôt à mon goût.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-5" id="pnote-181-5">5</a>] <em>Très spécial et glauque, il faut aimer. Mais quand je disais plus haut que la BD est un art, c’en est la démonstration. Chaque case est un tableau.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-6" id="pnote-181-6">6</a>] <em>Série à orientation ados très prononcée, très saignante par moment. Son charme réside dans une foule de petits détails et d’allusions diverses.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-7" id="pnote-181-7">7</a>] <em>Rappelons qu’un « cycle » en bande dessinée correspond à une histoire entière ; il y a changement de cycle quand l’auteur ose enfin mettre un point final à sa première histoire après quatre à dix tomes, et que l’éditeur le convainc ensuite (avec moultes promesses de juteuses ventes) de reprendre monde et personnages pour une autre série de quatre à dix tomes. Il est conseillé d'attendre quelques années la parution complète du deuxième cycle pour savoir s’il vaut la peine d’être acheté, même si on a adoré le premier. Par exemple, le premier cycle de </em>Voyage au bout du monde<em> était excellent, le deuxième est décevant, le troisième hideux.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-8" id="pnote-181-8">8</a>] <em>Purement génial. Une démonstration que les textes </em>et<em> le scénario </em>et<em> le dessin peuvent être étudiés et originaux. Plein d’humour. Achetez.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-9" id="pnote-181-9">9</a>] <em>Septième degré, j’aime, comme presque tout de <a href="http://larcenet.mania.free.fr/·fr">Larcenet</a>, d’ailleurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-10" id="pnote-181-10">10</a>] <em>Bucolique et rural, second degré, j’adore.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#rev-pnote-181-11" id="pnote-181-11">11</a>] <em>Très mineur certes par rapport à la faim dans le monde, les OGM, le sida, la guerre au Liban, la campagne présidentielle de 2007, mais aucune bataille pour un monde meilleur n’est trop dérisoire pour être menée.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/181« Deloria » de Richard Canalurn:md5:4f8872988b10d2a1a78320cc7e3002472006-07-24T19:51:00+00:002010-11-01T18:30:52+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescolonisationcommunicationextraterrestresimpérialismelivres luslyrismepessimismescience-fiction<p>Un bon roman de SF sur l’incompréhension culturelle entre deux civilisations.</p> <p>J’ai failli écrire que ce livre était un exemple de SF africaine, hélas <a href="http://www.chez.com/bobione/canal/canal.html">Richard Canal </a> (qui est français) a à présent quitté le continent noir. L’influence africaine se devine tout de même en filigrane.</p>
<p>Deloria est une planète colonisée depuis trois siècles par les humains, sans que la communication ait réellement pu s’établir avec l’espèce intelligente locale, les Geyns. Ces derniers possèdent une philosophie de la vie (ou plutôt de la Mort) tout à fait opposée aux hommes, et le conflit couve - puis éclate. L’ambassadeur terrien dans la plus petite implantation terrienne, au milieu d’autochtones de plus en plus hostiles, est seul parvenu à un début de contact, sans succès concret hélas. Puis l’enfer se déchaîne sur la petite communauté.</p>
<p>Ce n’est pas un roman très optimiste, la plupart des personnages cherchant à sauver leur peau dans un monde qui rejette la présence humaine. Les Geyns, aussi tournés vers le mysticisme qu’ils soient, ne sont pas des non-violents. Leurs armes, sont des Mots que les prêtres font prononcer aux élus dotés de ce don, mais ce sont des armes de destruction massive.</p>
<p>Rien de cartésien là-dedans, et je me méfie souvent de ces romans où la science le dispute au fantastique et aux super-pouvoirs paranormaux, moyen souvent efficace mais décevant de justifier un peu n’importe quelle fin. <br />Ce n’est pas le cas ici, en partie grâce à la séparation nette entre les trois histoires qui se croisent, nettement séparées : les Geyns vivent dans leur monde apparemment primitif, où chacun attend sa Résurrection, et les humains, bardés d’une nanotechnologie qui devrait les rendre tous-puissants, ne comprennent rien à ce qui leur tombe dessus. <br />En leitmotiv planent les devises pessimistes ironiques de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emil_Cioran">Cioran</a>.</p>
<p>Si le démarrage a été un tant soit peu délicat (toujours ce côté mystique), j’ai eu du mal à lâcher le livre avant la fin.</p>
<p><a href="http://www.actusf.com/php/modify.php?articleID=4108">Une interview disponible en ligne de Canal</a> donne d’autres clés, notamment le lien avec l’Afrique - qui lui a semble à jamais insaisissable. Il nous promet aussi une suite que la fin du livre laisse entrevoir.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/24/190-deloria#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/170« Les Croisades vues par les Arabes » d’Amin Maaloufurn:md5:e27923317d302ff8839e661815a102532006-07-11T16:37:00+00:002014-02-26T10:52:04+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieschristianismeCroisadesdommageEuropegéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusMoyen Âgeperspectivepessimismereligion<p>Les Croisades ont été un bain de sang et un traumatisme durable pour les Arabes. L’invasion franque s’étala sur deux siècles pleins de péripéties.</p> <p>L’enseignement des Croisades en France, du moins en mon temps, adoptait essentiellement le point de vue croisé : ferveur religieuse qui expliquait, sinon justifiait, l’invasion, et différentiation peu nette des adversaires.</p>
<h3>Contexte et résumé-éclair des Croisades</h3>
<p>Résumons l’époque : la période concernée est en gros <strong>1100-1300</strong>, la seconde moitié du Moyen-Âge et son apogée. <br />Avant 1100, les principaux royaumes européens se sont formés, et la croissance démographique et économique de l’Europe occidentale lui permet de lancer des opérations loin de ses frontières. <br />Au même moment, l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">Empire byzantin</a> cherche à attirer des mercenaires dans sa lutte perpétuelle contre l’effritement de ses territoires. L’Église catholique de Rome cherche, elle, à diriger l’énergie de ces chevaliers querelleurs contre les infidèles.</p>
<p>La Première Croisade culmine en 1099 avec la prise de Jérusalem (et le massacre des habitants, traumatisme durable). <br />Les Croisés établissent des royaumes indépendants sur toute la côte, d’Antioche au Sinaï, organisent plusieurs autres Croisades pour maintenir leur positions, liquident l’Empire byzantin au passage (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8me_croisade">détournement de la Quatrième Croisade</a> et sac de Constantinople, autre acte de barbarie) ; les Arabes et Turcs auront ainsi besoin de deux siècles pour rejeter définitivement l’envahisseur à la mer (1291), après bien des conflits.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisade">Wikipédia, comme d’habitude, est un bon point de départ pour se rafraîchir les connaissances</a>.</p>
<h3>Peuples en présence</h3>
<p>Le livre d’Amin Maalouf (paru il y a déjà quelques années) prend le contrepied de la vision classique, et cela change tout.</p>
<p>Les Croisés ne sont plus que des « <strong>Franjs</strong> » (déformation de « Francs »), mélangeant ainsi sans distinction tous ces peuples barbares et exotiques : Français de langue d’hoc et d’oïl, Allemands, Anglais... <br />Les Arabes les distinguent des « Roums » (« Romains », c’est-à-dire les Byzantins, chrétiens orthodoxes), qu’ils connaissent et affrontent depuis des siècles.</p>
<p>L’apparente unité arabe éclate ; d’ailleurs il n’y a pas que des Arabes musulmans au Moyen-Orient (Syrie, Liban, Palestine, Égypte) à cette époque, loin s’en faut.</p>
<ul>
<li>Les Arabes sont majoritaires, mais il ne sont pas tous musulmans : <strong>un bon nombre sont chrétiens</strong>, et souvent de rite oriental, copte... (C’est d’ailleurs encore le cas de nos jours au Liban, en Palestine...)<br /> <br /></li>
<li>Les Musulmans (arabes ou pas) se distinguent entre chiites et sunnites (distinction toujours valable de nos jours).<br /> <br /></li>
<li>La région entière est tombée tout récemment sous la coupe des <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Seldjoukides">Turcs seldjoukides</a></strong>. Les différents roitelets turcs se font cependant la guerre mutuellement, et l’empire seldjoukide ne brille donc pas par sa cohésion.<br /> <br /></li>
<li>Il y a pléthore d’<strong>autres communautés</strong> installées depuis longtemps, notamment les Kurdes (Saladin était kurde, même si son empire se centrait sur l’Égypte), les Juifs, les Arméniens...<br /> <br /></li>
<li>L’<strong><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">Empire byzantin</a></strong> est sur la défensive (il vient de perdre l’Anatolie face aux Turcs) mais n’a pas renoncé à reconquérir une partie de ses anciens territoires, notamment Antioche.<br /> <br /></li>
<li>Les <strong>Mongols</strong>, sur la fin, étendent leur empire jusqu’au Moyen-Orient, et les Franjs les voient comme des alliés potentiels.<br /> <br /></li>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Assassins">secte des Assassins</a>, par sa capacité de nuisance, joue un rôle majeur pendant des décennies.<br /> <br /></li>
<li>Les Franjs se divisent entre princes et barons, petits chevaliers occidentaux fraîchement débarqués et fanatisés, « poulains » nés en Terre Sainte et ayant adopté nombre de coutumes locales, marchands italiens ne cherchant qu’à commercer, etc...<br /> <br /></li>
</ul>
<h3>Invasion</h3>
<p>L’invasion franje est une surprise pour les Musulmans. La première vague, celle des pauvres gens menée par Pierre l’Ermite, est aisément repoussée dès l’entrée en Anatolie. La seconde, une véritable armée bien organisée, avance comme un rouleau compresseur. Les chevaliers occidentaux lourdement cuirassés sont une arme efficace, et les roitelets turcs et arabes sont incapables de surmonter leurs divisions pour s’opposer à l’invasion. Au contraire, certains profiteront de l’avancée franj pour abattre leur rival du moment.</p>
<p>Plus les Croisés approchent de Jérusalem, plus les habitants de la région découvrent que les nouveaux venus, loin d’être une énième armée de mercenaires au service des Roums, sont décidés à s’installer. Plusieurs villes font leur soumission immédiate pour éviter un siège.</p>
<p>La <strong>prise de Jérusalem en 1099</strong> reste dans la mémoire collective orientale comme le summum de la <strong>barbarie franj</strong>. <strong>Toute la population non chrétienne est passée au fil de l’épée</strong>, musulmans, juifs et chrétiens orientaux compris. Le contraste avec la mansuétude de Saladin lors de la reprise de la ville un siècle plus tard est frappant.</p>
<h3>Les Franjs en Orient</h3>
<p>Les petits royaumes franjs d’Orient se distinguent assez vite par leurs querelles mutuelles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-1" id="rev-pnote-136-1">1</a>]</sup>.<br />(Une chose qui m’a frappée : parmi les causes figure notamment la rareté des héritiers mâles et les luttes de pouvoir qui s’ensuivent, et la raison profonde en serait le manque d’hygiène des Franjs dans une région où cela ne pardonne pas, et donc la mortalité infantile élevée.)<br />L’Empereur byzantin est le premier à faire les frais de cette indiscipline : il doit faire une croix sur les territoires conquis, qui en théorie auraient dû lui revenir.</p>
<p>La primauté du roi de Jérusalem sur les autres rois latins n’empêche pas les divisions, et au gré des renversements d’alliances, musulmans comme chrétiens peuvent se retrouver dans les deux camps d’une bataille. Les frontières changent relativement peu pendant un siècle, les Franjs tenant toute la côte, et les villes d’Alep et Damas et le Sinaï servant de frontières. Les incursions franjs en Égypte sont un échec<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-2" id="rev-pnote-136-2">2</a>]</sup> et leur extension est stoppée.</p>
<h3>Reflux</h3>
<p>Le XIIè siècle voit apparaître un phénomène nouveau : l’unification sous un même chef des forces arabes. D’abord autour de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nur_ad-Din">Noureddin</a></strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-3" id="rev-pnote-136-3">3</a>]</sup>. Celui-ci, depuis Mossoul, unifie peu à peu la Syrie. Il provoque lui-même des résistances, notamment à Damas. Enfin, il conquiert l’Égypte, contrecarrant les plans des Franjs. Il y installe comme vizir un de ses jeunes lieutenants, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saladin">Saladin</a>, kurde qui doit comme son père sa carrière à Noureddin.</p>
<p>Saladin et Noureddin finissent peu à peu par s’opposer ; le premier, quasiment indépendant, se refuse cependant à affronter ouvertement son maître. Noureddin meurt avant une véritable guerre, et Saladin unifie Syrie et Égypte à son profit. Les Croisés sont quasiment encerclés.</p>
<p>Après quelques échecs, Saladin parvient à s’emparer de pans entiers des royaumes latins, dont Jérusalem. En réaction, il doit affronter <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_croisade">la Troisième Croisade</a>, menée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_Barberousse">Frédéric Barberousse</a> (qui se noie en chemin), <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Auguste">Philippe Auguste</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Coeur_de_Lion">Richard Cœur de Lion</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-4" id="rev-pnote-136-4">4</a>]</sup>. Saladin tient bon, prêt à accepter la présence franque et les pélerins, mais intransigeant sur Jérusalem même. En dehors de ce problème, les négociations et la coexistence entre les deux communautés sont toujours empoisonnées par les extrémistes des deux camps<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-5" id="rev-pnote-136-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Certains personnages se détachent de cette période : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_de_Lusignan">Guy de Lusignan</a>, incapable roi de Jérusalem, libéré par Saladin après une promesse de ne plus l’affronter, et qui ne tient pas parole ; <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Renaud_de_Ch%C3%A2tillon">Renaud de Châtillon</a>, seigneur brigand responsable de la dégradation des relations entre Latins et Arabes, que Saladin va jusqu’à exécuter personnellement ; <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_de_J%C3%A9rusalem">Isabelle de Jérusalem</a>, malheureuse reine obligée d’épouser successivement les différents prétendants au trône, locaux ou étrangers, choisis par les barons.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_du_Saint-Empire">Frédéric II Hohenstaufen</a>, Empereur germanique, est un personnage assez étonnant, notamment par son intérêt pour les sciences, son peu de respect du pape et de la religion, et par les bonnes relations qu’il entretient longtemps avec un successeur de Saladin, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Kamel">al-Kamel</a>, lui aussi peu religieux. L’Allemand négocie ainsi la récupération de Jérusalem sans un combat en 1229, à la fureur de l’opinion arabe. Ce n’est que pour une quinzaine d’années avant une nouvelle chute de la ville.</p>
<h3>Les Mongols</h3>
<p>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol">Empire mongol</a> commence à étendre son influence au Moyen-Orient à peu près à cette époque. Saint-Louis tente de négocier une alliance avec eux lors de son passage en Terre Sainte après son invasion ratée de l’Égypte. Cela échoue toujours, en partie parce que les Mongols ne voient pas dans les Franjs des alliés mais d’abord des vassaux ; et leur brutalité effraie bien des Franjs.</p>
<p>Le péril mongol est pire que celui des Franjs. En 1258, Bagdad est rasée, et sa population exterminée. Les villes arabes tombent ou se soumettent, jusque Gaza. Le monde musulman doit sa survie à la mort du Khan et aux querelles de succession, et à une contre-offensive des Mamelouks d’Égypte, de Palestine jusqu’aux portes de la Perse.</p>
<h3>La chute</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Baybars">Baibars</a> devient peu après le nouvel homme fort d’Égypte. Il reprend la guerre contre les anciens alliés des Mongols (comme l’Arménie) et les Franjs. Antioche est détruite en 1268. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Huitième_croisade">Saint-Louis meurt devant Tunis</a>, et l’alliance entre Franjs et Tatars (Mongols) ne peut reprendre le terrain perdu.</p>
<p>Acre aurait pu rester un comptoir reliant les deux mondes, pour le plus grand profit des marchands des deux camps, mais l’extrémisme de certains Croisés fraîchement débarqués rallume la guerre. Le sultan Qalaoun règle la question, et Acre tombe en 1291. Les Franjs ne sont pas loin (notamment à Chypre), mais ne redébarqueront jamais en Terre Sainte.</p>
<h3>Épilogue</h3>
<p>La victoire des Musulmans sur les Croisés ne semble que le début d’une longue marche victorieuse poursuivie par les Turcs ottomans, dont l’Empire s’enfonce par la suite en Europe jusque Vienne en 1529.</p>
<p>Paradoxalement, les Arabes du Moyen-Orient ne sont jamais vraiment les acteurs de cette période, pendant ou après les Croisades : Turcs, Kurdes, Mongols, Tatars, Arméniens... fournissent les élites dirigeantes. Les instables royaumes arabes ou turcs ne leur permettent pas non plus d’être maîtres de leur destin. Le problème est toujours d’actualité... Pendant que l’Occident tire parti des contacts avec les Arabes, ceux-ci se recroquevillent, et continuent encore à parler d’une histoire terminée depuis sept siècles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-6" id="rev-pnote-136-6">6</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-1" id="pnote-136-1">1</a>] <em>Comme quoi ils s’intégraient parfaitement à la région...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-2" id="pnote-136-2">2</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France">Saint-Louis</a> tente lors de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Septi%C3%A8me_croisade">Septième Croisade</a> de prendre l’Égypte ; il y laisse son armée.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-3" id="pnote-136-3">3</a>] <em>Ce nom est francisé, l’arabe serait plus proche de Nour ad-Din. Ne soyons pas trop puriste, la francisation des noms est inévitable, surtout à propos de personnages historiques, notamment quand l’alphabet n’est pas le même. On dit bien « Léonard de Vinci » pour « Leonardo da Vinci », « Saladin » pour « Salâh Ad-Dîn », et « Clovis » ou « Louis » pour quelque chose en réalité plus proche de « Chlodwig ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-4" id="pnote-136-4">4</a>] <em>Dans la plus pure tradition chevaleresque, c’est-à-dire en s’échangeant cadeaux et médecin entre rois, pendant que leurs troupes se charcutent mutuellement.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-5" id="pnote-136-5">5</a>] <em>Comme quoi rien ne change sous le soleil de Palestine.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-6" id="pnote-136-6">6</a>] <em>Et que George Bush parle volontiers de </em>croisade<em> est très mal reçu notamment à cause de ce contexte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/136Quelques livres de SFurn:md5:071e6a1531fdb86addb5d95e318347e32006-06-22T15:54:00+00:002010-10-31T18:08:52+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescataclysmedémocratieextraterrestresinformatiquelivres lusLunerobotssciencescience-fictionuchronieutopievirtuelémerveillement<p>Quelques suggestions de lectures en SF plus ou moins en vrac, souvent archi-connues (mais on ne rappellera jamais assez que les classiques sont <em>aussi</em> faits pour être lus !)</p> <h3>Auteurs classiques incontournables</h3>
<p>Il y en a flopée, voici ceux que je connais <em>et</em> préfère :</p>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Isaac_Asimov" hreflang="en">Isaac Asimov</a>, bien sûr, qui plaira dès le plus jeune âge ; j’ai découvert ado ses cycles mythiques de l’Âge d’Or de la SF (avant 1950). Pas un grand écrivain mais de bonnes idées, surtout :
<ul>
<li>le <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Foundation_Trilogy" hreflang="en">cycle de Fondation</a></em> (les trois premiers <em>Fondation</em>, <em>Fondation et Empire</em>, <em>Seconde Fondation</em>, à la rigueur la suite écrite bien plus tard : <em>Fondation foudroyée</em>, <em>Terre et fondation</em>, mais pas les « préquelles » trop commerciales et délayées) ;</li>
<li>le cycle des robots, surtout <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/I%2C_Robot" hreflang="en">I, Robot</a></em> (rien à voir avec le film).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Foundation_Trilogy" hreflang="en">Robert Heinlein</a> évidemment. Son <em>Histoire du futur</em> a pas mal vieilli et a été rattrapée par l’histoire réelle, mais a encore son charme. Mon livre préféré est <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=3857">Révolte sur la Lune</a></em> (<em>The Moon Is A Harsh Mistress</em>) : l’insurrection d’une civilisation de bagnards à peu près anarchiste sous l’égide d’un ordinateur conscient. Heinlein, ancien militaire a souvent été traité de fasciste (voir aussi <em>Starship Troopers</em>, à l’ambiance très différente du récent film qui en a été tiré) mais il en était très loin, alliance étrange du militaire et du <em>flower power</em>.<br />Autre classique, <em><a href="http://www.cafardcosmique.com/Voyage_dans_le_Temps/MarionnettesHumaines/VdlT.Heinlein.html">Marionnettes humaines</a></em> (<em>The Puppet Masters</em>) : des extraterrestres prennent le contrôle d’humains, un thème qui a plu au début de la Guerre Froide.<br />Plus poétique et à base de voyages dans le temps, <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=2804">Une porte de l’Été</a></em> (<em>The Door Into Summer</em>) m’avait bien plus il y a longtemps.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_Brunner_%28novelist%29" hreflang="en">John Brunner</a> : un Britannique, pour changer. Ses meilleurs et plus connus sont <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Brunner#The_jagged_orbit_.281969.2C_L.27orbite_d.C3.A9chiquet.C3.A9e.29">L’Orbite déchiquetée</a></em> (<em>The Jagged Orbit</em>) et <em>Tous à Zanzibar</em> (<em>Stand On Zanzibar</em>), sur la décomposition de la société occidentale. Brunner est volontiers pessimiste avec quelques touches d’espoir.<br />J’ajouterai à mes préférés <em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=10">À l’Ouest du Temps</a></em> (<em>Quicksand</em>), sur un psychiatre dont une patiente semble ne pas être de notre époque. De quel futur glauque vient-elle ?</li>
</ul>
<h3><em>Space operas</em> flamboyants anglo-saxons :</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://arcanesfantasy.free.fr/simmons.htm">Hypérion</a></em> de Dan Simmons, et sa suite : <em>la Chute d’Hypérion</em>. Grandiose !<br />Pour les inconditionnels, <em>Endymion</em> et <em>l’Éveil d’Endymion</em> existent aussi, mais je les avais trouvés <em>très</em> décevants (<a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html">trop longs, trop linéaires</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=21">La Guerre éternelle</a></em> (<em>The Forever War</em>) d’Haldeman, transposition de la guerre du Vietnam au niveau galactique (il en existe une très fidèle et très connue <a href="http://www.sceneario.com/bd_131_guerre_eternelle_(la).html">version en bande dessinée</a> chez Dupuis ; à la rigueur on peut se contenter de lire uniquement celle-là).</li>
</ul>
<h3><em>Space operas</em> français :</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://www.00h00.com/livre/index.cfm?GCOI=27454100224660">Étoiles mourantes</a></em> de Dunyach & Ayerdhal : l’humanité a évolué dans plusieurs directions différentes, et plusieurs de ses représentants se retrouvent autour d’une étoile en passe de devenir une supernova. Très bien écrit.</li>
</ul>
<ul>
<li>Autre <em>space op’</em> français déjà plus ancien, lyrique, plein de mutants, races diverses, univers incertains, pauvres malheureux ballotés dans des guerres intergalactiques, et de manichéisme radical : <em><a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm">la Plaie</a></em> de Nathalie Henneberg. C’est un de mes livres préférés. Je n’ai pas encore lu la suite, <em><a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/dentelle/henneberg.htm">le Dieu foudroyé</a></em>. (<strong>Ajout postérieur</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/30/396-la-plaie-et-le-dieu-foudroye-de-nathalie-c-henneberg">Le blog a en 2007 traité de ces deux livres</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/17/signe.html">Le Signe du Chien</a></em>, de Jean Hougron : de la bonne SF de l'Âge d'Or français, bien épique : un agent isolé d'un Empire spatial démesuré, des mondes entiers détruits, des guerres galactiques gigantesques, des extraterrestres étranges, une planète qui semble peinarde mais se révèle dangereuse, une conspiration...</li>
</ul>
<h3>La conquête de Mars</h3>
<p>C’est un de mes dadas, j’espère bien en voir le début :</p>
<ul>
<li><em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/voyage.html">Voyage</a></em> de Stephen Baxter : cette uchronie où l'arrivée sur la planète rouge a lieu en 1986 est très bien documentée, et la phase conception de la mission, ses impasses, ses choix, sont expliqués et détaillés ; les amateurs de <em>hard science</em> seront comblés.</li>
</ul>
<ul>
<li>La trilogie <em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_rouge_ksr.html">Mars la Rouge</a></em>, <em>Mars la Verte</em>, <em>Mars la Bleue</em> (<em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em>) de Kim Stanley Robinson, sur les problèmes plus sociologiques que techniques de la terraformation, étalés sur plusieurs siècles. Une référence sur le sujet.</li>
</ul>
<h3>Plus ardu</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/20/cite_1.html">La cité des permutants</a></em> de Greg Bear : mélange de Matrix et du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Automate_cellulaire">jeu de la vie ; pour amateurs de Wolfram</a>. Pas très facile à suivre mais abîmesque : si des humains ont réussi à se défaire totalement de leur enveloppe de chair pour ne plus vivre qu’au sein d’ordinateurs, pourquoi ne pourrait-on pas se détacher totalement de la matière même ?</li>
</ul>
<h3>Humoristique</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://bd-livres.krinein.com/Adams-Le-guide-galactique-2785.html">Le Guide galactique</a></em> du regretté Douglas Adams (au moins le 1er tome) : certains n’aiment pas le style loufoque <em>british</em>, mais personnellement j’adore. <br />Le <a href="http://french.imdb.com/title/tt0371724/combined" hreflang="en">film </a> est relativement fidèle mais j’ai été un peu déçu ; il mélange aussi des scènes des volumes suivants (le <em>Guide</em> n’est que le début d’une trilogie en cinq volumes, à réserver aux fanatiques).</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.nirgal.net/critiques/martiens_go_home.html">Martiens Go Home</a></em> de Fredric Brown : les Martiens sont arrivés, ils sont petits et verts, impolis, et font tourner l’humanité entière en bourrique. Jouissif, pour les enfants comme les adultes.</li>
</ul>
<h3>Espace-temps</h3>
<ul>
<li><em><a href="https://www.coindeweb.net/lectures/lectures.html#chats_quantiques">L’avènement des chats quantiques</a></em> de Frederic Pohl : un excellent exemple des univers parallèles qui se mélangent et le sac de nœuds qui s'ensuit. On suit plusieurs exemplaires des mêmes personnages nés dans des univers différents, on y croise des personnages réels dans un autre rôle (Reagan en rebelle, Staline en immigré)... Un peu désorientant au début, mais le rythme et le chaos vont grandissant.</li>
</ul>
<h3>Extraterrestres</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://branchum.club.fr/voix.htm">La Voix du Maître</a></em> (<em>Glos pana</em>) de Stanislas Lem (auteur polonais). Je relis tous les quelques années ce livre sur les difficultés à décrypter un signal extraterrestre et les bassesses de l’humanité. Très philosophique et plutôt noir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus léger (et bien meilleur et plus subtil que le film) : <em><a href="http://www.yfolire.net/sf/critiques.php?id=6485">Contact</a></em> de Carl Sagan : les ETs ont envoyé un message, c’est le plan d’une machine. Très réaliste.</li>
</ul>
<h3>Uchronies</h3>
<p>Dans la veine uchronique que l’on rattache souvent à la SF :</p>
<ul>
<li>L’essai d'Éric Henriet qui vise à les recenser toutes : <em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/51/histoire.html">L'histoire revisitée</a></em>. Une mine d’idées.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee">Le Livre de Cendres</a></em> de Mary Gentle : une curieuse perversion du Moyen Âge autour d’une Jeanne d’Arc mercenaire au prise avec des Wisigoths carthaginois (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee">j’ai déjà parlé du premier tome</a>) ; quatre tomes juste un peu verbeux.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’ai chroniqué aussi <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day">Resurrection Day</a></em> de Brendan DuBois : la quête d’un petit journaliste dans une Amérique qui se remet difficilement de la guerre atomique lancée par Kennedy dix ans plus tôt.</li>
</ul>
<h3>Autres classiques anglo-saxons</h3>
<ul>
<li><em><a href="http://yodup.club.fr/critiques_bouquins/fantastique/patrouilletemps.htm">La Patrouille du temps</a></em> de Poul Anderson est une compilation archi-classique de nouvelles sur les bouleversements historiques, les paradoxes temporels...</li>
</ul>
<h3>Autres livres d’auteur francophones</h3>
<ul>
<li>Il n’y a pas grand chose à jeter dans ce qu’a écrit Jean-Claude Dunyach, et surtout pas le recueil de nouvelles <em>Déchiffrer la trame</em> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame">dont j’ai aussi déjà parlé</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Élisabeth Vonarburg écrit très bien ; voir par exemple le cycle de <em><a href="http://www.cafardcosmique.com/auteur/vonarburg.html">Tyranaël</a></em> ; un peu long toutefois. <em><a href="http://www.missmopi.net/article3.html">Chronique du pays des mères</a></em> dépeint une civilisation où l’homme (le mâle) a presque totalement disparu. (<strong>Ajout postérieur</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/04/08/316-chronique-du-pays-des-meres-et-le-silence-de-la-cite-d-elisabeth-vonarburg">Chroniqué ici en 2007</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Parmi les Grands Anciens de chez nous des débuts du genre, j’avais apprécié <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosny_aîné">J.-H. Rosny aîné</a>, notamment le fantastique <em>La Force Mystérieuse</em> : suite à des modifications des lois de la physique, l’humanité devient peu à peu folle. Un peu vieilli mais toujours prenant.</li>
</ul>
<ul>
<li>Du bon roman d’aventure sans prétention :
<ul>
<li><a href="http://www.mnemos.com/catalogue/heliot.php">Johan Heliott</a> s’est lancé notamment dans une uchronie limite <em>steampunk</em> (<em><a href="http://yodup.club.fr/critiques_bouquins/fantastique/lune.htm">La Lune seule le sait</a></em>, <em>La Lune n’est pas pour nous</em>) où il recycle presque uniquement des personnages historiques, dans la tradition des romans feuilletons.</li>
<li>Pierre Bordage est souvent assez saignant, comme par exemple dans <em><a href="http://www.kafkaiens.org/cl/abzalon.htm">Abzalon</a></em> qui conte le long voyage vers une autre planète de forçats mêlés à des exilés d’une société totalement patriarcale (j’ai moins aimé la très sanglante suite <em><a href="http://amnesietemporaire.free.fr/dotclear/index.php/2005/03/11/25-orcheron">Orchéron</a></em>).</li>
</ul></li>
</ul>
<h3>Science-fiction européenne</h3>
<ul>
<li>On citera l’allemand Eschbach pour son fabuleux <em><a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS36/KWS3605.html">Des milliards de tapis de cheveux</a></em> : le début s’attache à une civilisation fondée sur la production de tapis de cheveux, achetés par des commerçants interplanétaires, puis on prend de la perspective. Ne lisez pas les critiques, elles dévoilent trop de l’histoire !</li>
</ul>
<ul>
<li>Valerio Evangelisti a écrit le <a href="http://www.quarante-deux.org/kws/KWS31/KWS3110.html">cycle d’Eymerich</a> (débutant par <em>Nicolas Eymerich, inquisiteur</em>), j'ai moins aimé la dimension fantastique, mais c’est un audacieux mélange entre la Sainte Inquisition et des événements parallèles dans le futur lointain.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://perso.orange.fr/pensee.sauvage/bonnpage/capek/capek.htm">La guerre des salamandres</a></em> de Karel Capek : de la SF tchèque d’avant-guerre. Une nouvelle espèce intelligente est trouvée au fond des mers, qui semble parfaite comme esclave de l’humanité. Du moins au départ.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://wagoo.free.fr/lneband.htm">La Nébuleuse d’Andromède</a></em> d’Ivan Éfrémov : de la SF soviétique ! Ah, que l’humanité communiste du futur promettait d’être belle et parfaite. Là, elle part à la conquête de l’espace dans des voyages qui durent des années, à la rencontre de pacifiques extraterrestres. À l’opposé total du <em>space opera</em>.</li>
</ul>
<p>On trouvera beaucoup d’autres avis succints sur mes lectures en parcourant la <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html">liste exhaustive de mes lectures depuis plus de dix ans</a> (en gras ce que j’ai beaucoup aimé). Figurent aussi des avis plus détaillés sur quelques-uns des livres cités ci-dessus.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/22/171-quelques-livres-de-sf#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/154« Kaputt » de Malaparteurn:md5:d08bd21cd360e4f4a0307855a98566442006-06-20T21:25:00+00:002010-10-31T11:17:10+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshistoirelivres luspessimismepolitiqueracismeRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>Un livre « gai et cruel » sur la Seconde Guerre Mondiale, écrit à chaud du point de vue italien.</p> <p><em>(Ce billet est déjà paru il y a quelques temps sur la liste <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9">Quoide9</a>.)</em></p>
<p><a href="http://ceciledequoide9.blogspot.com/">Cécile</a> m’avait conseillé ce livre il y a un bout de temps, et après son temps d’attente réglementaire sur mes étagères surchargées, j’ai découvert les péripéties autobiographiques de Malaparte, Italien envoyé au contact des Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale, rédigées par morceaux en différents pays, rassemblées presque par miracle par la suite.</p>
<p>Ce livre a un intérêt énorme : il est paru pendant la guerre (1943), donc « à chaud », sans que l’auteur connaisse « la fin », et alors que la « solution finale » d’Hitler sortait tout juste des cartons. Déjà pourtant ce ne sont que massacres, pogroms, boucheries. De plus, Malaparte, correspondant de guerre, était aux premières loges, dans le camp italo-allemand - même si on sent qu’intérieurement il bout. D’ailleurs, il a rejoint les troupes alliées dès le début de la libération de l’Italie. Enfin, il parle plus du front de l’Est que d’ailleurs, front qu’en France on connaît bien moins que le <em>D-Day</em>.</p>
<p>La moitié du récit se déroule dans les salons de Cracovie, Rome ou Stockholm, et entre gens de la « haute » : gouverneurs allemands, princes espagnol et suédois, princesse Hohenzollern, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Galeazzo_Ciano">gendre de Mussolini</a>, ambassadeur français, et ministre finlandais. On y croise <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Himmler">Himmler</a> à poil.</p>
<p>Entre vins fins et gibier, on discute des aventures scabreuses de la fille de Mussolini ; les Allemands se glorifient de leur culture, de la
manière dont ils relèvent la Pologne, et de la miséricorde avec laquelle ils traitent les Juifs ; on amoncelle les jugements définitifs et
péremptoires (cela devient très vite agaçant).</p>
<p>L’autre moitié, ce sont une ville roumaine sous les bombes et en plein pogrom ; des tranchées finlandaises lors du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Léningrad#Si.C3.A8ge_de_1941_.C3.A0_1944">siège de Léningrad</a> ; le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ghetto_de_Varsovie">ghetto de Varsovie</a> où les Juifs meurent comme des mouches, et où demander « pardon » aux gens bousculés un miracle ; un gamin russe qui répond à l’Allemand qui va l’exécuter que son œil de verre est le seul à avoir une lueur d’humanité ; la peur panique des tankistes allemands quand apparaissent des chiens russes (dressés à se glisser sous les tanks, une bombe sur le dos) ; des Juives roumaines forcées à se prostituer pour les troupes allemandes, et liquidées après un temps d’usage...</p>
<p>Un livre à vous casser le moral, « gai et cruel » dit l’auteur. Cruel parce qu’il raconte une suite d’horreurs, et gai parce que sinon on devient fou.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/20/172-kaputt-de-malaparte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/155« La Ferme des animaux » de George Orwellurn:md5:d2cf30188a775da83241e51dabd68f582006-06-01T16:21:00+00:002010-10-29T18:11:08+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcynismedémocratieGuerre Froidelivres lusperspectivepessimismepolitiquetotalitarisme<p>Un petit livre pessimiste facile d’accès, à lire et relire.</p> <p><em>(Une première version de ceci est déjà parue en 2001 sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9">Quoide9</a>)</em>.</p>
<p><em>La Ferme des animaux</em> est un classique d’entre les classiques, mais je ne l’avais jamais lu. Dans ce tout petit livre, qui se dévore en deux ou trois heures, le style simple me rappelle un peu les livres pour enfants. Un enfant de dix ans pourrait le lire sans problème je pense, même s’il serait loin de saisir toutes les allusions.</p>
<h4>Le thème</h4>
<p>Les animaux se sont révoltés dans une ferme, et ont pris le pouvoir à l’homme, ce parasite. Aussitôt ils se remettent au travail dans la joie et l’allégresse, mais pour eux-mêmes. Ils honorent la mémoire du vieux sage qui les a poussé à l’insurrection. Ils créent leur hymne. Tout ce qui rappelle l’homme est banni. Les cochons, apparemment les plus fûtés du lot (ils savent lire), coordonnent... puis contrôlent.</p>
<p>Contrôle qui va devenir de plus en plus pesant. Guerre avec l’extérieur, construction d'un moulin, problèmes d’approvisonnement... Puis guerre des chefs, reniement (sans jamais l’admettre) de tous les idéaux de la révolution, exploitation, dictature totale jusqu’à la déprimante scène finale.</p>
<h4>Lien historique</h4>
<p>Le parallèle avec le <strong>stalinisme</strong> de 1945 est évident : <strong>perversion d’une révolution</strong> par les plus cyniques et calculateurs de ceux qui ont pris le pouvoir, <strong>élimination physique des opposants</strong>, jeu des <strong>uns contre les autres</strong>, <strong>diabolisation</strong> de l’ennemi, invention au besoin de cet ennemi, <strong>réécriture permanente de l’histoire</strong>, ravalement de <strong>l’être « humain » au rang d’objet</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-1" id="rev-pnote-134-1">1</a>]</sup> pendant qu’on exalte le sacrifice de soi pour la communauté - sans aucun retour, récupération puis perversion et retournement complets des idéaux de la révolution, utilisation de la masse des moutons stupides et <em>sans mémoire</em> (capital, cette <strong>perte de la mémoire</strong>) pour noyer toute contestation.</p>
<p>On retrouve tout <em>1984</em> en plus développé et concret, mais ramassé de façon magistrale, à la manière d’une fable intemporelle.</p>
<h4>Pessimisme et pertinence historique</h4>
<p>Seul bémol, le <strong>pessimisme noir</strong> que le livre dégage. Cinquante ans plus tard, on sait que le stalinisme n'a pas survécu à son créateur, et que le système qui lui avait donné naissance n’a pas survécu non plus, même s’il a fallu des années de combat. Encore fallait-il le deviner en 1945.<br />Au moins rétrospectivement peut-on en tirer la leçon que le pire n’est jamais inéluctable <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-2" id="rev-pnote-134-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>D’autre part, je me demande si un tel raccourci serait faisable dans notre société actuelle, un demi-siècle après la mort de Staline. Corruption, collusion d’intérêt, manipulations en chaînes, délires boursiers collectifs, pensée unique imposée par un clan... et autres maux de notre civilisation sont bien plus compliqués que le « pense comme ça ou crève » du stalinisme imposé par un chef et ses sbires, et l’exploitation, si elle est là, moins douloureuse pour la majorité de la population.<br />À moins de ramener l’analogie au niveau de la planète - avec tous les pays riches dans le rôle des cochons donneurs de leçons et exploiteurs cyniques ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-1" id="pnote-134-1">1</a>] <em>Pour John Brunner et d’autres, c’est la définition du </em>Mal Absolu<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-2" id="pnote-134-2">2</a>] <em>Leçon qu’enseigne aussi un excellent livre de John Brunner, </em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=12">Le troupeau aveugle</a><em> qui décrit une société de l’époque actuelle, totalement rongée par la pollution et la guerre, par un simple prolongement à aujourd’hui des pires tendances des années 60.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/134« Le Nom de la Rose » d’Umberto Ecourn:md5:a1e02076d525464c8064ed80f6eb59c52006-05-18T00:00:00+00:002021-08-16T08:40:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieschristianismeEuropehistoireintelligencelivres lusMoyen ÂgepolitiqueRealpolitikreligion<p>Cet excellent livre très connu est aussi une bonne leçon d’histoire et de civilisation.</p> <p><em>(Ceci est déjà paru sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9/">Quoide9</a> en mars 2002.)</em></p>
<p><strong><em>Le Nom de La Rose</em>, Umberto Eco, 1980</strong></p>
<p>Vous avez peut-être vu le film. Si oui, vous l’avez sans doute aimé. Comme d’habitude, le livre est encore meilleur, plein de détails, de pans entiers que le film a dû sabrer. Je me souviens du film comme d’une enquête policière médiévale essentiellement, mais le livre n’en traite que superficiellement. Ce n’est qu’un prétexte.</p>
<p>L’adaptation hollywoodienne est finalement réussie, dans le sens où l’histoire se tient et que les parties supprimées n’en sapent pas la cohérence.</p>
<p>Le vrai intérêt du livre est ailleurs : dans <strong>l’évocation de la civilisation médiévale à son apogée</strong>, dans la mentalité et les raisonnements des gens de cette époque. Les motivations du coupable du crime nous sont totalement étrangères ; le rôle du monastère au sein de la « société » des alentours n’a rien en commun avec notre époque.</p>
<p>On retrouve aussi les premiers balbutiements du raisonnement logique et scientifique actuel (point commun entre le héros inquisiteur et nous), l’importance de l’héritage gréco-romain comme source principale de savoir, l’omniprésence de la religion, et surtout tout ce qui tourne autour des hérésies, des guerres théologiques qui déchiraient l’Église à cette époque.</p>
<p>Querelles qui nous semblent, à nous, totalement vaines, mais qui en fait, masquaient surtout deux choses :</p>
<ul>
<li>la <strong>révolte des faibles</strong>, attirés parfois par des courants qui voulaient changer le monde (notre époque n’a pas inventé les sectes) ;</li>
<li>et les <strong>oppositions fréquentes entre l’Empereur et le Pape</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, chacun ayant ses partisans. La <a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/t%C3%A9trapilectomie">tétrapilectomie</a> juridique et l’exhumation de textes oubliés pour justifier les intérêts de tel ou tel grand ne datent pas d’hier<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Bref, un classique, chaudement conseillé.</p>
<p>Umberto Eco a écrit d’autres livres passionnants. Le meilleur est sans doute <em>Le Pendule de Foucault</em> (assez ésotérique et touffu) ; se lisent également bien <em>Baudolino</em> (plus épique et historique) et ses recueils de chroniques (<em>Comment voyager avec un saumon</em>).</p>
<p>NB : Certains passages nécessitent que vous révisiez votre latin ;-) mais ils ne gênent en rien la compréhension de l’intrigue.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2021 suite aux commentaires</strong> : pour les parties en latin, <a href="http://nomina-nuda-tenemus.fr/" hreflang="fr">nomina-nuda-tenemus.fr</a> semble toujours hors ligne, mais <a href="https://www.lenomdelarose.fr/" hreflang="fr">lenomdelarose.fr</a> vient d'ouvrir.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le premier voulant interdire toute influence dans le domaine temporel au second. On retrouve le thème dans l’affrontement des familles dans </em>Roméo et Juliette<em> par exemple.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Une des heureuses conséquences en fut la mise en place de l’État de droit, une des meilleures inventions occidentales.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/133« Déchiffrer la trame » de Jean-Claude Dunyachurn:md5:706d0b4ab87d751c697d2c74854d91392006-05-17T10:02:00+00:002010-10-29T06:01:08+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieslivres luslyrismescience-fictionémerveillement<p>Neuf petites nouvelles d’un fabuleux auteur.</p> <p><em>(Une première version de cette fiche de lecture est d’abord parue il y a quelques temps sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9/">Quoide9</a> et sur <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/dechiffrer_la_trame.html">la partie statique du site</a>.)</em></p>
<p>Dunyach est un des plus meilleurs auteurs de SF français, d’autant plus impressionnant qu’il écrit durant ses loisirs (à côté de son boulot dans l’aéronautique). Il participe à une excellente revue de SF française, <em><a href="http://www.galaxies-sf.com/">Galaxies</a></em>. Rien à voir avec <em>Star Wars</em>, <em>Star Trek</em>, <em>Independance Day</em> et autres navets sans imagination de la <em>sci-fi</em> hollywoodienne. Son style est extrêmement travaillé, très agréable. On est loin d’Asimov (idées foisonnantes et style basique sans poésie).</p>
<p>On a ici un recueil de neuf petites nouvelles très différentes, dont certaines sont des joyaux.</p>
<ul>
<li>La nouvelle-titre <em>Déchiffrer la trame</em> (ou comment voir les ETs dans des tapis du Kurdistan ancien) a été primée par le magazine anglais <em>Interzone</em> comme la meilleure nouvelle SF de l'année 1999. Très nostalgique.</li>
</ul>
<ul>
<li><em>Le Système B.O.R.G.E.S.</em> est une parodie hilarante de Jorge-Luis Borges, dont le style est si particulier.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame#pnote-132-1" id="rev-pnote-132-1">1</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li><em>Nourriture pour dragons</em> est une nouvelle de <em>fantasy</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame#pnote-132-2" id="rev-pnote-132-2">2</a>]</sup>, à base de nains, trolls et dragons, légère et humoristique.</li>
</ul>
<ul>
<li><em>Regarde-moi quand je dors</em> lorgne aussi du côté de la fantasy, en beaucoup plus noir : un enfant dans sa montagne a avalé une fée, il faut lui extraire.</li>
</ul>
<ul>
<li><em>La Stratégie du requin</em> est du plus pur <em>cyberpunk</em> (tout se passe dans le cyberespace) ; très longue métaphore entre univers des données et océan. Un « requin » qui y vit est « invité » par le gouvernement à aller conquérir un satellite chinois qui a capté un signal extraterrestre. Sinon on détruit ce qui reste de son corps matériel...</li>
</ul>
<p>Le reste est beaucoup plus mineur mais se laisse lire.</p>
<p>À acheter pour découvrir certains des meilleurs textes de la science-fiction francophone récente. <a href="http://www.editions-l-atalante.com/pages/collections/dentelle.htm#d">Éditions l’Atalante</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame#rev-pnote-132-1" id="pnote-132-1">1</a>] <em>Si vous n’avez pas lu </em>Fictions<em> de ce prix Nobel argentin, <strong>FAITES-LE VITE</strong> ; ce sont des nouvelles, ça se lit très vite, et c’est vertigineux.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame#rev-pnote-132-2" id="pnote-132-2">2</a>] <em>Je déteste ce mot.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/17/149-dechiffrer-la-trame#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/132« Fritz Kolbe - Un espion au cœur du IIIè Reich » de Lucas Delattreurn:md5:1c9481daca044862057d25e6da6e376d2006-04-14T14:18:00+00:002021-04-01T17:07:00+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesespionnagehistoirelivres lusRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>Un livre très intéressant sur l’Allemand peu connu qui renseigna les Américains pendant les années depuis le cœur de la diplomatie allemande.</p> <p>Le nom de Fritz Kolbe (1900 - 1971) est à peu près inconnu du grand public, et pourtant cet Allemand a joué un rôle capital pendant la Seconde Guerre Mondiale, en tant qu’une des principales sources de renseignements américains, depuis le cœur du Ministère des Affaires Étrangères nazi.</p>
<p>Son rôle a longtemps été masqué, et ce n’est qu’assez récemment que son identité et son histoire sont largement connues - notamment grâce à ce livre. L’auteur a réussi à rassembler de nombreux documents, par exemple auprès du fils de Fritz, et a reconstitué l’aventure souterraine de ce traître par patriotisme, bien mal récompensé après guerre.</p>
<h3>Le livre</h3>
<p>Ce n’est pas de la grande littérature, mais les presque quatre cents pages se lisent bien, et reconstituent avec succès l’ambiance délétère de l’administration du IIIè Reich conquérant, puis vacillant, enfin agonisant, ainsi que les contraintes et dangers de cette époque et le cheminement mental de Fritz. Bien rendues également sont les contraintes techniques et matérielles de l’espionnage de l’époque - on est très loin de James Bond.</p>
<p>Il a été traduit notamment en anglais et en allemand. Sur la forme, je regrette que les notes (très nombreuses) soient rassemblées en fin de livre, ce qui oblige à un incessant va-et-vient entre la page en cours et une autre en fin de volume. Leur contenu est souvent très intéressant, et aurait mérité d’être intégré directement au corps du texte.</p>
<h3>Opposant</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Fritz_Kolbe-via_Wikipedia-domainepublic.jpg" title="Fritz Kolbe"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Fritz_Kolbe-via_Wikipedia-domainepublic.jpg" alt="Fritz Kolbe" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a> <strong>Fonctionnaire travailleur</strong> ayant déjà beaucoup voyagé, Fritz est un <strong>anti-nazi</strong> et un anti-communiste convaincu. Après 1933 et l’avènement d’Hitler, il résiste aux pressions pour entrer au Parti, ce qui donnerait pourtant un coup de pouce à sa carrière ; mais il apprend à taire sa haine des nazis. Jouer au benêt inoffensif devient sa principale tactique. Protégé par des personnes influentes qui apprécient ce travailleur infatigable, il devient malgré tout un rouage de l’<em>Auswärtiges Amt</em>, le centre de la diplomatie nazie, à Berlin. Il va même plusieurs fois au cœur du quartier général hitlérien.</p>
<p>Plus la guerre s’avance, plus il découvre les aspects les plus barbares du Troisième Reich : mépris des lois de la guerre, élimination physique des opposants, déportations... Comme tout Berlinois, il souffre des bombardements de plus en plus fréquents et violents. Même au poste subalterne qui est le sien, il est aux premières loges pour s’apercevoir que, dès 1942, le vent commence à tourner<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Trahison</h3>
<p>Le simple rédacteur de tracts défaitistes, qu’il est alors, prend alors la décision de contacter les Alliés pour trahir son pays : pour lui, <strong>une défaite rapide face aux Anglo-saxons</strong> vaut mieux qu’une victoire nazie, une longue guerre, la conquête de l’Allemagne par Staline ou une insurrection communiste.</p>
<p>Son moyen favori est le <strong>courrier diplomatique</strong> avec Berne. La <strong>Suisse</strong> est alors neutre, encerclée par l’Axe, obsédée par la crainte d’une invasion allemande, et une plaque tournante de l’espionnage. Le courrier entre Berlin et la légation allemande de Berne ne peut être confié à n’importe qui, et Fritz Kolbe sera souvent ce messager. On est en 1943, et la Wehrmacht perd alors progressivement pied en Russie.</p>
<p>En face, dans l’ambassade américaine en Suisse, se trouve <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Allen_Welsh_Dulles">Allen Dulles</a></strong> de l’OSS, futur directeur de la CIA. Très vite, il sait flairer le <strong>potentiel énorme</strong> de ce petit fonctionnaire exalté qui lui amène spontanément, par centaines, des copies de télégrammes diplomatiques allemands, et des indications sur des sites industriels stratégiques, et ce qui a été plus ou moins mal bombardé. Fritz refuse de travailler pour l’argent, c’est un idéaliste œuvrant pour l’après-guerre.</p>
<h3>La résistance allemande anti-nazie</h3>
<p>Capitales également se révèlent les indications de Fritz sur le <strong>moral</strong> vacillant des Allemands dans la capitale, sous les bombardements. Il parle également aux Américains de ce qu’il sait des mouvements de résistance internes (par exemple au sein de la Wehrmacht, notamment l’équipe qui tentera un coup d’État le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Complot_du_20_juillet_1944_contre_Hitler">20 juillet 1944</a>). Fritz n’est pas directement impliqué dans ces groupes, mais les connait. Il profite également de la complicité plus ou moins consciente de plusieurs personnes pour ses transmissions de copies de documents. L’espion amateur prend parfois des risques insensés.</p>
<p>Fritz voudrait passer à une action concrète, par exemple en fournissant une équipe de guides à un parachutage américain sur la ville. Les Américains découragent systématiquement toute action de sa part : « George Wood » ne doit pas risquer sa vie, il est leur meilleur - et seul - contact à Berlin.</p>
<p>Une autre raison du refus des Américains de l’encourager à agir physiquement provient de leur détermination à obtenir une <strong>reddition sans condition</strong> de l’Allemagne auprès de l’ensemble des forces alliées, de l’est et de l’ouest (sans doute pour éviter une nouvelle légende du « coup de poignard dans le dos » comme après 1918). Des putschistes, même prêts à un armistice pour « sauver les meubles » ne pourraient accepter cela. (Cette tactique est fortement critiquée par Allen Dulles, entre autres, qui considèrent que cela peut prolonger la guerre).</p>
<h3>Exploitation</h3>
<p>Il est frustrant que les informations de Kolbe soient longtemps <strong>sous-exploitées par les Alliés</strong>. <br />D’une part, les communications entre Kolbe et Dulles, puis entre une ambassade américaine isolée au sein de la mer brune et l’extérieur sont forcément difficiles, surtout à l’époque de la cryptographie balbutiante. Les « tuyaux » de Fritz sont donc souvent périmés.<br />D’autre part, les Alliés se méfient comme de la peste d’un <strong>piège possible</strong>, d’informations destinées à les allécher pour les intoxiquer plus tard<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Méfiance entre services et querelles de plate-bandes font le reste. <br />Ce n’est donc qu’assez tard que les informations de Kolbe remontent au plus haut niveau, même si elles servent très vite à recouper d’autres informations.</p>
<p>Kolbe fournit des informations sur de nombreux autres sujets, par exemple sur la <strong>cryptographie</strong> allemande, sur ce que savent les Allemands sur celle des Alliés, sur ce que pensent les nazis de l’emplacement supposé du futur Débarquement, sur les <strong>livraisons</strong> espagnoles clandestines de tungstène, sur les espions allemands dans les pays neutres (Irlande, Suède…) dans les ambassades alliées (source <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Elyesa_Bazna">Cicéron</a> à Ankara notamment), voire à Londres. Il révèle nombre de choses sur les <strong>relations entre l’Axe et les pays neutres</strong> courtisés par les deux camps (Suisse, Turquie…), ou sur ce qui se passe dans les <strong>pays satellites</strong> ou occupés.</p>
<p>Une des leçons principales de ces lectures est que, petit à petit, les <strong>régimes amis se détachent de l’Allemagne</strong>. Certains, comme la France vichyste, la Hongrie ou l’Italie, doivent être repris en main et occupés par les Allemands ; d’autres comme la Bulgarie finissent par tourner casaque ; les dictateurs au Portugal ou en Espagne se posent des questions sur leur avenir après la victoire alliée.</p>
<p>Washington et Dulles lui demandent par la suite de se concentrer en priorité sur ce qu’il peut savoir de l’<strong>Extrême-Orient</strong>, fournissant une aide précieuse aux généraux américains dans la Guerre du Pacifique, sur les plans militaire comme diplomatique - là aussi l’Axe se délite.</p>
<h3>Difficile après-guerre</h3>
<p>En 1945, Fritz parvient à se réfugier à Berne sous la protection d’Allen Dulles. Après la capitulation du Reich il continue à travailler pour les Américains comme « source de référence » et comme informateur au début de la dénazification.</p>
<p>L’après-guerre est une période moins dangereuse, mais pas très heureuse pour Fritz. Une tentative d’émigration aux États-Unis échoue, l’Allemand n’apprécie pas la vie américaine. La <strong>reconnaissance des Alliés est assez réduite</strong> : la politique est explicitement de ne pas récompenser les Allemands ayant coopéré avec l’Ouest ou l’Est, car trop d’entre eux l’ont fait sur le tard et par intérêt. Le nombre de « résistants » est effectivement monstrueux.</p>
<p>D’autre part sa réinsertion dans les rangs de la diplomatie allemande de la République fédérale fondée en 1949 est un échec, malgré de nombreux soutiens : trop de ses anciens collègues, même anti-nazis, lui reprochent sa trahison, qui a coûté leur vie à nombre d’Allemands. La dénazification marque aussi le pas avec la mise en place de la Guerre Froide, et les Affaires Étrangères de l’Allemagne de l’Ouest se repeuplent avec les anciens de la période hitlérienne.</p>
<p>Après un passage comme collaborateur du magazine <em>Deutsche Rundschau</em>, qui lui procure un grand soutien moral en justifiant son action de résistant <em>a posteriori</em>, Fritz termine sa carrière comme représentant européen d’un fabricant américain de tronçonneuses, et vit quelques temps en Suisse. Les articles sur son aventure commencent à paraître, mais il ne cherche évidemment pas à leur donner quelque publicité. L’Allemagne de l’Ouest préfère longtemps honorer ses résistants anti-hitlériens morts en héros comme les putschistes du 20 juillet.</p>
<h3>Références et Bibliographie :</h3>
<ul>
<li><em>Fritz Kolbe - Un espion au cœur du IIIè Reich</em> de Lucas Delattre, <br />Denoël 2003, 340 pages, ISBN : 2-207-25324-4. <br />Aussi disponible chez France Loisirs au moment où j’écris ceci.</li>
<li>Article du Wikipédia allemand sur Fritz Kolbe :<br /><a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Fritz_Kolbe" hreflang="de">http://de.wikipedia.org/wiki/Fritz_Kolbe</a></li>
<li>Article du Wikipédia français (créé par votre serviteur à partir du présent résumé) :<br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fritz_Kolbe">http://fr.wikipedia.org/wiki/Fritz_Kolbe</a></li>
<li>Hommage du Ministre fédéral des Affaires Étrangères Joschka Fischer (site du Ministère) :<br /><a href="http://www.auswaertiges-amt.de/www/fr/infoservice/presse/presse_archiv?archiv_id=6270">http://www.auswaertiges-amt.de/www/fr/infoservice/presse/presse_archiv?archiv_id=6270</a> (en français)</li>
<li>Critique du livre sur parutions.com :<br /><a href="http://www.parutions.com/pages/1-4-7-3774.html">http://www.parutions.com/pages/1-4-7-3774.html</a></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons qu’en décembre 1941, avec l’échec devant Moscou et l’entrée en guerre des États-Unis, la situation du Reich devient plus précaire ; il faudra attendre la fin 1942 avec les batailles d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_bataille_d'El_Alamein">El Alamein</a> puis <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Stalingrad">Stalingrad</a> pour que les Allemands commencent à reculer sur le terrain.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Les Alliés sont eux-même passés maîtres dans l’intoxication des Allemands, notamment lors du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Husky">débarquement de Sicile</a> ou plus tard en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Fortitude">Normandie</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/119« La Guerrière oubliée » (« Le Livre de Cendres », tome 1) de Mary Gentleurn:md5:f8f5fa0172fb71b87de1cabfb35c50552006-03-24T08:50:00+00:002010-10-28T17:58:22+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieslivres lusMoyen Âgeuchronieémerveillement<p>Une émule mercenaire de Jeanne d’Arc dans une aventure assez inclassable.</p> <p>Voilà un livre (épais) que je ne sais pas encore dans quelle catégorie classer<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee#pnote-114-1" id="rev-pnote-114-1">1</a>]</sup> : uchronie ? histoire secrète ? <em>fantasy</em> pure ? Cela fait partie de son charme.</p>
<p>L’ancrage dans notre réalité semble pourtant bien assuré dès le départ : Cendres est une jeune fille, chef d’une compagnie de <strong>mercenaires</strong>, à l’extrême fin du Moyen-Âge, dans les années <strong>1470</strong>. Cinquante ans après Jeanne d’Arc, Cendres aussi entend des <strong>voix</strong> qui la conseillent dans ses manœuvres militaires (le parallèle entre les deux héroïnes est explicite).</p>
<p>Dès les premières pages, le livre est présenté comme une compilation de <strong>documents médiévaux sur la vie de Cendres</strong>, traduite par un érudit de notre époque. Ses échanges d’e-mails avec son <strong>éditrice</strong> s’intercalent régulièrement entre les différents chapitres des péripéties de Cendres, et décrivent leur désarroi respectif grandissant face au déroulement du récit.</p>
<p>Car si Cendres commence par côtoyer des personnages historiques comme le dernier grand duc de Bourgogne <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_le_Téméraire">Charles le Téméraire</a>, ou l’empereur <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Friedrich_III._%28HRR%29" hreflang="de">Frédéric de Habsbourg</a>, la suite est plus étonnante : au détour d’une page, on croise un ambassadeur wisigoth.</p>
<p>Je répète : un ambassadeur <strong>wisigoth</strong>. <br />Au <strong>XVè</strong> siècle.<br />De plus il vient de <strong>Carthage</strong>.</p>
<p>(Pour ceux qui n’ont pas encore tilté, je rappelle que les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Wisigoths">Wisigoths</a> ont participé aux côtés des Francs, Ostrogoths, Burgondes, Alains, et autres Vandales, au dépeçage de l’Empire Romain dans les années 400.<br />Leur grand royaume en Espagne a tenu assez longtemps, jusqu’à la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Wisigoths#Chute_soudaine_du_Royaume">conquête musulmane au début du VIIIè siècle</a>.<br />Quant à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Carthage">Carthage</a>, cette ancienne capitale (située non loin de Tunis) d’un empire rival de Rome, a été annexée après les invasions barbares non par les Wisigoths mais par les Vandales (qui avaient laissé leur place en Espagne aux Wisigoths). Puis l’Empire romain d’Orient <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales">annexe la région en 533</a>, et les Arabes prennent à leur tour la ville un bon siècle plus tard.<br />Bref, à l’époque de Cendres, deux tiers de millénaire plus tard, on ne devrait plus entendre parler ni de Wisigoths, ni de Carthaginois.)</p>
<p>L’érudit et son éditrice s’étonnent de cela, mais après tout, les manuscrits médiévaux mélangent facilement réalité et légende, et font peu de cas de la précision chronologique ; et d’ailleurs pourquoi ne serait-il pas resté une cité germanique en Afrique du Nord qui aurait disparu entre-temps ? L’éditrice et le lecteur avalent péniblement la théorie. Soit.</p>
<p>Puis apparaît le <strong>golem</strong>.</p>
<p>Pas celui de la <em>Kabbale</em>, un véritable robot.</p>
<p>Et tout ceci précède une <strong>invasion wisigothe</strong> généralisée de l’Europe par le sud (avec beaucoup de golems).</p>
<p>L’éditrice comme le lecteur s’étonnent ! Ce livre de Cendres, au départ description réaliste des années 1470, se déconnecte totalement de la réalité. <br />Ce n’est qu’un tome 1 donc impossible de savoir comment la contradiction va être résolue. Histoire secrète ? Uchronie ? Changement de ligne temporelle des personnages, leur passé étant modifié et le monde de Cendres devenant légendaire ? Je n’en sais fichtre rien, et je ne veux pas le savoir avant de commencer le tome 2. En filigrane apparaissent quelques questions sur le fonctionnement de la recherche historique et ses lacunes.</p>
<p>Une piste sérieuse sur les thèmes cachés du livre est l’importance donnée à la <strong>Bourgogne</strong>. À la fin du Moyen-Âge, pendant la Guerre de Cent Ans, celle-ci était devenu un État quasi-indépendant, extrêmement riche, s’étendant de la Franche-Comté aux Pays-Bas. Et c’est justement à l’époque de Cendres que le roi de France Louis XI réussira à la détruire. <br />Cette importance de la Bourgogne de Cendres, constitue un des fils du livre, de concert avec l’empilement de mystères sur les origines de Cendres et de ses « voix ».</p>
<p>Une fois acceptés les coups de <del>canif</del> sabre à la trame historique, l’histoire se tient. Cendres vient des bas-fonds et a toujours vécu chez les mercenaires, et la vie de l’époque n’était pas rose du tout, surtout pour une gamine seule. La description est sans complaisance, et d’ailleurs de manière générale réaliste (les personnages font <em>vraiment</em> dans leur froc quand le danger arrive, les dents brisés doivent être limées, on en apprend sur le vocabulaire des armures médiévales, et la relative moralité de l’époque est bien rendue). <br />Cendres n’est pas un personnage très moral aux yeux d’un occidental du XXIè siècle, sa principale motivation est l’argent que rapportent les contrats de sa compagnie de mercenaires - pour survivre, et peu importe le commanditaire. <br />Les personnages secondaires ont tous leurs traits distinctifs et sont un minimum fouillés. La fin du premier tome ne révèle pas grand-chose des motivations de tout ce monde-là.</p>
<p>Au final, un bon tome d’exposition d’une histoire qui change des « tolkienneries » si communes. Le seul reproche que je ferais tient à la taille des pavés que la tétralogie représente, relativement digeste toutefois. Je vais acquérir le second tome...</p>
<p>(<strong>Mise à jour de septembre 2006</strong>) Les trois autres tomes sont du même tonneau. Au final, la tétralogie est un peu longue (un tome en trop en gros) mais si le premier tome a plu, la suite plaira. On comprendra enfin d’où sortent ces Wisigoths anachroniques, et quelle version de l’Histoire est la bonne.</p>
<p>Il existe deux autres critiques (une pour, une contre) sur le Cafard cosmique, qui révèlent plus (trop ?) sur l’intrigue que je ne fais :
<a href="http://www.cafardcosmique.com/Critik/critik/g/Gentle.Mary/Gentle.Cendres1.html">http://www.cafardcosmique.com/Critik/critik/g/Gentle.Mary/Gentle.Cendres1.html</a>.</p>
<p>La copie du présent blog sur la liste Tif a donné lieu à <a href="http://groups.yahoo.com/group/tif/message/7806">une discussion qu’on pourra lire à partir d’ici</a>. Y participe notamment Patrick Marcel, le traducteur du livre !</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee#rev-pnote-114-1" id="pnote-114-1">1</a>] <em>Certains diront que classer des livres dans des petites cases est une aberration. Ce n’est pas le débat.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/24/125-la-guerriere-oubliee#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/114« L’Encyclopédie du Dérisoire » de Bruno Léandriurn:md5:1b9ec51195fa31399e3155980ac5930b2006-03-18T14:38:00+00:002014-02-26T10:37:44+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescartesdysfonctionnementgaspillagegigantismeguerregéographiegéopolitiquehistoireHistoire de Francehumourimpérialismeintelligencelivres lusLéandriMurphySeconde Guerre Mondialethéorieéconomieémerveillement<p>La plus éclectique et humoristique des encyclopédies de petits faits plus ou moins connus. Un délice.</p> <p><del>Quatre</del> (<strong>Mise à jour du 27 mai 2007</strong>) <em>CINQ !</em> tomes de pur plaisir, compilation des petits articles que le prolifique <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Léandri">Bruno Léandri</a> a publié dans <em>Fluide Glacial</em>. Léandri fait partie de la moitié que j’adore de ce magazine (je ne supporte pas l’autre moitié). Il est un de mes maîtres à penser et comme moi s’intéresse aux choses les plus absconses ou futiles, ou peut rester des heures à contempler une carte d’un pays qui n’existe pas ou tellement loin et isolé que c’est tout comme.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/lectures/images/encyclopedie_derisoire.jpg" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> Le présent Blog Éclectique ne pouvait pas ne pas évoquer ce monument à la gloire de l’éclectisme et de la recherche du Savoir, dans les domaines les plus triviaux, parfois sérieux, et rédigé avec beaucoup d’humour. Je le relis en gros tous les deux ans.</p>
<p>Chaque article traite d’un sujet capital sous forme de mini-enquête (en général sérieuse) ou de compilation d’anecdotes sur un même sujet. En vrac et de manière arbitraire, citons :</p>
<ul>
<li>les <strong>rois</strong> fous (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VI_de_France">Charles VI</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_IV">Ivan le Terrible</a> et quelques autres moins connus comme le doux Christian VII de Danemark) ;</li>
<li>les rois de pacotille (roi de Patagonie, de Corse, empereur du Sahara ou des États—Unis…), plus ou moins givrés ;</li>
<li>la <strong>sociologie</strong> aux toilettes, ou celle dans les manifs, ou des mendiants du métro ;</li>
<li>l’<strong>évolution</strong> de la poussette à travers les décennies, ou du guichet à travers les mois ;</li>
<li>les micro-<strong>arnaques</strong>, les techniques des camelots, les farces et attrapes ;</li>
<li>les vraies escroqueries si bien faites qu’on en reste admiratif (arnaque à la paire…) ;</li>
<li>les contes et légendes du <strong>code pénal</strong> ;</li>
<li>les <strong>modes</strong>, aussi bien dans les cours de récré (hula hoop, fausses totoches, scoubidous, yoyo…) que dans le langage ;</li>
<li>les réflexes acquis stupides (compter en francs, les réflexes qui reviennent des années après…), les micro-pathologies énervantes, les micro-paranoias ;</li>
<li>les rumeurs et <strong>mythes modernes</strong> genre chaînes de la fortune et bac obtenu à la septième tentative (on dirait aujourd’hui «légendes urbaines») ;</li>
<li>les bases, échecs et dérives de la <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Poliorc%C3%A9tique">poliorcétique</a></strong> ;</li>
<li>l’histoire chaotique du <strong>char</strong> d’assaut, ou du cuirassé ;</li>
<li>les <strong>guerres</strong> idiotes ;</li>
<li>Sigmaringen, en Allemagne, où se réfugia le gouvernement de Vichy sous la protection nazie à la fin de la guerre, dans une ambiance <em>très</em> glauque ;</li>
<li>les passages bizarres (interdits au moins de 18 ans) dans l’œuvre de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Léautaud">Léautaud</a>, et le lien avec certains personnages de Sigmaringen ;</li>
<li>les <strong>passages censurés</strong> pour outrage aux bonnes mœurs de documents essentiels de l’Affaire Dreyfus ;</li>
<li>les <strong>lois tacites</strong>, non écrites mais à respecter impérativement en société, et leur (absence de) justification éventuelle, et les traditions stupides ;</li>
<li>les lois bafouées sans que personne ne dise rien, et autres <strong>choses pas logiques</strong> ;</li>
<li>les délires du droit d’auteur (et ce n’est que le début) ;</li>
<li>les paniques ;</li>
<li>les méthodes pour dormir ;</li>
<li>les gaffes à ne pas faire, et les gaffes historiques ;</li>
<li>les <strong>mots historiques</strong> (dont certains si beaux qu’on ne cherchera pas à vérifier) ;</li>
<li>les noms propres, les mots piège ;</li>
<li>le fonctionnement du <strong>service des colis perdus de la Poste</strong>, avec quelques anecdotes croustillantes (et une désillusion sur le relatif manque d’opiniâtreté des agents de ce service à résoudre un casse-tête pour faire arriver le courrier) ;</li>
<li>les <strong>objets piégés</strong> du quotidien (emballages indestructibles, casseroles avec effet théière garanti, ouvre-boîtes piégés…) ;</li>
<li>le bestiaire des <strong>drapeaux</strong> nationaux et ses excentriques ;</li>
<li>les <strong>aberrations frontalières</strong> : les enclaves espagnoles en France, les enclaves de départements français dans un autre, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_des_Faisans">île franco-espagnole de la Conférence</a>, l’hôtel construit sur la frontière franco-suisse, le village franco-allemand de <a href="http://pierre.bertrand.free.fr/outre-foret/scheibenhard.htm">Scheibenhard</a>… ;</li>
<li>les pays invraisemblables (souvent des îles sans assez de population pour même ouvrir une ambassade dans chaque pays du monde) ;</li>
<li>les tristes histoires des conquérants des deux pôles ou de montagnes morts en chemin ou au retour ;</li>
<li>l’application de la <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">Loi de Murphy</a> aux tentatives françaises de découverte de l’épave du Titanic ;</li>
<li>les <strong>endroits exceptionnels</strong> : le bled le plus chaud (34°C de moyenne à Dallol en Éthiopie), le plus froid (-36°C de moyenne à Oïmiaken en Sibérie), les endroits des records (147°C d’écarts entre les deux records, entre Antarctique et Lybie), le plus pluvieux, le plus sec, le plus au sud, le plus au nord (et ce n’est pas le Cap nord), les lieux cultes (plusieurs au Père Lachaise), les lieux paumés et les confettis de l’empire colonial français, les lieux oubliés… ;</li>
<li>les <strong>cas exceptionnels</strong> dans divers domaines (ornithorynque, Alsace, nombres, mots…) ;</li>
<li>les mystères qui n’en sont plus (notamment le Triangle des Bermudes) ;</li>
<li>les erreurs dans les films (cheveux longs sur des SS, canon napoléonien sans recul) ;</li>
<li>la <strong>face cachée</strong> des scientifiques et autres personnages connus (Newton était infect, Chasles un naïf, Tycho Brahé un tyran mégalo, Gutenberg un fou de procès, Walt Disney un facho fini ; Picasso manqua d’envoyer Apollinaire en taule, Karl Marx fit un enfant à sa bonne…), ou inconnus (Léopold Mozart, le frère maudit du Commandant Cousteau…), et leur fin parfois pathétique (Georges Méliès forain, le suicide d’Alan Turing, héros cryptologue de la Seconde Guerre Mondiale et un des fondateurs de l’informatique…) ;</li>
<li>les raccourcis saisissants de l’histoire (le chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle, les liens entre Bakounine et Wagner…), et les changements qui n’ont tenu qu’à un fil (la ferme de Waterloo, la prise d’un exemplaire d’Enigma, la ligne Oder-Neisse…) ;</li>
<li>les <strong>impostures</strong> scientifiques (l’homme de Piltdown, le mensonge d’Yves de Kerguelen sur son île, le rayon N…) et les recherches à la con (mouvement perpétuel, nombres premiers) ;</li>
<li>les grands projets qui ont échoué lamentablement (l’aérotrain, la TVHD des années 80, le moteur rotatif…) ;</li>
<li>la peu regrettée <a href="http://www.la1.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type=sac&id=0179339_sac&menu=none&pub=RTBF.LAUNE%2FLAUNE.FR.la_taille.SP.IN">nombrilologie</a> ;</li>
<li>les tristes histoires de <strong>bateaux</strong> aux fins moins glorieuses et finalement plus tragiques que le <em>Titanic</em> (dont l’apocalyptique <em>Great Eastern</em> qui a tué des passagers quasiment à chaque voyage) ;</li>
<li>les <strong>allumés</strong> de l’art, les <em>serial killers</em> ;</li>
<li>les codes secrets ;</li>
<li>etc., etc., etc.</li>
</ul>
<p>J’y ai notamment trouvé les réponses aux questions existentielles suivantes (je mets les réponses en note) :</p>
<ul>
<li>Pourquoi ne doit-on pas parler de <em>corde</em> dans un théâtre ? <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-1" id="rev-pnote-112-1">1</a>]</sup></li>
<li>Pourquoi vaut-il mieux parfois reconnaître qu’on a volé un objet précieux alors qu’on l’a acheté de bonne foi des années auparavant ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-2" id="rev-pnote-112-2">2</a>]</sup></li>
<li>Pourquoi les tankistes japonais ont-ils souffert lors de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_de_la_Mandchourie_par_le_Japon">invasion de la Mandchourie en 1931</a> ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-3" id="rev-pnote-112-3">3</a>]</sup></li>
<li>Quel a été le maréchal le plus incompétent de l’Histoire de France ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-4" id="rev-pnote-112-4">4</a>]</sup><br /></li>
<li>Y a-t-il des morceaux du territoire français non cartographiés ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-5" id="rev-pnote-112-5">5</a>]</sup></li>
<li>Quelle est la bourgade la plus isolée au monde ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-6" id="rev-pnote-112-6">6</a>]</sup></li>
<li>Quel est l’hymne national le plus court du monde ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-7" id="rev-pnote-112-7">7</a>]</sup><br /></li>
<li>Quel est le lien entre Sartre et des homards ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-8" id="rev-pnote-112-8">8</a>]</sup></li>
<li>Le cloporte n’est pas un insecte ; mais alors, qu’est-ce ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-9" id="rev-pnote-112-9">9</a>]</sup></li>
<li>Quelle marque française très connue avait pour logo une croie gammée ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-10" id="rev-pnote-112-10">10</a>]</sup><br /></li>
<li>Quel pays européen peu connu pour son impérialisme a envahi par inadvertance son voisin dans les années 90 ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-11" id="rev-pnote-112-11">11</a>]</sup></li>
<li>À qui doit-on payer des droits pour publier une photo nocturne de la Tour Eiffel ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-12" id="rev-pnote-112-12">12</a>]</sup></li>
<li>Comment s’appellent les rois en exercice en France ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-13" id="rev-pnote-112-13">13</a>]</sup></li>
<li>Quel milliardaire américain a déraillé de son train miniature géant et failli tuer plusieurs membres de sa maisonnée ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-14" id="rev-pnote-112-14">14</a>]</sup>.<br /></li>
<li>Quel est l’endroit que visitait l’empereur Hiro Hito quand il s’exclama « Il semble que cet endroit ait été considérablement endommagé » ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-15" id="rev-pnote-112-15">15</a>]</sup></li>
<li>Pourquoi les œufs français sont-ils bruns alors qu’ailleurs ils sont blancs ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-16" id="rev-pnote-112-16">16</a>]</sup></li>
<li>Quelle est la dernière unité à cheval de l’armée française ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#pnote-112-17" id="rev-pnote-112-17">17</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Olivier Abélard a également une <a href="http://oabelard.free.fr/index.php?rub=bou_der">critique de l’Encyclopédie du Dérisoire</a>.</p>
<p>(<strong>10 Août 2007</strong>) <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/08/10/385-encyclopedie-du-derisoire-tome-5">Le tome 5 est du même tonneau !</a></p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-1" id="pnote-112-1">1</a>] <em>Les techniciens étaient souvent d’anciens marins pour qui le mot </em>corde<em> était réservé à celle pour pendre quelqu’un.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-2" id="pnote-112-2">2</a>] <em>Le vol est un délit prescrit après quelques années ; le recel dure tout le temps de la possession de l’objet</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-3" id="pnote-112-3">3</a>] <em>Par un curieux hasard, l’écartement des galets du char correspondait exactement à l’écart entre les sillons des champs locaux ; les cahots étaient insupportables.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-4" id="pnote-112-4">4</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Achille_Fran%C3%A7ois_Bazaine">Bazaine</a>. Ses seules victoires l’ont été en Algérie ; sa reddition à Metz pendant la guerre de 1870 lui vaudra une condamnation à mort, plus tard commuée.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-5" id="pnote-112-5">5</a>] <em>Oui, aux îles Crozet, territoire français paumé non loin de l’Antarctique et des Kerguelen, la carte comporte un blanc et un pudique “</em>Nuages<em>” en légendes.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-6" id="pnote-112-6">6</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tristan_da_Cunha">Tristan da Cunha</a> au milieu de l’Atlantique. Le plus proche cinéma est en Afrique du Sud à 2500 km</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-7" id="pnote-112-7">7</a>] <em>Le japonais</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-8" id="pnote-112-8">8</a>] <em>L’écrivain a un temps goûté à la drogue par curiosité, a pris une dose un peu forte, et se croyait environné de crustacés.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-9" id="pnote-112-9">9</a>] <em>Un crustacé, le seul terrestre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-10" id="pnote-112-10">10</a>] <em>Lesieur. Aucun rapport avec les nazis bien sûr, juste une même inspiration (la svastika hindoue).</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-11" id="pnote-112-11">11</a>] <em>La Suisse. Des manœuvres ont par erreur débordé sur le petit Liechtenstein.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-12" id="pnote-112-12">12</a>] <em>À l’éclairagiste.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-13" id="pnote-112-13">13</a>] <em>Tomasi Kulimoetoke II (roi d’Uvéa), Soane Patita Maituku (d’Alo), Visesio Moeliku (de Sigave). Ces territoires font partie des territoires bien français de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Wallis-et-Futuna">Wallis-et-Futuna</a> ; deux d’entre eux ont été <a href="http://www.lefigaro.fr/france/20060316.FIG000000004_les_deux_rois_de_futuna_recus_a_paris.html">récemment reçus à Paris</a> d’ailleurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-14" id="pnote-112-14">14</a>] <em>Walt Disney</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-15" id="pnote-112-15">15</a>] <em>Hiroshima juste après la guerre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-16" id="pnote-112-16">16</a>] <em>Les Français veulent des œufs bruns, c’est comme ça.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#rev-pnote-112-17" id="pnote-112-17">17</a>] <em>La Garde républicaine.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/112« Le train était à l’heure » et 14 autres nouvelles, de Heinrich Böllurn:md5:aeb8378d3ba2d04deb41c5c13eca29a22006-01-24T23:04:00+00:002010-10-26T08:20:31+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshistoirelivres luspessimismeSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>La Seconde Guerre Mondiale vue depuis la base, côté allemand.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Böll">Heinrich Böll</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/24/83-le-train-etait-a-l-heure#pnote-84-1" id="rev-pnote-84-1">1</a>]</sup> est un des principaux écrivains allemands d’après-guerre (Prix Nobel notamment). <em>Le train était à l’heure</em> (<em>Der Zug war pünktlich</em>) est sa première nouvelle parue.</p>
<p>En 1943, un soldat allemand repart au front en train, avec la certitude qu’il mourra avant son arrivée, il ne sait comment. Il rencontre d’autres soldats (aux histoires assez tristes) et les suit dans une virée en Galicie ; puis croise une prostituée qui travaille pour la résistance polonaise. On s’en doute, cela finit mal ; la littérature allemande sur cette période est rarement optimiste. Mais c’est bien écrit, dans un style simple. L’intérêt principal réside dans cette page d’histoire peu connue en France (l’Europe de l'Est occupée), vue depuis la « base ».</p>
<p>Les autres nouvelles ont souvent la guerre aussi comme cadre, avec ce pessimisme systématique quant au sort des malheureux soldats ; ou bien elles se déroulent dans l’immédiat après-guerre, qui ne fut pas rose pour les plus humbles. Ce sont les thèmes principaux de l’œuvre de Böll.</p>
<p>Un peu à part, la nouvelle <em>Les brebis galeuses</em> (<em>Die schwarzen Schafe</em>) est assez réjouissante et optimiste : l’original-parasite-bon-à-rien d’une famille parle de l’héritage de son oncle et de la transmission de sa qualité de brebis galeuse.</p>
<p><strong>Références : </strong> Nouvelles parues entre 1947 et 1954. Mon édition est une version poche de celle de 1967. L’édition bilingue, chez Folio également, ne semble reprendre que la nouvelle-titre.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/24/83-le-train-etait-a-l-heure#rev-pnote-84-1" id="pnote-84-1">1</a>] <em>Voir aussi <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Böll" hreflang="de">l’article Wikipedia allemand</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/24/83-le-train-etait-a-l-heure#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/84“Resurrection Day” de Brendan DuBoisurn:md5:c355941865726fcac956215e6b5a00492006-01-03T00:00:00+00:002010-10-25T20:14:21+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiquedémocratieguerrelivres luspolitiqueuchronieÉtats-Unis<p>Uchronie : Un simple journaliste idéaliste qui essaie de faire son travail dans des États-Unis devenus une dictature, dix ans après la IIIè Guerre Mondiale (nucléaire).</p> <p>Une excellente <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Uchronie">uchronie</a>.</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence</a> avec notre ligne temporelle est le 27 octobre 1962, à un des moments les plus sensibles de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_missiles_de_Cuba">crise des missiles de Cuba</a>. Les détails de la divergence sont une des révélations de l’intrigue.</p>
<p>Cette crise pour nous n’est qu’un effrayant souvenir. Dans le livre, la situation dégénère tout de suite en guerre atomique entre l'URSS et les États-Unis. Le résultat n’est pas un monde post-apocalyptique à la Mad Max : comme le rapporte un personnage, par « chance » à ce moment les arsenaux, surtout côté russe, n’étaient pas encore ce qu’ils seraient/sont<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#pnote-66-1" id="rev-pnote-66-1">1</a>]</sup> devenus ensuite. Les États-Unis perdent plusieurs villes et dix millions d’habitants, et plongent dans le chaos, l’URSS entière est rayée de la carte, mais la planète continue de tourner.</p>
<p><strong>Dix ans plus tard</strong>, le livre nous parle d’un monde qui nous est à la fois proche et étrange : <strong>Kennedy</strong> est mort à la Maison Blanche et maudit pour avoir déclenché la guerre (mais est-il mort ? <em>“He lives”</em> proclament bien des personnages) ; le Vietnam de <strong>1972</strong> n’est pas en guerre, contre des soldats américains rentrés chez eux en urgence ; l’Europe ne s’est pas unie sous la pression des deux blocs mais est tenue par les Français et les Allemands ; la Russie n’existe plus ; la Lune n’est pas conquise ; le <em>disco</em> est français ; Martin Luther King est encore vivant ; les Américains vivent sous une <strong>dictature militaire</strong> de fait qui envoie ses opposants disparaître dans des camps de concentration en zone radioactive ; Philadelphie est la nouvelle capitale ; des gangs d’orphelins traînent dans les rues ; le redressement du pays est lent et dépend énormément de l’<strong>aide britannique</strong> - pas si désintéressée.</p>
<p>Le héros, <strong>Carl</strong>, est un jeune ancien militaire, admirateur à l’époque de Kennedy, témoin du chaos de l’immédiat après-guerre, où il a perdu toute sa famille, et recyclé dans le journalisme local à Boston.<br />Mais le régime militaire ne permet pas aux journaux de publier ce qu’ils veulent. Carl se retrouve à enquêter sur un <strong>meurtre d’un ancien vétéran</strong>, meurtre pas si banal que cela. La victime avait des liens avec l’administration d’avant-guerre, et Carl se retrouve sur le grill pour s’accrocher à son enquête. <br />Parallèlement il croise (quel hasard !) le chemin d’une <strong>jolie journaliste anglaise</strong> du <em>Times</em>, qui à l’exotisme ajoute le charme de son pays riche (il est rare de lire un livre où les Américains font presque figure d’habitants du Tiers-Monde). Envoyés pour un reportage complaisant dans les <strong>ruines de New-York</strong>, ils découvrent ensemble que la vie n’y est pas absente. Pendant ce temps, les agissements des Britanniques semblent de plus en plus suspects.</p>
<p>Les aventures de Carl m’ont tenu en haleine jusqu’aux petites heures du matin, même si les thèmes de la théorie de la conspiration et du petit idéaliste perdu entre deux froides logiques d’États ennemis sont un peu usés, et que la chance permet à Carl d’échapper un peu trop souvent à ses poursuivants. <br />Sur la fin, chaque chapitre est une révélation supplémentaire, à prendre avec des pincettes.</p>
<p>Ma génération n’a pas connu les moments les plus angoissants de la <strong>Guerre Froide</strong>, avec les exercices et les refuges dans les abris anti-atomiques, mais l’auteur si, et on le sent. Il a bien « fait ses devoirs » et l'enchaînement des événements vers l’Apocalypse et le chaos qui s’ensuit est parfaitement réaliste. <strong>Ce monde est crédible</strong>. <br />Comme dans toute uchronie, on se prend au jeu de repérer les personnages historiques et les différences ou parallèles parfois subtils avec notre ligne temporelle (manifestations contre la conscription au lieu du Vietnam). DuBois n’abuse pas de ce jeu : on ne peut pas croiser King ou Dylan à chaque page. La description étouffante de la dictature, et de la vie difficile de la population américaine, est soignée et réaliste. <br />Pour un <em>thriller</em> pur, le rythme est un peu lent, mais l’amateur d’uchronies sera comblé.</p>
<p>(Livre apparemment non traduit en français, mais je ne pense pas qu’il y ait besoin d’un niveau d’anglais fabuleux pour apprécier).<br />
Site de l’auteur :<br />
<a href="http://www.brendandubois.com/" hreflang="en">http://www.brendandubois.com/</a>
<br />Site du livre :<br />
<a href="http://www.resurrectionday.com/" hreflang="en">http://www.resurrectionday.com/</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#rev-pnote-66-1" id="pnote-66-1">1</a>] <em>Il manque un temps dans nos conjugaisons, là...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/66« Chroniques de Bustos Domecq » de Jorge Luis Borges & Adolfo Bioy Casaresurn:md5:1ed3f7bff45681c69eefcaac91fafbe02006-01-02T15:08:00+00:002010-10-25T19:51:57+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshumourlivres lus<p>Mises en abîmes et perversions littéraires</p> <p><em>Ante scriptum</em> : Que ceux qui n’ont pas lu <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ficciones">Fictions</a></em> du génial écrivain argentin <a href="http://www.limbos.org/traverses/borges-biofr.htm">Jorge Luis Borges</a> le fassent d’urgence. Ce livre de 1967 est plus mineur.</p>
<p>Bustos Domecq est un personnage imaginaire, qui aurait rédigé les chroniques pseudo littéraires de ce petit recueil. Chacune parle d’un auteur imaginaire, et décrit une perversion littéraire ou esthétique, une mise en abîme d’un aspect de la littérature ou plus généralement de l’art. Les raconter ici pour allécher le lecteur serait trahir et gâcher tout le plaisir. <em>Ne lisez pas</em> la quatrième de couverture !</p>
<p>Les meilleures chroniques sont les premières, le genre s’essouffle un peu ensuite même si le recueil est court. Le non-accro au style assez particulier de Borges se contentera de la (fausse) préface, des quatre ou cinq premières chroniques, et des deux ou trois dernières.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/02/58-chroniques-de-bustos-domecq#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/63« La Guerre éternelle » de Joe Haldemanurn:md5:e82c7a9a5cd3c2c033eef36499a90ad92005-10-14T22:13:00+00:002010-04-18T20:07:37+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbande dessinéeguerrelivres luspessimismescience-fictionéons<p>Excellent classique de SF de Joe Haldeman, qui transpose le Vietnam dans une guerre contre des extraterrestres.</p> <p>Je connaissais depuis longtemps l’<a href="Http://www.dupuis.com/servlet/jpecat?pgm=VIEW_ALBUM&lang=FR&OUVRAGE_ID=2573">excellente bande dessinée de Marvano tirée du livre d'Haldeman</a>. Mais je n'avais jamais lu le livre qui remonte à 1974 (<em>Forewar War</em>).</p>
<p>L'auteur a connu la guerre du Vietnam, et pas du tout aimé. Il la transpose ici dans un futur au départ très proche (même dépassé puisque le livre commence en 1997 !), et remplace l’ennemi vietnamien-communiste par des Taurans, hideuses bêbêtes énigmatiques et apparemment agressives. Par le jeu des voyages à vitesse relativiste, le soldat Mandella vieillit de plusieurs siècles et prend de nombreux galons en quelques missions. Pendant ce temps la Terre change, et il n’a très vite plus rien en commun avec elle.</p>
<p>Les « méchants » ne sont pas ceux que l’on croit. Le véritable ennemi de Mandella est l’Armée qui régit sa vie, s’arrange pour qu’il ne retourne jamais à la vie civile, le considère quasiment comme un objet. Pourtant, il se résigne à aller à la boucherie. Je frémis à la pensée que ce livre est inspiré de l’expérience dans l’armée de Haldeman, et qu’avec l’Irak il est probablement en train de redevenir furieusement d’actualité.</p>
<p>Livre chaudement conseillé ; la BD est très fidèle et les petits lecteurs peuvent s’en contenter.</p>
<p>(Je n’ai pas encore lu la suite, <em>La Liberté éternelle</em> (<em>Forever Free</em>) qui est la suite. Par contre, un autre livre sur le thème de la guerre de Haldeman, <em>La Paix éternelle</em> (quelle originalité dans les titres !) s’annonce fort bien.)</p>
<p>(<strong>Mise à jour du 21 mars 2008</strong> : J’ai lu la version BD de <em>La Liberté éternelle</em>. Comme l’écrivait Jid en commentaire, le thème de départ est bon... la fin est décevante.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/14/22-la-guerre-eternelle#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/24