Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - Tintin<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671DotclearTintin et l’Histoire (6)urn:md5:ba306e0d6e753fb9c18f6dcc4ea0247a2007-09-05T20:52:00+00:002011-04-26T07:32:02+00:00ChristopheHistoireTintin<p>Les albums de Tintin continuent de fleurir malgré la mort d’Hergé...</p> <h3>Tintin après la mort d’Hergé</h3>
<ul>
<li>Hergé est mort en 1983<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/05/401-tintin-et-l-histoire-6#pnote-358-1" id="rev-pnote-358-1">1</a>]</sup>, et <strong><em>Tintin et l’Alph-Art</em></strong> n’est jamais paru : sur le vœu d’Hergé, sa veuve a refusé de laisser Bob de Moor et les Studios Hergé terminer ce qui n’était qu’une ébauche de moitié de scénario. Y transparaissait le goût d’Hergé pour l’art moderne.</li>
</ul>
<ul>
<li>La même veuve verrouille totalement les droits et Tintin n’a donc pas connu d’autres aventures - du moins légalement. On ne connaîtra jamais le vocabulaire d’un Haddock furieux de se battre contre un ordinateur. <br /> <br />Par contre, les détournements existent : le québécois Yves Rodier s’est fait connaître en 1995 par <a href="http://perso.orange.fr/prad/a-alphart.htm">sa version terminée de</a><em><a href="http://perso.orange.fr/prad/a-alphart.htm"> l’Alph-Art</a></em> (la meilleure parmi d’autres).<br /> <br />Autre exemple, ce petit bijou, <strong><em><a href="http://tintin-en-irak.chiangmai-news.com/tintin-en-irak-page1.htm">Tintin en Irak</a></em></strong> qui pille allègrement les albums pour reconstituer une version de l’histoire de l’invasion de l’Irak (où Tintin prend le rôle de Villepin). Les albums auxquels il y a le plus d’emprunts semblent être <em>l’Oreille cassée</em> (qui fait écho à la guerre du Grand Chaco, une guerre pour du pétrole), <em>le Lotus bleu</em> (sur la Chine vassalisée par les Occidentaux, et envahie par les Japonais), et <em>les Picaros</em>, autre grand moment de démocratie.</li>
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<li>Je me demande vraiment si Spielberg et Jackson réussiront à préserver l’esprit de Tintin dans les trois films d’images de synthèse qu’ils projettent…</li>
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<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/05/401-tintin-et-l-histoire-6#rev-pnote-358-1" id="pnote-358-1">1</a>] <em>Un de mes petits traumatismes de gosse. Je me souviens du journal télévisé qui l’a annoncé.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/05/401-tintin-et-l-histoire-6#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/358Tintin et l’Histoire (5)urn:md5:8a58edaa274b4556fb4b41e6d298cd342007-09-04T11:15:00+00:002011-04-26T07:28:15+00:00ChristopheHistoireconquête spatialeesclavageespionnageGuerre Froidehistoireracismescience-fictionTintin<p>D’<em>Objectif Lune</em> aux <em>Picaros</em> : Tintin pendant la Guerre Froide.</p> <ul>
<li>Les Studios sont d’une aide précieuse pour les deux albums suivants, <strong><em>Objectif Lune</em></strong> et <strong><em>On a marché sur la Lune</em></strong> (1953 et 1954), très techniques et très documentés. <br /> <br />Hergé veut une fusée lunaire réaliste, à une époque où <em>Spoutnik</em> n’a même pas encore été lancé. La NASA n’optera finalement pas pour le même concept d’Hergé, mais les inspirateurs des deux projets sont les mêmes : von Braun et Oberth, les créateurs des V2 allemands. La fusée n’est pas la seule réussite, tout l’environnement est plausible. Quelques détails sautent cependant aux yeux du lecteur actuel, qui ne sont pas si évidents à l’époque : par exemple la Terre, vue de la Lune, devrait posséder des nuages - qu’Hergé supposait transparents.<br /> <br />Cet album marque un retour en Syldavie qui, manifestement, a beaucoup changé depuis le <em>Sceptre d’Ottokar</em>. L’espionnage évoqué rappelle la Guerre Froide en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>En 1956 paraît <strong><em>l’Affaire Tournesol</em></strong>, histoire d’espionnage en Europe. Cette fois, les références politiques sont claires : la Syldavie est à l’ouest, et la Bordurie du moustachu et mégalomane maréchal Plekszy-Gladz évoque furieusement l’URSS de Staline. On est au sommet de la Guerre Froide. L’invention de Tournesol, destructrice, équivaut à la bombe H dont les deux superpuissances rivales viennent de se doter dans la course aux armements.</li>
</ul>
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<li>Retour au Khemed avec <strong><em>Coke en Stock</em></strong>, qui traite du problème - encore en partie actuel... - de l’esclavage. L’album voit réapparaître une foule de personnages des albums précédents, parfois très anciens (ce phénomène est souvent le signe qu’une série commence à s’essoufler mais ce n’est qu’une fausse alerte). Il est également daté par le matériel et les allusions à la guerre récemment terminée (les Mosquitos vendus aux rebelles du Khemed, ou le sous-marin qui tente de torpiller le navire de Tintin et Haddock, par exemple).<br /> <br />Comme dans <em>Tintin au Congo</em>, les Noirs qui parlent « petit nègre » dans la toute première version utilisent un français correct dans les suivantes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Tintin au Tibet</em></strong> (1960), un des meilleurs albums d’Hergé, reparle de Tchang, l’ami du Lotus Bleu. L’album est devenu un des symboles de la culture espérantiste par son thème et la qualité de l’<a href="http://esperanto-jeunes.org/Tincxjo-en-Tibeto-Tintin-au-Tibet">édition en espéranto</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Les Bijoux de la Castafiore</em></strong> (1963) marque le début du dynamitage de l’univers habituel de Tintin. Si on réfléchit bien, il ne se passe <em>rien</em> dans cet album : des objets volés ne le sont pas, Tintin et Haddock restent chez eux, seuls sont présents les personnages, et cela suffit à l’histoire. Le principal indice qui date un peu l’album, à côté des costumes et des lignes des voitures, est constitué par l’invention de Tournesol : la télé couleur !</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Vol 714 pour Sydney</em></strong> date de 1968 - les aventures du petit reporter qui apparemment n’écrit jamais une ligne s’espacent de plus en plus. L’avion aux ailes adaptatives de Carreidas contraste sérieusement avec les coucous à hélice que Tintin empruntait avant-guerre (Hergé a d’ailleurs sous-traité le dessin à Roger Leloup). Le contenu historique est faible, aucun écho de la Guerre Froide. Les ambitions indépendantistes des Indonésiens recrutés par Rastapopoulos pourraient provenir de n’importe quand au XXè siècle. Par contre, l’intervention d’une soucoupe volante est plus ou moins dans l’air du temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Tintin et les Picaros</em></strong>, dernier album achevé par Hergé, aussi tard que 1976, s’inspire beaucoup plus de son époque : les dictatures sud-américaines ne remontent certes pas à hier (le général Alcazar « date » de l’<em>Oreille cassée</em>, dans les années 30) mais les années 70 marquent leur apogée (Brésil, Argentine, Chili...). Le message de la dernière case est clair : quel que soit le général au pouvoir (et Alcazar n’est d’ailleurs pas un personnage très positif), les pauvres des <em>favellas</em> ne verront pas la différence.<br /> <br />Tintin sacrifie à la mode de l’époque : il est passé aux jeans !</li>
</ul>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/05/401-tintin-et-l-histoire-6">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/04/400-tintin-et-l-histoire-5#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/357Tintin et l’Histoire (4)urn:md5:0f06fbf0b03744bd79432a22691e502f2007-08-31T22:04:00+00:002011-04-26T07:25:33+00:00ChristopheHistoirehistoireSeconde Guerre MondialeTintin<p>Des <em>Boules de cristal</em> à l’<em>Or noir</em>.</p> <h3>L’après-guerre</h3>
<ul>
<li>En 1943 et 1944 commence, toujours en strips quotidiens, une nouvelle double aventure de Tintin : <strong><em>les Sept Boules de Cristal</em></strong> et <strong><em>le Temple du Soleil</em></strong>. Là encore l’histoire est apolitique et intemporelle.<br /> <br />Cependant, à la libération de Bruxelles en septembre 1944 la parution du <em>Soir</em> et donc celle des <strong><em>Sept boules de cristal</em></strong> est interrompue. Comme beaucoup de journalistes en activité pendant l’Occupation, donc <em>a priori</em> suspects de collaboration, Hergé ne peut plus écrire dans les journaux, et en est réduit à retravailler ses anciens albums (les versions actuelles des premiers albums datent de cette époque). Casterman demande en effet qu’ils soient tous standardisés à 64 pages - conséquence peut-être des restrictions de papier.<br /> <br />Ce n’est qu’en 1946 que l’aventure reprend à peu près là où Hergé avait dû l’abandonner. Les conditions sont incomparablement meilleures : là où Hergé devait se contenter de strips en noir et blanc dans le quotidien (ce qui est malgré tout très formateur pour la narration), il a à présent à sa disposition deux pages couleur à l’italienne, dans son propre journal, le <em>Journal de Tintin</em> ! <br /> <br />Le <em>Temple du Soleil</em> se déroule encore une fois dans un pays exotique, mais les recherches d’Hergé et de ses collaborateurs (il ne travaille plus seul) poussent le soin du détail très loin. L’album est très réaliste. La seule fausse note est cette éclipse de soleil qui n’aurait jamais fait peur aux Incas. Rappelons qu’à cette époque, la seule documentation accessible sur les pays lointains réside à la bibliothèque ou au cinéma !</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Tintin au pays de l’Or noir</em></strong> est achevé en 1950. C’est l’album à l’histoire la plus tordue, avec <em>trois</em> versions.<br /> <br />Cette aventure, rappelons-le, avait commencé en septembre 1939, quand la Seconde Guerre Mondiale éclatait. Les premières pages de l’histoire ne parlent d’ailleurs que de menaces de guerre, bien que ce soit là à cause du pétrole. La puissance belliciste à la base des problèmes d’explosion des moteurs n’est jamais nommée, mais il est transparent pour les lecteurs de l’époque qu’il s’agit de l’Allemagne. <br /> <br />La parution dans le <em>Petit Vingtième</em> est ralentie par des ennuis de santé puis la mobilisation d’Hergé. Puis l’aventure est brutalement interrompue par l’occupation de la Belgique par les nazis. Vu le sujet anti-allemand de l’<em>Or noir</em>, Hergé préfère commencer une nouvelle aventure (<em>Le Crabe aux Pinces d’Or</em>) dans le <em>Soir</em>, sur un sujet nettement plus « neutre ».<br /> <br /><em>L’Or noir</em> est redessiné et repris de zéro après guerre et la conclusion dans le <em>Journal de Tintin</em> du <em>Temple du Soleil</em>. Dans cette version comme dans celle de 1940, Tintin débarque en Palestine, toujours sous mandat britannique, et se trouve piégé dans les conflits entre les Britanniques, activistes sionistes (l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Irgoun">Irgoun</a> faisait dans le terrorisme à l’époque), et les Arabes. Israël ne devient indépendant qu’en 1948, au moment où Hergé reprend l’histoire.<br /> <br />Cet écart de dix ans entre début et conclusion finale explique aussi une bizarrerie : l’intervention d’Haddock à la fin de l’histoire, totalement imprévue, inexplicable et explicitement inexpliquée. Haddock, en 1940, n’existait tout simplement pas ! Ni Tournesol ni Moulinsart évoqués dans les dernières pages, d’ailleurs. Par contre, les risques de guerre imminente évoqués au début de l’album deviennent assez irréels, et la chanson « Boum, quand vot’ moteur fait boum » copiée sur Trénet, devient alors démodée. <br /> <br />La troisième version de l’histoire date de 1971, aussi sur demande de l’éditeur anglais qui avait déjà demandé une modification de l’<em>Île noire</em>. La Palestine est remplacée par l’imaginaire Khemed ; Britanniques et Juifs disparaissent et la politique se réduit à l’affrontement entre les deux émirs pour le pouvoir au Khemed, sans que l’histoire en souffre. Plus intemporelle et nettement plus simple à comprendre que l’imbroglio palestinien d’avant 1948, cette version plait aussi davantage à Hergé.<br /> <br />En 1950 sont également fondés les Studios Hergé, où le créateur de Tintin rassemble tous ses collaborateurs et industrialise en quelque sorte sa création. Beaucoup de beau linge de la BD belge y est passé : E.P. Jacobs (<em>Blake et Mortimer</em>), Roger Leloup (<em>Yoko Tsuno</em>), Jacques Martin (<em>Alix</em>), Bob de Moor...</li>
</ul>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/04/400-tintin-et-l-histoire-5">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/31/399-tintin-et-l-histoire-4#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/360Tintin et l’Histoire (2)urn:md5:c0947a56271eae9abb85007a125895e22007-08-28T22:21:00+00:002011-04-25T21:28:00+00:00ChristopheHistoireespionnagehistoireSeconde Guerre MondialeTintin<p>Des <em>Cigares</em> au <em>Pays de l’or noir</em> : Tintin pendant l’avant-guerre.</p> <h3>Tintin et les bruits de bottes</h3>
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<li><strong><em>Les Cigares du Pharaon</em></strong>, en 1934, contient enfin une intrigue digne de ce nom, même si l’histoire est bourrée d’invraisemblances et de coïncidences abracadabrantesques. Déjà, gamin, j’avais été choqué par le cheick qui déclare à Tintin qu’il est un de ses admirateurs, et lui montre <em>Objectif Lune</em>, une histoire pourtant dans le <em>futur</em> de Tintin !... mais publié avant la dernière réédition des <em>Cigares</em>.<br />L’ambiance rappelle furieusement les années 30, fatalement. L’histoire de malédiction du pharaon Ki-Oskh est pour nous un cliché, mais Hergé ne fait qu’évoquer ce qui est dans l’air de son temps, une douzaine d’années seulement après la découverte du tombeau de Toutankhamon.<br />Hergé commence à étoffer son univers et apparaissent les premiers personnages récurrents : les Dupont et Dupond (archétypes des imbéciles qui suivent un ordre jusqu’à l’absurde), le marchand Oliveira da Figueira, et le « grand méchant » perpétuel, Rastapopoulos (inspiré d’Onassis ?).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Le Lotus bleu</em></strong>, vague suite du précédent, s’inspire complètement des événements de l’époque : Tintin parcoure la Chine de 1936, abrutie par l’opium imposé par les Occidentaux, lesquels font ce qu’ils veulent dans leurs concessions. Le pays se fait progressivement envahir par le Japon. Hergé prend enfin Tintin au sérieux, et cette fois il s’est soigneusement renseigné. Il a longuement rencontré un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhang_Chongren">étudiant en art chinois</a> de passage à Bruxelles, qui inspire directement le personnage de Tchang. Pour la petite histoire, cet étudiant fera par la suite une belle carrière artistique dans son pays.<br />C’est le premier album à peu près réaliste, bien construit, bien documenté, et où les préjugés du milieu bourgeois/catholique d’Hergé ne ressortent pas. L’ambiance anti-coloniale est aux antipodes de <em>Tintin au Congo</em>. C’est aussi pour cette raison que c’est aussi le premier qu’Hergé ne redessinera pas après la guerre (à part les toutes premières pages).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>L’Oreille cassée</em></strong> envoie Tintin en Amérique du Sud. Entre mille péripéties, on distingue un événement majeur des années 30, la sanglante <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Chaco">Guerre du Chaco</a> entre Paraguay et Bolivie, à peine transposée, et <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/03/21/319-les-guerres-oubliees-3">dont j’avais brièvement parlé ici</a>. Les deux belligérants sont soutenus chacun par une compagnie pétrolière différente et s’approvisionnent auprès du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Basil_Zaharoff">même marchand d’armes</a>. Dans la veine du <em>Lotus bleu</em>, la critique devient de plus en plus grinçante.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>L’Île noire</em></strong>, pour le lecteur de la fin du XXè siècle ou du XXIè, semble marquer un saut temporel pour Tintin : l’environnement passe directement des années 30 aux années 60 ! En fait, la version actuellement publiée a été redessinée très tard (1969), sur demande de l’éditeur anglais, alors que les deux albums précédents et les deux suivants n’ont pas été significativement retouchés. Le phénomène est frappant par exemple lors de l’intervention des pompiers anglais : la voiture à bras de 1938 est remplacée par un camion dernier cri de l’époque.<br />Cet album mélange donc des éléments d’intrigue de 1938 (le Dr Müller, c’est l’Allemagne nazie...) et des décors de 1969. Le docteur Müller perd du coup sa dimension originale de méchant nazi venu saboter les démocraties occidentales. Par contre, le gorille rappelle toujours celui de <em>King Kong</em> (sorti en 1933).</li>
</ul>
<ul>
<li>Retour aux années 30 avec le <strong><em>Sceptre d’Ottokar</em></strong>, publié juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Les clés principales de l’album sont simples, encore faut-il les connaître : <br />La Syldavie est la Roumanie (TranSYLvanie et MolDAVIE). Son ennemie la Bordurie est un mélange de Bulgarie (ennemie récurrente de la Roumanie) et de Bessarabie (aujourd’hui Moldavie). La conspiration pour détrôner le roi Ottokar est en réalité celle de la Garde de Fer, organisation fasciste roumaine qui tentait d’accéder au pouvoir en Roumanie à cette époque. Les références aux interférences allemandes (nazies) en Roumanie pullulent. C’est en fait l’histoire d’un « Anschluß raté » — alors celui de l’Autriche par l’Allemagne avait réussi l’année précédente. Mais le parallèle existe aussi avec la Belgique d’Hergé, autre petit pays à l’indépendance toujours remise en question.<br />La Castafiore apparaît dans cet album pour la première fois.</li>
</ul>
<ul>
<li>La première version de <strong><em>Tintin au Pays de l’Or noir</em></strong> s’insère ici. Cependant, la publication est interrompue par la Seconde Guerre Mondiale, bien qu’Hergé, mobilisé, ait continué de fournir ses planches. <em>Le Petit Vingtième</em> disparaît de la Belgique occupée.</li>
</ul>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/08/29/398-tintin-et-l-histoire-3">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/28/397-tintin-et-l-histoire-2#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/356Tintin et l’Histoire (1)urn:md5:36c6d43f2eda3947078f582c1f0232ba2007-08-27T19:06:00+00:002011-04-25T21:19:22+00:00ChristopheHistoirecolonisationcommunismehistoireracismeTintin<p>Les albums de Tintin, si on les lit au-delà du premier degré, sont une magnifique leçon d’histoire sur une bonne partie du XXè siècle.</p> <p>Comme beaucoup de gens de ma génération, et de celle d’avant, j’ai été nourri à <em>Tintin</em>. Je crois qu’à part <em>Tintin chez les Soviets</em> (retiré de la série par Hergé) et <em>Les sept boules de cristal</em> (dont le squelette en milieu d’album aurait paraît-il risqué de faire peur au petit garçon que j’étais), mes parents avaient l’intégrale de la série. Mon père raconte encore que, quand il sautait les passages assez ardus d’<em>Objectif Lune</em> sur la description du fonctionnement d’une pile atomique, je protestais et exigeais qu’il y revienne.</p>
<p>Plus grand, j’ai relu toute la série, y compris les versions originales d’avant-guerre des premiers albums, dans l’édition semi-luxe que s’était offert mon grand-père. Chaque album était précédé d’un commentaire historico-politico-culturel - qui remonte à pas loin de 80 ans maintenant. Ce fut une révélation : chaque album prenait une dimension supplémentaire en connaissant son contexte ! Inestimable pour un fana de l’Histoire comme moi ; un peu comme découvrir le sens caché d’un roman à clé. Comparer l’ambiance et la structure entre les différents albums, voir évoluer le petit monde autour du personnage principal, est un plaisir. À présent, la moindre requête sur le web ramène une masse fascinante d’informations historiques sur les albums pour qui veut creuser.</p>
<p>Petit résumé de tintinophilie historique :</p>
<h3>Les albums d’apprentissage</h3>
<ul>
<li><strong><em>Tintin au pays des Soviets</em></strong> est publié en feuilleton à partir de 1929, puis en album. Il sera renié par Hergé lui-même. <br />Il est le fruit du travail presque bâclé d’un presque débutant, sans aucun plan ni intrigue construite ni le moindre recul. Le <em>Petit Vingtième</em>, supplément pour enfants d’un journal belge, le <em>Vingtième Siècle</em>, est plutôt conservateur, et Hergé lui-même un boy-scout issu de la petite bourgeoisie. L’anti-communisme primaire qui se dégage est inspiré par ce milieu - mais finalement la réalité du régime de Staline n’était elle-même pas loin de cette caricature. La documentation d’Hergé consiste principalement en <em>Moscou sans voiles</em> de Joseph Douillet, la relation du long séjour d’un consul belge en Russie puis URSS.<br />Hergé fera tout pour limiter les rééditions de cet album d’apprentissage.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Tintin au Congo</em></strong> sera redessiné après-guerre, et expurgé de ses pires clichés qui tenaient du colonialisme le plus paternaliste et raciste. Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Congo_belge">Congo belge</a> à cette époque sort d’un terrible épisode d’administration directe par le roi, et n’est que depuis peu géré par la Belgique même. Le missionnaire que rencontre Tintin est une réalité : les prêtres représentaient la quasi-totalité du système éducatif local ! Le pays avait également beaucoup souffert des combats en Afrique de la Première Guerre Mondiale - si dérisoires nous paraissent-ils comparés à ceux d’Europe. Les Belges avaient établi une sorte d’apartheid et recouraient au travail forcé.<br />Hergé n’est pas plus allé au Congo belge qu’en URSS, et sa documentation est de seconde main. Là aussi l’intrigue est très sommaire (suite de sketchs initialement parus en feuilleton).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Tintin en Amérique</em></strong>, toujours paru initialement dans le <em>Petit vingtième</em> à partir de 1931, aligne lui aussi cliché sur cliché sur l’Amérique, notamment celle d’Al Capone (nommément cité) - on est en pleine Prohibition. Les Indiens ont droit à leur part : après que Tintin ait découvert du pétrole, ils sont expulsés de leur territoire. Pays neuf en expansion rapide, l’Amérique du début du siècle fascine les Européens, malgré la crise économique des années 30.</li>
</ul>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/08/28/397-tintin-et-l-histoire-2">À suivre…</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/27/382-tintin-et-l-histoire-1#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/335Les guerres oubliées (3)urn:md5:2572ad27f071068f04ebdbccafc089df2007-03-21T21:45:00+00:002011-03-28T20:01:16+00:00ChristopheHistoireAmériqueChinefootguerrehistoireHistoire de FranceLéandrisurréalismeTintin<p>Les guerres en Asie et en Amérique nous sont souvent méconnues, elles n’en ont pas moins été saignantes.</p> <h3>Chine</h3>
<p>La Chine comme à chaque catastrophe fascine par le nombre des victimes. En 1851, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rébellion_Taiping">une « simple » insurrection</a> menée contre le régime impérial par un illuminé chrétien se prenant pour le Messie provoque entre <strong>10 et 50 millions de morts</strong> au final, l’équivalent d’une Guerre Mondiale. La rébellion Taiping est une conséquence de l’affaiblissement de la dynastie chinoise après la première Guerre de l’Opium.</p>
<h3>Amériques</h3>
<p>L’histoire américaine n’est pas un sujet très couru de nos cours d’histoire ; entre l’indépendance étatsunienne et la Guerre de Sécession, il y a un grand trou que la conquête du Far West dans le nord du continent ne suffit pas à combler, et l’histoire de l’Amérique latine est <em>terra incognita</em>.</p>
<p>La <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Quasi_War" hreflang="en">Quasi-guerre</a></strong> oppose entre 1798 et 1800 la France sortant du chaos révolutionnaire et... les États-Unis ! Guerre d’intérêts économiques et de corsaires, jamais formellement déclarée, elle provoque la perte de dizaines de navires dans les Caraïbes avant que Napoléon ne se montre plus conciliant et qu’une paix soit signée.<br />En 1803, l’Empereur va jusqu’à <a href="http://flfa.free.fr/enquete9.htm">vendre aux États-Unis la Louisiane</a>. Celle-ci est de toute manière indéfendable contre les Anglais ou les Américains, et Napoléon cherche à favoriser tout rival potentiel à l’Empire britannique.<br />Une autre guerre franco-américaine est évitée quand Napoléon III renonce à ses ambitions de contrôle du Mexique.</p>
<p>Un autre conflit qui nous paraît rétrospectivement surréaliste est la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_1812">tentative d’invasion américaine du Canada anglais en 1812</a>, suite au comportement assez cavalier des Britanniques qui affrontent Napoléon à ce moment.<br /><em>Résultat : Match nul</em> : repoussés, les Américains voient brûler Washington avant de signer en 1814 un traité de paix restaurant le <em>statu quo ante bellum</em>. <br />Cette guerre a décidé des frontières définitives entre États-Unis et Canada, et contribué à souder les Canadiens entre eux.</p>
<p>Les Américains se frottent également à l’Espagne en 1898 dans <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_hispano-am%C3%A9ricaine">une des premières guerres à prétexte humanitaire</a> (le scandaleux traitement des Cubains par les Espagnols). Les États-Unis acquièrent leur statut de puissance de rang mondial en écrasant une Espagne sur le déclin et lui confisquent ses derniers restes d’empire colonial : Cuba, Porto Rico, les Philippines.</p>
<p>Léandri a évoqué la <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/War_of_the_Triple_Alliance" hreflang="en">Guerre de la Triple Alliance</a></strong> entre le Paraguay et une coalition du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay en 1870. <br /><em>Résultat : Génocide au Paraguay</em> (selon les estimations, il perd entre 60 et 90% de sa population).</p>
<p>Quand on parle de « Guerre du Pacifique », nous pensons à l’affrontement nippo-américain en 1941-45, mais la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Pacifique_%281879-1884%29">première guerre de ce nom</a> (1879-1894) concerne le Chili, la Bolivie et le Pérou pour la possession d’un bout de désert côtier. <br /><em>Résultat : Victoire chilienne par KO</em>. La Bolivie perd son accès à la mer.</p>
<p>Évoquée encore par Léandri, la <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Chaco">Guerre du Chaco</a></strong> oppose ce même Paraguay (sponsorisé par Shell et à peine remis du génocide précédent) à son quatrième voisin, la Bolivie (soutenu par la Standard Oil), de 1932 à 1935. Enjeu : un bout de désert censé contenir du pétrole. <br /><em>Bilan : 150 000 morts pour que le Paraguay récupère ce bout de désert</em>. <br />Les échos se retrouvent dans un album de Tintin publié peu après, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Oreille_cassée">l’Oreille cassée</a>.</p>
<p>Plus récente, la « <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_football">Guerre du football</a></strong> » (ou Guerre de Cent heures) de 1969 oppose le Salvador au Honduras. Le conflit est lié à des problèmes de nationalisme et d’immigration salvadorienne au Honduras dans un contexte de répartition des terres très inégalitaire. Des rencontres de football houleuses mettent le feu aux poudres et dégénérèrent en guerre ouverte, vite stoppée sous la pression internationale.<br /><em>Résultat : Match nul.</em> Deux mille morts, des dizaines de milliers d’expulsés.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/03/21/319-les-guerres-oubliees-3#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/291