Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - nostalgie<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Ravage » de Barjavelurn:md5:145f601f59d23413fcf25318a57c57a52017-01-22T22:19:00+01:002017-03-04T22:00:32+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanalogieapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcouragedéshumanisationexaptationlivres luslyrismenaturenostalgieperspectivepessimismesciencescience-fictionSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeutopieécologieénergieévolution <p>Dans la SF française, qui ne s’appelait pas encore comme cela en 1942, c’est un classique et la première œuvre d’un de nos plus grands auteurs. Mais noyés dans les odeurs de cendres surnagent quelques relents un peu nauséabonds. C’est une des difficultés des anciens livres : discerner ce qui vient de l’air de son temps, ce qui est deuxième degré, et ce qui est vrai choix de l’auteur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Barjavel_Ravage.jpg" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Barjavel_Ravage_m.jpg" alt="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin" /></a> Dans le Paris de 2052, tel qu’imaginé juste avant-guerre, l’électricité disparaît inexplicablement. Pendant que la civilisation s’écroule puis que le monde flambe, le jeune François sauve sa jeune, innocente, belle et naïve Blanche, puis monte une expédition pour rejoindre la région rurale isolée où ils ont grandi.</p>
<p>Comme dans toute anticipation dont la date est dépassée ou proche, certaines pages font sourire. La nourriture ne provient que de la synthèse chimique, personne ne sait plus à quoi ressemble un poulet, mais les ouvriers meurent toujours à 50 ans à cause de la dureté de l’usine. Le « plastec » omniprésent n’est pas si loin de la réalité actuelle, et les trains à haute vitesse sillonnent l’Eurasie, mais les avions ne semblent pas voler plus loin qu’en 1939. Le téléphone est en 3D mais il faut toujours se déplacer dans la pièce où il sonne. Les mœurs nous sembleront surannées : Blanche suit une école pour futures « mères d’élite » et elle obéit sans mot dire à son homme. Il est facile de se moquer après coup, je pense que mes éventuelles prédictions pour 2117 feraient rire mes descendants (voire moi-même ?).</p>
<p>La partie la plus intéressante reste la description de la société qui s’effondre, du chaos et des méthodes de survie. On a sans doute fait mieux dans le domaine depuis 1942, mais le passage des individus policés aux bandes barbares reste convaincant : un sage a bien dit que la différence entre la civilisation et la barbarie n’était que de quelques repas, et je le crois volontiers.</p>
<p>Par certains côtés <em>Ravage</em> m’a rappelé <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malevil">Malevil</a></em> de Robert Merle : destruction totale, barbarie des survivants, héros reconstituant une bande.</p>
<p>Tout cela a d’ailleurs un avant-goût assez inquiétant : combien de temps durerait notre civilisation si l’électricité, pour une raison ou une autre, disparaissait pour longtemps à une échelle continentale ? Sommes-nous certains d’être à l’abri du danger ? Saurions-nous rester assez disciplinés et éviter le chaos ? Barjavel a peut-être été inspiré en partie par l’Exode, tout proche.</p>
<p>Le personnage de François fait froid dans le dos par son adaptation froide à la barbarie de la situation. C’est l’« homme providentiel » par excellence, le guide-né sans lequel les autres ne sont que moutons stupides, et contesté par personne. C’est par lui que l’on retrouve peut-être le pétainisme à la mode en 1942. Barjavel a certes travaillé pour Denoël qui était collaborationniste et publié chez lui, mais il y travaillait avant guerre ; et si <em>Ravage</em> cadrait dans la philosophie de Vichy, le reste de l’œuvre de Barjavel n’a rien à voir. On peut ne voir dans <em>Ravage</em> que méfiance envers un progrès incontrôlé et regret de la France rurale, comme encore parfois aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire que l’on souhaite la destruction de la société moderne. Doit-on voir dans le chapitre final une apologie du bonheur par l’obscurantisme, ou un avertissement ? C’est sur cette grosse ambiguïté que se finit le livre. Même si le futur de cette société, entrevu dans le <em>Voyageur imprudent</em> paru peu après, ne fait pas rêver.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ravage-de-Barjavel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/836ST Magazine, un bout d’histoire à la benneurn:md5:d760263dd0d671014e6962579cc4f8a52013-03-10T13:14:00+01:002016-03-29T16:50:42+02:00ChristopheInformatique militante et technologieculturedécadencehistoireinformatiquemémoirenostalgieperspectivesauvegardestempséconomie de l’attentionéducationémerveillementévolution <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.STMag30_s.jpg" alt="STMag30.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="STMag30.jpg, mar. 2013" /> Je viens de jeter à la benne trois années de <em><a href="http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=6&page=presentation">ST Magazine</a></em>, qui pendant mes années lycée-prépa (en gros de l’effondrement du mur de Berlin à la sortie de <em>Jurassic Park</em>), a fait le début de mon éducation informatique.</p>
<h3>Radotons</h3>
<p>C’était un monde informatique que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, où le summum de la connectivité passait par le Minitel (pour le téléchargement) et la Poste (pour les disquettes de domaines publics) ; où les éditeurs allemands comptaient autant que les Américains ; où tout était intégré par le même constructeur, du matériel aux périphériques au système d’exploitation ; où la compatibilité entre deux versions successives d’une machine pouvait jouer des tours ; où on était ravis de s’éclater les yeux en 320x200 en seize couleurs sur une télé ; où les graphismes délirants de <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NwN3x8GzzFc">Capitaine Blood</a></em> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/captain-blood-atari-st-screenshot-migraxs.png" alt="Capitaine Blood et un Migrax" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> m’arrachaient un « ouaouh ! » (bon, avant j’avais un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomson_MO5">MO5</a>), et en plus <a href="https://www.youtube.com/watch?v=olIwhY7BAFU">la musique était de Jean-Michel Jarre</a> ; où les éditeurs de jeux disaient déjà que le piratage allait les tuer (le pair-à-pair à l’époque, c’était dans la cour du lycée).</p>
<p>ST Mag causait parfois du monde Mac (et ses bécanes hors de prix), du monde Amiga (l’ennemi mortel pourtant), voire de hautes technologies complètement ésotériques pour les mortels : Unix System V release 4, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/NeXT">NeXT</a>, les Motorola 68030... Non, Linux n’existait même pas. Jean-Michel Jarre créait sur Atari ST, et à côté de tout cela MS-DOS et son invite en mode texte faisait pitié.</p>
<p>Je me souviens de mes premiers programmes sérieux en <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/GFA-BASIC" hreflang="de">GFA Basic</a>, tellement proche du Pascal, et des émerveillements en codant mon premier ensemble de Mandelbrot ou un simulateur de système solaire ; des émulateurs pour PC (j’avais, ça marchait assez pour faire du Turbo Pascal !) ; de mes premiers pas avec <a href="http://hof.povray.org/">PoV</a> ; et des dessins de <a href="http://bellaminettes.com/blog/">Bruno Bellamy</a>.</p>
<p>Dans la famille, nous sommes actuellement trois générations à faire simultanément du rangement : j’ai dû me résoudre à décharger mon père de ce carton poussiéreux. J’ai survolé les sommaires en choisissant les quelques numéros que je tenais à garder, et il faut reconnaître que l’essentiel n’a plus grand intérêt : nouvelles très défraîchies, tests de logiciels oubliés, de cartes d’extension confidentielles, ou des nouvelles machines d’Atari qui n’ont jamais décollé (<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_TT030" hreflang="en">TT</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_Transputer_Workstation">Transputers</a> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jaguar_%28video_game_console%29" hreflang="en">Jaguar</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_Falcon" hreflang="en">Falcon</a>), faute de surface financière surtout. Comme tant d’autres, je suis passé dans le monde plus triste, mais plus économiquement réaliste, des PCs et des Macs.</p>
<h3>Dave Small</h3>
<p>Resteront dans les annales notamment les articles de Dave Small (en ligne <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/index.php3">ici</a>, à archiver), une mine de conseils.</p>
<p><a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/mbti.php3">Grâce à lui</a> j’ai su que j’étais un NT avant même de <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/30/129-je-sais-un-intj">faire le test</a>. Il rendait une partie de l’informatique <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/mmu.php3">magique</a>, ou montrait <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/heisenberg.php3">son côté vaudou</a>. Il m’a fait découvrir <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/tesla.php3">Tesla</a> et <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/souviens.php3">l’influence du SIDA sur l’industrie informatique</a>.</p>
<p>Si j’en crois les forums, une bonne partie de la nostalgie liée à ST Mag est attachée à Dave. Impossible de mettre la main sur les versions originales des articles.</p>
<h3>Vingt ans après</h3>
<p>Depuis, ST Magazine continue de paraître en ligne toutes les demi-décennies. <a href="http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=6&page=presentation">Les anciens numéro sont sur abandonware.org</a> (merci Stéphane pour le lien).</p>
<p>Le patron d’Atari <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_Tramiel" hreflang="en">Jack Tramiel</a> est mort en 2012. NeXT a dévoré Apple de l’intérieur. Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Motorola_68000">68000</a> sont ravalés au rang de microcontrôleurs.</p>
<p>D’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Atari">Atari</a> il ne reste rien que des droits sur des jeux et un nom connu, racheté par un éditeur qui trouvait que le nom sonnait bien et qui vient de faire faillite. Il y a des chances qu’Atari renaisse un jour sous une forme ou une autre, sans aucun rapport avec l’entreprise originale.</p>
<p>Dave Small semble avoir manqué la transition vers Internet. Restent <a href="https://www.atariage.com/forums/topic/9183-spectre-gcr/" hreflang="en">une preuve de vie sur un forum</a>, où il parle de la faillite de son entreprise, et <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/">les versions numérisées de ses articles dans ST Mag</a> (lecture conseillée aux petits jeunes).</p>
<p>Et Bellamy vient de lancer <a href="http://www.mbdmag.eu/">un nouveau mag de BD</a>.</p>