Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - eau<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Le troupeau aveugle » (The Sheep Look Up) de John Brunnerurn:md5:26cf4438a44904f45a3795ca81cf064c2023-08-11T21:16:00+02:002023-08-23T17:28:15+02:00ChristopheFragile planèteabominationabsurditéAmériqueapocalypseautodestructionbon senscataclysmecatastrophecivilisationclimatcourt termedysfonctionnementdécadencedémocratieeaueffet de serreeffondrementfoutage de gueulelivres lusmétéooh le beau cas !panurgismeperspectivepessimismepétrolescience-fictionterrorismeécologieÉtats-Unis<p><em>Le troupeau aveugle</em> est un classique de la SF écolo-catastrophique des années 70. Il est faux qu'il soit daté, son actualité est même glaçante.</p>
<p>John Brunner ne brille pas par son optimisme. Dans sa fameuse tétralogie sur l'avenir proche et ses dangers, <em>Le troupeau aveugle</em> (1972) est peut-être le plus noir et désespéré. <img alt="John Brunner : Le troupeau aveugle (édition Livre de poche)" src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/SF/.John_Brunner-Le_troupeau_aveugle-Liredepoche_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Les premières pages peuvent rassurer : cette civilisation étouffant sous la pollution, ces pluies si acides, ces avalanches provoquées par des avions supersoniques, ces plages innommables, on y a échappé (du moins à cette échelle, dans la plus grande partie de l'Occident, merci aux lois anti-pollution apparues justement peu après la publication). Quant au CO₂, Brunner n'était pas au courant du problème.</p>
<p>Mais la suite fait tout de même grincer les dents. Les masques que tous portent, on a connu récemment, pour d'autres raisons. La malbouffe <em>est</em> un problème, ainsi que les résidus de pesticides dans l'alimentation, et l'impact de la pollution sur la fécondité, ou le <em>greenwashing</em>, ou la pollution aux plastiques. Juste pas la même échelle que dans le livre, ou plus insidieusement. Denver qui brûle fait écho à cette <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2023_Hawaii_wildfires">ville brûlée à <em>Hawaï</em> ces derniers jours</a>, même si la cause immédiate diffère. La pollution des nappes phréatiques, c'est toujours d'actualité.</p>
<p>La myopie complète des gouvernants et d'une bonne partie de la population : on atteint le niveau de <em>Don't Look Up</em> (et je me demande si le titre du livre de Brunner a pu inspirer celui du film). Les écolos (initialement) non violents réprimés violemment, tandis que les pollueurs sont laissés tranquilles, on connaît. On a juste encore échappé au virage écoterroriste, mais pour combien de temps ? Non, ça ne finit pas bien. Bref : excellent, déconseillé aux éco-anxieux.</p>
<p>Références : <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Sheep_Look_Up">Page wikipédia anglophone</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Le-troupeau-aveugle-%C2%BB-%28The-Sheep-Look-Up%29-de-John-Brunner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/871« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856« Pour la Science de septembre 2013 » : Universités en ligne, loi de Mooreurn:md5:cb97420413073f6c3878adcad7ec871a2013-09-16T12:04:00+02:002016-07-07T12:59:32+02:00ChristopheScience et conscienceaddictionbesoincomplexitéconquête de l’inutilecosmologieculturedinosaureseauenseignemententropiehard sciencehowtoinformatiqueintelligence artificiellemicroéconomiemétéonaturepanspermieparadoxeperspectivepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationtempséconomieéconomies d’énergieéducationémerveillementénergieéonsÉtats-Unis <p>Un numéro moyen avec quelques infos intéressantes. <em>Comme d’hab’, les commentaires personnels sont en italiques.</em></p>
<h3>De l’origine de la monogamie</h3>
<p>Il y a 10% d’espèces monogames chez les mammifères : pourquoi ? L’intérêt du mâle serait plutôt de multiplier le nombre de femelles qui porteront ses enfants. Il y a deux explications à l’établissement de la monogamie, en fonction du comportement précédent de l'espèce.</p>
<p>D’abord, chez les espèces où la femelle avait son propre territoire, les mâles ne pouvaient s’assurer de la fidélité des femelles : ils seraient devenus monogames pour écarter la compétition.</p>
<p>Ensuite, surtout chez les primates, l’infanticide par le beau-père est courant : le père serait devenu fidèle pour protéger ses enfants.</p>
<p>L’amélioration des soins aux enfants ne seraient que la conséquence de la monogamie, pas la cause !</p>
<h3>Neutrinos</h3>
<p>Ils ont été inventé par Pauli pour compléter une équation bancale, ils sont quasiment indétectables, ils sont mal connus, ils ont des « saveurs », ils sont peut-être leur propre antiparticule : les neutrinos détiennent peut-être la clé de bien des problèmes de l’astrophysique moderne : asymétrie matière-antimatière, matière noire...</p>
<p><em>Trop éthéré pour que ça me passionne vraiment...</em></p>
<h3>L’amour au temps des dinos</h3>
<p>Comment les stégosaures, hérissés de pointes, faisaient-ils pour copuler sans que la mâle se fasse empaler ? Comment la femme diplodocus supportait-elle les assauts du mâle ? En fait, on n’en sait trop rien, et les fossiles n’ont pas conservé beaucoup d’informations.</p>
<p><em>Et ce petit article est frustrant pour cette raison : il se résume à dire qu’on ne sait quasiment rien.</em></p>
<h3>La loi de Moore</h3>
<p>À prix égal, la puissance informatique double tous les 18 mois : la loi de Gordon Moore, un des fondateurs d’Intel, a tenu quarante ans. Facteur de progrès cumulé : un million, dans des domaines aussi différents que le processeur ou le stockage ! Des limites infranchissables semblent en vue (on approche du transistor réduit à un atome, ou d’investissements dépassant le PIB), et le ralentissement des progrès explique en partie le faible renouvellement des PC, mais les optimistes considèrent que les progrès vont continuer au même rythme sur d’autres plans.</p>
<p>Il existe des généralisations du concept, par exemple sur la progression de l’efficacité énergétique. Plus spéculatif, la « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique">Singularité </a> » concerne notre futur. Il existe aussi une sorte de loi de Sharov s’appliquant à la complexité du génome : sa complexité double tous les 350 millions d’années ! Le plus troublant est l’origine : dix milliards d‘années dans le passé, avant la formation de la Terre (et pas si loin du Big Bang). De là à imaginer que la vie primitive est apparue ailleurs...</p>
<h3>Universités en ligne</h3>
<p><em><a href="https://www.coursera.org/" hreflang="en">Coursera</a></em> (alimenté par Stanford ou l’X), <em><a href="https://www.edx.org/" hreflang="en">edX</a></em> (du MIT), <a href="https://www.canvas.net/courses/abc-de-la-gestion-de-projet">Centrale Lille</a> ou tout simplement <a href="https://www.khanacademy.org/" hreflang="en">Khan academy</a>... : les sites offrant des cours en ligne, ne faisant payer parfois que les certificats, voire rien du tout, fleurissent. Les Américains d’abord y voient un moyen de réduire leurs colossaux frais universitaires. Les pays du Tiers-Monde, Inde en tête, cherchent à faciliter l’accès à une éducation de bon niveau, pas forcément supérieure... pourvu que les étudiants aient un ordinateur et sachent l’utiliser. Entre autres avantages, on y progresse à son rythme. L’enseignant n’est pas hors-circuit, mais il est libéré des cours magistraux. Place à l’interaction entre élèves !</p>
<p><em>Oh non, encore une tentation... Coursera ou edX fournissent des cours complets exigeant plusieurs heures par semaine, mais même les cours d’introduction m’attirent. Je dois déjà me faire violence pour ne pas dévorer toute la partie Histoire de Khan academy. Il faut dire que le format de quelques minutes est bien fichu (et en prime je bûche mon anglais). Dans le même registre il y a le </em><a href="http://ddc.arte.tv/">Dessous des cartes</a>.</p>
<p><em>Peut-on refondre ainsi le système éducatif ? La motivation et la discipline d’apprentissage n’en seront que plus cruciales. Quant à la tendance à faire bûcher les élèves </em>avant<em> le cours avec l’enseignant (pédagogie inversée), elle n’a rien à voir avec Internet : livre ou vidéo, les deux sont utilisables, même si un écran scotche plus facilement un gamin. </em></p>
<p><em>Ce qui est marrant, c'est l’inversion des évolutions entre la télé il y a quelques décennies, et Youtube (puisque tout ça dépend de Youtube) : la télé a été inventée pour éduquer à distance et est très vite devenue un outil de divertissement, sinon essentiellement un robinet à merde ; Youtube a commencé comme dépotoir, et permet de faire fleurir quelques perles. Dans les deux cas menace le piège de l’homogénéisation culturelle (le monde anglo-saxon domine massivement !).</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les neurologues ont autrefois découvert avec étonnement que le cerveau était aussi actif au repos (quand l’esprit vagabonde) qu’en plein effort de concentration. Il y a un lien avec la capacité humaine à se projeter dans les états mentaux d’autrui (« que pense/que comprend mon interlocuteur ? »), voire avec le langage.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>rivières atmosphériques</strong> sont de gigantesques fleuves de vapeur d’eau en altitude, responsables de certains inondations gigantesques. Exemple majeur : l'inondation de 1861-62 qui noya Sacramento et ruina la Californie. La mémoire s'est perdue, et une répétition (fort possible dans les prochaines années) coûterait des centaines de milliards de dollars. Il n’y a pas que la faille de San Andrea...</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans les années 50, <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Willi_Hennig">Willi Hennig</a></strong> a mis au point la systématique actuelle, et fourni enfin les bonnes règles pour classer tous ces animaux en fonction de leurs ancêtres. Continuateur de Darwin, sa gloire a été éclipsée par la montée en puissance du tout-ADN, la technophilie, la confusion entre phylogénétique et biodiversité... Cette science qui consiste à ordonner le vivant a du mal à exister indépendamment.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/751« Science & Vie » de décembre 2011 : Neanderthal Park, effets secondaires, feux de charbonurn:md5:01872069b87981d9af8c52342df3c2fc2012-01-05T21:46:00+01:002015-10-01T13:10:17+02:00ChristopheScience et conscienceabominationaddictionbon sensclimatconquête de l’inutiledinosauresdommagedéveloppementeaueffet de serreexaptationgaspillagegéologienatureoptimisationpollutionprise de têterobotssantésciencesociétés primitivesspéculationtravailécologieéconomie de l’attentionévolution <p>(<strong><em>Ante scriptum</em></strong> : Bonne année et bonne santé à tous mes lecteurs réguliers, enfin, celui qui n’aura pas quitté la blogosphère pour Fesse-bouc, Gogue Pus et autres obscénités dont je n’ai toujours pas trop capté l’intérêt.)</p>
<p>Bon, je m’étais dit que ce numéro-là je pourrais le chroniquer alors qu’il est encore en kiosque. La pile des choses à faire grossissant sans cesse, c’est encore râpé.</p>
<p>En vitesse, pendant que dort la ’tiote, liste des choses notables dans ce numéro à se rappeler :</p>
<ul>
<li><strong>Les enfants Cro-Magnons dessinaient aussi dans les grottes</strong>, avec leurs petites mimines. Le sens de leurs gribouillis n’est pas clair mais je ne sais pas s’il faut chercher bien loin.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les racines des arbres influencent le lit des rivières</strong>. Le cours des rivières d’avant 360 millions d’années (date d’apparition des arbres) était beaucoup moins stable qu’après. Les racines fixent les berges. (<em>J’ai toujours trouvé fascinantes les interactions entre géologie et espèces vivantes. La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Oxydation">Grande Oxydation</a> en est une, celle-là est plus subtile.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les maladies chroniques</strong> deviennent les principales causes de mortalité, y compris dans les pays en voie de développement : inactivité physique, surpoids, tabac, alcool… Nombre de pays pauvres ont déjà des maladies de riche, et pas les moyens d’y faire face.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Peut-on faire revivre des mammouths ? L’homme de Néanderthal ? Des dinosaures ?</strong><br /> L’article tente vraiment de nous convaincre que c’est possible, et il y a des chercheurs optimistes. Mais l’ADN est déjà en kit dans les mammouths congelés retrouvés en Sibérie, alors pour ce qui est d’espèces complètement pétrifiées et dix ou dix mille fois plus anciennes… De plus, le problème de la mère porteuse du bébé mammouth n’est pas résolu : <a href="http://www.30millionsdamis.fr/acces-special/actualites/detail/article/1532-australie-naissance-du-premier-elephant-concu-par-insemination-artificielle/retour-actus/47.html">l’insémination artificielle d’éléphante est déjà un exploit</a>. <br />Pour le Néanderthal, des obstacles éthiques majeurs apparaissent.<br />Au mieux, un « pouletosaure » pourrait apparaître, simple piaf dont on aurait réactivé de vieux gènes jurassiques lui rendant queue et dents.<br />Enfin, que faire de ces espèces dont l’environnement aura disparu ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>effets secondaires des médicaments</strong> ont un bon côté : ils peuvent servir à traiter d’autres maladies que celle prévue au départ, et l’effet indésirable pour un malade sera bénéfique pour le malade à la pathologie inverse. L’aspirine peut provoquer des hémorragies, ce qui en fait un bon anticoagulant ; et le Viagra, médiocre dans le traitement de l’angine de poitrine, a révélé des effets secondaires intéressants… <br />Des chercheurs américains ont entré dans une base de données médicaments, effets secondaires, maladies, et ainsi pu repérer des substances potentiellement intéressantes dans des cas à l’origine non prévus. L’intérêt est énorme, aussi bien du point de vue de la réduction des coûts et des délais de mise sur le marché (on étend la prescription d’une molécule déjà connue et testée), que pour le soin des maladies orphelines (non rentables car trop rares).<br />Bref, un bon exemple de systématisation et d’industrialisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quelques émouvants exemples des « <strong>robots qui refusent de mourir</strong> », beaux témoignages de l’ingéniosité humaine et du travail des ingénieurs quand on les laisse faire leur travail : <em><a href="http://www.daviddarling.info/encyclopedia/P/Pioneer_6.html" hreflang="en">Pioneer 6</a></em> tourne autour du soleil depuis 1965 et émettait encore en 2000 ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opportunity">Opportunity</a></em> devait fonctionner trois mois en 2004 mais continue d’explorer Mars depuis (<strong>Mise à jour de 2015</strong> : et ce n’est pas fini !) ; et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_1">Voyager 1</a></em>, lancé en 1977, après avoir rempli sa mission autour de Saturne et Titan en 1980, continue de nous renseigner sur les limites du système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Histoire de désespérer un peu plus dans la lutte contre le réchauffement climatique, un article s‘étend sur les <strong>feux de charbon</strong> : pas ceux allumés pour produire de l’électricité ou chauffer des maisons, mais de mines entières qui se consument petit à petit, parfois depuis des décennies voire bien plus, polluent des régions entières, provoquent des affaissements de terrain, en Chine, en Australie, aux États-Unis… Une fois démarrés, parfois naturellement (il suffit que l’air soit en contact avec le charbon sous-terrain pour qu’un jour cela brûle), ces feux sont encore quasiment impossibles à éteindre. Un gaspillage insensé qui, avec les incendies de tourbières (oui, ça aussi), représentent une part notable des émissions de CO2 humaines.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>On se frotte les yeux quand on est fatigués</strong> à cause de l’assèchement du film de larmes protégeant l’œil. La fatigue réduit la fréquence des clignements d’œil, il faut une pression des doigts pour stimuler les glandes. Mais point trop n’en faut.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-d%C3%A9cembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/672Les légendes informatiques revues par C’turn:md5:a476b6ddfa760e4034af2df0f951bda92011-02-27T16:35:00+01:002015-08-21T09:58:08+02:00ChristopheInformatique militante et technologieAllemagnebon senseauinformatiqueLinuxlogiciel librelégendes urbainesMacOSmèmeoptimisationperfectionnismesauvegardessécuritéUnixWindowsécologieéconomies d’énergie<p><a href="http://www.heise.de/ct">C’t</a> a entrepris de recenser quelques légendes et coutumes de l’informatique moderne, et de tester leur pertinence en 2011. Le numéro (5/2011) n’est plus en kiosque (et ne l’a pas été de ce côté du Rhin).</p> <p>Pas appris grand-chose personnellement, l’orientation est assez grand public, mais bon, ça peut toujours servir. Petite sélection personnelle expurgée de ce qui ne concerne que les Allemands :</p>
<ul>
<li><strong>Il faut réinstaller un Windows toutes les quelques années, sinon il ralentit</strong> : FAUX, il ne devient pas spontanément plus lent si on fait gaffe à nettoyer le système de tout ce qui n’a pas à tourner en arrière-plan (merci <code>msconfig</code>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Il faut nettoyer Windows de temps à autre pour qu’il tourne bien : clés de registre, fichiers temporaires, défragmentation…</strong> : c’est inutile, sauf évidemment pour récupérer de la place. En plus, un nettoyage de la base de registres peut être dangereux.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Windows 7 est plus rapide que Vista</strong> : FAUX, il est juste apparemment plus réactif. Et, ajouterai-je, entre-temps le parc de machines s’est en grande partie renouvelé.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Linux est trop compliqué</strong> : meuh non… ! Un Ubuntu est aussi simple qu’un Windows sinon plus pour une utilisation basique. Et pour du non-basique, Windows est également prise de tête.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Linux et MacOS sont plus sûrs que Windows</strong> : c’était vrai par le passé, plus maintenant. Linux et Mac sont moins répandus et donc ignorés par les marketeux et les pirates. Sur les serveurs, Linux est plus répandu et même la cible principale…</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un Windows avec beaucoup de RAM est plus rapide sans fichier d’échange</strong> : FAUX, ils ont fait le test. Par contre, sans fichier d’échange, on court bien le risque d’un plantage d’un logiciel par manque de mémoire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les photos en mode RAW sont plus belles que les JPEG</strong> : VRAI, à condition de savoir exploiter leur potentiel et donc de maîtriser Aperture ou Lightroom. Moi je reste au JPEG. (<strong>Mise à jour de janvier 2015</strong> : J’ai appris à développer mes photos et je ne jure plus que par le RAW. )</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les écrans brillants donnent de plus belles couleurs que les écrans mats</strong> : OUI, MAIS. À cause des reflets, on n’en profite pas. Nom de Zeus, pourquoi est-il si difficile de trouver des écrans mats !!???</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les écrans cathodiques peuvent être lus à distance, pas les plats</strong> : FAUX, en fonction du câble, de l’isolation, de la mise à la terre… un écran LCD d’ordinateur émet tellement d’informations que l’on peut parfois reconstituer parfaitement son contenu à 25 m.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les systèmes 64 bits sont plus rapides que les 32 bits</strong> : VRAI… marginalement. Le vrai intérêt du 64 bits réside dans l’accès à plus de mémoire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les accumulateurs</strong> : les technologies de batteries et l’électronique de gestion ayant pas mal changé depuis des années, des comportements autrefois pertinents comme des décharges complètes ou un stockage au frigo ne sont plus d’actualité, ou n’apportent pas grand-chose par rapport aux contraintes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les vieux PC peuvent servir de serveurs de fichiers ou d’imprimantes</strong> : PARFOIS. Attention, il faut tenir compte de leur consommation électrique (certes plus chère pour les Allemands qui ont fait le calcul), et voir si un matériel spécialisé récent ne serait pas vite amorti. <br />Ce n’est que pour le côté financier. Éconologiquement, on avisera en fonction de la provenance du courant local (charbon, nucléaire, éolien…) comparée au charbon consommé (<em>via</em> les centrales électriques chinoises) par la construction du nouveau matériel.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un CD copié peut sonner mieux que l’original</strong> : VRAI. Effectivement, une copie propre <em>via</em> un lecteur de bonne qualité n’aura pas les rayures de l’original, qui seront audibles sur du matériel hi-fi plus bas de gamme.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les clés USB n’ont pas besoin d’être démontées avant qu’on les retire</strong> : SI. Sous Windows, le risque est faible (le cache en écriture est désactivé) ; il faut plus se méfier sous Linux et Mac. Le démontage propre reste de rigueur par prudence.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Le RAID 5 rend les sauvegardes inutiles</strong> : FAUX !!! Le RAID 5 ne protège que contre la défaillance d’<em>un</em> disque, pas des virus, incendies, vols, bogues, mauvaises manipulations, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les antivirus payants sont sans intérêt</strong> : SI, ils sont un peu meilleurs que les gratuits, notamment grâce à la réactivité supérieure dans la diffusion des signatures. <br />Par contre les autres outils des « suites » sont peu utiles : le pare-feu de Windows suffit ; un pare-feu sortant est ingérable avec toutes les applications connectées de nos jours ; la protection parentale est meilleure sur les logiciels spécialisés.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Google Chrome</strong> n’est plus forcément le plus rapide des navigateurs.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Une adresse IPv6 nous identifie à vie</strong> : NON, même si les adresses IPv6 contiennent une partie de l’identifiant de l’interface réseau et permettent d’identifier une machine quasiment de manière unique. Les <em>Privacy Extensions</em> forcent à changer regulièrement cette adresse ; mais l’option n’est activée par défaut que sous Windows, pas sous MacOS, Linux ou sur un <em>smartphone</em>. En tout cas ce ne sera pas à vie.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un portable trempé peut être séché au four</strong> : NON ! La température d’un four est trop irrégulière.<br />Le sèche-cheveux est à proscrire, il repousserait l’eau à l’intérieur.<br />Il faut démonter l’appareil (surtout la batterie), rincer à l’eau distillée si le portable a été noyé dans l’eau de mer, et laisser sécher plusieurs jours près d’un chauffage.<br />Si l’appareil ne fonctionne plus après cela, la garantie ne couvrira rien, et le coût de la réparation sera prohibitif.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un téléphone DECT ou un portable ne peut être espionné</strong> : SI... et ça ne coûte pas cher.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Il ne faut jamais écrire un mot de passe</strong> : SI ! Il est mieux à l'abri dans un portefeuille que dans la mémoire de la machine, à portée d’un <em>malware</em>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L%C3%A9gendes-informatiques#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/643« Pour la Science » d’octobre 2010urn:md5:ee10a8ad1bd7e2826f0db83c02822fb42010-10-07T22:14:00+02:002015-08-20T13:11:20+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanticonsumérismeargentastronomiebon sensbullechiffrescitationcivilisationclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecoup bascourt termecynismedommagedémocratiedéshumanisationeaueffet de serreesclavageEuropefichagefootformationfoutage de gueulegaspillagegigantismegravitationgéologieinformatiquemanipulationmathématiquesmortmétainformationpanurgismepeine de mortperfectionnismepessimismeprise de têtesciencesociétés primitivesspéculationtempstravailvaleurécologieéconomieémerveillement<p>Alors en vitesse pour ce numéro encore en kiosque (<em>comme d’hab’, en italique mes commentaires</em>)...</p> <h3>Décompte</h3>
<p>À propos du pitoyable débat sur les nombres de manifestants (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Décompte-des-manifestants">qui m’avait déjà mis hors de moi</a>), Didier Nordon déclare :</p>
<blockquote><p>« La presse ne remplit pas sa fonction lorsqu’elle se contente de rapporter sans se compromettre les versions contradictoires des parties au conflit. Répéter n’est pas informer. »</p></blockquote>
<p>(<em>Il faut reconnaître que ce matin (seulement !) j’ai entendu des reportages tentant de tirer au clair la manière dont les manifestants sont comptés. D’accord, j’écoute une radio pas supposée être à droite, mais c’était assez consternant…</em>)</p>
<h3>Cocorico</h3>
<p>La liste des médaillés Fields, Gauss ou Chern honore les mathématiques françaises.</p>
<p>(<em>Mais les médias n’en parleront pas, nos millionnaires incapables de jouer correctement à la baballe les passionnent plus. Impossible de comprendre de quoi traitent leurs travaux ; c’est toujours comme ça avec les maths, on se dit que c’est totalement vain et puis quelques siècles plus tard une théorie fondamentale de la nature, ou une bête optimisation d’ingénieur, utilise ces inutiles théorèmes.</em>)</p>
<h3>Prédation</h3>
<p>Ivar Ekeland évoque les <em>dark markets</em>, des marchés financiers où les listes de ventes et d’achats ne sont pas publiques, ce qui coupe l’herbe sous le pied à certains spéculateurs. Ils ont été inventés car le marché normal aux carnets d’ordre publics permet de créer des algorithmes redoutablement rapides et efficace et cela coûte cher à de gros acheteurs (<em>pourtant c’est pas comme ça que c’est censé marcher un marché théorique pleinement efficient ? où les gens pressés et gros consommateurs payent forcément plus chers que les patients peu gourmands ?</em>).</p>
<p>De petits malins ont vite compris comment utiliser ces « marigots obscurs » pour savoir quels gros acheteurs ferrer sur les marchés ouverts et à quel prix. Conclusion d’Ekeland : tous ces gens hyper-brillants qui passent leur temps à optimiser la finance ne seraient-ils pas mieux employés par la société à des choses utiles ?</p>
<p>(<em>Ça me rappelle une remarque lue tout récemment je ne sais où : <strong>notre économie est passée d’une recherche de l’équilibre des ressources et besoins et de répartition du travail à un système d’optimisation de la prédation</strong>.</em>)</p>
<h3>SF théorique</h3>
<p>Les « super-Terres », des planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre sont détectés depuis quelques temps autour de diverses étoiles. Pour savoir si elles peuvent être habitables, une étude de ce que peut être leur géologie, leur tectonique des plaques a été faite.</p>
<p>La pression au centre est plus élevée et elles sont plus chaudes : la convection dans le manteau est donc accélérée et la tectonique des plaques plus rapides. Paradoxalement la croûte est plus fine, et le cycle du carbone rallongé. L’atmosphère est également mieux retenue. Cette stabilité rend ces planètes encore plus favorables à la vie que la nôtre (<em>C’est rare ça ! En général on s’extasie devant l’improbable perfection de notre petit monde.</em>) Il se pourrait que la Terre soit en fait tout en bas de la gamme de masses des planètes habitables, Vénus et Mars n’ayant pas les bonnes caractéristiques.</p>
<p>Par contre, leur noyau est devenu probablement complètement métallique, et le champ magnétique protecteur n’est donc pas là. La super-Terre n’est pas forcément à la bonne distance de son étoile et bien orientée (on en connaît une qui présente toujours la même face à son étoile : la silice s’évapore de cette fournaise pour retomber sur la face cachée.)</p>
<p>Il existe aussi sans doute des super-Terres recouvertes d’un océan, dont le fond est un manteau de glace sous très forte pression. La quête et l’étude des super-Terres ne fait que commencer.</p>
<h3>Violations de sépultures ou enquête criminelle ?</h3>
<p>Nos ancêtres du Néolitihique (il y a 6000 ans), dans une bonne partie de l’Europe, enterraient leurs morts dans des tombes circulaires. Certaines, à côté du défunt principal en position fœtale, contenaient aussi d’autres cadavres jetés plus négligemment. Seule hypothèse acceptable pour l’auteur : il s’agissait d’esclaves sacrifiés au décès de leur maître. Cette coutume effroyable était connue sous diverses formes sur tous les continents plus récemment, elle n’a pas épargné l’Europe…</p>
<h3>La minute du matheux ultime</h3>
<p>La chronique de Jean-Paul Delahaye parle notamment du site <em><a href="http://primes.utm.edu/" hreflang="en">The Prime Pages</a></em> (et du livre associé <em><a href="http://www.amazon.fr/Prime-Curios-Dictionary-Number-Trivia/dp/1448651700/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1286353199&sr=1-1">Prime Curios! The Dictionary of Prime Number Trivia</a></em>). C’est bien là que se trouvent des gens capables de trouver que 313 est un premier remarquable entre autres parce que c’est le plus petit nombre de personnes qui, prises au hasard, ont plus de 50% de chances que cinq d’entre elles aient le même jour anniversaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; ou que 3539 est aussi un premier remarquable car donne la formule de la nitroglycérine (C3H5N3O9) ; ou que le 16719è siècle sera le premier à ne comporter aucune année égale à un nombre premier ; et mille autres propriétés affolantes.</p>
<p>En prime une réflexion sur les nombres premiers illégaux : il est possible de créer des premiers contenant tout chaîne arbitraire, et donc tout texte illégal (appel à la haine raciale…) correspond à un nombre premier donc illégal (il y a aussi l’exemple du <a href="http://decss.zoy.org/" hreflang="en">DeCSS</a>). Et il existe aussi des nombres premiers contenant votre nom<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Nos muscles se « souviennent » des entraînements passés car les multiples noyaux cellulaires ne disparaissent pas avec l’inactivité et l’atrophie ; donc ils regonflent plus vite ensuite. (<em>Dans mon cas, y a rien à se souvenir.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On a identifié le gène de la respiration à la naissance. (<em>Évidemment la sélection naturelle l’a lourdement favorisé.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les vrais jumeaux n’ont pas les mêmes empreintes, car elles sont liées à certaines périodes de la vie utérine. On pourrait même repérer par les empreintes certains traumatismes vécus par la mère pendant la grossesse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Sondage fait auprès de scientifiques (19% de doctorants !) : ils font nettement plus confiance aux scientifiques qu’aux politiques ou aux religieux pour obtenir des informations exactes. (<em>Sans blague ?!</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’espèce humaine a failli disparaître il y a moins de 200 000 ans, étant réduite à une poigne d’individus dans une Afrique rendue inhabitable par une glaciation. L’auteur pense avoir découvert un des refuges des survivants : des grottes en Afrique du Sud près du Cap, au bord de la mer.</li>
</ul>
<ul>
<li>En comparant des photos des années 1940 et des récentes, des scientifiques américains ont étudié l’évolution de la flore dans un coin d’Alaska. L’évolution suit ce qu’on pourrait attendre des conséquences du réchauffement climatique : la toundra voit fleurir des arbustes, la taïga (forêt boréale) progresse vers le nord et brunit dans le sud. Les rétroactions sont multiples et difficiles à modéliser.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Alors que tout le monde sait que c’est le numéro de la voiture de Donald.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Ça me rappelle l’histoire des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_univers">nombres univers</a> qui contiennent toute chaîne de chiffres possibles, donc n’importe quel texte, donc plein de versions de l’histoire de votre vie en de multiples langues, y compris inexistantes, y compris des versions fausses par un détail ou qui divergent totalement à partir du moment où vous avez gagné au loto.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/633« Pour la Science » de septembre 2010urn:md5:f7ee3d7305c8d20becf129776d192fc12010-09-10T00:00:00+02:002015-08-20T10:13:43+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanalogieanthropieargentastronomieauto-organisationbon sensbullechaoscivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup bascynismedilemmeeauemmerdeursentropiefoutage de gueulehard sciencelobbyslyrismemathématiquesoptimismepanurgismeperspectiveprise de têteprovocationréalitésabotagesciencescience-fictionspéculationsurréalismetempsthéorieuchronieuniversvaleurvirtuelécologieéconomieémerveillementénergieéons<p>Miracle : j’ai eu le temps de lire ce numéro avant même que son mois théorique d’édition soit entamé.</p> <p>Comme d’hab’, en italique mes commentaires personnels.</p>
<h3>La carnet de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres :</p>
<p>Les unités de mesure, tout le monde connaît. Didier Nordon propose les unités de <em>démesure</em> : le kerviel (somme qu’un employé peut faite perdre à l’employeur) ; le paléobiologiste (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">capable de se tromper de 1,5 milliards d’années dans l’estimation de la date d’apparition de la vie multicellulaire</a>) ; le BP (argent dilapidé par pollution d’une réserve naturelle).</p>
<h3>Les fractales 3D</h3>
<p>Franchement, tout le monde devrait connaître l’ensemble de Mandelbrot. Je rappelle juste ici qu’il rassemble les points du plan complexe qui divergent quand on itère la suite <code>z(n+1) = z(n)²+c</code> (<code>c</code> constante).</p>
<p>Habituellement, l’ensemble est en noir et les jolies couleurs sont fonction de la vitesse de divergence hors de l’ensemble. Infiniment découpable, c’est LA fractale la plus connue. On peut en imaginer une infinité d’autres, basées sur la fameuse non-linéarité de l’équation de base, mais il semble que le simple carré contienne en fait toute la substantifique moëlle du sujet.
<img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/de/Mandelbrot_set_rainbow_colors.png/800px-Mandelbrot_set_rainbow_colors.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Mais elle est plate, une simple image, bien que déjà gourmande en puissance de calcul (<em>Je me souviens de la première fois où je l’ai calculée sur mon vieil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Atari_ST">Atari 520 ST</a>, et c’était déjà leeeeent.</em>), ce qui explique en partie que la version en trois dimensions ait dû attendre.</p>
<p>Cependant les obstacles n’étaient pas que technologiques :</p>
<ul>
<li>la généralisation en 3D n’est <em>pas</em> immédiate, ou plutôt ne donne pas aisément des résultats esthétiques : déjà il faut définir ce qu’est une multiplication dans un espace en trois dimensions (ce n’est pas trivial) ; certains ont obtenu quelques résultats avec les <a href="http://nylander.wordpress.com/2009/07/07/4d-quaternion-mandelbrot-set/" hreflang="en">quaternions</a> (des couples de complexes, en 4D donc) ;</li>
<li>une fois définie cette multiplication (de manière plus géométrique qu’algébrique), il faut trouver la « bonne » puissance pour un résultat intéressant : si le Mandelbrot classique se contente d’un <code>z²</code>, il a fallu aller jusqu’à la puissance huit pour le <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Mandelbulb</a> :</li>
</ul>
<p><img src="http://www.skytopia.com/project/fractal/new/ff/q85/z7_b_3D_fractal_2-s_by_KrzysztofMarczak.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li>pour le rendu on arrive aux limites des moteurs de calcul : comment calculer le vecteur normal d’une surface en <em>ray-tracing</em> sur une fractale par définition infiniment découpée qui n’admet aucune tangente ? En conséquence, certaines surfaces apparemment et bizarrement lisses ne le sont peut-être qu’à cause d’un artefact de calcul.</li>
</ul>
<p>Les images du Mandelbulb (voir <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Skytopia</a>) sont fascinantes, un véritable monde de cauchemar, et ce n’est qu’une des variantes possibles.</p>
<h3>L’univers perd-il de l’énergie ?</h3>
<p>Contrairement à certains paradoxes astrophysiques très ésotériques que ne comprennent que quelques chercheurs, celui-ci est à la porté d’un étudiant de base : à cause de l’expansion de l’univers, la longueur d’onde de la lumière qui se promène sur des milliards d’années-lumière diminue de plus en plus (décalage vers le rouge). L’énergie des photons décroît en conséquence. Cette énergie perdue n’étant apparemment allé nulle part, le principe universel de conservation de l’énergie, base fondamentale de la physique depuis deux siècles, est-il violé ?</p>
<p>J’ai appris à cette occasion le lien entre une loi de conservation et une symétrie de l’espace, découvert par <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Emmy_Noether" hreflang="de">Emmy Noerther</a> : notamment la conservation de l’énergie est liée à la symétrie de translation dans le temps des phénomènes, c’est-à-dire au fait que la forme de l’espace-temps ne change pas, donc que les lois de la physique peuvent être « rejouées » indifféremment en descendant ou en remontant le temps (en reprenant le classique exemple des boules de billard, on peut dire que la conservation de l’énergie entre les billes suppose que la forme du tapis ne change pas pendant leur déplacement). De même la symétrie de translation dans l’espace implique la conservation de toute quantité de mouvement.</p>
<p>Donc, puisque l’espace-temps, aux échelles cosmiques, évolue, la loi de conservation n’est pas forcément observée.</p>
<p>À l’inverse, il est possible d’expliquer l’expansion de l’univers comme un simple éloignement classique de deux objets, l’émetteur et le receveur, et de réduire le problème à un effet doppler classique où l’énergie est conservée (les ondes sonores comme lumineuses d’une voiture de police ne changent pas d’énergie entre l’émission et l’arrivée à vos oreilles ; pourtant on entend bien l’effet de changement de la longueur d’onde de la sirène avec le déplacement de la voiture, et on verrait l’effet Doppler sur le gyrophare avec des yeux plus sensibles).</p>
<p>Quant à la comptabilisation de l’énergie totale contenue dans l’univers, travail déjà totalement titanesque, il est rendu vain par l’énergie sombre (à la densité constante, donc en augmentation si le volume d’univers s’étend !), la prise en compte de l’énergie cinétique des galaxies, ou des ambiguïtés dans la théorie de la relativité.</p>
<h3>Immortalité et suicide quantique</h3>
<p>Idée provocante : si la théorie des « mondes multiples » de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Everett_III" hreflang="en">Hugh Everett </a> est juste, chaque réduction de fonction d’onde donne lieu à une divergence et à la création de deux univers : le célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schrödinger">chat de Schrödinger</a> meurt donc dans un univers, vit dans un autre. En conséquence, on peut jouer au « suicide quantique » : je joue au loto, et la boîte du chat me tue dans tous les cas où je n’ai pas gagné. Je ne survis donc que dans l’univers où je suis richissime. Mille variantes existent, permettant même d’accéder à l’immortalité — en fait, si l’hypothèse des mondes multiples est juste, nous serons tous immortels.</p>
<p>Évidemment, le moindre doute sur la justesse de cette théorie justifie le refus de jouer cette roulette russe quantique. Même sans cela, des problèmes éthiques se posent, par exemple par la douleur infligée aux proches dans les univers (majoritaires) où l’on décède.</p>
<p>(<em>Commentaire personnel : Mouais. L’hypothèse des mondes multiples est séduisante, expliquerait bien des paradoxes, et est à mon avis à peu près invérifiable. Si chaque seconde, les myriades de réductions d’onde qui se produisent dans notre environnement donnent lieu à autant d’univers, nous n’avons en tout cas l’impression que d’un seul fil temporel. Chaque fois que j’ai joué à l’Euromillion une de mes copies a gagné, mais je n’en ai ni le souvenir ni la connaissance. Donc nous sommes (nous les êtres conscients, peut-être réductibles à une « âme », quoi que ce que cela signifie) également multipliés par le nombre d’univers créés. Il n’y a pas de raison que la mort ne suive pas le même chemin et que l’écrasante majorité de nos « exemplaires » ne décède pas à un âge normal, même si existe un archi-improbable-mais-possible quasi-immortel. Or dans le suicide quantique, on suppose que l’âme se « réfugie » automatiquement dans les univers où l’on est encore vivant. Si cela est vrai, nous sommes tous effectivement immortels mais sera-ce enviable ? C’est peut-être cela l’Enfer : l’immortalité dans un corps très probablement totalement décrépi. Mais je n’y crois pas.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les Mayas sacrifiaient des enfants lors de l’enterrement de leurs rois. Ils n’ont pas été les seuls à faire accompagner leurs grands défunts de membres de leur entourage, mais là c’est macabre…</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines petites lunes de Saturne seraient tellement jeunes et brillantes qu’elles ne peuvent s’être formées qu’à partir d’agrégats de matière échappée des anneaux. Elles seraient donc les derniers objets formés dans le Système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ivar Ekeland annonce que l’Europe tolère une « expérience grandeur nature » : le <em>trading</em> haute fréquence, où les logiciels sont seuls à décider, où la vitesse de la lumière devient une limite, où les cours virent probabilistes. Déjà un tiers de l’activité des bourses, sans aucune théorie économique derrière, et un impact sur des millions de personnes. <br /> <br />(<em>Et l’utilité sociale là-dedans ? J’ai toujours été partisan d’une taxation des bénéfices boursiers en fonction de la durée de détention. En-dessous de 24 h je prendrais 100% des bénéfs’, et rien des pertes bien sûr. Alors en-dessous de la seconde ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux chercheurs québécois plaident pour les plantations : intelligemment gérées (plusieurs essences complémentaires...), elles ne sont pas le mal absolu et peuvent se rapprocher du « service écologique » des forêts primaires (biodiversité, stockage de CO₂ ...), surtout sur sol déjà dégradé.<br /> <br />(<em>Je me méfie toujours de ce genre de rationalisation qui est une porte ouverte à pas mal d’abus, mais à l’inverse le danger de virer khmer vert est réel. En Europe, où la forêt primaire n’est plus qu’un souvenir, nous sommes d’ailleurs dans la configuration de l’article depuis longtemps.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Être du soir ou du matin a une base génétique, mais dépend aussi de la date de naissance des enfants ! Un bébé cale son rythme vers trois mois et si c’est l’été, a des chances de rester « du soir ». <br /> <br />(<em>Dans la famille, c’est raté, l’hérédité semble être trop lourde.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les couleurs interdites existent : le jaune bleuâtre et le vert rougeâtre sont discernables quand on force le cerveau à mélanger des couleurs, comme quoi l’opposition entre ces couleurs n’est pas aussi fondamentalement ancrée dans le cerveau qu’on le pensait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le manioc est une plante peu connue sous nos latitudes, et en conséquence délaissée par la recherche occidentale. C’est pourtant la base de l’alimentation de centaines de millions de personnes. La recherche de variétés plus résistantes et plus riches en vitamines et nutriments bat son plein, plutôt en Égypte, au Nigéria et au Brésil qu’en Occident. La bonne nouvelle : ça se fait plutôt par les méthodes traditionnelles ; les OGM, c’est trop cher.<br /> <br />Rigolo : le manioc est une plante qui se bouture aisément, mais les pieds/clones ont tendance à accumuler tous les virus qu’ils rencontrent et voient leur rendement dépérir à chaque génération — jusqu’à ce qu’on reparte d’une graine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans l’île de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn">Bahreïn</a>, les sources artésiennes qui ont fait la prospérité de l’île dès l’Antiquité (en plus de sa position géographique idéale dans le Golfe Persique) se sont récemment taries. Comme dans nombre d’oasis de la péninsule arabique, l’eau provenait de nappes remplies il y a des millions d’années, époque d’un climat plus verdoyant. L’exploitation humaine a eu raison de cette précieuse ressource… Les habitants se reposent donc entièrement sur leurs usines de dessalement, mais comment les faire tourner le jour où le pétrole aussi se tarira ? Pour éviter (ou retarder…) la même catastrophe, l’Arabie saoudite a carrément renoncé à cultiver des céréales. Trop tard ?</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/628Petits pots pour bébé, eau de cuisson et foutage de g...urn:md5:6ca184d313c85a790c870fc01b9b77882010-07-08T00:00:00+02:002015-08-19T16:44:41+02:00ChristopheIl faut bien mangerabominationanticonsumérismebon senscoup bascuisineeauenfantsfoutage de gueulehainemicroéconomieoh le beau cas !pouvoir d’achetervaleurécologieéconomieéducation<p>Devinette : voici trois compositions de petits pots pour petit bébé de six mois, selon les étiquettes.</p> <p><strong>1)</strong> « Petits pois : recette simple et naturelle » : <br />Eau de cuisson (<em>premier ingrédient !</em>) ; <br />légumes (22% de petits pois, panais) ; <br />semoule de riz ; <br />huiles végétales (<em>lesquelles ? probablement de l’<a href="http://forums.futura-sciences.com/sante-medecine-generale/134779-huile-de-palme-danger-sante-cauchemar-ecologique.html">huile de palme</a> ?</em>)</p>
<p><strong>2)</strong> « Jardinière de légumes » : <br />Légumes 67% (pommes de terre, carottes 16%, petits pois 10%, haricots verts 6%, épinards 6%, oignons, navets) ;<br />eau de cuisson (<em>deuxième ingrédient !</em>) ;<br />lait écrémé reconstitué (<em>comme dans un biberon après tout</em>) ;<br /><a href="http://www.usipa.fr/?page=36">amidon transformé</a> de maïs (<em>rien d’alarmant</em>) ;<br />huiles végétales (colza, tournesol) ;<br />beurre ;<br />jus de citron reconstitué ;<br />sel ;<br />arôme naturel ;<br />laurier ;<br />vitamines E, B1, B2, PP, B6, B8, B5</p>
<p><strong>3)</strong> 74% de carottes de Hollande (bio) ; <br />26% de potimarron d’Allemagne (bio) ; <br />persil d’Île-de-France (bio).</p>
<p>Les associer aux trois marques suivantes :</p>
<p><strong>A)</strong> Nestlé</p>
<p><strong>B)</strong> Blédina</p>
<p><strong>C)</strong> Babybio</p>
<p>Réponse en bas de page<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-pots-pour-b%C3%A9b%C3%A9#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Je ne sais pas quoi faire comme commentaire sinon que des baffes se perdent. Même pas la peine de virer khmer vert : à la rigueur, on s’en fout de manger bio ou sans OGM tant qu’au moins on a des carottes quand on achète des carottes.</p>
<p>Évidemment, le dernier est deux fois plus cher que le premier, mais c’est normal quand le moins cher contient moitié de flotte. À la texture le premier ne semblait pas du tout appétissant, ’Tite Lilou n’a pas trop apprécié (alors que les petits pots mitonnés par Maman à partir de légumes réels ont un grand succès). Pour couronner le tout, le petit pot bio est en verre réutilisable recyclable, et le Nestlé sous emballage plastique ira direct à l’incinérateur.</p>
<p>Pour les petits pots de fruits, la situation est beaucoup plus rose, c’est quasi-intégralement de la pomme, de la banane...</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-pots-pour-b%C3%A9b%C3%A9#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] 1 A ; 2 B ; 3 C</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petits-pots-pour-b%C3%A9b%C3%A9#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/612 « La Terre avant les dinosaures » de Sébastien Steyer et Alain Bénéteau (ou : de l’ascension des tétrapodes du Dévonien au Secondaire, des sarcoptérygiens aux sauropsides et mammaliens)urn:md5:f347c74a610f959b2eb28349e1ab34a32009-04-12T20:12:00+02:002011-06-03T11:12:39+02:00ChristopheTemps et transformationsapocalypsecataclysmecatastrophecomplexitédinosauresdéveloppementeauexaptationexpertisegigantismegénéalogiegéologiemythemèmeorganisationtempsténacitévolcansécologieéonsévolution<p>Commençons par le principal reproche à faire à ce livre par ailleurs très intéressant : le titre est une escroquerie. Celui qui, alléché par le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">docu-fiction de la BBC qui m’avait enthousiasmé</a> cherche à retrouver les araignées géantes et les évolutions climatiques en sera en parti pour ses frais. Il est clair d’entrée que l’auteur ne s'intéresse guère qu’à nos ancêtres, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tetrapoda">tétrapodes</a>.</p> <p>Nous sommes des tétrapodes, au même titre que les crapauds, les tortues, les poulets, les diplodocus, et les héritiers de quelques animaux à l’air ichtyen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-1" id="rev-pnote-549-1">1</a>]</sup> et d’une invention géniale : les papattes !</p>
<h3>Exaptation</h3>
<p>Contrairement aux idées reçues, et à ce que je lisais dans les livres de ma jeunesse, les pattes ne sont pas apparues comme conséquence d’une sortie des eaux d’un poisson aux nageoires charnues (type <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cœlacanthe">cœlacanthe</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-2" id="rev-pnote-549-2">2</a>]</sup>) mais bien dans l’eau avec une fonction marine dans des milieux côtiers (stabilisation, pagaie...), <em>puis</em> ont été détournées comme pattes par les tétrapodes.</p>
<p>De même, le poumon a peut-être d’abord servi de stabilisateur (sinon pourquoi des poissons en auraient-ils eu besoin ?) avant d’acquérir une fonction respiratoire. Les poissons à poumons existent encore (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dipnoi">dipneustes</a>), ou bien se débrouillent très bien pour bouger avec de simples nageoires (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Periophthalmus">poissons grenouilles</a>).</p>
<p>Ce bricolage évolutif, où un organe est détourné pour une autre fonction se nomme <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?tag/exaptation">exaptation</a>, et j’adore ce mot. Autres exemples : les plumes apparues chez certains dinosaures comme isolant thermique, puis utilisées pour faciliter le vol (lequel vol est possible sans plumes : <em>cf</em> les animaux planeurs, les chauves-souris ou les <a href="http://www.dinosoria.com/volant_general.htm">ptérosaures</a>) ; ou le sixième doigt du panda qui est un os du poignet déformé.</p>
<h3>La sortie des eaux</h3>
<p>Dans les livres de ma jeunesse (et même de celle de mes grands-parents...) le cheminement de « la sortie des eaux » était clair, je me souviens des images : dans un monde désertique livré à la sécheresse, un poisson « costaud des nageoires » et, coup de chance, doté d’un poumon, errait de flaque en flaque. Sélection naturelle aidant, les nageoires sont devenues des pattes et le règne des tétrapodes commençait. Certains ne restèrent que batraciens ; d’autres inventèrent l’œuf pour pondre loin de l’eau et devinrent reptiles, dont certains devinrent mammaliens puis mammifères, etc.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Devonien/Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ichtyostega, un des premiers tétrapodes au Dévonien. Dessin d’Arthur Weasley d’après une reconstitution d’Alhberg. Licence documentation libre GNU ; trouvé sur Wikipédia." />Ce livre dynamite le vieux mythe (déjà moisi depuis longtemps chez les paléontologues je suppose). D’une part, « la » sortie des eaux est illusoire, puisque le phénomène a eu lieu de nombreuses fois : quand, au Dévonien, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">Ichtyosthega</a>, pourtant loin d’être le premier tétrapode, se déplaçait comme un phoque sur les berges des fleuves où il passait son temps, la végétation avait déjà atteint une forme aussi complète qu’à présent, et les arthropodes (scorpions, mille-pattes métriques, et des crustacés occupés à devenir des insectes, tous au format géant) se répandaient déjà.</p>
<p>À l’Ère suivante, au Carbonifère, toute cette diversité explose, et pas seulement celle des tétrapodes cantonnés aux environnements marins. Certains d’ailleurs retourneront complètement dans l’eau, éventuellement en y perdant leur pattes (et ce ne sont pas les ancêtres des serpents). De manière générale, ce livre rend plus clair que les taxons actuels que nous connaissons (reptiles, batraciens, mammifères, dinosaures dont les oiseaux) ne sont qu’une infime partie de ce que les tétrapodes ont pu créer. Des embranchements entiers ont disparu au fur et à mesure des crises écologiques ou plus simplement de la bataille pour la vie.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Permien/Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Diplocaulus, un léponspondyle du Permien. Dessin d’Arthur Weasley. Licence documentation libre GNU, trouvé sur Wikipédia." />Le passage sur la lutte entre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temnospondyli">temnospondyles</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lepospondyli">lépospondyles</a> paraîtra un peu oiseuse au non-spécialiste, ainsi que la question de savoir comment se rattachent à l’arbre de la vie les « lissamphibiens » (grenouilles, salamandres, anoures, etc.). Ces derniers ont en fait tellement évolué depuis le Carbonifère que les spécialistes s’étripent encore sur leur arbre généalogique.</p>
<h3>Régulation</h3>
<p>Un long passage détaille les mécanismes de formation des doigts. Selon le bon (et faux) vieux proverbe « <a href="http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/outil_bleu12.htm">l’ontogénie résume la philogénie</a> », on peut l’observer sur les fœtus de poulet ou de souris. Il s’agit bien d’une innovation complète propre aux tétrapodes et pas d’une exaptation. On sera surpris d’apprendre que le nombre de cinq doigts n’a pas vraiment de « justification » ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Acanthostega">Acanthosthega</a></em> en avait huit !</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur les gènes de régulation de la croissance : autant que les gènes eux-mêmes, la manière dont ils s’expriment mène à des animaux très différents. Nos gènes de régulation sont fort voisins de ceux de la mouche !</p>
<h3>La crise</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">La crise du Permien</a> fait l’objet d’un chapitre. L’auteur ne tranche pas entre les hypothèses, qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement : régression océanique, volcanisme massif, météorite tueuse... Le résultat, je le rappelle, fut une extinction massive d’espèces bien pire que la crise suivante (celle qui a été fatale aux médiatiques dinosaures).</p>
<p>Qui dit extinction massive dit niches écologiques à remplir, et radiation évolutive. L’auteur insiste bien sur le fait que les espèces qui profitent de la crise existaient en général <em>avant</em>, mais étaient concurrencées par les genres dominants : la plus grande partie de l’existence des mammifères (héritiers du dimétrodon) s’est déroulée à l’ombre des dinosaures.</p>
<h3>Bref</h3>
<p>À part la faute du titre trompeur, on obtient là un bel exemple de ce qu’est la paléontologie, et une belle leçon d’évolution. Il faut aimer (ou au moins accepter de) engranger quelques termes « techniques » : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarcopterygii">sarcoptérygiens</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-3" id="rev-pnote-549-3">3</a>]</sup>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Amniote">amniotes</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Synapside">synapsides</a>... (Ces trois termes, difficiles à recaser lors d’un dîner, nous désignent tous, ainsi que le chat du voisin ou un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dimetrodon">dimetrodon</a>.) Celui prêt à fournir l’effort se fera plaisir, et enrichira sa culture après avoir oublié beaucoup de termes ; celui doté de la ténacité intellectuelle d’un George Bush regardera les images et les légendes. Le livre ne conviendra <em>pas</em> à un enfant (à moins que vous ne pensiez qu’il ne soit la réincarnation du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>.)</p>
<p>L’auteur se met lui-même en situation et décrit son travail de paléontologue : fouilles sous le soleil de plomb du désert nigérien, analyse de fossiles aux rayons X, simulation numérique de contraintes sur les os, etc.</p>
<p>Sur la forme, la réalisation est parfaite, notamment avec les rabats de couverture reprenant l’un l’arbre phylogénétique des bestioles décrites dans le livre (et l’on voit que les mammifères sont notés tout en bas au bout d’une sous-sous-sous-branche), et l’autre la liste des périodes géologiques impliquées (car si le commun des mortels sait que le Jurassique et le Crétacé sont l’âge des dinosaures, il a plus de mal à situer le Carbonifère et le Dévonien, et j’avais de gros doutes sur la situation du Frasnien et du Famennien).</p>
<p>Les illustrations de <a href="http://www.paleospot.com/">Alain Bénéteau</a> sont superbes et réalistes. J’aurais tendance à regretter qu’elles « lissent » un peu les différences de représentations qu’auraient pû donner plusieurs artistes, mais je pinaille. (<a href="http://www.paleospot.com/pdf/promo_dinos.pdf">Voir le PDF de présentation pour un échantillon.</a>)</p>
<p><strong><a href="http://www.paleospot.com/actualite.php?actu=19">NB pour les Parisiens : les auteurs dédicacent chez Gibert samedi prochain !</a></strong></p>
<p><img src="http://www.paleospot.com/image_une/Projet_paleospot_promo.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-1" id="pnote-549-1">1</a>] <em>Ça sonne mieux que « poissonneux ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-2" id="pnote-549-2">2</a>] <em>Vous saviez qu’un cœlocanthe avait plus en commun avec vous qu’avec un requin ou une truite ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-3" id="pnote-549-3">3</a>] <em>Aucun rapport avec Celui-qui-ne-peut-être-nommé-sans-finir-dans-les-fichiers-des-Renseignements-Généraux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/549Les marges des déserts, berceaux des civilisationsurn:md5:f3bcdc86b231032268e0de808418bd012009-01-01T12:14:00+01:002009-04-13T10:40:06+02:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcatastrophecivilisationclimatcomplexitéeaueffet de serreEmpire romainEuropeexaptationGrandes InvasionshistoireMoyen Âgeoptimismeparadoxesciencesociétés primitivestempsthéorietravailténacitéécologieéconomieéonsévolution<p>Une révé­la­tion sur la simul­ta­néité de l’appa­ri­tion de l’agri­cul­ture et de la civi­li­sa­tion dans les dif­fé­ren­tes par­ties du monde.</p> <h3>Simul­ta­néité du génie humain</h3>
<p>La révé­la­tion m’est venue grâce à un arti­cle du der­nier <em>Pour la Science</em> (n°375 de jan­vier 2009) : <em>Les mar­ges de désert, ber­ceaux des civi­li­sa­tions</em> de Bern­hard Eitel.</p>
<p>Jusqu’ici je m’étais tou­jours demandé com­ment il se fai­sait que les dif­fé­ren­tes civi­li­sa­tions humai­nes aient évo­lué sépa­ré­ment jusqu’à des sta­des pas trop dif­fé­rents les unes des autres, alors que l’huma­nité (<em>Homo sapiens</em>) a pres­que 200 000 ans au comp­teur. Cer­tes, au début, elle fut long­temps con­cen­trée en Afri­que<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#pnote-504-1" id="rev-pnote-504-1">1</a>]</sup>. Mais l’agri­cul­ture, l’écri­ture sont appa­rues en fait très récem­ment (je trouve des dates dif­fé­ren­tes sur le web, mais on tourne autour de 10 000 av. J.-C.). Un peu avant (-16 000), les chas­seurs déco­raient Las­caux.</p>
<p>Et atten­tion, on ne parle pas d’une décou­verte qui a donné un tel avan­tage à ses décou­vreurs qu’ils se sont répan­dus par­tout sur la pla­nète : l’agri­cul­ture a été décou­verte plu­sieurs fois, et l’écri­ture aussi. Si en Europe tout cela est bien de l’impor­ta­tion (il a même fallu pas mal de siè­cle depuis l’Ana­to­lie jusqu’à l’Atlan­ti­que), les Amé­ri­ques ont évo­lué indé­pen­dam­ment. Et mayas, aztè­ques, incas… con­nais­saient agri­cul­ture et écri­ture. Même si leurs civi­li­sa­tions ont été balayées par les Euro­péens, ces peu­ples n’avaient au plus « que » quel­ques siè­cles de retard sur l’Eura­sie. C’est un petit écart sur de tel­les durées.</p>
<p>Sans avoir trop réflé­chi à la ques­tion, je ne voyais que trois pos­si­bi­li­tés :</p>
<ul>
<li>une com­mu­ni­ca­tion entre les dif­fé­rents grou­pes : très dou­teux à l’échelle de plu­sieurs con­ti­nents, du moins avant l’inven­tion de la « civi­li­sa­tion », et cette com­mu­ni­ca­tion se fai­sait plu­tôt par migra­tion lente comme le néo­li­thi­que en Europe ;</li>
<li>une sorte de « fata­lisme », un groupe humain suf­fi­sam­ment impor­tant décou­vrant fata­le­ment l’agri­cul­ture au bout de tant d’années maxi­mum, et la masse cri­ti­que a été atteinte à peu près simul­ta­né­ment à plu­sieurs endroits à la fois car il y avait de nom­breux endroits où cela était pos­si­ble, et les pre­miers ont « étouffé » les autres ;</li>
<li>une cause exté­rieure glo­bale qui menait à l’agri­cul­ture et/ou la séden­ta­ri­sa­tion (laquelle est appa­rue la pre­mière ?), puis en cas­cade à l’explo­sion démo­gra­phi­que, les socié­tés, les États, etc. Mais quelle serait cette cause ?!?</li>
</ul>
<h3>La cause cli­ma­ti­que à dou­ble détente</h3>
<p>Selon l’arti­cle, c’est lumi­neux. La rai­son est cli­ma­ti­que : d’une part le réchauf­fe­ment de la pla­nète mar­que le pas après la fin de la gla­cia­tion ; d’autre part et assez con­tre-intui­ti­ve­ment, ce réchauf­fe­ment aug­mente la plu­vio­mé­trie dans les déserts.</p>
<ul>
<li>Nos ancê­tres se répan­dent un peu par­tout pen­dant les diver­ses gla­cia­tions et pério­des inter­gla­ciai­res jus­que la fin de la der­nière vers -18 000.</li>
<li>Il y a 8000 ans le cli­mat est devenu très clé­ment pour les chas­seurs-cueilleurs, et les déserts ont qua­si­ment dis­paru : le Sahara notam­ment est deve­nue une savane pleine de gibiers, sans qu’y sévis­sent les mala­dies tro­pi­ca­les. Eitel sug­gère que l’accrois­se­ment démo­gra­phi­que con­sé­quent y est la cause de l’inven­tion de l’éle­vage.</li>
<li>Après cette période de réchauf­fe­ment un léger refroi­dis­se­ment pro­vo­que un nou­veau dés­sè­che­ment des déserts. Les popu­la­tions, pié­gées, se réfu­gient dans les oasis - par exem­ple la plus grosse d’entre elles, le Nil ! Popu­la­tion impor­tante et néces­sité de s’adap­ter mènent à l’agri­cul­ture, l’irri­ga­tion, des sur­plus, du com­merce, des guer­res, une orga­ni­sa­tion crois­sante, des royau­mes, bref la société. Eitel note que ces royau­mes appa­rais­sent d’abord dans les endroits les plus secs et dif­fi­ci­les au bord du Nil, au sud !<br />Le phé­no­mène se repro­duit à d’autres endroits, notam­ment le Crois­sant fer­tile (au bord d’un désert et près de grands fleu­ves). Eitel détaille l’exem­ple récem­ment décou­vert du sud du Pérou : le désert de l’Ata­cama devenu humide est colo­nisé (plus tard qu’en Afri­que), puis s’assè­che et la popu­la­tion se regroupe dans des oasis flu­via­les. La den­sité de popu­la­tion a le même effet qu’ailleurs : séden­ta­ri­sa­tion, éle­vage, céra­mi­que, société, etc. <br />Un regret : l’arti­cle ne détaille pas l’évo­lu­tion dans les autres grands cen­tres de civi­li­sa­tion qui nais­sent à la même épo­que : la Chine, l’Indus, le Niger (même si ces deux der­niers sont là aussi des fleu­ves au bord d’un désert).</li>
</ul>
<h3>Pers­pec­tive</h3>
<p>Bref : expan­sion démo­gra­phi­que due à un cli­mat clé­ment, re-déser­ti­fi­ca­tion, con­cen­tra­tion, et inven­tion donc pres­que simul­ta­née de la civi­li­sa­tion à divers endroits.</p>
<p>Nous dépen­dons du cli­mat, ce n’est pas nou­veau. En marge de l’arti­cle, une courbe mon­tre que, plus récem­ment, celui-ci a joué un rôle : des opti­mums cli­ma­ti­ques ont vu l’apo­théose romaine ou l’expan­sion du Moyen Âge (entre l’An Mil et la Peste Noire, la popu­la­tion fran­çaise a plus que dou­blé !), et un refroi­dis­se­ment a mar­qué l’effon­dre­ment de l’Empire romain.</p>
<p>La ques­tion se pose quant à savoir si nous serons capa­bles de <em>nous</em> adap­ter au chan­ge­ment cli­ma­ti­que accé­léré actuel. Savoir qu’une période chaude n’est pas for­cé­ment syno­nyme de déser­ti­fi­ca­tion géné­rale redonne de l’espoir, encore ne fau­drait-il pas déboi­ser ni faire mon­ter le ther­mo­mè­tre trop haut trop vite…</p>
<p>Une leçon de morale pour finir : la « civi­li­sa­tion » (agri­cul­ture, société…) n’a pas été inven­tée par les peu­ples situés aux endroits les plus favo­ra­bles, mais par ceux qui, accu­lés par leur nom­bre et la raré­fac­tion des res­sour­ces, ont dû évo­luer pour ne pas dis­pa­raî­tre. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » et « c’est au pied du mur qu’on apprend à grim­per. »</p>
<p><strong>PS</strong> : Bonne année ! L’année 2009 pourra dif­fi­ci­le­ment déce­voir, ce sera son bon côté.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#rev-pnote-504-1" id="pnote-504-1">1</a>] <em>À moins que la théo­rie de l’évo­lu­tion simul­ta­née d’</em>Homo erec­tus<em> en </em>Homo sapiens<em> sur tous les con­ti­nents à la fois soit la bonne, mais j’ai cru com­pren­dre qu’elle était en perte de vitesse.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/12/29/Les-marges-des-deserts-berceaux-des-civilisations#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/504« Pour la Science » de décembre 2008 : sauropodes qui fermentent, mer Aral qui remonte.urn:md5:2ac77f157b3697c8438b8f4268b716022008-11-26T00:00:00+01:002011-06-02T11:00:19+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationcatastropheclimatconquête de l’inutileconquête spatialedinosauresdéterminismeeauenfantsenseignementgaspillageGauloisgéologieMarsmathématiquesoptimismeperspectivesciencetourismeécologieéducationémerveillement<p>Plein de petites choses.</p> <p>Un bon numéro de ma revue non informatique préférée. Sélection-flash (<em>en italique mes commentaires purement personnels</em>) :</p>
<ul>
<li>Un article sur la <strong>réforme du lycée</strong> où la part des sciences risque de ne pas sortir grandie, pour employer un euphémisme.<br /><em>Je ne ferai aucun commentaire sur notre Éducation nationale car je ne veux pas m’énerver.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur la <strong>vision des bébés</strong> : c’est très flou les premiers mois.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Union Européenne étudie comment encadrer le <strong>tourisme médical</strong> (<em>pas forcément un mal en soi</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le meilleur article : <em><strong>Les sauropodes, géants habiles</strong></em>. <br />Les sauropodes, ce sont ces diplodocus, brachiosaures, titanosaures et autres bestioles, herbivores gigantesques, les plus pesantes créatures terrestres connues.<br />Les dernières découvertes établissent que ces animaux étaient bien terrestres et pas amphibies, à sang chaud, et nettement plus actifs que les représentations anciennes de l’imaginaire collectif.<br />Les causes du gigantisme de la famille sont floues. Fondamentalement, les sauropodes étaient de gigantesques sacs à fermentation de conifères, et plus gros le tas à fermenter dans le ventre, plus grande la chaleur et meilleure est la fermentation, ce qui encourage le gigantisme de la panse. Le reste (protection contre les prédateurs, taille utile pour atteindre les arbres) était probablement du bonus. De plus, les jeunes croissaient à une vitesse impressionnantes, ce qui en dit long sur la solidité de leurs os.<br />Me fait toujours sourire la correspondance de ces énormes animaux avec les oiseaux actuels : en l’occurence, l’article mentionne des vertèbres creuses (pour alléger le cou) et les gastrolithes (cailloux dans le gésier pour aider à la digestion).<br />La position exacte du cou reste matière à discussion, ainsi que leurs capacités cérébrales (ils étaient sociaux donc pas forcément si crétins que la tradition le dit).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article a sans doute donné à un scénariste d’Hollywood les idées pour un film-catastrophe : <strong>la tempête solaire du millénaire</strong> nous pend au nez. J’en reparlerai ici. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Le-bug-solaire-qui-nous-pend-au-nez">C’est fait !</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article sur <strong>les dunes de Mars</strong> peut intéresser du monde. <br /><em>Le plus important pour moi réside dans les réflexions sur les théories sur la formation des dunes qui ont dû être revues après confrontation avec les photos satellite des déserts martiens : quelques mesures contre la désertification sur Terre viendront-elles indirectement des enseignements des dunes martiennes ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Si vous êtes <strong>migraineux</strong>, un article vous apprendra que :</li>
</ul>
<ol>
<li>vous avez quelques centaines de millions de compagnons de souffrance, et :</li>
<li>la cause est une tare dans vos gênes.</li>
</ol>
<ul>
<li>L’autre article passionnant du numéro porte sur la <strong>Mer d’Aral</strong>, cette mer asiatique dont le niveau baisse constamment depuis des décennies à cause des plantations de coton ouzbekhs et kazakhs, et actuellement réduite à une fraction de sa surface d’autrefois. L’article relate les tentatives, notamment kazakhs, de sauver des parties de la mer ou au moins des écosystèmes parallèles. Le problème est principalement économico-humain (l’irrigation gaspille l’équivalent du débit des fleuves qui s’y jettent encore) mais la tonalité est optimiste.<br /><em><a href="http://www.dinosoria.com/mer_aral.htm">Voir aussi cette page avec quelques photos impressionnantes</a>.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Ceux que l’<strong>ordinateur quantique</strong> intéresse apprendront que des progrès ont été réalisés grâce à des chaînes d’ions. Moi j’attends de voir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cinq pages intéressantes sur l’<strong>historique de la jachère</strong>.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article mensuel de l’excellent Jean-Paul Delahaye sur la <strong>dissection articulée de polygones</strong> m’a personnellement laissé froid. À voir tout de même, <a href="http://www.cs.purdue.edu/homes/gnf/book2/Booknews2/lalanne.html" hreflang="en">l’impressionnante photo d’une application en menuiserie</a>. Une autre application possible serait l’auto-organisation des nanoparticules selon le milieu.</li>
</ul>
<ul>
<li>Maintenant je sais comment fonctionnent les <strong>chaufferettes chimiques</strong> à base d’acétate de sodium en surfusion. Ce n’est <em>pas</em> le clic du petit bout de métal qui déclenche la solidification !</li>
</ul>
<p>Pas la peine d’acheter le magazine rien que pour ce qui suit, ce sont des brèves :</p>
<ul>
<li>Un petit article sur <strong>les rayons X émis par le scotch</strong> qui se déroule !</li>
</ul>
<ul>
<li>L’hypertension est en partie liée au manque d’H2S dans le sang. Oui, c’est le gaz des boules puantes.</li>
</ul>
<ul>
<li>« La conjecture d’ergodicité quantique unique, qui prédit le comportement des systèmes chaotiques quantiques, est en partie résolue. »<br /> <em>J’en suis fort heureux.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une nouvelle méthode de prévision des tremblements de terre à base de détection de certains gaz libérés par les failles sous-marine évitera peut-être aux stambouliotes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#pnote-494-1" id="rev-pnote-494-1">1</a>]</sup> de finir en grand nombre sous leurs immeubles le jour du Big One. <br /><em>N’achetez pas dans l’immobilier local sans certitude absolue du respect des normes antisismiques de l’immeuble. Dans ce cas, la corruption tuera.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les Gaulois clouaient bien les têtes de leurs ennemis à leur maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains gènes s’expriment au hasard. <br /><em>Le déterminisme génétique pur et dur prend un nouveau coup.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#rev-pnote-494-1" id="pnote-494-1">1</a>] <em>Habitants d’Istanbul.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/494Coloniser le désert de Gobi plutôt que Marsurn:md5:45b82bb0348d0d477ca2729527ce7e752008-02-19T20:08:00+00:002011-05-26T19:14:06+00:00ChristopheMarsbesoinbon sensChinecivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecourt termedilemmedommagedémographieeaueffet de serreenvieEuropeexaptationgigantismegravitationincohérenceintelligence artificielleMarsmytheoptimisationparadoxepessimismerobotssciencescience-fictionspéculationéconomieÉtats-Unisévolution<p>Une provocation de Bruce Sterling : pourquoi conquérir un but aussi éloigné que Mars quand les déserts terrestres nous tendent les bras ?</p> <p>C’était en 2004. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruce_Sterling">Bruce Sterling</a>, rien moins que l’un des fondateurs du mouvement SF <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyberpunk">cyberpunk</a>, ramenait violemment sur Terre tous les rêveurs qui, de moi à <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche">Brian Aldiss</a> ou <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">Kim Robinson</a>, s’imaginent entamer la colonisation de Mars dans quelques décennies au maximum.</p>
<blockquote><p><em><a href="http://www.boingboing.net/2004/01/08/sterling_ill_believe.html" hreflang="en">“I’ll believe in settling Mars when I see people settling the Gobi Desert.”</a></em> <br /> <br />(« Je croirai à la colonisation de Mars quand je verrai des gens coloniser le désert de Gobi. »)</p></blockquote>
<p>Son idée est que Gobi est sans intérêt, et trop inhospitalier pour bon nombre de raisons. Et les gens qui s’y établiraient délibérément seront les premiers candidats à la vie sur une Mars qui est mille fois plus aride, plus inhospitalière que Gobi. Il ajoute que la civilisation possédant une technologie capable de terraformer Mars se sera d’ailleurs elle-même transformée en chemin, ce qui rend vaine toute supposition sur ses motivations. (Le thème des humains modifiés, génétiquement ou par implants, occupe d’ailleurs la place centrale de ses livres.)</p>
<p>Sterling ne dit pas qu’<em>aller</em> sur Mars, ou y laisser une base avancée, est utopique. Des scientifiques occupent des bases en Antarctique, mais personne ne songe à <em>coloniser</em> ses arpents de neige. Ce sera pareil pour Mars.</p>
<p>(Fin de résumé/paraphrase.)</p>
<p>Diantre, que de pessimisme de la part d’un personnage qui par profession serait normalement plus enclin à voir l’homme se répandre dans la Galaxie ! Mais le rêve n’empêche manifestement pas de savoir garder les pieds sur terre.</p>
<h3>Le Paradis de Gobi contre le cauchemar martien</h3>
<p>On aura beau jeu de rétorquer que le désert de Gobi <em>est</em> habité. <a href="http://dinosoria.com/desert_gobi.htm">Par quelques nomades mongols et leurs troupeaux</a>. Pourtant Gobi fait partie d’un pays surpeuplé, la Chine. Si Mars était seulement aussi aride — et malgré tout « habitable » — que Gobi, ou que la froide Sibérie, ou que le Kalahari, et distant d’un jour de marche, oui, certains nomades et quelques ermites iraient sans doute s’y établir.</p>
<p>Mais Mars est à 55 millions de kilomètres (strict minimum), les tempêtes y sont apocalyptiques, et il n’y a rien à y respirer. Les habitants de Gobi ne possèdent pas d’astronef interplanétaire, ont besoin d’oxygène, et ne doivent pas considérer leur zone comme surpeuplée, donc ils ne vont pas sur Mars.</p>
<p>À l’inverse, des habitants de zones surpeuplées cherchant de la place ne vont même pas dans les déserts proches (Gobi, Sahara ou Arizona). Et ce alors que la technologie humaine, antique ou actuelle, y permet la survie, et que le lien avec les zones plus peuplées est « rapide » (des heures d’avion ou des jours de chameaux au pire). Exception : Las Vegas, qui n’est là justement que comme partie d’une nation beaucoup plus habitable.</p>
<p>Pour Mars, il faut des mois de voyage, et le soutien technologique d’une superpuissance pour y survivre. Pour les mêmes raisons que Mars, l’Antarctique n’est pas colonisée (au pire elle sera exploitée pour son pétrole, son cuivre ou son zinc par quelques techniciens).</p>
<h3><em>Freakonomics</em> appliqué à Mars</h3>
<p>Bref, comme dirait <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner">Levitt</a>, finalement c’est économique, on ne va que là où c’est économiquement réaliste.</p>
<p>Ajoutons trois choses :</p>
<p>D’abord, même si envoyer du monde sur Mars devenait aussi facile que vers la Lune grâce à Dieu sait quel mode de propulsion, et devenait cent fois moins cher grâce à la mise en place d’un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, une colonisation massive (des millions de personnes) resterait utopique, ou serait en tout cas effroyablement ruineuse. Bref, Mars deviendrait au mieux un territoire vierge où on rencontrerait ici ou là un hameau, une base scientifique, une petite ville. On est loin de l’Europe du XIXè siècle qui déversait ses excédents de population en Amérique.</p>
<p>Ensuite, la motivation des colons entre évidemment en compte. Qui va effectuer un voyage dangereux, long (des mois, probablement), pour un lieu désolé, où rien ne pousse, où il n’y a aucune industrie ? Des scientifiques, des fous, des aventuriers, des touristes, des techniciens du calibre de ceux qui vont sur les plate-formes pétrolières. (Les pauvres désespérés, SDF parisiens ou paysans du Sahel, ne pourront jamais s’offrir le billet, et personne ne leur offrira sans bonne raison, notamment sans une société martienne <em>déjà</em> présente.)</p>
<p>Vu le prix du billet, du séjour et du ravitaillement, et l’ensoleillement, je doute cependant que Mars devienne une destination aussi courue que les plages tunisiennes ; en tout cas il ne faut pas espérer qu’une société martienne puisse vivre des quelques touristes qui pourront aller là-bas juste admirer <em>Valles Marineris</em>.</p>
<p>D’autre part, pour « exploiter » les touristes, il faut une infrastructure déjà en place, donc du monde, ce que n’importe quel pays du Tiers Monde possède, mais pas Mars. Ce monde (conjoints, famille, médecins, coiffeurs, policiers, administratifs...) viendra en soutien des travailleurs (techniciens miniers ou GO du Club Méd’), et donc on revient au problème principal : que faire sur Mars d’intéressant, c’est-à-dire d’<em>économiquement rentable</em> ?</p>
<p>Enfin, notre espèce n’est peut-être sociale, mais elle est en tout cas grégaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-1" id="rev-pnote-354-1">1</a>]</sup>. La surpopulation locale n’est pas un problème : le taux d’urbanisation s’envole depuis deux siècles, les Chinois s’entassent sur leur côte est, les Américains dans quelques mégalopoles, les Français pour une bonne partie en région parisienne, etc. Le désert de Gobi n’est pas près d’être colonisé quand la Creuse, bien plus accueillante, se dépeuple. La population mondiale a explosé, mais les guerres pour des terres à coloniser n’existent quasiment plus entre États modernes. Nous ne sommes plus à l’époque des grands défrichements de l’apogée du Moyen Âge, ni de la conquête du <em>Far West</em> par des fermiers arrivés d’une Europe surpeuplée : dans notre civilisation industrielle les gens vont là où il y a du travail, et tant pis pour les prix délirants de l’immobilier. Je ne crois pas au télétravail pour inverser rapidement et massivement la tendance.</p>
<h3>Trop cher</h3>
<p>Oui, la conquête de Mars est romantique, c’est la prochaine étape de la conquête spatiale, le premier des objectifs difficiles, lointains mais réalistes que nous pouvons nous donner. Les Américains ou les Chinois iront sur Mars, oui, motivés d’abord par la gloriole. Et comme pour la Lune, ce sera sans doute juste pour planter un drapeau, collecter quelques cailloux, et repartir. Le prix effroyablement élevé d’une base permanente ne se justifie que très difficilement, alors pour une population plus importante, il faudra un intérêt économique supposé, même aléatoire.</p>
<p>Pour la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Station_spatiale_internationale">station spatiale internationale</a>, la justification scientifique est déjà tellement « limite » que les gouvernants hésitent à lâcher les milliards nécessaires. C’est d’ailleurs là que se situe le principal obstacle pour des projets de cette échelle : seuls des gouvernements d’États-continents (USA, Chine, Europe) peuvent aligner l’argent ; les projets privés sont irréalistes. Et un gouvernement est imperméable au romantisme. Christophe Colomb a été sponsorisé par l’Espagne pour rechercher des routes commerciales, pas pour faire de la recherche fondamentale en géographie.</p>
<p>Pour relancer la conquête de la Lune, <a href="http://www.onversity.net/cgi-bin/progactu/actu_aff.cgi?Eudo=bgteob&P=00000910">la NASA parle d’y chercher l’Hélium-3 qui alimenterait les centrales à fusion de la deuxième moitié du siècle</a>. Objectif douteux, et trop lointain, vaguement plausible. Mais la Lune est à trois petits jours de voyage. Accessoirement, pour utiliser des centrales à fusion à hélium, il faudrait déjà maîtriser celles à hydrogène — on en reparle en 2060.</p>
<p>J’ai du mal à imaginer ce qui serait exploitable sur Mars. Du pétrole ? Il aurait fallu des forêts autrefois. Du minerai ? Lequel ? Du CO₂ ? Nous en avons même trop, et Mars pas assez. Cependant, même si des mers de pétrole ou des mines de platine pur y était découvertes, le prix du transport serait tel que cela n'en vaudrait pas la chandelle. Quant à d’autres besoins... lesquels ? Que pouvons-nous faire sur Mars (hors l’étude de Mars) qui ne soit possible beaucoup plus près comme sur Terre, sur la Lune, ou simplement dans l’espace même, en orbite proche ou pas ?</p>
<p>La recherche d’une vie sur Mars est un objectif justifiant d’y envoyer des scientifiques, mais pas des colons. Ajoutons l’argument qui veut que pour le prix du billet d’un humain, on pourrait y envoyer une flotte entière de robots, certes limités, mais bien moins chers, et peut-être suffisants — en tout cas les gestionnaires qui lâcheront les crédits le verront comme ça. La robotique avance d’ailleurs plus vite que l’astronautique interplanétaire, et le retour sur investissement est plus rapide (les avancées technologiques se retrouvent très vite appliquées à l’industrie terrestre).</p>
<h3>Un pic à franchir</h3>
<p>Il ne s’agit pas de nier que la colonisation de Mars, sur le long terme, serait forcément une mauvaise opération. La conquête de la Lune a été remboursée plusieurs fois par les innovations qui ont été ensuite recyclées dans le « civil », l’envoi d’une mission sur Mars pourrait se justifier aussi ainsi. Sur le très long terme, que l’homme se répande sur une deuxième planète est un gage de survie à long terme de l’espèce. De là à investir massivement dans une colonisation... Notre époque a l’obsession du <a href="http://www.chef-de-projet.org/ROI.htm">retour sur investissement</a> rapide, et la terraformation est lointaine, aléatoire, et sans intérêt immédiat.</p>
<p>Sauf invention révolutionnaire par définition imprévisible, ou décision d’un gouvernement très volontaire qui aime les grands travaux (les Chinois ?), la colonisation martienne est face à un « mur de potentiel ». Le transport de la moindre denrée ou matériel est hors de prix. Si une justification économique existait (un minerai quelconque ?), et que notre société décidait collectivement d’aller l’exploiter, les masses d’argent en jeu nous pousseraient à les investir plutôt dans la substitution.</p>
<p>Or aucune colonisation ne démarrera sans justification économique. Le tourisme ou l’exploitation secondaire de ressources marginalement rentables suivrait sans doute si un premier circuit économique est en place. Mais, encore une fois, lequel ???</p>
<p>Deuxième mur de potentiel : toujours pour des raisons économiques et de protection de la vie humaine, une entreprise investissant dans Mars cherchera plus à y placer des robots que des humains. De l’exploitation sans colonisation donc. Même si ces robots se trouvent pilotés par des humains en réalité virtuelle, voire des trans-humains numérisés qui se téléchargeraient dans les robots — peut-on parler de colonisation dans ce cas ?</p>
<h3>Terraformation</h3>
<p>La colonisation de Mars (et non juste une tête de pont) n’a effectivement
pas de sens sans terraformation de la planète. Celle-ci est hors de portée. Il faudra donc attendre un temps où nous aurons les capacités d’oser même y penser. Mais la facture sera très salée et la terraformation étalée sans doute sur des siècles. Le personnel nécessaire justifierait un début de colonisation, mais la « rentabilité », certes positive sur le très long terme (nous serions enfin à l’abri d’une catastrophe globale sur Terre<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-2" id="rev-pnote-354-2">2</a>]</sup>) serait contrebalancée par le coût énorme à supporter pendant longtemps.</p>
<p>Ce peut être une décision politique (« Offrons-nous une deuxième planète !») qu’une société plus volontaire que la nôtre prendra peut-être. Ce peut être un moyen délibéré d’investir dans la recherche massivement, et qu’importe le but — mais pourquoi ce but-là (soyons cynique : terraformer Mars est plus clinquant que de sortir la moitié de l’humanité de la misère) ? Imaginons un rebond de la natalité occidentale couplé à de nouvelles inventions, ou un maintien du volontarisme chinois d’aller toujours plus avant, ou (comme dans la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">trilogie de Robinson</a>) une quasi-immortalité acquise par la médecine, nous rendant capables de planifier des projets aussi longs, et les justifiant par la place à conquérir. On en est donc réduit à imaginer des justifications de science-fiction.</p>
<p>Bref, si une vraie conquête de Mars est lancée ce siècle, ce ne sera probablement pas une décision rationnelle. L’humanité, il est vrai, en prend rarement collectivement.</p>
<h3>La prédiction est toujours difficile, surtout en ce qui concerne le futur</h3>
<p>Quand on se lance dans une telle discussion, il est toujours facile de trouver des exemples et contre-exemples sur le dépassement des limites économiques apparemment infranchissables. Les murs de potentiel s’effritent avec la technologie.</p>
<p>En cinquante ans, nous avons pris l’habitude de transporter des quantités monstrueuses de marchandises périssables ou très bon marché d’un hémisphère de la planète à l’autre ; cela aurait semblé utopique il n’y a pas si longtemps. Utiliser les tendances et contraintes actuelles pour prévoir le futur est toujours une manière efficace de se tromper, et une découverte par définition imprévisible peut redistribuer les cartes : un moteur quelconque pourrait raccourcir le voyage vers Mars à deux semaines, ou une percée spectaculaire dans l’ascenseur spatial, ou une autre technologie pourrait réduire le coût massivement et, couplé au manque criant de matières premières sur Terre, lancer une exploitation minière rentable des planètes et astéroïdes proches. Ou les contraintes écologiques terriennes enverront progressivement toutes les usines polluantes sur la Lune voire plus loin.</p>
<p>J’aime beaucoup la formule « <em><a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=287435&cid=20463705" hreflang="en">someone with a dream will harness the resources necessary to profit from the benefits that you cannot yet foresee.</a></em> ». Des <a href="http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/univers/d/hotel-spatial-et-si-le-reve-devenait-realite-maj_9315/">entreprises privées</a> tentent bien déjà un <a href="http://space.xprize.org/x-prize-cup/" hreflang="en">accès autonome</a> à l’espace, souvent comme « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Armadillo_Aerospace" hreflang="en">danseuse</a> » d’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_D._Carmack" hreflang="en">un milliardaire</a>. Mais l’investissement privé, sur le long terme, ne se maintient que s’il trouve une justification économique, les richissimes aventuriers ne jouant que le rôle de catalyseurs.</p>
<p>À l’inverse, une confiance aveugle dans l’avenir est aussi un moyen de se tromper. La Lune a bien été conquise — et ça n’a <em>rien</em> lancé. Toute l’histoire de l’astronautique depuis tourne uniquement autour de l’exploitation économique de l’espace proche (les satellites espions, météo, de communication, scientifiques...) et d’une poignée de sondes lointaines, dans l’attente de l’avancée technologique qui relancerait la machine. Quant à ces évolutions, d’une part elles ne se décrètent pas, d’autre part elles nécessitent des investissements, du temps, et une société accueillante pour fleurir.</p>
<h3>Échelle de temps</h3>
<p>Attention, je ne parle ici que du court et moyen terme, disons le XXIè siècle. Sur plus d’un siècle, tout et n’importe quoi peut se passer, surtout ce à quoi nous ne nous attendons pas. Dans mille ans, les contraintes économiques auront changé, et le tourisme sur Mars sera peut-être devenu un caprice accessible à beaucoup. La terraformation sera peut-être en cours voire achevée. L’intérêt minier de Mars sera peut-être réel, rien que pour alimenter l’économie locale. Après tout, dans la <em><a href="http://gotomars.free.fr/voie.html">Voie martienne</a></em>, Asimov décrit bien des Martiens obligés d’aller chercher leur précieuse eau dans les anneaux glacés de Saturne. Ou bien l’humanité sera peut-être réduite à quelques pauvres hères sur une planète cuite à l’étouffée dans son CO₂, incapables d’aller plus loin que la prochaine oasis.</p>
<p>Et même : comme le conclut Sterling, une civilisation capable de coloniser Mars aura sans doute bien mieux à faire que de s’occuper d’un caillou sans vie. Les mondes virtuels, ou des civilisations se construisant carrément leurs petits paradis dans l’espace interplanétaires, ne constituent que deux exemples. Ou encore, avant Mars, cette civilisation aura sans doute déjà cherché à occuper des zones inoccupées comme Gobi ou la Sibérie (encore une fois, pour y faire quoi ?). Alors, le clone numérique de Sterling croira peut-être à la colonisation martienne.</p>
<p>De toute manière, comme le remarque aussi Sterling, à quoi ressembleront les humains à cette époque ? J’ai évoqué des trans-humains qui se téléchargeraient dans des robots, ou des gens vivant uniquement en réalité virtuelle, il y a aussi le cas des cyborgs pouvant vivre n’importe où. Quels seraient les limitations et les besoins de tels « humains » ?</p>
<p>Enfin, donnons tout de même une dernière raison pour laquelle Mars sera peut-être terraformée quand le désert de Gobi restera sans vie : le sain conservatisme écologique. Nous commençons tout juste à comprendre comment fonctionne notre planète, et quand on lit ici ou là que les poussières du Sahara fertilisent l’Amazonie ou que les Rocheuses impactent le climat européen plus que le Gulf Stream, il est clair que terraformer une <em>autre</em> planète est moins risqué que de vouloir « finir » la terraformation de la seule que nous ayons pour le moment.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Devoir pour moi-même ou mes descendants, en 2100 voire avant : dans ce billet, qu’est-ce que je n’ai <em>pas</em> vu qui semblera tellement évident quelques décennies plus tard, et qui flanque par terre tout le raisonnement ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-1" id="pnote-354-1">1</a>] Dixit <em>John Brunner</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-2" id="pnote-354-2">2</a>] <em>Mais toujours pas d’une guerre mondiale, cette fois interplanétaire, qui emporterait les deux planètes, et l’humanité par la même occasion.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/354« SplasH2o » par la compagnie Houppzurn:md5:485315adeaae500f7a1d0a28e8fd91252007-10-28T10:51:00+00:002009-07-04T17:32:23+00:00ChristopheHumoureauhumouroptimismepérimésurréalisme <p>La <a href="http://www.houppz.com/fr/">compagnie Houppz</a> est québéco-franco-torontienne. Son dernier spectacle vaut le coup d’œil. On alterne scènes de mime pur, de danse (parodique), de <em>sketchs</em> dont le seul prétexte commun est l’eau. C’est burlesque, très visuel, dans tous les cas hilarant. J’ai adoré. Chapeau bas pour la performance physique.</p>
<p>D’après le site, les représentations qui viennent d’avoir lieu en Alsace<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/28/436-splash2o-par-la-compagnie-houpzz#pnote-395-1" id="rev-pnote-395-1">1</a>]</sup> sont les dernières prévues pour le moment, j’espère les revoir avant longtemps. (<strong>Note de 2009</strong> : Leur spectacle suivant, complètement burlesque, à Geispolsheim il y a quelques semaines, plutôt clownesque, a beaucoup plu à petit Rémi.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/28/436-splash2o-par-la-compagnie-houpzz#rev-pnote-395-1" id="pnote-395-1">1</a>] <em>Non, les Parisiens, pour une fois ce n’était pas pour vous.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/28/436-splash2o-par-la-compagnie-houpzz#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/395“Red Mars”, “Green Mars”, “Blue Mars” de Kim Stanley Robinsonurn:md5:0a40dae22e0533869c05c44ac1166a162007-06-01T07:47:00+00:002009-07-04T18:02:58+00:00ChristopheMarsauto-organisationcatastropheChinecivilisationcolonisationcommunismeconquête spatialecynismedilemmedémocratiedémographieeaueffet de serregigantismegéopolitiquehard scienceimpérialismeIndelibertélivres lusMarsmythenatureoptimismeouverture d’espritpessimismepolitiquepsychologieRésistancesciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsterrorismeténacitéutopieécologieéconomieémerveillementÉtats-Unisévolution<p>La Trilogie martienne est <ins>LA</ins> référence en matière de science-fiction réaliste sur la colonisation de Mars</p> <p>La trilogie <em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-1" id="rev-pnote-313-1">1</a>]</sup> est <em>le</em> livre de SF sur la colonisation et la terraformation de Mars. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Robinson</a> a effectué un travail de titan pour rendre plausible chaque étape du processus.</p>
<p>Les trois tomes se réfèrent aux trois étapes de la transformation de la planète en petit paradis :</p>
<ul>
<li>Encore vierge, Mars est rouge et hostile. Les humains y débarquent (les premiers, « les Cent », servent de fil conducteur aux livres) et s’installent petit à petit. Les effets de la terraformation ne sont pas encore visibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la montée des températures et l’apparition d’une véritable atmosphère dense, le lichen et les plantes se répandent, Mars devient verte. La colonisation devient massive, en provenance d’une Terre épuisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <em>permafrost</em> martien fond, l’eau liquide ne s’évapore plus, des mers apparaissent, et l’atmosphère devient enfin respirable : Mars devient bleue.</li>
</ul>
<p>Transformer aussi profondément une planète exige des centaines d’années au strict minimum. Pour couvrir la période entière en gardant les mêmes personnages, Robinson leur a offert la quasi-immortalité grâce aux progrès de la médecine. On suit donc « les Cent » au travers des trois tomes, de leurs premiers pas sur le caillou mort aux bains de soleil au bord de la nouvelle mer boréale. Robinson se concentre sur une dizaine d’entre eux, et certains de leurs descendants. Il ne lésine pas sur les introspections psychologiques et les analyses des rapports entre personnages. Cela est plaisant quand les relations interpersonnelles sont le reflet des nombreux affrontements politiques ou philosophiques qui traversent cette histoire de la colonisation martienne ; mais à d’autres moments le propos en est désagréablement alourdi (ces pavés sont pourtant déjà assez lourds).</p>
<p>Le plus intéressant, surtout pour un ingénieur et scientifique comme moi, réside dans l’arsenal de techniques déployées pour transformer le désert martien en contrée bucolique. Le mécanisme de base est similaire à l’effet de serre qui nous préoccupe tant sur Terre : l’atmosphère martienne est saturée de CO2 mais son épaisseur est trop faible. Tous les moyens seront donc bons pour ajouter du CO2. Certaines autres techniques utilisées pour gagner quelques degrés sont de la science-fiction pure, notamment la création d’une lentille orbitale pour concentrer les rayons du soleil.</p>
<p>Autre réalisation titanesque, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, l’invention qui ferait chuter le coût de la masse en orbite et rendrait enfin l’exploration spatiale bon marché. Quand ce câble qui monte littéralement jusqu’à l’espace est saboté et s’enroule autour de l’équateur martien, il provoque la plus impressionnante des « séquences catastrophes » de la trilogie.</p>
<p>La politique martienne démarre dès les premiers pas des Cent sur la planète. Très vite, les explorateurs sont divisés entre « Verts » (partisans de la terraformation) et « Rouges » (opposants, qui considèrent que Mars doit être préservée). Cette division perdurera chez les descendants et parmi les nombreux colons qui suivront. Politiquement et économiquement, Mars expérimente de nombreux systèmes : les villes naissantes gravitent dans le capitalisme caricatural des métanationales, tandis que les zones à peines habitées testent l’économie du don. De chacune des cités martiennes naîtra un modèle de civilisation différent ; diversité à laquelle les immigrés (y compris Arabes, Indiens, Chinois, Robinson n’est pas trop américano-centrique... ) ajouteront la leur, avec également leurs conflits.</p>
<p>La politique martienne ne se conçoit effectivement pas sans intervention terrestre. Quand ce ne sont pas les métanationales qui dictent leur loi, les nations les plus peuplées d’une Terre en plein chaos climatique exigent que leur population puisse se déverser dans la dérisoire soupape de sécurité martienne. Mais transférer une fraction significative de la population terrienne est illusoire, et le peu qui est possible saturerait déjà les capacités d’absorption de la jeune civilisation martienne, en la précipitant dans le chaos. En retour Mars, creuset politique et technologique, influence la Terre bien au-delà de sa petite population. Une fois la liberté acquise, qu’en faire ? L’isolationisme est tentant mais dangereux.</p>
<p>Bref, dans leur quête pour une planète habitable - et libre - les Martiens ne seront pas au bout de leur peine. Tout amateur de <em>hard science</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-2" id="rev-pnote-313-2">2</a>]</sup> un peu intéressé par la politique-fiction sera comblé.</p>
<p>Pinailleur comme je suis, j’aurais quand même quelques reproches à faire à la trilogie. Sur la forme, il y a quelques pages en trop sur les huit cents de chaque tome. Mais certains lecteurs apprécieront peut-être plus que moi les angoisses existentielles, voire amoureuses, des Cent, et voudront au contraire sauter les descriptions techniques.</p>
<p>Sur le fond, mon principal problème repose sur l’évolution de la Terre qui meurt. La trilogie a déjà dix à quinze ans (les parutions originelles datent de 1992 à 1996) et le futur a rattrapé partiellement la fiction. Dans cette fresque qui s’étale sur au moins deux siècles, la Chine et l’Inde semblent figées dans leur rôle prévisible dans les années 1990, futures superpuissances surpeuplées pas vraiment « mûres ». Or l’<a href="http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/POP910.doc.htm">ONU prévoie une stabilisation de la population mondiale avant 2100</a>, et le déclin démographique de la Chine est pour la prochaine génération : on peut être sûr que le futur ne sera <em>pas</em> comme prévu par Robinson. Surtout en 2300.</p>
<p>(Facile à dire, après coup. Faire de la prospective sans tomber dans le prolongement plus ou moins conscient des tendances actuelles est une mission impossible).</p>
<p>Les problèmes écologiques de la Terre semblent un peu artificiels. Robinson introduit de catastrophiques volcans antarctiques quand le réchauffement planétaire « normal » aurait suffi - mais en parlait-on autant en 1992 ?</p>
<p>Un trait américain de l’auteur surgit dans les révolutions martiennes (une dans le premier tome, une dans le second qui se prolonge dans le troisième) : les Martiens auront-ils vraiment envie de calquer leur histoire sur celle de la naissance des États-Unis ? Il est vrai que le rythme du récit y gagne.</p>
<p>En résumé : un gros pavé pour ceux qui aiment construire des mondes, et ne rechignent ni à la technique, ni à l’utopie. Un des monuments de la science-fiction récente dans ce qu’elle a de plus sérieux et fouillé. Quand je vois une carte de Mars, à présent, je rêve aux villes qui y seront peut-être un jour. Mon rêve est de me payer un voyage dans <em><a href="http://www.nirgal.net/valles.html">Valles Marineris</a></em> pour mon centenaire - sait-on jamais ?</p>
<hr />
<p>Autres sites sur cette trilogie :<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars">Article Wikipédia</a><br />
<a href="http://branchum.club.fr/mars.htm">http://branchum.club.fr/mars.htm</a><br />
<a href="http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html">http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-1" id="pnote-313-1">1</a>] <em>En français : </em>Mars la rouge<em>, </em>Mars la verte<em>, </em>Mars la bleue<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-2" id="pnote-313-2">2</a>] <em>Branche de la science-fiction la plus attachée à la plausibilité scientifique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/313Le scandale du DHMOurn:md5:0e3294d84b89c4ef5667577c3d4ee0512007-05-31T07:30:00+00:002011-04-06T20:31:43+00:00ChristopheScience et conscienceeauhumourperspectivepessimismepollutionscienceécologie<p>Je n’ai pas le temps de faire autre chose qu’un billet rapide, mais le scandale est trop important : un composé hautement dangereux se diffuse dans le public depuis des lustres sans que personne réagisse !</p> <p>Allez vite voir le <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/">site de mise en garde contre les dangers du DHMO</a>. Ce composé à la limite entre la chimie organique et la chimie minérale est totalement négligé par les pouvoirs publics. Un extrait de la <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/facts.html">FAQ</a> :</p>
<blockquote><p>Parmi les périls du monoxyde de dihydrogène on peut citer : <br />
<br />
Des décès dûs à l’inhalation accidentelle, même en faibles quantités<br />
L’exposition prolongée à sa forme solide entraîne des dommages graves des tissus.<br />
L’ingestion en quantités excessives donne lieu à un certain nombre d’effets secondaires désagréables, bien que ne mettant pas habituellement en cause le pronostic vital.<br />
Le monoxyde de dihydrogène est un constituant majeur des pluies acides.<br />
Sous forme gazeuse, il peut causer des brûlures graves.<br />
Il contribue à l’érosion des sols.<br />
Il entraîne la corrosion et l’oxydation de nombreux métaux.<br />
La contamination de dispositifs électriques par du DMHO entraîne souvent des court-circuits.<br />
Sa présence, même en quantité réduite, diminue l’efficacité des freins automobiles.<br />
Il a été trouvé dans des biopsies de tumeurs et lésions pré-cancéreuses.<br />
Il est souvent associé aux cyclones mortels survenant notamment dans le centre des États-Unis.<br />
Des variations de température du monoxyde de dihydrogène sont soupçonnées de contribuer au phénomène climatique El Niño.</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/31/344-le-scandale-du-dhmo#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/308