Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - géologie<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Géohistoire » de Christian Grataloupurn:md5:478cf37f9b6a32f203931aaeb6a7c9a92023-12-29T18:48:00+00:002023-12-29T18:48:00+00:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcartescatastropheChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitédémographiedéveloppementeffondrementEmpireEmpire romainesclavageEuropeguerregéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndeMoyen Âgeorganisationperspectivepolitiquepouvoir d’acheterpétroleRenaissanceRussiesociétés primitivestempséconomieémerveillementénergieévolution<p>Les achats d’impulsion sont parfois les meilleurs. <em>Géohistoire</em> veut nous faire sentir <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geohistoire">tout l’impact de la géographie sur la manière dont tourne le monde</a>. Christian Grataloup nous expose la trame sous-jacente à l’histoire de bien des Empires, plus liée aux vents de mousson ou aux flux de capitaux à l’échelle continentale qu’aux généraux et mouvements politiques. La domination européenne est en bonne partie une conséquence de sa géographie. Notes de lectures.</p>
<h2>Il était une fois l’humanité…</h2>
<p>Et ça commence très tôt, par <em>Homo erectus</em> et sa lente diffusion à travers le monde, du moins les parties habitables accessibles à pied sec. Dès cette époque, notre espèce montre une rare adaptation à tant de milieux différents, des savanes africaines aux forêts humides aux steppes neigeuses de l’ère glaciaire. Des bras de mer sont franchis. Nos atouts : le feu, la construction de maisons, l’aiguille à coudre.</p>
<p><a href="https://arenes.fr/livre/geohistoire-2/" title="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Geohistoire-Christian_Grataloup-Arenes_2023_m.jpg" alt="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)" class="media-right" /></a></p>
<p><em>Homo sapiens</em> va encore plus loin, et même l’Amérique est envahie. À la fin de la glaciation ne restent inoccupées que des îles du Pacifique ou l’Islande, conquises vers l’An Mil au plus tard, et des zones polaires comme l’Antarctique.</p>
<h2>Axe & périphéries</h2>
<p>L’essentiel de l’histoire, de la démographie, des échanges de l’humanité, et depuis l’Antiquité, sont regroupées autour d’un « Axe » de l’Eufrasie (terme qui inclue bien l’Afrique dans le monde). Au départ, l’Axe va grossièrement de Gibraltar à la Chine du Nord via les côtes méditerranéennes, la Perse et l’Inde. Avec le temps, l’Axe s’épaissit, en premier lieu en incorporant toute l’Europe jusque la Scandinavie et Îles britanniques.</p>
<p>Sur cet axe s’échangent des biens ou des monnaies, et aussi des métaux précieux, une spécificité de l’Axe. Les latitudes étant voisines, les méthodes de culture ou domestication diffusent. Les idées circulent aussi, à commencer par les religions (monothéismes, bouddhisme…). Mais aussi des agents pathogènes : la Peste Noire est l’exemple le plus flagrant. Au fil du temps, toute la population de l’Axe acquiert une immunité à des germes, souvent transmise par des animaux d’élevage, et que d’autres peuples isolés ne connaissent donc pas, bientôt pour leur plus grand malheur.</p>
<p>Les Empires sur l’Axe se créent et se renouvellent en réaction à des menaces externes : Rome face aux barbares, la Chine ou les Empires indiens face aux envahisseurs des steppes. On note que les capitales (Pékin, Delhi, Trèves…) ont tendance à être proches des frontières menacées.</p>
<p>Des régions restent à la marge. L’Afrique d’abord, peu intégrée, peu peuplée, en contact toutefois avec l’Axe via quelques routes au travers du Sahel, et surtout toute la côte est. L’Insulinde est une zone fragmentée mais bien connectée à dominante commerciale. Sont à peu près isolés l’Australie et tout le monde polynésien, de Taïwan à l’île de Pâques, malgré les talents de navigation de ses habitants. Surtout, le continent américain entier est isolé depuis des dizaines de millénaires. Géographiquement beaucoup plus segmenté que l’Axe, il est aussi sans grand mammifère domesticable (et mangeable), ce qui aura son importance pour le développement des sociétés.</p>
<h2>Économies-monde polycentriques</h2>
<p>Les Empires sont des blocs en partie nés des impératifs de la culture (notamment la riziculture) et des attaques des nomades. D’autres parties de l’Axe évoluent en « économies-mondes », faute d’ennemi contre lequel s’unir. Il s’agit de l’Insulinde et, plus encore, de l’Europe. Celle-ci, bien que déchirée entre d’innombrables entités une fois disparu l’Empire romain, conserve son unité. Les frontières de l’Europe médiévale, et leur évolution, se repèrent très vite par la carte des mariages royaux. L’Europe, tout au bout de l’Eurasie, ne craint pas vraiment un envahisseur à grande échelle. Les Mongols s’approchent mais sont trop loin de leurs bases.</p>
<p>Étonnamment, une excroissance de l’Europe exposée, elle, aux attaques des steppes, reproduit le schéma de la conquête impériale à l’ancienne : la Russie. Une double origine et un dilemme national dont les conséquences perdurent.</p>
<h2>Les vents, les épices et l’or</h2>
<p>Pendant des millénaires, l’essentiel des échanges entre grandes masses humaines se fait via l’Océan Indien, de l’Afrique à la Chine. Les latitudes propices à la mousson permettent d’aller d’est en ouest et de ouest en est, sans trop de danger. La Route de la Soie n’est qu’un chemin secondaire, terrestre, plus dangereux, et lent, même si la Chine tente systématiquement d’en sécuriser les tronçons proches quand elle n’est pas sur la défensive.</p>
<p>Les périphéries fournissent ce dont les autres ont besoin : esclaves africains notamment, et depuis des siècles ; des fourrures ; des métaux précieux. La Chine et l’Inde exportent des biens manufacturées, textiles en premier lieu (cotonnades indiennes, soie…), mais aussi thé ou porcelaine. L’Insulinde exporte ses fameuses épices, dont le sucre. De tout cela les Européens sont friands. Mais ils ne peuvent rien produire eux-mêmes, et surtout pas la canne à sucre qui craint l’hiver. Et l’Europe n’a pas grand-chose à exporter, à part un peu de verre.</p>
<p>Pendant deux millénaires, l’or et l’argent européens servent à acheter des biens manufacturés ou des épices asiatiques (à destination des plus riches, bien sûr), et ces métaux précieux restent en Asie. Puis les techniques de navigation atteignent un niveau permettant d’aller plus loin, et le monde commence à changer.</p>
<p>D’un côté, la Chine impériale n’a pas <em>besoin</em> d’aller chercher des ressources ailleurs. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He">Flotte des Trésors de Zheng He</a> va peut-être loin, mais reste une exception trop coûteuse pour être renouvelée aux yeux de l’autorité centrale.</p>
<p>De l’autre, l’Europe a épuisé ses mines et manque de monnaie précieuse pour ses échanges. La multiplicité des acteurs, le rôle majeur des marchands, permettent les expériences. Le premier pas est la conquête de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Macaron%C3%A9sie">Macaronésie</a> par les Espagnols et les Portugais, un marche-pied dans l’Atlantique. On y inaugure le modèle de la plantation de canne à sucre avec esclaves africains. Les Portugais sont les premiers à dominer les vents et à acquérir les techniques pour arriver d’abord en Afrique noire, et acheter l’or du Mali sans intermédiaire. De comptoir en comptoir, les Portugais parviennent dans l’Océan Indien, profitent eux aussi des moussons, et mettent la main sur le très lucratif commerce des épices avec l’Asie.</p>
<p>Jusque là, pas de changement fondamental : l’Europe ouvre une voie d’accès périphérique (toujours lente et dangereuse) à l’Asie, mais l’on reste dans les échanges au sein de l’Axe. Le Portugal (1 million d’habitants) n’est démographiquement pas capable de tenir plus que des comptoirs, et craint plus ses rivaux européens envieux que les peuples « découverts ».</p>
<p>Christophe Colomb va tout changer. La connexion entre Ancien et Nouveau Monde était inévitable, et des contacts avaient déjà eu lieu (Vikings au nord et Polynésiens au sud). Une fois compris le régime des vents dans l’Atlantique et la nécessité de s’écarter de l’Afrique pour en profiter au mieux, il était fatal que les Européens accostent dans les Caraïbes ou au Brésil. Les Chinois ou les Japonais auraient pu le faire un jour ou l’autre, mais les Espagnols ont été les premiers à établir des colonies en Amérique, suivis par tous leurs voisins.</p>
<p>Ce qui intéresse les Européens, ce sont les contrées avec un climat sans hiver, en premier lieu pour la canne à sucre. Pour éviter la fuite des esclaves noirs, les îles sont privilégiées (et Louis XV sacrifiera pour elles bien les arpents de neige canadiens.) Les Anglais et les Français vont aussi au nord, à la recherche d’une voie directe vers l’Asie. Le prosélytisme, la curiosité scientifique ou le goût de l’exploration sont d’autres moteurs, mais annexes aux besoins commerciaux.</p>
<p>La conquête de l’Amérique du Centre et du Sud est rapide et facile. Les maigres effectifs hispaniques, avec à peine quelques chevaux et armes à feu, sont massivement aidés (involontairement, du moins au début) par les agents pathogènes inconnus des Amérindiens, et contre lesquels les habitants de l’Axe sont à peu près immunisés. L’effondrement de la population américaine (environ 90 % !) entraîne des troubles sociaux qui achèvent les sociétés. Tant de territoires sont libérés de l’agriculture (en Amazonie notamment) que le reboisement se traduit par une chute du CO₂ atmosphérique, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Little_Ice_Age#Destruction_of_native_populations_and_biomass_of_the_Americas">possible cause du Petit Âge glaciaire</a>. La main d’œuvre locale disparue, et faute de pouvoir motiver sa propre population à aller trimer dans les plantations, l’Europe se rabat sur la traite négrière à grande échelle, amplifiant la saignée du continent africain.</p>
<p>Grataloup se risque parfois à des uchronies. Parmi elles : des virus mortels auraient-ils pu traverser l’Atlantique dans l’autre sens ? Adaptés à une longue cohabitation avec beaucoup plus d’animaux d’élevage, les Eufrasiens avaient les probabilités pour eux… mais il n’aurait pas été impossible que nos ancêtres subissent une saignée symétrique à celle des Amérindiens.</p>
<h2>La domination européenne</h2>
<p>L’or et l’argent américain résolvent la crise monétaire européenne, on frôle même la surproduction. Parallèlement et grâce à ces ressources, le goût du sucre, du thé, du café, du tabac, du chocolat, se répand dans toute la société européenne, les besoins augmentent, justifiant la création des diverses Compagnies des Indes orientales. D’abord entreprises capitalistiques commerciales concurrentes destinées aux expéditions commerciales risquées, celles-ci finissent absorbées par leurs États respectifs, après avoir installé des ribambelles de comptoirs, devenus colonies ou protectorats. L’Europe exporte ses rivalités internes sur toute la planète. Colonies et protectorats changent de main, les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont un impact sur tout le commerce mondial, et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans">Guerre de Sept Ans</a> est quasiment une guerre mondiale.</p>
<p>Enfin, l’accès des Européens à des territoires sans hiver leur permet de tenter de produire eux-mêmes ce qu’ils achetaient avant. Après les cultures de la canne à sucre, du café et du chocolat se déploie celle du coton en Amérique du Nord (toujours grâce à la traite), ce qui permet de ne plus acheter d’indiennes (le tissu indien). Le thé reste longtemps une denrée qu’il faut acheter cher à la Chine. Pour rééquilibrer les échanges, les Britanniques (d’abord, puis avec les Français) du XIX<sup>è</sup> siècle se font narcotrafiquants : ils imposent aux Chinois l’opium des Indes britanniques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_l%27opium">Guerres de l’opium</a>).</p>
<h2>Révolutions</h2>
<p>Grataloup va jusqu’à suggérer que les nouvelles habitudes occidentales basées sur les productions tropicales ont alimenté la Révolution industrielle, qui a d’abord démarré par une meilleure alimentation : thé et chocolats sucrés représentent en effet quelques calories en plus. L’hévéa aussi en est un élément important.</p>
<p>La transition démographique commence en France, en partie grâce aux améliorations des routes au XVIII<sup>è</sup> siècle, éliminant les famines. Cumulant supériorité maritime, puis technologique et industrielle, et enfin démographique (¼ de la population mondiale en 1900), l’Europe impose son modèle d’États aux frontières délimitées, ce qui n’est pas une évidence partout. Surtout, les différents pôles européens créent chacun un Empire, d’un type nouveau puisqu’il associe une métropole dans le nord très éloignée de colonies, généralement tropicales. Certaines de ces colonies deviennent des États de culture européenne indépendants (États-Unis en premier lieu puis Australie, Afrique du Sud…).</p>
<p>La seconde vague de colonisation européenne au XIXè siècle tient plus de l’affrontement impérial qu’autre chose. Les nouvelles colonies, notamment africaines, ne rapportent pas autant qu’elles coûtent.</p>
<p>La domination européenne ne dure pas deux siècles. Le polycentrisme, qui a stimulé les découvertes et conquêtes, provoque le suicide de l’Europe dès 1914. Plus tard, le Tiers Monde reste centré sur ces régions tropicales tant convoitées par d’autres. La transition démographique rebat les cartes. Une autre géographie se met à influer sur les rapports de force dans le monde : celle du Carbonifère, dont nous brûlons les forêts fossilisées.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-G%C3%A9ohistoire-%C2%BB-de-Christian-Grataloup#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/877« Cette planète n’est pas très sûre » d’Alexis Jenni : pop science par un Goncourturn:md5:9e191eca8e7b4b36b59bf5d054ff4a5c2023-09-02T12:33:00+02:002023-09-02T11:34:33+02:00ChristopheScience et conscienceabominationapocalypseastronomieautodestructioncataclysmecatastrophecivilisationclimatcolonisationcomplexitécosmologiedinosaureseffet de serreeffondremententropieexaptationgigantismegéographiegéologielivres luspanspermieperspectivepessimismesciencetempsvolcansécologieéonsévolution<p>Les 5 Grandes Extinctions racontées par un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Jenni">détenteur du Goncourt</a>. Ce n'est pas de la littérature mais de la bonne vulgarisation. Alexis Jenni est d’abord prof de Sciences Nat’ (comme on disait autrefois), c’est cela qui transparaît, avec l’amour de la Science et de ses turpitudes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure.jpg" title="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure_s.jpg" alt="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)" class="media-right" /></a>
Dans l’histoire de la vie sur Terre, les extinctions principales n’étaient pas cing (<em>Big Five</em>) mais au moins six, plus celle en cours, quoique peut-être plutôt dix-huit, question de choix de seuil puisque la disparition et l’apparition des espèces est un phénomène continu, la moyenne est d’un million d’année d’existence pour les mammifères, et les pics sont des anomalies dans ce bouillonnement permanent, et cette phrase est trop longue comme certaines de celles de l’auteur.</p>
<p>Le propos est grand public, ouvertement « pop science ». Les termes techniques ne manquent pourtant pas. J’aurais aimé une petite frise chronologique des époques : si j’ai une vision claire de l’ordonnancement des Permien, Trias, Jurassique et Crétacé, c’est moins clair pour l’Ordovicien ou le Silurien. Merci Wikipédia pour les précisions.</p>
<p>Entre deux leçons de science, on croise Stephen Jay Gould, Lamarck et Darwin : à côté de géologie, il s’agit aussi d’évolution, et ces débats sont rarement scientifiques, et en disent beaucoup sur la société de l’époque. Le rôle du hasard sans but dans l’évolution est insupportable pour tant de monde, qui ressassent les mêmes arguments démontés depuis un siècle et demi. Gould dirait que la complexité des espèces n’est qu’une illusion : le monde reste massivement dominé par les bactéries et autres animaux minuscules.</p>
<h2>Limite K-T</h2>
<p>On commence par la plus connue et médiatique des extinctions, celle d’il y a 66 millions d’années, où les dinosaures ont disparu, ainsi que les ammonites et nombre d’animaux et plantes. C’est l’occasion d’un petit cours de géologie de base sur les couches de sédiments : leur nature dépend en bonne partie des animaux morts qu’ils contiennent, et la fameuse couche K-T (Crétacé-Tertiaire)<sup id="fnref:ts1693647273.1"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.1" class="footnote-ref" role="doc-noteref">1</a></sup> est justement vide de vie. Suit un exposé sur les différentes théories plus ou moins farfelues, les problèmes de datation, et la solution trouvée par Alvarez père & fils, décrite non comme un moment eurêka mais comme un bel exemple d’interdisciplinarité et de sérendipité. Alvarez fils, géologue, cherchait un moyen pour calculer la <em>durée</em> de cette couche K-T, et Alvarez père, astronome, eut une idée d’astronome : mesurer la quantité des métaux typiques des météorites, qui tombent des cieux avec une régularité de métronome. La quantité trouvée, astronomique (littéralement), mena immédiatement à l’hypothèse du caillou assassin.</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur comment fonctionne vraiment la science, loin de l’image éthérée de la tour d’ivoire et des froids raisonnements. Les pinaillages incessants, la mauvaise foi des partisans des théories battues en brèche, les différentes quasi culturelles entre différentes branches des sciences, les conséquences des batailles passées (le catastrophisme a été difficilement délogé au XIXᵉ, on n’allait pas le faire revenir !), même les éventuels noms d’oiseaux échangés… garantissent au final la solidité de la théorie finale <sup id="fnref:ts1693647273.2"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.2" class="footnote-ref" role="doc-noteref">2</a></sup>, ou l’améliorent. La théorie volcanique reste l’alternative la plus plausible à la météorite, mais elle ne résista pas aux dernières découvertes archéologiques, notamment à Chicxulub. S’il y eut des éruptions monstrueuses en Inde vers cette époque, il est significatif qu’elles aient eu lieu aux antipodes du point d’impact, une éventuelle activité ayant été empirée par l’onde de choc. Au passage, petite explication d’un hiver nucléaire.</p>
<p><a href="https://pxhere.com/en/photographer/3176923" title="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Diplodocus_comete-ChristianMR_via_pxhere.com-CC0_m.jpg" alt="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)" class="media-right" /></a>
Alexis Jenni se plaint que les gens ne soient pas comme lui fascinés par la couche K-T quand elle est si proche (il y a un <em>spot</em> au pays basque), ou même d’habiter à Chixculub. Je partage cet effarement, ça me remuerait d’être proche d’un témoignage d’un tel événement.</p>
<h2>Du Permien au Trias</h2>
<p>Ensuite on enchaîne sur la pire extinction : le Permien, 252 millions d’années en arrière, bien avant les dinosaures. Une période étouffante, avec très peu d’oxygène, avec un méga continent unique, des eaux trop basses… et donc peu de traces. La couche de transition est encore plus pauvre en carbone 12 (végétal, vivant) que la couche K-T. Des restes de champignons : beaucoup de bois mort. Les indices s’accumulent : la période déjà chaude (36 degrés de plus que la nôtre !) a été suivie d’une véritable cuisson.</p>
<p>Et cette fois le coupable semble bien volcanique, et sibérien, avec plein d’effets en cascade. (J’avais déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">parlé de l’extinction du Permien</a>.) Notre civilisation ne part pas d’aussi chaud, mais on y va tout droit.</p>
<p>À cause du début du fractionnement de la Pangée et du volcanisme, une extinction moins grave (« juste » les ¾ des espèces) a lieu entre Trias et Jurassique, ouvrant le premier âge d'or des dinosaures.</p>
<h2>Du Dévonien au Carbonifère</h2>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D_Terrelli.png" title="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/animaux/Devonien/.Dunkleosteus-par_Entelognathus_via_Wikipedia-CCBYSA4.0_m.png" alt="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)" /></a></p>
<p>On revient encore 100 millions d’années en arrière. La fin du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9vonien">Dévonien</a> voit deux ou trois pics d’extinctions sur une Terre pourtant luxuriante « dominée » par les poissons. Parmi eux, les premiers tétrapodes, qui, dans leurs mangroves encombrées, commencent à se demander si ça ne serait pas mieux sur terre. Cette fois, la cause de l’extinction serait la vie elle-même : le succès des forêts aurait entraîné une masse de sédiments vers les mers peu profondes de l’époque, devenues alors invivable pour nombre d’espèces. (La belle autorégulation de la planète est donc une légende, même à l’échelle de quelques millions d’années.) Cerises sur le gâteau : une glaciation pour faire chuter le niveau des mers (dit Wikipédia) ; puis un coup d’effet de serre pour détruire la couche d’ozone.</p>
<h2>De l’Ordovicien au Silurien</h2>
<p>On est presque un demi-milliard d’années dans le passé : pendant que des bestioles tenant du scorpion géant croisent dans les océans grouillant de vie invertébrée, les plantes et mousses commencent à conquérir la Terre, consomment le CO₂… et déclenchent une grande glaciation : exit 85% des espèces.</p>
<h2>La Grande Oxydation</h2>
<p>Cette glaciation, ce n’était certes pas la première de l’histoire de la Terre. Quand les bactéries se mirent à la photosynthèse, elles polluèrent massivement l’atmosphère avec leur déchet : l’oxygène, autrefois absent et mortel pour la vie. L'oxygène rouilla tout le fer de la planète, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thane_atmosph%C3%A9rique#Processus_d'absorption">puis le méthane</a>, très puissant gaz à effet de serre. Le soleil étant, il y a 2,4 milliards d’années, moins chaud, c’était parti pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_huronienne">300 millions d’années de Terre-boule de glace</a>. Le cycle du carbone est fragile et oui, la vie s’est lentement adaptée après l’hécatombe, mais le sort de ces bactéries anaérobies qui ont pollué leur planète à un niveau mortel (pour elles) et détraqué le climat devrait nous faire réfléchir. Il a fallu attendre que les volcans aient craché assez de CO₂ pour la débâcle.</p>
<p>Il y eut des rechutes de glaciation, notamment quand le supercontinent Rodinia se fragmenta, favorisant l’érosion et donc la chute du CO₂, provoquant le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cryog%C3%A9nien">Cryogénien</a>, juste avant la diversification et les bestioles bizarroïdes de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diacarien">Édiacarien</a>.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote>
<p>On meurt beaucoup sur cette Terre, parfois seul et parfois brutalement tous ensemble.</p>
</blockquote>
<p>La Terre a été alternativement une boule de glace et un four, et le soleil n'est pas le responsable principal. Un continent unique entraîne un désert en son centre, réduit l’érosion, réduit les mers peu profondes, le CO₂ s’accumule, la planète cuit. Quand un continent se scinde, l’érosion reprend, le CO₂ chute et l’effet de serre baisse, la glaciation menace. Le CO₂ dépend aussi des volcans et de l’extension du vivant. La vie s’amuse à balancer ses déchets dans l’atmosphère ou à jouer sur l’érosion. L’occasionnel géocroiseur ne fait que complexifier une situation assez instable.</p>
<p>Mais la vie est souple, grouille, s’étend partout… si on la laisse tranquille. La planète nous survivra, aucun doute là-dessus, quitte à panser ses plaies quelques millions d’années. Notre civilisation obsédée par le court terme ne verra peut-être pas le siècle suivant. Ne pas oublier non plus que les espèces qui pullulent (nous humains représentons 13% de la biomasse mondiale, nos animaux 85%…) finissent par devenir des ressources pour d’autres jusqu’à régulation (Je me dis que le Covid n’est que le premier de virus conquérants.)</p>
<p>Quant à une nouvelle extinction majeure, elle est bien en marche, et s’accélère : 80% d’insectes en moins (en poids) en 40 ans, les oiseaux suivent. Jenni panique. Anthropocène ou Nécrocène ?</p>
<div class="footnotes" role="doc-endnotes">
<hr />
<ol>
<li id="fn:ts1693647273.1" role="doc-endnote">
<p>Apparemment, on dit plutôt <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_Cr%C3%A9tac%C3%A9-Pal%C3%A9og%C3%A8ne">K-Pg (Crétacé-Paléogène)</a> de nos jours. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.1" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1693647273.2" role="doc-endnote">
<p>Je lisais justement un <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/pasteur-une-carriere-jalonnee-de-polemiques-24434.php">article de <em>Pour la Science</em></a> sur Pasteur, pas toujours exemplaire dans les débats scientifiques. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.2" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
</ol>
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https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/872« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856“Life After People”urn:md5:eebdf1a12cb562d150c76a0daf652e712013-03-20T00:00:00+01:002016-06-02T10:36:59+02:00ChristopheTemps et transformationsAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcomplexitédommagedécadenceentropieexaptationgéologiehistoirelyrismemortnatureperspectivepollutionrecyclagesciencesimulationspéculationtempsécologieémerveillementéonsévolution <p><em>Welcome to Earth, population zero.</em></p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51xtluUbvcL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Cette série américaine de documentaires a manifestement été inspirée par <em>The World without us</em> (en français, <em>Homo disparitus</em>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman">déjà chroniqué et apprécié ici en 2008</a>), d’ailleurs l’auteur du livre fait des apparitions.</p>
<p>Elle en reprend l’hypothèse de départ : toute présence humaine disparaît du jour au lendemain, comme par magie, et sans détruire le reste de la planète qui évolue alors sans nous. Que deviennent le monde et nos villes ?</p>
<p>Bon point, la série utilise comme le livre la mise en perspective historique : la déliquescence de Washington désertée est rapprochée de celle d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Angkor">Angkor</a>, abandonnée à la jungle il y a un demi-millénaire. Mine de rien, il existe de nos jours flopée de cités abandonnées, même récemment, même dans les pays riches.</p>
<p>Nombre d’épisodes rappellent la puissance des éléments : la pluie, la foudre, les inondations mais aussi la neige, les racines des arbres, les fientes des oiseaux, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana#Le_kudzu_en_tant_qu.27esp.C3.A8ce_exotique_envahissante">kudzu</a>, la rouille, les ultra-violets solaires... Notre société a incroyablement modifié le paysage, détourné des fleuves, prélevé et déplacé des masses d'eau gigantesques, asséché des marais, et installé des piscines dans des déserts. Los Angeles retournera au désert quand les pompes s’arrêteront, et les monuments de Washington finiront fossilisés sous le niveau de la mer.</p>
<p>Ce ne sont pas les constructions les plus apparemment solides qui survivront forcément : tout ce qui est en béton armé, bunkers du Mur de l’Atlantique y compris, sera vite rongé par la corrosion. Dans deux-trois siècles, il ne restera plus grand-chose de visible de nos villes ; et dans deux mille ans, peut-être Notre-Dame et sûrement les pyramides. Les derniers témoignages de l’humanité seront des coffres-forts enterrés plein d’or, des sondes dans l’espace, et un rover sur la Lune. La question n’est
pas de savoir si mais quand et comment un pont, un navire de guerre, une statue, la Joconde... disparaîtront.</p>
<p>Le monde que nous laisserons derrière nous ne sera pas le même que celui où nous sommes apparus. Après nous prospérerons peut-être des plantes invasives venues d’autres continents, tenues péniblement sous contrôle (comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana">kudzu</a> aux états-Unis), des chiens retournés à l’état sauvage, des chimpanzés lâchés dans des villes vides pleine d’opportunités pour les plus fûtés...</p>
<p>Quelques touches d’humour surnagent au sein d’un commentaire évidemment catastrophiste, par exemple le sort des <a href="http://www.kelchien.com/races/welsh-corgi.php">corgys</a> d’Élisabeth II, obligés de piller Buckingham Palace avant de s’échapper dans le vaste monde.</p>
<p>Des bémols ? Un ton très sensationnaliste, une certaine lassitude après le énième immeuble effondré à cause de l’assaut de l'eau et de la foudre et faute de maintenance ; beaucoup d’effets faciles ; des redites à cause des coupures pubs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et une vision très centrée sur l’Amérique (on voit quand même la Tour Eiffel s’émietter). Ça n’en reste pas moins passionnant.</p>
<p>Attention, c’est uniquement en anglais, sans sous-titre ! Je n'ai cependant eu aucun problème pour comprendre, à part quelques Texans, et pourtant j’écoute peu d’anglais ces temps-ci. Gaffe au zonage si vous vous offrez le DVD.</p>
<p>Site de la série (deux saisons) : <a href="http://www.history.com/shows/life-after-people" hreflang="en">http://www.history.com/shows/life-after-people</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais comment font les Américains pour supporter de la pub toutes les cinq minutes ? Pour le moment ils n’en mettent pas sur les DVDs, Dieu merci.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/715« Pour la Science » de Janvier 2013 : Mer morte, loup domestiqué, monde continu ou discreturn:md5:e11ad857d68921787c0821850e5cfcf22013-03-16T00:00:00+01:002016-04-26T12:17:12+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieauto-organisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecynismegénéalogiegéologieintelligence artificiellelanguesmathématiquesperspectivesciencescience-fictionsignifiéspéculationsurréalismetempsuniversvirtuelécologieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieénergieévolution <p>À chaque fois que je lis mon magazine préféré, je me dis que je vais essayer d’économiser le temps de chroniquer celui-ci. Et paf, ça ne rate jamais, il <em>faut</em> que je me souvienne de certains articles, donc que je les résume ici. C’est parti, <em>commentaires personnels comme d’habitude en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_423_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Sigma de un n sur deux » est plus parlant pour un mathématicien que « la somme des inverses des carrés des nombres entiers. » De même, des mots comme « ontologie » ou « keynésien » permettent de ne pas se laisser submerger à nouveau par tous les détails et d’avancer un peu plus loin. « L’étrange besoin qu’a l’esprit de court-circuiter les détails d’une étape pour pouvoir s’appuyer sur celle-ci confère aux abréviations une étrange puissance créatrice. »<br /><em>Parallèle à faire avec les fonctions et autres routines en informatique ; ou une documentation souvent inutile quand elle reprend ce qui est déjà noté clairement en code informatique.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour passer pour un oracle, il ne faut pas être nuancé et capable de changer d’avis, mais carré, inflexible et inébranlable, et on vous écoutera. « Le monde n’écoute que les sourds. »<br /><em>Éternel dilemme entre les principes et le réalisme. Pour que les réalistes ne bradent pas trop les principes, ne faut-il pas quelques têtes de mules qui leur rappellent ?</em></li>
</ul>
<h3>Le monde est-il discret ou continu ?</h3>
<p>Grave question non résolue, au confluent de la philosophie, des plus audacieuses théories de physique théorique, du <em>Jeu de la vie</em>, de la physique quantique et de <em>Matrix</em>.</p>
<p>Le discret est à la mode à notre époque, et la théorie des quanta (paquets d’énergie aux quantités bien définies, et non continues) semble le justifier. Cependant, <a href="http://www.damtp.cam.ac.uk/user/tong/bio.html">David Tong</a> rappelle que ces quantas ne sont, par un « tour de magie mathématique », que des solutions à l’équation de Shrödinger qui, elle, suppose un espace continu.</p>
<p>D’ailleurs en physique théorique fondamentale, il n’y a même pas vraiment de particules, juste des champs.</p>
<p>En conséquence, le <em>seul</em> entier fondamental de toute nos théories physiques est 1, nombre de dimensions temporelles. En effet il n’est pas certain que le nombre de dimensions d’espace soit simplement 3 si l’espace est fractal (dimension non entière). Et le nombre de sortes de quarks (6) ou autres particules n’est qu’une conséquence des équations des champs. (<em>Le concept de dimensions temporelles plurielles me laisse rêveur, mais il paraît que les théories seraient alors incohérentes.</em>)</p>
<p>Plus pratiquement, aucune simulation numérique ne semble réalisable pour certains phénomènes chiraux en chromodynamique quantique : ils seraient fondamentalement non discrétisables.</p>
<p><em>Moralité : si nous sommes dans la Matrice, elle est analogique.</em></p>
<h3>Du loup au chien</h3>
<p>Le chien descend des loups domestiqués il y a au bas mot 30 000 ans, soit nettement plus tôt que tous les autres animaux domestiques (10 000 ans au plus). Les premiers louveteaux auraient pu être allaités par des femmes, comme cela se voyait encore récemment en Papouasie. Par nature social, un jeune loup se considère alors comme membre d’une horde d’humains. C’est en fait logique : le loup occupait la même place écologique que nous avant le Néolithique : prédateur en meute et sociologiquement, c’est donc déjà l’animal le plus proche de nous.</p>
<p>Sélection artificielle aidant, nous aurions alors obtenu cet animal artificiel, très dépendant de nous, loup éternellement adolescent, qu’est le chien.</p>
<p>La définition du chien en tant qu’espèce est d’ailleurs un exemple du flou sur la notion même d’espèce, car la variabilité entre espèces canines est plus grande que la distance avec le loup. Quant à l’apparence, elle ne veut rien dire (le pékinois est plus proche du loup que le berger allemand !). Espèce à part ou sous-espèce de <em>Canis lupus</em> ?</p>
<p>Un passage laisse songeur : grâce au chien, doté d’un odorat et d’une endurance plus performants bien supérieurs, la chasse de nos ancêtres a été bien plus efficace. Peut-être le chien a-t-il été un atout majeur d’<em>Homo sapiens</em> dans la lutte contre Neandertal, lequel, justement, a disparu peu après cette domestication...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><strong>La Mer Morte se meurt</strong> (<em>je sais que les zombies sont à la mode, mais là ça devient zarb’</em>) : les eaux du Jourdain sont massivement détournées par les pays riverains, le niveau baisse d’un mètre par an (<em>!!!</em>), provoquant d’impressionnants et dangereux effondrements circulaires près des rivages. Un projet d’aquaduc depuis la Mer Rouge existe (c’est la saumure résultant du dessalement de l’eau qui approvisionnerait la Mer Morte), les études sont en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour un père qui veut diffuser ses gènes, il vaut mieux s’occuper de ses neveux (par sa sœur) que de ses propres enfants (supposés) si le taux d’infidélité dépasse 50%. <br /><em>J’adore quand on croise probas, génétique, et morale.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait à présent mesurer la température d’un plasma quarks-gluons (environ 2 000 milliards de degrés, pendant 10<sup>-23</sup> s). <br /><em>Non je n’ai compris ni la technique, ni l’utilité immédiate, ni même ce que l’on mesurait.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait détecté à une centaine d’années-lumière une <strong>planète errante</strong>, éjectée de son système solaire. <br /><em>Des étapes sur la route des étoiles ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Évaluation entre experts au sein de l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche</strong> : plutôt que la nomination en cascade depuis le sommet (politique), ou des critères de « performances » vite générateurs de cercles vicieux, <a href="http://lem.vjf.cnrs.fr/spip.php?article91">Philippe Büttgen</a> propose purement et simplement... l’élection par les pairs. Transparence n’est pas confiance, et ça se passe bien en Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une usine à gaz en préparation au Parlement vise à <strong>moduler le prix de l’électricité</strong> en fonction de la consommation : -20% sur la facture en dessous d’un quota de base, +10% pour ce qui en dépasse le double. <a href="http://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2012/03/12-03-CV-Boris-Solier.pdf">Boris Solier</a> accuse ce système d’être contre-productif, comme cela a été le cas en Californie : le prix moyen, plus bas pour certains, mènera à une hausse de leur consommation, et en général lors des pics. Ensuite, on ne consomme pas moins quand on est pauvre et plus quand on est riche : les gens modestes ont du mal à faire isoler leur logement. Autant aider la rénovation. Enfin, la mise en œuvre sera complexe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pas d’addiction au sucre</strong> : dans les définitions officielles des psychiatres, l’addiction suppose plusieurs critères, dont un conflit entre un désir d’arrêter une consommation, et le désir impérieux de continuer à en consommer, et plus que de raison. On ne pourra donc parler d’addiction au sucre que lorsque la pression sociale sera telle que les gens <em>voudront</em> arrêter le sucre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Australopithecus sediba</em></strong>, découvert en Afrique du Sud, serait-il le véritable ancêtre des <em>Homo erectus</em> (et donc le nôtre) ? Une grotte a livré deux squelettes assez complets, événement très rare, et promet déjà d’autres belles découvertes pour trancher le débat. L’arbre généalogique de l’homme reste dans le détail très discuté.<br /><em>J’ai même l’impression qu’ils y rajoutent une nouvelle espèce tous les 3-4 ans : </em>Homo antecessor<em>, </em>Homo heidelbergensis<em>...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique de Jean-Paul Delahaye s’étend sur <strong>ces jeux sérieux qui utilisent l’intelligence humaine</strong> de manière massivement parallèle pour des problèmes (encore) inaccessibles aux ordinateurs, par exemple <a href="http://www.galaxyzoo.org/" hreflang="en">Galaxy Zoo</a>, ou <a href="http://fold.it/portal/" hreflang="en">FoldIt</a>, quand ce n’est pas <a href="http://www.google.com/recaptcha" hreflang="en">reCAPTCHA</a> pour numériser des livres.</li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique Science-Fiction détaille l’anatomie de la bestiole d’<em>Alien</em>, et montre que c’est un condensé de toutes nos peurs animales (reptile, insecte, arachnide...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Et la rubrique artistique montre que, <strong>géologiquement, le monde de J.R.R. Tolkien est cohérent</strong>. On a même les frontières des plaques tectoniques.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Janvier-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/734« Science & Vie » d’août 2012 : « Nous ne sommes pas seuls ! »urn:md5:a8a1f96c73b5f47dc40a2a2ee4d44cd62012-08-16T21:37:00+02:002016-01-22T14:36:12+01:00ChristopheScience et conscienceapocalypseastronomiecosmologiedinosauresextraterrestresgéologiepanspermiesciencespéculationuniverséonsévolution <p>Petit billet vite fait sur le plus sensationnaliste des magazines de sciences sérieux <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Nous ne sommes pas seuls !</h3>
<p><em>Science & Vie</em> en couverture, c’est parfois comme <em>Voici</em> ou <em>Gala</em> : un « grand drame » de la vie d’une star se révèle être une peccadille ; mais pour le savoir il faut avoir acheté, et quand on hurle à l’arnaque il est trop tard.</p>
<p>Ici c’est pareil. D’ailleurs quand on lit « les scientifiques en sont convaincus », il y a de quoi s’inquiéter, aucune unanimité n’est prête de se faire sur un tel sujet avant un débarquement, pacifique ou agressif, des ETs. <em>S&V</em> n’a pas l’exclusivité de la preuve d’une rencontre avec de petits hommes verts ou gris, ou même d’une esquisse de découverte de trace de signature d’une possible vie dans le spectre d’une planète.</p>
<p>Non, l’article s’étend sur l’extrapolation (très raisonnable d’après les premiers relevés) qu’il y a dans notre seule galaxie au bas mot 80 milliards de planètes « habitables ». Au sens large, l’habitabilité : 1 à 10 fois la masse de la Terre, avec la possibilité d’eau liquide, et en général autour d’une naine rouge. Extrapolation sur tout l’univers : 10 000 milliards de milliards de planètes.</p>
<p>Suivent quelques arguments sur les derniers calculs et découvertes tendant à augmenter la proportion des habitées parmi les habitables : l’eau est bien présente partout dans l’univers ; la plupart des systèmes sont plats et stables ; la vie peut coloniser les lieux les plus invivables (pas une nouveauté...) ; les supernovas ne sont pas si nocives et ne stérilisent pas des bras entiers de galaxies ; une énorme Lune comme la nôtre n’est pas nécessaire pour qu’une planète reste à peu près stable sur son axe. J’aurais aimé connaître le niveau de consensus de certaines de ces affirmations.</p>
<p>Bref, sous-entendu : « c’est bien le diable si avec tout ça il n’y a pas la vie quelque part. » Tout ça ne résout pas <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Fermi</a>.</p>
<p>Suivent des extrapolations sur ce que pourraient être les habitants de ces planètes mais on retombe dans les <del>devinettes déduites <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></del> hypothèses éclairées : plantes gonflées d’hydrogène par forte gravité ; plantes noires autour d’étoiles froides ; espèces massives volantes dans les atmosphères denses... <em>Pour la Science</em> avait déjà eu un article là-dessus (<a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-couleur-des-plantes-extraterrestres-22382.php">extrait</a>).</p>
<h3>L’Anthropocène a-t-il commencé ?</h3>
<p>Après l’Holocène, l’Anthropocène a-t-il commencé ? Quels sont les critères ? Nous avons déjà laissé des traces indélébiles, mais laquelle pourrait être <em>la</em> référence ? Selon les critères habituels (limite stratigraphique identique sur toute la planète), c’est discutable. Serait-ce une époque, ou juste un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tage_g%C3%A9ologique">étage</a> de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Holoc%C3%A8ne">Holocène</a> (les 10 000 années depuis la fin de la dernière glaciation) ? Les géologues discutent.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Un paléogénomicologue (?) récolte des sangsues vietnamienne pour analyser l’ADN trouvé dans le sang qu’elles ont sucé. Il y trouve des bestioles jamais vues pourtant dans la zone. J’adore ce genre de découvertes indirectes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le nombre de cancers va exploser d’ici 2030. La bonne nouvelle : c’est juste le revers de la médaille de l’enrichissement et de l’élévation du niveau de vie (surpoids, diabète...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit entrefilet me fascine, sur le bon vieux mystère de la fin des dinosaures et de la survie des mammifères : ce serait à cause des œufs. Non que les mammifères les mangeassent (ça a dû arriver, mais pourquoi là et pas dans les 150 millions d’années précédents ?). Mais ces œufs imposant une limite maximale à la taille des bébés dinosaures, ces derniers, en grandissant, devaient occuper plusieurs niches écologiques différentes... occupées par les mammifères adultes plus petits. Sans la protection des adultes après la chute de la météorite, les bébés dinos survivants n’ont pu concurrencer les mammifères.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quand un satellite vient se désagréger dans l’atmosphère, il est impossible de prédire exactement où vont tomber les morceaux. Même pas de quoi faire un film catastrophe réaliste...</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Au contraire de tous ces machins qui fleurissent en récupérant le paranormal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Vous avez une meilleure traduction d’</em>educated guess<em> ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/705« Science & Vie » de décembre 2011 : Neanderthal Park, effets secondaires, feux de charbonurn:md5:01872069b87981d9af8c52342df3c2fc2012-01-05T21:46:00+01:002015-10-01T13:10:17+02:00ChristopheScience et conscienceabominationaddictionbon sensclimatconquête de l’inutiledinosauresdommagedéveloppementeaueffet de serreexaptationgaspillagegéologienatureoptimisationpollutionprise de têterobotssantésciencesociétés primitivesspéculationtravailécologieéconomie de l’attentionévolution <p>(<strong><em>Ante scriptum</em></strong> : Bonne année et bonne santé à tous mes lecteurs réguliers, enfin, celui qui n’aura pas quitté la blogosphère pour Fesse-bouc, Gogue Pus et autres obscénités dont je n’ai toujours pas trop capté l’intérêt.)</p>
<p>Bon, je m’étais dit que ce numéro-là je pourrais le chroniquer alors qu’il est encore en kiosque. La pile des choses à faire grossissant sans cesse, c’est encore râpé.</p>
<p>En vitesse, pendant que dort la ’tiote, liste des choses notables dans ce numéro à se rappeler :</p>
<ul>
<li><strong>Les enfants Cro-Magnons dessinaient aussi dans les grottes</strong>, avec leurs petites mimines. Le sens de leurs gribouillis n’est pas clair mais je ne sais pas s’il faut chercher bien loin.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les racines des arbres influencent le lit des rivières</strong>. Le cours des rivières d’avant 360 millions d’années (date d’apparition des arbres) était beaucoup moins stable qu’après. Les racines fixent les berges. (<em>J’ai toujours trouvé fascinantes les interactions entre géologie et espèces vivantes. La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Oxydation">Grande Oxydation</a> en est une, celle-là est plus subtile.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les maladies chroniques</strong> deviennent les principales causes de mortalité, y compris dans les pays en voie de développement : inactivité physique, surpoids, tabac, alcool… Nombre de pays pauvres ont déjà des maladies de riche, et pas les moyens d’y faire face.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Peut-on faire revivre des mammouths ? L’homme de Néanderthal ? Des dinosaures ?</strong><br /> L’article tente vraiment de nous convaincre que c’est possible, et il y a des chercheurs optimistes. Mais l’ADN est déjà en kit dans les mammouths congelés retrouvés en Sibérie, alors pour ce qui est d’espèces complètement pétrifiées et dix ou dix mille fois plus anciennes… De plus, le problème de la mère porteuse du bébé mammouth n’est pas résolu : <a href="http://www.30millionsdamis.fr/acces-special/actualites/detail/article/1532-australie-naissance-du-premier-elephant-concu-par-insemination-artificielle/retour-actus/47.html">l’insémination artificielle d’éléphante est déjà un exploit</a>. <br />Pour le Néanderthal, des obstacles éthiques majeurs apparaissent.<br />Au mieux, un « pouletosaure » pourrait apparaître, simple piaf dont on aurait réactivé de vieux gènes jurassiques lui rendant queue et dents.<br />Enfin, que faire de ces espèces dont l’environnement aura disparu ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>effets secondaires des médicaments</strong> ont un bon côté : ils peuvent servir à traiter d’autres maladies que celle prévue au départ, et l’effet indésirable pour un malade sera bénéfique pour le malade à la pathologie inverse. L’aspirine peut provoquer des hémorragies, ce qui en fait un bon anticoagulant ; et le Viagra, médiocre dans le traitement de l’angine de poitrine, a révélé des effets secondaires intéressants… <br />Des chercheurs américains ont entré dans une base de données médicaments, effets secondaires, maladies, et ainsi pu repérer des substances potentiellement intéressantes dans des cas à l’origine non prévus. L’intérêt est énorme, aussi bien du point de vue de la réduction des coûts et des délais de mise sur le marché (on étend la prescription d’une molécule déjà connue et testée), que pour le soin des maladies orphelines (non rentables car trop rares).<br />Bref, un bon exemple de systématisation et d’industrialisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quelques émouvants exemples des « <strong>robots qui refusent de mourir</strong> », beaux témoignages de l’ingéniosité humaine et du travail des ingénieurs quand on les laisse faire leur travail : <em><a href="http://www.daviddarling.info/encyclopedia/P/Pioneer_6.html" hreflang="en">Pioneer 6</a></em> tourne autour du soleil depuis 1965 et émettait encore en 2000 ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opportunity">Opportunity</a></em> devait fonctionner trois mois en 2004 mais continue d’explorer Mars depuis (<strong>Mise à jour de 2015</strong> : et ce n’est pas fini !) ; et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_1">Voyager 1</a></em>, lancé en 1977, après avoir rempli sa mission autour de Saturne et Titan en 1980, continue de nous renseigner sur les limites du système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Histoire de désespérer un peu plus dans la lutte contre le réchauffement climatique, un article s‘étend sur les <strong>feux de charbon</strong> : pas ceux allumés pour produire de l’électricité ou chauffer des maisons, mais de mines entières qui se consument petit à petit, parfois depuis des décennies voire bien plus, polluent des régions entières, provoquent des affaissements de terrain, en Chine, en Australie, aux États-Unis… Une fois démarrés, parfois naturellement (il suffit que l’air soit en contact avec le charbon sous-terrain pour qu’un jour cela brûle), ces feux sont encore quasiment impossibles à éteindre. Un gaspillage insensé qui, avec les incendies de tourbières (oui, ça aussi), représentent une part notable des émissions de CO2 humaines.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>On se frotte les yeux quand on est fatigués</strong> à cause de l’assèchement du film de larmes protégeant l’œil. La fatigue réduit la fréquence des clignements d’œil, il faut une pression des doigts pour stimuler les glandes. Mais point trop n’en faut.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-d%C3%A9cembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/672« Pour la Science » d’octobre 2011urn:md5:cf417ec7f67efcf1befaf761df87de932011-10-08T00:00:00+02:002012-05-08T17:59:58+02:00ChristopheScience et conscienceconquête de l’inutiledommagedysfonctionnementexaptationextraterrestresgaspillagegéographiegéologiehard sciencehistoiremathématiquespanspermieparadoxesantésciencesociétés primitivesécologieémerveillementévolution<p>Allez, encore un « petit » numéro.</p> <p>En vrac et par ordre décroissant personnel d’intérêt :</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110921_103017_PLS-2011-octobre_408-fu-pls_408_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>Howard Smith donne son avis sur <strong>la possibilité d’une vie intelligente dans notre coin de la galaxie</strong>. Ce sera pour un autre billet.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>maximum thermique</strong> d’il y a 56 millions d’années fut une hausse de 5°C de la température de la planète, avec un gros impact sur faune et flore, des disparitions et migrations d’espèces… Cet épisode permet de deviner ce qui nous attend avec le réchauffement actuel… sauf qu’au Paléocène le phénomène s’est étalé sur des milliers d’années, et pas un siècle, et que l’environnement était beaucoup plus « ouvert » qu’à présent (les grands animaux ne peuvent plus migrer, l’homme occupe tout). Ça promet.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pourquoi tombe-t-on malade quand on a froid ?</strong> Pas à cause du froid même bien sûr, mais à cause de la vasoconstriction de nos vaisseaux dans un air froid, de la baisse de lumière et de la synthèse de vitamine D, de la fatigue accrue, de la promiscuité renforcée, et du virus qui survit mieux dehors dans un environnement frais.</li>
</ul>
<ul>
<li>Effet pervers de la lutte contre les bactéries : au Bengladesh, l’aide internationale a poussé au forage de puits profonds car l’eau de surface est polluée. Si la mortalité infantile a chuté en partie grâce à cela, les Bengalis boivent à présent de <strong>l’eau contaminée par de l’arsenic des sédiments issus de l’érosion de l’Himalaya</strong>, un phénomène totalement naturel. Ce problème se rencontre ailleurs dans le monde, et il n’y a pas de solution décentralisée et peu coûteuse adaptée à un pays aussi pauvre.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit <strong>les travaux d’Évariste Galois</strong> (le génie mathématique assez stupide pour se faire tuer en duel en 1831, à seulement 20 ans, pour les beaux yeux d’une donzelle). Ça parle de congruence et de corps finis, et même si je sais que ce champ est devenu capital dans l’économie numérique moderne, le lien entre les courbes elliptiques et les modulos me semble trop abstrait pour que mon cerveau cherche même à comprendre. Déjà en prépa je faisais un blocage sur la congruence.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>navigateurs polynésiens</strong> ont conquis l’espace entre l’Asie, Hawaï et même l’Amérique du Sud sans aucune carte. Ce génie est d’abord lié à une connaissance parfaite de l’astronomie et de la position des étoiles au fil de l’année, en plus de celle des courants, des signes météorologiques, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit <strong>l’évolution de l’œil</strong> depuis un bon demi-milliard d’années. Darwin pensait qu’un organe si miraculeux était une épine dans sa théorie de l’évolution. À présent le chemin depuis les premières cellules photo-sensibles est plus clair, grâce à l’étude de « presque vertébrés » encore existants comme la myxine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains ont étudié <strong>pourquoi les taches de café ont des bords plus colorés que l’intérieur</strong>. Ça semble mériter le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams">Ig Nobel</a> du meilleur prétexte à faire des pauses café à rallonge, mais le résultat a une importance pour les fabricants d’encre par exemple. Le phénomène est lié aux grains ronds et disparaît avec une partie de grains oblongs.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>nicotine</strong> protège contre Parkinson. Pas une raison pour fumer.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>béton ne se recycle pas assez</strong>. Il y a des progrès pour convertir les gravats en d’autres matériaux utilisables directement sur le chantier, pour éviter le coûteux et écologiquement désastreux transport, mais en France il va encore falloir faire des efforts.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article de Delahaye sur les <strong>polynômes générant des nombres premiers</strong> m’a laissé froid, comme une fois sur deux (l’autre fois Delahaye me passionne). La recherche mathématique sur le sujet est foisonnante.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/662« Science & Vie » de novembre 2010 : astéroïdes, déchets nucléaires, suie qui réchauffe, ADN mêléurn:md5:7790aff097bcec77370a75283ddfbdaa2010-12-06T21:05:00+01:002015-08-20T14:54:21+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieautodestructionclimatconquête spatialedéveloppementeffet de serregaspillagegravitationgéologieJupitermanipulationoptimismeprise de têtepétrolerecyclagesantésciencesécuritéécologieéconomies d’énergieénergieéonsévolution<p>Ce numéro de <a href="http://www.science-et-vie.com/">Science & Vie</a> figure parmi les meilleurs de l’année, selon le critère « j’ai appris plein de trucs assez fondamentaux » (et non un énième petit progrès médical ou un nouveau scandale toxicologique).</p> <h3>Astéroïdes</h3>
<p>Ces cailloux, et en particulier les géocroiseurs qui passent près de la Terre, ont de bonnes chance de devenir la prochaine cible de la conquête spatiale habitée :</p>
<ul>
<li>Pas de gravité, donc pas de matériel complexe, lourd et coûteux à développer pour s’y poser et repartir, il suffit d’ajuster les vitesses. (Inconvénient : les astronautres doivent être bien arrimés, sinon ils s’envolent au premier coup de pioche.)</li>
<li>Toute une gamme de missions courtes de quelques mois peut être lancée pour valider méthodes et matériel, avant de se lancer dans des explorations plus lointaines (pour Mars, il faut trois ans aller-retour).</li>
<li>Scientifiquement, ils sont très alléchants, car peu altérés depuis la formation du Système solaire. Certains y voient la source des premières molécules organiques qui ont ensemencé la Terre.</li>
<li>Économiquement, ils pourraient être très rentables : rhodium, platine… Ou bêtement du silicium pour des panneaux solaires fabriqués dans l’espace, que l’on n’aurait pas besoin d’envoyer à grand frais de la Terre ; ou encore de l’eau comme comburant des fusées, ou pour la consommation humaine ; etc.</li>
</ul>
<p>Il manque une motivation économique pour la conquête spatiale (hors orbite terrestre déjà saturée de satellites), les astéroïdes la fourniront-ils ?</p>
<h3>Les déchets nucléaires</h3>
<p>Nombre de pays s’interrogent sur la méthode de stockage de leurs déchets à longue vie. Les critères de choix sont nombreux : économique, sûr à l’échelle des millénaires, permettant un contrôle continu voire un retrait des matériaux...</p>
<p>Les techniques envisagées ou déjà en place sont :</p>
<ul>
<li>le stockage terrestre (solution provisoire qui dure) : évidemment inacceptable à l’échelle des siècles, car trop liée à la situation économique ou politique sur le long terme, forcément inconnue ;</li>
</ul>
<ul>
<li>l’enfouissement dans des mines de sel (Allemagne), dans du sol argileux (France) ou une montagne (<a href="http://www.yuccamountain.org/">Yucca Mountain</a> aux États-Unis, projet récemment abandonné), vers 500 m de profondeur : l’inconvénient est qu’il faut garantir que le sol sera stable pendant des milliers d’années, y compris en cas de dégradation des matériaux entreposés et de leur réaction avec ce qui les entoure, ou en cas de nouvelles failles créées par la chaleur ou la construction, et ce en tenant compte de l’érosion due aux futures glaciations ! — et c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les forages profonds sont une idée en vogue, adaptée aux petites quantités : on fore carrément dans le socle rocheux granitique à 5000 m, et on dépose, empilés dans le trou, les déchets ; à cette distance même les glaciations n’ont plus d’impact — mais en cas de pépin, impossible de revenir en arrière ; et il est délicat d’être certain de la qualité et de la perfection du granit à cette profondeur ;</li>
</ul>
<ul>
<li>le stockage dans des trous sous des sédiments marins profonds revient à la mode, car l’érosion n’y a pas court, au contraire : les déchets seraient perpétuellement recouverts de nouveaux sédiments, et en cas de fuite la dilution serait énorme ; cependant jeter ses déchets nucléaires dans le domaine public est contraire au droit de la mer ;</li>
</ul>
<ul>
<li>j’aime bien la sphère de tungstène remplie de déchets brûlants, qui fond la roche alentour et s’enfonce très vite toute seule dans le sol — un projet même pas encore expérimental.</li>
</ul>
<p>Les idées abandonnées : l’envoi dans l’espace ou sur le Soleil (ruineux, trop lourd, trop dangereux au décollage) ; la vitrification par une explosion atomique souterraine (pas si sûr et à présent illégal) ; le stockage dans les glaces du Pôle Sud (trop de risque de retrouver les déchets dans un lac souterrain) ou dans une zone de subduction (contexte très mal connu).</p>
<h3>La suie</h3>
<p>Le combat pour la réduction des émissions de CO2 est difficile. Certains proposent de se concentrer temporairement sur un intermédiaire plus accessible et (presque) aussi dangereux : les suies.</p>
<p>Les suies sont émises surtout par les feux en plein air (déforestation…), les feux de cuisine au bois ou charbon dans nombre de pays, les feux de poêle et cheminée dans les pays développés (surtout en foyer ouvert avec du bois humide : le feu de bois devant la cheminée n’est pas écolo !), le transport routier (vieux diesels qui crachent de la fumée noire), le transport maritime (pas de norme de pollution en haute mer !), des centrales industrielles ou au charbon…</p>
<p>Chaque particule noire absorbe la chaleur solaire et se transforme en « radiateur » pendant deux semaines, le temps de disparaître. S’ensuivent réchauffement de l’atmosphère, opacification du manteau neigeux (qui réfléchit moins la lumière solaire vers l’espace), impact sur la mousson… en fonction aussi du type de suie.</p>
<p>C’est la courte durée d’action qui est intéressante, car toute politique de réduction donnera des effets immédiats. La suie fait partie d’une liste de composés à effet de serre dont l’effet cumulé représente l’équivalent d’une grosse partie de celui du CO2. Il est donc possible de retarder le réchauffement (lui-même générateur de gaz à effet de serre…) en s’attaquant entre autres aux suies, donc de s’« acheter du temps » par des actions à effet immédiat sur cette cible plus facile et « consensuelle », le temps que la prise de conscience sur le CO2 lui-même se fasse. De nombreux projets sont en cours, par exemple l’introduction de réchauds de bien meilleur rendement chez les paysans du Tiers monde.</p>
<p>Ajoutons que l’impact sanitaire des suies n’est pas négligeable (pollution urbaine), et que les gains seraient immédiats aussi sur ce plan.</p>
<h3>De l’ADN croisé</h3>
<p>L’ « arbre de la vie » a pris un sacré coup de vieux. Déjà dans un documentaire que j’aime bien, <em><a href="http://www.educnet.education.fr/dossier/mini-dossiers/evolution/ressources/films-animations/especes-d-especes">Espèces d’espèces</a></em>, il ressemble plus à un choux-fleur. À présent, c’est un maillage, car il faut ajouter les échanges croisés d’ADN entre espèces, une habitude chez les bactéries, mais aussi, chez les espèces plus évoluées, nous compris. Les vecteurs sont sans doute des parasites communs. La notion d’espèce prend encore un peu plus de plomb dans l’aile.</p>
<h3>En vrac :</h3>
<ul>
<li>Une théorie propose que le cœur de la Terre est asymétrique, et pas figé : des cristaux de fer cristallisent à l’ouest (sous les Amériques), et au fil des millions d’années, migrent à l’autre extrémité, où ils fusionnent à nouveau dans le noyau liquide. Cela expliquerait certaines hétérogénéités dudit noyau. Il pourrait y avoir un impact sur le champ magnétique notamment. Comme toute théorie sur la graine, il va être difficile de la vérifier <em>in situ</em>…</li>
</ul>
<ul>
<li>La « meilleure planète habitable découverte » a tout de même le grave défaut de toujours présenter la même face à son soleil, d’où des températures moins accueillantes que celles de Mars. La gravité y sera aussi trop élevée (ce qui lui permet de garder son atmosphère, au contraire de Mars justement).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le champagne est meilleur servi penché, comme une bière.</li>
</ul>
<ul>
<li>On a pesé Jupiter grâce à son influence sur les déviations de la lumière des pulsars (la relativité et la masse qui courbe l’espace, vous vous souvenez ?) : une amélioration de la précision de 0,2 millionièmes, soit un paquet de milliards de milliards de tonnes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le premier souffle tient à un gène. Celui qui ne l’a pas meurt à la naissance (ben tiens…). Il a fallu sacrifier des souriceaux pour découvrir ce gène massivement sélectionné par l’évolution.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les légionnaires romains portaient des chaussettes dans leurs sandales. Ça devait quand même servir l’hiver…</li>
</ul>
<ul>
<li>Succès de la thérapie génique grâce au sida : un patient atteint de β-thalassémie s’est vu « greffer » un gène <em>via</em> une version trafiquée du virus du sida, ce qui lui évite greffe de moelle osseuse et traitement antirejet. Il a fallu passer par une chimio pour supprimer son ancienne moelle osseuse avant de réinjecter la moelle modifiée. Le patient va bien depuis trois ans.</li>
</ul>
<ul>
<li>On peut à présent détecter la maladie de Parkinson par une bête biopsie... du côlon !</li>
</ul>
<ul>
<li>Les dirigeables reviennent ! Ça ne fait jamais que vingt ans que je le lis régulièrement, mais l’armée américaine a mis l’argent sur la table pour un prototype de grande taille. Un dirigeable consomme très peu (et pas du pétrole), et les défauts inhérents seraient en passe d’être corrigés (charge utile, maniabilité, personnel au sol…).</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/639« Pour la Science » d’octobre 2010urn:md5:ee10a8ad1bd7e2826f0db83c02822fb42010-10-07T22:14:00+02:002015-08-20T13:11:20+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanticonsumérismeargentastronomiebon sensbullechiffrescitationcivilisationclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecoup bascourt termecynismedommagedémocratiedéshumanisationeaueffet de serreesclavageEuropefichagefootformationfoutage de gueulegaspillagegigantismegravitationgéologieinformatiquemanipulationmathématiquesmortmétainformationpanurgismepeine de mortperfectionnismepessimismeprise de têtesciencesociétés primitivesspéculationtempstravailvaleurécologieéconomieémerveillement<p>Alors en vitesse pour ce numéro encore en kiosque (<em>comme d’hab’, en italique mes commentaires</em>)...</p> <h3>Décompte</h3>
<p>À propos du pitoyable débat sur les nombres de manifestants (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Décompte-des-manifestants">qui m’avait déjà mis hors de moi</a>), Didier Nordon déclare :</p>
<blockquote><p>« La presse ne remplit pas sa fonction lorsqu’elle se contente de rapporter sans se compromettre les versions contradictoires des parties au conflit. Répéter n’est pas informer. »</p></blockquote>
<p>(<em>Il faut reconnaître que ce matin (seulement !) j’ai entendu des reportages tentant de tirer au clair la manière dont les manifestants sont comptés. D’accord, j’écoute une radio pas supposée être à droite, mais c’était assez consternant…</em>)</p>
<h3>Cocorico</h3>
<p>La liste des médaillés Fields, Gauss ou Chern honore les mathématiques françaises.</p>
<p>(<em>Mais les médias n’en parleront pas, nos millionnaires incapables de jouer correctement à la baballe les passionnent plus. Impossible de comprendre de quoi traitent leurs travaux ; c’est toujours comme ça avec les maths, on se dit que c’est totalement vain et puis quelques siècles plus tard une théorie fondamentale de la nature, ou une bête optimisation d’ingénieur, utilise ces inutiles théorèmes.</em>)</p>
<h3>Prédation</h3>
<p>Ivar Ekeland évoque les <em>dark markets</em>, des marchés financiers où les listes de ventes et d’achats ne sont pas publiques, ce qui coupe l’herbe sous le pied à certains spéculateurs. Ils ont été inventés car le marché normal aux carnets d’ordre publics permet de créer des algorithmes redoutablement rapides et efficace et cela coûte cher à de gros acheteurs (<em>pourtant c’est pas comme ça que c’est censé marcher un marché théorique pleinement efficient ? où les gens pressés et gros consommateurs payent forcément plus chers que les patients peu gourmands ?</em>).</p>
<p>De petits malins ont vite compris comment utiliser ces « marigots obscurs » pour savoir quels gros acheteurs ferrer sur les marchés ouverts et à quel prix. Conclusion d’Ekeland : tous ces gens hyper-brillants qui passent leur temps à optimiser la finance ne seraient-ils pas mieux employés par la société à des choses utiles ?</p>
<p>(<em>Ça me rappelle une remarque lue tout récemment je ne sais où : <strong>notre économie est passée d’une recherche de l’équilibre des ressources et besoins et de répartition du travail à un système d’optimisation de la prédation</strong>.</em>)</p>
<h3>SF théorique</h3>
<p>Les « super-Terres », des planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre sont détectés depuis quelques temps autour de diverses étoiles. Pour savoir si elles peuvent être habitables, une étude de ce que peut être leur géologie, leur tectonique des plaques a été faite.</p>
<p>La pression au centre est plus élevée et elles sont plus chaudes : la convection dans le manteau est donc accélérée et la tectonique des plaques plus rapides. Paradoxalement la croûte est plus fine, et le cycle du carbone rallongé. L’atmosphère est également mieux retenue. Cette stabilité rend ces planètes encore plus favorables à la vie que la nôtre (<em>C’est rare ça ! En général on s’extasie devant l’improbable perfection de notre petit monde.</em>) Il se pourrait que la Terre soit en fait tout en bas de la gamme de masses des planètes habitables, Vénus et Mars n’ayant pas les bonnes caractéristiques.</p>
<p>Par contre, leur noyau est devenu probablement complètement métallique, et le champ magnétique protecteur n’est donc pas là. La super-Terre n’est pas forcément à la bonne distance de son étoile et bien orientée (on en connaît une qui présente toujours la même face à son étoile : la silice s’évapore de cette fournaise pour retomber sur la face cachée.)</p>
<p>Il existe aussi sans doute des super-Terres recouvertes d’un océan, dont le fond est un manteau de glace sous très forte pression. La quête et l’étude des super-Terres ne fait que commencer.</p>
<h3>Violations de sépultures ou enquête criminelle ?</h3>
<p>Nos ancêtres du Néolitihique (il y a 6000 ans), dans une bonne partie de l’Europe, enterraient leurs morts dans des tombes circulaires. Certaines, à côté du défunt principal en position fœtale, contenaient aussi d’autres cadavres jetés plus négligemment. Seule hypothèse acceptable pour l’auteur : il s’agissait d’esclaves sacrifiés au décès de leur maître. Cette coutume effroyable était connue sous diverses formes sur tous les continents plus récemment, elle n’a pas épargné l’Europe…</p>
<h3>La minute du matheux ultime</h3>
<p>La chronique de Jean-Paul Delahaye parle notamment du site <em><a href="http://primes.utm.edu/" hreflang="en">The Prime Pages</a></em> (et du livre associé <em><a href="http://www.amazon.fr/Prime-Curios-Dictionary-Number-Trivia/dp/1448651700/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1286353199&sr=1-1">Prime Curios! The Dictionary of Prime Number Trivia</a></em>). C’est bien là que se trouvent des gens capables de trouver que 313 est un premier remarquable entre autres parce que c’est le plus petit nombre de personnes qui, prises au hasard, ont plus de 50% de chances que cinq d’entre elles aient le même jour anniversaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; ou que 3539 est aussi un premier remarquable car donne la formule de la nitroglycérine (C3H5N3O9) ; ou que le 16719è siècle sera le premier à ne comporter aucune année égale à un nombre premier ; et mille autres propriétés affolantes.</p>
<p>En prime une réflexion sur les nombres premiers illégaux : il est possible de créer des premiers contenant tout chaîne arbitraire, et donc tout texte illégal (appel à la haine raciale…) correspond à un nombre premier donc illégal (il y a aussi l’exemple du <a href="http://decss.zoy.org/" hreflang="en">DeCSS</a>). Et il existe aussi des nombres premiers contenant votre nom<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Nos muscles se « souviennent » des entraînements passés car les multiples noyaux cellulaires ne disparaissent pas avec l’inactivité et l’atrophie ; donc ils regonflent plus vite ensuite. (<em>Dans mon cas, y a rien à se souvenir.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On a identifié le gène de la respiration à la naissance. (<em>Évidemment la sélection naturelle l’a lourdement favorisé.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les vrais jumeaux n’ont pas les mêmes empreintes, car elles sont liées à certaines périodes de la vie utérine. On pourrait même repérer par les empreintes certains traumatismes vécus par la mère pendant la grossesse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Sondage fait auprès de scientifiques (19% de doctorants !) : ils font nettement plus confiance aux scientifiques qu’aux politiques ou aux religieux pour obtenir des informations exactes. (<em>Sans blague ?!</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’espèce humaine a failli disparaître il y a moins de 200 000 ans, étant réduite à une poigne d’individus dans une Afrique rendue inhabitable par une glaciation. L’auteur pense avoir découvert un des refuges des survivants : des grottes en Afrique du Sud près du Cap, au bord de la mer.</li>
</ul>
<ul>
<li>En comparant des photos des années 1940 et des récentes, des scientifiques américains ont étudié l’évolution de la flore dans un coin d’Alaska. L’évolution suit ce qu’on pourrait attendre des conséquences du réchauffement climatique : la toundra voit fleurir des arbustes, la taïga (forêt boréale) progresse vers le nord et brunit dans le sud. Les rétroactions sont multiples et difficiles à modéliser.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Alors que tout le monde sait que c’est le numéro de la voiture de Donald.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Ça me rappelle l’histoire des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_univers">nombres univers</a> qui contiennent toute chaîne de chiffres possibles, donc n’importe quel texte, donc plein de versions de l’histoire de votre vie en de multiples langues, y compris inexistantes, y compris des versions fausses par un détail ou qui divergent totalement à partir du moment où vous avez gagné au loto.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/633« Pour la Science » d’août 2010 : calmars géants, neutrinos et postpérovskiteurn:md5:bd40ed446a18ba65afd3a790da3264352010-08-21T18:03:00+02:002011-06-12T15:23:28+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéargentauto-organisationbon senscitationcivilisationcomplexitéconquête de l’inutiledéveloppementenfantsextraterrestresgigantismeguerregéologiehistoireintelligencenaturepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationsécuritétempsténacitééconomieéducationémerveillementéonsévolution<p>Ce numéro n’est peut-être plus en kiosque, vu que j’ai déjà reçu le suivant. Mais baste, ceci me sert aussi à me rappeler plus tard de ce dont je veux me souvenir (et je suppose que la plupart de ceux qui tomberont par hasard sur ceci se contenteront du résumé et n’iront pas acheter le numéro, <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/archives.php">même en ligne chez l’éditeur</a>).</p> <p>En italiques, mes commentaires personnels.</p>
<h3>Chronique de Didier Nordon</h3>
<p>Pleins d’idées en une page, comme d’habitude. Notamment :</p>
<ul>
<li>La philosophie ressasse les sentences des Grands Anciens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#pnote-625-1" id="rev-pnote-625-1">1</a>]</sup>, alors qu’objectivement toutes n’en valent pas la peine. À l’inverse, la science liquide sans état d’âme ce qui s’avère faux, se privant de l’étude de la survenue de l’erreur justement.<br /> <br />(<em>Mouais, un peu réducteur… comme toute provocation qui a un fond de vérité.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les feux rouges sont inutiles : en nous fiant à un signe arbitraire et en laissant de côté l’important (regarder si personne ne vient), nous provoquons justement certains accidents. <br /> <br />(<em>Mouais. L’idéal, ce sont les deux : des règles et le bon sens. Toute mesure de sécurité ne vaut que si elle est strictement respectée (les grandes catastrophes sont l’accumulation de plusieurs négligences). Je me souviens effectivement de mon grand-père pompier qui disait que la nuit, les feux rouges étaient ignorés et qu’il fallait faire attention même au vert ; d’ailleurs à présent beaucoup de feux sont oranges la nuit. À l’inverse, j’ai connu bien des carrefours bloqués par des gens qui ne respectaient pas les feux et s’engageaient — ou, à l’inverse encore, s’engageaient parce que c’était vert même s’il n’y avait pas la place.</em>)</li>
</ul>
<h3>Vieux fossiles</h3>
<p>Des micro-organismes vieux de 2,1 milliards d’années découverts au Gabon repoussent carrément de 1,5 milliards d’années l’apparition de la vie multicellulaire. Les bestioles « complexes » datent surtout d’il y a 500 millions d’années.</p>
<p>(<em>Mine de rien, c’est un paramètre à rajouter au <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Paradoxe de Fermi</a> : la lenteur de l’émergence de la vie multicellulaire pouvait être un signe de sa rareté dans l’univers. Là, il semble que ce soit le multicellulaire </em>complexe<em> qui ait mis son temps à apparaître.</em>)</p>
<h3>Vidéosurveillance et délinquance</h3>
<p>Une « méta-analyse » rassemble des études sur le même sujet, trie celles méthodologiquement douteuses, et fait une synthèse. La conclusion, en gros : la vidéosurveillance, présentée par beaucoup comme la panacée, n’est efficace que dans certaines conditions. Les caméras sont très dissuasives sur les vols dans certains parkings par exemple, mais à peine sur les violences physiques en ville. Il n’est pas facile de distinguer l’effet de la caméra et celui de l’éclairage amélioré à la même occasion… Le déplacement de la criminalité n’est pas non plus une évidence. La population est sans illusion sur l’efficacité mais plébiscite en général.</p>
<h3>Résilience</h3>
<p>Boris Cyrulnik résume ses travaux sur la résilience, c’est-à-dire la capacité de certaines personnes et enfants à se reconstruire, contre toute attente, après une catastrophe, une agression majeure, ou un abandon complet (voir le tragique cas des orphelinats roumains sous Ceaucescu). Cette capacité est acquise très tôt dans la vie, on peut distinguer un bébé de neuf mois « sécure » (qui a été stimulé et protégé, et est devenu curieux, sociable…) d’un autre qui ne l’est pas, et sera plus vulnérable en cas de catastrophe. Les liens avec la neurologie sont frappants (action sur l’hypothalamus, sécrétions de sérotonine…).</p>
<h3>La postpérovskite</h3>
<p>Kei Hirose a découvert la postpérovskite, un minéral dont l’existence au fin fond du manteau terrestre était inconnue. Quelle importance ? Une mince couche de ce minéral, aux très hautes pressions qui règne entre le noyau terrestre et le manteau inférieur (constitué de pérovskite, lui) , joue un rôle capital dans les transferts de chaleur du centre vers la surface de notre planète.</p>
<p>Cela n’intéresse que certains géophysiciens, pensera-t-on. Pourtant, l’impact sur la vie terrestre a pu être important : un refroidissement accéléré pourrait impliquer que la graine, au centre du noyau, n’a « que » un milliard d’années, et que le champ magnétique terrestre n’existait donc pas avant, interdisant à la vie de sortir de l’océan.</p>
<p>(<em>Même si plantes et animaux ont mis encore un bout de temps après cela à conquérir la terre ferme, ce facteur est lui aussi à prendre en compte dans la probabilité d’apparition de la vie intelligente. Surtout que la postpérovskite semble se former dans un domaine restreint de température et pression. Dommage, l’article ne dit pas combien de temps il aurait fallu sans ce minéral magique pour former la graine.</em>)</p>
<p>M’amuse aussi le lien entre expériences de laboratoire pour créer et étudier le minéral, et l’étude de la terre elle-même. (Un passage savoureux sur les difficultés à reproduire les pressions gigantesques du manteau avec des enclumes en diamant : « Avec mes collègues, nous avons ainsi perdu de nombreux diamants, ce qui a sérieusement entamé nos crédits de recherche et notre enthousiasme. »)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La ville égyptienne d’Oxyrinchos a fourni aux archéologues des milliers de papyrus antiques. On y lit que cette ville, bien avant la conquête par Alexandre le Grand en -332, était déjà à moitié grecque. Commerçants et mercenaires héllènes présents depuis des générations ont fourni à la dynastie grecque des Ptolémés l’élite administrative pour la prise en main de l’Égypte jusqu’à la conquête romaine. Les Grecs ont gardé leur langue et leur mode de vie jusqu’à l’ère chrétienne et, s’ils ont fait beaucoup d’emprunts à la religion égyptienne, l’inverse semble faux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit les progrès dans la détection des neutrinos, particules pourtant quasi-indétectables, qui ouvrent la voie à de nouvelles branches de l’astronomie.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un gros article sur les <em>Architeuthis</em> ou calmars géants. (<em>Belles bêtes</em> !)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les cachalots mangeurs de baleine ont existé il y a 12 millions d’années. Ils avaient des dents de 36 cm. (<em>Enfoncé, le tyrannosaure !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les chimpanzés se font la guerre, et il y a des morts. (<em>Plus le temps passe, plus on voit que l’homme n’est qu’un singe comme les autres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://www.liberation.fr/vous/0101641554-outox-la-boisson-detox-ou-intox">Outox</a> est une intox : ses effets mesurés sont faibles, et explicables par la concentration en fructose et en acide citrique.</li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique d’Ivar Ekeland explique que dans une entreprise les actionnaires ne sont pas responsables pour plus que leur part dans l’entreprise. Au pire pour eux, la société responsable d’une catastrophe (par exemple BP) serait liquidée pour payer les dégâts, mais ils n’auraient pas à payer plus. Dommage pour la société dans son ensemble.<br /> <br />(<em>D’un autre côté, est-ce que vous investiriez dans une entreprise si vous saviez que vous pourriez être amenés à couvrir les bourdes du dirigeant ? La société à responsabilité limitée est une des raisons du succès du capitalisme. Plus choquante est la prime de départ mirifique du patron même si, comme le remarque Ekeland, ça reste théoriquement une punition puisqu’il aurait touché plus en restant !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La SNCF fait n’importe quoi avec son fret. (<em>On n’a pas fini de voir des camions sur les routes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Il serait possible de faire du caoutchouc en Europe, avec du pissenlit russe.</li>
</ul>
<ul>
<li>Hervé This étudie la vodka : les liaisons hydrogènes ont une influence sur le goût, et les impuretés ont un impact sur l’hydratation de l’éthanol.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Gardner" hreflang="en">Martin Gardner</a>, pilier du <em>Scientific American</em> (père américain de <em>Pour la Science</em>), est mort. Snif.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#rev-pnote-625-1" id="pnote-625-1">1</a>] <em>Tiens, on dirait du Lovecraft.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/625Balistique relativiste et diplomatie interstellairesurn:md5:840200b4528307a26b60c725ec1410c52010-06-10T00:00:00+02:002015-07-29T12:47:29+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieabominationapocalypseastronomieautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophecivilisationcommunicationconquête spatialecosmologiecoup bascynismedilemmedommagedéshumanisationemmerdeursextraterrestresgigantismegravitationguerregéologiegéopolitiquehard scienceimpérialismeintelligencepanspermieparanoïapeine de mortperspectivepessimismeprise de têtepsychologieracléesciencescience-fictionSetispace operaspéculationsécuritétempsterrorismeuniverséonsévolution<p>Issue d’<a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=1453440&cid=30199506" hreflang="en">un petit bout de discussion</a> qui a dérivé du sujet initial (l’envoi d’un inutile message interstellaire depuis un iPhone), voici une petite application de la théorie des jeux à ajouter au dossier du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>.</p> <h5>Prudence paranoïaque</h5>
<p>Une civilisation A se met à émettre dans l’espace, délibérément ou non. Une civilisation B plus avancée sur une autre planète capte cela et déduit l’existence de A. Elle ne sait rien de A. Elle peut se douter cependant qu’à la réception du message, c’est-à-dire quelques siècles plus tard, l’autre civilisation aura sans doute progressé. B peut faire rapidement l‘analyse suivante :</p>
<ul>
<li>soit elle reste coi et ne signale pas sa présence en retour, sachant que le contact aura forcément lieu plus tard d’une manière ou d’une autre si les voyages interstellaires sont possibles ;</li>
<li>soit elle décide de signaler sa présence, au risque de se retrouver face à une puissance agressive qui lui fera la peau ;</li>
<li>soit elle opte pour l’option la plus sûre, l’Arme Balistique Ultime (si elle en a les moyens) : <strong>un météore de bonne taille, accéléré à une vitesse proche de celle de la lumière</strong>, précipité sur la planète émettant le signal.</li>
</ul>
<p>Cette dernière arme a plusieurs avantages : aisément disponible (les planétoïdes sont pléthores), propre (pas de radiations qui empoissonnent tout à dix parsecs aux alentours), sans protection possible (un bouclier assez costaud n’existe pas), et surtout sans préavis car, par définition, un objet qui s’approche à la vitesse <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_la_lumière">c</a></em>-ε ne peut être détecté avant d’être reçu dans la tronche. Rappelons qu’à vitesse relativiste, l’énergie de l’impact sera bien supérieure au classique ½mv² ; un modeste astéroïde suffira pour transformer n’importe quelle planète rocheuse en ceinture de poussière d’astéroïdes.</p>
<p>La question de savoir comment accélérer un caillou à une telle vitesse est laissée en exercice, mais les militaires financeront sans problème la chose à la première occasion.</p>
<p>Reste un problème : l’attaquant ne recevant les émissions de la victime que des décennies, des siècles voire des millénaires après leur émission, elle ne peut deviner si, au moment de l’impact, l’agressé n’aura pas déjà colonisé quelques autres mondes et évolué assez vite, ce qui lui fournirait hypothétiquement la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à l’agresseur. Celui-ci se trouve donc forcé de détourner l’attention de son propre système en attaquant depuis un autre ou en faisant dévier le projectile pour masquer sa provenance. Cela suppose que l’agresseur est déjà un empire interstellaire (en fait évident pour quelqu’un capable de déplacer de telles masses à de telles vitesses), mais ajoute beaucoup aux délais puisque l’ordre doit être envoyé à une vitesse forcément limitée par <em>c</em>, ou le voyage bien allongé, d’où sursis supplémentaire pour l’agressé.</p>
<h5>Mauvais voisin</h5>
<p>Il existe un autre inconvénient à cette politique du « je me tais et je désintègre balistiquement tout ce qui apparaît autour » : d’autres civilisations évoluées pourraient découvrir ce qui se passe. Et, bien que pacifiques, décider que la communauté galactique peut se passer de membres paranoïaques agressifs et régler le problème de la même manière. Selon que la première civilisation à se répandre sera prudente-paranoïaque ou coopérative-justicière dépend le sort de toutes les autres civilisations.</p>
<p>En arrière-plan figurent les hypothèses que l’on peut faire sur la cohérence d’une civilisation multi-planétaire où les communications sont limitées par la distance (répétition, en pire, des problèmes au sein des Empires européens à l’heure de la conquête de l’Amérique), et les durées se comptant en décennies : le temps que l’astéroïde arrive sur sa cible, ou que celui de la Revanche parvienne, la situation politique et philosophique de l’agresseur peut avoir évolué. L’Allemagne actuelle mérite-t-elle d’être anéantie pour les abominations d’Hitler ?</p>
<p>Si cela se trouve, la galaxie est actuellement parcourue par des centaines d’astéroïdes tueurs envoyés par des civilisations peureuses jouant au <em>sniper</em> interstellaire. La Voie lactée semble vide car ceux qui ne se taisent pas rencontrent très vite un rocher relativiste. Pendant ce temps, une autre civilisation fait peut-être les choses en grand et allume des supernovas dans tous les recoins favorables à la vie, la stérilisant par millions de parsecs-cube à la fois.</p>
<p>À l’inverse, chaque civilisation peut faire ce raisonnement, constater que l’astéroïde tueur est (relativement) simple à mettre en œuvre mais que des représailles sont également faciles, et dans le doute s’abstenir. Collectivement, on arriverait à un « équilibre de la terreur » galactique équivalent à celui de la Guerre Froide. Le « donnant-donnant » deviendrait donc la règle, comme après tout c’est à peu près le cas dans le monde actuel… à quelques timbrés éventuels près qui pourraient faire du dégât mais seraient plus aisément « traitables » par la collectivité. (Ce dernier cas m’interroge : les distances galactiques et le coût des déplacements empêchant les vrais conflits d’intérêt, quelles seraient les motivations pour attaquer ses voisins ? Fondamentalisme religieux ? Régime délirant à la nord-coréenne ?)</p>
<h5>En conclusion</h5>
<p>Einstein disait qu’il ne connaissait pas les armes de la Troisième Guerre Mondiale mais celle de la Quatrième : les cailloux. Je ne sais pas s’il pensait à cette variante-là de la fronde.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/616« Pour la Science » de juin 2010 : fusion inexploitable et baleines mortesurn:md5:df3ba38d180b14d9d7ee0e2e7d523e232010-06-02T00:00:00+02:002015-07-29T12:45:01+02:00ChristopheScience et conscienceanticonsumérismeastronomiecomplexitécosmologiegigantismegéologiehard sciencemathématiquesperspectivesciencescience-fictionuniversécologieéconomieénergieéons<p>Grande première : j’arrive à chroniquer un numéro de <em>Pour la Science</em> avant même le début du mois pour lequel il est paru. Je réussis à contenir la vague de parutions de magazines, j’en suis tout étonné.</p> <p>Au sommaire :</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-fusion-nucleaire-une-filiere-d-avenir-25196.php">Avenir de la fusion</a></h5>
<p>Le titre et un dossier s’étendent sur la faisabilité de la fusion nucléaire, ce graal énergétique qui nous garantirait une énergie inépuisable (le carburant est dans l’eau de mer), propre (du moins en dehors de la centrale) et sûre (pas de risque de polluer un continent en cas de pépin). Depuis 70 ans on prévoit que les centrales seront au point dans 50 ans.</p>
<p>Techniquement c’est un cauchemar : comment confiner 150 millions de degrés de telle manière que la fusion deutérium-tritium s’effectue, tout en récupérant la chaleur sans faire fondre le réceptacle, sachant que les neutrons émis doivent servir à fabriquer ce fameux tritium au passage et non à altérer les propriétés mécaniques des parois ?</p>
<p>J’ignorais qu’il existât deux filières pour obtenir la fusion :</p>
<ul>
<li>la filière à <a href="http://www.itercad.org/projet_3.php">tokamak</a>, avec un plasma très chaud confiné magnétiquement (plus facile à dire qu’à faire), c’est la filière suivie par le réacteur <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-une-recherche-span-style-text-transform-uppercase-iter-span-ative-25198.php">ITER</a>, encore loin du pilote industriel ;</li>
<li>l’<em>outsider</em>, le chauffage d’une cible par de nombreux lasers d’une puissance démentielle, au sein d’une chambre sphérique grande comme un immeuble ; c’est en fait une retombée des besoins militaires.</li>
</ul>
<p>La fusion, on sait la faire dans les deux cas… quelques secondes en laboratoire. Un réacteur commercial devra cependant tourner 24h/24. Il faudra donc soit réussir à maintenir le plasma chaud en permanence, soit agir par laser sur de véritables rafales de cibles deutérium/tritium. Quelle que soit la filière, des progrès énormes (mais réalistes) doivent encore être accomplis par les techniciens pour améliorer les matériaux, augmenter la puissance des aimants, des lasers…</p>
<p>Théoriquement ça marche. Mais, forcément ruineuse, la fusion ne sera économiquement viable que si elle peut résoudre ces problèmes techniques assez vite pour ne pas être dépassée par d’autres techniques qui ont aussi 50 ans d’optimisation devant elles : solaire, géothermie…</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-evolution-des-mineraux-25200.php">Évolution des minéraux</a></h5>
<p>Je n’avais jamais accroché à la géologie, mais depuis quelques temps je lis des choses passionnantes dessus. L’évolution des minéraux ne relève en aucun cas du darwinisme, mais comme ils sont les témoins des mécanismes en œuvres sur notre planète, il ne faut pas s’étonner qu’il y en ait des milliers.</p>
<p>En plus des originaux nés de la lave, des minéraux n’existent que grâce à l’action de l’eau, de la tectonique des plaques, des glaciers, à la présence d’oxygène due à la vie, et à la vie elle-même qui érode beaucoup, voire donne lieu à des roches sédimentaires (le calcaire n’est qu’un amoncellement de coquillages sur des durées géologiques, et charbon ou pétrole sont d’anciennes forêts). À l’inverse, bien avant cela, l’impact avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théia_(impacteur)">Théia</a> avait redistribué les éléments rares et réduit leur capacité à créer des cristaux.</p>
<p>J’aime bien les expressions de Grande Oxydation (quand le taux d’oxygène a dépassé le pour cent grâce aux algues, et tout oxydé) ou
de <em>boring billion</em> (« emmerdant milliard ») pour désigner l’interminable période suivante, qui n’a pas vu grand-chose de nouveau se dérouler dans aucun règne. (Ont suivi ensuite la Terre « boule de neige », l’explosion de la vie…)</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-baleines-mortes-sources-de-vie-25201.php">Baleines mortes</a></h5>
<p>Une baleine de plusieurs dizaines de tonnes qui meurt et se dépose sur le plancher océanique est une véritable manne pour la faune locale. Il lui faut des décennies pour absorber tous ces nutriments.</p>
<p>Il existe ainsi des cadavres de gros cétacés tous les quelques kilomètres sur le fond océanique, avec leur écosystème bien spécifique… qui en dit aussi long sur ce qui vit au fond des océans, loin de la lumière.</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-univers-est-il-mathematique-25194.php">Univers mathématique</a></h5>
<p>La « déraisonnable efficacité » des mathématiques pourrait s’expliquer si l’univers <em>est</em> une structure mathématique, une parmi une infinité, et donc soumise à ses lois. Il y a du pour et du contre. Tout cela est très éthéré, philosophiquement vertigineux, et sera encore sujet de réflexion dans quelques siècles je pense.</p>
<h5>Divers</h5>
<ul>
<li>Finalement, <a href="http://tomroud.com/2010/05/10/faq-50-millions-de-neandertals-et-moi-et-moi-et-moi/">Néandertal se serait bien croisé avec les premiers hommes modernes au Moyen-Orient</a> ; Européens et Asiatiques en descendraient donc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les bernards-l’ermites sont capable de créer des bourses aux coquillages pour changer ensemble de maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-liminer-la-mauvaise-grece-25188.php">contrer les spéculateurs</a></strong>, qui cherchent à deviner l’évolution du marché et non à suivre la logique, il ne faut pas chercher à lutter, mais changer les règles du jeu pour que ledit marché n’ait plus d’intérêt à jouer ceci ou cela à la baisse. (Je m’abstiens de tout commentaire en raison de lois réprimant les incitations au meurtre.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-boissons-energisantes-sont-elles-dangereuses-25189.php">boissons énergisantes</a></strong> sont une saleté, surtout mélangées à de l’alcool dont elles masquent les symptômes, d’où des abus avec les conséquences que l’on imagine. En plus il y a risque d’accoutumance.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">Un article intéressant sur les </a><strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">truffes</a></strong> m’a appris que ces champignons ont choisi de s’enterrer pour se protéger du climat parfois froid des régions tempérées. Inconvénient : il faut attirer une bestiole qui la déterrera, la mangera, et répandra les spores parfois très loin. D’où le besoin d’un fumet attirant. Et le rôle parfois crucial dans les écosystèmes.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-eyjafjoll-radiographie-d-un-volcan-qui-a-du-panache-25202.php">Un article revient sur le volcan islandais-dont-on-ne-peut-prononcer-le-nom</a>, l’historique local, les risques de réveil des volcans voisins.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-enigme-de-la-theiere-qui-coule-25193.php">Le phénomène physique qui fait couler le thé le long de la théière est utilisé en aéronautique</a>. Sisi ! (Truc de grand-mère dévoilé par l’article : mettre une substance hydrofuge comme du beurre au bout de la théière.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les merveilles du Système solaire en peinture : notamment une superbe vue des anneaux de Saturne depuis le « sol » et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Valles_Marineris">Valles Marineris</a></em>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2010-fusion-inexploitable-et-baleines-mortes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/617« Pour la Science » de mai 2010urn:md5:5c437dabfe389583a9adb6c6e9824a5f2010-05-05T00:00:00+02:002015-06-10T12:52:14+02:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationcataclysmecivilisationconquête de l’inutileenfantsgéologiehard sciencemusiqueperspectivesantéscienceéconomie<p>Petit numéro, ce mois-ci. Non que la la qualité baisse, mais les articles m’ont moins frappé que d’habitude.</p> <p>La couverture allèche par un article sur <strong>la naissance violente des continents</strong>. En fait, quelques pages sur une théorie qui suppose que les noyaux des continents actuels ont été formés par les conséquences d’impacts majeurs (du genre qui ravale le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">tueur de dinosaures</a> au rang de « moustique sur un pare-brise ») pendant l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Archéen">Archéen</a>. Un caillou de 50 km à pleine vitesse crée une mer de roche en fusion de 500 km de rayon, dérange les panaches remontant du manteau et les dévie sous les protocontinents qui gagnent ainsi en épaisseur.<br />Comme il y a très peu de roches de cette époque<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, la théorie sera très délicate à prouver.</p>
<p>J’ai appris ce qu’était un <strong><a href="http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/medecine-2/d/metagenome_5153/">métagénome</a></strong> grâce à l’édito. Celui d’un être humain comprend l'ensemble des 170 espèces de bactéries qui vivent en symbiose avec lui dans ses entrailles. Une étude chinoise sur le sujet de notre flore intestinale fait d’ailleurs l’objet d’un petit article.</p>
<p>La chronique économique d’Ekeland rappelle qu’il n’y a <strong>pas de règle formelle pour la faillite d’un État</strong>. Ça pourrait servir pourtant…</p>
<p>Les émotions générées par la musique sont à peu près universelles : un article fait une étude quasi-mathématique des <strong>accords mineurs et majeurs</strong>, qui m’est passé très au-dessus (je suis un ignare total en théorie musicale), et hypothèse que notre cerveau est biologiquement entraîné à associer les vocalisations montantes à l’agressivité, celles descendantes à la soumission, et que l’utilisation des sons par l’humanité puis les musiciens se base sur cette origine très lointaine.</p>
<p>De loin l’article le plus important : la <strong>mort subite du nourrisson</strong>. Depuis que les enfants sont à nouveau couchés sur le dos les décès sont chuté. Les causes de ces tragédies mal expliquées seraient à la fois environnementales et génétiques, cardiaques et nerveuses (notamment parce qu’à la période la plus dangereuse, entre un et six mois, un bébé perd sa capacité innée de respirer par la bouche en cas de problème nasal, et doit la réapprendre !). <br />Si les parents ne fument pas, ne sont pas des toxicomanes, que bébé n’est pas enrhumé, pas trop stressé (il y aurait moins de décès à la crèche en France qu’aux Pays-Bas grâce à la période d’adaptation préalable), suce une tétine, a têté sa mère, voire dort dans la chambre de ses parents (pas dans leur lit !), sur un lit ferme, bref s’il a peu de chance de commencer à s’étouffer sans se réveiller, alors on divise encore le risque.</p>
<p>Un article inattendu concerne une région que j’ai un peu connue : <strong>les puits creusés au néolithique</strong> (très précisément l’hiver 5098-97 avant notre ère pour l’un !) dans la région de Leipzig. Les charpentiers locaux savaient déjà faire des mortaises. Le plus étonnant en fin d’article : de ce qu’on peut déduire des bâtisses de l’époque, elles utilisaient déjà le même modèle que certaines encore bâties au XXè siècle…<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Les minuscules <strong>nanobactéries</strong>, du genre de celles qu’on a cru détecter sur une météorite martienne en 1996, que l’on retrouve jusque dans l’organisme humain, et trop petites (moins qu’un virus) pour être vivantes, ne sont que des cristallisations un peu étonnantes de phosphate et de calcium au sein d’un milieu plein de protéines. Déception… à moins que ce ne soit une piste sur la méthode qui a fait apparaître la vie autrefois ?</p>
<p>Un article chante les louanges de <strong>Bernard Palissy</strong>, le prototype même du monomaniaque qui brûlait son parquet pour faire cuire ses fameux émaux, et était en fait un des précurseurs de la méthode scientifique (la pratique plutôt que la théorie issue de livres antiques). Devenu riche, il est mort à la Bastille, victime des Guerres de Religion…</p>
<p>La chronique de Delahaye traite de <strong>la division équitable de parts de pizzas</strong> quand le centre est mal défini. Le type même d’article caricaturellement mathématique : une question concrète au départ, un délire total à l’arrivée. (Je ne pense pas que cela serve beaucoup chez Pizza Hut, mais peut-être qu’en 2234 un thésard utilisera ces théorèmes pour un point final à une théorie de l’espace-temps qui nous permettra de dépasser le mur de la lumière, allez savoir…)</p>
<p>52 tableaux représentent <strong>la Cène, de l’an Mil à Dali</strong> : la quantité moyenne de mets sur la table ne cesse d’augmenter au fil du temps, sans doute parce qu’en moyenne l’alimentation humaine s’est améliorée. La quantité de vin a plafonné au XVIè siècle par contre.</p>
<p>Pourquoi un <strong>magnet</strong> (celui que l’on colle sur un frigo) ne colle-t-il que d’un côté quand un aimant a deux pôles ? Il y a deux pages dessus.</p>
<p>Enfin, les fanatiques de <strong>bowling</strong> aimeront l’article sur les machines ramasseuses automatiques de quilles.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai depuis peu appris que les fonds océaniques ont tous été renouvelés depuis au plus 180 millions d’années par le jeu de la tectonique des plaques. Ce n’est pas le cas pour les continents (heureusement pour les paléontologues) mais rien d’antérieur aux dinosaures ne pourra être trouvé sur le fond des océans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mon grand-père, né en 1921, dit souvent que les choses ont plus changé au XXè siècle que pendant toute la période précédente. Effectivement.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/608 « La Terre avant les dinosaures » de Sébastien Steyer et Alain Bénéteau (ou : de l’ascension des tétrapodes du Dévonien au Secondaire, des sarcoptérygiens aux sauropsides et mammaliens)urn:md5:f347c74a610f959b2eb28349e1ab34a32009-04-12T20:12:00+02:002011-06-03T11:12:39+02:00ChristopheTemps et transformationsapocalypsecataclysmecatastrophecomplexitédinosauresdéveloppementeauexaptationexpertisegigantismegénéalogiegéologiemythemèmeorganisationtempsténacitévolcansécologieéonsévolution<p>Commençons par le principal reproche à faire à ce livre par ailleurs très intéressant : le titre est une escroquerie. Celui qui, alléché par le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">docu-fiction de la BBC qui m’avait enthousiasmé</a> cherche à retrouver les araignées géantes et les évolutions climatiques en sera en parti pour ses frais. Il est clair d’entrée que l’auteur ne s'intéresse guère qu’à nos ancêtres, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tetrapoda">tétrapodes</a>.</p> <p>Nous sommes des tétrapodes, au même titre que les crapauds, les tortues, les poulets, les diplodocus, et les héritiers de quelques animaux à l’air ichtyen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-1" id="rev-pnote-549-1">1</a>]</sup> et d’une invention géniale : les papattes !</p>
<h3>Exaptation</h3>
<p>Contrairement aux idées reçues, et à ce que je lisais dans les livres de ma jeunesse, les pattes ne sont pas apparues comme conséquence d’une sortie des eaux d’un poisson aux nageoires charnues (type <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cœlacanthe">cœlacanthe</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-2" id="rev-pnote-549-2">2</a>]</sup>) mais bien dans l’eau avec une fonction marine dans des milieux côtiers (stabilisation, pagaie...), <em>puis</em> ont été détournées comme pattes par les tétrapodes.</p>
<p>De même, le poumon a peut-être d’abord servi de stabilisateur (sinon pourquoi des poissons en auraient-ils eu besoin ?) avant d’acquérir une fonction respiratoire. Les poissons à poumons existent encore (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dipnoi">dipneustes</a>), ou bien se débrouillent très bien pour bouger avec de simples nageoires (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Periophthalmus">poissons grenouilles</a>).</p>
<p>Ce bricolage évolutif, où un organe est détourné pour une autre fonction se nomme <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?tag/exaptation">exaptation</a>, et j’adore ce mot. Autres exemples : les plumes apparues chez certains dinosaures comme isolant thermique, puis utilisées pour faciliter le vol (lequel vol est possible sans plumes : <em>cf</em> les animaux planeurs, les chauves-souris ou les <a href="http://www.dinosoria.com/volant_general.htm">ptérosaures</a>) ; ou le sixième doigt du panda qui est un os du poignet déformé.</p>
<h3>La sortie des eaux</h3>
<p>Dans les livres de ma jeunesse (et même de celle de mes grands-parents...) le cheminement de « la sortie des eaux » était clair, je me souviens des images : dans un monde désertique livré à la sécheresse, un poisson « costaud des nageoires » et, coup de chance, doté d’un poumon, errait de flaque en flaque. Sélection naturelle aidant, les nageoires sont devenues des pattes et le règne des tétrapodes commençait. Certains ne restèrent que batraciens ; d’autres inventèrent l’œuf pour pondre loin de l’eau et devinrent reptiles, dont certains devinrent mammaliens puis mammifères, etc.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Devonien/Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ichtyostega, un des premiers tétrapodes au Dévonien. Dessin d’Arthur Weasley d’après une reconstitution d’Alhberg. Licence documentation libre GNU ; trouvé sur Wikipédia." />Ce livre dynamite le vieux mythe (déjà moisi depuis longtemps chez les paléontologues je suppose). D’une part, « la » sortie des eaux est illusoire, puisque le phénomène a eu lieu de nombreuses fois : quand, au Dévonien, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">Ichtyosthega</a>, pourtant loin d’être le premier tétrapode, se déplaçait comme un phoque sur les berges des fleuves où il passait son temps, la végétation avait déjà atteint une forme aussi complète qu’à présent, et les arthropodes (scorpions, mille-pattes métriques, et des crustacés occupés à devenir des insectes, tous au format géant) se répandaient déjà.</p>
<p>À l’Ère suivante, au Carbonifère, toute cette diversité explose, et pas seulement celle des tétrapodes cantonnés aux environnements marins. Certains d’ailleurs retourneront complètement dans l’eau, éventuellement en y perdant leur pattes (et ce ne sont pas les ancêtres des serpents). De manière générale, ce livre rend plus clair que les taxons actuels que nous connaissons (reptiles, batraciens, mammifères, dinosaures dont les oiseaux) ne sont qu’une infime partie de ce que les tétrapodes ont pu créer. Des embranchements entiers ont disparu au fur et à mesure des crises écologiques ou plus simplement de la bataille pour la vie.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Permien/Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Diplocaulus, un léponspondyle du Permien. Dessin d’Arthur Weasley. Licence documentation libre GNU, trouvé sur Wikipédia." />Le passage sur la lutte entre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temnospondyli">temnospondyles</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lepospondyli">lépospondyles</a> paraîtra un peu oiseuse au non-spécialiste, ainsi que la question de savoir comment se rattachent à l’arbre de la vie les « lissamphibiens » (grenouilles, salamandres, anoures, etc.). Ces derniers ont en fait tellement évolué depuis le Carbonifère que les spécialistes s’étripent encore sur leur arbre généalogique.</p>
<h3>Régulation</h3>
<p>Un long passage détaille les mécanismes de formation des doigts. Selon le bon (et faux) vieux proverbe « <a href="http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/outil_bleu12.htm">l’ontogénie résume la philogénie</a> », on peut l’observer sur les fœtus de poulet ou de souris. Il s’agit bien d’une innovation complète propre aux tétrapodes et pas d’une exaptation. On sera surpris d’apprendre que le nombre de cinq doigts n’a pas vraiment de « justification » ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Acanthostega">Acanthosthega</a></em> en avait huit !</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur les gènes de régulation de la croissance : autant que les gènes eux-mêmes, la manière dont ils s’expriment mène à des animaux très différents. Nos gènes de régulation sont fort voisins de ceux de la mouche !</p>
<h3>La crise</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">La crise du Permien</a> fait l’objet d’un chapitre. L’auteur ne tranche pas entre les hypothèses, qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement : régression océanique, volcanisme massif, météorite tueuse... Le résultat, je le rappelle, fut une extinction massive d’espèces bien pire que la crise suivante (celle qui a été fatale aux médiatiques dinosaures).</p>
<p>Qui dit extinction massive dit niches écologiques à remplir, et radiation évolutive. L’auteur insiste bien sur le fait que les espèces qui profitent de la crise existaient en général <em>avant</em>, mais étaient concurrencées par les genres dominants : la plus grande partie de l’existence des mammifères (héritiers du dimétrodon) s’est déroulée à l’ombre des dinosaures.</p>
<h3>Bref</h3>
<p>À part la faute du titre trompeur, on obtient là un bel exemple de ce qu’est la paléontologie, et une belle leçon d’évolution. Il faut aimer (ou au moins accepter de) engranger quelques termes « techniques » : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarcopterygii">sarcoptérygiens</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-3" id="rev-pnote-549-3">3</a>]</sup>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Amniote">amniotes</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Synapside">synapsides</a>... (Ces trois termes, difficiles à recaser lors d’un dîner, nous désignent tous, ainsi que le chat du voisin ou un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dimetrodon">dimetrodon</a>.) Celui prêt à fournir l’effort se fera plaisir, et enrichira sa culture après avoir oublié beaucoup de termes ; celui doté de la ténacité intellectuelle d’un George Bush regardera les images et les légendes. Le livre ne conviendra <em>pas</em> à un enfant (à moins que vous ne pensiez qu’il ne soit la réincarnation du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>.)</p>
<p>L’auteur se met lui-même en situation et décrit son travail de paléontologue : fouilles sous le soleil de plomb du désert nigérien, analyse de fossiles aux rayons X, simulation numérique de contraintes sur les os, etc.</p>
<p>Sur la forme, la réalisation est parfaite, notamment avec les rabats de couverture reprenant l’un l’arbre phylogénétique des bestioles décrites dans le livre (et l’on voit que les mammifères sont notés tout en bas au bout d’une sous-sous-sous-branche), et l’autre la liste des périodes géologiques impliquées (car si le commun des mortels sait que le Jurassique et le Crétacé sont l’âge des dinosaures, il a plus de mal à situer le Carbonifère et le Dévonien, et j’avais de gros doutes sur la situation du Frasnien et du Famennien).</p>
<p>Les illustrations de <a href="http://www.paleospot.com/">Alain Bénéteau</a> sont superbes et réalistes. J’aurais tendance à regretter qu’elles « lissent » un peu les différences de représentations qu’auraient pû donner plusieurs artistes, mais je pinaille. (<a href="http://www.paleospot.com/pdf/promo_dinos.pdf">Voir le PDF de présentation pour un échantillon.</a>)</p>
<p><strong><a href="http://www.paleospot.com/actualite.php?actu=19">NB pour les Parisiens : les auteurs dédicacent chez Gibert samedi prochain !</a></strong></p>
<p><img src="http://www.paleospot.com/image_une/Projet_paleospot_promo.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-1" id="pnote-549-1">1</a>] <em>Ça sonne mieux que « poissonneux ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-2" id="pnote-549-2">2</a>] <em>Vous saviez qu’un cœlocanthe avait plus en commun avec vous qu’avec un requin ou une truite ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-3" id="pnote-549-3">3</a>] <em>Aucun rapport avec Celui-qui-ne-peut-être-nommé-sans-finir-dans-les-fichiers-des-Renseignements-Généraux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/549« Pour la Science » de décembre 2008 : sauropodes qui fermentent, mer Aral qui remonte.urn:md5:2ac77f157b3697c8438b8f4268b716022008-11-26T00:00:00+01:002011-06-02T11:00:19+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationcatastropheclimatconquête de l’inutileconquête spatialedinosauresdéterminismeeauenfantsenseignementgaspillageGauloisgéologieMarsmathématiquesoptimismeperspectivesciencetourismeécologieéducationémerveillement<p>Plein de petites choses.</p> <p>Un bon numéro de ma revue non informatique préférée. Sélection-flash (<em>en italique mes commentaires purement personnels</em>) :</p>
<ul>
<li>Un article sur la <strong>réforme du lycée</strong> où la part des sciences risque de ne pas sortir grandie, pour employer un euphémisme.<br /><em>Je ne ferai aucun commentaire sur notre Éducation nationale car je ne veux pas m’énerver.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur la <strong>vision des bébés</strong> : c’est très flou les premiers mois.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Union Européenne étudie comment encadrer le <strong>tourisme médical</strong> (<em>pas forcément un mal en soi</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le meilleur article : <em><strong>Les sauropodes, géants habiles</strong></em>. <br />Les sauropodes, ce sont ces diplodocus, brachiosaures, titanosaures et autres bestioles, herbivores gigantesques, les plus pesantes créatures terrestres connues.<br />Les dernières découvertes établissent que ces animaux étaient bien terrestres et pas amphibies, à sang chaud, et nettement plus actifs que les représentations anciennes de l’imaginaire collectif.<br />Les causes du gigantisme de la famille sont floues. Fondamentalement, les sauropodes étaient de gigantesques sacs à fermentation de conifères, et plus gros le tas à fermenter dans le ventre, plus grande la chaleur et meilleure est la fermentation, ce qui encourage le gigantisme de la panse. Le reste (protection contre les prédateurs, taille utile pour atteindre les arbres) était probablement du bonus. De plus, les jeunes croissaient à une vitesse impressionnantes, ce qui en dit long sur la solidité de leurs os.<br />Me fait toujours sourire la correspondance de ces énormes animaux avec les oiseaux actuels : en l’occurence, l’article mentionne des vertèbres creuses (pour alléger le cou) et les gastrolithes (cailloux dans le gésier pour aider à la digestion).<br />La position exacte du cou reste matière à discussion, ainsi que leurs capacités cérébrales (ils étaient sociaux donc pas forcément si crétins que la tradition le dit).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article a sans doute donné à un scénariste d’Hollywood les idées pour un film-catastrophe : <strong>la tempête solaire du millénaire</strong> nous pend au nez. J’en reparlerai ici. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Le-bug-solaire-qui-nous-pend-au-nez">C’est fait !</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article sur <strong>les dunes de Mars</strong> peut intéresser du monde. <br /><em>Le plus important pour moi réside dans les réflexions sur les théories sur la formation des dunes qui ont dû être revues après confrontation avec les photos satellite des déserts martiens : quelques mesures contre la désertification sur Terre viendront-elles indirectement des enseignements des dunes martiennes ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Si vous êtes <strong>migraineux</strong>, un article vous apprendra que :</li>
</ul>
<ol>
<li>vous avez quelques centaines de millions de compagnons de souffrance, et :</li>
<li>la cause est une tare dans vos gênes.</li>
</ol>
<ul>
<li>L’autre article passionnant du numéro porte sur la <strong>Mer d’Aral</strong>, cette mer asiatique dont le niveau baisse constamment depuis des décennies à cause des plantations de coton ouzbekhs et kazakhs, et actuellement réduite à une fraction de sa surface d’autrefois. L’article relate les tentatives, notamment kazakhs, de sauver des parties de la mer ou au moins des écosystèmes parallèles. Le problème est principalement économico-humain (l’irrigation gaspille l’équivalent du débit des fleuves qui s’y jettent encore) mais la tonalité est optimiste.<br /><em><a href="http://www.dinosoria.com/mer_aral.htm">Voir aussi cette page avec quelques photos impressionnantes</a>.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Ceux que l’<strong>ordinateur quantique</strong> intéresse apprendront que des progrès ont été réalisés grâce à des chaînes d’ions. Moi j’attends de voir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cinq pages intéressantes sur l’<strong>historique de la jachère</strong>.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article mensuel de l’excellent Jean-Paul Delahaye sur la <strong>dissection articulée de polygones</strong> m’a personnellement laissé froid. À voir tout de même, <a href="http://www.cs.purdue.edu/homes/gnf/book2/Booknews2/lalanne.html" hreflang="en">l’impressionnante photo d’une application en menuiserie</a>. Une autre application possible serait l’auto-organisation des nanoparticules selon le milieu.</li>
</ul>
<ul>
<li>Maintenant je sais comment fonctionnent les <strong>chaufferettes chimiques</strong> à base d’acétate de sodium en surfusion. Ce n’est <em>pas</em> le clic du petit bout de métal qui déclenche la solidification !</li>
</ul>
<p>Pas la peine d’acheter le magazine rien que pour ce qui suit, ce sont des brèves :</p>
<ul>
<li>Un petit article sur <strong>les rayons X émis par le scotch</strong> qui se déroule !</li>
</ul>
<ul>
<li>L’hypertension est en partie liée au manque d’H2S dans le sang. Oui, c’est le gaz des boules puantes.</li>
</ul>
<ul>
<li>« La conjecture d’ergodicité quantique unique, qui prédit le comportement des systèmes chaotiques quantiques, est en partie résolue. »<br /> <em>J’en suis fort heureux.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une nouvelle méthode de prévision des tremblements de terre à base de détection de certains gaz libérés par les failles sous-marine évitera peut-être aux stambouliotes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#pnote-494-1" id="rev-pnote-494-1">1</a>]</sup> de finir en grand nombre sous leurs immeubles le jour du Big One. <br /><em>N’achetez pas dans l’immobilier local sans certitude absolue du respect des normes antisismiques de l’immeuble. Dans ce cas, la corruption tuera.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les Gaulois clouaient bien les têtes de leurs ennemis à leur maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains gènes s’expriment au hasard. <br /><em>Le déterminisme génétique pur et dur prend un nouveau coup.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#rev-pnote-494-1" id="pnote-494-1">1</a>] <em>Habitants d’Istanbul.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/494« Homo disparitus » (“The World Without Us”) d’Alan Weismanurn:md5:195abc6a98ec3bab0e66fd2540de41da2008-08-25T19:36:00+00:002011-06-01T13:34:58+00:00ChristopheTemps et transformationsautodestructioncataclysmeeffet de serreentropiegaspillageguerregéologiehistoireperspectivepessimismepollutionsciencescience-fictionspéculationécologieéonsévolution<p>Et si l’humanité disparaissait du jour au lendemain, quelles traces laisserions-nous ? Alan Weisman décrit la désintégration progressive des restes de notre civilisation. Le plus durable n’est pas le plus évident. Et on ne le devinera pas sans de gros efforts de perspective historique.</p> <p><em>Homo disparitus</em> frappe plus que le titre original (<em>Le monde sans nous</em>) mais relève du mensonge : dans le monde que décrit l’essai d’Alan Weisman, il ne reste <em>aucun</em> membre du groupe <em>homo</em>.</p>
<p>La cause possible de notre anéantissement soudain n’est pas creusée et reste en exercice au lecteur, il suffit que l’apocalypse nucléaire ne vitrifie pas la planète.</p>
<p>La disparition des traces de l’homme progresse <em>crescendo</em> : si le chapitre 2 s’étend sur la décrépitude en quelques décennies de simples maisons sous le coup des cycles gel-dégel, des spores, et d’entreprenantes racines, l’effondrement rapide d’un New York tributaire des pompes qui protègent son sous-sol suit vite. Un passage sur les masses monstrueuses de plastique non biodégradables que nous laisserons derrière nous précède un résumé assez apocalyptique de ce qui attend la ribambelle de barrages, raffineries et centrales nucléaires réparties sur la planète. Le final s’étend sur ce qui témoignera le plus longtemps de notre civilisation : des statues de bronze parfois déjà millénaires, des grottes et tunnels, les montagnes que nous avons façonnées (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Rushmore">mont Rushmore</a> ou collines décapitées pour leur charbon), les ondes et quelques sondes qui ont quitté la Terre voire le Système solaire.</p>
<p>Mais la description jouissivement morbide de la déliquescence de notre civilisation est une partie relativement maigre. La perspective historique semble plus lourde au premier abord : Weisman s’étend longtemps sur la conquête de l’Amérique par l’homme, l’écosystème de Manhattan avant la ville, les troglodytes turcs, l’histoire des engrais, celle du canal de Panama, l’effondrement de la civilisation maya, les avicides perpétrés plus ou moins volontairement par l’homme par sa seule présence, etc.</p>
<p>Cependant, ce n’est pas vain, le passé nous renseigne sur ce que sera le futur. En effet, des villages abandonnés retournés à la forêt primitive existent déjà : j’ai bien aimé le passage où un pommier au sein d’une forêt de chênes indique une ancienne habitation proche avalée par la forêt en quelques siècles ; après tant de temps il ne restera d’ailleurs de villes entières que les bouches d’incendie en fonte et des canettes d’aluminium. Nous pouvons même étudier en temps réel la déliquescence de <a href="http://www.jjkphoto.ch/photo_pripyat.htm">Pripiat</a> la radioactive ou de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Varosha_(Famagusta)" hreflang="en">Varosha</a> à Chypre, deux cités fantômes encore debout mais où le travail de sape végétal a commencé.</p>
<p>Une autre leçon du passé est la description comparée de l’action de l’homme préhistorique en Amérique (où la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mégafaune">mégafaune</a> a disparu) et en Afrique (où l’homme cohabite avec l’éléphant), obtenant des paysages très différents au final. Si le super-prédateur qu’est l’homme disparaît, le paysage changera à nouveau, même dans les contrées encore rurales. (Voir comme exemple <a href="http://www.zuneo.net/2004/06/quand-les-loups-font-pousser-les.html">la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone qui en a modifié paysage et écosystème</a>.)</p>
<p>La question de ce qui restera après nous pose immédiatement celle de ce qui est <em>déjà</em> détruit ou en voie de l’être, ou des destructions visibles que laissera notre civilisation. Un des passages les plus effrayants, car décrivant une catastrophe <em>en cours</em> concerne le plastique : il se fragmente mais les bactéries sont encore incapables de le dégrader, et ses morceaux de plus en plus minuscules finissent par étouffer des espèces de plus en plus petites. L’océan est un vaste dépotoir où flottent des millions de sacs, bouteilles... jamais dégradés.</p>
<p>Moins tragique, Weisman évoque les espèces animales qui nous regretteront : nos parasites (poux...), les cafards qui ne passeront plus d’hiver au chaud, les rats qui n’auront plus nos déchets, et devront se battre avec tous les chats redevenus sauvages...</p>
<p>Le signet fourni avec le livre contient une échelle temporelle égrenant la disparition de nos traces :</p>
<ul>
<li>2 jours après la disparition : sans stations de pompage, l’eau commence à saper New York par son métro ;</li>
<li>à 7 jours, l’arrêt de nombre de génératrices de secours dans diverses centrales et installations chimiques fait débuter les feux d’artifices nucléaires et les pollutions massives ;</li>
<li>dans les décennies qui suivent, les immeubles sans entretien ni chauffage disparaissent sous les assauts de la végétation, les mouvements du sol, les cycles gel-dégel ; les légumes et plantes que nous connaissons redeviennent sauvage ;</li>
<li>au bout de quelques siècles, les ponts les plus solides ont trop rouillé pour tenir (les plus récents et « optimisés » s’effondrent les premiers), les barrages cèdent tous, les fleuves retrouvent leur cours naturel, des deltas se remplissent ; les forêts ont effacé la présence humaine dans la plupart des endroits ;</li>
<li>les millénaires suivants éradiquent les traces visibles au-dessus du sol (notamment si les glaciations reviennent et broient tout) ;</li>
<li>après 100 000 ans, le CO2 que nous avons injecté dans l’atmosphère aura enfin été digéré par Gaïa ;</li>
<li>dans le million d’années qui suit devraient disparaître le plutonium et le plastique digéré (enfin) par les microbes ;</li>
</ul>
<p>En dernier recours, notre civilisation laissera un joli stock d’uranium 238 qui sera encore là quand la Terre disparaîtra, et pas mal de saletés genre PCB ou objets en fonte ou bronze qui se retrouveront peu à peu compressés dans des strates géologiques.</p>
<p><a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/2008/08/vestiges-dhier-et-de-demain.html">Voir aussi une critique enthousiaste du même livre par l’auteur de SF canadien Jean-Louis Trudel.</a></p>
<p>Sur le même thème on trouvera aussi <a href="http://environment.newscientist.com/article/mg19225731.100.html" hreflang="en">un article du New Scientist en ligne</a> avec quelques informations supplémentaires, et <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=06/10/18/2138247" hreflang="en">quelques réactions sur mon site geekesque favori</a>.</p>
<p>Entre autres remarques :</p>
<ul>
<li>les civilisation qui pourraient venir après nous auront bien du mal à décoller techniquement car nous aurons éliminé toutes les sources faciles d'accès de pétrole ou minerai ;</li>
<li>d’un autre côté, nos anciennes décharges, ou les ruines de nos cités, contiendront des métaux et autres matériaux sous forme assez concentrée ;</li>
<li>des extraterrestres débarquant 100 000 ans après nous ne verraient rien au premier abord... jusqu’à la découverte d’une extinction massive de nombre d’espèces à notre époque.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/472Le lac vidé comme un lavabourn:md5:27bdb904593ab98a93b2fb3bf32bb9112008-04-01T00:00:00+00:002010-05-13T07:33:51+00:00ChristopheTout petit mondecatastrophegravitationgéologiepétrolesurréalismeécologie<p>On dirait du Tex Avery mais ça s’est <em>vraiment</em> passé : un lac vidé comme un lavabo :<br /> <br /><a href="http://www.damninteresting.com/?p=6" hreflang="en">http://www.damninteresting.com/?p=6</a></p> <p>En résumé et en français : en 1980, au milieu d’un petit lac américain, normalement peu profond, une plate-forme de forage pétrolier se met à s’enfoncer. Les techniciens évacuent et voient leur plate-forme s’enfoncer et disparaître. Puis un vortex se forme, de plusieurs centaines de mètres de large. De plus en plus puissant, le tourbillon arrache des morceaux des côtes, et même aspire un canal voisin. En moins de quatre heures, le lac avait disparu !</p>
<p>Sous le lac courent des mines de sel. Les mineurs voient soudain déferler des tonnes d’eau et évacuent immédiatement. Par chance, il n’y a pas de victime.</p>
<p>Apparemment une erreur de calcul avait mené les pétroliers à forer dans le dôme de sel. L’irruption de l’eau du lac <em>dissout</em> littéralement celui-ci, de plus en plus vite.</p>
<p>Dans les jours qui suivirent, le canal (inversé) ramène de l’eau salée du Golfe du Mexique, via la chute d’eau la plus grande, ce qui crée un plan d’eau beaucoup plus profond qui remplace aussi la vieille mine dissoute.</p>
<p>Inutile de dire que l’assureur a senti passer la note, et que l’écologie comme l’économie de la région changèrent notablement par la suite.</p>
<p>Il y a plus de détails sur <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Lake_Peigneur" hreflang="en">l’article Wikipédia</a>, et on trouvera sur Youtube un reportage avec des films d’époque :</p>
<center>
<object width="425" height="355"><param name="ovie" value="http://www.youtube.com/v/dHol4ICeDoo&rel=1"></param><param name="wmode" value="transparent"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/dHol4ICeDoo&rel=1" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="355"></embed></object>
</center>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/01/219-le-lac-vide-comme-un-lavabo#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/197L’extinction du Permien et autres mégacatastrophes anciennesurn:md5:ef8ebec5be0fec114666d75d826004392007-09-19T22:02:00+00:002014-02-26T13:55:46+00:00ChristopheFragile planètebombe atomiquecataclysmecatastrophedinosaureseffet de serreGaïagéologievolcansécologieéonsévolution<p>Bien avant les dinosaures, la Terre a connu de très grosses et bêbêtes, et des extinctions massives - qui font d'autant plus réfléchir sur l’avenir de notre planète.</p> <p>En général, quand la télé s’aventure dans la paléontologie, il n’y a que deux thèmes possible : les ancêtres de l’homme, ou les dinosaures. Nous ou les grosses bêbêtes bien méchantes. <br />Dans le premier cas, on couvre au plus les cinq derniers millions d’années de l’histoire de la planète ; dans le deuxième, les dates vont de -230 à -65 millions d’années dans le passé (de leur apparition à la fin du Trias à l’arrivée du gros caillou qui scella leur destin).</p>
<p>Les 3 milliards d’années avant les aventures des grands reptiles favoris des enfants sont en général passées sous silence ; comme si le diplodocus et le ptéranodon étaient apparus <em>ex nihilo</em> après la formation de la Terre.</p>
<h3><em>Sur la Terre des géants</em></h3>
<p>Exception à cette règle cet été, sur France 3 : passe <em>Sur la Terre des géants</em>, un docu-fiction de la BBC sur les bestioles d’<em>avant</em> les dinosaures. Le voyage commence au Cambrien (un demi-milliard d’années dans le passé !) et les premières formes de vie complexes, continue par la conquête de la terre ferme, les fougères géantes du Dévonien, les déserts infinis du Permien, et s’achève par le retour de la forêt luxuriante où s’ébattent les dinosaures. Les images de synthèse sont de toute beauté, et les araignées géantes du Carbonifère répugnantes à souhait.</p>
<p><a href="http://www.dinosoria.com/terre_des_geants.htm">On trouvera sur dinosauria.com un résumé avec quelques images</a>. Attention, <a href="http://dinonews.net/forum/bavardage.php?msg=85197">des commentateurs de dinonews.net</a> hurlent contre les approximations massives : ces périodes nous ont laissé peu de fossiles, et pas mal d’hypothèses sur le comportement ou l’allure des divers animaux sont assénées comme des vérités. Effectivement, j’ai passé tout le documentaire à me demander quelle était la part de la « devinette éduquée » et celle de la raisonnable certitude paléontologique. Un docu-fiction grand public oblige à quelques approximations certes, mais quelques précautions oratoires n’auraient pas été superfétatoires.</p>
<p>Bref, ils restent quelques morales à retenir malgré tout :</p>
<ul>
<li>Les <strong>monstres géants</strong> et agressifs sévissaient bien avant <em>tyrannosaurus rex</em> (qui en fait a été à la fois l’apothéose et un des derniers modèles du genre, puisqu’à l’âge des mammifères les animaux terrestres carnivores n’ont plus atteint ce calibre).</li>
</ul>
<ul>
<li>On parle parfois des <strong>scorpions</strong> comme futurs maîtres de la planète une fois que nous aurons tout fait sauter à la bombe atomique : en fait ils ont déjà constitué l’espèce dominante au Silurien (il y a un petit demi-milliard d’années seulement…) — facile, ils étaient les premiers animaux terrestres !</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>taux d’oxygène</strong> n’a cessé de varier au cours de l’histoire de la vie. Parti de zéro au moment où les premières algues inauguraient la photosynthèse, et rejettaient l’oxygène comme un déchet, le taux a atteint parfois des niveaux beaucoup plus élevés que l’actuel. Or beaucoup d’oxygène permet aux insectes d’être beaucoup plus gros. Et voilà pourquoi les libellules d’un mètre d’envergure n’existent plus. (Et les araignées et scorpions capables de boulotter des chats non plus, et c’est pas plus mal.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Le moment le plus tragique, l’<strong>extinction du Permien</strong>, représente un gigantesque avertissement pour notre espèce.</li>
</ul>
<h3>L’extinction du Permien</h3>
<p>Le Permien a marqué l’avènement des reptiles géants (pas encore des dinosaures). Le plus connu est le <a href="http://www.dinosoria.com/dimetrodon.htm">dimétrodon</a>, celui avec une voile sur le dos. L’amplitude de l’extinction de la plupart des espèces à la fin du Permien (il y a presque exactement un quart de milliard d’années) renvoie la disparition des dinosaures au niveau de l’anecdote géologique, avec l’extinction de l’écrasante majorité des espèces, dont les mignons et connus <a href="http://www.fossiliraptor.be/les trilobites.htm">trilobites</a>.</p>
<p>S’il est à peu près certain que l’éradication des dinosaures a été causée par un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">impact météoritique majeur</a>, l’autre grande théorie alternative, l’activité volcanique qui désorganise le climat, semble l’explication pour l’extinction du Permien. Je renvoie le lecteur à l’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Permian#Permian-Triassic_extinction_event" hreflang="en">article de Wikipédia</a> et surtout à <a href="http://jcboulay.free.fr/astro/sommaire/astronomie/univers/galaxie/etoile/systeme_solaire/terre1/extinction/page_extincperm.htm">celui sur le cheminement vers une théorie à base d’hydrates de méthane</a> pour les détails, mais le scénario résumé est le suivant :</p>
<ul>
<li>un des pires épisodes volcaniques de l’histoire de la planète crée les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Trapps_de_Sibérie">trapps de Sibérie</a>, et au passage injecte des masses gigantesques de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ;</li>
<li>l’effet de serre jouant, la température monte de 5°C et bouleverse l’écosystème, menant à une première extinction ;</li>
<li>à cause du réchauffement, les <a href="http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s3/hydrates.methane.htm">hydrates de méthane</a> du fond des océans se mettent à libérer leur méthane — gaz, comme chacun sait, bien pire que le CO2 en terme d’effets de serre… ;</li>
<li>la température monte encore de 5°C et la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pangée_(continent)">Pangée</a> (le supercontinent unique) se transforme en désert inhospitalier ;</li>
<li>selon ce que je lis ailleurs, alternativement ou parallèlement, du sulfure d’hydrogène libéré génère des pluies acides et troue la couche d’ozone ;</li>
<li>le tout en très peu de temps à l’échelle géologique (quelques dizaines de milliers d’années), et dans des circonstances géologiques défavorables (Pangée).</li>
</ul>
<p>Je n’ai pas pas la qualification pour juger de la pertinence de la théorie, mais j’ai déjà lu ailleurs le scénario-catastrophe des hydrates de méthane dérangés qui lancent l’emballement de l’effet de serre. C’était même l’argument d’un livre de SF chroniqué ici l’an dernier (<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/09/249-la-mere-des-tempetes-de-john-barnes">La mère des tempêtes</a></em> de John Barnes) : une bombe atomique au mauvais endroit, et tout ce méthane provoque une hausse des températures qui transforme le moindre petit innocent cyclone en cataclysme de dimension planétaire.</p>
<p>(Histoire de prolonger la parenthèse SF : le<del>s</del> lecteur<del>s</del> régulier<del>s</del> et attentif<del>s</del> se souviendr<del>ont</del>a des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents">troödons évoqués ici l’an dernier</a>, une espèce intelligente issue des dinosaures qui aurait, selon certaines hypothèses d'une plausibilité nulle, fait sauter sa planète d’une manière ou d’une autre et provoqué la fin du Secondaire. La rapidité de la crise du Permien, la rareté des fossiles de cette époque... permettraient de ressortir l’hypothèse : et si une espèce intelligente issue des dimétrodons ou d’un autre reptile de cette époque avait détruit sa planète par effet de serre, comme nous nous apprêtons gaiement à le faire ? La rareté des traces de l’époque masquerait l’apparition de la civilisation en question. Personnellement, je reste tout de même d’avis que la planète est suffisamment instable pour « se flinguer » toute seule sans invoquer d’espèce intelligente aimant jouer aux apprentis sorciers avec l’environnement.)</p>
<h3>La boule de neige</h3>
<p>Rappelons aussi que l’inverse du désert de la fin de Permien existe dans l’histoire de la Terre : la <a href="http://www2.cnrs.fr/presse/communique/443.htm">glaciation presque complète et intégrale des pôles à l’équateur, sur terre et mer</a>, cela il y a trois quarts de milliard d’années, avant le Cambrien. La vie s’est probablement réfugié un temps au fond des océans. <a href="http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s3/boule.neige.html">Le scénario semble</a> encore <a href="http://www2.cnrs.fr/presse/communique/443.htm">assez débattu</a>, mais la chute des gaz à effet de serre et la glaciation seraient dus à l’activité d’érosion lors de l’éclatement du supercontinent <a href="http://www.washington.edu/burkemuseum/geo_history_wa/Dance of the Giant Continents.htm" hreflang="en">Rodinia</a> (celui d’avant la Pangée), et nos sauveurs seraient cette fois les volcans qui ont réinjecté pas mal de CO2 dans l’atmosphère.</p>
<p>Le climat pourri et changeant ou caniculaire, et les saisons qui n’en sont plus, ne datent donc pas d’hier...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/363Références glissantes, extinctions de masse, purée d’orties et univers calculable (« Pour la Science » de novembre 2006)urn:md5:ee7884403ff4436fadf9e462fb710caf2006-11-19T22:52:00+00:002010-11-16T20:57:25+00:00ChristopheScience et consciencecataclysmeclimatconquête de l’inutilecosmologiedinosaureseffet de serregéologieinformatiquelobbysperspectivepessimismesciencespéculationécologie<p>Le dernier <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> n’est pas très rassurant sur l’avenir de la planète : « références glissantes » qui faussent notre perspective, effet de serre tendant vers l’extinction thermique, lacs de CO2...</p> <h3>De la fin du monde</h3>
<ul>
<li>Ivar Ekeland évoque les « <strong>références glissantes</strong> », à savoir que chaque génération évalue la dégradation de son environnement à partir de ce qu’elle a connu, et pas dans l’absolu. Mais les changements écologiques ne sont pas immédiatement visibles : nous n’aurons donc jamais l’impression de franchir un seuil. Et cela est valable même pour chaque génération <em>de chercheurs</em>.<br />Le phénomène est particulièrement net pour l’évolution des espèces de poissons. Les océans sont en voie rapide de ne plus bientôt contenir que bactéries et méduses à cause de la surpêche, mais cette disparition est progressive.<br />L’exemple de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Île_de_Pâques">l’Île de Pâques</a></strong> est effrayant : autrefois très boisée, cette île a été victime de la déforestation humaine en quelques siècles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#pnote-249-1" id="rev-pnote-249-1">1</a>]</sup>, et on peut se demander « qui a osé couper le dernier arbre ? » Mais le dernier arbre n’était qu’une brindille coupée par un paysan qui avait oublié jusqu’au souvenir des forêts d’arbres géants.<br />De même, la morue moyenne a vu sa taille divisée par trois et la biomasse de certains océans par dix. <strong>Les négociations internationales visent à stabiliser les stocks au niveau actuel, qui est peut-être déjà insuffisant</strong>.<br />Dernière flèche de Ekeland : bientôt nous aurons oublié qu’on ne parlait pas au téléphone qu’à des répondeurs et qu’on n’était pas fiché à chaque passage de frontière. « Pour nous qui avons connu autre chose, c’est un pas de plus vers un état totalitaire et policier à l’échelle du monde. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Grand article sur <strong>l’effet de serre, responsable des extinctions de masse</strong> : à part pour la plus connue (provoquée par la chute d’une météorite et où disparurent les dinosaures), les grandes extinctions de masse de l’histoire de la vie terrestre auraient été provoquées par l’effet de serre : le dioxyde de carbone de provenance volcanique provoque le réchauffement, et génère du sulfure d’hydrogène dans les océans, qui y oblitère la vie et se répand ensuite dans l’atmosphère, où il attaque la couche d’ozone.<br />Le point positif est, qu’au rythme d’émission actuel, nous avons encore deux siècles de sursis avant d’arriver au niveau de CO2 de l’« extinction thermique » d’il y a 54 millions d’années. Cette extinction est mineure, mais apparemment de nombreuses autres petites extinctions de masse auraient eu lieu. (Note personnelle : Cela signifie que si le « <a href="http://www.eons.fr/catalogue/extraits/E0020X.pdf">scénario Vénus</a> » n’est pas probable, nous courrons quand même de gros risques à déstabiliser notre écosystème. Et il y a d’<a href="http://generationsfutures.chez-alice.fr/livre/3scenarios_de_Reeves.htm">autres scénarios moins apocalyptiques mais pas plus rassurants</a> comme le « scénario désert » ou le « scénario geyser ». Cependant, on notera que cet effet de serre d’origine volcanique est peut-être ce qui nous a sauvé de la « <a href="http://www.futura-sciences.com/news-terre-boule-neige-avis-grand-froid-il-y-750-millions-annees_3406.php">Terre-boule de neige</a> ».)</li>
</ul>
<h3>Mais aussi...</h3>
<ul>
<li>Il existe sous la mer des <strong>lacs de dioxyde de carbone</strong>, où la pression est forte et la température basse. J’avais entendu parler de la possibilité de stocker ainsi le CO2 au fond de la mer, mais naturellement c’est donc déjà le cas. Il existe des formes de vie très spécifiques à l’interface dioxyde de carbone/eau... qu’on pourrait retrouver dans les glaces de... Mars !</li>
</ul>
<ul>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythie">Pythie de l’Oracle de Delphes</a> ne devait pas ses transes divinatoires à l’éthylène supposé dans les émanations qu’elle respirait dans sa grotte, située au-dessus de deux failles géologiques, mais simplement au manque d’oxygène dans les émanations.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>De l’impact des séries télévisées telles que <em>les Experts</em> sur les jurys américains</strong> : même si les anecdotes sur les exigences croissantes des jurés en preuves matérielles abondent, les études ne montrent pas de changement réel. Par contre, le nombre d’analyses, les effectifs de techniciens spécialisés... explosent. Une conséquence sympathique est l’amélioration de l’image de la science et les perspectives d’augmentation des crédits pour la recherche fondamentale liée à ces sujets.</li>
</ul>
<ul>
<li>« <strong>Les orties hors loi</strong> » : un article de Alain Baraton sur l’interdiction du purin d’ortie sous la pression des lobbys chimiques probablement : <a href="http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2354">plus de détails ici</a> et <a href="http://www.eco-echos.com/dotclear/index.php?2006/09/07/81-purin-d-ortie-ca-relaie-ca-relaie">ici</a>, le sujet a pas mal remué la blogosphère. Cela fait plaisir de voir que nos gouvernants ont plus peur des recettes transmises depuis la nuit des temps que des OGMs libérés sans grande précaution dans la nature. <a href="http://philippe.ameline.free.fr/wordpress/">Philippe Ameline fait même le lien avec l’article d’Ekeland</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Concevoir l’univers comme un ordinateur ?</strong> : Un article de Jean-Paul Delahaye qui démarre par une nouvelle d’<a href="http://www.noosfere.com/heberg/fbeurg/asimov.htm">Asimov</a> et pulvérise le mégalo <a href="http://www.boson2x.org/article.php3?id_article=63">Stephen Wolfram</a> au passage. La question est : « L’univers pourrait-il être réductible à une simple simulation informatique ? » Le <a href="http://www.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/divers/conway.html">jeu de la vie</a> est un exemple, simpliste (problème de directions privilégiées).<br />Une réponse affirmative permettrait de se débarrasser de ces problèmes de continuité infinie et de ramener l’évolution de l’univers à un simple calcul sur un ensemble discret. Une objection majeure à cette théorie est l’incompatibilité avec certains effets à distance de la mécanique quantique : on peut toutefois spéculer que l’ordinateur sous-jacent est lui-même quantique (donc on oublie localité et automates cellulaires).<br />Suivent des réflexions sur la complexité du programme sous-jacent (il doit être relativement simple puisque les lois de l’univers sont compréhensibles), et une possibilité que l’Univers échappe à la « mort thermique » à cause de ce fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxième_principe_de_la_thermodynamique">second principe de la thermodynamique</a> : il « suffit » que ce calcul soit réversible.<br />J’adore <em>Pour la Science</em> pour les articles parfois archi-spéculatifs de ce genre, fréquents dans la partie « logique et calcul ».</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#rev-pnote-249-1" id="pnote-249-1">1</a>] <em>L’article sur Wikipédia est plus nuancé et affirme que la météorologie y est aussi pour quelque chose ; ce qui ne change pas grand-chose à l’argument d’Ekeland.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/249Des dinosaures intelligentsurn:md5:e570e19b92823accad618fb1417a3ff62006-08-29T17:02:00+00:002010-11-03T21:00:33+00:00ChristopheParadoxe de Fermi et ExobiologieapocalypseautodestructioncataclysmedinosauresextraterrestresgéologieintelligenceLuneperspectivescience-fictionspéculationuchronieéonsévolution<p>Petit délire sérieux sur le thème des dinosaures intelligents, passés ou uchroniques.</p> <p>Excellent billet de l’habituellement excellent David Latapie : <a href="http://blog.empyree.org/?2633-l-intelligence-sur-terre-un-recommencement">L’intelligence sur Terre : un recommencement ?</a>, un résumé de lectures et réflexions sur d’autres espèces intelligentes sur cette planète avant la nôtre.</p>
<h3>Les troödons</h3>
<p>Il démarre gentiment en se demandant à quoi ressemblerait un dinosaure ayant suffisamment évolué pour être intelligent. Le web livre une réponse (un descendant du <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Troödon">troödon</a></em>), un peu trop humanoïde à mon goût - mais c’est un détail.</p>
<p>On commence à dériver avec la remarque suivante : <strong>en 130 millions d’années de règne des dinosaures, cette espèce intelligente a probablement <em>déjà</em> existé</strong>. La perte de biodiversité chez les dinosaures peu avant leur destruction lui serait d’ailleurs imputable !</p>
<h3>Biodiversité</h3>
<p>Là je tique : notre impact sur la biodiversité mondiale a été <em>très</em> brutal, il ne s’est pas étalé sur des millions d’années. À supposer la disparition de l’homme demain, cette diversité réaugmenterait<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-1" id="rev-pnote-192-1">1</a>]</sup>. La question peut cependant se poser de savoir comment cela peut se traduire dans les fossiles (un paléontologue dans la salle ?). L’argument de la baisse de la biodiversité avant la chute de l’astéroïde a aussi, selon certaines de mes lectures, été invalidé (je n’en sais pas plus).</p>
<h3>Traces</h3>
<p>De plus, à supposer une population de bestioles intelligentes assez nombreuses pour avoir un impact si important sur leur environnement, il est tout de même étonnant que nous n’en ayons ni fossiles ni traces matérielles. Une espèce nombreuse comme la nôtre a pourtant laissé ses ossements partout (et nous ne sommes là que depuis cent mille ans). J’ai du mal à croire que nos maisons, routes, et autres travaux publics de grande envergure ne laisseront pas de trace repérable, même après 65 millions d’années : on a retrouvé des traces de <em>pas</em> de dinosaures, mais jamais de tracteur jurassique ou de fondations de bâtiment du Crétacé.</p>
<p>Un auteur de science-fiction ou fanatique de la thèse ne se laisserait pas impressionner et plaiderait que :</p>
<ul>
<li>Les <strong>dinosaures intelligents ne sont pas arrivés au stade des civilisations</strong> telles que les nôtres, ils ont « végété » (de notre point de vue) comme chasseurs-cueilleurs, sans agriculture, élevant à la rigueur quelques <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sauropode">sauropodes</a>, sans démographie galopante, sans outillage subsistant jusqu’à nous, sans grands bâtiments ni routes.<br /><br /></li>
<li>Ils brûlaient leurs morts et broyaient leurs os.<br /><br /></li>
<li>Leur existence s’est poursuivie sans changement pendant des millions d’années dans ce milieu faste qu’était la forêt tropicale jurassique (de la même manière que les Indiens d’Amazonie ont probablement peu évolué depuis leur arrivée il y a des milliers d’années). J’ai du mal à croire à un tel immobilisme sur cette échelle de temps, mais on peut <a href="http://blog.empyree.org/?2622-jared-diamond-et-le-determinisme-geographique#c19902">plaider le déterminisme géographique plaidé par Montaigne et déjà évoqué par David</a>).<br /><br /></li>
<li>La baisse de la biodiversité, réelle ou pas, n’a rien à voir avec eux, ou a été une pression de sélection <em>provoquant</em> leur apparition. Ils n’ont donc pas eu « besoin » d’exister pendant des millions d’années, leur civilisation n’a pu durer qu’un instant géologique comme la nôtre avant leur disparition.</li>
</ul>
<h3>Disparition</h3>
<p>Le billet de David plonge totalement dans un délicieux délire lors de l’évocation de cette disparition. Certaines structures et spécificités lunaires restant inexpliquées<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-2" id="rev-pnote-192-2">2</a>]</sup>, une théorie suppose un échange de missiles et gros cailloux entre les troödons terriens et leur colonie sélénite, provoquant la catastrophe bien connue et la fin du Secondaire.
<br />On nage dans la science-fiction la plus spéculative. Je ressors aussi l’argument des traces qui n’ont <em>pas</em> été laissées par une civilisation suffisamment évoluée pour envoyer des gens sur la Lune (et donc certainement nombreuse).</p>
<p>L’auteur de SF n’en resterait pas là et après tout, plaiderait que les troödons ont éventuellement été <em>victimes</em> d’extra-terrestres qui les pensaient dangereux (et pourquoi ne nous ont-ils pas réservé le même sort ?), ont manipulé des sciences inaccessibles aux cartésiens que nous sommes (du genre de la télékinésie au niveau de l’arme de destruction massive), ou ont développé leur civilisation de façon bien plus rapide et concentrée que la nôtre, uniquement à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">Chicxulub</a>, et la Catastrophe née de leur mauvais maniement de la Science trop vite acquise a effacé toutes leurs traces dans leur unique implantation.</p>
<h3>Conspiration</h3>
<p>Je préfère la théorie (également dingue) où ces dinos futés auraient eux-mêmes provoqué la catastrophe pour « redistribuer » les cartes sur Terre pendant qu’ils partaient sur une autre planète/dans un univers parallèle. Théorie compatible avec toutes celles à base de conspirations de « petits gris » à tendance saurienne, tirant les fils de l’évolution humaine, évoquées par David. Mais là on arrive à un niveau de SF trop bas pour être drôle.</p>
<h3>D’autres espèces</h3>
<p>Je reviens sur l’hypothèse originale : en 130 millions d’années, une espèce intelligente dinosaure est <em>forcément</em> apparue. <br />Si on pousse le bouchon un peu plus loin, on peut estimer que parmi les centaines de millions d’années <em>avant</em> les dinosaures, d’autres espèces intelligentes ont aussi <em>dû</em> apparaître.</p>
<p>Certes le développement des systèmes nerveux semble insuffisant bien avant cette époque. Mais après tout, peu de fossiles nous parviennent de si loin, et les fonds marins du Cambrien ont été presque entièrement renouvelés par la tectonique des plaques. Une civilisation née d’un descendant immédiat des bestioles des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Burgess">schistes de Burgess</a>, poulpoïde intelligent ou colonie de trilobites sentiente n’aurait pas laissé de traces. Il y a après tout plusieurs <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extinctions_massives">extinctions massives</a> dans l’histoire du vivant. Pour le plus grand bonheur de la spéculation débridée, il y a peu de preuves de la <em>non</em>-existence de ces lointains prédécesseurs.</p>
<p>Ajoutons que l’apparition d’espèces intelligentes <em>pourrait</em> (hypothèse hautement contestable) être <strong>aussi systématique que celle de la vie</strong> sur une planète favorable, mais leur perpétuation ou leur évolution vers une espèce « technique » comme la nôtre serait bien plus aléatoire. <br />La Nature a peut-être déjà réglé leur compte de diverses manières aux trilobites intelligents, aux réseaux de fourmilières conscients, aux troödons télékinésistes, aux poulpoïdes calculateurs, aux civilisations de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Raptor">raptors</a>, avant qu’elles laissent trop de traces. Les nombreux modes de disparition d’une espèce intelligente méritent l’étude, vue l’incertitude de notre propre destin. Peut-être sommes-nous les premiers à avoir et le goût technique et les ressources (pétrole !) et la démographie et les structures sociales et le souci de l’avenir, pour <em>éviter</em> notre auto-destruction.</p>
<p>Laissons de côté le fait que la <strong>définition même de l’intelligence</strong> est sujet à débat et que d'autres espèces pourraient en développer des formes sans aucune similitude avec la nôtre, basée sur des structures sociales où la culture, la transmission de savoirs, la hiérarchie sociale, dominent. Ces espèces pourraient cohabiter dans des échelles de temps et des milieux complètement différents. <br />Par exemple, nous partageons peut-être la planète avec une civilisation de rochers intelligents hautement philosophes dont l’existence s’écoule mille fois plus lentement que la nôtre, qui manipulent les volcans et les mouvements des continents, et qui ne s’intéressent même pas à notre présence.<br />Je pourrais aussi évoquer une perversion de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_Ga%C3%AFa">hypothèse Gaïa</a> et postuler que les êtres intelligents sont les planètes elles-mêmes.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>On le voit, cet article a suffisamment de matière pour nourrir deux ou trois cycles de romans de science-fiction, et il économisera donc pas mal de temps à l’amateur plus intéressé par les idées et leurs conséquences que par le reste (l’histoire, les personnages, leurs péripéties et autres prétextes à la découverte du monde étonnant créé par l’auteur...).</p>
<p>David saupoudre son article de nombreux liens vers des gens délicieusement allumés comme Bernard Werber<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-3" id="rev-pnote-192-3">3</a>]</sup> ou Jerry Pournelle, en plus de l’inévitable Wikipédia.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-1" id="pnote-192-1">1</a>] <em>Surtout avec tous les déchets radioactifs et autres saletés mutagènes que nous laisserions.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-2" id="pnote-192-2">2</a>] <em>Je me méfie des structures géologiques inexpliquées, donc forcément causées par des humains/extraterrestres. Je lis toutes les semaines dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science et Vie<em> un article sur comment se forme tel ou tel motif étonnant.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-3" id="pnote-192-3">3</a>] <em>Que je n‘ai jamais trouvé si original, mais bon...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/192Supervolcans et supertélescopes (« Pour la Science » d’août 2006)urn:md5:93d5827bc82a358945bf43a1d3d894642006-07-23T19:36:00+00:002014-02-26T10:54:06+00:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéapocalypseastronomiecataclysmeenseignementgigantismegéologiepessimismesciencevolcansémerveillement<p>Un bon cru du magazine scientifique avec quelques articles scientifiquement « racoleurs ».</p> <p><a href="http://www.pourlascience.com/">Sous peu en kiosques</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-1" id="rev-pnote-171-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Que du bon pour un fanas de science, et notamment :</p>
<ul>
<li>Le <em>Bloc-notes</em> de <strong>Didier Nordon</strong> : à lui seul sa page justifie l’achat du magazine.<br />D’abord des réflexions sur la spécialisation : quand elle est poussée à fond comme de nos jours, il n’y a plus de communication, juste une juxtaposition de tours d’ivoire.<br />Les ravages du « flux tendu » appliqué aux étudiants : les semestres si courts ne favorisent pas la maturation des connaissances. J’ai moi-même dans bien des cas nécessité plus de temps pour digérer (quasiment au sens littéral) des connaissance et des concepts qu’il n’y en avait entre le cours et l’examen.<br />Enfin, le rôle trompeur de l’Internet : tout ce qui y circule n’est pas forcément vrai. Rien de nouveau sous le soleil, rappelle Nordon, la désillusion est la même à chaque révolution dans l’information : écriture, imprimerie...</li>
</ul>
<ul>
<li>Un résumé des exploits du télescope spatial <strong><a href="http://hubblesite.org/" hreflang="en">Hubble</a></strong>. <br />Le petit télescope est là-haut depuis seize ans déjà. Son maintien en fonction va nécessiter des investissements que les Américains ne vont peut-être pas consentir, alors que son successeur n’est pas encore prêt (le <a href="http://www.jwst.nasa.gov/" hreflang="en">James Webb</a> est prévu pour 2013). <br />Mais les télescopes spatiaux sont-ils encore utile, vu leur diamètre forcément réduit, et la taille de ce qu’on arrive à obtenir au sol ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Coup de bol, c’est le sujet de l'article suivant (ainsi que d’un entretien avec l’astrophysicien Roland Lehoucq sur les limites de l’exploration astronomique).<br />Hubble a une taille réduite (miroir de 2,5 m de diamètre), il se fait enfoncer par les récents télescopes du <a href="http://www.eso.org/projects/vlt/" hreflang="en">Very Large Telescope</a> européen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-2" id="rev-pnote-171-2">2</a>]</sup> dont les miroirs affichent un fier 8,2 m (déjà plus que le James Webb). De plus les progrès de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Optique_adaptative">optique adaptative</a> (et le soutien de l’informatique) permettent de s’affranchir des turbulences de l’atmosphère, argument majeur à l’époque du lancement du projet Hubble.<br />Les télescopes spatiaux vont donc sans doute se spécialiser dans les longueurs d’onde filtrées par l’atmosphère (rayons X...).<br /><br />La taille des miroirs des plus grands télescopes double tous les 20 ou 30 ans, et cela va continuer. Le projet <strong><a href="http://www.eso.org/projects/owl/" hreflang="en">OWL</a></strong> ambitionne de passer rapidement à un <strong>miroir de... 100 m</strong> ! Si on veut observer efficacement les planètes extrasolaires de type terrestre, il faudra bien ça.<br />OWL est un monstre, l’article détaille les cauchemars techniques à relever, ou déjà résolus par les télescopes actuels (à plus petite échelle !) : coupole de protection de 100 m de haut <em>mobile</em> (autour du miroir, elle générerait elle-même des turbulences atmosphériques !) ; ossature déformable ; prise en compte de la déformation due au vent ; miroir géant composé d’une myriade de petits, orientables ; impossibilité financière de faire chacun de ces petits miroirs de la forme parfaite, mais identiques, d’où nécessité d’un autre miroir correcteur pour redresser ; système de contrôle d’optique adaptative hors de portée de l’informatique actuelle ; système de rotation de cette structure du poids de la Tour Eiffel ; etc. etc.<br />Coût : un milliard d’euros (on avait craint soixante au début...), une misère pour l’Occident qui dépense déjà bien plus dans certaines missions spatiales.<br /><br />Il y a d’autres projets en cours, moins ambitieux mais moins risqués : le <a href="http://www.tmt.org/" hreflang="en">TMT</a>, miroir de 30 m, coût 580 M€ ou le <a href="http://www.gmto.org/" hreflang="en">Magellan</a>, assemblage de sept miroirs de 8 m, à 400 M€. La concurrence pour l’argent du contribuable fait rage.<br /><br />Soit dit en passant, il existe d’autres moyens que des miroirs de plus en plus grands, en morceaux ou pas, pour améliorer les images venues du ciel. Les <strong>capteurs</strong> arrivent à 100% de récupération de la lumière reçue (autrefois quelques pour cent ; ce gain monstrueux a permis de virtuellement quintupler le diamètre des télescopes existant comme celui du Mont Palomar), cette piste est close. <br />Les <strong>télescopes spatiaux</strong> sont forcément petits (6,5 m pour le James Webb quand même), et ruineux à maintenir dans des conditions très dures. <br />L’<strong>interférométrie</strong> permet de rassembler les observations de plusieurs télescopes de taille « humaines » pour obtenir une résolution (finesse de détails) équivalente à celle d’un télescope classique de la taille de la distance qui les sépare ! Le hic, c’est que la sensibilité (la lumière collectée) n’est pas meilleure : les temps de pose sont énormes. <br />Difficile donc de se passer des télescopes géants dans l’avenir. <br /><em>Caveat</em> : l’auteur de l’article est l’un des responsables du projet OWL. Ça fait rêver quand même<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#pnote-171-3" id="rev-pnote-171-3">3</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur le verre dans l’Empire romain répond à une question que je me posais depuis longtemps : <strong>depuis quand les fenêtres en verre existent-elles</strong> ? Les fenêtres des seigneurs du Moyen-Âge étaient-elles béantes ? J’ai ma réponse : le soufflage du verre a permis au verre de se généraliser dans les vitres (et la vaisselle) dès le Ier siècle après Jésus-Christ.<br />(Non, ça ne m’empêchait pas de dormir non plus).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je me garde le résumé de l’article sur le <a href="http://www.apprendre-en-ligne.net/jeux/dilemme/home.html">dilemme du prisonnier itéré</a> pour plus tard. (Encore un sujet qui me passionne en laissant tout le reste du monde de marbre.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Le plus spectaculaire pour la fin : les <strong>supervolcans</strong>.<br />Ils enfoncent <em><a href="http://www.imdb.com/title/tt0120461/" hreflang="en">Volcano</a></em> ou <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm.html?cfilm=13910">le Pic de Dante</a></em>. En principe, il s’agit d’une gigantesque bulle de magma peu liquide qui rompt tout d’un coup : une couronne de volcans apparaît tandis que s’effondre la partie centrale dans de gigantesques nuages de cendres.<br /><del>Si</del> Quand ceux du Wyoming ou de Californie explos<del>ent</del>eront (et ce sera brutal), tout sera détruit à des dizaines de kilomètres à la ronde, et la moité des États-Unis seront recouverts de deux mètres de cendres (certains diront que c’est une bonne nouvelle). Le climat mondial sera passablement secoué pendant des années (et ce n’est une bonne nouvelle pour personne) : fleuves charriant des cendres, soleil masqué, refroidissement massif, destruction de la couche d’ozone, pluies acides massives. Quand je vois <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde">ce qui est arrivé en 535 à cause du Krakatoa</a>, un volcan « normal », je tremble. <br />La bonne nouvelle est qu’un tel feu d’artifice n’advient que quelques fois par million d’années, et certainement pas durant nos existences à tous. Ouf.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-1" id="pnote-171-1">1</a>] <em>À l’heure où j’écris ceci, le site affiche encore le numéro de juillet sur les <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/26/174-les-gaulois-pas-si-barbares">Gaulois, dont j’ai aussi parlé ici</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-2" id="pnote-171-2">2</a>] <em>Mais installés dans un coin archi-désertique du Chili.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/23/189-pour-la-science-aout-2006#rev-pnote-171-3" id="pnote-171-3">3</a>] <em>Je suis de l’avis que la science moderne manque de Grands Projets bien visibles, genre conquête de la Lune ou instrument démentiel, pour enthousiasmer un minimum le grand public, pour la science ou dans notre capacité collective à « faire grand ». La Chine actuellement ne s’en prive pas (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_des_Trois-Gorges">barrage des Trois Gorges</a>, développement de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chongqing">Chongqing</a> - ces exemples sont peut-être contestables sur le plan utilitaire, mais incontestablement grandioses). La tendance « c’est trop cher pour ce que c’est » a hélas la main sur les cordons de la bourse chez nous.</em></p></div>
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