Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - cynisme<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« La sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles » de Rodolphe Reussurn:md5:d3f64b897ed1308aa11679268733709f2020-08-23T21:20:00+02:002021-01-11T12:48:41+01:00ChristopheHistoireabominationAlsaceautodestructionchristianismecynismeDieudéshumanisationguerre saintehainehistoireincohérencejusticelivres luslégendes urbainesmèmeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparadoxeparanoïapeine de mortperspectivepessimismepsychologiereligionRenaissancethéologietotalitarisme<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/La%20Sorcellerie%20en%20Alsace%20aux%2016%C3%A8%20et%2017%C3%A8%20si%C3%A8cles%20-%20Rodolphe%20Reuss.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.La Sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles - Rodolphe Reuss_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Petite analyse des procès en sorcellerie, en une époque que l'on croyait déjà civilisée. La grande époque des bûchers de sorcières, ce n'est pas l'obscur Moyen Âge, mais les siècles suivants. Et le nombre de femmes (surtout) torturées, étranglées, brûlées, pour une aussi petite région que l'Alsace, fait froid dans le dos.</p> <p>(<em>Comme d'habitude, le texte vise à résumer, et l'italique indique une remarque de ma part.</em>)</p>
<p>Il y a parfois de bonnes surprises dans les dépôts de livres en accès libre que l'on trouve à présent un peu partout. Il s'agit ici de la réédition de 1987 (il y en a <a href="https://editionsdegorce.ecwid.com/La-Sorcellerie-au-XVIe-et-au-XVIIe-si%C3%A8cle-particuli%C3%A8rement-en-Alsace-p88163721" hreflang="fr">une de 2017</a>) de l'ouvrage de 1871 d'un des anciens responsables de la Bibliothèque de Strasbourg. Rodolphe Reuss a passé en revue et résumé des dizaines de procès en sorcellerie sur deux siècles.</p>
<h3>Les sorcières</h3>
<p>Les « sorciers » et « sorcières » sont de toutes les couches sociales, mêmes les plus élevées, et de la campagne comme de la ville. Les femmes sont surreprésentées : elles sont censées être moins intelligentes, moins capables de se défendre, et donc plus faciles à séduire par Satan, qui d'ailleurs est un être au-delà du lubrique. Les enfants ne sont pas épargnés.</p>
<p>Satan est censé frapper à un moment de faiblesse, pour une raison ou une autre : il donne, protège, offre des pouvoirs. Il s'agit de devenir plus riche, se venger, tuer des animaux, ou beaucoup d'enfants — il fallait bien une explication aux nombreux décès en bas âge. Bizarrement, aucun de ces pouvoirs n'est dangereux à grande échelle, et il se retourne parfois contre la personne ou les biens de la sorcière. Les réunions avec Satan, les sabbats, les différentes formes de Satan, les noces diaboliques, du dernier degré de dépravation... tout cela figure dans les minutes des procès avec moults & glauques détails, menus des noces et composition des breuvages inclus.</p>
<h3>Les procès</h3>
<p>L'Église catholique n'est pas seule coupable de chasse aux sorcières ; l'Alsace était d'ailleurs en bonne partie protestante à cette période. D'ailleurs les inquisiteurs n'étaient plus aux commandes, et chaque ville avait son tribunal dédié aux maléfices, rempli de gens sans formation, que Reuss décrit comme incultes et bornés. Il n'y avait presque jamais d'avocat, cela ralentissait trop le procès, et il ne faisait de toute façon pas bon protéger un accusé de sorcellerie : c'était un bon moyen de se voir suspecté soi-même. Se défendre trop bien est également l'indice d'une possession satanique. Par contre, il est évident que Dieu protège les juges !</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Femme_accus%C3%A9e_de_sorcellerie-%C3%89mile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="Femme accusée de sorcellerie (Émile Deschamps, domaine public, via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Femme_accusée_de_sorcellerie-Émile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Au début d'un procès, il y a bien sûr dénonciation, pour une broutille souvent (tout le monde se surveille, dans des petites villes), souvent par calomnie, ou dénonciation anonyme, mais parfois à cause de l'aveu d'un(e) accusé(e) de sorcellerie. Le juge agit à charge, appelle des témoins qui n'ont pas à prouver ce qu'ils avancent, cherche des traces du Malin, et, bien sûr, fait grand usage de la torture. Il y avait une grande variété de supplices, et plusieurs degrés, dont même le premier fait dresser les cheveux sur la tête. La recherche de signes « objectifs » de possession (marques diverses, dont celle d'une partie insensible du corps) relevait aussi de la torture. Évidemment, l'accusé(e) avouait au final tout et n'importe quoi, quand il ne décédait pas sur le chevalet. Les incohérences et contradictions dans les confessions n'étaient pas un problème.</p>
<p>Le ou la coupable quittant généralement ce monde, ses biens étaient confisqués, servant entre autres à payer le procès, les juges, rémunérer les accusateurs ! — la question des dénonciations calomnieuses est donc ouverte, et enfin remplir les caisses de la commune. Quand les juges étaient miséricordieux, que la sorcière se repentait, il y avait décapitation ou étranglement avant le bûcher. Si, quasiment par miracle, l'accusé était déclaré innocent (cela arrivait !), on l'exilait quand même.</p>
<p>(<em>Cette hystérie collective se retrouve dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorci%C3%A8res_de_Salem" hreflang="fr">sorcières de Salem</a>. Au moins les Américains ont-ils alors tiré une morale de l'histoire. Un exemple effroyable, alsacien, vers 1617-1630 est la <a href="https://journals.openedition.org/alsace/1036" hreflang="fr">série de procès à Molsheim</a>, où 76 « sorciers » ont été brûlés… dont 30 enfants !</em></p>
<p><em>Il ne faut pas se moquer de ces gens si superstitieux. À l'époque moderne, sans Satan, le phénomène du coupable par association sans défense possible frappe aussi : Terreur en France, terreur stalinienne... Certaines hystéries médiatiques ou sur les réseaux sociaux sont moins graves, mais de la même logique.)</em></p>
<p>Le nombre de victimes est effarant : on parle de bûchers chaque année, ou presque, pendant des décennies, avec parfois de véritables flambées . Sélestat : 91 sorcières brûlées de 1629 à 1642 ; Rouffach : 37 personnes en 8 ans à Rouffach avant 1596 ; et 5000 dans l'évêché de Strasbourg entre 1615 et 1635 ! Le XVIIè siècle fut pire que le XVIè à cause de la Guerre de Trente Ans. Il y eut encore quelques cas de procès dans les premières décennies du XIXè siècle ! Pour Reuss, les bûchers n'ont reculé que grâce aux philosophes des Lumières. Et le combat contre ignorance et superstition n'est pas fini, déplore Reuss en 1871.</p>
<h3>Pourquoi</h3>
<p>Rodolphe Reuss cherche des explications à un tel délire et à tant de victimes. L'acharnement des juges à poursuivre la torture jusqu'à des aveux complets, et la suggestion des réponses à l'accusé, la duplicité des interrogatoires, la perspective d'être damné si l'on n'avouait pas… n'expliquent pas tout.</p>
<p>Un point important : dans un monde ignorant et superstitieux, <em>tout le monde</em> croyait au Diable autant qu'à Dieu, et était réellement terrorisé par le concept, les juges — sincères — comme les accusés. Avec suffisamment de pression, ces derniers pouvaient mettre eux-mêmes sur le compte d'influences sataniques certaines de leurs mauvais pensées ou rêves. Certains étaient évidemment des malades mentaux à un degré ou un autre.</p>
<p>Une autre explication levée par l'auteur est la disponibilité de substances plus ou moins hallucinogènes. Vue la rudesse du temps, la consommation ne devait pas être anecdotique chez certains (Reuss la compare à l'ivrognerie de son temps et le besoin d'oubli de la réalité). Les consommateurs auraient projeté dans leurs délires confus leurs croyances et les on-dits, et sincèrement cru rencontrer le démon, avant ou après la suggestion des juges. Les aveux étaient donc parfois <em>sincères</em> ! Cela expliquerait aussi leur monotonie.</p>
<p>Enfin, certains procès auraient plutôt dû relever du droit commun : empoisonnement (mais toute science était à l'époque ramenée à la magie), simple charlatanisme, ou affaires de mœurs divers, dont l'accusé comme la société préfère se dédouaner sur Satan. Enfin, les accusations de sorcellerie permettent de s'attaquer aux hérétiques ou aux membres d'une religion concurrente (clergé compris).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic.jpg" title="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic_s.jpg" alt="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a> Rodolphe Reuss est manifestement consterné par la crédulité et les préjugés des gens de cette époque. Il parle du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malleus_Maleficarum" hreflang="fr">Marteau des Sorcières</a></em> comme d'un « monument prodigieux de la bêtise humaine ». Il sait bien que son lecteur du XIXè siècle ne croit plus à la sorcellerie, mais il sait que certains sont sceptiques sur l'ampleur ahurissante du phénomène. On sourit et on le sent gêné, quand certains passages des sévices subis sont trop obscènes pour être racontés « même en latin ».</p>
<p>On retrouve dans les pages quelques blessures personnelles de l'auteur. Plus d'une fois, il se plaint que certains documents ont été détruits par les « obus prussiens » en plein pendant la rédaction du livre : sa chère bibliothèque strasbourgeoise a été incendiée lors du très dur <a href="https://www.lalsace.fr/magazine-tourisme-et-patrimoine/2020/07/12/le-siege-de-strasbourg-en-1870-une-catastrophe-aussi-pour-le-genealogiste" hreflang="fr">siège de Strasbourg</a>. Il a ensuite dû quitter l'Alsace annexée. Il la verra à nouveau française — mais ses trois fils auront laissé la vie dans la Grande Guerre.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/857« Le Français qui possédait l’Amérique : la vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV » de Pierre Ménardurn:md5:62a7adf8c4d5f7ea631f306bb6c5951d2018-01-30T18:26:00+01:002018-07-24T09:15:23+02:00ChristopheHistoireAmériqueargentcolonisationcoup bascynismedéshumanisationesclavagefoutage de gueulehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoireParispolitiquespéculationténacitévaleuréconomie <p>Toulousain, Antoine Crozat avait un père d’origine modeste, mais qui s’était déjà énormément enrichi sous Louis XIV. Bénéficiant de ses réseaux puis développant les siens, il atteignit un niveau de fortune monstrueux, prêtant même au Roi, allant jusqu’à se voir octroyée toute la gestion de la Louisiane française. Ce ne fut pas sa meilleure affaire.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Antoine_Crozat.jpg" title="Antoine Crozat, par Wikimédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Antoine_Crozat_s.jpg" alt="Antoine Crozat, par Wikimédi)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Antoine Crozat, par Wikimédia" /></a> Sa richesse ne provenait pas que du commerce transcontinental, en plein boom, et d’innombrables trafics, y compris d’esclaves. Ajoutons la spéculation sur les monnaies, en des temps où l’État jouait en permamence avec leur valeur, et les premiers billets à ordre et de banque, aux valeurs aléatoires. Ou le copinage avec les plus grandes familles nobles, auxquelles ce snob rêva toute sa vie de s’allier (il y parvint) ; la mise en coupe réglée de pans entiers du commerce, avec des monopoles légaux ; l’achat et la revente des charges publiques, à titre personnel ou comme intermédiaire de l’État ; et le financement des corsaires ; ou encore la contrebande de grand style : les réseaux financiers se jouaient déjà des frontières.</p>
<p>Mais, surtout, le système fiscal de l’Ancien Régime était un tel bazar qu’une bonne partie était quasiment sous-traitée à de riches personnes avançant l’argent à l’État, parfois à l’avance et se débrouillant pour récupérer cet argent. Rémunérateur, le poste était comme tant d’autres une « charge » vendue par l’État, que l’on pouvait revendre ensuite. Il n’était d’ailleurs pas sans risque financier, et valait aussi en retour la haine du peuple — en plus du mépris que récolte tout parvenu dans une société si hiérarchisée.</p>
<p>Le Régent remit un peu d’ordre dans ces choses (malgré l’échec de la banque de Law). Crozat comme nombre de confrères, fut poursuivi, mais, de fait indispensable, il s’en tira mieux que d’autres, avec une monstrueuse amende.</p>
<p>Crozat est mort vieux, dans son lit, ayant marié ses enfants aux plus anciennes familles. Il fait partie de ces gens éloignés de toute politique ou idéologie mais égoïstes qui ont modifié l’histoire, pas forcément pour le mieux, et que l’on a très vite oubliés (pourtant il a fait construire les futurs Ritz et Palais de l’Élysée !).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Fran%C3%A7ais-qui-poss%C3%A9dait-l-Am%C3%A9rique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/840« Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. »urn:md5:00b880a09f7f338d4b265bfb1fee3ea82015-01-08T22:41:00+01:002015-01-22T14:31:28+01:00ChristopheCitationsanalogiebon senscitationcivilisationcommunicationcourageculturecynismeguerreguerre saintehainehistoireintelligencejusticemèmeouverture d’espritpeine de mortperspectivepolitiqueprovocationpsychologieracléesignifiésociétés primitivesterrorismeéducation <blockquote><p>Derjenige, der zum erstenmal an Stelle eines Speeres ein Schimpfwort benutzte, war der Begründer der Zivilisation.<br /> <br />Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. <br /> <br />Attribué à Sigmund Freud</p></blockquote>
<p><a href="https://de.wikiquote.org/wiki/Diskussion:Sigmund_Freud#Noch_.27n_Zitat" hreflang="de">La source de cette citation reste douteuse</a> : raison de plus de garder la version française plus proche de la version anglaise qui coure sur le net (“<em>The first human who hurled an insult instead of a stone was the founder of civilization.</em>”) que de cette hypothétique version allemande originale qui parle plutôt de javelot.</p>
<p>Elle n’en reste pas moins douloureusement actuelle.</p>
<p>Elle commence très mal, mais bonne année à tous quand même.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-premier-homme-%C3%A0-jeter-une-insulte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/784« Tambov » (livre collectif) : les Malgré-nous alsaciens & mosellans prisonniers des Russesurn:md5:51f62e95a930a56a31069825f917239c2013-11-02T11:52:00+01:002016-07-08T11:47:59+02:00ChristopheHistoireAlsacecatastrophechaoscommunismecynismedommagedéshumanisationEmpire soviétiqueespionnageguerrehistoireHistoire de FranceLibérationlivres lusmémoireparanoïaracléeRussieRésistanceSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Tambov.jpg" alt="Tambov.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
Tambov ne dira rien à la plupart des Français, mais il réveillera quelques souvenirs de famille douloureux à nombre d’Alsaciens et Mosellans (voire Luxembourgeois). C’était pourtant « simplement » un camp de prisonniers au milieu de la Russie d’Europe, où, à partir de 1942, les Soviétiques ont regroupé les prisonniers « allemands » originaires de l’Alsace et de la Moselle annexées par le Reich, et incorporés de force dans la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. De ce camp, certains sont repartis dans des unités françaises, mais la plupart sont restés jusqu’à la fin de la guerre, ou y périrent.</p>
<p>Tambov n’était pas un camp de concentration, encore moins d’extermination comme en existait dans le camp d’en face : pourtant nombre de prisonniers y moururent ou survécurent dans des conditions misérables. Encore ces derniers figurent-ils parmi les plus chanceux : des 120 ou 130 000 Malgré-nous, incorporés de force dans la Wehrmacht, un tiers n’est pas revenu du front. Sur le front, les déserteurs risquaient l’exécution sommaire aussi bien par leurs camarades allemands que par des Soviétiques rarement au courant de leur situation, ou peu enclins à faire des prisonniers. Ils leur fallait aussi survivre au transfert vers le camp, dépouillés de tout ce qu’ils avaient pu posséder, et sans guère de possibilité de communiquer avec leur famille.</p>
<p>Le camp lui-même était au-delà de l’insalubre : baraques semi-enterrées sans chauffage, mal aérées, où l’on pataugeait parfois dans l’eau. 15 500 Français seraient passés à Tambov, et on ne saura jamais combien y sont morts, sans doute entre 3000 et 5000. Certains anciens accusent le système soviétique ; d’autres excusent les Russes, eux-mêmes réduits à la disette. Le <a href="https://fr.wiktionary.org/wiki/coulage">coulage</a> au fil des intermédiaires explique sans doute beaucoup de choses, ainsi que l’impossibilité de l’administration à remonter des mauvaises nouvelles dans le cadre du système stalinien <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Pour couronner le tout, comme il n’y avait pas d’officiers parmi les Alsaciens (les nazis se méfiaient !), il se mit en place dans le camp une hiérarchie bancale. Des décennies après, les conséquences tragiques de certains copinages ne sont pas pardonnées.</p>
<p>La libération des prisonniers a été instrumentalisée par les Soviétiques. Un premier groupe (les « Quinze Cents ») quitta la Russie par l’Iran dès juillet 1944, et l’URSS communiqua largement là-dessus, mais il ne fut pas suivi immédiatement d’autres. Les premiers libérés, une fois hors de portée du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/NKVD">NKVD</a>, vidèrent parfois leur sac à propos des conditions de détention. Cela ne plut pas au Kremlin. Ajoutons des tractations pour récupérer en échange des Soviétiques passés dans le camp allemand pour diverses raisons, et le fait que les ministres français de l’immédiat après-guerre étaient parfois communistes : si l’essentiel des détenus rentrèrent dès l’automne 1945, le dernier Malgré-nous ne revint à Strasbourg qu’en 1955, après avoir été condamné pour espionnage ! Les Soviétiques avaient aussi tenté de convertir certains prisonniers en agents, apparemment en vain.</p>
<p>Ces libérations au compte-goutte, l’isolement du camp, les lacunes dans les listes soviétiques, les destructions d’archives, le chaos apocalyptique et les pertes énormes de la fin de la guerre en Allemagne... laissèrent un illusoire espoir à beaucoup de familles pendant des années. L’activité fut intense lors du retour des prisonniers pour obtenir des précisions sur le sort de ceux qui n’étaient pas revenus.</p>
<p>Les archives se sont ouvertes massivement dès 1991. Les Soviétiques, en bons bureaucrates, avaient tout gardé, et la chute de l’URSS fut trop brutale pour qu’une destruction méthodique d’archives ait été entreprise par les dirigeants déchus. Le travail de dépouillement, délicat et fastidieux, continue encore de nos jours, alors que les survivants disparaissent.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>En cas de refus ou de fuite, la famille des déserteurs partait en camp de concentration. On devient beaucoup moins rebelle et héroïque dans ces conditions.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>C’est le syndrome « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tout_va_tr%C3%A8s_bien_madame_la_marquise_%28chanson%29">tout va très bien, Madame la Marquise</a> », ou encore « surtout pas de vague », typique de nombre de bureaucraties.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/755« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754« Frankenstein » de Mary Shelleyurn:md5:3f8aacb1653001484ddab0c6e6d5b8172013-10-14T17:20:00+02:002016-07-07T13:06:48+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanthropomorphismeapparenceculturecynismediscriminationdommagedéshumanisationintelligenceintelligence artificiellelivres luslégendes urbainesoh le beau cas !prise de têtepsychologiepériméquêteracismesciencescience-fiction <p>L’histoire de Frankenstein a été totalement déformée par le cinéma, les dessins animés, bref toute la culture populaire du XXè siècle, sachant que ce livre a déjà deux siècles.</p>
<p>Frankenstein n'était pas le monstre, mais son créateur. Ledit créateur n'était pas un savant chenu et cinglé, mais un jeune homme brillant, qui ne perd la tête que progressivement.</p>
<p>La conception de la créature n’est évoquée que furtivement. Très frustrant.</p>
<p>Le monstre n’a rien de la brute épaisse et stupide souvent décrite. Au contraire : un an après sa création, il maîtrise déjà deux langues, sait lire et disserter mieux que l’essentiel de la population actuelle. Le monstre est parfaitement capable de rationaliser son comportement cruel, en résumé : « je suis malheureux parce que tout le monde me rejette, donc je deviens un méchant assassin parfaitement conscient de tuer des innocents pour me venger de mon créateur et de pauvres gens plus gâtés que moi par la nature » (donc encore un niveau de culpabilité au-dessus du <em>serial killer</em> psychopathe standard). Il maîtrise parfaitement le chantage.</p>
<p>Bizarrement, le génial jeune Frankenstein agit de manière impulsive, et bien que ses pérégrinations durent des mois, il est incapable de réfléchir à une échappatoire, d’appeler à l’aide, ou d’imaginer de protéger sa famille. Puis il met en danger la vie de ses proches de la manière la plus crétine possible. Il n’y a pas besoin d’avoir vu <em>Scream</em> pour savoir qu’un personnage secondaire isolé a de très mauvaises chances de survie quand le monstre rôde, on tient peut-être là l’origine de ce cliché des films d’horreur.</p>
<p>Le style a sacrément vieilli (et je ne pense pas que la traduction française soit la cause), mais je suppose qu’il reflète son époque. Autre tic de l’époque, les histoires imbriquées lassent : Untel raconte son voyage au Pôle (sans lien avec le reste de l’histoire), où il rencontre Frankenstein, qui au cours de son récit reprend un long monologue du monstre sur ses premiers mois d’existence, dont l’histoire (grotesquement et longuement hors sujet) de Français exilés en Suisse à cause d’une histoire avec une jeune Turque... <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Et manifestement, à cette époque, une engueulade consistait en un échange de tirades de dix phrases sans interruption — on savait vivre.</p>
<p>L’influence romantique joue à plein (on est en 1818 !) et les sentiments sont étonnamment extrêmes. Nombreux sont les personnages qui tombent malades pendant des mois suite à une grosse contrariété. Le monstre a même lu <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Souffrances_du_jeune_Werther">Werther</a></em>, c’est dire.</p>
<p>Ah oui : ça finit mal.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Avec une touche de racisme implicite, mais ça aussi c’était l’époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Frankenstein-de-Mary-Shelley#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/753« The End » de Ian Kershaw : l’agonie de l’Allemagneurn:md5:8edf1de24e73d2fd8a75ab588386538b2013-07-24T21:59:00+02:002019-02-03T17:39:19+01:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypsecataclysmecatastrophecommunismecoup bascynismedommagedécadencedéshumanisationEmpire soviétiquegaspillagegigantismeguerrehainehistoireincohérenceLibérationlivres lusmortnationalismeoh le beau cas !panurgismeparadoxepeine de mortpessimismeracismeracléesabotageSeconde Guerre Mondialeterrorismetotalitarisme <p>Au début j’avais titré « l’agonie du IIIè Reich ». Mais cela aurait été faux : c’est bien l’Allemagne toute entière qui a payé pour quelques mois de résistance inutile et sanglante, au mépris de toute logique militaire.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/the_end_kershaw.jpg" alt="the_end_kershaw.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>L’autodestruction</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ian_Kershaw">Ian Kershaw</a> s’étonnait qu’il n’y ait pas de livre sur ces derniers mois de la guerre vus du côté allemand ; il l’a donc écrit, et il analyse les raisons de cette incompréhensible obstination allemande à laisser anéantir son pays par le double rouleau compresseur allié — pour <em>rien</em>.</p>
<p>Pourtant, dès l’été 1944, en tout cas au plus tard début janvier 1945 (après l’échec allemand dans <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Ardennes">les Ardennes</a> et alors que les Soviétiques dévastent la Prusse Orientale) il aurait dû être clair que tout était perdu et qu’il valait mieux négocier une reddition. La stratégie de la lutte « fanatique » pied à pied ne pouvait mener à rien. La population était à bout de souffle, les réserves en hommes raclées jusqu’à l’absurde, l’économie étouffée (malgré les talents d’organisateurs de Speer), la Luftwaffe anéantie, les voies de communications en ruine, les villes rasées.</p>
<p>Les chiffres donnent le vertige : sur 18,2 millions de soldats allemands mobilisés en 1939-45, 5,3 millions sont morts, dont 2,6 millions après juillet 1944 — autant en dix mois que dans les quatre premières années de la guerre. Et parmi eux 1,5 million sur le front est : ils ne se sont donc pas défendu que contre les « bolcheviques ».</p>
<h3>Mécanisme pour un suicide collectif</h3>
<p>Dans les dernières semaines, 10 000 soldats tombaient chaque jour. Seuls les plus fanatiques croyaient encore aux « armes miracles » promises par Hitler, ou à l’éclatement de la coalition alliée. Alors pourquoi lutter ?</p>
<p>La réponse est complexe. Les dirigeants nazis étaient parfaitement au courant que les Alliés ne leur feraient aucun cadeau. Pour Hitler, les Allemands s’étaient montré faibles, ils devaient disparaître avec lui. Il est allé au bout de sa démentielle logique suicidaire, mais il a
bien été le seul avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Goebbels">Goebbels</a>. Mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Himmler">Himmler</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bormann">Bormann</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6ring">Göring</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Speer_%28p%C3%A8re%29">Speer</a>, les généraux, l’essentiel des <em>Gauleiters</em> (chefs de partis régionaux)... avaient bien l’intention de sauver leur peau, et ceux qui se sont plus tard suicidés allaient être fait prisonniers. Certains se voyaient un rôle dans l’Allemagne d’après-guerre (Speer), voire tentèrent très timidement de négocier dans le dos d’Hitler. La population, qui avait soutenu le nazisme durant une douzaine d’années, ne faisait plus confiance ni au Parti ni au Führer. Pourtant, pour bien moins, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_allemande_de_1918-1919">elle s’était soulevée en 1918</a>, et cela valait aussi pour les soldats.</p>
<p>Pourtant, il a fallu attendre encore une semaine après la mort d’Hitler pour que son successeur l’amiral <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_D%C3%B6nitz">Dönitz</a> jette l’éponge et signe la reddition sans condition face à toutes les armées alliées.</p>
<p>Dönitz, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guderian">Guderian</a>... : nombreux de généraux se peignirent dans leurs mémoires comme de simples exécutants apolitiques. Il est vrai qu’Hitler n’écoutait pas leurs conseils et refusait le moindre repli. Beaucoup rêvaient de sauver les meubles par une paix séparée avec les Occidentaux, mais ils exécutèrent ces ordres absurdes et menèrent le combat de leur mieux, sur les deux fronts et jusqu’à la fin. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Claus_von_Stauffenberg">Von Stauffenberg</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/[Dönitz">Rommel</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow">von Tresckow</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Beck">Beck</a> avaient pourtant montré que des officiers, eux-mêmes très nationalistes, étaient capables d’agir — hélas ils étaient l’exception.</p>
<p>L’attentat raté de juillet 1944 est une des clés. D’abord il a remonté la cote d’Hitler auprès des Allemands, vacillante depuis l’enlisement en Russie, bien que le Führer soit resté plus populaire que le Parti nazi. Puis il a conforté le dictateur dans son idée que la Wehrmacht était remplie de traîtres, responsables de tous les échecs. Ensuite, il entraîne la mise en place d’un régime de terreur, réprimant toute déviance, tout défaitisme, toute méfiance envers le Führer, tout doute envers la victoire future.</p>
<p>Le souvenir de l’insurrection de 1918 hantait Hitler. Il avait décidé qu’il n’y aurait pas de réédition de ce « coup de poignard dans le dos ». Ce régime de terreur ira donc <em>crescendo</em>, s’accentuant avec chaque revers : peine de mort pour les déserteurs, les couards, les défaitistes, pour tous ceux osant évoquer une possible négociation avec au moins les puissances occidentales, ou tentant d’éviter d’inutiles combats dans leur ville ; cours martiales volantes exécutant elles-mêmes les condamnations ; massacres de civils affichant des drapeaux blancs... Le <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Werwolf_%28Freisch%C3%A4rlerbewegung%29" hreflang="de">Werwolf</a> devait mener une guérilla dans les zones occupées, et punir les « collabos » (au final sans grand succès, mais il y eut tout de même quelques milliers de morts selon Kershaw).</p>
<p>Parallèlement la pression sur la population s’accentua : Goebbels parvint à dégager des centaines de milliers d’hommes à envoyer au front <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, quitte à désorganiser l’économie et les productions d’armement, au grand dam de Speer. Le <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Volkssturm" hreflang="de">Volkssturm</a> enrôla des millions de vieux ou très jeunes Allemands dans une armée hétéroclite, mal habillée, très mal armée, sans efficacité militaire et au taux de perte terrible. Dans les zones proches du front, vieux, jeunes et femmes furent contraints de creuser des fossés qui n’ont pas stoppé l’Armée Rouge plus de quelques heures.</p>
<p>La bureaucratie civile laissa place à celle du Parti, omniprésente, sur fond d’affrontement larvé entre Speer et Goebbels, entre ceux qui pensaient à l’avenir et les partisans de la terre brûlée. Le Parti et les SS se mirent à dominer aussi sur le plan militaire (on confia une armée à Himmler, avec des résultats désastreux). On exigeait un sacrifice aveugle des soldats. Il y eut même des kamikazes nazis.</p>
<p>Ainsi la population se retrouva en tenaille entre un Parti punissant cruellement toute déviance ; des conditions de vie de plus en plus difficiles ; des exigences de service militaire ou paramilitaire démentielles ; la menace des bombardements alliés réduisant méthodiquement les villes en miettes ; à l’est la menace des Soviétiques. Les Allemands avaient perdu toute confiance en Hitler mais, épuisés, terrorisés, ils devinrent au mieux attentistes et fatalistes, priant pour que la fin arrive vite (<em>Besser ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>) et les plus chanceux dans les zones préservées ne portent pas grande aide aux réfugiés de l’est.</p>
<p>Les soldats ne valaient souvent pas mieux. Également épuisés, tiraillés entre le danger des combats, la perspective des camps en Sibérie ou la liquidation pour couardise, inquiets pour leurs familles dans les villes bombardées ou les zones envahies par l’URSS, ils continuaient le combat — sans illusion pour la majorité. Sur le front de l’est, la conscience de défendre concrètement leur pays et leur famille d’un envahisseur barbare maintenait plus la combativité qu’à l’ouest. La terreur nazie, la menace sur les familles (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sippenhaft">Sippenhaft</a></em>) mais aussi la cohésion avec les camarades limitaient les désertions, pourtant de plus en plus nombreuses au fur et à mesure de l’avancée alliée.</p>
<p>Les comportements varièrent suivant les fronts. À l’ouest, on craignait les bombardements anglo-américains sur les villes, mais les troupes d’occupation, relativement disciplinées, n’inspiraient pas la peur. Nombre de villes voulurent se rendre pour éviter la destruction : leur sort se joua dans le rapport de force entre notables voulant épargner vies et biens, et nazis jusqu’au-boutistes prêts à sacrifier une bourgade pour stopper les Américains une heure. (Au passage, une pique sur le comportement des Français : leurs troupes n’ont pas été exemplaires et ont commis leur lot de pillages et viols. Kershaw note qu’il y a une amplification possible du phénomène dans la mémoire et les sources : les soldats étaient souvent issus des colonies.)</p>
<p>C’était bien pire à l’est. Les soldats mesuraient parfaitement la barbarie du comportement allemand en Europe de l’Est, et se doutaient, puis surent, que les Russes allaient leur faire payer. La propagande soviétique attisait la haine. Les soldats allemands prisonniers savaient que, même avec de la chance, ils passeraient des années en Sibérie (et une bonne partie n’est pas revenue). Quant aux civils, ils fuyaient en masse pour éviter viols (généralisés), pillage, voire destruction de villes entières. La peur des « Asiatiques », amplifiée par la propagande de Goebbels, mena à des scènes de suicides collectifs dignes des Japonais à Okinawa. Pour les habitants de Prusse ou de Poméranie le salut n’existait que dans la fuite, au milieu d’un hiver terrible — les plus fragiles mourront souvent. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Les chefs du Parti donnèrent cependant rarement l’exemple du sacrifice qu’ils prônaient. Les premiers à punir toute reculade, ils étaient aussi les premiers à fuir dès que possible, sans oublier leurs biens. À côté de Göring et d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Frank">Hans Franck</a>, la palme revient peut-être à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_Koch">Erich Koch</a>, à la tête la Prusse Orientale assiégée par les Russes : il refusa la moindre évacuation de civils, mais prit au tout dernier moment la fuite en bateau, en n’oubliant pas sa Mercedes.</p>
<p>Kershaw conclut que l’effarante résistance allemande tenait aussi bien à la structure du pouvoir nazi et à la terreur qu’aux rigidités de la mentalité des soldats allemands, sinon de tout l’appareil institutionnel. Si population et soldats étaient terrorisés et préoccupés par leur survie immédiate, les généraux risquaient bien moins (surtout d’être démis <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>). Si on peut comprendre que les circonstances ou le chaos rendaient un coup d’état impossible, pourquoi n’ont-ils pas au moins « levé le pied » ? Si les Russes et le communisme semblaient un danger tellement effroyable, pourquoi ne pas avoir ouvert le front à l’ouest pour sauver les meubles ? Le serment de fidélité au Führer, l’honneur militaire, toute une tradition militariste allemande d’ordre et d’obéissance inconditionnelle, leur interdisait de tenter quoi que ce soit contre la hiérarchie en place. Après tout, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/07/424-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-6">même Canaris avait renoncé à s’attaquer à Hitler</a>. Ce n’est qu’à la mort d’Hitler que Dönitz (paradoxalement choisi par Hitler pour sa fidélité au national-socialisme) s’est senti autorisé à tenter une négociation puis à signer.</p>
<p>Pendant ce temps, l’administration continuait tant bien que mal de fonctionner, elle ne s’effondra pas brutalement. Les fonctionnaires considéraient que cela était leur « devoir », même dans des conditions difficiles, prolongeant ainsi la guerre et les destructions de plusieurs semaines.</p>
<h3>Et si...</h3>
<p>À la lumière de ce mécanisme Kershaw spécule : si Hitler était mort en juillet 1944, les conjurés auraient-ils pu réellement prendre le pouvoir ? Et s’ils avaient accepté la reddition sans condition, les SS auraient-ils suivi, dès 1944, surtout à l’est ? Une nouvelle légende du « coup de poignard dans le dos » serait née.</p>
<p>Pour Kershaw, l’exigence alliée d’une reddition sans condition n’a pas joué fondamentalement dans la prolongation de la guerre. Elle a souvent été présentée comme contre-productive car ne laissant aucune alternative aux Allemands que la lutte jusqu’au bout. Elle n’a cependant pas empêché la tentative de putsch de juillet 1944. C’est Hitler, relayé par son Parti, qui bloquait toute tentative de reddition, pas les généraux, même si ceux-ci obéissaient. En Italie, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Kesselring">Kesselring</a> n’a accepté la reddition de ses troupes qu’<em>après</em> le suicide du Führer. Et si la perspective de livrer des millions de soldats à l’Armée Rouge effrayait tout le monde, même Dönitz s’y est résolu quand Eisenhower a clairement dit qu’il n’y aurait pas d’alternative.</p>
<h3>Les victimes et les lâches</h3>
<p>Ian Kershaw parle aussi de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_Dresde">Dresde</a>, qui se croyait protégée par sa valeur architecturale, mais était aussi une cible car nœud de communications et centre industriel. Il y eut pourtant pire, en nombre de victimes (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Operation_Gomorrha" hreflang="de">Hambourg</a>) ou en proportion (<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Pforzheim#1918_bis_1945" hreflang="de">Pforzheim</a>).</p>
<p>En parallèle, Kershaw rapporte aussi le calvaire des prisonniers des camps de concentration, décimés dans des marches forcées en plein hiver, où beaucoup, sinon la plupart, trouvèrent la mort, et cela sans plus guère la moindre justification rationnelle pendant les derniers mois (ni otages ni force de travail). Apparemment ils n’obtinrent pas d’aide de la population, toujours abrutie de propagande.</p>
<h3>Après la guerre</h3>
<p>L’ampleur des pertes humaines et des destructions, le calvaire des réfugiés de l’est et la haine du Parti dans les derniers mois poussèrent plus tard les Allemands à se voir aussi comme des victimes du nazisme. Ce n’est pas complètement faux, pourtant ils l’avaient soutenu pendant des années malgré tous ses crimes. Certes une manière de se dédouaner lors de la dénazification, mais une réaction normale : le traumatisme a éclipsé dans l’inconscient tout ce qui l’a précédé. Le travail de mémoire a pris des années.</p>
<h3>Remarques personnelles</h3>
<p>On peut écrire des uchronies sur une fin de guerre différente. L’Allemagne actuelle est née de ce traumatisme : serait-elle devenue si démocratique et pacifique sans le cataclysme de 1945 ?</p>
<p>À la lecture des ordres hallucinants de cruauté et de mépris pour la population ou les soldats, on enrage que certains grands chefs s’en soient tirés : si Keitel a été pendu <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, bien des généraux qui ont suivi Hitler jusqu’au bout n’ont même pas été condamné à perpétuité par la suite : Dönitz, <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Sch%C3%B6rner" hreflang="de">Schörner</a>, Kesselring... alors qu’ils ont jusqu’au bout fait appliquer les ordres délirants et surtout la politique de terreur.</p>
<p>Quant à la forme du livre : rien à redire sur le texte, il est clair. La division en chapitre est chronologique, mais chacun traite successivement tous les thèmes. La masse de références à des travaux précédents est impressionnante. Hélas les notes sont en renvoi en fin de livre, et non en bas de page, ce qui est pénible. Or certaines sont très intéressantes et valent d’être lues.</p>
<p>Les termes sont tous traduits, il n’y a quasiment aucun texte en allemand, dommage pour les germanistes qui auraient préféré la version originale des citations.</p>
<p>La version française s’appelle logiquement <em>La Fin</em>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai connu un Allemand, lycéen à l’époque, qui a eu le choix entre s’engager volontairement dans la Wehrmacht, ou finir d’office dans les Waffen SS.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Plutôt une fin dans l’horreur qu’une horreur sans fin.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Rappelons que le quart est du Reich devint polonais par la volonté de Staline : la frontière entre Germains et Slaves est donc revenue à la même position qu’en l’An Mil !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Pourtant Kershaw donne lui-même l’exemple d’un général dont la famille fut emprisonnée car il avait reculé sans autorisation. Et la famille de von Stauffenberg a fini en camp de concentration. Les étoiles ne protégeaient donc pas du pire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Pas fusillé comme tout militaire, mais bien </em>pendu<em>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/747Blu-Ray Pure Audio : Encore un nouveau format audiourn:md5:4ab6ded4db8fcdfcdb6dea8fbe0b3fe92013-05-08T14:37:00+02:002023-12-27T11:58:47+01:00ChristopheGuerre au marketinganticonsumérismebon sensconquête de l’inutilecynismedommageDRMdécadencefoutage de gueulegaspillageinformatiquemicroéconomieMP3musiqueoh le beau cas !paradoxepessimismepollutionpouvoir d’acheterpérimésaturationéconomieévolution <p>Et allons bon, encore un nouveau format audio matériel. À chaque bond technologique « ils » ne résistent pas à la tentation de nous revendre ce qu’on a déjà acheté quatre fois ces quarante dernières années.</p>
<p>Le CD a été un progrès, mais l’adaptation à la technologie du DVD a fait flop (<em>cf</em> <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/09/16/2-hd-dvd-contre-blu-ray">SACD contre DVD Audio</a>). La vidéo a fait un nouveau progrès (relatif et pas foudroyant, plus lié au renouvellement des lecteurs) avec le Blu-Ray, et ils veulent nous en fourguer l’équivalent audio, avec le « Blu-Ray Pure Audio ».</p>
<p><a href="http://www.danielrenard.com/2013/04/des-pure-audio-blu-ray-signes-universal.html">Il y a quelques détails techniques chez Daniel Renard</a> (<strong>2016</strong> : le lien est mort…) : pistes différentes selon le lecteur, formats audio haute définition, 5.1, etc. Par rapport au SACD par exemple, ce nouveau format à l’intelligence de se baser sur un parc de lecteurs Blu-Ray <em>déjà</em> installé, et évite l’éternel problème de la poule et de l’œuf.</p>
<p>Est-ce que ça va marcher ? Quel intérêt ? Il n’y a qu’à lire quelques forums (entre mille, <a href="http://forum.macbidouille.com/index.php?s=20985af4baa31b808847929421ff6b87&showtopic=370442">Macbidouille</a>, <a href="http://www.homecinema-fr.com/forum/sources-integrees-haute-fidelite/blu-ray-high-fidelity-pure-audio-universal-se-lance-le-14-t30035622.html">Homecinema.fr</a>) pour noter un certain scepticisme, sinon un gros soupir collectif.</p>
<p>En fait, ce ne sont même pas les effets audio les plus poussés, inaudibles pour 99 à 100 % de la population, qui génèrent la méfiance, mais plutôt :</p>
<ul>
<li><strong>Le marketing</strong> qui corrompt tout dans ce milieu. <br />Personne ne trouverait rien à redire si ce nouveau format remplaçait l’ancien dans les nouvelles parutions, avec un format hybride lisible partout, tirant parti au mieux des capacités de chaque lecteur. Après tout, des gens avec l’oreille absolue, qui peuvent et veulent déguster Mozart dans une salle de concert avec le dernier cri du matériel et des enceintes de concert, pourraient apprécier, et sans que cela porte préjudice à un béotien auditif comme moi.<br />Ou encore, il y aurait la place de caser une intégrale d’un artiste sur une seule galette pour pas cher.<br />Mais à voir la liste des albums (pas d’intégrale), on n’en prend pas le chemin (du classique je veux bien mais Brel ?). <br />Évidemment, ce sera plus cher, 20 € le disque.<br />Bref, le nouveau format vise encore l’audiopathe qui claque déjà son fric en câbles hors de prix (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/Canard-PC-Hardware-16">rappel</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>L’intérêt réduit d’un format puissant quand la source ne vaut rien</strong> : compression de la plage dynamique dans la « course au volume » (<a href="http://www.homecinema-fr.com/forum/general-haute-fidelite/masterisation-pourquoi-nos-cds-sonnent-ils-aussi-mal-t29832311.html">voir ici</a> et le dernier commentaire <a href="http://comptoirsonimage.forumpro.eu/t577-un-point-de-vue-interessant-sur-les-effets-du-son-compresse-de-la-disparition-de-la-hifi">ici</a>), <em>masters</em> de vieux classiques pas forcément au top non plus… C’est à la production que ça pêche, pas dans la restitution chez l’auditeur !</li>
</ul>
<p><a href="http://forum.macbidouille.com/index.php?showtopic=370442&st=0&p=3746876&#entry3746876">r@net54</a> résume d’une phrase :</p>
<blockquote><p>« ils vont mettre dessus a la fois le contenu d’un CD audio, d’un SACD, d’un DVD audio, des menus et clip, plus 5 heures de bonus et messages antipiratage qu’il faudra bien se résoudre a subir pour enfin avoir droit aux 45 minutes de son 7.1 haute fidélité , avec un peu de chance pas trop écrêtés ni compressés, rendant toutes les nuances du dernier opus d’un rapeu defoncé aux meth qui couine sur un sample des 80’s… »</p></blockquote>
<p>Au passage, j’aime bien la possibilité de <em>télécharger</em> la version MP3 ou FLAC : le client a payé cher un format au stockage démentiel (25 Go minimum, à comparer aux minables 300 Mo d’un album en FLAC qualité CD, ou aux 100 Mo de la version MP3 qualité si-tu-entends-la-différence-avec-le-CD-tu-es-un-chien), <em>donc</em>, dans la logique des marketeux, pour ces versions pratiques-et-suffisantes hors d’une salle de concert, il faudra aller les chercher sur Internet !</p>
<p>Au passage, je me demande si on peut ripper aussi facilement un Blu-Ray Pure Audio qu’un CD, mais vu qu’on est sur les mêmes technos que le Blu-Ray et que celui-ci semble à présent aisément rippable malgré ses protections de dément <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Encore-un-nouveau-format-audio#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, la réponse est très probablement oui.</p>
<p>Bref, penser à rajouter le BRPA un jour à <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/09/16/2-hd-dvd-contre-blu-ray">ma liste des formats et pourquoi ils ont souvent floppé</a>.</p>
<p>Rendez-vous dans deux ans pour en rigoler.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2016</strong> : Trois ans après, une petite recherche sur le site de la Fnac ramène environ 200 références en Blu Ray Pure Audio, rien de mirobolant, à comparer aux 2000 et quelques références de SACD, un chiffre déjà ridicule.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Encore-un-nouveau-format-audio#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>D’après ce que je vois sur Google, moi j’ai jamais essayé, il faudrait déjà que j’ai un lecteur Blu-Ray.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Encore-un-nouveau-format-audio#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/744« Pour la Science » d’avril 2013: étoiles noires, Gulf Stream, Internet pour les crédulesurn:md5:6318598607a9cd0773430c8faaafe5e32013-04-02T14:42:00+02:002016-06-02T12:05:31+02:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationbon sensclimatcommunicationcosmologiecynismedinosauresenfantsexpertisefoutage de gueulelégendes urbainesmèmenatureoh le beau cas !ouverture d’espritparanoïapollutionpsychologiesimulationspéculationterrorismetotalitarismeécologie <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_426_R.jpg" alt="Pour la Science, avr. 2013" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Pour la Science, avr. 2013" />C’est dingue, je suis arrivé à finir ce numéro avant même la fin du premier jour du mois. Non, ce n’est pas un poisson. D’ailleurs le poisson du numéro, il faudra le chercher dans les contrepèteries.</p>
<p>Petit numéro quant à mes critères. Retenons ce qui suit :</p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<blockquote><p>Rien, sinon le désespoir à l’idée qu’il ne comprendra jamais le monde, ne peut expliquer le geste d’un homme qui décide de se spécialiser.</p></blockquote>
<p><em>Avis perso : tout à fait mon cas. Je désespère de ne pas connaître toutes les branches de l’informatique, je me spécialise de fait dans la partie qui me fait manger avec les outils qu’on m’impose, et j’ai abandonné tout résistance</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Abeilles</h3>
<ul>
<li>Les <strong>abeilles</strong> sont en voie de disparition pour de multiples causes (toutes de notre faute probablement) mais ne sont <em>pas</em> les seules bestioles qui pollinisent les plantes, et les abeilles sont loin d’être les plus efficaces. Ça c’était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que les autres espèces pollinisatrices en question sont aussi en voie de disparition, et surtout depuis 1970 (aux États-Unis au moins).</li>
</ul>
<ul>
<li>Pendant ce temps, une équipe américaine cherche à créer des essaims d’abeilles artificielles. Le robot lui-même est faisable, mais les batteries restent à mettre au point, et surtout : comment programmer un <em>essaim</em> ? De manière probabiliste ? Les théoriciens de l’informatique ont encore du boulot.</li>
</ul>
<h3>Internet fait le lit des croyances</h3>
<p>Gérald Bronner, sociologue, remarque que grâce à Internet, <strong>n’importe quelle idée peut acquérir une masse critique suffisante</strong> pour que les personnes intéressées y trouvent de quoi conforter leurs croyances. Sans même se confronter aux idées opposées (on ne lit pas tous les liens que Google renvoie), surtout si on ne les cherche pas.</p>
<p>Répondre point par point aux arguments plus ou moins sérieux ou cohérents peut être un travail à plein temps car ils sont parfois très nombreux (11 septembre, mort de Michael Jackson, homéopathie...), et les spécialistes et personnes informées (avec les données) ont souvent autre chose à faire. On ajoute la concurrence entre médias qui les pousse au sensationnalisme (le contraire de l'esprit scientifique), et l’esprit peu préparé se noie vite.</p>
<p><em>(Ajout perso : ajoutons la méfiance envers les experts, et les rôles intéressés dont on accuse parfois ceux-ci. Pas étonnant que quiconque a un brin de paranoïa trouve de quoi justifier n’importe quoi. On est tout de même très loin en général de <a href="http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/TimeCube">TimeCube</a>. </em></p>
<p><em>Mes sites préférés dans la guerre contre la crédulité humaine : dans le genre dézingage sans pitié, <a href="http://www.nioutaik.fr/">Nioutaik</a> (voir notamment le massacre de la </em><a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/02/26/640-la-revelation-des-pyramides-le-documentaire-en-mousse">Révélation des pyramides</a><em> ou des <a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/01/08/634-les-theories-du-complot-du-11-septembre-cest-vraiment-nimporte-quoi">complots du 11 septembre</a>), et, dans un registre plus sérieux et structuré, l’<a href="http://www.zetetique.fr/">Observatoire zététique</a> et <a href="http://www.skeptic.com/" hreflang="en">Skeptic</a>. </em></p>
<p><em>Je reste aussi d’avis que l’incompétence et le j’m’en-foutisme intrinsèques à toute grande organisation, la sous-estimation des capacités de nos ancêtres et de leur nombre, la recherche immédiate du profit, l’ignorance par le grand public des règles les plus basiques des maths, de l’histoire, ou de la science (niveau Renaissance)... expliquent tout bien mieux que d’hypothétiques complots internationaux à grande échelle. </em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Vus les plumes sur les fossiles, les premiers oiseaux avaient sans doute quatre ailes. Gênant pour marcher.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un des objectifs du <a href="http://www.sante.gouv.fr/deuxieme-plan-national-sante-environnement-pnse2-2009-2013.html">Deuxième Plan national santé environnement</a> : réduire de 30% d’ici 2015 les particules fines (cancérogènes) émises par le chauffage au bois (foyers ouverts), ou les transports. (<em>Encore une pierre dans le jardin du diesel...</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Tous les animaux, apparemment, dorment, même la drosophile. En fait, on ne sait pas vraiment à quoi sert originellement le sommeil.</li>
</ul>
<ul>
<li>De la cosmologie théorique un peu planante : les « <strong>étoiles noires</strong> », créées au tout début de l’univers par la matière ordinaire et des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neutralino">neutralinos</a>. Ces derniers, dont l’existence sortie de modèles mathématiques reste à prouver, constitueraient peut-être la fameuse <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_noire">matière noire</a> mal définie qui constitue 90% de la masse de l’univers. Les premières générations d’étoiles auraient utilisé l’énergie due aux désintégrations entre neutralinos pour se constituer (le neutralino est sa propre antiparticule : quand deux se rencontrent, ils deviennent photons), ce qui leur aurait permis d’atteindre des masses de millions de masses solaires, et d’expliquer ainsi l'existence de trous noirs supermassifs. Et ceci avec le minimum d’hypothèses sur la nature de matière noire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>« Le Gulf Stream : tempère-t-il vraiment l’hiver européen ? »</strong> : Le titre donne dans le sensationnalisme (le Gulf Stream n’expliquait-il pas que les Bordelais aient un climat bien plus clément que les New-Yorkais ? on nous aurait menti ?) mais l'article est plus prudent. Si les calculs et modèles récents donnent une certaine importance aux vents, l'eau reste un bien meilleur vecteur de la chaleur que l’atmosphère, et le Gulf Stream continuera probablement longtemps à faire partie de la cellule de convection géante qui amène la chaleur des tropiques aux zones tempérées. Des balises ont été jetées à la mer et des modèles calculent pour compléter cela les prochaines années.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les fanatiques de mécanique des fluides s’amuseront avec l'article sur la natation humaine. (<em>Moi j’y ai toujours été allergique. À la natation comme à la méca-flux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Une équipe japonaise cultive des rétines artificielles à partir de cellules souches. Au mieux, cela rendra une vision de quelques dizaines de pixels à des aveugles, rien de transcendant. Mais dans le futur ?</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article sur l’instinct maternel sous la IIIè République fascine par son machisme et les raccourcis avec les observations dans la nature : soit les femmes sont admirables par leur instinct maternel (vision dominante), et donc destinées à rester au foyer, sans qu’on les fatigue trop par des efforts cérébraux ; soit elles sont mues par cet instinct par pur égoïsme. L’impact sur les luttes politiques de l’époque fascine.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je bosse à présent sur du Microsoft, c’est dire. (<strong>2016</strong> : il semble qu’<a href="https://www.postgresql.org/" hreflang="en">un autre monde</a> soit possible.)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/737« Pour la Science » de Janvier 2013 : Mer morte, loup domestiqué, monde continu ou discreturn:md5:e11ad857d68921787c0821850e5cfcf22013-03-16T00:00:00+01:002016-04-26T12:17:12+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieauto-organisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecynismegénéalogiegéologieintelligence artificiellelanguesmathématiquesperspectivesciencescience-fictionsignifiéspéculationsurréalismetempsuniversvirtuelécologieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieénergieévolution <p>À chaque fois que je lis mon magazine préféré, je me dis que je vais essayer d’économiser le temps de chroniquer celui-ci. Et paf, ça ne rate jamais, il <em>faut</em> que je me souvienne de certains articles, donc que je les résume ici. C’est parti, <em>commentaires personnels comme d’habitude en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_423_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Sigma de un n sur deux » est plus parlant pour un mathématicien que « la somme des inverses des carrés des nombres entiers. » De même, des mots comme « ontologie » ou « keynésien » permettent de ne pas se laisser submerger à nouveau par tous les détails et d’avancer un peu plus loin. « L’étrange besoin qu’a l’esprit de court-circuiter les détails d’une étape pour pouvoir s’appuyer sur celle-ci confère aux abréviations une étrange puissance créatrice. »<br /><em>Parallèle à faire avec les fonctions et autres routines en informatique ; ou une documentation souvent inutile quand elle reprend ce qui est déjà noté clairement en code informatique.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour passer pour un oracle, il ne faut pas être nuancé et capable de changer d’avis, mais carré, inflexible et inébranlable, et on vous écoutera. « Le monde n’écoute que les sourds. »<br /><em>Éternel dilemme entre les principes et le réalisme. Pour que les réalistes ne bradent pas trop les principes, ne faut-il pas quelques têtes de mules qui leur rappellent ?</em></li>
</ul>
<h3>Le monde est-il discret ou continu ?</h3>
<p>Grave question non résolue, au confluent de la philosophie, des plus audacieuses théories de physique théorique, du <em>Jeu de la vie</em>, de la physique quantique et de <em>Matrix</em>.</p>
<p>Le discret est à la mode à notre époque, et la théorie des quanta (paquets d’énergie aux quantités bien définies, et non continues) semble le justifier. Cependant, <a href="http://www.damtp.cam.ac.uk/user/tong/bio.html">David Tong</a> rappelle que ces quantas ne sont, par un « tour de magie mathématique », que des solutions à l’équation de Shrödinger qui, elle, suppose un espace continu.</p>
<p>D’ailleurs en physique théorique fondamentale, il n’y a même pas vraiment de particules, juste des champs.</p>
<p>En conséquence, le <em>seul</em> entier fondamental de toute nos théories physiques est 1, nombre de dimensions temporelles. En effet il n’est pas certain que le nombre de dimensions d’espace soit simplement 3 si l’espace est fractal (dimension non entière). Et le nombre de sortes de quarks (6) ou autres particules n’est qu’une conséquence des équations des champs. (<em>Le concept de dimensions temporelles plurielles me laisse rêveur, mais il paraît que les théories seraient alors incohérentes.</em>)</p>
<p>Plus pratiquement, aucune simulation numérique ne semble réalisable pour certains phénomènes chiraux en chromodynamique quantique : ils seraient fondamentalement non discrétisables.</p>
<p><em>Moralité : si nous sommes dans la Matrice, elle est analogique.</em></p>
<h3>Du loup au chien</h3>
<p>Le chien descend des loups domestiqués il y a au bas mot 30 000 ans, soit nettement plus tôt que tous les autres animaux domestiques (10 000 ans au plus). Les premiers louveteaux auraient pu être allaités par des femmes, comme cela se voyait encore récemment en Papouasie. Par nature social, un jeune loup se considère alors comme membre d’une horde d’humains. C’est en fait logique : le loup occupait la même place écologique que nous avant le Néolithique : prédateur en meute et sociologiquement, c’est donc déjà l’animal le plus proche de nous.</p>
<p>Sélection artificielle aidant, nous aurions alors obtenu cet animal artificiel, très dépendant de nous, loup éternellement adolescent, qu’est le chien.</p>
<p>La définition du chien en tant qu’espèce est d’ailleurs un exemple du flou sur la notion même d’espèce, car la variabilité entre espèces canines est plus grande que la distance avec le loup. Quant à l’apparence, elle ne veut rien dire (le pékinois est plus proche du loup que le berger allemand !). Espèce à part ou sous-espèce de <em>Canis lupus</em> ?</p>
<p>Un passage laisse songeur : grâce au chien, doté d’un odorat et d’une endurance plus performants bien supérieurs, la chasse de nos ancêtres a été bien plus efficace. Peut-être le chien a-t-il été un atout majeur d’<em>Homo sapiens</em> dans la lutte contre Neandertal, lequel, justement, a disparu peu après cette domestication...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><strong>La Mer Morte se meurt</strong> (<em>je sais que les zombies sont à la mode, mais là ça devient zarb’</em>) : les eaux du Jourdain sont massivement détournées par les pays riverains, le niveau baisse d’un mètre par an (<em>!!!</em>), provoquant d’impressionnants et dangereux effondrements circulaires près des rivages. Un projet d’aquaduc depuis la Mer Rouge existe (c’est la saumure résultant du dessalement de l’eau qui approvisionnerait la Mer Morte), les études sont en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour un père qui veut diffuser ses gènes, il vaut mieux s’occuper de ses neveux (par sa sœur) que de ses propres enfants (supposés) si le taux d’infidélité dépasse 50%. <br /><em>J’adore quand on croise probas, génétique, et morale.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait à présent mesurer la température d’un plasma quarks-gluons (environ 2 000 milliards de degrés, pendant 10<sup>-23</sup> s). <br /><em>Non je n’ai compris ni la technique, ni l’utilité immédiate, ni même ce que l’on mesurait.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait détecté à une centaine d’années-lumière une <strong>planète errante</strong>, éjectée de son système solaire. <br /><em>Des étapes sur la route des étoiles ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Évaluation entre experts au sein de l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche</strong> : plutôt que la nomination en cascade depuis le sommet (politique), ou des critères de « performances » vite générateurs de cercles vicieux, <a href="http://lem.vjf.cnrs.fr/spip.php?article91">Philippe Büttgen</a> propose purement et simplement... l’élection par les pairs. Transparence n’est pas confiance, et ça se passe bien en Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une usine à gaz en préparation au Parlement vise à <strong>moduler le prix de l’électricité</strong> en fonction de la consommation : -20% sur la facture en dessous d’un quota de base, +10% pour ce qui en dépasse le double. <a href="http://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2012/03/12-03-CV-Boris-Solier.pdf">Boris Solier</a> accuse ce système d’être contre-productif, comme cela a été le cas en Californie : le prix moyen, plus bas pour certains, mènera à une hausse de leur consommation, et en général lors des pics. Ensuite, on ne consomme pas moins quand on est pauvre et plus quand on est riche : les gens modestes ont du mal à faire isoler leur logement. Autant aider la rénovation. Enfin, la mise en œuvre sera complexe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pas d’addiction au sucre</strong> : dans les définitions officielles des psychiatres, l’addiction suppose plusieurs critères, dont un conflit entre un désir d’arrêter une consommation, et le désir impérieux de continuer à en consommer, et plus que de raison. On ne pourra donc parler d’addiction au sucre que lorsque la pression sociale sera telle que les gens <em>voudront</em> arrêter le sucre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Australopithecus sediba</em></strong>, découvert en Afrique du Sud, serait-il le véritable ancêtre des <em>Homo erectus</em> (et donc le nôtre) ? Une grotte a livré deux squelettes assez complets, événement très rare, et promet déjà d’autres belles découvertes pour trancher le débat. L’arbre généalogique de l’homme reste dans le détail très discuté.<br /><em>J’ai même l’impression qu’ils y rajoutent une nouvelle espèce tous les 3-4 ans : </em>Homo antecessor<em>, </em>Homo heidelbergensis<em>...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique de Jean-Paul Delahaye s’étend sur <strong>ces jeux sérieux qui utilisent l’intelligence humaine</strong> de manière massivement parallèle pour des problèmes (encore) inaccessibles aux ordinateurs, par exemple <a href="http://www.galaxyzoo.org/" hreflang="en">Galaxy Zoo</a>, ou <a href="http://fold.it/portal/" hreflang="en">FoldIt</a>, quand ce n’est pas <a href="http://www.google.com/recaptcha" hreflang="en">reCAPTCHA</a> pour numériser des livres.</li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique Science-Fiction détaille l’anatomie de la bestiole d’<em>Alien</em>, et montre que c’est un condensé de toutes nos peurs animales (reptile, insecte, arachnide...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Et la rubrique artistique montre que, <strong>géologiquement, le monde de J.R.R. Tolkien est cohérent</strong>. On a même les frontières des plaques tectoniques.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Janvier-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/734“I once met a man...”urn:md5:e138f104474c9ffa6dee856c34c353852012-08-30T00:00:00+02:002016-01-22T15:25:18+01:00ChristopheCitationscitationcivilisationcommunicationcoup bascynismedommageparadoxepessimismeprovocationpsychologie <blockquote><p>“I once met a man who had forgiven an injury. I hope some day to meet the man who has forgiven an insult.”<br /> <br /><em>« J'ai un jour rencontré un homme qui avait pardonné une blessure.<br /> J'espère un jour rencontrer l’homme qui aura pardonné une injure. »</em><br /> <br /><em>Charles Buxton (1823-1871), parlementaire britannique </em></p></blockquote>
<p>Noter la différence de sens entre « injure » et <em>injury</em>, le latin originel <em><a href="http://www.dicolatin.fr/FR/LAK/0/INJURIA/index.htm">injuria</a></em> semblant mélanger les deux sens. J’adore ces glissements sémantiques.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/I-once-met-a-man#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/707Verbiage de développeururn:md5:32b9eb8654fcb7eacb5a51ed80b249752012-01-29T19:39:00+01:002017-10-12T12:24:12+02:00ChristopheInformatique : l’art du développementabominationanalogieapocalypseautoréférencebon sensbugcataclysmecatastrophechaoscommunicationcomplexitécoup basculturecynismedommagedysfonctionnementdéterminismedéveloppementenseignementexaptationgaspillagehumourMurphymèmeoh le beau cas !optimisationparanoïaperfectionnismeprise de têtesabotagesurréalismeténacitééconomie de l’attentionévolution <p>Je suis tombé <a href="http://www.dodgycoder.net/2011/11/yoda-conditions-pokemon-exception.html" hreflang="en">là-dessus</a> il y a peu, je m’en vais traduire, trahir, compléter, mettre à ma sauce le meilleur de ce verbiage humoristique de développeur humoristique plein de sagesse, que pour être franc je n’ai pas vu beaucoup en francophonie :</p>
<ul>
<li><strong>Condition Yoda</strong> : condition de la forme <code>if (4 == mavariable)</code> au lieu de l’instinctif <code>if (mavariable == 4)</code>. Utile par exemple en C pour parer à certaines failles de sécurité, ou pour ma part (les quelques heures par décennie où je fais du C) à parer au fait que ce ☁#!☠☢☭⚡<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Verbiage-de-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> de langage utilise le tout simple symbole <code>=</code> pour l’affectation et surtout l’autorise en plein milieu d’une condition.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Gestion d’exception à la Pokémon</strong> : elle est du genre :</li>
</ul>
<blockquote><p><code>try<br />{<br /> // fait quelque chose<br />}<br />catch<br />{<br /> // attrape les tous <br />}</code></p></blockquote>
<p>alors qu’un principe de la gestion des erreurs est de ne pas chercher à gérer une exception dont on ne sait pas quoi faire. Si c’est pour loguer et sortir proprement du programme je comprends encore. Le pire consiste à tout mettre sous le tapis, comme l’ont fait certains Indiens vendus par un très grand éditeur là où j’ai presté il y a plus d’un lustre (c’est du PL/SQL) :</p>
<blockquote><p><code>BEGIN<br /> -- fait quelque chose impliquant des INSERT et UPDATE dans les tables<br />EXCEPTION<br /> WHEN OTHERS THEN <br />NULL ; -- ignore tout problème et méprise le concept de transaction<br />END ; </code></p></blockquote>
<ul>
<li><strong>Ne faites jamais confiance à un développeur en costard-cravate</strong> : disons qu’il a le droit de porter cravate le premier jour, le temps de savoir où il tombe, surtout s’il est dans le service, ou sur ordre. Certains diront qu’un vrai développeur n’ira jamais travailler dans une banque, mais il n’y a pas de place chez Google pour tout le monde, et certains préfèrent avoir un salaire pour payer leur famille que de ne vivre qu’en <em>start-ups</em>.</li>
</ul>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/97/Assassin_bug_aug08_02.jpg/320px-Assassin_bug_aug08_02.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li><strong>Les rapports de bugs issus d’utilisateurs non informaticiens</strong> constituent une des plaies du métier. Tout le monde n’a pas compris (même quand on lui explique) que dire « ça ne marche pas » ne constitue en aucune manière une information susceptible de mener à la résolution d’un problème. C’est aussi valable pour une voiture : ce qui ne se constate pas de manière flagrante en quinze secondes d’essai n’est pas un problème facile à trouver. Et encore, tout le monde sait utiliser une voiture de la même manière. Un informaticien non spécialiste d’un domaine ne verra pas que ce taux d’exécution budgétaire de 32% en décembre est farfelu ; dites-lui que ce doit être plus de 90% et il sera déjà mieux armé pour trouver le problème.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><strong>Smug report</strong></em> (« bug vantard » ?) : bug soumis par un utilisateur qui croit mieux connaître le système que son concepteur, avec des pistes sur la cause du problème, pistes d’autant plus fausses qu’elles sont affirmatives. J’ajouterai que certains utilisateurs sont champions pour faire un lien entre deux événements sans rapport, du genre d’un plantage d’imprimante qui aurait provoqué une erreur dans le logiciel de planification.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Drug report</em></strong> (« rapport de drogue ») : rapport de bug incompréhensible, apparemment rédigé sous acide.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Bug de Fermat</strong> : le rapport de bug contient un commentaire indiquant que la solution a été trouvée, en n’indiquant en rien quelle est sa nature. Très fréquent dans les forums internet.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Contre-bug</strong> : bug présent comme défense contre un bug que l’on vous présente. Utile dans les guéguerres entre équipes ou (pire) entre fournisseurs. <br />« Votre logiciel de compta rame, on pourra pas faire la paye !<br />- Ah désolé ma p’tite dame, c’est un bug connu de votre version de votre base Oracle, rappelez-nous quand vous aurez patché. »</li>
</ul>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a4/Red_bug.svg/200px-Red_bug.svg.png" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li><strong>Bug flottant</strong> : bug surnageant dans l’outil de suivi, jamais assigné, ou refilé de personne à personne. Il y a un contournement efficace, le correctif est flou, délicat, trop long, fastidieux, sans intérêt, ou touche à trop de domaines différents avec trop de risques d’explosion par la suite… Bref, ce bug a de bonnes chances d’être ignoré, puis explicitement filtré pour ne pas polluer les tableaux des responsables de projets, donc de rester des années dans le logiciel jusqu’à ce que tout le monde considère qu’il s’agit du fonctionnement normal.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Heisenbug</strong> (mon préféré) : bug qui change quand l’observe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Schrödinbug</strong> : comme le <a href="http://www.astronoo.com/articles/chatDeSchrodinger.html">chat de Schrödinger</a>, le bug oscille entre l’existence et la non-existence (le résultat du programme est souvent correct) jusqu’à ce qu’un développeur inconscient soulève le capot et regarde. Le bug devient alors permanent.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Bug de Higgs</strong> : bug dont l’existence n’est suggérée que par quelques entrées dans les logs et de vagues mentions anecdotiques. Impossible à reproduire sur une machine de dév’ car en fait on ne sait pas trop ce qui se passe. Pour le débuguer il faudra investir dans des systèmes de surveillance très lourds.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Bug du Loch Ness</strong> : bug qui n'a été rapporté que par une seule personne.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Hindenbug</strong> : bug d’ampleur catastrophique, du genre qui fait crasher en flamme tout le projet.</li>
</ul>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/84/Hindenburg_burning.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li><strong>Bug OVNI</strong> : bug reporté encore et encore par des clients à qui l’ont a pourtant montré qu’il n’existe pas.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Mandelbug</strong> : bug tellement complexe que son occurrence ne semble pas déterministe, c’est-à-dire chaotique.</li>
</ul>
<p><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Mandel_zoom_07_satellite.jpg/320px-Mandel_zoom_07_satellite.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li><strong>Bug d’apprenti sorcier</strong> : bug (en général dans un protocole de communication, une boucle…) menant à la génération de nouveaux messages, objets buggés, qui eux-mêmes en génèrent d’autres… menant ainsi soit à l’invasion de l’univers par les bugs, ou plus probablement, les ressources informatiques ou autres étant finies, à l’effondrement du système du bug.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Bug Excalibur</strong> : le bug que tout le monde a essayé de corriger, en vain jusqu’ici.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Bug vital</strong> : les utilisateurs considèrent que le bug fait partie du fonctionnement normal du logiciel, voire basent une partie de leur fonctionnement dessus. Ils refuseront que cela change même si on leur montre qu’ils font n’importe quoi ou que le bug est une faille de sécurité béante.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Fonctionnalité</strong> : <em>It’s not a bug, it’s feature</em>, selon Microsoft, ou plutôt (<a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/it’s_not_a_bug,_it’s_a_feature">selon Apple dès 1979</a>) un « bug décrit par le marketing ».</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Refucktoring</strong> : retravailler un code peu maintenable mais fonctionnel pour le massacrer complètement et y introduire plein de bugs. En général le code n’en sortira pas plus maintenable, mais bien plus boursouflé et moins fonctionnel.</li>
</ul>
<p>À propos des différents types de code que l’on peut rencontrer (parce que le code informatique est à peine moins marqué que la littérature par les questions de style) :</p>
<ul>
<li><strong>Code spaghetti</strong> : tellement plein de <code>GOTO</code>s, d’exceptions, de <em>threads</em>… et autres branchements non structurés, que suivre le déroulement de ce code est aussi fastidieux que de démêler un spaghetti dans une assiette pleine.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code spaghetti avec des boulettes de viande</strong> : comme précédemment, avec des morceaux de tentative de structuration.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code baklava</strong> ou <strong>code lasagne</strong> : du code avec beaucoup (trop) de couches d’abstraction empilées. Je dirais que N développeurs produiront souvent N couches de code.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code ravioli</strong> : code objet consistant en un petit nombre d’objets faiblement liés (en soi, une bonne chose).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code andouillette</strong> : code qui pue et dont on ne veut pas connaître la composition.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Château de carte</strong> : touchez une chose, tout s’effondre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Hydre</strong> : chaque correction de bug en engendre deux autres.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code balafré</strong> : plein de cicatrices à cause de toutes les rustines qu’on y a appliqué.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code mort</strong> : toujours là mais commenté, ou (pire) jamais appelé.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Assurance contre le licenciement</strong> : code tellement obscur et bardé d’historique que la personne chargée de la maintenance a l’assurance de ne jamais être virée. Les effets pervers sont : l’impossibilité de changer de boulot et donc de monter dans la hiérarchie pour la même raison ; et le risque que la mise à la retraite du logiciel implique le licenciement immédiat du mainteneur qui ne servait plus qu’à ça et n’a pas suivi la montée en compétence de ses collègues.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Ghetto</strong> : partie du logiciel où personne ne va, avec ses lois obscures, et qui doit faire des choses pas catholiques, mais qui ne gêne pas le reste.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Code copier-coller</strong> : code de débutant qui n’a pas compris le concept de fonction ou de procédure, bref de réutilisation.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Palimpseste</strong> : comme les parchemins du Moyen Âge, un code avec beaucoup d’historique révèle en creux bien des pans de son histoire, par exemple des tailles maximales de certaines informations ou certaines structures de données liées à des contraintes sur des applications depuis longtemps oubliées.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Développement défensif</strong> : manière de programmer consistant à considérer que <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">Murphy</a> s’attaquera activement au logiciel, ce qui mène à ne considérer aucune entrée comme sûre, à tout retester, etc. Pas forcément un mal dans certains milieux où la paranoïa est reine : médical, aéronautique...</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Protoduction</strong> : prototype que l’on teste directement en production. Pas forcément un mal, parfois le seul moyen de tester même, quand on en est conscient. Catastrophe annoncée si les <em>managers</em> ont imposé qu’une maquette soit promue en prod’ sans même que le développeur en soit informé (évidemment, la responsabilité de tout problème lui retombera dessus).</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Verbiage-de-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Vous saviez qu’il y avait tous ces symboles dans Unicode ? Je viens de découvrir (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Table_des_caractères_Unicode/U2600">merci Wikipédia</a>).</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Verbiage-de-d%C3%A9veloppeur#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/674Nestlé m’énerveurn:md5:b3fc298b4e7f02a0ca33df12508662d12011-12-09T16:51:00+01:002015-10-01T10:28:09+02:00ChristopheGuerre au marketingabominationaddictionanticonsumérismebon senscommunicationcoup bascynismediscriminationdommagedysfonctionnementdéshumanisationemmerdeursenfantsfichagefoutage de gueulehainemicroéconomieoh le beau cas !paranoïapeine de mortpessimismepouvoir d’acheterprovocationprécisionpériméquêteécologieéconomie <p>Bon, c’est pas nouveau, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/Petits-pots-pour-bébé">j’avais déjà été écœuré par la composition d’un de leurs petits pots pour bébé</a>.</p>
<p>Cette fois c’est à propos de Babivanille, une poudre aux céréales à rajouter dans le lait pour pousser la petite à finir son bib’ du matin quand elle chercherait plutôt à aller jouer, bouquiner ou à se rabattre sur le mélange de jus d’orange, pomme et carottes.</p>
<p>Composition : 3/4 de céréales, un peu de sucre (on a vu pire), des vitamines… et un truc qui fait tache : « huiles végétales »</p>
<p>En général, quand un fabricant indique pudiquement ça, c’est pour dire que ce n’est pas du beurre, et pour éviter de dire que c’est de l’<a href="http://forums.futura-sciences.com/sante-medecine-generale/134779-huile-de-palme-danger-sante-cauchemar-ecologique.html">huile de palme, dont la réputation est catastrophique</a>, pour des raisons aussi bien écologiques (déforestation) que nutritionnelles.</p>
<p>Je me dis que je vais la jouer naïve en posant direct la question sur leur site web, bebe.nestle.fr. Déjà je ne m’y sens pas à l’aise, la cible est clairement féminine, il semble qu’il ne soit pas arrivé au cerveau de tout le monde que Monsieur de nos jours est censé s’intéresser autant aux mômes que leur mère. Mais les marketeux qui commandent ces sites ciblent uniquement ceux qui les consultent principalement, le militantisme ils s’en fichent. Bref.</p>
<p><a href="http://www.bebe.nestle.fr/FR/Products/ProductCatalog/PetitsDejeuners/Pages/babivanille-400g.aspx">Rien sur la composition sur la page dédiée au produit</a>, ils disent juste que c’est 38% moins sucré que les poudres classiques. S’ils comparent à leur propre Nesquik <a href="http://www.nestleprofessional.com/france/fr/BrandsAndProducts/Brands/NESQUIK/Pages/NESQUIK_Plus_Boite.aspx">dont le sucre est le premier ingrédient</a>, il n’y a pas de quoi se vanter. En tout cas pas un mot sur l’huile végétale.</p>
<p>Le seul bouton que je vois pour poser une question est un « Nous contacter » tout en bas. Je clique ensuite sur « Contactez-nous en ligne». S’ensuit une page qui me demande mon email. Très bien… ah mais non, c’est pour m’inscrire à leur site ! Par curiosité et peut-être masochisme, je clique sur « Pourquoi m’inscrire ? ». En réponse on veut savoir les dates de naissance de mes bébés ! Et aussi si je veux être averti<strong><ins>e</ins></strong> (je suis clairement pas le bienvenu !) de diverses offres promotionnelles.</p>
<p>J’en suis resté là. De toute façon <a href="http://www.coradrive.fr/moulinslesmetz/tous-les-rayons/bebes/aliments-sucres-sales/petit-dejeuner/article/11170/nestle-ptit-dejeuner-babivanille-poudre-400g.html">la composition est sur le web en fouillant un peu</a>, et il y a bien de la palme.</p>
<p>Y a pas de raison que mon avis change sur Nestlé, qui a tout de la grosse multinationale tête à claques qui aurait dû être dissoute après le scandale du lait en poudre lourdement promu dans les années 1970 à des Africains loin d’avoir tous sous la main l’eau saine adéquate. Ça semble continuer encore, <a href="http://www.suisse.attac.org/IMG/pdf/Nestle_le_dossier_noir.pdf">Attac a tout un dossier à charge sur eux</a>. Mais pas facile de boycotter ce monstre, <a href="http://www.ledetracteur.com/scandale-nestle-boycott/">ils sont partout</a> (diantre, même les <em>After Eight !</em>).</p>
<p>Et puis surtout <a href="http://groquik.zemax.net/">ils ont tué Groquik</a>, et ça ceux de ma génération ne pourront pas le pardonner.</p>
<p>Je me demande s’il y a un équivalent au magasin bio du coin, ou si elle peut se passer de ça. J’ai bien réussi à me sevrer du Nesquik après une remarque de mon médecin sur mon taux de cholestérol :-)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nestl%C3%A9-m-%C3%A9nerve#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/669Extrait de mes signatures automatiques : développement informatique (3)urn:md5:dcdbe95f103f3fc2d4a96a2cc83d662c2011-08-14T15:46:00+00:002015-09-04T11:55:35+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementabominationargentauto-organisationbase de donnéesbugcitationcomplexitéculturecynismedysfonctionnementdéveloppementexpertisefoutage de gueulegaspillageinformatiquelivres lusoh le beau cas !optimisationouverture d’espritpanurgismeperfectionnismeprise de têteSSIItravailéconomie de l’attentionéducationémerveillement <p>Les traductions sont de ma pomme ; les suggestions sont les bienvenues.</p>
<blockquote><p><em><strong>creationism</strong> n. : The (false) belief that large, innovative software designs can be completely specified in advance and then painlessly magicked out of the void by the normal efforts of a team of normally talented programmers.</em><br /> <br /><em> In fact, experience has shown repeatedly that good designs arise only from evolutionary, exploratory interaction between one (or at most a small handful of) exceptionally able designer(s) and an active user population -- and that the first try at a big new idea is always wrong. Unfortunately, because these truths don't fit the planning models beloved of management, they are generally ignored.</em><br /> <br /><strong>créationisme</strong> m. : La croyance (fausse) que de nouveaux logiciels grands et innovants puissent être spécifiés complètement à l’avance et créés <em>ex nihilo</em> automagiquement par le travail normal de développeurs normalement talentueux.<br /> <br />En fait, l’expérience a montré de manière répétée qu’une bonne conception naît d’une interaction exploratoire et évolutive entre un (au plus une poignée) de concepteurs exceptionnellement capables, et une population d’utilisateurs actifs - et que le premier essai d’une nouvelle grande idée est toujours une erreur. Malheureusement, comme ces vérités n’entrent pas les modèles de planification chéris du <em>management</em>, elles sont généralement ignorées.)<br /> <br /><a href="http://www.ccil.org/jargon/jargon_18.html#SEC25" hreflang="en">Hacker's dictionary</a></p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>(...)one of my colleagues took over maintenance of a system which included a date library. The dates and times were treated as floating-point, leading to much conversion and adjustinging. Eg. 12:30 was 12.30, so when adding 40 minutes getting 12.70, and then adjusting that to 13.10, No input validation was done. My colleague tried cleaning that up, but then got complaints from the users. They had discovered the "features" and were now using eg: January -6th meaning december 24th the previous year.</em><br /><em>My colleague had to remove the input validation again and keep the features.</em><br /> <br /> Un de mes collègues avait repris la maintenance d’un système qui comprenait une bibliothèque de gestion des dates. Dates et heures étaient traitées comme des décimaux, ce qui menait à nombre de conversions et d’ajustements. par exemple 12h30 était en fait 12,30, donc ajouter 40 minutes donnait 12,70, à ajuster à 13h10. Aucune validation des entrées n’était faite. Mon collègue tenta de nettoyer tout ça, mais reçut des plaintes des utilisateurs. Ils avaient découvert cette « fonctionnalité » et utilisaient par exemple le -6 janvier pour signifier le 24 décembre de l’année d’avant.<br />Mon collègue dut supprimer ses contrôles et garder la fonctionnalité.<br /> <br />isj, <a href="http://ask.slashdot.org/article.pl?sid=07/03/30/0116246" hreflang="en">Slashdot.org, 30 mars 2007</a></p></blockquote>
<p>En fait, l’évolution darwinienne fonctionne aussi comme ça, la nageoire-pagaie étant utilisée finalement comme patte, Ce qui ne veut pas dire que l’on doit tolérer des aberrations de la part des utilisateurs, ceux-ci doivent être remis au pas et se voir offrir la même fonctionnalité sous une forme moins tourmentée.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>Any app that doesn’t need to be rewritten hasn't grown sufficiently beyond its original intent.</em><br /> <br />Une application qui n’a pas besoin d’être réécrite n’a pas suffisamment grandi en-dehors de son cadre d’origine.<br /> <br />Jesse Litton, 1990</p></blockquote>
<p>Qu’une application se retrouve à faire tout et n’importe quoi est le signe du succès. Que les concepteurs renoncent à la tentation de la faire grossir jusqu’à l’indicible est une qualité rare.</p>
<hr />
<blockquote><p>- Commit du soir, espoir.<br />- Build du matin, chagrin.<br /> <br />#linuxfr</p></blockquote>
<p>Ne jamais faire un « dernier truc avant de partir » : soit on ne teste pas et le lendemain on pleure, soit on le teste et au lieu de 18h on sort à 20h50.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>If you start explaining the bug to someone, there’s a good chance in mid-explanation you’ll realize a solution to the problem. Some school (can’t remember which) had a Teddy Bear in their programming consulting office... There was a sign. "Explain it to the bear first, before you talk to a human". Silly as it sounds, people would do it, and a large portion of the time they’d never actually have to consult the staff... by explaining it to the bear, they solved the problem.</em><br /> <br />Si vous commencez à décrire un bug à quelqu’un, il y a une bonne chance qu’au milieu de l’explication vous découvriez la solution au problème. Une école (peux pas me rappeler laquelle) avait un ours en peluche dans leur bureau de conseil informatique... Il y avait un panneau : « Racontez-le à l’ours avant de parler à un humain. » Aussi stupide que cela semble, les gens le faisaient, et une bonne partie du temps ils n’avaient plus besoin de demander conseil à l’équipe... En l’expliquant à l’ours, ils résolvaient le problème.<br /> <br />deanj, <a href="http://books.slashdot.org/comments.pl?sid=97712&cid=8377060" hreflang="en">Slashdot.org, 24 février 2004</a></p></blockquote>
<p>Une question bien posée est à moitié résolue.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>I worked on a new development project a while back and we decided to try XP [eXtreme Programming] for the design and development cycle. Another project in the same department started at about the same time and used Rational Rose and produced a lot of UML design specs up front. We had part of our application up and running to the users satisfaction within 3 months, but then ran into a major design oversight that bogged us down for the next 3 months. The other project didn't start to program for 2 months and didn't have anything really to show the customer after 6 months. In the end both projects were killed.<br /> The moral: There are no magic bullets.</em><br /> <br />Je travaillais sur un nouveau développement il y a quelques temps et nous avions décidé d’essayer XP [<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extreme_programming" hreflang="en">eXtreme Programming</a>] pour la conception et le cycle de développement. Un autre projet du même département démarra à peu près au même moment, utilisait Rational Rose et produisit beaucoup de schémas UML d’entrée. Nous avions des parties de notre application en fonctionnement à la satisfaction des utilisateurs dans les 3 mois, mais avons trouvé un énorme oubli à la conception qui nous bloqua les 3 mois suivants. L’autre projet ne commença pas à programmer avant 2 mois et n’avait rien à montrer au client après 6 mois. Finalement les deux projets furent tués.<br />Moralité : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Balle_en_argent">il n’y a pas de balle en argent</a>.<br /> <br />smallfeet, Slashdot.org, 12 avril 2004</p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>Software QA is like cleaning my cat's litter box: Sift out the big chunks. Stir in the rest. Hope it doesn't stink.</em> <br /> <br />La qualité logicielle, c’est comme nettoyer la litière de mon chat. Enlever les gros morceaux. Mélanger le reste. Espérer que ça ne pue pas.<br /> <br />DaveAtFraud, Slashdot.org, 2004</p></blockquote>
<p>Ajoutons que le classeur Excel aux métriques absconses destiné à vérifier la qualité du soft doit impérativement montrer que tout va bien.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>One of the funniest and scariest things I’ve ever heard in my life:</em><br />(extreme anger) "<em>GOD DAMNIT VISUAL C IS A FUCKING PIECE OF SHIT! IT ONLY ALLOWS 16384 LOCAL VARIABLES!!!!</em>"<br /> <br />Une des choses les plus marrantes et effrayantes que j’ai entendues de ma vie : <br />(fureur extrême) « FOUTREDIEU VISUAL C EST UNE MERDE PUANTE ! IL NE PERMET QUE 16384 VARIABLES LOCALES !!!! »<br /> <br />Monkelectric, Slashdot.org, 31 mars 2004</p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>Every time I’m tempted to start micro-optimizing, I remind myself of the following three simple rules:</em><br /><em>1) Don’t.</em><br /><em>2) If you feel tempted to violate rule 1, at least wait until you've finished writing the program.</em><br /><em>3) Non-trivial programs are never finished.</em><br /> <br />Chaque fois que je suis tenté de micro-optimiser, je me rappelle les trois simples règles suivantes :<br />1) Ne le faites pas.<br />2) Si vous êtes tenté de violer la règle 1, attendez au moins d’avoir fini le programme.<br />3) Les programmes non triviaux ne sont jamais finis.<br /> <br />Frequency Domain, Slashdot.org, 06 mai 2004</p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>Can darwinism work on software bugs ? </em><br /> <br />Le darwinisme fonctionne-t-il sur les bugs logiciels ?<br /> <br />boaworm, Slashdot.org</p></blockquote>
<p>Pour les <em>malwares</em> déjà ça semble fonctionner...</p>
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<blockquote><p><em>Programming trains you for parenting pretty well. The long sleepless nights, the time spent explaining very simple things to really stoopid people, and the ability to tune out the rest of the world all really help when dealing with children.</em><br /> <br />Programmer vous entraîne très bien au rôle de parent. Les longues nuits sans sommeil, le temps passé à expliquer des choses très simples à des gens vraiment stupides, et la capacité à s’abstraire du reste du monde, tout ça aide vraiment à s’occuper d’enfants.<br /> <br />MythoBeast, Slashdot.org, 04 juin 2004</p></blockquote>
<p>S’abstraire du monde, avec des enfants ? Arf !</p>
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<blockquote><p><em>Developer’s Serenity Prayer:</em><br />“<em>God grant me the serenity to leave untested things I cannot test; </em><br /> <em>courage to test the things I can; </em><br /><em> and wisdom to know when to refactor.” </em><br /> <br />Prière de la Sérénité du Développeur :<br />« Que Dieu me donne la sérénité de laisser intestées les choses que je ne peux pas tester ;<br />le courage de tester ce que je peux tester ;<br />et la sagesse de savoir quand refactoriser. »<br /> <br />(Source inconnue)</p></blockquote>
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<blockquote><p><em>Code can never be 100% self documenting,</em><br /><em>but that's no reason not to settle for 0%.</em><br /> <br />Le code ne peut jamais être à 100% auto-documenté,<br />mais ce n’est pas une raison pour accepter 0%.<br /> <br />Trillan, Slashdot.org, 25 février 2005</p></blockquote>
<p>Et 100% c’est sans doute trop car redondant avec ce qu’on peut lire immédiatement dans le code.</p>
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<blockquote><p><em>Software application development comes down to:</em><br /><em> 1. You can have it done fast.</em><br /><em> 2. You can have it done cheap.</em><br /><em> 3. You can have it fully functional</em><br /><em>Now pick 2.</em><br /> <br /><em> Fast and cheap = means using average and inexpensive programmers and is not fully functional</em><br /><em> Fast and fully functional = exceptional programmers and will cost an arm and a leg</em><br /><em> Cheap and fully functional = means it will take a long, long, long, long time for the average and inexpensive programmers to build it</em><br /><em> The timeline for the application, whether you need it tomorrow or can wait a few years, in addition to the budget determines what kind of programmers you can afford and need to hire.</em><br /> <br />Le développement de logiciel se résume à :<br />1) Vous pouvez l’avoir vite fait.<br />2) Vous pouvez l’avoir pour pas cher.<br />3) Vous pouvez l’avoir complètement fonctionnel.<br />Maintenant choisissez deux options.<br /> Rapide et pas cher = signifie des programmeurs moyens et pas chers, et pas complètement fonctionnel<br /> Rapide et fonctionnel = programmeurs exceptionnels et vous coûtera les yeux de la tête<br /> Pas cher et fonctionnel = signifie que ça va prendre un long, long moment à faire pour des programmeurs moyens et pas chers.<br /> La durée de développement de l’application, que vous la vouliez demain ou que vous puissiez attendre quelques années, en plus du budget, détermine quel type de programmeurs vous pouvez vous permettre et que vous devez embaucher.<br /> <br />tokengeekgrrl, Slashdot.org, 03 août 2005</p></blockquote>
<p>Encore faut-il avoir le choix des programmeurs. L’interface par des commerciaux de SSII n’est pas idéale pour ça.</p>
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<blockquote><p><em>I worked for a rather large ISP who (...) switched from a rather large home grown custom database program it had used for years to the corporate Vantive which cost them millions at the time.</em><br /><em>I asked my manager why would they bother doing such a thing when the old program worked just fine. He said “The guy who made the program died and know one knows how to code for it.</em>”<br /><em> I laughed for a moment and then by his blank face realized he wasn’t joking...</em><br /> <br />J’ai travaillé pour un opérateur Internet assez important qui passait d’une base de données maison utilisée pendant des années à <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Vantive" hreflang="en">Vantive</a>, qui coûtait des millions à l’époque.<br />J’ai demandé à mon <em>manager</em> pourquoi ils s’embêtaient à faire ça alors que l’ancien programme marchait bien. Il dit : « Le gars qui a fait le programme est mort et personne ne sait comment programmer ça. » J’ai ri un moment et à son air vide d’expression j’ai réalisé qu’il ne plaisantait pas.<br /> <br />vertinox, Slashdot.org, 21 novembre 2005</p></blockquote>
<p>Personne n’est irremplaceable, personne ne <em>doit</em> être irremplaceable.</p>
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<blockquote><p><em>Being able to do a lot with one line of code or being able to type 50% fewer LOC to do your job has no place in programming today and is, in fact, counter-productive. If you are actually thinking faster than you type when you're programming, you need to think more, not type less!</em><br /> <br />Être capable de faire beaucoup en une seule ligne de code ou de faire votre boulot en tapant 50% de lignes de moins n’a pas de place dans la programmation actuelle et en fait, est contre-productif. Si vous pensez réellement plus vite que vous ne tapez quand vous programmez, vous devez penser plus, pas taper moins !<br /> <br /> bill_kress, Slashdot.org, 14 décembre 2005</p></blockquote>
<p>Réflexion hautement spéculative. La vitesse de frappe d’un code n’est pas la principale limite au développement, c’est sûr. La concision compacte et illisible à la Perl, et autres astuces qui génèrent du code « à lecture seule », sont des abominations que certains défendent encore. Par contre, la vérité est à la fin de la phrase : le développeur doit pouvoir penser plus. <br />Donc le code verbeux parce que la syntaxe est rigide, bien que vite apprise, comme en PL/SQL ou en Pascal, n’est pas gênant – surtout si cela évite des erreurs. Le code verbeux à cause d’un milliard de paramètres à rentrer qui seraient automatisables, non !</p>
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<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/29/510-extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-1">Extraits de mes signatures : le développement informatique (1)</a><br /><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-2">Extraits de mes signatures : le développement informatique (2)</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-3#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/457“The Unix-Haters Handbook” (« Le manuel de haine anti-Unix »)urn:md5:1ebc825b85120dcdae5cbd2b0ba4a9862011-03-27T12:45:00+02:002018-02-10T11:04:52+01:00ChristopheInformatique militante et technologieApplebugcitationcoup bascynismeDebiandinosauresdommagedysfonctionnementdécadencedéveloppementemmerdeursergonomieexpertisefoutage de gueulegaspillageguerre saintehainehumourinformatiqueLinuxlivres luslogiciel librelyrismeMacMacOSMicrosoftmèmemémoireouverture d’espritpanurgismeperfectionnismeperspectivepessimismeprise de têteprovocationprécisionpériméspéculationsécuritéUbuntuuchronieUnixutopievaleurWindowsévolution<p>Résumé et critique-après-coup d’un <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">livre de haine</a> envers ce qui est tout de même devenu quasiment le standard sur quoi se base l’essentiel de l’informatique moderne (hors Windows) : Unix. Rigolo et instructif.</p> <p>(Comme d’hab’, <em>les italiques sont des avis et commentaires personnels, ou des citations en langue non française</em>. Le non-italique tente la fidélité au livre. Les traductions sont personnelles et pas forcément bonnes, je suis preneur de meilleures adaptations, par exemple pour <em>hater</em>. D’ailleurs j’ai plusieurs fois jeté l’éponge. )</p>
<p><em>Certains qui me connaissent auront du mal à croire que j’ai lu ça. Et pourtant.</em></p>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/77/UNIX-HATERS_Handbook_cover_ISBN_1-56884-203-1.png" alt="Unix Hater Handbook : couverture du livre chez IDG" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Le <em>Unix-Haters Handbook</em> relève en fait plus du document historique (1994), sinon archéologique, que de quoi que ce soit d’actuel. Il serait une mine de thèmes d’uchronies, : si Unix n’avait pas existé, quel système l’aurait remplacé ? Je parle d’une époque où MS-DOS, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_3.1x" hreflang="en">Windows 3.1</a> et Macintosh (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/System_7" hreflang="en">Système 7</a>) régnaient sur la bureautique — ou n’étaient pas. Évidemment, le mélange des domaines (l’Unix serveur de fichiers ou serveur de courrier de l’époque n’est pas le poste bureautique ou le serveur web de maintenant) fait partie du jeu.</p>
<p>Les auteurs, Simson Garfinkel, Daniel Weise, Steven Strassmann, ont vécu l’époque où Unix remplaçait petit à petit <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/OpenVMS" hreflang="en">VMS</a>, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Incompatible_Timesharing_System" hreflang="en">ITS</a> et d’autres. Et ils n’ont pas aimé. Le livre est à charge, donc paradoxalement j’en ai très peu appris sur ces concurrents qui étaient forcément plus mieux, sinon en creux. Dennis Ritchie se paye leur tête dans l’anti-préface (je pense que c’est intraduisible) :</p>
<blockquote><p>“The systems you remember so fondly (TOPS-20, ITS, Multics, Lisp Machine, Cedar/Mesa, the Dorado) are not just out to pasture, they are fertilizing it from below.”<br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p>et aussi (à apprendre par cœur et à resservir dans votre prochaine <em>flamewar</em>) :</p>
<blockquote><p>“Like excrement, it [this book] contains enough undigested nuggets of nutrition to sustain life for some. But it is not a tasty pie: it reeks too much of contempt and of envy.”<br /> <br /><em>« Comme des excréments, [ce livre] contient assez de pépites nourissantes non digérées pour permettre à certains de vivre. Mais ce n’est pas un plat appétissant : il exhale trop le mépris et l’envie. »</em><br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p><em>Ceux de ma génération et d’après considèrent souvent qu’en pratique Unix = Linux, même si intellectuellement nous savons (?) que ce n’est pas le cas. Oh, il y a bien encore <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Solaris_(système_d'exploitation)">Solaris</a>, du moins jusqu’à ce qu’Oracle se lasse, un <a href="http://www.gnu.org/software/hurd/hurd.html" hreflang="en">Hurd</a> dont la ponctualité effraierait même un mainteneur Debian, et puis cette incarnation un peu exotique, qui est à Unix ce que le toucan est au </em>Tyrannosaurus rex<em>, MacOS X, autrefois connu sous le nom de NeXSTEP</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. <em>Et puis HP-UX, AIX dans pas mal d’entreprises, QNX dans l’embarqué… Linux lui-même se décline en tellement de versions qu’on pourrait parler de systèmes différents. Et Android et iOS entrent-ils dans la catégorie ?</em></p>
<p><em>Bref. Ce livre n’évoque même pas le Linux 0.99 sous Slackware ou Debian (déjà !) de l’époque, dure leçon d’humilité pour tous les fanatiques, </em>fanboys<em> et adeptes du libre. GNU n’existe alors que par <a href="http://www.gnu.org/software/emacs/" hreflang="en">Emacs</a> et les compilateurs. Sun par contre est évoqué — de la même manière dont je vomissais ma bile autrefois sur Windows 98 (mais avec plus de style).</em></p>
<p>Unix (la version originale) date de l'époque où l’on marchait encore sur la Lune. Il a beaucoup évolué depuis, et avec succès. En fait, il serait devenu un virus (minimaliste et en conséquence portable, il vampirise son hôte, et mute souvent) avec une interface utilisateur.</p>
<p>Sun est une cible particulièrement appréciée. <em>Dans mon esprit Sun et Solaris étaient associés aux gros Unix stables et indestructibles sur lesquels moulinent les bases Oracle critiques (ai-je simplement été victime du </em>marketing<em> ?), mais ici on croit entendre des linuxiens parler de Windows.</em> Les stations Sun ne sont là que parce qu’elles sont moins chères, la stabilité n’est pas leur fort, et nombre des produits issus de la firme semblent mériter une haine inextinguible.</p>
<p>La mauvaise foi et les généralisations abusives suintent partout où les reproches ne sont pas solidement étayés par des anecdotes, exemples, et <em>emails</em> de victimes désespérées — donc seulement une ligne sur deux. Les flèches touchent d’autant plus juste que certaines lacunes unixiennes… ont persisté jusque 2011 ! Le tout sur un style pince-sans-rire typique du milieu.</p>
<p>Exemples :</p>
<h3>Sendmail</h3>
<p>Ce logiciel de transfert de mail a sévi jusqu’à mon époque (j’ai très vite eu envie de découvrir <code>postfix</code> ou <code>exim</code>), et était déjà connu pour sa stabilité relative, ses fichiers de paramétrage cryptiques (encore plus proches du bruit blanc que <code>perl</code>, c’est dire), sa compatibilité pathologique avec la pléthore de systèmes de l’époque (<code> @#$@$^%<<<@# ) at @$%#^! </code> est paraît-il une adresse email valide), sa capacité à interpréter le corps du message comme une suite d’adresses, ou les messages d’erreur <code>Deferred: Not a typewriter</code>. Avec un sens aigu de la justice équilibrée, un cri du cœur a été lancé en 1993 :</p>
<blockquote><p>“The thing that gets me is that one of the arguments that landed Robert Morris, author of ‘the Internet Worm’ in jail was all the sysadmins’ time his prank cost. Yet the author of sendmail is still walking around free without even a U (for Unixery) branded on his forehead.”<br /> <br /><em>« Ce qui me rend dingue, c’est que l’un des arguments utilisés pour envoyer en prison Robert Morris, l’auteur du “ver Internet” était ce que sa plaisanterie a coûté en temps d’administrateurs système. Et pourtant l’auteur de sendmail se balade encore librement sans même un U (pour Unixellerie) tatoué sur son front. »</em></p></blockquote>
<p><a href="http://shop.oreilly.com/product/9781565928398.do">Le livre dédié chez O’Reilly</a> contenait plus de pages que <em>Guerre et paix</em> et aurait arrêté une balle tirée à bout portant. La chauve-souris de la couverture a inspiré une comparaison entre l’animal et l’outil, par exemple :</p>
<blockquote><p>“Bat guano is a good source of potassium nitrate, a principal ingredient in things that blow up in your face. Like Sendmail.”<br /> <br /><em>« Le guano de chauve-souris est une bonne source de nitrate de potassium, ingrédient principal des choses qui vous explosent à la figure. Comme Sendmail. »</em></p></blockquote>
<h3>Tout est un flux d’octets</h3>
<p>La philosophie Unix, c’est « tout est un flux d’octets » (<em>a stream of bytes</em>), manipulés à l’aide d’une cascade d’outils divers, censés faire une seule chose et bien. En conséquence, les outils n’ont aucune cohérence quant aux arguments de ligne de commande.</p>
<p>Les rédacteurs regrettent amèrement l’absence de notion d’enregistrement. Chaque application doit en conséquence redécouvrir la roue de ce côté (“<em>You see Unix knows parsing like <a href="http://www.quotationspage.com/quotes/Dan_Quayle/" hreflang="en">Dan Quayle</a> knows quantum mechanics.</em>” (oui, forcément, les références politiques datent aussi)), par exemple sur un fichier aussi critique que <code>/etc/passwd</code>, où la synergie bugatoire avec <code>sendmail</code> s’exprime pleinement.</p>
<p>Un chapitre croustillant détaille l’absence de systèmes de locks et donc… leur émulation via deux systèmes qui s’ignorent (j’ai l’impression que perdure la situation...).</p>
<h3>Le système de fichiers</h3>
<p>Les systèmes de fichier actuels (<code>ext4</code>, <code>ZFS</code>…) ont bien évolué depuis l’antique <code>UFS</code> — qui est toujours là, avec ses répertoires contenant les noms des fichiers. Le temps a eu raison de certains des reproches, par exemple l’absence de journalisation (quoique pas depuis si longtemps sous Linux…). D’autres sont des lacunes toujours là dans une Ubuntu toute fraîche, même si des outils au-dessus du système de fichiers peuvent les combler :</p>
<ul>
<li>pas de cryptage intégré ;</li>
<li>aucune notion de versions de fichiers (comme dans VMS) (<em>et le prochain MacOS va redécouvrir la chose trois décennies plus tard !</em>) ;</li>
<li>pas de notion de type de fichier comme les connaissent les Macintosh depuis 1984, juste des extensions aux noms de fichiers associés à des « nombres magiques » dans les fichiers eux-mêmes, nouvelles source de mille bugs (<em>Les tendances sur le sujet sont contradictoires, avec le Mac OS X qui renonce aux ressources et ne prend en compte que l’extension et, dans la plupart des OS récents, les types reconnus par des couches supérieures via l’extension… Est-ce parce que la notion de métadonnée est hermétique à l’utilisateur et l’association d’icelle au fichier trop difficile à maintenir au fil des migrations et déplacements au travers du net et de divers systèmes ?</em>) ;</li>
<li>la possibilité d’avoir dans le nom du fichier à peu près n’importe quoi d’autre qu’un /, d’où moults bugs ésotériques, fichiers ineffaçables, voire trous de sécurité (c’est encore plus drôle après qu’on a réussi à créer ce fichier avec un /...).</li>
</ul>
<h3>L’administration</h3>
<p>Un Unix bien administré est censé avoir plusieurs partitions, histoire par exemple que <code>/tmp</code> ne remplisse pas de l’espace au détriment de <code>/usr</code>, ou pour sauvegarder une partition (<em>forcément</em> entièrement, jamais en <em>live</em>). Les utilisateurs d’autres systèmes ont beau jeu de dire qu’à l’inverse un système de fichier pouvait s’étaler sur plusieurs disques, et gérer l’espace grâce à des quotas, plus d’une décennie avant la rédaction du livre. Les partitions <em>swap</em> existent encore, d’ailleurs (<em>en voie de disparition sur les Linux récents ?</em>), quand le système de fichier pourrait tout simplement convenir.</p>
<p>Bref, toute la logique de gestion des disques vise en fait à contourner des limites ou les conséquences de bugs.</p>
<p>Un autre sujet, toujours d’actualité : la pléthore de fichiers de configuration.</p>
<blockquote><p>“Those allergic to Microsoft Windows with its four system configuration files shouldn’t get near Unix, lest they risk anaphylactic shock.”<br /> <br /><em>« Ceux allergiques à Microsoft Windows</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup><em> et ses quatre fichiers de configuration ne devraient pas s’approcher d’Unix, au risque d’un choc anaphylactique. »</em></p></blockquote>
<p>Bien sûr, tous ces fichiers ont une syntaxe différente, supportent ou pas des commentaires, et confondent ou pas tabulations et espaces. (<em>Honnêtement, je préfère un bordel de fichiers texte qui sont à peu près localisables, au moins dans une Debian ou mon vieux Windows 3.1, à quelque chose de plus complexe à base de XML, ou, horreur, de binaire.</em>)</p>
<p>Pour compliquer la chose, les outils standards font de même chacun leur sauce sans soucis de cohérence. Le phénomène s’étend jusqu’aux <em>shells</em>, dont il y a pléthore, aux sémantiques qui diffèrent parfois. Et écrire un script un peu costaud devant tenir compte de tous les cas devient un cauchemar.</p>
<blockquote><p>“And, indeed, that is my memory of Unix tools—you spend all your time learning to do complex and peculiar things that are, in the end, not really all that impressive. I decided I’d rather learn to get some real work done.”<br /> <br /><em>« En fait, c’est mon souvenir des outils Unix — on passe son temps à apprendre à faire des choses complexes et bizarres qui au final ne sont pas si impressionnantes. J’ai décidé que j’allais plutôt apprendre à bosser. »</em><br /> <br /><em>— Jim Giles</em></p></blockquote>
<p>(<em>On voit que certains n’ont pas sué sur des bêtes fichiers <code>.bat</code>.</em>) Les <em>pipes</em> permettent de faire communiquer des programmes, de manière fragile. Rien de sérieux n’a jamais été développé ainsi. Le Macintosh se passait très bien de cela (<em>dans une utilisation totalement différente et sans soucis de réutilisation d’un script, œuf corse</em>)(<em>s’il lit jusque là, je sais qu’un certain lecteur aura déjà bondi et m’aura parlé d’un outil de scriptage remontant même à l’époque où Steve Jobs n’avait pas encore été viré d’Apple.</em>).</p>
<p>Allez, j’adore ces deux paragraphes, surtout avec le recul et le passage à MacOS X :</p>
<blockquote><p>“When was the last time your Unix workstation was as useful as a Macintosh? When was the last time it ran programs from different companies (or even different divisions of the same company) that could really communicate? If it’s done so at all, it's because some Mac software vendor sweated blood porting its programs to Unix, and tried to make Unix look more like the Mac.<br />The fundamental difference between Unix and the Macintosh operating system is that Unix was designed to please programmers, whereas the Mac was designed to please users. (Windows, on the other hand, was designed to please accountants, but that’s another story.)”<br /> <br /><em>« À quand remonte la dernière fois où votre station Unix a été aussi utile qu’un Macintosh ? Quand pour la dernière fois avez-vous utilisé des programmes de différentes sociétés (ou même de différentes divisions d’une même société) qui pouvaient vraiment communiquer ? Si c’est même faisable, c’est qu’un vendeur de logiciels Mac a sué sang et eau pour porter ses programmes sur Unix, et tenté de transformer un Unix en Mac. <br />La différence fondamentale entre Unix et le système du Macintosh est qu’Unix a été conçu pour plaire aux programmeurs, alors que le Mac a été conçu pour plaire aux utilisateurs. (Windows, d’un autre côté, a été conçu pour plaire aux comptables, mais c’est une autre histoire.) »</em></p></blockquote>
<h3>NFS</h3>
<blockquote><p>“The ‘N’ in NFS stands for Not, or Need, or perhaps Nightmare.”<br /> <br /><em>— Henry Spencer</em></p></blockquote>
<p>Ce protocole inventé par Sun (<em>déjà une tare en soi, apparemment</em>) est coupable d’être sans état, sans sécurité (puisque basé sur des <em>magic cookies</em>), dans le but de contourner l’instabilité des serveurs et stations Sun, puis d’avoir eu besoin de rajouter état (verrous…) et sécurité par-dessus à coup de rustines. Les anecdotes sont cruelles. La page 291, au milieu d’une <a href="https://www.coindeweb.net/humour/info_eco.html">comparaison digne d’Umberto Eco</a>, contient le délicieux :</p>
<blockquote><p>“The Sun kernel has a user-patchable cosmology.”<br /> <br /><em>« Le noyau Sun a une cosmologie rapiéçable par l’utilisateur. »</em></p></blockquote>
<p>Pour finir, l’indépendance de NFS par rapport à l’OS client est une blague.</p>
<p>(<em>Le récent <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Network_File_System#NFSv4">NFS v4</a> valide </em>a posteriori<em> tout cela puisqu’il apparemment il garde le nom mais n’a plus rien à voir avec les versions précédentes.</em>)</p>
<h3>Le C, le C++ et le développement</h3>
<blockquote><p>“Do not meddle in the affairs of Unix, for it is subtle and quick to core dump.”<br /> <br /><em>— Anonyme</em></p></blockquote>
<p>L’annexe B l’affirme : le C et Unix sont un poisson d’avril qui a mal tourné. Thompson, Kernighan & Ritchie ont cherché en 1969 à créer le système le plus cryptique qui soit, parodie de Multics et du Pascal.</p>
<blockquote><p>”We stopped when we got a clean compile on the following syntax:<br /> <br /><em><code>for(;P("\n"),R=;P("|"))for(e=C;e=P("_"+(*u++/ 8)%2))P("|"+(*u/4)%2); </code>”</em></p></blockquote>
<p><em>Mouais.</em></p>
<p>Toujours est-il que les dinosaures rédacteurs regrettent l’époque où un programme qui plantait pouvait être débogué immédiatement, sans autopsier un <em>core</em> volumineux dont les symboles ont disparu (éventuellement écrasé par le propre <em>core</em> du débuggeur).</p>
<p>Sur le plan fondamental, le C est délicat à <em>parser</em> (analyser ?), d’où d’ailleurs les cascades d’erreurs de compilation générées par une seule faute de syntaxe. Quant au C++, c’est une cause perdue de ce point de vue. Et d’ailleurs : qu’est-ce que c’est que ce langage moderne qui n’a même pas de <em>garbage collector</em> ni même de grammaire claire ?</p>
<blockquote><p>“The only marvelous thing about C++ is that anyone manages to get any work done in it at all.”<br /> <br /><em>« La seule chose merveilleuse avec la C++, c’est que des gens arrivent à bosser avec. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>J’ai l’impression que les reproches faits au C++ sont les mêmes de nos jours qu’il y a presque 20 ans. Non je ne connais pas vraiment le C++ et le peu que j’en connais m’a convaincu de le mettre tout en bas de la liste des langages à apprendre et que je n’aurai pas le temps d’apprendre.</em>)</p>
<p>Sur le plan anecdotique, <code>make</code> exige des tabulations et non des espaces au début de ses fichiers de configuration (<em><a href="http://www.gnu.org/software/automake/manual/make/Error-Messages.html" hreflang="en">et encore de nos jours</a></em>) : l’auteur aurait refusé de modifier sa syntaxe car il avait déjà dix (10) utilisateurs. (<em>J’ai retrouvé le même problème dans le beaucoup plus récent <code>rsnapshot</code>.</em>)</p>
<h3>La sécurité</h3>
<p>Au regard de ce qui va suivre, il semble accessoire qu’Unix ne supporte pas la moindre défaillance du matériel sous-jacent :</p>
<blockquote><p>“That’s because Unix programs usually don’t check for hardware errors—they just blindly stumble along when things begin to fail, until they trip and panic.”<br /> <br /><em>« C’est parce que les programmes Unix ne vérifient pas les erreurs matérielles — ils trébuchent dans le noir quand ça commence à dérailler, jusqu’à ce qu’ils se rétament en paniquant. » </em></p></blockquote>
<p>Sur le plan logiciel, on insiste bien sur le fait que le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Morris_worm" hreflang="en">ver Morris</a>, un des premiers virus passés par le réseau en 1988, et qui l’a paralysé à l’époque, est bien un ver <em>Unix</em> : la faute à <code>sendmail</code>, <code>finger</code>, aux mots de passe faiblards…</p>
<h3>Pire est mieux</h3>
<p>Les auteurs vont jusqu’à dire que conceptuellement Unix est le représentant de l’école de pensée « Pire est mieux » : un truc qui marchotte maintenant est mieux qu’un truc parfait dans longtemps. La simplicité avant tout, et surtout avant la correction, la consistance ou l’exhaustivité.</p>
<p>Cela se retrouve dans les outils de développement par exemple (p 176) :</p>
<blockquote><p>“The designers of the Interlisp environment had a completely different approach. They decided to develop large sophisticated tools that took a long time to learn how to use. The payoff for investing the time to use the tools would be that the programmer who learned the tools would be more productive for it. That seems reasonable.<br /> <br />Sadly, few programmers of today’s machines know what it is like to use such an environment, in all its glory.”<br /> <br /><em>« Les concepteurs de l’environnement Interlisp avaient une approche complètement différente. Ils avaient décidé de développer de gros outils sophistiqués dont la maîtrise nécessitait beaucoup de temps. L’avantage pour le temps investi à apprendre ces outils serait que le programmeur qui les utiliserait serait plus productif. Cela semble raisonnable.<br /> <br />Hélas, peu de programmeurs sur les machines de maintenant savent ce que veut dire utiliser un environnement dans toute sa splendeur. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>Je me fais violence pour ne pas commenter et fournir de nombreux exemples où on code d’abord et on apprend après. Certes pas dans un contexte universitaire comme celui des auteurs du livre.</em>)</p>
<p>Et puis :</p>
<blockquote><p>“Consistent mediocrity, delivered on a large scale, is much more profitable than anything on a small scale, no matter how efficient it might be.”<br /> <br /><em>« La médiocrité constante, délivrée à grande échelle, est bien plus profitable que n’importe quoi à petite échelle, aussi efficace que cela soit. »</em></p></blockquote>
<p><em>Il est hilarant de constater que tout ce que l’on reproche ou a reproché à Windows jusque récemment l’a été à Unix : un outil léger bancal immédiatement accessible qui marche la plupart du temps </em>vs<em> le gros Unix propriétaire rigide et complexe. Soit Windows marque une nouvelle descente dans le néant, soit Unix s’était entretemps stabilisé — comme Windows l’a fait ensuite. </em><br /><em>Les pessimistes noteront que le « bancal tout de suite » au lieu de « réfléchi demain » est également la philosophie dominante pour tout ce qui concerne ce qui se fait sur le web, voire l’économie entière, pression du court terme oblige. Au moins là y a-t-il une certaine sélection naturelle qui s’opère (pour le mieux ? c’est discutable). </em></p>
<h3>Lisez-le !</h3>
<p><em>Le <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">PDF est gratuitement en ligne</a> mais hélas je ne connais aucune traduction française. En même temps, celui qui s’intéresse au <del>Néolithique</del> Paléozoïque de l’informatique a intérêt à maîtriser l’anglais.</em></p>
<p><em>Voir aussi la <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/The_UNIX-HATERS_Handbook" hreflang="en">page Wikipédia dédiée</a>, la <a href="http://www.art.net/~hopkins/Don/unix-haters/handbook.html" hreflang="en">page de pub de l’époque</a>, ou encore l’<a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/index.html" hreflang="en">archive de la liste de diffusion qui a donné naissance au livre</a>. On y trouvera d’autres merveilles assassines non incluses dans le livre comme <a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/requium.html" hreflang="en">A Requiem for a Dying Operating System</a>, <a href="http://www.hillside.co.uk/articles/cult.html" hreflang="en">The UNIX cult</a>, <a href="http://www.andromeda.com/people/ddyer/topten.html" hreflang="en">The Top 10 Ways to get screwed by the "C" programming language</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup><em>.</em></p>
<h3>Critiques</h3>
<p><em>Il existe des critiques du livres sur le net, par exemple celle d’<a href="http://esr.ibiblio.org/?p=538" hreflang="en">Eric Raymond</a> en 2008 : en gros, il reproche au livre d’être daté (forcément), de noyer « une once de pertinence dans une livre de polémique », de ne pas prendre en compte les interfaces graphiques apparues un lustre plus tard voire plus, de ne pas reconnaître qu’ailleurs ce n’était pas mieux, et de ne pas avoir prévu Linux (qui découvrait à l’époque ce qu’était un réseau), ou Python (vagissant également), plus perfidement d’avoir été en 1994 bloqué aux années 80, ou d’avoir été du mauvais côté de l’histoire (un des auteurs a participé à NeWS, concurrent de X) et de tomber dans le romantique regret de ce qui aurait pu être ; même de ne pas avoir cherché eux-même à améliorer la chose. En fait, ESR justifie de grosses parties du bouquin (ici à propos du C) : </em></p>
<blockquote><p>“Gradually, in a messy and evolutionary way, the Unix community is teaching itself the lesson that the authors of this chapter wanted to give it. I agree with them that it could have happened faster and should have happened sooner.”<br /> <br /><em>« Graduellement, de manière brouillonne et par évolutions successives, la communauté Unix s’est enseigné la leçon que les auteurs de ce chapitre voulait lui donner. Je leur accorde que cela aurait pu arriver plus vite et aurait dû arriver plus tôt. »</em></p></blockquote>
<p>Beaucoup moins récemment, en 1997, la <a href="http://linuxgazette.net/issue22/haters.html" hreflang="en">Linux Gazette</a> parlait du livre (en pleine explosion du nouvel OS libre) : Andrew Kuchling reconnaît quelque pertinence (“<em>The chapter on the X Window System is devastating and accurate</em>.”) et se demande si la raison de ces plaintes ne serait pas qu’en 1994 les Unix libres au source ouvert étaient beaucoup moins répandus et connus : certaines lacunes ont été corrigées à ce moment. Dans ce sens, le livre est une mine d’idées d’améliorations — pour beaucoup implémentées dans Linux ou MacOS X quatorze ans après.</p>
<p>En notre millénaire (2003), <a href="http://slashdot.org/story/03/04/26/2354245/Unix-Haters-Handbook-Available-Online" hreflang="en">Slashdot a lancé un fil</a> lors de la publication intégrale en ligne : au milieu des habituels verbiages et crachats sur Windows, on trouve quelques gemmes, comme ce <a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817398" hreflang="en">rappel du contexte par un des auteurs, qui ne regrette rien</a>.</p>
<h3>Validité</h3>
<p><em><a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817447" hreflang="en">Il a été dit</a> que le </em>Handbook<em> n’est plus drôle depuis la sortie de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_NT_4.0" hreflang="en">Windows NT 4</a> (maudit soit son nom). L’année 1995, celle d’après la parution du livre, marque le début de l’apogée de Microsoft, sur les bureaux d’abord, dans les serveurs ensuite, et l’union sacrée contre Redmond fut alors de mise. </em></p>
<p><em>Les tables tournèrent et Windows se prit dans la tronche tous les reproches des barbus à Unix : instabilité pathologique (par exemple Windows 95 plantait systématiquement après une quarantaine de jours, et on mit des années à s’en apercevoir)</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup><em>, mépris des standards (et carrément </em>by design<em>), impossibilité de scripter… Windows s’est bien amélioré depuis</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> <em>même si son hégémonie est menacée à terme (des mondes entiers se développent sans lui, sous Linux, MacOS, Android…). Y aura-t-il un nouveau système « bâclé mais suffisant » pour nous faire regretter Windows ? </em></p>
<p><em>Ou est-ce le libre (qui fait tourner l’essentiel des <a href="http://www.top500.org/charts/list/36/os" hreflang="en">supercalculateurs</a>, des box comme des téléphones évolués de nos jours, de Linux à Java en passant par BSD, Apache...) qui a réellement changé la donne ? Et si le libre était apparu dès l’époque de Multics, VMS et autres regrettés <del>dinosaures</del> <del>ammonites</del> <del><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">ichthyostegas</a></del> créatures précambriennes de l’informatique ? ESR, dans la critique ci-dessus, le reconnaît pour X : il a gagné parce qu’</em>open source<em>.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>L’orthographe n’est pas claire et déjà à l’époque ils s’interrogeaient sur la nature de la créature de Steve Jobs :</em> “NeXT, meanwhile, calls their version of Unix (which is really Mach with brain-dead Unix wrapped around it) NEXTSTEP. But it’s impossible to get a definition of NEXTSTEP: is it the window system? Objective-C? The environment? Mach?”</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Époque bénie où on se cassait les dents sur <code>AUTOEXEC.BAT</code> au lieu de se noyer dans la base de registre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Et moi non plus je ne peux pas supporter ce langage. En fait c’est comme la nitroglycérine, il faut le laisser aux gens qui en ont </em>vraiment<em> besoin pour faire des choses que le commun des mortels ne fait jamais.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Et la situation était tellement sérieuse qu’un des lecteurs de ce blog écrivit un <a href="http://gentiane.org/~miod/software/murphy/index.html">outil pour personnaliser l’écran bleu</a>. Souvenirs souvenirs…</em> </p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Si si !</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/641« Pour la Science » d’octobre 2010urn:md5:ee10a8ad1bd7e2826f0db83c02822fb42010-10-07T22:14:00+02:002015-08-20T13:11:20+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanticonsumérismeargentastronomiebon sensbullechiffrescitationcivilisationclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecoup bascourt termecynismedommagedémocratiedéshumanisationeaueffet de serreesclavageEuropefichagefootformationfoutage de gueulegaspillagegigantismegravitationgéologieinformatiquemanipulationmathématiquesmortmétainformationpanurgismepeine de mortperfectionnismepessimismeprise de têtesciencesociétés primitivesspéculationtempstravailvaleurécologieéconomieémerveillement<p>Alors en vitesse pour ce numéro encore en kiosque (<em>comme d’hab’, en italique mes commentaires</em>)...</p> <h3>Décompte</h3>
<p>À propos du pitoyable débat sur les nombres de manifestants (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Décompte-des-manifestants">qui m’avait déjà mis hors de moi</a>), Didier Nordon déclare :</p>
<blockquote><p>« La presse ne remplit pas sa fonction lorsqu’elle se contente de rapporter sans se compromettre les versions contradictoires des parties au conflit. Répéter n’est pas informer. »</p></blockquote>
<p>(<em>Il faut reconnaître que ce matin (seulement !) j’ai entendu des reportages tentant de tirer au clair la manière dont les manifestants sont comptés. D’accord, j’écoute une radio pas supposée être à droite, mais c’était assez consternant…</em>)</p>
<h3>Cocorico</h3>
<p>La liste des médaillés Fields, Gauss ou Chern honore les mathématiques françaises.</p>
<p>(<em>Mais les médias n’en parleront pas, nos millionnaires incapables de jouer correctement à la baballe les passionnent plus. Impossible de comprendre de quoi traitent leurs travaux ; c’est toujours comme ça avec les maths, on se dit que c’est totalement vain et puis quelques siècles plus tard une théorie fondamentale de la nature, ou une bête optimisation d’ingénieur, utilise ces inutiles théorèmes.</em>)</p>
<h3>Prédation</h3>
<p>Ivar Ekeland évoque les <em>dark markets</em>, des marchés financiers où les listes de ventes et d’achats ne sont pas publiques, ce qui coupe l’herbe sous le pied à certains spéculateurs. Ils ont été inventés car le marché normal aux carnets d’ordre publics permet de créer des algorithmes redoutablement rapides et efficace et cela coûte cher à de gros acheteurs (<em>pourtant c’est pas comme ça que c’est censé marcher un marché théorique pleinement efficient ? où les gens pressés et gros consommateurs payent forcément plus chers que les patients peu gourmands ?</em>).</p>
<p>De petits malins ont vite compris comment utiliser ces « marigots obscurs » pour savoir quels gros acheteurs ferrer sur les marchés ouverts et à quel prix. Conclusion d’Ekeland : tous ces gens hyper-brillants qui passent leur temps à optimiser la finance ne seraient-ils pas mieux employés par la société à des choses utiles ?</p>
<p>(<em>Ça me rappelle une remarque lue tout récemment je ne sais où : <strong>notre économie est passée d’une recherche de l’équilibre des ressources et besoins et de répartition du travail à un système d’optimisation de la prédation</strong>.</em>)</p>
<h3>SF théorique</h3>
<p>Les « super-Terres », des planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre sont détectés depuis quelques temps autour de diverses étoiles. Pour savoir si elles peuvent être habitables, une étude de ce que peut être leur géologie, leur tectonique des plaques a été faite.</p>
<p>La pression au centre est plus élevée et elles sont plus chaudes : la convection dans le manteau est donc accélérée et la tectonique des plaques plus rapides. Paradoxalement la croûte est plus fine, et le cycle du carbone rallongé. L’atmosphère est également mieux retenue. Cette stabilité rend ces planètes encore plus favorables à la vie que la nôtre (<em>C’est rare ça ! En général on s’extasie devant l’improbable perfection de notre petit monde.</em>) Il se pourrait que la Terre soit en fait tout en bas de la gamme de masses des planètes habitables, Vénus et Mars n’ayant pas les bonnes caractéristiques.</p>
<p>Par contre, leur noyau est devenu probablement complètement métallique, et le champ magnétique protecteur n’est donc pas là. La super-Terre n’est pas forcément à la bonne distance de son étoile et bien orientée (on en connaît une qui présente toujours la même face à son étoile : la silice s’évapore de cette fournaise pour retomber sur la face cachée.)</p>
<p>Il existe aussi sans doute des super-Terres recouvertes d’un océan, dont le fond est un manteau de glace sous très forte pression. La quête et l’étude des super-Terres ne fait que commencer.</p>
<h3>Violations de sépultures ou enquête criminelle ?</h3>
<p>Nos ancêtres du Néolitihique (il y a 6000 ans), dans une bonne partie de l’Europe, enterraient leurs morts dans des tombes circulaires. Certaines, à côté du défunt principal en position fœtale, contenaient aussi d’autres cadavres jetés plus négligemment. Seule hypothèse acceptable pour l’auteur : il s’agissait d’esclaves sacrifiés au décès de leur maître. Cette coutume effroyable était connue sous diverses formes sur tous les continents plus récemment, elle n’a pas épargné l’Europe…</p>
<h3>La minute du matheux ultime</h3>
<p>La chronique de Jean-Paul Delahaye parle notamment du site <em><a href="http://primes.utm.edu/" hreflang="en">The Prime Pages</a></em> (et du livre associé <em><a href="http://www.amazon.fr/Prime-Curios-Dictionary-Number-Trivia/dp/1448651700/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1286353199&sr=1-1">Prime Curios! The Dictionary of Prime Number Trivia</a></em>). C’est bien là que se trouvent des gens capables de trouver que 313 est un premier remarquable entre autres parce que c’est le plus petit nombre de personnes qui, prises au hasard, ont plus de 50% de chances que cinq d’entre elles aient le même jour anniversaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; ou que 3539 est aussi un premier remarquable car donne la formule de la nitroglycérine (C3H5N3O9) ; ou que le 16719è siècle sera le premier à ne comporter aucune année égale à un nombre premier ; et mille autres propriétés affolantes.</p>
<p>En prime une réflexion sur les nombres premiers illégaux : il est possible de créer des premiers contenant tout chaîne arbitraire, et donc tout texte illégal (appel à la haine raciale…) correspond à un nombre premier donc illégal (il y a aussi l’exemple du <a href="http://decss.zoy.org/" hreflang="en">DeCSS</a>). Et il existe aussi des nombres premiers contenant votre nom<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Nos muscles se « souviennent » des entraînements passés car les multiples noyaux cellulaires ne disparaissent pas avec l’inactivité et l’atrophie ; donc ils regonflent plus vite ensuite. (<em>Dans mon cas, y a rien à se souvenir.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On a identifié le gène de la respiration à la naissance. (<em>Évidemment la sélection naturelle l’a lourdement favorisé.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les vrais jumeaux n’ont pas les mêmes empreintes, car elles sont liées à certaines périodes de la vie utérine. On pourrait même repérer par les empreintes certains traumatismes vécus par la mère pendant la grossesse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Sondage fait auprès de scientifiques (19% de doctorants !) : ils font nettement plus confiance aux scientifiques qu’aux politiques ou aux religieux pour obtenir des informations exactes. (<em>Sans blague ?!</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’espèce humaine a failli disparaître il y a moins de 200 000 ans, étant réduite à une poigne d’individus dans une Afrique rendue inhabitable par une glaciation. L’auteur pense avoir découvert un des refuges des survivants : des grottes en Afrique du Sud près du Cap, au bord de la mer.</li>
</ul>
<ul>
<li>En comparant des photos des années 1940 et des récentes, des scientifiques américains ont étudié l’évolution de la flore dans un coin d’Alaska. L’évolution suit ce qu’on pourrait attendre des conséquences du réchauffement climatique : la toundra voit fleurir des arbustes, la taïga (forêt boréale) progresse vers le nord et brunit dans le sud. Les rétroactions sont multiples et difficiles à modéliser.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Alors que tout le monde sait que c’est le numéro de la voiture de Donald.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Ça me rappelle l’histoire des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_univers">nombres univers</a> qui contiennent toute chaîne de chiffres possibles, donc n’importe quel texte, donc plein de versions de l’histoire de votre vie en de multiples langues, y compris inexistantes, y compris des versions fausses par un détail ou qui divergent totalement à partir du moment où vous avez gagné au loto.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/633Si toutes les fripouilles du monde étaient comme ceux-là...urn:md5:5e69cf10665614ba0f220db1074e7f7a2010-09-13T07:45:00+02:002015-08-20T10:19:10+02:00ChristopheHumourbande dessinéebase de donnéesbon sensconquête de l’inutilecoup bascynismeimpérialismeinformatiquemanipulationpanurgismepsychologieréseausécuritééconomie de l’attention <p><a href="http://xkcd.com/792/" hreflang="en">http://xkcd.com/792/</a></p>
<p><img src="http://imgs.xkcd.com/comics/password_reuse.png" alt="" /></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Si-toutes-les-fripouilles-du-monde#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/631« Pour la Science » de septembre 2010urn:md5:f7ee3d7305c8d20becf129776d192fc12010-09-10T00:00:00+02:002015-08-20T10:13:43+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanalogieanthropieargentastronomieauto-organisationbon sensbullechaoscivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup bascynismedilemmeeauemmerdeursentropiefoutage de gueulehard sciencelobbyslyrismemathématiquesoptimismepanurgismeperspectiveprise de têteprovocationréalitésabotagesciencescience-fictionspéculationsurréalismetempsthéorieuchronieuniversvaleurvirtuelécologieéconomieémerveillementénergieéons<p>Miracle : j’ai eu le temps de lire ce numéro avant même que son mois théorique d’édition soit entamé.</p> <p>Comme d’hab’, en italique mes commentaires personnels.</p>
<h3>La carnet de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres :</p>
<p>Les unités de mesure, tout le monde connaît. Didier Nordon propose les unités de <em>démesure</em> : le kerviel (somme qu’un employé peut faite perdre à l’employeur) ; le paléobiologiste (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">capable de se tromper de 1,5 milliards d’années dans l’estimation de la date d’apparition de la vie multicellulaire</a>) ; le BP (argent dilapidé par pollution d’une réserve naturelle).</p>
<h3>Les fractales 3D</h3>
<p>Franchement, tout le monde devrait connaître l’ensemble de Mandelbrot. Je rappelle juste ici qu’il rassemble les points du plan complexe qui divergent quand on itère la suite <code>z(n+1) = z(n)²+c</code> (<code>c</code> constante).</p>
<p>Habituellement, l’ensemble est en noir et les jolies couleurs sont fonction de la vitesse de divergence hors de l’ensemble. Infiniment découpable, c’est LA fractale la plus connue. On peut en imaginer une infinité d’autres, basées sur la fameuse non-linéarité de l’équation de base, mais il semble que le simple carré contienne en fait toute la substantifique moëlle du sujet.
<img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/de/Mandelbrot_set_rainbow_colors.png/800px-Mandelbrot_set_rainbow_colors.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Mais elle est plate, une simple image, bien que déjà gourmande en puissance de calcul (<em>Je me souviens de la première fois où je l’ai calculée sur mon vieil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Atari_ST">Atari 520 ST</a>, et c’était déjà leeeeent.</em>), ce qui explique en partie que la version en trois dimensions ait dû attendre.</p>
<p>Cependant les obstacles n’étaient pas que technologiques :</p>
<ul>
<li>la généralisation en 3D n’est <em>pas</em> immédiate, ou plutôt ne donne pas aisément des résultats esthétiques : déjà il faut définir ce qu’est une multiplication dans un espace en trois dimensions (ce n’est pas trivial) ; certains ont obtenu quelques résultats avec les <a href="http://nylander.wordpress.com/2009/07/07/4d-quaternion-mandelbrot-set/" hreflang="en">quaternions</a> (des couples de complexes, en 4D donc) ;</li>
<li>une fois définie cette multiplication (de manière plus géométrique qu’algébrique), il faut trouver la « bonne » puissance pour un résultat intéressant : si le Mandelbrot classique se contente d’un <code>z²</code>, il a fallu aller jusqu’à la puissance huit pour le <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Mandelbulb</a> :</li>
</ul>
<p><img src="http://www.skytopia.com/project/fractal/new/ff/q85/z7_b_3D_fractal_2-s_by_KrzysztofMarczak.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li>pour le rendu on arrive aux limites des moteurs de calcul : comment calculer le vecteur normal d’une surface en <em>ray-tracing</em> sur une fractale par définition infiniment découpée qui n’admet aucune tangente ? En conséquence, certaines surfaces apparemment et bizarrement lisses ne le sont peut-être qu’à cause d’un artefact de calcul.</li>
</ul>
<p>Les images du Mandelbulb (voir <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Skytopia</a>) sont fascinantes, un véritable monde de cauchemar, et ce n’est qu’une des variantes possibles.</p>
<h3>L’univers perd-il de l’énergie ?</h3>
<p>Contrairement à certains paradoxes astrophysiques très ésotériques que ne comprennent que quelques chercheurs, celui-ci est à la porté d’un étudiant de base : à cause de l’expansion de l’univers, la longueur d’onde de la lumière qui se promène sur des milliards d’années-lumière diminue de plus en plus (décalage vers le rouge). L’énergie des photons décroît en conséquence. Cette énergie perdue n’étant apparemment allé nulle part, le principe universel de conservation de l’énergie, base fondamentale de la physique depuis deux siècles, est-il violé ?</p>
<p>J’ai appris à cette occasion le lien entre une loi de conservation et une symétrie de l’espace, découvert par <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Emmy_Noether" hreflang="de">Emmy Noerther</a> : notamment la conservation de l’énergie est liée à la symétrie de translation dans le temps des phénomènes, c’est-à-dire au fait que la forme de l’espace-temps ne change pas, donc que les lois de la physique peuvent être « rejouées » indifféremment en descendant ou en remontant le temps (en reprenant le classique exemple des boules de billard, on peut dire que la conservation de l’énergie entre les billes suppose que la forme du tapis ne change pas pendant leur déplacement). De même la symétrie de translation dans l’espace implique la conservation de toute quantité de mouvement.</p>
<p>Donc, puisque l’espace-temps, aux échelles cosmiques, évolue, la loi de conservation n’est pas forcément observée.</p>
<p>À l’inverse, il est possible d’expliquer l’expansion de l’univers comme un simple éloignement classique de deux objets, l’émetteur et le receveur, et de réduire le problème à un effet doppler classique où l’énergie est conservée (les ondes sonores comme lumineuses d’une voiture de police ne changent pas d’énergie entre l’émission et l’arrivée à vos oreilles ; pourtant on entend bien l’effet de changement de la longueur d’onde de la sirène avec le déplacement de la voiture, et on verrait l’effet Doppler sur le gyrophare avec des yeux plus sensibles).</p>
<p>Quant à la comptabilisation de l’énergie totale contenue dans l’univers, travail déjà totalement titanesque, il est rendu vain par l’énergie sombre (à la densité constante, donc en augmentation si le volume d’univers s’étend !), la prise en compte de l’énergie cinétique des galaxies, ou des ambiguïtés dans la théorie de la relativité.</p>
<h3>Immortalité et suicide quantique</h3>
<p>Idée provocante : si la théorie des « mondes multiples » de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Everett_III" hreflang="en">Hugh Everett </a> est juste, chaque réduction de fonction d’onde donne lieu à une divergence et à la création de deux univers : le célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schrödinger">chat de Schrödinger</a> meurt donc dans un univers, vit dans un autre. En conséquence, on peut jouer au « suicide quantique » : je joue au loto, et la boîte du chat me tue dans tous les cas où je n’ai pas gagné. Je ne survis donc que dans l’univers où je suis richissime. Mille variantes existent, permettant même d’accéder à l’immortalité — en fait, si l’hypothèse des mondes multiples est juste, nous serons tous immortels.</p>
<p>Évidemment, le moindre doute sur la justesse de cette théorie justifie le refus de jouer cette roulette russe quantique. Même sans cela, des problèmes éthiques se posent, par exemple par la douleur infligée aux proches dans les univers (majoritaires) où l’on décède.</p>
<p>(<em>Commentaire personnel : Mouais. L’hypothèse des mondes multiples est séduisante, expliquerait bien des paradoxes, et est à mon avis à peu près invérifiable. Si chaque seconde, les myriades de réductions d’onde qui se produisent dans notre environnement donnent lieu à autant d’univers, nous n’avons en tout cas l’impression que d’un seul fil temporel. Chaque fois que j’ai joué à l’Euromillion une de mes copies a gagné, mais je n’en ai ni le souvenir ni la connaissance. Donc nous sommes (nous les êtres conscients, peut-être réductibles à une « âme », quoi que ce que cela signifie) également multipliés par le nombre d’univers créés. Il n’y a pas de raison que la mort ne suive pas le même chemin et que l’écrasante majorité de nos « exemplaires » ne décède pas à un âge normal, même si existe un archi-improbable-mais-possible quasi-immortel. Or dans le suicide quantique, on suppose que l’âme se « réfugie » automatiquement dans les univers où l’on est encore vivant. Si cela est vrai, nous sommes tous effectivement immortels mais sera-ce enviable ? C’est peut-être cela l’Enfer : l’immortalité dans un corps très probablement totalement décrépi. Mais je n’y crois pas.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les Mayas sacrifiaient des enfants lors de l’enterrement de leurs rois. Ils n’ont pas été les seuls à faire accompagner leurs grands défunts de membres de leur entourage, mais là c’est macabre…</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines petites lunes de Saturne seraient tellement jeunes et brillantes qu’elles ne peuvent s’être formées qu’à partir d’agrégats de matière échappée des anneaux. Elles seraient donc les derniers objets formés dans le Système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ivar Ekeland annonce que l’Europe tolère une « expérience grandeur nature » : le <em>trading</em> haute fréquence, où les logiciels sont seuls à décider, où la vitesse de la lumière devient une limite, où les cours virent probabilistes. Déjà un tiers de l’activité des bourses, sans aucune théorie économique derrière, et un impact sur des millions de personnes. <br /> <br />(<em>Et l’utilité sociale là-dedans ? J’ai toujours été partisan d’une taxation des bénéfices boursiers en fonction de la durée de détention. En-dessous de 24 h je prendrais 100% des bénéfs’, et rien des pertes bien sûr. Alors en-dessous de la seconde ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux chercheurs québécois plaident pour les plantations : intelligemment gérées (plusieurs essences complémentaires...), elles ne sont pas le mal absolu et peuvent se rapprocher du « service écologique » des forêts primaires (biodiversité, stockage de CO₂ ...), surtout sur sol déjà dégradé.<br /> <br />(<em>Je me méfie toujours de ce genre de rationalisation qui est une porte ouverte à pas mal d’abus, mais à l’inverse le danger de virer khmer vert est réel. En Europe, où la forêt primaire n’est plus qu’un souvenir, nous sommes d’ailleurs dans la configuration de l’article depuis longtemps.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Être du soir ou du matin a une base génétique, mais dépend aussi de la date de naissance des enfants ! Un bébé cale son rythme vers trois mois et si c’est l’été, a des chances de rester « du soir ». <br /> <br />(<em>Dans la famille, c’est raté, l’hérédité semble être trop lourde.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les couleurs interdites existent : le jaune bleuâtre et le vert rougeâtre sont discernables quand on force le cerveau à mélanger des couleurs, comme quoi l’opposition entre ces couleurs n’est pas aussi fondamentalement ancrée dans le cerveau qu’on le pensait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le manioc est une plante peu connue sous nos latitudes, et en conséquence délaissée par la recherche occidentale. C’est pourtant la base de l’alimentation de centaines de millions de personnes. La recherche de variétés plus résistantes et plus riches en vitamines et nutriments bat son plein, plutôt en Égypte, au Nigéria et au Brésil qu’en Occident. La bonne nouvelle : ça se fait plutôt par les méthodes traditionnelles ; les OGM, c’est trop cher.<br /> <br />Rigolo : le manioc est une plante qui se bouture aisément, mais les pieds/clones ont tendance à accumuler tous les virus qu’ils rencontrent et voient leur rendement dépérir à chaque génération — jusqu’à ce qu’on reparte d’une graine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans l’île de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn">Bahreïn</a>, les sources artésiennes qui ont fait la prospérité de l’île dès l’Antiquité (en plus de sa position géographique idéale dans le Golfe Persique) se sont récemment taries. Comme dans nombre d’oasis de la péninsule arabique, l’eau provenait de nappes remplies il y a des millions d’années, époque d’un climat plus verdoyant. L’exploitation humaine a eu raison de cette précieuse ressource… Les habitants se reposent donc entièrement sur leurs usines de dessalement, mais comment les faire tourner le jour où le pétrole aussi se tarira ? Pour éviter (ou retarder…) la même catastrophe, l’Arabie saoudite a carrément renoncé à cultiver des céréales. Trop tard ?</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/628Arnaque au nom de domaineurn:md5:5fc2dd3ddb6bef48c6b4d986ce4f73fe2010-07-12T00:00:00+02:002011-06-12T15:21:12+02:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismeargentbon senscoup bascourriercynismedysfonctionnementemmerdeursfoutage de gueulehaineoh le beau cas !panurgismepollutionpouvoir d’acheterprovocationéconomie de l’attention<p>J’ai reçu un courrier de l’infâmant Domain Renewal Group.</p> <p>Un exemple de lettre : <a href="http://www.axe-net.fr/actualites/securite/domain/renewal/group/arnaque/119.cfm">http://www.axe-net.fr/actualites/securite/domain/renewal/group/arnaque/119.cfm</a>.</p>
<p>Y a un mot pour ça : <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Slamming">slamming</a></em>. C’est le même principe que pour le dégroupage sauvage et des équivalents dans le domaine énergétique : ils envoient une facture pour renouveler un nom de domaine, sans se faire passer explicitement pour Gandi ou consort, mais en entretenant la confusion ; et le naïf non seulement paye à qui il ne faut pas, à un tarif défiant toute concurrence (aucun concurrent sérieux ne ferait payer autant), mais en plus a transféré son nom de domaine chez un escroc !</p>
<p>Il faut reconnaître que tout est décrit dans le papier, en anglais évidemment, et même en <em>legalese</em>, un dialecte abominable à base de poisson noyé et de cession de droits inaliénables sur sept générations, bien sûr en caractères qu’un plus de 30 ans ne peut pas lire sans loupe, la moitié en majuscules pour réduire encore la lisibilité. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Arnaque-au-nom-de-domaine#pnote-621-1" id="rev-pnote-621-1">1</a>]</sup></p>
<p>Une fraction non négligeable de pigeons doit exister pour payer sans vérifier. Je me suis parfois demandé si un <em>business</em> (dans le sens caillera du terme) à base de factures plus ou moins fantaisistes de moins de 100 € (histoire de ne déclencher aucun système de contrôle), envoyées en masse à tout le bottin des entreprises, pourrait être viable. 1% de retour et papier et timbre sont remboursés. Au moindre problème, mettre l’erreur sur le dos d’un stagiaire ou de l’informatique. Mais bon, je suis trop honnête et sans besoin financier criant.</p>
<p>Plus je vieillis et plus je suis favorable au retour du pilori.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Arnaque-au-nom-de-domaine#rev-pnote-621-1" id="pnote-621-1">1</a>] <em>Je me demande si on ne devrait pas forcer les avocats et autres juristes qui rédigent des lois et contrats (pas les juges) à tout écrire </em>à la main<em>. Cela réduirait sensiblement le niveau signal/bruit de leurs écrits, il n’y figurerait plus que l’important et pas le million de précautions de toute manière inapplicables destinées à intimider le bas peuple. Dans un registre plus élevé, comparons la valeur et la solidité de la Constitution américaine, ciselée à la plume d’oie, et la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_établissant_une_Constitution_pour_l%27Europe">Constitution Européenne</a> de 2005 tellement longue que même moi ai eu du mal à la finir.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Arnaque-au-nom-de-domaine#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/621Balistique relativiste et diplomatie interstellairesurn:md5:840200b4528307a26b60c725ec1410c52010-06-10T00:00:00+02:002015-07-29T12:47:29+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieabominationapocalypseastronomieautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophecivilisationcommunicationconquête spatialecosmologiecoup bascynismedilemmedommagedéshumanisationemmerdeursextraterrestresgigantismegravitationguerregéologiegéopolitiquehard scienceimpérialismeintelligencepanspermieparanoïapeine de mortperspectivepessimismeprise de têtepsychologieracléesciencescience-fictionSetispace operaspéculationsécuritétempsterrorismeuniverséonsévolution<p>Issue d’<a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=1453440&cid=30199506" hreflang="en">un petit bout de discussion</a> qui a dérivé du sujet initial (l’envoi d’un inutile message interstellaire depuis un iPhone), voici une petite application de la théorie des jeux à ajouter au dossier du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>.</p> <h5>Prudence paranoïaque</h5>
<p>Une civilisation A se met à émettre dans l’espace, délibérément ou non. Une civilisation B plus avancée sur une autre planète capte cela et déduit l’existence de A. Elle ne sait rien de A. Elle peut se douter cependant qu’à la réception du message, c’est-à-dire quelques siècles plus tard, l’autre civilisation aura sans doute progressé. B peut faire rapidement l‘analyse suivante :</p>
<ul>
<li>soit elle reste coi et ne signale pas sa présence en retour, sachant que le contact aura forcément lieu plus tard d’une manière ou d’une autre si les voyages interstellaires sont possibles ;</li>
<li>soit elle décide de signaler sa présence, au risque de se retrouver face à une puissance agressive qui lui fera la peau ;</li>
<li>soit elle opte pour l’option la plus sûre, l’Arme Balistique Ultime (si elle en a les moyens) : <strong>un météore de bonne taille, accéléré à une vitesse proche de celle de la lumière</strong>, précipité sur la planète émettant le signal.</li>
</ul>
<p>Cette dernière arme a plusieurs avantages : aisément disponible (les planétoïdes sont pléthores), propre (pas de radiations qui empoissonnent tout à dix parsecs aux alentours), sans protection possible (un bouclier assez costaud n’existe pas), et surtout sans préavis car, par définition, un objet qui s’approche à la vitesse <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_la_lumière">c</a></em>-ε ne peut être détecté avant d’être reçu dans la tronche. Rappelons qu’à vitesse relativiste, l’énergie de l’impact sera bien supérieure au classique ½mv² ; un modeste astéroïde suffira pour transformer n’importe quelle planète rocheuse en ceinture de poussière d’astéroïdes.</p>
<p>La question de savoir comment accélérer un caillou à une telle vitesse est laissée en exercice, mais les militaires financeront sans problème la chose à la première occasion.</p>
<p>Reste un problème : l’attaquant ne recevant les émissions de la victime que des décennies, des siècles voire des millénaires après leur émission, elle ne peut deviner si, au moment de l’impact, l’agressé n’aura pas déjà colonisé quelques autres mondes et évolué assez vite, ce qui lui fournirait hypothétiquement la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à l’agresseur. Celui-ci se trouve donc forcé de détourner l’attention de son propre système en attaquant depuis un autre ou en faisant dévier le projectile pour masquer sa provenance. Cela suppose que l’agresseur est déjà un empire interstellaire (en fait évident pour quelqu’un capable de déplacer de telles masses à de telles vitesses), mais ajoute beaucoup aux délais puisque l’ordre doit être envoyé à une vitesse forcément limitée par <em>c</em>, ou le voyage bien allongé, d’où sursis supplémentaire pour l’agressé.</p>
<h5>Mauvais voisin</h5>
<p>Il existe un autre inconvénient à cette politique du « je me tais et je désintègre balistiquement tout ce qui apparaît autour » : d’autres civilisations évoluées pourraient découvrir ce qui se passe. Et, bien que pacifiques, décider que la communauté galactique peut se passer de membres paranoïaques agressifs et régler le problème de la même manière. Selon que la première civilisation à se répandre sera prudente-paranoïaque ou coopérative-justicière dépend le sort de toutes les autres civilisations.</p>
<p>En arrière-plan figurent les hypothèses que l’on peut faire sur la cohérence d’une civilisation multi-planétaire où les communications sont limitées par la distance (répétition, en pire, des problèmes au sein des Empires européens à l’heure de la conquête de l’Amérique), et les durées se comptant en décennies : le temps que l’astéroïde arrive sur sa cible, ou que celui de la Revanche parvienne, la situation politique et philosophique de l’agresseur peut avoir évolué. L’Allemagne actuelle mérite-t-elle d’être anéantie pour les abominations d’Hitler ?</p>
<p>Si cela se trouve, la galaxie est actuellement parcourue par des centaines d’astéroïdes tueurs envoyés par des civilisations peureuses jouant au <em>sniper</em> interstellaire. La Voie lactée semble vide car ceux qui ne se taisent pas rencontrent très vite un rocher relativiste. Pendant ce temps, une autre civilisation fait peut-être les choses en grand et allume des supernovas dans tous les recoins favorables à la vie, la stérilisant par millions de parsecs-cube à la fois.</p>
<p>À l’inverse, chaque civilisation peut faire ce raisonnement, constater que l’astéroïde tueur est (relativement) simple à mettre en œuvre mais que des représailles sont également faciles, et dans le doute s’abstenir. Collectivement, on arriverait à un « équilibre de la terreur » galactique équivalent à celui de la Guerre Froide. Le « donnant-donnant » deviendrait donc la règle, comme après tout c’est à peu près le cas dans le monde actuel… à quelques timbrés éventuels près qui pourraient faire du dégât mais seraient plus aisément « traitables » par la collectivité. (Ce dernier cas m’interroge : les distances galactiques et le coût des déplacements empêchant les vrais conflits d’intérêt, quelles seraient les motivations pour attaquer ses voisins ? Fondamentalisme religieux ? Régime délirant à la nord-coréenne ?)</p>
<h5>En conclusion</h5>
<p>Einstein disait qu’il ne connaissait pas les armes de la Troisième Guerre Mondiale mais celle de la Quatrième : les cailloux. Je ne sais pas s’il pensait à cette variante-là de la fronde.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/616Amazon.com dé.comneurn:md5:f9b38d412b496ab1d728ae739d0e1e632010-04-11T18:45:00+02:002015-06-08T14:07:42+02:00ChristopheHumourabominationanticonsumérismeargentbon sensconquête de l’inutilecynismefoutage de gueulehumourintelligencelyrismelégendes urbainesmanipulationmusiquemythemèmepanurgismepouvoir d’acheterprovocationpérimésurréalismevaleuréconomieéconomie de l’attention <p>Sur <a href="http://www.amzon.com/" hreflang="en">Amazon USA</a>, on trouve de tout :</p>
<ul>
<li><a href="http://www.amazon.com/Bosch-15361-Oxygen-Sensor/dp/B000CF1WNM/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=automotive&qid=1270968114&sr=1-1">Un capteur d’oxygène à 3</a> <del>billions</del> (merci Vincent) <a href="http://www.amazon.com/Bosch-15361-Oxygen-Sensor/dp/B000CF1WNM/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=automotive&qid=1270968114&sr=1-1" hreflang="en">milliards de dollars</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.amazon.com/Denon-AKDL1-Dedicated-Link-Cable/dp/B000I1X6PM/ref=cm_cr_pr_product_top" hreflang="en">Un câble Ethernet Denon de 1,5 m à 999 dollars</a>.</li>
</ul>
<p>Le plus drôle dans les deux cas réside dans les commentaires déposés par les clients. C’est tout à l’honneur d’Amazon de les laisser. Mon préféré, au milieu de cent pétages de plomb parodiant les pires magazines pour <em>nerds</em> <del>audiophiles</del> audiopathes prêt à claquer un mois de salaire pour l’effet placebo d’un câble au dixième du prix : “<em>Solved Global Warming Locally</em>”.</p>
<p>Les images produit ajoutées par les clients valent aussi le détour.</p>
<p>(<strong>Mise à jour de 2015</strong> : Hélas, tout cela a disparu du site d’Amazon. Reste des câbles à 8000$ pièce seulement.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Amazon.com-d%C3%A9.comne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/604Plus d’histoire en terminaleurn:md5:fece58e2cad69f31836d0e4282b622aa2009-12-11T21:46:00+01:002009-12-11T21:47:02+01:00ChristopheRes publicaabominationAllemagneapocalypseautodestructionbon senscatastrophecitationcivilisationcommunicationconquête de l’inutilecoup basculturecynismedécadencedémocratiedéshumanisationenfantsenseignementexpertisefoutage de gueulegéographiegéopolitiquehistoireincohérenceintelligencelibertémèmemémoirenationalismeouverture d’espritpanurgismeperspectivepessimismepolitiqueprovocationSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeéconomie de l’attention <p>Dans le cadre de l’hallucinant débat sur la consternante proposition de supprimer l’histoire-géo en terminale :</p>
<blockquote><p><em>Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.</em><br /> <br />Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. <br /> <br /><a href="http://en.wikiquote.org/wiki/George_Santayana" hreflang="en">George Santayana</a>, <em><a href="http://www.gutenberg.org/files/15000/15000-h/vol1.html" hreflang="en">The Life of Reason</a></em>.</p></blockquote>
<p>J’avais trouvé cette citation très connue en en-tête de <em><a href="http://www.amazon.fr/Rise-Fall-Third-Reich-History/dp/0671728687/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=english-books&qid=1260563359&sr=1-2en">Rise and fall of the Third Reich</a></em> (<em>Le Troisième Reich : Des origines à la chute </em>) de William L. Shirer.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Plus-d-histoire-en-terminale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/595Déménagement de ma ligne Free : le boulet France Télécom (suite)urn:md5:ade6995ebce43d37e5daa18690468c092009-10-31T19:14:00+01:002011-06-05T20:29:45+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoanticonsumérismecommunicationCRMcynismedommagedysfonctionnementdéshumanisationfoutage de gueulehaineprise de tête <p>J’avais réclamé auprès de France Telecom <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Déménagement-de-ma-ligne-Free-:-le-boulet-France-Télécom">à propos des délais totalement imputables à eux et eux seuls, bien que je sois chez Free, qui avaient amené à un retard sur l’installation de ma ligne ADSL</a>.</p>
<p>J’ai reçu une réponse :</p>
<blockquote><p><em>...Nous avons bien pris en compte votre demande.<br />Nous vous invitons à prendre contact avec votre opérateur pour toute réclamation concernant votre dossier qui n’est pas géré par Orange France Télécom.</em></p></blockquote>
<p>Traduit-résumé :</p>
<blockquote><p><em>Puisque de toute façon vous êtes chez la concurrence, allez vous faire foutre.</em></p></blockquote>
<p>La seule chose que je me demande, c’est si le pion qui a lu mon courrier a fait l’effort de le comprendre.</p>
<p>Bon, et bien je change d’opérateur mobile le plus tôt possible. Ça tombe bien, les mobicartes sont vides.</p>
<p><a href="http://www.zdnet.fr/actualites/telecoms/0,39040748,39703699,00.htm">Vivement la 4è licence</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com-suite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/592Changer d’heure et de montreurn:md5:288c89817b29f87629e12ad16cc8bc602009-10-24T22:25:00+02:002009-10-24T21:26:02+02:00ChristopheTemps et transformationsbon senscomplexitécynismedysfonctionnementdécadenceergonomiehumourpessimismeprécisiontempséconomie de l’attention <p>La pub est omniprésente à la radio (du moins celle que j’écoute) : « changez d’heure, changez de montre ! »</p>
<p>Le niveau intellectuel du Français de base baissait inexorablement, ça je le savais. Mais est-il déjà tombé si bas que tant de gens ne sachent plus régler leur montre au changement d’heure ?</p>
<p>Ou sommes-nous devenus si fainéants que nous préférons avoir deux montres plutôt que de nous embêter à la régler deux fois dans l’année ?</p>
<p>Ou encore les montres actuelles (je ne les connais pas, j’en achète une par décennie, au plus) sont-elles devenues aussi complexes qu’un magnétoscope ou Windows, pour qu’on ne sache plus les régler ? (Je connais des gens qui ont abandonné en ce qui concerne l’horloge de la voiture.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Changer-d-heure-et-de-montre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/591La Déclaration du Droits du Développeururn:md5:00f7c5442cab96869509215550361fa42009-09-11T00:00:00+02:002018-05-19T11:17:26+02:00ChristopheInformatique : l’art du développementbesoinbon senscommunicationcouragecynismedysfonctionnementdéshumanisationergonomieexpertiseinformatiqueintelligencelibertélogiciel librelogistiquemobilitémytheoffshoreoptimisationoptimismeOracleorganisationouverture d’espritpanurgismeperfectionnismepouvoir d’acheterprise de têtepsychologierésolutionsSSIItravailutopievaleuréconomieéconomie de l’attention<p>Droit à deux moniteurs, à une machine rapide, de faire bien son travail, de causer avec le commanditaire… : gadget ou nécessité ?</p> <p>Deux déclarations des Droits du Développeur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> existent dans le monde anglo-saxon à ma connaissance :</p>
<ul>
<li>sur <a href="http://www.codinghorror.com/blog/archives/000666.html" hreflang="en">Codinghorror.com</a></li>
<li>chez <a href="http://c2.com/cgi/wiki?DeveloperBillOfRights" hreflang="en">Cunningham & Cunningham</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Elles diffèrent, je traduis/condense/commente :</p>
<h4>Le droit à deux moniteurs sur son bureau</h4>
<p>Souvent utile, parfois gadget.</p>
<p>Ça dépend vraiment de l’application. Qui passe son temps à écrire du code d’un côté et à vérifier l’exécution de l’autre aura plus l’utilité de deux petits moniteurs que votre serviteur suant devant Business Objects et sa ribambelle de panneaux et onglets. Je préfèrerais alors un seul très grand et très large écran, sauf dans mes périodes de rédaction de docs et support, où un A4 vertical serait optimal.</p>
<p>Il est clair que l’investissement de 200 € dans un écran est dérisoire par rapport au temps regagné ensuite.</p>
<p>(<strong>Ajout de 2010</strong> : Et pourtant, j’ai vu des clients où même les chefs de projet informatiques en étaient resté au tube cathodique. En France à la fin de première décennie du siècle, oui.)</p>
<h4>Le droit à une machine rapide</h4>
<p>Tout à fait d’accord, dans les limites raisonnables évidemment. Le temps perdu à compiler, à attendre que s’ouvre une grosse application, le <em>swap</em>, le manque de réactivité... concourt à perdre du temps pur, à casser la concentration, et à un certain stade le gain en temps ne devient pas que quantitatif, mais aussi qualitatif.</p>
<p>Si je ne me plains pas de ma machine de bureau actuelle, ce serait probablement le cas avec un portable : les gros logiciels serveur comme Oracle ou Business Objects XI se lancent beaucoup plus lentement sur le disque dur escargostesque du portable courant. Et je ne parle pas de VMware.</p>
<p>Même si RAM et disque dur se rajoutent facilement à peu de frais, le PC de bureau n’est pas tout. Il est toujours agréable d’avoir sa base Oracle sur une vraie machine dédiée, ou de disposer d’une collection de machines virtuelles toutes prêtes rapidement accessibles sur un serveur VMware ESX bien taillé qui ne sature pas les entrées-sorties au <em>boot</em> d’une machine virtuelle.</p>
<p>D’un autre côté, n’avoir <em>que</em> des machines rapides pousse à la fainéantise, et masque certaines grosses lacunes en réactivité pénibles pour le client final. Dans un monde idéal, le développement aurait lieu sur une machine récente, et les tests utilisateur s’effectueraient sur une configuration relativement ancienne, limitée en processeur, mémoire, éventuellement disque.</p>
<h4>Le choix de la souris et du clavier</h4>
<p>100% d’accord. Je fulmine de voir que l’ergonomie de ces outils critiques est le cadet des soucis de toutes les entreprises où je suis passé. (Par contre, certains de mes clients investissent visiblement au niveau des bureaux, chaises, support pour portables plus que pour le clavier à proprement parler ; mais je ne suis qu’un simple prestataire qui hérite plus souvent qu’à son tour de la machine la moins récente, le clavier le plus crade, et d’une chaise non réglable.)</p>
<h4>Le droit à une chaise confortable</h4>
<p>À raison de huit heures par jour de résidence, cet endroit doit être non seulement tolérable mais aussi <em>confortable</em> (“<em>Sure, you hire developers primarily for their giant brains, but don't forget your developers’ </em>other<em> assets.</em>”)</p>
<p>(<strong>Ajout de 2018</strong> : et même au-delà : la chaise est <strong>capitale</strong>. Pour certains ce sera même un balon. Vu le coût pour la Sécurité Sociale de séances de kiné interminables pour des milliers d’informaticiens ou commerciaux en voiture, il n’y a aucune tolérance à avoir : uniquement le meilleur.)</p>
<h4>Le droit à une connexion internet rapide</h4>
<p>Vue mon utilisation massive de Google et des divers sites de docs et d’aide en ligne ou de support, un internet asthmatique provoque vite frustration, énervement, et perte de productivité.</p>
<p>De nos jours, le réseau fonctionne en général bien, et si Youtube n’est peut-être pas vraiment nécessaire professionnellement, je dois parfois télécharger des gigaoctets de bases de données de client, ou d’outils d’Oracle à tester.
Pêchent souvent par contre les liaisons VPN vers les clients, avec un désastreux impact sur la productivité : dans le cas extrême d’une liaison inutilisable, un débogage se passe vingt fois plus lentement par téléphone, ou nécessite un déplacement parfois lointain coûteux en temps, fatigue, euros et CO₂<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>De plus, il n’y a pas que les <em>digital natives</em> à tomber rapidement en état de manque du réseau et de sa mine d’informations plus ou moins utiles. Couper Internet aux informaticiens, c’est s’assurer une fuite des cerveaux.</p>
<h4>Un coin au calme</h4>
<p>À l'agence je vis dans un <em>open space</em>. Chez beaucoup de clients aussi. Les bureaux à trois ne sont pas non plus terribles pour la productivité. Il n’y a pas de formule idéale, ou plutôt une formule qui change avec la tâche : <em>war room</em> pour les projets tendus ou en phase de test, et bureaux isolés pour rester concentrés ou pour téléphoner, ce qui suppose que les ordinateurs soient portables.</p>
<h4>Le droit de bien faire son travail</h4>
<p>Voici à présent les revendications non matérielles, les plus délicates.</p>
<p>Combien de fois a-t-il fallu torcher quelque chose vite fait par manque de temps ? N jours ont été vendus au client, 2N auraient été nécessaires pour tout faire calmement, donc on a tout fait en même temps, développé des morceaux sur des bases instables, testé avant la fin du développement, déployé avant la fin des tests préliminaires, et formé avant d’avoir finalisé les spécifications.</p>
<p>Évidemment dans ce cas les développeurs dépensent plus de temps et d’énergie à resserrer les boulons et à s’insulter mutuellement qu’ils n’en auraient pris à faire les choses proprement d’entrée. Bien sûr, la date de livraison a été fixée pour des raisons de politique interne au client, et/ou un temps fou a été paumé en administratif, et/ou tout a été décidé au dernier moment. Au final, personne n’est content du résultat et rejette la faute sur les autres.</p>
<h4>Le droit de choisir ses outils</h4>
<p>« On reconnaît le bon ouvrier à ses outils » dit le proverbe. Je ne me souviens pas de beaucoup de moments où j’ai pu librement choisir quelle base, quel langage, quel ETL, quel outil, quelle machine... serait utilisé. Les critères de choix portent plus souvent sur le tarif ou la compatibilité avec l’existant que sur l’aisance de développement. (Le choix de l’outil étant souvent « structurant » et engageant l’entreprise pour longtemps, je comprends parfaitement que l’opinion du développeur ne soit qu’un facteur parmi d’autres — mais rares également sont ceux qui m’ont demandé mon avis.)</p>
<p>Quand on parle de technique, et de choses pas trop chères (disque dur, RAM), il suffit parfois de demander pour avoir (à supposer que l’accord du chef suffise). Dès qu’il y a des coûts de licence impliqués, le programmeur de base n’a plus trop le choix. Les logiciels libres ont l’immense avantage de n’impliquer aucune bataille bureaucratique pour débloquer quelques euros de licence.</p>
<h4>Le droit de savoir ce qu’on lui demande, avec des priorités claires</h4>
<p>Arf arf arf.</p>
<p>Soyons juste, j’ai vu le pire comme le meilleur, des specs au crayon sur une feuille comme des dossiers archi-précis. Il y a forcément toujours des zones d’ombres, et le demandeur n’est pas toujours conscient lui-même de la complexité intrinsèque de son projet ou de l’incohérence parfois catastrophique de ses données source (<em>garbage in, garbage out</em> si logiciel != Google, et encore).</p>
<p>Mais les commanditaires doivent savoir répondre aux questions, corriger les incohérences remontées, connaître leur métier, savoir ce qu’ils veulent, accepter de vivre avec des contraintes techniques, et (ô qualité rare) arbitrer !</p>
<h4>Le droit à une communication claire et directe avec le client, l’utilisateur comme le « commanditaire »</h4>
<p>J’ai toujours haï l’effet « téléphone arabe » et les incompréhensions parfois catastrophiques nées de l’éloignement.</p>
<p>Autant j’abhorre passer mon temps sur la route pour aller chez des clients lointains, autant je sais que dans les situations un peu tendues ou floues la communication en face à face est dix fois plus efficace que mail et téléphone pour diverses raisons :</p>
<ul>
<li>les <strong>non-dits</strong> : l’interlocuteur muet après une question directe, ou affichant une moue, livre une information, un avertissement, montre un souci ; celui qui ne répond pas à un mail... peut ne pas l’avoir lu ou pas compris ;</li>
<li>la <strong>nullité de beaucoup de personnes pour s’exprimer par email</strong>, alors qu’oralement tout va bien (moi c’est l’inverse) ;</li>
<li>à l’inverse, <strong>l’incapacité de beaucoup de gens à lire un mail de plus de trois lignes</strong> (par manque de temps parfois, de cellules grises rarement, de capacité d’attention souvent) ;</li>
<li>les <strong>insinuations</strong> et autres vacheries plus ou moins gratuites que l’on n’oserait jamais par mail ;</li>
<li>la <strong>franchise entre quatre yeux</strong>, sans témoin ni trace écrite, qui permet des explications parfois très saines en cas de conflit (purement technique le conflit parfois) ;</li>
<li>la <strong>solidarité entre « gens du front »</strong> d’entités différentes mais cohabitant dans le même bureau, soudés face à leurs chefs respectifs pour le bien du projet ;</li>
<li><strong>« radio moquette »</strong> à la machine à café : on y apprend beaucoup sur un peu tout le monde, les qualités et défauts des uns et des autres, les contraintes, les <em>vraies</em> raisons de ci ou ça, le vocabulaire local (capital !), la culture du client (caricature de fonction publique ? <em>start-up</em> hystérique ? ingénieurs pointilleux ? commerciaux-girouettes ?), l’historique (toujours chargé), les <em>vrais</em> arbitrages à faire, la politique interne (de quel chef se méfier ? lequel fera pression ? lequel est ennuyé par le projet ?), les hiérarchies officielles et officieuses, les personnalités (quel chef se battra pour le projet ? lequel est une carpette ?), etc. ;</li>
<li>le <strong>contact direct avec l’utilisateur</strong> : on lit très vite un <em>brain overflow</em> sur un visage, alors que personne ou presque n’écrira « je ne comprends pas » ;</li>
<li>le <strong>lien entre humains</strong>, tout simplement : on se décarcasse beaucoup plus pour Jacquot avec qui on a déjà sympathisé autour d’un café, une secrétaire sympa qui a dépanné l’imprimante avec le sourire, un voisin de bureau qui a conseillé sur le choix d’une voiture, un utilisateur régulier dont on comprend le martyre quotidien devant un logiciel foireux... que pour des noms abstraits sur un écran.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Le pire des cas ? La spécification retransmise à un développeur lointain (indien ou français, ce n’est pas le problème) <em>via</em> un intermédiaire obligé ignorant du sujet<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.
À l’inverse, je me rappelle avec émotion de sessions de développement avec des utilisateurs demandeurs deux bureaux plus loin, qui savaient ce qu’ils voulaient, répondaient aux questions, et testaient. Même avec des specs-brouillon.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Traduction imparfaite du </em>Bill Of Rights<em> qui amende la Constitution américaine, alors que la Déclaration des Droits de l’Homme constitue le préambule de toute Constitution française digne de ce nom. Différence philosophique ou simple héritage de la philogénie du droit ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>On remarque les vétérans du réseau à un nom de domaine avec </em>deux<em> lettres seulement.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Le CO₂ et la fatigue, l’employeur s’en fiche, bien sûr.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Je pense que réside là une des explications des dérapages de grandes entreprises : le client contacté uniquement par web ou email devient immédiatement abstrait.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>L’intermédiaire c’était moi et je n’ai pas du tout aimé.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/569Déménagement de ma ligne Free : le boulet France Télécomurn:md5:ccfaf0ce5f9b99cea037d78cd7c7f1cc2009-08-17T15:09:00+02:002011-06-03T21:06:17+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoanticonsumérismebesoincommunicationCRMcynismedommagedysfonctionnementdéshumanisationfoutage de gueulehaineprise de tête<p>Comment les procédures débiles d’un prestataire historique dont on voudrait bien se débarrasser entraînent des délais inexcusables.</p> <p>Je viens de déménager. Entre autres problèmes mineurs je me suis retrouvé sans Internet pendant deux semaines. Ouch.</p>
<ul>
<li>15 juillet : on signe et on a les clefs.</li>
<li>Juste avant, je demande à Free le transfert de l’abonnement. Vu que je veux en même temps changer la version de la Freebox, c’est en fait une annulation plus une résiliation, pas un simple déménagement. J’aurais pu demander plus tôt mais la date de déménagement a longtemps été assez incertaine<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#pnote-586-1" id="rev-pnote-586-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>La ligne France Télécom est introuvable, bien que l’ancien propriétaire ait été chez Orange, mais apparemment Orange également fait dans le dégroupage total (paradoxal !)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#pnote-586-2" id="rev-pnote-586-2">2</a>]</sup>.</li>
<li>Il faut donc prendre rendez-vous auprès de FT pour reconstruire la ligne. 20 € pour ma pomme, mais c’est plus encore pour Free.</li>
<li>Premier appel de FT le mardi 21, à 9 h 01. J’étais au volant, une voie féminine sur le répondeur dit qu’ils rappelleront demain. <strong>Elle ne laisse aucun numéro où rappeler.</strong></li>
<li>Je regarde les adresses des agences FT, toutes en centre-ville de Strasbourg, aucune accessible en banlieue.</li>
<li>En dessous des adresses figure le conseil de contacter le 1014. Je m’y fais rembarrer : il faut voir mon problème avec Free, même en insistant que de toute façon, c’est EUX qui veulent/doivent prendre rendez-vous avec MOI, Free ou pas. La fille dit n’avoir aucun moyen de contacter les équipes responsables.</li>
<li>Le lendemain mercredi, une autre voix féminine laisse un message sur mon portable au moment où je suis aux toilettes. Elle rappellera « ultérieurement ».</li>
<li>Free, contacté<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#pnote-586-3" id="rev-pnote-586-3">3</a>]</sup>, me dit ne pas avoir de moyen de contacter FT. Apparemment ils ne peuvent le faire que quand ils reçoivent un message automatisé comme quoi le candidat abonné est injoignable. Je me demande comment ils font avec les gens sans portable...</li>
<li>Jeudi, pas d’appel.</li>
<li>Vendredi, pas d’appel.</li>
<li>Samedi, pas d’appel (c’eût été trop beau).</li>
<li>Dimanche, pas d’appel (ce qui m’aurait franchement étonné).</li>
<li>Lundi, rien non plus.</li>
<li>Le mardi, en plein dans un des multiples voyages entre la nouvelle maison et la déchetterie, le portable sonne, je me gare en catastrophe (coup de bol, j’étais en ville ; dix secondes avant c’était rapé, ou j’étais bon pour une prune). Une voix assez bizarre mais compréhensible prend enfin rendez-vous... pour le mardi une semaine après, le 4 août, entre 8 et 10 h.</li>
<li>Une semaine plus tard, <del>à peine</del> pas encore remis du déménagement quatre jours plus tôt, en plein dans la longue et épuisante phase de rangement-questionnement-« mais il est passé où ce machin ? »-bricolage de mille détails, malgré la chaleur désastreuse pour le sommeil, nous nous levons tôt pour être sûrs d’accueillir le technicien de FT au cas où ils se pointe aux aurores convenues.</li>
<li>Évidemment, il est arrivé à 15 h. Il est heureux que j’ai encore été en congé et que nous nous soyons organisés pour maintenir une présence permanente, sans illusion, mais à tout hasard. Il ne s’excuse pas du retard, si ça se trouve il n’était pas au courant de l’horaire convenu. Il n’est pas de France Telecom, c’est un sous-traitant. Je ne fais pas de remarque (déjà bien content qu’il soit là) et le laisse bidouiller les fils pendant vingt minutes. Il dit que ça fonctionne, je signe.</li>
<li>Le surlendemain, SMS de Free : la Freebox est en route !</li>
<li>Entretemps je reviens au boulot. Je peux accéder à mon webmail chez l’hébergeur : Squirrelmail hurle qu’il y a trop de mails pour afficher quoi que ce soit ! Dont 95% de <em>spam</em> bien sûr.</li>
<li>Réception le lundi. Le paquet est imposant (deux boîtiers, deux Freeplugs, télécommande, câbles...) mais le plus important est <strong>qu’au premier branchement ça marche !</strong></li>
</ul>
<p>Bref. Trois semaines pour avoir le réseau, dont une semaine juste pour prendre rendez-vous avec FT, et une semaine d’attente de leur technicien. Le reste est délai postal ou acceptable.</p>
<p>Je ne sais pas comment ça se passe pour les gens qui choisissent Orange mais je parierais que ça aurait été plus rapide. Ce n’est pas avec ce genre de comportement qu’ils vont récupérer ma clientèle. Dans quelle mesure est-ce délibéré ou un simple artefact de la méthode « standardisons au maximum le système, remplaçons tout par des “processus” standards, et supprimons la moindre parcelle d’autonomie aux pions du standard », ou un bug du logiciel de CRM ? Je ne sais.</p>
<p><strong>Ajout ultérieur</strong> : J’adore le site d’Orange ; les pubs pour les forfaits ont leur place, mais :<br />- le premier mot en haut à gauche en-dessous du bandeau : Harry Potter (au moment où j’en ai eu besoin ; à présent c’est « Ligue 1 » et « Secret Story »...) ;<br />- la fonction « Rechercher »... recherche sur le web, pas sur leur site ! Il y a bien un bouton Assistance, mais comme il faut un login, et que je suis client mobile, il ne me cause que du mobile.</p>
<p><strong>Ajout d’octobre</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Déménagement-de-ma-ligne-Free-:-le-boulet-France-Télécom-suite">non-réponse de France Télécom suite au courrier…</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#rev-pnote-586-1" id="pnote-586-1">1</a>] <em>Une histoire en soi. Fichus banquiers paranos.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#rev-pnote-586-2" id="pnote-586-2">2</a>] <em>À proprement parler ce n’est pas du dégroupage puisqu’on reste chez FT, mais plutôt de l’ADSL nu vendu moins cher pour éviter une saignée de clients vers Free et consorts..</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#rev-pnote-586-3" id="pnote-586-3">3</a>] <em>Là aussi j’ai eu du mal à trouver le bon numéro. Au moins m’a-t-on vite aiguillé vers le bon.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9m%C3%A9nagement-de-ma-ligne-Free-%3A-le-boulet-France-T%C3%A9l%C3%A9com#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/586« Trafic stellaire » de Pierre Barbeturn:md5:c39ab47022b1228b27203a3fefbdfa012009-07-02T21:28:00+02:002011-06-03T20:52:56+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiescynismedommageesclavageextraterrestresgaspillagehumourincohérencelivres lusscience-fiction<p>Petite chronique d’un navet de la SF française des années 70.</p> <p>Mes lecteurs se demanderont pourquoi je passe de précieuses heures d’éveil à lire des navets des années 70 (et en plus à les chroniquer<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-1" id="rev-pnote-572-1">1</a>]</sup>) quand parallèlement je me plains chroniquement de mon manque de temps et de mes étagères qui débordent. Le choix régulier
du nouvel hôte de la table de chevet fait partie de ces mystères
à jamais inexplicables. Ce soir-là j’avais sans doute envie de me
délasser les neurones après un pavé en anglais plein de termes techniques
et médiévaux<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-2" id="rev-pnote-572-2">2</a>]</sup>. (La vraie question serait plutôt : « que faisait ce vieux truc dans les livres à lire ? »)</p>
<p>Bref : j’avais déjà écrit beaucoup de mal d’un autre titre de Barbet,
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/12/13/A-quoi-songent-les-psyborgs-de-Pierre-Barbet">« À quoi songent les psyborgs »</a>. Cet opus est moins primaire, ou plutôt il est possible de le prendre à la fois au premier et au vingt-huitième degrés pour en faire une lecture pas
trop pénible (jusqu’au dernier quart qui est de trop).</p>
<p>Le héros est James Bond, ou plutôt son clone direct du futur :
invincible au combat rapproché, bourré de gadgets, irrésistible aux
yeux des femelles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-3" id="rev-pnote-572-3">3</a>]</sup> (il y a même l’équivalent de Moneypenny, le pillage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-4" id="rev-pnote-572-4">4</a>]</sup>
est complet).</p>
<p><del>James</del> Alex est donc envoyé sous un déguisement sur une planète manifestement pas assez industrialisée pour être riche, mais pleine aux as. Comment se fait-ce ?</p>
<p>À côté des invraisemblances propres aux conventions du genre combiné <em>Star Wars</em>/<em>007</em>,
le livre est pollué par un paquet d’aberrations très énervantes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-5" id="rev-pnote-572-5">5</a>]</sup> :
une planète est considérée comme pauvre car son écologie est parfaite
(savait-on en 1979 que l’écologie était un signe de richesse et
d’avancée technologique ?) ; chaque planète ne semble habitée que par
une poignée de personnes (aucune « construction de monde » là-dedans qui donne une impression de civilisation complète) ;
un ordinateur s’exprime avec des résultats
sur bandes de <em>papier</em> (l’auteur et les Apple Ⅱ<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-6" id="rev-pnote-572-6">6</a>]</sup> coexistaient pourtant déjà) ;
l’agent terrien arrive pile poil au moment de l’attaque des pirates (entre autres coïncidences improbables) ;
un pirate tient tête à une planète entière ;
les quelques humains portent trop souvent des noms français pour que cela soit plausible ;
etc.</p>
<p>Je veux bien que ce ne soit « que » du Fleuve Noir mais tout de même.</p>
<p>Le style est moins catastrophique que dans <em>À quoi songent les psyborgs ?</em>
mais les dialogues font toujours pitié. La moralité du héros même pue sérieusement (femmes-objet réduites en esclavage sans le moindre remord ...),
même si à d’autres moments son côté chevaleresque domine (du genre des boy-scouts dont on ne fait pas les 007). La psychologie primitive (pas complètement primaire, reconnaissons-le, il y a un début d’effort) ne relève pas le plat.</p>
<p>La fin est bâclée en deux pages pitoyables.</p>
<p>À conseiller : à personne, pour les aspects moraux, le style, et enfin parce que les scènes de fesse<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#pnote-572-7" id="rev-pnote-572-7">7</a>]</sup> interdisent de le donner à un gamin assez jeune pour ne pas rigoler de l’histoire.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-1" id="pnote-572-1">1</a>] <em>Mais j’aime dire du mal, et je voudrais bien chroniquer chacune de mes lectures ; c’est plus rapide avec un Barbet qu’avec </em>Les origines du totalitarisme<em> d’Arendt qui attend depuis des mois sur mon étagère.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-2" id="pnote-572-2">2</a>] Harry Potter<em>, tome 4. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Harry-Potter-and-the-Order-of-the-Phoenix">Je suis fan et j’assume</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-3" id="pnote-572-3">3</a>] <em>Les ravissantes extraterrestres ne sont pas décrites comme possédant assez de neurones pour être désignées d’un autre terme, et le héros les traite plus ou moins effectivement comme des objets.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-4" id="pnote-572-4">4</a>] <em>On n’ose dire « hommage ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-5" id="pnote-572-5">5</a>] <em>Qui cassent la plausibilité même de l’histoire, alors que le lecteur a fait des efforts pour suspendre son sens critique selon les codes du genre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-6" id="pnote-572-6">6</a>] <em>Remarque de forme sur une découverte récente qui m’esbaudit : les chiffres romains existent dans Unicode ! Je ne sais pas si ça s’affiche sur tous les navigateurs et tous les systèmes par contre. À utiliser à la place des I, III, IV, XI... pour la valeur sémantique : Ⅰ,Ⅲ,Ⅳ,Ⅺ.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#rev-pnote-572-7" id="pnote-572-7">7</a>] <em>Oh, pas de quoi fouetter un chat ; d’ailleurs on frémit à penser à ce que des descriptions moins elliptiques auraient donné avec le style de l’auteur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Trafic-stellaire-de-Pierre-Barbet#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/572« Petit traité de l’imposture scientifique » d’Aleksandra Krohurn:md5:b6cf628183ce8ae4b254d876d1ee166f2009-06-26T00:00:00+02:002012-01-04T21:13:27+01:00ChristopheScience et conscienceanthropieanthropomorphismeauto-organisationBiblebon senschristianismecivilisationcommunismecomplexitécynismeDieudiscriminationdommagedysfonctionnementdéterminismeenseignementexpertiseextraterrestresfoutage de gueuleGuerre Froideguerre saintehistoireincohérenceintelligencelivres luslobbysmanipulationmèmeouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprovocationreligionRussieréalitésabotagesciencescience-fictionthéologiethéorietotalitarismetranscendanceuniverséducationÉtats-Unisévolution<p>Les titres des dernies livres de <em>Pour la Science</em> sont accrocheurs mais parfois un peu trompeur. Il y avait déjà le cas de (l’excellent) <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-Sébastien-Steyer-et-Alain-Béneteau">la Terre avant les dinosaures</a></em>, qui traitait exclusivement des tétrapodes, et ici ce <em>Petit traité de l’imposture scientifique</em> décevra tous ceux qui cherchent à casser du sucre sur le dos de la science officielle. C’est peut-être le but d’ailleurs :-)</p> <p>Le livre vise plutôt à dénoncer tous ceux qui, sous couvert de science justement, sortent des inepties plus ou moins criminelles, plus ou moins sincères. Sur les pages flotte l’esprit du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>, grand pédagogue de l’évolution et grand pourfendeur de racistes et créationistes en tout genre. Mais le titre est encore une fois trompeur car il n’y a rien d’un « traité », on se limitera à un aperçu historique de quelques cas plus ou moins connus.</p>
<p><img src="http://www.editions-belin.com/e_img/boutique/full/004624.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Sont abordés plus ou moins succintement :</p>
<h3>Les canulars</h3>
<p>« Forme bénigne », les canulars touchent tous les domaines. Les plus connus sont l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Piltdown">homme de Piltdown</a> ou certains témoignages d’OVNI (dont un, français, exemplaire). J’ai adoré le canular d’Alain Sokal (développé dans <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html#impostures_intellectuelles">Impostures intellectuelles</a>, j’en parlerai ici).</p>
<h3>La mémoire de l’eau</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Benveniste">Jacques Benveniste</a>, loin d’être un original, a déclenché une tempête avec sa « mémoire de l’eau », que quasiment personne n’a pu reproduire et qui flanque en l’air les bases de la chimie, mais fut soutenu par toute l’industrie homéopathique (l’article Wikipédia sur le sujet est un modèle de schizophrénie.) L’homéopathie aurait d’ailleurs mérité un chapitre dans le livre...</p>
<p>Benveniste n’a jamais été accusé de fraude, au pire de faire n’importe quoi. Son cas est exemplaire par l’impact médiatique (<em>le Monde</em>, rien que ça, et je me souviens des tempêtes dans <em>Science & Vie</em>...).</p>
<h3>OVNI</h3>
<p>La mode des « soucoupes volantes » a duré de l’immédiat après-guerre à la fin du XXè siècle, parasitée par canulars et fraudes, interprétation sélective, phénomènes étonnants mais naturels mal interprétés, un ras-le-bol des scientifiques d’être assaillis de témoignages bidons, une méfiance envers les autorités de la part des «croyants », le tout sur fond de paranoïa en temps de guerre froide. Aleksandra Kroh dépeint, entre autres, l’histoire des commissions militaires ou civiles chargées de faire la lumière sur ces affaires, fatalement sans convaincre personne.</p>
<h3>Lyssenko</h3>
<p>C’est là le plus énorme et catastrophique exemple de charlatanisme scientifique.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lyssenko">Trofim Lyssenko</a>, petit technicien agricole ukrainien, réussit à se hisser au sommet de la hiérarchie scientifique de l’URSS stalinienne par son astuce, ses « découvertes » toujours affirmées avec enthousiasme, mais jamais vérifiées, son talent oratoire, et sa capacité à deviner les attentes d’un Staline qui sera son soutien principal. Perte collatérale : l’agriculture soviétique, gérée en dépit du bon sens pendant des décennies, et la génétique de tout le bloc de l’Est — pendant qu’elle se développait massivement à l’ouest.</p>
<p>Comment un arriviste a-t-il pu si longtemps abuser un pays entier ? Pour Kroh, la réponse n’est pas qu’idéologique : la vue à très court terme des fonctionnaires de l’époque, assez désespérés par la situation catastrophique de l’agriculture soviétique pour croire le premier charlatan venu, et ce « règne des médiocres » typique des régimes totalitaires, sont la cause principale, et non un réel souci d’établir une « science prolétarienne ». La « logique » interne du stalinisme a fait le reste.</p>
<h3>La supériorité blanche</h3>
<p>L’apothéose des théories racistes s’incarne évidemment dans les délires du Ⅲè Reich. Cependant, bien longtemps avant, il était « évident » qu’il y avait plusieurs races humaines, et que la race blanche était « évidemment » supérieure. Selon l’époque et le milieu, on justifiait ainsi l’esclavagisme ou un simple paternalisme colonial.</p>
<p>Plus d’un scientifique a tenté de trouver une base réelle à la supériorité blanche, sans succès à chaque fois que le travail était fait sérieusement, sans sélection préalable ou postérieure des données. La génétique actuelle a sonné le glas définitif (en sciences...) du racisme en permettant, certes, de discerner des provenances géographiques mais en dévoilant l’énorme diversité génétique à l’intérieur de chaque groupe, et des indices sur nos ancêtres communs —bien trop proches et peu nombreux pour que toute différentiation sérieuse ait pu avoir lieu, sans compter les métissages réguliers.</p>
<p>La fin du chapitre relève quelques survivances racistes dans notre civilisation : le <a href="http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html">discours de Dakar</a> de Sarkozy (vers le milieu : « <em>Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire</em> » et la suite immédiate), ou les élucubrations de Watson (nouveau rappel que les Nobel ne sont pas toujours les derniers à dire des sottises).</p>
<h3>Le créationisme</h3>
<p>Les pages sur Darwin montrent bien la vitalité et disparité du monde créationiste, qui rejette le darwinisme, l’évolution, la sélection naturelle. Il y a un monde entre le rejet viscéral de fondamentalistes américains financièrement puissants, celui du clergé polonais qui même rejette les avis de Jean-Paul Ⅱ sur l’évolution (« <em>plus qu’une hypothèse</em> »), ou celui de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/William_Jennings_Bryan" hreflang="en">William J. Bryan</a> (un politicien américain du début du siècle, plutôt de gauche mais fondamentaliste, incapable de concilier d’une part la morale et le progrès, et d’autre part l’impitoyable lutte pour la survie et ses implications sociales effroyables — ses craintes sur ce point étaient fondées !), ou le « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">dessein intelligent</a> ».</p>
<p>Ce dernier, qui se veut une version « scientifiquement correcte » ne va pas jusqu’à nier l’âge canonique de la Terre ni même la modification graduelle des espèces, mais (et ça me rappelle le « Dieu des manques », explication bouche-trous aux manques de la science, et fatalement destiné à se réduire au fur et à mesure que celle-ci progresse) voit dans certaines choses « irréductiblement complexes » la main d’une intervention extérieure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#pnote-577-1" id="rev-pnote-577-1">1</a>]</sup>. Le piège <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Finalisme">finaliste</a> est sournois et courant (et, justement, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/">la Terre avant les dinosaures</a></em> montre bien qu’il n’y a aucune finalité dans la transition poisson/reptiles).</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_du_singe">procès du singe</a> est évidemment traité, ainsi que l’état désastreux de la culture américaine, polonaise ou turque dans le domaine de l’évolution. La montée d’un créationisme islamique est inquiétant même s’il touche peu les scientifiques locaux.</p>
<h3>Bilan</h3>
<p>Ce livre prêche plutôt à un public convaincu d’avance. Je lui reprocherais de ne pas s’étendre sur les critères qui font de la <em>bonne</em> science : reproductibilité, publication et avis des pairs, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutabilité</a> à la Popper, non-pertinence des anecdotes personnelles, règles statistiques contre-intuitives... ou les écueils à éviter : tour d’ivoire, consensus d’un petit cercle, parasites socio-économiques, modes... que les fanatiques de telle ou telle théorie rejetée brandissent un peu trop vite.</p>
<p>La possibilité d’une cohabitation paisible de la science et de la religion est par contre bien évoquée (référence à la doctrine <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Non-Overlapping_Magisteria" hreflang="en">NOMA</a> de non-empiètement de Gould).</p>
<p>Auraient mérité d’être abordés : les charlatanismes du genre de l’astrologie, les médecines douces plus ou moins délirantes, homéopathie en tête, tout ce qui tourne autour des manipulations motivées par des soucis financiers ou <em>marketing</em> (lobby pharmacie, lobby pétrolier anti-réchauffement climatique), ou la fraude délibérée venant des scientifiques eux-mêmes.</p>
<p>Bref : malgré tout, si vous ne connaissez pas déjà à fond les sujets ci-dessus, ce <em>Petit traité</em> sera une saine lecture, plus historique que fondamentale, juste un peu frustrante par le manque de profondeur.</p>
<p><a href="http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-petit-traite-de-l-imposture-scientifique-12486.php">Présentation sur le site web de l’éditeur</a><br />
<a href="http://charlatans.info/news/spip.php?article156">Avis sur charlatans.info</a><br />
<a href="http://scepticismescientifique.blogspot.com/2009/04/notes-de-lectures-9-petit-traite-de.html">Avis critique sur le blog scepticismescientifique</a>, avec des réserves sur le manque d’explication sur <em>pourquoi</em> certaines affirmations ne sont pas scientifiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#rev-pnote-577-1" id="pnote-577-1">1</a>] <em>Qu’on ose avancer cette explication, qui implique l’existence d’une entité </em>encore plus complexe<em>, me fascine.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/57760 % d’abstentionurn:md5:ea881c77f30895f67d2ad771824254d82009-06-07T20:18:00+02:002010-10-17T20:50:32+02:00ChristopheRes publicabon senscommunicationcynismedommagedysfonctionnementdécadencedémocratieEuropefoutage de gueulelibertéparadoxepessimismepolitiquepsychologieéconomie de l’attention<p>60 % de nouilles dans ce pays. Allez, 40 % en déduisant ceux qui avaient de bonnes raisons ou un empêchement plus ou moins sérieux pour ne pas voter aux Européennes.</p> <p>Je suis partagé entre deux propositions de mesure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#pnote-559-1" id="rev-pnote-559-1">1</a>]</sup> :</p>
<ul>
<li>la <strong>distribution des sièges en fonction du taux d’abstention</strong> : les circonscriptions les moins assidues seraient sous-représentées par rapport aux plus sérieuses, et au niveau continental les Belges et Grecs seraient surreprésentés par rapport aux Italiens ;</li>
</ul>
<ul>
<li>le <strong>vote obligatoire</strong>, car c’est un devoir et pas seulement un droit : Belges, Grecs, Australiens, Brésiliens, Luxembourgeois (cf <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vote_obligatoire">Wikipédia</a>)... doivent aller voter sous peine de sanctions parfois sévères (pas de passeport, amende plus ou moins lourdement salée...) - personnellement je trouverais ça normal sous peine d’une amende genre 10-20 €, appliquée de manière plus ou moins stricte suivant le taux de participation.</li>
</ul>
<p>Par contre, je trouve <a href="http://www.lemonde.fr/elections-europeennes/article/2009/06/02/en-estonie-sept-clics-pour-voter_1201236_1168667_1.html">dangereux pour la confidentialité le vote par Internet comme en Estonie, où la participation n’est pas grandiose non plus</a>.</p>
<p>Et celui qui ne sait pas pour qui voter sait quand même probablement <em>contre</em> qui voter, nom de Diou !<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#pnote-559-2" id="rev-pnote-559-2">2</a>]</sup></p>
<p>Je ne parlerai pas du rôle accablant des médias. Si je ne lisais pas <em>Que Choisir</em>, je ne saurais pas que le Parlement européen existe entre les élections.</p>
<p>La seule chose qui me console est que ma voix a compté double.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#rev-pnote-559-1" id="pnote-559-1">1</a>] <em>Ce qui n’aura aucune importance pour la vie politique du pays vu que mon poids politique est d’un quarante millionième les jours de participation forte.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#rev-pnote-559-2" id="pnote-559-2">2</a>] <em>Et je ne parle même pas d’innovation comme le bulletin noir : soit comme vote négatif </em>contre<em> un candidat, soit comme rejet de tous avec, en cas de majorité noire, annulation de l’élection et inélégibilité des candidats pour la répétition du scrutin ; cela redirigerait le vote protestataire et résoudrait quelques paradoxes aux municipales où on a le choix entre un escroc connu et un </em>outsider<em> en déphasage total avec les sensibilités locales, quand ce n’est pas carrément un facho.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/559Extrait de mes signatures automatiques : développement informatique (2)urn:md5:cddeffc2d3c6e0fb50fbd449d1e9e8822009-04-27T00:00:00+00:002011-06-03T17:23:41+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementbon senscitationcomplexitécynismedysfonctionnementdéveloppementfoutage de gueuleinformatiqueperfectionnismeperspectiveprise de têtetravailéconomie<p>(<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/29/510-extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-1">La partie 1, c’était en juin dernier…</a>.</em>)</p>
<p>Ici aussi la source principale est <a href="http://slashdot.org" hreflang="en">Slashdot</a>, ou plutôt ses commentateurs (parce que le site lui-même...). Toute proposition de meilleure traduction est la bienvenue.</p> <hr />
<blockquote><p><em>Realize that for every good new idea that you hear about, there are at least a 100 that were funded, developed, and failed before you ever saw them. The naive reaction is “well, they were stupid”. That’s nonsense, history has shown over and over that we find new ideas amongst the insight we gain by building the bad ideas. Without doing that, we don’t learn what was bad and we don’t recognize what is good.</em><br /> <br />Comprenez que pour chaque nouvelle bonne idée dont vous entendez parler, il y en a au moins cent qui ont été financées, développées et ont échoué avant que vous ne les voyiez. La réaction naïve est « bon, elles étaient stupides ». C’est un non-sens, l’histoire a montré encore et encore que nous trouvons les nouvelles idées avec le recul obtenu en développant les mauvaises. Sans ça, nous n’apprenons pas ce qui était mauvais et nous ne reconnaissons pas ce qui est bien.<br /> <br /><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Larry_McVoy" hreflang="en">Larry Mc Voy</a>, <a href="http://kerneltrap.org/node/222">kerneltrap.org, 28/05/2002</a></p></blockquote>
<p>C’est la version moderne du « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », appliquée à l’innovation de manière globale. Tant de choses nous semblent évidentes et simples parce que mille autres théories, possibilités, configurations... ont été essayées sans succès. L’un des enjeux de l’informatique actuelle est de pouvoir continuer à expérimenter tous azimuts, sans se laisser enfermer par un choix technologique d’<em>un</em> fournisseur.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>We are not tolerant people.<br />We prefer drastically effective solutions.</em><br /> <br />Nous ne somme pas des gens tolérants. <br />Nous préférons les solutions drastiquement efficaces.<br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>Les informaticiens n’ont jamais été des gens portés sur la mesure et le compromis, ni portés à ménager la chèvre et le chou.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>This product does exactly the source code says it does.<br />All other documentation is purely opinion.</em><br /> <br />Ce produit fait exactement ce que le code source dit qu’il fait.<br />Toute autre documentation est pure opinion. <br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>À garder à l’esprit quand on lit la documentation d’un outil... Mais soyons honnête : la documentation pêche plutôt par sa pure et simple absence, et les <em>bugs</em> ne sont de toute manière <em>pas</em> documentés.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>If a line of code doesn’t exist, then it cannot contain a bug.</em><br /> <br />Si une ligne de code n’existe pas, elle ne peut pas contenir un bug.<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~wowbagger">wowbagger</a>, <a href="http://developers.slashdot.org/comments.pl?sid=51636&cid=5142354">Slashdot.org, 23/01/2003</a></p></blockquote>
<p>C’est simple mais il fallait y penser. C’est en partie à cause de leur verbosité que ne m’attirent ni Java (pas assez pratiqué pour le haïr de manière honnête), ni l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/19/186-prise-de-tete-en-abap">ABAP</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/16/252-par-paquets-de-5">l’existence même de ce langage est un non-sens</a>), et par sa compacité que <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/07/09/521-python-et-moi">python</a> me plaît.</p>
<hr />
<p>Ce qui suit décrit une longue partie de mon existence gaspillée à maintenir du code écrit par des débutants ou des Indiens pour un ERP :</p>
<blockquote><p><em>Don’t be afraid to refactor code every so often (...) Even good coders crumble to cost and schedule, and band-aid code that just plain needs to be rethought. In some environments, that’s a fact of life. In others you will have to fight for it, but you can get code rewritten.<br />In my experience, programming for an employer is the process of secretly introducing quality. This usually consists of debugging and refactoring on the sly while your pointy-haired boss thinks you're adding ‘features’.<br />Is it just me, or this the way it's done most places?</em><br /> <br />N’ayez pas peur de refactoriser le code de temps à autre (...) Même les bons développeurs doivent céder devant les coûts et les plannings, et les rustines a repenser complètement. Dans certains environnements, ça fait partie de la vie. Dans d’autres, vous devrez vous battre, mais vous arrivez à réécrire du code.<br />D’après mon expérience, programmer pour un employeur consiste à introduire secrètement la qualité. Cela consiste habituellement à déboguer et refactoriser furtivement pendant que votre incompétent de chef croit que vous ajoutez des « fonctionnalités ».<br />Est-ce juste moi, ou c’est comme ça que ça se passe presque partout ?<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~sbszine">sbszine</a>, <a href="http://developers.slashdot.org/comments.pl?sid=51636&cid=5141535">Slashdot.org, 23/01/2003</a></p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>Where I work, firing any number of the “developers” would thoroughly and permanently cripple the company. These guys are just irreplaceable. Use <code><a href="http://plasserre.developpez.com/v1-7.htm">Strict</a></code>? <code><a href="http://plasserre.developpez.com/v1-7.htm">Option Explicit?</a></code> Comments? Documentation? Proper English? Any jedi craves not these things.</em><br /> <br />Là où je travaille, virer n’importe quel nombre de « développeurs » handicaperait complètement et définitivement la société. Ces gars sont irremplaçables. Utiliser <code>Strict</code> ? <code>Option Explicit</code> ? Des commentaires ? La documentation ? Du vrai français ? Un <em>jedi</em> n’a pas besoin de ces choses.<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~Darth_Burrito">Darth_Burrito</a>, <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=52174&cid=5178331">Slashdot.org, 29/01/2003</a></p></blockquote>
<p>Sans commentaire. Avoir du code glauque que l’on est seul à comprendre est à la fois une protection contre le chômage (illusoire quand le chef croit que n’importe quel Indien saura faire pareil), et contre toute promotion (une personne indispensable reste où elle est (problème des gens <em>très</em> compétents également)).</p>
<hr />
<p>J’aime bien celle-là aussi, dans la série des priorités dans la vie :</p>
<blockquote><p><em>Save the whales,<br /> feed the hungry,<br /> free the mallocs.</em><br /> <br />Sauvez les baleines,<br /> nourrissez les affamés, <br />libérez les <code><a href="http://www.linux-kheops.com/doc/man/manfr/man-html-0.9/man3/malloc.3.html">malloc</a></code>.<br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>Évidemment, en <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/07/09/521-python-et-moi">python</a>, c’est hors sujet...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-2#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/456Journal de siège (suite)urn:md5:507b78cba19b524f25a7244c8802cd572009-04-03T15:03:00+02:002010-10-18T06:51:50+02:00ChristopheRes publicaAlsacebon senschaoscynismedommageemmerdeursgéopolitiqueparanoïasécuritéterrorismetravail<p>Le sommet de l’OTAN chez moi. Récit d’une ville en état de siège, deuxième partie.</p> <p>Obama et Sarko sont là — mais pas encore les autres chefs d’État de l’OTAN, ils ne se voient que ce soir à Baden-Baden (oui, c’est dans le pays à côté).</p>
<p>Juste pour ces deux personnes et à cause des divers manifestants et excités que leur venue a attiré, nous avons eu droit :</p>
<ul>
<li>à la présence omniprésente de <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20090331.FAP3620/sommet_de_lotan_strasbourg_transformee_en_forteresse_pe.html">très nombreuses forces de l’ordre</a> (et de secours d’urgence...) que l’on voyait depuis plusieurs jours converger vers la ville : pas de problèmes pour les Gardes républicains à cheval (pour les abords du Rhin) mais on est moins heureux de voir des unités de décontamination ou de déminage ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à un arrêt complet des bus en cours de mâtinée sur ordre du préfet<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#pnote-546-1" id="rev-pnote-546-1">1</a>]</sup> : la gratuité n’était donc qu’un leurre pour mieux piéger ceux qui n’avaient pas posé de RTT !</li>
</ul>
<ul>
<li>à <a href="http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200002&sid=10534439&cKey=1238759772000">300 interpellations</a> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à un ballet d’hélicoptères Puma<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#pnote-546-2" id="rev-pnote-546-2">2</a>]</sup> qui survolent régulièrement mon coin de banlieue... y compris à 4 h du matin (et ça fait du bruit, un Puma !) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à un blocage complet de l’autoroute, du nord au sud de l’agglomération, depuis ce matin, jusque samedi soir ; même la N83 (une autre artère vitale) est bloquée ; quant aux panneaux indiquant des déviations, je n’ai pas le souvenir d’en avoir vu ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à une absence totale de poids lourds sur les routes, il faut bien qu’il y ait des bons côtés !</li>
</ul>
<p>Je souhaite bien du courage à mes concitoyens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#pnote-546-3" id="rev-pnote-546-3">3</a>]</sup> qui vivent au centre-ville en « zone rouge », ou (pire) près des repaires de casseurs comme <a href="http://www.lalsace.fr/article/anti-otan-premiere-guerilla-urbaine-a-strasbourg---566112?symfony=72aff2671ee941f3e80ab3f3be779e97">Neudorf, Neuhof ou Meinau</a>... <a href="http://www.lalsace.fr/article/evitons-de-tomber-malade---545769">Il ne manquerait plus que j’ai besoin d’aller aux urgence ces jours-ci</a>...</p>
<p>Parmi les alternatives qui auraient été possibles à la perturbation d’un département et d’un <em>Land</em> (île isolé, base militaire, petite ville...), j’aime bien <a href="http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/04/un-rideau-de-fer-sest-abattu-sur-strasbourg.html#comment-6a00d83451b56c69e201156fca1ca9970b">cette suggestion : un des châteaux de la Loire</a> ! (Prestigieux, grand, proche de Paris, nombreuses hostelleries dans la région...)</p>
<p>Je n’ose commencer une estimation du CO2 balancé en l’air par tout ce bazar.</p>
<p>Vivement dimanche.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#rev-pnote-546-1" id="pnote-546-1">1</a>] Dixit<em> la radio locale.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#rev-pnote-546-2" id="pnote-546-2">2</a>] <em>Enfin, ça ressemble à un Puma tel que Wikipédia l’affiche. Je ne connais rien aux hélicoptères sinon des bribes de culture générale militaire héritées des défilés du 14 juillet à la télé, et je n’ai pas envie de devenir une cible en sortant de chez moi les observer à la jumelle.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#rev-pnote-546-3" id="pnote-546-3">3</a>] <em>Au sens primitif.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/04/03/%C3%89tat-de-si%C3%A8ge-%28suite%29#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/546Ma ville en état de siègeurn:md5:1b7051f52e2cce7d3db63928ae01d3862009-03-29T15:09:00+02:002011-06-03T08:25:03+02:00ChristopheRes publicaAlsacebon senschaoscynismedommageemmerdeursfichagegéopolitiqueparanoïasécuritéterrorismetourismetravail<p>Le sommet de l’OTAN chez moi. Récit d’une ville en état de siège, première partie.</p> <p>L’OTAN fait un grand <em>pow wow</em> le ouikène prochain dans ma bonne ville de l’est de la France<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-1" id="rev-pnote-545-1">1</a>]</sup>. Il y aura notamment deux Présidents d’États occidentaux très connus<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-2" id="rev-pnote-545-2">2</a>]</sup>, B.O. et N.S.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-3" id="rev-pnote-545-3">3</a>]</sup>, dont les services de sécurité sont aussi connus pour être légèrement paranoïaques. Je ne parle pas des autres chefs d’État<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-4" id="rev-pnote-545-4">4</a>]</sup> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-5" id="rev-pnote-545-5">5</a>]</sup> invités.</p>
<p>Il n’est plus possible de franchir le pont de l’Afrique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-6" id="rev-pnote-545-6">6</a>]</sup> sans croiser moults pandores, flics, agents et keufs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-7" id="rev-pnote-545-7">7</a>]</sup>. C’est la même chose pour l’autre pont par-dessus la Volga<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-8" id="rev-pnote-545-8">8</a>]</sup>. Je suis sceptique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-9" id="rev-pnote-545-9">9</a>]</sup>, car un éventuel voleur de poule<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-10" id="rev-pnote-545-10">10</a>]</sup> ferait sûrement un petit crochet de deux heures de route par le voisin pays du Népal<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-11" id="rev-pnote-545-11">11</a>]</sup>, ou gaspillerait sûrement une journée pour venir de la capitale par notre TGV tout neuf<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-12" id="rev-pnote-545-12">12</a>]</sup>.</p>
<p>Quoique l’option du détour par l’intérieur du pays ne semble pas être spécialement heureuse : un collègue de passage, non natif de la région, a déjà été arrêté à l’extrême limite de l’agglomération, et interrogé par des gens en uniforme car sa voiture ne portait probablement pas le bon numéro de département<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-13" id="rev-pnote-545-13">13</a>]</sup>.</p>
<p>Les préparations vont bon train :</p>
<ul>
<li>les manifestants que nos restes de système démocratique obligent à laisser défiler sont parqués, histoire de les laisser bien mitonner et se monter le bourrichon ;</li>
<li>les plaques des égouts sont soudées dans la zone « sécurisée ».</li>
</ul>
<p>Dendrevi et simeda prochains<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-14" id="rev-pnote-545-14">14</a>]</sup>, ce sera pire :</p>
<ul>
<li>un tiers du centre de la ville va être complètement bouclé, avec carte délivrée aux résidents pour qu’ils puissent au moins rentrer chez eux ; ils ont pensé aux médecins de garde mais je me demande ce qui se passera pour les malheureux qui rentreront chez eux après trois semaines d’absences ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les écoles de ces quartiers seront fermées ;</li>
</ul>
<ul>
<li>boulodromes, stades, piscines, gymnases : dans la zone <del>contaminée</del> orange, ce sera fermé (dommage la météo était idéale) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>une bonne partie de l’administration de la ville aura autre chose à faire que sa mission habituelle ;</li>
</ul>
<ul>
<li>et en conséquence, même les médiathèques fermeront dans toute la Communauté Urbaine ;</li>
</ul>
<ul>
<li>pas de courrier pendant deux jours pour la « zone rouge » : les facteurs sont tous de dangereux gauchistes, c’est bien connu ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la plupart des trains vont paraît-il circuler, mais pas vers le pays germanique voisin (<em>schade für diejenigen, die dort arbeiten...</em>) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>pour les urgences, le plus grand hôpital de la ville, Bascaillou<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-15" id="rev-pnote-545-15">15</a>]</sup> a été quasiment réquisitionné ; on est prié d’éviter toute urgence médicale ou obstétrique ces jours-là ; le commun des mortels de banlieue est redirigé vers d’autres villes !</li>
</ul>
<ul>
<li>le réseau du tram du nord de la ville n’existera plus pendant deux jours ; malheur à celui qui doit traverser l’agglomération pour aller travailler et ne peut sacrifier de RTT ce jour.</li>
</ul>
<p>Au boulot, la secrétaire a résumé la situation par un lapidaire « C... (la patronne), vendredi tu peux fermer l’agence ! ». Comme nombre de collègues j’ai posé un jour. Même s’il était possible que je sois ce jour-là en clientèle, ce sera le bazar sur la route dans tout le département.</p>
<p>Car le plus drôle<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-16" id="rev-pnote-545-16">16</a>]</sup>, c’est la fermeture de l’autoroute A314159<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-17" id="rev-pnote-545-17">17</a>]</sup>, véritable colonne vertébrale du département et artère de l’agglomération. Un peu comme si on fermait le périph’ parisien un jour ouvré<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-18" id="rev-pnote-545-18">18</a>]</sup>. Ma tendre moitié n’a pas la latitude de prendre ses RTT quand elle veut, mais elle a la chance d’être du bon côté de l’agglomération et de connaître les petits chemins qui seront probablement saturés... (Le simeda aussi, qui, Murphy<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-19" id="rev-pnote-545-19">19</a>]</sup> oblige, est travaillé exceptionnellement pour elle ouikène-là…)</p>
<p>En fait, c’est tout le trafic du département et du <em>Land</em> de l’autre côté de la frontière qui est perturbé. Pour un Sélestat-Haguenau, il faudra passer par Saverne ! (<a href="http://www.bas-rhin.pref.gouv.fr/medias/fichiers/Carte_generale_des_deviations.jpg">Carte</a>) C’est la moindre des choses, les transports en commun seront gratuits les deux jours fatidiques, et les parkings-relais aussi (pour ceux qui arriveront jusque là, et si ledit parking-relais n’est pas dans la zone sécurisé, et donc fermé).</p>
<p>Tous les détails sont sur <a href="http://www.strasbourg.eu/international/sommet-otan?ItemID=2451198858">obersouffolschweinheim.eu</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-20" id="rev-pnote-545-20">20</a>]</sup>.</p>
<p>On notera par exemple, dans les questions-réponses :</p>
<blockquote><p><em>Que se passe-t-il si j’oublie mon badge, si je le perds ?</em><br /> <br />Un dispositif adapté est cours d’élaboration pour permettre en temps réel d’apporter une réponse à ce type de difficulté.</p></blockquote>
<p>Personnellement, ce genre de réponse bureaucratique non explicite me glace le sang. Qu’est-ce qu’un « dispositif adapté » face à un « voleur de poules » potentiel, pour des agents de sécurité sur les dents, fatigués après un mois de paranoïa collective, et éventuellement deux soirées de castagne contre des anti- ou alter-otanistes, le tout en Sarkozie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-21" id="rev-pnote-545-21">21</a>]</sup> ?</p>
<p>Je me demande comment le prennent les commerçants. Dans l’hostellerie, la saturation doit être complète (beaucoup de monde est délocalisé à Baigner-Baigner<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-22" id="rev-pnote-545-22">22</a>]</sup> d’ailleurs). Déjà en période de session parlementaire les hôtels sont tous blindés. Certains restaurants devront faire aussi le plein de journalistes, mais entre les autochtones qui se terreront et les touristes qui fuiront une ville devenue inaccessible et à la partie touristique en état de siège, les restos gastronomiques feront grise mine. Pour le petit commerce classique, je prédis un contraste flagrant avec les ouikènes de soldes. Surtout dans les marchés qui ont été annulés.</p>
<p>Franchement, la prochaine fois, je leur serais reconnaissant de faire ça dans une autre ville, par exemple la riante Châlons-en-Champagne<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#pnote-545-23" id="rev-pnote-545-23">23</a>]</sup>, autre capitale régionale, riche de casernes à proximité pour parquer agents de sécurité et manifestants, au relief adapté au repérage à la jumelle de tout intrus, loin de tout centre industriel, mais à proximité relative du TGV. La population totale de la ville est inférieure à celle des quartiers de Strasbourg concernés, et là il n’y a pas de banlieue. Et pour le prestige de la France, les mines de boissons alcoolisée à bulles sont à proximité immédiate.</p>
<p><br /> <br /><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/04/03/État-de-siège-(suite)">À suivre...</a></em><br /> <br /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-1" id="pnote-545-1">1</a>] <em>Pour la sécurité des Présidents impliqués, le nom de la ville a été masqué.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-2" id="pnote-545-2">2</a>] <em>Pour la sécurité des États en question, leurs noms ne seront pas divulgués.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-3" id="pnote-545-3">3</a>] <em>Pour la sécurité des chefs d’État en question, leurs noms ne seront pas divulgués. En fait non, ne croyez pas ça, ce n’est même pas sûr qu’ils viennent.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-4" id="pnote-545-4">4</a>] <em>Pour leur sécurité, leur nombre ne sera pas divulgué ici. On précisera juste que c’est un entier strictement positif strictement inférieur au chiffre de la population mondiale.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-5" id="pnote-545-5">5</a>] <em>De toute manière, la télé française ne parlera probablement que de N.S. et de B.O.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-6" id="pnote-545-6">6</a>] <em>Pour la sécurité du pont, son nom a été échangé par celui d’un autre continent.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-7" id="pnote-545-7">7</a>] <em>Pour la sécurité des agents de sécurité en question, leur nom officiel a été remplacé par des sobriquets bien innocents.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-8" id="pnote-545-8">8</a>] <em>Pour la sécurité du fleuve frontalier en question, son nom a été remplacé par un autre nom de fleuve européen.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-9" id="pnote-545-9">9</a>] <em>Simple formule de style, cher agent des </em>Secret Services<em> qui épluchez les blogs de tous les habitants de la région ; je ne mets aucunement en doute l’efficacité finale des mesures de sécurité ici énoncées.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-10" id="pnote-545-10">10</a>] <em>Euphémisme né d’une (probablement dérisoire) tentative d’éviter un mot commençant comme </em>terreau<em> et finissant comme </em>touriste<em> qui a le malheur de déclencher l’attention de toutes les agences à trois lettres américaines et toutes celles à quatre lettres françaises. </em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-11" id="pnote-545-11">11</a>] <em>Pour la sécurité du pays en question, son nom a été remplacé par celui d’un autre petit pays neutre et montagneux, quoique nettement moins richement doté en coffres et institutions bancaires.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-12" id="pnote-545-12">12</a>] <em>Que nous avons payé de nos impôts régionaux à nous, rappelons-le encore, puisque nous ne sommes après tout que la région frontalière du premier partenaire économique de la France mais pas une destination de vacances privilégiée des Parisiens.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-13" id="pnote-545-13">13</a>] <em>Et comment vont faire les services de sécurité quand ledit numéro départemental aura disparu des plaques ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-14" id="pnote-545-14">14</a>] <em>Par sécurité, les noms des jours ont été subtilement cryptés.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-15" id="pnote-545-15">15</a>] <em>Pour protéger sa sécurité, comme d’hab...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-16" id="pnote-545-16">16</a>] <em>Rions jaune.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-17" id="pnote-545-17">17</a>] <em>Par sécurité, son code a été modifié.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-18" id="pnote-545-18">18</a>] <em>Aux Parisiens qui répondraient que vu son encombrement ça revient au même je réponds qu’ils n’ont hélas pas le monopole des bouchons aux heures de pointe.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-19" id="pnote-545-19">19</a>] <em>Ce nom n’a </em>pas<em> été crypté — ce serait vraiment attirer Son attention.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-20" id="pnote-545-20">20</a>] <em>Pour protéger sa réputation, le nom de la ville a été changé par un autre, certes inventé, mais typique de la région.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-21" id="pnote-545-21">21</a>] <em>Ça y est, je suis définitivement fiché.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-22" id="pnote-545-22">22</a>] <em>Pour sa sécurité, le nom de cette ville d’eau étrangère bourrée d’hôtels a été subtilement altéré par translation linguistique.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#rev-pnote-545-23" id="pnote-545-23">23</a>] <em>Bonjour à mon client de là-bas.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-%C3%A0-si%C3%A8ge#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/545Stupidité, incompétence, malice, malveillance : variations sur un proverbeurn:md5:0019a615d82e9cc4132ace00fd915b842009-03-22T00:00:00+00:002018-06-16T13:27:03+00:00ChristopheCitationsbon senscynismedysfonctionnemententropiehiérarchieintelligenceorganisationouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprise de têtepsychologiethéorieéconomie<p>Il y a des citations que j’adore parce que :</p>
<ol>
<li>elles donnent une explication simple et fondamentale du monde ;</li>
<li>elles peuvent se décliner à l’infini.</li>
</ol> <p>En l’occurence :</p>
<blockquote><p>Never attribute to malice that which can be adequately explained by stupidity.</p></blockquote>
<p>Celle-ci a de plus l’émoustillante faculté d’être vicieuse à traduire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. « Malice » est un faux ami, ou plutôt dont le sens original s’est émoussé par rapport à l’américain<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ce qui donne plutôt :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui peut s’expliquer par la stupidité.</p></blockquote>
<p>C’est un de mes mantras, une des manières que j’ai de ne pas devenir paranoïaque dans ce monde malgré les apparences<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hanlon's_razor" hreflang="en">Sur le web anglosaxon, on appelle cela le « rasoir d’Hanlon »</a>, en référence au rasoir d’Occam qui veut que l’explication la plus simple est celle à privilégier. Que chaque humain soit fondamentalement apparemment un imbécile, au moins une partie du temps, explique à mon avis mieux le monde qu’une flopée de conspirations toutes plus démoniaques et tentaculaires les unes que les autres.</p>
<p>(En fait, toujours d’après les sources difficilement vérifiables de Wikipédia, la version originale serait du grand Robert Anson Heinlein<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>You have attributed conditions to villainy that simply result from stupidity.<br /> <br /><em>Robert A. Heinlein</em>, Logic of Empire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup><em>, 1941</em></p></blockquote>
<p>La déformation du nom semble évidente. )</p>
<p>Évidemment, la stupidité de son prochain n’est pas forcément la bonne explication. Et ce qui peut sembler stupide est peut-être plus pertinent quand on y réfléchit ou depuis un autre point de vue :</p>
<blockquote><p>Don’t assign to stupidity what might be due to ignorance. And try not to assume your opponent is the ignorant one — until you can show it isn’t you.<br /> <br />N’attribuez pas à de la stupidité ce qui peut n’être que de l’ignorance. Et essayez de ne pas supposer que votre adversaire est l’ignorant — à moins que vous ne puissiez montrer que ce n’est pas vous.<br /> <br /><em>M. L. Plano Joao Miranda</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Napoléon aurait, paraît-il, exprimé une version moins cruelle qui distingue la stupidité intrinsèque et celle que chacun manifeste hors de son domaine précis ou par manque de formation (je donnerais cher pour trouver la source réelle de cette phrase que je trouve essentiellement chez les Anglo-saxons !) :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence.<br /> <br /><em>Napoléon Bonaparte</em></p></blockquote>
<p>J’adopte pour ma part une autre version étendue (je ne sais plus où je l’ai lue), qui me sert quasiment tous les jours dans le monde du travail, et doit être à peu près universellement applicable :</p>
<blockquote><p>N’attribuez pas à la malveillance ce qui n’est qu’incompétence.<br />N’attribuez pas à l’incompétence ce qui n’est que réduction de budget. <br />N’attribuez pas à une réduction de budget ce qui n’est que mauvaise organisation.</p></blockquote>
<p>Les deux concepts (stupidité et malveillance) se rejoignent dans une version très inspirée par <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe">la loi de Clarke dont j’ai déjà fait mon miel</a>, quelqu’un a nommé ça la « Loi de Grey ».</p>
<blockquote><p>Any sufficiently advanced incompetence is indistinguishable from malice.<br /> <br />Toute incompétence assez avancée est indiscernable de la malveillance.</p></blockquote>
<p>(Ce qui rejoint la sagesse populaire quand elle s’exclame : « Il devrait être interdit d’être aussi con ! ») Et c’est cette fusion des deux concepts qui à mon avis rend les gens paranoïaques quand les choses sont pas ou mal faites. Je ne développerai pas ici les concepts de négligence criminelle, non-assistance à personne en danger, développement de Vista...</p>
<p>Le XXè siècle finissant et le XXIè vagissant ont même froidement théorisé ce comportement, et en sont arrivés à cette explication fondamentale de notre époque qui en revient au thème de la paranoïa, mais dans un sens totalitaire (« totalitaire » dans le sens où on ne vous en veut pas <em>personnellement</em> ni pour ce que vous pouvez faire, mais vous en serez victime quand même <em>car le système est comme ça</em>) :</p>
<blockquote><p>Never ascribe to malice what can be explained by business sense.<br /> <br />N’attribuez jamais à la malveillance ce qui n’est que sens du commerce.</p></blockquote>
<p>(Pour la traduction exacte, j’hésite.) Ce qui peut se décliner sous deux formes :</p>
<ul>
<li>les horreurs genre DRM, verrouillage du marché qui ne sont qu’une forme particulièrement raffinée d’égoïsme et de parasitisme ;</li>
<li>l’organisation interne de certains grandes structures (centres d’appel, administration à la soviétique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>, planification démentielle<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>...) qui vise à déresponsabiliser, supprimer toute initiative, que ce soit ouvertement (« tu lis ce qu’il y a sur l’écran, pas une syllabe de plus »), par contrainte (<a href="http://captaincapitalism.blogspot.com/2008/03/youre-not-team-player.html" hreflang="en">« Tu n’as pas l’esprit d’équipe ! »</a>) ou par inertie involontaire (j’m’en-foutisme autoentretenu puisque les acteurs en sont aussi les premières victimes), ouverte (syndrome « surtout pas de vagues » qui pourrit les échelons administratifs de l’Éducation Nationale) ou carrément cynique (en laissant pourrir les situations et les réclamations ; les clients/administrés/patients/contribuables se lasseront bien un jour).</li>
</ul>
<p>Pour finir sur une note d’optimisme, l’argument principal contre toutes les paranoïas :</p>
<blockquote><p>Many journalists have fallen for the conspiracy theory of government. I do assure you that they would produce more accurate work if they adhered to the cock-up theory.<br /> <br /><em>Sir Bernard Ingham</em></p></blockquote>
<p>(Ça perd aussi à la traduction.)</p>
<p><strong>Note de 2017</strong> : Le <a href="http://quoteinvestigator.com/2016/12/30/not-malice/">Quote Investigator s’est penché sur le sujet</a>. Comme beaucoup de citations, on la retrouve régulièrement sous différentes formes et différentes plumes depuis deux siècles et demi, et la version de Napoléon semble apocryphe. L’auteur de la version actuelle serait bien Robert J. Hanlon.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Oui, ça me plaît. C’est un signe que les langues ne sont pas neutres, pas équivalentes, qu’elles modèlent en conséquence notre vision du monde, et je me sens un peu supérieur d’en maîtriser trois.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Je ne dis pas l’anglais. Ce sont les </em>States<em> qui donnent le ton et par eux que cette langue s’est imposée — plus ou moins massacrée sous sa forme de </em>globish<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Parce que franchement, quand on voit George Bush, la destruction de l’Éducation Nationale depuis trois décennies, ou l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/02/27/Black-out">HADOPI</a>, il y a de quoi se demander si une nouvelle Révolution ne serait pas nécessaire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Heinlein">Auteur de SF fondateur et essentiel</a> dont l’essentiel de la production <del>peut</del> devrait être donnée en pâture à tout gamin de 10 ans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Une nouvelle sur l’esclavage de fait inévitable dans une colonie, c’est dans le premier tome de son </em>Histoire du futur<em>, toujours plaisante à lire bien qu’à présent très datée. </em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Ne me demandez qui est cet inconnu, une recherche superficielle sur son nom ne renvoie que cette citation, et je ne parle pas portugais pour creuser plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Les Soviétiques n’étaient que le </em>summum<em> mais l’inertie bureaucratique est consubstantielle à toute grosse organisation, publique ou privée, centralisée ou pas.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Dans notre civilisation, c’est du genre : on pose la date d’abord, on réfléchit à la planification ensuite, accessoirement aux moyens, et si on a le temps à ce qu’on veut vraiment faire. Ou encore : on fixe une marge, on en déduit le prix, on regarde ce qu’on peut refourguer au client avec ce qui reste de budget, et on ne parle même pas de l’ouvrier-esclave chinois ou vietnamien. Sous Staline, on fixait des objectifs, on tuait quelques milliers d’esclaves pour les tenir, finalement on inventait les chiffres.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/54« Le fantôme de Staline » de Vladimir Fédorovskiurn:md5:b9af76e6a22197838d5c8519c19d10b42009-03-16T00:00:00+01:002023-12-27T12:01:32+01:00ChristopheHistoireabominationcommunismecynismedécadencedémocratiedéshumanisationEmpire soviétiqueespionnagefichageguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmanipulationmythenationalismeparadoxepolitiquepsychologieRealpolitikRussieSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>Ce n’est pas un roman, « juste » un livre d’histoire sur la Russie et l’URSS, de Lénine à Vladimir Poutine. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Fédorovski">Vladimir Fédorovski</a> sait de quoi il parle, il était du sérail sous Brejnev et Gorbatchev.</p> <p>Les deux tiers du livre traitent de <a href="http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/leadership/disk/russie2_index.htm">Staline</a>, maître du pays de 1924 à 1953, du pouvoir totalitaire, de la terreur, héritée de Lénine et amplifiée, qu’il infligea à son peuple — deux fois (déjà avant la guerre, puis à nouveau celle-ci terminée : la sanglante Seconde Guerre Mondiale paraît paradoxalement une époque de liberté pour les Soviétiques !), et de la permanence de certaines tendances de l’histoire russe, notamment le besoin d’un pouvoir central fort.</p>
<p>Le parallèle entre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_le_Terrible">Ivan le Terrible</a> et Staline ne date pas d’hier : le Tsar Rouge lui-même voyait dans la lutte impitoyable d’Ivan IV contre les boyards le parallèle avec son propre besoin d’éliminer toute opposition — jusqu’à l’absurde, jusque dans sa propre famille ! La mécanique de terreur stalinienne, basée sur l’espionnage généralisé, la responsabilité collective, le changement permanent de la Ligne, est bien démontée.</p>
<p>Quasiment en aparté, Fédorovski parle de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Pasternak">Boris Pasternak</a>, Prix Nobel de littérature 1958 et connu en Occident notamment pour le <em>Docteur Jivago</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> — on saura tout sur les amours du poète, et notamment <em>qui</em> est Lara. Bizarrement, Pasternak a été plutôt protégé par Staline.</p>
<p>Même si Poutine partage la couverture avec son sinistre prédécesseur, il n’est question de lui qu’à la toute fin du livre, après que Fédorovski ait déroulé la manière dont le système totalitaire soviétique (sous une forme bien moins sanglante) s’est perpétué sous Khroutchev, Brejnev, Andropov, comment il a tenté de se réformer sans lâcher son emprise, comment il a échoué. Remarquable aussi la manière dont les services secrets (outil sous Staline, entité autonome sous Andropov, quasiment indépendante par la suite) se sont retrouvés les seuls en mesure de reprendre le contrôle d’une Russie en décomposition, que Gorbatchev et Eltsine ont laissé être dépecée par des groupes financiers et mafieux.</p>
<p>Vladimir Poutine — un inconnu au départ, choisi par un Eltsine finissant comme héritier pour garantir la survie de son clan — faisait partie de l’élite de la Russie soviétique, destinée forcément au KGB. Ses contacts lui ont permis de reprendre le contrôle de son pays, et de surfer entre les différents clans qui se le partagent. Comme Staline, il sait parler à la fameuse « âme » de la Russie, à son nationalisme, son besoin de grandeur, son impression d’être différente, ni européenne ni asiatique. Comme Staline, les dérives sont effrayantes.</p>
<p>Un grand résumé d’histoire russe du XXè siècle, très accessible.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je n’ai pas (encore) lu le livre mais vous </em>devez<em> voir le film si ce n’est déjà fait. Une bonne impression du chaos de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_russe">Guerre civile de 1918-21</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/541Black out or not black out?urn:md5:afc430b210ac78e7d515436e17f7df132009-02-27T23:12:00+01:002010-10-18T18:25:48+02:00ChristopheRes publicaabominationanticonsumérismeautodestructioncommunicationcoup bascynismeDRMdéfense du françaisdémocratiefichagefoutage de gueuleguerre sainteincohérenceinformatiquelibertélobbyslogiciel librepanurgismepessimismepolitiqueréseautotalitarismeéconomieéconomie de l’attention<p>Black out pour une loi stupide.</p> <p>La réponse est éclatante de noirceur, j’ai « blackouté »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#pnote-538-1" id="rev-pnote-538-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><img src="http://media.laquadrature.net/Quadrature_black-out_HADOPI_234x60px.gif" alt="HADOPI - Le Net en France : black-out" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>L’initiative vient de la <a href="http://www.laquadrature.net/fr/APPEL-HADOPI-blackout-du-net-francais">Quadrature du Net</a>. La première personne à m’avoir sensibilisé est <a href="http://www.pasithee.fr/blog/index.php?post/2009/02/25/Appel-au-blackout-du-net-francais-par-La-Quadrature-du-Net">Isa</a>.</p>
<p>La cause initiale : les derniers projets de loi anti-piratage de notre gouvernement, la loi HADOPI en particulier, un chef d’œuvre de n’importe quoi, rédigée par des gens qui ne comprennent rien à Internet, à l’informatique, au droit et à leur époque, et multi-récidivistes en matière de lois stupides, coûteuses et inefficaces.</p>
<p>J’arrête là parce que je m’énerve et que je n’ai pas envie de finir fiché comme opposant primaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#pnote-538-2" id="rev-pnote-538-2">2</a>]</sup> ; et puis les sites ci-dessous causent déjà suffisamment du sujet :</p>
<ul>
<li>Entre autres, la Quadrature a fait un <a href="http://www.laquadrature.net/files/LaQuadratureduNet-20090207_Riposte-Graduee_inefficace-inapplicable-dangereuse_2pages.pdf">petit résumé</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Voir aussi <a href="http://olivier.dossmann.net/joueb/archives/2009/02/27/pourquoi_jai_momentanément_colorié_mon_joueb_en_noir/index.html">le site d’Olivier</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Lire surtout <a href="http://fr.readwriteweb.com/2009/02/26/prospective/hadopi-est-une-mauvaise-reponse-faite-par-des-gens-desempares/">cette interview d’un acteur du domaine, Patrick Waelbroeck</a>. En résumé, les pirates se sont <em>déjà</em> adapté à ce genre de texte, et au mieux, on reviendra à la bonne vieille technique de l’échange de clés USB dans les cours des lycées. J’ai connu à l’époque des disquettes, c’était redoutablement efficace. Et Internet redeviendra (en France) ce qu’il était à l’époque : un Minitel.</li>
</ul>
<ul>
<li>(<em>Mise à jour du lendemain</em>) <a href="http://www.pcinpact.com/actu/news/49358-free-filtrage-blocage-riposte-graduee.htm">Le fournisseur d’accès Free est contre cette loi</a>. Évidemment, ça va lui coûter de l’argent, sinon des clients !</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://linuxfr.org/2009/02/23/25073.html">LinuxFr</a> pointe notamment les problèmes d’interopérabilité que le rapporteur de la loi semble complètement ignorer. Microsoft se frotte probablement les mains.</li>
</ul>
<p>Histoire de gloser un peu, je précise que je me suis posé la question sur « je suis le mouvement en bon <em>geek</em> de Panurge, ou je pousse un soupir et je passe à autre chose ? ».</p>
<ul>
<li><a href="http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/27/1329-pas-de-blackout-chez-eolas">Le très réfléchi Maître Eolas explique pourquoi lui, il ne suit pas</a>. Je comprends un peu ses positions : la loi HADOPI succède à la DADVSI ou à la LCEN comme épouvantail, ce sont des usines à gaz inutiles, il y a bien pire qui passe au Parlement sans mobilisation, et on sera toujours en démocratie après ça. DADVSI et LCEN n’ont pas empêché les DRM d’agoniser sous la pression du marché. <br />Mais je désapprouve. Ces lois sont débiles et inapplicables mais il y aura forcément des pertes collatérales. Eolas aura la capacité de décortiquer (férocement j’espère) le texte sur le plan du droit, moi je hurlerai de façon plus primitive : ce n’est même plus une lutte juridique mais de lobbying. Quant aux DRM, ils bougent encore (Blu-Ray, WMA...) et le marché ne fonctionne que quand la loi le laisse s’exercer réellement.<br />(<em>Mise à jour du 5 mars </em> : Maître Eolas analyse la loi de manière plus détaillée et ironique <a href="http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/04/1333-hadopi-mon-amie-qui-es-tu" title="http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/04/1333-hadopi-mon-amie-qui-es-tu">http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/...</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.henrymichel.com/reseaux/black-out-francais-ou-backlink-party/">Henry Michel</a> est sceptique sur l’utilité (à raison mais l’espoir fait vivre) et dit qu’un vrai <em>black-out</em> ça consiste à bloquer les sites, pas à afficher l’équivalent du brassard de gréviste japonais. Mais baillonner mon blog n’apporterait rien, tandis qu’un deuil généralisé et verbeux pourrait donner l’idée à l’opposition de se remuer (pour changer) ou à quelques députés UMP avec un cerveau et une colonne vertébrale (solide) de ne pas voter ces âneries.</li>
</ul>
<ul>
<li>En accord avec Henry Michel, <a href="http://petaramesh.org/">le Âshram a fermé sur un message d’avertissement</a>, histoire de donner un avant-goût du <em>1984</em> qui attend les larves inactives que nous sommes.</li>
</ul>
<p><em>Post-scriptum</em> : Oui, les couleurs sont laides, je n’ai pas eu le temps de travailler ça.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#rev-pnote-538-1" id="pnote-538-1">1</a>] <em>Une pensée pour mon professeur de français de 6è qui aurait fait une attaque à cause d’un tel anglicisme. Personnellement ça me répugne aussi.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#rev-pnote-538-2" id="pnote-538-2">2</a>] <em>Bonjour au petit robot ficheur des Renseignements généraux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/538Obama condamnéurn:md5:887e1e745d070e622119e86624a1f1412009-02-03T00:00:00+01:002009-04-13T19:17:51+02:00ChristopheRes publicaAmériquebon senscynismedémocratiegéopolitiquehistoireintelligencemèmeoptimismepanurgismeparadoxeperspectivepessimismespéculationutopieéconomieÉtats-Unis<p>Un petit billet pas ori­gi­nal du tout mais dans l’air du temps, et que je reli­rai avec nos­tal­gie dans quel­ques mois ou plus.</p> <p>Tout le monde le dit, <strong>Obama est con­dam­né à déce­voir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Les médias le con­si­dè­rent comme le mes­sie, et il n’est très pro­ba­ble­ment qu’un homme.</li>
<li>Qui­con­que est <del>sacré</del> intro­nisé en direct devant des dizai­nes de mil­lions de per­son­nes, va for­cé­ment en déce­voir un bon paquet.</li>
<li>Une crise éco­no­mi­que majeure est en cours, c’est en géné­ral assez déli­cat à régler. Sur­tout que cela impli­que de s’atta­quer à cer­tai­nes caté­go­ries de para­si­tes assez puis­san­tes.</li>
<li>À l’étran­ger, tout le monde n’a pas encore inté­gré qu’il bos­sera d’abord pour ses élec­teurs, les Amé­ri­cains.</li>
<li>Il n’a pas les pleins pou­voirs, c’est le « cime­tière légis­la­tif » (le Sénat), pourri de lob­byis­tes, qui aura réel­le­ment le der­nier mot.</li>
<li>Les médias brû­lant volon­tiers ce qu’ils ont adoré, sui­vant en cela la pente natu­relle de tout peu­ple, ils lui cher­che­ront des noi­ses après quel­ques mois. Nom­bre de chro­ni­queurs actuels aver­tis­sent déjà qu’il va se plan­ter, sui­vant en cela et le bon sens et un cer­tain sno­bisme et le besoin de trou­ver un sujet pour faire leur copie et paraî­tre per­ti­nent<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#pnote-522-1" id="rev-pnote-522-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>Dans le camp d’en face on doit lui pré­pa­rer un <em>remake</em> de l’affaire Clin­ton-Levinski pour détour­ner l’atten­tion. Obama n’est pas un saint, il a bien dû voler un bon­bon à un cama­rade de mater­nelle, boire plus d’un verre de bière un soir et lâcher une gros­siè­reté, appren­dre quel­ques mots de fran­çais, ou oublier de tenir la porte à une vieille dame. Ça finira par se savoir.</li>
</ul>
<p>
Cepen­dant il est aussi <strong>con­damné à réus­sir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Comme l’a fine­ment remar­qué un com­men­ta­teur de la radio, <strong>Bush a mis la barre très bas</strong>, sur tous les plans. N’importe qui de pas com­plè­te­ment stu­pide et de bonne volonté peut faire mieux.</li>
<li>Rien que le chan­ge­ment de tête à Washing­ton peut déclen­cher beau­coup de bon­nes cho­ses sur le plan inter­na­tio­nal. Il n’est pas inno­cent qu’Israël ait arrêté les opé­ra­tions à Gaza juste <em>avant</em> l’inves­ti­ture.</li>
<li>Per­sonne n’a inté­rêt à ce qu’il se plante à court terme, à part les extré­mis­tes du camp adverse ; et il a appa­rem­ment mis dans sa poche les modé­rés pour quel­ques temps.</li>
</ul>
<p> </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#rev-pnote-522-1" id="pnote-522-1">1</a>] <em>Et j’en rajoute ici même.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/522« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493Comment ne pas utiliser une base de donnéesurn:md5:d58c60c94b3dbada973f514b2fc4ce4d2008-12-15T07:21:00+00:002015-01-25T21:08:35+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementanalogiebon senscommunicationcomplexitécynismedysfonctionnementdéveloppementexpertisefoutage de gueuleincohérenceinformatiquemétainformationoffshoreperspectivesauvegardessignifié<p>Petite histoire d’horreur en bases de données.</p> <p>(<em>Caveat : Ce billet à haute teneur informatique tente de s’adresser aussi aux non-informateux.</em>)</p>
<p><a href="http://asktom.oracle.com/pls/asktom/f?p=100:11:0::::P11_QUESTION_ID:6692296628899" hreflang="en">Extrait datant de 2002 et traduction de l’excellent site de questions-réponses sur Oracle AskTom</a> :</p>
<p>Question d’un utilisateur d’Oracle au gourou :</p>
<blockquote><p>« <em>J’ai une table avec un champ de type BLOB</em> (un champ destiné à contenir du binaire en vrac — NDT) <em>, du genre de :</em><br /> <br /><code>Create table trx (</code><br /><code>trxId Number(18),</code><br /> <code>trxType Varchar2(20),</code><br /><code>objValue Blob,</code><br /><code>...</code><br /><code>)</code><br /> <br /><em>Le BLOB contient un objet Java sérialisé</em> (sauvegardé dans un fichier ou une base)<em> en fait différents objets qui implémentent tous la même interface.<br /> <br />Nous accédons toujours à l’objet via le conteneur J2EE </em> (par programme, quoi)<em>, ça marche bien jusque ici.<br /> Maintenant les utilisateurs veulent créer des rapports avec Sqlplus </em>(un requêteur SQL en ligne de commande)<em>, Crystal Reports</em> (un requêteur et créateur de jolis rapports)<em>, etc. Donc il faudrait une solution à ce problème de BLOB. </em>»</p></blockquote>
<p>Pour ceux qui n’ont pas sauté d’effroi à la lecture, je résume :</p>
<p>Le programme du monsieur manipule des objets Java (par exemple des objets « Livraison » ou « Employé » ou « Mouvement budgétaire » ou « Nuitée » selon que le logiciel traite de logistique, de paye, de finance ou d’hôtellerie). Ces objets sont constitués de code exécutable (en gros, immuable) et de variables parfois nombreuses (dans les exemples précédents : la quantité, les articles, l’adresse de livraison, le nom du destinataire final, la date ; le salaire, l’adresse, le CV ; l’imputation, le montant, la date, le type ; le numéro du client, celui de la chambre, un drapeau « petit déjeuner oui/non », le numéro de carte bleue de réservation...).</p>
<p>La mémoire de l’ordinateur étant volatile et finie, il faut sauvegarder ces données : typiquement dans un fichier sur le disque dur ou, de manière plus efficace et ordonnée, dans une base de données (Oracle, MySQL, ce que l’on veut).</p>
<p>De nos jours, une base de données est généralement ordonnée autour de « <strong>tables</strong> » dans lesquelles les données (chiffres, dates, libellés...) sont triées en <strong>colonnes</strong> (ou « <strong>champs</strong> »). L’intérêt de ce formalisme réside dans 1) un <strong>cadre propre</strong> où ranger d’entrée toute nouvelle donnée que l’on voudrait stocker, et 2) permettre à <strong>plusieurs applications</strong> de traiter des mêmes données sans se donner trop de mal à comprendre sous quel format les autres applications les ont stockées. Une date va dans un champ DATE, un libellé dans un champ CHAR ou une variante, un nombre dans un champ de type NUMBER, etc. , et notamment des gros morceaux de binaire, comme des images, dans des champs pour binaire de type BLOB sous Oracle.</p>
<p>Ce que fait le naïf questionneur consiste à passer totalement outre ces deux points. Il stocke tout son objet (code binaire exécutable <em>et</em> données) ensemble dans un BLOB. Aucun autre logiciel n’a aucune chance de comprendre comment les données sont organisées, sauf si on le programme lui aussi explicitement pour cela, et ce ne sera pas le cas des outils extérieurs à l’entreprise comme le Crystal Report évoqué.</p>
<h3>Équivalent</h3>
<p>J’ai du mal à trouver un équivalent réel de cette aberration.</p>
<p>C’est pire que de rédiger ses documents dans une langue que personne ne connaît (exemple de Tom Kyte dans sa réponse). Sans traduction explicite, longue et difficile, personne ne pourra les utiliser. Et encore, une langue suit en général une tradition, mais l’informatique se base sur des standards, de fait ou reconnus qui n’ont aucun rapport avec l’identité culturelle et que l’on se doit d’adopter. Les langues cependant sont à peu près équivalentes, la prédominance du latin, du français, de l’anglais n’étant que contingence historique, alors que dans le cas présent on descend d’un degré dans la flexibilité d’utilisation.</p>
<p>C’est pire que de recréer de zéro une nomenclature. Une nomenclature peut être plus ou moins bancale, et meilleure ou moins bonne qu’une autre, le but final est le même : désigner des objets.</p>
<p>C’est pire qu’une bibliothèque où tous les livres sont soigneusement numérotés mais entassés en vrac dans les rayons. Celui qui veut un livre qu’il a eu entre les mains peut le demander ; celui qui cherche un roman d’espionnage ou un précis de séismologie comparée laissera vite tomber. Et encore : il a une chance de trouver en balayant systématiquement les étagères. (Ce dernier exemple serait donc plutôt l’équivalent d’une table non indexée que l’on doit balayer intégralement, mais où au moins les données sont reconnaissables.) Imaginons que le contenu des livres soit en sanskrit, ou que ceux-ci soient tous sous emballage opaque.</p>
<p>C’est peut-être équivalent à <em>ignorer</em> le concept même de nomenclature et de caractéristique. Imaginons qu’un ordinateur doive rechercher tous les mammifères quadrupèdes herbivores européens dans une liste des noms usuels d’animaux sans aucune autre caractéristique...</p>
<p>Classiquement l’informatique tente de trouver une analogie avec les voitures, et le plus proche que j’imagine ne tombe pas au même niveau : un constructeur de voitures a créé ses propres normes de signalisation, son propre code de la route, et à présent ses voitures veulent circuler au milieu des autres. Mais là encore il s’agit juste de choix différents de norme, pas du choix d’un système intrinsèquement inférieur.</p>
<h3>Remède</h3>
<p>Ma première pensée dans ce genre de cas est de proposer que l’on fusille celui qui a osé programmer cela. Franchement, même les non-informaticiens qui ne jurent que par Excel et Access (<em>vade retro</em> !) planent dix niveaux de compétence au-dessus de lui.</p>
<p>Comme je suis quelqu’un de trop miséricordieux, ma deuxième pensée est que cela lui a peut-être été imposé par un chef stupide, par sa simple ignorance de non-technicien pas formé au maniement des bases de données, par des objets tellement différents qu’aucun schéma ne se distinguait clairement, par un administrateur de base peu coopératif voire ouvertement hostile (à fusiller aussi) ou au contraire absent, par des contraintes en temps démentielles.</p>
<p>Cependant, n’importe quel concepteur après quelques semaines d’expérience sait que toute donnée doit pouvoir être récupérée ailleurs. Et tout flanquer en vrac n’est PAS une bonne idée.</p>
<p>À moins que ce ne soit un de ces adeptes des technologies empilées, qui considérait que l’accès au moindre objet ne devait surtout pas se faire directement dans la base (ce qui se défend), mais impérativement en passant par des <em>web services</em> qui attaqueraient un serveur d’application Java qui interrogerait Oracle lui-même, créerait les objets et les ferait communiquer avec toute autre application. Sauf que le monde réel ne fonctionne pas comme ça mais préfère souvent le simple et brutal : « toi causer SQL ? » (<strong>Mise à jour de 2011</strong> : Tiens, je viens d’en rencontrer une, une appli comme ça : il faut que les développeurs préparent des vues exprès pour les accès extérieurs, sinon c’est sans espoir. Encore est-ce excusé par une flexibilité démoniaque.)</p>
<p>Ou encore est-ce un employé de SAP, où l’accès à la base est aussi <em>streng verboten</em>, mais qui <del>offre</del> vend des interfaces de communication avec le monde extérieur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/16/252-par-paquets-de-5">qui m’ont déjà fait hurler</a> mais qui ont le mérite d’exister et de fonctionner.</p>
<p>Ma quatrième pensée replace le problème dans sa perspective historique : autrefois, au néolithique où une application ne quittait pas le <em>mainframe</em> où elle tournait, à l’époque où le concept de « réseau d’entreprise » relevait de la science-fiction (« mais il nous faudrait un <em>autre</em> ordinateur » !), les formats de données étaient propres à chaque application.</p>
<p>Plus tard, dans les temps protohistoriques où les PC se répandaient chez les particuliers, les applications ne communiquaient toujours pas entre elles, et le format de données était contraint par la taille du fichier et la vitesse de chargement. <a href="http://www.gnu.org/philosophy/no-word-attachments.fr.html">Et puis le verrouillage du format de fichiers est un moyen de garder des clients captifs</a>.</p>
<p>À notre époque connectée et distribuée, l’utilisation d’un format totalement fermé (et ici c’est de verrouillage complet au niveau technique qu’il s’agit, même pas de secret industriel, puisque même les concepteurs ne peuvent aisément corriger le problème !) relève du blasphème.</p>
<p>Ma cinquième pensée est une vacherie que mon cerveau a du mal à ne pas généraliser : « tiens, c’était encore un Indien »...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/22/518-comment-ne-pas-utiliser-une-base-de-donnees#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/462Cas froidurn:md5:9eb6f9fc85ad0fcd0119b35c4c57fac42008-12-08T22:41:00+01:002014-02-26T15:11:36+01:00ChristopheInclassable & inclasséaddictioncynismedommagemanipulationmortoptimismepsychologieracléeÉtats-Unis<p>Ce soir, <a href="http://www.imdb.com/title/tt0368479/" hreflang="en">Lilly Rush</a> vient de se faire déssouder dans un des plus violents épisodes de la série.</p> <p>Dernier plan sur son appel à sa mère, elle-même passée de vie à trépas <em>in extremis</em> au début de l’épisode, fermant proprement un des fils dramatiques de la saison.</p>
<p>Wikipédia me rassure : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_épisodes_de_Cold_case,_affaires_classées" hreflang="en">il y a encore deux autres saisons à voir</a> après celle que France 2 vient de finir. Soulagement. Le personnage principal de la série s’en sortira donc avec quelques jours d’<a href="http://www.esculape.com/legislation/itt.html">ITT</a>, et je pourrai continuer à avoir ma dose de polar glauque hebdomadaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/08/Cas-froid#pnote-498-1" id="rev-pnote-498-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Une question toutefois, que je me pose à chaque situation de ce genre : quelle est la part entre le besoin des scénaristes de terminer « proprement » une série qui ne verra peut-être pas une autre saison, la nécessité d’un <em>cliffhanger</em> entre deux saisons pour que le téléspectateur soit impatient de voir la suite, et la pression sur les acteurs du type « si tu es trop gourmand, on continue la série sans toi, on a toutes les justifications pour que ton personnage n’apparaisse plus ». Le magnat courant d’Hollywood est-il aussi fin ?</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/08/Cas-froid#rev-pnote-498-1" id="pnote-498-1">1</a>] <em>Ben ouais, </em>Urgences<em> est quasiment arrêté, et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/18/532-un-signe-du-destin">j’ai même manqué la fin de la dernière saison à cause de ce fichu enregistreur amnésique</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/08/Cas-froid#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/498Les joies de la SSII (8) : Imputer, oui, mais sur quoi ?urn:md5:e3e917360498c06d1246abee026ff1d12008-10-18T15:06:00+00:002020-03-31T15:33:16+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenaireSSIItravail<p>Le petit consultant de SSII n’a pas en réalité pour but de coder, développer, spécifier ou écouter le client, mais de facturer. Détail...</p> <p>Pour beaucoup d’employés, le lien entre le temps passé à travailler et l’argent qui rentre dans les caisses de l’entreprise n’est pas direct. C’est le travail fourni au final qui compte, le résultat du projet, etc.</p>
<p>En SSII, ce lien est direct, immédiat, total, brutal : le client paye à la journée, chaque jour non facturé est un manque à gagner énorme pour l’employeur. Il existe des projets « au forfait » où le client paie un produit fini quel que soit le temps passé ; mais évidemment, plus le salarié passe de temps sur ce projet, plus la marge fond. Dans l’idéal, le projet doit être <del>bâclé</del> livré le plus vite possible, pour que les quelques jours gagnés soient utilisés à faire une prestation ailleurs.</p>
<p>Cette marge est l’obsession de tout <em>manager</em> de SSII, autour de quoi doit graviter tout le reste. Celui qui ne le pense pas comprend très vite où est son intérêt et retransmet la pression, et ce même s’il reste humain par la suite (sisi, j’en connais).</p>
<h3>Rêve, régie, forfait</h3>
<p>Dans les rêves les plus fous des dirigeants de SSII, les projets se font tout seuls sans que personne n’« impute » dessus, et atteignent le Saint Graal de la marge à 100%.</p>
<p>Plus réalistement, dans la grande SSII connue où j’ai imputé pendant quelques années, la marge minimale demandée au chef de projet était un monstrueux 50% (brute, comprenant salaires et frais de déplacement et hébergement, hors congés). Ce siècle n’avait pas deux ans, je ne sais pas ce qu’il en est maintenant. Une fois déduits le coût formation hors projet, le salaire des dirigeants de l’agence, celui des secrétaires, les frais de structure, la prime du commercial, le bonus des dirigeants, le support bureautique interne, les primes des <em>top managers</em> du groupe et autres détails, au niveau du groupe la marge finale était d’une poignée de points.</p>
<p>Dans un cas réaliste et fréquent (bien que se raréfiant), le consultant est casé « en régie », donc mis à disposition du client et sous ses ordres, donc sans risque pour la SSII : pendant ces jours, le prestataire coûte tant et ramène tant, ce qui se négocie et on peut tenter de gratter sur les frais ; mais on ne cherche pas à torcher le plus vite possible une prestation pour la facturer (la pression sur le petit pion s’exercera directement par le client). Ce genre de prestation peut durer des années, avec le danger que le salarié soit oublié par son employeur, l’oublie en retour, se fasse embaucher par son client, ou attaque SSII et prestataire pour <a href="http://dchaffiol.free.fr/info/ssii/dm/art_dmLoi.htm">délit de marchandage</a>...</p>
<p>Mais ce cas est une minorité, les clients préfèrent eux les projets « au forfait » : une tâche, un prix, et on essaie de tirer le maximum du prestataire. La différence fondamentale entre « régie » et « forfait » réside dans la question archi-fondamentale <strong>« QUI se mange les coûts en cas de dépassement du temps imparti ? »</strong> : en forfait, c’est la SSII ; en régie c’est le client. Le reste est affaire de négociation entre grandes personnes.</p>
<p>Au forfait, le planning est donc taillé au cordeau : il faut tant de jours pour telle tâche, taillée de manière optimiste, avec dix ou vingt pour cent en sécurité. Comme le client regarde le prix, et souvent que ça, ce planning est donc parfois <em>très</em> serré. (Parfois aussi le client avale n’importe quoi, y compris des plannings réalistes, et paie ainsi sa non-compétence technique.)</p>
<p>De même, il est hors de question qu’entre deux missions il y ait le moindre « temps mort », l’abominable « intercontrat ». D’ailleurs dans une SSII, le premier critère pour une <del>augmentation</del> non-diminution de salaire (inflation déduite) est le taux d’activité - et ce même si le prestataire de base va là on lui dit quand on lui dit, ce qui relève plutôt du travail des <em>managers</em> et commerciaux. J’ai même vu des gens payés au variables en regard de leur taux d’activité. C’est un puissant motivant pour faire accepter aux gens une mission de trois mois à Pétaouchnok loin de leur famille.</p>
<h3>No Murphy</h3>
<p>Il n’y a donc pas de temps non pour les impondérables. Ce Քਆᇥຜ�ॡჅ๛ de Word a bouffé la moitié de votre documentation de formation utilisateur ? Oracle a décidé que votre base était trop rapide et a changé pour le pire tous les plans d’exécution ? Le client change une base fondamentale des spécifications la veille de la livraison sans qu’il y ait de trace écrite de son accord pour l’ancienne version ? Le client ne commence à recetter que peu avant la mise en production ? Le réseau déjà saturé de votre agence est inutilisable quatre heures par jours alors que vous ne travaillez que par Citrix ? Le client vous couvre d’une avalanche de tickets/incidents/cas/flips/bugs à 90% identiques ou non pertinents ? Votre PC rend l’âme et vous devez vous débrouiller avec une vieille brouette qui met quinze minutes à lancer l’outil de développement ? Le client est incapable de vous faire un rapport d’incident un minimum détaillé et nécessite des heures d’interrogatoire pour lui tirer les verts du nez et enfin comprendre son problème ?</p>
<p>...Dans tous les cas, la perte de temps et les heures sup pour rattraper le retard seront pour votre pomme. Cadre, ça veut dire « forfait temps ».</p>
<p>Pas de temps non plus pour l’administratif : les notes de frais qui peuvent être longues à remplir, à négocier avec la secrétaire ou son chef, la DRH..., la paperasse interne, les relevés d’activité à envoyer toutes les semaines, les lettres et sites d’information de l’entreprise... Certes rarement de grandes choses mais elles s’additionnent. Je ne me plains pas, mais mes anciens collègues cumulant des fonctions de chefs de projets avec leur travail habituel perdaient un temps fou à ces bêtises. Sans oublier que les outils dédiés à cela sont rarement des parangons d’ergonomie. Ce n’est pas parce qu’une SSII possède de nombreuses compétences qu’elles sont mises au service de l’infrastructure maison : les cordonniers sont les plus mal chaussés...</p>
<p>Pas de temps pour la veille technologique (lecture des blogs et journaux du secteur, « jeu » avec quelques softs nouvellement sortis, séminaires de présentation...). Si l’on ne fait pas gaffe, une mission longue avec la tête perpétuellement sous l’eau vous déconnecte complètement de votre propre secteur d’activité.</p>
<p>Corollaire : les débutants sont priés d’être aussi efficaces que les gens expérimentés. Une boîte intelligente vous expédie en formation, et zou, au front ! Une boîte encore plus intelligente vous plonge dans une équipe où vous apprendrez le métier par osmose, mais... les autres membres de l’équipe, eux, ont en général du travail par-dessus la tête, et les questions bombardées par un débutant enthousiaste les saturent assez vite.</p>
<h3>Temps masqué</h3>
<p>Évidemment, le travail « secondaire » doit se faire forcément à un moment, les PC doivent s’installer et se configurer, la transmission des connaissances se faire, et il faut se tenir un minimum au courant de ce qui se passe dans sa propre boîte ou dans le milieu. De plus, il serait aberrant de consacrer quatre jours dans la semaine au « vrai » travail, et de faire tout le reste (administratif, veille, discussions à la machine à café) le vendredi.</p>
<p>Mais au total cela revient au même. Quand un client paie une journée de développement, il faut comprendre une demi-heure de survol des nouvelles sur divers sites et blogs, un quart d’heure à écouter radio-moquette à la machine à café ou sur le toit de l’immeuble autour du cendrier (ce peut être vital), une demi-heure à discuter par email ou téléphone à propos d’autres projets (compensés par le temps qu’on consacrera au présent projet quand on imputera sur un autre...), l’exploration d’une nouvelle fonctionnalité que l’on vient de découvrir, la discussion avec un collègue qui revient de formation sur un logiciel concurrent... Au final le premier poste de perte de temps reste cependant la réunionnite.</p>
<h3>La réinvention perpétuelle de la roue</h3>
<p>Pas de temps non plus (et c’est pire) pour le recyclage des informations récoltées durant un projet, la « capitalisation ». Je l’ai vue souvent louée, parfois verbalement encouragée, mais en pratique, jamais vue : rarissimes sont les projets qui ne se terminent pas de manière un peu tendue, à resserrer les derniers boulons, même si tout va bien. Les consultants en fin de projet commencent déjà à faire chauffer les moteurs pour la mission suivante, il est hors de question pour leur chef de les laisser en intercontrat une seule journée s’il peut l’éviter ; et le client, évidemment, va refuser de payer des jours pour la capitalisation des connaissances chez son fournisseur.</p>
<p>Au mieux, le client va payer sans le savoir pour la capitalisation purement interne et personnelle que les intervenants se feront sur leur portable ou clé USB - sous forme de copie de morceaux de programmes ou docs qui pourraient bien resservir plus tard, parfois dans la plus parfaite illégalité théorique bien que l’intention de nuire soit nulle et que ça arrange tout le monde - mais quand un employé a compris que rien n’est plus important pour son augmentation que la satisfaction du client dans le respect des délais et des marges, et que le reste relève de l'accessoire total tant qu’on ne se fait pas piquer, les interrogations de pur principe s’envolent très vite.</p>
<p>D’ailleurs pour capitaliser il faut une infrastructure, et un <em>management</em> qui le gère. Cela veut dire investir du pognon à gérer des serveurs et des gens pour les faire tourner et les alimenter. Ça existe, je l’ai vu, mais de manière tellement mal implémentée (notamment sur un intranet inaccessible de l’extérieur) que l’utilité réelle était nulle, surtout pour « techniques » comme moi.</p>
<p>Puis le marché se re-tend, les gens concernés doivent retourner « au front » faire du chiffre, les chefs changent, et on oublie. Je ne crois plus en la capitalisation hors d’une petite équipe où les gens se connaissent, par exemple à l’échelle d’une agence. Que quelqu’un me dise que si, ça existe…</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/59“CORPORATION, n.”urn:md5:59b667fab94afeedc31a8296aa533c502008-10-12T10:00:00+00:002011-06-01T21:02:20+00:00ChristopheCitationscitationcynismeéconomie <blockquote><p>“<em><strong>CORPORATION</strong>, n. An ingenious device for obtaining individual profit without individual responsibility.</em>”<br /> <br />(« ENTREPRISE, n. : Ingénieux système pour obtenir un profit personnel sans responsabilité individuelle. »)<br /> <br />Ambrose Bierce, <em><a href="http://www.gutenberg.org/files/972/972.txt" hreflang="en">The Devil’s Dictionary</a></em> (<em>Le Dictionnaire du Diable</em>)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/12/550-corporation-n#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/484Du mail en entrepriseurn:md5:4058f6a6e170d838a65634617c59a0042008-06-25T21:56:00+00:002011-06-01T06:13:21+00:00ChristopheInformatique pratiquecitationcommunicationcoup bascourt termecynismeemmerdeurshiérarchiehowtoorganisationparanoïapolitiquepsychologietempstravailéconomie de l’attention<p>Quelques consignes pas toutes bonnes à suivre sur l’utilisation du courrier électronique et les manipulations sociologiques qu’il permet.</p> <p>Au milieu d’une <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078" hreflang="en">discussion de Slashdot sur la disparition de la politesse élémentaire dans les mails échangés en entreprise</a>, j’ai trouvé <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078&cid=22139946" hreflang="en">cette perle d’un certain Confuse</a>, que je m’en vais traduire/trahir/résumer et (forcément) commenter :</p>
<blockquote><p>« D’abord, inutile de chercher à changer les gens, c’est futile. <br /> <br />Ensuite, ne mettez jamais par écrit ce que vous ne voudriez pas dire devant un tribunal. Faites comme vous voulez au téléphone ou face-à-face, mais par écrit soyez la voix de la raison — vous ne savez pas qui lira. »</p></blockquote>
<p>La voix de la raison, effectivement.</p>
<blockquote><p>« Ignorez les courriers dont vous n’êtes qu’en copie (<em>CC:</em>). Si vous deviez le lire, vous seriez en destinataire (<em>To:</em>). Les courriers en copie “perdus” sont à mettre au compte du filtre anti-<em>spam</em>. Et plus vous ignorerez de mails, moins les gens supposeront que vous les lirez. »</p></blockquote>
<p>J’ai déjà vu cette ligne de défense en place, plus ou moins consciemment et innocemment, comme défense contre l’avalanche de courriers. Trier automatiquement les courriers <em>CC:</em> vers un autre répertoire soulage la boîte aux lettres principale. J’ai aussi vu des responsables débordés devenus injoignables par mail — et donc de fait ignorés/contournés sauf lorsque perfidement on veut obtenir implicitement leur accord.</p>
<blockquote><p>« Si vous êtes destinataire, êtes-vous le seul ? Si non, et que ce mail contient des choses à faire, supposez qu’un autre destinataire s’en chargera : sinon ça n’aurait été adressé qu’à vous. Si vous ne pouvez éviter le travail, demandez une réunion de planification avec toutes les personnes présentes dans la discussion, éventuellement d’autres aux agendas non incompatibles. Cela repousse suffisamment le travail pour le rendre inutile. »</p></blockquote>
<p>Ne pas se précipiter sur du travail est un bon moyen de le voir disparaître spontanément (perte d’utilité, changement de priorité, nouvelle lubie du chef ou du <em>top management</em>). De là à le repousser délibérément... Parfois, attention, ce n’est que reculer pour mieux sauter, la <em>deadline</em> ne changeant pas (en général c’est même la seule chose fixe et précise, définie en premier avant toute analyse).</p>
<blockquote><p>« Ignorez les compte-rendus de réunion auxquelles vous n’étiez pas, ça n’est pas productif. Vous auriez été invité sinon. »</p></blockquote>
<p>Au risque de laisser passer d’importantes infos...</p>
<blockquote><p>« Tout cela semble brutal et ne devrait s’appliquer qu’à ce qui ne vous intéresse pas, mais marche bien dans la réalité. <br /> <br />À propos des citations sans fin dans les échanges de courrier, l’idéal est de ne jamais tout citer. Ne gardez que ce que à quoi vous répondez : les correspondants ne verront que ce que vous voudrez qu’ils voient, la plupart n’iront pas chercher l’original dans leur boîte. Réduisez le nombre de destinataires de vos réponses, cela multiplie les groupes avec différents niveaux d’information, ce qui est toujours utile en cas de recherche de coupable.<br /> <br />Évitez les mails courts si cela ne vous arrange pas directement. Présentez des options avec avantages et inconvénients. Commencez les mails avec un résumé à <em>votre</em> sauce avant de citer les mails suivants. Cela influencera ceux dont le délai d’attention ne sera pas d’entrée dépassé. »</p></blockquote>
<p>Personnellement, j’ai effectivement tendance à tartiner dans les mails. Mais je suis un pur produit de l’école française thèse/antithèse/[syn/fou]thèse. Je suis conscient qu’effectivement certains de mes correspondant font un <em>brain overflow</em> au-delà de quatre lignes de texte, mais bon, j’aurai fait mon devoir.</p>
<blockquote><p>« Pour se débarrasser de projets embarassants, impliquez les juristes, la sécurité, la qualité, des règlements et des lois : étonnament peu de gens sont prêts à mettre par écrit qu’ils ne veulent pas que les choses soient faites dans les règles. »</p></blockquote>
<p>Conclusion :</p>
<blockquote><p>« Ainsi, à moyen terme, vous aurez toute latitude pour ignorer les courriers que vous voudrez, et on hésitera à venir vous demander votre aide. Comme bénéfice secondaire, vous vous ferez une collection de courriers très prisés en cas de perquisition. »</p></blockquote>
<p>Si tout est loin d’être faux, et si chaque règle peut fournir une arme contre la saturation, les excès d’un chef ou de l’organisation dans son ensemble, il ne faut pas faire attention à en faire une règle et tomber dans le travers du très surfait <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonjour_paresse">Bonjour paresse</a></em>, vision totalement cynique restreinte aux services de support de grandes entreprises, où éviter le boulot et les jeux de politique mesquine peut devenir l’unique sport de gens totalement désabusés.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/25/504-du-mail-en-entreprise#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/449« Toute technologie assez avancée... » : Variations sur un proverbe moderneurn:md5:4855febc161e5f7df09220caf83b53772008-02-24T21:49:00+00:002011-05-26T19:45:49+00:00ChristopheScience et consciencecitationcynismehard sciencehumourmagiesciencethéorieémerveillement<p><a href="http://home.nordnet.fr/~aleyssens/auteur/clarke.htm">Arthur C. Clarke</a> a célèbrement écrit :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic.</em>” <br /> <br /> « Toute science suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » <br /> <br /><em>Profiles of the Future</em> (édition révisée, 1973)</p></blockquote> <p>Ce qui a été étendu/complété/détourné/perverti par :</p>
<blockquote><p>“<em>Any technology distinguishable from magic is insufficiently advanced.</em>”<br /> <br />« Toute science discernable de la magie n’est pas suffisamment avancée. »</p></blockquote>
<p>Ou :</p>
<blockquote><p>“<em>Forget magic. Any technology distinguishable from divine power is insufficiently advanced.</em>”<br /> <br />« Oubliez la magie. Toute science indiscernable d’un pouvoir divin est insuffisamment avancée. »<br /> <br /><a href="http://seenonslash.com/node/2522" hreflang="en">ultranova, Slashdot.org</a></p></blockquote>
<p>Scott Adams (celui de Dilbert) a ajouté :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced technology is broken, and no one knows how to fix it.</em>”<br /> <br />« Toute technologie suffisamment avancée ne fonctionne pas, et personne ne sait la faire marcher. »</p></blockquote>
<p>On pourrait penser que les Simpsons ont trouvé l’extension ultime (épisode 350 paraît-il) :</p>
<blockquote><p>“<em>We can do anything now that science has invented Magic.</em>”<br /> <br /> « Nous pouvons faire n’importe quoi maintenant que la science a inventé la magie. »</p></blockquote>
<p>Mais Terry Pratchett a carrément renversé la situation :</p>
<blockquote><p>“<em>Any sufficiently advanced magic is indistinguishable from technology.</em>”<br /> <br />« Toute magie suffisamment avancée est indiscernable de la technologie. »</p></blockquote>
<p>Et comme j’ai assez d’ego pour me comparer à tous ces beaux esprits, j’ajouterai, en pensant très fort à l’informatique en particulier et pas qu’à Windows en encore plus particulier :</p>
<blockquote><p>« Toute technologie suffisamment avancée <em>devient</em> du vaudou. »</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/55Des employés interchangeablesurn:md5:9f7b5cb210a28623867c6f2c3cb2af8b2008-02-06T22:17:00+00:002011-05-25T20:37:00+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenairemobilitéorganisationperspectiveSSIItravail<p>« Le système actuel considère que les gens doivent être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre. »</p> <p>Un petit billet <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=188572&cid=15541422" hreflang="en">sur une perle de sagesse croisée au détour d’une conversation sur Slashdot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-1" id="rev-pnote-199-1">1</a>]</sup> :</p>
<p>À une remarque sur le fait que les entreprises voient trop à court terme, à cause des bilans de fin de trimestre, et donc rechignent massivement à augmenter les salaires, quitte à laisser partir du monde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-2" id="rev-pnote-199-2">2</a>]</sup>, un sage au doux pseudonyme de « kfg » répond (je résume) :</p>
<blockquote><p>C’est pire que ça. Le système actuel considère que les gens <em>doivent</em> être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre : pour un boulot médiocre, on peut prendre n’importe quel médiocre, et on en trouvera toujours à un prix raisonnable. Les procédures et flux de ces entreprises sont conçues en fonction de cela.<br /> <br /> Évidemment, à force d’embaucher des médiocres, les grosses entreprises peuvent se voir laminer ponctuellement par de plus petites menées par des fondateurs brillants (j’ajouterais que jouent aussi les handicaps liés à l’échelle : inertie, communications, couches de management, conservatisme de celui qui est protégé par sa taille...). <br /> <br />Revers de la médaille, les petites structures sont beaucoup plus vulnérables à une défaillance de leur fondateur. Celles qui se reposent sur des gens brillants irremplaçables passent un sale moment quand ces gens indispensables s’en vont. Donc une entreprise <em>doit</em> s’organiser de manière à pouvoir remplacer une bonne partie de son personnel. <br /> <br />En résumé : « <em>The opposite of love is not hate; it is indifference. In the average company they aren't actually out to get you, they simply don't give a fuck about you.</em> »</p></blockquote>
<p><strong>Ajout personnel</strong> : Je me demande de quelle manière ce phénomène n’est pas un minimum local de tout ou partie de notre économie. Dans un secteur en crise, l’entreprise qui ronronne à coups de gens médiocres ou mal formés ou peu motivés se fera laminer par les nouveaux venus (faillibles mais nombreux, et qui peuvent vite grossir...) ou d’autres concurrents moins cyniques, ou simplement moins chers, plus motivés, qui trouvent facilement à se démarquer.</p>
<p>D’un autre côté, peu après mes débuts dans la grosse SSII où je suis arrivé trop longtemps, chez le client où je suis aussi resté trop longtemps, un des anciens a posé sa dém’ pour gagner plus au Luxembourg. (Je ne savais pas à l’époque que ladite SSII vivait en permanence une fuite des cerveaux.) À ma réflexion que l’on allait avoir du mal à faire sans lui, le chef a répondu que justement, personne n’était indispensable. Et effectivement, on a fait sans lui, et j’ai même souvent fait tout seul.</p>
<p>Contre-exemple : Google a bâti sa réputation sur le phénomène inverse, en siphonnant un bon paquet de la matière grise haute qualité disponible. D’un autre côté, Google aurait maintenant le problème de devoir balayer plus large dans son recrutement. Enfin, Google pourrait être justement <em>le</em> contre-exemple, celui qui a adopté une stratégie de niche que les autres ne peuvent pas tous suivre, et qui ne peut devenir la norme. Après tout, la plupart des salariés sont, par définition, des gens normaux, dans la moyenne, bref pas exceptionnels, et tout le monde ne peut embaucher la crème.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-1" id="pnote-199-1">1</a>] <em>Slashdot, c’est comme le café du commerce : on se tient au courant des ragots, le niveau est en général très bas, et parfois il y a quelqu’un de vraiment bien qui passe, ou bien le radotage d’un vieux combattant livre une des clés de l’existence.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-2" id="pnote-199-2">2</a>] <em>Toute ressemblance avec une grande SSII où je suis passé n’est pas fortuite, mais elle est plus représentative du genre que l’exception.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/199« Les racines du ciel » de Romain Garyurn:md5:d7be34c148165ed54406b6f244fc548c2007-12-13T21:12:00+00:002011-05-23T20:25:32+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAfriquecolonisationcynismedémocratiehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres luspolitiquesociétés primitivestourismeutopieécologie<p>Dans l’Afrique coloniale française, un fou veut sauver les éléphants. Récupération, tornade médiatique, conflit avec les colons comme les indépendantistes... Un grand roman !</p> <p>Avec ce pavé, Romain Gary a décroché le premier de ses deux Prix Goncourt. Contrairement à la plupart des œuvres primées, le livre n’a pas été oublié.</p>
<p>Avec le temps s’est ajouté la patine et un très intéressant côté historique : l’action se déroule presque intégralement dans l’Afrique Équatoriale Française (Tchad, Centrafrique), peu avant la décolonisation, à une époque où « écologie » ne figurait pas au vocabulaire courant. Un ancien résistant déporté, Morel, se met en tête de protéger les éléphants, plus chassés par les Blancs pour le « sport » que par les Africains pour la viande. D’abord avec des pétitions inutiles, puis de manière plus violente. Il se met ainsi dans l’illégalité mais donne naissance à un phénomène médiatique où certains voient la main des communistes et d’autres un appel symbolique à l’indépendance des nations africaines. Lui se veut pourtant neutre, et exige juste que l’on fiche la paix aux éléphants.</p>
<p>Le plus plaisant à mes yeux a été la découverte de la société coloniale de l’époque : le gouverneur obligé de ménager la chèvre et le chou, les petits trafiquants en tout genre, les chasseurs, les profiteurs, les sorciers, les missionnaires, les indépendantistes, les paumés...</p>
<p>Se détache notamment Waïtiri l’Africain, ancien député, imbibé de culture française, décidé à inculquer de force les idées occidentales à son peuple qu’il juge arriéré, et à lui imposer une indépendance qu’il ne réclame même pas encore. Il est prêt à aller en prison, « antichambre des ministères », ou à faire liquider Morel après l’avoir aidé, pour que l’on ne s’aperçoive pas que la défense des éléphants n’est pas un symbole pour l’indépendance africaine, mais bien le but de l’écologiste. Le continent africain en a connu depuis, des Waïtiri...</p>
<p>Le peuple africain est spectateur de l’essentiel du livre. Le paysan de base ne voit dans l’éléphant qu’une masse de plusieurs tonnes de viande, et Morel explique clairement que les éléphants ne seront réellement à l’abri que le jour où les Africains mangeront à leur faim. L’écologie était — et est toujours — un souci d’homme rassasié.</p>
<p>Globalement, les coloniaux en prennent pour leur grade, même si l’écart est large entre le gouverneur qui se glorifie de ses succès dans la lutte contre les maladies, et les massacreurs d’éléphants.</p>
<p>Cinquante ans plus tard, les éléphants ont finalement été sauvés. Mais les <em>Racines du ciel</em> montre que certains des problèmes de l’écologie alors naissante n’ont toujours pas été résolus.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/13/449-les-racines-du-ciel-de-romain-gary#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/400La Murphyliste a 10 ansurn:md5:fc10009b2f0e4e85fcd4b6054501123d2007-09-22T17:45:00+00:002014-02-26T13:56:03+00:00ChristopheMurphycatastrophechaoscitationcynismedommageinformatiquemortMurphyoptimismepessimismeréalité<p>Depuis 10 ans la liste de diffusion des lois de Murphy répand la divine parole.</p> <p>C’était il y a 10 ans, pas forcément hier pour moi, mais pas si loin, et je m’encroûtais comme un rat mort au fin fond du bout d’Allemagne de l’Est où je jouais avec du polyéthylène et des péroxydes - oui, c’était une autre vie. Mais j’avais au moins du temps pour créer mon site, notamment la partie <a href="https://www.coindeweb.net/citations/">Citations</a> et celle sur <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">la loi de Murphy</a>. Ces pages sont toujours là, bien notées par Google (surtout Murphy), même si le contenu n’a pas autant évolué que je l’aurais voulu (et je ne parle pas du look). Une bonne partie date du XXè siècle mais a gardé toute sa saveur.</p>
<p>Les listes de diffusion, dans cette époque glorieuse d’expansion géométrique de la toile, fleurissaient. Je cédai à la mode et le 22 septembre 1997, je diffusai la première Murphyliste : trois Lois de Murphy par jour.</p>
<p>La Murphyliste existe toujours, et de quotidienne elle est devenue quasiment mensuelle, suivant en cela l’érosion inéluctable de mon temps libre suite à la multiplication de mes activités (certaines chronophage genre boulot, voiture, dodo, télé, bébé). Le formulaire d’abonnement est là : <a href="https://www.coindeweb.net/listes.html#aboMurphyliste">listes.html#aboMurphyliste</a>.</p>
<p>La première Murphyliste débutait ainsi :</p>
<blockquote><p>D'abord la <strong>version originale (selon Peter)</strong><br /> <br />« S’il existe deux ou plusieurs manières de faire quelque chose et que l’une de ces manières est susceptible de se solder par une catastrophe, on peut être certain que quelqu’un se débrouillera pour la choisir. »<br /> Edward A.Murphy Jr.<br /> <br />*<br /> <br /><strong>Commentaire de O’Toole</strong> :<br /> <br />« Murphy était un optimiste. »<br /> <br />* <br /> <br /><strong>Addition à la Loi de Murphy</strong> :<br /> <br />« Si tout va bien, c’est que quelque chose cloche. »<br /> <br />*<br /> <br /><strong>Don Météorologique de Miod</strong> :<br /> <br />« Par temps variable, il suffit de prendre un parapluie avec soi pour qu’il ne pleuve pas, et de l’oublier pour qu’il pleuve. »<br /> <br />*<br /> <br />Pour finir, je vous signale que la presente liste a failli être victime de :<br /> <br /><strong>Loi des mailing-listes</strong> :<br /> <br />« Le lendemain de la création d’une mailing-liste, et de l’envoi de dizaines de mails et posts publicitaires, le réseau qui héberge cette liste se plantera pour au moins trois jours. »</p></blockquote>
<p>Quelques heures plus tard, <a href="http://www.gentiane.org/">Miod</a> me rétorquait :</p>
<blockquote><p><strong>Deuxième loi des mailing-listes</strong> :<br /> <br />« On ne vous demande jamais votre avis avant de vous prévenir que vous venez d’être rajouté d'office sur une ML. »</p></blockquote>
<p>Et oui, à l’époque je faisais un peu dans le spam enthousiaste :-)</p>
<p>La gestion des adresses à la main étant assez pénible, je suis vite passé sur Sorengo, dont le web français se souvient encore avec émotion (le service semblait en mort clinique mais a bien servi pendant des années). La <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/murphypro/">Murphypro</a> a vite suivi, liste dédiée aux discussions sur les lois. Ne dépendant pas de mon emploi du temps, cette liste est bien plus active par moments - et mine de rien, certains membres y sévissent depuis un paquet d’années aussi.</p>
<p>Dix ans...</p>
<p>Pour finir, un florilège de mes lois de Murphy préférées entre <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">3000</a> autres, souvent des lois originales de francophones qui me les ont envoyées :</p>
<blockquote><p><strong>Loi aquamurphyque</strong> :<br /> <br /> « Quand tout baigne, y en a forcément un qui coule. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Théorème météorologique d’Anna</strong> :<br /> <br />« Il fait toujours beau pendant les révisions. <br />S’il fait mauvais temps pendant les révisions, il fera beau pendant les examens, puis le temps redeviendra maussade dès la dernière épreuve passée. <br />S’il pleut pendant les examens, c’est qu’il aura plu avant les examens et qu’il pleuvra après. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Axiome de Cole</strong> :<br /> <br />« La somme de l’intelligence répartie sur la planète est constante ; <br />la population augmente. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Théorie cinétique des Gaz politiques de Coste :</strong><br /> <br />« La théorie cinétique des gaz ne s’applique pas aux politiciens :<br />plus ils sont proches du zéro absolu<br />et plus ils s’agitent. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Théorème d’Existence de Régnier</strong> :<br /> <br /> « Si Murphy n’avait pas existé, ses lois nous pourriraient simplement la vie sous un autre nom. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Joie de Wecker</strong> : <br /> <br /> « Chaque matin est l’aube d’une nouvelle erreur. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Lois de la Tartine de <a href="http://perso.wanadoo.fr/kiosquec/">Manson</a></strong> :<br /> <br />« Une tartine beurrée tombe toujours du côté non beurré lorsque le sol est mouillé. <br />Une tartine de confiture tombe toujours sur un vêtement avant de toucher le sol. <br />Une tartine sans beurre ni confiture tombe toujours dans le bol de café. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Remarque de <a href="http://www.voyageurgalactique.com/mythe.html">Marvin</a></strong> : <br /> <br />« Marrant comme, juste au moment où on se dit que la vie peut pas être pire, elle le devient. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Euphémisme de <a href="http://spip.chacun-ses-gouts.levillage.org/article.php3?id_article=139">Baudouy</a></strong> :<br /> <br />« La Réalité n’est qu’un euphémisme pour “cauchemar”. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Second corollaire de Forsyth</strong> :<br /> <br />« Juste quand vous voyez le bout du tunnel, la voûte s’effondre. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi du Tunnel</strong> :<br /> <br />« La “lumière au bout du tunnel” est simplement le phare d’un train arrivant en sens inverse. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Anti-Méta-Règle de Clancy</strong> :<br /> <br />« Il n’y a aucune règle qui dise que le monde doit avoir un sens. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Premier Corollaire de la Loi de Gumperson</strong> :<br /> <br />« Il n’y a rien de sûr, sauf la mort et les impôts. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Effet Bonaldi</strong> :<br /> <br />« Toute démonstration d’un produit quelconque qui fonctionnait parfaitement aux répétitions foirera lamentablement lors de la démonstration publique. » <br /> <br /> <strong>Loi de Vacelet</strong> (Extension de l’Effet Bonaldi) :<br /> <br />« C’est quand vous réussissez une performance extraordinaire qu’il n’y a personne pour en témoigner. <br />Par contre si vous vous vautrez, c’est généralement devant tout le monde. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi de l’Informaticien de <a href="http://ordinairetrentaine.free.fr/">Delcourt</a></strong> :<br /> <br />« Un informaticien ne fera que des lois informatiques chiantes et imbitables pour un non-informaticien. » <br /> <br /><strong>Corollaire</strong> : « Il y a beaucoup d’informaticiens sur la Murphypro. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi de Finitude du Pognon</strong> : <br /> <br />« Quand on arrive à joindre les deux bouts, soudain quelqu’un les bouge. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi d’Ouverture d’Hohmann</strong> : <br /> <br />« N’oubliez pas que les ouvertures “faciles” sont inviolables. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi de la Tourista de <a href="http://ceciledequoide9.blogspot.com/">Lhuissier</a></strong> : <br /> <br />« Elle se déclarera de préférence pendant une excursion au milieu de nulle part plutôt que dans votre chambre d’hôtel. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Première Loi des Pâtes de Parent</strong> :<br /> <br />« La seule façon de faire brûler de l’eau est de vouloir faire des pâtes. »</p></blockquote>
<blockquote><p><strong>Loi des jolies Lettones de <a href="http://177897.aceboard.fr/177897-348-4018-0-NICOLAS-VEYRON.htm">Veyron</a></strong> :<br /> <br />« Si vous passez deux jours et trois nuits en Lettonie, vous ne pouvez manquer de remarquer que les jolies Lettones sont nombreuses. Au retour, alors que vous racontez votre séjour, un ami est là qui a un ami qui connaît bien la Lettonie. Il raconte que son ami a été impressionné par la quantité de jeunes et jolies filles qui se prostituent pour pallier aux difficultés économiques.<br />C'est là que vous vous rendez compte que vous êtes soit très con, soit très innocent. »</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/22/418-la-murphyliste-a-10-ans#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/375« The Player of Games » (l’« Homme des Jeux ») de Iain M. Banksurn:md5:8898a76214e1062e80e66365dafb73cb2007-09-09T22:00:00+00:002011-04-26T07:35:25+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiescynismehumourimpérialismejeulivres lusscience-fictionspace opera<p>Iain M. Banks a atteint la célébrité dans le microcosme de la science-fiction par le <a href="http://arcanesfantasy.free.fr/banks.htm">cycle de la Culture</a>, dont <em>The Player of Games</em> est le premier tome.</p> <p>L’utopique civilisation de la Culture s’étend sur toute notre Galaxie. Plusieurs fois millénaire, plutôt anarchiste, libertaire, sans monnaie ni vraiment de lois, elle n’en est pas moins toute-puissante, et absorbe pacifiquement les autres civilisations qu’elle rencontre. Aux côtés des humains et d’autres espèces, existent une foule de robots sentients et souvent effroyablement intelligents (et non soumis aux <a href="http://www.vieartificielle.com/article/?id=78">Trois Lois de la Robotique</a>).</p>
<p>Gurgeh est un joueur, sans doute le meilleur de toute la Culture. Il n’est de jeu où il n’arrive à atteindre le plus haut niveau. Il est contacté par Contact, l’organisation de la Culture chargée des relations avec les autres civilisations, qui lui propose de venir jouer à l’Azad, dans l’Empire interstellaire du même nom, dans le Petit Nuage de Magellan.</p>
<p>Les Azadiens ne représentent pas une espèce très originale, en terme de SF, pas plus que l’extra-terrestre moyen de <em>Star Trek</em>. Banks les dépeints esclavagistes, violents, sanguinaires, barbares, obsédés par le contrôle et le pouvoir, de vrais psychopathes - l’antithèse totale de la Culture. Comment un Empire bâti sur de telles bases a-t-il pu perdurer aussi longtemps ? Grâce au jeu d’Azad, difficile jeu dont les champions accèdent aux plus haut niveau de la hiérarchie impériale. L’Azad est le ciment de l’Empire et un reflet de sa philosophie.</p>
<p>Gurgeh acceptera-t-il de consacrer cinq ans de sa vie dans un grand voyage vers l’Azad pour participer à la grande compétition ? Juste pour l’honneur bien sûr, du moins en apparence. Au départ le joueur n’est pas chaud, mais les circonstances le feront changer d’avis.</p>
<p>Même humaniste et tolérante, la Culture est joyeusement cynique et manipulatrice (ce grand écart entre principes et actes rappelle furieusement notre propre civilisation...), et le joueur devient lui-même une pièce sur le plateau géopolitique.</p>
<p>Au-delà de l’affrontement entre Gurgeh et ses divers adversaires, qui bien que théoriquement purement sportif, prend une dimension beaucoup plus politique, l’intérêt du livre réside dans la description de l’univers de la Culture. Plus que le décorum futuriste (vaisseaux intelligents, mondes artificiels, personnages qui changent de sexe à volonté...), il vaut par la logique même de la Culture et les différentes couches de logique. Même les dernières pages changent tout aux raisons qui ont poussé Gurgeh à partir.</p>
<p>Le style humoristique ne gâche rien, au contraire, et les personnages secondaires mettent un peu de piquant à la place d’un Gurgeh souvent déchiré entre plusieurs choix mais d’abord obsédé par le jeu.</p>
<p>Chaque tome de la Culture est une histoire indépendante ; inutile de sentir obligé de s’enfiler le cycle entier. Je ne vais pourtant pas m’en priver. <em>The Player of Games</em> est le second volume après <em>Consider Phlebas</em> (<em>Une forme de guerre</em>).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/09/407-the-player-of-games-de-iain-m-banks#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/365Que voulez-vous que je réponde à ça ?urn:md5:ab036641323deded401b2e78f597bb0a2007-08-04T11:50:00+00:002009-07-04T17:29:03+00:00ChristopheHumourcynismedommageenfantshumourprise de têteprovocationpsychologiesurréalisme <p>Il y a déjà pas loin d’une décennie que j’ai traduit pour mon site un petit texte humoristique américain qui courait sur le net : « <a href="https://www.coindeweb.net/humour/destin_disney.html">Ce que sont devenus les personnages de chez Disney</a> » (Donald servi laqué dans un restaurant chinois, Winnie l’Ourson mort de cholestérol, Evinrude gobée par un brochet, le Prince charmant guillotiné, etc.). Pas d’un goût terrible mais cet humour décalé m’a fait un temps marrer. C'est également une des pages de mon site qui me vaut le plus de courrier, allant de « c’est de mauvais goût » à « salaud ! », etc.</p>
<p>Et tout récemment j’ai reçu un mail contenant en tout et pour tout ceci :</p>
<blockquote><p>« <em>Est-ce que tout ses personnages ont vraiment existé est son mort comme sa ??</em> »</p></blockquote>
<p>Je suis sur le c... Que voulez-vous que je réponde à ça ???!!</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/04/384-que-voulez-vous-que-je-reponde-a-ca#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/337Comparaison de chiffres du chômageurn:md5:34c042546faad933c44c35a55e8b85482007-06-20T19:03:00+00:002011-04-12T19:56:55+00:00ChristopheRes publicacynismedémographieoptimismeperspectiveéconomieÉtats-Unis<p>Petites statistiques surprenantes sur la comparaison des taux de chômage, activité et incarcération entre France et États-Unis.</p> <p>Grâce à un commentaire sur un <a href="http://slashdot.org/" hreflang="en">site américain</a> je suis tombé sur <a href="http://www.oecd.org/dataoecd/36/30/35024561.pdf" hreflang="en">ce rapport sur le chômage et l’emploi en 2004, édité par l’OCDE</a>, organisme international pas spécialement connu pour être un repaire de gauchistes. (On pourrait chercher des stats plus fraîches sur le site, mais ceux-là vieux de plus de deux ans suffiront pour la démonstration.)</p>
<h3>Symétrie atlantique</h3>
<p>Voyons la page 239. En 2004 le taux de chômage masculin (standardisé entre les différents pays) était :</p>
<ul>
<li>France : 8,7%</li>
<li>États-Unis : 5,7%</li>
</ul>
<p>Ce qui n’est pas très flatteur pour la pays des 35 heures et de la Sécurité Sociale étatique.</p>
<p>Mais il y a plus drôle. Quand on compare le taux d’emploi (<em>employment rate</em>) chez les hommes entre 25 et 54 ans, on obtient :</p>
<ul>
<li>France : 86,7 %</li>
<li>États-Unis : 86,3 %</li>
</ul>
<p>Donc il y a proportionnellement <em>(un peu) plus de Français adultes qui travaillent qu’aux États-Unis</em> ! Aux 35 heures peut-être ici, et aux 50 h là-bas, mais ils travaillent. La constatation vaut aussi pour les femmes (taux autour de 72 %, plus bas d’un cheveu chez Bush).</p>
<p>Donc pour la catégorie la plus facilement « employable » (adultes ni trop jeunes ni trop vieux), les <strong>énormes différences de charges et de législation sociale ne changent presque rien des deux côtés de l’Atlantique</strong> ! Et si on peut, en bon libéral, s’étonner qu’il n’y ait quand même pas un léger avantage côté américain, il y a une différence sociologique dont il faut tenir compte : le <strong>taux d’incarcération</strong>.</p>
<h3>Deux millions de taulaurds</h3>
<p><a href="http://www.oecd.org/dataoecd/12/7/38138100.xls">L’OCDE a un classeur Excel sur le sujet</a>. En France, 88 personnes sur 100 000 dorment derrière les barreaux (moins d’1 pour mille). Dans l’autoproclamée patrie de la liberté au-dessus de tout, on atteint 738, presque 3/4 de pour cent, 9 fois plus qu’en France, 7 fois plus que la moyenne européenne.</p>
<p>Évidemment, deux millions de personnes en prison ne peuvent avoir une mauvaise influence sur les chiffres du chômage, même si évidemment ils n’expliquent pas l’écart entre les deux pays.</p>
<h3>Trop vieux ou trop jeunes</h3>
<p>La vraie différence dans le taux d’activité entre les deux pays est ailleurs : chez les jeunes (32,8 % travaillent en France, 55,5 % aux États-Unis) et les « vieux » (55-64 ans : 41,9 % contre 66 %). Les durée des études, les difficultés en France pour trouver son premier emploi, le départ précoce à la retraite, la répugnance de nombre d’entreprises à embaucher des <em>seniors</em>... jouent à plein.</p>
<p>L’une des explications sur la bien connue excellente productivité <em>horaire</em> française trouve là une de ses explications : les moins productifs (quoique cela reste à démontrer et les causes sont matière à débat) sont moins représentés qu’aux États-Unis.</p>
<p>Les années qui viennent vont probablement amener de très sérieuses modifications du droit du travail en France. Je suis curieux de voir quelle influence elles auront sur le taux d’activité des 25-55... Rendez-vous en 2010.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/20/359-comparaison-de-chiffres-du-chomage#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/90Jack Welsh et les nouvelles règles du biznessurn:md5:0dffc32ef2677fbac456dfe1519db1642007-06-07T21:10:00+00:002011-04-09T13:50:15+00:00ChristopheIl faut bien mangercynismeexpertiseorganisationperspectivethéorietravailéconomieÉtats-Unis<p><a href="http://www.valuebasedmanagement.net/leaders_welch.html" hreflang="en">Jack Welsh</a> est l’homme qui dans les années 80 et 90 a dirigé <em><a href="http://www.ge.com/en/company/companyinfo/at_a_glance/history_story.htm" hreflang="en">General Electric</a></em>, une des plus grosses entreprises mondiales, héritière d’Edison. Son influence sur le <em>management</em> dans le monde entier a été déterminant.</p> <p>En juillet dernier, un article de CNN a repris ses principales règles (être numéro 1 ou 2, ou rien ; l’actionnaire est roi ; n’embaucher que les meilleurs...) , et les a méthodiquement assassinées :
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes</a>.</p>
<p>Certaines vacheries de CNN sur la pression des actionnaires et les effets pervers sur la gestion de l’entreprise seraient applaudies des deux mains par Lutte Ouvrière (et pas seulement).</p>
<p>Welsh a répondu :<br />
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm</a>.</p>
<p>Quand ces articles sont parus, je m’étais promis d’en faire un résumé, mais l’excellent Éric Cabrol m’avait pris de court : <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/09/12/275-les-nouvelles-regles-du-business?cos=1">allez lire son résumé de la polémique chez lui !</a></p>
<p>En annexe, voir également <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/07/11/1552245&threshold=4" hreflang="en">la discussion sur le sujet sur Slashdot</a>, avec quelques réflexions de saint mauvais esprit (du genre : être passionné par son métier, c’est bien, ce n’est pas un prétexte pour se faire exploiter).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/07/225-welsh-et-les-nouvelles-regles-du-bizness#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/202Une réponse aux télémarketeursurn:md5:f3200c1ebe90b4266399d99b01722f6e2007-06-01T20:52:00+00:002009-07-04T14:47:19+00:00ChristopheGuerre au marketinganticonsumérismecommunicationcoup bascynismedommageemmerdeursesclavagefoutage de gueuleguerrehainehowtolibertéparanoïapouvoir d’acheterprovocationpsychologierésolutionssabotageéconomieéconomie de l’attention<p>Une vacherie à envoyer un jour où l’emmerdeur de trop vous téléphonera.</p> <p>L’idée est d’un <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=156949&cid=13161817" hreflang="en">« Couard anonyme » sur Slashdot en juillet 2005</a> : aux télémarketeurs qui le harcèlent pour essayer de lui vendre tout et n’importe quoi il répond :</p>
<blockquote><p>« Vous vous souvenez quand votre mère vous disait de bien écouter à l’école, ou bien vous ne feriez rien de bon dans la vie ? Vous la croyez maintenant ? » <em>Clic !</em></p></blockquote>
<p>Cruel et souvent faux (combien de surdiplômés dans les centres d’appel qui ont juste besoin de manger ?), mais franchement, ce genre de métier <em>doit</em> disparaître, et faire comprendre aux pions à l’autre bout du fil qu’ils doivent en changer est un des moyens, puisque tout est fait pour isoler la victime (vous et moi) du responsable (les marketeux en chef, leurs <del>clients</del> commanditaires, etc.).</p>
<p>Au passage :</p>
<ul>
<li><a href="http://www.xs4all.nl/~egbg/counterscript.html" hreflang="en">le fameux contre-script</a> ;</li>
<li><a href="http://www.stopjunkcalls.com/script.htm" hreflang="en">d’autres vacheries et trucs contre cette engeance</a> ;</li>
<li><a href="http://yro.slashdot.org/article.pl?sid=05/09/12/1222240&threshold=4&tid=158&tid=187" hreflang="en">une des nombreuses enfilades de Slashdot consacrées au sujet</a> (très américano-centrique ; le phénomène est bien pire chez eux).</li>
</ul>
<p>(<strong>Mise à jour du 3 juin</strong>)</p>
<ul>
<li>Discussion tendue, argumentée et intéressante sur le thème de l’attitude à adopter envers les esclaves des centres d’appels chez le Monolecte : <em><a href="http://blog.monolecte.fr/post/2006/12/04/Et-la-politesse-Bordel">Et la politesse bordel ?</a></em>.</li>
<li><em><a href="http://petaramesh.org/post/2006/03/16/132-bonjour-ici-l-emmerdeur-de-service">Bonjour, ici l'emmerdeur de service...</a></em> chez Swâmi Petaramesh.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/170-reponses-aux-telemarketeurs#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/153“Red Mars”, “Green Mars”, “Blue Mars” de Kim Stanley Robinsonurn:md5:0a40dae22e0533869c05c44ac1166a162007-06-01T07:47:00+00:002009-07-04T18:02:58+00:00ChristopheMarsauto-organisationcatastropheChinecivilisationcolonisationcommunismeconquête spatialecynismedilemmedémocratiedémographieeaueffet de serregigantismegéopolitiquehard scienceimpérialismeIndelibertélivres lusMarsmythenatureoptimismeouverture d’espritpessimismepolitiquepsychologieRésistancesciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsterrorismeténacitéutopieécologieéconomieémerveillementÉtats-Unisévolution<p>La Trilogie martienne est <ins>LA</ins> référence en matière de science-fiction réaliste sur la colonisation de Mars</p> <p>La trilogie <em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-1" id="rev-pnote-313-1">1</a>]</sup> est <em>le</em> livre de SF sur la colonisation et la terraformation de Mars. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Robinson</a> a effectué un travail de titan pour rendre plausible chaque étape du processus.</p>
<p>Les trois tomes se réfèrent aux trois étapes de la transformation de la planète en petit paradis :</p>
<ul>
<li>Encore vierge, Mars est rouge et hostile. Les humains y débarquent (les premiers, « les Cent », servent de fil conducteur aux livres) et s’installent petit à petit. Les effets de la terraformation ne sont pas encore visibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la montée des températures et l’apparition d’une véritable atmosphère dense, le lichen et les plantes se répandent, Mars devient verte. La colonisation devient massive, en provenance d’une Terre épuisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <em>permafrost</em> martien fond, l’eau liquide ne s’évapore plus, des mers apparaissent, et l’atmosphère devient enfin respirable : Mars devient bleue.</li>
</ul>
<p>Transformer aussi profondément une planète exige des centaines d’années au strict minimum. Pour couvrir la période entière en gardant les mêmes personnages, Robinson leur a offert la quasi-immortalité grâce aux progrès de la médecine. On suit donc « les Cent » au travers des trois tomes, de leurs premiers pas sur le caillou mort aux bains de soleil au bord de la nouvelle mer boréale. Robinson se concentre sur une dizaine d’entre eux, et certains de leurs descendants. Il ne lésine pas sur les introspections psychologiques et les analyses des rapports entre personnages. Cela est plaisant quand les relations interpersonnelles sont le reflet des nombreux affrontements politiques ou philosophiques qui traversent cette histoire de la colonisation martienne ; mais à d’autres moments le propos en est désagréablement alourdi (ces pavés sont pourtant déjà assez lourds).</p>
<p>Le plus intéressant, surtout pour un ingénieur et scientifique comme moi, réside dans l’arsenal de techniques déployées pour transformer le désert martien en contrée bucolique. Le mécanisme de base est similaire à l’effet de serre qui nous préoccupe tant sur Terre : l’atmosphère martienne est saturée de CO2 mais son épaisseur est trop faible. Tous les moyens seront donc bons pour ajouter du CO2. Certaines autres techniques utilisées pour gagner quelques degrés sont de la science-fiction pure, notamment la création d’une lentille orbitale pour concentrer les rayons du soleil.</p>
<p>Autre réalisation titanesque, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, l’invention qui ferait chuter le coût de la masse en orbite et rendrait enfin l’exploration spatiale bon marché. Quand ce câble qui monte littéralement jusqu’à l’espace est saboté et s’enroule autour de l’équateur martien, il provoque la plus impressionnante des « séquences catastrophes » de la trilogie.</p>
<p>La politique martienne démarre dès les premiers pas des Cent sur la planète. Très vite, les explorateurs sont divisés entre « Verts » (partisans de la terraformation) et « Rouges » (opposants, qui considèrent que Mars doit être préservée). Cette division perdurera chez les descendants et parmi les nombreux colons qui suivront. Politiquement et économiquement, Mars expérimente de nombreux systèmes : les villes naissantes gravitent dans le capitalisme caricatural des métanationales, tandis que les zones à peines habitées testent l’économie du don. De chacune des cités martiennes naîtra un modèle de civilisation différent ; diversité à laquelle les immigrés (y compris Arabes, Indiens, Chinois, Robinson n’est pas trop américano-centrique... ) ajouteront la leur, avec également leurs conflits.</p>
<p>La politique martienne ne se conçoit effectivement pas sans intervention terrestre. Quand ce ne sont pas les métanationales qui dictent leur loi, les nations les plus peuplées d’une Terre en plein chaos climatique exigent que leur population puisse se déverser dans la dérisoire soupape de sécurité martienne. Mais transférer une fraction significative de la population terrienne est illusoire, et le peu qui est possible saturerait déjà les capacités d’absorption de la jeune civilisation martienne, en la précipitant dans le chaos. En retour Mars, creuset politique et technologique, influence la Terre bien au-delà de sa petite population. Une fois la liberté acquise, qu’en faire ? L’isolationisme est tentant mais dangereux.</p>
<p>Bref, dans leur quête pour une planète habitable - et libre - les Martiens ne seront pas au bout de leur peine. Tout amateur de <em>hard science</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-2" id="rev-pnote-313-2">2</a>]</sup> un peu intéressé par la politique-fiction sera comblé.</p>
<p>Pinailleur comme je suis, j’aurais quand même quelques reproches à faire à la trilogie. Sur la forme, il y a quelques pages en trop sur les huit cents de chaque tome. Mais certains lecteurs apprécieront peut-être plus que moi les angoisses existentielles, voire amoureuses, des Cent, et voudront au contraire sauter les descriptions techniques.</p>
<p>Sur le fond, mon principal problème repose sur l’évolution de la Terre qui meurt. La trilogie a déjà dix à quinze ans (les parutions originelles datent de 1992 à 1996) et le futur a rattrapé partiellement la fiction. Dans cette fresque qui s’étale sur au moins deux siècles, la Chine et l’Inde semblent figées dans leur rôle prévisible dans les années 1990, futures superpuissances surpeuplées pas vraiment « mûres ». Or l’<a href="http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/POP910.doc.htm">ONU prévoie une stabilisation de la population mondiale avant 2100</a>, et le déclin démographique de la Chine est pour la prochaine génération : on peut être sûr que le futur ne sera <em>pas</em> comme prévu par Robinson. Surtout en 2300.</p>
<p>(Facile à dire, après coup. Faire de la prospective sans tomber dans le prolongement plus ou moins conscient des tendances actuelles est une mission impossible).</p>
<p>Les problèmes écologiques de la Terre semblent un peu artificiels. Robinson introduit de catastrophiques volcans antarctiques quand le réchauffement planétaire « normal » aurait suffi - mais en parlait-on autant en 1992 ?</p>
<p>Un trait américain de l’auteur surgit dans les révolutions martiennes (une dans le premier tome, une dans le second qui se prolonge dans le troisième) : les Martiens auront-ils vraiment envie de calquer leur histoire sur celle de la naissance des États-Unis ? Il est vrai que le rythme du récit y gagne.</p>
<p>En résumé : un gros pavé pour ceux qui aiment construire des mondes, et ne rechignent ni à la technique, ni à l’utopie. Un des monuments de la science-fiction récente dans ce qu’elle a de plus sérieux et fouillé. Quand je vois une carte de Mars, à présent, je rêve aux villes qui y seront peut-être un jour. Mon rêve est de me payer un voyage dans <em><a href="http://www.nirgal.net/valles.html">Valles Marineris</a></em> pour mon centenaire - sait-on jamais ?</p>
<hr />
<p>Autres sites sur cette trilogie :<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars">Article Wikipédia</a><br />
<a href="http://branchum.club.fr/mars.htm">http://branchum.club.fr/mars.htm</a><br />
<a href="http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html">http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-1" id="pnote-313-1">1</a>] <em>En français : </em>Mars la rouge<em>, </em>Mars la verte<em>, </em>Mars la bleue<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-2" id="pnote-313-2">2</a>] <em>Branche de la science-fiction la plus attachée à la plausibilité scientifique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/313La sécurité informatique par l’exemple : l’approche BOFHurn:md5:6e8b266edc9cc72d5d374ce85b9ff1cc2007-01-23T22:23:00+00:002010-10-25T19:40:57+00:00ChristopheInformatique militante et technologiecommunicationcynismefoutage de gueulehiérarchiehowtohumourinformatiquesabotagesécuritétravail<p>Pour forcer les utilisateurs à prendre en compte l’aspect « sécurité » de l’informatique, il existe une méthode violente.</p> <p>Une forme de pédagogie « à la dure » consiste à laisser un enfant se brûler pour qu’il comprenne qu’un four est chaud. L’approche s’étend facilement au domaine de la sécurité informatique, où l’utilisateur est volontiers réticent. C’est la manière <a href="http://www.tout-savoir.net/lexique.php?rub=definition&code=1048">BOFH</a>.</p>
<p>Un <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=205511&cid=16772805" hreflang="en">billet anonyme sur Slashdot</a> donne la recette précise :</p>
<ul>
<li>faire la démonstration d’une attaque par déni de service en coupant le courant aux serveur des « compteurs de haricots » ;</li>
</ul>
<ul>
<li>simuler les effets d’un <em>spyware</em> en affichant le contenu de la collection « photographique » du chef de service, ainsi que son historique de navigation ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les conséquences d’un mot de passe faiblard se montrent en se connectant à la place du chef, et en envoyant en son nom quelques lettres de démission incendiaires au PDG ;</li>
</ul>
<ul>
<li>insister sur l’importance des sauvegardes quotidiennes par des <code>rm -rf</code> aléatoires ;</li>
</ul>
<ul>
<li>en utilisant un compte utilisateur, télécharger la base clients entière, et l’utiliser pour spammer massivement.</li>
</ul>
<p>Ou bien décrire simplement les facteurs de risques aux décideurs, auquel cas ils feront comme si les trous dans le gruyère étaient théoriques. <em>(Fin de citation.)</em></p>
<p>Hélas, le sens des responsabilités de l’informaticien moyen, couplé au spectre de l’ANPE, le retiendra d’en venir à de telles extrémités. Pourtant, comme chacun sait, rien de tel qu’une expérience douloureuse pour se souvenir des choses sérieuses. Combien de personnes devenues des maniaques de la sauvegarde automatisée et permanente après la perte d’un disque dur entier ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/23/299-la-securite-informatique-par-l-exemple-l-approche-bofh#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/269Les ordinateurs nous rendent grossiersurn:md5:848c6b2dafc0651bbb1ece4beb99cf752006-12-10T16:34:00+00:002010-11-18T21:13:41+00:00ChristopheInformatique pratiqueanthropomorphismebugcomplexitécynismedysfonctionnementfoutage de gueulehaineinformatiquepsychologiesantétravail<p>Saleté de putain de bordel de machine de mes deux !</p> <p>Je l’ai remarqué chez moi, sur ma moitié, sur des personnes d’habitude très pondérées : les ordinateurs rendent grossier, voire violent.</p>
<p>Au point que <a href="http://trentaineordinaire.free.fr/">Jid</a> a érigé la chose en dicton :</p>
<blockquote><p>« Sachez que l’informaticien est bruyant et se parle à lui-même : un informaticien qui ne fait pas de bruit n’est pas en train de travailler, il fait des trucs perso. » (<a href="http://trentaineordinaire.free.fr/index.php/2006/08/01/214-droit-de-cuissage">Jid, 1er août 2006</a>)</p></blockquote>
<p><strong>Pourquoi ?</strong> Je n’ai jamais entendu un électricien se plaindre et ronchonner à cause d’un réseau électrique semi-sentient qui en voudrait à sa santé mentale. Par contre, que l’on tape une lettre sous Word ou qu’on développe un logiciel, et les « mais qu’est-ce qu’il me fait ?? », « quel con !!! », « pourquoi il me fait ça ? »... fusent très rapidement.</p>
<p>Les ordinateurs ont-ils atteint un tel niveau de complexité et d’autonomie que l’anthropomorphisme s’applique à plein, et que l’on assiste au choc de deux volontés, l’une de fer et d’électrons, l’autre simplement humaine ? L’humain ne tolère-t-il pas que l’ordinateur fasse ce qu’il lui a ordonné, et non ce qu’<em>il croit lui avoir dit</em> ? Cette dernière hypothèse se conçoit pour les développeurs, confrontés toute la journée à des erreurs nées de leurs propres lacunes en programmation (et rarement à un message « Félicitations ! Votre programme compile ! <em>Good job!</em> »)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/10/232-les-ordinateurs-nous-rendent-grossiers#pnote-206-1" id="rev-pnote-206-1">1</a>]</sup>; par contre pour les utilisateurs bureautiques, le problème vient souvent desdits bugs ou incohérences ou limites du logiciel, donc de l’interface, donc d’autres humains.</p>
<p>Je me demande combien de PC meurent chaque année sous les coups d’utilisateurs excédés.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/10/232-les-ordinateurs-nous-rendent-grossiers#rev-pnote-206-1" id="pnote-206-1">1</a>] <em><strong>Ajout de 2010</strong>: Si, en fait, j’ai vu UN logiciel professionnel dire que la formule de calcul entrée était correcte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/10/232-les-ordinateurs-nous-rendent-grossiers#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/206Amusons-nous avec le télémarketing : l’article que j’aurais voulu écrire.urn:md5:1826a37501864b2a8b6abb7eb639bd342006-12-08T11:40:00+00:002009-07-04T14:34:32+00:00ChristopheGuerre au marketinganticonsumérismecommunicationcoup bascynismedommagedéshumanisationemmerdeursesclavagefoutage de gueulegaspillageguerrehainehowtolibertéoffshoreparanoïaperspectivepouvoir d’acheterprovocationpsychologierésolutionssabotageécologieéconomieéconomie de l’attention<p>Un guide pour lutter contre le harcèlement téléphonique.</p> <p>Je viens de découvrir cette perle de Raton laveur : <em><a href="http://ratonlaveur.free.fr/articles/telemarketing.html">Amusons-nous avec le télémarketing</a></em>. C’est presque exactement l’article que j’aurais voulu écrire sur le thème de ces <del>enfoir</del> gentils <del>parasit</del> commerçants qui vous <del>dérange</del> appellent pour vous <del>fourgu</del> proposer leur <del>mer</del> jolie marchandise <del>dont vous ne voulez pas</del> si pratique et utile.</p>
<p>Hors quelques idées de riposte en cas de coup de fil indésirable, et d’astuces pour repérer l’ennemi, l’article contient de judicieuses remarques sur les motivations et la personnalité <del>des pions</del> <del>des désespérés</del> de ceux qui vous appellent. En gros : pauvres hères qui ont besoin de manger, il faut les considérer comme des êtres humains et pourrir le système, et non leur vie, quitte à rajouter un peu de surréalisme dans leur existence.</p>
<p><a href="http://ratonlaveur.free.fr/editotaku/index.php?itemid=1105">Les commentaires sont possibles</a> (et intéressants).</p>
<p>À lire d’urgence !</p>
<p><em>(Merci à celui qui a indiqué le lien sur son blog, je regrette d’avoir oublié qui... Qu’il se dénonce s’il lit ceci.)</em></p>
<p><strong>Post-scriptum</strong> : Éric m’indique un <a href="http://blog.monolecte.fr/post/2006/12/04/Et-la-politesse-Bordel">autre lien très intéressant sur le sujet</a>, écrit par quelqu’un qui a connu le milieu, demande pitié pour les pauvres hères qui appellent, et continue sur notre société où chacun aime enfoncer plus malheureux que lui. Je suis d’accord pour ne pas confondre commanditaire et esclave, il n’empêche que le seul moyen de réduire cette nuisance est de rendre le système économiquement foireux, donc de faire en sorte que les personnes qui appellent ne décrochent <em>rien</em> - donc on leur fait perdre leur temps, fatalement.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/08/208-amusons-nous-avec-le-telemarketing-l-article-que-j-aurais-voulu-ecrire#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/186Ubu et réservation aérienneurn:md5:a1abf6cac1c2fd8ecee7a161e1198ed42006-11-14T11:37:00+00:002023-12-27T11:04:23+00:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismeargentbon sensbugchaoscommunicationcomplexitécynismedommagedysfonctionnementdécadencedéshumanisationemmerdeursfoutage de gueulegaspillageincohérenceinformatiquelibertémicroéconomiemèmeoptimisationorganisationperspectivepessimismepouvoir d’acheterprise de têteprovocationsabotagetravailvaleuréconomie<p>Le calvaire aérien d’une collègue, typique des travers de notre époque.</p> <p>Je dis toujours que les compagnies aériennes constituent l’illustration parfaite de la différence entre <strong>sécurité</strong> et <strong>fiabilité</strong> : s’il est effectivement très peu risqué de prendre un avion (bien moins que sa voiture ou son vélo), les chances d’arriver en temps et en heure sans une contrariété quelconque évoluent plus près de 50 % que de 99,999 %. <br />Je vole peu, pourtant j’ai déjà ma part d’histoires de vols annulés, retardés, pour raisons techniques ou sociales, plus souvent pour des bouchons sur les pistes (typiquement à Orly le vendredi soir). <br /><a href="http://www.lgv-est.com/">Vivement le TGV</a> (et je dis ça peu après une grève de la SNCF). (<strong>Ajout de 2010</strong> : Le TGV on l’a et c’est super, mangez-en !)</p>
<h3>Les différents intervenants</h3>
<p>Une collègue vient de nous raconter son calvaire. <br />Elle utilise une compagnie très connue pour les vols intérieurs (appelons-là, disons, Air Gaule). Notre employeur commun nous <del>demande</del> ordonne de commander tous nos billets (ferroviaires, aériens…) par une agence de voyages assez connue qui fait aussi dans les services financiers ; appelons-la Antarctic Express.</p>
<p>Le passage par cette agence de voyages permet apparemment de gagner 20 € sur le prix du billet. Quand je dis « gagner », c’est l’agence qui encaisse 35 € de frais, au lieu de 15 € par Air Gaule.<br />En échange, nous disposons d’un joli site web qui stocke nombre d’informations confidentielles à notre sujet, et nous refuse des vols qui ne couvrent pas la « politique voyage ». (Ce sont des interdictions du genre : « non, tu ne traverseras pas la moitié de la France en avion, faudrait le faire en train et y passer quatre fois plus de temps au total et payer une nuit supplémentaire à Lutèce. » Bon, les <em>bigs chefs</em> valident systématiquement la dérogation aux critères sans doute pondus par un acheteur à la Défense qui ne doit pas aller souvent en clientèle hors d’Île-de-France. Bref.)</p>
<h3>Clouée au sol</h3>
<p>À notre époque, les billets sont tous électroniques, en fait juste un numéro quelque part pour qu’à l’enregistrement il soit possible de retrouver notre trace dans l’ordinateur au cas où le vol, le nom et le numéro de la pièce d’identité ne suffisent pas. L’inconvénient est qu’il n’existe plus aucune garantie <em>physique</em> au client que son billet est valable.</p>
<p>La collègue en question a donc été fort marrie quand, après une longue queue devant le guichet, l’humeur maussade comme on l’est à six heures du matin après s’être levé à quatre, la charmante hôtesse<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ne l’a pas trouvée parmi les passagers recensés par le Grand Serveur Central : l’agence n’avait pas transmis la réservation. <br />Adrénaline, queue au guichet vente, re-queue devant l’enregistrement, obligation de se contenter des dernières places (ni hublot ni couloir) si même il y a encore de la place, retard éventuel, etc.</p>
<p>Ce genre d’incident est pénible la première fois ; mais bosser dans l’informatique enlève toute illusion sur la fiabilité absolue de tout ce qui est électronique, et rend philosophe.</p>
<p>La deuxième fois c’est encore plus pénible.</p>
<p>La troisième fois, on se demande si on ne va pas lâcher l’agence de voyages<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.<br />Surtout quand, au moment de re-réserver le billet qui n’a jamais été transmis, on s’aperçoit que l’abonnement à Air Gaule a été bloqué pour un papier jamais arrivé, jamais transmis apparemment par l’agence de voyage. Air Gaule proteste de sa bonne foi en avertissant qu’ils ont averti l’agence de voyages… qui n’a jamais averti sa cliente.<br />Le paiement, lui, a bien été transmis.</p>
<p>(Au passage : cette même collègue s’est fait « ensacheter » deux dangereux bâtons de rouge à lèvre par les services de sécurité. Coup de chance, ils n’ont pas vu ses médicaments, elle n’avait pas l’ordonnance.)</p>
<p>La même collègue a rapporté le cas d’un autre utilsateur d’Antarctic Express, qui un jour manqua son vol départ pour une raison quelconque. Après s’être débrouillé seul pour prendre un autre vol (sur le même billet affaire donc décalable), et avoir fait ce qu’il avait à faire là où il allait, le malheureux a découvert à l’enregistrement la disparition de son voyage retour : informée de son absence au départ originel, l’agence avait annulé le retour.</p>
<p>Ces problèmes, paraît-il, n’existaient pas avec l’agence de voyage locale utilisée encore il y a quelques années. Ces gens-là n’avaient pourtant pas de centre d’appel continental avec des employés dressés comme des robots à lire leur script et à ne surtout pas prendre d’initiative, et qui changent à chaque contact. Comment diable pouvaient-ils être compétitifs ?</p>
<h3>Moralités</h3>
<p>Que le malheur des uns serve de leçon aux autres : ces exemples pointent un problème de plus en plus courant à notre époque. Ici on ajoute un <strong>intermédiaire qui est censé fournir les mêmes services que le fournisseur final</strong>. Il ne s’agit pas ici de cas où une agence de voyages vous mitonne un Dijon-Christchurch<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> <em>via</em> quatorze correspondances et huit compagnies, en choisissant parmi sept mille trajets possibles (rôle de courtier en quelque sorte), mais du cas très courant dans le métier de vols sur des lignes du principal opérateur national.</p>
<p>Intermédiaire inutile également car Air Gaule, non content de faire voler ses clients, fournit service web, centre d’appel, etc. <em>a priori</em> moins dysfonctionnels que tout intermédiaire puisque la compagnie a la maîtrise des machines et l’accès direct aux données et logiciels. (Quoique avec la vogue actuelle de décentralisation et filialisation, ce serait à vérifier…)</p>
<p>Bref, un cas typique de notre époque où <strong>les couches s’amoncellent, et les problèmes de communication (inévitables, même à l’époque d’Internet) vont avec la complexité du flux</strong>.</p>
<p>Bizarrement, la facturation ne tombe jamais en panne. Elle est même la seule à faire du zèle.</p>
<p>Je ferais volontier le parallèle avec <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille">mes problèmes très techniques et très personnels de sabotage mutuel entre trois outils qui essaient tous les trois de faire la même chose</a>…</p>
<p>Pour finir, revenons à la justification de l’utilisation de l’agence de voyage : il paraît qu’en fonction du chiffre d’affaire généré avec elle, notre groupe encaisse une ristourne. Cette ristourne est invisible sur les avances de fonds que nous, petits consultants migrants, faisons<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> (avances débitées après le remboursement des frais, à quelques jours près, si le secrétariat ne fait pas d’erreur et est alimenté en feuilles de frais suffisamment à temps). Elle est aussi invisible sur les billets à titre privé que nous serions tentés de commander <em>via</em> Antarctic Express. On pointe là un autre problème, celui de la <strong>séparation entre l’effort et le bénéfice</strong>. La conscience professionnelle et la volonté de réduire les coûts de son employeur ont leurs limites quand les contraintes s’accumulent et que les gains ne sont jamais, même symboliquement, partagés.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je brode, c’était peut-être un très moche </em>stewart<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>D’ailleurs elle a annoncé ne plus l’utiliser. Vue l’ambiance à l’agence, je ne pense pas qu’il y ait jamais de sanction pour cette violation des procédures.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Nouvelle-Zélande.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Oui, dans ma <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">SSII</a> </em>(c’était en 2006, mon nouvel employeur paie lui-même l’avion. - Note de 2007)<em>, nous devons avancer </em>tous<em> les frais de déplacement sur nos deniers personnels, </em>via<em> la carte de crédit à débit différée fournie par l’entreprise et débitée sur notre compte personnel. Cela implique surtout d’assumer les risques qui vont avec toute transaction quelle qu’elle soit.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/240La dernière pub Noosurn:md5:52e2f01f6353ff39068391412a4b2e0c2006-11-06T17:13:00+00:002010-11-07T21:37:25+00:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismebon senscatastrophechiffrescommunicationcoup bascynismedommageemmerdeursfoutage de gueulegaspillagehaineinformatiquemicroéconomiepérimésabotagevaleuréconomie de l’attention<p>Une pub très facilement trompeuse si on ne lit pas les illisibles petits caractères. Oui, encore une.</p> <p><strong>NB de 2009</strong> : Noos s’appelle à présent Numéricable, société connue pour avoir été <a href="http://www.pcinpact.com/actu/news/38727-dgccrf-plainte-numericable.htm">mise sous surveillance par la DGCCRF en 2007 à cause du nombre alarmant de plaintes de clients</a>.</p>
<p>J’ai longtemps haï <a href="http://www.noos.fr/">Noos</a> (anciennement Cybercâble) pour des raisons que les abonnés de l’époque (1998-2000) comprendront aisément, notamment un mépris du client assez prononcé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-1" id="rev-pnote-236-1">1</a>]</sup>. <br />Concrètement, les problèmes généraux portaient sur la restriction brutale du débit, de 2 Mbit/s à 512 kbit/s<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-2" id="rev-pnote-236-2">2</a>]</sup>, une gestion anarchique de la facturation, des <em>proxys</em> transparents saturés, des serveurs de mail et de <em>newsgroups</em> maintenus avec les pieds (courriers délivrés au bout de deux jours ou plus, dans le meilleur des cas, newsgroups mal répliqués), une <em>hotline</em> totalement ignorante des problèmes, etc.<br />Les <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/cybercable/">archives de la liste cybercable</a> et le site associé <a href="http://www.luccas.org/">Luccas</a> gardent la mémoire de cette triste époque. En 2000 j’ai sauté sur les premières offres ADSL, même plus coûteuses, rien que pour me débarasser des ces tristes sires.</p>
<p>L’aspect positif s’est révélé dans mon passage à Linux et au développement de mes compétences en administration pour compenser les failles de ce fournisseur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-3" id="rev-pnote-236-3">3</a>]</sup>. Le jour où le serveur SMTP a sauté (recevoir un <em>disk full</em> en envoi de mail, ça fait bizarre), j’ai décidé de toujours gérer moi-même mon adresse e-mail.</p>
<p>Noos existe toujours, ils se sont fait racheter, et à présent la concurrence avec l’ADSL est rude. Rappelons que pour 30 à 40 €/mois, Free, Orange et autres proposent une pléthore de chaînes dans un nombre impressionnant de langues, des communications téléphoniques gratuites avec les deux ou trois plus proches galaxies, et accessoirement Internet à une vitesse qui aurait valu encore récemment un PV sur les autoroutes de l’information<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-4" id="rev-pnote-236-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Noos propose du 20 €/mois pour la même chose, du moins semblent le dire les affiches que je vois dans tous les coins de ma bonne ville d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Austrasie">Austrasie</a>. <br />À première vue, on se dit « Ouaouh, quels prix concurrentiels ! ». <br />À deuxième vue, comme toute occase trop belle pour être vraie, <strong>il y a un piège</strong>.</p>
<p>Et il faut s’approcher près pour le voir, le piège.</p>
<p>En tout petit, il est précisé que le prix est valable pour trois mois... ensuite on arrive au tarif normal de <strong>40 €</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-5" id="rev-pnote-236-5">5</a>]</sup>.<br />Oui, on parle d’une pub sur un prix réduit d’un <strong>facteur deux</strong> par rapport au final. J’ai vérifié : le petit texte correctif, dont on sent bien qu’il n’est là que pour éviter les procès, est totalement illisible depuis ma voiture quand je passe sous un des grands panneaux.</p>
<p>Le procédé est malheureusement courant : j’ai ici une brochure France Télécom dont chaque page ressemble à une constellation par le nombre de petites étoiles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#pnote-236-6" id="rev-pnote-236-6">6</a>]</sup> de renvoi en bas de page ; bas de page écrits dans une casse si étroite et de manière si compacte que l’intention d’illisibilité est pour moi constituée.</p>
<p>Pour revenir à Noos : je leur donne le bénéfice du doute sur le plan technique (même si ma méfiance est toujours là, justifiée par ma lecture continue depuis des années de la liste des abonnés), et les tarifs semblent honnêtes (<em>triple play</em>, et il y a plus de 100 chaînes pour le tarif de base de 40 € ; on peut monter plus haut bien sûr). Évidemment, il faut rajouter les frais d’installation (plusieurs dizaines d’euros), le dépôt de garantie de l’appareil (75 €)...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-1" id="pnote-236-1">1</a>] <em>Un vendeur d’eau est en situation de monopole, et négocie ses contrats avec des municipalités, pas avec les particuliers/clients finaux.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-2" id="pnote-236-2">2</a>] <em>Rappelez-vous, c’était en 1998 : l’ADSL n’existait pas ! Le seul haut-débit grand public passait par le câble, pour les quelques chanceux qui pouvaient y accéder. 512 kbit/s était déjà merveilleux, le problème portait sur le principe.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-3" id="pnote-236-3">3</a>] <em>C’était également l’époque où, célibataire de fait la semaine, j’avais du temps à y consacrer.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-4" id="pnote-236-4">4</a>] <em>Mais pourquoi je raconte ça, moi ? Tout le monde le sait sauf ceux qui n’ont aucune chance de venir ici.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-5" id="pnote-236-5">5</a>] <em>J’arrondis ; les marketeux croient encore que réduire de 10 centimes le prix rond change quelque chose au comportement du consommateur.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#rev-pnote-236-6" id="pnote-236-6">6</a>] <em>Licence poétique : ce sont des numéros : (1), (2)... (9)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/06/265-la-derniere-pub-noos#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/236Citation de poilu, 90 ans après Verdunurn:md5:470664c77cc304a08356c2b2d76538622006-11-01T22:59:38+00:002008-08-12T19:18:06+00:00ChristopheCitationscitationcynismeguerrehistoireHistoire de FrancepessimismePremière Guerre Mondiale <blockquote><p>« J’avais rêvé avant mon départ en permission que ces six jours seraient pour moi six jours trop courts de bonheur, et que partout je serais reçu les bras ouverts ; je pensais, avec juste raison je crois, que l’on serait aussi heureux de me revoir (...). Je me suis trompé ; quelques-uns se sont montrés franchement indifférents, d’autres (...) m’ont presque laissé comprendre qu’ils étaient étonnés que je ne sois pas encore tué. (...)</p>
<p>
Je vais donc essayer d’oublier comme on m’a oublié, ce sera certainement plus difficile (...) Maintenant je vais me sentir bien seul. Puissent les hasards de la guerre ne pas me faire infirme pour toujours, plutôt la mort, c’est maintenant mon seul espoir. »</p>
<p>
Gaston Biron, <br />
tué à 31 ans en septembre 1916,<br />
lettre à sa mère du 14 juin 1916,<br />
cité dans <em>Paroles de Poilus</em></p>
<p></p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/01/263-citation-de-poilu-90-ans-apres-verdun#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/234Les joies de la SSII (5) : Se battre pour bosserurn:md5:0b1494d5a6617ac43d172ec965c356832006-10-31T11:34:00+00:002020-03-31T15:34:00+00:00ChristopheIl faut bien mangerbase de donnéescomplexitécynismelogistiquemercenairemobilitéorganisationparadoxeSSIItravail<p>Il faut parfois une sacré motivation pour obtenir de quoi travailler normalement quand on est un « migrant ».</p> <p><em>Caveat : Ce qui suit ne concerne absolument aucune entreprise précise en particulier, mais des travers rencontrés par moi-même ou mes collègues parmi différents clients.</em></p>
<p>Le petit consultant migrant a enfin trouvé un siège, une prise électrique pour le portable, et s’est relié au réseau informatique par la précieuse prise RJ45. À ce stade, la récupération d’une adresse IP, par DHCP, ne posent aujourd’hui plus de problème (en général). Le paramétrage des imprimantes est une plaisanterie (enfin, si les pilotes sont accessibles...).</p>
<p>Enfin connecté, le consultant n’est pas au bout de ses peines : il doit à présent accéder à quatre outils capitaux : son mail professionnel, internet, les répertoires de documents de travail, les machines et serveurs.</p>
<ul>
<li>Le <strong>mail professionnel</strong>, <em>ie</em> de sa SSII, n’est pas un dû. <br />Le réseau de beaucoup de clients ne tolère pas d’accès vers l’extérieur autres que le web via un <em>proxy</em> : on oublie donc Outlook, Thunderbird et autre lecteur de courrier. Le consultant pourra se rabattre sur un webmail fourni par son entreprise (avec de la chance), ou faire rediriger son mail vers le compte mail interne fourni (imposé) par le client. <br />Parfois les règles de sécurité interdisent la redirection des mails. Cela fait partie des règles qu’il faut respecter jusqu’à ce qu’elles deviennent un frein au travail facturable (argument suffisant dans une SSII à condition de ne pas faire de bêtises ; de bonnes relations avec les administrateurs sont conseillées).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Internet</strong> est devenu un outil absolument indispensable. <br />D’abord parce que Google et les différents forums constituent à présent la première source d’informations techniques ; ensuite à cause de la paperasse interne à la SSII à disposition des migrants, à un clic de souris.<br />Enfin parce que le consultant doit accéder à son webmail pour lire son courrier.<br /> <br />Certaines entreprises paranoïaques ne tolèrent pas le moindre accès à internet. Dieu merci, elles sont de plus en plus rares. Par contre, le <em>proxy</em> obligatoire est généralisé. Il fait partie des données obligatoires à collecter lors de la connexion à un réseau d’entreprise. Le consultant connaît par cœur les options d’IE (il est obligé de l’utiliser parce que ses clients l’utilisent parce que tout le monde l’utilise) et Firefox (il préfère, en général) pour modifier ce <em>proxy</em>. Il existe des extensions, scripts, sharewares... pour jongler entre plusieurs <em>proxys</em> en un clic.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>documents de travail</strong> (spécifications, normes, documents divers...) peuvent être disposés de deux manières :
<ul>
<li>sur un répertoire réseau local ou un portail, plus ou moins bien rangés, éventuellement protégés par un mot de passe supplémentaire qu’il faudra lui aussi acquérir ;</li>
<li>ou bien distribués de manière <del>assez</del> totalement anarchique dans des documents, serveurs, portails, bases, dépendant de chaque sous-service. <br /> <br />Le jeu de la traque de <em>la</em> version de référence d’une spécification peut vite lasser. Surtout si elle est sur le disque dur (non sauvegardé, soit dit en passant) du portable d’un salarié du client en vacances au Kenya pour les trois semaines que durent la mission.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Même à l’ère du <em>single sign on</em>, les <strong>serveurs, bases de données, applicatifs divers...</strong> gèrent parfois eux-mêmes leurs accès - et nominativement. <br /> <br />Dans un monde idéal, le consultant à peine arrivé se voit lister les accès à Oracle, SAP, etc. dont il a besoin ; et s’il manque quelque chose, un rapide message au service support puis une prompte approbation du responsable du domaine lui permet d’accéder dans le quart d’heure à ce qu’il lui faut.<br /> <br />Dans la réalité, un appel au service support (externalisé, débordé, mis au courant de rien) ressemble à une bouteille à la mer, ou se transforme en obligation de remplir une paperasse assez indigeste qui donne le droit d’attendre une semaine avant de relancer. Le responsable ayant autorité pour dire que M. Consultant peut aller lire les données hautement confidentielles de l’ERP est introuvable, si même on le connaît. L’administrateur Unix qui crée les comptes est un <a href="http://en.wikiquote.org/wiki/Bastard_Operator_From_Hell">BOFH</a>. Il n’y a plus de licence libre pour donner accès à tel applicatif hermétiquement verrouillé par son éditeur. Il est hors de question de donner accès à la production à un extérieur, mais les problèmes ne se manifestent justement qu’en production (la base de recette, elle, a deux ans d’âge ; encore heureux si ce sont encore des données réelles de l’époque et non un <em>mock up</em> théorique du début du projet). Etc.<br /> <br />J’ai vite pris le réflexe de chercher une ou deux personnes avec de la bouteille, ou connaissant nombre de leurs collègues dotés des sésames d’accès, et d’entretenir de bonnes relations avec elles.</li>
</ul>
<p>Au-delà d’un certain seuil d’écœurement du jeune consultant désireux pourtant de respecter les règles mais tenu de travailler sans aucun accès officiel, on entre dans le jeu du trafic des mot de passe de bases Oracle (ceux de défaut de l’installation, jamais changés), de serveurs ouverts à tous les vents, de comptes oubliés de prestataires disparus depuis le siècle dernier, de <em>proxys</em> officieux ; tout ceci par fichiers Excel entiers, transmis de prestataire à prestataire, recensant des accès que le support même serait incapable de donner. (Le cas est certes extrême mais réel.) <br />Dans les cas où les consultants ont pris en main des pans entiers du service, toute une activité peut donc se dérouler à l’insu du client<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et dans la plus pure tradition orale. Trois ans et deux générations de consultants plus tard, le système explose lors d’une crise de routine, et la vérité éclate : « On a toujours fait comme ça. » Et cette fois, on a cassé quelque chose.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
Partie 5 : Se battre pour bosser<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>La leçon à tirer est pour moi claire : toute <strong>sécurisation</strong> doit aller de pair avec une <strong>réactivité exemplaire</strong> des gens chargés de donner des accès. Car même intellectuellement convaincu du bien fondé d’accès limités et contrôlés, personne ne tolère longtemps un obstacle qui lui interdit de faire son travail - prestataire ou pas prestataire. Et une administration des droits défaillante se retrouve vite </em>de fait<em> contournée.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/231Blog et cours de récréurn:md5:bdb4e1f3f5c6a7002bf57f38de2745da2006-08-28T16:08:00+00:002010-11-03T20:54:43+00:00ChristopheBlogger, une aventureblogcommunicationcynismedommagehumourperspectiveréseauvirtueléconomie de l’attention <p>Encore un billet que j’aurais voulu écrire, par <a href="http://dodinous.blogspot.com/">Dodinette</a> :</p>
<blockquote><p>« Bloguer engendre des comportements intéressants. Qui me rappellent souvent la cour de récré du collège... » (<a href="http://dodinous.blogspot.com/2006/08/les-blogs-et-vous.html">suite</a>).</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/28/213-blog-et-cours-de-recre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/191De la hiérarchie sémantique des sous-traitantsurn:md5:1d2eb6dbf9a4fa2bb53b018ae693ac592006-07-20T00:00:00+00:002006-11-21T16:21:03+00:00ChristopheIl faut bien mangercynismehiérarchieperspectiveSSIItravailéconomie<p>Comment déterminer la considération accordée à un sous-traitant par la manière dont on le nomme.</p> <p>P., un collègue, a une très intéressante théorie sur la hiérarchisation sémantique des partenaires d’une entreprise, du point de vue de celui qui achète/commandite.</p>
<p>Du plus considéré/respecté/craint au plus méprisé/exploité :</p>
<ul>
<li><strong>Maison mère</strong> : on lui dit inconditionnellement « Amen ».</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Autre filiale</strong> : par exemple l’entité commerciale d’un groupe industriel ; les usines s’écrasent devant et lui abandonnent leur marge.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Partenaire</strong> : quasiment un égal. Chacun a un but et on négocie.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Fournisseur</strong> : il amène ce qu’on lui a demandé, il fournit quelque chose.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Prestataire</strong> : un cran en dessous ; il <em>fait</em> (et donc se salit les mains ; hou que c’est vil).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Sous-traitant</strong> : exécutant pur.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Autre filiale</strong> : symétrique de ci-dessus ; par exemple ici les usines du point de vue des entités commerciales ; on peut décider de leur fermeture depuis le siège sur un autre continent.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Serf</strong> : Exploitable et corvéable à merci jusqu’à ce qu’il crève.</li>
</ul>
<p>Le dernier terme n’est jamais employé (il doit bien y avoir des équivalents modernes dans la <em>novlange</em> des maîtres du monde ?). Il suffit donc d’écouter quel terme un <em>manager</em> emploie pour parler des gens d’autres entreprises qui bossent pour lui pour connaître la considération qu’il leur accorde.<br />Sachant que les termes positifs sont volontiers galvaudés pour tromper la galerie...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/20/162-de-la-hierarchie-semantique-des-sous-traitants#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/148Des versions originales des citations (5) : la Tour de Babelurn:md5:825178b520a28d736ec1220c98be994e2006-06-15T22:32:00+00:002010-10-31T09:36:12+00:00ChristopheCitationscitationcynismeGuerre de Cent Anshistoirehumourlanguesouverture d’espritpolitiqueponctuationquête<p>Les citations en langues étrangères ajoutent des difficultés supplémentaires dans la recherche de la source originale, même dans des langues connues.</p> <p>La recherche de la version originale n’est pas toujours une sinécure. Je peux facilement « rétro-traduire » quelques mots clés d’une version française d’une boutade d’Oscar Wilde ou d’une réflexion de Goethe (domaine public), les soumettre à Google, et espérer trouver <em>la</em> version originale, à recouper bien sûr. Pour du Umberto Eco ou du Borges (plus récents), je dois me rabattre sur le livre.</p>
<h3>Anglais, allemand, polonais...</h3>
<p>Encore ces auteurs écrivent-ils dans une langue que je peux espérer lire : je parle anglais et allemand, et je peux espérer me retrouver dans un texte en une langue latine ou germanique, car je sais ce que je cherche et je compare avec la version française. Les traducteurs en ligne existent également pour ces langues courantes.<br />C’est plus délicat mais encore faisable avec les langues slaves, dont le vocabulaire de base m’est totalement étranger, par exemple celle-ci, dont il ne faut pas me demander à froid dans quelle langue elle est<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-1" id="rev-pnote-147-1">1</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>”Nie lubię wymiany poglądów. Zawsze na tym tracę.”<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-2" id="rev-pnote-147-2">2</a>]</sup><br />(Je n’aime pas les échanges d’idées - je suis toujours perdant !)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-3" id="rev-pnote-147-3">3</a>]</sup><br /> <br /><a href="http://pl.wikipedia.org/wiki/Antoni_S%C5%82onimski" hreflang="pl">Antoni Słonimski</a></p></blockquote>
<p>Pour le japonais, l’arabe, le chinois, le grec ancien ou pas... je suis condamné à rechercher un locuteur et à lui faire confiance. Se posent ensuite d’intéressants problèmes techniques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-4" id="rev-pnote-147-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Quand on ne sait même pas la langue</h3>
<p>Certains auteurs un peu <strong>cosmopolites</strong> posent problème : il se sont exprimés dans plusieurs langues. Pour <strong>Kundera</strong> (qui a écrit en <del>albanais</del> tchèque comme en français), la question se règle en cherchant la mention du traducteur sur la page de garde du livre ou dans le catalogue. <br />Pour <strong>Einstein</strong> (citoyen suisse, puis allemand, puis américain), la question est plus délicate. Avec de la chance on peut espérer faire remonter une citation à un de ses ouvrages, mais on double l’espace de recherche. Quant à <strong>Catherine II de Russie</strong>, allemande francophone russifiée...</p>
<h3>Quand la VO n’existe pas</h3>
<p>Un cas gênant est l’auteur qui s’exprime dans sa langue face à des <strong>journalistes qui traduisent en français</strong> ; la version originale est à jamais inaccessible, comme ici :</p>
<blockquote><p>« Mais en 1897 - et en 1947 pas davantage -, aucun écrivain de SF ne nous a montré cette désolation que nous avons nous-même créée. Nous étions trop occupés par les invasions extraterrestres et les attaques nucléaires, ces fausses apocalypses, pour voir que les promoteurs et leurs bulldozers dévastaient le monde qui nous entoure. »<br /> <br />Dan Simmons, conférence aux <em>Galaxiales</em> de Nancy, 1997</p></blockquote>
<p>Encore ce cas ne comprend-il qu’une seule traduction vers la langue « principale » de mon site. Si je lis dans le <em><a href="http://www.spiegel.de/" hreflang="de">Spiegel</a></em> (magazine allemand) une interview exclusive de Woody Allen (anglophone), que dois-je ajouter sur mon site ? La version allemande (qui n’est pas originale) suivie de <em>ma</em> traduction en français ? Uniquement ma traduction ?</p>
<h3>Quelle version de la langue ?</h3>
<p>Je classe également dans les problèmes de traduction la <strong>transposition du vieux français</strong>. La langue s’est à peu près figée après 1700, mais Molière pose quelques problèmes d’orthographe, et il faut littéralement traduire <em>Tristan et Iseult</em> (XIIè siècle). Voici un bon exemple de ce qui est à la limite de la compréhension<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-5" id="rev-pnote-147-5">5</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>« Si avons nous beau monter sur des eschasses, car sur des eschasses encores faut-il marcher de nos jambes. Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes nous assis, que sus nostre cul. » <br /> <br />Montaigne, <em>Essais</em>, III, XIII</p></blockquote>
<p>Le problème est plus épineux dans l’autre sens. J’ai rencontré, je ne sais plus où, cette manifestation du désespoir du chef de guerre écrasé par l’adversaire :</p>
<blockquote><p>« Ouvrez, ouvrez, châtelain, c’est l’infortuné roi de France ! »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_VI_de_France">Philippe VI de Valois</a>, après le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Cr%C3%A9cy">désastre de Crécy</a> (26 août 1346), selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Froissart">Froissart</a></p></blockquote>
<p>Les œuvres de l’écrivain et historien<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-6" id="rev-pnote-147-6">6</a>]</sup> Froissart sont disponibles sur <a href="http://gallica.bnf.fr/">Gallica</a>, mais sous forme de simples images, même pour les versions éditées et dactylographiées des siècles plus tard. Quand bien même le texte serait numérisé, je ne saurai même pas <strong>comment <em>traduire</em> en français du XIVè siècle</strong> la version moderne ci-dessus pour la rechercher. Lire quelques pages des chroniques de Froissart dans le texte est formateur mais très long et pénible, la langue a trop évolué depuis.<br />Encore une recherche qui attendra ma retraite, les progrès de Google dans l’indexation généralisée du savoir humain, ou (coup de bol) la rencontre avec un médiéviste.</p>
<h3>Erreurs de traduction</h3>
<p>Il faut se méfier aussi des <strong>citations trop belles</strong> qui ont pu être déformées, notamment lors d’une traduction. Celle-ci est un exemple mineur (la citation originelle a gardé son intêrêt mais je préfère la mauvaise traduction française) :</p>
<blockquote><p>“In politics the choice is constantly between two evils.”<br />(« En politique il faut toujours choisir entre deux maux. »<br />Version française courante : « La politique est un domaine où il faut constamment choisir entre deux gaffes. » )<br /> <br />John Morley<br /> <br /></p></blockquote>
<p>Je vais faire des recherches sur l’exemple suivant, et je prie pour que ce soi-disant proverbe chinois soit authentique :</p>
<blockquote><p>« Le cerisier qui fleurit en hiver est un imbécile. »<br /> <br />Proverbe chinois ?</p></blockquote>
<p>Enfin, signalons un dernier problème quand on part d’une citation étrangère : la traduction n’est pas forcément de la tarte. Un personnage comme Churchill prenait plaisir à utiliser chaque nuance de l’anglais, et mon dictionnaire déclare parfois forfait. Quant à Shakespeare qui joint la richesse d’un vocabulaire parfois exclusif à une langue vieille de plusieurs siècles, je ne tenterais même pas... (Encore lui a-t-il été traduit intégralement.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-1" id="pnote-147-1">1</a>] <em>Après réflexion, ce serait bien du polonais, ce que confirme Wikiquote.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-2" id="pnote-147-2">2</a>] <em>On notera qu’ici se pose également le problème de savoir sous quelle forme se mettent les guillemets : à la française, à l’allemande, à l’anglaise ? Non, en polonais comme chez les Scandinaves, c’est encore différent...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-3" id="pnote-147-3">3</a>] <em>On remarquera que pour cette langue, je laisse une traduction que je ne fais pas pour les pensées en anglais ou allemand, participant ainsi de fait à l’impérialisme anglo-saxon...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-4" id="pnote-147-4">4</a>] <em>Comme de voir si je peux facilement convertir la page web en UTF-8. Ça devrait passer sur le Mac...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-5" id="pnote-147-5">5</a>] <em>Dans le sens où déchiffrer réclame un réel effort.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-6" id="pnote-147-6">6</a>] <em>Plus écrivain qu’historien, disent certains.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/147Des versions originales des citations (4) : Les sources fugacesurn:md5:1a57c5d0f3f768b3156523390d99e13f2006-06-14T13:52:00+00:002010-10-31T09:34:22+00:00ChristopheCitationscitationcynismedémocratieEuropeguerrehainelivres lusnationalismepolitiquequêtesauvegardes<p>La version originale de nombre de citations n’a pas été imprimée, et les retrouver est donc délicat.</p> <p>Les citations ne viennent pas que des livres. Nombre d’entre elles proviennent de magazines. Par bonheur, une partie est en ligne... mais les archives sont payantes. De plus, je n’ai souvent qu’une traduction en français (c’est l’inconvénient de <a href="http://www.courrierinternational.com/">Courrier International</a>) . Donc si une bonne âme avait la générosité de griller quelques dollars pour vérifier que l’article suivant contient bien la citation ci-dessous, et pour savoir quelle en est la version anglaise, je serais très content :</p>
<blockquote><p>« Les déshérités se résigneront toujours à leur sort. Personne ne le dit ouvertement, mais c’est ce que pensent la plupart des gouvernements. » <br /> <br />Ronald Steel, <em><a href="http://www.nytimes.com/" hreflang="en">The New-York Times</a></em>, <br />édition du 100ème anniversaire, 29 juillet 1996</p></blockquote>
<p>Par contre, pour cette classique de l’anti-militarisme, il faudra recourir aux microfilms :</p>
<blockquote><p>« On croit mourir pour la patrie : on meurt pour des industriels. » <br /> <br />Anatole France, <em>L’Humanité</em>, 18 juillet 1922</p></blockquote>
<p>Et encore : pour ces deux citations-là, une source précise (au jour près) est fournie ; le problème est de trouver le support, le reste suit. La tâche est rarement aussi simple ! À ma connaissance, la numérisation complète des archives des journaux n’est pas à l’ordre du jour, mais ce sera peut-être économiquement réalisable dans vingt ans, et Google pourra enfin me dire quelle est la <em>vraie</em> version de cet autre classique, qu’on retrouve en plusieurs variantes sur la toile :</p>
<blockquote><p>« Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s’entretuent parce que d’autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d’accord. »<br /> <br />Paul Valéry</p></blockquote>
<p>Plus grave encore, <strong>la citation <em>jamais</em> imprimée</strong> : phrases extirpées d’un discours par un journaliste, rapportées de vive voix... Déformation garantie, traçabilité nulle. Quand ce ne sont pas des inventions complètes de journalistes. Il existe plusieurs versions de ce célèbre échange :</p>
<blockquote><p>Lady Astor à Winston Churchill : “If you were my husband, I’d put arsenic in your coffee.”<br />Winston Churchill à Lady Astor : “If I were your husband, I’d drink it!”</p></blockquote>
<p>La <strong>radio</strong> est un média également fugace ; tout n’est pas stocké, et en tout cas n’est pas en ligne, et encore moins indexé. Donc pour ceci j’ai dû faire une aveugle confiance à ma femme :</p>
<blockquote><p>« On a parfois l’impression que les Anglais ont pour principale occupation de jouer à être anglais. »<br /> <br />Philippe Meyer, <em>France Inter</em>, janvier 1997</p></blockquote>
<p>Les citations orales posent un autre problème : où pose-t-on la <strong>ponctuation</strong> ? L’exemple des discours de Churchill n’est pas forcément bon, car des versions imprimées « officielles » existent (ne serait-ce que les minutes au Parlement), mais pour le reste ? Le problème est mineur mais réel.</p>
<p>Pour toutes les raisons déjà citées, les livres de compilations de citations que l’on trouve dans le commerce sont en général douteux ; ils peuvent être utiles quand on cherche de nouvelles citations, mais les sources sont en général absentes, et sytématiquement sujettes à caution.<br />On fera une exception des <strong>recueils de maximes d’un personnage précis</strong> ; là on peut espérer que l’anthologiste s’est abreuvé directement aux sources écrites d’abord, ou auprès de rapporteurs de première main (aux dires par essence invérifiables, mais que l’on considérera comme sources fiables jusqu’à l’invention de la machine à remonter le temps). Par exemple :</p>
<blockquote><p>« Perdez votre temps, mon vieux ! Feriez mieux de réfléchir sur une mappemonde ! »<br /> <br />Charles de Gaulle,<br />à un officier penché sur une carte de l’Europe, à Londres (Rapporté comme attribué au Général par Marcel Jullian dans <em>De Gaulle, Traits d’esprits</em>)</p></blockquote>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/14/165-des-versions-originales-des-citations-4-les-sources-fugaces#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/151Des versions originales des citations (1) : Les sources fiables et facilesurn:md5:63b8914a3e66b05359e17fc8fe79bd602006-06-08T16:08:00+00:002010-10-29T20:00:24+00:00ChristopheCitationscitationcynismeguerrehumourlivres lusmicroéconomiequêteSeconde Guerre Mondialeéconomie<p>Trouver des citations en ligne est parfois très aisé.</p> <p>D’un côté, je suis un <a href="https://www.coindeweb.net/citations/">collectionneur de citations</a>. Ma petite compilation doit avoir son intérêt, vu le nombre de fois que je l’ai vue reprise<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#pnote-146-1" id="rev-pnote-146-1">1</a>]</sup> et pillée<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#pnote-146-2" id="rev-pnote-146-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>De l’autre, j’ai un côté puriste/perfectionniste<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#pnote-146-3" id="rev-pnote-146-3">3</a>]</sup>, et je tiens notamment à connaître :</p>
<ul>
<li>la version la plus proche des paroles du Grand Homme cité ; donc la version originale, donc dans <strong>la langue originale</strong> ; trop de citations sont attribuées à tort, ou déformées, ou mal traduites ;</li>
<li>la <strong>source de la citation</strong> (livre, article...), comme garantie de cette fiabilité, ce qui implique d’aller la voir de mes yeux.</li>
</ul>
<p>Et ce n’est pas toujours du gâteau...</p>
<h3>Catalogues en ligne</h3>
<p>Il existe une foule de catalogues de citations en ligne : <a href="http://www.evene.fr/">Évène</a>, <a href="http://www.brainyquotes.com" hreflang="en">Brainyquotes</a>, <a href="http://www.quoteland.com/" hreflang="en">Quoteland</a>, etc. S’y ajoute une myriade de collections personnelles, certaines très bien classées. Mais peu de sites s’intéressent réellement à la certitude de la source, à ses références, encore moins à la version originale. Deux exceptions notables :</p>
<ul>
<li>Le site de mon maître dans le domaine, <strong><a href="http://pages.infinit.net/fortinph/museepensee/">Paul-Henri Fortin et son Petit Musée de la Pensée du Jour</a></strong> (hélas en sommeil depuis le siècle dernier) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>Le site <strong><a href="http://www.wikiquote.org" hreflang="en">Wikiquote</a></strong>, qui vise à faire pour les citations ce que <a href="http://fr.wikipedia.org/">Wikipédia</a> a réalisé pour l’encyclopédie en ligne. Les citations sont triées par thèmes ; la référence est citée ; une liste des citations attribuées mais non vérifiées est fournie. La version anglophone est un plaisir, et un bon départ pour recherche l’origine de pensées d’Oscar Wilde ou Albert Einstein. Hélas la version française est hors ligne pour de sombres histoires de droits d’auteur non respectés, et doit être reprise de zéro.</li>
</ul>
<h3>Le facile : le domaine public numérisé d’auteurs connus</h3>
<p>Oscar Wilde a <del>lancé beaucoup de vannes</del> dit beaucoup de <del>bêtis</del> choses ; un grand nombre ont été reprises dans des compilations (dont ses <em>Aphorisms</em> si souvent cités mais jamais publiés, apparemment) ; bien d’autres lui ont été attribuées.<br />Mais Oscar Wilde conjugue plusieurs qualités : il est <strong>connu</strong> donc facile à trouver en ligne ; il est dans le <strong>domaine public</strong> ; ses œuvres sont répandues et <strong>numérisées</strong> ; ses aphorismes <strong>intéressent beaucoup de monde</strong> ; il n’a pas écrit tant que ça (et bien des citations viennent de <em><a href="http://www.dagonbytes.com/thelibrary/dorgray/preface.htm" hreflang="en">The Picture of Dorian Gray</a></em>). Si Google ne fournit pas tout seul la référence ultime, Wikiquote l’a en général, et je peux vérifier/corriger/copier-coller la phrase depuis la version numérisée.<br />Je pars du principe que les versions numérisées d’œuvres papier entières sont fiables : il faut bien faire confiance à quelqu’un, et je ne peux en général pas consulter les manuscrits originaux. J’ai ainsi pu retrouver la source originale de ce grand classique (redécouvert par chaque génération en vieillissant je pense) :</p>
<blockquote><p>“Nowadays people know the price of everything and the value of nothing.”<br /> <br />Oscar Wilde, <em><a href="http://www.online-literature.com/view.php/dorian_gray/4" hreflang="en">The Picture of Dorian Gray</a></em>, 4</p></blockquote>
<p>Toujours pour le domaine public, mais francophone, le contribuable français fournit <strong><a href="http://gallica.bnf.fr">Gallica</a></strong>, sur le site de la Bibliothèque Nationale. Nombre de documents numérisés du domaine public y figurent. Le moteur de recherche est un peu limité, mais il est parfait pour des sentences de Molière, Voltaire ou Victor Hugo. Je me casse par contre les dents sur certains livres anciens, certes numérisés en tant qu’images, mais non traités par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/OCR">OCR</a>, et donc lisibles sur écran page à page, sans que la fonction « Rechercher » fonctionne. Dommage, j’aurais aimé valider l’attribution de cette autre maxime (le livre est sur Gallica) :</p>
<blockquote><p>« Mieux vaut être seul que mal accompagné. »<br /> <br />Pierre Gringore, <em>Notables enseignements, adages et proverbes</em>, 1527</p></blockquote>
<p>Le <strong><a href="http://www.gutenberg.org/" hreflang="en">Projet Gutenberg</a></strong> fournit également nombre d’<em>e-books</em> du domaine public, surtout mais pas exclusivement en anglais.</p>
<p>Le <em>summum</em> est atteint avec <strong>Winston Churchill</strong> : bien qu’il ait été extrêmement prolixe lui aussi<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#pnote-146-4" id="rev-pnote-146-4">4</a>]</sup>, <a href="http://www.winstonchurchill.org/" hreflang="en">ses meilleurs morceaux et meilleurs citations sont en ligne</a>, et les <strong>versions audio</strong> de certains discours ont été <strong><a href="http://www.bbc.co.uk/history/war/wwtwo/churchill_audio.shtml" hreflang="en">archivées par la BBC</a></strong> ! On peut difficilement faire plus fiable comme source :</p>
<blockquote><p>“We shall go on to the end, we shall fight in France, we shall fight on the seas and oceans., we shall fight with growing confidence and growing strength in the air, we shall defend our Island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall fight in the hills; we shall never surrender, and even if, which I do not for a moment believe, this Island or a large part of it were subjugated and starving, then our Empire beyond the seas, armed and guarded by the British Fleet, would carry on the struggle, until, in God’s good time, the New World, with all its power and might, steps forth to the rescue and the liberation of the old.” <br /> <br />Winston Churchill,<br />discours à la BBC, 4 juin 1940, après la défaite en France et l’évacuation de Dunkerque</p></blockquote>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/10/163-des-versions-originales-des-citations-2">À suivre...</a></em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#rev-pnote-146-1" id="pnote-146-1">1</a>] <em>Je le sais, je suis la source ultime de certaines, que je tiens de première main de condisciples, collègues ou amis.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#rev-pnote-146-2" id="pnote-146-2">2</a>] <em>Pillée dans le sens où on ne m’a même pas dit « merci » ; à contraster avec l’extrême inverse des internautes qui me supplient de les autoriser à ajouter un lien de </em>leur<em> page vers la mienne.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#rev-pnote-146-3" id="pnote-146-3">3</a>] <em>Soigneusement maîtrisé pour tout ce qui n’a qu’un côté utilitaire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#rev-pnote-146-4" id="pnote-146-4">4</a>] <em>Dieu sait combien de discours, plusieurs livres, ses mémoires : le Prix Nobel de Littérature se mérite.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/08/161-des-versions-originales-des-citations-1-les-sources-fiables-et-faciles#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/146« La Ferme des animaux » de George Orwellurn:md5:d2cf30188a775da83241e51dabd68f582006-06-01T16:21:00+00:002010-10-29T18:11:08+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcynismedémocratieGuerre Froidelivres lusperspectivepessimismepolitiquetotalitarisme<p>Un petit livre pessimiste facile d’accès, à lire et relire.</p> <p><em>(Une première version de ceci est déjà parue en 2001 sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9">Quoide9</a>)</em>.</p>
<p><em>La Ferme des animaux</em> est un classique d’entre les classiques, mais je ne l’avais jamais lu. Dans ce tout petit livre, qui se dévore en deux ou trois heures, le style simple me rappelle un peu les livres pour enfants. Un enfant de dix ans pourrait le lire sans problème je pense, même s’il serait loin de saisir toutes les allusions.</p>
<h4>Le thème</h4>
<p>Les animaux se sont révoltés dans une ferme, et ont pris le pouvoir à l’homme, ce parasite. Aussitôt ils se remettent au travail dans la joie et l’allégresse, mais pour eux-mêmes. Ils honorent la mémoire du vieux sage qui les a poussé à l’insurrection. Ils créent leur hymne. Tout ce qui rappelle l’homme est banni. Les cochons, apparemment les plus fûtés du lot (ils savent lire), coordonnent... puis contrôlent.</p>
<p>Contrôle qui va devenir de plus en plus pesant. Guerre avec l’extérieur, construction d'un moulin, problèmes d’approvisonnement... Puis guerre des chefs, reniement (sans jamais l’admettre) de tous les idéaux de la révolution, exploitation, dictature totale jusqu’à la déprimante scène finale.</p>
<h4>Lien historique</h4>
<p>Le parallèle avec le <strong>stalinisme</strong> de 1945 est évident : <strong>perversion d’une révolution</strong> par les plus cyniques et calculateurs de ceux qui ont pris le pouvoir, <strong>élimination physique des opposants</strong>, jeu des <strong>uns contre les autres</strong>, <strong>diabolisation</strong> de l’ennemi, invention au besoin de cet ennemi, <strong>réécriture permanente de l’histoire</strong>, ravalement de <strong>l’être « humain » au rang d’objet</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-1" id="rev-pnote-134-1">1</a>]</sup> pendant qu’on exalte le sacrifice de soi pour la communauté - sans aucun retour, récupération puis perversion et retournement complets des idéaux de la révolution, utilisation de la masse des moutons stupides et <em>sans mémoire</em> (capital, cette <strong>perte de la mémoire</strong>) pour noyer toute contestation.</p>
<p>On retrouve tout <em>1984</em> en plus développé et concret, mais ramassé de façon magistrale, à la manière d’une fable intemporelle.</p>
<h4>Pessimisme et pertinence historique</h4>
<p>Seul bémol, le <strong>pessimisme noir</strong> que le livre dégage. Cinquante ans plus tard, on sait que le stalinisme n'a pas survécu à son créateur, et que le système qui lui avait donné naissance n’a pas survécu non plus, même s’il a fallu des années de combat. Encore fallait-il le deviner en 1945.<br />Au moins rétrospectivement peut-on en tirer la leçon que le pire n’est jamais inéluctable <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-2" id="rev-pnote-134-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>D’autre part, je me demande si un tel raccourci serait faisable dans notre société actuelle, un demi-siècle après la mort de Staline. Corruption, collusion d’intérêt, manipulations en chaînes, délires boursiers collectifs, pensée unique imposée par un clan... et autres maux de notre civilisation sont bien plus compliqués que le « pense comme ça ou crève » du stalinisme imposé par un chef et ses sbires, et l’exploitation, si elle est là, moins douloureuse pour la majorité de la population.<br />À moins de ramener l’analogie au niveau de la planète - avec tous les pays riches dans le rôle des cochons donneurs de leçons et exploiteurs cyniques ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-1" id="pnote-134-1">1</a>] <em>Pour John Brunner et d’autres, c’est la définition du </em>Mal Absolu<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-2" id="pnote-134-2">2</a>] <em>Leçon qu’enseigne aussi un excellent livre de John Brunner, </em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=12">Le troupeau aveugle</a><em> qui décrit une société de l’époque actuelle, totalement rongée par la pollution et la guerre, par un simple prolongement à aujourd’hui des pires tendances des années 60.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/134Les « non-CDs » inefficacesurn:md5:acfa740fbc2bce910a750acd0dd61c372006-04-01T15:14:00+00:002014-02-26T10:49:26+00:00ChristopheInformatique militante et technologieanticonsumérismebon senscynismedommageDRMdysfonctionnementfoutage de gueulehowtolobbysprovocationWindows<p>Article de C’t sur les protections anti-copie des CDs. Pitoyable.</p> <p>Je viens de lire <a href="http://www.heise.de/newsticker/meldung/71552" hreflang="de">un article en ligne du magazine allemand C’t sur les dernières protections en place sur les CDs du marché teuton</a>, notamment un disque d’EMI. <br />C’est pitoyable.</p>
<h3>Quoi</h3>
<p>En résumé : un logiciel se lance automatiquement quand on insère le CD dans un PC Windows. Ledit logiciel :</p>
<ul>
<li>a une licence illisible, et faite pour être illisible (comme toute les licences logicielles on me dira),</li>
<li>empêche tout accès direct aux pistes audio du CD ;</li>
<li>n’autorise une copie numérique que sous forme de WMA avec DRM de Microsoft (traduction : impossible de copier en MP3 « libre » lisible partout, ni en AAC, même protégé, compatible iPod) ;</li>
<li>se désactive et contourne complètement si on garde la touche <code>Shift</code> enfoncée à l’insertion du CD.</li>
</ul>
<h3>Contournement</h3>
<p>Le moyen de contourner est tout con, et connu depuis belle lurette : <code>Shift</code> permet <strong>ne pas démarrer le logiciel sur le CD</strong> ; une fois celui-ci hors circuit, il lui est impossible de barrer l’accès aux pistes audio du CD.</p>
<p>L’article ne le précise pas, mais je suppose fortement que l’utilisateur d’un Mac ou d’un Linux ne verra même pas la présence de la protection.</p>
<p>Vue la manière de plus en plus cavalière dont se comportent ces logiciels de protection de CD (<a href="http://standblog.org/blog/2005/11/14/93114500-drm-sony-bmg-chronique-d-un-massacre">voir le fiasco du rootkit Sony</a> comme sommet émergé de l’iceberg), <em>C’t</em> conseille de <strong>désactiver définitivement l’exécution au démarrage</strong> pour les lecteurs optiques sous Windows. S’il y a un logiciel dessus qu’on <em>veut</em> lancer, il sera toujours temps de le faire avec l’explorateur.</p>
<h3>Résultat</h3>
<p>Donc cette « technologie » stupide</p>
<ul>
<li>a dû retarder d’environ 15 secondes l’arrivée des MP3 des CDs sur les réseaux <em>peer-to-peer</em> ;</li>
<li>a dû <del>emm</del> gêner quelques centaines ou milliers de personnes peu technophiles qui se demandaient ce qui se passait ;</li>
<li>rendre furax quelques autres milliers qui ne pouvaient pas copier cette musique légalement et chèrement acquise sur leur iPod, qui ont aussi dû se poser la question s’ils n’auraient pas dû aller directement sur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/EMule">eMule</a> ;</li>
<li>a donné à quelques gamins et adultes le frisson d’être un <em>hacker</em> r3b3lz quand ils ont essayé l’astuce archi-connue de la touche <code>Shift</code> ;</li>
<li>a dû aussi coûter quelques millions de dollars au fabricant, que les artistes et les clients paieront.</li>
</ul>
<p>Je me demande d’ailleurs qui dans cette histoire est le dindon de la farce. Oser vendre une technologie de protection qui se désactive d’une pression de touche <del>est à la limite de l’escro</del> n’est après tout pas immoral quand le client est une <em>major</em> qui prend ses clients pour ses ennemis.</p>
<h3>Vive le CD !</h3>
<p>Cette protection de CD n’est pas efficace et ne peut jamais l’être totalement, et cela tient à la <strong>nature des CDs</strong> : s’ils doivent être compatibles avec toutes les platines audio existantes, leur flux audio se doit d’être <strong>en clair</strong>, et, sur un ordinateur, un logiciel peut donc aller les récupérer.</p>
<p>On peut à la rigueur tromper un logiciel « basique » avec des pistes trafiquées ou non conforme, ou lancer un logiciel qui interdira au système d’exploitation (en pratique seulement Windows) de récupérer ces données, mais rien qui résiste à la touche <code>Shift</code> alliée à un <em>ripper</em> ou un homologue spécialisé dans la reconstruction de CDs abîmés - par accident... ou conception.</p>
<p>Le cas est différent pour les logiciels de jeux sur CD-ROM, qui eux, <em>doivent</em> passer par le système d’exploitation et peuvent <em>exiger</em> la présence du logiciel anticopie ou une connexion en ligne - avec des <a href="http://www.clubic.com/actualite-31576-starforce-proclame-la-fin-des-rumeurs.html">effets de bord non négligeable</a>.</p>
<h3>Les autres formats</h3>
<p>Dans le cas de l’audio ou de la vidéo, la réponse est déjà en place puisque l’information stockée sur les DVDs est cryptée depuis l’origine du format. Accéder au contenu oblige donc à passer par un logiciel agréé par le DVD Forum, qui interdit la copie brute. Le cryptage étant cassé depuis longtemps, les DVDs sont cependant de nos jours aussi « rippables » que les CDs.</p>
<p>Les candidats à la succession des CDs et DVDs, respectivement les <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/09/16/2-hd-dvd-contre-blu-ray">SACD/DVD-A et Blu-Ray/HD DVD</a>, possèdent des protections bien plus sérieuses. Ces formats n’ont pas encore percé. Il est trop tôt pour dire si la protection contre la copie jouera ou pas, ou si leur principal problème est le manque d’intérêt pour le commun des mortels. (<strong>Mise à jour de 2010</strong> : Presque cinq ans après, je pense qu’on peut considérer le SACD comme mort. Le Blu-Ray décolle doucement, mais la protection HDCP est de toute façon quasiment craquée, et les films piratés pullulent toujours.)</p>
<p>Quant aux formats cryptés de vente de musique en ligne légale (iTunes ou concurrents au format Microsoft), ils ne permettent pas de tout acheter, interdisent la compatibilité entre les lecteurs et je doute de leur pérennité sur les systèmes utilisés dans 20 ans. (<strong>Mise à jour de 2010</strong> : Les DRMs sont quasiment un souvenir dans la musique en ligne. Tous les MP3 possibles sont disponibles chez Amazon.)</p>
<p>Bref, longue vie au CD pour ceux qui tiennent à la pérennité et la souplesse d’utilisation de leurs achats musicaux !</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/04/01/130-les-non-cds-inefficaces#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/122Candidatures au prix Darwinurn:md5:0ee4f86297d7b1ddac06a93005bed3772006-02-25T16:35:00+00:002010-10-26T10:53:56+00:00ChristopheHumourautodestructionbon senscoup bascynismedommagedémographiehumourmèmepérimésurréalismeévolution<p>La sélection naturelle en action.</p> <p>Les <a href="http://www.darwinawards.com/" hreflang="en">Prix Darwin</a> sont décernés à des personnes victimes de la sélection naturelle par leur propre faute, c’est-à-dire qu’indirectement ils ont contribué à l’amélioration du patrimoine génétique humain en se retirant du pool génétique avant la reproduction<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/02/25/109-candidatures-au-prix-darwin#pnote-104-1" id="rev-pnote-104-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Le <a href="http://www.caranta.com/index.php/2006/02/23">blog d’Arthur</a> mentionne ces quelques images (<strong>Mise à jour de 2009</strong> : Le lien est mort...) sur des candidats, cette fois chanceux, au prix Darwin. Mon cœur d’ancien <a href="http://www.ensic.inpl-nancy.fr/">ingénieur en génie chimique</a> formé à la sécurité paranoïaque, mon instinct d’informaticien prêt à toutes les traîtrises de la part d'une machine, et mon passé de <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">sectateur de Murphy</a> conscient de l’inéluctabilité des catastrophes, me mènent à penser que les personnes sur ces images sont protégées par un Dieu quelconque<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/02/25/109-candidatures-au-prix-darwin#pnote-104-2" id="rev-pnote-104-2">2</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/02/25/109-candidatures-au-prix-darwin#rev-pnote-104-1" id="pnote-104-1">1</a>] <em>Oui, il y a encore beaucoup de travail avant que le QI moyen de cette planète augmente si j’en juge aux massacres récurrents dans le journal télévisé. Et d’ailleurs intelligence ne veut pas forcément dire sociabilité et générosité. Bref.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/02/25/109-candidatures-au-prix-darwin#rev-pnote-104-2" id="pnote-104-2">2</a>] <em>Ce qui suppose qu’il en existe un, et pas trop cruel. N’entrons pas dans ce débat mais ces images sont un argument.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/02/25/109-candidatures-au-prix-darwin#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/104“It’s easier to rewrite history when there are no books...”urn:md5:1788de393ceef69421b17e28546aa5902006-01-18T15:45:00+00:002010-10-26T08:07:08+00:00ChristopheCitationscitationculturecynismedémocratiehistoiremémoireperspectiveréalitétotalitarisme <blockquote><p>“It’s easier to rewrite history when there are no books.<br />
It all happened just like in the Hollywood movies, right?”</p>
<p>
« <em>Il est plus facile de réécrire l’histoire quand il n’y a pas de livres.</em><br />
<em>Tout s’est passé comme dans les films d’Hollywood, n’est-ce pas ?</em> »</p>
<p>
<a href="http://slashdot.org/~ShieldW0lf" hreflang="en">ShieldW0lf</a>, <br />commentaire sur
<a href="http://slashdot.org/" hreflang="en">Slashdot.org</a>,
24 août 2005</p></blockquote>
<p>Sur le sujet, on relira avec profit <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(roman)">1984</a></em> de George Orwell, notamment la partie sur la réécriture de l’histoire à chaque hoquet de la ligne officielle. On se rappellera également de cette <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/11/26/40-citation-du-26-novembre-2005">citation de Churchill</a>.
<br />Les films eux-mêmes sont réécrits. Star Wars n’est qu’un exemple de <a href="http://slashdot.org/article.pl?sid=05/10/28/1454223&threshold=4&tid=97&tid=192" hreflang="en">films dont plusieurs versions successives sont sorties</a>.
<br />Évidemment, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/U-571_(film)" hreflang="en">ils peuvent être dès le début une réécriture de l’histoire</a>...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/18/47-citation-du-1er-decembre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/48Six dumbest ideas in computer securityurn:md5:d161cc8ff9eeef98c8fc615e18dcea272005-11-23T08:00:00+00:002010-05-16T19:53:53+00:00ChristopheInformatique militante et technologieadministrationcommunicationcomplexitécynismedysfonctionnementfoutage de gueulehumourinformatiqueintelligenceparanoïaperspectivepessimismeprovocationpsychologiesécuritétravail<p>Six idées désastreuses en sécurité informatique : la permission d’accès par défaut, rechercher les failles, les tests de pénétration, <em>hacking is cool</em>, l’éducation des utilisateurs (!), mieux vaut agir que ne rien faire. Provoquant, concret, et désespérant.</p> <p>Texte original : <a href="http://www.ranum.com/security/computer_security/editorials/dumb/" hreflang="en">http://www.ranum.com/security/computer_security/editorials/dumb/</a></p>
<p>La discussion sur Slashdot:
<a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=05/09/11/1716205" hreflang="en">http://it.slashdot.org/article.pl?sid=05/09/11/1716205</a></p>
<p>Une traduction-résumé pour les non-anglophones :
<a href="http://www.reseaux-telecoms.net/actualites/lire-les-6-idet-xe9-es-les-plus-stupides-de-la-set-xe9-curitet-xe9-11125.html">http://www.reseaux-telecoms.com/cso_btree/05_09_15_165325_934/Newscso_view</a></p>
<p>J’aimerais bien rajouter mes commentaires mais le temps manque.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/23/6-six-dumbest-ideas-in-computer-security#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/6Des erreurs et thermomètres en entrepriseurn:md5:2877261618c89817e084117779ca47d92005-10-10T22:44:00+00:002010-04-18T17:50:23+00:00ChristopheIl faut bien mangercomplexitécynismeinformatiquelogistiqueorganisationSSIItravailvirtuel<p>Une pure perle de sagesse de Jid : le choix du thermomètre pour mesurer et juger un comportement génère nombre d’effets pervers.</p> <p>On se ressemble beaucoup, Jid, finalement, à un an d’écart. Même situation de famille, même ennui apparemment au boulot, <a href="http://trentaineordinaire.hautetfort.com/archive/2005/10/10/boulot-boulot.html">même philosophie de paresseux (qualité première d’un informaticien), même optique du fonctionnement des strates supérieures de l’entreprise</a>.</p>
<p>Je rebondis sur son billet : chercher à faire moins d’erreurs est une chose. Le choix du <strong>thermomètre</strong> (le moyen de repérer ces erreurs) en est une autre, encore plus critique.
<br />Un informaticien noté uniquement sur le nombre d’incidents réglés par jour/mois aura tendance à les clore au premier prétexte (inactivité apparente du quémandeur...), voire sans. Un hotliner noté sur sa moyenne de temps d’appel raccrochera une fois sur deux sans même écouter. Quelqu’un noté sur le nombre de demandes de modifications du logiciel satisfaites aura tendance à les exiger nombreuses, précises et très courtes. Je n’ose penser aux conséquences du paiement d’informaticiens au nombre de lignes de code pondues...<br />À l’autre bout de l’échelle, un grand chef payé en fonction du cours de bourse du prochain trimestre ne s’intéressera qu’à ça, allant jusqu’à le manipuler. Tenter de contrôler les gens à ce niveau est illusoire : s’ils étaient contrôlables, ils ne seraient pas assez intelligents et amoraux pour diriger une grosse entreprise...</p>
<p>Pour en rajouter : l’industrie manufacturière est censée être le royaume de la <strong>qualité de process</strong>. Mais cela vaut principalement pour le produit fini, pas toujours pour le reste, notamment la manière dont la base de données de l’usine est renseignée. De plus, les gens de la Production raisonnent avec des <strong>contraintes</strong> (temps de mise en place, contraintes de maintenabilité sur le long terme, justesse comptable...) très différentes d’autres services. Donc les choses ne sont pas toujours aussi carrées qu’elles le devraient.</p>
<p>Et tout problème ensuite se focalise à deux endroits :</p>
<ul>
<li>la <strong>Comptabilité</strong>, en fin de mois, parce qu’il y a une incohérence qui saute aux yeux de gens entraînés à les traquer (histoire d’éviter que le fisc hurle à la fraude, ou que les entités commerciales ne voient un bénéfice de l’usine, qu'elles s’empresseraient d’exiger) ; heureusement les comptables sont souvent logiques et placides ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la <strong>Logistique</strong>, parce qu’eux doivent expédier, avec plein de papiers réglementaires, et si quelque chose manque, ils s’en aperçoivent aussi, tout en bout de chaîne ; par contre ce sont des gens assez <del>stressan</del> stressés pour qui tout est toujours urgent : le camion, il est déjà sur leur quai quand le problème se déclare.</li>
</ul>
<p>Dans les deux cas, le problème devient très vite le problème de l’<strong>Informatique</strong>, simple moyen mais dont tout le monde attend la même disponibilité et fiabilité que celle du réseau d’eau, et la souplesse et la servilité d’un majordome. Si ça foire, c’est forcément la faute de l’informatique/de l’informaticien, jamais la faute de celui qui a ordonné une aberration au système, qui s’est assis sur les procédures, ou qui s’y est pris au dernier moment, situation que <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">Murphy</a> adore.</p>
<p>Dans le cadre d’un <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Progiciel_de_gestion_intégré">ERP</a></strong> tout dysfonctionnement doit être corrigé matériellement <em>et</em> dans le monde désincarné des tables SQL. Celles-ci après tout sont censées refléter la réalité. Sachant que la logique interne de la bête relève du miracle quotidien, de la magie noire, du vaudou, en plus des maths et des lois comptables, avec une bonne pincée d’influence de <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gremlin" hreflang="en">gremlins</a></em>, le tout sous l’œil narquois et vigilant de Murphy, la chose peut être difficile/cauchemardesque/impossible.<br />Si théoriquement on peut corriger un problème, le délire ergonomique qu’est l'ERP rendra la chose impossible à l’échelle humaine (<em>exemple</em> : 300 clients à modifier, chacun nécessitant 30 s de manipulations à travers 2000 couches de java, de serveur d’application, bases sur un autre continent...)</p>
<p>Des exemples :</p>
<ul>
<li>L’entreprise qui fabrique des gadgets électroniques où je <del>facture</del>travaille possède une base de données mondiale de ses numéros de série de gadgets, base située sur un autre continent que l’usine. <br />Suite à divers problèmes, les responsables de cette base exigent (ce sont eux qui payent) que plus <em>aucune</em> livraison ne se fasse tant que les données ne sont pas arrivées chez eux et validées. Même le papier nécessaire au prélèvement dans les stocks n’est plus imprimé. Tout cela part d’une bonne intention. <br />Malheureusement, un jour des invendus sont revenus en stock, les personnes adéquates, humaines donc faillibles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-1" id="rev-pnote-21-1">1</a>]</sup> n’ont pas transmis cette information, le grand serveur de l’autre continent a donc hurlé au doublon de numéro de série et refusé de valider la nouvelle livraison ; il a donc fallu corriger, de plus un jour de clôture comptable, synonyme de système bien chargé, et, Murphy oblige, des bugs de performance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-2" id="rev-pnote-21-2">2</a>]</sup> se sont invités ce même jour. Le livreur attendait que les fichiers d’information traversent les océans pour embarquer les gadgets qu’il voyait bien emballés et rangés sur le quai. Un vendredi soir bien sûr, où la bonne volonté fait très vite défaut, sinon les personnes compétentes. Soyons honnêtes, les problèmes de fuseau horaire ne nous ont pas gênés cette fois. Mais le livreur est reparti sans embarquer.<br />De toute façon, les quatre palettes ne tenaient pas dans la camionette.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cette même entreprise française est pressurée par ses <del>clients</del>donneurs d’ordres de fabriquer et livrer ses gadgets de manière de plus en plus rapide et réactive (histoire d’être au moins aussi compétitive que ces gens aux yeux bridés à des milliers de kilomètres, qui sont plus proches des gisements de pièces détachées, et livrent au final aussi vite sur notre propre continent). La recherche des gisements de productivité fait rage, ainsi que la mode des <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/KPI" hreflang="en">KPI</a></strong>. On m’a donc demandé de travailler sur un rapport qui permettrait de suivre le « temps de séjour »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-3" id="rev-pnote-21-3">3</a>]</sup> de chaque gadget entre la commande, l’ordre de fabrication, sa mise en palette, l’arrivée sur le quai, et le départ vers les comptoirs où des <del>pigeo</del>clients ébahis les acquerront pour une <del>petite fortu</del>bouchée de pain.<br />Comme tout <strong>projet transverse à plusieurs services</strong>, personne ne maîtrisait l’intégralité du flux. Le questionnement sur les écrans (« Cette donnée à l’écran elle veut dire quoi ? ») a très vite dégénéré en querelle sémantique sur la notion exacte de « <em>release d’OF</em> » et autres « <em>passage en stock XQ5</em> ». <br />Puis les <strong>données pourries</strong> ont fait surface, par exemple sous la forme d’ordres de fabrication annulés sans que le système en ait été informé : des palettes en double ça fait mauvais genre. <br /> <br />Finalement après bien des heures perdues, le petit rapport torché en sous-marin est devenu un mini projet-usine qui fidèlement traquait chaque lot de gadgets pour savoir où il s’était attardé.<br />Peu après la livraison j’ai arrêté d’en entendre parler. Son contenu ne plaisait pas, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Ce n’était pas un bon thermomètre...</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-1" id="pnote-21-1">1</a>] <em>Rappelons qu’un être humain fait forcément un jour ou l’autre des erreurs, mais à petite vitesse ; un ordinateur par contre est d’une concentration et régularité sans faille, jusqu’au bug qui lui permettra de générer autant d’erreur en une minute qu’un humain dans sa vie.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-2" id="pnote-21-2">2</a>] <em>Un bug de performance, c’est quand la base de données décide de rechercher ses données dans un ordre différent aujourd’hui parce que ça lui semble plus efficace que la méthode précédente. L’algorithme qui calcule l’efficacité est programmé par un humain (voir note 1). Donc un programme qui durait 1 minute peut du jour ou lendemain passer à 10 heures. Court-circuiter l’intelligence de la machine est possible - mais il est alors trop tard quand on s’en aperçoit.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-3" id="pnote-21-3">3</a>] <em>Coup de bol, je suis ingénieur en génie chimique. Des flux de gadgets ou de produits pharmaceutiques, quelle différence ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/21