Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - organisation<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Géohistoire » de Christian Grataloupurn:md5:478cf37f9b6a32f203931aaeb6a7c9a92023-12-29T18:48:00+00:002023-12-29T18:48:00+00:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcartescatastropheChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitédémographiedéveloppementeffondrementEmpireEmpire romainesclavageEuropeguerregéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndeMoyen Âgeorganisationperspectivepolitiquepouvoir d’acheterpétroleRenaissanceRussiesociétés primitivestempséconomieémerveillementénergieévolution<p>Les achats d’impulsion sont parfois les meilleurs. <em>Géohistoire</em> veut nous faire sentir <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geohistoire">tout l’impact de la géographie sur la manière dont tourne le monde</a>. Christian Grataloup nous expose la trame sous-jacente à l’histoire de bien des Empires, plus liée aux vents de mousson ou aux flux de capitaux à l’échelle continentale qu’aux généraux et mouvements politiques. La domination européenne est en bonne partie une conséquence de sa géographie. Notes de lectures.</p>
<h2>Il était une fois l’humanité…</h2>
<p>Et ça commence très tôt, par <em>Homo erectus</em> et sa lente diffusion à travers le monde, du moins les parties habitables accessibles à pied sec. Dès cette époque, notre espèce montre une rare adaptation à tant de milieux différents, des savanes africaines aux forêts humides aux steppes neigeuses de l’ère glaciaire. Des bras de mer sont franchis. Nos atouts : le feu, la construction de maisons, l’aiguille à coudre.</p>
<p><a href="https://arenes.fr/livre/geohistoire-2/" title="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Geohistoire-Christian_Grataloup-Arenes_2023_m.jpg" alt="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)" class="media-right" /></a></p>
<p><em>Homo sapiens</em> va encore plus loin, et même l’Amérique est envahie. À la fin de la glaciation ne restent inoccupées que des îles du Pacifique ou l’Islande, conquises vers l’An Mil au plus tard, et des zones polaires comme l’Antarctique.</p>
<h2>Axe & périphéries</h2>
<p>L’essentiel de l’histoire, de la démographie, des échanges de l’humanité, et depuis l’Antiquité, sont regroupées autour d’un « Axe » de l’Eufrasie (terme qui inclue bien l’Afrique dans le monde). Au départ, l’Axe va grossièrement de Gibraltar à la Chine du Nord via les côtes méditerranéennes, la Perse et l’Inde. Avec le temps, l’Axe s’épaissit, en premier lieu en incorporant toute l’Europe jusque la Scandinavie et Îles britanniques.</p>
<p>Sur cet axe s’échangent des biens ou des monnaies, et aussi des métaux précieux, une spécificité de l’Axe. Les latitudes étant voisines, les méthodes de culture ou domestication diffusent. Les idées circulent aussi, à commencer par les religions (monothéismes, bouddhisme…). Mais aussi des agents pathogènes : la Peste Noire est l’exemple le plus flagrant. Au fil du temps, toute la population de l’Axe acquiert une immunité à des germes, souvent transmise par des animaux d’élevage, et que d’autres peuples isolés ne connaissent donc pas, bientôt pour leur plus grand malheur.</p>
<p>Les Empires sur l’Axe se créent et se renouvellent en réaction à des menaces externes : Rome face aux barbares, la Chine ou les Empires indiens face aux envahisseurs des steppes. On note que les capitales (Pékin, Delhi, Trèves…) ont tendance à être proches des frontières menacées.</p>
<p>Des régions restent à la marge. L’Afrique d’abord, peu intégrée, peu peuplée, en contact toutefois avec l’Axe via quelques routes au travers du Sahel, et surtout toute la côte est. L’Insulinde est une zone fragmentée mais bien connectée à dominante commerciale. Sont à peu près isolés l’Australie et tout le monde polynésien, de Taïwan à l’île de Pâques, malgré les talents de navigation de ses habitants. Surtout, le continent américain entier est isolé depuis des dizaines de millénaires. Géographiquement beaucoup plus segmenté que l’Axe, il est aussi sans grand mammifère domesticable (et mangeable), ce qui aura son importance pour le développement des sociétés.</p>
<h2>Économies-monde polycentriques</h2>
<p>Les Empires sont des blocs en partie nés des impératifs de la culture (notamment la riziculture) et des attaques des nomades. D’autres parties de l’Axe évoluent en « économies-mondes », faute d’ennemi contre lequel s’unir. Il s’agit de l’Insulinde et, plus encore, de l’Europe. Celle-ci, bien que déchirée entre d’innombrables entités une fois disparu l’Empire romain, conserve son unité. Les frontières de l’Europe médiévale, et leur évolution, se repèrent très vite par la carte des mariages royaux. L’Europe, tout au bout de l’Eurasie, ne craint pas vraiment un envahisseur à grande échelle. Les Mongols s’approchent mais sont trop loin de leurs bases.</p>
<p>Étonnamment, une excroissance de l’Europe exposée, elle, aux attaques des steppes, reproduit le schéma de la conquête impériale à l’ancienne : la Russie. Une double origine et un dilemme national dont les conséquences perdurent.</p>
<h2>Les vents, les épices et l’or</h2>
<p>Pendant des millénaires, l’essentiel des échanges entre grandes masses humaines se fait via l’Océan Indien, de l’Afrique à la Chine. Les latitudes propices à la mousson permettent d’aller d’est en ouest et de ouest en est, sans trop de danger. La Route de la Soie n’est qu’un chemin secondaire, terrestre, plus dangereux, et lent, même si la Chine tente systématiquement d’en sécuriser les tronçons proches quand elle n’est pas sur la défensive.</p>
<p>Les périphéries fournissent ce dont les autres ont besoin : esclaves africains notamment, et depuis des siècles ; des fourrures ; des métaux précieux. La Chine et l’Inde exportent des biens manufacturées, textiles en premier lieu (cotonnades indiennes, soie…), mais aussi thé ou porcelaine. L’Insulinde exporte ses fameuses épices, dont le sucre. De tout cela les Européens sont friands. Mais ils ne peuvent rien produire eux-mêmes, et surtout pas la canne à sucre qui craint l’hiver. Et l’Europe n’a pas grand-chose à exporter, à part un peu de verre.</p>
<p>Pendant deux millénaires, l’or et l’argent européens servent à acheter des biens manufacturés ou des épices asiatiques (à destination des plus riches, bien sûr), et ces métaux précieux restent en Asie. Puis les techniques de navigation atteignent un niveau permettant d’aller plus loin, et le monde commence à changer.</p>
<p>D’un côté, la Chine impériale n’a pas <em>besoin</em> d’aller chercher des ressources ailleurs. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He">Flotte des Trésors de Zheng He</a> va peut-être loin, mais reste une exception trop coûteuse pour être renouvelée aux yeux de l’autorité centrale.</p>
<p>De l’autre, l’Europe a épuisé ses mines et manque de monnaie précieuse pour ses échanges. La multiplicité des acteurs, le rôle majeur des marchands, permettent les expériences. Le premier pas est la conquête de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Macaron%C3%A9sie">Macaronésie</a> par les Espagnols et les Portugais, un marche-pied dans l’Atlantique. On y inaugure le modèle de la plantation de canne à sucre avec esclaves africains. Les Portugais sont les premiers à dominer les vents et à acquérir les techniques pour arriver d’abord en Afrique noire, et acheter l’or du Mali sans intermédiaire. De comptoir en comptoir, les Portugais parviennent dans l’Océan Indien, profitent eux aussi des moussons, et mettent la main sur le très lucratif commerce des épices avec l’Asie.</p>
<p>Jusque là, pas de changement fondamental : l’Europe ouvre une voie d’accès périphérique (toujours lente et dangereuse) à l’Asie, mais l’on reste dans les échanges au sein de l’Axe. Le Portugal (1 million d’habitants) n’est démographiquement pas capable de tenir plus que des comptoirs, et craint plus ses rivaux européens envieux que les peuples « découverts ».</p>
<p>Christophe Colomb va tout changer. La connexion entre Ancien et Nouveau Monde était inévitable, et des contacts avaient déjà eu lieu (Vikings au nord et Polynésiens au sud). Une fois compris le régime des vents dans l’Atlantique et la nécessité de s’écarter de l’Afrique pour en profiter au mieux, il était fatal que les Européens accostent dans les Caraïbes ou au Brésil. Les Chinois ou les Japonais auraient pu le faire un jour ou l’autre, mais les Espagnols ont été les premiers à établir des colonies en Amérique, suivis par tous leurs voisins.</p>
<p>Ce qui intéresse les Européens, ce sont les contrées avec un climat sans hiver, en premier lieu pour la canne à sucre. Pour éviter la fuite des esclaves noirs, les îles sont privilégiées (et Louis XV sacrifiera pour elles bien les arpents de neige canadiens.) Les Anglais et les Français vont aussi au nord, à la recherche d’une voie directe vers l’Asie. Le prosélytisme, la curiosité scientifique ou le goût de l’exploration sont d’autres moteurs, mais annexes aux besoins commerciaux.</p>
<p>La conquête de l’Amérique du Centre et du Sud est rapide et facile. Les maigres effectifs hispaniques, avec à peine quelques chevaux et armes à feu, sont massivement aidés (involontairement, du moins au début) par les agents pathogènes inconnus des Amérindiens, et contre lesquels les habitants de l’Axe sont à peu près immunisés. L’effondrement de la population américaine (environ 90 % !) entraîne des troubles sociaux qui achèvent les sociétés. Tant de territoires sont libérés de l’agriculture (en Amazonie notamment) que le reboisement se traduit par une chute du CO₂ atmosphérique, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Little_Ice_Age#Destruction_of_native_populations_and_biomass_of_the_Americas">possible cause du Petit Âge glaciaire</a>. La main d’œuvre locale disparue, et faute de pouvoir motiver sa propre population à aller trimer dans les plantations, l’Europe se rabat sur la traite négrière à grande échelle, amplifiant la saignée du continent africain.</p>
<p>Grataloup se risque parfois à des uchronies. Parmi elles : des virus mortels auraient-ils pu traverser l’Atlantique dans l’autre sens ? Adaptés à une longue cohabitation avec beaucoup plus d’animaux d’élevage, les Eufrasiens avaient les probabilités pour eux… mais il n’aurait pas été impossible que nos ancêtres subissent une saignée symétrique à celle des Amérindiens.</p>
<h2>La domination européenne</h2>
<p>L’or et l’argent américain résolvent la crise monétaire européenne, on frôle même la surproduction. Parallèlement et grâce à ces ressources, le goût du sucre, du thé, du café, du tabac, du chocolat, se répand dans toute la société européenne, les besoins augmentent, justifiant la création des diverses Compagnies des Indes orientales. D’abord entreprises capitalistiques commerciales concurrentes destinées aux expéditions commerciales risquées, celles-ci finissent absorbées par leurs États respectifs, après avoir installé des ribambelles de comptoirs, devenus colonies ou protectorats. L’Europe exporte ses rivalités internes sur toute la planète. Colonies et protectorats changent de main, les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont un impact sur tout le commerce mondial, et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans">Guerre de Sept Ans</a> est quasiment une guerre mondiale.</p>
<p>Enfin, l’accès des Européens à des territoires sans hiver leur permet de tenter de produire eux-mêmes ce qu’ils achetaient avant. Après les cultures de la canne à sucre, du café et du chocolat se déploie celle du coton en Amérique du Nord (toujours grâce à la traite), ce qui permet de ne plus acheter d’indiennes (le tissu indien). Le thé reste longtemps une denrée qu’il faut acheter cher à la Chine. Pour rééquilibrer les échanges, les Britanniques (d’abord, puis avec les Français) du XIX<sup>è</sup> siècle se font narcotrafiquants : ils imposent aux Chinois l’opium des Indes britanniques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_l%27opium">Guerres de l’opium</a>).</p>
<h2>Révolutions</h2>
<p>Grataloup va jusqu’à suggérer que les nouvelles habitudes occidentales basées sur les productions tropicales ont alimenté la Révolution industrielle, qui a d’abord démarré par une meilleure alimentation : thé et chocolats sucrés représentent en effet quelques calories en plus. L’hévéa aussi en est un élément important.</p>
<p>La transition démographique commence en France, en partie grâce aux améliorations des routes au XVIII<sup>è</sup> siècle, éliminant les famines. Cumulant supériorité maritime, puis technologique et industrielle, et enfin démographique (¼ de la population mondiale en 1900), l’Europe impose son modèle d’États aux frontières délimitées, ce qui n’est pas une évidence partout. Surtout, les différents pôles européens créent chacun un Empire, d’un type nouveau puisqu’il associe une métropole dans le nord très éloignée de colonies, généralement tropicales. Certaines de ces colonies deviennent des États de culture européenne indépendants (États-Unis en premier lieu puis Australie, Afrique du Sud…).</p>
<p>La seconde vague de colonisation européenne au XIXè siècle tient plus de l’affrontement impérial qu’autre chose. Les nouvelles colonies, notamment africaines, ne rapportent pas autant qu’elles coûtent.</p>
<p>La domination européenne ne dure pas deux siècles. Le polycentrisme, qui a stimulé les découvertes et conquêtes, provoque le suicide de l’Europe dès 1914. Plus tard, le Tiers Monde reste centré sur ces régions tropicales tant convoitées par d’autres. La transition démographique rebat les cartes. Une autre géographie se met à influer sur les rapports de force dans le monde : celle du Carbonifère, dont nous brûlons les forêts fossilisées.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-G%C3%A9ohistoire-%C2%BB-de-Christian-Grataloup#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/877« Le chemin des Dames » de Pierre Miquelurn:md5:ce7667faa96e1fc0cc9edbc9ae4ebfc92023-06-30T19:00:00+02:002023-08-23T17:28:57+02:00ChristopheHistoireabominationabsurditéabusrditéautodestructioncatastrophedommagedysfonctionnementgénéalogieHistoire de Francelivres lusmortorganisationPremière Guerre Mondialeténacité <p>Ypres, Les Dardanelles, Verdun, la Somme, le Chemin des Dames… Il y eut tant de boucheries en 14-18 qu'on les confond. Ce livre de 1997 s'étend sur tout le déroulé de la dernière grande offensive française, en 1917, au nom devenu tristement célèbre. Résumé.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Pierre_Miquel-Le_Chemin_des_Dames-Perrin.png" title="Pierre Miquel : Le Chemin des Dames, Perrin 1997"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Pierre_Miquel-Le_Chemin_des_Dames-Perrin.png" alt="Pierre Miquel : Le Chemin des Dames, Perrin 1997" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
La légende dit que les « dames » de ce chemin entre Reims, Soissons et Laon, étaient les filles de Louis XV, allant rendre visite à une ancienne maîtresse de leur père. En 1917, la ligne de front s'y était établie, sur une crête entre les vallées de l'Aisne au sud, et l'Ailette au nord. Le 16 avril 1917, le général Nivelle y lance une offensive massive, brusque, préparée depuis des mois et destinée à rompre le front jusque Laon. Au bout de quelques heures, il est clair que c'est un échec. Ce demi-succès (en étant gentil) ne vaut pas les 300 000 morts et blessés dans les deux camps.</p>
<p>Il serait facile d'accuser les généraux de l'époque de pure incompétence. Joffre avait été remplacé par Nivelle, artilleur ayant appliqué là-bas de nouvelles techniques qui font de lui le vrai vainqueur de Verdun. Quand il présente son plan d'offensive majeure, des résistances se font bien jour. On ne veut pas d'une nouvelle attaque qui s'enlise des mois pour rien comme sur la Somme. Pétain préférerait faire le gros dos en attendant les Américains et des chars en quantité. Chez les Britanniques, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Haig">Haig</a> renâcle, se fait tirer l'oreille pour lancer une attaque simultanée, mais Lloyd George approuve l'idée. Pierre Miquel passe beaucoup de temps sur le côté politique français. En arrière-plan : dans quelle mesure le Parlement doit-il s'occuper des opérations ? Faut-il risquer tout de suite une nouvelle attaque ou attendre, au risque que les Allemands se renforcent ? Faut-il envoyer des renforts aux Italiens ? Peut-on encore se fier au nouveau gouvernement russe après la Révolution de Février ? Que penser des ouvertures de paix du nouvel Empereur d'Autriche, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Ier_(empereur_d%27Autriche)">Charles</a> ?</p>
<p>Nivelle a le malheur d'être trop persuasif. Il mise sur la préparation d'artillerie massive, et la rapidité d'exécution. Il a tout planifié : préparation massive, déplacement précis et rapide de l'artillerie derrière l'infanterie pour s'attaquer tout de suite à l'artillerie ennemie, aux secondes lignes, et éviter l'arrivée de renforts, l'arrivée d'armées entières. Pour être prêt, la date d'attaque a été repoussée plusieurs fois. Sur le papier, c'était parfait.</p>
<p>Et comme tout plan parfait, la confrontation avec la réalité est cruelle. Les avions français, surclassés par les Allemands, ne peuvent aider à régler l'artillerie autant que prévu. Des munitions manquent. Les tanks sont moins nombreux que voulu, et moins fiables que prévu. Le temps n'est pas de la partie : il neige, alors que les unités d'élites coloniales engagées ne sont pas supposées combattre en conditions hivernales. Les Allemands ont profité du réseau de cavernes sous la crête pour en faire des abris, créer un réseau souterrain invisible de l'ennemi, monter des tourelles bétonnées que les canons français ne peuvent détruire. Malgré la préparation d'artillerie, les Français se retrouvent face à de nombreux nids de mitrailleuses, apparus parfois dans leur dos. Pire : les Allemands ont deviné ce qui allait se passer, ils ont amené de nombreuses réserves.</p>
<p>Nivelle n'a pas tenu compte des signaux qui auraient permis de prévoir tout cela (de petites attaques avaient échoué, des plans avaient été perdus). Il était cependant délicat de tout annuler au dernier moment, quand des centaines de milliers d'hommes ont été déplacés, sont prêts, et attendent sous la pluie.</p>
<p>L'offensive n'atteint pas ses objectifs du premier jour, loin de là, ni le lendemain. Malgré la promesse initiale d'arrêter très vite les frais si le succès n'était pas au rendez-vous, d'autres offensives suivent pendant un certain temps. Le gain final n'est pas totalement négligeable : des observatoires d'artillerie, une partie du Chemin des Dames enlevé, de lourdes pertes infligées aux Allemands, un nombre énorme de prisonniers… mais à un coût hallucinant.</p>
<p>Avant la bataille, le moral des troupes est élevé. Mais le Chemin des Dames marque le début des mutineries, du refus de bien des Poilus de partir à l'attaque sans aucune chance de vaincre. Le gouvernement se persuade que les pacifistes de l'arrière contaminent les soldats, alors qu'il s'agit plutôt de l'inverse. Il faut lâcher du lest sur les permissions.</p>
<p>Nivelle est écarté. On pense à le juger, mais il faudrait aussi juger ceux qui l'ont nommé, lui ont demandé d'être offensif. Pétain prend sa place et se contente d'offensives très limitées sur quelques kilomètres, avec des moyens maximaux (la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Malmaison">Malmaison</a>, fin octobre 1917), sans trop de pertes mais sans grande conséquence stratégique.</p>
<p>En relisant mon arbre généalogique, j'ai réalisé que deux de mes arrière-grands-pères ont été blessés au Chemin des Dames, les deux en octobre 1917, dont l'un à la Malmaison. Il faut jeter un œil aux livrets militaires de ses ancêtres.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-chemin-des-Dames-de-Pierre-Miquel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/870« L’effroyable tragédie » de Marie-Pierre Rey : la fin de la Grande Armée pendant la campagne de Russieurn:md5:12ebc1605b7ca5abfdd4a22380e535e12023-06-10T19:45:00+02:002023-08-23T17:29:39+02:00ChristopheHistoireabsurditéautodestructioncatastrophedysfonctionnementeffondrementEmpireEuropegigantismeguerre saintehistoireHistoire de Franceimpérialismelogistiquemortoh le beau cas !organisationracléeRussie <p>L’armée de Napoléon a disparu en Russie. Tout était écrit, et pourtant… Cet excellent livre de 2012 décrit bien le calvaire de l'Armée française et les choix catastrophiques de Napoléon. Résumé.</p>
<h2>L’invasion</h2>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Marie-Pierre_Rey-L_effroyable_tragedie.jpg" alt="Marie Pierre Rey : L'effroyable tragédie" style="float: right;" /> En 1812, Napoléon se fâche définitivement avec le tsar Alexandre, dont il espérait tant l'alliance pour étouffer l'Angleterre. Avec un demi-million d'hommes, il envahit la Russie pour lui imposer ses conditions . On connaît la suite, pas les détails. Souvent on a lu Tosltoï (cf mon billet sur <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-guerre-et-la-paix-de-L%C3%A9on-Tolsto%C3%AF">la Guerre et la Paix</a></em>), qui n'était pas historien, et louait la sagesse du général russe Koutouzov, qui a juste suivi les Français en retraite, et laisser l'hiver et la faim les décimer.</p>
<p>Mais Koutouzov n'était pas l'initiateur de la stratégie russe. Ses collègues lui reprochent même de ne pas avoir été assez agressif sur la fin (car la Grande Armée en déroute avait parfois encore de beaux restes) et d'avoir raté la capture de Napoléon. Le choix du retrait devant l'invasion et de la terre brûlée se décide avant le conflit (« Notre climat, notre hiver feront la guerre pour nous » écrit Alexandre), sans forcément que tous les détails aient été fixés. Un siècle avant, l'hiver avait déjà battu les Suédois.</p>
<p>Juin 1812 : la gigantesque Grande Armée, avec ses effectifs pléthoriques, ses soldats peu habitués au climat russe, ses innombrables chevaux, sa lourde artillerie, ses convois de chariots de bagages parfois inutiles, s'enfonce au printemps dans un pays gigantesque, misérable, rural, souvent sans routes, d'où le pouvoir russe a enlevé ou brûlé tout ce qui pouvait l'alimenter. L'armée russe se dérobe, refuse à l'Empereur la bataille décisive qu'il cherche. Napoléon découvre réellement ce qu'est la « profondeur stratégique ».</p>
<p>Fouché l'avait prévenu pourtant, pointant le cauchemar logistique et la leçon infligée aux Suédois. Mais Napoléon veut une guerre courte, il ne veut pas s'éloigner trop longtemps de Paris, de sa femme, et de l'Espagne en guerre. Son armée colossale comprend des contingents de tous ses alliés et vassaux, son réseau d'espionnage et ses cartes sont prêts, des stocks ont été faits en Pologne et en Prusse orientale.</p>
<p>Ça ne suffira pas. Il y a tant de chevaux que le fourrage (et les fers à chevaux !) manquent vite, et les pauvres bêtes meurent comme des mouches dès le début, bien avant l'hiver. Les chevaux russes, en face, sont acclimatés et aussi nombreux.</p>
<p>La conquête de Vilnius est une promenade. Les Lituaniens accueillent la Grande Armée et ses alliés polonais avec joie. Napoléon ne mise pourtant pas à fond sur le patriotisme polono-lituanien, de peur de froisser l'allié (de façade) autrichien. Il ne jouera pas non plus la carte de la libération des serfs russes, une perspective qui terrifie la noblesse russe. Pendant ce temps, Alexandre fait la paix avec les Suédois et les Turcs, encourage la ferveur patriotique et religieuse de son peuple, mise sur la peur du Français. Les Polonais seront déçus et les moujiks ne se révolteront jamais. L'armée russe est malade de la corruption, manque souvent de fusils et d'uniformes, mais elle recrute en masse. Paradoxalement, la noblesse russe continue de parler français.</p>
<h2>Moscou</h2>
<p>La Grande Armée progresse moins vite que prévu. Les villes conquises sont vides (Vitebsk) ou détruites par les combats (Smolensk), sans réapprovisionnement possible. Entre les pertes des quelques batailles, les malades, la chaleur, quelques désertions, les garnisons laissées en arrière, les effectifs, homme et chevaux, ont déjà fondu de moitié à mi-chemin de Moscou !</p>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Russie#/media/Fichier:Minard.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.Pertes_de_la_Grande_Armée_en_Russe_1812-1813-Charles_Minard-1869-via_Wikimedia_m.png" alt="Graphe par Charles Minard (1869) montrant les effectifs de la Grande Armée à l’aller et au retour de Moscou (via Wikimedia)" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p>Dès juillet, Napoléon hésite à s'arrêter, du moins pour l'année, puis décide de rester fidèle à sa stratégie de foncer sans donner de répit à l'ennemi. Les généraux russes s'écharpent sur la stratégie. Finalement ils refusent toute grande bataille jusque Borodino, sur la Moskova, car il faut tout de même tenter de sauver Moscou. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Moskova">Ce sera une boucherie sans nom</a> (73 000 morts ou blessés, dont beaucoup d'officiers).</p>
<p>Moscou sera abandonnée, ce qui consterne toute la Russie, puis incendiée par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9dor_Rostopchine">Rostopchine</a> (officiellement : par les Français). La Grande Armée se retrouve à jouer les pillards dans une ville dévastée dont presque tous les habitants ont fui, et aux faubourgs pleins de partisans et de cosaques. Elle y perd sa réputation à cause du pillages et des exactions. La discipline disparaît.</p>
<h2>La déroute</h2>
<p>Le tsar refuse de négocier. L'armée de Koutouzov se renforce et commence à prendre l'initiative. Les communications françaises avec Paris deviennent compliquées. Napoléon hésite à continuer sur Saint-Pétersbourg. Au bout d'un mois, aux premières neiges, il décide du repli vers Smolensk. Le départ est précipité, des stocks abandonnés. L'armée n'a toujours pas de vêtements d'hiver. Elle est encombrée de chariots pleins du butin des pillages et de nombreux civils (dont de nombreux Français habitant à Moscou, ayant peur des représailles). La moitié des hommes est encore bonne condition, une autre moitié a déjà beaucoup souffert. Les régiments étrangers ne sont plus fiables. Le retour doit se faire par des zones sous contrôle, donc déjà dévastées. Les Russes commencent à attaquer à nouveau mais ne gagnent pas forcément. Le harcèlement au quotidien est plus efficace.</p>
<p>La faim frappe les Français dès le départ de Moscou. Il n'y a plus beaucoup de chevaux, et l'anthropophagie apparaît. Des 104 000 hommes ayant quitté Moscou, seuls 42 000 arrivent à Smolensk, et les stocks qui les attendent sont bien maigres, et mal distribués. Les revers militaires s'accumulent, l'armée russe menace de piéger les Français. En fait, Koutouzov préfère en rester au harcèlement : le gros de sa propre armée a du mal à suivre le rythme des fuyards, en partie car il faut éviter les zones deux fois dévastées, et le climat est cruel pour les Russes aussi.</p>
<p>Les prisonniers des Russes se compteront en centaines de milliers. Une bonne part mourra de manière plus ou moins cruelle, par les partisans, l'armée russe, les mauvais traitements, les marches, la faim. Certains pourront rentrer en France à la Restauration, certains iront même cultiver un bout de terre russe. En face, les Français ne feront pas grand-cas des cent mille prisonniers du début de la campagne. Ceux-ci n'étaient guère protégés : il y avait encore moins d'approvisionnements pour eux, et qui ne pouvait marcher était liquidé.</p>
<h2>La Bérézina</h2>
<p>Ce qui est resté comme l'expression d'une défaite retentissante est en fait une retraite réussie dans des conditions dantesques. Napoléon réussit à tromper les Russes sur son chemin exact, et les restes de la Grande Armée réussissent à passer par un gué sur deux ponts construits en un temps record. La Garde s'en sort encore, mais les Russes arrivent, et le sort est cruel pour les derniers, traînards et beaucoup de civils, tentant de traverser sous les feux d'artillerie.</p>
<p>Début décembre, le froid descend à -37°C. Les pertes sont terribles, y compris chez les Russes. Napoléon quitte son armée presque comme un voleur. Murat le remplace à la tête d'une bande où plus aucune discipline ne règne. L'arrivée à Vilnius devait être une délivrance, mais le typhus y règne, les Polonais prennent peur devant l'état de cette armée… et retournent parfois leur veste, car les Russes arrivent. Les Français fuient, laissant derrière eux des monceaux de cadavres qui ne seront parfois enterrés qu'au printemps. Le tsar arrive et préfère la magnanimité à la punition impitoyable de tous les collaborateurs.</p>
<p>Murat arrive vers Königsberg, en Prusse, censée être alliée, devenue hostile. Il faut continuer.</p>
<p>Dès janvier, le tsar entre aussi en Prusse. Commence la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_d%27Allemagne_(1813)">campagne d'Allemagne</a>, qui finira par la boucherie de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Leipzig_(1813)">Leipzig</a>, pour déboucher sur l'invasion de la France et la chute de l'Empire en 1814. Le tsar, à Paris, sera à la tête du nouveau système d'alliances des Empires qui redessineront la carte de l'Europe.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-effroyable-trag%C3%A9die-de-Marie-Pierre-Rey#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/869« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856« La campagne du Rhin : Les Alliés entrent en Allemagne (janvier-mai 1945) » de Daniel Feldmann & Cédric Masurn:md5:c68ad5398703e89ace8912eae64179472019-02-03T18:50:00+01:002020-02-08T17:50:24+01:00ChristopheHistoireAllemagneAlsaceAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmechaoscomplexitédéshumanisationEuropegigantismeguerre saintegéographiegéopolitiquehainehistoireHistoire de FrancehiérarchieimpérialismejusticenationalismeorganisationracléeSeconde Guerre MondialetempsténacitéÉtats-Unis<p>(<em>Encore une chronique de mes lectures, pour changer...</em>)</p>
<p><a href="https://www.economica.fr/livre-la-campagne-du-rhin-janvier-mai-1945-feldmann-daniel-mas-cedric,fr,4,9782717868807.cfm"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.feldmann-mas-campagne-du-rhin_m.jpg" alt="feldmann-mas-campagne-du-rhin.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Il n’y avait apparemment pas de livre dédié aux opérations des Occidentaux début 1945. Le sujet intéresse moins que le rouleau compresseur russe à l’Est, la prise de Berlin, ou la décision d’Eisenhower de ne <em> pas</em> aller à Berlin. Ce livre, assez austère mais relativement facile à lire pour l’amateur éclairé, comble le vide. La vision est plus celle des états-majors, globale et technicienne, que celle anecdotique du soldat de terrain.</p>
<p>Il s’agira essentiellement ici des armées anglo-américaines, et de la canadienne.</p> <p>Quelques chapitres parle de la petite armée française, pas vraiment en bien. C’est un mélange instable de Français libres, d’unités de l’armée de Vichy de France ou d’Afrique du Nord ayant rejoint les Alliés parfois assez tard, de troupes nord-africaines aguerries, et d’anciens FFI courageux mais sans formation militaire. Le manque de matériel est complet et la dépendance envers les Américains totale. Son chef, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/De Lattre" hreflang="fr">https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Lattre_de_Tassigny</a> aura besoin d’eux pour réduire la poche de Colmar et ne semble pas vouloir ce qu’il veut en Forêt Noire et à Stuttgart. Leclerc et la 2è DB préféreront être sous les ordres d’un général américain.</p>
<p>Quant aux Russes, ils sont de l’autre côté, rouleau compresseur en train de broyer la Wehrmacht et de conquérir l’Europe de l’Est. Rappelons que pendant que les Occidentaux débarquaient en Normandie, il entamaient la reconquête de la Pologne (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bagration" hreflang="fr">opération Bagration</a>). Fin 1944, ils ont déjà entamé la conquête de terres allemandes.</p>
<h3>Les généraux</h3>
<p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dwight_D._Eisenhower" hreflang="fr">Eisenhower</a> le diplomate, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Montgomery" hreflang="fr">Montgomery</a> l’égocentrique... : tous sont alors connus, environnés de journalistes, et très conscients à l’époque d’écrire l’Histoire. Les rivalités plus ou moins sportives entre généraux s’ajoutent à la rivalité anglo-américaine : les calculs politiques en vue de l’après-guerre s’additionnent au besoin de gloriole et de prestige. Les auteurs sont assez critiques, et tout le monde au sommet en prend pour son grade.</p>
<p>Les moyens et les choix d’offensive sont en permanence arbitrés entre le front nord (anglo-canadien) et centre et sud (américain), et des unités américaines passent alternativement d’une armée à l’autre selon les besoins. S’ajoute le style : Montgomery aime préparer ses offensives et réclame toujours plus de forces ; les Américains ont plus de moyens, plus de chance aussi dans leurs adversaires (les dernières unités allemandes sont très inégales), et foncent volontiers.</p>
<h3>Situation fin 1944 & plan de bataille</h3>
<p>Fin 1944, après une difficile percée en Normandie, un débarquement en Provence, les armées alliées ont reconquis rapidement presque toute la France et la Belgique. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Ardennes" hreflang="fr">bataille des Ardennes</a> en décembre 1944 est la dernière grande offensive de la Wehrmacht à l’Ouest, péniblement repoussée. Si celle-ci n’a ensuite plus les moyens de rééditer une telle opération, cela ne veut pas dire que la suite sera un chemin pavé de rose.</p>
<p>Le front début janvier 1945 suit à peu près les frontières allemandes de 1939. Au nord, les Allemands tiennent encore de gros morceaux des Pays-Bas, dont l’embouchure du Rhin. Au sud, la bataille continue en Alsace : Colmar et Rouffach sont encore occupés, et Wissembourg le redevient (l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a> ramène la Wehrmacht jusque Haguenau).</p>
<p>La supériorité matérielle alliée est totale : chars, canons, avions, hommes, et aussi pétrole, à l’est comme à l’ouest. Dans les airs, la Luftwaffe use ses dernières réserves. La coordination interarmes alliée est rodée.</p>
<p>On a gardé l’image d’une armée alliée aux moyens inépuisables, mais ce moment est une crise. D’abord la logistique est cauchemardesque, mais cela s’arrangera quand le port d’Anvers sera à nouveau opérationnel. L’armée britannique est expérimentée mais l’Angleterre est épuisée et les effectifs manquent, il faut même dissoudre des divisions. Même l’armée américaine a des problèmes de remplacement : les pertes en France ont été plus importantes que prévues, et les troupes disponibles sont déjà toutes en ligne. Mais comme 13 % seulement des 2,7 millions d’hommes sont des troupes offensives, une réorganisation et l’embauche de civils pour certaines tâches permettra de parer au problème.</p>
<p>La météo est exécrable, avec un hiver rigoureux. Les périodes de redoux ne sont pas plus faciles, car la boue gêne les offensives d’ampleur et détruit les routes, parfois étroites. Pendant tout le livre revient le problème de faire passer des divisions entières par des chemins vite embourbés et saturés.</p>
<p>Le chemin pour la conquête de l’Allemagne n’est pas évident : des massifs montagneux comme l’Eifel sont difficiles à conquérir (les Américains s’y useront inutilement) ; des barrages permettent d’inonder des zones entières (autour de la Roer) ; la ligne Siegfried protège bien certains endroits ; la supériorité numérique n’est pas assez écrasante pour une attaque partout à la fois ; enfin les chemins faciles n’offrent pas de possibilité d’exploitation évidente vers des objectifs importants. Les raisons des choix stratégiques sont les parties les plus intéressantes du livre.</p>
<p>Assez vite se dégage l’idée qu’il vaut mieux conquérir toute la rive gauche du Rhin, et y détruire les dernières forces allemandes, avant de tenter de franchir le fleuve. La cible principale sera ensuite la Ruhr, poumon industriel de l’Allemagne.</p>
<p>Les auteurs s’attardent à décrire ce à quoi s’attendent les Allemands. Ils n’ont plus guère de réserves, mais n’abandonnent pas le terrain pour autant. Mais le renseignement est défaillant et la coordination des unités n’est plus ce qu’elle a été. Les ordres débiles d’Hitler de ne jamais reculer, fidèlement retransmis, parfois obéis, et la faible qualité des dernières recrues (trop jeunes, trop vieilles, inaptes...), en plus du manque de matériel et de carburant, obèrent toute initiative stratégique. Si beaucoup de divisions n’existent plus que sur le papier, quelques unités restent solides, le régime nazi tient le pays et punit de mort toute idée de reddition : la débandade générale n’interviendra qu’après le passage du Rhin.</p>
<h3>L’Alsace</h3>
<p>La poche de Colmar et plus globalement l’Alsace n’ont pas une grande importance stratégique, mais elles fixent beaucoup d’unités alliées. Au milieu d’un froid glacial, Français et Américains doivent d’abord repousser une attaque allemande (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Nordwind" hreflang="fr">opération Nordwind</a>) qui menace Strasbourg. Eisenhower prévoit même au début de l’abandonner avec tout le Bas-Rhin, à la fureur des Français. Il cède à la pression politique et fournit les troupes. Puis il faut reprendre Rouffach et Colmar, difficilement. L’armée allemande se retire par Brisach en bon ordre. Le front alsacien ne bougera plus avant le printemps.</p>
<h3>La Rhénanie</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public.png" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Campagne_Rhin_Veritable-Grenade-1945_Wikipedia_Westpoint_domaine_public_m.png" alt="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Opération Veritable (source: US Army, Westpoint, via Wikipédia, domaine public) " /> </a></p>
<p>C’est le 8 février, par Nimègue et l’extrême nord, qui a l’avantage d’être plat et dépourvu de cours d’eau, que démarre l’invasion de la Rhénanie par les Anglo-Canadiens (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Veritable" hreflang="fr">opération Veritable</a>). Malgré une longue préparation, ils tombent sur des troupes allemandes de qualité et bien commandées, et l’avancée est très difficile.</p>
<p>Les Américains entrent un peu plus tard en lice au sud, depuis l’extrême sud de la Hollande. Ils auront auparavant eu du mal à sécuriser les barrages de la Roer, et seront ralentis par les inondations provoquées par les Allemands. La suite sera pour eux plus facile que pour les Anglais, et un rouleau compresseur impeccablement huilé se déploie sans anicroche jusqu’au Rhin et Düsseldorf.</p>
<p>Ces opérations détruisent en un mois les dernières capacités allemandes à l’ouest. Ce sont des unités très diminuées qui retraitent derrière le Rhin.</p>
<p>Les auteurs étudient la décision de ne pas profiter du succès pour franchir le Rhin tout de suite : sécuriser la tête de pont et mener l’exploitation aurait nécessité trop de troupes, sans compter la difficulté de batailles dans la zone urbaine de la Ruhr.</p>
<h3>Remagen</h3>
<p>Début mars, Patton profite de l’effondrement allemand pour sortir enfin du massif de l’Eifel, encore un peu plus au sud (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Lumberjack" hreflang="fr">opération Lumberjack</a>), et border le Rhin jusqu’à la Moselle, Bonn et Coblence. La progression est si facile et rapide qu’un pont, par chance et incompétence allemande, tombe aux mains des Américains à Remagen. Ce n’est pas le meilleur endroit pour créer une tête de pont, mais Eisenhower donne l’autorisation de consolider la tête de pont. Le point de franchissement du Rhin n’a donc pas été planifié, les Alliés s’attendaient à ce que tous les ponts aient été détruits !</p>
<p>Les Allemands ont beau faire, ils ne repoussent pas la tête de pont américaine. L’impact n’est pas tant stratégique que psychologique : la Wehrmacht ne peut même plus espérer souffler un temps derrière le Rhin.</p>
<h3>Sarre & Palatinat</h3>
<p>Les Allemands sont encore au sud de la Rhénanie, à la frontière française, car évacuer ce saillant impliquerait de perdre le charbon de la Sarre. Les armées de Patton et Patch s’enfoncent facilement au nord de la Lorraine et du Bas-Rhin, si vite qu’elles se croisent involontairement (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Undertone" hreflang="fr">opération Undertone</a>).</p>
<h3>Le franchissement du Rhin</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/Crossing_of_the_Rhine.jpg" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM2/.Crossing_of_the_Rhine_m.jpg" alt="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Franchissement du Rhin, 22-28 mars 1945, US Army, domaine public, via Wikipédia" /></a></p>
<p>La suite est une longue agonie pour les Allemands. La logistique de l’opération britannique au-dessus du Rhin, nommée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Travers%C3%A9e_du_Rhin" hreflang="fr">Plunder</a>, avec divisions aéroportées, est massive, même surdimensionnée. Les auteurs expliquent que les Anglo-Américains n’ont jamais eu de progression aisée, que Montgomery veut tirer la couverture médiatique à lui, et effacer son premier échec sur le Rhin à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Market_Garden#Arnhem_2" hreflang="fr">Arnhem</a> en 1944.</p>
<p>En face, la plaine est défavorable à la défense. Si les effectifs allemands font encore illusion, il n’y a plus guère d’officiers expérimentés ni d’armes ni de munitions. Les Anglais doivent combattre mais leur organisation est impeccable et leur progression est rapide.</p>
<p>Les Américains de leur côté ne prennent aucun repos et, en plus de Remagen, franchissent le Rhin plus au sud également, et eux sans préparation, par un « coup de main » ! Patton veut là avoir un prétexte pour éviter de prêter des divisions à l’opération de Montgomery, et faire pièce au succès de ce dernier ; mais il a aussi raison de vouloir profiter d’une défense devenue presque inexistante. Mais par endroit les Allemands s’accrochent encore et les envahisseurs doivent être prudents.</p>
<p>Au final, la Ruhr finit encerclée par les deux armées le 3 avril. Le Reich n’a plus d’industrie.</p>
<h3>Après la Ruhr</h3>
<p>Les Alliés n’ont jamais cherché à battre les Soviétiques dans la course à Berlin. Pourtant, la Ruhr prise, c’était le dernier objectif possible, politique cette fois. Cette décision, prise très tardivement par Eisenhower, a fait couler beaucoup d’encre. Un éventuel « réduit alpin » (condamné d’avance, mais avec les nazis on ne sait jamais) n’aurait pas mobilisé beaucoup de troupes. Les coûts et l’impact sur l’après-guerre étaient des décisions politiques, pas militaires.</p>
<p>Après bien des explications vient la théorie des auteurs : Eisenhower a décidé pour une fois d’affirmer son autorité, a favorisé l’armée de son ami et compatriote Bradley, et ne voulait pas que Montgomery entre à Berlin (les troupes britanniques étaient les mieux placées pour cela). Roosevelt mourant, c’est une période de flottement, et Churchill ne peut changer faire changer d’avis Marshall, seul supérieur d’Eisenhower.</p>
<p>Les Anglo-Canadiens se sont donc contentés de foncer sur la Baltique pour barrer l’accès au Danemark aux Soviétiques. Les Américains ont poussé jusqu’à Leipzig. Au passage ils découvrent les camps de concentration, ce qui ôtera ensuite à certains leurs scrupules à bombarder des villes (Erfurt).</p>
<p>La résistance allemande subsiste ponctuellement, désorganisée, mais l’organisation étatique nazie ne s’effondre jamais. Il faudra attendre la mort d’Hitler pour que Dönitz signe la capitulation. Les détails précis de l’agonie de l’Allemagne ne sont pas le sujet ici -- là-dessus j’avais déjà chroniqué l’excellent <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-End-de-Ian-Kershaw">The End</a></em> de Kershaw.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>Dans cette histoire m’ont frappé les dissensions entre généraux des trois nationalités, leurs mesquineries dignes de cours d’école. Celles-ci n’ont cependant pas eu d’effet sur les opérations. Bref, les Allemands n’avaient aucune chance contre le rouleau compresseur anglo-américain, très bien huilé techniquement, que la logistique n’a plus bridé en 1945.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-campagne-du-Rhin-Les-Alli%C3%A9s-entrent-en-Allemagne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/852« Guerres & Histoire » n°20 d’août 2014 : qui a eu la peau de la Wehrmacht ? et le C-130 Herculesurn:md5:597db747fca5971493946d301b7d598f2014-09-03T22:55:00+02:002014-09-08T21:23:29+02:00ChristopheHistoireAllemagneautodestructioncatastrophecommunismeEmpire soviétiqueEuropeguerrehistoireLibérationlogistiquenationalismeorganisationRussieSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unisévolution <p>« Alliés ou Armée rouge : qui eu la peau de la Wehrmacht ? » : voilà un titre bien vendeur, comme si la défaite du Reich n’était dû qu’à l’un ou l’autre (et sans qu’aient pesé les combats en Italie ou dans les airs au-dessus de l’Allemagne). Le texte est plus sérieux (et ne répond pas à la question d’ailleurs). Un autre article s’étend sur l’increvable avion de transport (et plus) C-130 Hercules.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_20.jpg" title="GuerreEtHistoire_20.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerreEtHistoire_20_m.jpg" alt="GuerreEtHistoire_20.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Overlord et Bagration : la tenaille</h3>
<p>La France a été libérée par les Anglo-Saxons à la suite du Débarquement de Normandie, et des combats se sont déroulés chez nous, il est donc normal que nous nous souvenions mieux de ces événements que de « Bagration », offensive soviétique lancée à peu près au même moment. La synchronisation des deux attaques date de la conférence de Téhéran de 1943, moment où Churchill doit abandonner sa stratégie « périphérique » (Italie, Balkans...) face aux Américains qui veulent foncer sur la Ruhr.</p>
<p>Le résumé d’Overlord n’apprend rien de neuf, et résume que la préparation de cette opération effroyablement complexe a été exemplaire, y compris les volets sur l’intoxication de l'ennemi (Fortitude...), et l’exécution en général saine.</p>
<p>À l’est, Staline et <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> veulent profiter à fond de l’effet Overlord, et montent une opération bien plus ambitieuse que les précédentes. Ou plus exactement, suivant l’art soviétique de la guerre, une cascade d’opérations, de la Finlande à la Roumanie. Bagration, sur l’axe central en Biélorussie, n’est que la plus notable. Staline veut récupérer le maximum de territoires : sa paranoïa lui fait craindre un renversement d’alliances, notamment si Hitler est renversé. Le but ultime (atteint) est le passage de la Vistule, avec la moitié ouest de la Pologne et l’Allemagne en perspective.</p>
<p>Bagration et consorts alternent les attaques sur différents fronts, attirant les blindés allemands là pour attaquer ailleurs. Les Soviétiques, saignés pendant la guerre, compensent des effectifs plus réduits par une expérience croissante et surtout une écrasante supériorité en matériel (en partie américain). Les Allemands doivent lancer leurs réserves en France et ne peuvent résister.</p>
<p>L’effondrement du groupe d’armées Centre (Biélorussie) signe la pire catastrophe de l’histoire de la Wehrmacht, marquée par des paniques rarement vues jusque là. Hitler, fidèle à lui-même, retarde au maximum des retraites qui auraient permis de raccourcir le front. Le rouleau compresseur est lancé, il progresse sur des centaines de kilomètres, dépasse les frontières soviétiques de 1941, entre dans les Balkans, pour ne s’arrêter qu’à Varsovie. Les Allemands perdent un million d’hommes à l’est entre juin et fin août 1944. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Model">Model</a>, brillant tacticien envoyé par Hitler de la Biélorussie à la Normandie, ne peut que limiter les dégâts, mais porte des coups rudes aux unités trop avancées (Arnhem, Varsovie...).</p>
<p>Les Alliés exploitent à fond leurs deux percées : à la fin de l’été 1944, Hitler a perdu la France, la Belgique, la moitié de la Pologne et de la Grèce, quasiment tous les États baltes ; la Finlande, la Roumanie et la Bulgarie ont changé de camp ; les Soviétiques sont même entrés en Prusse orientale.</p>
<p>Mais après soixante-dix jours, quasiment simultanément en septembre 1944, Russes et Américains arrivent au bout de leur logistique après avoir libéré des pays aux ports et réseaux routiers et ferroviaires ruinés, et vont donner aux Allemands le temps de se ressaisir pour leurs dernières offensives.</p>
<p>Un article termine sur le complot du 20 juillet contre Hitler : son échec, au moment où la situation militaire est catastrophique sur deux fronts, soude le pays autour du Führer, renforce la répression, et élimine la résistance. La peur de la défaite, des Russes, d’une révolution communiste permettent au nazisme de tenir l’Allemagne plus que jamais. La seule issue est l’anéantissement.</p>
<p>Au passage, je signale <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/2014/07/jean-lopez-operation-bagration-la.html">cette page</a> sur le livre <em>Bagration</em> de Jean Lopez (auteur principal des articles résumés ici, et directeur de <em>Guerre & Histoire</em>), où <a href="http://historicoblog3.blogspot.fr/p/lauteur-du-blog-stephane-mantoux.html">Stéphane Mantoux</a> trouve de nombreux trous dans la bibliographie et fait de nombreuses remarques sur tel ou tels point. Manifestement il y a un contentieux entre lui et Jean Lopez, je ne peux juger, je note que le livre est au moins une bonne compilation, et lisible, des recherches issues d’autres langues.</p>
<h3>C-130</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/aeronautique/.RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek_m.jpg" alt="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="'RAAF Lockheed C-130H Hercules AVV Creek' by Ian Creek - http://www.airliners.net/photo/Australia---Air/Lockheed-C-130H-Hercules/1195243/L/. Licensed under GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg#mediaviewer/File:RAAF_Lockheed_C-130H_Hercules_AVV_Creek.jpg" /></a></p>
<p>C’est un nom mille fois entendu ou lu : le C-130 Hercules est la bête de somme multifonction de nombre d'armées. L’<a href="http://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-pnote-754-4">ouranocratie</a> américaine repose au moins autant sur cet avion de transport pas très <em>sexy</em> que sur les avions de chasse.</p>
<p>Soixante ans après sa conception, on le produit encore, évidemment remis au goût du jour et décliné en d’innombrables versions. Les avions conçu pendant la guerre avaient montré leurs limite pendant le pont aérien sur Berlin notamment, et l’Air Force avait commandé un avion conçu d’emblée comme militaire (et non une déclinaison militaire d’un avion civil), capable de remplir de nombreuses missions différentes.</p>
<p>Lockheed créa alors un avion « bien conçu, mais pas révolutionnaire ». Bref, une merveille d’ingénierie bien pensée. Par exemple, la fameuse rampe arrière permet de débarquer du matériel (parfois sans atterrir !) ou de larguer des parachutistes. Les ailes sont hautes et les trains d’atterrissage rangés dans des nacelles pour dégager la cabine. Il se contente de peu pour décoller et atterrir : c'est le plus gros appareil à avoir apponté et redécollé d’un porte-avion ! Et l’autonomie est respectable.</p>
<p>Transport de troupes, de matériel, parachutages, ravitaillement en vol, bombardier d’eau civil, lance-drone, batterie d’artillerie volante... : il fait tout. Et partout : c’est un énorme succès commercial (y compris en Iran, en Inde ou en France, qui l’utilise pour l’intervention au Mali).</p>
<p>Bref, un coucou qui volera encore un siècle après sa conception !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Sinon dans ce numéro :</p>
<ul>
<li>Un ancien pilote vietnamien raconte comment il a descendu un Phantom américain en 1972... et comment il a retrouvé l’un des pilotes et est devenu son ami. Quelque part, c’est totalement surréaliste.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pendant l’évolution de l'espèce humaine, la face se serait aplatie pour mieux encaisser les coups de poings, au moment où la main devenait un poing bien percutant. Le mythe du bon sauvage en prend encore un coup. Nous descendons donc de ceux qui encaissaient — et donnaient — le mieux les coups. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="http://www.dinosauria.org/blog/2014/06/26/le-cassage-de-gueule-est-il-aux-origines-de-lhumanite/">une grosse objectction ici</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Des photos des guerres balkaniques en 1912-1913 : un avant-goût de la Grande Guerre, y compris tranchées sur front bloqué, mitrailleuses et artillerie, qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des grandes puissances sur ce qui les attendait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les généraux sudistes n’étaient pas forcément meilleurs que ceux du Nord. Cependant, la culture aristocratique au Sud favorisait le métier des armes, et une bonne partie des officiers était donc sudiste, du moins au début.</li>
</ul>
<ul>
<li>La plupart des Français évacués à Dunkerque en 1940 étaient revenus en France avant même l’armistice : ils n’étaient donc pas « disponibles » pour de Gaulle.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-n-20-la-peau-de-la-Wehrmacht-C130-Hercules#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/776« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754« Pour la Science » de mai 2013 : complexité, créativité, médecine chinoiseurn:md5:f4b91406c03d0193a3b6bb4bc31775f32013-05-22T00:00:00+02:002016-07-06T12:00:26+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationchaosChinecommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiedémographiedéshumanisationenfantsentropieintelligencemathématiquesmèmemémoireoptimisationorganisationparadoxeperspectivesantésociétés primitivesécologieévolution <p>Notes rapides sur le dernier numéro avant qu’il ne soit chassé des kiosques, <em>et avis personnels en italique</em> :
<img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_427_1ere_de_couv_w1.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Créativité</h3>
<p>La créativité humaine, la capacité à innover de façon continue, ne remonte pas à si loin, mais la date fait débat. Les fossiles africains montrent des évolutions culturelles, puis des régressions apparentes pendant des dizaines de milliers d’années.</p>
<p>La taille du cerveau n’est pas un critère suffisant pour être créatif, il faut savoir utiliser ces neurones et les interconnecter. Les individus actuels les plus créatifs sont de grands rêveurs, dont l’esprit vagabonde pour faire des analogies inédites avant de revenir au mode analytique habituel. Les neurones plus nombreux rendraient les souvenirs plus précis et pérennes, permettant leur connexion. Un exemple : l’hominidé qui se blesse à un buisson épineux ferait le rapport entre sa chasse et cet épisode <em>via</em> la chair blessée, et aurait ainsi l’idée de l’arme pointue.</p>
<p>Mais l’origine de la créativité humaine pourrait aussi être l’explosion des interactions avec la progression démographique d’il y a 100 000 ans. Une expérience montre que des enfants de maternelle écrasent les singes à des exercices de casse-tête simplement parce qu’ils communiquent, partagent et s’encouragent.</p>
<p>Ah oui : c’est le repos du cerveau, libre de divaguer, qui engendre la créativité. (<em>Pas le stress hystérique de la vie moderne...</em>)</p>
<h3>La médecine traditionnelle chinoise</h3>
<p>Les traités médicaux chinois remontent bien avant Jésus-Christ, mais les médecins ont traîné leurs racines magiques et religieuses jusqu’au XXè siècle, et les théories étaient aussi fumeuses que celles des humeurs en Europe. La pharmacopée en constitue la colonne vertébrale.</p>
<p>Les gouvernements du début du XXè siècle, puis les communistes, affligés par l’état de leur médecine, admirant les succès techniques occidentaux, traumatisés par les succès japonais, imitateurs de l’Occident, décident de revoir toute cette médecine selon les normes scientifiques. La « médecine traditionnelle chinoise », pratique rationalisée d’inspiration traditionnelle, n’a donc que cinquante ans !</p>
<p>Au moment où la Chine s’ouvre à nouveau, certains Occidentaux découvrent cette médecine, et y voient le contrepoint du poids de la physique et de la chimie trop présents à l’Ouest. Ajoutons les problèmes de traduction, culturels, quelques experts ignares, la fascination pour du savoir millénaire, et un aveuglement parfois délibéré par rejet de la science : la mode prend.</p>
<p>Le gouvernement chinois est déchiré : d’un côté, cette passion occidentale pour sa médecine offre des perspectives d’exportation alléchante ; d’un autre côté il garde pour but d’extirper les superstitions et de rationaliser cette médecine, à l’occidentale. Si les anciens concepts fumeux reviennent en Chine même <em>via</em> l’Occident, on retourne à l’obscurantisme scientifique qui a mené la Chine à sa perte les siècles précédents. Les deux raisons poussent les Chinois à vouloir garder le contrôle sur l’enseignement de leur médecine, et n’en facilitent pas l’évaluation raisonnable.</p>
<h3>Complexités</h3>
<p><em>Bon cru pour l’article de Delahaye. Pour certains, ce seront des évidences réchauffées, mais j’ai une question existentielle de moins dans ma tête.</em></p>
<p>D’un côté il y avait la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Complexit%C3%A9_de_Kolmogorov">complexité de Kolmogorv</a>, où un objet pouvait être résumé au plus petit programme capable de le générer. En première approche, un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/ZIP_%28format_de_fichier%29">zip</a> d’un fichier estime cette complexité, elle est minimale dans les objets répétitifs, faible dans une fractale (le programme est simple), et maximale dans un nombre aléatoire, un circuit imprimé...</p>
<p>La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Profondeur_logique_de_Bennett">profondeur logique de Bennett</a> complète cette approche en tenant compte du temps de calcul nécessaire à ce programme : les motifs répétitifs restent simples ; les suites aléatoires, programmées avec une simple recopie de chiffres, redeviennent simples ; par contre la fractale ou le circuit imprimé exigent de longs calculs pour être reconstitués.</p>
<p>Suit un parallèle avec les arbres biologiques de créatures vivantes (indéniablement complexes), qui suivent un très long temps d’évolution/calcul. En conclusion : « On peut même rêver d'aboutir à une compréhension théorique profonde du développement de la complexité de l’univers et du vivant, qui rendrait définitivement caduques les élucubrations des créationnistes de l’<em>Intelligent Design</em>. » (<em>Personnellement, je doute que des équations mathématiques les convainquent...</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fa/Latimeria_Chalumnae_-_Coelacanth_-_NHMW.jpg/320px-Latimeria_Chalumnae_-_Coelacanth_-_NHMW.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93lacanthe">cœlocanthe</a>, ce poisson si proche des ancêtres des tétrapodes, redécouvert au XXè siècle alors qu’on le pensait disparu avec les dinosaures, ne survit pas en captivité. Des plongeurs sont allés le voir dans son milieu (<em>chapeau pour les heures de paliers de décompression à subir</em>) : c’est une bestiole placide, au métabolisme très lent, et curieuse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas compris grand-chose aux résultats de la <a href="http://public.planck.fr/">mission Planck</a>, sinon que le satellite a réussi l’exploit de mesurer une température proche du zéro absolu dans les profondeurs les plus lointaines de l’univers, avec un cent-millième de degré de précision. Les résultats vont servir à invalider certaines théories de physique très fondamentale.</li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait trouvé un fossile de Néandertalien métis : ADN mitochondrial néandertalien, menton d’homme moderne !</li>
</ul>
<ul>
<li>La physique quantique en une minute, <a href="https://www.youtube.com/user/minutephysics" hreflang="en">c’est possible</a> ! <br /><em>Sympa, mais franchement, pas beaucoup d’infos de plus que dans une page écrite. Et à un débit qui ne rend pas forcément facile la mémorisation pour qui tout cela n’est pas déjà une évidence. Enfin, si ça peut aider certains...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait mettre au point du béton flexible : capital pour les zones sismiques !</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/746“The Data Warehouse Lifecycle Toolkit” (Second Edition) de Ralph Kimball & courn:md5:16d2a3afeb3413329a843cf6ddf2758f2012-09-04T14:33:00+02:002016-02-25T13:45:14+01:00ChristopheInformatique : l’art du développementbase de donnéesbon sensBusiness ObjectscommunicationcomplexitécourageculturedéveloppementERPexpertiseinformatiquelivres lusoptimisationorganisationperfectionnismeprise de têteréalitéSAPSQLSSIIthéorieténacitévaleuréconomie de l’attentionémerveillement <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/515aQr3H7lL._SL160_OU01_SL90_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Ouch, ce pavé m’a pris six mois à lire, par parties, et il a dû partager ma table de chevet avec d’autres. Dur de s’y mettre (hé, c’est la théorie de mon boulot !), mais une fois ouvert dur de le lâcher (hé, c’est ma vie ! (enfin, ce que devrait être ma vie dans un monde où on aurait le temps de faire correctement son taf <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>)).</p>
<p>Si vous ne savez pas, et ne voulez pas savoir, ce qu’est un <em>datawarehouse</em> (qui dit <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Entrep%C3%B4t_de_donn%C3%A9es">entrepôt de données</a></em> ?), vous pouvez fermer cette page et retourner sur Facebook. En gros, un système décisionnel rassemble, nettoie, coordonne, croise, indexe... dans une même base de données tous les « faits » issus de plusieurs systèmes de production opérationnels (« sources » : CRM, ERP, systèmes de production/logistique/vente/facturation/service après-vente, ou financiers/comptables/RH/marketing..., et la multiplicité des fichiers Excel qui traînent partout), afin de permettre une exploitation homogène, aisée, indépendamment des outils sources, intégrant toutes les règles métier et tous les indicateurs que l’utilisateur désire <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Kimball est LA référence du domaine. Franchement, ça se sent dans ce livre bourré de conseils issus de la vie réelle, issus parfois de la politique interne d’entreprise (règles majeures : se trouver un sponsor de poids capable d’imposer aux autres de bosser pour le projet <em>datawarehouse</em> que tout le monde attend sans vouloir lui consacrer une seconde, et qui est transverse, donc <em>a priori</em> l’affaire de personne ; éviter d’avoir des silos séparés par service qui seraient redondants et incohérents ; se méfier de toutes les règles non-écrites et variables d’une personne à l’autre ; chercher les économies et gains auxquels le <em>datawarehouse</em> a participé pour en justifier coût et maintenance).</p>
<p>Bref, tout sauf de la théorie déconnectée. Les performances de l’outil sont un souci constant (comment faire les jointures ?). Les conseils en planning sont de prévoir large <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, et le lecteur est prévenu qu’en soulevant le capot des bases de données source, il aura forcément des surprises <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Chaque étape est décrite. En vrac et en en oubliant parce que je n’ai pas envie de relire le sommaire :</p>
<ul>
<li>rassemblement des spécifications (<strong><em>requirements</em></strong>), en se basant sur les <em>process</em> genre vente ou production, et non les services cible (surtout pas de <em>datamarts</em> locaux) ; spécs obtenus des gens du front qu’on cuisinera sur leur vie et attentes ; et pas en leur demandant de fournir les tableaux déjà existants à re-créer, mais quels sont leurs objectifs et « ce qui les empêche de dormir » ;</li>
<li>conception du « <strong>bus d’entreprise</strong> » : les dimensions bien documentées, harmonisées, nettoyées, « conformes » ;</li>
<li>choix des <strong>outils</strong> (longue liste de fonctionnalités dont je ne sais si un produit existe qui les a toutes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>) ;</li>
<li><strong>modélisation</strong> : dimensions à évolution lentes ou pas ; types de tables de fait (là ça m’a éclairci les idées) ;</li>
<li>étapes de l’ETL : notamment en discernant premier chargement et chargement par étape quotidienne par la suite quitte à dupliquer <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> ;</li>
<li><strong>nettoyage</strong> des données : typiquement la partie sous-estimée, avec des données qu’on croyait là qui n’y sont, ou pas à la bonne granularité, pas formatées clairement ; bref un nid à surprises <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> ;</li>
<li><strong>chargement par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extract_Transform_Load">ETL</a> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></strong> : c’est le plus technique, le plus ingrat, le moins visible ; le challenge réside dans la capacité à charger le <em>datawarehouse</em> dans un temps raisonnable (moins d’une nuit pour les données de la journée écoulée, le temps réel étant une option ruineuse à éviter), en intégrant tout le nettoyage, les calculs, les agrégats, etc. ;</li>
<li><strong>restitutions</strong>, en sachant que 80% des utilisateurs seront « presse-boutons » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup> ;</li>
<li><strong>maintenance</strong> : l’équipe ne doit pas être dissoute ou significativement réduite après la mise en production car un <em>datawarehouse</em> n’est jamais fini — à moins que personne ne l’utilise, car justement il doit faire naître des questions qu’on ne posait pas plus tôt <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Pour chaque étape, il est fourni une liste des livrables.</p>
<p>Dans le décisionnel, j’ai jusque là appris sur le tas en allant direct au front, en maintenant des choses écrites par d’autres, suivi les méthodes de gourous locaux, et pas manipulé de vraiment grosse volumétrie. D’autres collègues avaient d’autres techniques, et je me demandais s’il y avait <em>la</em> bonne méthode, deux méthodes pour deux cas différents, ou juste deux styles différents.</p>
<p>Exemple typique : pour les tables, clé fonctionnelle ou clé synthétique ? Pour les bases opérationnelles, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle">y a pas à se poser de question</a>. Pour une base décisionnelle, dénormalisée et alimentée par ETL, c’est plus discutable. Maintenant j’ai vu la lumière : si on cause de perfs on n’échappe pas aux synthétiques, mais pour de la volumétrie réduite, avec les bases de données actuelles, on peut (c’est pas Kimball qui le dit mais moi...) s’épargner cette complexité. Il est possible que la décision soit influencée par l’ETL <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup>, ensembliste (<a href="http://blog.developpez.com/jmalkovich/p8899/etl/odi-sunopsis/retour-d-experience-sur-sunopsis-odi/">ODI/Sunopsis</a>, mon préféré) ou de flux (cette m... de BODI <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-12" id="rev-wiki-footnote-12">12</a>]</sup>, Informatica...).</p>
<p>Autre grand moment de modélisation : je floconne, ou je floconne pas <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-13" id="rev-wiki-footnote-13">13</a>]</sup> ? Kimball et son équipe sont des adversaires déclarés de la normalisation dans le <em>datawarehouse</em> (l’étoile, rien que l’étoile, ça allège les jointures), et plus le temps passe, plus j’évolue comme ça aussi. Après, faut voir si les grains des tables collent.</p>
<p>Justement, j’ai été conforté par ce que je pensais sur les grains des tables de faits : bien le fixer dès le départ est cardinal et la première chose à faire. Combien de fois me suis-je fait avoir parce que la clé primaire réelle (sous forme d’une composition de clés étrangères dans ce cas) était mal posée, ou était plus là pour le principe qu’autre chose (rassemblement de <em>toutes</em> les clés étrangères de la table !). Et je ne parle pas de contraintes entre faits et dimension totalement absentes. Toutes erreurs qui me coûtent cher en temps de débogage quand j’interviens au niveau de la restitution (univers et rapports Business Objects).</p>
<h3>Bémols</h3>
<ul>
<li>C’est en <strong>anglais</strong>. Dans le métier on n’y coupe pas. On est loin de Shakespeare, c’est très clair et lisible, et il y a quelques touches d’humour par ci-par là.</li>
</ul>
<ul>
<li>Très peu d’exemples concrets (par rapport à la masse d’informations) : dans pas mal de cas, il faudra se raccrocher à sa propre expérience. Je pense à ceux qui ne sont jamais confrontés aux problèmes d’historisation et des dimensions à évolution lente de type 2 et qui ne voient pas forcément de quoi on cause. Bon, cela aurait rajouté pas mal de pages aux plus de 600 (déjà bien denses) mais tout de même.</li>
</ul>
<ul>
<li>La modélisation n’est qu’effleurée, c’est un bon début, mais il va falloir que je continue à creuser le sujet.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quant aux comparatifs entre produits sur le marché, il n’y a même pas de tentative. C’est tout juste si le nom d’Excel est glissé furtivement dans un coin, c’est dire. Certes, le marché est pléthorique et évolue vite. J’ai ri jaune en voyant le nombre de fonctionnalités désirables que ne possède absolument pas celui sur lequel je galère la journée. et ce que je vois de la concurrence ne me pousse pas à vouloir m’y jeter, hélas <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#wiki-footnote-14" id="rev-wiki-footnote-14">14</a>]</sup>.</li>
</ul>
<h3>Moralité</h3>
<p>Ce livre n’est pas pour les débutants dans le décisionnel. Ceux-là auront mieux fait de digérer toute la littérature gratuite et synthétique trouvable en ligne et de se lancer dans de premiers projets d’abord.</p>
<p>Pour les expérimentés, lecture obligatoire.</p>
<h3>Autres avis</h3>
<p>Voir les <a href="http://www.amazon.com/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit/product-reviews/0470149779/ref=lmf_3_rsrsrs0_cm_cr_acr_txt?ie=UTF8&showViewpoints=1" hreflang="en">avis sur Amazon.com</a>, entre autres. Le meilleur comme le pire sont vrais.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et où Business Objects serait assez stable pour ne pas exploser tous les plannings de 50%.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Plus exactement : ce que l’on a pu faire avec les données réellement disponibles en essayant de se rapprocher de ce qu’on a compris de ce qu’il a cru vouloir.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Ce qui commercialement passe très mal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Mon expérience confirme.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Et en tout cas pas Business Objects.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>J’essaierais même pas de suggérer ça à ma hiérarchie ; faire du boulot en double ça boufferait la marge. Et puis franchement, je ne joue pas avec la volumétrie d’une banque.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>En fait, personne ne sait vraiment ce qu’il y a dans une base de données avant d’y avoir vraiment fouillé. La première fois qu’un 30 février m’a sauté à la gorge, ça a fait tout drôle.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>L’utilité d’un outil ETL dédié, souvent ruineux et toujours délicat, n’est pas immédiate pour qui maîtrise bien le SQL et se dit qu’il s’agit juste de charger des tables. Moi aussi il a fallu me convaincre. Mais quand on doit jongler avec dix bases de trois types différents, un ERP, intégrer plein de fichiers Excel, XML, et suivre à la trace les impacts des modifications des différents schémas, l’outil finalement se révèle ultime. Par contre il faut bien le choisir.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] <em>C‘est vrai, mais d’un autre côté pas mal d’endroits en déduisent que les outils de développement n’ont pas à quitter les mains d’informaticiens ; donc ils ne sont plus faits que pour les informaticiens ; et les </em>power users<em> hors de l’informatique se retrouvent fort démunis et improductifs. Et Business Objects, pourtant ciblant le créneau des utilisateurs capables de s’investir raisonnablement pour faire leurs rapports, devient si lourdingue et complexe qu’une partie doit baisser les bras, quand ce ne sont pas les professionnels eux-mêmes.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] <em>Sur ce point, grosse motivation pour l’équipe de SSII qui voit le « rebond » et grosse surprise pour le client qui voit les demandes de modifications et d’améliorations affluer quand le budget est déjà épuisé. J’ai aussi vu le contraire, l’infocentre pas demandé, construit dans le vide à partir de trois données incohérentes, inutile et pas utilisé. Ou encore celui redondant avec les outils déjà en place et au point.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] <em>L’ETL, on est censé le choisir en fonction du projet et de critères techniques. Arf, je ne l’ai jamais vu choisi qu’en fonction du partenariat avec l’éditeur, de la tarification, ou du fait qu’il soit gratuit.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-12" id="wiki-footnote-12">12</a>] <em>Dépare pas chez SAP, cette bouse. Peu pratiqué, mais assez pour savoir que je ne l’aime pas. Même pas fichu de connaître le Ctrl-Z...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-13" id="wiki-footnote-13">13</a>] <em>Floconner, c’est normaliser les dimensions, quand le modèle en étoile voudrait des tables de faits liées directement aux dimensions, sans aller plus loin. Plus les tables sont grosses, plus il est coûteux en jointures de floconner.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#rev-wiki-footnote-14" id="wiki-footnote-14">14</a>] <em>À part un produit d’un éditeur qui n’est pas dans nos partenaires, donc on fait pas.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Data-Warehouse-Lifecycle-Toolkit-de-Ralph-Kimball-co#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/708« Pour la Science » d’avril 2012 : Objectif Mars ; juger au lieu de voter ; sécurité...urn:md5:bc6b3d2c501d2c4dd8d9e33acbaf32832012-04-20T22:33:00+02:002015-12-04T13:28:34+01:00ChristopheScience et conscienceabominationadministrationAfriqueAlsacebon senschiffrescolonisationconquête de l’inutileconquête spatialediscriminationemmerdeursenfantshard sciencehistoireMarsoptimisationoptimismeorganisationprise de têtepsychologiesantésciencescience-fictionsociétés primitivessécuritétempsécologieéconomieéconomies d’énergieénergieévolution <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_414_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Terminerai-je cette chronique avant la fin du mois ? Vous le savez déjà, le suspens n’existe que pour moi au moment où je rédige ces lignes.</p>
<p>Résumé : un bon cru.</p>
<p><em>Comme d’habitude, les italiques sont des commentaires personnels ajoutés à un résumé sélectif qui tente la fidélité aux articles originaux.</em></p>
<h3>Le bloc-note de Didier Nordon</h3>
<p>Les liseuses électroniques abolissent enfin une discrimination : les livres pourront enfin avoir un nombre de pages <em>impair</em>.</p>
<h3>Ne votez pas, jugez !</h3>
<p>C’est de saison : l’article reprend une proposition de système de scrutin par jugement simultané de tous les candidats, qui n’a pas les inconvénients du système actuel ni les inconvénients du système de Condorcet, par exemple.</p>
<p>J’en ferai un billet séparé.</p>
<h3>Science, énergie & élections</h3>
<p>Un article de Benjamin Dessus de l’association <em><a href="http://www.global-chance.org/index.php">Global Chance</a></em> s’insurge contre la manière dont l’énergie nucléaire est présentée dans la campagne :</p>
<ul>
<li>tout d’abord l’électricité ne représente qu’une petite partie de l’énergie dépensée en France ;</li>
<li>c’est d’abord la réduction de la demande qui permettra de ne pas émettre trop de CO₂ : les économies d’électricité potentielles sont énormes : isolation, eau chaude solaire, appareils sobres...</li>
</ul>
<p>Le nucléaire a un coût difficile à estimer mais la Cour des Comptes fournit des chiffres.</p>
<p>En résumé, sortir du nucléaire vers 2031 est possible, avec un kilowattheure 20% plus cher mais une facture 25% moins élevée !</p>
<h3>Science & politiques de sécurité <em>(& donc élections)</em></h3>
<p>Le sociologue <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sebastian_Roché_(sociologue)">Sebastian Roché</a> nous donne un résumé de nombreuses études sur l’efficacité des diverses politiques de sécurité appliquées un peu partout en Occident :</p>
<p>L’<strong>alourdissement des peines est contre-productif</strong>, et cela inclut le jugement de mineurs en tant que majeurs : une longue détention rend plus compliquée la réinsertion.</p>
<p>La « <strong>police communautaire</strong> » (chez nous : la défunte « police de proximité ») vise à améliorer les liens avec la population, s’impliquer dans la prévention… mais aussi à comprendre les délits et à les prévenir : le résultat est surtout visible sur les incivilités et désordres, mais aussi (modestement) sur la délinquance de rue (vols…) ; bref c’est une piste prometteuse.</p>
<p>La « <strong>police analytique</strong> » est une méthode : analyser comment des méfaits se déroulent, imaginer et diffuser des contre-mesures parfois simples ; apparemment efficace, elle n’est utilisée en France qu’au coup par coup. L’auteur regrette que la France préfère la « gestion verticale », centrée sur l’après-délit, les chiffres de résolution… au lieu de la police analyitique notamment.<br />(<em>Prévenir plutôt que guérir, ça ne date pourtant pas d’hier…</em>)</p>
<p>La <strong>vidéosurveillance</strong> a un intérêt réel dans les lieux clos, typiquement les parkings, mais pas ailleurs, et n’est en rien la solution miracle prônée par certains.<br />(<em>Surtout par les vendeurs de caméras je pense, et ceux qui veulent économiser des postes de policiers. Je n’ai toujours pas compris comment une caméra pouvait protéger d’un délit.</em>)</p>
<p>Il existe des <strong>méthodes « cognitivo-comportementales »</strong> visent à corriger les biais cognitifs des délinquants (prendre une simple remarque comme une provocation par exemple, ou rechercher uniquement les satisfactions immédiates, ou se voir tout le temps comme une victime). Les résultats sont spectaculaires (-30 à -50% de récidive).<br />(<em>Oui mais ces psys qui causent avec des jeunes, ça doit coûter plus d’argent sur le court terme que les laisser croupir en prison…</em>)</p>
<h3>Science & politique de santé <em>(& élections)</em></h3>
<p>Les deux auteurs sont des médecins. En résumé, leur étude clame que jusqu’ici seule la régulation par des mécanismes de marché a été mise en place en France, sans succès : réduction du nombre de médecins, tarification à l’acte (inadaptée pour les pathologies difficiles), développement des cliniques privées. De plus les missions de service public comme la prévention, les urgences, la formation des internes... sont limitées.</p>
<p>Les auteurs réclament le retour au remboursement à 80% et s’opposent à une franchise modulée selon les revenus : ce serait encore reporter le problème sur les mutuelles et réserver la solidarité à 100% aux plus pauvres, et « une solidarité pour les pauvres se transforme très vite en solidarité au rabais ! ». Ils demandent des règles draconiennes pour autoriser le remboursement d’un médicament, qui doit être efficace (donc : 80% de remboursement, ou 0), et de favoriser les génériques (pas si utilisés que ça en France).</p>
<p>Ou encore : une taxe sur la publicité de médicaments vers le corps médical doit financer la formation continue des médecins. Il y aurait 25% d’actes injustifiés (<em>25 % !!!</em>) : les économies potentielles et l’enjeu éthique sont flagrants.</p>
<p>Pour le financement, ils en appellent à Philippe Séguin, qui voulait soumettre les stocks-options aux cotisations sociales (3 milliards) ; et à la hausse automatique des recettes pour combler tout déficit et ne pas reporter la dette sur les générations futures (<em>avec intérêts</em>).</p>
<p>Au final… ils proposent le système en place en Alsace-Moselle : plus cher (1,5% du salaire contre 0,75%), mais remboursant mieux… et bénéficiaire !</p>
<p>Pour finir : le système est encore à réformer de fond en comble. Prise en compte de trois types de médecines différents (maladies bénignes, graves, chroniques), coordination, réforme des modes de rémunération des généralistes, centres de santé, formation des médecins (en communication, psychologie, pédagogie ; stages…), rénovation du secteur psychiatrique, accent sur la prévention et pas que sur les soins, « démocratie sanitaire » et contrôle, etc.</p>
<p>« Vaste programme… »</p>
<h3>En route vers Mars</h3>
<p>Les deux auteurs travaillent pour la NASA et proposent un programme spatial avant tout flexible, capable de s’adapter aux évolutions technologies et budgétaires. En fait, l’argent est la première contrainte pour la NASA avant la technique ou la balistique spatiale...</p>
<p>Au lieu de foncer directement sur Mars, la technique des petits pas viserait plutôt à explorer des astéroïdes de plus en plus gros et de plus en plus éloignés, où se poser est facile. Il y en a de nombreux intéressants selon les fenêtres de tir budgétaires. Une fois les lunes de Mars atteintes et explorées, on pourrait envisager de se poser sur la planète, ce qui est l’opération la plus complexe.</p>
<p>Les vaisseaux à propulsion ionique, lente mais régulière, sont peu coûteux (<em>critère finalement majeur</em>). Pour éviter que les astronautes restent trop longtemps dans l’espace, il suffirait de prépositionner sur le chemin des fusées classiques arrivées, elles aussi, par propulsion ionique : résultat environ -50% en masse au décollage, et autant en coût.</p>
<p>De même, le vaisseau spatial (réutilisable) serait monté en orbite terrestre haute par propulsion ionique (lentement), les astronautes le rejoignant avec une fusée classique au dernier moment.</p>
<p>Un encart du CNES parle des réacteurs nucléaires, thermiques ou électriques, comme une option pour réduire les temps de trajet.</p>
<h3>Le retour de la punaise de lit</h3>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/Bed_bug%2C_Cimex_lectularius.jpg/320px-Bed_bug%2C_Cimex_lectularius.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Depuis des millénaires, la punaise de lit se nourrit de sang humain la nuit, et heureusement elle ne transmet pas de maladie. Éradiquée en Occident au XXè siècle, grâce au DDT notamment, elle s’en rit depuis longtemps, et fait un retour en force grâce au chauffage central et aux échanges inter- et intranationaux !</p>
<p>S’en débarrasser est une plaie, entre autre grâce à sa capacité à jeûner des mois et à se disperser. Nettoyage à fond, congélation, chauffage à 50°, insecticides spécifiques et rémanents… les outils sont nombreux mais pas parfaits. De nouvelles armes pourraient se baser sur leur mode de reproduction « traumatique » (le mâle transperce la femelle, et parfois se trompe de cible), que l’on pourrait manipuler à coup de phéromones par exemple. Le temps presse, la résistance aux insecticides se développe...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Dans son « Point de vue », <a href="http://www.mnhn.fr/oseb/GOUYON-Pierre-Henri">Pierre-Henri Gouyon</a> nous alerte sur la dernière loi sur <strong>les semences</strong> : en vue de mieux contrôler et tracer les cultures, le ressemage des graines par les agriculteurs est interdit, sauf paiement d’une taxe à l’industriel semencier. Une objection majeure : certes la centralisation et l’industrialisation des semences ont permis de gros gains de productivité, mais cette loi interdit la « sélection participative » entre agriculteurs, misant sur la sélection naturelle. <br /> <br /><em>(Consternant. Le parallèle avec l’informatique ou le domaine des médias est flagrant : quelques groupes veulent totalement dominer un domaine où la coopération dans un léger bazar est à long terme bien plus riche et productive… pour la société, pas les grands groupes.)</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Nos souvenirs ne sont pas immuables</strong> : ils évoluent avec le temps et les répétitions. Hors quelques événements frappant précis (au cadre, lui, reconstruit), la plupart des souvenirs se confondent dans un savoir plus général et générique (prendre le train…). Or les souvenirs sont le fondement de l’identité. Comment un petit enfant construit-il son identité avec un système de mémorisation immature ? Comment les pathologies atteignant l’identité (schizophrénie…) atteignent-elles les souvenirs ?</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>savane centre-africaine</strong> serait l’œuvre de l’homme : 1000 ans <em>avant</em> Jésus-Christ, la migration des Bantous, agriculteurs qui possédaient la technologie du fer, aurait provoqué un défrichement important, l’érosion des sols puis la disparition de pans entiers de la forêt africaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Donner des acides gras (oméga 3) aux femmes enceintes réduirait l’incidence de l’eczéma et des allergies aux œufs après la naissance. <br /><em>(L’impact de notre alimentation sur notre santé me fascinera toujours.)</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique d’histoire des sciences parle de l’abaque de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvestre_II">Gilbert d’Aurillac</a> : ce moine astronome et mathématicien, devenu le pape de l’An Mil Sylvestre II, avait tenté d’introduire les chiffres arabes qu’il avait appris en Espagne à l’aide d’une abaque, sans zéro ni numération de position. Son utilisation nous semble assez absconse, mais cela restait un progrès : la division n’était pas possible avec les abaques de l’époque ! On ne sait pourquoi Gilbert n’a pas directement proposé le calcul écrit permis par la numération de position et le zéro (peur d’être accusé de sorcellerie ?). Le système actuel s’est répandu comme une traînée de poudre deux siècles plus tard. <br />(<em>Deux siècles perdus. Sur le sujet, voir mon résumé du pavé de Georges Ifrah </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/04/30/329-l-histoire-universelle-des-chiffres-de-georges-ifrah-1">L’histoire universelle des chiffres</a>.)</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-avril-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/684« Pour la Science » de septembre 2011 : (2) Principe de Peter & promotion au hasardurn:md5:2a0d7ef60519855099bab0eaab7cb2cc2011-10-02T00:00:00+02:002015-09-25T14:14:28+02:00ChristopheScience et conscienceadministrationauto-organisationbon senscivilisationcommunicationcomplexitédysfonctionnementexaptationexpertisehiérarchiehumourincohérencemobilitémèmeoptimisationorganisationouverture d’espritpanurgismeparadoxeperspectivepolitiqueprise de têtepsychologietravailéconomieévolution<p>Second article intéressant dans ce numéro de <em>Pour la Science</em>, et il est délectable.</p> <p>(<em>Commentaires perso en italique</em>)</p>
<h3>Promotion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/murphy/murphy_politique.html#peter">Le principe est bien connu</a> :</p>
<blockquote><p><strong>Principe de Peter</strong><br /> <br />Dans toute hiérarchie, qu’elle soit gouvernementale ou d’entreprise, chaque employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence ; chaque poste tend à être occupé par un employé incompétent dans son travail.</p></blockquote>
<p>Boutade ou réalité profonde ? Les deux dira-t-on. Il est « de bon sens » que forcer les gens à prendre de nouvelles fonctions tant qu’il s’en sortent, mais à les y laisser quand ils pataugent, peut mener à la situation où presque chaque employé se retrouve à un poste où il est au mieux inefficace (il fait ou laisse faire le travail par les compétents, surchargés). Les contre-mesures existent, comme l’éviction des incompétents (<em>je note qu’on perd alors leur compétence dans un poste « inférieur »</em>), leur neutralisation en les promouvant au <em>management</em> (<a href="http://www.vinch.be/blog/2010/08/02/le-principe-de-peter-et-le-principe-de-dilbert/">principe de Dilbert</a> ; <em>en fait à mon avis une grosse erreur, sauf dans les technocraties où ceux qui font décident et le reste n’est que support et secrétariat</em>), la possibilité de refuser des promotions, ou plutôt de les opérer sur d’autres plans comme la progression salariale, sans que cela implique un changement hiérarchique ou de fonctions (<em>pas trop la mentalité de beaucoup d’endroits</em>).</p>
<p>(<em>Je vois une autre faille dans le principe : les gens sont capables d’apprendre, surtout si on les soutient. Untel incompétent arrivé sur son poste peut avec le temps devenir efficace. Reste la question : est-il vraiment fait pour un poste parfois totalement différent de son choix originel dans la vie ? Parfois oui, parfois non.</em>)</p>
<p>L’article de Didier Nordon s’étend sur différentes recherches et simulations visant à justifier le principe, notamment :</p>
<ul>
<li><strong>la régression vers la moyenne</strong> : quelqu’un de très compétent, puisque promu, visera fatalement à se rapprocher de la moyenne quand on l’amène à un poste différent où (c’est un présupposé implicite) <strong>la compétence au nouveau poste n’a pas forcément grand chose à voir avec celle à l’ancien</strong> (hypothèse de Peter) ;</li>
<li><strong>l’effet cliquet</strong> : celui qui est monté et montre ses limites ne redescend jamais, surtout si le licenciement est impossible comme dans beaucoup de grandes administrations et entreprises (<em>et pour moi une des solutions au problème est de permettre de tester des gens et de ne pas poursuivre l’expérience si elle n’est pas concluante, et surtout sans qu’il y ait l’idée que ce soit un échec, une punition sociale.</em>)</li>
</ul>
<p>Un prix Ignobel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> a été décerné pour la démonstration et la simulation que dans un environnement qui suit strictement le principe de Peter, <strong>le plus efficace est de promouvoir les incompétents</strong> ! Ainsi on échappe à l’effet cliquet et on profite de de la régression vers la moyenne : chaque poste ne sera pas « bloqué » par un incompétent à vie, et un incompétent a une chance d’arriver à un poste où il est bon (et il y restera).</p>
<p>À l’inverse, dans le cas où l’hypothèse de Peter est fausse, que la compétence à un nouveau poste est à peu près liée à celle à l’ancien, il est logique de promouvoir les meilleurs, la régression vers la moyenne étant moins dramatique et les meilleurs arrivant en haut de la pyramide : l’efficacité globale y gagne.</p>
<p>On arrive donc à la question fondamentale laissée en exercice au lecteur : la compétence au poste N+1 est-elle liée au poste N ? (<em>Mon avis : ça dépend :-) </em>).</p>
<p>Est évoquée aussi la promotion au hasard : hypothèse de Peter vraie ou fausse, elle donne un résultat moyen, meilleur que la promotion du meilleur si l’hypothèse est vraie. Dans une hiérarchie bloquée, autant redistribuer les cartes ! (<em>J’ai toujours considéré qu’il fallait choisir une partie des assemblées politiques au hasard pour apporter du sang neuf, les Grecs antiques le faisaient bien.</em>)</p>
<p>Mais arrive le plus rigolo : <strong>si l’hypothèse de Peter est vraie, promouvoir les plus mauvais donne un résultat un peu meilleur que la promotion des meilleurs si elle est fausse</strong> ! <em>C’est-à-dire : il faut prendre des gens manifestement inadaptés à leur ancien poste pour les mettre là où les qualités demandées n’ont rien à voir, plutôt que de prendre des compétents pour les mettre à un poste où ils pourraient être moins bon. C’est finalement de très bon sens !!</em></p>
<p><em>Bon, comme tout simulation sociale ou économique, les effets sont intéressants à observer mais ne tiennent pas compte de toutes les rétroactions dans le réel : possibilité d’apprentissage comme j’ai dit plus haut ; surveillance de la performance pour éviter que les incompétents s’entassent ; éviction systématique des plus mauvais ; sélection naturelle quand l’entreprise subit les conséquences de sa nullité et doit dégraisser (mais à ce stade terminal, les licenciements ne sont pas décidés par les plus compétents pour garder justement les plus compétents) ; échelle considérée (parle-t-on d’une administration en circuit fermé, d’une entreprise sur un marché à fort </em>turn-over<em>, d’une société dans son ensemble qui effectivement ne cherche pas à récompenser la compétence ; et la définition même de compétence, celle-ci étant plus que multiforme et variant avec l’époque… Et puis, tout bêtement, les changements de poste évoqués ci-dessus concernent des promotions, alors que l’on peut vouloir faire changer de poste les incompétents le plus vite possible sans que cela devienne une promotion, une progression dans la pyramide.)</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams">J’en avais parlé .</a></em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/661Ce billet ne devrait pas exister...urn:md5:4e4fe21344fc67427cf661c9757866732011-07-30T16:19:00+02:002015-09-04T08:13:25+02:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoaddictionblogbon senscommunicationconquête de l’inutilecouragedysfonctionnementenfantslibertémèmeoptimisationorganisationprise de têtepsychologierésolutionssaturationtempsthéorieténacitééconomie de l’attention <p>…car dans tout ce que je peux survoler (pas le temps de lire) sur l’organisation, réduire sa tendance à la procrastination (<a href="http://lesswrong.com/lw/3w3/how_to_beat_procrastination" hreflang="en">là par exemple</a>), comment faire plein de choses dans le minimum de temps, etc., un des mantras les plus simples est :</p>
<blockquote><p><em>Fais-le tout de suite, bordel de merde !</em></p></blockquote>
<p>ou bien :</p>
<blockquote><p><em><a href="http://www.codinghorror.com/blog/2011/07/nobodys-going-to-help-you-and-thats-awesome.html" hreflang="en">You should be working!</a></em></p></blockquote>
<p>Les listes de choses à faire, c’est bien ; la subdivision de tâches aussi, mais rien ne vaut la volonté de faire ce qui attend au lieu de procrastiner sur les dernières nouvelles sur les sites favoris ou de bloguer/tweeter sur tout et rien comme en ce moment même. Pas facile, une telle partie de l’activité actuelle se passe dans un navigateur qu’on ne peut même plus le fermer pour se supprimer les tentations.</p>
<p>Après reste le problème épineux de la masse de choses en attente qui toutes attendent et qu’il faut ordonner. J’aime bien l’algorithme « je prends le premier truc qui me passe par la tête ou que je vois dans la liste de tâches, de toute façon y aura pas le temps de tout faire ».</p>
<p>Ah oui : faire un billet de blog rapide de temps à autre était bien dans ma liste. Par contre il faut que je résiste à la tentation de le relire dix fois avant de le poster.</p>
<p>Je retourne faire comptes, nettoyage, généalogie, rangement, courrier, et même patate de canapé devant des documentaires ou films qui attendent depuis trop longtemps — pour une fois que mes petits chronovampires ne sont pas à la maison...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ce-billet-ne-devrait-pas-exister#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/6509 mois pour une mutuelle (vive l’informatique moderne)urn:md5:34335855d5320d93aa667fd512b25cef2011-03-20T15:08:00+01:002015-08-21T14:29:16+02:00ChristopheInformatique lourdeadministrationbase de donnéesbon sensbugcommunicationcomplexitédysfonctionnementdéshumanisationergonomiefoutage de gueuleincohérenceinformatiquemétainformationoh le beau cas !organisationpessimismeprise de tête<p>Super, ma mutuelle m’informe que les échanges informatiques entre elle et la Sécu fonctionnent ! Ça ne fait jamais que 9 mois que j’attendais cela.</p> <p>En juillet dernier, mon employeur bascule la mutuelle groupe obligatoire de Gras Savoye vers Vivinter. Je ne sais pas pourquoi, et en fait je m’en fiche. Depuis trois ans la précédente ne m’avait pas causé de souci.</p>
<p>Il eut été agréable que la transition se fasse de manière transparente. Mais vu que notre système de santé implique deux étages pour le remboursement, chacun avec ses systèmes, administrations et lourdeurs, et que ces systèmes devaient communiquer, ce ne pouvait pas être aussi simple. Évidemment, j’étais dans une situation extrêmement compliquée, nulle part vue ailleurs : salarié depuis toujours au régime local alsacien, deux enfants rattachés à moi, point barre.</p>
<p>Le processus normal aurait dû être : déconnexion au 1er juillet de l’ancienne mutuelle auprès des ordinateurs de la CPAM, connexion à la même date de la nouvelle, et les transmissions de remboursements auraient dû suivre.</p>
<p>Pour les enfants, soyons juste, tout se passe bien Le site de la nouvelle mutuelle (<a href="http://vivinter.fr/">Vivinter</a>) étant pas trop mal fichu bien que fleurant bon l’institutionnel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et les remboursements étant véloces, je constate que la varicelle de la petite et la grippe du grand, puis la varicelle du grand et la grippe de la petite, sont remboursées rubis sur l’ongle.</p>
<p>Pour moi, rien. Je suis connu du système mais la « connexion Noémie »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> échoue. Le site m’informe par un logo de l’échec… parce que je l’ai consulté. Il eut été trop simple de m’envoyer un <del>mail</del> mél<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> pour me signaler le problème.</p>
<p>Je téléphone à Vivinter. Ils me disent que c’est la Sécu qui rejette leur demande de me rattacher car il y a déjà une autre mutuelle dans leurs ordinateurs. Gras Savoye s’accroche donc. Le site de ce dernier étant une plaisanterie, j’en suis réduit au téléphone (je n’ai bien sûr que ça à faire de mes journées, surtout en plein dans un projet au planning hystérique). La personne que je parviens à contacter semble très sympathique mais vu le résultat (aucun, et aucun retour ou message), elle aurait pu aussi bien éviter de décrocher.</p>
<p>Je contacte aussi la Sécu, et une voix beaucoup moins sympathique (sous-entendu : « comment ça vous connaissez pas les procédures par cœur ? ») me confirme que oui, je suis connecté à deux mutuelles à la fois et, non, ils ne peuvent rien corriger, il faut une attestation écrite de l’ancienne mutuelle qu’il y a un problème, et là peut-être on peut passer en manuel. Les mutuelles savent sans doute mieux que leurs clients qui doit payer. En fait, c’est le contraire du <em><a href="http://www.01net.com/editorial/239899/le-tourbillon-de-la-net-economie/slamming-sur-l-adsl-./">slamming</a></em>, ou simplement une stratégie pour l’éviter en préférant l’excès inverse.</p>
<p>Nouvelle tentative auprès de Gras Savoye (ça doit faire le troisième courrier papier). Silence radio, jamais eu aucune réponse. Au mieux, un anonyme pion a recliqué sur « déconnecter », n’a jamais regardé le résultat par la suite (il ne peut pas, ce sont au mieux des traitements quotidiens nocturnes), la Sécu a refusé la déconnexion pour les mêmes raisons obscures qu’auparavant, le rejet a dû tomber dans un fichier de log à côté de milliers d’autres que l’on ne regarde jamais, et il n’est sans doute pas prévu que l’on renseigne les simples clients de l’échec de leur demande.</p>
<p>Quelques temps après, j’ai fait ce que j’aurais dû faire bien longtemps avant : écrire sur papier à la Sécu, dire que l’ancienne mutuelle fait la morte, que la nouvelle est la seule et unique à prendre en compte. Un certain nombre de jours par la suite, courrier de la Sécu : ils confirment que c’est réglé. Cependant, la nouvelle mutuelle n’a toujours rien pris en compte dans le site. Je ne suis jamais arrivé à savoir si leur demande de connexion était systématique et quotidienne ou uniquement sur demande. Énième demande de connexion auprès d’eux <em>via</em> le site. Un certain nombre de jours plus tard : un mail me dit oui, c’est bon, c’est connecté !</p>
<p>Je vais enfin pouvoir envoyer mes feuilles de soins et les relevés de remboursements. Heureusement que la connexion s’était faite instantanément pour les enfants, que je suis en régime local (Sécu élevée et mutuelle donc réduite), sans problème de fin de mois et en bonne santé, sinon ça aurait pu faire un joli petit pactole…</p>
<p>Moralité : le para-public est encore pire que le public pour ce qui est du respect et de l’information du client. Ici, c’est encore la Sécu qui a été la plus carrée (certes l’accueil téléphonique y était un peu abrupt mais je préfère du factuel brut à des robots sympas qui racontent n’importe quoi). À l’époque des <em>web services</em>, des ETL et des bases téraoctets, il semble aberrant que des échanges pour savoir qui est connecté à quoi 1) prennent autant de temps et 2) échouent sans même que l’on cherche à savoir pourquoi. Pour avoir travaillé quelques temps au cœur d’entités similaires, je sais que le problème n’est pas technique, oh non, mais principalement organisationnel, voire culturel, et pas au bas de la hiérarchie...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Ah, l’animation inutile d’entrée avec un bouton « Rejouer » qui n’a dû servir qu’au concepteur et aux commanditaires de la comm’, qui par contre ont raté le fait que l’accès ne se fait pas si on néglige le <code>www</code> dans l’URL (soyons juste : c’est corrigé)… Je ne parle pas non plus du mot de passe par défaut que toute personne connaissant mon n° de sécu, une donnée hautement confidentielle, aurait pu deviner — je ne m’énerve même plus depuis que j’ai vu bien pire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets">nom de projet typiquement institutionnel</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Nous sommes dans l’institutionnel et le para-public, là, causons son verbiage. Il y aurait aussi « courriel » mais c’est trop récent.</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/9-mois-pour-une-mutuelle#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/644Allez expliquer ça à un étranger...urn:md5:5f85ff544e8ef2eced78e7c909f63f9c2011-03-13T22:28:00+01:002015-08-21T10:05:57+02:00ChristopheRes publicaadministrationcartescomplexitéEuropegéographiegéopolitiqueorganisationréseausolidaritéémerveillement<p>Une carte des Unions Européennes.</p> <p><a href="http://bigthink.com/ideas/31556" hreflang="en">Une carte des Unions Européennes</a> (l’image ci-dessous est de Wikipédia (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Supranational_European_Bodies-fr.svg">source</a>, mais le lien pécédent est sur l’excellent <em>Strange maps</em>)
montre bien le bazar assez monstrueux que les différentes Unions européennes constituent : UE, CoE, EFTA, pays associés, micro-États aux statuts bizarres…</p>
<p>Et encore il en manque, des actuelles et des passées : CECA, Pacte de Varsovie, OTAN, ESA… Une version dynamique qui évoluerait en fonction des années entre 1945 et 2011 me botterait bien.</p>
<p>La seule chose plus complexe à expliquer à un étranger doit être le système des congés en France (congés de mai à mai, RTT, ancienneté…)</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/geographie/Supranational_European_Bodies-fr.svg.png" title="Supranational_European_Bodies-fr.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/geographie/.Supranational_European_Bodies-fr.svg_m.png" alt="Supranational_European_Bodies-fr.svg.png" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>(<strong>2015</strong> : Mise à jour du lien et de la carte)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Allez-expliquer-%C3%A7a-%C3%A0-un-%C3%A9tranger#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/645Après Facebookurn:md5:3090511ead9c0d134e4f4b01f98d32c52010-05-29T00:00:00+02:002015-06-25T13:00:05+02:00ChristopheBlogger, une aventureaddictionblogcommunicationdécadenceinformatiquemèmemémoireorganisationouverture d’espritpanurgismeréseausaturationéconomie de l’attention<p>Rebond rapide (faute de temps) suite à <a href="http://standblog.org/blog/post/2010/05/12/apres-Facebook-Diaspora">un billet du Standblog</a> sur les gens qui quittent un Facebook devenu de plus en plus catastrophique en terme de vie privée.</p> <p>(<strong>Mise à jour 5 ans après</strong> : Bon, le billet original semble bien présomptueux après coup, puisque Facebook est aussi florissant qu’alors, même si la concurrence s’est un peu développée dans d’autres niches.)</p>
<p>D’une part, ne pas rêver : pour un militant qui ferme son compte, cent jeunes totalement ignorants (on l’est forcément quand on est jeune) y déversent des tombereaux d’informations sur eux-mêmes et leur entourage, et ne comprennent rien au débat ni au danger.</p>
<p>D’autre part, je me dis que Facebook sera simplement dépassé par la prochaine mode. Il y a eu le courrier papier, le téléphone, les BBS, le mail, les <em>newgroups</em>, ICQ, le téléphone portable, le web « originel » (pages statiques, peu commerciales, codées à la mimine), les SMS, MSN, Myspace, les podcasts, Facebook, Twitter… et je dois en oublier.</p>
<p>On continue de distinguer médias synchrones (téléphone, MSN) et asynchrones (je lis quand ça me chante) mais tous ces médias se recoupent et se copient en compensant chaque amélioration par un nouveau défaut.</p>
<p>L’effet de génération est frappant, même pour ceux qui se tiennent au courant. Je suis de la génération e-mail : c’est pour moi le média le plus courant, le plus simple, asynchrone, rapide, bref ou long. Des membres de ma famille un peu plus jeunes communiquent principalement par SMS. Même si nous savons manier occasionnellement le média de l’autre, toute discussion est entravée par cette différence ; mais nous sommes assez vieux pour redescendre au standard ultime qu’est le téléphone.</p>
<p>J’ai ouvert mon blog pour diverses raisons, notamment son côté <em>push</em> grâce aux flux RSS. À côté de la facilité de rédaction (merci <a href="http://www.dotclear.net/">Dotclear</a>) et des retours possibles par les commentaires, c’est surtout cette capacité à tenir un lectorat, même rachitique, informé des nouveautés, qui fait la différence par rapport à l’<a href="https://www.coindeweb.net/">ancien site statique</a> (toujours maintenu d’ailleurs).</p>
<p>Les forums web n’ont en fait aucun intérêt par rapport aux bons vieux <em>newgroups</em>. Il se trouve que le grand public confond toujours « Internet » et « ce qu’il y a dans le navigateur » (déjà beau si c’est autre chose qu’Internet Exploser), et préfère les pages pleines de jolies couleurs à des systèmes décentralisés qui avaient fait leurs preuves.</p>
<p>Je ne vois pas l’intérêt réel de Twitter, qu’un blog ne permette pas. La limite de quelques caractères de contenu me semble une réduction extrêmement dangereuse de toute pensée non triviale. C’est peut-être l’équivalent en multicast d’un SMS, mais la limite en taille du SMS était une contrainte, pas une fonctionnalité. Quant à Facebook, il a fallu que j’y ouvre un compte pour consulter exceptionnellement ceux des autres mais sous un pseudonyme pipeau (si vous cherchez mon nom, vous ne trouverez que flopée d’homonymes).</p>
<p>Je confesse n’y avoir consacré qu’un temps à peu près epsilonesque (Clio-boulot-marmots-dodo oblige).</p>
<p>La vraie raison de l’intérêt de Twitter/Facebook/Myspace (autrefois) : « les gens » y sont. La technologie est un détail. Les forums web parlaient à ceux qui ont découvert le web et pas Usenet, et ils sont restés. Myspace était <em>in</em>, maintenant <em>out</em>, alors qu’une page web suffit pour se présenter. En gros, chacun suit la mode de sa tribu, ou plutôt des tribus auxquelles il est lié. Si toutes les personnalités qui m’intéressent se mettaient uniquement à twitter, je m’ouvrirais un compte. Pour le moment, j’ai déjà largement trop de flux RSS à lire (même après la dernière purge) pour me lier à un autre média.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Apres-Facebook#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/613L’Omniprésident dans ma bourgadeurn:md5:4bffc2628a30e5e42dd7ab6ac52b95322009-12-17T23:05:00+01:002011-06-05T21:14:32+02:00ChristopheTout petit mondeAlsaceargentbon senscoup basdommagedysfonctionnementemmerdeursgaspillagelibertélogistiquemobilitéorganisationparanoïapolitiqueprise de têtesécuritééconomieéconomies d’énergie<p>« Lui » chez moi. Le bordel s’ensuit.</p> <p>Il a fallu que j’emménage dans mon village alsacien au nom quasiment imprononçable pour un non-germanophone<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-1" id="rev-pnote-596-1">1</a>]</sup> pour que débarque le Chef de l’État.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-à-siège">Nicolas était déjà venu une fois dans l’agglomération, avec Barack et quelques autres, et ça avait été un bazar innommable que j’avais relaté ici</a>. Mais comme notre conseil régional est le dernier en métropole à être de son camp, avec un risque de bascule possible aux prochaines régionales (notamment suite au décès du respecté Président de région Adrien Zeller) (<strong>Mise à jour postérieure</strong> : C’est raté.), Il se devait de venir faire un tour. Comme par contre Strasbourg et toute la Communauté urbaine sont passées à l’ennemi socialo-écolo-bobo, le repli était de rigueur sur les bans proches mais encore fidèles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-2" id="rev-pnote-596-2">2</a>]</sup>, comme ma bourgade, et celle voisine tenue de plus par un député-maire.</p>
<p>Nous avons appris Sa venue lundi midi, quand les enfants, euphoriques, sortirent de classe : pas d’école le lendemain !! La préfecture avait carrément décidé, et au dernier moment donc, de faire sauter les cours (école primaire et collège) : le ballet des autos des géniteurs d’apprenants aurait forcément encombré massivement l’axe de passage du monarque élu, axe qui se doit de lui être totalement dédié. (Le centre-village est grand mais pas gigantesque : un axe principal qui le traverse, un autre moins net d’Entzheim à Blaesheim, quelques rues perpendiculaires et un maillage de ruelles, une place pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Geispolsheim#Architecture_et_patrimoine_culturel">la très jolie église baroque</a>, un lotissement, point barre.)</p>
<p>Dans notre cas, pas de problème, j’étais en plein congé paternité. D’autres parents ont bruyamment exprimé leur mécontentement de devoir trouver en urgence une garde pour leur progéniture. Ils devaient travailler plus pour tenter de gagner plus, les naïfs.</p>
<p>Ça tombait bien, j’ai pu emmener en mâtinée <del>le petit</del> le grand se faire piquer contre la grippe, malgré l’absence de bon, sans faire la queue. Ma blonde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-3" id="rev-pnote-596-3">3</a>]</sup> ayant pu plus tôt traverser le village à pied sans devoir passer au crible policier, nous avons tenté une sortie en voiture jusqu’à Lingolsheim. Les forces de l’ordre pullulaient, mais pas de problème à l’aller.</p>
<p>Le retour fut un rien plus compliqué. Le chemin direct (une rocade provenant de l’aéroport où <del>Air Force One</del> l’avion présidentiel s’est posé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-4" id="rev-pnote-596-4">4</a>]</sup>) étant bloqué, j’en profite pour faire un détour par Entzheim (le village, pas l’aéroport), en prenant une livraison de la Redoute dans un tabac au passage. Sur le chemin de la maison, à nouveau des gendarmes partout, dont un qui par gestes m’interdit de tourner dans la rue menant à chez moi. La voiture devant moi tourne une rue plus loin, je la suis, et contourne le barrage par des petites rues. Bravo la sécurité.</p>
<p>L’entrée du village est gardée également, un pandore me demande où je vais. Ben, chez moi ! Je donne l’adresse en indiquant du geste où c’est (ils ne sont pas du coin...), il me laisse passer. Deux cent mètres plus loin, arrivé à l’un des rond-points du quartier est, veto d’un gendarme :</p>
<p>« C’est bloqué jusqu’au passage du Président. <br />- Et il passe quand ?<br />- Ah c’est la question ! »</p>
<p>Deux minutes plus tard en fait, il me permet de passer. Deux autres minutes plus tard, nous sommes à la maison. On ne peut pas dire que la paranoïa règne : les bleus, tous sympas, m’ont cru sur parole, n’ont pas demandé mes papiers, ouvert mon coffre ou mis mon fils en joue. Me trimbaler dans une voiture banale immatriculée dans le département, avec un enfant dans le siège arrière, et rester poli, a dû plaider pour moi.</p>
<p>De toute manière, le trafic certes réduit dans le village n’était pas nul, et beaucoup de monde a pu circuler avant le passage du cortège. Le blocage total n’a eu lieu que quelques minutes auparavant.</p>
<p>L’exactitude est la politesse des rois, Il était donc en retard, d’une demi-heure. Précédé d’un motard éclaireur, d’une voiture de gendarmerie spécialiste des va-et-vient, le cortège comprenait une dizaine de voitures (il y avait trois ministres avec Lui tout de même), bien remplies, un minibus (vide), et (surprise) une ambulance aux armes du SAMU fermait la marche ! Les services d’urgence ont donc dû faire avec un véhicule en moins le temps de la visite du chef de l’État.</p>
<p>Contrairement à mes craintes, la vitesse a été tout à fait raisonnable, respectant les limites. L’avant-bras négligemment posé sur le rebord de la fenêtre ouverte par ce temps maussade, le Président cherchait manifestement à choper la crève (à moins que tout homme politique soit blindé après des décennies de réunions en plein air par tous les temps ; si ça se trouve c’est un des biais de sélection du métier). Pas de bol, le gamin et moi étions du mauvais côté de la rue. Il n’y avait pas foule mais nous n’étions pas encore dans le centre-village.</p>
<p>Je plains tous ces gendarmes occupés à faire le pied de grue pendant des heures avant le passage ; mais la météo était assez clémente bien que fraîche. Vu leur nombre, la facture de chaque déplacement présidentiel doit être astronomique. Et je ne compte pas les coûts cachés comme ces écoles fermées d’office. Et tout le dioxyde de carbone parti massivement en l’air. D’ailleurs, la place d’un chef d’État ne serait-elle pas plutôt à Copenhague pour sauver le monde ?</p>
<p>(<strong>Ajout de 2010</strong> : Parlons de coûts cachés : j’ai pu visiter une grande usine locale que le Président a visité. Il y a encore dans la verrière la marque du trou laissé par un gendarme passé au travers. Sarkozy a dû revenir pour l’enterrement.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-1" id="pnote-596-1">1</a>] <em>Notons que les journalistes parisiens ont fait un effort et prononcé correctement. Il y a quelques années, Schiltigheim était parvenu dans les étapes finales de la Coupe de France de foot, et les Alsaciens s’étaient beaucoup gaussé de la diction de la capitale. (Il est vrai qu’en Alsace il faut se poser la question pour nombre de lieux : prononcer à la française ou bien à l’allemande ?)</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-2" id="pnote-596-2">2</a>] <em>Vu Son score ici aux présidentielles, il était en territoire ami.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-3" id="pnote-596-3">3</a>] <em>Ceux qui la connaissent tiqueront, mais <a href="http://www.immigrer.com/faq/sujet/Les-origines-de-mon-chum-ma-blonde.html">l’expression est française</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-4" id="pnote-596-4">4</a>] <em>Pourquoi n’a-t-il pas pris le TGV ? Plus de billet pour un déplacement prévu à la dernière minute ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/596Le dur chemin vers l’acte authentiqueurn:md5:50266b7a7f4ec75bc55991e51039181a2009-09-21T13:07:00+02:002015-09-01T13:18:42+02:00ChristopheRes publicaadministrationanticonsumérismeargentbon senscomplexitécoup basdommagedysfonctionnementdéshumanisationemmerdeursfoutage de gueulegaspillagehaineincohérencemicroéconomieMurphyorganisationparadoxeperspectivepessimismepouvoir d’acheterprise de têteprovocationsabotagesantétempsténacitééconomie<p>Quand j’ai commencé à boucler mon prêt pour la maison, j’étais optimiste : bon apport, premier achat déjà aux 3/5 payés, situations stables. Notre situation financière n’a effectivement jamais posé problème, mais le chemin vers la signature de l’acte définitif fut long et ardu. Nous avions pourtant déjà été échaudés il y a quelques années.</p> <p>(Pour les locataires : l’acte authentique marque le transfert de la propriété d’un bien, et le notaire doit donc avoir reçu tous les fonds, y compris ceux prêtés par la banque.)</p>
<p>Leçons qui peuvent servir à qui passera par là aussi :</p>
<ol>
<li>Les trois mois de délai entre le <a href="http://www.paruvendu.fr/I/Tout-savoir-sur-le-compromis-de-vent">compromis de vente</a> et l’<a href="http://www.paris.notaires.fr/art.php?cID=181&nID=296">acte authentique</a> final ne sont pas de trop. Si ça ne urge pas, de toute façon ça traînera.</li>
<li>Ne perdez jamais UN jour. Les autres en perdront assez pour vous.</li>
<li>Ne comptez sur les autres que si vous ne pouvez pas faire le travail vous-même.</li>
<li>Vous avez un bel apport, une bonne santé ? C’est bien, le dépassement des délais ne devient pas une certitude.</li>
<li>Même quelqu’un en bonne santé a des chances d’avoir un problème bénin ou passé qui nécessitera un certificat médical. En l’occurrence, préparez tous les certificats médicaux le plus vite possible. (Merci à l’allergologue pour avoir accordé un rendez-vous en trois jours, même s’il a attendu une semaine avant d’envoyer le papier...)</li>
<li>On est au XXIè siècle, email et téléphone portable sont des outils merveilleux. Mais comment faisaient-ils au XXè siècle ?<br />(De toute manière, tous les documents les plus importants, les plus urgents, voyagent par courrier, exceptionnellement par fax.)</li>
<li>Une grosse partie des déménagements se faisant l’été, les demandes de prêts se font donc vers mai (plein de ponts géants et de congés) et les actes authentiques en juillet-août (où personne ne travaille).</li>
<li>En conséquence, dans vos calculs de délai, ne comptez ni le mois de mai ni la moitié de l’été. Pensez à demander les dates de congés de vos interlocuteurs et les noms des assistantes et remplaçants.</li>
<li>L’accord de prêt doit être renvoyé AU MOINS dix jours après l’avoir reçu (la loi est rigide) ! Hors de question de gratter du temps là-dessus.</li>
<li>Une fois l’accord de prêt signé et reçu par la banque, restent les surprises :
<ol>
<li>dans la flopée de papiers, lequel a été oublié/mal signé ? ;</li>
<li>les garanties-surprises exigées auprès du notaire (comme un engagement de récupération du prêt relai sur la vente du bien précédent) ;</li>
<li>le temps pour débloquer les fonds.</li>
</ol></li>
<li>Toutes les banques sont aussi nulles, dixit la notaire (sauf paraît-il le Crédit Mutuel qui gèrerait tout au niveau de l’agence ; les autres centralisent dans des services dédiés, d’où des délais ; mon acheteur a effectivement eu son prêt très vite — même si un papier manquait quand même le jour de la signature de l’acte, je suppose que cela dépend fortement des personnes précises impliquées et de leurs dates de congés...).</li>
<li>Il y a toujours des clauses surprenantes à découvrir dans l’accord de prêt final, qu’on ne peut plus refuser faute de temps.</li>
<li>Il manquera toujours un tampon quelque part. Vous oublierez toujours de signer un obscur coin d’un quelconque papier.</li>
<li>Le gain financier (finalement dérisoire) des prêts à taux zéro, PEL, CEL... sera annulé par le coût de mise en place (énervement, nuits blanches, téléphone portable, accessoirement argent...).</li>
<li>Les clauses les plus inquiétantes d’un contrat d’assurance ne sont connues que lorsqu’il est trop tard pour reculer.</li>
<li>Toutes les personnes rencontrées au téléphone et physiquement seront aimables, serviables, ponctuelles, mais faillibles et débordées. Mais pris dans sa globalité, le <em>back-office</em> de la banque, de l’assurance... n’est, lui, que lent, faillible et débordé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>Si quelqu’un dit « je m’occupe de tout », inquiétez-vous.</li>
<li>J’ai découvert avec fascination que personne ne connaît vraiment tout le flux exact (ça change avec chaque banque, chaque assureur...). Par contre tout le monde s’attend à ce que VOUS le maîtrisiez (« Ah, il faut un chèque de banque ? »).</li>
<li>Une banque est paranoïaque et ne lâche pas un kopeck si elle n’est pas sûre de le récupérer intégralement même si vous vous tuez ET que le prix de l’immobilier chute de 95% un mois avant la fin du prêt ET que vous avez perdu toutes vos économies. <br />À force de vous interroger sur ce que ce vampire va bien demander encore comme garantie, vous trouverez plein d’idées de choses que la banque ne vérifie pas et qui ouvriraient d’intéressantes perspectives à des gens moins honnêtes que vous ; ou simplement qui vous font regretter d’être honnête et franc, ce qui coûte cher en délais (au moins vous serez tranquille plus tard<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>).</li>
<li>La Communauté urbaine a autre chose à faire que faxer des certificats d’urbanisme (faxer, oui, en 2009<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>), y compris le jour de la signature, deux mois après la première demande et après trois relances.</li>
<li>Ayez une pensée pour les gens qui ont moins d’apport que vous, des problèmes de santé et ne peuvent pas fouetter banquier, notaire ou assureur au téléphone pendant les heures ouvrables. Et on se demande pourquoi les transactions immobilières baissent.</li>
<li>Si vous êtes déjà propriétaire, cet apport sera fortement minoré par la banque. J’ai eu de la chance, j’ai vite eu un acheteur dont le banquier a vite pu produire un accord de principe de prêt. (Si possible, vendez, louez, et achetez ensuite, ou débrouillez-vous pour ne pas avoir de prêt relai.) (Un de mes collègues a tout de même réussi le <em>même jour</em> à remplir le camion de déménagement, signer les actes authentiques de vente et d’achat, et à vider le camion dans sa nouvelle maison. Chapeau. Dangereux.)</li>
<li>Tout montage conclu avec votre diligent commercial attitré a de bonnes chances d’être dénoncé par le service crédit — un mois après.</li>
<li>Scannez et gardez sur vous dans une clé USB tous les justificatifs.</li>
<li>Si comme moi vous avez une flopée de comptes d’épargne (historique chargé de deux personnes), centralisez le plus vite possible l’argent sur un minimum de comptes pour éviter de dégainer des dizaines de pages d’extraits de comptes justificatifs à chaque visite chez le banquier.</li>
<li>Un courtier (CAFPI...) peut être un gain de temps si vous ne faites pas vous-même le tour des banques, ou pour un dossier tordu. Rappelez-vous cependant que c’est un commercial qui doit trouver des clients aux banques partenaires. Si vous avez un bon dossier, le courtier peut au moins servir à mettre la pression sur vos banques favorites.</li>
<li>Le taux n’est pas tout. Cela peut coûter beaucoup de frais dès le départ pour espérer gagner un peu bien plus tard. Un taux intéressant sur le prêt principal est parfois la contrepartie d’un crédit relai riquiqui (la banque vous oblige à emprunter plus sur le prêt principal) et de pénalités de remboursement anticipées systématiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</li>
<li>Une banque veut vous prêter le maximum le plus longtemps possible : les remboursements anticipés sont une obscénité. Vous n’aurez pas de clause intéressante là-dessus si vous ne l’avez pas exigée.</li>
<li>Dans le système actuel, les banquiers se plaignent des clients qu’ils ne voient plus que pour quémander un prêt, et qui partent pour une faible différence de taux. Les clients savent que les banquiers ne sont là que pour les plumer.</li>
<li>Une promesse orale de banquier vaut moins que le papier sur laquelle elle est écrite.</li>
<li>Si se présente un « conseiller » quelconque, c’est forcément un commercial.</li>
<li>Chaque banque a ses règles de calcul, estimation, garantie, prêt relai, conditions de remboursement anticipé... Mais toutes croit que les autres font pareil qu’elle.</li>
<li>Simuler et comparer des crédits est un excellent exercice de maniement d’Excel ou Calc. Ne cherchez pas à retomber sur les mêmes chiffres que votre banquier, il y aura toujours un écart et on ne vous donnera jamais tous les chiffres.</li>
<li>Actuellement les banques veulent gagner de l’argent avec le crédit, pas juste conquérir un client : si un taux est trop bas et trop intéressant, il y a toujours un loup.</li>
<li>La domiciliation de revenus est illégale, mais ils l’exigent toujours<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</li>
<li>Même si vous n’êtes pas bloqué par la date fixée pour les déménageurs, ou la rentrée des enfants, votre vendeur sera lui très pressé de voir son argent, et l’acheteur de votre précédent bien très pressé d’emménager.</li>
<li>Un acheteur à x k€ tout de suite vaut mieux qu’un hypothétique acheteur à x+10 k€ dans deux mois — ou jamais.</li>
<li>Rappelez-vous que l’argent que l’on vous prête est le vôtre. Mais l’État a prêté aux banques, pas à vous.</li>
<li>Les derniers banquiers honnêtes ont déjà sauté du haut de leur tour pendant le dernier krach.</li>
<li>(<strong>Ajouts de 2011</strong>) <br />Finalement j'ai fait une erreur : tout ce cirque pour maximiser le prêt relai pour ne pas avoir à emprunter plus que prévu a été inutile, dans une maison il y a toujours 20 k€ de travaux de plus que prévu (le prévu était : zéro). Au pire, emprunter un peu plus permet d’avoir un matelas qui fructifiera à la banque. Et le prêt sera plus facile à décrocher avec un taux un peu plus intéressant.</li>
<li>N’oubliez pas que tout gain sur les taux se répercutera sur l’assurance, il faut bien que la banque se rattrape quelque part.</li>
</ol>
<p>Une fois l'étape du prêt bouclée, mes douleurs à l’épaule (attribuées d’abord au clavier, mais aussi à ce stress non professionnel) se sont presque totalement envolées. Quel est l’impact sur la Sécu de toute la paperasse banquière ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Que des systèmes composés de gens relativement dévoués et sérieux soient aussi souvent lents et bureaucratiques, sinon carrément cafouilleux, m’« émerveille » tous les jours.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mouais. À vérifier.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Il paraît que le fax a une valeur légale que l’email n’a pas encore.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>J’ai une objection de principe aux pénalités de remboursement anticipé, c’est vraiment un concept de vampire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Il n’y aurait pas moyen de tirer de juteuses amendes de toutes ces clauses sciemment caduques ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Le médecin m’a raconté avoir vu une fois les futurs habitants de tout un lotissement, tous avec les mêmes pathologies. Sans doute pas uniquement à cause des banquiers, mais l’exemple est révélateur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/580La Déclaration du Droits du Développeururn:md5:00f7c5442cab96869509215550361fa42009-09-11T00:00:00+02:002018-05-19T11:17:26+02:00ChristopheInformatique : l’art du développementbesoinbon senscommunicationcouragecynismedysfonctionnementdéshumanisationergonomieexpertiseinformatiqueintelligencelibertélogiciel librelogistiquemobilitémytheoffshoreoptimisationoptimismeOracleorganisationouverture d’espritpanurgismeperfectionnismepouvoir d’acheterprise de têtepsychologierésolutionsSSIItravailutopievaleuréconomieéconomie de l’attention<p>Droit à deux moniteurs, à une machine rapide, de faire bien son travail, de causer avec le commanditaire… : gadget ou nécessité ?</p> <p>Deux déclarations des Droits du Développeur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> existent dans le monde anglo-saxon à ma connaissance :</p>
<ul>
<li>sur <a href="http://www.codinghorror.com/blog/archives/000666.html" hreflang="en">Codinghorror.com</a></li>
<li>chez <a href="http://c2.com/cgi/wiki?DeveloperBillOfRights" hreflang="en">Cunningham & Cunningham</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Elles diffèrent, je traduis/condense/commente :</p>
<h4>Le droit à deux moniteurs sur son bureau</h4>
<p>Souvent utile, parfois gadget.</p>
<p>Ça dépend vraiment de l’application. Qui passe son temps à écrire du code d’un côté et à vérifier l’exécution de l’autre aura plus l’utilité de deux petits moniteurs que votre serviteur suant devant Business Objects et sa ribambelle de panneaux et onglets. Je préfèrerais alors un seul très grand et très large écran, sauf dans mes périodes de rédaction de docs et support, où un A4 vertical serait optimal.</p>
<p>Il est clair que l’investissement de 200 € dans un écran est dérisoire par rapport au temps regagné ensuite.</p>
<p>(<strong>Ajout de 2010</strong> : Et pourtant, j’ai vu des clients où même les chefs de projet informatiques en étaient resté au tube cathodique. En France à la fin de première décennie du siècle, oui.)</p>
<h4>Le droit à une machine rapide</h4>
<p>Tout à fait d’accord, dans les limites raisonnables évidemment. Le temps perdu à compiler, à attendre que s’ouvre une grosse application, le <em>swap</em>, le manque de réactivité... concourt à perdre du temps pur, à casser la concentration, et à un certain stade le gain en temps ne devient pas que quantitatif, mais aussi qualitatif.</p>
<p>Si je ne me plains pas de ma machine de bureau actuelle, ce serait probablement le cas avec un portable : les gros logiciels serveur comme Oracle ou Business Objects XI se lancent beaucoup plus lentement sur le disque dur escargostesque du portable courant. Et je ne parle pas de VMware.</p>
<p>Même si RAM et disque dur se rajoutent facilement à peu de frais, le PC de bureau n’est pas tout. Il est toujours agréable d’avoir sa base Oracle sur une vraie machine dédiée, ou de disposer d’une collection de machines virtuelles toutes prêtes rapidement accessibles sur un serveur VMware ESX bien taillé qui ne sature pas les entrées-sorties au <em>boot</em> d’une machine virtuelle.</p>
<p>D’un autre côté, n’avoir <em>que</em> des machines rapides pousse à la fainéantise, et masque certaines grosses lacunes en réactivité pénibles pour le client final. Dans un monde idéal, le développement aurait lieu sur une machine récente, et les tests utilisateur s’effectueraient sur une configuration relativement ancienne, limitée en processeur, mémoire, éventuellement disque.</p>
<h4>Le choix de la souris et du clavier</h4>
<p>100% d’accord. Je fulmine de voir que l’ergonomie de ces outils critiques est le cadet des soucis de toutes les entreprises où je suis passé. (Par contre, certains de mes clients investissent visiblement au niveau des bureaux, chaises, support pour portables plus que pour le clavier à proprement parler ; mais je ne suis qu’un simple prestataire qui hérite plus souvent qu’à son tour de la machine la moins récente, le clavier le plus crade, et d’une chaise non réglable.)</p>
<h4>Le droit à une chaise confortable</h4>
<p>À raison de huit heures par jour de résidence, cet endroit doit être non seulement tolérable mais aussi <em>confortable</em> (“<em>Sure, you hire developers primarily for their giant brains, but don't forget your developers’ </em>other<em> assets.</em>”)</p>
<p>(<strong>Ajout de 2018</strong> : et même au-delà : la chaise est <strong>capitale</strong>. Pour certains ce sera même un balon. Vu le coût pour la Sécurité Sociale de séances de kiné interminables pour des milliers d’informaticiens ou commerciaux en voiture, il n’y a aucune tolérance à avoir : uniquement le meilleur.)</p>
<h4>Le droit à une connexion internet rapide</h4>
<p>Vue mon utilisation massive de Google et des divers sites de docs et d’aide en ligne ou de support, un internet asthmatique provoque vite frustration, énervement, et perte de productivité.</p>
<p>De nos jours, le réseau fonctionne en général bien, et si Youtube n’est peut-être pas vraiment nécessaire professionnellement, je dois parfois télécharger des gigaoctets de bases de données de client, ou d’outils d’Oracle à tester.
Pêchent souvent par contre les liaisons VPN vers les clients, avec un désastreux impact sur la productivité : dans le cas extrême d’une liaison inutilisable, un débogage se passe vingt fois plus lentement par téléphone, ou nécessite un déplacement parfois lointain coûteux en temps, fatigue, euros et CO₂<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>De plus, il n’y a pas que les <em>digital natives</em> à tomber rapidement en état de manque du réseau et de sa mine d’informations plus ou moins utiles. Couper Internet aux informaticiens, c’est s’assurer une fuite des cerveaux.</p>
<h4>Un coin au calme</h4>
<p>À l'agence je vis dans un <em>open space</em>. Chez beaucoup de clients aussi. Les bureaux à trois ne sont pas non plus terribles pour la productivité. Il n’y a pas de formule idéale, ou plutôt une formule qui change avec la tâche : <em>war room</em> pour les projets tendus ou en phase de test, et bureaux isolés pour rester concentrés ou pour téléphoner, ce qui suppose que les ordinateurs soient portables.</p>
<h4>Le droit de bien faire son travail</h4>
<p>Voici à présent les revendications non matérielles, les plus délicates.</p>
<p>Combien de fois a-t-il fallu torcher quelque chose vite fait par manque de temps ? N jours ont été vendus au client, 2N auraient été nécessaires pour tout faire calmement, donc on a tout fait en même temps, développé des morceaux sur des bases instables, testé avant la fin du développement, déployé avant la fin des tests préliminaires, et formé avant d’avoir finalisé les spécifications.</p>
<p>Évidemment dans ce cas les développeurs dépensent plus de temps et d’énergie à resserrer les boulons et à s’insulter mutuellement qu’ils n’en auraient pris à faire les choses proprement d’entrée. Bien sûr, la date de livraison a été fixée pour des raisons de politique interne au client, et/ou un temps fou a été paumé en administratif, et/ou tout a été décidé au dernier moment. Au final, personne n’est content du résultat et rejette la faute sur les autres.</p>
<h4>Le droit de choisir ses outils</h4>
<p>« On reconnaît le bon ouvrier à ses outils » dit le proverbe. Je ne me souviens pas de beaucoup de moments où j’ai pu librement choisir quelle base, quel langage, quel ETL, quel outil, quelle machine... serait utilisé. Les critères de choix portent plus souvent sur le tarif ou la compatibilité avec l’existant que sur l’aisance de développement. (Le choix de l’outil étant souvent « structurant » et engageant l’entreprise pour longtemps, je comprends parfaitement que l’opinion du développeur ne soit qu’un facteur parmi d’autres — mais rares également sont ceux qui m’ont demandé mon avis.)</p>
<p>Quand on parle de technique, et de choses pas trop chères (disque dur, RAM), il suffit parfois de demander pour avoir (à supposer que l’accord du chef suffise). Dès qu’il y a des coûts de licence impliqués, le programmeur de base n’a plus trop le choix. Les logiciels libres ont l’immense avantage de n’impliquer aucune bataille bureaucratique pour débloquer quelques euros de licence.</p>
<h4>Le droit de savoir ce qu’on lui demande, avec des priorités claires</h4>
<p>Arf arf arf.</p>
<p>Soyons juste, j’ai vu le pire comme le meilleur, des specs au crayon sur une feuille comme des dossiers archi-précis. Il y a forcément toujours des zones d’ombres, et le demandeur n’est pas toujours conscient lui-même de la complexité intrinsèque de son projet ou de l’incohérence parfois catastrophique de ses données source (<em>garbage in, garbage out</em> si logiciel != Google, et encore).</p>
<p>Mais les commanditaires doivent savoir répondre aux questions, corriger les incohérences remontées, connaître leur métier, savoir ce qu’ils veulent, accepter de vivre avec des contraintes techniques, et (ô qualité rare) arbitrer !</p>
<h4>Le droit à une communication claire et directe avec le client, l’utilisateur comme le « commanditaire »</h4>
<p>J’ai toujours haï l’effet « téléphone arabe » et les incompréhensions parfois catastrophiques nées de l’éloignement.</p>
<p>Autant j’abhorre passer mon temps sur la route pour aller chez des clients lointains, autant je sais que dans les situations un peu tendues ou floues la communication en face à face est dix fois plus efficace que mail et téléphone pour diverses raisons :</p>
<ul>
<li>les <strong>non-dits</strong> : l’interlocuteur muet après une question directe, ou affichant une moue, livre une information, un avertissement, montre un souci ; celui qui ne répond pas à un mail... peut ne pas l’avoir lu ou pas compris ;</li>
<li>la <strong>nullité de beaucoup de personnes pour s’exprimer par email</strong>, alors qu’oralement tout va bien (moi c’est l’inverse) ;</li>
<li>à l’inverse, <strong>l’incapacité de beaucoup de gens à lire un mail de plus de trois lignes</strong> (par manque de temps parfois, de cellules grises rarement, de capacité d’attention souvent) ;</li>
<li>les <strong>insinuations</strong> et autres vacheries plus ou moins gratuites que l’on n’oserait jamais par mail ;</li>
<li>la <strong>franchise entre quatre yeux</strong>, sans témoin ni trace écrite, qui permet des explications parfois très saines en cas de conflit (purement technique le conflit parfois) ;</li>
<li>la <strong>solidarité entre « gens du front »</strong> d’entités différentes mais cohabitant dans le même bureau, soudés face à leurs chefs respectifs pour le bien du projet ;</li>
<li><strong>« radio moquette »</strong> à la machine à café : on y apprend beaucoup sur un peu tout le monde, les qualités et défauts des uns et des autres, les contraintes, les <em>vraies</em> raisons de ci ou ça, le vocabulaire local (capital !), la culture du client (caricature de fonction publique ? <em>start-up</em> hystérique ? ingénieurs pointilleux ? commerciaux-girouettes ?), l’historique (toujours chargé), les <em>vrais</em> arbitrages à faire, la politique interne (de quel chef se méfier ? lequel fera pression ? lequel est ennuyé par le projet ?), les hiérarchies officielles et officieuses, les personnalités (quel chef se battra pour le projet ? lequel est une carpette ?), etc. ;</li>
<li>le <strong>contact direct avec l’utilisateur</strong> : on lit très vite un <em>brain overflow</em> sur un visage, alors que personne ou presque n’écrira « je ne comprends pas » ;</li>
<li>le <strong>lien entre humains</strong>, tout simplement : on se décarcasse beaucoup plus pour Jacquot avec qui on a déjà sympathisé autour d’un café, une secrétaire sympa qui a dépanné l’imprimante avec le sourire, un voisin de bureau qui a conseillé sur le choix d’une voiture, un utilisateur régulier dont on comprend le martyre quotidien devant un logiciel foireux... que pour des noms abstraits sur un écran.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Le pire des cas ? La spécification retransmise à un développeur lointain (indien ou français, ce n’est pas le problème) <em>via</em> un intermédiaire obligé ignorant du sujet<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.
À l’inverse, je me rappelle avec émotion de sessions de développement avec des utilisateurs demandeurs deux bureaux plus loin, qui savaient ce qu’ils voulaient, répondaient aux questions, et testaient. Même avec des specs-brouillon.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Traduction imparfaite du </em>Bill Of Rights<em> qui amende la Constitution américaine, alors que la Déclaration des Droits de l’Homme constitue le préambule de toute Constitution française digne de ce nom. Différence philosophique ou simple héritage de la philogénie du droit ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>On remarque les vétérans du réseau à un nom de domaine avec </em>deux<em> lettres seulement.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Le CO₂ et la fatigue, l’employeur s’en fiche, bien sûr.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Je pense que réside là une des explications des dérapages de grandes entreprises : le client contacté uniquement par web ou email devient immédiatement abstrait.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>L’intermédiaire c’était moi et je n’ai pas du tout aimé.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9claration-des-droits-du-d%C3%A9veloppeur#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/569“The electric telegraph made possible - indeed, inevitable - the United States of America.”urn:md5:75d7f49f877b5f6c5d6f82bedd5b1a8b2009-09-08T00:00:00+02:002011-06-03T21:44:40+02:00ChristopheCitationsAmériqueauto-organisationcitationcivilisationcommunicationconquête spatialedéveloppementguerregéographiegéopolitiquehistoiremèmenationalismeoptimismeorganisationperspectivepessimismepolitiquesciencescience-fictionsolidaritéÉtats-Unisévolution <blockquote><p>“<em>A hundred years ago, the electric telegraph made possible — indeed, inevitable — the United States of America. The communications satellite will make equally inevitable a United Nations of Earth; let us hope that the transition period will not be equally bloody.</em>”<br /><br />« Il y a cent ans, le télégraphe électrique a rendu possibles — en fait, inévitables — les États Unis d'Amérique. Les satellites de télécommunication rendront aussi inévitables les Nations Unies de la Terre ; espérons que la période de transition ne sera pas aussi sanglante. »<br /> <br />Arthur C. Clarke, <em>First On The Moon</em>, épilogue (1970)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-electric-telegraph-made-possible-indeed%2C-inevitable-the-United-States-of-America#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/575 « La Terre avant les dinosaures » de Sébastien Steyer et Alain Bénéteau (ou : de l’ascension des tétrapodes du Dévonien au Secondaire, des sarcoptérygiens aux sauropsides et mammaliens)urn:md5:f347c74a610f959b2eb28349e1ab34a32009-04-12T20:12:00+02:002011-06-03T11:12:39+02:00ChristopheTemps et transformationsapocalypsecataclysmecatastrophecomplexitédinosauresdéveloppementeauexaptationexpertisegigantismegénéalogiegéologiemythemèmeorganisationtempsténacitévolcansécologieéonsévolution<p>Commençons par le principal reproche à faire à ce livre par ailleurs très intéressant : le titre est une escroquerie. Celui qui, alléché par le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">docu-fiction de la BBC qui m’avait enthousiasmé</a> cherche à retrouver les araignées géantes et les évolutions climatiques en sera en parti pour ses frais. Il est clair d’entrée que l’auteur ne s'intéresse guère qu’à nos ancêtres, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tetrapoda">tétrapodes</a>.</p> <p>Nous sommes des tétrapodes, au même titre que les crapauds, les tortues, les poulets, les diplodocus, et les héritiers de quelques animaux à l’air ichtyen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-1" id="rev-pnote-549-1">1</a>]</sup> et d’une invention géniale : les papattes !</p>
<h3>Exaptation</h3>
<p>Contrairement aux idées reçues, et à ce que je lisais dans les livres de ma jeunesse, les pattes ne sont pas apparues comme conséquence d’une sortie des eaux d’un poisson aux nageoires charnues (type <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cœlacanthe">cœlacanthe</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-2" id="rev-pnote-549-2">2</a>]</sup>) mais bien dans l’eau avec une fonction marine dans des milieux côtiers (stabilisation, pagaie...), <em>puis</em> ont été détournées comme pattes par les tétrapodes.</p>
<p>De même, le poumon a peut-être d’abord servi de stabilisateur (sinon pourquoi des poissons en auraient-ils eu besoin ?) avant d’acquérir une fonction respiratoire. Les poissons à poumons existent encore (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dipnoi">dipneustes</a>), ou bien se débrouillent très bien pour bouger avec de simples nageoires (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Periophthalmus">poissons grenouilles</a>).</p>
<p>Ce bricolage évolutif, où un organe est détourné pour une autre fonction se nomme <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?tag/exaptation">exaptation</a>, et j’adore ce mot. Autres exemples : les plumes apparues chez certains dinosaures comme isolant thermique, puis utilisées pour faciliter le vol (lequel vol est possible sans plumes : <em>cf</em> les animaux planeurs, les chauves-souris ou les <a href="http://www.dinosoria.com/volant_general.htm">ptérosaures</a>) ; ou le sixième doigt du panda qui est un os du poignet déformé.</p>
<h3>La sortie des eaux</h3>
<p>Dans les livres de ma jeunesse (et même de celle de mes grands-parents...) le cheminement de « la sortie des eaux » était clair, je me souviens des images : dans un monde désertique livré à la sécheresse, un poisson « costaud des nageoires » et, coup de chance, doté d’un poumon, errait de flaque en flaque. Sélection naturelle aidant, les nageoires sont devenues des pattes et le règne des tétrapodes commençait. Certains ne restèrent que batraciens ; d’autres inventèrent l’œuf pour pondre loin de l’eau et devinrent reptiles, dont certains devinrent mammaliens puis mammifères, etc.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Devonien/Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Ichthyostega_BW_d_apresAhlberg2005_ArthurWeasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ichtyostega, un des premiers tétrapodes au Dévonien. Dessin d’Arthur Weasley d’après une reconstitution d’Alhberg. Licence documentation libre GNU ; trouvé sur Wikipédia." />Ce livre dynamite le vieux mythe (déjà moisi depuis longtemps chez les paléontologues je suppose). D’une part, « la » sortie des eaux est illusoire, puisque le phénomène a eu lieu de nombreuses fois : quand, au Dévonien, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">Ichtyosthega</a>, pourtant loin d’être le premier tétrapode, se déplaçait comme un phoque sur les berges des fleuves où il passait son temps, la végétation avait déjà atteint une forme aussi complète qu’à présent, et les arthropodes (scorpions, mille-pattes métriques, et des crustacés occupés à devenir des insectes, tous au format géant) se répandaient déjà.</p>
<p>À l’Ère suivante, au Carbonifère, toute cette diversité explose, et pas seulement celle des tétrapodes cantonnés aux environnements marins. Certains d’ailleurs retourneront complètement dans l’eau, éventuellement en y perdant leur pattes (et ce ne sont pas les ancêtres des serpents). De manière générale, ce livre rend plus clair que les taxons actuels que nous connaissons (reptiles, batraciens, mammifères, dinosaures dont les oiseaux) ne sont qu’une infime partie de ce que les tétrapodes ont pu créer. Des embranchements entiers ont disparu au fur et à mesure des crises écologiques ou plus simplement de la bataille pour la vie.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/animaux/Permien/Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" alt="Diplocaulus_BW_Arthur_Weasley_licenceGNU_320.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Diplocaulus, un léponspondyle du Permien. Dessin d’Arthur Weasley. Licence documentation libre GNU, trouvé sur Wikipédia." />Le passage sur la lutte entre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temnospondyli">temnospondyles</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lepospondyli">lépospondyles</a> paraîtra un peu oiseuse au non-spécialiste, ainsi que la question de savoir comment se rattachent à l’arbre de la vie les « lissamphibiens » (grenouilles, salamandres, anoures, etc.). Ces derniers ont en fait tellement évolué depuis le Carbonifère que les spécialistes s’étripent encore sur leur arbre généalogique.</p>
<h3>Régulation</h3>
<p>Un long passage détaille les mécanismes de formation des doigts. Selon le bon (et faux) vieux proverbe « <a href="http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/outil_bleu12.htm">l’ontogénie résume la philogénie</a> », on peut l’observer sur les fœtus de poulet ou de souris. Il s’agit bien d’une innovation complète propre aux tétrapodes et pas d’une exaptation. On sera surpris d’apprendre que le nombre de cinq doigts n’a pas vraiment de « justification » ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Acanthostega">Acanthosthega</a></em> en avait huit !</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur les gènes de régulation de la croissance : autant que les gènes eux-mêmes, la manière dont ils s’expriment mène à des animaux très différents. Nos gènes de régulation sont fort voisins de ceux de la mouche !</p>
<h3>La crise</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">La crise du Permien</a> fait l’objet d’un chapitre. L’auteur ne tranche pas entre les hypothèses, qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement : régression océanique, volcanisme massif, météorite tueuse... Le résultat, je le rappelle, fut une extinction massive d’espèces bien pire que la crise suivante (celle qui a été fatale aux médiatiques dinosaures).</p>
<p>Qui dit extinction massive dit niches écologiques à remplir, et radiation évolutive. L’auteur insiste bien sur le fait que les espèces qui profitent de la crise existaient en général <em>avant</em>, mais étaient concurrencées par les genres dominants : la plus grande partie de l’existence des mammifères (héritiers du dimétrodon) s’est déroulée à l’ombre des dinosaures.</p>
<h3>Bref</h3>
<p>À part la faute du titre trompeur, on obtient là un bel exemple de ce qu’est la paléontologie, et une belle leçon d’évolution. Il faut aimer (ou au moins accepter de) engranger quelques termes « techniques » : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarcopterygii">sarcoptérygiens</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#pnote-549-3" id="rev-pnote-549-3">3</a>]</sup>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Amniote">amniotes</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Synapside">synapsides</a>... (Ces trois termes, difficiles à recaser lors d’un dîner, nous désignent tous, ainsi que le chat du voisin ou un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dimetrodon">dimetrodon</a>.) Celui prêt à fournir l’effort se fera plaisir, et enrichira sa culture après avoir oublié beaucoup de termes ; celui doté de la ténacité intellectuelle d’un George Bush regardera les images et les légendes. Le livre ne conviendra <em>pas</em> à un enfant (à moins que vous ne pensiez qu’il ne soit la réincarnation du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>.)</p>
<p>L’auteur se met lui-même en situation et décrit son travail de paléontologue : fouilles sous le soleil de plomb du désert nigérien, analyse de fossiles aux rayons X, simulation numérique de contraintes sur les os, etc.</p>
<p>Sur la forme, la réalisation est parfaite, notamment avec les rabats de couverture reprenant l’un l’arbre phylogénétique des bestioles décrites dans le livre (et l’on voit que les mammifères sont notés tout en bas au bout d’une sous-sous-sous-branche), et l’autre la liste des périodes géologiques impliquées (car si le commun des mortels sait que le Jurassique et le Crétacé sont l’âge des dinosaures, il a plus de mal à situer le Carbonifère et le Dévonien, et j’avais de gros doutes sur la situation du Frasnien et du Famennien).</p>
<p>Les illustrations de <a href="http://www.paleospot.com/">Alain Bénéteau</a> sont superbes et réalistes. J’aurais tendance à regretter qu’elles « lissent » un peu les différences de représentations qu’auraient pû donner plusieurs artistes, mais je pinaille. (<a href="http://www.paleospot.com/pdf/promo_dinos.pdf">Voir le PDF de présentation pour un échantillon.</a>)</p>
<p><strong><a href="http://www.paleospot.com/actualite.php?actu=19">NB pour les Parisiens : les auteurs dédicacent chez Gibert samedi prochain !</a></strong></p>
<p><img src="http://www.paleospot.com/image_une/Projet_paleospot_promo.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-1" id="pnote-549-1">1</a>] <em>Ça sonne mieux que « poissonneux ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-2" id="pnote-549-2">2</a>] <em>Vous saviez qu’un cœlocanthe avait plus en commun avec vous qu’avec un requin ou une truite ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#rev-pnote-549-3" id="pnote-549-3">3</a>] <em>Aucun rapport avec Celui-qui-ne-peut-être-nommé-sans-finir-dans-les-fichiers-des-Renseignements-Généraux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-S%C3%A9bastien-Steyer-et-Alain-B%C3%A9neteau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/549« Atlas de Paris, évolution d’un paysage urbain » de Danielle Chadych & Dominique Leborgneurn:md5:514e2c3417b2cd0e7e8adc56743f14732009-04-07T00:00:00+02:002011-06-03T08:40:53+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAntiquitécartesdéveloppementGauloisHistoire de Francelivres lusMoyen ÂgeorganisationParistempsévolution<p>Non, cet <em>Atlas de Paris</em> n’est pas un énième guide touristique avec rues et adresses des musées et restaurants, mais d’un bon résumé de l’histoire de la Capitale, des Gaulois à Delanoë. Il y a plein de cartes et j’aime ça.</p> <h3>Les traces du passé</h3>
<p>Le plan de la capitale, et bien des noms de lieux ou de rues archi-connus, prennent tout leur sens à la lumière de l’histoire du développement. Le plus flagrant est l’influence des différentes lignes de fortifications encore visibles dans le paysage : c’est évident pour le périphérique (ancienne enceinte de Thiers, au XIXè), très net pour les Boulevards des Maréchaux (qui longent cette même ancienne enceinte), ou les boulevards plus intérieurs qui ont remplacé les murailles de Philippe Auguste puis Charles V. Certaines rues un peu biscornues tout près du périphérique proviennent des limites d’anciens bastions. À l’inverse, il reste assez peu de marques évidentes de l’enceinte des Fermiers généraux (fin du XVIIIè).</p>
<p>Cette évolution concentrique, chaque enceinte se retrouvant débordée par le développement des faubourgs, est une constante de l’histoire parisienne. Je ne verrai plus les Champs-Élysées avec le même œil : anciennement c’était juste une grande allée en forêt à la sortie des Tuileries. D’autres pans entiers de la ville viennent de lotissements massifs sous François Ier, Richelieu, etc.</p>
<p>De nombreux quartiers ont été modelés par des bâtiments aujourd’hui disparus, par exemple le quartier du Temple (bâti autour de la gigantesque commanderie des Templiers... en banlieue sous Philippe Auguste).</p>
<p>Je suis resté rêveur devant le plan de Paris... sans Paris, avec les altitudes, et l’ancien méandre de la Seine : on fait vite le lien avec les zones inondables. Ou celui des toutes premières rues : <del>Paris</del> Lutèce au début de notre ère, c’était la Cité, les rues Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin rive droite, plus trois rues dans l’actuel Quartier Latin rive gauche ; l’axe historique Saint-Jacques-Saint Denis étant <del>l’antique</del> la protohistorique route des Pyrénées au Rhin. L’île de la Cité a une histoire mouvementée également, puisque c’est le cœur de Lutèce, et longtemps le passage obligé pour traverser la Seine.</p>
<p>J’ai bien aimé l’histoire des ponts : montés souvent par des entrepreneurs privés qui voulaient rentabiliser, ils étaient garnis de maisons. À l’heure où l’on apprécie la disparition des frontières grâce à l’Europe, on oublie que franchir la Seine fut très longtemps soumis à péage...</p>
<p>Certaines peintures ou photographies reproduites dans le livre (dont une bonne partie du Musée Carnavalet, après tout dédié à la ville ; il faudra que j’y fasse un tour...) semblent surréalistes par l’impression bucolique qui en ressort ! La plus fascinante ouvre même le livre : une vue en ballon depuis l’observatoire en 1855 : la couronne des arrondissements extérieurs (en gros, entre l’enceinte des Fermiers généraux et celle de Thiers ) tient plus du village clairsemé que de la mégalopole !</p>
<p>Et au fil des pages tombent les petites perles de savoir : une rue se « perce », et effectivement c’est parfois comme creuser un tunnel ; les passages couverts attiraient magasin et clients plus que les rues habituelles... car il n’y avait simplement pas de trottoir dans les rues jusque tard dans le XIXè ; les guinguettes hors les murs n’étaient pas seulement conviviales, mais aussi bon marché car les marchandises importées dans Paris étaient soumises à l’octroi (les enceintes étaient aussi, sinon surtout, fiscales !) ; le premier rond-point de l’histoire fut aussi le plus grand (la Place de l’Étoile en 1907) ; etc.</p>
<h3>Deux petits regrets</h3>
<ul>
<li>Il n’y a pas de carte détaillée du Paris actuel, et il faudra se munir d’un plan (celui pour touriste en 30 pages avec index des rues suffira) pour voir le tracé de toutes les rues évoquées et les visualiser l’agencement ; cependant la plupart des cartes portent en surimpression les tracés actuels.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas un mot sur la Tour Eiffel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#pnote-532-1" id="rev-pnote-532-1">1</a>]</sup> ! Mais soyons honnête : du point urbanistique, elle n’a rien changé, ayant été plantée sur un terrain de l’École militaire à un moment où la ville avait quasiment atteint son expansion actuelle.</li>
</ul>
<h3>Bref</h3>
<p>Un ouvrage indispensable pour les Parisiens, et très intéressant pour les autres.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#rev-pnote-532-1" id="pnote-532-1">1</a>] <em>Là je fais mon provincial...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/02/Atlas-de-paris#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/532Stupidité, incompétence, malice, malveillance : variations sur un proverbeurn:md5:0019a615d82e9cc4132ace00fd915b842009-03-22T00:00:00+00:002018-06-16T13:27:03+00:00ChristopheCitationsbon senscynismedysfonctionnemententropiehiérarchieintelligenceorganisationouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprise de têtepsychologiethéorieéconomie<p>Il y a des citations que j’adore parce que :</p>
<ol>
<li>elles donnent une explication simple et fondamentale du monde ;</li>
<li>elles peuvent se décliner à l’infini.</li>
</ol> <p>En l’occurence :</p>
<blockquote><p>Never attribute to malice that which can be adequately explained by stupidity.</p></blockquote>
<p>Celle-ci a de plus l’émoustillante faculté d’être vicieuse à traduire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. « Malice » est un faux ami, ou plutôt dont le sens original s’est émoussé par rapport à l’américain<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ce qui donne plutôt :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui peut s’expliquer par la stupidité.</p></blockquote>
<p>C’est un de mes mantras, une des manières que j’ai de ne pas devenir paranoïaque dans ce monde malgré les apparences<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hanlon's_razor" hreflang="en">Sur le web anglosaxon, on appelle cela le « rasoir d’Hanlon »</a>, en référence au rasoir d’Occam qui veut que l’explication la plus simple est celle à privilégier. Que chaque humain soit fondamentalement apparemment un imbécile, au moins une partie du temps, explique à mon avis mieux le monde qu’une flopée de conspirations toutes plus démoniaques et tentaculaires les unes que les autres.</p>
<p>(En fait, toujours d’après les sources difficilement vérifiables de Wikipédia, la version originale serait du grand Robert Anson Heinlein<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>You have attributed conditions to villainy that simply result from stupidity.<br /> <br /><em>Robert A. Heinlein</em>, Logic of Empire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup><em>, 1941</em></p></blockquote>
<p>La déformation du nom semble évidente. )</p>
<p>Évidemment, la stupidité de son prochain n’est pas forcément la bonne explication. Et ce qui peut sembler stupide est peut-être plus pertinent quand on y réfléchit ou depuis un autre point de vue :</p>
<blockquote><p>Don’t assign to stupidity what might be due to ignorance. And try not to assume your opponent is the ignorant one — until you can show it isn’t you.<br /> <br />N’attribuez pas à de la stupidité ce qui peut n’être que de l’ignorance. Et essayez de ne pas supposer que votre adversaire est l’ignorant — à moins que vous ne puissiez montrer que ce n’est pas vous.<br /> <br /><em>M. L. Plano Joao Miranda</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Napoléon aurait, paraît-il, exprimé une version moins cruelle qui distingue la stupidité intrinsèque et celle que chacun manifeste hors de son domaine précis ou par manque de formation (je donnerais cher pour trouver la source réelle de cette phrase que je trouve essentiellement chez les Anglo-saxons !) :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence.<br /> <br /><em>Napoléon Bonaparte</em></p></blockquote>
<p>J’adopte pour ma part une autre version étendue (je ne sais plus où je l’ai lue), qui me sert quasiment tous les jours dans le monde du travail, et doit être à peu près universellement applicable :</p>
<blockquote><p>N’attribuez pas à la malveillance ce qui n’est qu’incompétence.<br />N’attribuez pas à l’incompétence ce qui n’est que réduction de budget. <br />N’attribuez pas à une réduction de budget ce qui n’est que mauvaise organisation.</p></blockquote>
<p>Les deux concepts (stupidité et malveillance) se rejoignent dans une version très inspirée par <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe">la loi de Clarke dont j’ai déjà fait mon miel</a>, quelqu’un a nommé ça la « Loi de Grey ».</p>
<blockquote><p>Any sufficiently advanced incompetence is indistinguishable from malice.<br /> <br />Toute incompétence assez avancée est indiscernable de la malveillance.</p></blockquote>
<p>(Ce qui rejoint la sagesse populaire quand elle s’exclame : « Il devrait être interdit d’être aussi con ! ») Et c’est cette fusion des deux concepts qui à mon avis rend les gens paranoïaques quand les choses sont pas ou mal faites. Je ne développerai pas ici les concepts de négligence criminelle, non-assistance à personne en danger, développement de Vista...</p>
<p>Le XXè siècle finissant et le XXIè vagissant ont même froidement théorisé ce comportement, et en sont arrivés à cette explication fondamentale de notre époque qui en revient au thème de la paranoïa, mais dans un sens totalitaire (« totalitaire » dans le sens où on ne vous en veut pas <em>personnellement</em> ni pour ce que vous pouvez faire, mais vous en serez victime quand même <em>car le système est comme ça</em>) :</p>
<blockquote><p>Never ascribe to malice what can be explained by business sense.<br /> <br />N’attribuez jamais à la malveillance ce qui n’est que sens du commerce.</p></blockquote>
<p>(Pour la traduction exacte, j’hésite.) Ce qui peut se décliner sous deux formes :</p>
<ul>
<li>les horreurs genre DRM, verrouillage du marché qui ne sont qu’une forme particulièrement raffinée d’égoïsme et de parasitisme ;</li>
<li>l’organisation interne de certains grandes structures (centres d’appel, administration à la soviétique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>, planification démentielle<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>...) qui vise à déresponsabiliser, supprimer toute initiative, que ce soit ouvertement (« tu lis ce qu’il y a sur l’écran, pas une syllabe de plus »), par contrainte (<a href="http://captaincapitalism.blogspot.com/2008/03/youre-not-team-player.html" hreflang="en">« Tu n’as pas l’esprit d’équipe ! »</a>) ou par inertie involontaire (j’m’en-foutisme autoentretenu puisque les acteurs en sont aussi les premières victimes), ouverte (syndrome « surtout pas de vagues » qui pourrit les échelons administratifs de l’Éducation Nationale) ou carrément cynique (en laissant pourrir les situations et les réclamations ; les clients/administrés/patients/contribuables se lasseront bien un jour).</li>
</ul>
<p>Pour finir sur une note d’optimisme, l’argument principal contre toutes les paranoïas :</p>
<blockquote><p>Many journalists have fallen for the conspiracy theory of government. I do assure you that they would produce more accurate work if they adhered to the cock-up theory.<br /> <br /><em>Sir Bernard Ingham</em></p></blockquote>
<p>(Ça perd aussi à la traduction.)</p>
<p><strong>Note de 2017</strong> : Le <a href="http://quoteinvestigator.com/2016/12/30/not-malice/">Quote Investigator s’est penché sur le sujet</a>. Comme beaucoup de citations, on la retrouve régulièrement sous différentes formes et différentes plumes depuis deux siècles et demi, et la version de Napoléon semble apocryphe. L’auteur de la version actuelle serait bien Robert J. Hanlon.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Oui, ça me plaît. C’est un signe que les langues ne sont pas neutres, pas équivalentes, qu’elles modèlent en conséquence notre vision du monde, et je me sens un peu supérieur d’en maîtriser trois.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Je ne dis pas l’anglais. Ce sont les </em>States<em> qui donnent le ton et par eux que cette langue s’est imposée — plus ou moins massacrée sous sa forme de </em>globish<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Parce que franchement, quand on voit George Bush, la destruction de l’Éducation Nationale depuis trois décennies, ou l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/02/27/Black-out">HADOPI</a>, il y a de quoi se demander si une nouvelle Révolution ne serait pas nécessaire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Heinlein">Auteur de SF fondateur et essentiel</a> dont l’essentiel de la production <del>peut</del> devrait être donnée en pâture à tout gamin de 10 ans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Une nouvelle sur l’esclavage de fait inévitable dans une colonie, c’est dans le premier tome de son </em>Histoire du futur<em>, toujours plaisante à lire bien qu’à présent très datée. </em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Ne me demandez qui est cet inconnu, une recherche superficielle sur son nom ne renvoie que cette citation, et je ne parle pas portugais pour creuser plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Les Soviétiques n’étaient que le </em>summum<em> mais l’inertie bureaucratique est consubstantielle à toute grosse organisation, publique ou privée, centralisée ou pas.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Dans notre civilisation, c’est du genre : on pose la date d’abord, on réfléchit à la planification ensuite, accessoirement aux moyens, et si on a le temps à ce qu’on veut vraiment faire. Ou encore : on fixe une marge, on en déduit le prix, on regarde ce qu’on peut refourguer au client avec ce qui reste de budget, et on ne parle même pas de l’ouvrier-esclave chinois ou vietnamien. Sous Staline, on fixait des objectifs, on tuait quelques milliers d’esclaves pour les tenir, finalement on inventait les chiffres.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/54APRILurn:md5:d1f7160be7664856da9131b8aab263112009-03-07T12:09:00+01:002010-10-18T17:46:41+02:00ChristopheInformatique militante et technologieanticonsumérismedémocratieinformatiquelibertéLinuxlobbyslogiciel libreoptimismeorganisationpolitiquerésolutionssolidaritévaleuréconomie <p><strong>Facteur déclenchant</strong> : <a href="http://www.ubuntu-fr.org/april">L’appel d’Ubuntu-Fr</a></p>
<p><strong>Facteurs non déclenchants mais importants</strong> : HADOPI ; l’<a href="http://standblog.org/blog/post/2008/11/12/La-campagne-d-adhesion-de-l-APRIL">appel de Tristan Nitot</a>.</p>
<p><strong>Raison fondamentale</strong> : Parce qu’avant de vous recevoir, un ministre vous demande « combien êtes-vous ? ».</p>
<p><strong>Illusions</strong> : Aucune, mais ça ne peut pas faire de mal. Et qui sait ?</p>
<p><img src="http://www.april.org/files/images/banniere_campagne-adhesion-objectif-5000-adherents.png" alt="Objectif 5000 adhérents pour l’APRIL" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p><a href="http://www.april.org/adherer?referent=Christophe+Courtois"><img src="http://www.april.org/files/association/documents/bannieres/adherer_april.png" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><img src="http://media.laquadrature.net/Quadrature_black-out_HADOPI_234x60px.gif" alt="HADOPI - Le Net en France : black-out" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/01/April#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/540Dilemme matutinal : résolutionurn:md5:913c9dba29a716c30a69894756612a082009-02-17T00:00:00+01:002009-04-13T20:49:24+02:00ChristopheFragile planètemicroéconomieorganisationparadoxepollutionsantétempsécologieénergie<p>En sep­tem­bre 2007 j’avais fait part <del>au monde</del> à mes cinq lec­teurs <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/11/409-dilemme-matutinal">de mon angoisse de salle de bain quo­ti­dienne</a> : me met­tre plein d’ondes dans le crâne avec le rasoir élec­tri­que bruyant à éner­gie nucléaire, ou me cou­per ou pol­luer avec le rasoir méca­ni­que au résul­tat plus long mais plus agréa­ble ?</p> <p>Il sem­ble que je sois en voie de résou­dre le dilemme, et fina­le­ment c’est <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/11/409-dilemme-matutinal#c622">la sug­ges­tion de vin­cent</a>, reprise par l’avis de col­lè­gues, et ren­for­cée par des essais (« allez vas-y, ça coûte pas grand-chose d’essayer ») qui l’emporte : rasoir méca­ni­que + eau chaude. Pas désa­gréa­ble, pas long (on y gagne la ges­tion de la mousse !), et fina­le­ment pas si dan­ge­reux.</p>
<p>Le résul­tat doit sans doute beau­coup à l’acqui­si­tion récente d’un de ces rasoirs mul­ti­la­mes de finesse monoa­to­mi­que.</p>
<p>On va voir le résul­tat après un peu d’habi­tude mais je suis con­fiant.</p>
<p><strong>Mise à jour, deux mois après</strong> : La méthode est défi­ni­ti­ve­ment adop­tée.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/15/Dilemme-matutinal-%3A-r%C3%A9solution#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/535« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493« On fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres... »urn:md5:27a0cb41bb5b8bd3d2fc47ef21ce980a2008-07-29T21:18:00+00:002011-06-01T13:11:34+00:00ChristopheScience et consciencecitationorganisationperspectivesciencethéorie <blockquote><p>« Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n'est une maison. »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Poincaré">Henri Poincaré</a>, <em><a href="http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?scihyp2">La science et l’hypothèse</a></em>, 9</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/29/528-on-fait-la-science-avec-des-faits-comme-une-maison-avec-des-pierres#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/470Du mail en entrepriseurn:md5:4058f6a6e170d838a65634617c59a0042008-06-25T21:56:00+00:002011-06-01T06:13:21+00:00ChristopheInformatique pratiquecitationcommunicationcoup bascourt termecynismeemmerdeurshiérarchiehowtoorganisationparanoïapolitiquepsychologietempstravailéconomie de l’attention<p>Quelques consignes pas toutes bonnes à suivre sur l’utilisation du courrier électronique et les manipulations sociologiques qu’il permet.</p> <p>Au milieu d’une <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078" hreflang="en">discussion de Slashdot sur la disparition de la politesse élémentaire dans les mails échangés en entreprise</a>, j’ai trouvé <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078&cid=22139946" hreflang="en">cette perle d’un certain Confuse</a>, que je m’en vais traduire/trahir/résumer et (forcément) commenter :</p>
<blockquote><p>« D’abord, inutile de chercher à changer les gens, c’est futile. <br /> <br />Ensuite, ne mettez jamais par écrit ce que vous ne voudriez pas dire devant un tribunal. Faites comme vous voulez au téléphone ou face-à-face, mais par écrit soyez la voix de la raison — vous ne savez pas qui lira. »</p></blockquote>
<p>La voix de la raison, effectivement.</p>
<blockquote><p>« Ignorez les courriers dont vous n’êtes qu’en copie (<em>CC:</em>). Si vous deviez le lire, vous seriez en destinataire (<em>To:</em>). Les courriers en copie “perdus” sont à mettre au compte du filtre anti-<em>spam</em>. Et plus vous ignorerez de mails, moins les gens supposeront que vous les lirez. »</p></blockquote>
<p>J’ai déjà vu cette ligne de défense en place, plus ou moins consciemment et innocemment, comme défense contre l’avalanche de courriers. Trier automatiquement les courriers <em>CC:</em> vers un autre répertoire soulage la boîte aux lettres principale. J’ai aussi vu des responsables débordés devenus injoignables par mail — et donc de fait ignorés/contournés sauf lorsque perfidement on veut obtenir implicitement leur accord.</p>
<blockquote><p>« Si vous êtes destinataire, êtes-vous le seul ? Si non, et que ce mail contient des choses à faire, supposez qu’un autre destinataire s’en chargera : sinon ça n’aurait été adressé qu’à vous. Si vous ne pouvez éviter le travail, demandez une réunion de planification avec toutes les personnes présentes dans la discussion, éventuellement d’autres aux agendas non incompatibles. Cela repousse suffisamment le travail pour le rendre inutile. »</p></blockquote>
<p>Ne pas se précipiter sur du travail est un bon moyen de le voir disparaître spontanément (perte d’utilité, changement de priorité, nouvelle lubie du chef ou du <em>top management</em>). De là à le repousser délibérément... Parfois, attention, ce n’est que reculer pour mieux sauter, la <em>deadline</em> ne changeant pas (en général c’est même la seule chose fixe et précise, définie en premier avant toute analyse).</p>
<blockquote><p>« Ignorez les compte-rendus de réunion auxquelles vous n’étiez pas, ça n’est pas productif. Vous auriez été invité sinon. »</p></blockquote>
<p>Au risque de laisser passer d’importantes infos...</p>
<blockquote><p>« Tout cela semble brutal et ne devrait s’appliquer qu’à ce qui ne vous intéresse pas, mais marche bien dans la réalité. <br /> <br />À propos des citations sans fin dans les échanges de courrier, l’idéal est de ne jamais tout citer. Ne gardez que ce que à quoi vous répondez : les correspondants ne verront que ce que vous voudrez qu’ils voient, la plupart n’iront pas chercher l’original dans leur boîte. Réduisez le nombre de destinataires de vos réponses, cela multiplie les groupes avec différents niveaux d’information, ce qui est toujours utile en cas de recherche de coupable.<br /> <br />Évitez les mails courts si cela ne vous arrange pas directement. Présentez des options avec avantages et inconvénients. Commencez les mails avec un résumé à <em>votre</em> sauce avant de citer les mails suivants. Cela influencera ceux dont le délai d’attention ne sera pas d’entrée dépassé. »</p></blockquote>
<p>Personnellement, j’ai effectivement tendance à tartiner dans les mails. Mais je suis un pur produit de l’école française thèse/antithèse/[syn/fou]thèse. Je suis conscient qu’effectivement certains de mes correspondant font un <em>brain overflow</em> au-delà de quatre lignes de texte, mais bon, j’aurai fait mon devoir.</p>
<blockquote><p>« Pour se débarrasser de projets embarassants, impliquez les juristes, la sécurité, la qualité, des règlements et des lois : étonnament peu de gens sont prêts à mettre par écrit qu’ils ne veulent pas que les choses soient faites dans les règles. »</p></blockquote>
<p>Conclusion :</p>
<blockquote><p>« Ainsi, à moyen terme, vous aurez toute latitude pour ignorer les courriers que vous voudrez, et on hésitera à venir vous demander votre aide. Comme bénéfice secondaire, vous vous ferez une collection de courriers très prisés en cas de perquisition. »</p></blockquote>
<p>Si tout est loin d’être faux, et si chaque règle peut fournir une arme contre la saturation, les excès d’un chef ou de l’organisation dans son ensemble, il ne faut pas faire attention à en faire une règle et tomber dans le travers du très surfait <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonjour_paresse">Bonjour paresse</a></em>, vision totalement cynique restreinte aux services de support de grandes entreprises, où éviter le boulot et les jeux de politique mesquine peut devenir l’unique sport de gens totalement désabusés.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/25/504-du-mail-en-entreprise#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/449Clé primaire de substitution ou clé naturelle ?urn:md5:cec8a5af169ee8d6479b9342a79980de2008-05-28T22:30:00+00:002015-11-20T22:33:09+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementbase de donnéesdéveloppementexpertiseguerre sainteinformatiquemétainformationorganisationperspectiveprise de têtesignifiéthéorie<p>Même si vous n’êtes pas trop versé(e) dans l’informatique, le concept de « <strong>clé primaire</strong> » peut quand même vous avoir occasionné quelques maux au crâne - comme utilisateur ou comme victime.</p>
<p>Peut-être avez-vous professionnellement créé une petite base sous Access pour gérer Dieu sait quel fichier client, vous êtes demandé à quoi servait la « clé primaire », l’avez ignorée, puis avez redécouvert douloureusement certains des concepts de normalisation des données que les développeurs professionnels sont censés avoir appris en école.</p>
<p>Ou peut-être une administration ou une entreprise vous a-t-elle pris pour un(e) autre et adressé des colis ou des mises en demeure ?</p> <p><em>Caveat : Ce billet comporte une haute dose d’informatique non pratique mais, malgré les apparences, appliquée plus que théorique.</em></p>
<h3>Clé primaire : késaco ?</h3>
<p>Une « <strong>clé primaire</strong> » est ce qui <strong>identifie de manière <em>unique</em> une ligne</strong> (un enregistrement) dans une table de base de données (et de simples feuilles Excel ou papier peuvent être considérées comme des tables de base de données ; Oracle c’est pareil en plus lourd et plus gros).</p>
<p>Cette clé primaire n’est <strong>pas forcément obligatoire</strong> dans une table, cela dépend de ce que l’on en fait. Mais dès qu’il y a besoin de « joindre » deux tables (une liste de commandes ou de factures, avec une liste des clients par exemple), le besoin apparaît. Sur chaque facture ou commande, il faut pouvoir repérer le client pour aller récupérer son adresse par exemple. Pour chaque client il faut pouvoir repérer toutes les factures qui le concernent.</p>
<p>Le système le plus basique se contente de recopier toutes les informations demandées au client sur chaque facture à partir d’une précédente, ce qui devient très vite ingérable ; et même avant la création de l’informatique tout le monde avait son « fichier client » où chacun était identifié, avec nom, adresse(s), téléphone, etc.</p>
<p>La question devient alors est « <strong>quelles informations mets-je dans la commande ou la facture pour pouvoir retrouver la fiche client à coup sûr</strong> ? ». Cette information doit être <em>unique</em> (il ne faut pas confondre deux clients), et absolument <em>présente</em> (sinon on ne peut identifier le client et on ne peut relier une facture à un payeur !).</p>
<pre><strong>Présence et unicité</strong> : ce sont les caractéristiques d’une « clé primaire ». Dans notre exemple, c’est la clé primaire de la table des clients.</pre>
<p>Et les mêmes informations dans la facture sont une « clé étrangère » ; il peut y avoir d’autres clés étrangères, par exemple la liste des articles vendus qui pointe vers une table des articles, etc.</p>
<p>Donc sur chaque « fiche client » (chaque fiche papier de mon garagiste, chaque ligne de l’onglet « Clients » d’un classeur Excel, ou chaque ligne de la table <code>KNA1</code> de <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">SAP R/3</a>) existe cette « clé primaire », plus ou moins formalisée, plus ou moins cohérente.</p>
<p>Une clé peut porter sur plusieurs informations : elle peut se résumer à un « numéro » client (numéro FR67-002564), un identifiant arbitraire (identifiant 45896542), ou être composée de plusieurs « champs » : nom client + prénom + code postal + pays + adresse + téléphone + date de naissance.</p>
<h3>Deux formes</h3>
<p>Concrètement, cette clé peut prendre deux formes :</p>
<ul>
<li>La « <strong>clé naturelle</strong> » (en anglais : <em>natural key</em>, ou <em>meaninfull key</em>) est la plus intuitive : pour un client, si je prenais son état-civil ? Plus son adresse pour éviter de le confondre. <br /> <br />Plus intelligemment un identifiant alphanumérique, inventé ou existant préalablement. C’est votre numéro client auprès d’une entreprise, ou votre numéro de Sécurité Sociale. <br /> <br /><strong>La clé naturelle a un sens, elle est visible, parfois compréhensible.</strong></li>
</ul>
<ul>
<li>La « <strong>clé de substitution</strong> » ou « clé technique » ou « clé arbitraire » (<em>surrogate key</em> ou <em>meaningless key</em>) est masquée et arbitraire, c’est en général un numéro attribué par la machine à votre ligne dans la table des clients, aléatoirement ou séquentiellement. <br /> <br />Elle ne sortira pas de la machine. Elle n’a aucune signification en dehors des tables et des liens qu’elle permet de lier entre elles.</li>
</ul>
<p>Entre ces deux formes de clés, le débat fait rage depuis longtemps entre informaticiens, développeurs et administrateurs de bases de données, théoriciens et blogueurs, et constitue une des nombreuses guerres de religion informatiques. Des gens très sensés figurent des deux côtés, même si la clé arbitraire a tendance à l’emporter.</p>
<p>Dans ce qui suit, je me concentrerai d’abord sur des applications « classiques » genre ERP (beaucoup de petites transactions simultanées) et je terminerai par un mot sur d’autres contextes.</p>
<h3>Exemples réels</h3>
<p>Les deux principaux ERP de la planète (SAP R/3 et Oracle Applications) ont chacun opéré un choix différent. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">J’avais décrit ici en détail comment les choses se passent et pourquoi je préfère les clés de substitution comme dans Oracle</a>.</p>
<p>Oracle choisit l’identifiant arbitraire (en gros, un compteur incrémenté). Le numéro de client officiel, visible à l’écran, n’existe que dans la table dudit client. C’est l’identifiant masqué qui est copié dans les commandes, factures... pour garder le lien avec le client.</p>
<p>SAP R/3 a choisi la clé fonctionnelle. Le client est identifié par son mandant (<code>KNA1-MANDT</code>, une sorte d’identifiant de la base utilisée) et son numéro (<code>KNA1-KUNNR</code>), lequel numéro est visible à l’écran. La ligne de commande est identifiée par le mandant, le numéro de commande et le numéro de ligne de commande visibles sur l’écran.</p>
<p>SAP CRM, plus récent que R/3, est passé à des clés arbitraires.</p>
<p>Dans le cadre assez spécialisé de la gestion financière pour collectivité française, je pourrais aussi sortir deux exemples d’applications basées l’une sur les clés arbitraires, l’autre sur les clés fonctionnelles.</p>
<p>Bref, on trouve les deux cas dans la vie réelle.</p>
<h3>Exemples concrets pour le développeur</h3>
<p>Essayons d’afficher en SQL clients, lignes, échéances, articles d’une commande dans deux cas simplifiés. (Des exemples réels de SAP ou Oracle Applications seraient trop lourds, en anglais ou allemand, et je n’ai plus les bases sous la main).</p>
<ul>
<li><strong>Avec une clé naturelle</strong> :</li>
</ul>
<p>Les clés primaires sont basées sur un code entreprise (<code>business_num</code>) qui sépare fonctionnellement ce que les entreprises peuvent vendre ou acheter, et un code finissant par <code>_num</code>, visible par l’utilisateur (convention propre à l’exemple).</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong> COMMANDES.business_num, CLIENTS.nom, CLIENTS.adresse, COMMANDES.client_num, </code><br />
<code> COMMANDES.commande_num, </code><br />
<code> LIGNES_COMMANDES.ligne_num, LIGNES_COMMANDES.article_num, ARTICLES.description,</code><br />
<code> ECHEANCES.echeance_num, ECHEANCES.date_livraison, ECHEANCES.quantite </code><br />
<code><strong>FROM</strong> </code> <em>(tables)</em><br />
<code> CLIENTS, COMMANDES, LIGNES_COMMANDE, ARTICLES </code><br />
<br />
<code><strong>WHERE</strong> </code> <em>(jointures)</em><br />
<code> COMMANDES.client_num = CLIENTS.client_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> COMMANDES.business_num = CLIENT.business_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.commande_num = COMMANDES.commande_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.business_num = COMMANDES.business_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.business_num = LIGNES_COMMANDES.business_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.article_num = LIGNES_COMMANDES.article_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.business_num = LIGNES_COMMANDES.business_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.commande_num = LIGNES_COMMANDES.commande_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.ligne_num = LIGNES_COMMANDES.ligne_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ...</code> <em>(critères de filtrage divers)</em>
<code>;</code></p></blockquote>
<ul>
<li><strong>Avec une clé arbitraire</strong> :</li>
</ul>
<p>Chaque table a un seul identifiant qui par convention ici se termine par <code>_id</code>. Les <code>_num</code> ici ne sont que les champs <em>visibles</em> à l’écran, ils ne font pas partie de la clé primaire (même si des contraintes d’unicité sont en général placées dessus).</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong> BUSINESS.business_code, CLIENTS.nom, CLIENTS.adresse, COMMANDES.client_num, </code><br />
<code> COMMANDES.commande_num, </code><br />
<code> LIGNES_COMMANDES.ligne_num, LIGNES_COMMANDES.article_num, ARTICLES.description,</code><br />
<code> ECHEANCES.echeance_num, ECHEANCES.date_livraison, ECHEANCES.quantite </code><br />
<code><strong>FROM</strong> </code> <em>(tables)</em><br />
<code> BUSINESS, CLIENTS, COMMANDES, LIGNES_COMMANDE, ARTICLES </code><br />
<br />
<code><strong>WHERE</strong> </code> <em>(jointures)</em><br />
<code><strong>AND</strong> BUSINESS.business_id = COMMANDES.business_id</code>
<br />
<code><strong>AND</strong> COMMANDES.client_id = CLIENTS.client_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.commande_id = COMMANDES.commande_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.article_id = LIGNES_COMMANDES.article_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.ligne_id = LIGNES_COMMANDES.ligne_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ...</code> <em>(critères de filtrage divers)</em>
<code>;</code></p></blockquote>
<p>Quelles différences ?</p>
<ul>
<li>Les jointures sont plus courtes dans le second cas, avec un seul identifiant à joindre. <br />On objectera que le <code>business_num</code> est imposé artificiellement dans le premier cas... mais justement, il s’agit là d’un choix fonctionnel : dans deux <em>business</em> différents, les commandes peuvent avoir des numéros visibles identiques, ce qui impose de rajouter le <code>business_num</code> dans la clé primaire. Dans le second cas, les histoires d’unicité ou pas des commandes est une autre question, gérée à part et sans influence sur la clé primaire et la requête.</li>
<li>Dans le second cas, récupérer le code du <em>business</em> a nécessité de joindre la table <code>BUSINESS</code> en plus, car on n’avait que son <code>id</code> sous la main.</li>
</ul>
<p>De manière plus générale, du point de vue abstrait du DBA, le premier cas se contente d’informations déjà présentes dans les index, alors que le second implique l’accès aux données systématiquement.</p>
<h3>La clé naturelle (ou fonctionnelle)</h3>
<p>Si la clé naturelle n’a globalement pas ma faveur pour les raisons qui vont suivre, son utilisation ne relève tout de même pas du blasphème. <a href="http://asktom.oracle.com/pls/asktom/f?p=100:11:0::::P11_QUESTION_ID:390289200346900727" hreflang="en">Même mon gourou Tom Kyte reconnaît sa validité dans bien des cas</a>.</p>
<p>Cependant :</p>
<ul>
<li>D’une part, <strong>elle doit être effectivement unique</strong>, sinon les mécanismes de la base de données rejetteront impitoyablement tout doublon.</li>
</ul>
<ul>
<li>D’autre part <strong>elle ne doit pas changer</strong> ; sinon le code à écrire gonfle d’un coup en essayant de mettre à jour la clé primaire <em>et tous les endroits où elle est utilisée comme clé étrangère, </em>ie<em>, les endroits où elle est utilisée</em> ! Imaginez qu’un client change de numéro : il vous faut aller corriger toutes les factures depuis la nuit des temps... Dans l’exemple ci-dessus, changer le code <code>business_num</code> oblige à modifier les tables <code>COMMANDES</code>, <code>LIGNES_COMMANDES</code>, <code>ECHEANCES</code>… Cela a des impacts très lourds en terme de longueur du programme et de <em>bugs</em> supplémentaires (et de la pire race, puisque l’on touche à l’intégrité des données).</li>
</ul>
<p>Le simple nom d’un client ne peut être une clé primaire, à cause de l’homonymie. Par contre, les codes standardisés comme les codes de lieux INSEE, un code pays ISO... sont plus utilisables.</p>
<p>J’ai cité l’exemple farfelu d’une clé composée de nom client + prénom + code postal + pays + adresse + téléphone + date de naissance. Typiquement, une telle clé se retrouve dans des applications à l’historique chargé : au début on s’est contenté de l’état civil, puis on a distingué des homonymes avec l’adresse, y compris le téléphone, et quand deux personnes du même foyer partageant le même prénom sont apparues (cas réel récent dans ma belle-famille et dans ma généalogie à une époque où cela ne générait pas de problème informatique), la date de naissance a été rajoutée.</p>
<p>La probabilité est faible mais non nulle que l’application explose (ou plutôt sorte un message d’erreur ou confonde les deux personnes) si deux Dominique Martin nés le même jour emménagent ensemble. On rajoutera alors le sexe…</p>
<p>Rendez-vous bien compte du cauchemar que chaque amélioration a été pour le mainteneur de l’application : les nouvelles informations ont dû être copiées dans les tables préexistantes ; les factures, commandes, etc. contiennent à présent l’état-civil et les coordonnées complètes de chaque client !</p>
<p>Exemple plus réaliste dans des bases mieux fichues, celui de données à de nombreux niveaux : continent/pays/état ou région/département/canton/ville/rue : une clé primaire naturelle sur le dernier niveau comprendra six (6) champs, ce qui est lourd. D’un côté on peut accéder directement aux villes d’un continent entier. D’un autre côté, a-t-on besoin d’utiliser toute cette hiérarchie de niveaux d’un coup dans une application de type ERP ? Enfin, si le « continent » est typiquement l’abréviation « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Europe,_the_Middle_East_and_Africa" hreflang="en">EMEA</a> » et que la dernière lubie des <em>top managers</em> est de renommer cela en « Terre du Milieu », la modification doit se faire dans <em>toutes</em> les tables (avec un impact désastreux sur la fragmentation des index).</p>
<p>C’est bien ce dernier point qui pose problème : <strong>une modification de la clé naturelle</strong> (ajout d’un champ, format de chaîne...) <strong>doit se répercuter sur <em>toutes</em> les tables filles du système</strong> — et même sans hiérarchies profondes, elles peuvent être nombreuses : pensez au nombre de modules qui tournent autour d’un ERP de bonne taille comme SAP, Peoplesoft, Oracle Application... Un changement devient cauchemardesque.</p>
<p>On pourrait penser être à l’abri avec <strong>une clé encore fonctionnelle mais plus arbitraire</strong>, comme le numéro client visible (pas forcément numérique), le code de localisation INSEE, ou un numéro de Sécurité Sociale. Ce numéro n’est effectivement pas destiné à changer.</p>
<p>Il faut cependant se méfier de trois choses :</p>
<ul>
<li><strong>Un numéro client a fortement tendance à prendre une signification fonctionnelle</strong>, à contenir du sens ; par exemple les clients français ont un numéro qui commence par <code>FR</code> ; ou bien ceux supérieurs à <code>10000</code> concernent tel gamme de produits, etc. En soi ce n’est pas un problème, mais cela peut donner aux utilisateurs l’envie de <em>changer</em> un jour ce numéro pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la technique, parfois purement esthétiques ! (Et si vous êtes en SSII, le client a toujours raison !)<br /> <br />À l’inverse, une clé naturelle peut interdire certains changements à cause de mauvais choix initiaux. Dans l’exemple ci-dessus, les clients sont forcément séparés par leur <code>business_num</code> car on avait jugé au départ que les numéros de client devaient être séparés entre deux <em>business</em>... permettant deux numéros identiques pour deux <em>business</em>, mais interdisant ainsi que les clients traitent avec deux <em>business</em> à la fois, sauf à se trouver en double dans la base.</li>
<li>En cas de fusion de société ou de service, il y a des chances que ce numéro de client ou commande change ou soit agrandi.</li>
<li>Comme dans l’exemple ci-dessus, ce numéro client n’est souvent unique qu’associé à un numéro de société, de <em>business</em>, d’organisation... ce qui donne une clé composée sur au bas mot deux champs, comme dans l’exemple ci-dessus.</li>
</ul>
<p>Autre exemple de piège : <strong>le numéro de Sécurité Sociale</strong>, qui semble pourtant un parfait exemple de clé fonctionnelle immuable. Un numéro de Sécu <em>peut</em> changer (transexuels), n’existe pas pour tout le monde (enfants, étrangers...), et ne garantit pas l’unicité (cycle d’un siècle...).</p>
<p>Bref, <strong>une clé fonctionnelle ça se défend, SI on est certain qu’elle ne changera jamais !</strong>.</p>
<p>Et le concepteur du schéma de données doit se méfier : les spécifications changent quoi qu’en dise le commanditaire, et ce qui est unique et fixe un jour ne l’est plus le lendemain, forçant à des contorsions parfois immondes dans le programme...</p>
<p>De plus, <strong>une clé naturelle restreint naturellement le champ des valeurs à ce qui est fonctionnellement pertinent</strong>. Un code de Sécurité Sociale en clé primaire implique que vous ne pourrez pas stocker des numéros d’étrangers ou d’enfants sans magouille : le système devra créer un numéro spécial plus ou moins arbitraire. Alors que si la clé est différente et que le numéro de Sécu n’est qu’une information liée au client parmi d’autres, le champ peut être laissé vide et le reste de l’application tourner normalement (pourvu qu’il n’y ait pas un besoin réel dudit numéro). Si le besoin est réel, au moins le logiciel peut-il sauvegarder la ligne problématique, même invalide, ce qui n’est pas le cas s’il y a problème sur la clé fonctionnelle.</p>
<p>N’oublions pas les <strong>contraintes de performances et de place disque</strong> : une clé primaire doit être <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Index_(database)" hreflang="en">indexée</a> par la base de données. Pas de problème si la base est petite par rapport à la machine utilisée ou les clés simples. Cependant, une grosse clé composée comme dans certains exemples ci-dessus, répliquée dans toutes les autres tables qui y font référence, peut finir par coûter très cher en espace disque et en performances dans une grosse installation. Indexer et joindre sur du <code>VARCHAR(50)</code>, c’est un peu plus gourmand que du numérique pur.</p>
<p>Sur le principe, il est pour moi aberrant de répercuter les contraintes liées au <em>format</em> d’un numéro de facture (par exemple : « deux lettres et six chiffres », ce qui mènera à un <code>VARCHAR(6)</code>) à la manière dont les données sont jointes (<em>ie</em> les relations entre elles).</p>
<p>Enfin, <strong>les clés naturelles gèrent mal le problème de la suppression/recréation</strong> : la notion de « clé primaire garantissant l’identification d’une ligne » ne joue plus. Si je supprime la ligne <code>10</code> de la commande <code>FR52695A</code> et que je la récrée différemment ensuite, une autre table quelque part qui référençait cette commande (et qu’on a oubliée ou pas su vider) ne verra pas le changement, avec les conséquences que l’on imagine. L’interdiction complète de la réutilisation de membres de clés déjà utilisés ne passe pas forcément toujours auprès du client (et SAP autorise le gag ci-dessus, l’exemple est réel).<br />De même, les cas où un objet doit être créé et manipulé <em>avant</em> de recevoir son code définitif (numéro de facture impérativement incrémental sans trou par exemple) sont délicats à manipuler.</p>
<p>Je reviens sur un dernier cas où la clé fonctionnelle est pertinente : <strong>les codes <em>réellement</em> standardisés</strong>. Par exemple, les codes ISO pour des pays (<code>FR</code> pour la France...), la liste des codes des départements... Leur stabilité est garantie sur le long terme. Si un pays éclate, un autre code se crée (et il faut être conscient que le code pays dans une adresse est pour certaines régions fonction de la date… ).</p>
<h3>La clé de substitution (ou technique)</h3>
<p>Contrairement à la clé primaire fonctionnelle ou naturelle, <strong>une clé technique ne doit jamais être montrée à l’utilisateur final</strong>. Elle n’est même pas censée « sortir » de l’application. Elle n’a pas de sens, sa valeur n’intéresse personne, elle ne changera jamais.</p>
<p><strong>À première vue, cela paraît redondant</strong> avec un numéro de commande ou de client ou de Sécu que de toute façon il faudra bien créer (et indexer, et contraindre à l’unicité...).</p>
<p>Cependant :</p>
<ul>
<li>au contraire d’une clé primaire fonctionnelle, <strong>la valeur d’une clé technique n’est absolument pas influencée par une règle extérieure</strong> (fonctionnelle, légale, écrite ou pas) ;</li>
<li><strong>le numéro <em>visible</em> n’est plus qu’une donnée à un seul endroit, et peut à présent changer au gré des caprices du commanditaire final, sans conséquence sur la structure des données</strong> : on devra peut-être agrandir le champ dans un écran et rajouter des contrôles, mais l’intégrité des données n’est pas en danger ; changer ne force pas à mettre à jour toutes les tables qui référencent les clients (et elles peuvent être nombreuses !) car ces tables (commandes, factures...) utilisent l’identifiant abstrait. Le gain en facilité de maintenance vaut bien de gaspiller quelques octets.<br />Dans l’exemple ci-dessus, le changement du <code>business_code</code> pour faire plaisir à la lubie d’un chef ne nécessite qu’une modification dans la table <code>BUSINESS</code>. Une renumérotation des clients pour y rajouter le code du département se limite à <code>CLIENTS</code>. Renuméroter les numéros de lignes de commandes pour qu’ils se suivent ne pose plus de problème de cohérence. Etc.</li>
</ul>
<p><strong>Les requêtes créées sont également nettement plus simples à écrire</strong> par le développeur, il n’y a jamais qu’<em>un</em> champ à manier dans la clé primaire. On réduit le risque d’erreur (produit cartésien ou index ignoré par oubli d’une colonne de la clé, mauvais transtypage si on mélange les types de données dans une même clé...).</p>
<p>La clé technique a l’<strong>inconvénient du manque de lisibilité immédiate</strong> : le développeur lira <code>123456</code> alors que l’utilisateur parle de la commande <code>FR52695A</code>. Cela peut freiner d’un rien le débogage.</p>
<p>Cela peut rebuter aussi le non-informaticien volontaire qui bricole une base dans Access ; mais <a href="http://rapidapplicationdevelopment.blogspot.com/2007/08/in-case-youre-new-to-series-ive.html" hreflang="en">comme dit Lee Richardson</a>, un utilisateur n’a pas à fouiller dans la base de données plus qu’un passager ne bricole un moteur d’avion, et celui qui le fait doit apprendre à le faire comme un pro.</p>
<p>Une autre objection est la <strong>nécessité de joindre plus de tables qu’il ne serait nécessaire avec une clé fonctionnelle</strong> : si la clé naturelle comprend le numéro de commande, on trouvera ce numéro dans la table des commandes, mais aussi dans la table des lignes de commande. En consultant cette dernière, il n’y aura pas besoin de remonter jusqu’à la commande pour récupérer son numéro (ou tout autre élément de la clé). Cependant, il est rare que l’on ait besoin uniquement de la clé pour ne rien en faire par la suite, les jointures lignes-détails sont en fait quasi-systématiques.</p>
<p>Ce problème de jointures inutiles avec les clés techniques peut courir sur plusieurs niveaux de tables, comme fait remarquer <a href="http://jonathanlewis.wordpress.com/2006/12/29/meaningless-keys/" hreflang="en">un certain Jonathan Lewis</a>. Dans le cas où chaque niveau est en pratique souvent du 1-1 (une commande a une ligne qui a une ligne d’échéance qui a un lot), on se retrouve à joindre quatre tables ou plus sans gain réel.</p>
<p>Remarquons cependant que si le problème de performances est réel, rajouter une colonne indexée sur les tables inférieures (du genre <code>commande_id</code> au niveau des échéances) pour accélérer certaines requêtes est encore possible, la dénormalisation limitée étant acceptable au prix parfois d’un peu de maintenance (quand un lot est déplacé d’une commande à l’autre par exemple), bien inférieur à celui d’une clé fonctionnelle.</p>
<p>Certaines objections de DBA aux clés techniques portent sur des <strong>considérations assez ésotériques sur les index</strong>, et en fait dépendantes des implémentations actuelles des bases de données actuelles, Oracle en premier lieu. Mais de nos jours, le temps de développement ou de correction est plus élevé que celui du disque ou du processeur (ceci sans vouloir encourager le gaspillage de ressources à la Microsoft ou Business Objects), et les problèmes de performance sont de loin plus causés par des requêtes mal écrites que par des limitations de l’optimiseur des bases. Bref, <em>premature optimization is the root of all evil</em> comme disait Knuth.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p><strong>En place disque, la clé technique « coûte » apparemment un index en plus</strong> (c’est une clé primaire, il faut l’indexer, et les autres informations comme les numéros de client ou de commande visibles devront être indexées aussi pour faire des recherches). Mais cet index porte sur <em>une</em> colonne, au contraire des clés naturelles composées qui doivent être reprises intégralement dans les tables filles (voir l’exemple ci-dessus avec l’état civil complet dans la clé primaire).</p>
<p>Les bases de données modernes font des miracles, donc je ne m’aventurerais pas à porter des jugements sur les performances entre les deux types de clés dans des cas non dégénérés ; les erreurs d’implémentation en causent bien plus. J’ai juste remarqué que sur les tables d’Oracle Applications les index sur un peu toutes les colonnes étaient légions, et en ajouter était assez bien accepté par le DBA, alors que sous SAP les index semblaient des objets coûteux et dangereux à mettre en place. Question de mentalité ? J’ai aussi constaté que les « requêtes SQL de la mort » de trois pages étaient bien plus simples à écrire avec Oracle Applications, où tout est identifiant numérique simple, que sous SAP (mais cela tient aussi à la nullité de l’ABAP).</p>
<p>Dans l’exemple précédent de la ligne de commande supprimée et recréée, la clé de substitution permet de régler le problème : l’identifiant numérique (bêtement incrémenté ou aléatoire) est, lui, différent sur l’ancienne et la nouvelle lignes. On pourrait renuméroter toutes les commandes et leurs lignes que les programmes annexes retrouveraient leurs petits.</p>
<p>Accessoirement, la séquence qui génère la plupart des identifiants permet de repérer l’<strong>ordre chronologique d’insertion</strong> (c’est un effet de bord, <em>pas</em> une fonctionnalité !). On utilisera une séquence par table (les numéros s’y suivent alors, c’est plus lisible pour le développeur ; là encore c’est un effet de bord), et si possible en les initialisant avec des ordres de grandeur différents (organisations commençant à 10, clients à 1000, lignes de commandes à 100000...).</p>
<h3>Exemples extrêmes de clés techniques : GUID et ROWID</h3>
<p><strong>La plupart des applications basées sur des clés de substitution utilisent de bêtes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Séquence_(mathématiques)">séquences</a></strong>, <em>ie</em> un simple numéro incrémenté à chaque nouvelle utilisation. L’identifiant numérique (visible uniquement par le développeur rappelons-le) reste souvent « manipulable » (la ligne de commande <code>1999555</code> est liée à la commande <code>125666</code> pour le client <code>8836</code>).</p>
<p>J’ai vu sous SAP CRM des <strong>identifiants sous forme d’identifiant global</strong> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/GUID">GUID</a>, ou UUID si non lié à la machine), une suite hexadécimale de 32, 64, ou 128 bits, du genre de <code>42d38912-3c32-4ca1-965c-09edb910eb18</code>. <strong>Pour le développeur c’est un cauchemar</strong>, les chaînes sont trop longues pour être lisibles, si même elles tiennent à l’écran (et les outils de développement ABAP précambriens n’arrangeaient rien…).</p>
<p>Pourtant, les identifiants ne servent pas qu’à la base, mais aussi au développeur ou au support, et infliger un tel boulet à ce dernier, c’est mettre en danger la réactivité et donc la vie même de l’application (mais les <em>managers</em> qui sous-traitent tout en Inde imaginent que le problème disparaît automagiquement quand on considère le développeur comme une sorte de programme impersonnel).</p>
<p>Des détails et une discussion sont disponibles par exemple ici : <a href="http://www.codinghorror.com/blog/archives/000817.html" hreflang="en">http://www.codinghorror.com/blog/archives/000817.html</a>. Il y a des
utilisations justifiées (notamment pour des <strong>fusions de bases de données</strong>, ou la <strong>communication hors de la base</strong> avec des identifiants générés hors de celle-ci, et encore, il y a des moyens plus conviviaux pour générer ces clés) mais franchement, pour la plupart des applications, l’identifiant global est une bombe thermonucléaire pour écraser une mouche, voire un problème de performance potentiel (fragmentation d’index si les clés ne sont pas séquentielles, place en disque et mémoire d’une clé sur 16 octets au lieu de 4 ou 5...), voire pire (l’unicité est <em>très probablement</em> garantie, pas <em>absolument</em> comme avec une séquence classique). <strong>Il n’y a pas besoin d’unicité au-delà de la <em>table</em> pour une clé primaire !</strong></p>
<p>Plus grave car source inévitable de problèmes, il ne faut pas utiliser un identifiant <em>a priori</em> unique, le <strong>ROWID</strong> d’Oracle, que possède chaque ligne de cette base de données. Oui, il est bien unique (c’est ce dont se sert Oracle pour retrouver une ligne sur le disque dur !) mais... il change dès que le DBA décide d’une réorganisation physique, voire avant. La seule utilisation acceptable est transitoire (<em>au sein</em> d’une requête pour dédoublonner par exemple).</p>
<h3>Clés naturelles, ETL & <em>datawarehouse</em></h3>
<p>Les exemples ci-dessus se basent sur des programmes de type ERP, des applications de production où les données sont lues par petits paquets, modifiées en permanence, où les contraintes principales sont le nombre de transactions par seconde que peut encaisser le système et l’intégrité des données.</p>
<p>Dans un <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Entrepôt_de_données">datawarehouse (entrepôt de données)</a></em>, les contraintes sont différentes. Ces bases de données consolident, agrègent, croisent... ce qui vient de différentes applications « de production ». <strong>Les contraintes de performance se situent principalement au niveau de la lecture de gros volumes croisés dans tous les sens</strong>, par exemple des statistiques sur toutes les ventes des trois dernières années avec de savants calculs par géographie et classe d’âge des clients (alors que dans l’ERP on se préoccupait essentiellement des commandes encore ouvertes, en affichant surtout des listes).</p>
<p>Pour améliorer les performances pour de gros volumes, les tables d’un <em>datawarehouse</em> sont totalement dénormalisées (les données se répètent), et indexées à mort. Les mises à jour se font souvent ponctuellement par <em>batch</em> nocturne, en masse. Des outils dédiés (les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extract_Transform_Load">ETL</a>) sont utilisés. L’exploitation s’effectue <em>via</em> des outils spécialisés comme <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/03/05/451-l-abominable-bo">Business Objects</a> qui écrivent les requêtes, ce qui limite l’erreur humaine.</p>
<p><strong>Les contraintes et outils rendent caduques les raisons qui font le succès de la clé primaire technique sur une application de production</strong>. Les <em>datawarehouses</em> notamment ne manipulent pas réellement leurs données, ils se synchronisent brutalement avec les bases de production, on peut presque les considérer comme un cache des grosses requêtes statistiques que l’on effectuait autrefois sur la base source.</p>
<p>De plus et surtout, <strong>les données à croiser proviennent de nombreuses applications différentes</strong>. Celles-ci ne partagent <em>pas</em> les clés techniques qu’elles peuvent utiliser en interne : chaque outil a ses identifiants, l’<code>ID_ORDER</code> d’un logiciel n’est pas le même que le <code>COMMANDE_ID</code> du logiciel d’à côté. Partager ces clés techniques entre programmes n’aurait pas grand sens, les problèmes de synchronisation propres aux clés naturelles réapparaissant, à moins d’avoir la main sur toutes les applications en les considérant comme une seule et unique.</p>
<p>Même si en source on utilise des logiciels utilisant les clés techniques, on en arrive donc au concept de <strong>clé « alternative »</strong>, c’est-à-dire la clé qui est celle intuitive pour un humain : un numéro de commande, un numéro de client, un état civil, un numéro de Sécurité Sociale... avec les mêmes contraintes de présence et d’unicité réelle que l’on a pu évoquer plus haut pour les clés fonctionnelles, et que la clé technique arbitraire avait permis d’éviter.</p>
<p>C’est cette clé alternative qu’un <em>datawarehouse</em> utilisera comme clé pour ses tables. (<strong>Mise à jour</strong> : En fait il y a deux écoles. Mon maître à penser penche pour les clés fonctionnelles ; d’autres veulent recréer des clés techniques au sein même du <em>datawarehouse</em> car cela est nécessaire dans certains cas.) Elle existe d’ailleurs souvent déjà dans le système de production en plus de la clé technique, sous la forme d’un index supplémentaire. (<strong>Mise à jour</strong> : En fait, elle devrait quasiment toujours être là.) Au moins les <em>bugs</em> générés par des problèmes de clé mal gérée sur le <em>datawarehouse</em> sont-ils beaucoup moins graves puisque normalement on raisonne au niveau des statistiques, et pas sur un système de production destiné au fonctionnement quotidien de l’entreprise — en théorie...</p>
<h3>Bibliographie Web succinte</h3>
<p>Chez Robert Vollman (un DBA qui s’interroge) :<br />
<em><a href="http://thinkoracle.blogspot.com/2005/06/natural-vs-synthetic-keys.html" hreflang="en">Natural vs Synthetic keys</a></em></p>
<p>Chez Jonathan Lewis (un pro-clés naturelles pour des raisons très, trop techniques) :<br />
<em><a href="http://jonathanlewis.wordpress.com/2006/12/29/meaningless-keys/" hreflang="en">Meaningless keys</a></em></p>
<p>Chez Lee Richardson :
<em><a href="http://rapidapplicationdevelopment.blogspot.com/2007/08/in-case-youre-new-to-series-ive.html" hreflang="en">Surrogate vs Natural Primary Keys – Data Modeling Mistake 2 of 10</a></em>
(sur les pièges dans la création de clé primaire, et une bonne petite synthèse sur le débat <em>surrogate</em>/<em>natural</em>).</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Oui, ceci est un argument d’autorité.</p></div>
Les pièges dans le développementurn:md5:027397c82f7b17b77f214e2771de88882008-04-07T21:04:00+00:002014-02-26T14:06:23+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementan 2000apparencebase de donnéesbon sensbugchiffrescomplexitédommagedysfonctionnementgénéalogiegéographiehistoireinformatiquemathématiquesorganisationparadoxeparanoïaprise de têteprécisionsaturationsciencetempsthéorie<p>Quand les premiers programmeurs ont commencé à développer les premiers logiciels, ils se sont aperçu avec horreur qu’ils allaient perdre un temps effroyable en débogage : la belle rigueur mathématique qui enfanta l’informatique ne résista pas au choc avec la vie réelle, et plus concrètement à l’alimentation du bel ordinateur par des données mal foutues, non standardisées, parasitées, ou comprenant des situations tellement tordues que personne n’y avait pensé.</p> <p>Certaines situations exceptionnelles peuvent être prévisibles, mais arrivent une fois sur cent. Sans ordinateur, un être humain qui suit une procédure les remarque souvent spontanément, et adapte son comportement en conséquence.</p>
<p>Un ordinateur, lui, suit bêtement la règle, et l’applique dans des cas qu’un gamin de quatre ans trouverait débiles. D’où les classiques des débuts de l’informatisation administrative, comme les factures à 0,00 franc, ou les dossiers d’inscription à l’école envoyés à de vieilles dames de 106 ans. Les sociétés qui transforment des humains en téléopérateurs-perroquets assimilés à des machines sans initiative génèrent le même genre de bugs, juste avec de la viande en guise de matériel.</p>
<p>Je me méfie comme de la peste des spécifications écrites par des gens qui raisonnent « en règle générale » (à peu près la totalité de la population). Or, pour un développeur, il n’y a pas une règle générale et son 0,0001% d’exception, mais bien <em>deux</em> cas à traiter. Si le deuxième, exceptionnel, est renvoyé à un humain, cela me convient ; encore faut-il anticiper et détecter cette exception, prévenir cet humain, et donner à celui-ci le droit et le moyen matériel de passer « en manuel ». Notre civilisation pèche de plus en plus sur ce point.</p>
<p>Donc par déformation professionnelle, je <em>dois</em> devenir vicieux et mettre en doute les choses les mieux établies. Prenons quelques exemples. Demandez-vous si les règles suivantes sont <em>vraiment</em> universelles :</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années ont 365 jours.</strong></li>
</ul>
<p>Non, il y a les années bissextiles. Je sais, c’est facile. Mais il faut y penser réellement quand on calcule, par exemple, un taux annuel à partir de quantités journalières, et la formule devient subtilement plus compliquée qu’une bête multiplication. L’impact n’est pas négligeable (une journée de travail en plus, c’est 0,5% d’heures travaillées en plus sur l’année, et 5% en plus en février) et des comparaisons entre années doivent en tenir compte.</p>
<p>Cela fait aussi un cas à ajouter au jeu de test...</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 sont bissextiles.</strong></li>
</ul>
<p>Ça c’était au temps du calendrier julien. En calendrier grégorien, les années divisibles par 100 (1800, 1900...) ne sont <em>pas</em> bissextiles.</p>
<p>Pour les informaticiens versés dans les dates lointaines et étrangères, il faut faire attention : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Passage_au_calendrier_grégorien#Date_du_passage_au_calendrier_gr.C3.A9gorien_par_pays">selon les pays, le passage au calendrier actuel s’est étalé de 1582 à 1929</a>.</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 non divisibles par 100 sont bissextiles.</strong></li>
</ul>
<p>Depuis l’an 2000, on sait que non : par exception à l’exception qui veut que les années divisibles par 100 ne soient <em>pas</em> bissextiles, les années divisibles par 400 <em>sont</em> bissextiles. Il reste à espérer que les logiciels retouchés pour l’an 2000 ne l’ont pas été avec une simple exception pour 2000, sinon ceux encore en activité en 2400 nous sauteront à nouveau à la face.</p>
<ul>
<li><strong>Toutes les années divisibles par 4 non divisibles par 100 sont bissextiles, et aussi celles divisibles par 400.</strong></li>
</ul>
<p>Le 1er avril 1999, le site des éditions allemandes Heise annonçait la découverte de documents d’époque révélant que <a href="http://www.heise.de/newsticker/meldung/4387" hreflang="de">lors de la mise en place du calendrier grégorien et de la règle de la divisibilité par 100 ou 400, il avait été aussi précisé que les années divisibles par 1000 ne seraient pas non plus bissextiles, même si elles étaient divisibles par 400 (cas de l’an 2000), avec l’exception de 5è niveau des années divisibles par 4000, qui seraient bien bissextiles</a>.</p>
<p>Cette règle flanquait par terre une bonne partie du travail effectué pour corriger le bug de l’an 2000, et l’industrie entière a préféré prendre cette histoire comme un poisson plutôt que reprendre de zéro le travail. Je vous laisse vous faire votre avis. :-)</p>
<ul>
<li><strong>L’année commence en janvier et finit en décembre</strong>.</li>
</ul>
<p>Ne pensent cela que ceux qui n’ont pas travaillé avec des comptables. Les années fiscales et civiles n’ont pas forcément grand rapport, il y a un décalage de plusieurs mois.</p>
<ul>
<li><strong>Il y a 12 mois dans l’année (calendrier grégorien).</strong></li>
</ul>
<p>Pour le commun des mortels en Occident, oui.</p>
<p>Pour un système de gestion financière de collectivité locale française, il peut y en avoir 14 :</p>
<p>- les 12 mois habituels ;<br />- un pseudo-mois nommé par exemple « Décembre N-1 » rattaché à l’année N mais comprenant par exemple toutes les décisions prises à la fin de l’année civile antérieure (on vote en décembre le budget de l’année prochaine) ;<br />- un pseudo-mois « Journée complémentaire » qui regroupe toutes les opérations qui doivent être rattachées à cette même année N, mais qui pour des raisons pratiques sont effectuées en réalité au début de l’année suivante.</p>
<p>Pour une entreprise qui change sa référence d'année fiscale (par exemple de mars à mars au lieu de janvier à janvier), une année de transition est démesurément longue ou raccourcie.</p>
<p>Je suis sûr qu’il y a dans le monde une flopée d’exemples d’astuces de ce genre propres à un métier, une administration, une entreprise, un service, qui flanquent en l’air nombre d’algorithmes un peu naïfs.</p>
<ul>
<li><strong>En Occident, les mois sont janvier, février, mars, avril...</strong></li>
</ul>
<p>J’ai des ancêtres nés en ventôse de l’an V de la République...</p>
<p>Un logiciel traitant de cadastres, de généalogie, d’actes juridiques... peut avoir besoin de ces données remontant à deux siècles. Le recalcul permanent en calendrier grégorien est source d’erreurs, et il vaut mieux aussi stocker la date originelle pour comparer avec les documents originaux. (Bon, soyons réaliste, un champ « commentaire » pourrait suffire en pratique.)</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a pas de 30 février ni de 31 juin.</strong></li>
</ul>
<p>Dans le calendrier grégorien occidental récent, non.</p>
<p>Dans un champ rempli par les utilisateurs, et non contrôlé, on peut avoir n’importe quoi.</p>
<p>L’exemple type est le « <a href="http://www.iherve.com/oracle/Forms_Apps_FF.htm" hreflang="en">flexfield</a> » d’Oracle Applications (l’ERP). En gros, c’est un champ optionnel avec filtre paramétrable qui s’ajoute aux champs habituels d’un écran, et que peut remplir l’utilisateur. L’endroit idéal pour stocker une information non prévue dans le logiciel original, par exemple un code, un texte... ou une date de départ ou d’arrivée ou de rappel ou de Dieu sait quoi.</p>
<p>J’ai vu cent fois le cas de dates totalement corrompues dans ces champs : la valeur est stockée dans une colonne dédiée prévue pour cela (genre <code>SEGMENT1</code>, <code>SEGMENT2</code>, ... <code>SEGMENT20</code>), qui est <em>forcément</em> une chaîne (type Oracle <code>VARCHAR2</code>). Si cela ne porte pas à conséquence pour stocker un nombre (sauf pour le symbole décimal), les ambiguïtés pour une date sont énormes :</p>
<p>- L’utilisateur peut remplir un peu n’importe quoi s’il est mal luné.<br />- Il n’est pas à l’abri d’une faute de frappe et on obtient une année 202.<br />- Le symbole de délimitation n’est pas clair.<br />- Si des Américains sont impliqués, il y a le risque de voir des dates au format MM/JJ/AAAA... (et le pire est que pour les jours inférieurs à 13, vous ne pourrez <em>pas</em> détecter une erreur.)<br />- Les années de champs remplis avant l’an 2000, voire après, risquent d’être sur deux chiffres.<br />- Si des données sont importées d’autres systèmes, ou écrites par un programme directement en base (ça se fait, sous Oracle Appli...), en contournant les filtres éventuellement en place pour éviter les cas précédents, un développeur imprudent risque de stocker dans le format par défaut de sa session, qui ne sera pas forcément celui prévu par une autre session (<code>DD/MM/YYYY</code> n’est pas la même chose que <code>DD-MON-RR HH24:MI:SS</code>). S’il n’y a pas ambiguïté pour un humain, l’ordinateur ne trouvera pas tout seul le bon format.</p>
<p>Une autre erreur est de caser les dates sous forme de chiffres (!). On peut donc tomber sur un <code>20051232</code> pour le 32 décembre 2005. Oui, ça peut arriver quand on fait des calculs sous forme <code>DateB = DateA + 1</code> comme il est si pratique avec un <em>vrai</em> champ DATE de base de données qui est fait pour ça, et que la routine de calcul est boguée.</p>
<p>Bref, je me méfie toujours des dates non stockées sous forme de champ de type <code>DATE</code> (et même : la faute de frappe qui oublie un chiffre à l’année reste possible si l’interface humaine n’est pas blindée...).</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a pas eu <em>réellement</em> de 30 février (bis).</strong></li>
</ul>
<p>Oui, moi aussi je l’ai cru.</p>
<p>Dans leur chaotique transition au calendrier grégorien au XVIIIè siècle, les Suédois ont réussi à créer un 30 février. Un calendrier révolutionnaire soviétique rapidement abandonné aurait eu des mois de 30 jours. Dans des modèles mathématiques, on arrondit parfois les mois à 30 jours (mais peut-on encore les nommer avec les noms habituels auxquels ils ne correspondent plus ?).</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/30_février">Voir l’article de Wikipédia pour les détails</a>.</p>
<p>(<strong>Ajout du 1er janvier 2012</strong>) Et puis tant qu’on y est dans les bizarreries : les Samoa, ayant changé deux fois de fuseau horaire et franchi deux fois la ligne de changement de date, ont eu deux 4 juillet 1892, mais pas de 30 décembre 2011. Ce genre de bizarrerie disparaît si toutes les dates sont stockées et calculées en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_universel">Temps universel</a>, mais quel développeur en prend la peine dans les applications où les fuseaux horaires ne jouent habituellement pas ?</p>
<ul>
<li><strong>Il y a 52 semaines dans une année.</strong></li>
</ul>
<p>Comme il y a bien <em>toujours</em> sept jours dans la semaine depuis des temps immémoriaux, et en laissant de côté les cas des années de transition entre les calendriers julien et grégorien, on peut calculer qu’il y a
365/7= 52,14 semaines dans l’année. Donc le 31 décembre peut tomber dans un début de 53è semaine. Quoi qu’on fasse, on n’aura jamais un nombre entier de semaines dans une année.</p>
<p>Il y a un moyen normalisé de calculer le numéro de la semaine, c’est la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Numérotation_ISO_des_semaines">semaine ISO</a>. Le 1er janvier peut tomber la semaine 01 de l’année en cours, ou 52 ou 53 de l’année précédente. Le système ISO prévoit donc carrément des années différentes de longueur variable avec un nombre entier de semaines, mais ce n’est pas du tout entré dans les mœurs. En conséquence, un tableau qui affiche année civile/trimestre/mois/semaine ISO commencera à 2008/1/janvier/1 et finira à 2008/4/décembre/1. D’où <em>deux</em> semaines 1 dans l’année (civile) 2008...</p>
<p>Ce qui est rigolo, c’est que j’ai vu des différences dans le calcul de la semaine entre le monde entier et Outlook, ou entre deux versions de Business Objects (6.5 et XIR2). Je n’ai pas pu creuser, c’est peut-être lié aux paramétrages locaux.</p>
<ul>
<li><strong>Il y a toujours 24 heures dans une journée.</strong></li>
</ul>
<p>...Sauf deux fois dans l’année lors des transitions entre heure d’hiver et heure d’été... Donc de 23 à 25 heures. Et il faut éventuellement prévoir le gag d’avoir un événement à 2h59 (heure d’été) suivi d’un autre à 2h01 (heure d’hiver).</p>
<ul>
<li><strong>Une heure comprend toujours 3600 secondes.</strong></li>
</ul>
<p>Plutôt entre 3599 et 3601 : <a href="http://www.obspm.fr/actual/nouvelle/dec05/second.fr.shtml">presque chaque année, des secondes sont enlevées ou rajoutées en fin d’année pour recaler le temps universel et la rotation de la Terre</a> (tout de même la référence finale). Si dans un ERP on néglige le problème (le développeur est déjà heureux si tous les serveurs sont synchrones à la seconde près entre eux), les calculs de trajectoires de satellites doivent en tenir compte.</p>
<p>D’ailleurs le calcul temporel en orbite doit être assez folklorique puisqu’il faut même tenir compte d’éventuelles corrections relativistes (les détails sordides sont <a href="http://www.ipgp.jussieu.fr/~tarantola/Files/Professional/Teaching/Seminar/Lessons/Coll/Corrections-GPS.pdf">là</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Synchronisation_GPS">là</a>).</p>
<ul>
<li><strong>Le numéro de Sécurité Sociale identifie un individu de manière unique.</strong></li>
</ul>
<p>Non, il y a même une possibilité de doublon entre des gens nés à cent ans d’intervalle au même endroit. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Numéro_de_Sécurité_sociale">Voir Wikipédia pour les détails et le passionnant historique</a>. D’ailleurs il est possible de changer de numéro de Sécu (par exemple <a href="http://transmonde.net/etre/changer_secu.htm">pour un transexuel</a> ou quelqu’un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/NIR#Signification_des_chiffres_du_NIR">né dans l’Algérie française</a>).</p>
<p>Noter aussi qu’il existe des gens n’en possédant pas : étrangers, enfants... De plus, en Europe, le numéro de Sécurité Sociale est considéré comme une donnée personnelle, à diffusion restreinte et il n’est donc pas censé se retrouver n’importe où, doit être anonymisé, etc.</p>
<p>C’est un exemple fascinant à verser au dossier du débat « clé primaire arbitraire <em>vs.</em> clé primaire fonctionnelle. » (<del>J’en causerai un jour.</del> <em>Ajout postérieur</em> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle">C’est fait !</a>)</p>
<ul>
<li><strong>Les numéros des départements français ont deux chiffres.</strong></li>
</ul>
<p>...Sauf dans les DOM-TOMs ! Guadeloupe : 971 , St Pierre & Miquelon : 975</p>
<p>...Et vous avez tout faux si vous croyez que c’est du numérique (Corse : 2A et 2B).</p>
<p>De manière plus générale, la géographie offre une montagne d’aberrations diverses à toute personne
cherchant à y établir des règles. Rien que la transposition des lois votées à Paris par l’assemblée de Tahiti, ou leur compatibilité avec la loi alsacienne, donne du travail à maints juristes.</p>
<ul>
<li><strong>Un enfant a <em>biologiquement</em> un et un seul père et une et une seule mère.</strong></li>
</ul>
<p>Évidemment non.</p>
<p>Depuis quelques années il existe des mères porteuses, ce qui est autorisé dans certains pays. On peut choisir de prendre en compte la mère porteuse, ou celle qui a fourni l’ADN (qui peut d’ailleurs être une autre que celle qui va élever l’enfant), mais ce choix doit être conscient.</p>
<p>Comme dans le cas des enfants adoptés, où la filiation est modifiée par l’adoption. Selon le cadre et le but du logiciel développé (généalogie, études génétiques...) il faudra trancher, et se demander ce que l’on fait dans certains cas tordus du genre des enfants clonés (ça arrivera), ou pour <a href="http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/112183/--Un+homme+enceinte">un transexuel (devenu homme) qui accouche d’un enfant</a> (biologiquement c’est juste une femme qui a un enfant, mais civilement il est le père). Je prédis l’enfer informatique à cette famille, aucun logiciel n’est prévu pour gérer ce genre de cas.</p>
<ul>
<li><strong>Il n’y a que deux sexes.</strong></li>
</ul>
<p>En fait, cela dépend de ce que vous voulez faire de l’information. En tête du numéro Sécu peuvent apparaître 3, 7 ou 8 pour les transexuels et autres statuts provisoires. Pour un simple libellé de courrier, il y a trois possibilités traditionnelles (M., Mme, Mlle).</p>
<p>Dans une application pour un zoo ou un laboratoire de biologie, il faudra tenir compte des bestioles capables de changer de sexe à volonté. Sans compter les hermaphrodites comme les escargots, ou les espèces où le concept de sexe n’existe pas.</p>
<ul>
<li><strong>Tout le monde a un nom et un ou plusieurs prénoms.</strong></li>
</ul>
<p>J’ai rencontré pendant mes études un Indonésien qui n’avait qu’un nom. Je ne sais pas comment il avait rempli sa demande de visa.</p>
<ul>
<li><strong>12 > 2</strong></li>
</ul>
<p>Si vous manipulez des nombres, déclarés comme nombres auprès de l’ordinateur, oui.</p>
<p>Si vous manipulez des nombres stockés sous forme de chaînes de caractère (cela arrive tous les jours...), l’ordre lexicographique prend le pas et vous aurez tout ce qui commence par « 1 » qui sera trié avant (donc inférieur à) « 2 » : « 1 », « 10 », « 12561265463 »,..., « 2 », « 2564536 », ..., « 3 »,... Une conversion explicite en nombre peut être nécessaire suivant l’outil et le langage.</p>
<p>Je suis preneur de toute autre « règle générale qui ne l’est pas » à ajouter à cette liste !</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/07/466-les-pieges-dans-le-developpement#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/420Des employés interchangeablesurn:md5:9f7b5cb210a28623867c6f2c3cb2af8b2008-02-06T22:17:00+00:002011-05-25T20:37:00+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenairemobilitéorganisationperspectiveSSIItravail<p>« Le système actuel considère que les gens doivent être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre. »</p> <p>Un petit billet <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=188572&cid=15541422" hreflang="en">sur une perle de sagesse croisée au détour d’une conversation sur Slashdot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-1" id="rev-pnote-199-1">1</a>]</sup> :</p>
<p>À une remarque sur le fait que les entreprises voient trop à court terme, à cause des bilans de fin de trimestre, et donc rechignent massivement à augmenter les salaires, quitte à laisser partir du monde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-2" id="rev-pnote-199-2">2</a>]</sup>, un sage au doux pseudonyme de « kfg » répond (je résume) :</p>
<blockquote><p>C’est pire que ça. Le système actuel considère que les gens <em>doivent</em> être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre : pour un boulot médiocre, on peut prendre n’importe quel médiocre, et on en trouvera toujours à un prix raisonnable. Les procédures et flux de ces entreprises sont conçues en fonction de cela.<br /> <br /> Évidemment, à force d’embaucher des médiocres, les grosses entreprises peuvent se voir laminer ponctuellement par de plus petites menées par des fondateurs brillants (j’ajouterais que jouent aussi les handicaps liés à l’échelle : inertie, communications, couches de management, conservatisme de celui qui est protégé par sa taille...). <br /> <br />Revers de la médaille, les petites structures sont beaucoup plus vulnérables à une défaillance de leur fondateur. Celles qui se reposent sur des gens brillants irremplaçables passent un sale moment quand ces gens indispensables s’en vont. Donc une entreprise <em>doit</em> s’organiser de manière à pouvoir remplacer une bonne partie de son personnel. <br /> <br />En résumé : « <em>The opposite of love is not hate; it is indifference. In the average company they aren't actually out to get you, they simply don't give a fuck about you.</em> »</p></blockquote>
<p><strong>Ajout personnel</strong> : Je me demande de quelle manière ce phénomène n’est pas un minimum local de tout ou partie de notre économie. Dans un secteur en crise, l’entreprise qui ronronne à coups de gens médiocres ou mal formés ou peu motivés se fera laminer par les nouveaux venus (faillibles mais nombreux, et qui peuvent vite grossir...) ou d’autres concurrents moins cyniques, ou simplement moins chers, plus motivés, qui trouvent facilement à se démarquer.</p>
<p>D’un autre côté, peu après mes débuts dans la grosse SSII où je suis arrivé trop longtemps, chez le client où je suis aussi resté trop longtemps, un des anciens a posé sa dém’ pour gagner plus au Luxembourg. (Je ne savais pas à l’époque que ladite SSII vivait en permanence une fuite des cerveaux.) À ma réflexion que l’on allait avoir du mal à faire sans lui, le chef a répondu que justement, personne n’était indispensable. Et effectivement, on a fait sans lui, et j’ai même souvent fait tout seul.</p>
<p>Contre-exemple : Google a bâti sa réputation sur le phénomène inverse, en siphonnant un bon paquet de la matière grise haute qualité disponible. D’un autre côté, Google aurait maintenant le problème de devoir balayer plus large dans son recrutement. Enfin, Google pourrait être justement <em>le</em> contre-exemple, celui qui a adopté une stratégie de niche que les autres ne peuvent pas tous suivre, et qui ne peut devenir la norme. Après tout, la plupart des salariés sont, par définition, des gens normaux, dans la moyenne, bref pas exceptionnels, et tout le monde ne peut embaucher la crème.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-1" id="pnote-199-1">1</a>] <em>Slashdot, c’est comme le café du commerce : on se tient au courant des ragots, le niveau est en général très bas, et parfois il y a quelqu’un de vraiment bien qui passe, ou bien le radotage d’un vieux combattant livre une des clés de l’existence.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-2" id="pnote-199-2">2</a>] <em>Toute ressemblance avec une grande SSII où je suis passé n’est pas fortuite, mais elle est plus représentative du genre que l’exception.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/199Où sont les specs ???urn:md5:def436a14ea2e1e449bc25aa52c1a04a2008-01-29T22:56:00+00:002011-05-24T20:46:29+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementauto-organisationcomplexitédéveloppementfichageincohérenceinformatiquemétainformationorganisationperspectivesignifiétravail<p>Écrire les spécifications fonctionnelles puis techniques d’un logiciel est un métier, et les interpréter pour développer un autre. Encore y a-t-il un problème intermédiaire bassement pratique : elles sont <em>où</em> les spécs ???</p> <p>Supposons que, dans une entreprise, il ait été jugé que tel besoin doit être satisfait par un petit développement informatique, et que le programme ait reçu <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets">son précieux code projet (j’ai déjà causé de cette odyssée)</a>, par exemple VER78 (VEntes/Rapport/78ème programme développé pour ce domaine).</p>
<h3>Les « specs »</h3>
<p>Concrètement, dans une entreprise organisée, on écrit d’abord des <strong>spécifications</strong> (« Ce logiciel doit faire telle chose. ») et ensuite un ou des développeur(s) programme(nt).</p>
<p>Le processus peut être plus compliqué : expression de besoins formelle ; réunions d’arbitrage ; spécifications écrites par un <em>key user</em>, ou un consultant interne, ou externe, ou dossier géré de A à Z par un technico-fonctionnel solitaire ; développement en <em>waterfall</em> ou <em>extreme programming</em> ; dossiers de mise en production, d’exploitation... Mais en gros on se résume à : <strong>spécification / programme</strong>.</p>
<p>Pour le programme lui-même, son code, ses objets... pas de problème, le développeur sait où les trouver et déposer, il est naturellement assez ordonné<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#pnote-204-1" id="rev-pnote-204-1">1</a>]</sup>. De plus, en cas de négligence, la sanction est immédiate : ça ne compile plus. Les outils de gestions de version permettent également suivi et centralisation. Un programme est donc rarement perdu.</p>
<p>Les spécifications ne sont pas soumises à la même rigueur. Souvent, elles se matérialisent en tant que fichiers Word, dont l’éclosion s’effectue en un endroit souvent non public (disque dur personnel, clé USB, répertoire réseau privé...).</p>
<p>Dans les cas les plus défavorables, seul le développeur s’intéresse au code du programme, et la rédaction intervient <em>avant</em> l’étape d’attribution du nom VER78. Le document peut donc ne comporter qu’un titre (« Spécifications commissions sous-traitants.doc »), pas forcément explicite (« Spf comms sst TEST v7.doc »), et se trouver à peu près n’importe où sur l’intranet local…</p>
<p>Un cauchemar pour le petit pion de SSII qui débarque sans idée des nomenclatures et habitudes locales. C’est encore plus drôle quand les gens ne sont pas d’accord sur l’endroit où les documents doivent être déposés ; dans ce cas les chances de posséder plusieurs exemplaires des spécifications évoluant en parallèle est réel.</p>
<h3>De l’unicité du code</h3>
<p>J’ai donné l’exemple de VER78, sans parler d’un pépin courant : pourquoi VER79 et pas VER80 ? Qu’est-ce qui garantit que VER78 ne va pas être utilisé par quelqu’un d’autre pour un projet différent ?</p>
<p>Qu’on utilise un numéro (comme VER78) ou un code plus littéraire (du genre de « Nabuchodonosor »), le problème se pose rapidement (dès que l’équipe dépasse une personne — et même) : <strong>ne pas se retrouver avec deux programmes de même nom</strong>. C’est tout bête, mais dans une phase de foisonnement (installation d’un système) impliquant pléthore de consultants et développeurs, le danger est réel.</p>
<p>En informatique théorique, le cas est connu, il suffit de « poser un verrou » sur un numéro. Sous Oracle, on parlerait de « séquence » (à part pour le problème de non-continuité des numéros). En clair, une référence unique où se trouvent ces numéros, et qui garantit un minimum que deux personnes ne peuvent pas utiliser deux noms de programme en même temps. Mais c’est la théorie, où les programmes suivent toujours les procédures ; les humains font ce qu’ils veulent et sont faillibles.</p>
<p>Un collègue m’a parlé d’une technique primitive mais efficace : le <strong>classeur papier</strong> unique (le truc plat en plastique ou carton avec des anneaux métalliques et des feuilles dedans, pas un fichier Excel !). Le chef de projet ou le développeur qui a besoin de « tirer un numéro » pour nommer une brique logicielle va dans le classeur, regarde le dernier numéro ou nom utilisé, rajoute le sien, et est certain que personne ne créera le même au même moment. Inconvénient : à l’heure des bases de données réparties sur plusieurs sites, et de la sous-traitance massive aux antipodes, un classeur ne voyage ni par email ni par intranet.</p>
<p>Le dérivé de l’ère numérique est évident : un <strong>simple fichier Excel sur un intranet public</strong>. Encore faut-il savoir où il est sur la jungle de l’intranet réseau (<em>a priori</em> simple, parfois non, voir plus loin). De plus, les classeurs Excel ont le don de scissiparité, et les <em>managers</em> sont vite enclins à en créer d’autres pour le pilotage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#pnote-204-2" id="rev-pnote-204-2">2</a>]</sup>. Le fichier unique « bête liste des programmes maison » tend très vite à évoluer en outil de mesure de la progression de projets.</p>
<p>La technique la plus efficace à ma connaissance est simplissime : puisque chaque développement implique la génération d’au moins un document (spécifications), autant utiliser cette base documentaire comme base pour la génération du nom du logiciel. On peut effectuer une recherche sur tous les documents intitulés VER*, trouver le dernier (VER77), pour décider de créer le VER78 — mais créer ce document n’est pas instantané, et il vaut mieux que ce code existe avant la moindre action (pour la cohérence des noms des objets à développer, pour les imputations du temps passé à écrire chaque spécification…).</p>
<p>Plus sûrement, <strong>utiliser les répertoires</strong> (du genre « R:\Développements\Ventes\Rapports\VER78\ »). Un répertoire se crée en deux secondes, le code VER78 est réservé même si aucun document n’a été généré, et le collègue dans l’autre bâtiment, dix secondes plus tard, avec besoin équivalent, créera son VER79.</p>
<p>Archi-simple. Beaucoup trop pour certains.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#rev-pnote-204-1" id="pnote-204-1">1</a>] <em>Dans ses fichiers, pas toujours sur son bureau.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#rev-pnote-204-2" id="pnote-204-2">2</a>] <em>Dans les gros projets, il y a des gens qui passent leur temps à remplir des fichiers Excel avec les informations d’autres fichiers Excel, ou d’informations disponibles dans l’intranet local...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/204Une tâche à la foisurn:md5:efb28f8521504ff00ec6e77dd921e2712007-12-09T21:11:00+00:002023-12-27T11:01:58+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementdommagedysfonctionnementdéveloppementinformatiqueintelligencemercenairemobilitémémoireoffshoreoptimisationorganisationpessimismeprise de têtepsychologiesaturationSSIItempstravailténacitééconomieéconomie de l’attention<p>L’écho de ce billet de Joel Spolsky a résonné au plus profond de mon être le jour où je l’ai découvert :
<em><a href="http://www.joelonsoftware.com/articles/fog0000000022.html" hreflang="en">Human Task Switches Considered Harmful</a></em>.</p> <p>En gros, un développeur est un genre assez particulier d’humain qui a besoin de se concentrer pendant de longues périodes. Il se comporte comme un microprocesseur quand on lui demande de changer de tâche régulièrement. Le <a href="http://www.commentcamarche.net/forum/affich-696642-qu-est-ce-qu-un-changement-de-contexte">changement de contexte</a> est une opération lourde qui ne doit pas être répétée trop souvent ; dans le cas extrême le processeur passe son temps à passer d’une tâche à l’autre, à se reconcentrer sur ce qu’il fait, et ne fournit plus de travail utile.</p>
<p>À un moment, ce phénomène a constitué un gros problème dans mon boulot, au moment où je prestais<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> chez un client, à gérer dix micro-projets à la fois avec un bon paquet d’interlocuteurs. Le client désirait une sous-traitance à fond, avec moi et un collègue dans le rôle de l’« interface » avec le centre de développement de notre SSII à plusieurs centaines de kilomètres. Impossible de se plonger une demi-heure sur un problème quelconque sans être interrompu par un coup de fil à tel ou tel sujet.</p>
<p>Mon boulot actuel comporte à nouveau ce genre de pépin, mais sur une autre échelle : je me retrouve sur trois missions à la fois (du genre deux jours sur l’une, deux sur la deuxième, une journée sur la troisième) et, à chaque fois, me « replonger dans le contexte » de chacune va me faire perdre quelques cycles cérébraux, de la même manière qu’en rentrant de vacances je ne suis pas à 100% immédiatement. J’ai observé le phénomène dans le cas extrême d’un collègue obligé de « caser » des jours de réalisation de rapports complexes dans les trous d’une autre mission : il redécouvrait les spécifications et réanalysait ses propres réalisations quasiment d’un mois sur l’autre. Je l’observe sur moi-même sur une maintenance applicative à long terme qui tombe dans les « trous » des autres prestations (en gros une ou deux fois par mois…). Bref, ça n’avance pas.</p>
<p>Je l’observe sur un autre projet : je dois à nouveau sous-traiter la partie la plus fastidieuse de la réalisation à un collègue situé sur un autre site… d’où pas mal de temps perdu en explication de contexte, préparation de docs, CD, mise en place de spécifications bien plus précises que je ne l’aurais fait pour moi-même, bref tout un surcoût (<em>overhead</em>) identique à celui impliqué quand un programme sous-traite une partie du travail à un autre. Ajoutons des « effets tunnel » dus à des disponibilités épisodique de ma part (je preste ailleurs) et du client de ce projet, avec donc nécessité de nous poser des synchronisations. Ajoutons les besoins de recharger ma petite mémoire cache cérébrale avec les éléments dudit projet à la moindre question du sous-traitant.</p>
<p>L’informatique n’a jamais avancé que comme cela mais ma capacité de travail à moi ne double pas tous les deux ans… Mon cerveau est configuré pour du mode <em>batch</em>, et multiplier les tâches d’arrière-plan augmente mon stress de manière exponentielle.</p>
<p>Et je ne parle pas de la difficulté à développer quoi que ce soit à la maison avec une famille qui exige un peu de temps avec elle, et un gamin de 4 ans en particulier. Moi j’ai abandonné.</p>
<p><strong>Mise à jour de mai 2011</strong> : Et ça continue en ce moment, avec plein de clients exigeants à la fois, un téléphone professionnel qui me tombe dessus, et une tornade de dix-huit mois à la maison. Soupir.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Du verbe « <a href="http://forum.wordreference.com/archive/index.php/t-391694.html">prester</a> » qui, s’il n’existe pas en français de France officiel, devrait y être inclus.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/09/207-une-tache-a-la-fois#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/185« Comme des lions : le sacrifice héroïque de l’armée française - Mai-juin 1940 » de Dominique Lormier (3)urn:md5:558bdc83aa2242d00f1877fd25535bc32007-11-20T21:10:00+00:002011-05-11T20:00:42+00:00ChristopheHistoireguerrehistoireHistoire de FrancelogistiquemémoireorganisationParisracléeSeconde Guerre Mondiale<p>La fin, et une petite analyse sur le matériel.</p> <h3>Les barouds d’honneur</h3>
<p>Le front percé, l’armée française, décimée, ne peut plus tenir, alors que les Allemands ont encore de nombreuses réserves. Paris est déclaré « ville ouverte » et les envahisseurs ne rencontrent plus de résistance organisée.</p>
<p>Mais les îlots de résistance sont nombreux, même après que Pétain annonce demander un armistice le 17 juin et que beaucoup de soldats considèrent alors la guerre finie et perdue. Lormier s’étend longuement sur le cas des « <a href="http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_99.htm">cadets de Saumur</a> », menés par quelques officiers au sens du devoir digne d’un <em>kamikaze</em> japonais<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3#pnote-403-1" id="rev-pnote-403-1">1</a>]</sup> dont beaucoup se font tuer pour ralentir la progression allemande ; cela coûte la vie également à nombre de civils.</p>
<p>Une partie de cette résistance se base sur la croyance que retarder la Wehrmacht permet à l’armée française de se replier en bon ordre sur la Loire ou ailleurs. Or, le 18 juin, cette armée n’existe plus en tant qu’organisation, et le gouvernement de Pétain a jeté l’éponge.</p>
<p>Les combats, désespérés, continuent encore le 22 juin quand l’armistice tombe.</p>
<h3>La ligne Maginot</h3>
<p>La ligne Maginot fait parfaitement ce pour quoi elle a été conçue : tenir. La grande majorité des ouvrages résistent jusqu’à l’armistice, voire après.</p>
<p>Les Allemands ne lancent l’attaque contre la ligne que vers le 14 juin, quand Paris est tombé et que la victoire semble déjà imminente. Mais en Sarre, les divisions du Reich se cassent les dents sur les fortifications.</p>
<p>Les derniers ouvrages se rendent le 7 juillet — deux semaines après l’armistice ! Les troupes refusent en effet de se considérer comme vaincues et donc de partir prisonnières en <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stalag">stalag</a></em>. Ce qui remettrait en cause l’armistice pour les Allemands.</p>
<p>Une partie peu connue est la « course à la Suisse » : les troupes de von Runstedt veulent isoler les troupes françaises de l’Est, certains Français réussissent cependant à rejoindre le havre helvétique pour éviter l’emprisonnement.</p>
<h3>Les Alpes</h3>
<p>Mussolini veut participer à la curée et lance ses troupes sur les Alpes le 10 juin. Elles ne vont pas loin. Le fantastique rempart naturel des Alpes est complété par des fortifications qui font un massacre des pauvres Italiens mal équipés et mal nourris<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3#pnote-403-2" id="rev-pnote-403-2">2</a>]</sup>. Le reste se joue entre fantassins.</p>
<p>Il est peu connu que les Allemands sont arrivés jusqu’à Chambéry et Grenoble, et que les divisions blindées se sont fait parfois massacrer par l’artillerie de montagne, mais aussi par des troupes coloniales ou alpines.</p>
<h3>Le matériel</h3>
<h5>Les chars</h5>
<p>C’est bien connu, les Français n’avaient pas suivi les conseils de de Gaulle (entre autres) mais Guderian, si. Les chars allemands regroupés en <em>Panzerdivisionen</em> autonomes, avec DCA, infanterie motorisée, génie... peuvent écrabouiller les chars français dispersés pour beaucoup au milieu de l’infanterie, et beaucoup trop statiques.</p>
<p>Des détails font tragiquement la différence. Lormier rapporte notamment :</p>
<ul>
<li>La radio sert à coordonner les mouvements des chars... dans la Wehrmacht ! Ce qui donne des « tactiques de meute » meurtrières, même contre des chars plus puissants. Les Français sont condamnés pour beaucoup aux fanions. <br /> <br />Pour Lormier, « <strong>ce n’est pas le manque de chars qui handicape l’armée française en 1940, c’est l’absence de transmissions</strong>. » À Abbeville par exemple, le commandement ne se rend pas compte du succès et ne sait pas l’exploiter !</li>
</ul>
<ul>
<li>Le système français de ravitaillement en essence est archaïque, à base de camions spécialisés devant alimenter les chars très gourmands en carburant. Le système allemand se base sur des stocks de jerricans, que les camions déposent avant de repartir sur-le-champ, ce qui accélère les rotations. Et ces jerricans peuvent être emportés par les chars eux-mêmes pour des percées de cent kilomètres...</li>
</ul>
<ul>
<li>Les tankistes français doivent tous changer de place entre l’observation et le tir sur l’objectif ! La cadence de tir est donc au mieux médiocre...</li>
</ul>
<p>Les chars français, du moins les modernes, ne sont pourtant pas mauvais. Les B1 bis notamment font des ravages, surtout lors des opérations « coup de poing » qui tiennent compte de leur faible autonomie. Lormier rapporte plusieurs cas de chars couverts de <em>dizaines d’impacts</em> de canons allemands et roulant encore, ou de véritables boucheries de <em>panzers</em> légers opérées par quelques chars français.</p>
<p>Hélas, les B1 bis sont trop peu nombreux, la majorité des blindés français sont plus légers et possèdent des canons moins puissants. Si le blindage est globalement un atout des Français, les carences en mobilité sont fatales.</p>
<p>En résumé, les Allemands ont misé sur la mobilité et accessoirement le blindage dans le cadre du <em>Blitzkrieg</em>, alors que les Français, dans la perspective d’une nouvelle guerre de position, ont parié sur le blindage et complètement oublié la mobilité.</p>
<h5>La grande et la petite artillerie</h5>
<p>Lormier fait le même constat pour l’artillerie que pour les chars : puissante... mais peu mobile. Les Allemands, eux, n’utilisent plus les chevaux pour déplacer leurs canons ! De plus, ils savent mieux coordonner leur artillerie avec les mouvements des chars. Et cette artillerie est souvent fatale aux chars lourds français.</p>
<p>Les canons antichars français sont bons, mais rares.</p>
<p>Quant à l’armement personnel du soldat français, il est moins moderne que celui de l’allemand (le grand-père de Lormier avait un fusil datant de 1870 !), et moins standardisé au niveau des munitions.</p>
<h5>Les avions : « Le ciel n’était pas vide »</h5>
<p>La DCA française est indigente, c’est une des raisons de la supériorité écrasante de la Luftwaffe, et c’est cet appui aérien qui fait la différence dans bien des cas. Lormier cite le tragique exemple du <a href="http://www.ardennes1940aceuxquiontresiste.org/14mai.htm">pont de Gaulier</a> (167 avions abattus par la DCA allemande en un jour pour ce seul objectif !). Les combats aériens sont nombreux, chaque camp (Anglais, Allemands, Français) perd des centaines d’appareils.</p>
<p>La supériorité numérique allemande est de toute manière écrasante, et concentrée sur le front, alors que l’aviation française est répartie sur le territoire. Les chasseurs français dans le nord se battent donc à un contre dix. La plupart des bombardiers sont détruits. Mais quelques bombes tombent sur Berlin même.</p>
<p>« Le ciel n’était pas vide » clame Lormier, mais les combats aériens ont souvent lieu trop haut pour que les soldats français voient leur propre chasse alors que les Stukas les bombardent. (Et mon grand-père se souvient aussi surtout des Stukas pendant l’Exode...)</p>
<p>Là aussi, l’action des Français ne sert qu’à retardement : avec les 1400 avions perdus en France, la Luftwaffe aurait peut-être triomphé de la Royal Air Force peu après pendant la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d'Angleterre">Bataille d’Angleterre</a> (même si Hitler n’avait probablement pas l’intention de débarquer, des bombardements plus nombreux auraient-ils fini par amener les Britanniques à la paix ?)...</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/21/448-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-4">À suivre...</a></em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3#rev-pnote-403-1" id="pnote-403-1">1</a>] <em>Logique suicidaire sans utilité que je n’arriverai jamais à intégrer. C’est une autre époque, presque une autre civilisation.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3#rev-pnote-403-2" id="pnote-403-2">2</a>] <em>Rappelons qu’à part la guerre d’Éthiopie en 1935-36, l’Italie n’a jamais été fichue de gagner une bataille de toute la Seconde Guerre Mondiale.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/403Dilemme matutinalurn:md5:d5c8600374410944e6ce747526ea4e152007-09-11T23:11:00+00:002011-04-26T08:15:24+00:00ChristopheFragile planètemicroéconomieorganisationparadoxepollutionsantétempsécologie<p>Pour ma santé et pour la planète, que choisir entre rasoir mécanique et rasoir manuel avec mousse ?</p> <p>Soit une glace reflétant une barbe de 24h nécessitant sa coupe quotidienne.</p>
<p>Pour ce faire, quel procédé choisir, entre :</p>
<ul>
<li>un <strong>rasoir électrique</strong> qui envoie <strong>plein d’ondes dans le crâne</strong> à quelques centimètres du cerveau, consomme de l’électricité à 80% <strong>nucléaire</strong>, ce qui me fait moins frémir que d’autres, mais peut-être aussi du <strong>CO2</strong> si le pic du petit-déjeuner est tel qu’EDF doive dégainer les centrales thermiques (ou couper le jus nucléaire aux Allemands qui démarrent alors leurs centrales thermiques, ce qui en matière de rejets de CO2 revient au même) ; <br /> <br />un rasoir donc qui rase d’une manière acceptable sans plus mais rapidement et <strong>sans risque de blessure</strong> sanguinolente ; <br /> <br />un rasoir au <strong>ronron bruyant</strong> qui augmente le stress matinal déjà bien assez élevé après le réveil en sursaut et la radio qui débite le lot de catastrophes du jour ;</li>
</ul>
<p>d’une part, et d’autre part :</p>
<ul>
<li>un <strong>rasoir mécanique</strong> et la <strong>mousse à raser</strong> adéquate, pleine de <strong>produits chimiques</strong> dont je ne veux même pas connaître la composition parce qu’ils me feraient peur (j’ai fait de la chimie dans une autre vie ; je ne pense pas que cela me rende plus confiant dans l’innocuité pour mon épiderme ou mon ADN des produits parapharmaceutiques), produits chimiques qui d’ailleurs vont alourdir la charge des <strong>stations d’épuration</strong>, et donc très indirectement ma facture d’eau pour ne penser qu’aux conséquences égoïstement financières de cette pollution ; <br /> <br />un rasoir mécanique donc, dont la lame, certes profilée en tunnel à vent hypersonique si j’en crois la pub, ou plutôt <em>les</em> lames, qui le rendent presque aussi <strong>dangereux</strong> que le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gritche">Gritche</a>, raclent un peu désagréablement sur mon menton ou sous mon nez, tout en obtenant un <strong>résultat nettement plus doux</strong> (et l’approbation de l’état de mon épiderme par ma chère moitié est un paramètre important) que l’électrique outil suscité ;<br /> <br />un rasoir silencieux qui transforme cette corvée matinale en <strong>exercice zen</strong> (nonobstant la litanie des désastres de la nuit à la radio en toile de fond) ; <br /> <br />un rasoir qui me coûte sur le long terme <strong>beaucoup plus cher en mousse à raser</strong> que son homologue électrique ne me ruine en électrons et en renouvellement décennal - y a-t-il des mousses à raser biodégradables pas chères ou une recette de grand-père quelconque ?</li>
</ul>
<p>Hein, que prendre ? Pour le moment j’hésite et j’alterne...</p>
<p>(Je réponds par avance à Miod que, non, définitivement non, je ne me laisserai pas pousser la barbe.)</p>
<p><strong>Mise à jour de février 2009</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/02/15/Dilemme-matutinal-:-résolution">Problème résolu !</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/11/409-dilemme-matutinal#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/367Je métaprogrammeurn:md5:b9d645c208ba843b6619a27026b70b242007-07-09T23:12:00+00:002011-04-24T20:53:38+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementauto-organisationautoréférencebase de donnéescitationcomplexitédéveloppementexpertiseinformatiqueintelligence artificiellemétainformationorganisationperspectivetranscendancevirtuelémerveillementévolution<p>Plongée philosophico-strastophérique dans les multiples niveaux de l’informatique, du bit au méta-SQL.</p> <h3>Plongée du ciel dans les profondeurs</h3>
<p>Pour manger, j’écris des programmes en SQL pour modifier le comportement interne d’un outil qui génère du SQL. Le SQL est lui-même un langage de quatrième génération destiné à masquer à l’utilisateur l’organisation interne d’une base de données et à lui faire croire que tout est soigneusement rangé dans de jolies tables bien ordonnées.</p>
<p>Cette base de donneés s’appuie sur un système d’exploitation (OS) qui ne lui présente que de la mémoire et du disque, la place exacte en mémoire ou sur disque
n’étant connue que de l’OS. D’ailleurs, une partie de la mémoire est en fait sur le disque, et une partie du disque est chargée en mémoire.</p>
<p>Le système d’exploitation fonctionne à partir d’un disque dur qui a un cache mémoire, et ment à l’OS sur sa structure interne (cylindres, secteurs...) en faisant sa
propre petite sauce, histoire d’obtenir de bons <em>benchmarks</em> et de bien se vendre, et accessoirement de ne pas corrompre les données qu’on lui confie.</p>
<h3>Stratosphère</h3>
<p>Remontons. Le SQL, qui était à l’origine conçu pour une communication facile
entre l’être humain non spécialisé et la machine, n’est plus considéré que bon que pour des développeurs. (On pensait pourtant autrefois donner directement à l’utilisateur final le droit d’attaquer les bases de données en SQL, mais l’expérience montre qu’il vaut mieux y avoir toujours un informaticien, de formation ou de tournure d’esprit adéquate, pour parler à un ordinateur, même avec un langage prétendument naturel mais forcément impitoyablement strict et logique.)</p>
<p>La structure réelle des tables et leur agencement, et le SQL, sont alors masqués par un logiciel de type Business Objects <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#pnote-323-1" id="rev-pnote-323-1">1</a>]</sup>, qui n’offre plus au non-informaticien que des « Dimensions » et « Indicateurs » qu’il copie-déplace au sein de tableaux évoquant un Excel gavé d’anabolisants. Là, l’informaticien s’est éclipsé après avoir créé l’« univers », qui consiste surtout à donner un sens au fatras de tables, liaisons et clés étrangères de la base de données.</p>
<p>Ces dimensions et indicateurs servent à l’élaboration de « tableaux de bord », rassemblant sous forme synthétique (c’est-à-dire avec des carrés verts et des clignotants rouges disposés avec un goût très sûr de gamin de
maternelle) les informations précédemment remontées.</p>
<h3>On plane pas un peu haut ?</h3>
<p>Je n’ose pas compter le nombre de cycles CPU destinés à simplement
interpréter la manière dont les données sont organisées au sein de toutes
ces strates, et à faire communiquer toutes ces entités (chacune avec ses
structures de données, ses contraintes de sécurité...) et le comparer à
celui nécessaire à la récupération et à l’affichage.</p>
<p>Quand M. Durand de la comptabilité mitonne son rapport, Business Objects le réexprime en SQL, traduit par la base en requête d’accès à des tables, donc à des blocs de sa mémoire, que l’OS va aller chercher un peu partout, notamment sur le disque dur, lequel traduira les requêtes en lectures physiques. Et encore, j’oublie toute la circuiterie, je ne connais rien au <em><a href="http://www.commentcamarche.net/pc/bus.php3">Northbridge</a></em> ni au fonctionnement interne du processeur (lui-même segmenté en unités logiques).</p>
<p>Évidemment, simplifier
radicalement le système reviendrait à enseigner à Business Objects, sinon à la couche affichage de Windows, voire à la carte graphique, à récupérer les données directement sur les secteurs du disque dur. Cela va totalement à l’encontre des approches « diviser pour régner », « chacun son
métier », “<em>best of breeds</em>”, « à chaque type de tâche son programme dédié »,
etc... qui ont fait le succès de l’informatique depuis cinq ou six décennies. Rien
que creuser et optimiser les relations entre chaque composant pour en tirer le meilleur parti à chaque étage rendrait fou un docteur en informatique.</p>
<p>Ce genre de délire n’est plus guère valable, et encore, que pour les projets fonctionnellement archi-limités aux contraintes de performance très fortes, du genre qu’on ne fait plus guère (à présent, même un téléphone a un système d’exploitation complet). L’esprit humain a ses limites quand à la manipulation de la complexité, et les entreprises quant aux temps de développement : on empile donc les briques de composants testables unitairement et à peu près éprouvés, au moins testables.</p>
<p>Cette accumulation de strates quasi-géologiques n’est pas qu’une nécessité de construction, c’est aussi une conséquence de l’évolution <em>historique</em> des besoins : le SQL permettait <em>enfin</em> d’accéder aux données de manière relativement standard et de les manipuler ; Business Objects les présentait <em>enfin</em> sous une forme exploitable autrement que par des tableaux statiques et des graphiques figés ; les <em>datawarehouses</em> (entrepôts de données) agrégeaient <em>enfin</em> à un niveau humain l’accumulation indécente de ces données ; le <em>data mining</em> permet <em>enfin</em> de trouver les corrélations cachées, etc.</p>
<h3>Post-combustion</h3>
<p>À raison d’un nouveau niveau d’abstraction tous les dix ans, je me demande à quoi
ressemblera le suivant : le regroupement des tableaux de bord de manière
dynamique sous forme de « vision de monde », interconnectée avec le fameux web
sémantique 3.0 qui n’en finit pas d’imminer ?</p>
<p>Accessoirement, les transformations que j’inflige aux données pour alimenter mon <em>datawarehouse</em> ne sont pas réellement du code, mais des <em>données</em> elles-mêmes stockées dans des tables accessibles par SQL (un fichier aurait été beaucoup moins souple). Ce qui me permet de les manipuler comme des données (d’où la notion de métaprogrammation). À la limite, l’alimentation pourrait s’auto-modifier. Je ne pense pas créer <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Skynet_(fictional)" hreflang="en">Skynet</a> par inadvertance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#pnote-323-2" id="rev-pnote-323-2">2</a>]</sup>, mais je m’interroge : où cela s’arrêtera-t-il ? <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/murphy_informatique.html">Une piste</a> :</p>
<blockquote><p><strong>Cinquième et Septième Loi de la Programmation informatique (Lois de Croissance)</strong> : <br /> <br />La taille d’un programme grandira jusqu’à occuper tout l’espace mémoire disponible. <br /> <br />La complexité d’un programme grandit jusqu’à ce que son concepteur n’y comprenne plus rien.</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#rev-pnote-323-1" id="pnote-323-1">1</a>] <em>Je n’ai pas su dénicher de lien sur une description simple pour ceux qui ne connaissent pas, mais il y a un <a href="http://www.polymorphe.org/telecharger-200-cours-Business-Object-5---Manuel-Utilisateur">cours ici</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#rev-pnote-323-2" id="pnote-323-2">2</a>] <em>Pas à partir de données de gestion financière, non.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/323Jack Welsh et les nouvelles règles du biznessurn:md5:0dffc32ef2677fbac456dfe1519db1642007-06-07T21:10:00+00:002011-04-09T13:50:15+00:00ChristopheIl faut bien mangercynismeexpertiseorganisationperspectivethéorietravailéconomieÉtats-Unis<p><a href="http://www.valuebasedmanagement.net/leaders_welch.html" hreflang="en">Jack Welsh</a> est l’homme qui dans les années 80 et 90 a dirigé <em><a href="http://www.ge.com/en/company/companyinfo/at_a_glance/history_story.htm" hreflang="en">General Electric</a></em>, une des plus grosses entreprises mondiales, héritière d’Edison. Son influence sur le <em>management</em> dans le monde entier a été déterminant.</p> <p>En juillet dernier, un article de CNN a repris ses principales règles (être numéro 1 ou 2, ou rien ; l’actionnaire est roi ; n’embaucher que les meilleurs...) , et les a méthodiquement assassinées :
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes</a>.</p>
<p>Certaines vacheries de CNN sur la pression des actionnaires et les effets pervers sur la gestion de l’entreprise seraient applaudies des deux mains par Lutte Ouvrière (et pas seulement).</p>
<p>Welsh a répondu :<br />
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm</a>.</p>
<p>Quand ces articles sont parus, je m’étais promis d’en faire un résumé, mais l’excellent Éric Cabrol m’avait pris de court : <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/09/12/275-les-nouvelles-regles-du-business?cos=1">allez lire son résumé de la polémique chez lui !</a></p>
<p>En annexe, voir également <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/07/11/1552245&threshold=4" hreflang="en">la discussion sur le sujet sur Slashdot</a>, avec quelques réflexions de saint mauvais esprit (du genre : être passionné par son métier, c’est bien, ce n’est pas un prétexte pour se faire exploiter).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/07/225-welsh-et-les-nouvelles-regles-du-bizness#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/202Des noms de tables à 4 lettresurn:md5:2464c25eae7abe52e5e454c65cf2e06a2007-02-16T20:49:00+00:002011-03-27T20:56:41+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementbase de donnéesdéveloppementinformatiquemétainformationorganisationsignifiétravail<p>Problème concret dans une création de base de données : faut-il des noms de tables compacts ou verbeux ?</p> <p>Un problème récurrent quand on se balade dans un modèle de données d’une base pas connue est de comprendre rapidement quelle colonne pointe sur quoi (organisation) et ce que signifie la donnée (sens). Je parle là de <strong>lisibilité</strong> , au sens du développeur, qui rend rapide la compréhension d’un programme, et sa modification.</p>
<p>J’avais vu jusque récemment deux <del>techniques</del> <del>habitudes</del> cultures principales (parmi ce qui est plus ou moins correctement conçu, je laisse les gadgets Access bricolés de côté) :</p>
<ul>
<li>Le schéma aux <strong>noms de tables à rallonge</strong>, avec des noms de champs à rallonge. <br />Cas typique : Oracle Applications. On sait tout de suite ce que contient la colonne <code>ORDER_LINE_NUMBER</code> dans la table <code>OE_ORDER_LINES</code>, et la clé est de manière assez évidente <code>ORDER_LINE_ID</code>. Inutile de se demander longtemps ce que contient une colonne <code>CUSTOMER_ID</code> (pour un anglophone du moins) (quoique <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii">la notion de client soit parfois assez subtile</a>...).<br /><em>Avantage</em> : la lisibilité, la facilité de compréhension immédiate, au moins dans les grandes lignes. <br /><em>Inconvénient</em> : des requêtes à rallonge, longues à taper, du code peu compact sauf à utiliser <del>massivement</del> judicieusement des alias.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le schéma aux <strong>noms courts</strong>, assez cryptiques en fait. <br />Le pire exemple est SAP, avec ses noms de table à 4 lettres, aux noms de champs à peine plus longs. L’équivalent de l’exemple ci-dessus est la colonne <code>POSNR</code> dans la table <code>VBAP</code>, la clé est composée de <code>VBELN</code> et de <code>POSNR</code>, et l’équivalent du dernier exemple ci-dessus est <code>KUNNR</code>. Oui, c’est de l’allemand, en plus.<br /><em>Avantage</em> : du code compact et rapide à lire... si on connaît par cœur le modèle de données.<br /><em>Inconvénient</em> : la moindre nouvelle table ou colonne rencontrée force à se reporter à la doc, et la mémorisation est un cauchemar.</li>
</ul>
<p>(<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">J’ai déjà parlé de la différence entre les modèles de SAP et d’Oracle</a> sur le plan philosophico-technique, ce n’est pas le sujet ici.)</p>
<p>J’ai récemment découvert, dans un logiciel qui n’a rien à voir avec un ERP, une troisième technique, proche de la seconde mais qui ne me donne pas immédiatement de l’urticaire, elle. Les principes sont :</p>
<ul>
<li>les noms de tables sont très courts, 4 lettres (ça c’est le point négatif) ;</li>
<li><strong>les noms de colonnes commencent par le nom de la table dont ils sont la clé</strong> !</li>
</ul>
<p><em>Exemple</em> : Un « code de collectivité » est défini dans la table <code>COLL</code> et le champ <code>COD</code> : la colonne sera en fait <code>COLLCOD</code>, clé primaire. (Le fait que ce soit, là, du français, facilite la mémorisation :-). Idem pour la colonne <code>OPEGANN</code> : une année (budgétaire) référencée dans <code>OPEG</code>.</p>
<p>Le plus intéressant est que si ce code est repris dans une autre table comme clé étrangère, je n’ai pas à me casser le crâne à me demander « mais où <code>BUPRNUMINT</code> pointe-t-il ? à quelle table <code>BUDGEXE</code> fait-il référence ? » — chose parfois difficile avec les deux normes ci-dessus (et non, <a href="http://www.developpez.net/forums/archive/index.php/t-32600.html">les modèles ne sont pas contraints</a>, le prix en performance et administration est bien trop lourd pour un ERP, et/ou n’était pas prévu dans les softs les plus anciens).</p>
<p>Et quand on bosse dans la décisionnel et les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extract_Transform_Load">ETL</a>, ou dans l’intégration de données, où toutes les incohérences de données remontent comme le gaz carbonique dans une bouteille de champagne après un tour en centrifugeuse, ce genre de gadget est pain béni :-)</p>
<p>(Soyons lucide, il est impossible de généraliser cette astuce au-delà de quelques dizaines de tables, 4 lettres ne suffisent plus, on doit recourir aux soulignés (<code>_</code>) et la lisibilité s’effondre.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/16/309-noms-de-tables-a-4-lettres#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/281Analyse du coût de la protection de contenu de Windows Vista, par Peter Gutmannurn:md5:71f6d6cc5da6a5bc3aac0e897194c67f2007-02-12T21:59:00+00:002011-03-27T20:53:16+00:00ChristopheInformatique pratiqueApplecomplexitédommageDRMdécadencefoutage de gueulegaspillagehiérarchieinformatiquelobbysMacOSMicrosoftMP3organisationpessimismesabotageWindowséconomie<p>Comment Vista gaspille beaucoup de cycles processeurs à vérifier que vous ne piratez pas.</p> <p>Circule en ce moment sur le net un très argumenté et cruel texte sur les protections du « contenu de première qualité » (haute définition) par Vista.</p>
<p>Version originale anglaise : <a href="http://www.cs.auckland.ac.nz/~pgut001/pubs/vista_cost.txt" hreflang="en">http://www.cs.auckland.ac.nz/~pgut001/pubs/vista_cost.txt</a><br />Version française : <a href="http://chl.be/vista/">http://chl.be/vista/</a><br />Commentaire-résumé-approbation par l’estimé Bruce Schneier, à lire dans la foulée : <a href="http://www.schneier.com/blog/archives/2007/02/drm_in_windows.html" hreflang="en">http://www.schneier.com/blog/archives/2007/02/drm_in_windows.html</a>.</p>
<p>Il faut aller le lire, mais je m’en vais tenter un résumé trop sauvage qui laisse tous les détails techniques de côté (<em>mes commentaires sont en italique</em>) :</p>
<ul>
<li>Les spécifications techniques des DRM de Microsoft sont bourées de consignes floues demandant à obscurcir délibérément le code et à rajouter des protections au petit bonheur, ce qui relève plus de l’idéologie que de la spécification technique.</li>
</ul>
<ul>
<li>Vista passe plus de temps à vérifier qu’on ne le hacke pas qu’à réellement afficher une vidéo ; cette paranoïa rend le système plus instable et susceptible aux attaques (déni de service).</li>
</ul>
<ul>
<li>L’affichage de contenu haute définition force le brouillage ou la désactivation de bien des entrées/sorties (S/PDIF), avec des effets pervers intéressants... et masqués (exemple de l’acquisition d’image par un scanner médical qui lit en même temps un CD).</li>
</ul>
<ul>
<li>Les techniques utilisées imposent aux constructeurs de périphériques de très coûteuses modifications matérielles (interdisant certaines techniques qui rendraient les puces trop « ouvertes ») comme logicielles, ainsi que des frais de licences. Tous ces coûts sont répercutés au consommateur bien sûr.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le marché se retrouve au final totalement verrouillé par Microsoft qui impose et étouffe des technologies concurrentes (<em>vieille habitude</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>L’argument « c’est une exigence de Hollywood, on n’y peut rien » est une véritable insulte aux clients venant de la part d’une entreprise comme Microsoft qui possède 95% du marché et définit lui-même les normes. (<em>D’un côté, les </em>majors<em> ont besoin de Microsoft pour imposer un standard haute définition. D’un autre côté, toutes les actions des </em>majors<em> font penser que la dernière chose dont elles ont envie est qu’un PC, complexe, souple et donc faillible, touche leur précieuse « propriété intellectuelle ». Un bon exemple de rame à contre-courant de toutes les tendances actuelles... Bruce Schneier considère que Microsoft cherche à mettre au pas Hollywood en prenant le contrôle complet de la technique. On ne le plaindra pas.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La possibilité de révoquer des périphériques à distance est une bombe atomique légale dont on ne sait si elle sera utilisée, mais il est incompréhensible qu’elle soit tolérée par des gouvernements un peu soucieux de sécurité nationale.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’impact de tout cela sur les segments du marché les plus chatouilleux sur les performances (<em>gamers</em>) se prévoit difficilement (<em>je ne les vois pas migrer en masse sous Linux...</em>). Mais il est à peu près sûr que les lecteurs chinois à 50 $ dans quelques années permettront de faire plus qu’un récent PC sous Vista. Vous avez <em>vraiment</em> besoin de HD, <em>tout de suite</em> ? Le contenu illégal (<em>peer to peer</em> et autres) prendra de la « valeur » en conséquence (plus pratique et fiable !).</li>
</ul>
<ul>
<li>Comme pour les protections antérieures, le contournement sera probablement effectué par un <em>hacker</em> exaspéré de ces limites en une semaine dans un futur proche. (<em>Et d’ailleurs les protections du Blu-Ray et du HD DVD viennent de sauter. Mais il y a longtemps que la protection offerte est plus légale que technique : faire sauter une protection, même dérisoire, est à présent un délit, sinon un crime, dans la plupart des pays d’Occident.</em>)</li>
</ul>
<p>Je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence technique de tout cela, les docs abondent que le lecteur intéressé ira dépouiller. Connaissant la volonté de Microsoft de tout contrôler et d’écraser la concurrence autant que ses partenaires et clients, et vue l’ambiance paranoïaque quant à la protection du « contenu », je veux bien croire l’intégralité de tout cela. La dernière chose dont j’ai envie est de me battre contre le système délibérément bridé de <em>ma</em> machine <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/12/298-analyse-du-cout-de-la-protection-de-contenu-de-windows-vista-par-peter-gutmann#pnote-268-1" id="rev-pnote-268-1">1</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/12/298-analyse-du-cout-de-la-protection-de-contenu-de-windows-vista-par-peter-gutmann#rev-pnote-268-1" id="pnote-268-1">1</a>] <em>Et ça vaut aussi pour le Mac dont la compatibilité avec les codecs non Apple est délibérément limitée...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/12/298-analyse-du-cout-de-la-protection-de-contenu-de-windows-vista-par-peter-gutmann#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/268Retour sur Vista : un point de menuurn:md5:e143975d51e98fdc78e1fb06edc68b0f2007-01-02T22:43:00+00:002010-11-21T16:47:13+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementAppleauto-organisationdommagedysfonctionnementdéveloppementergonomiehiérarchieinformatiquelogiciel libreMacOSMicrosoftorganisationWindows<p>Réunionnite aiguë sur un menu à trois choix.</p> <p>J’avais <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista">parlé ici, l’été dernier, des catastrophiques problèmes de retards de Vista</a> : années de travail jetées à la poubelle, <em>process gone thermonuclear</em>, incitation limitée au résultat, poids délirant de la compatibilité ascendante à tout prix, etc...</p>
<p>Un exemple concret est donné par le toujours pertinent <a href="http://www.joelonsoftware.com/items/2006/11/21.html" hreflang="en">Joel Spolsky, avec pour exemple le menu pour arrêter ou mettre en veille Vista</a>. La copie d’écran vaut le détour : beaucoup trop d’icônes, de boutons... partout ; un débutant est saturé d’informations et ne sait pas où donner de la tête (au contraire de l’informaticien chevronné qui sait mentalement faire le tri et hiérarchiser cette avalanche de symboles). Plus précisément, Spolsky met le doigt sur la multitude d’options disponibles quand nombre d’entre elles se recoupent quand on y réfléchit un peu.</p>
<p>Sur ce point précis, <a href="http://moishelettvin.blogspot.com/2006/11/windows-shutdown-crapfest.html" hreflang="en">Moishe Lettvin, un des programmeurs de Microsoft, a répondu et confirme les pires craintes sur l’ambiance de développement de Microsoft</a> (même si en <em>ante-scriptum</em> il a rajouté qu’il ne pense pas que le problème soit commun à tout Vista, il a manifestement vexé quelques collègues). Réunionnite aïgue, pléthore de personnel, mille-feuille bureaucratique, division du travail à l’extrême... Beaucoup de maladies de notre époque sont visibles comme le nez au milieu de la figure.</p>
<p>Une remarque étonnante : Moishe Lettvin précise que plusieurs des équipes impliquées possèdent des Mac et veulent s’en inspirer. Mais la philosophie du « simple et clair »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/02/285-retour-sur-vista#pnote-251-1" id="rev-pnote-251-1">1</a>]</sup> si propre à Apple semble totalement hermétique au personnel de Microsoft.</p>
<p>Le <a href="http://www.joelonsoftware.com/items/2006/11/24.html" hreflang="en">verdict final de Spolsky</a> (lui-même ancien de l’équipe Excel de Microsoft) est sans appel : Microsoft est gangréné par la bureaucratie, comprend trop de monde, et en conséquence a même dû réduire la barre à l’embauche.</p>
<p>Je laisse aux <em>geeks</em> de service le soin de comparer avec l’ambience « joyeux bordel » typique du logiciel libre. Je remarquerai juste que là, le progrès est incrémental et que ce sont les ingénieurs qui sont aux commandes.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/02/285-retour-sur-vista#rev-pnote-251-1" id="pnote-251-1">1</a>] <em>Je rappelle qu’un Mac fait à peu près les mêmes choses qu’un PC, et a ses propres conventions à apprendre, ses contraintes, ses bugs, ses limites... Mais pour chaque opération, la manière de la faire semble en général beaucoup plus simple, sans boîtes de dialogues surchargées de texte ni fouilli d’icônes.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/02/285-retour-sur-vista#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/251Les joies de la SSII (6) : Accès à distance et télétravailurn:md5:d5f65db2256879a572a3c3bc54267e212006-12-21T13:58:00+00:002020-03-31T15:32:49+00:00ChristopheIl faut bien mangerinformatiquelogistiquemercenairemobilitéorganisationparadoxeparanoïaréseauSSIItravail<p>La technologie actuelle rend le travail à distance possible. Culturellement et sécuritairement, ça coince.</p> <p>Consultants migrants en clientèle, sous-traitants développeurs <em>off-shore</em> ou pas, ou simples télétravailleurs, nombreux sont ceux qui se connectent à distance chez leur employeur ou leur client <em>via</em> Internet.
<br />Les avantages sont innombrables, y compris sur le plan écologique et de la réduction des coûts<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, comme sur la qualité de vie et donc la productivité du télétravailleur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>(<em>Caveat</em> : Oui, une partie de ce qui suit est à mettre sur le compte de ma tendance à râler et une certaine impatience naturelle. Mais tout de même.)</p>
<h3>Technologie</h3>
<p>Évidemment, la connexion à distance nécessite quelques outils.</p>
<p>D’abord un <strong>accès Internet</strong>. <strong>Rapide</strong>. Allez faire du télétravail avec un simple modem, ou quand le réseau de votre agence est tellement encombré que la connexion aux serveurs du client dure trois ou quatre éternités ! Des échanges de fichiers un peu imposants à 3 ko/s deviennent très vite pénibles. Pénible aussi le parcours d’une arborescence réseau profonde quand le résultat d’un clic n’est pas instantané. Extrêmement pénible aussi de déboguer pas à pas un programme quand chaque appui de touche déclenche une réflexion de deux secondes au bas mot.</p>
<p>Le <strong><a href="http://www.commentcamarche.net/initiation/vpn.php3">VPN</a></strong> est l’autre mot magique de la connexion à distance. <br />En deux mots, il s’agit juste d’un moyen de crypter les échanges entre le télétravailleur et le site central d’une part, et aussi de faire en sorte que le poste distant croit se trouver sur le réseau de l’entreprise où il se connecte, avec les droits et accès pour bosser. C’est très bien quand ça marche. <br />Quand ça <del>merd</del> ne marche pas, ou mal, la liaison est encore plus lente, les tables de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Routage">routage </a> ne sont pas à jour et interdisent l’accès à tel ou tel logiciel ou serveur, etc.</p>
<p>Un autre élément beaucoup moins drôle mais courant est <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Citrix_MetaFrame">Citrix</a></strong>, ou un équivalent (protocole X, RDP, etc.). L’outil offre la possibilité d’afficher sur son poste un programme qui, en réalité, tourne ailleurs. Le poste du télétravailleur devient donc un simple terminal. Un logiciel très lourd sur un serveur très costaud peut donc être utilisé à distance sans problème, et les administrateurs apprécient de n’installer certains logiciels qu’une seule fois sur une machine « publique ».</p>
<p>Mais pour la bureautique, le cauchemar commence.<br />Par exemple, j’ai accès à un Citrix qui me « mappe » un lecteur réseau du client comme si j’étais sur son réseau. Sympa à première vue, très lent à deuxième vue. <br />À troisième vue, je m’aperçois que la session de l’explorateur (exécutée à distance) ne connaît pas mes raccourcis (et si j’en pose, il les oublie), mes préférences d’affichage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, etc. <br />Les documents s’ouvrent d’un clic... dans une session Word qui elle aussi tourne au loin sur un serveur du client. Cette session est lente (tolérablement), ne connaît pas la configuration de mes barres d’outils, et autres frustrations mineures mais répétées. <br />Si je veux transférer le fichier sur mon disque dur, le copier-coller ne fonctionne pas (deux fenêtres d’explorateur sur deux machines différentes) : il faut ruser et cliquer sur l’icône « Dossiers » dans l’explorateur distant, et là, ô joie, apparaît un lecteur <strong>D$:</strong> qui est une fenêtre ouverte sur mon disque (ça se complique : il s’agit bien d’un accès du serveur distant vers <em>mon</em> poste pour afficher <em>mon</em> arborescence dans <em>sa</em> fenêtre) ; si je parcoure l’arborescence de <em>mon</em> disque dur, les aller-retours à travers Internet de chaque clic transforment un bête glisser-déplacer en exercice de bouddhisme zen<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Les <em>time-outs</em></h3>
<p>Je <strong>hais</strong> les <em>time outs</em>. Ils brisent une concentration toujours chèrement acquise, en me forçant à me reconnecter. Mal gérés, ils peuvent transformer un télétravailleur en chèvre.</p>
<p>Après une heure de développement, je veux me connecter en vitesse à une autre base pour comparer quelque chose ? Clic sur la bonne icône, et bang ! Citrix demande une nouvelle connexion (en plus, bien sûr, de la connexion à ladite nouvelle base). <br />Un petit coup d’œil sur le courrier dans INotes ? Ah non, il faut se réauthentifier (deux fois, systématiquement et bizarrement). <br />Je termine un gros mail important sur le webmail de mon employeur ? Chlack ! Le <em>firewall</em> tombe (<em>time out</em> de quatre heures pile, non paramétrable), il faut ressortir la <a href="http://www.safeword.com/cisco/" hreflang="en">calculette Cisco</a> pour me reconnecter. Quant au contenu du mail, il est perdu, bien sûr.</p>
<p>Moins grave, Citrix, de temps à autre, m’interrompt pour me dire « Hé, tu m’oublies, là, je vais me déconnecter dans deux minutes ! » - très agréable avec quatre ou cinq applis ouvertes en même temps, chacune réclamant un petit clic pour survivre une demi-heure de plus. <br />Chez un client, le <em>proxy</em> standard exigeait systématiquement une authentification régulière : un cauchemar de sessions perdues avec certains sites mal fichus (celui de <a href="http://services.sap.com/sscr/" hreflang="en">SAP</a> par exemple).<br />Et au fait, je faisais quoi, là déjà, avant de me réauthentifier deux fois ?</p>
<p>Je comprends la paranoïa du service informatique qui, dans les accès à distance, force des sessions courtes. Mais de plus en plus de monde travaille à distance, justement, en jonglant comme moi entre les logiciels. Si l’un d’eux ne supporte pas que l’on ne lui accorde pas d’attention pendant une heure ou deux sans se déconnecter, il devient un problème.</p>
<h3>Service informatique</h3>
<p>Les services informatiques centraux ont du mal à intégrer la généralisation du télétravail (le vrai, ou la sous-traitance à distance).</p>
<p>Il ne s’agit pas de mauvaise volonté, mais l’ouverture que cette révolution entraîne entre en <strong>conflit frontal avec les missions traditionnelles de l’exploitation</strong> (fiabilité, sécurité, performance des réseaux et serveurs), missions rendant ces gens légitimement <strong>conservateurs</strong> (« on ne change pas une équipe qui gagne ») et <strong>suspicieux</strong> (« qui est cette personne que je ne connais pas qui veut attaquer mon précieux serveur ? »). <br />L’hystérie sécuritaire actuelle, et la peur du <em>hacker</em> boutonneux ou mafieux, n’arrangent rien.</p>
<p>Ces employés travaillent de plus depuis le « cœur du donjon », connectés sur du RJ45, à l’intérieur des murs, voire au siège, de l’entreprise, et n’utilisent souvent pas quotidiennement et des heures durant les outils qu’ils maintiennent. Le boulot du sous-traitant de base ne leur est pas familier (même si intellectuellement ils sont d’accord pour satisfaire ses besoins).</p>
<p>Un exemple caricatural : si j’appelle le support de mon client pour un problème quelconque, en précisant bien que je suis sous-traitant, une de leurs première questions est « puis-je me connecter à distance sur votre poste ? ». La personne du support (elle-même souvent un petit jeune employé par un sous-traitant d’ailleurs...) n’a pas compris que, non, je n’ai pas un poste avec la configuration standard du client.</p>
<p>Même de grandes SSII sont frappées : combien de fois ai-je reçu des mails annonçant la disponibilité d’un site, blog ou wiki sur tel ou tel sujet, sur le réseau <em>interne</em>... inaccessible sans accès au minimum au VPN du groupe, chose techniquement impossible depuis les réseaux des clients où je facture, réseaux cadenassés et <em>firewallés</em> à mort (hors proxy web, point de salut) ?</p>
<p>J’ai vu le cas extrême de l’accès à distance totalement interdit à un sous-traitant extérieur indien par des règles imposées par le groupe. D’où des <strong>coûts cachés</strong> : réseaux séparés donc nécessité d’une machine de développement supplémentaire, donc taillée au plus juste, avec une praticité de maintenance nulle avec les conséquences que l’on devine, un manque de synchronisation avec les développements sur la machine « interne », des passages en recette et des mises à jour fastidieux (par clé USB), etc.</p>
<h3>Leeeeeeeeeenteeeeuuuuuuurrrrrr</h3>
<p>J’ai déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/12/239-signatures-dans-lotus-notes">dit du mal de Lotus Notes</a>. En natif il est déjà lent (systématiquement trois secondes pour ouvrir un mail déjà précédemment ouvert, apparemment le cache marche mal). Via un VPN, il devient pour moi intolérable. Le moindre clic fait un aller-retour jusqu’au serveur. En ce moment, je tape souvent du courrier à travers INotes, l’interface web de l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/12/239-signatures-dans-lotus-notes">abomination ergonomique qu’est Notes</a> : chaque lettre semble faire l’aller-retour de mon bureau jusqu’au serveur (en traversant la moitié du pays au passage) avant de s’afficher.</p>
<p>Œuvrer depuis une agence de SSII n’est pas toujours une sinécure. Puisque tout le monde travaille à distance pour un client différent, que l’accès Internet est centralisé à Paris alors que mon client est dans ma ville, j’obtiens fatalement un débit final escargotesque (sauf aux heures de pause). Et quand on joint deux réseaux, on obtient deux fois plus de problèmes de connexion ou de débit.</p>
<p>Je me demande comment opèrent des Indiens depuis leur continent. Les horaires décalés se transforment là en avantage - si les tuyaux suivent de leur côté...</p>
<h3>Les imprimantes</h3>
<p>Cela semble innocent mais le piège est très courant : lors d’un accès à distance, les imprimantes connues du serveur sont physiquement inaccessibles, et celles physiquement proches sont inconnues du serveur. Ce n’est pas gênant lors d’un accès <em>full web</em>, ou lors du développement d’un logiciel compilable sur son poste, ou pour une spécification sous Word téléchargeable en local.</p>
<p>Mais dans le cas d’une connexion Citrix (affichée sur un poste mais fonctionnant sur un serveur chez le client), <strong>les imprimantes locales n’existent pas du point de vue de l’application</strong>, ou sont ignorées. Cela se paramètre peut-être.</p>
<p>De même, je n’ai pas vu d’ERP qui imprime spontanément sur une imprimante propre au prestataire, et non explicitement déclarée par l’administrateur (et vue la manière dont se gèrent les imprimantes dans ces monstres, je ne jette pas la pierre : rien à voir avec le <em>plug and play</em> de l’informatique personnelle). Je peux donc imprimer en théorie de superbes factures, mais le papier sortira à des kilomètres de mon siège, sinon sur un autre continent. Dans ces conditions, le débogage téléphonique lasse vite (et nécessite une bonne âme au téléphone près de l’imprimante, aux bonnes heures, décrivant les problèmes dans la bonne langue).</p>
<p>Il existe bien sûr des <strong>contournements</strong>. L’aperçu avant impression fonctionne suivant les logiciels ; la copie d’écran peut suffire , une impression dans un fichier (voire un PDF) se récupère souvent par le réseau ; etc. <br />Ce n’est pas toujours aussi simple quand la chaîne d’impression est un peu longue, tordue ou hermétique aux standards courants. Le coût en paramétrage, accès distants (avec mots de passe ?), et en temps s’ajoute à l’énervement si le travail est répétitif.</p>
<p>D’autres cas existent où la proximité physique génère un gain de temps si elle ne s’avère pas absolument nécessaire : problèmes réseaux, support utilisateur pointu, spécifications floues ou développées au fur et à mesure de la réalisation...</p>
<h3>Non existence</h3>
<p>Suivent les problèmes classiques d’un sous-traitant physiquement absent : le personnel du client ne pense pas toujours à lui, il n’est pas là lors des annonces orales, le « <strong>non-dit</strong> » (communication non verbale, ambiance de travail) se perd, les noms n’ont pas de visage, les <strong>niveaux d’urgence ou importance</strong> de tel ou tel problème deviennent moins facilement décryptables, les informations glanées inconsciemment en laissant traîner son oreille (avantage principal de l’« <em>open space</em> ») ne parviennent pas, « <strong>radio moquette</strong> » est muette, la <strong>culture d’entreprise</strong> n’est pas assimilée, le jargon local s’acquiert bien plus lentement, une réunion de travail impromptue ou informelle se transforme en messe planifiée au moins douze ou vingt-quatre heures à l’avance, l’absence d’un intervenant n’est pas connue dès l’arrivée au travail (« Pourquoi il répond pas à mes mails, Untel ? »), les structures hiérarchiques officielles ou officieuses sont masquées, les problèmes « dans l’air » mais non formalisés sont inconnus des télétravailleurs, etc. etc.</p>
<p>Par contre, le « téléphone arabe » fonctionne à plein, notamment via les <strong>intermédiaires</strong> (« interface », « <em>front</em> »...) pour coordonner tout ce monde qui n’arrive plus à communiquer. Et si au contraire la communication est bonne, malgré la distance et grâce à la technologie moderne et à de bons contacts, l’intermédiaire devient un frein car par définition il doit être au courant de tout<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>. <br />Ajoutons les problèmes de langue et d’incompréhension culturelle dans certains cas.</p>
<p>Il existe des méthodes et technologies pour corriger partiellemement les problèmes : <strong>rencontres physiques</strong> régulières (pas un problème pour un prestataire de la même ville, mais le travail avec l’Inde devient vite plus coûteux), conférences téléphoniques à plusieurs voire vidéoconférences, usage massif du courrier électronique, des wikis, des intranets, remplacement de la communication informelle par des <strong>spécifications très précises</strong> (un effet de bord de la sous-traitance qui a son coût, en temps et flexibilité, mais de gros avantages aussi), etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
Partie 6 : Les joies de l’accès à distance<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Dans le cas du télétravail ou de l’</em>off-shore<em>, je serais moins catégorique. Mais c’est un autre débat.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mais mon patron n’a pas compris ça. Je dois faire des kilomètres pour venir au bureau me connecter sur le serveur de mon client à une vitesse nettement inférieure à celle fournie par mon fournisseur ADSL. Bref.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je ne supporte </em>pas<em> l’affichage par défaut de Windows, avec ses icônes encombrantes, ses noms de fichiers tronqués, les extensions de fichiers absentes...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Facturé environ 1 € la minute par le consultant moyen, rappelons-le.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>C’est l’intermédiaire qui parle...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/232« Frameworks », Java, complexité, librairies et usines à gazurn:md5:36e03332ed402ada7eaa8ed4f36632302006-11-21T19:25:00+00:002008-11-25T22:02:10+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementcomplexitédysfonctionnementdéveloppementexpertiseinformatiqueorganisationsabotagetravail <p>Béni soit Steve pour m’avoir indiqué le morceau de bravoure de <a href="http://benjismith.net/" hreflang="en">BenjiSmith</a>, hébergé sur le site de Joel Spolski : <a href="http://discuss.joelonsoftware.com/default.asp?joel.3.219431.12" hreflang="en">http://discuss.joelonsoftware.com/default.asp?joel.3.219431.12</a></p>
<p>Il porte sur la profusion de <em>frameworks</em> disponibles notamment en Java, qui rajoutent une monstrueuse étape de complexité inutile. BenjiSmith ne veut pas de <em>frameworks</em> qui imposent leur structure à l’application, mais de belles librairies bien séparées qui font chacune un travail bien précis, et qu’on puisse agencer. La discussion finit d’ailleurs sur une extraction par BenjiSmith de librairies extraites de divers <em>frameworks</em>.</p>
<p>Comme tout, c’est affaire de juste milieu. Certains <em>frameworks</em> éprouvés sont universels et mûrs (le modèle de la base de données SQL est un bon exemple), d’autres sont pur <em>buzzword</em>.</p>
<p>Je prétends souvent (en ne plaisantant qu’à moitié) que ma formation d’ingénieur en génie chimique me permet de repérer les « usines à gaz » et de bien les construire. En fait, elle me permet surtout d’en avoir peur et de chercher à les éviter le plus possible. Rien que ces histoires de <em>frameworks</em> me font passer l’envie de me mettre un jour<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/21/268-frameworks-java-complexite-librairies-et-usines-a-gaz#pnote-239-1" id="rev-pnote-239-1">1</a>]</sup> à Java<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/21/268-frameworks-java-complexite-librairies-et-usines-a-gaz#pnote-239-2" id="rev-pnote-239-2">2</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/21/268-frameworks-java-complexite-librairies-et-usines-a-gaz#rev-pnote-239-1" id="pnote-239-1">1</a>] <em>Comme si j’avais le temps...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/21/268-frameworks-java-complexite-librairies-et-usines-a-gaz#rev-pnote-239-2" id="pnote-239-2">2</a>] <em>Et ceci en plus de la tendance apparente du langage à être inutilement verbeux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/21/268-frameworks-java-complexite-librairies-et-usines-a-gaz#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/239Ubu et réservation aérienneurn:md5:a1abf6cac1c2fd8ecee7a161e1198ed42006-11-14T11:37:00+00:002023-12-27T11:04:23+00:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismeargentbon sensbugchaoscommunicationcomplexitécynismedommagedysfonctionnementdécadencedéshumanisationemmerdeursfoutage de gueulegaspillageincohérenceinformatiquelibertémicroéconomiemèmeoptimisationorganisationperspectivepessimismepouvoir d’acheterprise de têteprovocationsabotagetravailvaleuréconomie<p>Le calvaire aérien d’une collègue, typique des travers de notre époque.</p> <p>Je dis toujours que les compagnies aériennes constituent l’illustration parfaite de la différence entre <strong>sécurité</strong> et <strong>fiabilité</strong> : s’il est effectivement très peu risqué de prendre un avion (bien moins que sa voiture ou son vélo), les chances d’arriver en temps et en heure sans une contrariété quelconque évoluent plus près de 50 % que de 99,999 %. <br />Je vole peu, pourtant j’ai déjà ma part d’histoires de vols annulés, retardés, pour raisons techniques ou sociales, plus souvent pour des bouchons sur les pistes (typiquement à Orly le vendredi soir). <br /><a href="http://www.lgv-est.com/">Vivement le TGV</a> (et je dis ça peu après une grève de la SNCF). (<strong>Ajout de 2010</strong> : Le TGV on l’a et c’est super, mangez-en !)</p>
<h3>Les différents intervenants</h3>
<p>Une collègue vient de nous raconter son calvaire. <br />Elle utilise une compagnie très connue pour les vols intérieurs (appelons-là, disons, Air Gaule). Notre employeur commun nous <del>demande</del> ordonne de commander tous nos billets (ferroviaires, aériens…) par une agence de voyages assez connue qui fait aussi dans les services financiers ; appelons-la Antarctic Express.</p>
<p>Le passage par cette agence de voyages permet apparemment de gagner 20 € sur le prix du billet. Quand je dis « gagner », c’est l’agence qui encaisse 35 € de frais, au lieu de 15 € par Air Gaule.<br />En échange, nous disposons d’un joli site web qui stocke nombre d’informations confidentielles à notre sujet, et nous refuse des vols qui ne couvrent pas la « politique voyage ». (Ce sont des interdictions du genre : « non, tu ne traverseras pas la moitié de la France en avion, faudrait le faire en train et y passer quatre fois plus de temps au total et payer une nuit supplémentaire à Lutèce. » Bon, les <em>bigs chefs</em> valident systématiquement la dérogation aux critères sans doute pondus par un acheteur à la Défense qui ne doit pas aller souvent en clientèle hors d’Île-de-France. Bref.)</p>
<h3>Clouée au sol</h3>
<p>À notre époque, les billets sont tous électroniques, en fait juste un numéro quelque part pour qu’à l’enregistrement il soit possible de retrouver notre trace dans l’ordinateur au cas où le vol, le nom et le numéro de la pièce d’identité ne suffisent pas. L’inconvénient est qu’il n’existe plus aucune garantie <em>physique</em> au client que son billet est valable.</p>
<p>La collègue en question a donc été fort marrie quand, après une longue queue devant le guichet, l’humeur maussade comme on l’est à six heures du matin après s’être levé à quatre, la charmante hôtesse<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ne l’a pas trouvée parmi les passagers recensés par le Grand Serveur Central : l’agence n’avait pas transmis la réservation. <br />Adrénaline, queue au guichet vente, re-queue devant l’enregistrement, obligation de se contenter des dernières places (ni hublot ni couloir) si même il y a encore de la place, retard éventuel, etc.</p>
<p>Ce genre d’incident est pénible la première fois ; mais bosser dans l’informatique enlève toute illusion sur la fiabilité absolue de tout ce qui est électronique, et rend philosophe.</p>
<p>La deuxième fois c’est encore plus pénible.</p>
<p>La troisième fois, on se demande si on ne va pas lâcher l’agence de voyages<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.<br />Surtout quand, au moment de re-réserver le billet qui n’a jamais été transmis, on s’aperçoit que l’abonnement à Air Gaule a été bloqué pour un papier jamais arrivé, jamais transmis apparemment par l’agence de voyage. Air Gaule proteste de sa bonne foi en avertissant qu’ils ont averti l’agence de voyages… qui n’a jamais averti sa cliente.<br />Le paiement, lui, a bien été transmis.</p>
<p>(Au passage : cette même collègue s’est fait « ensacheter » deux dangereux bâtons de rouge à lèvre par les services de sécurité. Coup de chance, ils n’ont pas vu ses médicaments, elle n’avait pas l’ordonnance.)</p>
<p>La même collègue a rapporté le cas d’un autre utilsateur d’Antarctic Express, qui un jour manqua son vol départ pour une raison quelconque. Après s’être débrouillé seul pour prendre un autre vol (sur le même billet affaire donc décalable), et avoir fait ce qu’il avait à faire là où il allait, le malheureux a découvert à l’enregistrement la disparition de son voyage retour : informée de son absence au départ originel, l’agence avait annulé le retour.</p>
<p>Ces problèmes, paraît-il, n’existaient pas avec l’agence de voyage locale utilisée encore il y a quelques années. Ces gens-là n’avaient pourtant pas de centre d’appel continental avec des employés dressés comme des robots à lire leur script et à ne surtout pas prendre d’initiative, et qui changent à chaque contact. Comment diable pouvaient-ils être compétitifs ?</p>
<h3>Moralités</h3>
<p>Que le malheur des uns serve de leçon aux autres : ces exemples pointent un problème de plus en plus courant à notre époque. Ici on ajoute un <strong>intermédiaire qui est censé fournir les mêmes services que le fournisseur final</strong>. Il ne s’agit pas ici de cas où une agence de voyages vous mitonne un Dijon-Christchurch<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> <em>via</em> quatorze correspondances et huit compagnies, en choisissant parmi sept mille trajets possibles (rôle de courtier en quelque sorte), mais du cas très courant dans le métier de vols sur des lignes du principal opérateur national.</p>
<p>Intermédiaire inutile également car Air Gaule, non content de faire voler ses clients, fournit service web, centre d’appel, etc. <em>a priori</em> moins dysfonctionnels que tout intermédiaire puisque la compagnie a la maîtrise des machines et l’accès direct aux données et logiciels. (Quoique avec la vogue actuelle de décentralisation et filialisation, ce serait à vérifier…)</p>
<p>Bref, un cas typique de notre époque où <strong>les couches s’amoncellent, et les problèmes de communication (inévitables, même à l’époque d’Internet) vont avec la complexité du flux</strong>.</p>
<p>Bizarrement, la facturation ne tombe jamais en panne. Elle est même la seule à faire du zèle.</p>
<p>Je ferais volontier le parallèle avec <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille">mes problèmes très techniques et très personnels de sabotage mutuel entre trois outils qui essaient tous les trois de faire la même chose</a>…</p>
<p>Pour finir, revenons à la justification de l’utilisation de l’agence de voyage : il paraît qu’en fonction du chiffre d’affaire généré avec elle, notre groupe encaisse une ristourne. Cette ristourne est invisible sur les avances de fonds que nous, petits consultants migrants, faisons<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> (avances débitées après le remboursement des frais, à quelques jours près, si le secrétariat ne fait pas d’erreur et est alimenté en feuilles de frais suffisamment à temps). Elle est aussi invisible sur les billets à titre privé que nous serions tentés de commander <em>via</em> Antarctic Express. On pointe là un autre problème, celui de la <strong>séparation entre l’effort et le bénéfice</strong>. La conscience professionnelle et la volonté de réduire les coûts de son employeur ont leurs limites quand les contraintes s’accumulent et que les gains ne sont jamais, même symboliquement, partagés.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je brode, c’était peut-être un très moche </em>stewart<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>D’ailleurs elle a annoncé ne plus l’utiliser. Vue l’ambiance à l’agence, je ne pense pas qu’il y ait jamais de sanction pour cette violation des procédures.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Nouvelle-Zélande.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Oui, dans ma <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">SSII</a> </em>(c’était en 2006, mon nouvel employeur paie lui-même l’avion. - Note de 2007)<em>, nous devons avancer </em>tous<em> les frais de déplacement sur nos deniers personnels, </em>via<em> la carte de crédit à débit différée fournie par l’entreprise et débitée sur notre compte personnel. Cela implique surtout d’assumer les risques qui vont avec toute transaction quelle qu’elle soit.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/14/270-ubu-et-reservation-aerienne#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/240Les joies de la SSII (5) : Se battre pour bosserurn:md5:0b1494d5a6617ac43d172ec965c356832006-10-31T11:34:00+00:002020-03-31T15:34:00+00:00ChristopheIl faut bien mangerbase de donnéescomplexitécynismelogistiquemercenairemobilitéorganisationparadoxeSSIItravail<p>Il faut parfois une sacré motivation pour obtenir de quoi travailler normalement quand on est un « migrant ».</p> <p><em>Caveat : Ce qui suit ne concerne absolument aucune entreprise précise en particulier, mais des travers rencontrés par moi-même ou mes collègues parmi différents clients.</em></p>
<p>Le petit consultant migrant a enfin trouvé un siège, une prise électrique pour le portable, et s’est relié au réseau informatique par la précieuse prise RJ45. À ce stade, la récupération d’une adresse IP, par DHCP, ne posent aujourd’hui plus de problème (en général). Le paramétrage des imprimantes est une plaisanterie (enfin, si les pilotes sont accessibles...).</p>
<p>Enfin connecté, le consultant n’est pas au bout de ses peines : il doit à présent accéder à quatre outils capitaux : son mail professionnel, internet, les répertoires de documents de travail, les machines et serveurs.</p>
<ul>
<li>Le <strong>mail professionnel</strong>, <em>ie</em> de sa SSII, n’est pas un dû. <br />Le réseau de beaucoup de clients ne tolère pas d’accès vers l’extérieur autres que le web via un <em>proxy</em> : on oublie donc Outlook, Thunderbird et autre lecteur de courrier. Le consultant pourra se rabattre sur un webmail fourni par son entreprise (avec de la chance), ou faire rediriger son mail vers le compte mail interne fourni (imposé) par le client. <br />Parfois les règles de sécurité interdisent la redirection des mails. Cela fait partie des règles qu’il faut respecter jusqu’à ce qu’elles deviennent un frein au travail facturable (argument suffisant dans une SSII à condition de ne pas faire de bêtises ; de bonnes relations avec les administrateurs sont conseillées).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Internet</strong> est devenu un outil absolument indispensable. <br />D’abord parce que Google et les différents forums constituent à présent la première source d’informations techniques ; ensuite à cause de la paperasse interne à la SSII à disposition des migrants, à un clic de souris.<br />Enfin parce que le consultant doit accéder à son webmail pour lire son courrier.<br /> <br />Certaines entreprises paranoïaques ne tolèrent pas le moindre accès à internet. Dieu merci, elles sont de plus en plus rares. Par contre, le <em>proxy</em> obligatoire est généralisé. Il fait partie des données obligatoires à collecter lors de la connexion à un réseau d’entreprise. Le consultant connaît par cœur les options d’IE (il est obligé de l’utiliser parce que ses clients l’utilisent parce que tout le monde l’utilise) et Firefox (il préfère, en général) pour modifier ce <em>proxy</em>. Il existe des extensions, scripts, sharewares... pour jongler entre plusieurs <em>proxys</em> en un clic.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>documents de travail</strong> (spécifications, normes, documents divers...) peuvent être disposés de deux manières :
<ul>
<li>sur un répertoire réseau local ou un portail, plus ou moins bien rangés, éventuellement protégés par un mot de passe supplémentaire qu’il faudra lui aussi acquérir ;</li>
<li>ou bien distribués de manière <del>assez</del> totalement anarchique dans des documents, serveurs, portails, bases, dépendant de chaque sous-service. <br /> <br />Le jeu de la traque de <em>la</em> version de référence d’une spécification peut vite lasser. Surtout si elle est sur le disque dur (non sauvegardé, soit dit en passant) du portable d’un salarié du client en vacances au Kenya pour les trois semaines que durent la mission.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Même à l’ère du <em>single sign on</em>, les <strong>serveurs, bases de données, applicatifs divers...</strong> gèrent parfois eux-mêmes leurs accès - et nominativement. <br /> <br />Dans un monde idéal, le consultant à peine arrivé se voit lister les accès à Oracle, SAP, etc. dont il a besoin ; et s’il manque quelque chose, un rapide message au service support puis une prompte approbation du responsable du domaine lui permet d’accéder dans le quart d’heure à ce qu’il lui faut.<br /> <br />Dans la réalité, un appel au service support (externalisé, débordé, mis au courant de rien) ressemble à une bouteille à la mer, ou se transforme en obligation de remplir une paperasse assez indigeste qui donne le droit d’attendre une semaine avant de relancer. Le responsable ayant autorité pour dire que M. Consultant peut aller lire les données hautement confidentielles de l’ERP est introuvable, si même on le connaît. L’administrateur Unix qui crée les comptes est un <a href="http://en.wikiquote.org/wiki/Bastard_Operator_From_Hell">BOFH</a>. Il n’y a plus de licence libre pour donner accès à tel applicatif hermétiquement verrouillé par son éditeur. Il est hors de question de donner accès à la production à un extérieur, mais les problèmes ne se manifestent justement qu’en production (la base de recette, elle, a deux ans d’âge ; encore heureux si ce sont encore des données réelles de l’époque et non un <em>mock up</em> théorique du début du projet). Etc.<br /> <br />J’ai vite pris le réflexe de chercher une ou deux personnes avec de la bouteille, ou connaissant nombre de leurs collègues dotés des sésames d’accès, et d’entretenir de bonnes relations avec elles.</li>
</ul>
<p>Au-delà d’un certain seuil d’écœurement du jeune consultant désireux pourtant de respecter les règles mais tenu de travailler sans aucun accès officiel, on entre dans le jeu du trafic des mot de passe de bases Oracle (ceux de défaut de l’installation, jamais changés), de serveurs ouverts à tous les vents, de comptes oubliés de prestataires disparus depuis le siècle dernier, de <em>proxys</em> officieux ; tout ceci par fichiers Excel entiers, transmis de prestataire à prestataire, recensant des accès que le support même serait incapable de donner. (Le cas est certes extrême mais réel.) <br />Dans les cas où les consultants ont pris en main des pans entiers du service, toute une activité peut donc se dérouler à l’insu du client<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et dans la plus pure tradition orale. Trois ans et deux générations de consultants plus tard, le système explose lors d’une crise de routine, et la vérité éclate : « On a toujours fait comme ça. » Et cette fois, on a cassé quelque chose.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
Partie 5 : Se battre pour bosser<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>La leçon à tirer est pour moi claire : toute <strong>sécurisation</strong> doit aller de pair avec une <strong>réactivité exemplaire</strong> des gens chargés de donner des accès. Car même intellectuellement convaincu du bien fondé d’accès limités et contrôlés, personne ne tolère longtemps un obstacle qui lui interdit de faire son travail - prestataire ou pas prestataire. Et une administration des droits défaillante se retrouve vite </em>de fait<em> contournée.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/231Les joies de la SSII (4) : Le consultant migranturn:md5:384158006afd767e567a059df6988d412006-10-27T15:22:00+00:002020-03-31T15:34:59+00:00ChristopheIl faut bien mangerinformatiquelogistiquemercenairemobilitéorganisationréseauSSIItravail<p>Un consultant bouge parfois beaucoup. Cela génère toute une gamme de problèmes.</p> <p>Dans le monde de l’informatique, et des SSII en particulier, un « <strong>consultant</strong> » est souvent un terme pompeux pour de l’intérim de luxe. Cet intérim peut durer des mois voire des années, sur le site du client, avec des outils (poste, logiciels) fournis par ledit client. C’est le mode <strong>régie</strong>, un extrême.</p>
<p>L’autre extrême est le <strong>consultant-papillon</strong> qui court d’un site à une agence, d’un client à l’autre. Plus souvent que son homologue sédentaire, il possède donc un ordinateur portable. J’ai déjà parlé de ce <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">portable lourd et encombrant</a>. Ce n’est que son piège le plus apparent.</p>
<h3>Chez le client</h3>
<p>À l’arrivée sur le site du client, le consultant migrant doit <del>marquer son territoire</del> se trouver une place.</p>
<p>Le client lui octroie parfois volontiers un coin de table et une chaise qui traîne par là (car personne n’en veut) ; parfois il l’exile dans une salle aveugle où un salarié normal refuse d’aller ; parfois le consultant enquête chaque matin pour savoir quel salarié est en RTT et squatter son poste. Le consultant en mission niche fréquemment dans les salles de réunion. Il y croise d’ailleurs parfois des salariés de l’entreprise qui ont un statut de migrant et ne sont pas mieux lotis, et bien sûr d’autres <del>mercenaires</del> consultants collègues et concurrents.</p>
<p>En se débrouillant, le consultant parvient à tirer jusqu’à son poste un <strong>câble réseau</strong> (placé selon les meilleures méthodes de braconnage afin que le premier venu se prenne les pieds dedans et emmène le PC à terre avec lui). Le wifi, non, n’est pas une solution fréquemment pratiquée : cela impliquerait de fournir à beaucoup trop de monde les clés d’accès au réseau sans fil.</p>
<p>Le consultant voyage volontiers en <del>meute</del> petit groupe, et bien sûr, il n’est venu à personne à l’idée que N consultants nécessitent N sièges et coins de table, mais aussi N prises électriques et N prises réseau. Le bricolage à base de multiprises et l’« emprunt » de <em>hubs</em> et <em>switchs</em> est une nécessité (les salariés du client connaissent également souvent ce jeu).</p>
<h3>« Chez soi »</h3>
<p>Ces problèmes logistiques ne se déroulent pas que dans un « contexte client ». En agence, « chez lui » donc, le consultant doit encore plus se battre. Chacun de ses collègues est dans la même situation, à chercher prises réseau et électrique.</p>
<p>De plus, une agence est dimensionnée pour abriter les administratifs, la hiérarchie, et le moins possible de <del>pions</del> consultants de base : s’il n’est pas chez le client, le consultant est en intercontrat et n’a donc rien à faire. Pas de chance, les projets actuels tendent vers <strong>l’externalisation jusqu’à l’absurde</strong>, la régie est démodée, et travailler à distance pour un client depuis son agence se rencontre de plus en plus fréquemment. Les locaux ne suivent pas toujours, et les capacités en débit Internet non plus. La solution pourrait s’appeler « <strong>télétravail</strong> », mais le concept parvient difficilement à atteindre le sommet de la hiérarchie.</p>
<p>Autres raisons du sous-équipement des agences : le matériel coûte cher (même s’il est loué en grande partie, il y a aussi la maintenance), surtout quand l’obsession est le résultat trimestriel ; les gains de productivité attendus d’écrans géants ou de sièges ergonomiques pour les développeurs ne sont pas engrangés par la SSII mais par le client ; une bonne part des consultants a son portable donc inutile d’investir en agence, etc.</p>
<h3>La sociabilisation</h3>
<p>L’esprit de corps dépend fortement des capacités sociales de chacun, du nombre de missions, de leurs durées, de l’éloignement des clients, du <em>turn over</em> dans l’entreprise, mais le consultant-papillon a tendance à connaître relativement peu de monde parmi ses collègues, et souvent très superficiellement. Le problème est récurrent dans toutes les SSII, dont la plupart ont du mal à créer une réelle culture commune (surtout dans l’actuelle ambiance productiviste à outrance).</p>
<p>Un passage en agence revient donc à croiser surtout des <strong>assistantes</strong>, qui constituent un des rares points fixes de la vie, et avec qui il n’est ni désagréable ni inutile de nouer des relations cordiales, ou bien des « chefs », qu’il faudra en général ménager ou éviter (il y en a des bons, aussi). On croise de plus en plus de gens « en fixe » travaillant à demeure en agence, encore faut-il avoir eu l’occasion de les connaître. De plus, le cliché veut que l’informaticien de base ne soit pas le plus spontanément sociable des êtres, et rassembler des gens dans une même salle d’intercontrat sans projet commun ne suffit pas pour souder une équipe.</p>
<h3>La cantine</h3>
<p>La nourriture est une activité capitale, et le consultant-papillon peut avoir accès à la cantine de son client... avec souvent le « <strong>droit d’entrée</strong> » à payer en plus du repas, pour qu’il ne profite pas indûment des tarifs subventionnés par le comité d’entreprise (soit environ 4 €). Les tickets restaurant ne sont pas acceptés, et si par malheur le consultant-papillon est trop près de son agence pour ne pouvoir faire passer le repas en frais de déplacement, c’est pour sa pomme. (Conséquence : il est plus économique de manger à l’extérieur avec les tickets restaurants, tant pis pour le client si le repas dure deux heures et non trente minutes). (<strong>Mise à jour</strong> de novembre 2007) Coup de bol, le client qui offre la cantine au sous-traitant qui vient dans ses locaux existe aussi, je peux en témoigner.</p>
<p>Tragique est le cas du consultant en régie très loin de chez lui, condamné au restaurant midi et soir pendant des mois d’affilée. Sans discipline de fer, la sanction pondérale est sévère. Ajoutons la joie d’annoncer à sa moitié délaissée que le week-end, on aimerait bien rester à la diète.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs">Partie 2 : Plein plein de chefs</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
Partie 4 : Le consultant-migrant<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/230Des millions de lignes à travers le millefeuilleurn:md5:e0087cac7dae17633e64eca1d6d9ca812006-10-14T12:47:00+00:002014-02-26T11:06:21+00:00ChristopheInformatique lourdeabominationautodestructionbase de donnéescomplexitédommagedysfonctionnementdéveloppementERPexpertisegaspillageinformatiqueoptimisationOracleorganisationprovocationsabotageSAPsaturationSQLtravailténacité<p>Ou : « Du danger des outils qui s'empilent les uns sur les autres : autopsie d’un plantage en production. »</p> <p>Prenons un <a href="http://solutions.journaldunet.com/0208/020827_bi_panorama1.shtml">ETL</a>, outil chargé d’extraire bêtement des données d’un gros progiciel d’entreprise, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i">SAP</a> pour ne pas le nommer. SAP lui-même s’appuie sur une base de données <a href="http://www.oracle.com/lang/fr/database/index.html">Oracle</a>. L’ETL pourrait en principe attaquer les données directement au niveau Oracle, mais <strong>SAP impose que l’on passe par lui</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-1" id="rev-pnote-217-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>De ces trois outils, chacun utilise une variante de la <em>lingua franca</em> des bases de données, le <a href="http://www.commentcamarche.net/sql/sqlintro.php3">SQL</a> : Oracle connaît le PL/SQL (langage efficace et sans chichis que j’ai appris à apprécier), SAP utilise l’ABAP (mélange de Cobol et de SQL limité par sa tendance à vouloir s’appuyer sur plusieurs bases de données différentes sans en exploiter une à fond), et l’ETL définit ses requêtes sous forme graphique avec des morceaux de pseudo-SQL<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-2" id="rev-pnote-217-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Besoin</h3>
<p>Au départ, le besoin était tout simple : une <strong>bête jointure de deux tables</strong> sur les « documents article », et récupération des lignes où au moins une de trois dates potentielles était dans une certaine fourchette.</p>
<p>Du côté de l’ETL, le développeur a exprimé cela ainsi :</p>
<blockquote><p>Joli graphique joignant les tables <code>MKPF</code> (en-têtes) et <code>MSEG</code> (lignes)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-3" id="rev-pnote-217-3">3</a>]</sup>, <br />et clause de filtrage définie ainsi :<br /> <br />
<code>MKPF.MBLNR = MSEG.MBLNR</code> (jointure)<br />
<code>AND</code><br />
<code>(</code><br />
<code> ( MKPF.CUPDT >= $PARAM2 AND MKPF.CPUDT <= $PARAM1 )</code><br />
<code>OR ( MKPF.AEDAT >= $PARAM2 AND MKPF.AEDAT <= $PARAM1 )</code><br />
<code>OR ( MKPF./BEV2/ED_AEDAT >= $PARAM2 AND MKPF./BEV2/ED_AEDAT <= $PARAM1 )</code><br />
<code>)</code></p></blockquote>
<h3>Boum !</h3>
<p>L’ETL s’adresse donc à SAP, et génère pour cela à la volée un programme ABAP ; le noyau SAP traduit cette requête dans le SQL d’Oracle, lequel renvoie les données au programme ABAP, dont la sortie est renvoyée à l’ETL.</p>
<p>Après quelques mois en production, ce programme a un soir littéralement explosé (le noyau de SAP refusa de lui allouer plus de mémoire, considérant qu’avec plusieurs gigaoctets il abusait déjà).</p>
<p>En fouillant on découvre déjà que la volumétrie remontant dans SAP se compte en <strong>millions de lignes</strong> (tables de mouvements de stocks d’une entreprise de belle taille sur plusieurs années), et qu’aucune des colonnes de filtrage n’est indexée dans la base de donnée. Le résultat final que recueille l’ETL ne compte cependant que peu d’enregistrements.</p>
<p>Dans le contexte présent d’un <em>cluster</em> de machines bien burnées, Oracle exécute ce double <em>full scan</em> en peu de temps — pas assez pour qu’on ait besoin de demander à un chef d’imposer à un administrateur système réticent de rajouter des index lourds sur des tables très sollicitées<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-4" id="rev-pnote-217-4">4</a>]</sup>. Ce n’est pas un <del>simple</del> classique problème de performances.</p>
<p>Le programme ABAP généré par l’ETL ressemble à ceci (je simplifie) :</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong></code><br />
<code> MSEG9~MBLNR</code> (champs) <br />
<code> MSEG9~MJAHR</code><br />
<code> MSEG9~ZEILE</code><br />
<code> ...</code><br />
<code><strong>INTO</strong> (MSEG9MBLNR,</code> (stockage de la ligne dans des variables temporaires)<br />
<code> MSEG9MJAHR,</code><br />
<code> MSEG9ZEILE...)</code><br />
<code><strong>FROM</strong> MSEG AS MSEG9</code><br />
<code> <strong>INNER JOIN</strong> MKPF AS MKPF9</code> (jointure) <br />
<code> <strong>ON</strong> MKPF9<a></a>MBLNR </code><br />
<code>.</code><br />
...<br />
<code><strong>IF</strong> ( ( ( ( MKPF9CPUDT <= $PARAM1 )</code> (clause de filtrage)<br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT >= $PARAM2 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT <= $PARAM1 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT >= $PARAM2 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT <= $PARAM1 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT >= $PARAM2 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT <= $PARAM1 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( ( MKPF9CPUDT <= $PARAM1 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> AND ( ( ( MKPF9CPUDT >= $PARAM2 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9AEDAT >= $PARAM2 ) )</code><br />
<code> OR ( MSEG9/BEV2/ED_AEDAT >= $PARAM2 ) ) ) ) ) ) ) ) ).</code><br />
<br />
... (sauvegarde de la ligne dans une table interne qui sera envoyée à l’ETL)<br />
<br />
<code><strong>ENDIF</strong>.</code><br />
<br />
<code><strong>ENDSELECT</strong>.</code> (fin du parcours des lignes ramenées)</p></blockquote>
<p>J’ignore pourquoi la clause <code>IF</code> est si tourmentée, mais elle est mathématiquement équivalente à celle d’origine (une des trois dates doit être dans la fourchette demandée).</p>
<p>Le point à retenir est que <strong>ce <code>IF</code> est <em>hors</em> de la requête</strong>. Chacune des millions de lignes de la table passe dans ce <code>IF</code> ! <br />On objectera naïvement que de toute manière, faute d’index, il n’y a pas d’autre moyen que ce fastidieux méga-test.</p>
<p>Mais l’important est <strong>l’endroit où ce test s’effectue</strong> : les millions de lignes sont récupérées par la base Oracle, en sortent, entrent dans le noyau SAP (potentiellement une autre machine), et c’est le processeur ABAP qui se charge des tests sur les dates.</p>
<h3>Reformulation</h3>
<p>Le changement du programme ABAP est assez basique : j’ai déplacé la clause de filtrage <em>dans</em> la requête ABAP, espérant ainsi que SAP traduira cela à Oracle en une seule requête avec la clause de filtrage. (Et pour être propre on réécrit lisiblement la clause, et on rajoute <code>MJAHR</code> dans la jointure, qui manquait sans que cela gêne en pratique.)</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong>...</code><br />
<code><strong>FROM</strong> MSEG AS MSEG9</code><br />
<code> <strong>INNER JOIN</strong> MKPF AS MKPF9</code><br />
<code> <strong>ON</strong> ( MKPF9<a></a>MBLNR</code> <br />
<code> AND MKPF9<a></a>MJAHR )</code><br />
<code><strong>WHERE</strong> ( MKPF9~CPUDT BETWEEN $PARAM2 AND $PARAM1 )</code><br />
<code> OR ( MKPF9~AEDAT BETWEEN $PARAM2 AND $PARAM1 )</code><br />
<code> OR ( MSEG9~/BEV2/ED_AEDAT BETWEEN $PARAM2 AND $PARAM1 )</code></p></blockquote>
<p>Oracle fait toujours un double <em>full scan</em>, le temps d’exécution est très proche, mais les lignes filtrées ne sortent même pas de la couche SQL, Oracle les jette à peine délivrées par le disque dur. On a évité à des gigaoctets de données de traverser au moins deux couches du mille-feuilles et d’occuper de la précieuse mémoire.</p>
<p>Pour les curieux, le SQL généré par SAP après la modification est basique :</p>
<blockquote><p><code> <strong>SELECT</strong> </code><br />
<code> T_00 . "MBLNR" , T_00 . "MJAHR" , T_00 . "ZEILE" , ...</code><br />
<code> <strong>FROM</strong> </code><br />
<code> "MSEG" T_00 , "MKPF" T_01</code><br />
<code> <strong>WHERE</strong> </code><br />
(jointure)<br />
<code> ( T_01 . "MANDT"<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-5" id="rev-pnote-217-5">5</a>]</sup> = :A0 AND T_01 . "MBLNR" = T_00 . "MBLNR" </code><br />
<code> AND T_01 . "MJAHR" = T_00 . "MJAHR" ) AND T_00 . "MANDT" = :A1</code><br />
(filtre sur les dates)<br />
<code> AND ( T_01 . "CPUDT" BETWEEN :A2 AND :A3</code><br />
<code> OR T_01 . "AEDAT" BETWEEN :A4 AND :A5</code><br />
<code> OR T_00 . "/BEV2/ED_AEDAT" BETWEEN :A6 AND :A7 </code><br />
<code> ) </code></p></blockquote>
<h3>Moralité</h3>
<p>Cet exemple est inhabituel : le développeur comme l’administrateur d’une base cherchent en général à limiter les <em>full scans</em> sur des tables aussi volumineuses, et rajoutent des index (mais il faut contrebalancer avec le coût en disque et en maintenance). On a ici la conjonction de plusieurs problèmes :</p>
<ul>
<li><strong>pas d’index</strong> sur de grosses tables (quoique, reconnaissons-le, des stats rafraîchies ont mené à un parcours un peu différent en joignant les tables par leur clé commune ; dans le cas d’un parcours complet des tables, cela n’est pas forcément une bonne chose, et on ne change rien au problème de la volumétrie) ;</li>
<li>un <strong>ETL qui n’a pas le droit de s’adresser directement à Oracle</strong>, alors qu’il connaît très bien son langage (un bon ETL est polyglotte : Oracle dans toutes ses variantes, Sybase, MS SQL Server, DB2...) ;</li>
<li>cet ETL (ou plutôt son <em>plug-in</em> pour SAP) commet une erreur stupide en <strong>séparant requête et filtrage (bug d’optimisation)</strong> <br />(<strong>Ajout de 2014</strong> : Cet ETL, je l’utilise encore des années après, et même dans des incarnations plus modernes il reste le plus stupide et le moins agréable de tous ceux que j’ai pu manipuler — mais il est vendu par SAP) ;</li>
<li>le compilateur ABAP n’est pas assez fûté pour repérer le problème et demande à Oracle le contenu complet de <code>MSEG</code> et <code>MKPF</code> ;</li>
<li>le compilateur ABAP semble <strong>incapable de gérer efficacement des paquets de plusieurs gigaoctets</strong>, il semble tout vouloir traiter d’un bloc, alors qu’Oracle traite ses données par paquets maniables de quelques dizaines de lignes (j’aimerais des détails, cette limite de SAP m’étonne) : le même bug ne serait pas apparu en PL/SQL ;</li>
<li>ajoutons un effet pervers dû au dimensionnement imposant des machines concernées : le problème n’est apparu ni en développement ni en recette (de plus ces bases sont anciennes, très anciennes, et je le déplore tous les jours), mais en production après un certain temps, quand les tables ont dépassé une certaine taille.</li>
</ul>
<p>Comme toutes les grandes catastrophes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#pnote-217-6" id="rev-pnote-217-6">6</a>]</sup>, ce problème naît d’une accumulation de plusieurs bugs, et non d’un seul.</p>
<h3>Effet mille-feuilles et communication</h3>
<p>Les problèmes de communication entre programmes et la génération automatique de code sont courants, mais le « mille-feuilles » est une bonne pratique en programmation : vive la séparation des tâches entre modules spécialisés ! Cf couches OSI, TCP/IP, le protocole X, etc.</p>
<p>Mais ce n’est pas le cas ici : trois éléments ont <strong>chacun leur langage pour exprimer ce qui est fondamentalement une requête SQL</strong> ; la <strong>traduction n’est pas parfaite</strong> ou limitée, et n’utilise en tout cas pas toutes les possibilités de l’outil sous-jacent (Oracle).</p>
<p>On n’a pas <em>délégation</em> du travail et encapsulation des détails propres à un niveau qui ne concernent pas les autres (comme entre les différences couches de TCP/IP ou X), mais <em>réécriture</em> de consignes avec réinterprétation au passage à chaque étape : à la syntaxe près, la requête de l’ETL est strictement la même que le SQL d’Oracle, les couches qui font le boulot sont en dessous (dans le noyau Oracle).</p>
<h3>Analogie</h3>
<p>Cette histoire me rappelle furieusement le fonctionnement d’un service informatique au sens large, où la définition d’un développement à effectuer passe de l’utilisateur au support au fonctionnel interne au fonctionnel externe à l’analyste présent chez le client au chef de projet externe au développeur sur un autre continent, avec spécifications différentes à chaque niveau suivant les consignes/niveau/langue/priorités/besoins/limites/obsessions/normes de chaque strate ; alors que le premier besoin exprimée par l’utilisateur pourrait souvent (pas toujours, loin de là !) suffire au développeur final pour travailler, sans rajouter un effet téléphone arabe et une lourdeur monstrueuse en gestion et « pilotage ».</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-1" id="pnote-217-1">1</a>] <em>Je dis toujours que SAP est totalitaire car il veut </em>tout<em> contrôler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-2" id="pnote-217-2">2</a>] <em>Ce qui devient vite illisible à mon avis.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-3" id="pnote-217-3">3</a>] <em>Si vous ne comprenez pas immédiatement la fonction des tables et colonnes par leur nom, c’est tout à fait <del>normal</del> habituel sur SAP.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-4" id="pnote-217-4">4</a>] <em>Au passage, je suis surpris du faible nombre d’index présents sur les tables de SAP par rapport à celles du concurrent Oracle Applications.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-5" id="pnote-217-5">5</a>] <em>Le mandant est une clé implicite de chaque table. Il correspond à une « vision du monde » et permet de séparer plusieurs jeux de données (test, paramétrage...) voire certains programmes.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#rev-pnote-217-6" id="pnote-217-6">6</a>] <em>N’exagérons pas, c’est « juste » du décisionnel, ni la production ni la logistique n’ont été affectées.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/14/246-des-millions-de-lignes-a-travers-le-millefeuille#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/217Le paradis des informaticiensurn:md5:935ba465dae632342b488a1d9bbba45b2006-09-15T00:00:00+00:002010-11-03T21:17:09+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementadministrationbon sensdéveloppementergonomiehiérarchieinformatiqueoptimismeorganisationouverture d’espritperspectivepouvoir d’acheterscience-fictionsurréalismetravailutopieémerveillement<p>Joel Spolsky décrit une entreprise où les développeurs sont choyés, et démontre que cela est rentable. Chiche !</p> <p>Je ne présente plus Joel Spolsky, le développeur new-yorkais chroniqueur. <a href="http://www.joelonsoftware.com/articles/FieldGuidetoDevelopers.html">Son dernier billet en date au moment où je tape ceci explique comment recruter des développeurs (forcément des bons), comment les attirer, comment les conserver</a>.</p>
<p>C’est beau comme de la SF.</p>
<p>Il milite pour investir dans ce qui peut faire grimper la productivité du développeur, sans coûter forcément si cher au final. Notamment :</p>
<ul>
<li>des chaises ergonomiques (pub pour <a href="http://www.darwinmag.com/read/writeon/column.html?ArticleID=733" hreflang="en">Aeron</a>) : au final, un surcoût équivalent au budget papier toilette ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des bureaux pour chacun :</li>
</ul>
<blockquote><p><em>So my experience has been that a number of excuses all pile up until it’s virtually impossible to get private offices for developers in any but the most enlightened of companies, and even in those companies, the decision of where to move and where people should work is often taken once every ten years by a committee consisting of the office manager’s secretary and a junior associate from a big architecture firm, who is apt to believe <strong>architecture-school fairy tales about how open spaces mean open companies</strong>, or whatever, with close to zero input from the developers or the development team.</em></p></blockquote>
<ul>
<li>tous les gadgets utiles possibles :</li>
</ul>
<blockquote><p><em>Similar logic applies for other developer toys. <strong>There is simply no reason not to get your developers top of the line computers</strong>, at least two large (21”) LCD screens (or one 30” screen), and give them free reign on Amazon.com to order any technical book they want. These are obvious productivity gains, but more importantly to our discussion here, they’re <strong>crucial recruiting tools</strong>, especially in a world where most companies treat programmers as interchangeable cogs, typists, really, why do you need such a big monitor and what’s wrong with 15” CRTs? </em></p></blockquote>
<ul>
<li>pas de politique interne au bureau à cause du sens de la justice très prononcé chez l’informaticien moyen :</li>
</ul>
<blockquote><p><em>Code either works, or it doesn’t. There’s no sense in arguing whether a bug exists, since you can test the code and find out. The world of programming is very just and very strictly ordered and a heck of a lot of people go into programming in the first place because they prefer to spend their time in a just, orderly place, <strong>a strict meritocracy where you can win any debate simply by being right</strong>.</em></p></blockquote>
<ul>
<li>l’envie de travailler (pour l’ambiance au bureau, le travail, ou le but final) :</li>
</ul>
<blockquote><p><em>Another thing developers like is working on something simple enough or popular enough that they can explain to Aunt Irma, at Thanksgiving. Aunt Irma, of course, being a nuclear physicist, doesn’t really know that much about Ruby programming in the gravel and sand industry.</em></p></blockquote>
<ul>
<li>l’argent, de manière relativement accessoire mais suffisante :</li>
</ul>
<blockquote><p><em>They don’t care about money, actually, unless you’re screwing up on the other things. <strong>If you start to hear complaints about salaries where you never heard them before, that’s usually a sign that people aren’t really loving their job</strong>. If potential new hires just won’t back down on their demands for outlandish salaries, you’re probably dealing with a case of people who are thinking, “Well, if it’s going to have to suck to go to work, at least I should be getting paid well.” (...)<br /> Offering high salaries is a surprisingly ineffective tool in overcoming problems like the fact that programmers get 15” monitors and salespeople yell at them all the time and the job involves making nuclear weapons out of baby seals.</em></p></blockquote>
<p>De la science-fiction, je vous dis !</p>
<p>(Actuellement, je travaille dans une salle de six personnes au bas mot, le bâtiment est promis à une destruction prochaine, les toilettes sont bouchées toutes les deux semaines, certaines chaises n’ont plus de rembourrage, les écrans cathodiques font un peu mal aux yeux mais je suis content du 13” de mon portable ; j’ai peiné à m’approprier un clavier USB pour soulager mes poignets ; la politique est présente mais, en tant que pion de société de service, ce n’est même pas la peine que je cherche à m’en mêler. Cadre, je dois (en théorie) demander l’autorisation pour acquérir le moindre livre. Mon salaire, certes humain, a progressé avec l’inflation mais je pleure en parcourant <em>Courrier Cadres</em> et je préfère ne pas en parler en famille de peur qu’on ait pitié de moi. Je travaille sur des technologies demandées mais archaïques <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/19/186-prise-de-tete-en-abap">voire que je déteste</a>, pour des industriels qui ne sauveront pas le monde, et pour la plus grande gloire d’actionnaires dont certains sont des caricatures vivantes. <del>Non je ne suis pas aigri.</del> Je suis conscient que mon sort est bien plus enviable que celui de beaucoup d’autres.)<br />(<strong>Note postérieure</strong> : J’ai quand même démissionné quelques semaines semaines après avoir écrit ces lignes.)</p>
<p><strong>Ajout du 17 janvier 2007</strong> : Dans le même esprit, mais plus revendicatif, existe une <a href="http://www.codinghorror.com/blog/archives/000666.html" hreflang="en">Déclaration des Droits du Programmeur</a> (merci Steve !). De l’utopie pure sur à peu près tous les points.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/15/236-le-paradis-des-informaticiens#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/208Les noms et codes des projets et programmesurn:md5:654263708d44e90acabac4a5297687b42006-09-03T22:09:00+00:002014-02-26T10:57:28+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementadministrationanalogiecommunicationdéveloppementfichagehiérarchieinformatiquemétainformationorganisationperspectivesignifiésurréalismetravail<p>Micro-sociologie des noms de projets, grands ou petits, abscons ou pas.</p> <p>Dans toute entreprise d’une certaine taille, on parle à un moment ou un autre de « projet », sur tel ou tel sujet. Au sein du service informatique, ce peut être l’implémentation d’une fonctionnalité d’un outil, une migration d’outil, un développement complet demandé par les utilisateurs, de la maintenance, etc.</p>
<p>Et pour savoir de quoi on parle, il faut <strong>donner un nom au Projet</strong>.</p>
<h3>Le nom du Grand Projet</h3>
<p>L’accouchement de ce nom peut nécessiter un grand gaspillage d’énergie. De grandes boîtes paient des services ou agences de communication pour baptiser leurs Grands Projets<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#pnote-201-1" id="rev-pnote-201-1">1</a>]</sup> et organiser des campagnes de publicité internes. <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Design_by_committee" hreflang="en">Design by commitee</a></em> aidant, le résultat est un très décevant et consensuellement évident mot qui plaît aux <em>managers</em> et n’explique rien, genre « Goal », « Croissance », « Performance », « Ambition Réussite »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#pnote-201-2" id="rev-pnote-201-2">2</a>]</sup>...</p>
<p>Plus intéressant est le nom qui fait référence à l’histoire, à un domaine externe : j’ai croisé un projet « Silk Road » (« Route de la Soie » ; en rapport, bien sûr, avec des approvisionnements depuis l’Asie) et subi un « Vasco » (aucun rapport avec la Renaissance).<br />Parfois le commanditaire cherche un lien entre le nom et sa signification, et un acronyme est créé <em>à partir</em> du nom, souvent de manière tourmentée. Le cas est fréquent dans l’administration, par exemple le <a href="http://www.service-public.fr/accueil/retraite_cedre.html">CEDRE</a> (Calculateur Expert de Droits REtraites). L’humour peut être de la partie (quelque part à La Défense, un logiciel nommé « Calife » a eu pour successeur « Iznogoud »).</p>
<h3>Le nom du petit logiciel</h3>
<p>Ces grands noms de projets valent pour une entreprise entière. Quand la réalisation descend jusqu’à l’informatique, et plus précisément aux modifications des logiciels maison, le projet se concrétise en briques élémentaires : un programme sur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">Oracle ou SAP</a> modifiant tel comportement inadéquat de l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i">ERP</a>, un rapport Crystal Report généré périodiquement, des bases Access modifiées, des mails d’alerte automatisés, des morceaux d’intranet complétés, des interfaces utilisateur en <a href="http://dotnet.developpez.com/fr">.net</a>, des services en Java, des protocoles, des trous dans les <em>firewalls</em>, etc.</p>
<h4>Pas trop long...</h4>
<p>Pour des raisons de facilité et rapidité de communications, des <strong>noms courts</strong> sont nécessaires. Les libellés de micro-projets sont inutilisables dans la vie de tous les jours : « Édition de factures pour ventes de bidules en Irlande, Royaume-Uni et Portugal, version 2 », « Débloquage des avoirs générés par le logiciel de recalcul des avoirs pour différent commercial », « Import de la liste des concessionnaires de Toyotsushita pour lesquels nous assurons l’après-vente », « Génération automatique des informations de mises en palette de trucs-machins », « Recalcul des prix en tenant compte des surtaxes cachées pour les clients trop bonne poire pour aller voir la concurrence », etc.</p>
<h4>Pas arbitraire...</h4>
<p>Mais pas non plus question de se casser le crâne sur un nom recherché et explicite à chaque objet. On peut considérer que chacun est une entité séparée (programme d’éditions de telles factures, interface de soumission de tel programme, rapport sur ceci ou cela), mais <strong>donner un nom non descriptif deviendrait vite vain</strong>. En quelques années, les programmes gravitant autour d’un ERP d’une usine ou d’une entreprise un peu importante dépassent rapidement la <em>centaine</em>. Je parle des ERPs, que je connais, la situation est similaire ailleurs (peut-être moins grave dans les services dont le parc logiciel se renouvelle plus vite).</p>
<p>Ce nom doit donc être <strong>généré</strong> plus ou moins automatiquement.</p>
<p>Je m’interroge sur ce que pourrait donner un système de nommage systématique à partir de <strong>listes prédéfinies</strong> : peintres ou écrivains célèbres pour des rapports, villes européennes pour la gestion de la facturation, personnages du <em>Seigneur des Anneaux</em> pour des programmes d’administration très techniques, etc.</p>
<p>Toujours est-il que ce n’est pas le schéma qui est souvent retenu :</p>
<ul>
<li>un nom est lié à une identité apparente, et l’anthropomorphisme appliqué à un bout de logiciel (notamment par ceux qui écrivent les spécifications, ou les <em>managers</em>), est plus difficile que pour une machine, qui semble parfois avoir sa volonté propre et une unité physique concrète (ainsi les unixiens nomment leurs machines de noms poétiques depuis des décennies) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>je suis persuadé que beaucoup d’habitudes de nomenclature interne ont été prises à l’époque de l’informatisation galopante sous DOS ou Windows 3.1 : avec huit caractères, difficile de nommer un fichier <code>Picasso_jeu_de_test.xls</code>, <code>Barcelone_Dossier_d_exploitation.doc</code> ou <code>Shadowfax<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#pnote-201-3" id="rev-pnote-201-3">3</a>]</sup>_spécifications.doc</code> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>ces noms issus du monde extérieur sont en général trop longs pour une civilisation et un milieu où l’acronyme et le code d’identification sont rois, la mémoire courte, le sens poétique ou épique absent ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les commerciaux et gens du marketing, nettement plus sensibles au nommage, ne s’intéressent pas au moindre petit bout de logiciel développé en interne (et ce n’est pas leur rôle) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>il faut être sûr que tout le monde partage les mêmes références culturelles (« Comment ça Verlaine ce n’est pas un peintre ? Un écrivain ? C’est de la facturation, alors, pas de la vente ! »).</li>
</ul>
<h4>Triste solution</h4>
<p>Le résultat plairait donc à nos pires énarques, sous la forme d’un <strong>pur numérotage</strong>, en général par un <strong>découpage en domaines fonctionnels</strong>, chaque domaine étant désigné par une à trois lettres : <code>SPIP19</code>, <code>SPXC03</code>, <code>SC97</code>, <code>CRM17</code>, <code>VE71</code>...</p>
<p>Ensuite on décline. Pour les spécifications : <code>SC43_DSP.doc</code>, <code>SPIP08_maquette.xls</code>, etc. Le programme lui, est une collection de modules nommés sur ce radical : <code>XX_SC43_INPUT.sql</code>, <code>R567_RAPPORT.jar</code>, <code>CRM17_PLANNING.c</code>.</p>
<h4>Résultat</h4>
<p>On obtient ainsi un vocabulaire interne rapidement incompréhensible aux personnes extérieures :</p>
<blockquote><p>« Il y a une erreur dans SPR13. SPKV43 n’est pas passé car le SC88 s’est planté. Le client est furieux, mais impossible de lui faire un avoir par VE34. »</p></blockquote>
<p>Au moins, un nommage par noms serait d’un surréalisme plus agréable et prononçable :</p>
<blockquote><p>« Il y a une erreur dans Aragorn. De Vinci n’est pas passé car Milou s’est planté. Le client est furieux, mais impossible de lui faire un avoir par Barcelone. »</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#rev-pnote-201-1" id="pnote-201-1">1</a>] <em>Dans les cas les plus graves, les Grands Projets ne sont d’ailleurs que ça : du vent, de la « comm’ » dans toute sa splendeur, pour laisser croire que l’on </em>fait<em> quelque chose - et à la tête on </em>croit<em> même faire quelque chose.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#rev-pnote-201-2" id="pnote-201-2">2</a>] <em>La mauvaise langue que je suis considère que de tels noms révèlent un niveau de créativité collective nulle dans une entreprise. Mais en général on se contrefiche de mon avis sur ces sujets-là.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#rev-pnote-201-3" id="pnote-201-3">3</a>] <em>Nom original du cheval de Gandalf dans le </em>Seigneur des Anneaux<em>, bien sûr.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/201Les retards de Vistaurn:md5:44dd0226d6a694207244bed372d260f32006-08-13T23:59:00+00:002010-11-21T16:50:55+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementAppleauto-organisationcommunicationdommagedysfonctionnementfoutage de gueulehiérarchieinformatiqueMacOSMicrosoftorganisationsabotageWindows<p>Vista, le successeur de Windows XP, accuse un retard phénoménal. Le management de projets chez Microsoft accuse de graves lacunes, à moins que le projet ne soit trop ambitieux, ou que le géant de l’informatique ne paye des erreurs passées.</p> <p>En mars, le <em>New York Times</em> avait publié un article sur les raisons du retard de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_Vista#Development" hreflang="en">Vista</a>, le successeur de Windows XP.</p>
<p><a href="http://www.slashdot.org" hreflang="en">Slashdot</a> a <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/03/27/1211220&threshold=4" hreflang="en">repris et commenté l’article</a> (<a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=181384&cid=15002231" hreflang="en">le texte du NYT est dans les commentaires</a>, et non ce n’est pas probablement pas légal) ; les remarques abondent sur l’architecture de Vista et sur les difficultés de la gestion de tels gros projets.</p>
<p>Un <a href="http://blogs.msdn.com/philipsu/archive/2006/06/14/631438.aspx">autre article assassin se trouve sur ce blog d’un employé microsoftien</a>, un certain Philipsu ; il parle des problèmes de gestion de projets du géant de Redmond ; il se demande si Vista est simplement trop gros pour être maîtrisable, ou s’il soufre de trop de <em>fenêtres brisées</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-1" id="rev-pnote-144-1">1</a>]</sup>. Voir aussi la <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/06/15/0252211&threshold=4" hreflang="en">discussion sur Slashdot</a>.</p>
<p><a href="http://www.winsupersite.com/showcase/winvista_ready.asp" hreflang="en">Autre article ici</a> de Paul Thurrott , avec ses <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/08/03/180206" hreflang="en">commentaires sur Slashdot</a>.</p>
<h3>Retards successifs.</h3>
<p><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_XP" hreflang="en">Windows XP</a>, le système d’exploitation vendu avec l’écrasante majorité des PC actuels, a déjà <strong>cinq ans</strong>. En informatique, c’est une génération. Vista (autrefois connu sous le nom <em>Longhorn</em>) est son successeur. Des versions bêta circulent actuellement, et la version finale est programmée pour cet hiver.</p>
<p>Microsoft a déjà <strong>repoussé de nombreuses fois</strong> la date de sortie, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_Vista#Development" hreflang="en">initialement fixée en 2003</a>. C’est une <strong>habitude</strong> chez Microsoft à chaque nouvelle version de Windows, mais le dérapage est là effroyable, et s’accompagne du <strong>renoncement de certaines fonctionnalités majeures</strong>, pourtant nécessaires pour reprendre le terrain perdu face à Apple et Google. XP date de 2001 et cela se sent<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-2" id="rev-pnote-144-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Les annonces de Microsoft sur le côté révolutionnaire de son futur système comment à devenir lassante. Elles ont eu lieu pour Windows 95, Windows 98, Windows Millenium, NT 3.51, NT 4, Windows 2000, XP...</p>
<p>Certes, les employés de Microsoft n’ont <strong>pas chômé</strong> entre-temps : Windows 2000 Server, les deux <em>Service packs</em> de XP, une palanquée de <em>patchs</em> de sécurité, des versions PDA et pour téléphone qui ont eu leur succès, le <em>tablet PC</em>, des <em>media centers</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-3" id="rev-pnote-144-3">3</a>]</sup>... Mais point de Windows <em>desktop</em> (donc « complet », qui marque une nouvelle étape dans les fonctionnalités utilisables par 99% des ordinateurs de la planète).</p>
<p>En face, Apple, en théorie une entreprise bien plus petite, a sorti quatre versions, la prochaine (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Mac_OS_X_v10.5" hreflang="en">Leopard</a>) <del>sortira avant Vista</del> (<em>Correction de novembre 2006</em> : En fait, Vista sortira finalement en janvier, et Leopard est prévu pour le second semestre 2007) - elle est déjà présentée comme « Vista 2 ». (Reste à savoir ce qu'on entend par version, Apple étant nettement plus incrémental ; mais bien des fonctions annoncées pour Vista sont depuis un an dans <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Mac_OS_X_v10.4" hreflang="en">Tiger</a>, notamment les <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Widget_%28computing%29" hreflang="en">widgets</a> et le moteur de recherche local).</p>
<h3>La taille</h3>
<p>C’est l’indice qui suggère au New York Times que Vista est <strong>trop gros pour être gérable</strong>. XP fait 35 millions de lignes, le double de Windows 95, Vista atteindrait les 50 millions. Des bruits sur une réécriture de 60% du code sont hallucinatoires. Idem pour les bruits qui voulaient que des pans entiers soient réécrits en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dotnet">.net</a>, le dernier environnement de développement de Microsoft. D’après Philipsu, il y aurait par contre bien cinquante couches dans le mille-feuilles des librairies.</p>
<h3>La complexité délibérée</h3>
<p>On a donc un monolithe <strong>hyper-complexe</strong>. Et d’après <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ray_Ozzie" hreflang="en">Ray Ozzie</a>, nouveau grand chef de l’éditeur, “<em>Complexity kills. It sucks the life out of developers, it makes products difficult to plan, build and test, it introduces security challenges and it causes end-user and administrator frustration.</em>”<br />Les interactions et la complexité d’un système augmentant au bas mot avec le carré de sa taille, on a une idée du problème. Par contre, il vaut mieux que le nombre de développeurs ne monte pas autant, car le temps perdu à coordonner ces gens explose également.</p>
<p>Mais Microsoft, bien qu’abritant de nombreux esprits brillants, semble plus dominé par les <strong>nécessités du marketing</strong>, du “<em>ship it!</em>” et de l'accumulation de <em>features</em> que par les nécessités de l’ingénierie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-4" id="rev-pnote-144-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>D’après le NYT, “<strong><em>The REAL poor design decision was electing to create a tightly integrated system</em></strong>” - en clair un système propre et compact, qui aurait permis d’assurer plus facilement les objectifs prioritaires de compatibilité ascendante (avec vingt ans d’applications) et de débauche de fonctionnalités. Ces deux objectifs sont d'ailleurs deux bons moyens de faire « dériver » le code.<br />On en rajoute avec <strong>Internet Explorer</strong>, développé dans l’urgence (et ça se sentait, si vous vous souvenez de tous les problèmes quand IE 4 est sorti), et délibérément « éparpillé » dans le système pour le rendre « intégré » (c’était l’époque du procès antitrust). Faire dépendre un <em>shell</em> de composants du navigateur est une aberration technologique.<br />Pour finir, pilotes et interface graphique se sont retrouvés au niveau du noyau pour obtenir facilité d’utilisation et performances correctes.</p>
<p>Ainsi le mille-feuilles qu’est un système d’exploitation est devenu un véritable château de cartes.</p>
<h3>Les renoncements.</h3>
<p>Il n’y a pas que les dates à avoir souffert. La <strong>grande réécriture promise s’est transformé en abandon successif de fonctionnalités</strong>. Pas de .net sous-jacent, pas de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/WinFS">WinFS</a>, ce dernier étant pourtant déjà promis pour <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Cairo_%28operating_system%29" hreflang="en">Cairo</a> en 1991. IE 7 et Windows Media Player 11 sortiront indépendamment avant Vista. De nombreuses améliorations sont déjà apparues dans XP SP2. Quel intérêt a donc Vista ?</p>
<p>Et comme Vista n'est pas une réécriture, il n’y a pas de réel progrès au niveau du système :</p>
<blockquote><p>“<em>Yes, it's a complete redesign from the ground up. That's why the same crummy registry concept is there, why the control panel looks exactly the same with many of the same icons, why dll hell still exists to some degree, why programs are still installed in the same way, why the explorer process requires 100MB vs 20MB in XP. The way apps are installed and managed in OS X is so obviously superior that MS would be stupid not to copy it during a complete redesign. Should I go on? A complete redesign, I HOPE, would involve streamlining code/operation and killing some of it's demons. Vista does neither. What MS have done is <strong>rewritten some of the modules and added a lot of new modules</strong>, which is why Vista has 15 million lines of code (or so) more than XP. <strong>It's a much more complex OS</strong>... and not in a good way.</em>”</p></blockquote>
<p>Certains ironisent sur le fait que Vista ne sera, comme XP, qu’une amélioration cosmétique - coûteuse en puissance (d’où l’intérêt de Dell et consorts pour une sortie rapide du Windows nouveau). Sur ce point, la concurrence est plus rapide, et rattrape son retard.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-5" id="rev-pnote-144-5">5</a>]</sup></p>
<p>Ironiquement, un des seuls progrès de Vista, la séparation nette entre utilisateur et administrateur, sera vécu comme une régression par bien des utilisateurs. Il s'agit pourtant d’un retard comblé sur Linux ou Mac OS...</p>
<h3>Le <em>process</em></h3>
<p>Le développement a subi un retard énorme lors d’un changement de tactique. <strong>Deux ans de travail</strong> sur une version de XP SP2 améliorée avec du code en .net ont été jetés quand il a été décidé de repartir sur le noyau de Windows Server 2003. Décision nécessaire (pour éviter des performances désastreuses) mais ruineuse en temps.</p>
<p>J’aime beaucoup l’expression “<em>Windows process has gone thermonuclear</em>” sur l’orgie d’interactions dans l’équipe et la lourdeur du <em>management</em>. Pour citer Philipsu :</p>
<blockquote><p>“<em>Windows process has gone thermonuclear. Imagine each little email you send asking someone else to fill out a spreadsheet, comment on a report, sign off on a decision -- is a little neutron shooting about in space. Your innocent-seeming little neutron now causes your heretofore mostly-harmless neighbors to release neutrons of their own. Now imagine there are 9000 of you, all jammed into a tight little space called Redmond. It's Windows Gone Thermonuclear, a phenomenon by which process engenders further process, eventually becoming a <strong>self-sustaining buzz of fervent destructive activity</strong>.</em>”</p></blockquote>
<p><br />(Je ne suis sûrement pas le seul à avoir vu ce genre de phénomène ailleurs, à plus petite échelle...)</p>
<p>Philipsu a également d'autres remarques assassines sur la <strong>culture des dates qui dérapent</strong>, notamment par peur d’annoncer une mauvaise nouvelle. En gros, de la petite politique interne.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-6" id="rev-pnote-144-6">6</a>]</sup></p>
<h3>La compatibilité à tout prix</h3>
<p><a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=181384&cid=15006770" hreflang="en">Un commentaire particulier</a> jette une lumière sur ce qu’est le code de Windows. D’abord du <strong>code pénible</strong> (<em>boring</em>) : initialisations, essais successifs, transferts de messages d’erreur en cascade. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#pnote-144-7" id="rev-pnote-144-7">7</a>]</sup>
<br />Puis une orgie d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Interface_de_programmation">API</a>s diverses (Win32, WinMM, GDI, ATL, OCX, MFC, COM, DCOM, ODBC, ActiveX, DirectX, etc., etc.), à supporter toutes au bug près. (On remarquera qu’on ne cherche pas à corriger ces bugs en demandant aux développeurs d’adapter leurs logiciels : la porte ouverte à toutes les dérives. À l’opposé, la philosophie du côté Linux est plutôt de corriger et de laisser les développeurs d’applications adapter leurs programmes ; après tout on parle de <em>bug</em>.). <br />
<br />J’adore ce <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=181384&cid=15006770" hreflang="en">passage du même commentateur</a> :</p>
<blockquote><p>“<em>It is already a nightmare to decide which API to use, but to support them all in a bug-by-bug compatible way is programmer's hell. It is like travelling with a hospital ship full of corpses that are not completely dead and need to be kept alive by a team of doctors, high doses of painkillers and cardiopulmonary and dialysis machinery, just in case someone needs them because he speaks this ancient language noone else but these living dead understands.</em>”</p></blockquote>
<p>.Net n'a pas encore remplacé toutes ces APIs, mais rajoute une <strong>nouvelle couche</strong> et ses propres problèmes (temporaires) d’immaturité et de performance.</p>
<p><strong>La compatibilité à tout prix a un coût</strong>. Elle remonte à Windows 3.0, en 1990. Le DOS est encore visible et pose quelques problèmes ponctuels.<br />Cela avait sa logique, les utilisateurs détestant changer leurs applications, et pouvant aller « voir ailleurs », ou ne pas migrer, s’il y a incompatibilité.</p>
<p>Mais j’ai du mal à croire que Microsoft craigne à perdre tant de clients si des programmes datant du XXè siècle ne fonctionnent plus. D’ailleurs, les logiciels touchant les couches les plus « mouvantes » du système (jeux, pilotes...) ne supportent pas déjà forcément les changements de version de Windows ou de Service Pack.</p>
<p>Si vraiment il le faut, on se demande pourquoi la solution adoptée plusieurs fois par Apple lors de ses migrations (notamment <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Classic_%28Mac_OS_X%29" hreflang="en">Classic</a>, une émulation de l’ancien système complet <em>au-dessus</em> du nouveau, proprement réécrit de zéro) ne pourrait pas être adoptée par Microsoft. Même Linux y arrive partiellement, avec <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Wine_%28software%29" hreflang="en">Wine</a> pour faire tourner certains logiciels Windows. Le danger d’une version d’Apple pouvant un jour faire tourner les logiciels Windows « dans une boîte » sur le même principe est réel. (<strong>Note de décembre 2007</strong> : En pratique, avec VMWare Fusion ou Parallels, c’est déjà fait.)<br />L’époque est à la <strong>virtualisation</strong>, pourquoi Microsoft n’en profite-t-il pas ?</p>
<h3>Pas de punition</h3>
<p><strong>Seul Microsoft peut se permettre des années de retard</strong> sur un produit majeur. <br />XP de toute manière se vend avec chaque nouvelle machine ; Linux sur le bureau n’a pas encore assez de puissance marketing pour s’imposer et encourager les éditeurs et les fabricants, malgré les efforts d’IBM ou Novell ; aucun grand compte ne prendra le risque de se lier à Apple pour le logiciel <em>et</em> le matériel. XP suffit largement aux besoins actuels de bureautique - après tout il existe encore beaucoup de monde sous Windows 2000.</p>
<p>Microsoft n’a donc <strong>pas d’incitation réelle à respecter son planning</strong>, il n’y a pas de punition en cas de dérapage. D’où la culture du retard de l’entreprise.<br />(Cela pourrait coûter cher cependant : sur le marché des navigateurs, le quasi-arrêt des mises à jour après Internet Explorer 6 a permis à la <a href="http://www.mozilla-europe.org/fr/products/firefox/">concurrence</a>, annihilée en 2000, de reprendre 10 à 20% du marché. IE 7 a été lancé en catastrophe et vise d’abord à reprendre le retard perdu en fonctionnalités, face à Firefox principalement.)</p>
<h3>Apple</h3>
<p>En face, Apple possède bien moins de revenus, de développeurs et de puissance de frappe <em>marketing</em>. Dans un sens, <strong>Apple est <em>forcé</em> de prendre des décisions difficiles</strong>, et ne peut pas se donner le <em>luxe</em> d’une compatibilité absolue avec l’existant. L’« écosystème » autour de l’éditeur s’est adapté et a tendance à migrer assez vite des anciennes aux nouvelles versions.</p>
<p>Les transitions d’Apple sont cependant connues pour être réussies (du 68000 au PowerPC, de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mac_OS_9">Mac OS 9</a> au <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/MacOS_X">X</a> via Classic, du PowerPC aux puces Intel <em>via</em> <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosetta_%28informatique%29">Rosetta</a>...) (<strong>Note de décembre 2007</strong> : Classic n’en a pas moins disparu de Léopard...)</p>
<h3>Vista</h3>
<p>Pour un avis sur les versions actuelles de Vista, voir l’<a href="http://www.winsupersite.com/showcase/winvista_ready.asp" hreflang="en">article de Paul Thurrott</a>.</p>
<p>Au risque de décevoir linuxiens et sectateurs d’Apple, Vista ne sera pas une catastrophe qui coûtera son trône à Microsoft, cette version sortira en 2007. D’après <a href="http://www.heise.de/ct/inhverz/search.shtml?T=windows+vista+beta+2&Suchen=suchen" hreflang="de">C’t (numéro 2006/12)</a>, s’il n’y a finalement aucune nouveauté majeure (comme déjà dit, elles sortent séparément), les <strong>améliorations sont innombrables</strong>. Le risque pour Microsoft est cependant que personne ne voit l’intérêt de migrer. Je ne me fais pas de soucis pour eux, Vista s’imposera petit à petit lors de l’achat de nouvelles machines. Les premiers mois promettent cependant une belle série de <em>patchs</em> et mises à jour, il est donc urgent d’attendre. Comme écrit Thurrott, <strong>on n’est plus à six mois près</strong>.</p>
<p>(<strong>Note de décembre 2007</strong> : Effectivement, Vista se vend mal, et nombre d’utilisateurs préfèrent en rester à XP. Ce n’est qu’une question de temps cependant.)</p>
<p>Également à la décharge de Microsoft : la taille du projet est sans commune mesure avec ce qui a déjà été fait, et ce n’est pas un mince travail (même si on estime que l’éditeur s’est lui-même créé ce problème).</p>
<p>La vraie question porte sur l’avenir. Si Vista a été accouché dans une telle douleur, <em>quid</em> de son successeur ? <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ray_Ozzie" hreflang="en">Ray Ozzie</a>, successeur de Bill Gates, imposera-t-il enfin la grande cure d’amaigrissement dont Windows a besoin ?</p>
<p><strong>Ajout suite à un billet de janvier 2007</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/01/02/285-retour-sur-vista">L’exemple du menu d’arrêt est caricatural</a>.</p>
<p><strong>Ajout de 2010</strong> : Vista reste dans les esprits comme un flop, et son successeur Windows 7, en fait Vista un peu amélioré, est nettement mieux accepté. Personnellement, pour mon usage quotidien, j’ai du mal à voir les améliorations...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-1" id="pnote-144-1">1</a>] <em>On entend par cette expression le fait que des imperfections dans le code encouragent d’autres imperfections. Version allégée de la « tolérance zéro » en matière de propreté de programmation. Voir </em><a href="http://www.amazon.com/gp/product/020161622X/002-3708731-8228069?v=glance&n=283155" hreflang="en">The Pragmatic Programmer</a><em>, ou attendre que j’ai fini mes billets résumant cette bible du développement.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-2" id="pnote-144-2">2</a>] <em>Par contre, les machines ont continué à progresser, et XP est maintenant presque un OS léger et agréable sur une bécane récente. Raison de plus pour ne pas s’exciter sur Vista.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-3" id="pnote-144-3">3</a>] <em>Deux échecs relatifs sur le plan commercial, mais la faute n’en incombe pas au développement que je sache.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-4" id="pnote-144-4">4</a>] <em>L’exemple inverse étant <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Debian">Debian</a>, dont chaque version sort « quand elle est prête », au risque de se retrouver souvent obsolète dès sa sortie.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-5" id="pnote-144-5">5</a>] <em>Pour ma part, je trouve Windows en retard par rapport a un <a href="http://www.kde-fr.org/">KDE</a> configurable jusqu’à l’obscène, ou d’un Apple moins clinquant et nettement plus sobre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-6" id="pnote-144-6">6</a>] <em>Je parierais que c’est également la cause du retard d’un autre énorme projet à la limite du faisable, l’A380.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#rev-pnote-144-7" id="pnote-144-7">7</a>] <em>Mais pourquoi est-ce que ça me rappelle le pire du code d'Oracle Applications ? J’ai peur que cela soit une constante dans les grandes boîtes bureaucratiques où le travail est découpé en micro-unités à outrance.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/13/159-les-retards-de-vista#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/144Les joies de la SSII (2) : Plein plein de chefsurn:md5:1a76bfbc65b70ad1a4e3332d70b4fc022006-08-04T18:12:00+00:002020-03-31T15:34:57+00:00ChristopheIl faut bien mangercomplexitéhiérarchiemercenaireoffshoreorganisationparadoxeSSIItravailéconomie<p>En SSII, entre le client, les chefs sur le terrain, les fonctionnels, et tous ceux qui font l’« interface », il y a de quoi oublier à qui on obéit.</p> <p>Caveat : <em>Ce poste traite de généralités ; ne pas chercher à en déduire des choses sur </em>ma<em> vie professionnelle et les collègues que je côtoie.</em></p>
<p>Un problème récurrent pour le petit consultant de SSII est la multiplicité des chefs.</p>
<ul>
<li>Comme tout le monde, il y a le <strong>chef direct</strong>, celui qui est au-dessus dans l’organigramme officiel, qui décide de la note<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, de l’augmentation annuelle.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></li>
</ul>
<ul>
<li>Et puis il y a souvent un <strong>chef de projet</strong>, qui gère le projet sur lequel on se trouve. Ça n’est valable que sur les projets un peu importants ; ceux qui travaillent en régie sont directement sous les ordres du client.<br /> Le chef peut être un quasi-inconnu dans une autre ville, qui ne connaît pas la moitié des gens qui bossent pour lui, et que le consultant ne verra pas, ou bien un collègue juste plus ancien que lui sur le projet, qui fait le même boulot.</li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a le <strong>client</strong>. Certains le voient « en direct », reçoivent les ordres directement de lui (fonctionnement en régie - quasiment de l’intérim de luxe). D’autres ne le voient jamais, notamment lors des mises en <strong>plateau</strong> formé autour d’une compétence donnée, <em>ie</em> un groupe de personnes qui reçoit des spécifications de développements de toute la France, voire plus loin, et renvoie des programmes terminés.<br />Existe aussi le plateau de support à une entreprise, par exemple quand celle-ci a sous-traité <del>tout son système nerveux</del> toute son informatique à une SSII. Le client est loin et inconnu, mais ses besoins sont critiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>sous-traitance à outrance</strong> (client qui sous-traite à la SSII locale qui sous-traite à son plateau spécialisé, ou une autre SSII, dans Dieu sait quel pays<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>) implique la coordination de tous ces flux. <br />On a donc parfois (et je ne caricature pas) :<br />
<ul>
<li>le demandeur côté client (lui-même parfois spécialiste fonctionnel interne recevant les demandes de correction ou amélioration de ses propres utilisateurs au sein de son entreprise : utilisateur final, chef de service, <em>key user</em>, etc.) ;</li>
<li>le <em>front-office</em> interne au client chargé de coordonner, valider ce qui entre et sort de l’entreprise vers son prestataire ;</li>
<li>le <em>front-office</em> de la SSII, donc un consultant en local (de préférence situé sur le site du client, mais pas toujours ; au moins capable d’assister à une réunion), qui reçoit les demandes du client, et réenvoie par exemple à l’autre bout de la planète le travail à faire ;</li>
<li>le <em>front-office</em> du côté du centre de service, qui lui réceptionne (valide, contrôle, etc.) le travail à faire et le redistribue ;</li>
<li>la petite main qui va faire le « vrai » boulot et la réenvoyer le long de la chaîne (parfois le même que le précédent, qui sous-traite éventuellement si la charge le justifie et qu’il a réussi à arracher des « ressources »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> aux autres projets traités par son centre de service.)</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Je n’ai jamais compris comment on pouvait réduire les coûts en multipliant à ce point les intervenants (forcément expérimentés à ces postes d’interface - ou inutiles) et la paperasserie associée (mails, coups de téléphone, remplissage de tableaux de suivi, transfert de dossiers de spécifications et de rapports de contrôle qualité dans des systèmes informatiques différents), mais je ne suis pas dans les hautes sphères.<br />Sans doute une volonté d’allier les prix bas des Indiens au confort d’avoir un interlocuteur physiquement présent (plus pratique pour lui expliquer un problème ou pour l’engueuler). Il y a aussi une facilité à réduire drastiquement la taille d’une équipe dès qu’un projet important se termine : les consultants vont simplement ailleurs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> - avec une bonne partie de la connaissance métier d’ailleurs.<br />Les raccourcis peuvent être nombreux, le développeur final peut avoir le droit (si son <em>manager</em> local le tolère et n’exige pas que tout passe par lui) de poser des questions directement au client final, ou bien les consultants internes du client « pilotent » directement le développeur (système de développement au ticket).<br />Le plus agréable pour moi était le système hyper-raccourci où je faisais spécifications, tests et développement directement avec l’utilisateur final (et demandeur) du logiciel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>. Soyons lucide, c’est rarissime.</li>
</ul>
<ul>
<li>La question, pour le petit consultant maillon de cette chaîne à un stade ou un autre, est : <strong>« qui est mon chef ? »</strong> Plus précisément : « à qui obéir de manière ultime, quand les intérêts se télescopent ? ».<br />La bonne réponse politiquement<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup> correcte est bien sûr : « à tout le monde ». Le client doit être content, le chef doit avoir un bon taux d’activité et ne pas voir remonter trop de plaintes...</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus contrètement, il y a parfois des choix déchirants à faire : quand deux maillons ne sont pas d’accord (et l’éloignement encourage malentendus et quiproquos, et décourage les bonnes volontés : on est moins arrangeant avec des inconnus), que faire ?<br />Les conflits sur ce qui est <em>bug</em> à corriger et évolution due à une spécification imprécise explosent dans ce cas. Chacun voudra améliorer SON rapport d’activité, envoyer la faute sur l’autre, pour se faire bien voir de <em>son</em> chef hiérarchique ou de projet local. C’est humain. La loyauté envers le groupe ou le projet commun est fragile, quand tous les intervenants appartiennent à des entités différentes aux intérêts différents<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour le consultant maillon de la longue chaîne, comme pour celui isolé en régie pendant des années au sein d’un gros client qui ne veut pas le lâcher (j’ai vécu les deux), le problème principal apparaît aux <strong>entretiens de fins d’années</strong> avec le chef hiérarchique théorique : dans le pire des cas, il n’a pas vu son subordonné de l’année ou presque (surtout en cas de déplacement longue durée) ; il n’a aucune idée de ce qu’il fait ; s’il a fallu rester jusque minuit deux mois de suite, il ne l’a même pas vu ; le chef ignore souvent tout de l’ambiance de travail ainsi que toutes les informations qui passent de manière informelle au fil de l’année (« Radio Machine à café »).<br />Pas facile de discuter augmentations sinon de manière vague, ou de se distinguer des autres consultants de même spécialité. Le chef a parfois cent personnes sous ses ordres, et certaines se réduisent en pratique vite à une ligne dans un tableau Excel. On ne peut même pas en vouloir au chef dans un tel cas - surtout dans un contexte où ce <em>manager</em> change tous les dix-huit mois<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Ce qui précède doit varier énormément selon l’entreprise ou l’agence, le projet, les chefs. Bien des employés de grandes entreprises se retrouveront aussi là-dedans. Pour résumer, le principal problème que je vois est la dilution de la loyauté au groupe et au projet en cours, avec tous ces échelons et chefs différents - et ceci sans que personne pense à mal ni perde son professionnalisme. Les problèmes de communication au travers de tous les échelons, et le temps perdu à coordonner tout ce beau monde, sont un autre problème...</p>
<p><strong>Ajout du 11 août 2006</strong> : Voir aussi <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/08/08/249-l-industrie-automobile-et-la-sous-traitance-5-modes-de-fonctionnement">ce billet d’Éric sur le fonctionnement en régie pendant des années</a>.</p>
<p><strong>Ajout du 18 octobre 2006</strong> : Voir <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/10/17/321-l-industrie-automobile-et-la-sous-traitance-6-externalisons-externalisons-il-en-restera-toujours-quelque-chose">ce billet du même Éric sur les conséquences de l’externalisation</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">Partie 1 : Angoisse existentielle</a><br />
Partie 2 : Plein plein de chefs<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/11/192-les-joies-de-la-ssii-3-le-portable">Partie 3 : Le portable</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/27/259-les-joies-de-la-ssii-4-le-consultant-migrant">Partie 4 : Le consultant-migrant</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/31/260-les-joies-de-la-ssii-5-se-battre-pour-bosser">Partie 5 : Se battre pour bosser</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/12/21/261-les-joies-de-la-ssii-6-acces-a-distance-et-teletravail">Partie 6 : Les joies de l’accès à distance</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/12/04/447-les-joies-de-la-ssii-7-un-expert-sisi">Partie 7 : Un expert, sisi !</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/18/480-les-joies-de-la-ssii-8-imputer-oui-mais-sur-quoi">Partie 8 : Imputer, oui, mais sur quoi ?</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Enfin, en fonction de la péréquation définie par les « Ressources Humaines »...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Enfin, dans la marge dérisoire (de l’ordre de l’inflation) qui lui est allouée.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>On se demande pourquoi il sous-traite si c’est aussi capital.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les grandes SSII françaises ont recruté des milliers de personnes en Inde, voire en Chine, parfois en Roumanie ou au Maroc.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Le terme « personnes » rappelle trop qu’il s’agit d’humains et pas de machines ou de pions.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Qu’on ne s’étonne pas ensuite du développement de la mentalité mercenaire ou d’un certain détachement face aux problèmes du client.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Cela suppose aussi un utilisateur qui sait clairement ce qu’il veut et sait demander des choses réalistes. Cela existe, sisi.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Dans le sens le plus méprisable du terme.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] <em>Je n’ai pas dit « opposés » non plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] <em>C’est tellement fréquent dans nombre de SSII que c’est probablement délibéré, et pas seulement expliqué par le </em>turn-over<em>. Les promesses orales de l’un n’engagent pas les autres. Le bon côté est que les engueulades avec la hiérarchie, prud’hommes compris, s’oublient également avec le temps.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/04/193-les-joies-de-la-ssii-2-plein-plein-de-chefs#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/173La Guerre des ERP : SAP vs Oracle Applications (4) : Philosophie opposéesurn:md5:4d36d1d9d4ea7ec1063602c848f554ee2006-07-04T12:49:00+00:002010-10-31T21:19:42+00:00ChristopheInformatique lourdeabominationanalogiebase de donnéescomplexitédommagedéveloppementergonomieERPincohérenceinformatiqueMacOracleorganisationpanurgismeprise de têteSAPSQLsécuritétravailéconomieévolution<p>« SAP conçoit un Mac, Oracle assemble un PC » : de l’ABAP et du PL/SQL, et des serveurs.</p> <h3>Philosophie</h3>
<p>La différence de philosophie entre SAP et Oracle Applications est très bien résumée par <a href="http://blog1.lemondeinformatique.fr/ingenierie_logicielle/2006/05/sap_construit_u.html">cette remarque de Ray Wang, reprise par Olivier Rafal</a> : <strong>SAP conçoit un Mac, Oracle assemble un PC</strong>.<br />
Autrement dit : SAP veut tout faire de A à Z (interfaces, base, administration...) et verrouille ses interfaces, alors qu’Oracle procède plutôt par agrégat de briques interconnectées, disponibles seules, dont l’utilisateur peut faire un peu ce qu’il veut.</p>
<h3>La base</h3>
<p>Oracle vend des bases de données avant tout, il a donc bâti son ERP autour de cette base, en exploitant ses spécificités (l’ERP a cependant toujours une génération de retard sur la base et les outils annexes, par conservatisme et par nécessité de migrer et certifier une telle masse de code).<br />Les tables sont directement accessibles depuis le code source du programme en PL/SQL.</p>
<p>SAP considère que la base de données peut être n’importe quoi : Oracle, SQL Server, DB2, <del>MySQL</del>... <del>Oui, même MySQL (qui existe sous la forme de <a href="http://www.mysql.com/products/maxdb/" hreflang="en">MaxDB</a> dans le monde SAP)</del> (<strong>Correction</strong> : <em>En fait, MaxDB n’a rien à voir avec la base MySQL. Ça semblait gros quand même...)</em>. SAP rajoute donc sa couche d’administration de la base, impose de passer par une version maison appauvrie du SQL pour interroger la base, et interdit toute modification sous-jacente au niveau SQL.<br />Ironie de l’histoire : l’essentiel des installations de SAP tourne cependant sous Oracle (par sécurité et panurgisme), et rapportent donc de l’argent au concurrent principal...</p>
<h3>Langage : SAP et l’ABAP</h3>
<p>SAP est basé sur un langage spécifique, utilisé nulle part ailleurs, qui fleure bon le néolithique de l’informatique, à savoir l’<strong>ABAP</strong>. Il paraît que cela ressemble au Cobol avec quelques notions simplettes de SQL.</p>
<p>Il est basé sur les notions de « structure » (un enregistrement de base de données en fait, par exemple <em>une</em> ligne de commande), que l’on manipule dans des <em>tables internes</em>, et que l’on synchronise à l’occasion avec les vraies tables de la base de données. Les jointures sont lourdes, et récupérer des données consiste souvent à récupérer un jeu de lignes, le parcourir, et réeffectuer des requêtes pour chaque ligne.</p>
<p>Le langage a tout ce qu’il faut pour être qualifié de langage de programmation, mais il manque beaucoup de « sucre syntaxique » apparu depuis les années 1990. Comme je l’ai déjà évoqué, l’environnement de développement est un éditeur imposé, intégré, basique et sans fioriture qui connaît à peine la coloration syntaxique des commentaires. Programmer en ABAP me fait l’effet de programmer avec un boulet aux pieds.</p>
<h3>Langage : Oracle et PL/SQL</h3>
<p>Oracle Applications (l’ERP) est basé sur le <strong>PL/SQL</strong>, le langage intégré à Oracle (la base). On peut aussi utiliser du Java, mais ce n’est pas si courant, du moins sur les modules les moins récents.</p>
<p>Le PL/SQL a l’avantage d’être un véritable langage, sans doute pas aussi souple et riche que du .Net ou du Ruby, mais plutôt un mariage heureux entre le Pascal et le SQL, qui évolue peu à peu et, je pense, dans la bonne direction, sans trop de fioritures inutiles. Un avantage majeur est que l’on interagit directement avec les données sans couche intermédiaire qui freine ou impose ses limites ; on profite de <em>toutes</em> les fonctionnalités d’Oracle (la base)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees#pnote-141-1" id="rev-pnote-141-1">1</a>]</sup>. Les « tables internes » ne servent que dans certains cas précis d’optimisation (mise à jour en masse), puisque la base optimise déjà le commun des requêtes toute seule. La création de « requêtes de feu » de plusieurs pages n’est pas un problème ; le principe est de sous-traiter au maximum à la base de données puisqu’on est très proche d’elle.</p>
<p>Le PL/SQL est conçu pour manipuler des données mais est assez « généraliste », pas réduit à ne travailler qu’avec l’ERP. Exécuter du code d’un autre langage (hors de la base cependant, donc au niveau du système d’exploitation) n’est pas un problème, c’est prévu.</p>
<h3>Serveurs d’application et autres monstres</h3>
<p>Oracle Application inclut un serveur d’application maison, genre d’objet que je connais très mal par ailleurs. SAP mitonne son équivalent, <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/SAP_NetWeaver" hreflang="de">Netweaver</a>, mais je ne connais pas d’environnement où Netweaver soit utilisé indépendamment de SAP.</p>
<p>À côté de tout ça, chacun a son essaim d’outils annexes, modules optionnels, portails webs, etc.</p>
<h3>Sous le capot</h3>
<p>Le modèle de données n’a <em>rien</em> à voir, et de ceci que je vais parler <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">la prochaine fois</a>…</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">Partie 1 : Des interfaces hideuses</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks">Partie 2 : Deux gros patchworks</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres">Partie 3 : Des interfaces très particulières</a></p>
<p>Partie 4 : Philosophies opposées</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">Partie 5 : Schémas de données</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees#rev-pnote-141-1" id="pnote-141-1">1</a>] <em>Et vu le prix de la licence, c’est bien la moindre des choses...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/141La Guerre des ERP : SAP vs Oracle Applications (3) : Des interfaces très particulièresurn:md5:ffb69bfbd90f13d2583d6312218235a42006-07-03T10:50:00+00:002010-10-31T21:15:53+00:00ChristopheInformatique lourdeanalogieargentbase de donnéescomplexitédommagedysfonctionnementergonomieERPincohérenceinformatiqueOracleorganisationprise de têteSAPSSIItravailéconomieévolution<p>Caractéristiques historiques et techniques des interfaces de SAP et Oracle.</p> <p>Les deux produits se basent au final sur des <strong>interfaces (apparence et technique) totalement propriétaires et utilisées nulle part ailleurs</strong> (sinon par leurs autres produits).</p>
<p>Qu’on ne s’imagine pas que cette indépendance permet de s’affranchir du système d’exploitation sous-jacent, je n’ai jamais vu en pratique tourner ces produits ailleurs que sous Windows. Je me trompe peut-être, les deux interfaces ont migré au moins partiellement vers Java, avec la persective théorique d’être utilisable n’importe où, mais SAP notamment est connu pour être très proche de Microsoft. Le projet <a href="http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-sapphire-06-paris-muse-devra-rendre-l-utilisateur-heureux-19651.html">Duet</a> est d’ailleurs destiné à lier de plus en plus SAP et Office. L’évolution sous forme d’applis web pourrait rendre le problème caduc, au moins pour certains modules, ou certains écrans.</p>
<p>La cause de ces interfaces bizarres serait plutôt qu’<strong>à force de migrer de système en système</strong> au cours de l’histoire de l’informatique (du listing papier de 1972 au terminal texte de 1985 au client-serveur de 1990 au client lourd de 2000 au futur <em>full web</em> de 200?), avec l’impératif de maintenir le maximum de compatibilité (pour limiter des coûts de migration toujours astronomiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres#pnote-160-1" id="rev-pnote-160-1">1</a>]</sup>), chacun des deux systèmes s’est « enfermé » dans son propre univers. Le souci de l’interfaçage avec le reste des outils professionnels (notamment Office) s’accroît avec le temps, mais on ne cherche pas des applications intégrées parfaitement au système d’exploitation en apparence comme en comportement.</p>
<p>De plus, SAP et Oracle Applications se <strong>vendent sur leurs fonctionnalités</strong> (et leur capacité à faire le maximum de choses avec le minimum de monde, du moins en théorie), pas sur leur ergonomie ou leur <em>design</em> (un commercial m’a confié présenter Oracle Applications sur un écran au client le plus tard possible).</p>
<p>On obtient donc l’inverse total et simultané des philosophies à la Microsoft (en mettre plein la vue et insister sur la facilité d’utilisation apparente), à la Apple (interface nette et cohérente avant tout), ou à la Unix (austère et élitiste mais propre).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">Partie 1 : Des interfaces hideuses</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks">Partie 2 : Deux gros patchworks</a></p>
<p>Partie 3 : Des interfaces très particulières</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees">Partie 4 : Philosophies opposées</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">Partie 5 : Schémas de données</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres#rev-pnote-160-1" id="pnote-160-1">1</a>] <em>En réécriture ou adaptation de programmes spécifiques au client, revalidation de tous les flux métier, découverte de nouveaux bugs, formation, temps de migration technique des données, nouvelles normes de programmation... Une migration de version de SAP ou Oracle prend facilement plusieurs mois.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/160La Guerre des ERP : SAP vs Oracle Applications (2) : Deux gros patchworksurn:md5:25367ff598fa2f1cbcc9880db3e1df822006-06-30T13:42:00+00:002010-10-31T21:13:59+00:00ChristopheInformatique lourdeargentbase de donnéescomplexitéCRMdommagedéveloppementergonomieERPincohérenceinformatiqueorganisationprise de têteSSIItravailéconomieévolution<p>Les deux logiciels sont en réalité un assemblage de plusieurs modules développés à part...</p> <p>Les deux logiciels sont en réalité un <strong>assemblage de plusieurs modules développés à part</strong> les uns des autres, parfois pour des commandes précises de client, parfois rachetés à d’autres entreprises, reliés à grand-peine et intégrés au chausse-pied.</p>
<p>Les <strong>modules financiers</strong> sont les plus anciens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#pnote-159-1" id="rev-pnote-159-1">1</a>]</sup>, et vus leur complexité et leur importance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#pnote-159-2" id="rev-pnote-159-2">2</a>]</sup>, ils n’ont jamais été totalement réécrits. <br />Du point de vue de l’organisation des données, ils ont le mérite d’une architecture simple et compréhensible. À l’utilisation, ils me sont à peu près incompréhensibles (mais je ne suis ni comptable ni formé sur ces modules).</p>
<p>À l’inverse les modules de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_de_la_relation_client">CRM</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#pnote-159-3" id="rev-pnote-159-3">3</a>]</sup>, à la mode depuis quelques années, bénéficient de tous les derniers gadgets d’interface <em>ad nauseam</em> : arborescences, tableaux intégrés genre Excel et pléthore d’onglets, sous-onglets, sous-sous-onglets, fenêtres imbriquées, paramétrage plus-flexible-tu-meurs.... <br />En général ces innovations sont contrebalancées par la perte des avantages de l’interface « ancien style » (facilité de recherche des champs techniques, copier-coller facile, double-clic dans SAP...) et un degré de complexité de plus dans la programmation<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#pnote-159-4" id="rev-pnote-159-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Oracle ayant racheté plusieurs de ses challengers (l’ERP <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Peoplesoft" hreflang="en">Peoplesoft, lui-même acquéreur auparavant de JDEdwards</a>, ou le CRM <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Siebel_Systems" hreflang="en">Siebel</a>), les incohérences de logique et d’interface ne sont pas terminées dans l’unification de tout ce beau monde (projet <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Fusion_Software" hreflang="en">Fusion</a> d’Oracle). Ce qui était au départ une base de données qui faisait tourner des programmes PL/SQL se dirige vers un mille-feuilles de PL/Java/<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/XML">XML</a>/<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Service_Oriented_Architecture">SOA</a>/<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/BPEL" hreflang="en">BPEL</a> intégrant l’ancienne suite d’Oracle, celle de Peoplesoft, etc.<br />SAP pour sa part cherche plus à tout redévelopper lui-même, mais fait évoluer son produit radicalement. R/3 (l’ERP « classique ») a peu évolué pendant que la partie CRM évoluait à fond, la différence est flagrante.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">Partie 1 : Des interfaces hideuses</a></p>
<p>Partie 2 : Deux gros patchworks</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres">Partie 3 : Des interfaces très particulières</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees">Partie 4 : Philosophies opposées</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">Partie 5 : Schémas de données</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#rev-pnote-159-1" id="pnote-159-1">1</a>] <em>Rappelez-vous : ce sont les comptables qui ont payé le développement de l’informatique (avec les militaires).</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#rev-pnote-159-2" id="pnote-159-2">2</a>] <em>Un bon consultant dirait « criticité ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#rev-pnote-159-3" id="pnote-159-3">3</a>] <em>Gestion de la Relation Client, en pseudo-français ; rappelons que cela couvre aussi bien la télé- que l’après-vente.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#rev-pnote-159-4" id="pnote-159-4">4</a>] <em>Sous SAP : La programmation à l’ancienne genre ABAP/Cobol avait le mérite de la clarté besogneuse. Tenter d’y rajouter des notions de programmation objet relève du mariage contre-nature, et la difficulté tient autant à l’environnement de développement lourdingue qu’à l’évolution du langage. Sous Oracle, la transition me semble plus facile, peut-être parce qu’on reste finalement au sein de triggers, programmes, packages PL/SQL en rajoutant juste quelques types d’objets différents ; je n’ai pas touché au Java.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/159La Guerre des ERP : SAP vs Oracle Applications (1) : Des interfaces hideusesurn:md5:eec056667d95c5a35b8de23a72af68d02006-06-28T12:58:00+00:002010-10-31T18:25:46+00:00ChristopheInformatique lourdeabominationargentbase de donnéescomplexitéCRMdommagedéfense du françaisergonomieERPexpertiseincohérenceinformatiqueOracleorganisationprise de têteSAPSSIItravailéconomie<p>Les deux poids lourds mondiaux des logiciels de gestion d’entreprise intégrés partagent les caractéristiques communes de lourdeur certaine et d’une ergonomie plus que perfectible.</p> <p>Les deux leaders sur le marché de l’ERP sont <strong>SAP</strong>, n°1 incontesté <em>made in Germany</em>, lourd et ruineux, et l’américain <strong>Oracle Applications</strong>, un cran en-dessous en terme de marché, chiffre d’affaire et fonctionnalités, mais qui achète à tour de bras pour rattraper son retard. Les autres ne comptent pas, ont un marché de niche, ciblent les PME, ou ont été rachetés.</p>
<p><a href="http://de.wikipedia.org/wiki/SAP" hreflang="de">SAP existe depuis plus longtemps que moi</a>, tandis qu’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Oracle_Corporation">Oracle</a> a longtemps basé sa réputation sur <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Oracle_database" hreflang="en">sa base de données</a> qui, malgré bien des défauts, est devenue <em>la</em> référence dans le domaine. Si je parle d’Oracle ici, j’entends <em>Oracle Applications</em>, pas la base de données<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses#pnote-140-1" id="rev-pnote-140-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Je connais principalement Oracle Applications 11.0 et 11i, et, avec beaucoup moins d’expérience SAP R/3 et un peu le SAP CRM. Ce qui suit peut être dépendant du paramétrage des bases que j’ai rencontrées.</p>
<p>En passant d’Oracle à SAP, on s’aperçoit que la philosophie des deux produits est totalement opposée, même s’ils tentent de répondre aux mêmes besoins (gérer une entreprise de bonne taille de bout en bout) avec les mêmes moyens (beaucoup de MHz, de Go et de frais en licences et <em>consulting</em>).</p>
<h3>C’est hideux</h3>
<p>L’<strong>interface</strong> est aussi hideuse et anti-ergonomique chez l’un que chez l’autre, mais d’une manière totalement différente. En fait, ni l’une ni l’autre n’a vraiment évolué depuis au bas mot 1998.</p>
<ul>
<li><strong>Oracle semble avoir dix ans de retard sur le développement des interfaces graphiques à la Mac ou Windows</strong>. L’entreprise n’est pas connue pour son souci de l’ergonomie de toute manière.<br /> Depuis environ l’an 2000, l’utilisation de Java pour <em>toutes</em> les interfaces graphiques (de l’utilisateur de base à l’administrateur de la base) se traduit par une lourdeur certaine (plus supportable sur les machines actuelles), et un manque de cohérence avec les applications habituelles dans le monde Windows.<br />L’essentiel de l’ERP est resté au paradigme des <strong>fenêtres</strong> qui s’enchaînent, se chevauchent... en mode MDI (des fenêtres dans la fenêtre principale, très à la mode sous Windows 3.1). <br />Pour basculer d’une fenêtre à une autre (par exemple avoir des informations sur un article depuis l’écran d’une commande), le plus simple est encore de noter sur un papier ou dans le presse-papier ce qu’on cherche, de refermer toutes les fenêtres du module fonctionnel (!), et d’aller dans l’autre module...<br />Le passage d’une partie de l’interface au mode web est déjà effectif mais son ergonomie est pour le moins perfectible. Oracle a l’intention d’évoluer vers un modèle mixte moitié « classique » (serveurs en entreprise, licenses...) moitié « à la demande», <em>ie</em> hébergé, par le web (un peu comme <a href="http://www.salesforce.com/" hreflang="en">Salesforce</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>SAP affiche ouvertement ses origines sur gros systèmes</strong> à une époque où l’idée d’un ordinateur sur chaque bureau relevait de la science-fiction sinon de l’utopie. Les « listes » brutes existent encore, avec les tableaux dessinés à coup de caractères de contrôle, qui autrefois s’affichaient sans doute sur un bel écran de terminal noir et vert (sinon sur du listing papier).<br />Le flux se base sur une succession d’écrans qui occupent toute la fenêtre, comme une page web, et pas comme des fenêtres séparées. À l’usage, ce n’est pas si mal.<br />Depuis le texte a été enrobé, d’absconses icônes sont apparues, quelques gadgets sont sympathiques (notamment le double-clic pour accéder à une autre information, très pratique... quand il est là), mais l’interface ferait hurler n’importe quel ergonome. Par exemple certains onglets ont l’apparence de boutons d’actions (les onglets dignes de ce nom existent aussi) : <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/sap_commande_client.jpg" alt="Commande client SAP" style="display:block; margin:0 auto;" /><br /></li>
</ul>
<h3>Des limites énervantes partout</h3>
<p>Les limites abondent chez l’un et l’autre, qui auraient apparemment pu être levées avec un peu d’effort (mais elles sont là depuis des lustres). Quelques exemples graves ou minimes, comme ils me viennent :</p>
<ul>
<li>Le <strong>menu</strong> principal d’Oracle est du texte sous forme de menu (moche mais fonctionnel), restreint à la « responsabilité » (en gros, un module fonctionnel plus ou moins personnalisé) en cours. Les raccourcis qu’on peut y placer sont limités à dix (10), numérotés de 0 à 9. Supprimer l’un d’entre eux revient à renuméroter les autres. <br /><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/oracle_appli_ecran_princ.jpg" alt="Écran principal Oracle" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />Avoir plusieurs sessions simultanées d’Oracle Applications est possible en se reconnectant plusieurs fois.<br />À l’inverse, SAP offre un menu avec tous les écrans autorisés à l’utilisateur, plus les « codes transactions » (taper <code>VA03</code> pour lire les commandes, <code>VF01</code> pour créer une facture...), et la gestion simultanée de plusieurs écrans (« modes ») est facilitée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>raccourcis clavier</strong> sous Oracle sont assez pauvres ; sous SAP l’usage des touches de fonction est massif mais le raccourci pour une même fonctionnalité change suivant l’écran.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les raccourcis n’ont souvent pas grand-chose en commun avec ceux répandus sous Windows ou ailleurs.</li>
</ul>
<ul>
<li>SAP prend un malin plaisir à rendre difficile le <strong>pointage de souris</strong>. Les boutons de boîtes de dialogue sont petits, les boutons par défaut ne sont pas plus grands que les autres, et, cerise sur le gâteau, une grosse icône SAP remplace les habituels trois petits boutons Réduire/Agrandir/Fermer de toute fenêtre de Windows, lesdits boutons étant décalés plus à gauche, en réduction, pour bien être sûr de mal viser. (Voir copie d’écran ci-dessous.)<br />Oracle n’a pas ce défaut, les boutons sont moches mais décemment dimensionnés. Par contre, inutile de chercher à agrandir ou réduire une fenêtre pour avoir plus de colonnes/lignes à l’écran, ce n’est pas prévu.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nombre des écrans d’Oracle sont <strong>accessibles en écriture comme en lecture</strong>, pas de juste milieu (apparemment et simplement en tout cas). Dans le cadre de la restriction généralisée et paranoïaque des accès (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Sarbanes-Oxley" hreflang="en">Sarbanes-Oxley</a> et <em>tutti quanti</em>), c’est très gênant.<br />SAP a généralisé (au moins dans les vieux modules) le principe de transactions (entrées de menu) différentes selon qu’on veut créer, modifier, ou juste voir, une commande, un article...</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>traduction française</strong> est désastreuse sur SAP (je connais Oracle surtout en version originale). La grammaire est correcte, mais je comprends souvent mieux en version allemande ou anglaise, un comble ! Entre autres détails : en français, on dit « <em>Annuler</em> » pour sortir sans rien faire d’une boîte de dialogue (comme en anglais : “<em>Dismiss</em>” ou “<em>Cancel</em>”), pas « <em>Interrompre</em> » (»<em>Abbrechen</em>« en allemand) !<br />Que des morceaux d’allemand surnagent par-ci par-là dans les modules techniques, ou que des morceaux de phrases aient sauté de-ci de-là, est paradoxalement moins grave.</li>
</ul>
<ul>
<li>SAP abuse des <strong>abréviations</strong> dans les noms de colonne ou de champ, jusqu’à l’absurde (« C. » comme nom de colonne !). Y compris dans les infobulles, sisi. <br />Oracle connaît peu les infobulles mais en général remplit moins ses écrans.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<strong>aide</strong> en ligne des deux concurrents pèche de la même manière : correcte dans un sens descriptif, insuffisante comme base de travail pour chercher comment retrouver ou paramétrer tel ou tel objet (il faut reconnaître que l’exhaustivité serait titanesque à obtenir).</li>
</ul>
<ul>
<li>(SAP) Pour imprimer une facture, il ne faut surtout pas cliquer sur le symbole vert qui signifie « <em>OK</em> » dans la boîte de dialogue après un clic sur «<em> Éditer</em> », mais sur l’icône de l’imprimante. Le bouton vert ne <em>sert à rien</em> !<img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/SAP-facture-editer.png" alt="Édition de facture sous SAP" style="display:block; margin:0 auto;" /></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour le développeur : dans l’éditeur de code ABAP (imposé, oubliez <a href="http://www.eclipse.org/" hreflang="en">Eclipse</a>, <a href="http://www.vim.org/" hreflang="en">vi</a>, <a href="http://www.nedit.org/" hreflang="en">nedit</a>...), les commentaires sont en bleu... s’ils sont déclarés avec une étoile sur le premier caractère de la ligne. Si le commentaire se trouve sur la même ligne que du code, séparé par un <code>"</code>, ils ne bénéficient pas de la coloration syntaxique !<br />On prend donc vite l’habitude d’aérer le code ABAP (déjà très verbeux) par des commentaires seuls sur leur ligne. Ce n’est pas si gênant, car de toute façon l’éditeur ne supporte pas les lignes de plus de 72 caractères (le standard en 1983) !<img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/sap_editeur_commentaires.jpg" alt="Éditeur ABAP" style="display:block; margin:0 auto;" /></li>
</ul>
<ul>
<li>SmartForms, un module de SAP de développement de formulaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses#pnote-140-2" id="rev-pnote-140-2">2</a>]</sup> possède des fenêtres avec ascenseur au sein d’autres fenêtres avec ascenseur ! Une monstruosité ergonomique que je n’ai jamais rencontré qu’au sein de pages web qui n’avaient pas le choix de faire autrement. Smartforms n’est pourtant pas un vieux clou traîné depuis vingt ans, mais un outil très récent de SAP - ce sont souvent les pires (en complexité inutile surtout).</li>
</ul>
<ul>
<li>Smartforms (encore lui) ne gère pas les différentes versions d’un objet, alors que la notion de gestion de versions est intégrée à l’éditeur des programmes ABAP depuis des années. Au passage, cela rend cauchemardesque la simple annulation de modifications... Chaque outil de développement a été ajouté sans grand respect pour la cohérence avec les outils précédents.</li>
</ul>
<ul>
<li>Etc. etc. <br />Ce ne sont que des détails, mais mis bout à bout ils me tapent sur les nerfs. Ils résument bien la philosophie des produits et la manière dont il sont conçus et vendus.</li>
</ul>
<h3>Quelques gadgets sympas</h3>
<p>C’est surtout SAP qui les possède (<strong>Mise à jour de 2008</strong>: <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/10/04/194-les-bonnes-idees-de-sap">voir aussi ce billet</a> ) :</p>
<ul>
<li>le double-clic déjà évoqué pour avoir plus d’information sur tel ou tel objet (mais il n’est pas toujours là) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les <em>matchcodes</em>, des petits sous-écrans qui permettent de faire des sélections de plages de valeurs un peu tordues (du genre « prendre les codes articles 1023 à 8123 sauf les 4526 à 5622, et pas le 8001 »), et bien intégrés au langage ABAP sous-jacent ; Oracle ne connaît que les plages de valeur simples ;</li>
</ul>
<ul>
<li>SAP mémorise les dernières valeurs entrées dans un champ ; si vous manipulez les dix mêmes articles/commandes/programmes, ils sont automatiquement proposés dans un menu déroulant à chaque saisie ;</li>
</ul>
<ul>
<li>Hélas, si l’interface de SAP est supportable après un peu d’apprentissage par un utilisateur, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks">celle réservée au développeur « sous le capot » fait nettement plus peur</a>…</li>
</ul>
<p>Partie 1 : Des interfaces hideuses</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/30/177-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-2-deux-gros-patchworks">Partie 2 : Deux gros patchworks</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/03/178-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-3-des-interfaces-tres-particulieres">Partie 3 : Des interfaces très particulières</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/04/176-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-4-philosophie-opposees">Partie 4 : Philosophies opposées</a></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">Partie 5 : Schémas de données</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses#rev-pnote-140-1" id="pnote-140-1">1</a>] <em>De toute façon, SAP utilise en général Oracle (la base) en arrière-plan...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses#rev-pnote-140-2" id="pnote-140-2">2</a>] <em>Dans le sens « bout de papier à imprimer » ; pour compliquer les choses, les terminologies de « rapport » et « formulaire » sont à peu près opposées entre les deux concurrents...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/140Se faire siffler comme un domestique par son téléphoneurn:md5:bc096a634a1c55a6c453ab24f8070fc12006-06-18T17:35:00+00:002010-10-31T11:10:32+00:00ChristopheIl faut bien mangercommunicationorganisationpsychologietravailéconomie de l’attention<p>Téléphone briseur d’attention et civilisation du « répond tout de suite ».</p> <p>Sacha Guitry, dit-on, n’avait pas de téléphone car il détestait « être sifflé comme un domestique. » De nos jours rares sont les gens suffisamment riches au point d’entretenir un majordome qui se laisserait héler comme un chien, mais la référence est d’autant plus juste. Le téléphone, même fixe, n’est plus seulement l’outil de communication si pratique d’autrefois, mais le véritable maître de bien des gens, surtout en milieu professionnel.</p>
<p>Combien de mes collègues lâchent tout de ce qu’ils sont en train de faire, brisant un état de concentration souvent difficile à obtenir, pour bondir sur le dissonant outil, comme si l’appelant s’était physiquement déplacé et assis sur le clavier ? Alors que s’il s’était pointé dans le bureau, on aurait au moins pu faire comprendre à l’importun qu’il allait devoir attendre son tour une minute. L’appelant téléphonique ne peut même pas voir si il dérange ou pas ; il n’existe pas de touche « rappelez dans une minute ».</p>
<p>Pire : bien des fois une « réunion », informelle sur le coin de bureau du collègue, mais importante, se brise sur un coup de fil d’une tierce personne installée quelques cloisons plus loin. Pas trop de mal quand l’interruption est de dix secondes, le temps de dire « je te rappelle » (en le pensant ou non), mais une catastrophe quand la réunion de travail technique se suspend une minute entière, puis deux, trois...</p>
<p>Des solutions :</p>
<ul>
<li>Convoquer le collègue en réunion formelle, avec échange de mails, négociation de créneau, réservation de salle (sans téléphone) et <em>tutti quanti</em>. Pas flexible : mon métier réclame souvent des discussions techniques qui peuvent durer longtemps, mais imprévisibles le quart d’heure précédent.<br />Pire : mon client actuel ne me permet pas de mettre en place de manière pratique ce système : pas de salle de réunion dans le bâtiment, ordinateurs non portables...</li>
</ul>
<ul>
<li>En arrivant au bureau du collègue, ou quand il arrive au mien, <strong>décrocher le téléphone</strong>. Nous sommes en réunion, pas d’interruption. Ce qui passe par téléphone peut passer par mail ; ce qui est vraiment urgent (niveau « on lâche tout et on résout ce problème sur le champ ») peut bien demander un déplacement physique du demandeur.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Me lever et retourner à mon bureau</strong> dès que l’interruption semble devoir s’éterniser. Mais à mon détriment, dans ce cas, je n’ai pas obtenu ou transmis les informations que je voulais échanger.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Appeler moi-même</strong> la personne avec qui je veux discuter, et bloquer ainsi sa ligne, même si elle est physiquement à deux bureaux de moi. Si nous sommes à distance, j’ai encore moins de scrupules et d’ailleurs pas le choix.</li>
</ul>
<p>Il m’arrive évidemment de voir le phénomène <strong>déteindre sur moi</strong> ; j’ai interrompu des discussions sérieuses avec le gourou d’à-côté parce que l’ignoble objet se mettait à me vriller les oreilles, pour une vétille le plus souvent. La pression sociale pour répondre inconditionnellement au téléphone est telle que j’y obéis aussi. En tant que prestataire chez un client, c’est encore pire...</p>
<p>Là où je sévis, je vois rarement des mails me posant des questions ou répondant à d’autres en attente ; la règle semble être la <strong>communication orale et immédiate</strong>, même pour le non-urgent. Est-ce parce que les gens ont besoin de lien social par oral, je ne sais, le mail me semble pourtant si pratique comme moyen de communication asynchrone et non briseur de concentration.</p>
<p>L’ultime abomination est le <strong>« rappel automatique »</strong> : dès que je pose le combiné, il se remet à beugler. Les appels téléphoniques commencent donc en quelque sorte à s’empiler, comme des mails. Impossible de prendre des notes sur le coup de fil précédent, rédiger un mail... bref, changement de contexte forcé. Je ne suis pas <em>forcé</em> de répondre, je le sais, mais on me le reprocherait... Et pour <em>ma</em> productivité, c’est effroyable.<br />Quant à celle des collègues les plus demandés, je n’ose y penser. Ils travaillent quand les besoins les envoient à un autre bureau, où ils sont injoignables, et moi, petit nouveau dans le service, joue le rôle de secrétaire à prendre les appels.</p>
<p>Qui a écrit que la <strong>denrée la plus rare de notre civilisation était l’<em>attention</em></strong> ? Et que je vais de voir défendre la mienne (donc ma concentration), et celle que m’accordent les autres, quitte à briser <em>leur</em> concentration ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/18/158-se-faire-siffler-comme-un-domestique-par-son-telephone#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/143Les joies de l’ERP et du CRM (III)urn:md5:7a2776e3fbd62d5c93d7c149b8ad70fc2006-03-14T10:37:00+00:002010-10-26T20:04:17+00:00ChristopheInformatique lourdebase de donnéescomplexitédéveloppementERPexpertiseinformatiqueintelligence artificiellelogistiquemicroéconomieOracleorganisationparadoxeperfectionnismeperspectiveprise de têteprécisionSAPSSIItravailvaleuréconomie<p>Suite des maux de tête liés au fonctionnement normal d’une entreprise et de son informatique.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii">Nous avons vu le genre de céphalée que peut représenter une simple commande quand on a plusieurs intermédiaires et prestataires impliqués</a>.</p>
<p>Avec un peu d’aspirine, tous ces concepts finissent <strong>modélisés</strong> sous forme de <strong>tables</strong> informatiques dans une grosse base de données SQL. Les ERP fournissent d’ailleurs la solution clés en main, dont la compréhension est à peu près aussi longue et pénible que tout recréer soi-même (au moins est-ce débogué).</p>
<p>Il faut ensuite se poser la question de remplir les données. Si on agit au fil de l’eau (l’administration des ventes ou un télévendeur remplit tout sur le champ), on court le risque de voir des <strong>doublons</strong> dans son fichier client. Dans certaines branches on a le luxe de recevoir une <strong>liste de ses clients finaux</strong>, soigneusement numérotés, avec leurs adresses, de la part du donneur d’ordres ou d’un intermédiaire financier ou technique.</p>
<p>L’<strong>erreur est de croire que l’on peut intégrer aveuglément cette liste</strong> extérieure dans sa base de clients. Les adresses notamment doivent éveiller la plus grande méfiance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#pnote-109-1" id="rev-pnote-109-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Si la liste est propre, elle comprendra deux ou trois champs d’adresse séparés des codes postaux et des noms de ville.
<br />Si elle ne l’est pas (par exemple si elle provient d’une certaine multinationale que je ne citerai pas<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#pnote-109-2" id="rev-pnote-109-2">2</a>]</sup>), il faudra quasiment développer une <strong>intelligence artificielle</strong> capable de différencier un code postal d’un code TVA dans le magma informe que ces champs d’adresse seront devenus. Il est en général plus efficace de laisser une secrétaire revoir <strong>manuellement</strong> ces adresses. <br />S’il y en a dix mille, couvrant cinquante pays dans le monde, la tâche devient « intéressante » dans le sens démoniaque du terme.<br />Il existe des logiciels interfacés avec les bases de données de la Poste et de ses équivalents étrangers, pour reformater automatiquement ces adresses. J’ignore leur prix, il doit être aussi indécent que leur utilité est grande.</p>
<p>Pour corser la chose, cette liste ne comprend pas uniquement les clients mais aussi leurs premières commandes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#pnote-109-3" id="rev-pnote-109-3">3</a>]</sup>, et de gros problèmes de <strong>conversion de jeux de caractères</strong> entre l’Excel en Unicode et l’Oracle en Latin-9<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#pnote-109-4" id="rev-pnote-109-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Reprenons notre commande. Elle peut se réduire à une ligne d’un article avec une quantité, un prix. Que ce soit 1 ampoule à 0,5 € ou 200 palettes de téléphones portables à 1000 € pièce, la complexité informatique est la même. Elle
peut donc sembler simple à gérer au premier abord. Mais beaucoup de choses peuvent se dérouler par derrière :</p>
<ul>
<li>Certains systèmes (SAP notamment) rajoutent une notion d’<strong>échéances</strong> en dessous de la notion de ligne de commande. Il peut y en avoir beaucoup quand il s’agit de livraisons étalées sur des mois. La commande doit donc être <strong>partiellement livrée</strong> et payée avant même d’être totalement renseignée.<br />On notera au passage qu’il n’y a absolument pas de rapport de un-pour-un entre commande et livraison, ni entre commande et facture (on est déjà content si ce rapport existe au niveau de la ligne ou de l’échéance).<br /></li>
</ul>
<ul>
<li>Un <strong>conteneur</strong> peut être consigné et ajouté automatiquement (à la commande d’une caisse de bières par exemple), et ce même conteneur être récupéré à la livraison suivante, pour donner lieu à une <strong>déconsigne</strong> qui, subtilité, n’apparaîtra pas forcément sur la <em>commande</em> mais uniquement sur la <em>facture</em>.<br />Le terme <em>facture</em> est lui-même trompeur, car un livreur n’arrive qu’avec un borderau de livraison (ou facture <em>pro forma</em>) et la vraie facture comptable, comprenant les déconsignes, et faisant foi auprès de l’administration, n’est jamais imprimée.<br />Subtilité : le numéro de cette facture n’existe pas au moment où le client reçoit la <em>pro forma</em>, ce qui pose d’intéressants problèmes de rapprochements si le client paye dès la réception...<br /></li>
</ul>
<ul>
<li>L’unité à prendre en compte peut être l’<strong>unité</strong> (objets manufacturés), une unité de volume classique (le litre), ou qui dépend d’une autre et qui dépend de l’article (dans la distribution de boissons, un <em>col</em> peut faire 0,30 comme 1,75 litre, une <em>caisse</em> peut faire 12 cols, etc.). <br /></li>
</ul>
<ul>
<li>La mise en place du <strong>calcul du prix</strong> est un poème ; certains consultants y consacrent leur vie : prix de base (dans quelle unité ?), remise sur quantité, remise <em>positive</em> (qui permet d’afficher des prix artificiellement bas), frais de transports, frais de facturation, marges arrières plus ou moins claires, attribution gratuite d’articles en plus ou au sein de la quantité commandé... tout ceci variant dans le temps, l’espace, la sous-société qui reçoit la commande, la tête du client final et sa capacité de négociation, les habitudes de tel ou tel commercial et les traditions des différents services.<br /></li>
</ul>
<ul>
<li>Il est rare qu’il y ait de vente sans commercial. Celui-ci exigera peut-être sa part, et le système stockera quelque part la <strong>commission</strong> qu’il doit toucher. Lui aussi doit être payé.<br /></li>
</ul>
<ul>
<li>De même, le prix annoncé au client n’est pas forcément celui qui sera payé au fournisseur si un <strong>intermédiaire</strong> quelconque prélève sa commission (grande centrale, groupement, ou simplement affacturage).<br /></li>
</ul>
<ul>
<li>Murphy oblige, <em>la</em> <strong>fonctionnalité critique</strong> du cœur de métier du client, qui ne se rencontre nulle part ailleurs, n’est pas prévue dans le logiciel. Ou alors elle possède une limitation majeure (à première vue arbitraire et débile mais liée à l’historique de développement de l’ERP).<br /> C’est là qu’intervient la SSII, qui bénit le client pour ses excentricités, et maudit l’éditeur pour la difficulté d’adaptation (quoiqu’il faille distinguer entre le développeur qui s’arrache les cheveux et le commercial qui s’en moque, il a fait son boulot de décrocheur de contrat).</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#rev-pnote-109-1" id="pnote-109-1">1</a>] <em>Toute donnée envoyée par un intermédiaire est indigne de confiance d’ailleurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#rev-pnote-109-2" id="pnote-109-2">2</a>] <em>Les grosses entreprises ne sont pas mieux organisées ou rigoureuses que les petites ; je pencherai parfois pour le contraire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#rev-pnote-109-3" id="pnote-109-3">3</a>] <em>En clair : petit informaticien, débrouille-toi </em>fissa<em> pour intégrer le fichier dans Oracle, tu n’as </em>pas<em> le temps de réfléchir à un beau modèle de données et à un import par étapes.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#rev-pnote-109-4" id="pnote-109-4">4</a>] <em>Encore a-t-on bien moins de problèmes avec cela ces temps-ci. De toute manière, le VRAI problème viendra en fait du fichier extérieur, </em>déjà<em> vérolé par des conversions hasardeuses lors de son détour au sein d’une base de données nord-américaine préhistorique qui ne comprend que l’ASCII sur 7 bits, et remplace les é, à, ñ, ß et Ç par des carrés blancs ou des traits verticaux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/109Les joies de l’ERP et du CRM (II)urn:md5:5181f1ed31ea14b6c301fd2850f59eba2006-03-10T20:30:00+00:002014-02-26T10:32:05+00:00ChristopheInformatique lourdebase de donnéescomplexitéCRMdéveloppementERPexpertiseinformatiquelangueslogistiqueOracleorganisationprise de têteprécisionSAPtravail<p>ERP et CRM sont conçus pour gérer les cas les plus tordus et ils rajoutent. Le CRM a des joies cachées pour les amateurs de puzzle, de casse-têtes et de barbarismes linguistiques</p> <p>Nous avons vu récemment que <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/blogsanssujetprecis//index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i">la complexité des ERP, combiné à un lourd passé, en faisaient des monstres ruineux et techniquement assez cryptiques</a>.</p>
<p>En tant que développeur il y a bien pire que les termes barbares du système à assimiler : il faut
comprendre ce que l’<em>utilisateur</em> veut faire avec le système. (Comme de plus c’est lui paye, c’est lui qui commande).<br />Pour le naïf technicien
qui débarque en plein dans un flux logistique, le monde un peu flou de la vente et des
livraisons prend soudain sa pleine dimension.
<br />Au début il s’imagine qu’une commande ne doit pas être si tordue à concevoir dans un modèle
de données bien propre :</p>
<ul>
<li>on commence par un <strong>en-tête</strong> avec quelques informations : le <strong>client</strong>, son <strong>adresse</strong>, le numéro de la <strong>facture</strong> ;</li>
<li>on enchaîne avec les <strong>lignes</strong> de commandes : un objet ou un service, une quantité, un prix unitaire ;</li>
<li>on termine en sommant les lignes, on rajoute la TVA ;</li>
<li>il reste éventuellement à <strong>livrer</strong> à l’adresse du client…</li>
</ul>
<p>Commençons par les <strong>adresses</strong>. Si on veut tout prévoir, il faut distinguer d’abord l’adresse de
<strong>livraison</strong> de l’adresse de <strong>facturation</strong>. N’importe quel site de commerce en ligne
est à présent capable de gérer la différence : vous pouvez ainsi envoyer un cadeau de Noël à votre chère grand-mère tout en recevant vous-même la facture papier.</p>
<p>Mais cela peut être encore plus compliqué ; par exemple :</p>
<ul>
<li>l’usine <code>TARTEMPION</code>, en France ;</li>
<li>peut recevoir une commande de <code>TOTO GmbH</code> (« donneur d’ordres » européen) ;</li>
<li>au nom de la PME brésilienne <code>PEDRO</code> (« destinataire final » des biens physiques) ;</li>
<li>à facturer à <code>TOTO Bizness International</code> (entité comptable du groupe <code>TOTO</code>, « destinataire de la facture ») ;</li>
<li>et qui sera effectivement payée par <code>TOTO Bank Ltd</code> (« payeur ») ;</li>
<li>à <code>VITENCAISSE</code>, société d’<a href="http://www.netpme.fr/banque-entreprise/2-l-affacturage.html">affacturage</a> qui sous-traite la facturation (relances, frais, avance, garantie de paiement…) de <code>TARTEMPION</code> ;</li>
<li>la livraison ne sera pas à envoyer directement au Brésil, mais à un <strong>intermédiaire logistique</strong> (« client délivré »), disons <code>FedDHL</code> à Amsterdam.</li>
</ul>
<p>Les ordinateurs de TARTEMPION, se doivent donc, pour une unique commande, <strong>créer chacune de ces entités</strong>, et ne pas perdre les <strong>liens</strong> entre elles. Il est mal vu et parfois coûteux d’envoyer une facture papier au lieu d’une palette, ou de réclamer le paiement à celui qui sert juste de livreur.</p>
<p>Renseigner tout cela à la main devient vite pénible, d’autant plus que les ERP sont rarement des monstres d’ergonomie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#pnote-89-1" id="rev-pnote-89-1">1</a>]</sup>. Mais on atteint le cauchemar lorsque la création d’adresses ou clients doit être <strong>automatisée</strong> et que les données adéquates doivent se remplir spontanément sur les écrans informatiques de l’administration des ventes. Au passage on se demande qui là-dedans est vraiment le sacro-saint « client »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#pnote-89-2" id="rev-pnote-89-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Avec le <strong>jargon</strong> adéquat, mélangé à l’anglais imposé par certaines multinationales à leurs filiales, on aboutira au final à la conclusion que TOTO Bank Ltd est le <em>PayTo From</em> de PEDRO, et TOTO Bizness International le <em>BillTo Of</em> de TOTO GmbH<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#pnote-89-3" id="rev-pnote-89-3">3</a>]</sup>. Le CRM a des joies cachées pour les amateurs de puzzle, de casse-têtes et de barbarismes linguistiques.</p>
<p>Ce n’est que le début. Inutile de dire que PEDRO, TOTO Bank ou VITENCAISSE ont chacun une demi-douzaine d’<strong>adresses physiques</strong> (prévoir la notion d’« adresse primaire »), chacune dédiée à un rôle différent, ou pas (rajoutons une table des « usages d’adresse »). Certaines de ces adresses peuvent être celles d’une autre entité d’ailleurs (stock déporté par exemple).</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/14/116-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-iii">À suivre…</a></em></p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#rev-pnote-89-1" id="pnote-89-1">1</a>] <em>Ils en violent même la plupart des règles.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#rev-pnote-89-2" id="pnote-89-2">2</a>] <em>Et se poser cette question, c’est se poser celle de l’entité à qui il faut plaire en priorité : l’utilisateur final ou l’un de ces intermédiaires qui ne l’ont peut-être jamais vu ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#rev-pnote-89-3" id="pnote-89-3">3</a>] <em>Exemple immonde inspiré d’Oracle Applications.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/89Les joies de l’ERP et du CRM (I)urn:md5:a7c454065eeee45c7c4de584724238a02006-03-04T16:34:00+00:002010-10-26T14:25:44+00:00ChristopheInformatique lourdeargentbase de donnéescomplexitéergonomieERPexpertiseimpérialismeinformatiquelangueslogistiqueOracleorganisationSAPSQLSSIItravailvaleuréconomie<p>Un ERP est un monstre coûteux et souvent abscons.</p> <p>Un <a href="http://www.commentcamarche.net/entreprise/erp.php3">ERP</a> est un monstre. C’est un logiciel coûteux, voire ruineux, souvent très lourd à mettre en place, qui impose sa logique à toute une entreprise, mais qui lui permet d’intégrer tout son fonctionnement de A à Z : commandes clients, livraison, production, facturation, plans de prod, achats, ressources humaines, calcul de coûts, marges, rapports fiscaux et comptables, qualité... <br />Des armées de consultant consacrent leur vie à la mise en place et la maintenance des ERP - et ils ont fait la fortune de bien des <a href="http://www.top50-ssii.com/">SSII</a>. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-1" id="rev-pnote-87-1">1</a>]</sup> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/sap-buchung.jpg" alt="sap-buchung.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="SAP" /></p>
<p>Le <a href="http://www.commentcamarche.net/entreprise/crm.php3">CRM</a> est un autre terme fourre-tout pour un logiciel censé gérer toute la « relation client »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-2" id="rev-pnote-87-2">2</a>]</sup>, de la commande au service après-vente. C’est effectivement un monde très vaste et le terme veut dire un peu tout et rien. C’est souvent un des modules d’un ERP. Comme lui, il a besoin de doses massives de paramétrage pour s’adapter aux besoins de l’utilisateur.</p>
<p>Ça fait quelques années que je me casse le crâne sur les commandes et livraisons dans des ERP,
que ce soit <a href="http://www.oracle.com/fr/">Oracle Applications</a> ou plus récemment <a href="http://www.sap.com/france/">SAP</a>.</p>
<p>Techniquement, les entrailles de ces monstres sont assez glauques. On sent l’historique
chargé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-3" id="rev-pnote-87-3">3</a>]</sup>. Par exemple, la table des articles dans SAP se nomme <code>MARA</code>, celle des commandes
<code>VBAK</code>, celle des livraisons <code>LIKP</code>, celle des pays <code>T005</code>. <br />La première impression d’horreur est totalement justifiée : ces codes datent bien de la préhistoire de l’informatique,
de l’ère où les noms de fichiers (ne parlons pas alors de « tables ») se limitaient à 4 caractères<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-4" id="rev-pnote-87-4">4</a>]</sup>. Il y a tout de même quelques trucs mnémotechniques : le « K » dans <code>VBAK</code> et le « KP » dans <code>LIKP</code> veulent dire « en-tête »... en allemand (<em>kopf</em>). Oui, SAP est allemand<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-5" id="rev-pnote-87-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Dans la même logique, on verra vite que les tables de lignes de commandes et de livraisons correspondant à ces en-têtes s’appellent <code>VBAP</code> et <code>LIPS</code>. P et PS pour « poste » (<em>Position</em> outre-Rhin), évidemment ; ce serait trop simple de parler de « lignes » de commandes. Si vous ignoriez le terme dans ce contexte, je vous l’apprends, et je l’ignorais moi-même il y a deux mois.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/erp/oracle_appli.jpg" alt="oracle_appli.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="oracle_appli.jpg" /> Le concurrent, Oracle Applications, est un peu plus bavard quant aux noms de tables : <code>OE_ORDER_LINES</code>
et <code>OE_ORDER_HEADERS</code>, <code>WSH_DELIVERIES</code>, <code>WSH_DELIVERY_DETAILS</code> sont beaucoup plus explicites.
Et il y a plus de chances que vous parliez anglais qu’allemand. (Par contre, l’interface utilisateur
est tellement moche qu’un commercial m’a dit éviter de la présenter en avant-vente<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#pnote-87-6" id="rev-pnote-87-6">6</a>]</sup>.).</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/10/88-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-ii">À suivre...</a></em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-1" id="pnote-87-1">1</a>] <em>D’ailleurs, la difficulté de modification, de paramétrage et de maintenance des ERP sont une des raisons pour lesquelles les SSII adorent les vendre : ils s’assurent ainsi une éternelle réserve de facturation toutes les années où l’ERP tournera. Les clients ne résistent souvent pas à la tentation de vouloir adapter l’outil à leurs habitudes, même si on calcule que le plus ridicule rapport ou écran coûtera plusieurs milliers d’euros.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-2" id="pnote-87-2">2</a>] <em>S’il n’y a pas de préposition, c’est de l’anglais traduit par quelqu’un qui voulait impressionner son monde.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-3" id="pnote-87-3">3</a>] <em>Le cœur de chacun de ces produits est en général très ancien, <a href="http://emploi.journaldunet.com/magazine/713/">parfois trois décennies</a> ; même s’il a été reprogrammé depuis, les anciennes modes et contraintes de programmation et d’interface y ont imprimé leur marque pour toujours. De plus, un module est souvent un logiciel tiers acheté, plus ou moins bien intégré au reste de l’ERP. Enfin, des modules récents cohabitent avec des modules antédiluviens car anciens et stables (souvent la comptabilité), ce qui occasionne de belles incohérences de logiques d’interface ou de programmation.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-4" id="pnote-87-4">4</a>] <em>De manière plus récente, certaines normes de nommage de documents sont encore influencées par celles de DOS et Windows 3.1 (8 caractères maxi), dix ans après leur disparition.</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-5" id="pnote-87-5">5</a>] <em>Et le code source des programmes est bourré de commentaires dans la langue de Goethe. Je suis très heureux de la parler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#rev-pnote-87-6" id="pnote-87-6">6</a>] <em>Qu’une interface soit moche est trompeur. Celle d’Oracle est plus consistante bien que plus limitée que SAP. Mais je crois que je les hais toutes les deux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/04/87-les-joies-de-l-erp-et-du-crm-i#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/87« Mars la Blanche » de Brian Aldissurn:md5:8b3316b641dfabaa1995ee9fc5f10e7f2005-12-09T14:53:00+00:002010-07-04T06:32:30+00:00ChristopheMarsauto-organisationcivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialedommageenseignementexaptationextraterrestreshard sciencelivres lusMarsmythemèmeoptimismeorganisationouverture d’espritperspectivepolitiqueprise de têtepsychologierésolutionssciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsténacitéutopieémerveillement<p>Une société qui vise la perfection, isolée sur sa planète. Un essai plus qu’un nouveau roman sur la conquête de Mars.</p> <h3>Mars la Blanche<br /></h3>
<p>de <a href="http://perso.wanadoo.fr/listes.sf/aldiss/bio.htm">Brian Aldiss</a><br />
avec <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" hreflang="en">Roger Penrose</a></p>
<p>Une « Mars blanche » est une Mars laissée à elle-même, non colonisée par l’homme, non polluée, juste parcourue par quelques scientifiques ; c’est le statut actuel de l’Antarctique. C’est un des thèmes sous-jacents de l’histoire, mais pas le principal.</p>
<h4>Utopie</h4>
<p>Le sous-titre évoque une « <strong>utopie martienne</strong> », et c’est sa construction qui est la base de l’histoire. Quelques milliers de personnes sont bloquées sur Mars suite à l’effondrement de la multinationale chargée de la colonisation, et survivent (relativement confortablement) en tentant de créer une société plus parfaite.</p>
<p>Les problèmes matériels de cette micro-société isolée (approvisionnement...) sont apparemment délibérément mis de côté, à peine évoqués. Plus intéressante est la manière dont leur civilisation s’organise.</p>
<p>On parle ouvertement d’utopie, donc je me demande si les points suivants, qui ont sabordé la crédibilité de l’histoire pour moi, sont délibérés : le « chef » de la colonie, qui lance les idées liées à l’utopie, n’est guère contesté ; les débats (pendant des pages, ce qui n’est pas un mal) sont assez dirigés ; les opposants sont souvent caricaturaux (et passent très vite à la violence) ; les diagnostics sur les raisons des problèmes de la Terre rappellent furieusement notre époque (et pas 2060) ; certaines des solutions sont des bonnes intentions et rappellent parfois les « yaka/fokon » de gamins de 15 ans naïfs ; la manière dont les problèmes de la société sont corrigés est assez floue (à part améliorer l’éducation des enfants (vaste débat...), et la disparition de l’argent).</p>
<p>Évidemment, tout est beaucoup plus facile dans une <strong>société de fait communiste, égalitaire</strong>, faite de gens tous éduqués aimant débattre, avec un minimum de confort, sans les charges de la civilisation qui leur a donné ce confort, et sans interaction avec icelle. Je suis peut-être trop terre-à-terre ou mauvais esprit pour goûter correctement une utopie.</p>
<p>Le <strong>côté scientifique</strong> à l’inverse est souvent massif, et je pense que certains sauteront le long passage sur les taches de bosons de Higgs que l’accélérateur martien doit découvrir. Les liens entre conscience et mécanique quantique (théorie de Penrose), ou les affirmations sur la nature de la vie sur Mars, sont plus affirmés que démontrés ou expliqués.<br />D’un autre côté, une <strong>action assez lente</strong>, plus orientée sur les relations entre les personnages et sur leurs débats, tranche agréablement avec tous les récits sur la conquête de Mars à la manière américaine (versions <em>hard science</em> ou western).</p>
<p>Je suis <strong>resté sur ma</strong> fin après la dernière page. Les pires problèmes d’une société utopique arrivent quand la population augmente et quand elle perd son isolement. Le livre ne va pas jusque là.</p>
<h4>Terraformation</h4>
<p>Dès le début, et dans la conclusion, Aldiss affiche ouvertement son <strong>hostilité aux projets de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Terraformation">terraformation</a> de Mars</strong>. Le livre ne sert son propos qu’en bottant en touche, en introduisant la seule chose qui pour moi l’interdirait sur le principe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#pnote-52-1" id="rev-pnote-52-1">1</a>]</sup> : de la vie sur Mars. Vie sous une forme assez inattendue il est vrai (et très utopique elle aussi, avec le même flou sur la manière concrète dont elle est apparue, et surtout comment elle évolue à la fin du livre).</p>
<p>Par contre, si cela était raisonnablement réalisable, je vois mal pourquoi nous nous priverions d’une deuxième planète, ou d’une troisième (Vénus ?) ou d’autres (autour de Jupiter ?). Les cailloux mort et inhabités, bien que scientifiquement passionnants, sont innombrables dans cet univers. Le parallèle avec l’Antarctique est à mon avis injustifié, car il fait partie de l’histoire de la terre, contient sa mémoire dans ses glaces, et a son propre et fragile écosystème.</p>
<p>On peut ensuite entrer dans le débat si la conquête de l’espace se fera par celle des planètes ou par des systèmes autonomes vivant dans l’espace, par le cyberespace et/ou via des robots, et dériver vers le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">paradoxe de Fermi</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?category/Paradoxe-de-fermi-et-exobiologie">thème que j’essaie de traiter ici</a>).</p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Un livre un peu décevant, que j’ai failli lâcher après le premier quart, mais l’histoire devient plus concrète ensuite. Cependant, pour narrer de façon réaliste la conquête de Mars, terraformation comprise, la référence reste la <a href="http://www.fakeforreal.net/index.php/2004/07/11/35-kim-stanley-robinson-red-mars-green-mars-blue-mars">trilogie martienne</a> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Kim Stanley Robinson</a>.</p>
<p>Google vous fournira d’autres critiques du livre, notamment <a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_blanche.html">celle-ci</a>, plus favorable que la mienne.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#rev-pnote-52-1" id="pnote-52-1">1</a>] <em> « Sur le principe », parce que l’on peut discuter longtemps du point de vue matériel ou financier, ou de l’utilité réelle d’une planète viable dans mille ans à cent millions de kilomètres. (<strong>Mise à jour</strong> : Sur le sujet, voir le billet <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars">Coloniser le désert de Gobi plutôt que Mars</a>.) </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/52Des erreurs et thermomètres en entrepriseurn:md5:2877261618c89817e084117779ca47d92005-10-10T22:44:00+00:002010-04-18T17:50:23+00:00ChristopheIl faut bien mangercomplexitécynismeinformatiquelogistiqueorganisationSSIItravailvirtuel<p>Une pure perle de sagesse de Jid : le choix du thermomètre pour mesurer et juger un comportement génère nombre d’effets pervers.</p> <p>On se ressemble beaucoup, Jid, finalement, à un an d’écart. Même situation de famille, même ennui apparemment au boulot, <a href="http://trentaineordinaire.hautetfort.com/archive/2005/10/10/boulot-boulot.html">même philosophie de paresseux (qualité première d’un informaticien), même optique du fonctionnement des strates supérieures de l’entreprise</a>.</p>
<p>Je rebondis sur son billet : chercher à faire moins d’erreurs est une chose. Le choix du <strong>thermomètre</strong> (le moyen de repérer ces erreurs) en est une autre, encore plus critique.
<br />Un informaticien noté uniquement sur le nombre d’incidents réglés par jour/mois aura tendance à les clore au premier prétexte (inactivité apparente du quémandeur...), voire sans. Un hotliner noté sur sa moyenne de temps d’appel raccrochera une fois sur deux sans même écouter. Quelqu’un noté sur le nombre de demandes de modifications du logiciel satisfaites aura tendance à les exiger nombreuses, précises et très courtes. Je n’ose penser aux conséquences du paiement d’informaticiens au nombre de lignes de code pondues...<br />À l’autre bout de l’échelle, un grand chef payé en fonction du cours de bourse du prochain trimestre ne s’intéressera qu’à ça, allant jusqu’à le manipuler. Tenter de contrôler les gens à ce niveau est illusoire : s’ils étaient contrôlables, ils ne seraient pas assez intelligents et amoraux pour diriger une grosse entreprise...</p>
<p>Pour en rajouter : l’industrie manufacturière est censée être le royaume de la <strong>qualité de process</strong>. Mais cela vaut principalement pour le produit fini, pas toujours pour le reste, notamment la manière dont la base de données de l’usine est renseignée. De plus, les gens de la Production raisonnent avec des <strong>contraintes</strong> (temps de mise en place, contraintes de maintenabilité sur le long terme, justesse comptable...) très différentes d’autres services. Donc les choses ne sont pas toujours aussi carrées qu’elles le devraient.</p>
<p>Et tout problème ensuite se focalise à deux endroits :</p>
<ul>
<li>la <strong>Comptabilité</strong>, en fin de mois, parce qu’il y a une incohérence qui saute aux yeux de gens entraînés à les traquer (histoire d’éviter que le fisc hurle à la fraude, ou que les entités commerciales ne voient un bénéfice de l’usine, qu'elles s’empresseraient d’exiger) ; heureusement les comptables sont souvent logiques et placides ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la <strong>Logistique</strong>, parce qu’eux doivent expédier, avec plein de papiers réglementaires, et si quelque chose manque, ils s’en aperçoivent aussi, tout en bout de chaîne ; par contre ce sont des gens assez <del>stressan</del> stressés pour qui tout est toujours urgent : le camion, il est déjà sur leur quai quand le problème se déclare.</li>
</ul>
<p>Dans les deux cas, le problème devient très vite le problème de l’<strong>Informatique</strong>, simple moyen mais dont tout le monde attend la même disponibilité et fiabilité que celle du réseau d’eau, et la souplesse et la servilité d’un majordome. Si ça foire, c’est forcément la faute de l’informatique/de l’informaticien, jamais la faute de celui qui a ordonné une aberration au système, qui s’est assis sur les procédures, ou qui s’y est pris au dernier moment, situation que <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">Murphy</a> adore.</p>
<p>Dans le cadre d’un <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Progiciel_de_gestion_intégré">ERP</a></strong> tout dysfonctionnement doit être corrigé matériellement <em>et</em> dans le monde désincarné des tables SQL. Celles-ci après tout sont censées refléter la réalité. Sachant que la logique interne de la bête relève du miracle quotidien, de la magie noire, du vaudou, en plus des maths et des lois comptables, avec une bonne pincée d’influence de <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gremlin" hreflang="en">gremlins</a></em>, le tout sous l’œil narquois et vigilant de Murphy, la chose peut être difficile/cauchemardesque/impossible.<br />Si théoriquement on peut corriger un problème, le délire ergonomique qu’est l'ERP rendra la chose impossible à l’échelle humaine (<em>exemple</em> : 300 clients à modifier, chacun nécessitant 30 s de manipulations à travers 2000 couches de java, de serveur d’application, bases sur un autre continent...)</p>
<p>Des exemples :</p>
<ul>
<li>L’entreprise qui fabrique des gadgets électroniques où je <del>facture</del>travaille possède une base de données mondiale de ses numéros de série de gadgets, base située sur un autre continent que l’usine. <br />Suite à divers problèmes, les responsables de cette base exigent (ce sont eux qui payent) que plus <em>aucune</em> livraison ne se fasse tant que les données ne sont pas arrivées chez eux et validées. Même le papier nécessaire au prélèvement dans les stocks n’est plus imprimé. Tout cela part d’une bonne intention. <br />Malheureusement, un jour des invendus sont revenus en stock, les personnes adéquates, humaines donc faillibles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-1" id="rev-pnote-21-1">1</a>]</sup> n’ont pas transmis cette information, le grand serveur de l’autre continent a donc hurlé au doublon de numéro de série et refusé de valider la nouvelle livraison ; il a donc fallu corriger, de plus un jour de clôture comptable, synonyme de système bien chargé, et, Murphy oblige, des bugs de performance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-2" id="rev-pnote-21-2">2</a>]</sup> se sont invités ce même jour. Le livreur attendait que les fichiers d’information traversent les océans pour embarquer les gadgets qu’il voyait bien emballés et rangés sur le quai. Un vendredi soir bien sûr, où la bonne volonté fait très vite défaut, sinon les personnes compétentes. Soyons honnêtes, les problèmes de fuseau horaire ne nous ont pas gênés cette fois. Mais le livreur est reparti sans embarquer.<br />De toute façon, les quatre palettes ne tenaient pas dans la camionette.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cette même entreprise française est pressurée par ses <del>clients</del>donneurs d’ordres de fabriquer et livrer ses gadgets de manière de plus en plus rapide et réactive (histoire d’être au moins aussi compétitive que ces gens aux yeux bridés à des milliers de kilomètres, qui sont plus proches des gisements de pièces détachées, et livrent au final aussi vite sur notre propre continent). La recherche des gisements de productivité fait rage, ainsi que la mode des <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/KPI" hreflang="en">KPI</a></strong>. On m’a donc demandé de travailler sur un rapport qui permettrait de suivre le « temps de séjour »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#pnote-21-3" id="rev-pnote-21-3">3</a>]</sup> de chaque gadget entre la commande, l’ordre de fabrication, sa mise en palette, l’arrivée sur le quai, et le départ vers les comptoirs où des <del>pigeo</del>clients ébahis les acquerront pour une <del>petite fortu</del>bouchée de pain.<br />Comme tout <strong>projet transverse à plusieurs services</strong>, personne ne maîtrisait l’intégralité du flux. Le questionnement sur les écrans (« Cette donnée à l’écran elle veut dire quoi ? ») a très vite dégénéré en querelle sémantique sur la notion exacte de « <em>release d’OF</em> » et autres « <em>passage en stock XQ5</em> ». <br />Puis les <strong>données pourries</strong> ont fait surface, par exemple sous la forme d’ordres de fabrication annulés sans que le système en ait été informé : des palettes en double ça fait mauvais genre. <br /> <br />Finalement après bien des heures perdues, le petit rapport torché en sous-marin est devenu un mini projet-usine qui fidèlement traquait chaque lot de gadgets pour savoir où il s’était attardé.<br />Peu après la livraison j’ai arrêté d’en entendre parler. Son contenu ne plaisait pas, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Ce n’était pas un bon thermomètre...</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-1" id="pnote-21-1">1</a>] <em>Rappelons qu’un être humain fait forcément un jour ou l’autre des erreurs, mais à petite vitesse ; un ordinateur par contre est d’une concentration et régularité sans faille, jusqu’au bug qui lui permettra de générer autant d’erreur en une minute qu’un humain dans sa vie.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-2" id="pnote-21-2">2</a>] <em>Un bug de performance, c’est quand la base de données décide de rechercher ses données dans un ordre différent aujourd’hui parce que ça lui semble plus efficace que la méthode précédente. L’algorithme qui calcule l’efficacité est programmé par un humain (voir note 1). Donc un programme qui durait 1 minute peut du jour ou lendemain passer à 10 heures. Court-circuiter l’intelligence de la machine est possible - mais il est alors trop tard quand on s’en aperçoit.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#rev-pnote-21-3" id="pnote-21-3">3</a>] <em>Coup de bol, je suis ingénieur en génie chimique. Des flux de gadgets ou de produits pharmaceutiques, quelle différence ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/10/20-des-erreurs-en-entreprise#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/21