Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - Allemagne<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« La Seconde Guerre Mondiale vue d'ailleurs » (Claude Quétel & co)urn:md5:5983bb4c0c678e0517867a40bedb620a2023-11-05T20:04:00+01:002023-12-30T11:27:59+01:00ChristopheHistoireAllemagneapocalypsecatastropheChinechristianismecommunismedilemmedémocratieEuropeGuerre Froideguerre saintegéographiegéopolitiquehistoireHistoire de Francelivres lusnationalismeperspectiveRussieSeconde Guerre MondialetempsÉtats-Unis<p>Il est toujours bon de faire un pas de côté quand on s’intéresse aux grands événements internationaux. Fatalement, nous portons tous un biais lié à l’histoire de notre pays et notre éducation. La Seconde Guerre Mondiale ne s’est pas limitée à l’Occupation, à la Shoah, au 6 juin et à Hiroshima. L’optique de chaque peuple est différente. Et parfois changeante.</p>
<p><a href="https://www.buchetchastel.fr/catalogue/la-seconde-guerre-mondiale-vue-dailleurs/"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.La_Seconde_Guerre_Mondiale_vue_d_ailleurs-Claude_Quetel_m.jpg" alt="La Seconde Guerre Mondiale vue d’ailleurs (Claude Quétel &amp; co)" class="media-right" /></a> Pour qui s’intéresse un peu au conflit (et ça pourrait être un lycéen), ce livre ouvre vraiment des perspectives. Même si on a fait l’effort de s’informer hors du monde franco-hollywoodien, on a peu l’occasion de savoir ce que pensaient Marocains ou Suédois des hostilités. Chaque chapitre traite d’un pays, par un auteur différent. Je me demande dans quelle mesure il est fiable de résumer si vite cinq ans (souvent plus) de la vie d’un pays dans ce genre de période, mais c’est bien plus que ce qu’on peut lire dans la plupart des livres et magazines d’histoire.</p>
<p><em>Comme d’habitude, j’essaie de résumer, mais l’italique est avis personnel.</em></p>
<h2>Maroc</h2>
<p>En 1939, le sultanat est un protectorat français (et espagnol dans le nord), et toute révolte contre l’ordre établi pouvait être durement réprimée (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Rif">le Rif en sait quelque chose</a></em>). Le royaume reste pourtant fidèle à la France, fournissant nombre de soldats de valeur à la IIIᵉ République comme à la France Libre. Peut-être par intérêt bien compris : les Français partis, le pays risque de se faire dévorer par l’Espagne ou l’Allemagne… <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Nogu%C3%A8s">Noguès</a>, résident français d’Afrique du Nord, préfère rester fidèle à Vichy, mais le Maroc devient un refuge pour nombre de Juifs, et accueille favorablement les Anglo-Saxons qui débarquent en 1942.</p>
<p>Cette fidélité est mal récompensée : les demandes d’accès à l’indépendance totale après la guerre sont impitoyablement rejetées et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_au_Maroc#Manifeste_de_l'ind%C3%A9pendance_(1944)">il faudra l’attendre jusque 1956</a>.</p>
<h2> Égypte</h2>
<p>Le royaume est indépendant depuis 1922 mais le protectorat britannique n’est pas tout à fait terminé. Le Canal de Suez est une artère vitale de l’Empire britannique sur la route de l’Inde, il ne doit pas tomber. L’élite égyptienne, cosmopolite et occidentalisée, est partagée entre Axe (y compris apparemment le roi Farouk) et pro-britanniques : mais ces derniers sont-ils encore en mesure de protéger l’Égypte ? Officiellement l’Égypte reste neutre, mais bienveillante envers les Britanniques, et les Allemands sont internés. Puis les villes se prennent assez de bombes allemandes pour provoquer des paniques. Les militaires égyptiens n’ont qu’un rôle de supplétifs dans les opérations : les Britanniques se méfient d’eux, et ne leur ont vendu aucun équipement moderne.</p>
<p>Une fois Rommel écarté, la paix revient, et le roi Farouk prépare l’indépendance totale. L’Égypte fait partie de ces nations qui n’ont déclaré la guerre à l’Allemagne en 1945 que pour compter parmi les fondateurs des Nations-Unies.</p>
<h2> Suède</h2>
<p>Neutre pendant toute la guerre, la Suède n’a peut-être pas soldé son passé de collaboration avec l’Allemagne nazie. Certes, en 1940-45, cerné de toute part par l’Axe, traumatisé par les privations pendant la guerre précédente malgré sa neutralité, le pays n’a pas trop le choix. Les nazis continuent à profiter pendant toute la guerre du fer ou des roulements à bille suédois (ces derniers sont d’ailleurs vendus aux deux camps).</p>
<h2> Suisse</h2>
<p>Neutre et cernée elle aussi, la Suisse a toujours clamé que son indépendance a été préservée grâce à son armée toujours prête. Pour Irène Herrmann, c’est une légende : les qualités militaires de la Suisse sont des conséquences de sa pauvreté originelle, et les Nazis n’auraient fait qu’une bouchée d’elle.</p>
<p>Mais les Allemands n’y pensent pas sérieusement, puisque l’économie suisse fonctionne essentiellement pour l’Allemagne, et les banques sont accommodantes dans leurs prêts. Les représailles anglo-saxonnes sont puissantes (gel des avoirs aux États-Unis…), mais par la suite les nécessités de la reconstruction et de la Guerre Froide font oublier cette page peu glorieuse.</p>
<h2>Irlande</h2>
<p>Pays pauvre tout juste sorti de sa guerre d’indépendance et d’une guerre civile, encore aux prises avec l’IRA, l’Irlande fait le choix d’une neutralité totale. Malgré la pression des Anglais, et encore plus des Américains, le pays refuse toute collaboration… officielle. La population (comme le président Valera) reste de fait favorable aux Alliés, et les Allemands n’arrivent jamais à exploiter la rancœur envers les Britanniques. Des dizaines de milliers de volontaires rejoignent même les forces britanniques. Économiquement, le pays souffre beaucoup.</p>
<h2>Canada & Québec</h2>
<p>Indépendant mais toujours fidèle à la couronne britannique, le Canada la suit dans la guerre. Caroline D’Amours nous sort beaucoup de chiffres pour montrer que le Québec, connu pour avoir été très réticent envers la conscription, a fait sa part. Une bonne partie de la retenue québécoise tient au fossé linguistique que doivent franchir les francophones. Pendant la guerre, le Québec, comme une bonne part du Canada, devient une gigantesque usine de chars et munitions pour l’Empire britannique.</p>
<h2>Australie</h2>
<p>Pays-continent, à l’identité toute fraîche trempée dans le sang pendant la Première Guerre Mondiale, et indéfendable, l’Australie se sait liée au Royaume-Uni pour sa défense, et lui est donc fidèle. Si l’engagement militaire reste faible au début, la menace japonaise devient palpable dès la chute du « verrou de Singapour ». On sait à présent que les Japonais ont vite renoncé à envahir l’Australie, ayant déjà assez de ressources (et de problèmes) après la prise de contrôle de l’Indonésie et de la Nouvelle-Guinée.</p>
<p>Se tournant bien sûr vers les Américains, le pays devient une gigantesque base arrière de la Guerre du Pacifique, non sans quelques soucis de cohabitations : chez sept millions d’Australiens conservateurs débarquent pas moins d’un million de jeunes soldats américains « <em>overpayed, oversexed and overhere</em> » (à la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Brisbane">bataille de Brisbane</a>, il n’y avait pas de Japonais.)</p>
<p>L’Australie fait partie des rares pays sortis renforcés du conflit.
L’impact sur le pays est profond : modernisation, renforcement des liens avec les États-Unis, ouverture à l’immigration non-anglo-saxonne, puis non-européenne, pour renforcer la population.</p>
<h2>États-Unis</h2>
<p>Le chapitre expose surtout l’évolution de l’isolationnisme américain. Si les Américains n’ont effectivement aucune envie d’envoyer les <em>boys</em> à nouveau se faire tuer en Europe, les Nazis n’y acquièrent jamais aucune sympathie, et Roosevelt n’a pas trop de mal à faire des États-Unis l’arsenal (et le banquier !) de la Grande-Bretagne. En partie parce que la prospérité de l’Amérique se base encore sur la sécurité des mers assurée par la marine britannique, et la chute de ce dernier est donc inenvisageable ; mais aussi et surtout à cause des liens culturels ; enfin à cause des souffrances des Britanniques (les Chinois bénéficient de la même sympathie). Et l’industrie de l’armement se met à recréer beaucoup d’emplois.</p>
<p>Sans aller jusqu’à la guerre, les Américains avancent leurs pions : les débarquements au Groenland et en Islande visent à sécuriser les routes atlantiques, pleines de sous-marins allemands pas encore ennemis. Washington utilise aussi largement les menaces de blocus, et la tension monte ainsi avec le Japon à cause de son invasion de la Chine, puis de ses visées vers les possessions européennes en Asie, devenues sans défense en 1940. Le Japon fait l’erreur monumentale d’attaquer les États-Unis aux Philippines (Pearl Harbor n’étant qu’un raid pour couler la flotte). Churchill craint un temps que cela ne distrait les ressources américaines vers le Pacifique mais Hitler prend la décision assez étonnante de déclarer lui-même la guerre aux États-Unis. Ceux-ci, s’étant fait forcé la main, peuvent jeter tout leur poids dans la guerre.</p>
<h2>URSS</h2>
<p>Les régimes autoritaires adorent détourner l’Histoire, et les régimes totalitaires la réécrivent. Si le rôle majeur de l’Union Soviétique dans la destruction du nazisme a longtemps été rabaissé en Occident pour cause de Guerre Froide, et réévalué depuis, les évolutions n’ont jamais cessé dans le monde (ex-)soviétique.</p>
<p>Évidemment, pendant la guerre, il est dangereux pour quiconque de faire mention du faustien Pacte germano-soviétique ou de la purge des généraux avant-guerre. Cela reste valable après la guerre. Mais il y a une progression entre l’époque stalinienne, tenant à marquer le génie de Staline, à ne pas honorer les anciens soldats, et à nier l’intérêt des livraisons occidentales (par exemple la moitié des camions de l’Armée Rouge, entre autres…), et la détente sous Khroutchev (qui, lui, avait fait la guerre aux premières loges, comme son successeur Brejnev) : le jour de la Victoire redevient férié, et les anciens combattants sont mis en valeur.</p>
<p>Sous Poutine, la Grande guerre patriotique devient un des piliers du rassemblement de ce qui reste de la Russie en ruine autour de son nouveau chef, thème utilisé jusqu’à l’absurde en 2022 quand il déclare vouloir dénazifier une Ukraine dirigée par un Juif. Il n’est pas impossible que l’occultation, voire la négation du sort particulier réservé aux Juifs par les Allemands joue un rôle : pour les Soviétiques, c’est le peuple entier qui a (énormément) souffert, il est hors de question qu’il y ait quelque particularisme.</p>
<h3>Les Juifs en Russie</h3>
<p>Un chapitre s’étend sur le sort des Juifs côté soviétique. Les Allemands à l’est ne s’embarrassent d’aucune précaution pour masquer leurs charniers, et les liquidations massives commencent dès le début de la conquête de l’URSS, avant le choix définitif de la Solution finale. Vue l’ampleur de la tâche, les populations locales sont enrôlées, au moins pour la logistique et combler les fosses. Les Allemands sont bien accueillis, et les pogroms spontanés, dans nombre d’endroits victimes récentes du stalinisme (Ukraine affamée, États baltes annexés…), renommé « judéo-bolchevisme ».</p>
<p>Staline est donc parfaitement au courant de l’ampleur de l’extermination, mais ne la met pas spécialement en avant : les Juifs sont noyés parmi beaucoup d’autres victimes, et il n’est pas question de faire des Juifs des martyrs plus que les autres, surtout quand des Soviétiques sont complices. D’un autre côté, les massacres servent à mobiliser la communauté juive à l’étranger (États-Unis en tête) au profit de l’URSS. Un premier comité juif créé en 1942 est envoyé au goulag car trop international, et le Kremlin en recrée un autre. Promoteur de la culture juive, il récolte de l’argent à l’étranger.</p>
<p>La libération progressive du territoire révèle les charniers et rend la Shoah palpable, mais fait aussi ressortir les compromissions… et l’antisémitisme, y compris au sommet. L’URSS, devenue un Empire dont la victoire s’est basée sur le nationalisme, n’a plus besoin de Juifs. Dès la fin de la guerre, Staline étouffe tout, la parution du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_noir">Livre noir</a></em> (une compilation de témoignages) est annulée, les membres du comité sont exécutés en 1952. Il n’y aura pas de monuments commémoratifs sur les charniers. Lors de la perestroïka, les Russes ont d’autres sujets de réflexion et d’autres chats à fouetter. Puis Poutine réinstrumentalise la Grande Guerre Patriotique, qui n’a pas besoin de victimes juives. Les anciennes républiques soviétiques rebâtissent souvent leur identité en réaction au communisme sans place particulière pour leurs Juifs.</p>
<h2> Mers el-Kébir</h2>
<p>L’attaque de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_de_Mers_el-K%C3%A9bir">Mers el-Kébir</a> (en Algérie française) a fait couler beaucoup d’encre depuis juillet 1940 : Churchill ordonne alors à sa flotte de couler la partie de la flotte française qui y est stationnée, de peur qu’elle ne passe aux mains des Allemands. Avant l’armistice, Darlan avait promis aux Anglais que la flotte passerait dans leur camp, ou au pire se saborderait. Mais il se fait acheter par Vichy. Certes, la flotte n’est effectivement pas livrée aux Allemands et se saborde en 1942. Mais qui en a la garantie en juillet 1940 ?</p>
<p>Bernard Costaglia apporte quelques nouveaux éléments aux débats : Churchill ne suit pas juste ce qui est devenu la version officielle (trahis par Darlan, épouvantés par l’idée d’une flotte française alliée aux nazis, les Anglais choisissent à regret la plus sûre solution). Entrent en compte le besoin d’infliger un revers, même indirect, à l’Axe ; de marquer la résolution britannique à un moment où le pouvoir de Churchill n’est lui-même pas si assuré ; le fait qu’il faut un an pour former l’équipage si les Allemands mettent la main sur les navires (à l’appui, un document de Churchill de… la guerre précédente) ; le message ainsi envoyé aux Américains (message reçu) qu’il est critique qu’ils livrent des navires ; peut-être le besoin de punir les Français ; voire de les vexer pour qu’ils réinvestissent dans leur armée, même vichyssoise. Mais encore : l’occasion est unique pour frapper. Les navires sont en position de faiblesse à ce moment, alors qu’à long terme, si l’Angleterre veut poursuivre le blocus du continent, une bataille est inévitable. L’encre n’a pas fini de couler.</p>
<h2>Italie</h2>
<p>L’Italie n’a pas gagné une grande bataille de toute la Seconde Guerre Mondiale. Le chapitre redore le blason des troupes italiennes, qui ne se rendent pas sans combattre, et qui sauvent parfois les fesses de Rommel en Afrique. Lequel Rommel leur impute en retour certains de ses échecs.</p>
<p>Mais le problème fondamental de l’Italie est au sommet : Mussolini, velléitaire, voit beaucoup trop grand, veut recréer un Empire, et agit sans coordination avec son allié (qui ne fait pas grand cas de lui), allié vite devenu protecteur suite à toutes ces mauvaises décisions. En effet : déclarer la guerre aux Alliés en 1940, c’est couper Somalie et Éthiopie de la métropole (et la reconquête alliée commencera par là en 1941). L’attaque sur la Grèce vire à la catastrophe, Hitler doit intervenir. (<em>C’est un succès, mais Barbarossa est retardé : Mussolini a peut-être sauvé Moscou.</em>) Rebelote en Égypte.</p>
<h2>Pologne</h2>
<p>S’il y a un État au centre des « terres de sang » de cette période, et victime des deux totalitarismes, c’est bien la Pologne. Attaqué par le Reich et l’URSS en même temps, à nouveau dépecé, le pays voit ses élites liquidées, sans parler des Juifs. La Résistance culturelle tente de préserver l’éducation, mais politiquement les succès sont très limités. Le gouvernement en exil est impuissant.</p>
<p>L’insurrection désespérée du ghetto de Varsovie en 1943 est un acte de désespoir, et l’insurrection de Varsovie en 1944 mène à la destruction de la ville et de la Résistance par les Allemands, au plus grand profit des Soviétiques qui ne lèvent pas le petit doigt. Les Alliés ne peuvent rien faire quand Staline installe son propre gouvernement polonais, vassalise peu à peu le pays, et décale ses frontières arbitrairement.</p>
<h2>Vatican</h2>
<p>Le comportement du pape Pie XII (élu en 1939) face au nazisme continue de faire débat. Pie XI dénonce l’attitude du régime nazi en 1937, mais son successeur fait partie de ceux qui espère préserver la paix et il ne s’exprime pas ouvertement. La principale raison de la prudence de Pie XII est sans doute la crainte de représailles sur les millions de catholiques allemands (raison pour laquelle il essaie plus tard de modérer les Alliés qui rasent l’Allemagne jusqu’à obtenir une reddition sans condition). Il est clair que ce choix l’a tourmenté.</p>
<p>La guerre ne modifie pas la tradition de neutralité de l’Église, qui se veut universelle, médiatrice, et pourvoyeuse de secours. Les chrétiens sont dans chaque camp, et sont censés obéir à leur gouvernement local. Le Saint-Siège s’est toujours accommodé des régimes autoritaires s’ils respectaient les catholiques, et toujours mal vu les régimes libéraux, bien qu’encourageant la démocratie en 1945. Évidemment, il abhorre le communisme et l’URSS depuis longtemps. Mais Pie XII ne croit pas que Hitler soit un rempart contre Staline, et refuse d’approuver la croisade nazie contre le bolchevisme. Et tant mieux si ces deux maux s’annihilent mutuellement.</p>
<p>Cette guerre est différente des précédentes par son idéologie et son ampleur, et des pressions pour prendre partie pour les Alliés se font jour dans l’Église même, par exemple chez les jésuites. Bien informé sur les massacres de Juifs, Pie XII n’en parle timidement que dans deux discours en 1942 et 1943, sans consigne ferme aux fidèles. Il laisse la responsabilité d’agir aux épiscopats locaux. Face aux persécutions contre les Juifs dans des pays très catholiques comme la France de Vichy ou la Hongrie, l’Église est juste résignée et fait peu. L’antisémitisme traditionnel a évidemment joué plus ou moins consciemment, avant comme pendant la guerre.</p>
<h2>Pacifique & Japon</h2>
<p>1941 marque la bascule de la guerre européenne vers une guerre mondiale. Frank Michelin remarque que l’indépendance de l’Indochine française, et de nombre d’États de la région, fait suite à l’invasion japonaise. C’est en Asie du Sud-Est que les conséquences politiques de la guerre sont les plus radicales.</p>
<p>Chaque pays voit cette face du conflit selon prisme. Pour les Japonais il y a la guerre de quinze ans (d’abord contre la Chine dès 1931), dont la seconde partie est la guerre d’Asie-Pacifique. La « grande guerre européenne » est plutôt un conflit séparé qui ne les a pas concernés.</p>
<p>L’expansion japonaise aux dépens de la Chine débute avec l’annexion de la Corée puis Taïwan en 1894. À partir de l’invasion de la Mandchourie, la guerre est permanente. Les Japonais occupent la plupart des zones peuplées mais le gouvernement chinois (provisoirement allié aux communistes) ne s’avoue jamais vaincu, et la Chine est gigantesque. Rediriger l’expansion vers la Sibérie n’est plus une option après la raclée de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">Nomohan</a> en 1939 face aux Soviétiques.</p>
<p>Pour étouffer la Chine, le Japon lance un blocus et fait pression pour occuper l’Indochine de Vichy, sans défense et forcée d’obéir. Ce mouvement vers le sud menace directement Singapour et l’Inde, perles de l’Empire britannique.
Les États-Unis menacent de sanctions (pétrole…) potentiellement mortelles. L’Indonésie (elle aussi sans défense depuis l’invasion des Pays-Bas) devient donc une cible majeure, qui implique de renforcer le contrôle de l’Indochine, voire d’affronter les Britanniques (protecteurs de l’Indonésie mais sur la défensive face aux Allemands), voire les États-Unis (propriétaires des Philippines et alliés inconditionnels des précédents).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px.png" title="Expansion du Japon 1937-42"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px_m.png" alt="Expansion du Japon 1937-42" class="media-right" /></a>Le processus de décision japonais est peu clair et résulte de nombreuses luttes d’influence entre armée et marine, voire de faits accomplis de généraux locaux. Finalement, l’option choisie continue la fuite en avant : attaque de Singapour, des Philippines, et raid sur Pearl Harbor, en espérant sécuriser assez de ressources et de territoires avant la contre-attaque anglo-saxonne.</p>
<p>Les Japonais vont effectivement conquérir en six mois un espace immense, des frontières indiennes aux Aléoutiennes.
S’ils sont des occupants brutaux, ils détruisent l’ordre occidental, pour le plus grand profit des indépendantistes locaux. Les Européennes ne réussiront pas à reprendre le contrôle après-guerre. En Chine, les communistes profitent de l’épuisement des troupes nationalistes pour prendre le pouvoir.</p>
<h2>Chine</h2>
<p>Le point de vue chinois est bien sûr focalisé sur la guerre de quinze ans contre le Japon, fondateur devenu un mythe fondateur de la Chine actuelle.</p>
<p>En 1900, le pays est en déliquescence depuis des décennies face aux Occidentaux. Puis le Japon annexe Taïwan et la Corée, et enfin le sud de la Mandchourie après avoir évincé les Russes en 1905 (première grande défaite d’une puissance blanche).
La République chinoise s’enfonce dans une guerre civile avec les communistes. L’invasion complète de la Mandchourie survient en 1931, sur une initiative des nationalistes japonais de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_japonaise_du_Guandong">armée du Kwantung</a>. Les Japonais rêvent d’une alliance contre les Soviétiques mais Staline soutient plutôt l’union sacrée qui apparaît en Chine. En 1937, une nouvelle attaque japonaise va jusque Shangaï et Nankin.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub_s.png" alt="Carte de l’occupation japonaise en Chine, 1940" class="media-right" /></a></p>
<p>Les crimes de guerre systématiques (le massacre de Nankin étant l’éternel symbole) n’ont pas raison de la résistance chinoise. Le nombre pur, et le soutien anglo-saxon ou soviétique, ne compensent toutefois pas le dénuement de l’armée chinoise. Sa façade maritime occupée, la Chine ne peut recevoir de soutien que par l’Indochine et la Birmanie, nouvelles cibles du Japon (voir ci-dessus). La guerre monte en intensité. L’URSS n’aide plus la Chine dès 1941 (elle signe un traité de non-agression avec le Japon pour couvrir ses arrières face aux nazis) mais l’aide américaine s’intensifie (« Tigres volants », pont aérien depuis la Birmanie).</p>
<p>Communistes et nationalistes mènent séparément la guerre contre le Japon. À la capitulation japonaise et au départ précipité des occupants, la guerre civile reprend jusque 1949. Toutes ces guerres coûtent environ vingt millions de morts, très majoritairement des civils.</p>
<p>La Chine ne recommence à exploiter la corde nationaliste, mémorielle et anti-japonaise qu’à la fin des années 80, à l’effondrement du bloc soviétique. Le manque de remords officiels du Japon envenime les choses. Xi Jinping appuie à fond sur le nationalisme, l’exploitation de la Seconde Guerre Mondiale, où le rôle de la Chine a été sous-évalué (première victime en taille et durée et enlisement du Japon), et la victimisation (un siècle d’humiliation). Le pouvoir déforme le rôle du Parti communiste (secondaire pendant contre le Japon) et les souffrances des autres pays. D’autres sons de cloche émergent cependant. Mais même entre les autres pays de la zone, une mémoire transnationale du conflit a du mal à émerger.</p>
<h2>Allemagne & dénazification</h2>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" title="Division de l'Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5_s.png" alt="Division de l'Allemagne vaincue, 1945" class="media-center" /></a></p>
<p><em>Der Fragebogen</em> est le succès de librairie allemand de 1951, sur le questionnaire que tous les ouest-allemands ont dû remplir sur leur activité sous le nazisme : un monument de déni (par un auteur d’extrême-droite (<em>comme par hasard !</em>))), réduisant le soutien nazi à celui de la classe dirigeante, et mélangeant camps d’internement américain et de concentration. Sans aller jusque là, l’Allemand de base trouve vite que la dénazification s’attaque aux petits et laisse filer les gros, et la perçoit comme une justice des vainqueurs.</p>
<p>Dans l’après-guerre, la dénazification ne peut être qu’imparfaite. Les dirigeants, les politiques, les membres de la Gestapo, les SS partent immédiatement au trou, mais trop de gens ont participé à l’administration du IIIè Reich, sa justice et sa politique criminelle pour les arrêter tous. À peu près tout le monde, de gré ou de force, a fini dans une organisation nazie. Le but principal des Alliés est que le retour de la démocratie ne soit pas sapé par des nazis restés à des postes-clés politiques ou économiques. L’interdiction des organisations, l’annulation de nombreuses lois, sont la partie facile. L’expérience américaine de « défascisation » en Italie depuis 1943, ou celle de l’épuration en France, sert. Les gouverneurs des quatre zones d’occupation sont chargés de l’exécution de mesures prises en commun, mais chacun fait un peu à sa sauce.</p>
<h3>À l’ouest</h3>
<p>Arrive donc le fameux questionnaire pour juger du niveau d’implication de chacun (chez les Américains, car les Britanniques ont plus ciblé) : coupable principal, compromis/bénéficiaire, moins compromis, simple suiveur, exonéré ? La masse à traiter implique que les Allemands se jugent au final souvent entre eux, avec compréhension. Le contexte de Guerre Froide naissante, comme le chaos économique, font passer l’épuration politique second plan. Des nazis encartés écopent de peines légères car économiquement nécessaires, au lieu d’être condamnés à finir leur vie comme manœuvre. Les plus jeunes et les suiveurs les moins riches, ou les prisonniers de guerre, sont rapidement amnistiés d’office. Le système est aussi perverti par les <em>Persilscheine</em>, attestations de bon comportement, souvent réciproques entre connaissances. Tout le monde a sa justification pour avoir plus ou moins suivi (mais pas plus !) le Führer.</p>
<p>Les Églises freinent aussi des quatre fers : une épuration trop massive gênerait la rechristianisation de l’Allemagne. Les partis politiques voient aussi un vivier d’électeurs dans tous ces dénazifiés plus ou moins repentis, qui se considèrent plutôt comme des escroqués et donc des victimes. En 1950/51, la nouvelle République Fédérale rouvre les portes des administrations à presque tout le monde. L’Allemagne fédérale voit sa dénazification comme un échec relatif, mais au moins sa culture politique a-t-elle été rebâtie.</p>
<h3>À l’est</h3>
<p>Les communistes ont la main beaucoup plus lourde et déportent jusqu’en URSS. C’est aussi le moyen de mettre le pays politique au pas. Mais là aussi l’épuration s’arrête vite par besoin de main d’œuvre.</p>
<h2>Du souvenir de cette guerre</h2>
<p><em>C’est un fil rouge : le souvenir de la guerre dépend des pays, y compris relativement aux autres conflits.</em></p>
<p><em>Si pour les Américains la Seconde Guerre Mondiale est d’abord celle du Pacifique et de la reconquête de l’Europe de l’Ouest, les Russes ou les Chinois ont des perspectives très différentes,marquées par la ligne variable du Parti. Les Suédois et les Suisse préfèrent regarder ailleurs. Les Australiens restent plus marqués par la Première Guerre Mondiale, où ils eurent beaucoup plus de victimes et participèrent à des batailles majeures.</em></p>
<p><em>À l’inverse, l’Allemagne a été totalement traumatisée par l’anéantissement qu’elle a subi, et la mémoire allemande me semble plus tournée vers le long cauchemar du front russe et les derniers mois de guerre que par la Première Guerre Mondiale, la Normandie ou les victoires des débuts.</em></p>
<p><em>Manquent forcément quelques pages : il y aurait beaucoup à écrire sur l’ex-Yougoslavie (avec ses conséquences jusque dans les années 90), les États baltes, la Finlande, l’Afrique (exploitée par les Alliés), la Syrie, l’Irak ou l’Iran…</em></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Seconde-Guerre-Mondiale-vue-d-ailleurs-Claude-Qu%C3%A9tel-co#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/873„Die Teilung Deutschlands” (La scission de l’Allemagne) de Matthias Uhlurn:md5:69839c6b33fd0764fa2daa9acd17a2682022-11-29T19:48:00+01:002022-12-16T18:22:09+01:00ChristopheHistoireabominationadministrationAllemagneapocalypsecartescataclysmechaoscommunismedémocratieEmpire soviétiqueEuropeguerreGuerre Froidegéographiegéopolitiquehistoireimpérialismelivres luslogistiquemémoireperspectivepolitiqueracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeéconomieÉtats-Unis<p>Au début, je me demandais pourquoi les frontières entre Berlin Ouest et Est étaient si tordues. Ça a fini par l’achat de ce <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de"></a>petit livre.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag.jpg" title="Die Teilung Deutschland"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag_s.jpg" alt="Die Teilung Deutschland" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>J’ai d’abord connu Berlin coupé en deux, lors d’un voyage scolaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Voir le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin">Mur</a>, taggé de haut en bas, a été un de mes souvenirs frappants d’ado (deux ans avant la joyeuse stupéfaction à sa disparition).</p>
<p><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:Occupied_Berlin.svg" title="Berlin occupé divisé en 3 zones (image Wikipedia, Stephan-Xp,CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Occupied_Berlin_depuis_Wikipedia-Stefan-Xp-CC-BY-SA-3.0.png" alt="Berlin occupé divisé en 3 zones" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Berlin occupé divisé en 3 zones" /></a></p>
<p>En y retournant récemment, je n’ai plus vu du Mur qu’un morceau devenu une expo artistique, l<em>'<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de">East Side Gallery</a></em>, dans un <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/6807791">coin paumé très à l’est</a>. Qu’est-ce que ce bout de Berlin-Ouest faisait de l’autre côté de la Spree ? Qui a fait des frontières aussi farfelues en 1945 quand les vainqueurs se sont partagé la ville ?
Et parce que cette question me trottait dans la tête, je n’ai pas pu ne pas acheter <em>Die Teilung Deutschlands</em> dans la librairie du château de Charlottenburg.</p>
<p>Il condense en quelques pages une très dense et difficile période, entre la capitulation (mai 1945) et la proclamation des deux Républiques allemandes (1949). Étonnamment, l’Allemagne est restée quatre ans écartelée entre quatre zones d’occupation, avec sa monnaie d’avant-guerre, et son administration (sous tutelles).</p>
<h3>Occupation</h3>
<p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Map-Germany-1947.svg/330px-Map-Germany-1947.svg.png" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" alt="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" /></a>Après la capitulation sans condition, tout le pays était occupé, et les Alliés pouvaient dicter leur loi. Les zones furent établis selon des critères logistiques, et non selon le front à la fin de la guerre (les Américains laissant notamment la Saxe aux Soviétiques). La Russie et la Pologne annexèrent la Prusse orientale, la Silésie, la Poméranie… pourtant allemandes depuis des siècles.</p>
<h3>L’heure zéro</h3>
<p>La situation matérielle en 1945 était évidemment dantesque. Avec un quart des logements en moins suite aux combats et bombardements, des millions de morts et prisonniers, des millions de réfugiés expulsés des zones annexées ou des zones germanophones de toute l’Europe de l’Est, la surface de logement par habitant était la moitié de celle de l’avant-guerre. Ce n’était pas le pire.</p>
<p>Les moyens de communications étaient anéantis, la main d’œuvre masculine prisonnière ou tuée, l’économie en ruine. Seule chose en abondance : les gravas de ce qui avait été des villes. Les prix alimentaires explosaient, et les familles des villes se dispersaient dans les campagnes à la recherche de la moindre nourriture.</p>
<p>Au titre des réparations, les Alliés se servirent sur la bête, et les Soviétiques sans retenue — ce qui se conçoit vu les destructions opérées chez eux par les Allemands. Des démontages d’usines tournèrent au fiasco, faute de capacité d’accueil réelles dans une URSS elle-même dévastée. La chasse aux ingénieurs et techniciens qualifiés avait démarré avant la fin des combats. Alors que les Américains leur offraient une alléchante émigration, les Soviétiques les renvoyaient chez eux une fois leurs compétences plus ou moins transmises.</p>
<h3>Réorganisation politique</h3>
<p>Il fallut refaire tourner les administrations locales et les systèmes judiciaires, sociaux, éducatifs, médicaux.
Très vite apparurent des Länders de taille régionale au sein de chaque zone, mais sans rien au-dessus que l’administration militaire d’occupation.</p>
<p>La Guerre froide n’était pas déclarée, mais l’administration militaire commune a très vite dysfonctionné, Soviétiques et Occidentaux ne s’entendant évidemment pas. De manière moins attendue, la coordination entre les trois zones occidentales n’était pas complètement acquise, chacun faisant un peu à sa sauce chez lui, par exemple en matière de dénazification. Les Français ont parfois dû se faire tirer l’oreille pour suivre le mouvement (les aides du plan Marshall étant un moyen de persuasion efficace). La fragmentation administrative par zone menaçait.</p>
<p>À l’est, les communistes se préoccupèrent d’entrée de placer leurs hommes aux postes clés, même si des « bourgeois » purent être mis en avant à nombre d’endroits. La dénazification, assez brutale, permit de réduire au silence nombre de fortes têtes. Progressivement les partis non communistes furent fusionnés de force avec le parti communiste et les élections devinrent une farce totale. Les brutalités et pillages des soldats russes en terre conquise <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> énerva jusqu’aux plus hautes autorités d’occupation, conscientes de l’impact désastreux sur la population, avant que l’Armée Rouge finisse parquée dans des casernes.</p>
<p>À l’ouest, la dénazification était bien sûr à l’œuvre aussi, mais il s’agissait aussi de rééduquer les Allemands et d’en faire progressivement des démocrates.</p>
<p>Nulle part la dénazification ne fut chose facile si l’on ne voulait pas totalement désorganiser les services.
Les exilés politiques, revenus après toutes ces années, n’étaient pas forcément bien vus par leurs collègues.
Il fallut bien laisser en place de nombreux anciens membres du parti nazi.
Cela n’empêcha pas les nouvelles administrations de suivre la politique décidée par les occupants.</p>
<h3>La population</h3>
<p>Le sort des femmes fut bien différent entre les deux zones. Il n’y a pas besoin de rappeler leur sort dans les zones envahies par l’Armée Rouge à la fin de la guerre. Les exactions sexuelles furent bien plus rares à l’ouest, même si la zone française a fait tache. Par contre, une prostitution plus ou moins ouverte se répandit dans toutes les couches de la population en raison des difficultés d’approvisionnement, pour le plus grand plaisir des occupants. La criminalité explosa, puis retomba avec l’amélioration de l’approvisionnement.</p>
<p>Les prisonniers furent relâchés relativement vite par les Anglo-Saxons pressés de rendre de la main d’œuvre à l’économie. Les Français avaient de nombreuses zones à leur faire déminer et prirent plus de temps. Les Soviétiques, rancuniers, mirent plus de dix ans à renvoyer tous les survivants <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. L’effarant taux de décès des prisonniers à l’est (33 % contre 1 % à l’ouest) provenait autant des privations, générales à l’est, que de la dureté du régime stalinien. Nombre de prisonniers furent condamnés sous divers prétextes.</p>
<p>Avant le retour des hommes, les femmes (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines" hreflang="de">Trümmerfrauen</a></em>) durent se sentir un peu seules pour déblayer ce qui restait des villes, un travail titanesque. Les maris revenus, bien des couples éclatèrent, l’homme étant souvent traumatisé et la femme ayant pris en main le foyer pendant ce temps, sans parler des enfants trop vite grandis. Peu à peu, à l’ouest, les femmes retournèrent à leurs fourneaux, pendant que l’est communiste restait plus égalitaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Le plan Marshall</h3>
<p>La reconstruction de l’Europe patinait. Or, les Américains voulaient éviter une redite du chaos économique
de l’Allemagne d’après la Première Guerre Mondiale, dont l'état impactait d'ailleurs toute l’économie européenne.</p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall" hreflang="fr">plan Marshall</a> de 1948, à destination de <em>toute</em> l’Europe, fut une gigantesque carotte américaine
— mais aussi un piège pour les communistes. Profiter du plan impliquait un droit de regard américain sur l’utilisation des fonds et ressources,
et poussait à l’intégration économique entre les États européens, de l’ouest comme de l’est. Staline ne pouvait supporter rien de cela.</p>
<p>Le refus des communistes de profiter du plan leur aliéna de nombreuses voix à l’ouest, et plomba les relations entre l’URSS et les États à qui elle avait imposé de refuser le plan.</p>
<h3>DM</h3>
<p>Le redémarrage économique fut lent. Le miracle (ouest-)allemand démarra en 1948 quand les Américains, en secret et suivis par leurs alliés, économiquement dépendants, préparèrent le remplacement du vieux Reichsmark par une nouvelle monnaie promise à un grand avenir, le Deutsche Mark.</p>
<p>Ne furent convertis à parité que quelques dizaines de RM par tête, et les flux réguliers (pensions, salaires, loyers…). Tout le reste, dettes, économies, valeurs, hypothèques… fut converti à des taux de 10 à 15 RM pour un DM. « La plus grande expropriation de l’histoire allemande » effaçait 80 % du patrimoine financier, purgeait l’Allemagne de dettes qu’elle aurait été incapable de rembourser, signa la fin du marché noir, et relança spectaculairement l’économie après quelques mois difficiles.</p>
<p>Les Soviétiques, au courant de l’opération par leurs espions, interdirent chez eux la nouvelle monnaie et durent faire une réforme similaire.</p>
<h3>Le blocus</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public.jpg" title="C -54 arrivant à Berlin-Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public_m.jpg" alt="C -54 arrivant à Berlin Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
C’est à la même période que se déroula le bras de fer du blocus de Berlin-Ouest. Staline coupa tous les accès terrestres à l’enclave occidentale dans la zone soviétique.</p>
<p>Pendant presque un an, tout le ravitaillement de 2 millions d’habitants passa par un pont aérien allié, qui coûta la vie à de dizaines de pilotes. L’aéroport du Tegel fut bâti en 3 mois. La population subit évidemment de nouvelles restrictions, alors que la ville restait une gigantesque ruine. Économiquement insensé, politiquement indispensable, médiatiquement génial, le pont aérien marqua la détermination américaine sans aller jusqu’à l’affrontement armé, et obligea Staline à reculer. Lui non plus n’était pas prêt à un affrontement armé. Et les Occidentaux le savaient : les dizaines d’officiers soviétiques passés à l’ouest permttaient un aperçu de l’état des troupes communistes. Par ses propres espions, Staline savait les Occidentaux déterminés à un affrontement, passa outre à son habitude, puis jeta l’éponge.</p>
<h3>Les 2 Allemagnes</h3>
<p>Le blocus de Berlin fut totalement contre-productif pour les communistes à l’ouest, puisqu’il souda les Allemands de l’Ouest derrière les Alliés occidentaux et accéléra les discussions sur la mise en place d’un État ouest-allemand.</p>
<p>Sous la pression américaine, et devant l’état de partition de fait, les élus des Länder des zones occidentales créèrent un conseil de représentants des différents partis pour élaborer une nouvelle Loi Fondamentale. Les quelques élus communistes, sans surprise, votèrent contre le texte final. L’Allemagne n’était pas encore pleinement souveraine : les puissances occupantes se réservaient encore relations et commerce extérieurs. Bonn, petite ville loin de la frontière est, fut choisie comme capitale (provisoire). Les parlements régionaux approuvèrent la Loi Fondamentale — sauf la Bavière, qui accepta tout de même d’intégrer la nouvelle République Fédérale d’Allemagne. Née en 1949, celle-ci s’agrandit en 1956 de la Sarre, alors officiellement indépendante mais protectorat français de fait.</p>
<p>Staline ne créa un État est-allemand qu’après avoir perdu tout espoir d’étendre son influence à tout le pays, et laissé les Occidentaux assumer la division officielle. Un conseil populaire, officiellement pan-allemand, décida plus tard de créer la future République Démocratique. Évidemment, tous les scrutins et organisations étaient biaisés, quitte à recompter avec une mauvaise foi consommée, pour garantir les mains libres au Parti Socialiste Unifié, dirigé de fait par les communistes.</p>
<p>Le Mur de Berlin ne fut construit qu'en 1961 pour mettre un terme à l'émigration massive vers la RFA, mais c'est une autre histoire.</p>
<p>Voir la <a href="https://www.bebraverlag.de/verzeichnis/titel/die-teilung-deutschlands.html" hreflang="de">page du livre chez l’éditeur</a>.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Et pour en revenir à la trajectoire farfelue du mur : les zones d’occupation ont été définies à partir des limites administratives existantes.
Les occupants n’ont pas prévu au départ que les zones pourraient être séparées, et sont allés au plus simple.
Dans cette <a href="https://www.landkartenarchiv.de/historischestadtplaene600b.php?q=landkartenarchiv_gesamtadressenwerk_der_nsdap_berlin_1938" hreflang="de">carte des groupes du parti nazi à Berlin en 1938</a>, l’<em>ortsgruppe</em> 108 va bien jusqu’au bord de la Spree. Était-ce basé sur une vraie limite administrative ? Je n’ai pas trouvé. En tout cas, une partie de Berlin-Ouest donnant sur le fleuve obligeait les communistes à planter un mur sur la rive en face, pourtant toute à eux, pour interdire les passages à la nage. Plusieurs personnes se noyèrent là sans que les policiers des deux côtés ne puissent ou ne veulent faire quelque chose. Effarant.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Calculez mon âge…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Déjà…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Dont des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov">Alsaciens malgré-nous</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les avancées vers l’égalité homme-femme ont été un des rares succès des communistes est-allemands.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/866Berlinurn:md5:e459add2a3a1249baa67657e432cacac2022-11-21T19:48:00+01:002023-06-12T07:29:03+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoAllemagnecommunismehistoiretourismeémerveillement<p>Qu'est-ce que c'était bien, ces quelques jours à <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/62422#map=14/52.5138/13.4045" hreflang="fr" title="Berlin centre sur Openstreetmap">Berlin</a> fin octobre ! Depuis le temps qu'on en parlait à la maison. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Brandenburger_Tor_abends.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/allemagne/Brandenburger_Tor_abends-Thomas_Wolf-via_Wikipedia-CC_B_SA_3.0.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Pas seulement parce que le temps était dangereusement<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> superbe.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais y avait toujours autre chose, c'était loin, et puis le Covid...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Réchauffement climatique, tout ça.</em></p></div>
<p>Mais il s'agit d'une capitale d'un des plus puissants États du monde, et il y a beaucoup moins de stress qu'à Paris.</p>
<p>Peut-être parce qu'en mode touriste, on est toujours plus cool ? Mais je suis toujours à Paris en mode touriste, même pour le boulot.</p>
<p>Peut-être à cause des masses de touristes en mois ? Il y a pas mal de monde autour de la Porte de Brandebourg ou du Reichstag, un bon lot de magasins aimants à touriste, mais rien d'étouffant. Et le reste de la ville est plus paisible.</p>
<p><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Cityscape_Berlin.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/allemagne/Cityscape_Berlin-Thomas_Wolf-via_Wikipedia-CC_BY_SA_3.0.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Peut-être à cause du Tiergarten, de ce gigantesque parc au milieu ? Et même pas surpeuplé. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Peut-être qu'il y a juste moins de monde. La ville fait 3,6 millions d'habitants, pas loin du double de Paris, mais sans les 10 millions supplémentaires autour. Cela doit jouer sur la population en ville à un moment donné. Surtout que Berlin n'est <em>pas</em> le poumon économique de l'Allemagne, loin de là.</p>
<p>Peut-être qu'il y a moins de voiture. Apparemment moins de bouchons. Les routes sont peut-être plus larges, mieux fichues. Entre la guerre et les gigantesques opérations immobilières à la chute du Mur, il y a eu plus d'une occasion de revoir à fond l'urbanisme. De toute façon, les Allemands de l'Ouest n'avaient pas arraché leurs trams comme nous, et à l'Est les transports avaient été privilégiés.</p>
<p>Peut-être grâce au métro. Dans les petites stations, juste un escalier et on est déjà sur le quai. Ni pont-levis ni champs de mine pour éviter les resquilleurs, juste un composteur dans un coin. Comme dans un tram, quoi. Oui, nous nous sommes fait contrôler une fois.</p>
<p>Le zoo ? Sympa. Je ne pensais pas les pandas aussi cabotins.</p>
<p>Les restaus ? Il y a ce qu'il faut, y compris des restaus italiens, <em>surtout</em> des restaus italiens. Hallucinant. Il faut vraiment le vouloir pour manger allemand. Et pas très cher (mais ne pas oublier le pourboire en sus).</p>
<p>Non, pas de musée. Il faisait trop beau. On a aussi pensé aux balades dans les îles au bord de la Spree, mais c'était tout de même un peu loin et couru.</p>
<p>Les belles avenues ? Il y a deux fois l'équivalent des Champs-Élysées : Unter den Linden, impériale, bordée de monuments prestigieux ; et le Kurfürstendamm, vitrine de la société de consommation autrefois en territoire hostile. Deux salles, deux ambiances.</p>
<p>Mais oublions la propreté. Certains coins avaient besoin d'un bon coup de balai. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Oublions aussi l'Alexanderplatz. Je ne mets pas de photo parce que ce mélange du « meilleur » de l'architecture socialiste relooké avec le « meilleur » des chaînes de magasin capitalistes mérite sans doute qu'on rase tout à nouveau. Même la tour de télé, fierté de la RDA, jure car elle n'est pas dans l'alignement de la porte de Brandebourg et d'Unter den Linden.</p>
<p>Quant aux trains... Trois trajets ne sont pas représentatifs mais à l'aller avec un collègue nous avons eu 2h de retard ; ma moitié et la petite ont dû prendre leur correspondance pour le même train dans une autre gare ; et au retour ensemble, même chose, avec le stress de se retrouver dans un fauteuil réservé par quelqu'un d'autre sur ce segment. Rien de grave au final mais tout de même…</p>
<p>J'ai connu Berlin un peu avant la chute du Mur, avec les miradors pour touristes ; pleine de grues quelques années après la chute ; et plus bucolique ainsi.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et il y a un piège : malgré son nom, il n'y a pas d'animaux, à part les chiens des promeneurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>En fait, je doute que ça puisse être différent dans n'importe quelle ville aussi dense hors du Japon ou Singapour.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Berlin#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/865« Le monde d'hier » de Stefan Zweigurn:md5:f41a7b4cef6d81753e0a4bee446e679c2021-07-31T15:16:00+02:002023-03-13T10:52:49+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneapocalypseautodestructionAutrichecataclysmecatastrophechaoscivilisationculturediscriminationdécadencedémocratiedéshumanisationguerregéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmulticulturalismemémoirenationalismeperspectivePremière Guerre MondialeracismeSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p><em>Und ich mußte immer an das Wort denken, das mir vor Jahren ein exilierter Russe gesagt: »Früher hatte der Mensch nur einen Körper und eine Seele. Heute braucht er noch einen Paß dazu, sonst wird er nicht wie ein Mensch behandelt.«</em></p>
<p>
Et je me souviens toujours de ce mot, que m'avait dit un exilé russe, des années auparavant : « Autrefois l'homme n'avait qu'un corps et une âme. Maintenant il lui faut encore un passeport, sinon il n'est pas traité comme un homme. »</p>
<p>
<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stefan_Zweig" hreflang="fr" title="Stefan Zweig : page Wikipédia">Stefan Zweig</a></em>, Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers</p></blockquote>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-vers_1912-via_Wikipedia.png" alt="Stefan Zweig vers 1912 (via_Wikipedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Stefan Zweig était de ces Européens d'avant l'heure, cosmopolites d'avant la Première Guerre Mondiale, voyageurs sans passeport, passeurs de la culture entre les pays et à travers les langues, et qui, hommes déjà mûrs, ont vu s'effondrer leur monde dans la haine, les mouvements de masse, les frontières, l'exil, la guerre. <em>Le monde d'hier</em> est le testament de Zweig, rédigé juste avant son suicide en 1942.</p> <p>Certes son « monde d'avant » était privilégié : la jeunesse dorée d'une capitale impériale, polyglotte, avide de littérature, de théâtre, de musique, d'art. S'il décrit la Vienne d'avant 1900 comme conservatrice et trop respectueuse de l'âge, il appréciait l'ambiance de son époque : la stabilité, le progrès en marche, l'amélioration progressive de la condition de tous, l'avenir sûr et radieux. Les grandes guerres du XIXè siècle étaient déjà loin, les sociétés évoluaient, dans un Empire presque millénaire.</p>
<p>Cette vitalité et cette confiance furent un piège (à ajouter au dossier de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark">Sleepwalkers</a></em>) :</p>
<blockquote><p><em>Jeder Staat hatte plötzlich das Gefühl, stark zu sein und vergaß, daß der andere genauso empfand, jeder wollte noch mehr und jeder etwas von dem andern. Und das Schlimmste war, daß gerade jenes Gefühl uns betrog, das wir am meisten liebten: unser gemeinsamer Optimismus.</em></p>
<p>
Chaque État avait soudain le sentiment d'être fort, et oubliait que les autres se sentaient de même ; chacun en voulait encore plus, et chacun quelque chose de l'autre. Et le plus grave est que c'est justement ce sentiment que nous aimions le plus qui nous abusait : notre optimisme à tous.</p></blockquote>
<p>Effaré, Zweig voit tous ses amis happés par l'hystérie collective nationaliste.
Incapable de voyager loin, militairement « planqué », il collabore en Suisse à un collectif d'écrivains européens contre la guerre, conscients de parler dans le vide.</p>
<p>Il assiste aux derniers instants de l'Autriche impériale, en croisant l'Empereur Charles de Habsbourg en exil à la frontière suisse.
De Salzbourg, il assiste au chaos économique, au bouillonnement culturel et au complet renversement des valeurs de la nouvelle Autriche — le seul pays que l'on ait jamais forcé à être indépendant.</p>
<p>Les Années Folles se passent mieux (c'est au tour des Allemands de souffrir économiquement). Son succès littéraire déjà naissant avant guerre se renforce.</p>
<p>S'impose progressivement Hitler, que personne en Autriche ne voit venir. En Allemagne, son ami l'homme politique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walther_Rathenau" hreflang="fr" title="Walter Rathenau sur Wikipédia">Rathenau</a> est assassiné. Les chemises brunes sèment le chaos. L'ordre moral et légal, les bases de la société, que même la Première Guerre Mondiale avait à peu près préservées : tout cela s'envole. Sous l'unité de façade du pays face à la menace, Zweig sait que beaucoup, par peur ou prudence, sont déjà préparés à l'Anschluß.</p>
<p>Zweig est un des premiers à fuir, bien avant le rattachement au IIIè Reich. Pour en ajouter aux pertes matérielles (livres, collections) ou immatérielles (amis, famille), il est déchu de sa nationalité en 1938 : il se retrouve apatride. Ce qui semblait un rêve pour un citoyen du monde se transforme vite en cauchemar administratif.
En Autriche, sa vieille mère mourante n'a même plus le droit de se reposer sur un banc lors de ses promenades : interdit aux Juifs.</p>
<p>En Angleterre, impossible de convaincre ses interlocuteurs que la perte de l'Autriche entraînera la chute de toute l'Europe. Zweig assiste à l'euphorie à l'annonce des accords de Munich, et à la consternation rapide quand la population réalise que tout a été abandonné à Hitler. L'ambiance se plombe, la guerre s'annonce, certaine.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26.jpg" title="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26_m.jpg" alt="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Le livre est un document. Quelques petits travers énervent, comme le <em>name dropping</em> permanent : Sigmund Freud, Richard Strauss, Romain Rolland, Bernard Shaw, H. G. Wells, Walter Rathenau, Charles Ier… Certaines visions semblent un peu idylliques (le Paris d'avant-guerre !), en tout cas réservées aux gens des classes aisées ; mais c'est le propre de la nostalgie. Ce livre décrit certes un monde perdu et son auteur, mais sa famille est quasiment oubliée, et il est surprenant que les prénoms de ses deux femmes ne soient même pas cités.</p>
<p>Zweig n'a pas vu la guerre se retourner, ni la reconstruction de l'Europe. Il en aurait sans doute été un des rebâtisseurs. Notre époque, qui remet des frontières partout, fait la chasse aux migrants, et à nouveau en prise à la stupidité de masse, ne lui aurait pas plu. Et il n'aurait pu s'empêcher de retisser des parallèles avec la chute de l'Europe un siècle plus tôt.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/860„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbachurn:md5:4398784936b629e8bc092eadc52694c42019-08-04T19:09:00+02:002023-08-26T18:51:44+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAllemagneapocalypsechaosmicroéconomiemortSeconde Guerre Mondialeéconomie <p>C'est un <em>krimi</em>, lu en VO, et à ma connaissance non traduit. Non germanophones, passez votre chemin<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ou restez, vous ne lirez ceci nulle part ailleurs. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" title="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Unter_Trummern-Jurgen_Heimbach.jpg" alt="„Unter Trümmern“ de Jürgen Heimbach" class="media-left" /></a></p>
<p>Les polars se ressemblent souvent, j’en lis peu. L’intérêt de celui-ci : le lieu et l’époque. L’Allemagne était sans doute un des pires endroits en 1946 : ruinée, détruite, occupée, affamée, parcourue de bandes de <em>displaced persons</em>, et sans nouvelles de millions de prisonniers. À Mayence, sous occupation française, les gens meurent littéralement de froid. La viande, l'alcool ou le vrai café sont rarissimes et précieux. Le trafic et les petites combines sont généralisés, question de survie.</p>
<p>Né à Mayence, vétéran de la guerre d’Espagne et de la Résistance (française, oui), le commissaire Koch arrive dans les rangs d’une police saignée par la guerre et la dénazification, et minée par la corruption due à la pénurie généralisée.</p>
<p>Premier cas : un gardien a été tuée par un raid sur un entrepôt. On suspecte un bourgeois local, quasi-chef de bande, au centre de trafics en tout genre, mais intouchable par ses nombreuses relations, y compris chez les officiers français.</p>
<p>Second cas : un jeune homme assassiné, sans doute pour quelque morceaux de viande. Lui aussi trafiquait-il ?</p>
<p>Ce ne seront pas les derniers cadavres. Koch devra faire le lien avec une femme du quartier, sans nouvelle d'un mari prisonnier en Sibérie, dont le fils, amputé, agonise, et pour qui elle trahira toutes les règles. Le point de vue de cette <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines">Trümmerfrau</a></em> alterne tout le livre avec celui de Koch.</p>
<p>Koch devra aussi démêler tout ça avec un adjoint doué mais débutant, un collègue vieux briscard et un voisin alcoolique aux activités louches ; parfois sans voiture, toujours sans le soutien de son chef.</p>
<p>Les relations troubles, les nazis encore présents, les éternels problèmes d'approvisionnement, le pessimisme de ceux qui ne croient pas à une vie meilleure dans le futur s'égrènent tout le livre, parfois contrebalancés par quelques lueurs d'optimisme : un printemps qui arrive ou une université qui rouvre.</p>
<p>Page des romans de l'auteur :
<a href="https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211" hreflang="de">https://www.juergen-heimbach.de/romane/#cc-m-header-5681548211</a> (ô joie, il y a deux suites !)</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Et là disparaît 90 % de mon misérable lectorat.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EUnter-Tr%C3%BCmmern%E2%80%9C-de-J%C3%BCrgen-Heimbach#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/853« La campagne du Rhin : Les Alliés entrent en Allemagne (janvier-mai 1945) » de Daniel Feldmann & Cédric Masurn:md5:c68ad5398703e89ace8912eae64179472019-02-03T18:50:00+01:002020-02-08T17:50:24+01:00ChristopheHistoireAllemagneAlsaceAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmechaoscomplexitédéshumanisationEuropegigantismeguerre saintegéographiegéopolitiquehainehistoireHistoire de FrancehiérarchieimpérialismejusticenationalismeorganisationracléeSeconde Guerre MondialetempsténacitéÉtats-Unis<p>(<em>Encore une chronique de mes lectures, pour changer...</em>)</p>
<p><a href="https://www.economica.fr/livre-la-campagne-du-rhin-janvier-mai-1945-feldmann-daniel-mas-cedric,fr,4,9782717868807.cfm"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.feldmann-mas-campagne-du-rhin_m.jpg" alt="feldmann-mas-campagne-du-rhin.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Il n’y avait apparemment pas de livre dédié aux opérations des Occidentaux début 1945. Le sujet intéresse moins que le rouleau compresseur russe à l’Est, la prise de Berlin, ou la décision d’Eisenhower de ne <em> pas</em> aller à Berlin. Ce livre, assez austère mais relativement facile à lire pour l’amateur éclairé, comble le vide. La vision est plus celle des états-majors, globale et technicienne, que celle anecdotique du soldat de terrain.</p>
<p>Il s’agira essentiellement ici des armées anglo-américaines, et de la canadienne.</p> <p>Quelques chapitres parle de la petite armée française, pas vraiment en bien. C’est un mélange instable de Français libres, d’unités de l’armée de Vichy de France ou d’Afrique du Nord ayant rejoint les Alliés parfois assez tard, de troupes nord-africaines aguerries, et d’anciens FFI courageux mais sans formation militaire. Le manque de matériel est complet et la dépendance envers les Américains totale. Son chef, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De Lattre" hreflang="fr">https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Lattre_de_Tassigny</a> aura besoin d’eux pour réduire la poche de Colmar et ne semble pas vouloir ce qu’il veut en Forêt Noire et à Stuttgart. Leclerc et la 2è DB préféreront être sous les ordres d’un général américain.</p>
<p>Quant aux Russes, ils sont de l’autre côté, rouleau compresseur en train de broyer la Wehrmacht et de conquérir l’Europe de l’Est. Rappelons que pendant que les Occidentaux débarquaient en Normandie, il entamaient la reconquête de la Pologne (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bagration" hreflang="fr">opération Bagration</a>). Fin 1944, ils ont déjà entamé la conquête de terres allemandes.</p>
<h3>Les généraux</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dwight_D._Eisenhower" hreflang="fr">Eisenhower</a> le diplomate, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Montgomery" hreflang="fr">Montgomery</a> l’égocentrique... : tous sont alors connus, environnés de journalistes, et très conscients à l’époque d’écrire l’Histoire. Les rivalités plus ou moins sportives entre généraux s’ajoutent à la rivalité anglo-américaine : les calculs politiques en vue de l’après-guerre s’additionnent au besoin de gloriole et de prestige. Les auteurs sont assez critiques, et tout le monde au sommet en prend pour son grade.</p>
<p>Les moyens et les choix d’offensive sont en permanence arbitrés entre le front nord (anglo-canadien) et centre et sud (américain), et des unités américaines passent alternativement d’une armée à l’autre selon les besoins. S’ajoute le style : Montgomery aime préparer ses offensives et réclame toujours plus de forces ; les Américains ont plus de moyens, plus de chance aussi dans leurs adversaires (les dernières unités allemandes sont très inégales), et foncent volontiers.</p>
<h3>Situation fin 1944 & plan de bataille</h3>
<p>Fin 1944, après une difficile percée en Normandie, un débarquement en Provence, les armées alliées ont reconquis rapidement presque toute la France et la Belgique. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Ardennes" hreflang="fr">bataille des Ardennes</a> en décembre 1944 est la dernière grande offensive de la Wehrmacht à l’Ouest, péniblement repoussée. Si celle-ci n’a ensuite plus les moyens de rééditer une telle opération, cela ne veut pas dire que la suite sera un chemin pavé de rose.</p>
<p>Le front début janvier 1945 suit à peu près les frontières allemandes de 1939. Au nord, les Allemands tiennent encore de gros morceaux des Pays-Bas, dont l’embouchure du Rhin. Au sud, la bataille continue en Alsace : Colmar et Rouffach sont encore occupés, et Wissembourg le redevient (l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a> ramène la Wehrmacht jusque Haguenau).</p>
<p>La supériorité matérielle alliée est totale : chars, canons, avions, hommes, et aussi pétrole, à l’est comme à l’ouest. Dans les airs, la Luftwaffe use ses dernières réserves. La coordination interarmes alliée est rodée.</p>
<p>On a gardé l’image d’une armée alliée aux moyens inépuisables, mais ce moment est une crise. D’abord la logistique est cauchemardesque, mais cela s’arrangera quand le port d’Anvers sera à nouveau opérationnel. L’armée britannique est expérimentée mais l’Angleterre est épuisée et les effectifs manquent, il faut même dissoudre des divisions. Même l’armée américaine a des problèmes de remplacement : les pertes en France ont été plus importantes que prévues, et les troupes disponibles sont déjà toutes en ligne. Mais comme 13 % seulement des 2,7 millions d’hommes sont des troupes offensives, une réorganisation et l’embauche de civils pour certaines tâches permettra de parer au problème.</p>
<p>La météo est exécrable, avec un hiver rigoureux. Les périodes de redoux ne sont pas plus faciles, car la boue gêne les offensives d’ampleur et détruit les routes, parfois étroites. Pendant tout le livre revient le problème de faire passer des divisions entières par des chemins vite embourbés et saturés.</p>
<p>Le chemin pour la conquête de l’Allemagne n’est pas évident : des massifs montagneux comme l’Eifel sont difficiles à conquérir (les Américains s’y useront inutilement) ; des barrages permettent d’inonder des zones entières (autour de la Roer) ; la ligne Siegfried protège bien certains endroits ; la supériorité numérique n’est pas assez écrasante pour une attaque partout à la fois ; enfin les chemins faciles n’offrent pas de possibilité d’exploitation évidente vers des objectifs importants. Les raisons des choix stratégiques sont les parties les plus intéressantes du livre.</p>
<p>Assez vite se dégage l’idée qu’il vaut mieux conquérir toute la rive gauche du Rhin, et y détruire les dernières forces allemandes, avant de tenter de franchir le fleuve. La cible principale sera ensuite la Ruhr, poumon industriel de l’Allemagne.</p>
<p>Les auteurs s’attardent à décrire ce à quoi s’attendent les Allemands. Ils n’ont plus guère de réserves, mais n’abandonnent pas le terrain pour autant. Mais le renseignement est défaillant et la coordination des unités n’est plus ce qu’elle a été. Les ordres débiles d’Hitler de ne jamais reculer, fidèlement retransmis, parfois obéis, et la faible qualité des dernières recrues (trop jeunes, trop vieilles, inaptes...), en plus du manque de matériel et de carburant, obèrent toute initiative stratégique. Si beaucoup de divisions n’existent plus que sur le papier, quelques unités restent solides, le régime nazi tient le pays et punit de mort toute idée de reddition : la débandade générale n’interviendra qu’après le passage du Rhin.</p>
<h3>L’Alsace</h3>
<p>La poche de Colmar et plus globalement l’Alsace n’ont pas une grande importance stratégique, mais elles fixent beaucoup d’unités alliées. Au milieu d’un froid glacial, Français et Américains doivent d’abord repousser une attaque allemande (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a>) qui menace Strasbourg. Eisenhower prévoit même au début de l’abandonner avec tout le Bas-Rhin, à la fureur des Français. Il cède à la pression politique et fournit les troupes. Puis il faut reprendre Rouffach et Colmar, difficilement. L’armée allemande se retire par Brisach en bon ordre. Le front alsacien ne bougera plus avant le printemps.</p>
<h3>La Rhénanie</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public.png" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public_m.png" alt="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " /> </a></p>
<p>C’est le 8 février, par Nimègue et l’extrême nord, qui a l’avantage d’être plat et dépourvu de cours d’eau, que démarre l’invasion de la Rhénanie par les Anglo-Canadiens (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Veritable" hreflang="fr">opération Veritable</a>). Malgré une longue préparation, ils tombent sur des troupes allemandes de qualité et bien commandées, et l’avancée est très difficile.</p>
<p>Les Américains entrent un peu plus tard en lice au sud, depuis l’extrême sud de la Hollande. Ils auront auparavant eu du mal à sécuriser les barrages de la Roer, et seront ralentis par les inondations provoquées par les Allemands. La suite sera pour eux plus facile que pour les Anglais, et un rouleau compresseur impeccablement huilé se déploie sans anicroche jusqu’au Rhin et Düsseldorf.</p>
<p>Ces opérations détruisent en un mois les dernières capacités allemandes à l’ouest. Ce sont des unités très diminuées qui retraitent derrière le Rhin.</p>
<p>Les auteurs étudient la décision de ne pas profiter du succès pour franchir le Rhin tout de suite : sécuriser la tête de pont et mener l’exploitation aurait nécessité trop de troupes, sans compter la difficulté de batailles dans la zone urbaine de la Ruhr.</p>
<h3>Remagen</h3>
<p>Début mars, Patton profite de l’effondrement allemand pour sortir enfin du massif de l’Eifel, encore un peu plus au sud (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Lumberjack" hreflang="fr">opération Lumberjack</a>), et border le Rhin jusqu’à la Moselle, Bonn et Coblence. La progression est si facile et rapide qu’un pont, par chance et incompétence allemande, tombe aux mains des Américains à Remagen. Ce n’est pas le meilleur endroit pour créer une tête de pont, mais Eisenhower donne l’autorisation de consolider la tête de pont. Le point de franchissement du Rhin n’a donc pas été planifié, les Alliés s’attendaient à ce que tous les ponts aient été détruits !</p>
<p>Les Allemands ont beau faire, ils ne repoussent pas la tête de pont américaine. L’impact n’est pas tant stratégique que psychologique : la Wehrmacht ne peut même plus espérer souffler un temps derrière le Rhin.</p>
<h3>Sarre & Palatinat</h3>
<p>Les Allemands sont encore au sud de la Rhénanie, à la frontière française, car évacuer ce saillant impliquerait de perdre le charbon de la Sarre. Les armées de Patton et Patch s’enfoncent facilement au nord de la Lorraine et du Bas-Rhin, si vite qu’elles se croisent involontairement (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Undertone" hreflang="fr">opération Undertone</a>).</p>
<h3>Le franchissement du Rhin</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Crossing_of_the_Rhine.jpg" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Crossing_of_the_Rhine_m.jpg" alt="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" /></a></p>
<p>La suite est une longue agonie pour les Allemands. La logistique de l’opération britannique au-dessus du Rhin, nommée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Travers%C3%A9e_du_Rhin" hreflang="fr">Plunder</a>, avec divisions aéroportées, est massive, même surdimensionnée. Les auteurs expliquent que les Anglo-Américains n’ont jamais eu de progression aisée, que Montgomery veut tirer la couverture médiatique à lui, et effacer son premier échec sur le Rhin à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Market_Garden#Arnhem_2" hreflang="fr">Arnhem</a> en 1944.</p>
<p>En face, la plaine est défavorable à la défense. Si les effectifs allemands font encore illusion, il n’y a plus guère d’officiers expérimentés ni d’armes ni de munitions. Les Anglais doivent combattre mais leur organisation est impeccable et leur progression est rapide.</p>
<p>Les Américains de leur côté ne prennent aucun repos et, en plus de Remagen, franchissent le Rhin plus au sud également, et eux sans préparation, par un « coup de main » ! Patton veut là avoir un prétexte pour éviter de prêter des divisions à l’opération de Montgomery, et faire pièce au succès de ce dernier ; mais il a aussi raison de vouloir profiter d’une défense devenue presque inexistante. Mais par endroit les Allemands s’accrochent encore et les envahisseurs doivent être prudents.</p>
<p>Au final, la Ruhr finit encerclée par les deux armées le 3 avril. Le Reich n’a plus d’industrie.</p>
<h3>Après la Ruhr</h3>
<p>Les Alliés n’ont jamais cherché à battre les Soviétiques dans la course à Berlin. Pourtant, la Ruhr prise, c’était le dernier objectif possible, politique cette fois. Cette décision, prise très tardivement par Eisenhower, a fait couler beaucoup d’encre. Un éventuel « réduit alpin » (condamné d’avance, mais avec les nazis on ne sait jamais) n’aurait pas mobilisé beaucoup de troupes. Les coûts et l’impact sur l’après-guerre étaient des décisions politiques, pas militaires.</p>
<p>Après bien des explications vient la théorie des auteurs : Eisenhower a décidé pour une fois d’affirmer son autorité, a favorisé l’armée de son ami et compatriote Bradley, et ne voulait pas que Montgomery entre à Berlin (les troupes britanniques étaient les mieux placées pour cela). Roosevelt mourant, c’est une période de flottement, et Churchill ne peut changer faire changer d’avis Marshall, seul supérieur d’Eisenhower.</p>
<p>Les Anglo-Canadiens se sont donc contentés de foncer sur la Baltique pour barrer l’accès au Danemark aux Soviétiques. Les Américains ont poussé jusqu’à Leipzig. Au passage ils découvrent les camps de concentration, ce qui ôtera ensuite à certains leurs scrupules à bombarder des villes (Erfurt).</p>
<p>La résistance allemande subsiste ponctuellement, désorganisée, mais l’organisation étatique nazie ne s’effondre jamais. Il faudra attendre la mort d’Hitler pour que Dönitz signe la capitulation. Les détails précis de l’agonie de l’Allemagne ne sont pas le sujet ici -- là-dessus j’avais déjà chroniqué l’excellent <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw">The End</a></em> de Kershaw.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>Dans cette histoire m’ont frappé les dissensions entre généraux des trois nationalités, leurs mesquineries dignes de cours d’école. Celles-ci n’ont cependant pas eu d’effet sur les opérations. Bref, les Allemands n’avaient aucune chance contre le rouleau compresseur anglo-américain, très bien huilé techniquement, que la logistique n’a plus bridé en 1945.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-campagne-du-Rhin-Les-Alli%C3%A9s-entrent-en-Allemagne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/852« Guerres & Histoire » n° 32 d’août 2016 : Verdun, un borgne chez les aveuglesurn:md5:7865ce2d76b0cdcaa45092967553e9722016-09-11T16:13:00+02:002020-02-08T18:05:06+01:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypsebon senscatastrophecommunismeesclavageEuropeguerreGuerre FroidehainehistoireHistoire de Franceimpérialismeincohérencelégendes urbainesparadoxeperspectivePremière Guerre MondialepsychologieracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerresEtHistoire_32.jpg" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) "> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerresEtHistoire_32_s.jpg" alt="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " /> </a> Petit résumé rapide de ce dont je veux me rappeler du dernier <em>G&H</em>, à part la partie sur l’armée d’Alexandre reportée au prochain billet.</p> <h3>Verdun</h3>
<p>Le plus grand massacre de la Première Guerre Mondiale était stratégiquement dénué de sens !</p>
<p>Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_von_Falkenhayn">Falkenhayn</a>, l’organisateur allemand, le but n’était pas simplement de « saigner à blanc l’armée française » (le degré zéro de la stratégie). Le général sait que malgré de gros succès défensifs, l’Allemagne ne tiendra pas face à la multiplication des fronts (Italie, Balkans, Arabie...) et au blocus naval. Faute de volonté du politique de négocier la paix, Falkenhayn vise à <strong>séparer ses ennemis</strong> et croit s’attaquer au plus faible : la France (« meilleure épée » de l’Angleterre et, croit-on, épuisée).</p>
<p>Verdun (la ville du Traité) est un <strong>objectif limité mais symbolique</strong>. À cause du terrain, les contre-offensives seraient si coûteuses que la France finirait par accepter une paix séparée. L’armée russe recevrait alors tout le poids de l’armée du Reich, et l’Angleterre finirait seule.</p>
<p>Est-ce la faute à Falkenhayn, ce plan n’a pas été appliqué à la lettre par les généraux : l’attaque limitée mais puissante a été étendue dans le but de prendre Verdun, en espérant plus. Les troupes allemandes se sont donc beaucoup plus exposées au feu ennemi alors que le but n'était que d’attirer les Français et les pilonner, au moindre coût. <strong>Le but tactique (Verdun) a remplacé le but stratégique (user les Français)</strong>. (<em>Oublier la stratégie au bénéfice des victoires tactiques, il semblerait que ce soit une constante allemande pendant les deux Guerres Mondiales...</em>)</p>
<p>Ces damnés Français tiennent, grâce à la rotation des effectifs, et l’armée allemande s’épuise elle aussi, sans résultat probant. Falkenhayn est écarté par Hindenburg et Ludendorff qui vont établir une quasi-dictature sur le Reich. Ils suivent la même philosophie (une grande victoire tactique suffira, comme aux siècles précédents), sans plus de succès puisqu’ils ne sauront pas exploiter les avancées de 1918.</p>
<p>Ironiquement les Français tombent dans le même travers (Chemin des Dames). Ils gagnent quand même (arrivée des troupes américaines, matériel supérieur, succès dans les fronts arabes ou balkaniques, épuisement des puissances centrales...). Mais pour Benoist Bihan, ils prolongent l’erreur en 1940 : croyant là encore à une guerre d’usure, la France s’enferme derrière la ligne Maginot et laisse à Hitler le temps de manger les petites puissances et l’initiative.</p>
<h3>Moshe Dayan au Vietnam</h3>
<p>Le général israélien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Moshe_Dayan">Moshe Dayan</a>, un peu désœuvré en 1966, a joué quelques semaines au reporter, et écrit une série d’articles sur les opérations américaines au Vietnam. Il a les coudées franches et est impressionné par l’hallucinante débauche de moyens, mais beaucoup moins par la stratégie. <strong>La machine américaine ne semble pas savoir où elle va, dans quel but, à part vouloir impressionner le monde entier</strong>.</p>
<p>Le peu que les Américains font pour gagner les cœurs des habitants est totalement insuffisant. Les soldats vont chercher dans la jungle un ennemi très mobile et insaisissable. Le renseignement, essentiellement technique, ne peut localiser précisément le Viet-Công, qui frappe toujours juste à côté, ou juste après : les Américains « utilisent des marteaux-pilons pour forer des trous dans le vide ». « <strong>Les Américains gagnent tout — sauf la guerre</strong>. »</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les <strong>équipages des bombardiers américains</strong> ont encaissé le pire taux de pertes de toutes les troupes alliées. 1943 fut la pire année, faute d’escortes. Avec l’expérience, les équipages avaient de plus en plus de chances de revenir vivants.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’interview du mois est celle de <strong>Yon Deguen</strong>, un de ces miraculés de la Seconde Guerre Mondiale : Juif soviétique ukrainien, il s’engage dès l’attaque allemande de 1941, à 16 ans. Dans l’ambiance chaotique de ces premiers mois, il se retrouve très vite commandant de section car il sait lire les cartes ! (<em>les armées russe puis soviétique ont toujours eu un énorme problème d’encadrement</em>). Il se retrouve à franchir le Dniepr à la nage bien que blessé ! Baladé dans diverses unités, il survit aussi bien aux combats qu’au NKVD qui fusille pour un oui ou pour un non. Sur la manière dont l’URSS à tenu : « Nous avons inondé les Allemands avec nos cadavres. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>reportage photo sur la guerre de Corée</strong> (1951), où la machine de guerre américaine s’est grippée dans les collines et face aux vagues chinoises, est quelque part surréaliste : pas de combat, et elles rappellent la Seconde Guerre Mondiale (mais en couleur) et le Vietnam (sans la jungle ni les hélicos).</li>
</ul>
<h3>Réponses du journal à des questions de lecteurs</h3>
<ul>
<li><strong>La traite des Noirs a-t-elle facilité le colonialisme européen</strong> ? Selon G&H, c’est probable : 40 millions de personnes enlevées par les divers esclavagistes africains, arabes, européens représentaient une ponction notable, mais pas le seul facteur (l’Asie aussi a été colonisée malgré une population supérieure).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Si l’Italie avait respecté ses engagements en 1914</strong> et combattu aux côtés de l’Allemagne et de l‘Autriche, cela n’aurait sans doute pas changé grand-chose : la France était protégée par des Alpes infranchissables, un blocus naval allié aurait mené à une rapide paralysie, et au final le pays aurait été une charge pour l'Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le terme « <strong>génocide vendéen</strong> » est abusif : malgré d’innombrables massacres typiques d’une guerre civile, et que l’on retrouve dans d'autres guerres antérieures, il n’y avait pas de plan d’extermination.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-ao%C3%BBt-2016#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/829Les blagues de l’ex-RDAurn:md5:0eb549900b7b07928376710c1b90b6fa2015-11-01T21:27:00+01:002015-11-01T21:32:00+01:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnecommunismeEmpire soviétiquefoutage de gueuleGuerre FroidehistoirehumourmémoireperspectivepolitiqueRussietotalitarisme <p>J’ai eu la joie de constater que divers moteurs de recherches proposaient mon site dès la première page à propos d’un État : la République Démocratique Allemande<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>... pour une compilation de blagues !</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/rda/bilder/drapeau_rda.gif" alt="Drapeau est-allemand" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour les plus jeunes parmi nous, rappelons qu’il s’agissait de la partie de l’Allemagne occupée par les Soviétiques après la guerre, devenue une dictature communiste, frugale mais vivable tant qu’on se taisait, enfermant ses administrés derrière le fameux Mur de Berlin (qui les empêchait d’entrer à Berlin Ouest), jusqu’à 1989 et de nouvelles évasions massives<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et des manifestations monstres, puis l’annexion en 1990 par le voisin de l’ouest. Pour une idée de l’ambiance, je conseille deux films connus : le glaçant <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111643.html">La vie des autres</a></em> et la comédie <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=52715.html">Goodbye Lenin!</a></em></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" title="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg_s.png" alt="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Carte administrative de RDA, Wikimedia, CC-BY-SA 4" /></a>J’ai vécu un an là-bas, quelques années après la Réunification qui n’avait pas encore effacé les différences. Je m’étais amusé à traduire en français certaines des blagues de l’époque communiste, publiées en recueils après 1989 aux début de la vague de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostalgie">Ostalgie</a>. Certaines sont des transpositions locale de blagues universelles ; d’autres sont applicables à tout le bloc communiste ; certaines se fichent gentiment des dirigeants ; d’autres sont beaucoup plus grinçantes quand on connaît un peu le régime stalinien des débuts de la RDA, le flicage généralisé, le trucage des élections ; beaucoup détournent la langue de bois de l’époque. Beaucoup d’entre elles ne font plus rire, mais renseignent sur ce qui désespérait les gens de l’époque.</p>
<p>La collection complète est sur le « vieux site » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>: <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda.html">sommaire</a>, blagues d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda40.html">après-guerre</a>, des <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda50.html">années 50</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda60.html">années 60</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda70.html">années 70</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html">années 80</a>, de <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html#1989">1989</a>, d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda90.html">après la Réunification</a>. En prime : <a href="https://www.coindeweb.net/blagues_lada.html">quelques blagues sur les Ladas</a>, des voitures soviétiques, à la mode dans les années 80 et 90 (les blagues, pas les voitures, du moins de notre côté du Mur). Il faudrait que je relise et corrige pas mal de maladresses.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<h4>Période stalinienne</h4>
<blockquote><p><em>Staline fait un discours à l’Académie Militaire de Moscou. Silence absolu dans l’auditoire.<br />Soudain quelqu’un éternue violemment dans l’assistance. <br />Staline s’interrompt : « Qui a éternué ? »<br />L’assistance est pétrifiée de peur. Personne ne répond. Tout le monde se voit déjà en Sibérie.<br />Staline demande alors à ceux du premier rang si l’un d’entre eux éternué. Aucun n’avoue. Staline les fait tous fusiller sur le champ.<br />Puis c’est au tour du deuxième rang.<br />Puis du troisième.<br />Soudain quelqu’un se lève et crie : « Camarade Staline, c’est moi qui ait éternué ! »<br />Alors Staline :<br />« À tes souhaits, Camarade ! »<br />Et il continue son discours. </em></p></blockquote>
<h4>Années 50</h4>
<blockquote><p><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Ulbricht">Ulbricht</a> [Secrétaire Général du PC est-allemand de l’époque] convoque son ministre de la sûreté et lui demande : <br />« Deux et deux, ça fait combien ? <br />— Cinq, Camarade Président. »<br />Ulbricht sort un revolver et l’abat. <br />D’autres camarades, alertés par le bruit, arrivent aussitôt et s’étonnent : <br />« Mais pourquoi l’as-tu tué ??!! <br />— Il en savait trop ! »</em></p></blockquote>
<p>...à rapprocher du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2_%2B_2_%3D_5" hreflang="en">2+2=5</a> évoqué par George Orwell dans <em>1984</em>, et sa conséquence :</p>
<blockquote><p><em>Freedom is the freedom to say that two plus two make four. If that is granted, all else follows.</em><br /> <br />La liberté, c’est la la liberté de dire que deux et deux font quatre. Une fois cela accordé, tout le reste suit.</p></blockquote>
<h4>Années 60</h4>
<blockquote><p><em>— Pourquoi les Égyptiens ont-ils perdus contre les Israéliens pendant la Guerre des Six Jours ? <br />— Parce qu’ils ont suivi les conseils des Soviétiques, leurs alliés : d’abord laisser l’ennemi s’enfoncer profondément dans son territoire, puis attendre l’hiver. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" title="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Trabant_P50_front.burts.Wikimedia_s.jpg" alt="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Trabant P50, la voiture locale en plastique qu’il fallait attendre des années, burts, Wikimedia" /></a></p>
<blockquote><p><em>Deux policiers est-allemands, un vieux expérimenté et un jeune qui débute à peine, sont chargés de contrôler l’alcoolémie des automobilistes et autres usagers du bitume et des pavés. Une mobylette approche, elle fait des zigzags.<br />« En voilà un ! dit le jeune policier, qui veut l’arrêter.<br />— Mais non, laisse-le passer », dit le policier expérimenté.<br />Le jeune s’étonne mais obéit.<br />Une voiture alors arrive, qui va aussi en zigzags. Une deuxième fois, le policier expérimenté dit à l’impétueux jeune de ne pas l’arrêter.<br />Une autre voiture arrive. Le jeune la regarde à peine, mais le policier expérimenté bondit.<br />« Hé celui-là, faut l’arrêter, il est complètement fait !<br />— Comment le sais-tu ? demande le jeune, étonné. Il roule bien droit !<br />— Oui, mais sans éviter les trous dans la chaussée ! »</em></p></blockquote>
<p>Il est vrai qu’après la chute du Mur et pendant toutes les années 90, les routes est-allemandes ont été un gigantesque chantier...</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Stamps_of_Germany_%28DDR%29_1969%2C_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" title="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia_s.jpg" alt="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Timbre de 1969, Wikimedia" /></a></p>
<h4>Années 70</h4>
<blockquote><p><em>Un ange vient visiter l’ancien chef du parti tchécoslovaque <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Dub%C4%8Dek">Dubcek</a> [destitué par les Russes après l’écrasement du printemps de Prague en 1968].<br />« Tu es un vrai communiste, Dubcek, et j’ai recu l’ordre de te récompenser. Tu as droit à trois vœux. »<br />Dubcek n’a pas besoin de réfléchir longtemps avant de répondre :<br />« D’abord je veux que l’armée chinoise vienne jusqu’en Tchécoslovaquie, l’occupe quelques jours, puis reparte.<br />— Et le second vœu ?<br />— La même chose !<br />— Et le troisième ?<br />— Encore la même chose !<br />— Tu es sûr d’avoir bien réfléchi ? demande l’ange un peu surpris.<br />— Certain. Comme ça les Chinois devront passer six fois à travers toute l’Union Soviétique ! »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Deux policiers arrêtent une Trabant qui a commis un excès de vitesse. Il y a dans la voiture un homme, sa femme et sa mère. Les flics demandent son permis au conducteur :<br />« Désolé, répond-il, je n’en ai pas.<br />— Ne l’écoutez pas, messieurs les policiers, interrompt sa femme, il est complètement saoul. »<br />La grand-mère : « Je savais qu’on aurait des problèmes dans une voiture volée ! »<br />Et le grand-père, dans le coffre : « On est déjà à l’Ouest ? »</em></p></blockquote>
<p>Fernand Raynaud a aussi utilisé cette blague (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qn_cFnDihv0">premier sketch de cette vidéo</a>), à la chute finale près.</p>
<blockquote><p><em>— Quelle est la différence entre la RDA et l’ancien dieu grec de l’amour Cupidon ?<br />— Aucune. Tous les deux sont petits, nus, et armés. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019%2C_Berlin%2C_30._Jahrestag_DDR-Gr%C3%BCndung%2C_Parade.jpg" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019,_Berlin,_30._Jahrestag_DDR-Gründung,_Parade_s.jpg" alt="30 ans de la RDA" style="display:block; margin:0 auto;" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0" /></a></p>
<h4>Années 80</h4>
<blockquote><p><em>Les membres du syndicat polonais Solidarnozc sont divisés en deux tendances :<br />— les optimistes pensent qu’on va les flanquer dans un train et les envoyer au fin fond de la Sibérie ;<br />— les pessimistes pensent qu’ils devront y aller à pied.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Trois chirurgiens, un Américain, un Russe, un Allemand de l’Est se rencontrent :<br />« Chez nous en Amérique, nous avons dû un jour soigner les jambes broyées d’un accidenté, et on a si bien réussi qu’il est maintenant coureur de marathon de niveau international.<br />— Chez nous, dit le Russe, on a si bien soigné les mains écrasées d’un blessé qu’il a pu devenir un pianiste réputé.<br />— Chez nous, dit le chirurgien de RDA, il y a eu un grave accident de la route ; du blessé il ne restait que le cul, on a pu lui greffer ce qui restait de ses oreilles ; il est maintenant notre chef. »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>— Pourquoi le capitalisme est-il au bord du gouffre ?<br />— Parce qu’il regarde le communisme qui est au fond.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Période de campagne électorale en RDA. Le secrétaire du Parti local arrive un jour devant la mairie de sa commune et voit plein de policiers.<br />« Que se passe-t-il ? demande-t-il à l’un d’eux, une manifestation ?<br />— Non. Mais on a volé quelque chose à la mairie.<br />— Et quoi ?<br />— Les résultats de l’élection de dimanche prochain. »</em></p></blockquote>
<h4>1989 : la chute du Mur</h4>
<blockquote><p><em>Honecker fait son dernier discours au congrès du Parti.<br />« Qui est votre mère ? demande-t-il.<br />— La RDA ! répond l’assistance.<br />— Et votre père ?<br />— Toi, cher Honecker !<br />— Et que voulez-vous devenir ?<br />— Orphelins ! »</em></p></blockquote>
<h4>Après la Réunification</h4>
<blockquote><p><em>— Après la chute du mur et la dissolution de la police politique, comment les agents de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Minist%C3%A8re_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_d'%C3%89tat">Stasi</a> [redoutable police politique] se sont-ils reconvertis ?<br />— Comme chauffeurs de taxis de nuit. Si, après une fête, vous êtes trop bourré pour dire où vous habitez, ils sortent votre fiche et vous ramènent chez vous.</em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Reunification.Wikimedia.296px.svg.png" title="Reunification.Wikimedia.296px.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Reunification.Wikimedia.296px.svg_s.png" alt="Carte de la réunification, Wikimedia" style="display:block; margin:0 auto;" title="Carte de la réunification, Wikimedia" /></a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un État disparu depuis plus longtemps que certains mes lecteurs majeurs n’existent, certes ; et c’est une des plus anciennes pages du site, ce qui n’est pas très motivant pour l’avenir de ce blog. Mais tout de même ça fait du bien à l'ego.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>À l’époque les Autrichiens et les Allemands ne se posaient pas la question de savoir si tous ces milliers d’Allemands de l’Est </em>devaient<em> être accueillis, et la mode était plutôt à la destruction des murs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>L’apparence spartiate n’est pas qu’un hommage à l’ambiance de l’époque, mais à mes compétences en HTML des années 90 :-)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/654« Frontières d’acier — Histoire de la fortification permanente en Lorraine et en Alsace 1871-1945 » de Michaël Séramoururn:md5:8cb2d8cdff4423a66516e76daccabb332015-10-04T22:07:00+02:002018-08-22T15:14:21+02:00ChristopheHistoireAllemagneAlsacebombe atomiquecatastrophechâteauxcomplexitécoup bascouragedommagedéshumanisationgigantismeGuerre FroidehainehistoireHistoire de FrancelibertéLibérationlivres luslégendes urbainesmortmèmemémoireparadoxeperfectionnismePremière Guerre MondialeracléerecyclageréseauSeconde Guerre Mondialesécuritétempstourismetravail <p>Je ne pensais pas un jour acheter un livre de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_%28militaire%29">poliorcétique</a>, mais je résiste parfois difficilement aux impulsions chez mon <a href="http://www.illauxtresors.com/">libraire favori</a>.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Frontieres_d_acier.jpg" title="Frontieres_d_acier.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Frontieres_d_acier_s.jpg" alt="Frontieres_d_acier.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Le sujet est simple et compliqué à la fois : les fortifications à la frontière franco-allemandes de 1870 jusqu’à après la Seconde Guerre Mondiale. La ligne Maginot vient à l’esprit, mais aussi les forts de Verdun ou en face ceux de Metz... construits alors qu’elle était allemande. Certaines installations ont donc servi deux camps : les Allemands se sont aussi cassé les dents sur certaines parties de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_Maginot">ligne Maginot</a> en juin 1940, qu’ils ont utilisée pour ralentir notablement les Américains à l’automne 1944 !</p>
<p>Les premiers chapitres traitent de l’évolution de ces forts. Les villes fortifiées à la Vauban étant dépassées, les fortifications éclatées assez éloignées des centres urbains deviennent à la mode, comme autour de Metz ou tout autour de Strasbourg. En France, cet ensemble est désigné sous le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_S%C3%A9r%C3%A9_de_Rivi%C3%A8res">Séré de Rivières</a>. L’artillerie progressant à pas de géants après 1870 et la Première Guerre Mondiale, l’obsolescence est rapide : si les premiers ensembles ont de beaux frontons en pierre, par la suite les forts s’éloignent, se couvrent de béton, les communications s’enterrent, les tourelles se fondent dans le paysage, se terrent derrière de profondes meurtrières, voire s’éclipsent :
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fort-15-28-19.jpg" title="Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson, via Wikimedia Commons"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.320px-Fort-15-28-19_s.jpg" alt="Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson, via Wikimedia Commons" style="display:table; margin:0 auto;" /></a> <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fort-15-28-19.jpg">Tourelle de 75R - Fort d'Uxegney près d’Épinal - Photo Thomas Bresson sur Wikipédia Commons</a>
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manoeuvre_tourelle.gif" title="Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Manoeuvre_tourelle_s.jpg" alt="Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons" style="display:table; margin:0 auto;" /></a> <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manoeuvre_tourelle.gif">Plan de manoeuvre de la tourelle de 75 mm du bloc 3 à Schoenenbourg - Association des Amis de la Ligne Maginot (AALMA) * CC BY-SA 2.0 fr, via Wikimedia Commons</a></p>
<p>Les désastres du début de la Première Guerre Mondiale semblent montrer l’inutilité de ces fortifications. L’auteur s’insurge : les Allemands sont passés par la Belgique justement à cause des forts entre Verdun et Belfort, et Verdun notamment a fixé de gros effectifs allemands pendant la bataille de la Marne. Le haut commandement français dégarnit pourtant ces bastions « inutiles » en hommes et en canons dont le manque se fait cruellement sentir ailleurs... ce qui facilite l’offensive allemande de 1916 sur Verdun. Les fortifications tiennent pourtant durablement quand elles sont bien équipées, et le coût pour l’assaillant en obus est délirant par rapport aux pertes (humaines) infligées au défenseur. La guerre de mouvements reprend en 1918, mais les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Forts_de_Metz">forts allemands de Metz</a> n’ont guère l’occasion de montrer leur efficacité avant l’armistice.</p>
<p>La France de l’entre-deux guerres, démographiquement exsangue, voit dans la ligne Maginot une protection efficace. Plus encore que pour les fortifications de 1914, tout est enterré ; les forts sont reliés par des tunnels et se soutiennent entre eux. Cette ligne, surtout, rompt avec le principe des grandes places, et court sur tout la frontière... sauf devant la Belgique <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. La France vise le long terme : abritée derrière la ligne, il faut continuer le réarmement et laisser agir le blocus envers l’Allemagne, et n’attaquer que plus tard. Les généraux allemands aussi s’attendent à une guerre longue : le <em>blitzkrieg</em>, « <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Histoire-sp%C3%A9cial-d-avril-2010-France-1940-autopsie-d-une-d%C3%A9faite">acte de désespoir du niveau opérationnel pour sortir d’une situation désespérée au niveau stratégique</a> », fruit du bluff de l’audace de bons généraux, monté en épingle par la propagande, se casse les dents sur la ligne Maginot quand la Wehrmacht l’attaque de front. Globalement, les forts ont tenu malgré un déluge de feu — certains sacrifiés pour préserver le symbole d’un mur infranchissable alors que les Allemands l’avaient déjà contourné. À l’armistice, trahison : les équipages invaincus partent en captivité, exigence allemande contre la menace d’occuper Lyon.</p>
<p>Là encore, la ligne Maginot a rempli sa mission, puisque l’agresseur a dû la contourner — conformément aux plans français. Au sud, la partie alpine de la ligne (non traitée ici) a bloqué toute progression italienne.</p>
<p>Quand Patton arrive sur la Moselle en 1944, il n’imagine pas que les fortifications de Metz (certains morceaux datent d’avant 1870 !) et d’autres parties de la ligne Maginot tenues par les Allemands vont lui poser un gros problème. Il faut plusieurs semaines, de nombreux morts et le recul du front en d’autres endroits <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Metz">pour que Metz tombe</a>. Pendant ce temps, la Wehrmacht se replie en bon ordre. Là encore, les fortifications jouent leur rôle.</p>
<p>L’armée française conserve ce qui reste de ligne Maginot encore quelques années après la Seconde Guerre Mondiale, jusqu’à ce que la bombe atomique la rende inutile. Puis s’ensuit le démantèlement d’une grande partie des installations (vente aux enchères, ensevelissement, retour à la nature des abords...). Aujourd’hui, grâce aux associations locales, de bonnes parties peuvent encore se visiter. On en croise encore bien des fragments dans la campagne alsacienne quand on sait où chercher, et j’ai bien l’intention de visiter assez vite la <a href="http://www.fort-mutzig.eu/pages/_menu/menu_f.html">forteresse allemande de Mutzig</a>, celle de Metz, ou le <a href="http://www.lignemaginot.com/ligne/schoen.htm">fort de Schoenenbourg</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Les Belges ayant déclaré leur neutralité en 1936, un peu tard pour prolonger la ligne.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fronti%C3%A8res-d-acier#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/797“The sleepwalkers — How Europe went to war in 1914” (« Les somnambules — Eté 1914 : Comment l’Europe a marché vers la guerre ») de Christopher Clarkurn:md5:2521e44836d265fb4a56207b0ef066e22015-04-19T22:25:00+02:002021-07-31T14:38:14+02:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophecolonisationdommagedéterminismeEuropeguerregéopolitiquehainehistoireHistoire de FranceimpérialismeincohérencenationalismeperspectivepessimismepolitiquePremière Guerre Mondialeprise de têteprovocationpsychologieRealpolitikRussieuchronie <blockquote><p>The outbreak of the war was a tragedy, not a crime. <br /> <em>Le déclenchement de la guerre fut une tragédie, pas un crime.<br /><br />Christophe Clark, </em>The Sleepwalkers<em>, Conclusion, p. 561</em></p></blockquote>
<p>L’Europe s’est suicidée sans que personne veuille vraiment la guerre : c’est la tragédie de la Première Guerre Mondiale, et une leçon pour le futur. Certaines causes résonnent encore au XXIè siècle.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM1/the_sleepwalkers.jpg" alt="the_sleepwalkers.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La séquence d’introduction porte déjà la violence des conséquences lointaines (oui, le titre français est trompeur : Christopher Clark commence bien plus tôt que l’été 1914). En Serbie en 1903, des officiers ultranationalistes assassinent sauvagement le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Ier_de_Serbie">roi Alexandre</a> et sa femme. D’après la description de Clark, ce souverain n’était pas très sympathique, mais les tueurs ne le sont pas plus. Cette clique militaire régicide, notamment un certain colonel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragutin_Dimitrijevi%C4%87">Apis</a>, va acquérir une grande influence en Serbie dans les années suivantes, et, de manière à peu près autonome, semer le trouble dans la Bosnie-Herzégovine voisine (partiellement serbe mais annexée par l’Autriche), puis organiser l’assassinat de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Ferdinand_d%27Autriche">François-Ferdinand</a>, l’allumette qui embrasera le continent.</p>
<p>Toute cette partie sur la politique serbe, le nationalisme intense, le déni par exemple de l’existence même de Slaves non serbes en Bosnie et Croatie, les exactions pendant la conquête serbe de la Macédoine en 1912-13… rappellent furieusement ce qui s’est passé dans les années 1990 en Yougoslavie ; jusqu’au rôle de la Russie, ange gardien autoproclamé des Slaves des Balkans ; jusqu’au conflit est-ukrainien actuel (un russophone est-il forcément russe ?).</p>
<h3>Les acteurs</h3>
<p>Clark fait le tour de toutes les grandes puissances du moment, leurs gouvernants, leur organisation, leurs faiblesses, leurs relations mutuelles…</p>
<p>Tout le monde voyait la Russie, en croissance très rapide, comme la nouvelle superpuissance, malgré la défaite de 1905 face au Japon, malgré son gouvernement pas très stable et marqué par l’absolutisme — ce qui ne voulait pas dire que le Tsar donnait toujours le ton.</p>
<p>À l’inverse, l’Autriche-Hongrie semblait en décrépitude, paralysée par un gouvernement double et les revendications ethniques, malgré une économie florissante. Que serait-elle devenue si François-Ferdinand avait vécu, lui qui ne voulait pas de guerre et ambitionnait de créer un État fédéral ?</p>
<p>Le fantasque Kaiser ne dominait pas une Allemagne envieuse des empires coloniaux de ses voisins.</p>
<p>La France ne s’impliquait pas dans les Balkans, sinon par ses banques et ses exportations d’armes. Face à des Ministres des Affaires étrangères instables, les diplomates étaient devenus autonomes ; mais en 1914 Poincaré, Président, donnait le ton et prônait la fermeté face à l’Allemagne. Clark n’est pas tendre avec lui.</p>
<p>L’Angleterre (comme souvent…) ne tenait pas à s’engager irrévocablement, comme la France auprès de la Russie. Au Foreign Office, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Grey,_1st_Viscount_Grey_of_Fallodon" hreflang="en">Edward Grey</a> n’en faisait qu’à sa tête et lia son pays à la France.</p>
<p>L’Italie, théoriquement alliée aux puissances centrales, se rapprochait de plus en plus de l’Entente.</p>
<p>Les états des Balkans combattaient depuis 1912, contre l’Empire ottoman et entre eux.</p>
<h3>Les alertes et la déstabilisation</h3>
<p>La Grande Guerre n’a pas éclaté dans un ciel serein. Sans remonter jusqu’au conflit franco-allemand de 1870, les années d’avant-guerre virent plusieurs affrontements dont certains auraient pu dégénérer, et dont le souvenir influença les décideurs de 1914.</p>
<p>Allemagne et France s’accrochèrent notamment au Maroc (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27Agadir">crise d’Agadir en 1911</a>), mais cela ne dégénéra qu’en marchandage (Maroc contre Cameroun). L’Allemagne remettait en cause la domination britannique sur les mers, mais ne l’inquiéta en fait jamais sérieusement. En Asie, les impérialismes russe et britanniques se heurtèrent plus d’une fois (Inde, Afghanistan, Iran…), sans conséquence majeure. En Afrique, les Anglais s’étaient heurtés aux Français (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Fachoda">Fachoda en 1898</a>), et, juste après, lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers">guerre des Boers</a>, émergea fugitivement l’idée d’une alliance franco-germano-russe contre l’Empire britannique.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/627px-Balkan_1912.svg.png" title="627px-Balkan_1912.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.627px-Balkan_1912.svg_m.png" alt="627px-Balkan_1912.svg.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>La vraie déstabilisation commença en 1912 avec l’agression italienne contre l’Empire ottoman, qui perdit Lybie et Dodécanèse. Les jeunes et ambitieux États européens fraîchement émancipés de la tutelle turque (Serbie, Bulgarie, Grèce) se ruèrent sur l’Empire malade. Le partage tourna mal : la Bulgarie finit en guerre contre ses anciens alliés, et la Serbie menaça déjà de déclencher une guerre européenne en voulant croquer l’Albanie (et l’on parlait déjà de purification ethnique au Kosovo). Autriche et Italie considérèrent cela comme une ingérence dans leur sphère ; l’Autriche mobilisa partiellement ; la Russie aussi. On fut à deux doigts de la guerre ; puis les Serbes, sous la pression internationale, renoncèrent. Ces fausses alertes éloignèrent le spectre d’un conflit continental, et en 1914 les décideurs y crurent hélas moins.</p>
<h3>Des blocs non figés</h3>
<p>Tout n’était pas figé, et la guerre n’était pas inéluctable. Certes certains l’attendaient, par exemple certains Allemands effrayés de la très rapide (mais fragile) évolution industrielle et militaire russe, ou certains généraux autrichiens belliqueux. Mais il existait à l’inverse une multitude de facteurs de pacification : Guillaume II, tout fantasque qu’il ait été, reculait devant cette perspective ; ses relations avec Nicolas II étaient cordiales ; la rivalité navale entre Royaume-Uni et Allemagne avait déjà été gagnée par le premier ; François-Ferdinand ne voulait pas de guerre… Les guerres d’agression entre puissances européennes étaient impensables<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, même l’attaque autrichienne sur la Serbie nécessitait une justification. (<strong>Ajout de 2021</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig">voir ce qu’en dit Stefan Zweig dans <em>Le monde d’hier</em></a>.)</p>
<p>Enfin, les alliances étaient elles-mêmes mouvantes : la petite Serbie avait été protégée par l’Autriche avant de se retourner contre elle ; les alliés balkaniques de 1912-13 s’étaient entre-déchirés immédiatement après leur victoire ; la Russie et l’Angleterre avaient de nombreux points de friction coloniaux ; l’alliance de la France démocratique et de la Russie autocratique n’allait pas de soi ; la Russie s’était focalisée sur les Balkans en partie parce que sa cible prioritaire (Constantinople et les détroits) restait pour le moment inaccessible ; la Turquie avait un général allemand pour moderniser son armée, mais aussi un amiral anglais pour sa flotte ; etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" title="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg_m.png" alt="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
Cette instabilité des blocs provoqua d’ailleurs l’enchaînement inéluctable ! La France craignait que la Russie, puissance montante, n’ait plus besoin de son alliance, absolument vitale pour elle contre l’Allemagne : Poincaré l’assurait donc de son soutien indéfectible, y compris dans les Balkans, pourtant inutiles aux Français. Symétriquement, l’Allemagne ne faisait pas confiance à seul grand allié, l’Autriche, et la soutint donc inconditionnellement, là aussi dans les Balkans. La Russie se devait de soutenir son allié serbe, autrefois soumis à l’Autriche. L’Angleterre avait garanti la protection des côtes du nord de la France, dont toute la flotte croisait en Méditerranée : l’Angleterre se voyait donc entraînée par son alliée contre l’Allemagne.</p>
<h3>Tous ensembles vers l’abîme</h3>
<p>La Main Noire serbe, aidée par des services serbes, sans accord réel du plus haut niveau, place ses tueurs : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gavrilo_Princip">Prinzip</a> assassine l’archiduc François-Ferdinand. L’Autriche-Hongrie prend son temps pour l’enquête, finit par envoyer un ultimatum à la peu coopérative Serbie — ultimatum que Clark trouve presque acceptable, comparé à celui adressé par l’OTAN à la Serbie en 1999 ! La tradition occidentale veut que la Serbie ait quasiment accepté ces conditions coupant toute justification à l’attaque autrichienne ; en fait Clark qualifie la réponse serbe de « chef-d’œuvre d’équivoque diplomatique » (<em>a masterpiece of diplomatic equivocation</em>). L’Autriche menace d’attaquer, la Russie mobilise (complètement), donc l’Allemagne prend peur et mobilise, provoquant la mobilisation française. La rapidité de mobilisation et d’attaque pouvant décider du sort de la guerre, les hostilités commencent ; puis l’entrée du Reich en Belgique provoque l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.</p>
<p>Cet enchaînement, tout le monde l’avait vu venir, mais personne ne le voulait et chacun croyait faire toutes les concessions possibles pour éviter la guerre. Dans les deux camps, chacun pensait que ceux d’en face la voulait, et y recourrait sans une volonté de fer en face — toute conciliation ou désaveu d’un allié serait donc un dangereux signe de faiblesse, de plus inutile puisque l’ennemi <em>voulait</em> la guerre. La fermeté protégeait donc la paix. Sans cela, difficile d’expliquer que Poincaré en Russie lie sciemment la France aux événements d’une zone aussi instable que les Balkans. Et chaque progrès d’une alliance effrayait l’autre, la poussant à se préparer au pire (un grand classique).</p>
<h3>Facteurs psychologiques</h3>
<p>Ils jouèrent massivement dans l’enchaînement de la crise. Les Serbes en voulurent trop dès 1912, et surestimèrent le poids du soutien russe. Les Autrichiens, exaspérés par les Serbes depuis des années, furent légers en les attaquant sans penser aux terribles conséquences. En cette période sans instance supranationale reconnue, tout abandon de souveraineté était inconcevable — les Serbes ne pouvaient <em>pas</em> accepter l’ultimatum. Les Russes ne comprirent pas que les Autrichiens ne pouvaient <em>pas</em> laisser passer impuni le meurtre du prince héritier. Les Autrichiens auraient pu attaquer dès après le meurtre, ce qui aurait été bien mieux accepté, mais le processus de décision de la double monarchie se traînait (les Hongrois notamment craignaient une invasion des Carpathes par la Roumanie). Les Russes auraient pu attendre pour mobiliser, laissant aux Serbes une chance d’accepter l’ultimatum, ou se contenter d’une mobilisation partielle contre l’Autriche pour ne pas effrayer l’Allemagne, mais leur logistique ne le prévoyait pas. Les Allemands auraient pu se contenter de n’envahir qu’une petite partie de la Belgique (<em>tout le monde</em> s’y attendait) : cela aurait donné une chance aux pacifistes dans le gouvernement anglais. Mais les militaires allemands (contrairement aux civils) sous-estimaient la Grande-Bretagne.</p>
<p>Clark ajoute une note : la « masculinité » du mâle européen semblait menacée à cette période précise par les évolutions de la société et, par réaction, le besoin de s’affirmer dur et endurant prenait le pas sur les vieilles valeurs aristocratiques, plus accommodantes.</p>
<p>Une chose finalement est sûre : attribuer à l’Allemagne la responsabilité totale de la guerre dans le Traité de Versailles, en plus d’une faute politique à l’époque, était purement et simplement une erreur factuelle. Si les Alliés s’imaginaient dès le début que l’intransigeance autrichienne venait de Berlin, la paranoïa régnait partout.</p>
<h3>Digestion</h3>
<p>C’est un pavé (pas loin de 600 pages en anglais sans les notes) et, forcément, les affrontements diplomatico-commerciaux subtils et pleins de sous-entendus ne sont pas la meilleure matière pour des rebondissements trépidants mêlés de réparties cinglantes, surtout quand on connaît déjà la fin. J’ai été un peu frustré par la relation du déclenchement des hostilités : Clark s’arrête aux mobilisations et ne relate pas l’assassinat de Jaurès, par exemple (est-il tellement important d’ailleurs, vu par un Anglo-Saxon ?) ni les réflexions des Français dans les derniers jours.</p>
<p>Si le passionné d’histoire trouvera son compte dans les causes plus ou moins immédiates de la mort de millions de soldats et l’effondrement de quatre empires, le dilettante risque de trouver la chose indigeste. <em>The Sleepwalkers</em> est pourtant déjà devenu une référence sur le sujet. Et comme je le disais au début, le XXIè siècle semble en rejouer des pans entiers.</p>
<p>Quant à l’amateur d’uchronies, il croulera sous les points de divergence potentiels…</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Contre les Turcs et autres non-Européens, on s’en donnait par contre à cœur joie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/786« Guerres & Histoire » n°20 d’août 2014 : qui a eu la peau de la Wehrmacht ? et le C-130 Herculesurn:md5:597db747fca5971493946d301b7d598f2014-09-03T22:55:00+02:002014-09-08T21:23:29+02:00ChristopheHistoireAllemagneautodestructioncatastrophecommunismeEmpire soviétiqueEuropeguerrehistoireLibérationlogistiquenationalismeorganisationRussieSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unisévolution <p>« Alliés ou Armée rouge : qui eu la peau de la Wehrmacht ? » : voilà un titre bien vendeur, comme si la défaite du Reich n’était dû qu’à l’un ou l’autre (et sans qu’aient pesé les combats en Italie ou dans les airs au-dessus de l’Allemagne). Le texte est plus sérieux (et ne répond pas à la question d’ailleurs). Un autre article s’étend sur l’increvable avion de transport (et plus) C-130 Hercules.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_20.jpg" title="GuerreEtHistoire_20.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerreEtHistoire_20_m.jpg" alt="GuerreEtHistoire_20.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Overlord et Bagration : la tenaille</h3>
<p>La France a été libérée par les Anglo-Saxons à la suite du Débarquement de Normandie, et des combats se sont déroulés chez nous, il est donc normal que nous nous souvenions mieux de ces événements que de « Bagration », offensive soviétique lancée à peu près au même moment. La synchronisation des deux attaques date de la conférence de Téhéran de 1943, moment où Churchill doit abandonner sa stratégie « périphérique » (Italie, Balkans...) face aux Américains qui veulent foncer sur la Ruhr.</p>
<p>Le résumé d’Overlord n’apprend rien de neuf, et résume que la préparation de cette opération effroyablement complexe a été exemplaire, y compris les volets sur l’intoxication de l'ennemi (Fortitude...), et l’exécution en général saine.</p>
<p>À l’est, Staline et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> veulent profiter à fond de l’effet Overlord, et montent une opération bien plus ambitieuse que les précédentes. Ou plus exactement, suivant l’art soviétique de la guerre, une cascade d’opérations, de la Finlande à la Roumanie. Bagration, sur l’axe central en Biélorussie, n’est que la plus notable. Staline veut récupérer le maximum de territoires : sa paranoïa lui fait craindre un renversement d’alliances, notamment si Hitler est renversé. Le but ultime (atteint) est le passage de la Vistule, avec la moitié ouest de la Pologne et l’Allemagne en perspective.</p>
<p>Bagration et consorts alternent les attaques sur différents fronts, attirant les blindés allemands là pour attaquer ailleurs. Les Soviétiques, saignés pendant la guerre, compensent des effectifs plus réduits par une expérience croissante et surtout une écrasante supériorité en matériel (en partie américain). Les Allemands doivent lancer leurs réserves en France et ne peuvent résister.</p>
<p>L’effondrement du groupe d’armées Centre (Biélorussie) signe la pire catastrophe de l’histoire de la Wehrmacht, marquée par des paniques rarement vues jusque là. Hitler, fidèle à lui-même, retarde au maximum des retraites qui auraient permis de raccourcir le front. Le rouleau compresseur est lancé, il progresse sur des centaines de kilomètres, dépasse les frontières soviétiques de 1941, entre dans les Balkans, pour ne s’arrêter qu’à Varsovie. Les Allemands perdent un million d’hommes à l’est entre juin et fin août 1944. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Model">Model</a>, brillant tacticien envoyé par Hitler de la Biélorussie à la Normandie, ne peut que limiter les dégâts, mais porte des coups rudes aux unités trop avancées (Arnhem, Varsovie...).</p>
<p>Les Alliés exploitent à fond leurs deux percées : à la fin de l’été 1944, Hitler a perdu la France, la Belgique, la moitié de la Pologne et de la Grèce, quasiment tous les États baltes ; la Finlande, la Roumanie et la Bulgarie ont changé de camp ; les Soviétiques sont même entrés en Prusse orientale.</p>
<p>Mais après soixante-dix jours, quasiment simultanément en septembre 1944, Russes et Américains arrivent au bout de leur logistique après avoir libéré des pays aux ports et réseaux routiers et ferroviaires ruinés, et vont donner aux Allemands le temps de se ressaisir pour leurs dernières offensives.</p>
<p>Un article termine sur le complot du 20 juillet contre Hitler : son échec, au moment où la situation militaire est catastrophique sur deux fronts, soude le pays autour du Führer, renforce la répression, et élimine la résistance. La peur de la défaite, des Russes, d’une révolution communiste permettent au nazisme de tenir l’Allemagne plus que jamais. La seule issue est l’anéantissement.</p>
<p>Au passage, je signale <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/2014/07/jean-lopez-operation-bagration-la.html">cette page</a> sur le livre <em>Bagration</em> de Jean Lopez (auteur principal des articles résumés ici, et directeur de <em>Guerre & Histoire</em>), où <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/p/lauteur-du-blog-stephane-mantoux.html">Stéphane Mantoux</a> trouve de nombreux trous dans la bibliographie et fait de nombreuses remarques sur tel ou tels point. Manifestement il y a un contentieux entre lui et Jean Lopez, je ne peux juger, je note que le livre est au moins une bonne compilation, et lisible, des recherches issues d’autres langues.</p>
<h3>C-130</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/.RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek_m.jpg" alt="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg#mediaviewer/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg" /></a></p>
<p>C’est un nom mille fois entendu ou lu : le C-130 Hercules est la bête de somme multifonction de nombre d'armées. L’<a href="http://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-pnote-754-4">ouranocratie</a> américaine repose au moins autant sur cet avion de transport pas très <em>sexy</em> que sur les avions de chasse.</p>
<p>Soixante ans après sa conception, on le produit encore, évidemment remis au goût du jour et décliné en d’innombrables versions. Les avions conçu pendant la guerre avaient montré leurs limite pendant le pont aérien sur Berlin notamment, et l’Air Force avait commandé un avion conçu d’emblée comme militaire (et non une déclinaison militaire d’un avion civil), capable de remplir de nombreuses missions différentes.</p>
<p>Lockheed créa alors un avion « bien conçu, mais pas révolutionnaire ». Bref, une merveille d’ingénierie bien pensée. Par exemple, la fameuse rampe arrière permet de débarquer du matériel (parfois sans atterrir !) ou de larguer des parachutistes. Les ailes sont hautes et les trains d’atterrissage rangés dans des nacelles pour dégager la cabine. Il se contente de peu pour décoller et atterrir : c'est le plus gros appareil à avoir apponté et redécollé d’un porte-avion ! Et l’autonomie est respectable.</p>
<p>Transport de troupes, de matériel, parachutages, ravitaillement en vol, bombardier d’eau civil, lance-drone, batterie d’artillerie volante... : il fait tout. Et partout : c’est un énorme succès commercial (y compris en Iran, en Inde ou en France, qui l’utilise pour l’intervention au Mali).</p>
<p>Bref, un coucou qui volera encore un siècle après sa conception !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Sinon dans ce numéro :</p>
<ul>
<li>Un ancien pilote vietnamien raconte comment il a descendu un Phantom américain en 1972... et comment il a retrouvé l’un des pilotes et est devenu son ami. Quelque part, c’est totalement surréaliste.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pendant l’évolution de l'espèce humaine, la face se serait aplatie pour mieux encaisser les coups de poings, au moment où la main devenait un poing bien percutant. Le mythe du bon sauvage en prend encore un coup. Nous descendons donc de ceux qui encaissaient — et donnaient — le mieux les coups. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="http://www.dinosauria.org/blog/2014/06/26/le-cassage-de-gueule-est-il-aux-origines-de-lhumanite/">une grosse objectction ici</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Des photos des guerres balkaniques en 1912-1913 : un avant-goût de la Grande Guerre, y compris tranchées sur front bloqué, mitrailleuses et artillerie, qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des grandes puissances sur ce qui les attendait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les généraux sudistes n’étaient pas forcément meilleurs que ceux du Nord. Cependant, la culture aristocratique au Sud favorisait le métier des armes, et une bonne partie des officiers était donc sudiste, du moins au début.</li>
</ul>
<ul>
<li>La plupart des Français évacués à Dunkerque en 1940 étaient revenus en France avant même l’armistice : ils n’étaient donc pas « disponibles » pour de Gaulle.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-20-la-peau-de-la-Wehrmacht-C130-Hercules#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/776« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754Des petits panneaux solairesurn:md5:9e5a54dbfa5ffc293b948d510837beb02013-09-08T14:45:00+02:002016-07-07T12:47:57+02:00ChristopheFragile planèteAllemagneAlsaceanticonsumérismeargentbesoinbon sensconquête de l’inutilemicroéconomiemèmeoptimisationperspectivepouvoir d’acheterprise de têteécologieéconomieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieéducationémerveillementénergie <p><a href="http://www.heise.de/ct/inhalt/2013/19/86/" hreflang="de">Mon magazine favori a encore commis un article hors informatique, sur les petites installations solaires</a>.</p>
<p>Il ne s’agit pas des grosses installations photovoltaïques destinées à couvrir le toit pour revendre du courant à EDF. Pour moi, cela s’apparente à un investissement financier plus qu’autre chose, et je doute de la pertinence <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conologie">éconologique</a> du concept <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>C’t</em> ne parle pas non plus des installations « thermodynamiques » (non photovoltaïques) qui consistent à pré-chauffer l’eau sanitaire ou carrément l’eau de chauffage sur le toit. Même dans mon Alsace, ça peut être rentable car on a besoin de chauffage plus longtemps que dans les régions ensoleillées.</p>
<p>Rien à voir non plus avec les petits panneaux solaires à trimbaler en randonnées ou sur un bateau : leur intérêt principal est l'autonomie dans une zone paumée.</p>
<p>Non, le sujet ce sont bien ces petites installations solaires peu chères, branchées sur le secteur de la maison, de l’ordre de seulement 200W mais destinées à alimenter toutes les petites consommations éparses d’une maison : frigo, électronique en veille, etc. Un de leurs intérêts est de ne pas nécessiter la même paperasse qu’une installation photovoltaïque complète puisque le but n'est pas de revendre.</p>
<p>Je n’ai jamais vu ça en France <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, et il y a peut-être une raison toute bête : l’article calcule que l’investissement ne sera amorti qu’en dix ans dans le meilleur des cas... en Allemagne, où l’électricité est deux fois plus chère qu’en France <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Quand le but est d’économiser quelques dizaines d’euros dans l’année, le moindre surcoût remet l’investissement en question :</p>
<ul>
<li>l’installation doit tenir une décennie : cela implique des garanties au moins aussi longues et une mise en place très soigneuse pour encaisser les intempéries aussi longtemps, éviter qu’un panneau envolé tue quelqu’un, ou simplement pour tirer un câble jusqu’à l’extérieur ;</li>
<li>l’heure de main d’œuvre d’un installateur ou réparateur coûte les économies d’une année ;</li>
<li>ajouter une source dans un circuit électrique doit être pensé : ce serait dommage de surchauffer un fil et de déclencher un incendie ; les disjoncteurs adéquats coûtent encore un ou deux ans d’économie ;</li>
<li>si tout est éteint dans la maison, le compteur électrique va tourner à l’envers, ce que les opérateurs d’électricité allemands n’admettent pas sans paperasse et garanties : il faut éventuellement que le compteur soit remplacé pour bloquer ;</li>
<li>on peut rajouter une batterie qui stocke l’énergie inutilisée, mais l’investissement se compte en milliers d’euros.</li>
</ul>
<h3>Conclusion de l’article</h3>
<p>Une mini-installation n’est économiquement rentable que dans des conditions idéales, et encore. L’auteur conseille de conserver son argent pour une future installation plus importante et plus professionnelle <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, ou tout simplement d’investir dans des appareils plus économes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<h3>Commentaire personnel</h3>
<p>Selon les personnes que l’on lit, le prix assez bas de l’électricité en France est une conséquence du choix nucléaire ; ou une conséquence de la non-prise en compte des effarants coûts de démantèlement. Je ne sais. En tout cas, le nucléaire n’est qu’une des options.</p>
<p>Le solaire, comme toute installation de production d’énergie, ne se rentabilise réellement que dans de grosses installations bien pensées, optimisées : les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_solaire">centrales solaires</a> prennent de la place, utilisent des miroirs, et par exemple des sels fondus pour continuer à produire de nuit. Que ce soit l’État, par ses coups de pouces fiscaux, ou directement EDF, par ses tarifs de rachat, c’est le même contribuable-consommateur qui paie la production ; et au final, c’est une étude bénéfice-coût qui doit décider à partir de quel niveau la production peut être rentable (donc subventionnée) : uniquement les grosses centrales solaires un peu encombrantes ? aussi les panneaux couvrant des hangars entiers ? Pour les installations de particuliers, j’ai des doutes. Et pour les petites installations décrites dans l’article, la sentence est brutale. L’argent ne peut-il justement pas être employé autrement pour un même effet ? Après tout, EDF paye pour des éoliennes de plus en plus géantes, jamais pour une petite éolienne de toit.</p>
<p>Il y a quand même un petit créneau. Lors d’une rénovation ou dans le neuf, l’ajout de panneaux destinés à limiter à couvrir une partie de la consommation pourrait être rentabilisée (prix de gros, main d’œuvre forfaitaire, installation de toute façon à mettre en place...).</p>
<p>On peut aussi rêver à des panneaux bien moins chers et couvrant de grandes surfaces, sinon carrément à de la peinture solaire couvrant toute la maison et assurant plusieurs kW, que la batterie à hydrogène dans la cave stockerait : c’est encore de la science-fiction, mais les évolutions des prix peuvent réserver de belles surprises dans les décennies à venir. Là encore la question se pose : une telle installation, avec ses coûts de maintenance et d’installation, ne serait-elle pas plus efficace mutualisée au niveau d’un quartier par exemple ?</p>
<p>Il reste cependant un intérêt au concept des petits panneaux : la pédagogie. D’abord comme démonstration que l’autonomie est en partie possible ; ensuite comme leçon sur la notion de rentabilité et d’arbitrage dans l’affectation des ressources.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Au passage : <em>Que Choisir</em> vient de rappeler qu’en tout cas, ces installations ne devraient pas coûter plus de 12 000 € pour une maison, si on veut avoir une chance de rentabiliser la chose en mois de dix-quinze ans... dans le sud de la France ! ''</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Non, je n’ai pas fouillé bien loin non plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Un panneau de 195 W coûtant 500 € délivre moins de 200 kWh dans l’année à Hanovre, un peu plus à Fribourg, en face de l’Alsace. Le kWH est autour de 13 centimes TTC en France, 26 en Allemagne.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Vu ce que je vois en franchissant le Rhin, les installations sont beaucoup plus nombreuses que chez nous, et couvrent souvent </em>tout<em> le toit, bien loin des trois panneaux ici et là par chez nous.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Et, ajouterais-je, uniquement à l’occasion de leur renouvellement : que ce soit un PC ou un frigo, la réduction de consommation électrique ne justifient à elle seule ni économiquement ni écologiquement un remplacement précoce.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/750« The End » de Ian Kershaw : l’agonie de l’Allemagneurn:md5:8edf1de24e73d2fd8a75ab588386538b2013-07-24T21:59:00+02:002019-02-03T17:39:19+01:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypsecataclysmecatastrophecommunismecoup bascynismedommagedécadencedéshumanisationEmpire soviétiquegaspillagegigantismeguerrehainehistoireincohérenceLibérationlivres lusmortnationalismeoh le beau cas !panurgismeparadoxepeine de mortpessimismeracismeracléesabotageSeconde Guerre Mondialeterrorismetotalitarisme <p>Au début j’avais titré « l’agonie du IIIè Reich ». Mais cela aurait été faux : c’est bien l’Allemagne toute entière qui a payé pour quelques mois de résistance inutile et sanglante, au mépris de toute logique militaire.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/the_end_kershaw.jpg" alt="the_end_kershaw.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>L’autodestruction</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ian_Kershaw">Ian Kershaw</a> s’étonnait qu’il n’y ait pas de livre sur ces derniers mois de la guerre vus du côté allemand ; il l’a donc écrit, et il analyse les raisons de cette incompréhensible obstination allemande à laisser anéantir son pays par le double rouleau compresseur allié — pour <em>rien</em>.</p>
<p>Pourtant, dès l’été 1944, en tout cas au plus tard début janvier 1945 (après l’échec allemand dans <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Ardennes">les Ardennes</a> et alors que les Soviétiques dévastent la Prusse Orientale) il aurait dû être clair que tout était perdu et qu’il valait mieux négocier une reddition. La stratégie de la lutte « fanatique » pied à pied ne pouvait mener à rien. La population était à bout de souffle, les réserves en hommes raclées jusqu’à l’absurde, l’économie étouffée (malgré les talents d’organisateurs de Speer), la Luftwaffe anéantie, les voies de communications en ruine, les villes rasées.</p>
<p>Les chiffres donnent le vertige : sur 18,2 millions de soldats allemands mobilisés en 1939-45, 5,3 millions sont morts, dont 2,6 millions après juillet 1944 — autant en dix mois que dans les quatre premières années de la guerre. Et parmi eux 1,5 million sur le front est : ils ne se sont donc pas défendu que contre les « bolcheviques ».</p>
<h3>Mécanisme pour un suicide collectif</h3>
<p>Dans les dernières semaines, 10 000 soldats tombaient chaque jour. Seuls les plus fanatiques croyaient encore aux « armes miracles » promises par Hitler, ou à l’éclatement de la coalition alliée. Alors pourquoi lutter ?</p>
<p>La réponse est complexe. Les dirigeants nazis étaient parfaitement au courant que les Alliés ne leur feraient aucun cadeau. Pour Hitler, les Allemands s’étaient montré faibles, ils devaient disparaître avec lui. Il est allé au bout de sa démentielle logique suicidaire, mais il a
bien été le seul avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Goebbels">Goebbels</a>. Mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Himmler">Himmler</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bormann">Bormann</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6ring">Göring</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Speer_%28p%C3%A8re%29">Speer</a>, les généraux, l’essentiel des <em>Gauleiters</em> (chefs de partis régionaux)... avaient bien l’intention de sauver leur peau, et ceux qui se sont plus tard suicidés allaient être fait prisonniers. Certains se voyaient un rôle dans l’Allemagne d’après-guerre (Speer), voire tentèrent très timidement de négocier dans le dos d’Hitler. La population, qui avait soutenu le nazisme durant une douzaine d’années, ne faisait plus confiance ni au Parti ni au Führer. Pourtant, pour bien moins, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_allemande_de_1918-1919">elle s’était soulevée en 1918</a>, et cela valait aussi pour les soldats.</p>
<p>Pourtant, il a fallu attendre encore une semaine après la mort d’Hitler pour que son successeur l’amiral <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_D%C3%B6nitz">Dönitz</a> jette l’éponge et signe la reddition sans condition face à toutes les armées alliées.</p>
<p>Dönitz, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guderian">Guderian</a>... : nombreux de généraux se peignirent dans leurs mémoires comme de simples exécutants apolitiques. Il est vrai qu’Hitler n’écoutait pas leurs conseils et refusait le moindre repli. Beaucoup rêvaient de sauver les meubles par une paix séparée avec les Occidentaux, mais ils exécutèrent ces ordres absurdes et menèrent le combat de leur mieux, sur les deux fronts et jusqu’à la fin. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Claus_von_Stauffenberg">Von Stauffenberg</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/[Dönitz">Rommel</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow">von Tresckow</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Beck">Beck</a> avaient pourtant montré que des officiers, eux-mêmes très nationalistes, étaient capables d’agir — hélas ils étaient l’exception.</p>
<p>L’attentat raté de juillet 1944 est une des clés. D’abord il a remonté la cote d’Hitler auprès des Allemands, vacillante depuis l’enlisement en Russie, bien que le Führer soit resté plus populaire que le Parti nazi. Puis il a conforté le dictateur dans son idée que la Wehrmacht était remplie de traîtres, responsables de tous les échecs. Ensuite, il entraîne la mise en place d’un régime de terreur, réprimant toute déviance, tout défaitisme, toute méfiance envers le Führer, tout doute envers la victoire future.</p>
<p>Le souvenir de l’insurrection de 1918 hantait Hitler. Il avait décidé qu’il n’y aurait pas de réédition de ce « coup de poignard dans le dos ». Ce régime de terreur ira donc <em>crescendo</em>, s’accentuant avec chaque revers : peine de mort pour les déserteurs, les couards, les défaitistes, pour tous ceux osant évoquer une possible négociation avec au moins les puissances occidentales, ou tentant d’éviter d’inutiles combats dans leur ville ; cours martiales volantes exécutant elles-mêmes les condamnations ; massacres de civils affichant des drapeaux blancs... Le <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Werwolf_%28Freisch%C3%A4rlerbewegung%29" hreflang="de">Werwolf</a> devait mener une guérilla dans les zones occupées, et punir les « collabos » (au final sans grand succès, mais il y eut tout de même quelques milliers de morts selon Kershaw).</p>
<p>Parallèlement la pression sur la population s’accentua : Goebbels parvint à dégager des centaines de milliers d’hommes à envoyer au front <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, quitte à désorganiser l’économie et les productions d’armement, au grand dam de Speer. Le <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Volkssturm" hreflang="de">Volkssturm</a> enrôla des millions de vieux ou très jeunes Allemands dans une armée hétéroclite, mal habillée, très mal armée, sans efficacité militaire et au taux de perte terrible. Dans les zones proches du front, vieux, jeunes et femmes furent contraints de creuser des fossés qui n’ont pas stoppé l’Armée Rouge plus de quelques heures.</p>
<p>La bureaucratie civile laissa place à celle du Parti, omniprésente, sur fond d’affrontement larvé entre Speer et Goebbels, entre ceux qui pensaient à l’avenir et les partisans de la terre brûlée. Le Parti et les SS se mirent à dominer aussi sur le plan militaire (on confia une armée à Himmler, avec des résultats désastreux). On exigeait un sacrifice aveugle des soldats. Il y eut même des kamikazes nazis.</p>
<p>Ainsi la population se retrouva en tenaille entre un Parti punissant cruellement toute déviance ; des conditions de vie de plus en plus difficiles ; des exigences de service militaire ou paramilitaire démentielles ; la menace des bombardements alliés réduisant méthodiquement les villes en miettes ; à l’est la menace des Soviétiques. Les Allemands avaient perdu toute confiance en Hitler mais, épuisés, terrorisés, ils devinrent au mieux attentistes et fatalistes, priant pour que la fin arrive vite (<em>Besser ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>) et les plus chanceux dans les zones préservées ne portent pas grande aide aux réfugiés de l’est.</p>
<p>Les soldats ne valaient souvent pas mieux. Également épuisés, tiraillés entre le danger des combats, la perspective des camps en Sibérie ou la liquidation pour couardise, inquiets pour leurs familles dans les villes bombardées ou les zones envahies par l’URSS, ils continuaient le combat — sans illusion pour la majorité. Sur le front de l’est, la conscience de défendre concrètement leur pays et leur famille d’un envahisseur barbare maintenait plus la combativité qu’à l’ouest. La terreur nazie, la menace sur les familles (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sippenhaft">Sippenhaft</a></em>) mais aussi la cohésion avec les camarades limitaient les désertions, pourtant de plus en plus nombreuses au fur et à mesure de l’avancée alliée.</p>
<p>Les comportements varièrent suivant les fronts. À l’ouest, on craignait les bombardements anglo-américains sur les villes, mais les troupes d’occupation, relativement disciplinées, n’inspiraient pas la peur. Nombre de villes voulurent se rendre pour éviter la destruction : leur sort se joua dans le rapport de force entre notables voulant épargner vies et biens, et nazis jusqu’au-boutistes prêts à sacrifier une bourgade pour stopper les Américains une heure. (Au passage, une pique sur le comportement des Français : leurs troupes n’ont pas été exemplaires et ont commis leur lot de pillages et viols. Kershaw note qu’il y a une amplification possible du phénomène dans la mémoire et les sources : les soldats étaient souvent issus des colonies.)</p>
<p>C’était bien pire à l’est. Les soldats mesuraient parfaitement la barbarie du comportement allemand en Europe de l’Est, et se doutaient, puis surent, que les Russes allaient leur faire payer. La propagande soviétique attisait la haine. Les soldats allemands prisonniers savaient que, même avec de la chance, ils passeraient des années en Sibérie (et une bonne partie n’est pas revenue). Quant aux civils, ils fuyaient en masse pour éviter viols (généralisés), pillage, voire destruction de villes entières. La peur des « Asiatiques », amplifiée par la propagande de Goebbels, mena à des scènes de suicides collectifs dignes des Japonais à Okinawa. Pour les habitants de Prusse ou de Poméranie le salut n’existait que dans la fuite, au milieu d’un hiver terrible — les plus fragiles mourront souvent. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Les chefs du Parti donnèrent cependant rarement l’exemple du sacrifice qu’ils prônaient. Les premiers à punir toute reculade, ils étaient aussi les premiers à fuir dès que possible, sans oublier leurs biens. À côté de Göring et d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Frank">Hans Franck</a>, la palme revient peut-être à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_Koch">Erich Koch</a>, à la tête la Prusse Orientale assiégée par les Russes : il refusa la moindre évacuation de civils, mais prit au tout dernier moment la fuite en bateau, en n’oubliant pas sa Mercedes.</p>
<p>Kershaw conclut que l’effarante résistance allemande tenait aussi bien à la structure du pouvoir nazi et à la terreur qu’aux rigidités de la mentalité des soldats allemands, sinon de tout l’appareil institutionnel. Si population et soldats étaient terrorisés et préoccupés par leur survie immédiate, les généraux risquaient bien moins (surtout d’être démis <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>). Si on peut comprendre que les circonstances ou le chaos rendaient un coup d’état impossible, pourquoi n’ont-ils pas au moins « levé le pied » ? Si les Russes et le communisme semblaient un danger tellement effroyable, pourquoi ne pas avoir ouvert le front à l’ouest pour sauver les meubles ? Le serment de fidélité au Führer, l’honneur militaire, toute une tradition militariste allemande d’ordre et d’obéissance inconditionnelle, leur interdisait de tenter quoi que ce soit contre la hiérarchie en place. Après tout, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/07/424-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-6">même Canaris avait renoncé à s’attaquer à Hitler</a>. Ce n’est qu’à la mort d’Hitler que Dönitz (paradoxalement choisi par Hitler pour sa fidélité au national-socialisme) s’est senti autorisé à tenter une négociation puis à signer.</p>
<p>Pendant ce temps, l’administration continuait tant bien que mal de fonctionner, elle ne s’effondra pas brutalement. Les fonctionnaires considéraient que cela était leur « devoir », même dans des conditions difficiles, prolongeant ainsi la guerre et les destructions de plusieurs semaines.</p>
<h3>Et si...</h3>
<p>À la lumière de ce mécanisme Kershaw spécule : si Hitler était mort en juillet 1944, les conjurés auraient-ils pu réellement prendre le pouvoir ? Et s’ils avaient accepté la reddition sans condition, les SS auraient-ils suivi, dès 1944, surtout à l’est ? Une nouvelle légende du « coup de poignard dans le dos » serait née.</p>
<p>Pour Kershaw, l’exigence alliée d’une reddition sans condition n’a pas joué fondamentalement dans la prolongation de la guerre. Elle a souvent été présentée comme contre-productive car ne laissant aucune alternative aux Allemands que la lutte jusqu’au bout. Elle n’a cependant pas empêché la tentative de putsch de juillet 1944. C’est Hitler, relayé par son Parti, qui bloquait toute tentative de reddition, pas les généraux, même si ceux-ci obéissaient. En Italie, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Kesselring">Kesselring</a> n’a accepté la reddition de ses troupes qu’<em>après</em> le suicide du Führer. Et si la perspective de livrer des millions de soldats à l’Armée Rouge effrayait tout le monde, même Dönitz s’y est résolu quand Eisenhower a clairement dit qu’il n’y aurait pas d’alternative.</p>
<h3>Les victimes et les lâches</h3>
<p>Ian Kershaw parle aussi de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_Dresde">Dresde</a>, qui se croyait protégée par sa valeur architecturale, mais était aussi une cible car nœud de communications et centre industriel. Il y eut pourtant pire, en nombre de victimes (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Operation_Gomorrha" hreflang="de">Hambourg</a>) ou en proportion (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Pforzheim#1918_bis_1945" hreflang="de">Pforzheim</a>).</p>
<p>En parallèle, Kershaw rapporte aussi le calvaire des prisonniers des camps de concentration, décimés dans des marches forcées en plein hiver, où beaucoup, sinon la plupart, trouvèrent la mort, et cela sans plus guère la moindre justification rationnelle pendant les derniers mois (ni otages ni force de travail). Apparemment ils n’obtinrent pas d’aide de la population, toujours abrutie de propagande.</p>
<h3>Après la guerre</h3>
<p>L’ampleur des pertes humaines et des destructions, le calvaire des réfugiés de l’est et la haine du Parti dans les derniers mois poussèrent plus tard les Allemands à se voir aussi comme des victimes du nazisme. Ce n’est pas complètement faux, pourtant ils l’avaient soutenu pendant des années malgré tous ses crimes. Certes une manière de se dédouaner lors de la dénazification, mais une réaction normale : le traumatisme a éclipsé dans l’inconscient tout ce qui l’a précédé. Le travail de mémoire a pris des années.</p>
<h3>Remarques personnelles</h3>
<p>On peut écrire des uchronies sur une fin de guerre différente. L’Allemagne actuelle est née de ce traumatisme : serait-elle devenue si démocratique et pacifique sans le cataclysme de 1945 ?</p>
<p>À la lecture des ordres hallucinants de cruauté et de mépris pour la population ou les soldats, on enrage que certains grands chefs s’en soient tirés : si Keitel a été pendu <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, bien des généraux qui ont suivi Hitler jusqu’au bout n’ont même pas été condamné à perpétuité par la suite : Dönitz, <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Sch%C3%B6rner" hreflang="de">Schörner</a>, Kesselring... alors qu’ils ont jusqu’au bout fait appliquer les ordres délirants et surtout la politique de terreur.</p>
<p>Quant à la forme du livre : rien à redire sur le texte, il est clair. La division en chapitre est chronologique, mais chacun traite successivement tous les thèmes. La masse de références à des travaux précédents est impressionnante. Hélas les notes sont en renvoi en fin de livre, et non en bas de page, ce qui est pénible. Or certaines sont très intéressantes et valent d’être lues.</p>
<p>Les termes sont tous traduits, il n’y a quasiment aucun texte en allemand, dommage pour les germanistes qui auraient préféré la version originale des citations.</p>
<p>La version française s’appelle logiquement <em>La Fin</em>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai connu un Allemand, lycéen à l’époque, qui a eu le choix entre s’engager volontairement dans la Wehrmacht, ou finir d’office dans les Waffen SS.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Plutôt une fin dans l’horreur qu’une horreur sans fin.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Rappelons que le quart est du Reich devint polonais par la volonté de Staline : la frontière entre Germains et Slaves est donc revenue à la même position qu’en l’An Mil !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Pourtant Kershaw donne lui-même l’exemple d’un général dont la famille fut emprisonnée car il avait reculé sans autorisation. Et la famille de von Stauffenberg a fini en camp de concentration. Les étoiles ne protégeaient donc pas du pire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Pas fusillé comme tout militaire, mais bien </em>pendu<em>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/747« Les Alsaciens et le Grand Tournant de 1918 » de Christian Baechlerurn:md5:62cd3b8068a646b3494354b8c5d0c3692013-06-01T22:53:00+02:002016-07-06T12:56:48+02:00ChristopheHistoireAllemagneAlsacealsaciendommagedémocratieguerrehistoireHistoire de FranceLibérationnationalismepanurgismepolitiquePremière Guerre Mondiale <p>Il y a pas mal de littérature sur l’annexion de l’Alsace-Loraine par l’Allemagne nazie (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace">ce livre-là</a>). Mais il n’y a pas grand-chose sur la transition précédente, celle du retour à la France en 1918, après 48 ans de domination allemande.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/les-alsaciens-et-le-grand-tournant-de-1918.jpg" alt="les-alsaciens-et-le-grand-tournant-de-1918.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Le petit livre de Christian Baechler comble un peu le vide. Je lui reprocherais de plonger directement dans les événements de l'extrême fin de la Première Guerre Mondiale, et de s’étendre un peu trop sur les sources journalistiques et les querelles politico-politiciennes alsaciennes, pour passer trop rapidement sur l’annexion concrète. Mais ça n’en reste pas moins très instructif.</p>
<p>En 1914, avec les nouvelles générations nées après 1870, la germanisation de l’Alsace progressait. Cependant, les Alsaciens et Lorrains restaient un peu des Allemands de seconde zone : pas d’autonomie régionale, comme pour les autres États allemands, au mieux des discussions sans fin sur un rattachement à la Prusse ou la Bavière. Ce n’est que pendant la Première Guerre Mondiale que la création d’un Land à proprement parler est évoquée. C’est bien tard ; de plus au même moment la région est considérée comme terre occupée à cause de la guerre, et germanisée de force : en quelques mois a été dilapidé le capital sympathie accumulé depuis Bismarck.</p>
<p>À partir d’octobre 1918, pendant que les troupes alliées avancent, que la révolution gronde dans toute l’Allemagne, et que le gouvernement du Reich semble céder aux exigences du Président Wilson, il devient clair que les Français vont revenir. Le premier problème qui agite les politiciens alsaciens, de gauche comme de droite ou du centre catholique, concerne la représentativité des députés du Land : si l’Alsace veut avoir son mot à dire pendant les négociations de paix, ses députés sont-ils légitimes ? Le gouvernement français n’en aura de toute façon cure et rien ne sera négocié à Versailles.</p>
<p>Plus important, l’avenir de l’Alsace : les événements de l’automne 1918 provoquent bien des retournements de veste. Qui était farouchement pour le maintien dans le Reich devient autonomiste, partisan d’un État neutre entre les deux puissances — statut précaire, et pas qu’économiquement, et probablement source de querelles internes futures. L’Église vomissait la France laïque mais la préfère finalement à une Allemagne virant spartakiste. La question religieuse est un point d’inquiétude, ainsi que le changement des circuits économiques.</p>
<p>Faut-il un plébiscite ? Au final, personne n’en voudra. Le gouvernement allemand, se doutant d’un résultat défavorable, ne veut pas que cela ferme définitivement la porte au retour, un jour, de l’Alsace en Allemagne (cela n’aurait probablement pas arrêté Hitler, cela dit). La France considèrera que, par l’accueil enthousiaste de la population aux troupes françaises, le plébiscite est fait.</p>
<p>Cet accueil enthousiaste par une population germanique et regermanisée a été analysé, notamment par les Allemands (mauvais joueurs) : résignation, volonté de se retrouver dans le camp vainqueur, rejet des méthodes de terreur des militaires allemands pendant la guerre, effet des privations de la guerre, espoir que la France protège l’Alsace du chaos et de la famine, atmosphère extatique, « hypnose collective », volonté de choisir son destin au lieu d’être un objet de tractation, calcul politique, rejet de la rigidité prussienne, idéalisation de la France... Si les foules étaient énormes en ville, on ne sait rien de l’avis du paysan ou de l’ancien soldat à son retour.</p>
<p>La situation est compliquée par le retour de mutinés alsaciens de la marine de guerre, en pleine agitation révolutionnaire (mourir dans un baroud d’honneur contre la Royal Navy ne leur disait rien). C’est l’époque des conseils de soldats et des soviets ouvriers, et <a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/novembre-1918-le-drapeau-rouge-46891">le drapeau rouge flotte sur la cathédrale</a>. À Strasbourg, ce soviet entre en concurrence avec la municipalité qui a choisi pour maire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Peirotes">Jacques Peirotes</a>, un francophile. La cohabitation ne se passe pas si mal (les soviets sont aussi un moyen de canaliser l’agitation...). Tout le monde appelle au calme pour faciliter le ravitaillement de la population. Les révolutionnaires partent avant l’arrivée en fanfare des troupes françaises peu après l’armistice.</p>
<p>L’Alsace se convertit très vite au français, pourtant parlé par une minorité. Si le respect des particularismes religieux sera finalement acquis (et vaut encore aujourd’hui aux curés, rabbins et pasteurs alsaciens et mosellans de profiter de nos impôts, et aux enfants d’avoir le choix entre religion et morale à l’école), le bilinguisme est nié autant que possible. Nombre d’Allemands ou de personnes suspectes sont expulsés. C’est le retour de la centralisation à la française : aucun statut particulier n’est envisagé pour les trois nouveaux départements, même si le remplacement des lois allemandes par les françaises n’a jamais été achevé : en plus de la religion, il reste encore pas mal de spécificités en matière notariale, de droit des associations, du travail, de sécurité sociale plus favorable qu’outre-Vosges, etc.</p>
<p>Quelques semaines après son arrivée, l’administration française gagne déjà une réputation d’inefficacité, un peu imméritée vu le chaos entraîné par la guerre et le remplacement de tous les fonctionnaires. De plus, le taux de chômage s’envole avec le retour des soldats. Les comptes bancaires sont gelés, le temps de régler la question du taux de change, et la rupture de liens financiers et économiques avec l’Allemagne désorganisent l’économie. Il n’y a plus d’assemblée unique, mais trois départements.</p>
<p>Des commissions de triage se mettent en place pour expulser ou internés les personnes non fiables. Cette épuration mène à une masse de dénonciations intéressées. Le remplacement des fonctionnaires allemands expulsés par des Français est une autre cause du « malaise alsacien », qui mènera à la création de mouvements autonomistes.</p>
<p>À lire en ligne, <a href="http://w3.dna.fr/dossiers/2008/grande-guerre/20081118_noeuds-malaise-alsacien.php">une interview de l’auteur sur les DNA</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-Alsaciens-et-le-Grand-Tournant-de-1918-de-Christian-Baechler#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/743« 1941-1942 : Et si la France avait continué la guerre… »urn:md5:6044450b72d481d1becc7d092454558a2013-05-18T00:00:00+02:002016-07-05T12:35:57+02:00ChristopheTemps et transformationsAllemagneAmériqueapocalypsechaoscommunismecomplexitéconquête de l’inutilecouragedéterminismeEmpire soviétiqueEuropegéopolitiquehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoirenationalismeperspectiveracismeracléeRussieSeconde Guerre MondialesimulationspéculationtempstotalitarismeténacitéuchronieémerveillementÉtats-Unis <p>Ceci est la suite d'une uchronie que j'avais pas mal appréciée, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre">la France continue la Guerre</a></em>, issue d'une <a href="http://www.1940lafrancecontinue.org/forum/">réflexion collective</a>.</p>
<p>Le point de divergence avec notre histoire portait sur le refus d'un armistice en juin 1940. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continué-la-guerre">Dans le premier tome était conté comment le Grand Déménagement emmène gouvernement et armée en Afrique du Nord</a>. La France entière est envahie, et la Royale et l'aviation continuent le combat vaille que vaille aux côtés des Britanniques. Ceux-ci connaissent une bataille d'Angleterre moins violente, et la Lybie italienne puis la Sardaigne tombent tout de suite aux mains des Alliés. Le théâtre des opérations se centre autour de la Méditerranée bien plus que dans la trame historique réelle. Le premier tome finissait fin 1940.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lafrancecontinue-2.jpg" alt="lafrancecontinue-2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /><em>1941-1942</em> prend la suite immédiate, pendant presque un an et demi. Presque jour par jour s'écoulent les opérations en Sardaigne, Corse puis Grèce (similaires mais différentes de ce qui s'est réellement passé en 1941) ou dans l'Empire italien ; en Asie et à Pearl Harbor ; et enfin en Russie. Les grosses différences concernent l'Indochine (menacée par les Japonais, alors que Vichy avait coopéré avec eux) et Barbarossa.</p>
<p>Ce livre se lit avec Wikipédia à côté pour goûter toute les différences entre la trame réelle et celle-ci fantasmée, bien similaire mais souvent subtilement différente. Accessoirement on apprendra des choses (qui se souvient qu'en 1941 nous avons mené une guerre contre la Thaïlande, ou que les Britanniques ont envahi l’Irak et l’Iran par précaution ?). Petites friandises : les allusions à des personnages dont le destin a basculé ou des films qui se seront inspiré des événements (que devient <em>Un taxi pour Tobrouk</em> dans un monde où Rommel sévit dans une Grèce enneigée ?).</p>
<p>C'est dans la postface que réside l'intérêt majeur. Jacques Sapir et ses confrères décrivent les choix qu'ils ont fait, leurs réflexions, leurs simulations. Tout en reconnaissant une part d'arbitraire, et que la probabilité de tomber juste se réduit au fur et à mesure que s'éloigne le point de divergence avec le réel, ils défendent les positions adoptées.</p>
<p>Économiquement tout d’abord : la France, forte de ses réserves d’or, pouvait se réarmer auprès du gigantesque « arsenal des démocraties » américain. Peinant encore à sortir de la crise de 1929, celui-ci ne demandait que cela, et l'argent et les ingénieurs français auraient stimulé la montée en puissance des États-Unis encore plus que dans la réalité : les nombreuses commandes de 1939 ou 1940 auraient été poursuivies, les Britanniques, soulagés d’une partie de l’effort, auraient pu rétrocéder des avions, et d'autres notables investissements auraient pu être faits pour les Français.</p>
<p>Les points de discussion principaux portent évidemment sur l'attaque japonaise généralisée de décembre 1941 sur les possessions occidentales (et accessoirement Pearl Harbor). Il n’y a pas de raison que les relations entre Japon et États-Unis, exécrables à cause des exactions en Chine, soient meilleures. Quel que soit le prétexte (ici l’intimidation des Japonais envers une France qui n’abandonne pas l’Indochine), étaient inéluctable l’embargo américain, puis l’affrontement armé : attaque des possessions occidentales en Asie, et raid sur Pearl Harbor. La Guerre du Pacifique commence de manière similaire, mais on nous promet une fin bien différente.</p>
<p>En Europe, la stratégie des Alliés est contrainte : ils sont forcés de contre-attaquer, et ne peuvent le faire qu’en Méditerranée, qui devient le champ de bataille principal, et en espérant détacher l’Italie de l’Axe. Même s’ils n’ont pas les moyens de leur ambition, cela ne fait pas l’affaire d’Hitler qui, lui, ne pense qu’à l’attaque de l’URSS.</p>
<p>C’est dans le premier tome que Sapir & compagnie avaient justifié le maintien de Barbarossa : la psychologie d’Hitler doit rester la même. La conquête du <em>Lebensraum</em> aux dépens de ces sous-hommes de Slaves <em>est</em> le but fondamental de sa guerre. Les Anglais et Français laisseraient tomber quand il aurait à sa disposition toutes les ressources de l’URSS, et ce n’était pas ces Américains enjuivés et négrifiés qui allaient changer grand-chose...</p>
<p>Toujours est-il que même le Führer doit se rendre à l’évidence : les combats en Méditerranée mobilisent trop de moyens et l’attaque doit être reportée d’un an <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Une année qui, la postface le décrit fort bien, a réellement manqué justement à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> pour réorganiser l’Armée Rouge et la préparer au combat. Une Allemagne plus fatiguée attaquant une URSS bien mieux préparée : on nous promet des conséquences « cataclysmiques » pour le Reich.</p>
<p>Pour la forme, on retrouvera les mêmes défauts que pour le premier tome : une action trop détaillée quant aux opérations militaires et aux événements politiques au jour le jour, qui ne laisse pas assez de place pour les réflexions de fond, la vie des civils, les évolutions technologiques, l’impact du maintien des Français sur les opérations. Il est vrai que le pavé est déjà assez lourd... Les cartes manquent, et celles présentes renseignent peu. On aimerait plus de moyens de détecter les variations avec la réalité que la lecture parallèle de livres ou de Wikipédia.</p>
<p>Les premières salves de Barbarossa démarrent dans les dernières pages, et j’attends le tome 3. Par rapport à la réalité, comment les lignes de front finales se positionneront-elles ? Les Russes à Strasbourg, et les Japonais soumis <em>avant</em> de recevoir des bombes atomiques sur la tête ? Comme les habitants de ce monde fantasmé, il faudra patienter encore quelques temps...</p>
<p>PS : Voir aussi la <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/et-si-la-france-avait-continue-la-guerre-tome-2-1941-1942/">critique d’Alias</a>, fan du projet.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons que cela n’est qu’une extension de la trame historique : les Italiens ont réellement attaqué la Grèce fin 1940, et se sont fait raccompagner à la frontière. Ce qui motiva une intervention allemande en 1941, incluant l’invasion de la Yougoslavie. Militairement un succès foudroyant, mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Barbarossa#Plans_.C3.A9labor.C3.A9s_d.C3.A8s_1940">tout cela retarda de quelques semaines l’attaque de l’URSS...</a>, semaines qui manquèrent peut-être pour prendre Moscou, atteint et raté trop tard dans l’hiver. La ténacité grecque a peut-être fait perdre la guerre à l’Allemagne.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/739« Guerre & Histoire » n°10 de décembre 2012 : Guerre de Cent Ans, Crimée, Pologne, Maison Blanche brûléeurn:md5:fae08c2dd2296d59b49fc4da560252912013-02-04T22:13:00+01:002016-03-21T12:59:32+01:00ChristopheHistoireAllemagneAntiquitécatastrophechâteauxEmpire romainGrandes InvasionsguerreGuerre de Cent AnsgéopolitiquehistoireHistoire de FranceMoyen ÂgemythemémoirenationalismeperspectivepolitiquePremière Guerre MondialesaturationSeconde Guerre Mondialeuchronieévolution <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/GuerreEtHistoire_10.jpg" alt="GuerreEtHistoire_10.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerre & Histoire n°10" /></p>
<p>J’aime bien ce magazine : à l’école ou dans les livres, on parle très peu de la science militaire alors que son rôle été capital. De plus, les auteurs ne se limitent pas à admirer les « gros tanks de la Wehrmacht qui auraient gagné la guerre si les Alliés avaient gentiment attendu 10 ans qu’ils les construisent en série », comme d’autres magazines, mais traitent aussi d’économie et de société : un précédent numéro parlait du rôle du pétrole dans la Seconde Guerre Mondiale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ici, ce sont les évolutions sociales pendant la Guerre de Cent Ans, avec les conséquences jusqu’à nos jours, qui font la couverture.</p>
<h3>Kippour, Crimée, Pologne, Maison Blanche cramée</h3>
<p>Rapidement, ce dont parle aussi ce numéro :</p>
<ul>
<li><strong>Un ancien jeune tankiste israélien</strong> raconte comment en 1973, surpris dans le Golan par l’attaque syrienne, son petit groupe de 13 chars a tenu tête, sans perte, à 450 tanks syriens, et en a détruit la moitié ! La formation, la motivation, et 6° de différence dans l’orientation du canon vers le bas, peuvent littéralement faire des miracles.</li>
</ul>
<ul>
<li>En France, la <strong>guerre de Crimée</strong> (1853-56) a été zappée de la mémoire collective, oblitérée par la défaite de 1870. Il ne reste que quelques noms de lieux, de stations, à Paris. Et pourtant, ce fut le premier conflit photographié. Les clichés présentés ici semblent surréalistes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La cavalerie polonaise n’a jamais été assez stupide pour charger les panzers de la Wehrmacht en 1939 !</strong> Elle combattait normalement à pied, les chevaux n’étant que des moyens de transport adaptés à un pays aux mauvaises routes. Quelques rencontres imprévues ont été grossies par la propagande allemande, et le mythe perdure encore de nos jours.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La Guerre de 1812 entre États-Unis et Angleterre</strong> marqua sans doute le premier acte impérialiste américain, et ça a plus mal fini encore qu’en Irak. À cause notamment du blocus napoléonien et des mesures de rétorsion anglaises, et voulant « libérer » le Canada sous-peuplé, des « faucons » poussent le Président Madison à l’attaque au nord. Mais l’armée américaine n’est pas organisée, alors que les Canadiens, bien que majoritairement francophones, restent fidèles à la couronne britannique, ainsi que leurs alliés indiens ; enfin la Royal Navy domine les mers. Humiliation, la Maison Blanche flambe. En 1815, les deux camps signent le match nul, la chute de Napoléon éteignant la cause du conflit (et libérant nombre de ressources anglaises...).</li>
</ul>
<ul>
<li>En 451, la célèbre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_champs_Catalauniques_%28451%29">bataille des Champs Catalauniques</a>, mythique sauvetage par le « dernier des Romains », <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aetius">Aetius</a>, des reste de l’Empire romain face aux hordes hunniques d’Attila, a plutôt ressemblé à une bataille entre d’une part des Germains soumis aux Huns (Ostrogoths surtout, Hérules, Gépides, Francs...) et d’autre part des Germains alliés aux Romains (Wisigoths, Alains, d’autres Francs...), sans beaucoup de légions romaines par contre, mais quelques mercenaires huns avec Aetius. Au final, Aetius laisse filer Attila pour éviter une hégémonie wisigothe en Gaule. Attila ira encore piller l’Italie et Aetius, trop puissant, sera liquidé par l’Empereur en personne.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Angleterre a connu au XVIIè siècle sa période républicaine, d’un puritanisme extrême assez difficile à comprendre de nos jours (est-ce qu’on pourrait rapprocher ce mélange de théocratie et de parlementarisme avec l’Iran d’aujourd’hui ?). Cromwell, homme fort du Parlement, a pu s’imposer et écraser l’armée royale grâce à sa <em>New Model Army</em>. Sans stratégie vraiment originale, elle se fondait d’abord sur le mérite et non le sang bleu, sur une base nationale et non régionale, et enfin une part de fanatisme puritain. Assez pour prendre le pouvoir, pas assez pour consolider un régime pérenne qui ne survivra pas à Cromwell.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><em>Liberty ships</em></strong> : ces milliers de bateaux de transport identiques construits à la chaîne en quelques dizaines de jours parfois sont l’exemple parfait de la toute-puissance industrielle américaine au service des Alliés.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>Plan Schlieffen de 1914</strong> n'aurait pas été, comme on le pensait, vraiment conçu pour éviter la guerre sur deux fronts, mais était à l’origine le plan allemand contre... l’Angleterre (et non la Russie). Avec dans les deux cas la France comme adversaire secondaire à éliminer rapidement <em>via</em> la Belgique.</li>
</ul>
<h3>La Guerre de Cent Ans</h3>
<p>C’est une période charnière, chaotique, pleine de transformations douloureuses : une époque donc « intéressante » selon les critères de la vieille malédiction chinoise. Toutes les cicatrices ne sont pas refermées d’ailleurs, les vagues d’anglophobie et francophobie persistent encore parfois. (Rappelons qu’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/03/18/318-les-guerres-oubliees-2">on peut considérer qu’il y a eu trois Guerres de Cent Ans</a>...)</p>
<h4>Chronologie</h4>
<p>Rappelons les grandes lignes de ce long massacre entre 1328 et 1453, en soulignant que les campagnes au Moyen Âge étaient brèves et entrecoupées de nombreuses trèves, d’où la durée.</p>
<ul>
<li><strong>Contexte</strong> : Les Capétiens, plus puissante monarchie d’Europe, devaient fatalement un jour rentrer en conflit ouvert avec les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plantagen%C3%AAt">Plantagenêt</a>, qui en plus de l’Angleterre possèdent de gros morceaux de la France (Normandie et Guyenne surtout). Il y avait déjà eu pas mal d’explications musclées avant que Philippe Auguste ne montre qui était le patron un siècle plus tôt. Finalement, des raisons économiques (Flandres) s’ajoutent, et ce sera une querelle dynastique qui déclenchera les festivités. Pour les détails, se référer à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/11/21/34-les-rois-maudits-contexte-ii">mon billet sur le contexte des Rois maudits</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase I</strong> : Les Anglais ne cherchent qu’accessoirement la conquête, ils sont d’abord là pour piller. À Crécy les archers anglais écrasent l’armée de Philippe III. À Poitiers c’est carrément le fils de ce dernier, Jean II, qui se fait capturer, et comme rançon doit abandonner la moitié de son royaume à l’Anglais (mais il garde son trône). Autre catastrophe, la Peste Noire emporte un tiers de la population.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase II</strong> : Plus fûté que son chevalier de père, Charles V délègue au célèbre Du Guesclin les opérations militaires. Celui-ci préfère guérilla et harcèlement aux grandes chevauchées, et le résultat est là : les Anglais reperdent tout leurs gains. Fin du premier round et trève de quelques décennies.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase III</strong> : Le nouveau roi de France, Charles VI, devient progressivement fou. Les querelles pour sa tutelle mènent à une guerre civile entre ses oncles, cousins, et leurs descendants, divisés entre Armagnacs et Bourguignons. Le nouveau roi anglais Henri V en profite, s’allie aux Bourguignons, et prouve que les nobles français n’ont rien retenu de Crécy en les massacrant à Azincourt. La moitié de la France est occupée, et Henri V se fait reconnaître comme héritier de Charles VI, lequel déclare le Dauphin illégitime. Les deux rois meurent en même temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase IV</strong> : Le Dauphin et son « royaume du Bourges » résistent un temps à l’envahisseur, puis arrive le catalyseur : Jeanne d’Arc. Charles VII sacré à Reims, la réconciliations avec les Bourguignons signée, la reconquête commence, pendant que l’Angleterre connaît à son tour la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Deux-Roses">guerre civile</a>. Les Anglais ne gardent que Calais. Fin du Moyen Âge.</li>
</ul>
<h4>Évolutions sociétales</h4>
<p>En un siècle, les armées féodales (temporaires, dominées par la chevalerie, peu soudées) sont devenues professionnelles (permanentes), puis modernes (disciplinées, avec beaucoup d’infanterie, de l’artillerie...).</p>
<p>Les Anglais innovent avec leurs fameux archers, issus des rangs des petits propriétaires. Malgré un entraînement étalé sur des années, ils étaient beaucoup moins chers que les lourds chevaliers français, forcément nobles, et beaucoup plus nombreux (l’Angleterre était bien moins peuplée que la France à l’époque).</p>
<p>L’entraînement d’autant d’archers et leur équipement nécessitaient une logistique, une planification, une proto-industrie et une quasi-conscription assez incroyables pour l’époque. Voilà pourquoi il y a tant de gens nommés Archer ou Stringer outre-Manche. Cette <em>gentry</em> a en conséquence gagné en poids fiscal puis politique : sont apparus alors les <em>Commons</em>, à côté des <em>Lords</em>, qui constituent encore aujourd’hui les deux chambres du Parlement britannique.</p>
<p>La France n’a pas compris ni cherché cette évolution. La levée en masse n’a jamais été à l’ordre du jour. La noblesse méprisait et la piétaille et ses ennemis, et était allergique au commandement unique : cela mena à Crécy, Poitiers puis finalement au massacre d’Azincourt.</p>
<p>L’armée permanente avait bien été inventée par Charles V, mais c’est l’élimination physique de nombreux nobles à Azincourt qui permet à Charles VII de moderniser le fonctionnement de l’ost royal, y compris son financement (la taille devient annuelle) et son recrutement (« gens d’arme » rattachés directement au roi, puis « francs archers » recrutés dans la population).</p>
<p>Enfin c’est l’artillerie qui fonde la puissance du roi de France : la noblesse n’a pas les moyens de se l’offrir, et ses châteaux ne résistent pas aux boulets. Bien qu’enrôlé, le peuple n’a toujours rien à dire. La suite, en caricaturant : absolutisme et Révolution violente.</p>
<p>Noter que cette émergence du peuple comme force militaire et politique était déjà ancienne et générale (milices italiennes qui fondent l’indépendance des cités ; communes des Flandres qui flanquent la pile à Philippe le Bel en personne ; cantons suisses...), et se poursuivra encore longtemps. Au passage, cela mènera à des batailles bien plus saignantes : fini l’esprit chevaleresque où on voulait d’abord des prisonniers à rançonner. (À rapprocher des Aztèques attaquant les Espagnols avec le même esprit...)</p>
<h4>Le nationalisme</h4>
<p>On savait déjà que le sentiment national français date de cette époque. Je me disais aussi que toute uchronie où les Anglais gagnaient impliquait une assimilation de l’Angleterre par la France : la noblesse anglaise étant parfois plus française qu’anglo-saxonne, ses conquêtes françaises auraient accentué le phénomène, et la différence démographique aurait fait le reste.</p>
<p>J’ai appris par contre que le sentiment national anglais a joué aussi, et contre eux : une victoire et la fusion des deux royaumes aurait mené à l’absorption par des Français honnis. J’aurais aimé plus de détails sur ce point...</p>
<h4>Évolutions technologiques</h4>
<p>L’armée anglaise est organisée autour de leur fameux arc, l’arme de destruction massive de l’époque, adapté à l’attaque par « saturation ». En face, les archers génois engagés par les Français misent sur la précision de leurs arbalètes, mais leur lenteur de réarmement les rend en fait plus adaptées aux sièges et aux batailles maritimes. L’arc perdra cependant de son importance suite à l’amélioration des cuirasses françaises à la toute fin de la guerre et plus tard à cause des armes à feu (plus chères mais plus faciles à maîtriser).</p>
<p>En face, les Français n’utilisent sérieusement l’artillerie qu’à la toute fin.</p>
<h4>La fin</h4>
<p>Quand Bordeaux tombe, Charles VII met fin à trois siècles d’affrontement entre Capétiens et Plantagenêt. Et c’est aussi par l’artillerie qu’au même moment les Turcs prennent Constantinople et achèvent l’Empire romain. Aux deux extrémités de l’Europe sonne ainsi la fin la fin du Moyen Âge.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Article d’ailleurs qui noie dans l’huile la crédibilité de toute uchronie où le Japon ou l’Allemagne gagne la guerre : dans une guerre archi-mécanisée, Américains et Russes avaient quasiment tout le pétrole, et ce que l’Axe a pu ou aurait pu atteindre était trop loin pour le ramener.</em> </p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/728“World War II Plans that never happened” (« Les plans secrets de la Seconde Guerre mondiale ») de Michael Kerriganurn:md5:38c8bc6a0463981d0e3a94742dcd89bb2012-10-15T00:00:00+02:002016-03-15T14:04:22+01:00ChristopheHistoireAllemagnebombe atomiqueEuropegigantismeguerregéographiegéopolitiquehistoireincohérencelivres lusoh le beau cas !politiquescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis <p>Je l’ai lu en anglais mais il y a une <a href="http://www.amazon.fr/plans-secrets-seconde-guerre-mondiale/dp/2735703622/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1348775339&sr=8-1">version française</a>.</p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/61mQbgqfzkL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Chez tout amateur d’uchronie, ce livre fera naître joie et frustration.</p>
<h3>Joie</h3>
<p>Kerrigan recense une flopée de plans qui auraient pu marcher (ou échouer), réalistes ou fous, planifiés pendant des mois ou juste griffonnés en vitesse, et chacun ferait un point de divergence parfait pour une uchronie.</p>
<p>Certaines opérations n’ont jamais eu lieu :</p>
<ul>
<li>l’invasion de la Scandinavie ou juste de la Norvège par l’un ou l’autre camp (les Allemands ont osé les premiers en 1940), ou celle de l’Irlande (inquiétante pour les Britanniques, mais trop loin pour les Allemands) ;</li>
<li>l’invasion de la Suisse par le Reich (opération <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Operation_Tannenbaum" hreflang="de">Tannenbaum</a></em>), reportée on ne sait trop pourquoi : autres urgences, coopération entre les deux pays, promesse suisse de faire payer un ticket d’entrée disproportionné... ;</li>
<li>un classique : <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Seel%C3%B6we">Seelöwe</a></em>, l’invasion allemande de la Grande-Bretagne — très difficile faute de moyens de barges de débarquement et de maîtrise des mers, et impliquant donc une supériorité aérienne que la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-bataille-d-Angleterre">Bataille d’Angleterre</a> ne donna pas ;</li>
<li>l’attaque anglaise ou américaine sur les Açores ou le Cap Vert — inutiles tant que le Portugal et l’Espagne ne soutenaient pas trop l’Allemagne ;</li>
<li>la prise de Gibraltar par les Allemands (se rappeler que <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/03/427-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-3">Canaris a pas mal fait pour saborder le projet</a>) — opération reportée faute d’autorisation espagnole puis de troupes disponibles ;</li>
<li><em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Herkules" hreflang="en">Herkules</a></em>, c’est-à-dire la prise de la stratégique Malte par les Allemands — reportée car au début tout allait bien pour Rommel en Afrique, puis faute de moyens ;</li>
<li>les précurseurs d’<em>Overlord</em> (<em>Sledgehammer</em>, <em>Roundup</em>) : les Britanniques, plus réalistes, freinent l’envie des Américains d’en découdre en France dès 1942 et malgré les demandes pressantes de Staline d’un deuxième front ;</li>
<li>par les Japonais, l’invasion de l'Australie —trop loin, trop grande finalement — ou celle de Ceylan — trop loin— ou encore de Madagascar — Hitler était contre, c’était « sa » partie du monde ;</li>
<li>l’invasion de la Sardaigne par les Alliés, ou celle des îles anglo-normandes — îles abandonnées à leur sort, les Allemands ne pouvant faire grand-mal de là-bas ;</li>
<li>la plus délirante, l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Unthinkable">Unthinkable</a></em>, envisagée par Churchill avant même la capitulation allemande : l’attaque des forces russes sur le continent au cas où Staline se montrerait agressif — opération abandonnée car finalement inutile, souhaitée par personne, et si j’en crois Wikipédia il est probable que les Russes, éventuellement alliés aux Japonais, auraient gagné une guerre longue — mais personne ne savait alors que la bombe A allait tout changer ;</li>
<li>la plus gigantesque : l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall">Downfall</a></em> (rassemblant <em>Coronet</em> et <em>Olympic</em>) visait en 1946 à débarquer au Japon, au sud puis vers Tokyo, avec des effectifs, des moyens et des pertes qui auraient ravalé Overlord au rang d’escarmouche — Hiroshima et Nagasaki ont tué dans l’œuf ce monstre logistique.</li>
</ul>
<p>Certaines armes n’ont jamais vu le feu :</p>
<ul>
<li>un projet américain de porte-avion mi-bois mi-glace : certes incoulable, mais avec trop de problèmes pratiques, et rattrapé par les évolutions des modèles classiques ;</li>
<li>les bombes anglaises destinées à diffuser l’anthrax, bien trop efficaces pour être utilisées (testé sur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/en">Gruinard Island</a>) ;</li>
<li>les bombardiers allemands et japonais à très longue distance pour attaquer les États-Unis sur leur sol, voire Panama (trop loin, effet uniquement psychologue) ;</li>
<li>le super-tank allemand <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Panzer_Maus" hreflang="de">Maus</a></em>, véritable bunker sur roues, avec ses 188 tonnes, et invincible (mais beaucoup trop lent et gourmand en pétrole pour être utile, et trop lourd pour passer le moindre pont) ;</li>
<li>la marine de guerre allemande complètement réarmée, prévue avant-guerre pour être prête en 1945, et donc abandonnée pour privilégier les sous-marins ;</li>
<li>un canon longue portée, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/V3_%28canon%29">V3</a>, destiné à bombarder Londres, mais à peine utilisé ;</li>
<li>un V2 intercontinental, projet utopique des derniers mois de la guerre.</li>
</ul>
<p>Dans la catégorie des plans « fous et foireux » :</p>
<ul>
<li>les projets de liquidation physique des différents leaders par le camp d’en face par bombardement, <em>sniper</em> ou espions (trop compliqués, trop irréalistes, ou contrecarrés trop tôt) ;</li>
<li>le projet de « réduit nazi » dans les Alpes, grande crainte des Alliés (justifiant en partie qu’ils aient délaissé la course à Berlin) — plan réel ou intoxication des derniers jours du Reich ?</li>
</ul>
<p>Fils rouges des différentes pages, les deux principaux décideurs de la guerre : Churchill et Hitler. Le premier était toujours partant pour un plan audacieux voire fou, favorisant les attaques indirectes aux frontales (il aurait préféré les Balkans plutôt que la Normandie). Le second changeait facilement d’avis et adorait les armes qui « en jetait » sans résultat stratégique réel.</p>
<h3>Frustration</h3>
<p>Les articles très résumés sur chaque opération militaire avortée n’en disent pas forcément beaucoup plus, souvent moins même, que des pages Wikipédia. À part quelques cartes, photos et documents n’offrent que peu d’intérêt Le style dérive souvent vers l’humour et le jeu de mot facile alors que le sujet porte rarement à la rigolade. Les commentaires sur le web sont assez assassins...</p>
<p>Bref, un bouquin intéressant pour la concentration de points de divergence uchroniques, plus que pour les informations sur chaque opération ou la profondeur de l’analyse.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9CWorld-War-II-Plans-that-never-happened%E2%80%9D-%28%C2%AB%C2%A0Les-plans-secrets-de-la-seconde-guerre-mondiale-%C2%BB%29-de-Michael-Kerrigan#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/719« Des milliards de tapis de cheveux » d’Andreas Eschbachurn:md5:15e93cf986295ac2178d40760055ec152012-09-16T00:00:00+02:002016-02-25T13:55:01+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagnecivilisationconquête de l’inutiledéshumanisationesclavagelivres luslyrismemèmeoh le beau cas !science-fictionspace operasurréalismetempsuniversvaleur <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51C74DET5HL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p><strong>Titre original</strong> : <em>Die Haarteppichknüpfer</em></p>
<p>La SF allemande avait connu un vent de renouveau avec ce livre à la toute fin du XXè siècle. Sa version française a été pour moi le premier roman dévoré après l’an 2000, un symbole. Et j’ai pris autant de plaisir à le relire que la première fois, bien que l’effet de surprise soit évidemment passé, les souvenirs étant nets.</p>
<p>Le thème ? La civilisation d’une planète pauvre et primitive se consacre entièrement à la création de tapis de cheveux humains pour décorer le palais d’un Empereur lointain, invisible, éternel, omnipotent. Depuis des millénaires, religion, mariage, fiscalité, tout tourne autour de ces fameux tapis, qu’un tisseur met une vie à créer.</p>
<p>Jusqu’au jour où un étranger (un hérétique !) proclame que l’Empereur est mort.</p>
<p>Il n’y a pas de personnage central. Tout se dévoile par petites touches étalées sur des années, et la perspective s’éloigne lentement.</p>
<p>On trouvera sans peine sur le réseau, et d’abord Wikipédia, critiques, enthousiastes ou déçues, pleines d’émécheurs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Je me place du côté des enthousiastes-mais-juste-dommage-on-est-passé-à-côté-de-la-perfection.</p>
<p>Du même auteur, j’avais lu et apprécié aussi <em>Das Jesus Video</em> (en VO cette fois).</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em><a href="https://termexplore.wordpress.com/2009/03/03/traduire-spoiler-critique-des-arts-narratifs-et-cookie-informatique-internesque/">Il paraît que c’est le terme français pour</a> </em><a href="https://termexplore.wordpress.com/2009/03/03/traduire-spoiler-critique-des-arts-narratifs-et-cookie-informatique-internesque/">spoiler</a><em>. Je doute fortement de la capacité de pénétration, il y a un côté « allumage alcoolisé » dans le mot.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-milliards-de-tapis-de-cheveux-d-Andreas-Eschbach#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/709« Le Gauleiter Wagner, le bourreau de l’Alsace » de Jean-Laurent Vonauurn:md5:b35ff5a411081023de1b28e318390ba32012-07-15T18:28:00+02:002016-05-16T15:19:08+02:00ChristopheHistoireabominationAllemagneAlsacealsaciencataclysmecolonisationdéfense du françaisdéshumanisationesclavageguerrehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationnationalismeoh le beau cas !peine de mortRésistanceSeconde Guerre Mondialeterrorismetotalitarisme <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/41F7X8l9w%2BL._SL500_AA300_.jpg" alt="Image bouquin" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Image bouquin" /> Robert Wagner a dirigé l’Alsace pendant l’« annexion de fait » et, loin d’être un simple exécutant passif, a activement poussé la germanisation et la nazification. Il est allé au-delà des désirs d’Hitler dans l’incorporation de force de milliers d’Alsaciens — des milliers ne sont pas revenus du front russe.</p>
<h3>L’annexion de fait</h3>
<p>Wagner est un nazi de la première heure, accompagnant Hitler dès son putsch raté de 1923, y compris en prison. Intelligent, sans scrupule, sans éthique, Wagner incarne le parfait nazi.</p>
<p>En juin 1940, l’armée française est écrasée, et l’Alsace occupée. Mais l’Occupation n’y revêt pas le même sens que dans le reste de la France, et le Reich d’Hitler n’est pas celui d’avant 1914. Dès l’été, Wagner, Gauleiter (responsable du Parti et, de fait, de l’administration civile) de Bade, rattache l’Alsace à son Gau, puis commence le processus d’annexion et de germanisation complète de la région. Le gouvernement de Vichy proteste à peine. Il n’y aura jamais d’annexion officielle, mais ce sera tout comme. Wagner sera l’exécutant zélé de ce processus. Il promet de faire en cinq ans ce qu’Hitler jugeait faisable en dix — dont l’expulsion de 40% de la population <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Environ 135 000 personnes (réfugiées dans le centre de la France avant l’offensive) ne rentrent pas, et plus de 21 000 sont expulsées car françaises ou francophiles. Les noms de ville et de place changent très vite. Chaque ville se retrouve avec une <em>Adolf Hitler Straße</em>. Le français est interdit, les livres brûlés, les patronymes germanisés.</p>
<p>Les « nancéiens », des autonomistes avec un certain poids, sont placés à des postes de responsabilités. Les postes de douane sont déplacés vers l’ouest à la frontière de 1871. Les fonctionnaires doivent déclarer leur adhésion au national-socialisme ou perdre leur emploi. Le courrier est ouvert. Le parti étend son maillage étouffant sur tout le territoire <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Économiquement, l’Alsace est spoliée. Le taux de change de 20 RM pour un 1 F est un scandale. De nombreux biens d’expulsés, émigrés et autres « ennemis du peuple » sont confisqués. Tous les postes clés passent aux mains d’Allemands de confiance, les banques et industries sont rattachées à des groupes allemands. Les salariés sont fichés. Les marchés agricoles, en raison des pénuries, sont très étroitement contrôlés. Au fur et à mesure que la guerre avance, les Alsaciens se retrouvent contraints de travailler uniquement pour l’industrie de guerre quand ils ne sont pas enrôlés. Beaucoup sont ruinés.</p>
<p>Pour Wagner, tout va bien. En 1942, 20% de la population alsacienne est encadrée par le parti nazi. En fait, pour les trois quarts il s’agit des Jeunesse Hitlériennes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> et d’<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Deutsches_Frauenwerk" hreflang="de">organisations féminines</a>.</p>
<p>Le passage sur l’université de Strasbourg est abject : la vraie ayant été déplacée avant l’offensive à Clermont-Ferrand, et y étant restée, Wagner fait créer <em>ex nihilo</em> une nouvelle université, fer de lance contre l’Occident. Comme professeurs, on n’importe que des nazis convaincus<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> triés sur le volet, et aucun Alsacien. Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/August_Hirt">Dr Hirt</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> fait des expériences et se constitue une collection de squelettes à partir de prisonniers des camps d’Auschwitz puis du Struthof.</p>
<p>Ajoutons un culte de la personnalité tout à fait dans la manière nazie. Certaines photos sont éloquentes.</p>
<h3>Les camps du Struthof et de Schirmeck</h3>
<p>Il existe un camp de concentration, parmi les pires, en Alsace, au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_concentration_de_Natzwiller-Struthof">Struthof</a> (52 000 détenus d’un peu partout, 22 000 morts dont certains en chambre à gaz), mais il n’est pas vraiment sous la responsabilité de Wagner, ni destiné aux Alsaciens, sinon comme épouvantail. Pour eux, il y a le « camp de rééducation » de Schirmeck, pour tous les réfractaires, contestataires et suspects de francophilie, pour quelques jours ou à vie. Le camp est géré par la Gestapo et arrive au chiffre de deux mille internés. La ration alimentaire, insuffisante pour le travail demandé, et les brimades sadiques entraînent de fréquents décès.</p>
<h3>La résistance</h3>
<p>Dans un tel contexte, difficile de résister. Cependant il y a un « rapport d’Alsace » pour avertir Vichy et Londres de la situation : il montre au Gauleiter que son administration est noyautée. La Gestapo redouble d’efforts, la plupart des réseaux sont démantelés fin 1942.</p>
<p>Quand les tribunaux sont impliqués, il appliquent le droit allemand, et surtout la conception très particulière de la justice qu’ont les nazis. Wagner fait des exemples, les condamnations à mort pleuvent.</p>
<h3>L’incorporation de force</h3>
<p>L’incorporation de force est le plus grand crime reproché à Wagner. Il pousse auprès d’Hitler, contre l’avis de Keitel <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> à l’intégration rapide de classes d’âge entières. Il en verse même d’office dans les Waffen-SS <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>. Pour ce nazi convaincu, le sang versé et la communauté d’armes doivent accélérer l’intégration de l’Alsace au IIIè Reich. Il ne réussit qu’à braquer définitivement la population.</p>
<p>Au début on fait appel aux volontaires : l’échec est cuisant. L’incorportation devient donc obligatoire en août 1942. Les jeunes qui refusent de partir mettent leur famille en danger : des milliers de personnes sont ainsi « transplantées » dans le Reich <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>. Des milliers fuiront tout de même.</p>
<p>Les officiers alsaciens de l’armée française faits prisonniers en 1940 sont rapidement libérés s’ils se reconnaissent comme <em>Volksdeutsch</em> (ethniquement allemands). Mais par la suite, on impose leur passage dans les Waffen-SS.</p>
<h3>Le procès</h3>
<p>La deuxième moitié du livre est consacrée à son procès en 1946. Il donne au passage un bon aperçu de la manière dont fonctionne la justice lors de l’épuration, et ses limites. L’auteur est juriste, il se fait aussi plaisir.</p>
<p>Wagner a été livré aux Français par les Américains. Il est jugé avec cinq autres membres de l’administration et de la « justice » de la période d’annexion.</p>
<p>Bizarrement, sont d’abord reprochés à Wagner et consorts des crimes précis (la liquidation de quatre aviateurs britanniques prisonniers, la condamnation à mort de résistants et jeunes rebelles à l’incorporation...) et accessoirement l’incorporation de force. De manière générale, le procès ne semble pas très bien mené, et se révèle plutôt frustrant pour les Alsaciens.</p>
<p>La légalité de l’annexion revient périodiquement. Pas évoquée par la convention d’armistice de juin 1940, jamais entérinée par aucun traité, elle est légalement nulle. L’enrôlement des populations dans l’armée allemande viole donc toutes les conventions. Mais les nazis s’assoient sur le droit. Wagner a beau jeu de rappeler qu’en 1918, le retour de l’Alsace à la France a été précipité aussi, avant même le Traité de Versailles, et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alsace-Lorraine#L.27expulsion_des_Allemands">avec des expulsions d’Allemands à la clé</a>.</p>
<p>Wagner tente de se présenter comme un simple exécutant de la volonté du Führer. Les témoins ne cessent de montrer qu’au contraire il avait une grande marge de manœuvre, pouvait influencer même Hitler, voire passer outre à ses consignes, pouvait ordonner au système judiciaire des condamnations à mort , et avait la haute main sur les grâces et exécutions.</p>
<p>Tous les accusés sont condamnés à mort, sauf le procureur Luger, acquitté, lui qui avait pourtant requis plusieurs peines de mort devant le tribunal spécial alsacien... Fragile sur le plan strictement juridique, comme toute justice de vainqueur et pour crime contre l’humanité, cette condamnation est politiquement nécessaire pour les Alsaciens, qui ne voient pas d’autre issue possible après leur calvaire.</p>
<p>Sur la forme, le livre souffre de deux petits défauts : beaucoup trop de notes regroupées en fin de volume, quand elles auraient pu être en bas de page voire dans le texte même, et quelques passages et citations en allemand non traduites (moi je m’en fiche).</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Ce n’était qu’un début, les nazis avaient de grands projets de dépeçage de la France en cas de victoire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Je ne crois pas que des habitants des démocraties occidentales actuelles puissent même imaginer ce que doit être ce climat de suspicion complet qui règne d’ailleurs encore dans quelques pays.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Rappelons que ce n’était </em>pas<em> volontaire comme pour les scouts...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les autres avaient été virés du corps enseignant, de toute façon.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Cet infect personnage n’a même pas été jugé, il s’est suicidé en 1945, je ne crois pas que le livre le précise.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Chef suprême de la Wehrmacht pendant la guerre. Pendu à Nuremberg. Pas fusillé, pendu.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Et on n’avait pas forcément le choix entre SS et Wehrmacht « classique ». D’où la présence d’Alsaciens dans la division </em>Das Reich<em> coupable du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Oradour-sur-Glane">massacre d’Oradour</a>, sujet encore sensible en Alsace soixante-dix ans après</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Le livre ne le précise pas vraiment, mais une « transplantation » n’est pas un simple déménagement forcé, mais une <a href="http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2007-2-page-53.htm">quasi-déportation en camp de travail</a></em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/701« 1940 : Et si la France avait continué la guerre… »urn:md5:aed425ec34c8fff3b98038f2b817097a2011-06-01T08:08:00+02:002015-09-02T12:57:32+02:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnebombe atomiquecatastrophecolonisationcouragedémocratieguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationracléeSeconde Guerre Mondialespéculationtempstotalitarismeuchronie<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lafrancecontinue-1.jpg" alt="lafrancecontinue-1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Etait-il réaliste pour un gouvernement traumatisé d’abandonner la métropole, où la situation était désespérée, et de continuer la lutte depuis l’Algérie et l’Afrique, avec les appuis anglais et américain ? Le débat avait à l’époque fait rage entre les « défaitistes » (Pétain, Weygand…) pas mécontents de voir la République abattue, ou simplement inconscients de la différence de nature du IIIè Reich par rapport à l’Allemagne qu’ils avaient affrontée en 1914-18, et le groupe emmené par de Gaulle.</p> <p>J’ai chroniqué ici l’excellent livre sur la défaite de 1940, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1">Comme des lions</a></em>, de Dominique Lormier, dont <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/21/448-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-4">un passage traite d’un repli français dans l’Empire, sans capitulation</a>.</p>
<p>Récemment, un groupe mené entre autres par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Sapir">Jacques Sapir</a> n’a pas résisté à la tentation de l’uchronie sur ce point. Le choix du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence avec notre histoire</a> fut délicat : il fallait que le Président du Conseil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Reynaud">Paul Reynaud</a> ne renonce pas au pouvoir en faveur de Pétain (alors que paradoxalement il tenait à continuer la guerre) ; c’est donc en avançant de quelques semaines le décès accidentel d’Hélène de Portes, sa maîtresse, défaitiste elle, que cette histoire se met à diverger. (<a href="http://www.delpla.org/article.php3?id_article=69">Certains ne sont pas d’accord sur le poids de l’influence d’Hélène</a>. Détail, on pourrait trouver d’autres divergences menant au même résultat.)</p>
<p>Le livre reprend l’essentiel, sous une forme aussi plus agréable à lire, du site web <a href="http://www.1940lafrancecontinue.org/">1940lafrancecontinue.org</a>. Il ne couvre que 1940, jour par jour voire d’heure en heure. Le site a quelques cartes et des mentions sur les années suivant 1940.</p>
<h3>Le Grand Déménagement</h3>
<p>Reynaud tient bon, soutient de Gaulle, écarte Pétain puis Weygand, enrôle Mandel, Zay, Blum... et lance le Grand Déménagement de l’armée française (enfin, ce qu’il en reste...) vers l’Algérie, alors française.</p>
<p>La plausibilité fait l’objet de l’introduction : oui, cela était jouable. Evidemment, en Afrique du Nord, il n’y a aucune industrie digne de ce nom, et la France devient dépendante de l’Angleterre et des États-Unis. Il lui reste des atouts : la flotte, les ressources de l’Empire, de grands stocks d’or.</p>
<h3>Ce qui change</h3>
<p>Alors, par rapport à notre réalité, quelle différence peut faire une France dont les reins sont brisés ?</p>
<ul>
<li>On pense d’abord à la flotte : sa neutralisation était le premier but d’Hitler en acceptant l’armistice, et mettre la main dessus (en tout cas éviter qu’elle ne passe aux Allemands) une obsession de Churchill. Si la France continue, pas de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Mers_el_Kebir">Mers el-Kébir</a>, la Méditerranée reste aux Alliés, et les convois dans l’Atlantique seront mieux escortés.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Empire reste intégralement aux Alliés. Alors qu’en réalité de Gaulle a mis des années à le récupérer bout par bout, que les Anglais ont dû envahir Madagascar puis les Américains l’Algérie, que l’Afrika Korps de Rommel a pu s’y baser, si la France continue il devient aussitôt une base de départ, par exemple contre la Lybie.</li>
</ul>
<ul>
<li>Au lieu de l’humiliante débandade et de la reddition en masse après que Pétain a dit de déposer les armes sans même avoir négocié l’armistice, l’armée française réussit à tenir avec une direction claire. Certes, il est impossible de conserver longtemps la France continentale : le sacrifice de nombreuses unités ne sert qu’à couvrir le Grand Déménagement. Nos uchronistes voient Marseille tomber en août. Mais cela fait pas mal de prisonniers en moins... et beaucoup de combats destructeurs en plus dans toute la France. Des scénarios impliquant un réduit breton (irréaliste) ou provençal (plus plausible) ont été jugés un peu trop optimistes. Que la France tienne encore deux mois contre la Wehrmacht est jugé par certains même conservateur : la logistique de la Wehrmacht était très étirée (d’où une pause forcée à mi-chemin), les Français ont très vite appris de leurs erreurs, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les Français peuvent se rééquiper auprès des Américains grâce à leurs (énormes) réserves d’or.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans la réalité, l’armée allemande avait quand même souffert (même et surtout après Dunkerque), et les avions perdus en France ont manqué pendant la Bataille d’Angleterre. Par contre la Luftwaffe avait récupéré ses pilotes prisonniers après l’armistice. Si la France continue, la Wehrmacht s’use à finir la conquête, ne récupère pas ses pilotes prisonniers : la Bataille d’Angleterre (pour commencer) est moins intense.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dès 1940 les Alliés peuvent penser à des contre-attaques. Et le livre ne s’en prive pas : l’Italie ayant courageusement déclaré la guerre à une France en pleine débâcle (et comme dans la réalité, impréparation et artillerie de montagne française aidant, l’armée italienne n’ira pas loin dans les Alpes), elle prend le premier choc, avec la conquête alliée immédiate de la Lybie, de la Sardaigne, de Rhodes (ces deux dernières jamais conquises dans la réalité). Les Alliés ont donc gagné deux ans en Afrique, évité l’Afrika Korps, attiré la Grèce dans leur camp (que Mussolini aurait attaqué sinon dès la fin 1940, sans succès), protégé Suez, et menacent immédiatement la Sicile.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pétain a dans la réalité réussi à obtenir une légitimité grâce aux pleins pouvoirs octroyés par les députés. Si la France continue, ceux-ci s’enfuient, et commencent à bâtir quelque chose qui s’orientera plutôt vers notre Vè. Et si les auteurs ont tenu à maintenir Laval, Doriot, Déat… au pouvoir (à Paris, pas Vichy), ce n’est qu’une bande d’arrivistes à la légitimité nulle.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Empire français (et le belge également par contrecoup) sortira socialement complètement transformé de la guerre, grâce aux centaines de milliers de personnes (soldats, techniciens, politiques…) déplacés en Algérie mais aussi aux lois donnant la citoyenneté aux « sujets »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> s’enrôlant et à leur famille. D’intéressantes perspectives pour l’après-guerre…</li>
</ul>
<ul>
<li>De même, des milliers de Républicains espagnols sont enrôlés par l’armée française.</li>
</ul>
<h3>Ce qui ne change pas :</h3>
<p>Les auteurs n’ont pas osé trop s’éloigner de la trame temporelle réelle, de manière logique pour 1940, de manière plus discutable (et même frustrante, mais c’eut été un saut dans l’inconnu) pour la suite :</p>
<ul>
<li>Franco reste au pouvoir en Espagne avec son jeu d’esquive envers Hitler (j’avais parlé ici du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/03/427-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-3">double jeu du fascinant amiral Canaris</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le livre s’arrête à la Saint-Sylvestre 1940, donc bien avant l’attaque de l’URSS. Mais l’introduction précise bien que le maintien de la France dans la guerre ne change rien aux intentions d’Hitler. Sa nature (et celle de son régime dirait Hannah Arendt) impose de passer vite à autre chose quand les difficultés se font jour, et une France exsangue ne l’inquiétera pas beaucoup plus que la seule Angleterre dans notre réalité. Les nazis attaqueront donc les Soviétiques.</li>
</ul>
<ul>
<li>De même, dès les premières pages on sait que l’Occupation durera peu ou prou quatre ans. Au passage, quelques clins d’œils font référence à des événements bien postérieurs, légèrement « décalés ».</li>
</ul>
<p>Quelques reproches tout de même :</p>
<ul>
<li>Sur la forme, les récits au jour le jour recensant la moindre escarmouche au fond du désert lybien peuvent un peu lasser. Les opérations sont tellement détaillées que certaines parties se lisent en diagonale.</li>
</ul>
<ul>
<li>C’est le lot de la plupart des uchronies, mais il est frustrant de savoir que l’on passe à côté de nombre de références. Il faut quasiment avoir Wikipédia à portée de main pour se renseigner sur le champ sur chaque personnage qui apparaît : Guillaumet a un rôle dans l’évacuation (au lieu, dans la réalité, de se faire tuer dès 1940) ; Mendès France ne finit pas condamné comme déserteur ; Blum ne finit pas en prison sous Vichy ; Weygand se fait tuer au front ; le serment de Lybie remplace celui de Koufrah ; par contre l’ambassadeur japonais prend toujours des notes après le <a href="http://www.secondeguerre.net/articles/evenements/ou/40/ev_raidtarente.html">raid allié sur Tarente</a> qui inspira celui sur Pearl Harbor ; etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les avis des civils manquent cruellement. Le gouvernement a fui avec une partie de l’armée : qu’en pense le civil de base resté en France sous Occupation ? Que disent les habitants qui voient leur ville détruite juste pour des combats de retardement ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Sur le fond, on pourrait reprocher au livre de trop se baser sur la ligne temporelle réelle sur le long terme (on sait que l’Occupation durera quatre ans, que l’URSS sera attaquée…) alors que les opérations imaginées pour 1940 n’ont plus rien à voir avec celles de la réalité. Le maintien de la France dans la guerre n’aurait-il qu’un si faible impact ? Il faudra attendre pour voir. En fait l’effet serait sans doute majeur sur l’après-guerre : sur l’Algérie (pleine de nouveaux citoyens arabes avec droit de vote) et l’Empire ; sur le maintien de la France comme puissance majeure sur le papier ; sur la manière dont l’Europe est libérée ; le rôle final de l’URSS… J’aurais rêvé d’un basculement majeur : par exemple, les Empires occidentaux ayant mieux encaissé, le Japon décide ne pas s’y frotter, renonce à Singapour, au Vietnam et à Pearl Harbor et (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">le choix fut paraît-il discuté à Tokyo</a>) préfère croquer l’URSS par l’Est : celle-ci s’effondre rapidement avec les conséquences que l’on imagine (aussi bien stratégiquement pour le plus grand bénéfice des nazis que par le maintien prolongé de la non-belligérance américaine) (<strong>Ajout de 2015</strong> : D’un autre côté, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">les Japonais s’étaient déjà cassé les dents contre les Soviétiques en Sibérie</a>).</li>
</ul>
<p><strong>PS de septembre 2011</strong> : <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/et-si-la-france-avait-continue-la-guerre/comment-page-1/?gseaftercommentingmodal#comment-5069">Alias a aussi aimé ce livre</a>.</p>
<p><strong>PS de 2013</strong> : Le second tome, <em>1941-1942</em> est paru ! (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre">et je l’ai chroniqué ici</a>)</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons que la devise </em>Tous les hommes sont égaux<em>, dans la France de la IIIè et de la IVè république, ne valait ni pour les femmes ni pour les Arabes...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/647Les légendes informatiques revues par C’turn:md5:a476b6ddfa760e4034af2df0f951bda92011-02-27T16:35:00+01:002015-08-21T09:58:08+02:00ChristopheInformatique militante et technologieAllemagnebon senseauinformatiqueLinuxlogiciel librelégendes urbainesMacOSmèmeoptimisationperfectionnismesauvegardessécuritéUnixWindowsécologieéconomies d’énergie<p><a href="http://www.heise.de/ct">C’t</a> a entrepris de recenser quelques légendes et coutumes de l’informatique moderne, et de tester leur pertinence en 2011. Le numéro (5/2011) n’est plus en kiosque (et ne l’a pas été de ce côté du Rhin).</p> <p>Pas appris grand-chose personnellement, l’orientation est assez grand public, mais bon, ça peut toujours servir. Petite sélection personnelle expurgée de ce qui ne concerne que les Allemands :</p>
<ul>
<li><strong>Il faut réinstaller un Windows toutes les quelques années, sinon il ralentit</strong> : FAUX, il ne devient pas spontanément plus lent si on fait gaffe à nettoyer le système de tout ce qui n’a pas à tourner en arrière-plan (merci <code>msconfig</code>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Il faut nettoyer Windows de temps à autre pour qu’il tourne bien : clés de registre, fichiers temporaires, défragmentation…</strong> : c’est inutile, sauf évidemment pour récupérer de la place. En plus, un nettoyage de la base de registres peut être dangereux.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Windows 7 est plus rapide que Vista</strong> : FAUX, il est juste apparemment plus réactif. Et, ajouterai-je, entre-temps le parc de machines s’est en grande partie renouvelé.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Linux est trop compliqué</strong> : meuh non… ! Un Ubuntu est aussi simple qu’un Windows sinon plus pour une utilisation basique. Et pour du non-basique, Windows est également prise de tête.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Linux et MacOS sont plus sûrs que Windows</strong> : c’était vrai par le passé, plus maintenant. Linux et Mac sont moins répandus et donc ignorés par les marketeux et les pirates. Sur les serveurs, Linux est plus répandu et même la cible principale…</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un Windows avec beaucoup de RAM est plus rapide sans fichier d’échange</strong> : FAUX, ils ont fait le test. Par contre, sans fichier d’échange, on court bien le risque d’un plantage d’un logiciel par manque de mémoire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les photos en mode RAW sont plus belles que les JPEG</strong> : VRAI, à condition de savoir exploiter leur potentiel et donc de maîtriser Aperture ou Lightroom. Moi je reste au JPEG. (<strong>Mise à jour de janvier 2015</strong> : J’ai appris à développer mes photos et je ne jure plus que par le RAW. )</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les écrans brillants donnent de plus belles couleurs que les écrans mats</strong> : OUI, MAIS. À cause des reflets, on n’en profite pas. Nom de Zeus, pourquoi est-il si difficile de trouver des écrans mats !!???</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les écrans cathodiques peuvent être lus à distance, pas les plats</strong> : FAUX, en fonction du câble, de l’isolation, de la mise à la terre… un écran LCD d’ordinateur émet tellement d’informations que l’on peut parfois reconstituer parfaitement son contenu à 25 m.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les systèmes 64 bits sont plus rapides que les 32 bits</strong> : VRAI… marginalement. Le vrai intérêt du 64 bits réside dans l’accès à plus de mémoire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les accumulateurs</strong> : les technologies de batteries et l’électronique de gestion ayant pas mal changé depuis des années, des comportements autrefois pertinents comme des décharges complètes ou un stockage au frigo ne sont plus d’actualité, ou n’apportent pas grand-chose par rapport aux contraintes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les vieux PC peuvent servir de serveurs de fichiers ou d’imprimantes</strong> : PARFOIS. Attention, il faut tenir compte de leur consommation électrique (certes plus chère pour les Allemands qui ont fait le calcul), et voir si un matériel spécialisé récent ne serait pas vite amorti. <br />Ce n’est que pour le côté financier. Éconologiquement, on avisera en fonction de la provenance du courant local (charbon, nucléaire, éolien…) comparée au charbon consommé (<em>via</em> les centrales électriques chinoises) par la construction du nouveau matériel.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un CD copié peut sonner mieux que l’original</strong> : VRAI. Effectivement, une copie propre <em>via</em> un lecteur de bonne qualité n’aura pas les rayures de l’original, qui seront audibles sur du matériel hi-fi plus bas de gamme.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les clés USB n’ont pas besoin d’être démontées avant qu’on les retire</strong> : SI. Sous Windows, le risque est faible (le cache en écriture est désactivé) ; il faut plus se méfier sous Linux et Mac. Le démontage propre reste de rigueur par prudence.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Le RAID 5 rend les sauvegardes inutiles</strong> : FAUX !!! Le RAID 5 ne protège que contre la défaillance d’<em>un</em> disque, pas des virus, incendies, vols, bogues, mauvaises manipulations, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les antivirus payants sont sans intérêt</strong> : SI, ils sont un peu meilleurs que les gratuits, notamment grâce à la réactivité supérieure dans la diffusion des signatures. <br />Par contre les autres outils des « suites » sont peu utiles : le pare-feu de Windows suffit ; un pare-feu sortant est ingérable avec toutes les applications connectées de nos jours ; la protection parentale est meilleure sur les logiciels spécialisés.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Google Chrome</strong> n’est plus forcément le plus rapide des navigateurs.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Une adresse IPv6 nous identifie à vie</strong> : NON, même si les adresses IPv6 contiennent une partie de l’identifiant de l’interface réseau et permettent d’identifier une machine quasiment de manière unique. Les <em>Privacy Extensions</em> forcent à changer regulièrement cette adresse ; mais l’option n’est activée par défaut que sous Windows, pas sous MacOS, Linux ou sur un <em>smartphone</em>. En tout cas ce ne sera pas à vie.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un portable trempé peut être séché au four</strong> : NON ! La température d’un four est trop irrégulière.<br />Le sèche-cheveux est à proscrire, il repousserait l’eau à l’intérieur.<br />Il faut démonter l’appareil (surtout la batterie), rincer à l’eau distillée si le portable a été noyé dans l’eau de mer, et laisser sécher plusieurs jours près d’un chauffage.<br />Si l’appareil ne fonctionne plus après cela, la garantie ne couvrira rien, et le coût de la réparation sera prohibitif.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un téléphone DECT ou un portable ne peut être espionné</strong> : SI... et ça ne coûte pas cher.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Il ne faut jamais écrire un mot de passe</strong> : SI ! Il est mieux à l'abri dans un portefeuille que dans la mémoire de la machine, à portée d’un <em>malware</em>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L%C3%A9gendes-informatiques#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/643L’Histoire spécial d’avril 2010 : « France 1940, autopsie d’une défaite »urn:md5:4165a810cf26d4145523c37a7ed80db72010-05-02T00:00:00+02:002015-06-10T12:42:08+02:00ChristopheHistoireAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophedommagedysfonctionnementdécadenceguerregéopolitiquehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusoh le beau cas !ParisperspectivepessimismeracléeRealpolitiksabotageSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p>« La guerre... Et très vite, la débâcle. Inattendue, radicale, monstrueuse, comme un torrent qui emporte tout. Depuis ce jour, je sais que tout peut disparaître en quelques heures, que rien n’est jamais impossible. »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hélie_de_Saint_Marc">Hélie de Saint Marc</a>, <em>Notre histoire, 1922-1945</em>, 3 (avec <a href="http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichegh.php?idGH=721&idLang=fr">August von Kageneck</a>)</p></blockquote>
<p>Il y a une soixantaine d’années, la France se prenait la branlée la plus magistrale, cruelle, inattendue, sanglante et catastrophique de toute son histoire.</p> <p>Si cette période me fascine, c’est en partie par ses conséquences : l’Histoire de France se coupe en deux à ce moment, il y a un avant et un après ; les élites sont deux fois renouvelées, le pays dévasté et ruiné, l’honneur à peine sauf ; la Reconstruction donne naissance à un pays très différent, mais au sein d’une Guerre Froide où la France ne joue plus qu’un rôle secondaire et voit filer son Empire pan par pan.</p>
<p>Mais c’est surtout la soudaineté qui a traumatisé une génération entière : la première puissance mondiale de l’époque, sûre de sa force, de son Empire, ne fait pas que perdre une guerre, elle s’effondre <em>totalement</em>, et cela n’a pas traumatisé que le futur général cité ci-dessus.</p>
<p>Ce numéro spécial du magazine <em>l’Histoire</em> fait le point sur les recherches de ces dernières années. Des photos, un article de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Paxton">Paxton</a> pour nous remonter le moral, des encadrés sur des épisodes peu connus comme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Narvik">Narvik</a> ou le <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Massilia_(paquebot)">Massilia</a></em>, bref que du bon.</p>
<p>Les opinions sont pléthores sur les causes de l’historique défaite. L’armistice n’était pas signé que Pétain accusait déjà l’esprit de jouissance. En gros, la vieille baderne du XIXè siècle mettait tout sur le dos de ces gauchistes du Front populaire, et de la IIIè République en général, et de la Révolution finalement. Conséquence : il fallait un redressement moral, descendre aux oubliettes la démocratie et silence dans les rangs. Cette théorie culpabilisante à l’extrême a hélas perduré longtemps après la Libération et la condamnation à mort de Pétain : les civils se souvenaient surtout du traumatisme de l’Exode, des stukas impunis dans le ciel, bref de l’effondrement final de juin à une époque où effectivement il n’y avait plus grand chose à sauver en France métropolitaine.</p>
<p>Un passionnant livre de Dominique Lormier, <em>Comme des lions</em> avait rendu son honneur à l’armée française (j’en avais parlé ici : épisodes <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1">1</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/19/441-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-2">2</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3">3</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/21/448-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-4">4</a>).</p>
<p>Rappelons les lacunes parfois inexcusables de l’armée française de 1940 :</p>
<ul>
<li>un État-major d’une génération plus vieille que Rommel, Guderian ou de Gaulle, certes pas stupide au point de vouloir rejouer la guerre de 14 comme on l’a dit, mais qui n’avait pas vraiment compris la différence que le moteur faisait dans la guerre ;</li>
<li>la doctrine, fondée sur la défense, n’était pas si stupide dans le cadre d’une guerre défensive, voulue longue pour épuiser l’ennemi, sachant que la France manquait d’hommes expérimentés (armée de conscription, pertes de la guerre précédente, dénatalité…) et d’alliés ; mais de là à rester l’arme au pied à taper le carton alors que toute la Wehrmacht était bloquée en Pologne ou en Norvège… ;</li>
<li>une tactique et une formation, des cadres surtout, pitoyables : pendant que les Allemands cherchaient à combiner les différentes armes dans une même offensive, les saint-cyriens n’apprenaient même pas ce qu’était un avion ou un tank (interview accablante de Jean-Louis Crémieux-Brilhac) ;</li>
<li>une mécanisation peut-être insuffisante (une grosse partie de l’armée allemande fonctionne encore aussi avec des chevaux pourtant !), en tout cas très mal répartie et pas concentrée comme en face (pour les <em>panzers</em> comme en l’air) ;</li>
<li>l’utilisation beaucoup trop limitée de la radio ;</li>
<li>une DCA bien trop faible (voir <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1#c1002">le point 3 de ce commentaire d’un spécialiste</a>) ;</li>
<li>une ligne Maginot surprotégée, qui a effectivement tenue là où elle était attaquée, mais avec le trou béant des Ardennes.</li>
</ul>
<p>La France partait également avec moins d’alliés qu’en 1914 : la défaite de 1940 a été aussi la conséquence des très mauvais calculs de Staline (pacte germano-soviétique) et du gouvernement belge (neutralité proclamée en 1936, trop tard pour prolonger la ligne Maginot). On pourrait remonter plus loin (<em>appeasement</em> anglais, lâchage à Munich de la Tchécoslovaquie, l’autre allié de revers…).</p>
<p>Les Allemands n’étaient pas non plus sans faiblesses :</p>
<ul>
<li>leur réarmement était plus ancien que celui des Français mais n’allait pas sans quelques problèmes et il mettait en danger l’économie du Reich ;</li>
<li>le blocus maritime allié n’était pas compensé par l’apport soviétique suite au Pacte, ni ne contrebalançait l’aide matérielle américaine aux Alliés (déjà) ;</li>
<li>la Wehrmacht a souffert de la campagne de Pologne qui n’a pas été une promenade si facile que cela (un article cite un quart des blindés hors service).</li>
</ul>
<p>Bref le facteur temps jouait contre le Reich. Tous les dirigeants le savaient, d’où l’audace militaire allemande, et l’apparent immobilisme allié.</p>
<p>Gamelin porte une lourde responsabilité dans le drame : s’il n’était pas incompétent, il a commis plusieurs grosses boulettes :</p>
<ul>
<li>ne pas s’en tenir à sa propre doctrine : au lieu de verrouiller le territoire, il envoie des troupes à l’offensive en direction des Pays-Bas… se privant des réserves qui auraient pu stopper le coup de faux parti des Ardennes ;</li>
<li>être ainsi tombé dans le piège de von Manstein ;</li>
<li>bien plus tôt, en 1936, avoir torpillé toute vélléité du gouvernement de rentrer en Rhénanie au moment où Hitler la remilitarisait, ce qui aurait pu changer bien des choses...</li>
</ul>
<p>En résumé, la victoire allemande n’était pas inéluctable, même si les Allemands avaient beaucoup d’atout et ont eu beaucoup de chance. Mettre la défaite sur le dos de la IIIè République (qui était déjà passée à deux doigts d’une première raclée en 1914, au moment du miracle de la Marne) ou de la société française entière est abusif.</p>
<p>Une révélation (pour moi) a été d’apprendre que le <em>Blitzkrieg</em> n’avait rien d’une théorie bien établie : l’économie allemande se préparait à une guerre longue ; von Manstein a eu du mal à faire accepter son audacieux plan ; Guderian et Rommel ont désobéi et foncé plus loin que prévu. La Wehrmacht n’avait précédemment affronté que des ennemis bien plus faibles, et la suite (Angleterre et surtout Russie) a montré la limite de cette stratégie généralisée. Le <em>Blietzkrieg</em>, stratégie au final très risquée, serait d’abord « un acte de désespoir du niveau opérationel pour sortir d’une situation désespérée au niveau stratégique ». Le Reich s’est au final usé en Russie et à l’ouest a été broyé par la lente et inexorable logistique américaine. (En Tunisie en 1943, le britannique Alexander désespérait de la valeur des Américains, encore novices.)</p>
<p>L’interview de Jean-Louis Crémieux-Brilhac sur la naissance de la France libre est instructive : de Gaulle a été accueilli à bras ouverts par Churchill qui espérait qu’il persuaderait le gouvernement Reynaud de continuer la lutte avec l’Empire ; les gens qui l’ont rejoint étaient souvent tout au début « des Bretons, quelques Juifs et des aristocrates ».</p>
<p>On trouvera aussi un article sur l’arrivée des Allemands dans Paris, ville ouverte, et l’atmosphère qui y règne ; sur la faillite des politiques britanniques, qui n’ont pas fait mieux jusqu’à ce que Churchill reprenne les choses en main.</p>
<p>Bref, un numéro passionnant.</p>
<blockquote><p>”<em>Young man, study history, study history. In history lies all the secrets of the state craft.</em>”<br /> <br />« Jeune homme, étudiez l’histoire, étudiez l’histoire. C’est dans l’histoire que résident tous les secrets de l’art de gouverner. »<br /> <br />Winston Churchill à James C. Humes, 29 mai 1953, <br />cité dans <em>Winston Churchill</em> (de J.C. Humes), Author’s Acknowledgment</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Histoire-sp%C3%A9cial-d-avril-2010-France-1940-autopsie-d-une-d%C3%A9faite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/606Plus d’histoire en terminaleurn:md5:fece58e2cad69f31836d0e4282b622aa2009-12-11T21:46:00+01:002009-12-11T21:47:02+01:00ChristopheRes publicaabominationAllemagneapocalypseautodestructionbon senscatastrophecitationcivilisationcommunicationconquête de l’inutilecoup basculturecynismedécadencedémocratiedéshumanisationenfantsenseignementexpertisefoutage de gueulegéographiegéopolitiquehistoireincohérenceintelligencelibertémèmemémoirenationalismeouverture d’espritpanurgismeperspectivepessimismepolitiqueprovocationSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeéconomie de l’attention <p>Dans le cadre de l’hallucinant débat sur la consternante proposition de supprimer l’histoire-géo en terminale :</p>
<blockquote><p><em>Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.</em><br /> <br />Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. <br /> <br /><a href="http://en.wikiquote.org/wiki/George_Santayana" hreflang="en">George Santayana</a>, <em><a href="http://www.gutenberg.org/files/15000/15000-h/vol1.html" hreflang="en">The Life of Reason</a></em>.</p></blockquote>
<p>J’avais trouvé cette citation très connue en en-tête de <em><a href="http://www.amazon.fr/Rise-Fall-Third-Reich-History/dp/0671728687/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=english-books&qid=1260563359&sr=1-2en">Rise and fall of the Third Reich</a></em> (<em>Le Troisième Reich : Des origines à la chute </em>) de William L. Shirer.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Plus-d-histoire-en-terminale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/595« Der Spiegel » du 19 janvier 2009 : Marienburg la martyre ; de Berlin à la Norvège ; argent pas cher ; tsunami vert au Brésil ; régulation de gènes ; A320 à la baille ; le temps de la radicalitéurn:md5:c872227ca4228d131518394969bf9d2f2009-02-14T18:53:00+01:002011-06-03T07:47:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneAmériqueauto-organisationdysfonctionnementenfantsenseignementesclavageEuropeguerrehainelangueslivres lusmétainformationoptimismeperspectivepessimismepolitiqueRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarismevaleurécologieéconomieéconomies d’énergieéducationÉtats-Unisévolution<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué de cet hebdomadaire allemand.</p> <p>Je ne lis pas très souvent le <em>Spiegel</em> pour deux raisons : 1) mon manque de temps chronique et 2) cet hebdomadaire de référence allemand est paradoxalement difficile à trouver dans les maisons de la presse de la banlieue strasbourgeoise — au contraire hélas des équivalents de <em>Point de vue - Images du monde</em> que la ménagère alsacienne de plus de quatre-vingt ans semble apprécier. J’ai acheté ce numéro lors d’un passage à Offenburg (paradoxalement à peine plus loin en temps que Strasbourg, malgré le tram !)</p>
<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué :</p>
<h3>Le charnier de Marienburg</h3>
<p>Ce Marienburg n’existe plus depuis 1945. L’ancienne capitale des Chevaliers Teutoniques a été quasiment rasée lors de l’invasion de l’Armée Rouge, et est depuis polonaise. La plupart des habitants ont été évacués mais au final des milliers manquent à l’appel. En octobre dernier, des travaux ont mis une fosse commune contenant les restes d’environ 1800 civils, femmes et enfants inclus, dépouillés de leurs vêtements.</p>
<p>Victimes des combats sorties des maisons bombardées ? Victimes des épidémies et famines de la fin de la guerre, dans une Allemagne plongée dans le chaos et traitée sans ménagement par les Soviétiques ? Victimes de l’épuration ethnique, par l’Armée Rouge ou les Polonais ? L’article n’a pas la réponse.</p>
<p>Le terrible sort de l’Allemagne orientale est relativement peu connu chez nous, mais a traumatisé les Allemands. Ce que Rommel, <a href="http://resistanceallemande.online.fr/20-07-1944/20-07-1944.htm">von Stauffenberg</a>, <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow" hreflang="de">von Tresckow</a> et d’autres ont voulu épargner à leur peuple est arrivé : les derniers mois de la guerre ont été les plus meurtriers pour l’Allemagne, et seule une partie est imputable aux bombardements aériens (qui n’ont fait que s’intensifier sur la fin de la guerre, Dresde n’étant que l’exemple le plus connu) ; des millions de civils ont été déplacés ; le Reich a perdu des terres occupées depuis des siècles. La lecture des premiers chapitres de <em><a href="http://www.conflits-actuels.com/spip.php?article369">la Chute de Berlin</a></em> d’Anthony Beevor éclaire bien le comportement des Soviétiques, poussés par leur propagande à la vengeance. Les civils allemands ont lourdement payé les exactions des SS et de la Wehrmacht en Russie.</p>
<p>Voir les pages du Wikipédia allemand sur <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Malbork" hreflang="de">Marienburg</a>, et <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Massengrab_von_Marienburg" hreflang="de">sur le charnier</a>.</p>
<h3>L’anglais au primaire</h3>
<p>Une page s’étend sur l’effet de l’enseignement de l’anglais à la <em>Grundschule</em> : par manque de suivi, de formation, de contrôles, de séparation des filières... l’effet de l’enseignement précoce de l’anglais est indétectable quelques années plus tard par rapport à l’enseignement « classique » plus tardif.</p>
<p>(<strong>Ajout postérieur</strong> : ça colle avec l’expérience de ma mère, dont les élèves de 6è faisaient tous les même programme par la logique de l’Éducation Nationale, même s’ils avaient fait de l’anglais en primaire ; et après quelques mois il n’y avait plus de différence de niveau.)</p>
<p>(Pour ma part, je reste persuadé qu’un enseignement précoce doit plutôt viser une langue difficile : l’allemand, le chinois... et en tout cas être soutenu tout le long de la scolarité.)</p>
<h3>De Berlin à la Norvège</h3>
<p>Une page est dédiée à un recruteur norvégien qui vit un drame professionnel assez enviable : avec un taux de chômage de 2% en Norvège, impossible de recruter ! M. Engeset s’est alors établi à Berlin et envoie des Allemands travailler en Norvège. La tendance est en hausse. Tout le monde est content, mais Engeset prévient que l’émigration n’est pas la vraie solution pour laisser derrière soi ses problèmes : „<em>Es gibt keinen Zurück-auf-Start-Knopf.</em>“</p>
<h3>L’argent pas cher</h3>
<p>Trois pages s’intéressent à la crise bancaire, ornées d’une photo de Jean-Claude Trichet et Ben Bernanke, l’air très anxieux. En résumé, la crise est en bonne partie due à l’argent lâché par les banques centrales trop facilement contre des garanties trop légères. En 1929, c’était pareil, et la restriction brutale du crédit à l’époque avait aggravé le problème. Les banques centrales de 2008 n’ont pas voulu rééditer l’erreur et... ouvert encore plus les vannes. Mais « réduire à nouveau la masse d’argent en circulation est aussi facile que remettre du dentifrice dans son tube. »</p>
<p>Un des moyens de résoudre le problème, et réduire les dettes de l’État au passage, consisterait à faire tourner la planche à billets, bref à générer de l’inflation. Les excès d’une telle politique <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Deutsche_Inflation_1914_bis_1923" hreflang="de">ont traumatisé les Allemands en 1920-1923</a> (division de la valeur du mark par un billion). La Bundesbank a pendant des années suivi une politique inverse de monnaie forte, qui se retrouve dans celle de la Banque Centrale européenne actuelle. Mais la conjoncture actuelle, comme l’interdépendance croissante des économies et l’impact d’une monnaie trop forte sur les exportations, rend délicate une politique trop stricte.</p>
<p>Troisième politique possible : un retour au bon vieil étalon-or du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods">système de Bretton-Woods de 1944</a>, organisé autour du dollar et de l’or. Le cours de l’or exploserait d’un facteur 40...</p>
<p>Conclusion fataliste : le capitalisme semble condamné à une ou deux crises majeures par siècle. Mais les autres systèmes sont-ils capables de mieux ?</p>
<h3>Le tsunami vert</h3>
<p>Quatre pages parlent des cultures d’éthanol dans le Nordeste brésilien et du véritable esclavage qui y sévit. Le pays veut devenir le plus grand fournisseur de carburant à base d’éthanol grâce à sa canne à sucre, et les paysans locaux en payent le prix — on parle de Zola au XXIè siècle.</p>
<p>Le seul reproche que je fais à l’article est de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que les grands propriétaires du Nordeste se comportent en féodaux que les agrocarburants sont intrinsèquement mauvais, et les réserves de principe écologiques (engrais, concurrence avec l’agriculture de subsistance...) ne disparaîtraient pas même si les ouvriers étaient payés comme des princes avec 60 jours de RTT. Les problèmes écologiques et sociaux sont complètement orthogonaux.</p>
<h3>Génétique</h3>
<p>Quelques pages sympathiques sur Darwin. Dont une révélation pour moi (qui ne suit pas si près que ça l’actualité de la génétique), on aurait enfin compris à quoi sert tout le bazar non codant de notre ADN : ce serait du code de régulation de l’activité des protéines. Nous avons moins de gènes que la souris, et pas beaucoup plus que l’anémone de mer, mais un nombre record de <a href="http://www.snfge.asso.fr/01-Bibliotheque/0A-Resumes-JFPD/2008/2959.htm">miARN</a> de contrôle. Un savant a repéré une poignée d’emplacements identiques du poulet au chimpanzé, mais différents chez nous...</p>
<h3>Un A320 dans l’Hudson</h3>
<p>Trois pages sur le petit miracle de l’Hudson : le commandant de bord Sullenberg était vraiment l’homme de la situation avec une expérience énorme, y compris sur planeur et en voltige aérienne. En perspective, la compétition croissante pour l’air entre oiseaux (parfois protégés et plus nombreux) et avions (de plus en plus silencieux...).</p>
<h3>Le temps de la radicalité</h3>
<p>En final, une interview de Thomas Friedman, du <em>New York Times</em>, partisan d’Obama, de réformes radicales vertes en résistant aux lobbys. Il pointe que « la crise climatique n’est pas un problème de régulation, mais d’innovation ». « Ce dont nous avons besoin, c’est d’ingénieurs. » Les Américains doivent être à la pointe de la révolution verte. Pourvu qu’il soit écouté...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/14/%C2%AB%C2%A0Der-Spiegel-%C2%BB%C2%A0du-19-janvier-2009-%3A-Marienburg-la-martyre-%3B-de-Berlin-%C3%A0-la-Norv%C3%A8ge-%3B#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/534« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493Je crois que je suis bien intégré.urn:md5:3f5199d5eab10be2007a9fa294c4db612008-11-23T00:00:00+00:002011-06-02T07:51:03+00:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoAllemagneAlsacealsaciencuisinehumourlanguestourisme<p>« Tu es Alsacien si... »</p> <p>Tu es Alsacien si...</p>
<p><a href="http://www.estvideo.net/dew/index/2008/02/10/873-tu-sais-que-tes-alsacien-si">http://www.estvideo.net/dew/index/2008/02/10/873-tu-sais-que-tes-alsacien-si</a></p>
<p>De cette liste de Dew je déduis que je ne me suis pas trop mal intégré à la plus germanique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-1" id="rev-pnote-57-1">1</a>]</sup> des régions de France depuis la décennie que j’y habite (déjà !).</p>
<h3>Les points acquis</h3>
<ul>
<li>Je suis très heureux de profiter des deux jours fériés supplémentaires par rapports aux <del>Français</del> <del>Français de l’intérieur</del> défavorisés de l’autre côté des Vosges.</li>
</ul>
<ul>
<li>Des Muller ou des Schmidt, j’en connais peu, mais des Errart/Herrard/Herard ou des Kieffer, oui, et plus d’un.</li>
</ul>
<ul>
<li>La choucroute n’est pas dans mes plats préférés mais le <em>baeckhoffe</em>, miam, c’est bon. Surtout en-dessous de zéro, la cuisine alsacienne est une cuisine d’hiver. Ne visitez pas la région en été. <br />Quand au Gewurtzraminer, ça vaut mille fois <del>l’alcool à brûler local</del> le <em>schnaps</em>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Je sais que l’Alsace est en France et pas en Allemagne. (En fait, aux deux<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-2" id="rev-pnote-57-2">2</a>]</sup>. Y a qu’à voir la <em>Frühlingsfest der Volskmusik</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-3" id="rev-pnote-57-3">3</a>]</sup> au Zénith de Strasbourg, et les embouteillages pour aller bosser en Allemagne le matin sur le Pont de l’Europe.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans la guerre du <em><a href="http://www.linternaute.com/femmes/cuisine/recette/309615/1157254066/manalas_de_la_saint_nicolas.shtml">manala</a></em>, j’ai choisi mon camp. Ce serait l’autre évidemment si j’habitais Mulhouse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Je me marre quand j’entends que la Région Parisienne est bloquée par 2 cm de neige comme il y a quelques années. Presque tout le monde a ses pneus neige ici, ils sont obligatoires en Allemagne de toute façon.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les 90% de remboursement de la Sécu sont appréciables mais posent quelques petits casse-têtes. Par exemple, si j’ai bien compris, mes cotisations Sécu et mutuelle sont prélevées par mon employeur (une entreprise nationale) au taux alsacien (plus élevé, forcément), mais la mutuelle rembourse au tarif <del>français</del> <del>national</del> d’outre-Vosges, donc il y a chaque année une régularisation (reversement) qui donne lieu à prélèvement d’impôt au passage. Mon employeur précédent n’était pas aussi complexe (ou nous entubait au passage, c’est possible.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les autoroutes alsaciennes gratuites, c’est agréable. Ça serait encore mieux sans tous ces fichus camions allemands (ou autres) qui les encombrent pour ne pas payer le <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Lkw-Maut_in_Deutschland" hreflang="de">péage allemand</a> imposé sur l’autre autoroute de l’autre côté du Rhin. Et puis l’autoroute, dans mon coin, c’est surtout en fait le périph’ de Strasbourg.</li>
</ul>
<h3>Les points à retravailler :</h3>
<ul>
<li>Le vocable local n’est pas encore intégré. Si <em>stück</em> et <em>schlouck</em> font partie du vocabulaire, et plus encore les termes appris en <em>hochdeutsch</em> avant et pendant mon séjour en <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Sachsen-Anhalt" hreflang="de">Saxe-Anhalt</a>, genre <em>Gesundheit</em>, j’ai du mal encore avec <em>schpeck</em> ou à sortir spontanément un <em>hoplà</em>.</li>
</ul>
<ul>
<li><del>Je n’habite pas un village en <code>heim</code>. Bon, j’y travaille (et comme les journalistes </del>nationaux<del> parisiens en ont parlé plusieurs fois depuis une décennie, je me marre sans pitié en entendant la prononciation.)</del> (<strong>Mise à jour d’avril 2009</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/04/17/Je-crois-que-je-suis-bien-int%C3%A9gr%C3%A9-%28suite%29">Ça, c’est fait. En tout cas c’est signé</a>.)<br />Un de mes petits rêves est un jour d’informer ma famille parisienne que je réside à présent à Krautergersheim<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-4" id="rev-pnote-57-4">4</a>]</sup>, Oberschaeffolsheim ou Souffelweyersheim<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-5" id="rev-pnote-57-5">5</a>]</sup> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-6" id="rev-pnote-57-6">6</a>]</sup>, ou encore Bruschuntenweyersüberbach<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#pnote-57-7" id="rev-pnote-57-7">7</a>]</sup>.<br />Un truc déstabilisant : selon les cas, les noms se prononcent à la française (Neudorf, Meinau, Obernai) ou à l’allemande (Oberhausbergen, Schiltigheim...).</li>
</ul>
<ul>
<li>J’ai échappé aux cours de religion (je crois que j’aurais eu de mauvaises notes pour mauvais esprit) parce que j’ai fait ma scolarité dans la partie libre du pays, mais j’ai échappé à Saint Nicolas par la même occasion. On verra pour la génération suivante.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il faudra que je vois cette histoire de tarifs de zone bleue à la SNCF. Mais je prends surtout le train pour aller à Paris, et le TGV Est, c’est bien. Il aurait juste fallu qu’il soit là dix ans plus tôt mais après tout ce sont des Parisiens qui décidaient de l’emplacement, et ils ont privilégié leurs lieux de villégiature dans le sud et en Bretagne avant les liens avec le pays d’à côté, qui n’est que notre premier partenaire commercial.</li>
</ul>
<ul>
<li>La période de Noël est ambivalente : oui le vin chaud et les <em><a href="http://recette.bredele.free.fr/">bredele</a></em> c’est bon, mais un million et demi de touristes à Strasbourg en un mois, désolé c’est trop.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-1" id="pnote-57-1">1</a>] <em>Mais chut ! il ne faut pas leur dire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-2" id="pnote-57-2">2</a>] <em>Re-chut !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-3" id="pnote-57-3">3</a>] <em>Si vous ne savez pas ce que c’est, vous manquez un grand moment de surréalisme.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-4" id="pnote-57-4">4</a>] <em>Capitale de la choucroute, forcément, avec un nom pareil.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-5" id="pnote-57-5">5</a>] <em>Oui ça pose des problèmes pour faire tenir le nom entier sur un panneau autoroutier, surtout qu’aux abords de Strasbourg ils sont chargés.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-6" id="pnote-57-6">6</a>] <em>Oui, j’aime les noms de lieux qui ont du caractère. Si je devais aller au Canada, le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Saskatchewan" hreflang="en">Saskatchewan</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chicoutimi">Chicoutimi</a> m’attirent rien que par leur nom.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#rev-pnote-57-7" id="pnote-57-7">7</a>] <em>Nom obtenu par le <a href="http://www.blup.fr/generateur-de-noms-de-villages-alsaciens/">Générateur de noms de villages alsaciens</a></em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/10/477-je-crois-que-je-suis-bien-integre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/57Le piratage des timbres allemandsurn:md5:d4d2d652b922daf0b961f0a54eab201b2008-01-09T21:44:00+00:002011-05-24T20:19:30+00:00ChristopheInformatique militante et technologieAllemagnebon sensbugdommagedysfonctionnementinformatique<p>C’est un bug grandiose qui a sévi outre-Rhin cet automne, et dont on a peu parlé ici : les timbres allemands pouvaient s’imprimer en masse chez soi par une faille bête comme chou.</p> <p>La <a href="http://www.deutschepost.de/" hreflang="de">Deutsche Post</a> permettait à ses client d’imprimer eux-même leurs timbres. À l’époque d’Internet et de la dématérialisation, pourquoi pas ? (Quoique je reste pour ma part attaché au bout de papier que l’on colle, et qui <a href="http://timbres.laposte.fr/">s’achète en masse sans surcoût et sans queue au guichet lui aussi par Internet</a>.)</p>
<p>Le timbre était livré sous forme de PDF verrouillé, et le logiciel associé se connectait au serveur à l’impression pour facturer. Il n’autorisait <strong>ensuite</strong> qu’une unique impression du timbre. Le contrôle se faisait donc <em>avant</em> impression, pas plus tard, par exemple au centre de tri.</p>
<p>(À ce stade, un gamin de dix ans de la génération qui a grandi avec une souris dans la main a déjà trouvé la faille.)</p>
<p>Il suffisait donc de sauvegarder l’impression (sous forme d’un autre PDF via <a href="http://www.pdfforge.org/" hreflang="en">PDFCreator</a>, d’imprimer dans un fichier Postscript au lieu de l’imprimante...) pour réimprimer le timbre n fois... Ou même tout bêtement de le photocopier !</p>
<p>Cette protection pathétique possèdait une autre caractéristique : elle gênait aussi l’utilisateur honnête et de bonne foi qui n’aurait jamais photocopié le moindre timbre immatériel :</p>
<ul>
<li>En cas de bourrage papier ou autre problème d’impression, il n’y avait pas de réimpression possible ; l’impression dans un fichier était d’ailleurs le moyen de contourner cet inconvénient pour les utilisateurs honnêtes — à qui l’on enseignait ainsi, une fois de plus, que contourner une protection est plus pratique que la respecter...</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour les utilisateurs de Linux, il n’existe aucun logiciel spécifique ; on avait donc un service public (même privatisé) imposant inutilement un outil (Windows) à tout le monde.</li>
</ul>
<p>À l’inverse, un système anglais équivalent repère la fraude au niveau du scan au centre de tri (l’identifiant du timbre est unique, repérer les doublons est trivial avec une simple consultation d’une base de données ; les problèmes éventuels peuvent résider dans les délais de réaction de cette base vue la vitesse à laquelle les lettres défilent devant les lecteurs, et encore). L’utilisateur peut donc lancer une réimpression s’il en a besoin, de toute façon l’identifiant-timbre ne sera accepté qu’une fois.</p>
<p>Au passage, je m’interroge sur les conséquences en terme de libertés
individuelle de ces timbres électroniques. Généralisés, ils permettraient de
relier une personne aux flux de lettres qu’il émet (Intel a écrit à MM.
Deuxtel et Troistel depuis Telville à telle et telle date). Le service est
plus probablement orienté vers les entreprises, et le timbre papier n’est
pas près de disparaître. On me dira que de toute manière les services secrets peuvent déjà lire tous les emails à volonté...</p>
<h5>Bibliographie :</h5>
<p>Article original en allemand :<br />
<a href="http://www.heise.de/security/result.xhtml?url=/security/artikel/95455&words=Briefmarken&T=briefmarken" hreflang="de">http://www.heise.de/security/result.xhtml?url=/security/artikel/95455&words=Briefmarken&T=briefmarken</a><br />Version anglaise :<br /><a href="http://www.heise-security.co.uk/articles/95341" hreflang="en">http://www.heise-security.co.uk/articles/95341</a><br />Reprise en français de Marc Olanié :<br /><a href="http://securite.reseaux-telecoms.net/actualites/lire-comment-fabriquer-de-la-fausse-monnaie-17081.html">http://securite.reseaux-telecoms.net/actualites/lire-comment-fabriquer-de-la-fausse-monnaie-17081.html</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/09/412-le-piratage-des-timbres-allemands#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/369Service après-venteurn:md5:571cd74a007eb8ab57be8df3293b36192007-04-14T21:00:00+00:002011-03-28T20:15:11+00:00ChristopheBlogger, une aventureAllemagneanticonsumérismeblogcommunicationcoup basdommageDRMdysfonctionnementERPespionnagefoutage de gueuleLéandriMicrosoftMP3OracleperspectiveréseauSAPsaturationSeconde Guerre MondialetravailWindowséconomie<p>Des billets de blog liés à l’actualité, c’est bien, mais il faut assurer le service après-vente et suivre les affaires évoquées.</p> <p>Mini-compilation :</p>
<ul>
<li><a href="http://www.petiteanglaise.com/" hreflang="en">Petite Anglaise</a> a <a href="http://maitre.eolas.free.fr/journal/index.php?2007/03/29/587-affaire-petite-anglaise-la-victoire-de-la-blogueuse">gagné son procès aux prud’hommes pour licenciement abusif</a>. J’avais participé au <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/21/188-google-bombing-pour-petite-anglaise">Google bombing en sa faveur</a>, mais mon billet est à présent redescendu bien bas dans les résultats de Google, éclipsé par tous les articles à ce sujet. Il est vrai aussi que <a href="http://searchenginewatch.com/showPage.html?page=2164611" hreflang="en">Google a récemment pris des mesures contre le bombing</a>.<br /> <a href="http://www.20minutes.fr/article/148757/20070329-Strasbourg-Victoire-pour-Petite-Anglaise.php">Un an de salaire, soit 44 000 euros de dédommagement</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#pnote-275-1" id="rev-pnote-275-1">1</a>]</sup>, c’est assez sympa ; à ce tarif je veux bien me faire virer tous les ans. Je me sens motivé pour prolonger <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">ma série sur la vie en SSII</a> :-)</li>
</ul>
<ul>
<li>Après la FNAC et <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/02/28/313-mp3-sans-drm-achetables-en-ligne-enfin">ses (quelques) MP3 non protégés</a>, <a href="http://www.ratiatum.com/news4733_EMI_abandonne_les_DRM_sur_iTunes_quelles_consequences.html">iTunes se lance aussi dans le sans-DRM : EMI a cédé et vendra des morceaux non plombés</a>. L’avenir semble soudain moins sombre dans la guerre contre le verrouillage de la « propriété intellectuelle », même si on est sans doute plus proche du vent qui tourne, style Stalingrad, que de la victoire presque finale, genre chute du Mur de Berlin.</li>
</ul>
<ul>
<li>Même sur des sujets historiques, je me fais rattraper par l’actualité : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe">Fritz Kolbe, l’Allemand anti-nazi qui renseignait les Américains</a>, a droit à <a href="http://www.telleestmatele.com/article-6269574.html">une émission d’une heure mercredi 11 avril sur Arte</a>. (Et à cause de mon manque de temps, je publie ceci beaucoup trop tard...)</li>
</ul>
<ul>
<li>Vu le temps dont je dispose, non, je ne parlerai pas de la présidentielle. Allez, juste un lien sur un passionnant et affligeant billet de Maître Eolas : <a href="http://www.maitre-eolas.fr/2007/04/03/592-la-machine-a-fabriquer-des-delinquants">comment faire replonger des délinquants rangés des voitures</a> (<strong>2009</strong> : Lien mis à jour).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je ne parlerai pas non plus du dernier monstre de Microsoft, sinon pour dire que je l’ai vu rapidement, et que, s’il est moins laid que XP, rien ne m’a frappé qui me donne envie de migrer la machine du boulot, ou d’abandonner mon Mac ou ma Ubuntu.<br />Au passage, le début du rejet des DRM décrit ci-dessus montre, une fois de plus, que Microsoft est incapable de sentir où va tourner le vent de l’histoire informatique : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/02/12/298-analyse-du-cout-de-la-protection-de-contenu-de-windows-vista-par-peter-gutmann">une des principales causes du retard de Vista vient de l’incrustation des DRM à un niveau très profond</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/09/16/2-hd-dvd-contre-blu-ray">Un an et demi après mon billet sur le sujet</a>, la bataille entre HD DVD et Blu-Ray fait rage, et pour ce que j’en vois, ça a quand même du mal à décoller dans notre coin de la planète. Je laisse filer, ma télé est encore cathodique et le disque dur du magnétoscope plein à ras bord de feuilletons, séries, documentaires, vieux films.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’avais fait l’apologie de l’<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire">Encyclopédie du Dérisoire</a></em> de Bruno Léandri : il continue à sévir dans <em>Fluide Glacial</em>, et je <a href="http://www.fluideboutique.com/cgi-bin/fluide/resultatrech.asp?Option=R">conseille fortement les Hors-Série</a> <em>Votre Entreprise en 2007</em> et <em>Élections 2007</em> (tous publics).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je ne devrais plus trop parler de SAP et d’Oracle Applications, je n’y touche plus. Quoique si ça se trouve il me reste des brouillons de billets sur une comparaison d’un point obscur entre ABAP et PL/SQL.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’ai plein de billets de <a href="http://www.joelonsoftware.com/" hreflang="en">Spolsky</a> en attente de lecture, donc pas la peine de les lire vous non plus, je les paraphraserai ici dans les quelques années qui viennent.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#rev-pnote-275-1" id="pnote-275-1">1</a>] <em>Nets d’impôts, sans doute, puisque ce sont des dommages et intérêts...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/275Mon damoiseauurn:md5:653c04decbcacc321c0d37cfc10135da2006-01-10T13:06:00+00:002013-02-06T20:59:44+00:00ChristopheDes formes des motsadministrationAllemagneconquête de l’inutilediscriminationdécadencedéfense du françaisenfantsincohérencelanguesMoyen Âgemèmeperspectiveprécisionévolution<p>Pourquoi cette discrimination dans les prénoms ?</p> <p>On parle beaucoup de lutte contre les discriminations. Une très courante est qu’on appelle les femmes mariées « Madame » et les célibataires « Mademoiselle ». À l’inverse, « Monsieur », marié, sera toujours « Monsieur ». Pour quelle raison ? Une femme non mariée est-elle incomplète ? Un homme toujours disponible ?</p>
<p>Quel serait l’équivalent masculin de « Mademoiselle » ? « Mondamoiseau » serait logique et une restauration de la grandeur du bon vieux français d’autrefois. Mais je ne le « sens pas » ; il y a comme une ironie sous-jacente. Une autre idée ?</p>
<p>À l’inverse, en Allemagne, le « Fraülein » aurait disparu. Là c’est l’égalité par appauvrissement de la langue.</p>
<p>Constatons également que la paperasse administrative n’est pas au goût du jour : il est actuellement possible pour un couple de choisir le nom de la dame comme nom de famille commun, mais en pratique aucun papier ne m’a demandé mon « nom de jeune homme ».</p>
<p>Les Espagnols ont peut-être raison, dans le sens où Madame peut ne jamais prendre le nom de son mari — ce qui ne simplifie pas certaines relations, mais a des avantages à une époque où l’on peut enchaîner plusieurs mariages dans sa vie (le cas le plus tordu étant la divorcée qui garde le nom de l’ex-mari pour des raisons professionnelles — mais je digresse).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/10/63-mon-damoiseau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/69