Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - mercenaire<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754Les joies de la SSII (8) : Imputer, oui, mais sur quoi ?urn:md5:e3e917360498c06d1246abee026ff1d12008-10-18T15:06:00+00:002020-03-31T15:33:16+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenaireSSIItravail<p>Le petit consultant de SSII n’a pas en réalité pour but de coder, développer, spécifier ou écouter le client, mais de facturer. Détail...</p> <p>Pour beaucoup d’employés, le lien entre le temps passé à travailler et l’argent qui rentre dans les caisses de l’entreprise n’est pas direct. C’est le travail fourni au final qui compte, le résultat du projet, etc.</p>
<p>En SSII, ce lien est direct, immédiat, total, brutal : le client paye à la journée, chaque jour non facturé est un manque à gagner énorme pour l’employeur. Il existe des projets « au forfait » où le client paie un produit fini quel que soit le temps passé ; mais évidemment, plus le salarié passe de temps sur ce projet, plus la marge fond. Dans l’idéal, le projet doit être <del>bâclé</del> livré le plus vite possible, pour que les quelques jours gagnés soient utilisés à faire une prestation ailleurs.</p>
<p>Cette marge est l’obsession de tout <em>manager</em> de SSII, autour de quoi doit graviter tout le reste. Celui qui ne le pense pas comprend très vite où est son intérêt et retransmet la pression, et ce même s’il reste humain par la suite (sisi, j’en connais).</p>
<h3>Rêve, régie, forfait</h3>
<p>Dans les rêves les plus fous des dirigeants de SSII, les projets se font tout seuls sans que personne n’« impute » dessus, et atteignent le Saint Graal de la marge à 100%.</p>
<p>Plus réalistement, dans la grande SSII connue où j’ai imputé pendant quelques années, la marge minimale demandée au chef de projet était un monstrueux 50% (brute, comprenant salaires et frais de déplacement et hébergement, hors congés). Ce siècle n’avait pas deux ans, je ne sais pas ce qu’il en est maintenant. Une fois déduits le coût formation hors projet, le salaire des dirigeants de l’agence, celui des secrétaires, les frais de structure, la prime du commercial, le bonus des dirigeants, le support bureautique interne, les primes des <em>top managers</em> du groupe et autres détails, au niveau du groupe la marge finale était d’une poignée de points.</p>
<p>Dans un cas réaliste et fréquent (bien que se raréfiant), le consultant est casé « en régie », donc mis à disposition du client et sous ses ordres, donc sans risque pour la SSII : pendant ces jours, le prestataire coûte tant et ramène tant, ce qui se négocie et on peut tenter de gratter sur les frais ; mais on ne cherche pas à torcher le plus vite possible une prestation pour la facturer (la pression sur le petit pion s’exercera directement par le client). Ce genre de prestation peut durer des années, avec le danger que le salarié soit oublié par son employeur, l’oublie en retour, se fasse embaucher par son client, ou attaque SSII et prestataire pour <a href="http://dchaffiol.free.fr/info/ssii/dm/art_dmLoi.htm">délit de marchandage</a>...</p>
<p>Mais ce cas est une minorité, les clients préfèrent eux les projets « au forfait » : une tâche, un prix, et on essaie de tirer le maximum du prestataire. La différence fondamentale entre « régie » et « forfait » réside dans la question archi-fondamentale <strong>« QUI se mange les coûts en cas de dépassement du temps imparti ? »</strong> : en forfait, c’est la SSII ; en régie c’est le client. Le reste est affaire de négociation entre grandes personnes.</p>
<p>Au forfait, le planning est donc taillé au cordeau : il faut tant de jours pour telle tâche, taillée de manière optimiste, avec dix ou vingt pour cent en sécurité. Comme le client regarde le prix, et souvent que ça, ce planning est donc parfois <em>très</em> serré. (Parfois aussi le client avale n’importe quoi, y compris des plannings réalistes, et paie ainsi sa non-compétence technique.)</p>
<p>De même, il est hors de question qu’entre deux missions il y ait le moindre « temps mort », l’abominable « intercontrat ». D’ailleurs dans une SSII, le premier critère pour une <del>augmentation</del> non-diminution de salaire (inflation déduite) est le taux d’activité - et ce même si le prestataire de base va là on lui dit quand on lui dit, ce qui relève plutôt du travail des <em>managers</em> et commerciaux. J’ai même vu des gens payés au variables en regard de leur taux d’activité. C’est un puissant motivant pour faire accepter aux gens une mission de trois mois à Pétaouchnok loin de leur famille.</p>
<h3>No Murphy</h3>
<p>Il n’y a donc pas de temps non pour les impondérables. Ce Քਆᇥຜ�ॡჅ๛ de Word a bouffé la moitié de votre documentation de formation utilisateur ? Oracle a décidé que votre base était trop rapide et a changé pour le pire tous les plans d’exécution ? Le client change une base fondamentale des spécifications la veille de la livraison sans qu’il y ait de trace écrite de son accord pour l’ancienne version ? Le client ne commence à recetter que peu avant la mise en production ? Le réseau déjà saturé de votre agence est inutilisable quatre heures par jours alors que vous ne travaillez que par Citrix ? Le client vous couvre d’une avalanche de tickets/incidents/cas/flips/bugs à 90% identiques ou non pertinents ? Votre PC rend l’âme et vous devez vous débrouiller avec une vieille brouette qui met quinze minutes à lancer l’outil de développement ? Le client est incapable de vous faire un rapport d’incident un minimum détaillé et nécessite des heures d’interrogatoire pour lui tirer les verts du nez et enfin comprendre son problème ?</p>
<p>...Dans tous les cas, la perte de temps et les heures sup pour rattraper le retard seront pour votre pomme. Cadre, ça veut dire « forfait temps ».</p>
<p>Pas de temps non plus pour l’administratif : les notes de frais qui peuvent être longues à remplir, à négocier avec la secrétaire ou son chef, la DRH..., la paperasse interne, les relevés d’activité à envoyer toutes les semaines, les lettres et sites d’information de l’entreprise... Certes rarement de grandes choses mais elles s’additionnent. Je ne me plains pas, mais mes anciens collègues cumulant des fonctions de chefs de projets avec leur travail habituel perdaient un temps fou à ces bêtises. Sans oublier que les outils dédiés à cela sont rarement des parangons d’ergonomie. Ce n’est pas parce qu’une SSII possède de nombreuses compétences qu’elles sont mises au service de l’infrastructure maison : les cordonniers sont les plus mal chaussés...</p>
<p>Pas de temps pour la veille technologique (lecture des blogs et journaux du secteur, « jeu » avec quelques softs nouvellement sortis, séminaires de présentation...). Si l’on ne fait pas gaffe, une mission longue avec la tête perpétuellement sous l’eau vous déconnecte complètement de votre propre secteur d’activité.</p>
<p>Corollaire : les débutants sont priés d’être aussi efficaces que les gens expérimentés. Une boîte intelligente vous expédie en formation, et zou, au front ! Une boîte encore plus intelligente vous plonge dans une équipe où vous apprendrez le métier par osmose, mais... les autres membres de l’équipe, eux, ont en général du travail par-dessus la tête, et les questions bombardées par un débutant enthousiaste les saturent assez vite.</p>
<h3>Temps masqué</h3>
<p>Évidemment, le travail « secondaire » doit se faire forcément à un moment, les PC doivent s’installer et se configurer, la transmission des connaissances se faire, et il faut se tenir un minimum au courant de ce qui se passe dans sa propre boîte ou dans le milieu. De plus, il serait aberrant de consacrer quatre jours dans la semaine au « vrai » travail, et de faire tout le reste (administratif, veille, discussions à la machine à café) le vendredi.</p>
<p>Mais au total cela revient au même. Quand un client paie une journée de développement, il faut comprendre une demi-heure de survol des nouvelles sur divers sites et blogs, un quart d’heure à écouter radio-moquette à la machine à café ou sur le toit de l’immeuble autour du cendrier (ce peut être vital), une demi-heure à discuter par email ou téléphone à propos d’autres projets (compensés par le temps qu’on consacrera au présent projet quand on imputera sur un autre...), l’exploration d’une nouvelle fonctionnalité que l’on vient de découvrir, la discussion avec un collègue qui revient de formation sur un logiciel concurrent... Au final le premier poste de perte de temps reste cependant la réunionnite.</p>
<h3>La réinvention perpétuelle de la roue</h3>
<p>Pas de temps non plus (et c’est pire) pour le recyclage des informations récoltées durant un projet, la « capitalisation ». Je l’ai vue souvent louée, parfois verbalement encouragée, mais en pratique, jamais vue : rarissimes sont les projets qui ne se terminent pas de manière un peu tendue, à resserrer les derniers boulons, même si tout va bien. Les consultants en fin de projet commencent déjà à faire chauffer les moteurs pour la mission suivante, il est hors de question pour leur chef de les laisser en intercontrat une seule journée s’il peut l’éviter ; et le client, évidemment, va refuser de payer des jours pour la capitalisation des connaissances chez son fournisseur.</p>
<p>Au mieux, le client va payer sans le savoir pour la capitalisation purement interne et personnelle que les intervenants se feront sur leur portable ou clé USB - sous forme de copie de morceaux de programmes ou docs qui pourraient bien resservir plus tard, parfois dans la plus parfaite illégalité théorique bien que l’intention de nuire soit nulle et que ça arrange tout le monde - mais quand un employé a compris que rien n’est plus important pour son augmentation que la satisfaction du client dans le respect des délais et des marges, et que le reste relève de l'accessoire total tant qu’on ne se fait pas piquer, les interrogations de pur principe s’envolent très vite.</p>
<p>D’ailleurs pour capitaliser il faut une infrastructure, et un <em>management</em> qui le gère. Cela veut dire investir du pognon à gérer des serveurs et des gens pour les faire tourner et les alimenter. Ça existe, je l’ai vu, mais de manière tellement mal implémentée (notamment sur un intranet inaccessible de l’extérieur) que l’utilité réelle était nulle, surtout pour « techniques » comme moi.</p>
<p>Puis le marché se re-tend, les gens concernés doivent retourner « au front » faire du chiffre, les chefs changent, et on oublie. Je ne crois plus en la capitalisation hors d’une petite équipe où les gens se connaissent, par exemple à l’échelle d’une agence. Que quelqu’un me dise que si, ça existe…</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/59Des employés interchangeablesurn:md5:9f7b5cb210a28623867c6f2c3cb2af8b2008-02-06T22:17:00+00:002011-05-25T20:37:00+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenairemobilitéorganisationperspectiveSSIItravail<p>« Le système actuel considère que les gens doivent être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre. »</p> <p>Un petit billet <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=188572&cid=15541422" hreflang="en">sur une perle de sagesse croisée au détour d’une conversation sur Slashdot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-1" id="rev-pnote-199-1">1</a>]</sup> :</p>
<p>À une remarque sur le fait que les entreprises voient trop à court terme, à cause des bilans de fin de trimestre, et donc rechignent massivement à augmenter les salaires, quitte à laisser partir du monde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-2" id="rev-pnote-199-2">2</a>]</sup>, un sage au doux pseudonyme de « kfg » répond (je résume) :</p>
<blockquote><p>C’est pire que ça. Le système actuel considère que les gens <em>doivent</em> être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre : pour un boulot médiocre, on peut prendre n’importe quel médiocre, et on en trouvera toujours à un prix raisonnable. Les procédures et flux de ces entreprises sont conçues en fonction de cela.<br /> <br /> Évidemment, à force d’embaucher des médiocres, les grosses entreprises peuvent se voir laminer ponctuellement par de plus petites menées par des fondateurs brillants (j’ajouterais que jouent aussi les handicaps liés à l’échelle : inertie, communications, couches de management, conservatisme de celui qui est protégé par sa taille...). <br /> <br />Revers de la médaille, les petites structures sont beaucoup plus vulnérables à une défaillance de leur fondateur. Celles qui se reposent sur des gens brillants irremplaçables passent un sale moment quand ces gens indispensables s’en vont. Donc une entreprise <em>doit</em> s’organiser de manière à pouvoir remplacer une bonne partie de son personnel. <br /> <br />En résumé : « <em>The opposite of love is not hate; it is indifference. In the average company they aren't actually out to get you, they simply don't give a fuck about you.</em> »</p></blockquote>
<p><strong>Ajout personnel</strong> : Je me demande de quelle manière ce phénomène n’est pas un minimum local de tout ou partie de notre économie. Dans un secteur en crise, l’entreprise qui ronronne à coups de gens médiocres ou mal formés ou peu motivés se fera laminer par les nouveaux venus (faillibles mais nombreux, et qui peuvent vite grossir...) ou d’autres concurrents moins cyniques, ou simplement moins chers, plus motivés, qui trouvent facilement à se démarquer.</p>
<p>D’un autre côté, peu après mes débuts dans la grosse SSII où je suis arrivé trop longtemps, chez le client où je suis aussi resté trop longtemps, un des anciens a posé sa dém’ pour gagner plus au Luxembourg. (Je ne savais pas à l’époque que ladite SSII vivait en permanence une fuite des cerveaux.) À ma réflexion que l’on allait avoir du mal à faire sans lui, le chef a répondu que justement, personne n’était indispensable. Et effectivement, on a fait sans lui, et j’ai même souvent fait tout seul.</p>
<p>Contre-exemple : Google a bâti sa réputation sur le phénomène inverse, en siphonnant un bon paquet de la matière grise haute qualité disponible. D’un autre côté, Google aurait maintenant le problème de devoir balayer plus large dans son recrutement. Enfin, Google pourrait être justement <em>le</em> contre-exemple, celui qui a adopté une stratégie de niche que les autres ne peuvent pas tous suivre, et qui ne peut devenir la norme. Après tout, la plupart des salariés sont, par définition, des gens normaux, dans la moyenne, bref pas exceptionnels, et tout le monde ne peut embaucher la crème.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-1" id="pnote-199-1">1</a>] <em>Slashdot, c’est comme le café du commerce : on se tient au courant des ragots, le niveau est en général très bas, et parfois il y a quelqu’un de vraiment bien qui passe, ou bien le radotage d’un vieux combattant livre une des clés de l’existence.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-2" id="pnote-199-2">2</a>] <em>Toute ressemblance avec une grande SSII où je suis passé n’est pas fortuite, mais elle est plus représentative du genre que l’exception.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/199Une tâche à la foisurn:md5:efb28f8521504ff00ec6e77dd921e2712007-12-09T21:11:00+00:002023-12-27T11:01:58+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementdommagedysfonctionnementdéveloppementinformatiqueintelligencemercenairemobilitémémoireoffshoreoptimisationorganisationpessimismeprise de têtepsychologiesaturationSSIItempstravailténacitééconomieéconomie de l’attention<p>L’écho de ce billet de Joel Spolsky a résonné au plus profond de mon être le jour où je l’ai découvert :
<em><a href="http://www.joelonsoftware.com/articles/fog0000000022.html" hreflang="en">Human Task Switches Considered Harmful</a></em>.</p> <p>En gros, un développeur est un genre assez particulier d’humain qui a besoin de se concentrer pendant de longues périodes. Il se comporte comme un microprocesseur quand on lui demande de changer de tâche régulièrement. Le <a href="http://www.commentcamarche.net/forum/affich-696642-qu-est-ce-qu-un-changement-de-contexte">changement de contexte</a> est une opération lourde qui ne doit pas être répétée trop souvent ; dans le cas extrême le processeur passe son temps à passer d’une tâche à l’autre, à se reconcentrer sur ce qu’il fait, et ne fournit plus de travail utile.</p>
<p>À un moment, ce phénomène a constitué un gros problème dans mon boulot, au moment où je prestais<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> chez un client, à gérer dix micro-projets à la fois avec un bon paquet d’interlocuteurs. Le client désirait une sous-traitance à fond, avec moi et un collègue dans le rôle de l’« interface » avec le centre de développement de notre SSII à plusieurs centaines de kilomètres. Impossible de se plonger une demi-heure sur un problème quelconque sans être interrompu par un coup de fil à tel ou tel sujet.</p>
<p>Mon boulot actuel comporte à nouveau ce genre de pépin, mais sur une autre échelle : je me retrouve sur trois missions à la fois (du genre deux jours sur l’une, deux sur la deuxième, une journée sur la troisième) et, à chaque fois, me « replonger dans le contexte » de chacune va me faire perdre quelques cycles cérébraux, de la même manière qu’en rentrant de vacances je ne suis pas à 100% immédiatement. J’ai observé le phénomène dans le cas extrême d’un collègue obligé de « caser » des jours de réalisation de rapports complexes dans les trous d’une autre mission : il redécouvrait les spécifications et réanalysait ses propres réalisations quasiment d’un mois sur l’autre. Je l’observe sur moi-même sur une maintenance applicative à long terme qui tombe dans les « trous » des autres prestations (en gros une ou deux fois par mois…). Bref, ça n’avance pas.</p>
<p>Je l’observe sur un autre projet : je dois à nouveau sous-traiter la partie la plus fastidieuse de la réalisation à un collègue situé sur un autre site… d’où pas mal de temps perdu en explication de contexte, préparation de docs, CD, mise en place de spécifications bien plus précises que je ne l’aurais fait pour moi-même, bref tout un surcoût (<em>overhead</em>) identique à celui impliqué quand un programme sous-traite une partie du travail à un autre. Ajoutons des « effets tunnel » dus à des disponibilités épisodique de ma part (je preste ailleurs) et du client de ce projet, avec donc nécessité de nous poser des synchronisations. Ajoutons les besoins de recharger ma petite mémoire cache cérébrale avec les éléments dudit projet à la moindre question du sous-traitant.</p>
<p>L’informatique n’a jamais avancé que comme cela mais ma capacité de travail à moi ne double pas tous les deux ans… Mon cerveau est configuré pour du mode <em>batch</em>, et multiplier les tâches d’arrière-plan augmente mon stress de manière exponentielle.</p>
<p>Et je ne parle pas de la difficulté à développer quoi que ce soit à la maison avec une famille qui exige un peu de temps avec elle, et un gamin de 4 ans en particulier. Moi j’ai abandonné.</p>
<p><strong>Mise à jour de mai 2011</strong> : Et ça continue en ce moment, avec plein de clients exigeants à la fois, un téléphone professionnel qui me tombe dessus, et une tornade de dix-huit mois à la maison. Soupir.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Du verbe « <a href="http://forum.wordreference.com/archive/index.php/t-391694.html">prester</a> » qui, s’il n’existe pas en français de France officiel, devrait y être inclus.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/185Les joies de la SSII (7) : Un expert, sisi !urn:md5:dfe29b4f14dcbd8bcbb39c969ac022ca2007-12-04T21:32:00+00:002011-05-12T20:23:58+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termeexpertisemercenaireoffshoreparadoxeSSIItravailvirtueléconomie<p>Quand il paye cher, un client exige forcément un prestataire expérimenté. Or quand on débute ou qu’on change de spécialité, on est forcément un peu vert. Contradiction...</p> <p>Pour une personne comme moi qui déteste mentir (parce que ça se voit et qu’immanquablement ça me retombe sur la g...), un inconvénient de la vie en SSII réside dans la nécessité de masquer sa vraie nature à son client. Les entreprises acceptent de payer pour des profils pointus, de vrais experts qui leur apportent quelque chose, mais des « juniors » ? Rarement. Donc les « juniors » sont vendus comme experts.</p>
<p>Je ne dis pas que les commerciaux présentent systématiquement n’importe qui en pipotant qu’il a quinze ans d’expérience sur le logiciel du client et sa configuration. Non, du moins dans les boîtes sérieuses qui tiennent à garder la confiance de leur client. Il y a un monde entre présenter un « excellent profil de jeune qui en veut et qui apprendra très vite » (pas forcément embauché d’ailleurs) et un « expert incollable » (formé la veille sur un coin de table).</p>
<p>Les clients évoluent aussi : ceux qui acceptaient n’importe quel petit jeune avec une bonne tête et un diplôme Bac+2/3/4/5/8 à l’encre à peine sèche pour leurs projets « An 2000 » ne voulaient parfois plus que de vrais experts quand la conjoncture était redevenue morose après 2001. Les conséquences furent tragiques pour les statistiques d’embauche des jeunes diplômés, les SSII en embauchant une énorme proportion. À cette même période morose, certains expérimentés, bien que lassés de leur spécialisation actuelle, sentaient la pression pour faire valoir cette expérience là où justement on pouvait la vendre chère — impossible de se recycler en redevenant un temps « junior ». Il fallut attendre la période « faste » actuelle où la pénurie facilite à nouveau les transitions vers les créneaux « à la mode ».</p>
<h3>Mon cas à moi personnel qui me concerne</h3>
<p>Je ne vais pas trop me plaindre pour ma part. Au siècle dernier, la <em>start-up</em> de clowns où j’ai démarré ma carrière a effectivement caviardé mon CV (expert d’assurance avec plusieurs années d’expérience, ouaouh !), rien moins qu’auprès d’un énorme client format CAC40.</p>
<p>Mais la grosse SSII où je suis tombé ensuite, bien qu’haïssable par certains aspects, a été beaucoup plus honnête sur ce point. Je ne connaissais effectivement pas grand-chose aux ERP quand je suis arrivé dans une usine d’un grand groupe d’électronique pour un projet de migration, mais le client le savait. Comme il savait être de fait un centre de formation bien pratique pour son fournisseur ! J’ai bien été intégré dans l’équipe, massivement formé à Oracle, rapidement facturé ; cinq ans après j’étais encore là. Pareil pour le client suivant, à qui j’étais vendu pour un poste moins technique, mais avec l’expérience du concept d’ERP cette fois.</p>
<p>Mon travail actuel a impliqué à nouveau un changement de spécialité. Après une nouvelle série de formations, la phase de mise en jambe a été « masquée » aux clients par un poste un peu bâtard moitié service moitié éditeur. N’avoir le client qu’au téléphone ou par mail pour du support permet de lui masquer de grands moments de solitude (« Mais de quoi il me cause ? Mais comment veut-il que je sache si on peut faire ci ou ça avec ce soft que j’ai découvert le mois dernier ? »). Évidemment, la personne que je remplaçais était injoignable, facturant ailleurs.</p>
<h3>En presta</h3>
<p>« Au front », <em>ie</em> en prestation en face du client, si on est encore un peu vert sur la dernière version du logiciel dans une configuration « réelle » un peu tordue, il faut apprendre à tergiverser quand le client attend des réponses sur des points précis, supposant que l’on en sait plus que l’éditeur parce que, quelque part, un commercial lui a dit que notre SSII était « partenaire <em>superpremium</em> » ou un truc comme ça.</p>
<p>Mais mes connaissances sur leur soft, je ne les ai trouvées qu’en formation (utile mais jamais suffisante), en parcourant les forums dédiés sur Internet, ou en côtoyant les gens plus expérimentés que moi : je ne suis pas un intime des développeurs ! Et notre service de support interne, effectivement performant, est refacturé à mon agence, donc il ne faut pas trop y toucher. Effet pervers haïssable de la logique des centres de coûts et de profits. Évidemment, le client refuse de se voir opposer ce genre d’argument de cuisine interne, et il a raison.</p>
<p>Il faudra faire illusion. Et ne pas dire au client que non, je n’ai pas pas derrière moi cinquante installations comme le commercial lui a peut-être fait comprendre sans jamais le dire. D’ailleurs il est rare de savoir ce que le commercial a dit au client, ça rend le jeu de rôle plus intéressant. De toute façon, le client aime comprendre autre chose, ce qui est déjà un progrès par rapport au cas fréquent du client qui ne sait pas ce qu’il veut mais le veut tout de suite. Le devoir de conseil sur un domaine que l’on ne maîtrise pas encore totalement est un exercice difficile.</p>
<h3>Cas extrêmes</h3>
<p>Il n’empêche que les histoires d’horreur de pseudo-experts pas juste verts, mais totalement débutants, fleurissent. Une ancienne de la branche <em>consulting</em> d’un très gros éditeur de bases de données m’a confié avoir dû se cacher de son client pour rédiger son rapport de stage : elle n’avait même pas encore son diplôme, et était déjà en régie chèrement facturée.</p>
<p>Le formateur-formé-la-veille revient également souvent. Recracher en public des notions apprises douze heures auparavant peut encore se jouer, mais si par malheur il y a dans la salle un client avec des problématiques précises et qui attend de la formation un peu de <em>consulting</em> plutôt que la bête régurgitation d’un livre...</p>
<p>Sinon, de la même manière que le chercheur d’emploi embellit son parcours, certaines SSII usent et abusent des CVs « relookés », où une simple formation trois ans auparavant équivaut à « développeur confirmé », où le <em>coaching</em> d’un simple collègue moins expérimenté fait de vous un chef d’équipe, et où la maîtrise des fonctionnalités d’un logiciel permet de vous envoyer sur une installation critique auditer la manière dont travaillent des gens qui manipulaient déjà l’outil avant votre bac....</p>
<p>Le client se marre parfois en voyant proposer le même CV par trois SSII concurrentes, « réexprimé » dans doute différemment à chaque fois : les embauches ne se font souvent qu’en vue d’une mission précise, et le super-profil avancé n’a peut-être pas encore passé le premier entretien (par contre il a pu répondre à trois annonces de SSII qui évoquaient la même mission, ou se retrouver dans les fichiers pour avoir répondu à des annonces bidon, et ne plus être disponible).</p>
<h3>Formation</h3>
<p>Bienheureux celui qui a été formé par un vrai formateur sur le produit qu’il va devoir utiliser, et non la veille, par un collègue déjà débordé qui subit déjà la pression pour son propre projet. Oui, la caractéristique d’une SSII, même en plateau, est que tout le monde <em>doit</em> facturer. Les formations formelles sont un moyen de sortir de l’engrenage, de réellement consacrer du temps à apprendre un sujet. Mais le formé coûte alors doublement de l’argent : il en coûte directement, et il n’en rapporte pas.</p>
<p>Sinon, rarissimes sont les cas où l’on peut consacrer du temps à un sujet, expérimenter des choses, tester une nouvelle version d’un soft « pour voir » : il faut « imputer » et facturer, et la pression pour « faire de la marge » est d’autant plus énorme qu’elle vient du plus haut de la hiérarchie (les actionnaires).</p>
<p>Au mieux, on arrivera à découvrir des choses « en temps masqué », noyé dans la masse de temps consacrée à un projet. Le <em>e-learning</em> facilite un peu la chose même si je n’en suis pas un fanatique. Il s’est d’abord imposé comme moyen de réduire les coûts. De toute façon il nécessite du temps aussi.</p>
<p>La conséquence, fatale de la logique « on forme (peut-être) et on facture » est que certains projets « essuient les plâtres » de la première réalisation d’un nouveau formé. Après tout, on n’apprend bien qu’en réalisant avec un but concret. Dans le meilleur des cas, le reste de l’équipe épaule et forme le nouveau. Dans le pire, le client paye longtemps (donc cher) une formation sur le tas qui a bonnes chances de déboucher sur un développement bancal.</p>
<p>Une mode actuelle réduit l’ampleur du phénomène du pseudo-expert : l’organisation en « plateau » ou « centre de compétence », bref en équipe de gens rassemblés autour d’une spécialité, et utilisés comme <em>pool</em> de compétences qui peut travailler simultanément pour plusieurs clients. Ce système permet d’intégrer en douceur les petits nouveaux. Le client ne les voit pas, ou sait qu’ils sont encadrés par des gens plus expérimentés, ou se contrefiche de leur existence.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
Partie 7 : Un expert, sisi !<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/409Six ans et demi et un cartonurn:md5:a788f5c63cbc2a64b7ea9412742fb08e2007-01-16T22:54:00+00:002016-08-16T14:29:25+00:00ChristopheIl faut bien mangermercenairemobilitéparadoxesauvegardesSSIItravailvaleurvirtuel<p>Une page se tourne...</p> <p>Une ère se termine, j’ai quitté ce soir l’employeur qui me payait depuis plus de six ans et demi (je n’ai pas dit « l’employeur <em>pour qui</em> je travaillais » — fameux problème de l’écartèlement de la loyauté dans une société de service).</p>
<p>J’ai emporté la totalité de mes biens matériels personnels en vidant le bureau qui m’a servi de port d’attache quelques mois (après des années de régie en clientèle) : un demi-carton. Et encore y avait-il des choses retrouvées dans la sacoche du <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">portable </a> rendu ce jour : un CD, le chargeur du portable, un magazine sur Oracle, des kleenex, de la paperasse.</p>
<p>Damnée société de l’immatériel — même si je sais bien que les acquis principaux de ces années sont dans ma tête.</p>
<p>Drôle de boulot de <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">migrant</a> poussé à ne rien garder qui ne soit pas stockable sur le disque dur du précieux portable. Et le reste, imprimé, ne mérite pas d’être transmis aux collègues qui n’auront pas le temps de lire, ou imprimeront eux-même.</p>
<p>Bizarre civilisation où tout ce qu’on manipule ne vous appartient pas — et non, je ne veux pas avoir à payer mon ordi portable :-)</p>
<p>Ça fait bizarre.</p>
<p>(<strong>Mise à jour de 2010, presque quatre ans après</strong> : Aucun regret.)</p>
<p>(<strong>Mise à jour de 2016, presque dix ans après</strong> : Toujours aucun regret, mais <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Presque-10-ans-et-boen-plus-qu-un-carton">il a fallu à nouveau tourner cette page</a>.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/16/305-six-ans-et-demi-et-un-carton#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/238Les joies de la SSII (6) : Accès à distance et télétravailurn:md5:d5f65db2256879a572a3c3bc54267e212006-12-21T13:58:00+00:002020-03-31T15:32:49+00:00ChristopheIl faut bien mangerinformatiquelogistiquemercenairemobilitéorganisationparadoxeparanoïaréseauSSIItravail<p>La technologie actuelle rend le travail à distance possible. Culturellement et sécuritairement, ça coince.</p> <p>Consultants migrants en clientèle, sous-traitants développeurs <em>off-shore</em> ou pas, ou simples télétravailleurs, nombreux sont ceux qui se connectent à distance chez leur employeur ou leur client <em>via</em> Internet.
<br />Les avantages sont innombrables, y compris sur le plan écologique et de la réduction des coûts<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, comme sur la qualité de vie et donc la productivité du télétravailleur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>(<em>Caveat</em> : Oui, une partie de ce qui suit est à mettre sur le compte de ma tendance à râler et une certaine impatience naturelle. Mais tout de même.)</p>
<h3>Technologie</h3>
<p>Évidemment, la connexion à distance nécessite quelques outils.</p>
<p>D’abord un <strong>accès Internet</strong>. <strong>Rapide</strong>. Allez faire du télétravail avec un simple modem, ou quand le réseau de votre agence est tellement encombré que la connexion aux serveurs du client dure trois ou quatre éternités ! Des échanges de fichiers un peu imposants à 3 ko/s deviennent très vite pénibles. Pénible aussi le parcours d’une arborescence réseau profonde quand le résultat d’un clic n’est pas instantané. Extrêmement pénible aussi de déboguer pas à pas un programme quand chaque appui de touche déclenche une réflexion de deux secondes au bas mot.</p>
<p>Le <strong><a href="http://www.commentcamarche.net/initiation/vpn.php3">VPN</a></strong> est l’autre mot magique de la connexion à distance. <br />En deux mots, il s’agit juste d’un moyen de crypter les échanges entre le télétravailleur et le site central d’une part, et aussi de faire en sorte que le poste distant croit se trouver sur le réseau de l’entreprise où il se connecte, avec les droits et accès pour bosser. C’est très bien quand ça marche. <br />Quand ça <del>merd</del> ne marche pas, ou mal, la liaison est encore plus lente, les tables de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Routage">routage </a> ne sont pas à jour et interdisent l’accès à tel ou tel logiciel ou serveur, etc.</p>
<p>Un autre élément beaucoup moins drôle mais courant est <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Citrix_MetaFrame">Citrix</a></strong>, ou un équivalent (protocole X, RDP, etc.). L’outil offre la possibilité d’afficher sur son poste un programme qui, en réalité, tourne ailleurs. Le poste du télétravailleur devient donc un simple terminal. Un logiciel très lourd sur un serveur très costaud peut donc être utilisé à distance sans problème, et les administrateurs apprécient de n’installer certains logiciels qu’une seule fois sur une machine « publique ».</p>
<p>Mais pour la bureautique, le cauchemar commence.<br />Par exemple, j’ai accès à un Citrix qui me « mappe » un lecteur réseau du client comme si j’étais sur son réseau. Sympa à première vue, très lent à deuxième vue. <br />À troisième vue, je m’aperçois que la session de l’explorateur (exécutée à distance) ne connaît pas mes raccourcis (et si j’en pose, il les oublie), mes préférences d’affichage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, etc. <br />Les documents s’ouvrent d’un clic... dans une session Word qui elle aussi tourne au loin sur un serveur du client. Cette session est lente (tolérablement), ne connaît pas la configuration de mes barres d’outils, et autres frustrations mineures mais répétées. <br />Si je veux transférer le fichier sur mon disque dur, le copier-coller ne fonctionne pas (deux fenêtres d’explorateur sur deux machines différentes) : il faut ruser et cliquer sur l’icône « Dossiers » dans l’explorateur distant, et là, ô joie, apparaît un lecteur <strong>D$:</strong> qui est une fenêtre ouverte sur mon disque (ça se complique : il s’agit bien d’un accès du serveur distant vers <em>mon</em> poste pour afficher <em>mon</em> arborescence dans <em>sa</em> fenêtre) ; si je parcoure l’arborescence de <em>mon</em> disque dur, les aller-retours à travers Internet de chaque clic transforment un bête glisser-déplacer en exercice de bouddhisme zen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Les <em>time-outs</em></h3>
<p>Je <strong>hais</strong> les <em>time outs</em>. Ils brisent une concentration toujours chèrement acquise, en me forçant à me reconnecter. Mal gérés, ils peuvent transformer un télétravailleur en chèvre.</p>
<p>Après une heure de développement, je veux me connecter en vitesse à une autre base pour comparer quelque chose ? Clic sur la bonne icône, et bang ! Citrix demande une nouvelle connexion (en plus, bien sûr, de la connexion à ladite nouvelle base). <br />Un petit coup d’œil sur le courrier dans INotes ? Ah non, il faut se réauthentifier (deux fois, systématiquement et bizarrement). <br />Je termine un gros mail important sur le webmail de mon employeur ? Chlack ! Le <em>firewall</em> tombe (<em>time out</em> de quatre heures pile, non paramétrable), il faut ressortir la <a href="http://www.safeword.com/cisco/" hreflang="en">calculette Cisco</a> pour me reconnecter. Quant au contenu du mail, il est perdu, bien sûr.</p>
<p>Moins grave, Citrix, de temps à autre, m’interrompt pour me dire « Hé, tu m’oublies, là, je vais me déconnecter dans deux minutes ! » - très agréable avec quatre ou cinq applis ouvertes en même temps, chacune réclamant un petit clic pour survivre une demi-heure de plus. <br />Chez un client, le <em>proxy</em> standard exigeait systématiquement une authentification régulière : un cauchemar de sessions perdues avec certains sites mal fichus (celui de <a href="http://services.sap.com/sscr/" hreflang="en">SAP</a> par exemple).<br />Et au fait, je faisais quoi, là déjà, avant de me réauthentifier deux fois ?</p>
<p>Je comprends la paranoïa du service informatique qui, dans les accès à distance, force des sessions courtes. Mais de plus en plus de monde travaille à distance, justement, en jonglant comme moi entre les logiciels. Si l’un d’eux ne supporte pas que l’on ne lui accorde pas d’attention pendant une heure ou deux sans se déconnecter, il devient un problème.</p>
<h3>Service informatique</h3>
<p>Les services informatiques centraux ont du mal à intégrer la généralisation du télétravail (le vrai, ou la sous-traitance à distance).</p>
<p>Il ne s’agit pas de mauvaise volonté, mais l’ouverture que cette révolution entraîne entre en <strong>conflit frontal avec les missions traditionnelles de l’exploitation</strong> (fiabilité, sécurité, performance des réseaux et serveurs), missions rendant ces gens légitimement <strong>conservateurs</strong> (« on ne change pas une équipe qui gagne ») et <strong>suspicieux</strong> (« qui est cette personne que je ne connais pas qui veut attaquer mon précieux serveur ? »). <br />L’hystérie sécuritaire actuelle, et la peur du <em>hacker</em> boutonneux ou mafieux, n’arrangent rien.</p>
<p>Ces employés travaillent de plus depuis le « cœur du donjon », connectés sur du RJ45, à l’intérieur des murs, voire au siège, de l’entreprise, et n’utilisent souvent pas quotidiennement et des heures durant les outils qu’ils maintiennent. Le boulot du sous-traitant de base ne leur est pas familier (même si intellectuellement ils sont d’accord pour satisfaire ses besoins).</p>
<p>Un exemple caricatural : si j’appelle le support de mon client pour un problème quelconque, en précisant bien que je suis sous-traitant, une de leurs première questions est « puis-je me connecter à distance sur votre poste ? ». La personne du support (elle-même souvent un petit jeune employé par un sous-traitant d’ailleurs...) n’a pas compris que, non, je n’ai pas un poste avec la configuration standard du client.</p>
<p>Même de grandes SSII sont frappées : combien de fois ai-je reçu des mails annonçant la disponibilité d’un site, blog ou wiki sur tel ou tel sujet, sur le réseau <em>interne</em>... inaccessible sans accès au minimum au VPN du groupe, chose techniquement impossible depuis les réseaux des clients où je facture, réseaux cadenassés et <em>firewallés</em> à mort (hors proxy web, point de salut) ?</p>
<p>J’ai vu le cas extrême de l’accès à distance totalement interdit à un sous-traitant extérieur indien par des règles imposées par le groupe. D’où des <strong>coûts cachés</strong> : réseaux séparés donc nécessité d’une machine de développement supplémentaire, donc taillée au plus juste, avec une praticité de maintenance nulle avec les conséquences que l’on devine, un manque de synchronisation avec les développements sur la machine « interne », des passages en recette et des mises à jour fastidieux (par clé USB), etc.</p>
<h3>Leeeeeeeeeenteeeeuuuuuuurrrrrr</h3>
<p>J’ai déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/12/239-signatures-dans-lotus-notes">dit du mal de Lotus Notes</a>. En natif il est déjà lent (systématiquement trois secondes pour ouvrir un mail déjà précédemment ouvert, apparemment le cache marche mal). Via un VPN, il devient pour moi intolérable. Le moindre clic fait un aller-retour jusqu’au serveur. En ce moment, je tape souvent du courrier à travers INotes, l’interface web de l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/12/239-signatures-dans-lotus-notes">abomination ergonomique qu’est Notes</a> : chaque lettre semble faire l’aller-retour de mon bureau jusqu’au serveur (en traversant la moitié du pays au passage) avant de s’afficher.</p>
<p>Œuvrer depuis une agence de SSII n’est pas toujours une sinécure. Puisque tout le monde travaille à distance pour un client différent, que l’accès Internet est centralisé à Paris alors que mon client est dans ma ville, j’obtiens fatalement un débit final escargotesque (sauf aux heures de pause). Et quand on joint deux réseaux, on obtient deux fois plus de problèmes de connexion ou de débit.</p>
<p>Je me demande comment opèrent des Indiens depuis leur continent. Les horaires décalés se transforment là en avantage - si les tuyaux suivent de leur côté...</p>
<h3>Les imprimantes</h3>
<p>Cela semble innocent mais le piège est très courant : lors d’un accès à distance, les imprimantes connues du serveur sont physiquement inaccessibles, et celles physiquement proches sont inconnues du serveur. Ce n’est pas gênant lors d’un accès <em>full web</em>, ou lors du développement d’un logiciel compilable sur son poste, ou pour une spécification sous Word téléchargeable en local.</p>
<p>Mais dans le cas d’une connexion Citrix (affichée sur un poste mais fonctionnant sur un serveur chez le client), <strong>les imprimantes locales n’existent pas du point de vue de l’application</strong>, ou sont ignorées. Cela se paramètre peut-être.</p>
<p>De même, je n’ai pas vu d’ERP qui imprime spontanément sur une imprimante propre au prestataire, et non explicitement déclarée par l’administrateur (et vue la manière dont se gèrent les imprimantes dans ces monstres, je ne jette pas la pierre : rien à voir avec le <em>plug and play</em> de l’informatique personnelle). Je peux donc imprimer en théorie de superbes factures, mais le papier sortira à des kilomètres de mon siège, sinon sur un autre continent. Dans ces conditions, le débogage téléphonique lasse vite (et nécessite une bonne âme au téléphone près de l’imprimante, aux bonnes heures, décrivant les problèmes dans la bonne langue).</p>
<p>Il existe bien sûr des <strong>contournements</strong>. L’aperçu avant impression fonctionne suivant les logiciels ; la copie d’écran peut suffire , une impression dans un fichier (voire un PDF) se récupère souvent par le réseau ; etc. <br />Ce n’est pas toujours aussi simple quand la chaîne d’impression est un peu longue, tordue ou hermétique aux standards courants. Le coût en paramétrage, accès distants (avec mots de passe ?), et en temps s’ajoute à l’énervement si le travail est répétitif.</p>
<p>D’autres cas existent où la proximité physique génère un gain de temps si elle ne s’avère pas absolument nécessaire : problèmes réseaux, support utilisateur pointu, spécifications floues ou développées au fur et à mesure de la réalisation...</p>
<h3>Non existence</h3>
<p>Suivent les problèmes classiques d’un sous-traitant physiquement absent : le personnel du client ne pense pas toujours à lui, il n’est pas là lors des annonces orales, le « <strong>non-dit</strong> » (communication non verbale, ambiance de travail) se perd, les noms n’ont pas de visage, les <strong>niveaux d’urgence ou importance</strong> de tel ou tel problème deviennent moins facilement décryptables, les informations glanées inconsciemment en laissant traîner son oreille (avantage principal de l’« <em>open space</em> ») ne parviennent pas, « <strong>radio moquette</strong> » est muette, la <strong>culture d’entreprise</strong> n’est pas assimilée, le jargon local s’acquiert bien plus lentement, une réunion de travail impromptue ou informelle se transforme en messe planifiée au moins douze ou vingt-quatre heures à l’avance, l’absence d’un intervenant n’est pas connue dès l’arrivée au travail (« Pourquoi il répond pas à mes mails, Untel ? »), les structures hiérarchiques officielles ou officieuses sont masquées, les problèmes « dans l’air » mais non formalisés sont inconnus des télétravailleurs, etc. etc.</p>
<p>Par contre, le « téléphone arabe » fonctionne à plein, notamment via les <strong>intermédiaires</strong> (« interface », « <em>front</em> »...) pour coordonner tout ce monde qui n’arrive plus à communiquer. Et si au contraire la communication est bonne, malgré la distance et grâce à la technologie moderne et à de bons contacts, l’intermédiaire devient un frein car par définition il doit être au courant de tout<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>. <br />Ajoutons les problèmes de langue et d’incompréhension culturelle dans certains cas.</p>
<p>Il existe des méthodes et technologies pour corriger partiellemement les problèmes : <strong>rencontres physiques</strong> régulières (pas un problème pour un prestataire de la même ville, mais le travail avec l’Inde devient vite plus coûteux), conférences téléphoniques à plusieurs voire vidéoconférences, usage massif du courrier électronique, des wikis, des intranets, remplacement de la communication informelle par des <strong>spécifications très précises</strong> (un effet de bord de la sous-traitance qui a son coût, en temps et flexibilité, mais de gros avantages aussi), etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
Partie 6 : Les joies de l’accès à distance<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Dans le cas du télétravail ou de l’</em>off-shore<em>, je serais moins catégorique. Mais c’est un autre débat.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mais mon patron n’a pas compris ça. Je dois faire des kilomètres pour venir au bureau me connecter sur le serveur de mon client à une vitesse nettement inférieure à celle fournie par mon fournisseur ADSL. Bref.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je ne supporte </em>pas<em> l’affichage par défaut de Windows, avec ses icônes encombrantes, ses noms de fichiers tronqués, les extensions de fichiers absentes...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Facturé environ 1 € la minute par le consultant moyen, rappelons-le.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>C’est l’intermédiaire qui parle...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/232Les joies de la SSII (5) : Se battre pour bosserurn:md5:0b1494d5a6617ac43d172ec965c356832006-10-31T11:34:00+00:002020-03-31T15:34:00+00:00ChristopheIl faut bien mangerbase de donnéescomplexitécynismelogistiquemercenairemobilitéorganisationparadoxeSSIItravail<p>Il faut parfois une sacré motivation pour obtenir de quoi travailler normalement quand on est un « migrant ».</p> <p><em>Caveat : Ce qui suit ne concerne absolument aucune entreprise précise en particulier, mais des travers rencontrés par moi-même ou mes collègues parmi différents clients.</em></p>
<p>Le petit consultant migrant a enfin trouvé un siège, une prise électrique pour le portable, et s’est relié au réseau informatique par la précieuse prise RJ45. À ce stade, la récupération d’une adresse IP, par DHCP, ne posent aujourd’hui plus de problème (en général). Le paramétrage des imprimantes est une plaisanterie (enfin, si les pilotes sont accessibles...).</p>
<p>Enfin connecté, le consultant n’est pas au bout de ses peines : il doit à présent accéder à quatre outils capitaux : son mail professionnel, internet, les répertoires de documents de travail, les machines et serveurs.</p>
<ul>
<li>Le <strong>mail professionnel</strong>, <em>ie</em> de sa SSII, n’est pas un dû. <br />Le réseau de beaucoup de clients ne tolère pas d’accès vers l’extérieur autres que le web via un <em>proxy</em> : on oublie donc Outlook, Thunderbird et autre lecteur de courrier. Le consultant pourra se rabattre sur un webmail fourni par son entreprise (avec de la chance), ou faire rediriger son mail vers le compte mail interne fourni (imposé) par le client. <br />Parfois les règles de sécurité interdisent la redirection des mails. Cela fait partie des règles qu’il faut respecter jusqu’à ce qu’elles deviennent un frein au travail facturable (argument suffisant dans une SSII à condition de ne pas faire de bêtises ; de bonnes relations avec les administrateurs sont conseillées).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Internet</strong> est devenu un outil absolument indispensable. <br />D’abord parce que Google et les différents forums constituent à présent la première source d’informations techniques ; ensuite à cause de la paperasse interne à la SSII à disposition des migrants, à un clic de souris.<br />Enfin parce que le consultant doit accéder à son webmail pour lire son courrier.<br /> <br />Certaines entreprises paranoïaques ne tolèrent pas le moindre accès à internet. Dieu merci, elles sont de plus en plus rares. Par contre, le <em>proxy</em> obligatoire est généralisé. Il fait partie des données obligatoires à collecter lors de la connexion à un réseau d’entreprise. Le consultant connaît par cœur les options d’IE (il est obligé de l’utiliser parce que ses clients l’utilisent parce que tout le monde l’utilise) et Firefox (il préfère, en général) pour modifier ce <em>proxy</em>. Il existe des extensions, scripts, sharewares... pour jongler entre plusieurs <em>proxys</em> en un clic.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>documents de travail</strong> (spécifications, normes, documents divers...) peuvent être disposés de deux manières :
<ul>
<li>sur un répertoire réseau local ou un portail, plus ou moins bien rangés, éventuellement protégés par un mot de passe supplémentaire qu’il faudra lui aussi acquérir ;</li>
<li>ou bien distribués de manière <del>assez</del> totalement anarchique dans des documents, serveurs, portails, bases, dépendant de chaque sous-service. <br /> <br />Le jeu de la traque de <em>la</em> version de référence d’une spécification peut vite lasser. Surtout si elle est sur le disque dur (non sauvegardé, soit dit en passant) du portable d’un salarié du client en vacances au Kenya pour les trois semaines que durent la mission.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Même à l’ère du <em>single sign on</em>, les <strong>serveurs, bases de données, applicatifs divers...</strong> gèrent parfois eux-mêmes leurs accès - et nominativement. <br /> <br />Dans un monde idéal, le consultant à peine arrivé se voit lister les accès à Oracle, SAP, etc. dont il a besoin ; et s’il manque quelque chose, un rapide message au service support puis une prompte approbation du responsable du domaine lui permet d’accéder dans le quart d’heure à ce qu’il lui faut.<br /> <br />Dans la réalité, un appel au service support (externalisé, débordé, mis au courant de rien) ressemble à une bouteille à la mer, ou se transforme en obligation de remplir une paperasse assez indigeste qui donne le droit d’attendre une semaine avant de relancer. Le responsable ayant autorité pour dire que M. Consultant peut aller lire les données hautement confidentielles de l’ERP est introuvable, si même on le connaît. L’administrateur Unix qui crée les comptes est un <a href="http://en.wikiquote.org/wiki/Bastard_Operator_From_Hell">BOFH</a>. Il n’y a plus de licence libre pour donner accès à tel applicatif hermétiquement verrouillé par son éditeur. Il est hors de question de donner accès à la production à un extérieur, mais les problèmes ne se manifestent justement qu’en production (la base de recette, elle, a deux ans d’âge ; encore heureux si ce sont encore des données réelles de l’époque et non un <em>mock up</em> théorique du début du projet). Etc.<br /> <br />J’ai vite pris le réflexe de chercher une ou deux personnes avec de la bouteille, ou connaissant nombre de leurs collègues dotés des sésames d’accès, et d’entretenir de bonnes relations avec elles.</li>
</ul>
<p>Au-delà d’un certain seuil d’écœurement du jeune consultant désireux pourtant de respecter les règles mais tenu de travailler sans aucun accès officiel, on entre dans le jeu du trafic des mot de passe de bases Oracle (ceux de défaut de l’installation, jamais changés), de serveurs ouverts à tous les vents, de comptes oubliés de prestataires disparus depuis le siècle dernier, de <em>proxys</em> officieux ; tout ceci par fichiers Excel entiers, transmis de prestataire à prestataire, recensant des accès que le support même serait incapable de donner. (Le cas est certes extrême mais réel.) <br />Dans les cas où les consultants ont pris en main des pans entiers du service, toute une activité peut donc se dérouler à l’insu du client<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et dans la plus pure tradition orale. Trois ans et deux générations de consultants plus tard, le système explose lors d’une crise de routine, et la vérité éclate : « On a toujours fait comme ça. » Et cette fois, on a cassé quelque chose.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
Partie 5 : Se battre pour bosser<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>La leçon à tirer est pour moi claire : toute <strong>sécurisation</strong> doit aller de pair avec une <strong>réactivité exemplaire</strong> des gens chargés de donner des accès. Car même intellectuellement convaincu du bien fondé d’accès limités et contrôlés, personne ne tolère longtemps un obstacle qui lui interdit de faire son travail - prestataire ou pas prestataire. Et une administration des droits défaillante se retrouve vite </em>de fait<em> contournée.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/231Les joies de la SSII (4) : Le consultant migranturn:md5:384158006afd767e567a059df6988d412006-10-27T15:22:00+00:002020-03-31T15:34:59+00:00ChristopheIl faut bien mangerinformatiquelogistiquemercenairemobilitéorganisationréseauSSIItravail<p>Un consultant bouge parfois beaucoup. Cela génère toute une gamme de problèmes.</p> <p>Dans le monde de l’informatique, et des SSII en particulier, un « <strong>consultant</strong> » est souvent un terme pompeux pour de l’intérim de luxe. Cet intérim peut durer des mois voire des années, sur le site du client, avec des outils (poste, logiciels) fournis par ledit client. C’est le mode <strong>régie</strong>, un extrême.</p>
<p>L’autre extrême est le <strong>consultant-papillon</strong> qui court d’un site à une agence, d’un client à l’autre. Plus souvent que son homologue sédentaire, il possède donc un ordinateur portable. J’ai déjà parlé de ce <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">portable lourd et encombrant</a>. Ce n’est que son piège le plus apparent.</p>
<h3>Chez le client</h3>
<p>À l’arrivée sur le site du client, le consultant migrant doit <del>marquer son territoire</del> se trouver une place.</p>
<p>Le client lui octroie parfois volontiers un coin de table et une chaise qui traîne par là (car personne n’en veut) ; parfois il l’exile dans une salle aveugle où un salarié normal refuse d’aller ; parfois le consultant enquête chaque matin pour savoir quel salarié est en RTT et squatter son poste. Le consultant en mission niche fréquemment dans les salles de réunion. Il y croise d’ailleurs parfois des salariés de l’entreprise qui ont un statut de migrant et ne sont pas mieux lotis, et bien sûr d’autres <del>mercenaires</del> consultants collègues et concurrents.</p>
<p>En se débrouillant, le consultant parvient à tirer jusqu’à son poste un <strong>câble réseau</strong> (placé selon les meilleures méthodes de braconnage afin que le premier venu se prenne les pieds dedans et emmène le PC à terre avec lui). Le wifi, non, n’est pas une solution fréquemment pratiquée : cela impliquerait de fournir à beaucoup trop de monde les clés d’accès au réseau sans fil.</p>
<p>Le consultant voyage volontiers en <del>meute</del> petit groupe, et bien sûr, il n’est venu à personne à l’idée que N consultants nécessitent N sièges et coins de table, mais aussi N prises électriques et N prises réseau. Le bricolage à base de multiprises et l’« emprunt » de <em>hubs</em> et <em>switchs</em> est une nécessité (les salariés du client connaissent également souvent ce jeu).</p>
<h3>« Chez soi »</h3>
<p>Ces problèmes logistiques ne se déroulent pas que dans un « contexte client ». En agence, « chez lui » donc, le consultant doit encore plus se battre. Chacun de ses collègues est dans la même situation, à chercher prises réseau et électrique.</p>
<p>De plus, une agence est dimensionnée pour abriter les administratifs, la hiérarchie, et le moins possible de <del>pions</del> consultants de base : s’il n’est pas chez le client, le consultant est en intercontrat et n’a donc rien à faire. Pas de chance, les projets actuels tendent vers <strong>l’externalisation jusqu’à l’absurde</strong>, la régie est démodée, et travailler à distance pour un client depuis son agence se rencontre de plus en plus fréquemment. Les locaux ne suivent pas toujours, et les capacités en débit Internet non plus. La solution pourrait s’appeler « <strong>télétravail</strong> », mais le concept parvient difficilement à atteindre le sommet de la hiérarchie.</p>
<p>Autres raisons du sous-équipement des agences : le matériel coûte cher (même s’il est loué en grande partie, il y a aussi la maintenance), surtout quand l’obsession est le résultat trimestriel ; les gains de productivité attendus d’écrans géants ou de sièges ergonomiques pour les développeurs ne sont pas engrangés par la SSII mais par le client ; une bonne part des consultants a son portable donc inutile d’investir en agence, etc.</p>
<h3>La sociabilisation</h3>
<p>L’esprit de corps dépend fortement des capacités sociales de chacun, du nombre de missions, de leurs durées, de l’éloignement des clients, du <em>turn over</em> dans l’entreprise, mais le consultant-papillon a tendance à connaître relativement peu de monde parmi ses collègues, et souvent très superficiellement. Le problème est récurrent dans toutes les SSII, dont la plupart ont du mal à créer une réelle culture commune (surtout dans l’actuelle ambiance productiviste à outrance).</p>
<p>Un passage en agence revient donc à croiser surtout des <strong>assistantes</strong>, qui constituent un des rares points fixes de la vie, et avec qui il n’est ni désagréable ni inutile de nouer des relations cordiales, ou bien des « chefs », qu’il faudra en général ménager ou éviter (il y en a des bons, aussi). On croise de plus en plus de gens « en fixe » travaillant à demeure en agence, encore faut-il avoir eu l’occasion de les connaître. De plus, le cliché veut que l’informaticien de base ne soit pas le plus spontanément sociable des êtres, et rassembler des gens dans une même salle d’intercontrat sans projet commun ne suffit pas pour souder une équipe.</p>
<h3>La cantine</h3>
<p>La nourriture est une activité capitale, et le consultant-papillon peut avoir accès à la cantine de son client... avec souvent le « <strong>droit d’entrée</strong> » à payer en plus du repas, pour qu’il ne profite pas indûment des tarifs subventionnés par le comité d’entreprise (soit environ 4 €). Les tickets restaurant ne sont pas acceptés, et si par malheur le consultant-papillon est trop près de son agence pour ne pouvoir faire passer le repas en frais de déplacement, c’est pour sa pomme. (Conséquence : il est plus économique de manger à l’extérieur avec les tickets restaurants, tant pis pour le client si le repas dure deux heures et non trente minutes). (<strong>Mise à jour</strong> de novembre 2007) Coup de bol, le client qui offre la cantine au sous-traitant qui vient dans ses locaux existe aussi, je peux en témoigner.</p>
<p>Tragique est le cas du consultant en régie très loin de chez lui, condamné au restaurant midi et soir pendant des mois d’affilée. Sans discipline de fer, la sanction pondérale est sévère. Ajoutons la joie d’annoncer à sa moitié délaissée que le week-end, on aimerait bien rester à la diète.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
Partie 4 : Le consultant-migrant<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/230Les joies de la SSII (2) : Plein plein de chefsurn:md5:1a76bfbc65b70ad1a4e3332d70b4fc022006-08-04T18:12:00+00:002020-03-31T15:34:57+00:00ChristopheIl faut bien mangercomplexitéhiérarchiemercenaireoffshoreorganisationparadoxeSSIItravailéconomie<p>En SSII, entre le client, les chefs sur le terrain, les fonctionnels, et tous ceux qui font l’« interface », il y a de quoi oublier à qui on obéit.</p> <p>Caveat : <em>Ce poste traite de généralités ; ne pas chercher à en déduire des choses sur </em>ma<em> vie professionnelle et les collègues que je côtoie.</em></p>
<p>Un problème récurrent pour le petit consultant de SSII est la multiplicité des chefs.</p>
<ul>
<li>Comme tout le monde, il y a le <strong>chef direct</strong>, celui qui est au-dessus dans l’organigramme officiel, qui décide de la note<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, de l’augmentation annuelle.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></li>
</ul>
<ul>
<li>Et puis il y a souvent un <strong>chef de projet</strong>, qui gère le projet sur lequel on se trouve. Ça n’est valable que sur les projets un peu importants ; ceux qui travaillent en régie sont directement sous les ordres du client.<br /> Le chef peut être un quasi-inconnu dans une autre ville, qui ne connaît pas la moitié des gens qui bossent pour lui, et que le consultant ne verra pas, ou bien un collègue juste plus ancien que lui sur le projet, qui fait le même boulot.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a le <strong>client</strong>. Certains le voient « en direct », reçoivent les ordres directement de lui (fonctionnement en régie - quasiment de l’intérim de luxe). D’autres ne le voient jamais, notamment lors des mises en <strong>plateau</strong> formé autour d’une compétence donnée, <em>ie</em> un groupe de personnes qui reçoit des spécifications de développements de toute la France, voire plus loin, et renvoie des programmes terminés.<br />Existe aussi le plateau de support à une entreprise, par exemple quand celle-ci a sous-traité <del>tout son système nerveux</del> toute son informatique à une SSII. Le client est loin et inconnu, mais ses besoins sont critiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>sous-traitance à outrance</strong> (client qui sous-traite à la SSII locale qui sous-traite à son plateau spécialisé, ou une autre SSII, dans Dieu sait quel pays<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>) implique la coordination de tous ces flux. <br />On a donc parfois (et je ne caricature pas) :<br />
<ul>
<li>le demandeur côté client (lui-même parfois spécialiste fonctionnel interne recevant les demandes de correction ou amélioration de ses propres utilisateurs au sein de son entreprise : utilisateur final, chef de service, <em>key user</em>, etc.) ;</li>
<li>le <em>front-office</em> interne au client chargé de coordonner, valider ce qui entre et sort de l’entreprise vers son prestataire ;</li>
<li>le <em>front-office</em> de la SSII, donc un consultant en local (de préférence situé sur le site du client, mais pas toujours ; au moins capable d’assister à une réunion), qui reçoit les demandes du client, et réenvoie par exemple à l’autre bout de la planète le travail à faire ;</li>
<li>le <em>front-office</em> du côté du centre de service, qui lui réceptionne (valide, contrôle, etc.) le travail à faire et le redistribue ;</li>
<li>la petite main qui va faire le « vrai » boulot et la réenvoyer le long de la chaîne (parfois le même que le précédent, qui sous-traite éventuellement si la charge le justifie et qu’il a réussi à arracher des « ressources »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> aux autres projets traités par son centre de service.)</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Je n’ai jamais compris comment on pouvait réduire les coûts en multipliant à ce point les intervenants (forcément expérimentés à ces postes d’interface - ou inutiles) et la paperasserie associée (mails, coups de téléphone, remplissage de tableaux de suivi, transfert de dossiers de spécifications et de rapports de contrôle qualité dans des systèmes informatiques différents), mais je ne suis pas dans les hautes sphères.<br />Sans doute une volonté d’allier les prix bas des Indiens au confort d’avoir un interlocuteur physiquement présent (plus pratique pour lui expliquer un problème ou pour l’engueuler). Il y a aussi une facilité à réduire drastiquement la taille d’une équipe dès qu’un projet important se termine : les consultants vont simplement ailleurs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> - avec une bonne partie de la connaissance métier d’ailleurs.<br />Les raccourcis peuvent être nombreux, le développeur final peut avoir le droit (si son <em>manager</em> local le tolère et n’exige pas que tout passe par lui) de poser des questions directement au client final, ou bien les consultants internes du client « pilotent » directement le développeur (système de développement au ticket).<br />Le plus agréable pour moi était le système hyper-raccourci où je faisais spécifications, tests et développement directement avec l’utilisateur final (et demandeur) du logiciel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>. Soyons lucide, c’est rarissime.</li>
</ul>
<ul>
<li>La question, pour le petit consultant maillon de cette chaîne à un stade ou un autre, est : <strong>« qui est mon chef ? »</strong> Plus précisément : « à qui obéir de manière ultime, quand les intérêts se télescopent ? ».<br />La bonne réponse politiquement<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup> correcte est bien sûr : « à tout le monde ». Le client doit être content, le chef doit avoir un bon taux d’activité et ne pas voir remonter trop de plaintes...</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus contrètement, il y a parfois des choix déchirants à faire : quand deux maillons ne sont pas d’accord (et l’éloignement encourage malentendus et quiproquos, et décourage les bonnes volontés : on est moins arrangeant avec des inconnus), que faire ?<br />Les conflits sur ce qui est <em>bug</em> à corriger et évolution due à une spécification imprécise explosent dans ce cas. Chacun voudra améliorer SON rapport d’activité, envoyer la faute sur l’autre, pour se faire bien voir de <em>son</em> chef hiérarchique ou de projet local. C’est humain. La loyauté envers le groupe ou le projet commun est fragile, quand tous les intervenants appartiennent à des entités différentes aux intérêts différents<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour le consultant maillon de la longue chaîne, comme pour celui isolé en régie pendant des années au sein d’un gros client qui ne veut pas le lâcher (j’ai vécu les deux), le problème principal apparaît aux <strong>entretiens de fins d’années</strong> avec le chef hiérarchique théorique : dans le pire des cas, il n’a pas vu son subordonné de l’année ou presque (surtout en cas de déplacement longue durée) ; il n’a aucune idée de ce qu’il fait ; s’il a fallu rester jusque minuit deux mois de suite, il ne l’a même pas vu ; le chef ignore souvent tout de l’ambiance de travail ainsi que toutes les informations qui passent de manière informelle au fil de l’année (« Radio Machine à café »).<br />Pas facile de discuter augmentations sinon de manière vague, ou de se distinguer des autres consultants de même spécialité. Le chef a parfois cent personnes sous ses ordres, et certaines se réduisent en pratique vite à une ligne dans un tableau Excel. On ne peut même pas en vouloir au chef dans un tel cas - surtout dans un contexte où ce <em>manager</em> change tous les dix-huit mois<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Ce qui précède doit varier énormément selon l’entreprise ou l’agence, le projet, les chefs. Bien des employés de grandes entreprises se retrouveront aussi là-dedans. Pour résumer, le principal problème que je vois est la dilution de la loyauté au groupe et au projet en cours, avec tous ces échelons et chefs différents - et ceci sans que personne pense à mal ni perde son professionnalisme. Les problèmes de communication au travers de tous les échelons, et le temps perdu à coordonner tout ce beau monde, sont un autre problème...</p>
<p><strong>Ajout du 11 août 2006</strong> : Voir aussi <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/08/08/249-l-industrie-automobile-et-la-sous-traitance-5-modes-de-fonctionnement">ce billet d’Éric sur le fonctionnement en régie pendant des années</a>.</p>
<p><strong>Ajout du 18 octobre 2006</strong> : Voir <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/10/17/321-l-industrie-automobile-et-la-sous-traitance-6-externalisons-externalisons-il-en-restera-toujours-quelque-chose">ce billet du même Éric sur les conséquences de l’externalisation</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
Partie 2 : Plein plein de chefs<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Enfin, en fonction de la péréquation définie par les « Ressources Humaines »...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Enfin, dans la marge dérisoire (de l’ordre de l’inflation) qui lui est allouée.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>On se demande pourquoi il sous-traite si c’est aussi capital.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les grandes SSII françaises ont recruté des milliers de personnes en Inde, voire en Chine, parfois en Roumanie ou au Maroc.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Le terme « personnes » rappelle trop qu’il s’agit d’humains et pas de machines ou de pions.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Qu’on ne s’étonne pas ensuite du développement de la mentalité mercenaire ou d’un certain détachement face aux problèmes du client.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Cela suppose aussi un utilisateur qui sait clairement ce qu’il veut et sait demander des choses réalistes. Cela existe, sisi.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Dans le sens le plus méprisable du terme.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] <em>Je n’ai pas dit « opposés » non plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] <em>C’est tellement fréquent dans nombre de SSII que c’est probablement délibéré, et pas seulement expliqué par le </em>turn-over<em>. Les promesses orales de l’un n’engagent pas les autres. Le bon côté est que les engueulades avec la hiérarchie, prud’hommes compris, s’oublient également avec le temps.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/173Citation du 2 octobre 2005urn:md5:c0714f8241aff936880deed546c14aed2005-10-02T17:29:00+00:002010-04-18T17:31:56+00:00ChristopheCitationsargentbande dessinéecitationlivres lusmercenairepessimismevaleuréconomie <blockquote><p>« Seul un adulte peut avoir l’idée sordide de monnayer ses rêves d’enfants. »<br />
<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Greg">Michel Greg</a>, <em>Achille Talon : Le Maître est Talon</em></p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/02/18-citation-du-2-octobre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/18