Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - perspective<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Spinoza, l'homme qui a tué Dieu » de J.R. Dos Santosurn:md5:63f49be6d1a07176ce065b0c0ce54c1b2024-02-13T10:42:00+00:002024-02-13T10:42:00+00:00ChristopheScience et conscienceabsurditébon senschristianismecourageDieuhainehistoirelatinlibertélivres lusmulticulturalismeouverture d’espritperspectivepessimismepolitiqueracismereligionthéologietotalitarismeéducation<p>De l’évolution des mentalités</p>
<p>Le contexte historique est peu connu des Français : au XVIIᵉ siècle, le Portugal sous domination espagnole, sous l’influence de catholiques parmi les plus sectaires (dans une époque <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss">déjà pas très tolérante</a>) chasse ses Juifs. Ceux-ci se réfugient aux Pays-Bas, nation la plus libérale d’Europe, économiquement et religieusement (catholiques et différentes formes de protestantisme se tolérant à peu près). Sans oublier leur patrie, ces Juifs prospèrent dans le commerce, et s’intègrent dans une certaine mesure. Parmi eux naît <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza">Baruch Spinoza</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/Spinoza-JRDosSantos.webp" title="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Spinoza-JRDosSantos_m.webp" alt="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)" class="media-right" /></a></p>
<p>La coexistence pacifique entre Juifs et Néerlandais, protestants ou catholiques, ne signifie pas ouverture, et être minoritaire ne signifie pas être tolérant. Les rabbins ne sont pas mieux que l’Église, et trop dévier des croyances de base mène à l’anathème : c’est le sort d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Uriel_da_Costa">Uriel da Costa</a> qui ouvre le livre, ce sera celui de Spinoza, qui a repris ses idées. Les Juifs ne peuvent brûler leurs hérétiques, mais ils peuvent les bannir de leur communauté : même la famille ne doit plus voir le coupable. Un symptôme flagrant de sectarisme. Les protestants emprisonnent et laissent mourir, ce sera le sort d’amis de Spinoza.</p>
<p>Autre hypocrisie de l’époque : s’ils avaient publié en latin, que le bas peuple ne comprend pas, ils auraient eu beaucoup moins de problèmes.</p>
<p>Spinoza est d’abord repéré comme un futur grand rabbin. Sa connaissance de la Bible hébraïque lui permet de discuter avec des exégètes néerlandais (le dialogue interreligieux étant déjà une dangereuse nouveauté), puis d’accéder aux auteurs contemporains disponibles en latin : Descartes, Hobbes… Spinoza est d’abord cartésien, puis prolonge le raisonnement. En relisant la Bible et en s’appuyant uniquement sur la raison, il constate qu’elle n’a plus de cohérence, sauf à prendre absolument tout au figuré. En conséquence, plus aucun dogme chrétien ou juif n’est sûr. Spinoza ne va pas jusqu’à l’athéisme, pour lui Dieu <em>est</em> la nature. Mais tout le reste est renvoyé à la superstition, de l’immortalité de l’âme au libre arbitre, de la téléologie aux commandements, et la réaction des religieux est violente, très violente.</p>
<p>Même aux Pays-Bas, l’époque n’est pas pacifique. Non seulement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_de_Witt">De Witt</a> perd le pouvoir, à cause de revers militaires contre la France de Louis XIV, mais il finit lynché. Spinoza perd son protecteur.</p>
<p>Spinoza a pu survivre en vendant polissant des lentilles renommées, et éviter la prison en faisant autant profil bas que possible sans renoncer à la moindre de ses idées, et tant pis pour ses amours, mais sa santé fragile a raison de lui peu après. Ses amis et élèves réussiront à sauver et répandre ses idées iconoclastes parmi les philosophes. Ce n’était que le but de Spinoza. Ses lecteurs allumeront les Lumières au siècle suivant.</p>
<p>Page de l’éditeur : <a href="https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/">https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Spinoza%2C-l-homme-qui-a-tu%C3%A9-Dieu-%C2%BB-de-J.R.-Dos-Santos#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/878« Géohistoire » de Christian Grataloupurn:md5:478cf37f9b6a32f203931aaeb6a7c9a92023-12-29T18:48:00+00:002023-12-29T18:48:00+00:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcartescatastropheChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitédémographiedéveloppementeffondrementEmpireEmpire romainesclavageEuropeguerregéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndeMoyen Âgeorganisationperspectivepolitiquepouvoir d’acheterpétroleRenaissanceRussiesociétés primitivestempséconomieémerveillementénergieévolution<p>Les achats d’impulsion sont parfois les meilleurs. <em>Géohistoire</em> veut nous faire sentir <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geohistoire">tout l’impact de la géographie sur la manière dont tourne le monde</a>. Christian Grataloup nous expose la trame sous-jacente à l’histoire de bien des Empires, plus liée aux vents de mousson ou aux flux de capitaux à l’échelle continentale qu’aux généraux et mouvements politiques. La domination européenne est en bonne partie une conséquence de sa géographie. Notes de lectures.</p>
<h2>Il était une fois l’humanité…</h2>
<p>Et ça commence très tôt, par <em>Homo erectus</em> et sa lente diffusion à travers le monde, du moins les parties habitables accessibles à pied sec. Dès cette époque, notre espèce montre une rare adaptation à tant de milieux différents, des savanes africaines aux forêts humides aux steppes neigeuses de l’ère glaciaire. Des bras de mer sont franchis. Nos atouts : le feu, la construction de maisons, l’aiguille à coudre.</p>
<p><a href="https://arenes.fr/livre/geohistoire-2/" title="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Geohistoire-Christian_Grataloup-Arenes_2023_m.jpg" alt="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)" class="media-right" /></a></p>
<p><em>Homo sapiens</em> va encore plus loin, et même l’Amérique est envahie. À la fin de la glaciation ne restent inoccupées que des îles du Pacifique ou l’Islande, conquises vers l’An Mil au plus tard, et des zones polaires comme l’Antarctique.</p>
<h2>Axe & périphéries</h2>
<p>L’essentiel de l’histoire, de la démographie, des échanges de l’humanité, et depuis l’Antiquité, sont regroupées autour d’un « Axe » de l’Eufrasie (terme qui inclue bien l’Afrique dans le monde). Au départ, l’Axe va grossièrement de Gibraltar à la Chine du Nord via les côtes méditerranéennes, la Perse et l’Inde. Avec le temps, l’Axe s’épaissit, en premier lieu en incorporant toute l’Europe jusque la Scandinavie et Îles britanniques.</p>
<p>Sur cet axe s’échangent des biens ou des monnaies, et aussi des métaux précieux, une spécificité de l’Axe. Les latitudes étant voisines, les méthodes de culture ou domestication diffusent. Les idées circulent aussi, à commencer par les religions (monothéismes, bouddhisme…). Mais aussi des agents pathogènes : la Peste Noire est l’exemple le plus flagrant. Au fil du temps, toute la population de l’Axe acquiert une immunité à des germes, souvent transmise par des animaux d’élevage, et que d’autres peuples isolés ne connaissent donc pas, bientôt pour leur plus grand malheur.</p>
<p>Les Empires sur l’Axe se créent et se renouvellent en réaction à des menaces externes : Rome face aux barbares, la Chine ou les Empires indiens face aux envahisseurs des steppes. On note que les capitales (Pékin, Delhi, Trèves…) ont tendance à être proches des frontières menacées.</p>
<p>Des régions restent à la marge. L’Afrique d’abord, peu intégrée, peu peuplée, en contact toutefois avec l’Axe via quelques routes au travers du Sahel, et surtout toute la côte est. L’Insulinde est une zone fragmentée mais bien connectée à dominante commerciale. Sont à peu près isolés l’Australie et tout le monde polynésien, de Taïwan à l’île de Pâques, malgré les talents de navigation de ses habitants. Surtout, le continent américain entier est isolé depuis des dizaines de millénaires. Géographiquement beaucoup plus segmenté que l’Axe, il est aussi sans grand mammifère domesticable (et mangeable), ce qui aura son importance pour le développement des sociétés.</p>
<h2>Économies-monde polycentriques</h2>
<p>Les Empires sont des blocs en partie nés des impératifs de la culture (notamment la riziculture) et des attaques des nomades. D’autres parties de l’Axe évoluent en « économies-mondes », faute d’ennemi contre lequel s’unir. Il s’agit de l’Insulinde et, plus encore, de l’Europe. Celle-ci, bien que déchirée entre d’innombrables entités une fois disparu l’Empire romain, conserve son unité. Les frontières de l’Europe médiévale, et leur évolution, se repèrent très vite par la carte des mariages royaux. L’Europe, tout au bout de l’Eurasie, ne craint pas vraiment un envahisseur à grande échelle. Les Mongols s’approchent mais sont trop loin de leurs bases.</p>
<p>Étonnamment, une excroissance de l’Europe exposée, elle, aux attaques des steppes, reproduit le schéma de la conquête impériale à l’ancienne : la Russie. Une double origine et un dilemme national dont les conséquences perdurent.</p>
<h2>Les vents, les épices et l’or</h2>
<p>Pendant des millénaires, l’essentiel des échanges entre grandes masses humaines se fait via l’Océan Indien, de l’Afrique à la Chine. Les latitudes propices à la mousson permettent d’aller d’est en ouest et de ouest en est, sans trop de danger. La Route de la Soie n’est qu’un chemin secondaire, terrestre, plus dangereux, et lent, même si la Chine tente systématiquement d’en sécuriser les tronçons proches quand elle n’est pas sur la défensive.</p>
<p>Les périphéries fournissent ce dont les autres ont besoin : esclaves africains notamment, et depuis des siècles ; des fourrures ; des métaux précieux. La Chine et l’Inde exportent des biens manufacturées, textiles en premier lieu (cotonnades indiennes, soie…), mais aussi thé ou porcelaine. L’Insulinde exporte ses fameuses épices, dont le sucre. De tout cela les Européens sont friands. Mais ils ne peuvent rien produire eux-mêmes, et surtout pas la canne à sucre qui craint l’hiver. Et l’Europe n’a pas grand-chose à exporter, à part un peu de verre.</p>
<p>Pendant deux millénaires, l’or et l’argent européens servent à acheter des biens manufacturés ou des épices asiatiques (à destination des plus riches, bien sûr), et ces métaux précieux restent en Asie. Puis les techniques de navigation atteignent un niveau permettant d’aller plus loin, et le monde commence à changer.</p>
<p>D’un côté, la Chine impériale n’a pas <em>besoin</em> d’aller chercher des ressources ailleurs. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He">Flotte des Trésors de Zheng He</a> va peut-être loin, mais reste une exception trop coûteuse pour être renouvelée aux yeux de l’autorité centrale.</p>
<p>De l’autre, l’Europe a épuisé ses mines et manque de monnaie précieuse pour ses échanges. La multiplicité des acteurs, le rôle majeur des marchands, permettent les expériences. Le premier pas est la conquête de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Macaron%C3%A9sie">Macaronésie</a> par les Espagnols et les Portugais, un marche-pied dans l’Atlantique. On y inaugure le modèle de la plantation de canne à sucre avec esclaves africains. Les Portugais sont les premiers à dominer les vents et à acquérir les techniques pour arriver d’abord en Afrique noire, et acheter l’or du Mali sans intermédiaire. De comptoir en comptoir, les Portugais parviennent dans l’Océan Indien, profitent eux aussi des moussons, et mettent la main sur le très lucratif commerce des épices avec l’Asie.</p>
<p>Jusque là, pas de changement fondamental : l’Europe ouvre une voie d’accès périphérique (toujours lente et dangereuse) à l’Asie, mais l’on reste dans les échanges au sein de l’Axe. Le Portugal (1 million d’habitants) n’est démographiquement pas capable de tenir plus que des comptoirs, et craint plus ses rivaux européens envieux que les peuples « découverts ».</p>
<p>Christophe Colomb va tout changer. La connexion entre Ancien et Nouveau Monde était inévitable, et des contacts avaient déjà eu lieu (Vikings au nord et Polynésiens au sud). Une fois compris le régime des vents dans l’Atlantique et la nécessité de s’écarter de l’Afrique pour en profiter au mieux, il était fatal que les Européens accostent dans les Caraïbes ou au Brésil. Les Chinois ou les Japonais auraient pu le faire un jour ou l’autre, mais les Espagnols ont été les premiers à établir des colonies en Amérique, suivis par tous leurs voisins.</p>
<p>Ce qui intéresse les Européens, ce sont les contrées avec un climat sans hiver, en premier lieu pour la canne à sucre. Pour éviter la fuite des esclaves noirs, les îles sont privilégiées (et Louis XV sacrifiera pour elles bien les arpents de neige canadiens.) Les Anglais et les Français vont aussi au nord, à la recherche d’une voie directe vers l’Asie. Le prosélytisme, la curiosité scientifique ou le goût de l’exploration sont d’autres moteurs, mais annexes aux besoins commerciaux.</p>
<p>La conquête de l’Amérique du Centre et du Sud est rapide et facile. Les maigres effectifs hispaniques, avec à peine quelques chevaux et armes à feu, sont massivement aidés (involontairement, du moins au début) par les agents pathogènes inconnus des Amérindiens, et contre lesquels les habitants de l’Axe sont à peu près immunisés. L’effondrement de la population américaine (environ 90 % !) entraîne des troubles sociaux qui achèvent les sociétés. Tant de territoires sont libérés de l’agriculture (en Amazonie notamment) que le reboisement se traduit par une chute du CO₂ atmosphérique, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Little_Ice_Age#Destruction_of_native_populations_and_biomass_of_the_Americas">possible cause du Petit Âge glaciaire</a>. La main d’œuvre locale disparue, et faute de pouvoir motiver sa propre population à aller trimer dans les plantations, l’Europe se rabat sur la traite négrière à grande échelle, amplifiant la saignée du continent africain.</p>
<p>Grataloup se risque parfois à des uchronies. Parmi elles : des virus mortels auraient-ils pu traverser l’Atlantique dans l’autre sens ? Adaptés à une longue cohabitation avec beaucoup plus d’animaux d’élevage, les Eufrasiens avaient les probabilités pour eux… mais il n’aurait pas été impossible que nos ancêtres subissent une saignée symétrique à celle des Amérindiens.</p>
<h2>La domination européenne</h2>
<p>L’or et l’argent américain résolvent la crise monétaire européenne, on frôle même la surproduction. Parallèlement et grâce à ces ressources, le goût du sucre, du thé, du café, du tabac, du chocolat, se répand dans toute la société européenne, les besoins augmentent, justifiant la création des diverses Compagnies des Indes orientales. D’abord entreprises capitalistiques commerciales concurrentes destinées aux expéditions commerciales risquées, celles-ci finissent absorbées par leurs États respectifs, après avoir installé des ribambelles de comptoirs, devenus colonies ou protectorats. L’Europe exporte ses rivalités internes sur toute la planète. Colonies et protectorats changent de main, les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont un impact sur tout le commerce mondial, et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans">Guerre de Sept Ans</a> est quasiment une guerre mondiale.</p>
<p>Enfin, l’accès des Européens à des territoires sans hiver leur permet de tenter de produire eux-mêmes ce qu’ils achetaient avant. Après les cultures de la canne à sucre, du café et du chocolat se déploie celle du coton en Amérique du Nord (toujours grâce à la traite), ce qui permet de ne plus acheter d’indiennes (le tissu indien). Le thé reste longtemps une denrée qu’il faut acheter cher à la Chine. Pour rééquilibrer les échanges, les Britanniques (d’abord, puis avec les Français) du XIX<sup>è</sup> siècle se font narcotrafiquants : ils imposent aux Chinois l’opium des Indes britanniques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_l%27opium">Guerres de l’opium</a>).</p>
<h2>Révolutions</h2>
<p>Grataloup va jusqu’à suggérer que les nouvelles habitudes occidentales basées sur les productions tropicales ont alimenté la Révolution industrielle, qui a d’abord démarré par une meilleure alimentation : thé et chocolats sucrés représentent en effet quelques calories en plus. L’hévéa aussi en est un élément important.</p>
<p>La transition démographique commence en France, en partie grâce aux améliorations des routes au XVIII<sup>è</sup> siècle, éliminant les famines. Cumulant supériorité maritime, puis technologique et industrielle, et enfin démographique (¼ de la population mondiale en 1900), l’Europe impose son modèle d’États aux frontières délimitées, ce qui n’est pas une évidence partout. Surtout, les différents pôles européens créent chacun un Empire, d’un type nouveau puisqu’il associe une métropole dans le nord très éloignée de colonies, généralement tropicales. Certaines de ces colonies deviennent des États de culture européenne indépendants (États-Unis en premier lieu puis Australie, Afrique du Sud…).</p>
<p>La seconde vague de colonisation européenne au XIXè siècle tient plus de l’affrontement impérial qu’autre chose. Les nouvelles colonies, notamment africaines, ne rapportent pas autant qu’elles coûtent.</p>
<p>La domination européenne ne dure pas deux siècles. Le polycentrisme, qui a stimulé les découvertes et conquêtes, provoque le suicide de l’Europe dès 1914. Plus tard, le Tiers Monde reste centré sur ces régions tropicales tant convoitées par d’autres. La transition démographique rebat les cartes. Une autre géographie se met à influer sur les rapports de force dans le monde : celle du Carbonifère, dont nous brûlons les forêts fossilisées.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-G%C3%A9ohistoire-%C2%BB-de-Christian-Grataloup#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/877« La Seconde Guerre Mondiale vue d'ailleurs » (Claude Quétel & co)urn:md5:5983bb4c0c678e0517867a40bedb620a2023-11-05T20:04:00+01:002023-12-30T11:27:59+01:00ChristopheHistoireAllemagneapocalypsecatastropheChinechristianismecommunismedilemmedémocratieEuropeGuerre Froideguerre saintegéographiegéopolitiquehistoireHistoire de Francelivres lusnationalismeperspectiveRussieSeconde Guerre MondialetempsÉtats-Unis<p>Il est toujours bon de faire un pas de côté quand on s’intéresse aux grands événements internationaux. Fatalement, nous portons tous un biais lié à l’histoire de notre pays et notre éducation. La Seconde Guerre Mondiale ne s’est pas limitée à l’Occupation, à la Shoah, au 6 juin et à Hiroshima. L’optique de chaque peuple est différente. Et parfois changeante.</p>
<p><a href="https://www.buchetchastel.fr/catalogue/la-seconde-guerre-mondiale-vue-dailleurs/"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.La_Seconde_Guerre_Mondiale_vue_d_ailleurs-Claude_Quetel_m.jpg" alt="La Seconde Guerre Mondiale vue d’ailleurs (Claude Quétel &amp; co)" class="media-right" /></a> Pour qui s’intéresse un peu au conflit (et ça pourrait être un lycéen), ce livre ouvre vraiment des perspectives. Même si on a fait l’effort de s’informer hors du monde franco-hollywoodien, on a peu l’occasion de savoir ce que pensaient Marocains ou Suédois des hostilités. Chaque chapitre traite d’un pays, par un auteur différent. Je me demande dans quelle mesure il est fiable de résumer si vite cinq ans (souvent plus) de la vie d’un pays dans ce genre de période, mais c’est bien plus que ce qu’on peut lire dans la plupart des livres et magazines d’histoire.</p>
<p><em>Comme d’habitude, j’essaie de résumer, mais l’italique est avis personnel.</em></p>
<h2>Maroc</h2>
<p>En 1939, le sultanat est un protectorat français (et espagnol dans le nord), et toute révolte contre l’ordre établi pouvait être durement réprimée (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Rif">le Rif en sait quelque chose</a></em>). Le royaume reste pourtant fidèle à la France, fournissant nombre de soldats de valeur à la IIIᵉ République comme à la France Libre. Peut-être par intérêt bien compris : les Français partis, le pays risque de se faire dévorer par l’Espagne ou l’Allemagne… <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Nogu%C3%A8s">Noguès</a>, résident français d’Afrique du Nord, préfère rester fidèle à Vichy, mais le Maroc devient un refuge pour nombre de Juifs, et accueille favorablement les Anglo-Saxons qui débarquent en 1942.</p>
<p>Cette fidélité est mal récompensée : les demandes d’accès à l’indépendance totale après la guerre sont impitoyablement rejetées et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_au_Maroc#Manifeste_de_l'ind%C3%A9pendance_(1944)">il faudra l’attendre jusque 1956</a>.</p>
<h2> Égypte</h2>
<p>Le royaume est indépendant depuis 1922 mais le protectorat britannique n’est pas tout à fait terminé. Le Canal de Suez est une artère vitale de l’Empire britannique sur la route de l’Inde, il ne doit pas tomber. L’élite égyptienne, cosmopolite et occidentalisée, est partagée entre Axe (y compris apparemment le roi Farouk) et pro-britanniques : mais ces derniers sont-ils encore en mesure de protéger l’Égypte ? Officiellement l’Égypte reste neutre, mais bienveillante envers les Britanniques, et les Allemands sont internés. Puis les villes se prennent assez de bombes allemandes pour provoquer des paniques. Les militaires égyptiens n’ont qu’un rôle de supplétifs dans les opérations : les Britanniques se méfient d’eux, et ne leur ont vendu aucun équipement moderne.</p>
<p>Une fois Rommel écarté, la paix revient, et le roi Farouk prépare l’indépendance totale. L’Égypte fait partie de ces nations qui n’ont déclaré la guerre à l’Allemagne en 1945 que pour compter parmi les fondateurs des Nations-Unies.</p>
<h2> Suède</h2>
<p>Neutre pendant toute la guerre, la Suède n’a peut-être pas soldé son passé de collaboration avec l’Allemagne nazie. Certes, en 1940-45, cerné de toute part par l’Axe, traumatisé par les privations pendant la guerre précédente malgré sa neutralité, le pays n’a pas trop le choix. Les nazis continuent à profiter pendant toute la guerre du fer ou des roulements à bille suédois (ces derniers sont d’ailleurs vendus aux deux camps).</p>
<h2> Suisse</h2>
<p>Neutre et cernée elle aussi, la Suisse a toujours clamé que son indépendance a été préservée grâce à son armée toujours prête. Pour Irène Herrmann, c’est une légende : les qualités militaires de la Suisse sont des conséquences de sa pauvreté originelle, et les Nazis n’auraient fait qu’une bouchée d’elle.</p>
<p>Mais les Allemands n’y pensent pas sérieusement, puisque l’économie suisse fonctionne essentiellement pour l’Allemagne, et les banques sont accommodantes dans leurs prêts. Les représailles anglo-saxonnes sont puissantes (gel des avoirs aux États-Unis…), mais par la suite les nécessités de la reconstruction et de la Guerre Froide font oublier cette page peu glorieuse.</p>
<h2>Irlande</h2>
<p>Pays pauvre tout juste sorti de sa guerre d’indépendance et d’une guerre civile, encore aux prises avec l’IRA, l’Irlande fait le choix d’une neutralité totale. Malgré la pression des Anglais, et encore plus des Américains, le pays refuse toute collaboration… officielle. La population (comme le président Valera) reste de fait favorable aux Alliés, et les Allemands n’arrivent jamais à exploiter la rancœur envers les Britanniques. Des dizaines de milliers de volontaires rejoignent même les forces britanniques. Économiquement, le pays souffre beaucoup.</p>
<h2>Canada & Québec</h2>
<p>Indépendant mais toujours fidèle à la couronne britannique, le Canada la suit dans la guerre. Caroline D’Amours nous sort beaucoup de chiffres pour montrer que le Québec, connu pour avoir été très réticent envers la conscription, a fait sa part. Une bonne partie de la retenue québécoise tient au fossé linguistique que doivent franchir les francophones. Pendant la guerre, le Québec, comme une bonne part du Canada, devient une gigantesque usine de chars et munitions pour l’Empire britannique.</p>
<h2>Australie</h2>
<p>Pays-continent, à l’identité toute fraîche trempée dans le sang pendant la Première Guerre Mondiale, et indéfendable, l’Australie se sait liée au Royaume-Uni pour sa défense, et lui est donc fidèle. Si l’engagement militaire reste faible au début, la menace japonaise devient palpable dès la chute du « verrou de Singapour ». On sait à présent que les Japonais ont vite renoncé à envahir l’Australie, ayant déjà assez de ressources (et de problèmes) après la prise de contrôle de l’Indonésie et de la Nouvelle-Guinée.</p>
<p>Se tournant bien sûr vers les Américains, le pays devient une gigantesque base arrière de la Guerre du Pacifique, non sans quelques soucis de cohabitations : chez sept millions d’Australiens conservateurs débarquent pas moins d’un million de jeunes soldats américains « <em>overpayed, oversexed and overhere</em> » (à la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Brisbane">bataille de Brisbane</a>, il n’y avait pas de Japonais.)</p>
<p>L’Australie fait partie des rares pays sortis renforcés du conflit.
L’impact sur le pays est profond : modernisation, renforcement des liens avec les États-Unis, ouverture à l’immigration non-anglo-saxonne, puis non-européenne, pour renforcer la population.</p>
<h2>États-Unis</h2>
<p>Le chapitre expose surtout l’évolution de l’isolationnisme américain. Si les Américains n’ont effectivement aucune envie d’envoyer les <em>boys</em> à nouveau se faire tuer en Europe, les Nazis n’y acquièrent jamais aucune sympathie, et Roosevelt n’a pas trop de mal à faire des États-Unis l’arsenal (et le banquier !) de la Grande-Bretagne. En partie parce que la prospérité de l’Amérique se base encore sur la sécurité des mers assurée par la marine britannique, et la chute de ce dernier est donc inenvisageable ; mais aussi et surtout à cause des liens culturels ; enfin à cause des souffrances des Britanniques (les Chinois bénéficient de la même sympathie). Et l’industrie de l’armement se met à recréer beaucoup d’emplois.</p>
<p>Sans aller jusqu’à la guerre, les Américains avancent leurs pions : les débarquements au Groenland et en Islande visent à sécuriser les routes atlantiques, pleines de sous-marins allemands pas encore ennemis. Washington utilise aussi largement les menaces de blocus, et la tension monte ainsi avec le Japon à cause de son invasion de la Chine, puis de ses visées vers les possessions européennes en Asie, devenues sans défense en 1940. Le Japon fait l’erreur monumentale d’attaquer les États-Unis aux Philippines (Pearl Harbor n’étant qu’un raid pour couler la flotte). Churchill craint un temps que cela ne distrait les ressources américaines vers le Pacifique mais Hitler prend la décision assez étonnante de déclarer lui-même la guerre aux États-Unis. Ceux-ci, s’étant fait forcé la main, peuvent jeter tout leur poids dans la guerre.</p>
<h2>URSS</h2>
<p>Les régimes autoritaires adorent détourner l’Histoire, et les régimes totalitaires la réécrivent. Si le rôle majeur de l’Union Soviétique dans la destruction du nazisme a longtemps été rabaissé en Occident pour cause de Guerre Froide, et réévalué depuis, les évolutions n’ont jamais cessé dans le monde (ex-)soviétique.</p>
<p>Évidemment, pendant la guerre, il est dangereux pour quiconque de faire mention du faustien Pacte germano-soviétique ou de la purge des généraux avant-guerre. Cela reste valable après la guerre. Mais il y a une progression entre l’époque stalinienne, tenant à marquer le génie de Staline, à ne pas honorer les anciens soldats, et à nier l’intérêt des livraisons occidentales (par exemple la moitié des camions de l’Armée Rouge, entre autres…), et la détente sous Khroutchev (qui, lui, avait fait la guerre aux premières loges, comme son successeur Brejnev) : le jour de la Victoire redevient férié, et les anciens combattants sont mis en valeur.</p>
<p>Sous Poutine, la Grande guerre patriotique devient un des piliers du rassemblement de ce qui reste de la Russie en ruine autour de son nouveau chef, thème utilisé jusqu’à l’absurde en 2022 quand il déclare vouloir dénazifier une Ukraine dirigée par un Juif. Il n’est pas impossible que l’occultation, voire la négation du sort particulier réservé aux Juifs par les Allemands joue un rôle : pour les Soviétiques, c’est le peuple entier qui a (énormément) souffert, il est hors de question qu’il y ait quelque particularisme.</p>
<h3>Les Juifs en Russie</h3>
<p>Un chapitre s’étend sur le sort des Juifs côté soviétique. Les Allemands à l’est ne s’embarrassent d’aucune précaution pour masquer leurs charniers, et les liquidations massives commencent dès le début de la conquête de l’URSS, avant le choix définitif de la Solution finale. Vue l’ampleur de la tâche, les populations locales sont enrôlées, au moins pour la logistique et combler les fosses. Les Allemands sont bien accueillis, et les pogroms spontanés, dans nombre d’endroits victimes récentes du stalinisme (Ukraine affamée, États baltes annexés…), renommé « judéo-bolchevisme ».</p>
<p>Staline est donc parfaitement au courant de l’ampleur de l’extermination, mais ne la met pas spécialement en avant : les Juifs sont noyés parmi beaucoup d’autres victimes, et il n’est pas question de faire des Juifs des martyrs plus que les autres, surtout quand des Soviétiques sont complices. D’un autre côté, les massacres servent à mobiliser la communauté juive à l’étranger (États-Unis en tête) au profit de l’URSS. Un premier comité juif créé en 1942 est envoyé au goulag car trop international, et le Kremlin en recrée un autre. Promoteur de la culture juive, il récolte de l’argent à l’étranger.</p>
<p>La libération progressive du territoire révèle les charniers et rend la Shoah palpable, mais fait aussi ressortir les compromissions… et l’antisémitisme, y compris au sommet. L’URSS, devenue un Empire dont la victoire s’est basée sur le nationalisme, n’a plus besoin de Juifs. Dès la fin de la guerre, Staline étouffe tout, la parution du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_noir">Livre noir</a></em> (une compilation de témoignages) est annulée, les membres du comité sont exécutés en 1952. Il n’y aura pas de monuments commémoratifs sur les charniers. Lors de la perestroïka, les Russes ont d’autres sujets de réflexion et d’autres chats à fouetter. Puis Poutine réinstrumentalise la Grande Guerre Patriotique, qui n’a pas besoin de victimes juives. Les anciennes républiques soviétiques rebâtissent souvent leur identité en réaction au communisme sans place particulière pour leurs Juifs.</p>
<h2> Mers el-Kébir</h2>
<p>L’attaque de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_de_Mers_el-K%C3%A9bir">Mers el-Kébir</a> (en Algérie française) a fait couler beaucoup d’encre depuis juillet 1940 : Churchill ordonne alors à sa flotte de couler la partie de la flotte française qui y est stationnée, de peur qu’elle ne passe aux mains des Allemands. Avant l’armistice, Darlan avait promis aux Anglais que la flotte passerait dans leur camp, ou au pire se saborderait. Mais il se fait acheter par Vichy. Certes, la flotte n’est effectivement pas livrée aux Allemands et se saborde en 1942. Mais qui en a la garantie en juillet 1940 ?</p>
<p>Bernard Costaglia apporte quelques nouveaux éléments aux débats : Churchill ne suit pas juste ce qui est devenu la version officielle (trahis par Darlan, épouvantés par l’idée d’une flotte française alliée aux nazis, les Anglais choisissent à regret la plus sûre solution). Entrent en compte le besoin d’infliger un revers, même indirect, à l’Axe ; de marquer la résolution britannique à un moment où le pouvoir de Churchill n’est lui-même pas si assuré ; le fait qu’il faut un an pour former l’équipage si les Allemands mettent la main sur les navires (à l’appui, un document de Churchill de… la guerre précédente) ; le message ainsi envoyé aux Américains (message reçu) qu’il est critique qu’ils livrent des navires ; peut-être le besoin de punir les Français ; voire de les vexer pour qu’ils réinvestissent dans leur armée, même vichyssoise. Mais encore : l’occasion est unique pour frapper. Les navires sont en position de faiblesse à ce moment, alors qu’à long terme, si l’Angleterre veut poursuivre le blocus du continent, une bataille est inévitable. L’encre n’a pas fini de couler.</p>
<h2>Italie</h2>
<p>L’Italie n’a pas gagné une grande bataille de toute la Seconde Guerre Mondiale. Le chapitre redore le blason des troupes italiennes, qui ne se rendent pas sans combattre, et qui sauvent parfois les fesses de Rommel en Afrique. Lequel Rommel leur impute en retour certains de ses échecs.</p>
<p>Mais le problème fondamental de l’Italie est au sommet : Mussolini, velléitaire, voit beaucoup trop grand, veut recréer un Empire, et agit sans coordination avec son allié (qui ne fait pas grand cas de lui), allié vite devenu protecteur suite à toutes ces mauvaises décisions. En effet : déclarer la guerre aux Alliés en 1940, c’est couper Somalie et Éthiopie de la métropole (et la reconquête alliée commencera par là en 1941). L’attaque sur la Grèce vire à la catastrophe, Hitler doit intervenir. (<em>C’est un succès, mais Barbarossa est retardé : Mussolini a peut-être sauvé Moscou.</em>) Rebelote en Égypte.</p>
<h2>Pologne</h2>
<p>S’il y a un État au centre des « terres de sang » de cette période, et victime des deux totalitarismes, c’est bien la Pologne. Attaqué par le Reich et l’URSS en même temps, à nouveau dépecé, le pays voit ses élites liquidées, sans parler des Juifs. La Résistance culturelle tente de préserver l’éducation, mais politiquement les succès sont très limités. Le gouvernement en exil est impuissant.</p>
<p>L’insurrection désespérée du ghetto de Varsovie en 1943 est un acte de désespoir, et l’insurrection de Varsovie en 1944 mène à la destruction de la ville et de la Résistance par les Allemands, au plus grand profit des Soviétiques qui ne lèvent pas le petit doigt. Les Alliés ne peuvent rien faire quand Staline installe son propre gouvernement polonais, vassalise peu à peu le pays, et décale ses frontières arbitrairement.</p>
<h2>Vatican</h2>
<p>Le comportement du pape Pie XII (élu en 1939) face au nazisme continue de faire débat. Pie XI dénonce l’attitude du régime nazi en 1937, mais son successeur fait partie de ceux qui espère préserver la paix et il ne s’exprime pas ouvertement. La principale raison de la prudence de Pie XII est sans doute la crainte de représailles sur les millions de catholiques allemands (raison pour laquelle il essaie plus tard de modérer les Alliés qui rasent l’Allemagne jusqu’à obtenir une reddition sans condition). Il est clair que ce choix l’a tourmenté.</p>
<p>La guerre ne modifie pas la tradition de neutralité de l’Église, qui se veut universelle, médiatrice, et pourvoyeuse de secours. Les chrétiens sont dans chaque camp, et sont censés obéir à leur gouvernement local. Le Saint-Siège s’est toujours accommodé des régimes autoritaires s’ils respectaient les catholiques, et toujours mal vu les régimes libéraux, bien qu’encourageant la démocratie en 1945. Évidemment, il abhorre le communisme et l’URSS depuis longtemps. Mais Pie XII ne croit pas que Hitler soit un rempart contre Staline, et refuse d’approuver la croisade nazie contre le bolchevisme. Et tant mieux si ces deux maux s’annihilent mutuellement.</p>
<p>Cette guerre est différente des précédentes par son idéologie et son ampleur, et des pressions pour prendre partie pour les Alliés se font jour dans l’Église même, par exemple chez les jésuites. Bien informé sur les massacres de Juifs, Pie XII n’en parle timidement que dans deux discours en 1942 et 1943, sans consigne ferme aux fidèles. Il laisse la responsabilité d’agir aux épiscopats locaux. Face aux persécutions contre les Juifs dans des pays très catholiques comme la France de Vichy ou la Hongrie, l’Église est juste résignée et fait peu. L’antisémitisme traditionnel a évidemment joué plus ou moins consciemment, avant comme pendant la guerre.</p>
<h2>Pacifique & Japon</h2>
<p>1941 marque la bascule de la guerre européenne vers une guerre mondiale. Frank Michelin remarque que l’indépendance de l’Indochine française, et de nombre d’États de la région, fait suite à l’invasion japonaise. C’est en Asie du Sud-Est que les conséquences politiques de la guerre sont les plus radicales.</p>
<p>Chaque pays voit cette face du conflit selon prisme. Pour les Japonais il y a la guerre de quinze ans (d’abord contre la Chine dès 1931), dont la seconde partie est la guerre d’Asie-Pacifique. La « grande guerre européenne » est plutôt un conflit séparé qui ne les a pas concernés.</p>
<p>L’expansion japonaise aux dépens de la Chine débute avec l’annexion de la Corée puis Taïwan en 1894. À partir de l’invasion de la Mandchourie, la guerre est permanente. Les Japonais occupent la plupart des zones peuplées mais le gouvernement chinois (provisoirement allié aux communistes) ne s’avoue jamais vaincu, et la Chine est gigantesque. Rediriger l’expansion vers la Sibérie n’est plus une option après la raclée de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">Nomohan</a> en 1939 face aux Soviétiques.</p>
<p>Pour étouffer la Chine, le Japon lance un blocus et fait pression pour occuper l’Indochine de Vichy, sans défense et forcée d’obéir. Ce mouvement vers le sud menace directement Singapour et l’Inde, perles de l’Empire britannique.
Les États-Unis menacent de sanctions (pétrole…) potentiellement mortelles. L’Indonésie (elle aussi sans défense depuis l’invasion des Pays-Bas) devient donc une cible majeure, qui implique de renforcer le contrôle de l’Indochine, voire d’affronter les Britanniques (protecteurs de l’Indonésie mais sur la défensive face aux Allemands), voire les États-Unis (propriétaires des Philippines et alliés inconditionnels des précédents).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px.png" title="Expansion du Japon 1937-42"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.GM2-Japon_1937-1942-CCSA4_via_Wikimedia-1280px_m.png" alt="Expansion du Japon 1937-42" class="media-right" /></a>Le processus de décision japonais est peu clair et résulte de nombreuses luttes d’influence entre armée et marine, voire de faits accomplis de généraux locaux. Finalement, l’option choisie continue la fuite en avant : attaque de Singapour, des Philippines, et raid sur Pearl Harbor, en espérant sécuriser assez de ressources et de territoires avant la contre-attaque anglo-saxonne.</p>
<p>Les Japonais vont effectivement conquérir en six mois un espace immense, des frontières indiennes aux Aléoutiennes.
S’ils sont des occupants brutaux, ils détruisent l’ordre occidental, pour le plus grand profit des indépendantistes locaux. Les Européennes ne réussiront pas à reprendre le contrôle après-guerre. En Chine, les communistes profitent de l’épuisement des troupes nationalistes pour prendre le pouvoir.</p>
<h2>Chine</h2>
<p>Le point de vue chinois est bien sûr focalisé sur la guerre de quinze ans contre le Japon, fondateur devenu un mythe fondateur de la Chine actuelle.</p>
<p>En 1900, le pays est en déliquescence depuis des décennies face aux Occidentaux. Puis le Japon annexe Taïwan et la Corée, et enfin le sud de la Mandchourie après avoir évincé les Russes en 1905 (première grande défaite d’une puissance blanche).
La République chinoise s’enfonce dans une guerre civile avec les communistes. L’invasion complète de la Mandchourie survient en 1931, sur une initiative des nationalistes japonais de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_japonaise_du_Guandong">armée du Kwantung</a>. Les Japonais rêvent d’une alliance contre les Soviétiques mais Staline soutient plutôt l’union sacrée qui apparaît en Chine. En 1937, une nouvelle attaque japonaise va jusque Shangaï et Nankin.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/GM2/.Japanese_Occupation_1940-US_Army_via_Wikimedia-dompub_s.png" alt="Carte de l’occupation japonaise en Chine, 1940" class="media-right" /></a></p>
<p>Les crimes de guerre systématiques (le massacre de Nankin étant l’éternel symbole) n’ont pas raison de la résistance chinoise. Le nombre pur, et le soutien anglo-saxon ou soviétique, ne compensent toutefois pas le dénuement de l’armée chinoise. Sa façade maritime occupée, la Chine ne peut recevoir de soutien que par l’Indochine et la Birmanie, nouvelles cibles du Japon (voir ci-dessus). La guerre monte en intensité. L’URSS n’aide plus la Chine dès 1941 (elle signe un traité de non-agression avec le Japon pour couvrir ses arrières face aux nazis) mais l’aide américaine s’intensifie (« Tigres volants », pont aérien depuis la Birmanie).</p>
<p>Communistes et nationalistes mènent séparément la guerre contre le Japon. À la capitulation japonaise et au départ précipité des occupants, la guerre civile reprend jusque 1949. Toutes ces guerres coûtent environ vingt millions de morts, très majoritairement des civils.</p>
<p>La Chine ne recommence à exploiter la corde nationaliste, mémorielle et anti-japonaise qu’à la fin des années 80, à l’effondrement du bloc soviétique. Le manque de remords officiels du Japon envenime les choses. Xi Jinping appuie à fond sur le nationalisme, l’exploitation de la Seconde Guerre Mondiale, où le rôle de la Chine a été sous-évalué (première victime en taille et durée et enlisement du Japon), et la victimisation (un siècle d’humiliation). Le pouvoir déforme le rôle du Parti communiste (secondaire pendant contre le Japon) et les souffrances des autres pays. D’autres sons de cloche émergent cependant. Mais même entre les autres pays de la zone, une mémoire transnationale du conflit a du mal à émerger.</p>
<h2>Allemagne & dénazification</h2>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" title="Division de l'Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/histoire/.Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5_s.png" alt="Division de l'Allemagne vaincue, 1945" class="media-center" /></a></p>
<p><em>Der Fragebogen</em> est le succès de librairie allemand de 1951, sur le questionnaire que tous les ouest-allemands ont dû remplir sur leur activité sous le nazisme : un monument de déni (par un auteur d’extrême-droite (<em>comme par hasard !</em>))), réduisant le soutien nazi à celui de la classe dirigeante, et mélangeant camps d’internement américain et de concentration. Sans aller jusque là, l’Allemand de base trouve vite que la dénazification s’attaque aux petits et laisse filer les gros, et la perçoit comme une justice des vainqueurs.</p>
<p>Dans l’après-guerre, la dénazification ne peut être qu’imparfaite. Les dirigeants, les politiques, les membres de la Gestapo, les SS partent immédiatement au trou, mais trop de gens ont participé à l’administration du IIIè Reich, sa justice et sa politique criminelle pour les arrêter tous. À peu près tout le monde, de gré ou de force, a fini dans une organisation nazie. Le but principal des Alliés est que le retour de la démocratie ne soit pas sapé par des nazis restés à des postes-clés politiques ou économiques. L’interdiction des organisations, l’annulation de nombreuses lois, sont la partie facile. L’expérience américaine de « défascisation » en Italie depuis 1943, ou celle de l’épuration en France, sert. Les gouverneurs des quatre zones d’occupation sont chargés de l’exécution de mesures prises en commun, mais chacun fait un peu à sa sauce.</p>
<h3>À l’ouest</h3>
<p>Arrive donc le fameux questionnaire pour juger du niveau d’implication de chacun (chez les Américains, car les Britanniques ont plus ciblé) : coupable principal, compromis/bénéficiaire, moins compromis, simple suiveur, exonéré ? La masse à traiter implique que les Allemands se jugent au final souvent entre eux, avec compréhension. Le contexte de Guerre Froide naissante, comme le chaos économique, font passer l’épuration politique second plan. Des nazis encartés écopent de peines légères car économiquement nécessaires, au lieu d’être condamnés à finir leur vie comme manœuvre. Les plus jeunes et les suiveurs les moins riches, ou les prisonniers de guerre, sont rapidement amnistiés d’office. Le système est aussi perverti par les <em>Persilscheine</em>, attestations de bon comportement, souvent réciproques entre connaissances. Tout le monde a sa justification pour avoir plus ou moins suivi (mais pas plus !) le Führer.</p>
<p>Les Églises freinent aussi des quatre fers : une épuration trop massive gênerait la rechristianisation de l’Allemagne. Les partis politiques voient aussi un vivier d’électeurs dans tous ces dénazifiés plus ou moins repentis, qui se considèrent plutôt comme des escroqués et donc des victimes. En 1950/51, la nouvelle République Fédérale rouvre les portes des administrations à presque tout le monde. L’Allemagne fédérale voit sa dénazification comme un échec relatif, mais au moins sa culture politique a-t-elle été rebâtie.</p>
<h3>À l’est</h3>
<p>Les communistes ont la main beaucoup plus lourde et déportent jusqu’en URSS. C’est aussi le moyen de mettre le pays politique au pas. Mais là aussi l’épuration s’arrête vite par besoin de main d’œuvre.</p>
<h2>Du souvenir de cette guerre</h2>
<p><em>C’est un fil rouge : le souvenir de la guerre dépend des pays, y compris relativement aux autres conflits.</em></p>
<p><em>Si pour les Américains la Seconde Guerre Mondiale est d’abord celle du Pacifique et de la reconquête de l’Europe de l’Ouest, les Russes ou les Chinois ont des perspectives très différentes,marquées par la ligne variable du Parti. Les Suédois et les Suisse préfèrent regarder ailleurs. Les Australiens restent plus marqués par la Première Guerre Mondiale, où ils eurent beaucoup plus de victimes et participèrent à des batailles majeures.</em></p>
<p><em>À l’inverse, l’Allemagne a été totalement traumatisée par l’anéantissement qu’elle a subi, et la mémoire allemande me semble plus tournée vers le long cauchemar du front russe et les derniers mois de guerre que par la Première Guerre Mondiale, la Normandie ou les victoires des débuts.</em></p>
<p><em>Manquent forcément quelques pages : il y aurait beaucoup à écrire sur l’ex-Yougoslavie (avec ses conséquences jusque dans les années 90), les États baltes, la Finlande, l’Afrique (exploitée par les Alliés), la Syrie, l’Irak ou l’Iran…</em></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Seconde-Guerre-Mondiale-vue-d-ailleurs-Claude-Qu%C3%A9tel-co#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/873« Cette planète n’est pas très sûre » d’Alexis Jenni : pop science par un Goncourturn:md5:9e191eca8e7b4b36b59bf5d054ff4a5c2023-09-02T12:33:00+02:002023-09-02T11:34:33+02:00ChristopheScience et conscienceabominationapocalypseastronomieautodestructioncataclysmecatastrophecivilisationclimatcolonisationcomplexitécosmologiedinosaureseffet de serreeffondremententropieexaptationgigantismegéographiegéologielivres luspanspermieperspectivepessimismesciencetempsvolcansécologieéonsévolution<p>Les 5 Grandes Extinctions racontées par un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Jenni">détenteur du Goncourt</a>. Ce n'est pas de la littérature mais de la bonne vulgarisation. Alexis Jenni est d’abord prof de Sciences Nat’ (comme on disait autrefois), c’est cela qui transparaît, avec l’amour de la Science et de ses turpitudes.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure.jpg" title="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Alexis_Jenni-Cette_planete_n_est_pas_tres_sure_s.jpg" alt="Cette planète n’est pas très sûre (Alexis Jenni, humenSciences)" class="media-right" /></a>
Dans l’histoire de la vie sur Terre, les extinctions principales n’étaient pas cing (<em>Big Five</em>) mais au moins six, plus celle en cours, quoique peut-être plutôt dix-huit, question de choix de seuil puisque la disparition et l’apparition des espèces est un phénomène continu, la moyenne est d’un million d’année d’existence pour les mammifères, et les pics sont des anomalies dans ce bouillonnement permanent, et cette phrase est trop longue comme certaines de celles de l’auteur.</p>
<p>Le propos est grand public, ouvertement « pop science ». Les termes techniques ne manquent pourtant pas. J’aurais aimé une petite frise chronologique des époques : si j’ai une vision claire de l’ordonnancement des Permien, Trias, Jurassique et Crétacé, c’est moins clair pour l’Ordovicien ou le Silurien. Merci Wikipédia pour les précisions.</p>
<p>Entre deux leçons de science, on croise Stephen Jay Gould, Lamarck et Darwin : à côté de géologie, il s’agit aussi d’évolution, et ces débats sont rarement scientifiques, et en disent beaucoup sur la société de l’époque. Le rôle du hasard sans but dans l’évolution est insupportable pour tant de monde, qui ressassent les mêmes arguments démontés depuis un siècle et demi. Gould dirait que la complexité des espèces n’est qu’une illusion : le monde reste massivement dominé par les bactéries et autres animaux minuscules.</p>
<h2>Limite K-T</h2>
<p>On commence par la plus connue et médiatique des extinctions, celle d’il y a 66 millions d’années, où les dinosaures ont disparu, ainsi que les ammonites et nombre d’animaux et plantes. C’est l’occasion d’un petit cours de géologie de base sur les couches de sédiments : leur nature dépend en bonne partie des animaux morts qu’ils contiennent, et la fameuse couche K-T (Crétacé-Tertiaire)<sup id="fnref:ts1693647273.1"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.1" class="footnote-ref" role="doc-noteref">1</a></sup> est justement vide de vie. Suit un exposé sur les différentes théories plus ou moins farfelues, les problèmes de datation, et la solution trouvée par Alvarez père & fils, décrite non comme un moment eurêka mais comme un bel exemple d’interdisciplinarité et de sérendipité. Alvarez fils, géologue, cherchait un moyen pour calculer la <em>durée</em> de cette couche K-T, et Alvarez père, astronome, eut une idée d’astronome : mesurer la quantité des métaux typiques des météorites, qui tombent des cieux avec une régularité de métronome. La quantité trouvée, astronomique (littéralement), mena immédiatement à l’hypothèse du caillou assassin.</p>
<p>C’est l’occasion d’un petit cours sur comment fonctionne vraiment la science, loin de l’image éthérée de la tour d’ivoire et des froids raisonnements. Les pinaillages incessants, la mauvaise foi des partisans des théories battues en brèche, les différentes quasi culturelles entre différentes branches des sciences, les conséquences des batailles passées (le catastrophisme a été difficilement délogé au XIXᵉ, on n’allait pas le faire revenir !), même les éventuels noms d’oiseaux échangés… garantissent au final la solidité de la théorie finale <sup id="fnref:ts1693647273.2"><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fn:ts1693647273.2" class="footnote-ref" role="doc-noteref">2</a></sup>, ou l’améliorent. La théorie volcanique reste l’alternative la plus plausible à la météorite, mais elle ne résista pas aux dernières découvertes archéologiques, notamment à Chicxulub. S’il y eut des éruptions monstrueuses en Inde vers cette époque, il est significatif qu’elles aient eu lieu aux antipodes du point d’impact, une éventuelle activité ayant été empirée par l’onde de choc. Au passage, petite explication d’un hiver nucléaire.</p>
<p><a href="https://pxhere.com/en/photographer/3176923" title="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/sciences/.Diplodocus_comete-ChristianMR_via_pxhere.com-CC0_m.jpg" alt="Diplodocus sous une pluie d’astéroïdes (ChristianMR, CC0)" class="media-right" /></a>
Alexis Jenni se plaint que les gens ne soient pas comme lui fascinés par la couche K-T quand elle est si proche (il y a un <em>spot</em> au pays basque), ou même d’habiter à Chixculub. Je partage cet effarement, ça me remuerait d’être proche d’un témoignage d’un tel événement.</p>
<h2>Du Permien au Trias</h2>
<p>Ensuite on enchaîne sur la pire extinction : le Permien, 252 millions d’années en arrière, bien avant les dinosaures. Une période étouffante, avec très peu d’oxygène, avec un méga continent unique, des eaux trop basses… et donc peu de traces. La couche de transition est encore plus pauvre en carbone 12 (végétal, vivant) que la couche K-T. Des restes de champignons : beaucoup de bois mort. Les indices s’accumulent : la période déjà chaude (36 degrés de plus que la nôtre !) a été suivie d’une véritable cuisson.</p>
<p>Et cette fois le coupable semble bien volcanique, et sibérien, avec plein d’effets en cascade. (J’avais déjà <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">parlé de l’extinction du Permien</a>.) Notre civilisation ne part pas d’aussi chaud, mais on y va tout droit.</p>
<p>À cause du début du fractionnement de la Pangée et du volcanisme, une extinction moins grave (« juste » les ¾ des espèces) a lieu entre Trias et Jurassique, ouvrant le premier âge d'or des dinosaures.</p>
<h2>Du Dévonien au Carbonifère</h2>
<p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D_Terrelli.png" title="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/animaux/Devonien/.Dunkleosteus-par_Entelognathus_via_Wikipedia-CCBYSA4.0_m.png" alt="Dunkleosteus (fin du Dévonien), par Entelognathus via Wikipedia (CC by SA 4.0)" /></a></p>
<p>On revient encore 100 millions d’années en arrière. La fin du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9vonien">Dévonien</a> voit deux ou trois pics d’extinctions sur une Terre pourtant luxuriante « dominée » par les poissons. Parmi eux, les premiers tétrapodes, qui, dans leurs mangroves encombrées, commencent à se demander si ça ne serait pas mieux sur terre. Cette fois, la cause de l’extinction serait la vie elle-même : le succès des forêts aurait entraîné une masse de sédiments vers les mers peu profondes de l’époque, devenues alors invivable pour nombre d’espèces. (La belle autorégulation de la planète est donc une légende, même à l’échelle de quelques millions d’années.) Cerises sur le gâteau : une glaciation pour faire chuter le niveau des mers (dit Wikipédia) ; puis un coup d’effet de serre pour détruire la couche d’ozone.</p>
<h2>De l’Ordovicien au Silurien</h2>
<p>On est presque un demi-milliard d’années dans le passé : pendant que des bestioles tenant du scorpion géant croisent dans les océans grouillant de vie invertébrée, les plantes et mousses commencent à conquérir la Terre, consomment le CO₂… et déclenchent une grande glaciation : exit 85% des espèces.</p>
<h2>La Grande Oxydation</h2>
<p>Cette glaciation, ce n’était certes pas la première de l’histoire de la Terre. Quand les bactéries se mirent à la photosynthèse, elles polluèrent massivement l’atmosphère avec leur déchet : l’oxygène, autrefois absent et mortel pour la vie. L'oxygène rouilla tout le fer de la planète, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thane_atmosph%C3%A9rique#Processus_d'absorption">puis le méthane</a>, très puissant gaz à effet de serre. Le soleil étant, il y a 2,4 milliards d’années, moins chaud, c’était parti pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_huronienne">300 millions d’années de Terre-boule de glace</a>. Le cycle du carbone est fragile et oui, la vie s’est lentement adaptée après l’hécatombe, mais le sort de ces bactéries anaérobies qui ont pollué leur planète à un niveau mortel (pour elles) et détraqué le climat devrait nous faire réfléchir. Il a fallu attendre que les volcans aient craché assez de CO₂ pour la débâcle.</p>
<p>Il y eut des rechutes de glaciation, notamment quand le supercontinent Rodinia se fragmenta, favorisant l’érosion et donc la chute du CO₂, provoquant le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cryog%C3%A9nien">Cryogénien</a>, juste avant la diversification et les bestioles bizarroïdes de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diacarien">Édiacarien</a>.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote>
<p>On meurt beaucoup sur cette Terre, parfois seul et parfois brutalement tous ensemble.</p>
</blockquote>
<p>La Terre a été alternativement une boule de glace et un four, et le soleil n'est pas le responsable principal. Un continent unique entraîne un désert en son centre, réduit l’érosion, réduit les mers peu profondes, le CO₂ s’accumule, la planète cuit. Quand un continent se scinde, l’érosion reprend, le CO₂ chute et l’effet de serre baisse, la glaciation menace. Le CO₂ dépend aussi des volcans et de l’extension du vivant. La vie s’amuse à balancer ses déchets dans l’atmosphère ou à jouer sur l’érosion. L’occasionnel géocroiseur ne fait que complexifier une situation assez instable.</p>
<p>Mais la vie est souple, grouille, s’étend partout… si on la laisse tranquille. La planète nous survivra, aucun doute là-dessus, quitte à panser ses plaies quelques millions d’années. Notre civilisation obsédée par le court terme ne verra peut-être pas le siècle suivant. Ne pas oublier non plus que les espèces qui pullulent (nous humains représentons 13% de la biomasse mondiale, nos animaux 85%…) finissent par devenir des ressources pour d’autres jusqu’à régulation (Je me dis que le Covid n’est que le premier de virus conquérants.)</p>
<p>Quant à une nouvelle extinction majeure, elle est bien en marche, et s’accélère : 80% d’insectes en moins (en poids) en 40 ans, les oiseaux suivent. Jenni panique. Anthropocène ou Nécrocène ?</p>
<div class="footnotes" role="doc-endnotes">
<hr />
<ol>
<li id="fn:ts1693647273.1" role="doc-endnote">
<p>Apparemment, on dit plutôt <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_Cr%C3%A9tac%C3%A9-Pal%C3%A9og%C3%A8ne">K-Pg (Crétacé-Paléogène)</a> de nos jours. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.1" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
<li id="fn:ts1693647273.2" role="doc-endnote">
<p>Je lisais justement un <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/pasteur-une-carriere-jalonnee-de-polemiques-24434.php">article de <em>Pour la Science</em></a> sur Pasteur, pas toujours exemplaire dans les débats scientifiques. <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#fnref:ts1693647273.2" class="footnote-backref" role="doc-backlink">↩︎</a></p>
</li>
</ol>
</div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Cette-plan%C3%A8te-n-est-pas-tr%C3%A8s-s%C3%BBre-%C2%BB-d-Alexis-Jenni-%3A-pop-science-par-un-Goncourt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/872« Le troupeau aveugle » (The Sheep Look Up) de John Brunnerurn:md5:26cf4438a44904f45a3795ca81cf064c2023-08-11T21:16:00+02:002023-08-23T17:28:15+02:00ChristopheFragile planèteabominationabsurditéAmériqueapocalypseautodestructionbon senscataclysmecatastrophecivilisationclimatcourt termedysfonctionnementdécadencedémocratieeaueffet de serreeffondrementfoutage de gueulelivres lusmétéooh le beau cas !panurgismeperspectivepessimismepétrolescience-fictionterrorismeécologieÉtats-Unis<p><em>Le troupeau aveugle</em> est un classique de la SF écolo-catastrophique des années 70. Il est faux qu'il soit daté, son actualité est même glaçante.</p>
<p>John Brunner ne brille pas par son optimisme. Dans sa fameuse tétralogie sur l'avenir proche et ses dangers, <em>Le troupeau aveugle</em> (1972) est peut-être le plus noir et désespéré. <img alt="John Brunner : Le troupeau aveugle (édition Livre de poche)" src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/SF/.John_Brunner-Le_troupeau_aveugle-Liredepoche_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Les premières pages peuvent rassurer : cette civilisation étouffant sous la pollution, ces pluies si acides, ces avalanches provoquées par des avions supersoniques, ces plages innommables, on y a échappé (du moins à cette échelle, dans la plus grande partie de l'Occident, merci aux lois anti-pollution apparues justement peu après la publication). Quant au CO₂, Brunner n'était pas au courant du problème.</p>
<p>Mais la suite fait tout de même grincer les dents. Les masques que tous portent, on a connu récemment, pour d'autres raisons. La malbouffe <em>est</em> un problème, ainsi que les résidus de pesticides dans l'alimentation, et l'impact de la pollution sur la fécondité, ou le <em>greenwashing</em>, ou la pollution aux plastiques. Juste pas la même échelle que dans le livre, ou plus insidieusement. Denver qui brûle fait écho à cette <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2023_Hawaii_wildfires">ville brûlée à <em>Hawaï</em> ces derniers jours</a>, même si la cause immédiate diffère. La pollution des nappes phréatiques, c'est toujours d'actualité.</p>
<p>La myopie complète des gouvernants et d'une bonne partie de la population : on atteint le niveau de <em>Don't Look Up</em> (et je me demande si le titre du livre de Brunner a pu inspirer celui du film). Les écolos (initialement) non violents réprimés violemment, tandis que les pollueurs sont laissés tranquilles, on connaît. On a juste encore échappé au virage écoterroriste, mais pour combien de temps ? Non, ça ne finit pas bien. Bref : excellent, déconseillé aux éco-anxieux.</p>
<p>Références : <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Sheep_Look_Up">Page wikipédia anglophone</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Le-troupeau-aveugle-%C2%BB-%28The-Sheep-Look-Up%29-de-John-Brunner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/871„Die Teilung Deutschlands” (La scission de l’Allemagne) de Matthias Uhlurn:md5:69839c6b33fd0764fa2daa9acd17a2682022-11-29T19:48:00+01:002022-12-16T18:22:09+01:00ChristopheHistoireabominationadministrationAllemagneapocalypsecartescataclysmechaoscommunismedémocratieEmpire soviétiqueEuropeguerreGuerre Froidegéographiegéopolitiquehistoireimpérialismelivres luslogistiquemémoireperspectivepolitiqueracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeéconomieÉtats-Unis<p>Au début, je me demandais pourquoi les frontières entre Berlin Ouest et Est étaient si tordues. Ça a fini par l’achat de ce <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de"></a>petit livre.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag.jpg" title="Die Teilung Deutschland"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag_s.jpg" alt="Die Teilung Deutschland" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>J’ai d’abord connu Berlin coupé en deux, lors d’un voyage scolaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Voir le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin">Mur</a>, taggé de haut en bas, a été un de mes souvenirs frappants d’ado (deux ans avant la joyeuse stupéfaction à sa disparition).</p>
<p><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:Occupied_Berlin.svg" title="Berlin occupé divisé en 3 zones (image Wikipedia, Stephan-Xp,CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Occupied_Berlin_depuis_Wikipedia-Stefan-Xp-CC-BY-SA-3.0.png" alt="Berlin occupé divisé en 3 zones" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Berlin occupé divisé en 3 zones" /></a></p>
<p>En y retournant récemment, je n’ai plus vu du Mur qu’un morceau devenu une expo artistique, l<em>'<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de">East Side Gallery</a></em>, dans un <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/6807791">coin paumé très à l’est</a>. Qu’est-ce que ce bout de Berlin-Ouest faisait de l’autre côté de la Spree ? Qui a fait des frontières aussi farfelues en 1945 quand les vainqueurs se sont partagé la ville ?
Et parce que cette question me trottait dans la tête, je n’ai pas pu ne pas acheter <em>Die Teilung Deutschlands</em> dans la librairie du château de Charlottenburg.</p>
<p>Il condense en quelques pages une très dense et difficile période, entre la capitulation (mai 1945) et la proclamation des deux Républiques allemandes (1949). Étonnamment, l’Allemagne est restée quatre ans écartelée entre quatre zones d’occupation, avec sa monnaie d’avant-guerre, et son administration (sous tutelles).</p>
<h3>Occupation</h3>
<p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Map-Germany-1947.svg/330px-Map-Germany-1947.svg.png" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" alt="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" /></a>Après la capitulation sans condition, tout le pays était occupé, et les Alliés pouvaient dicter leur loi. Les zones furent établis selon des critères logistiques, et non selon le front à la fin de la guerre (les Américains laissant notamment la Saxe aux Soviétiques). La Russie et la Pologne annexèrent la Prusse orientale, la Silésie, la Poméranie… pourtant allemandes depuis des siècles.</p>
<h3>L’heure zéro</h3>
<p>La situation matérielle en 1945 était évidemment dantesque. Avec un quart des logements en moins suite aux combats et bombardements, des millions de morts et prisonniers, des millions de réfugiés expulsés des zones annexées ou des zones germanophones de toute l’Europe de l’Est, la surface de logement par habitant était la moitié de celle de l’avant-guerre. Ce n’était pas le pire.</p>
<p>Les moyens de communications étaient anéantis, la main d’œuvre masculine prisonnière ou tuée, l’économie en ruine. Seule chose en abondance : les gravas de ce qui avait été des villes. Les prix alimentaires explosaient, et les familles des villes se dispersaient dans les campagnes à la recherche de la moindre nourriture.</p>
<p>Au titre des réparations, les Alliés se servirent sur la bête, et les Soviétiques sans retenue — ce qui se conçoit vu les destructions opérées chez eux par les Allemands. Des démontages d’usines tournèrent au fiasco, faute de capacité d’accueil réelles dans une URSS elle-même dévastée. La chasse aux ingénieurs et techniciens qualifiés avait démarré avant la fin des combats. Alors que les Américains leur offraient une alléchante émigration, les Soviétiques les renvoyaient chez eux une fois leurs compétences plus ou moins transmises.</p>
<h3>Réorganisation politique</h3>
<p>Il fallut refaire tourner les administrations locales et les systèmes judiciaires, sociaux, éducatifs, médicaux.
Très vite apparurent des Länders de taille régionale au sein de chaque zone, mais sans rien au-dessus que l’administration militaire d’occupation.</p>
<p>La Guerre froide n’était pas déclarée, mais l’administration militaire commune a très vite dysfonctionné, Soviétiques et Occidentaux ne s’entendant évidemment pas. De manière moins attendue, la coordination entre les trois zones occidentales n’était pas complètement acquise, chacun faisant un peu à sa sauce chez lui, par exemple en matière de dénazification. Les Français ont parfois dû se faire tirer l’oreille pour suivre le mouvement (les aides du plan Marshall étant un moyen de persuasion efficace). La fragmentation administrative par zone menaçait.</p>
<p>À l’est, les communistes se préoccupèrent d’entrée de placer leurs hommes aux postes clés, même si des « bourgeois » purent être mis en avant à nombre d’endroits. La dénazification, assez brutale, permit de réduire au silence nombre de fortes têtes. Progressivement les partis non communistes furent fusionnés de force avec le parti communiste et les élections devinrent une farce totale. Les brutalités et pillages des soldats russes en terre conquise <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> énerva jusqu’aux plus hautes autorités d’occupation, conscientes de l’impact désastreux sur la population, avant que l’Armée Rouge finisse parquée dans des casernes.</p>
<p>À l’ouest, la dénazification était bien sûr à l’œuvre aussi, mais il s’agissait aussi de rééduquer les Allemands et d’en faire progressivement des démocrates.</p>
<p>Nulle part la dénazification ne fut chose facile si l’on ne voulait pas totalement désorganiser les services.
Les exilés politiques, revenus après toutes ces années, n’étaient pas forcément bien vus par leurs collègues.
Il fallut bien laisser en place de nombreux anciens membres du parti nazi.
Cela n’empêcha pas les nouvelles administrations de suivre la politique décidée par les occupants.</p>
<h3>La population</h3>
<p>Le sort des femmes fut bien différent entre les deux zones. Il n’y a pas besoin de rappeler leur sort dans les zones envahies par l’Armée Rouge à la fin de la guerre. Les exactions sexuelles furent bien plus rares à l’ouest, même si la zone française a fait tache. Par contre, une prostitution plus ou moins ouverte se répandit dans toutes les couches de la population en raison des difficultés d’approvisionnement, pour le plus grand plaisir des occupants. La criminalité explosa, puis retomba avec l’amélioration de l’approvisionnement.</p>
<p>Les prisonniers furent relâchés relativement vite par les Anglo-Saxons pressés de rendre de la main d’œuvre à l’économie. Les Français avaient de nombreuses zones à leur faire déminer et prirent plus de temps. Les Soviétiques, rancuniers, mirent plus de dix ans à renvoyer tous les survivants <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. L’effarant taux de décès des prisonniers à l’est (33 % contre 1 % à l’ouest) provenait autant des privations, générales à l’est, que de la dureté du régime stalinien. Nombre de prisonniers furent condamnés sous divers prétextes.</p>
<p>Avant le retour des hommes, les femmes (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines" hreflang="de">Trümmerfrauen</a></em>) durent se sentir un peu seules pour déblayer ce qui restait des villes, un travail titanesque. Les maris revenus, bien des couples éclatèrent, l’homme étant souvent traumatisé et la femme ayant pris en main le foyer pendant ce temps, sans parler des enfants trop vite grandis. Peu à peu, à l’ouest, les femmes retournèrent à leurs fourneaux, pendant que l’est communiste restait plus égalitaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Le plan Marshall</h3>
<p>La reconstruction de l’Europe patinait. Or, les Américains voulaient éviter une redite du chaos économique
de l’Allemagne d’après la Première Guerre Mondiale, dont l'état impactait d'ailleurs toute l’économie européenne.</p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall" hreflang="fr">plan Marshall</a> de 1948, à destination de <em>toute</em> l’Europe, fut une gigantesque carotte américaine
— mais aussi un piège pour les communistes. Profiter du plan impliquait un droit de regard américain sur l’utilisation des fonds et ressources,
et poussait à l’intégration économique entre les États européens, de l’ouest comme de l’est. Staline ne pouvait supporter rien de cela.</p>
<p>Le refus des communistes de profiter du plan leur aliéna de nombreuses voix à l’ouest, et plomba les relations entre l’URSS et les États à qui elle avait imposé de refuser le plan.</p>
<h3>DM</h3>
<p>Le redémarrage économique fut lent. Le miracle (ouest-)allemand démarra en 1948 quand les Américains, en secret et suivis par leurs alliés, économiquement dépendants, préparèrent le remplacement du vieux Reichsmark par une nouvelle monnaie promise à un grand avenir, le Deutsche Mark.</p>
<p>Ne furent convertis à parité que quelques dizaines de RM par tête, et les flux réguliers (pensions, salaires, loyers…). Tout le reste, dettes, économies, valeurs, hypothèques… fut converti à des taux de 10 à 15 RM pour un DM. « La plus grande expropriation de l’histoire allemande » effaçait 80 % du patrimoine financier, purgeait l’Allemagne de dettes qu’elle aurait été incapable de rembourser, signa la fin du marché noir, et relança spectaculairement l’économie après quelques mois difficiles.</p>
<p>Les Soviétiques, au courant de l’opération par leurs espions, interdirent chez eux la nouvelle monnaie et durent faire une réforme similaire.</p>
<h3>Le blocus</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public.jpg" title="C -54 arrivant à Berlin-Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public_m.jpg" alt="C -54 arrivant à Berlin Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
C’est à la même période que se déroula le bras de fer du blocus de Berlin-Ouest. Staline coupa tous les accès terrestres à l’enclave occidentale dans la zone soviétique.</p>
<p>Pendant presque un an, tout le ravitaillement de 2 millions d’habitants passa par un pont aérien allié, qui coûta la vie à de dizaines de pilotes. L’aéroport du Tegel fut bâti en 3 mois. La population subit évidemment de nouvelles restrictions, alors que la ville restait une gigantesque ruine. Économiquement insensé, politiquement indispensable, médiatiquement génial, le pont aérien marqua la détermination américaine sans aller jusqu’à l’affrontement armé, et obligea Staline à reculer. Lui non plus n’était pas prêt à un affrontement armé. Et les Occidentaux le savaient : les dizaines d’officiers soviétiques passés à l’ouest permttaient un aperçu de l’état des troupes communistes. Par ses propres espions, Staline savait les Occidentaux déterminés à un affrontement, passa outre à son habitude, puis jeta l’éponge.</p>
<h3>Les 2 Allemagnes</h3>
<p>Le blocus de Berlin fut totalement contre-productif pour les communistes à l’ouest, puisqu’il souda les Allemands de l’Ouest derrière les Alliés occidentaux et accéléra les discussions sur la mise en place d’un État ouest-allemand.</p>
<p>Sous la pression américaine, et devant l’état de partition de fait, les élus des Länder des zones occidentales créèrent un conseil de représentants des différents partis pour élaborer une nouvelle Loi Fondamentale. Les quelques élus communistes, sans surprise, votèrent contre le texte final. L’Allemagne n’était pas encore pleinement souveraine : les puissances occupantes se réservaient encore relations et commerce extérieurs. Bonn, petite ville loin de la frontière est, fut choisie comme capitale (provisoire). Les parlements régionaux approuvèrent la Loi Fondamentale — sauf la Bavière, qui accepta tout de même d’intégrer la nouvelle République Fédérale d’Allemagne. Née en 1949, celle-ci s’agrandit en 1956 de la Sarre, alors officiellement indépendante mais protectorat français de fait.</p>
<p>Staline ne créa un État est-allemand qu’après avoir perdu tout espoir d’étendre son influence à tout le pays, et laissé les Occidentaux assumer la division officielle. Un conseil populaire, officiellement pan-allemand, décida plus tard de créer la future République Démocratique. Évidemment, tous les scrutins et organisations étaient biaisés, quitte à recompter avec une mauvaise foi consommée, pour garantir les mains libres au Parti Socialiste Unifié, dirigé de fait par les communistes.</p>
<p>Le Mur de Berlin ne fut construit qu'en 1961 pour mettre un terme à l'émigration massive vers la RFA, mais c'est une autre histoire.</p>
<p>Voir la <a href="https://www.bebraverlag.de/verzeichnis/titel/die-teilung-deutschlands.html" hreflang="de">page du livre chez l’éditeur</a>.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Et pour en revenir à la trajectoire farfelue du mur : les zones d’occupation ont été définies à partir des limites administratives existantes.
Les occupants n’ont pas prévu au départ que les zones pourraient être séparées, et sont allés au plus simple.
Dans cette <a href="https://www.landkartenarchiv.de/historischestadtplaene600b.php?q=landkartenarchiv_gesamtadressenwerk_der_nsdap_berlin_1938" hreflang="de">carte des groupes du parti nazi à Berlin en 1938</a>, l’<em>ortsgruppe</em> 108 va bien jusqu’au bord de la Spree. Était-ce basé sur une vraie limite administrative ? Je n’ai pas trouvé. En tout cas, une partie de Berlin-Ouest donnant sur le fleuve obligeait les communistes à planter un mur sur la rive en face, pourtant toute à eux, pour interdire les passages à la nage. Plusieurs personnes se noyèrent là sans que les policiers des deux côtés ne puissent ou ne veulent faire quelque chose. Effarant.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Calculez mon âge…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Déjà…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Dont des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov">Alsaciens malgré-nous</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les avancées vers l’égalité homme-femme ont été un des rares succès des communistes est-allemands.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/866« Le monde d'hier » de Stefan Zweigurn:md5:f41a7b4cef6d81753e0a4bee446e679c2021-07-31T15:16:00+02:002023-03-13T10:52:49+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneapocalypseautodestructionAutrichecataclysmecatastrophechaoscivilisationculturediscriminationdécadencedémocratiedéshumanisationguerregéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmulticulturalismemémoirenationalismeperspectivePremière Guerre MondialeracismeSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p><em>Und ich mußte immer an das Wort denken, das mir vor Jahren ein exilierter Russe gesagt: »Früher hatte der Mensch nur einen Körper und eine Seele. Heute braucht er noch einen Paß dazu, sonst wird er nicht wie ein Mensch behandelt.«</em></p>
<p>
Et je me souviens toujours de ce mot, que m'avait dit un exilé russe, des années auparavant : « Autrefois l'homme n'avait qu'un corps et une âme. Maintenant il lui faut encore un passeport, sinon il n'est pas traité comme un homme. »</p>
<p>
<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stefan_Zweig" hreflang="fr" title="Stefan Zweig : page Wikipédia">Stefan Zweig</a></em>, Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers</p></blockquote>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-vers_1912-via_Wikipedia.png" alt="Stefan Zweig vers 1912 (via_Wikipedia)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Stefan Zweig était de ces Européens d'avant l'heure, cosmopolites d'avant la Première Guerre Mondiale, voyageurs sans passeport, passeurs de la culture entre les pays et à travers les langues, et qui, hommes déjà mûrs, ont vu s'effondrer leur monde dans la haine, les mouvements de masse, les frontières, l'exil, la guerre. <em>Le monde d'hier</em> est le testament de Zweig, rédigé juste avant son suicide en 1942.</p> <p>Certes son « monde d'avant » était privilégié : la jeunesse dorée d'une capitale impériale, polyglotte, avide de littérature, de théâtre, de musique, d'art. S'il décrit la Vienne d'avant 1900 comme conservatrice et trop respectueuse de l'âge, il appréciait l'ambiance de son époque : la stabilité, le progrès en marche, l'amélioration progressive de la condition de tous, l'avenir sûr et radieux. Les grandes guerres du XIXè siècle étaient déjà loin, les sociétés évoluaient, dans un Empire presque millénaire.</p>
<p>Cette vitalité et cette confiance furent un piège (à ajouter au dossier de <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark">Sleepwalkers</a></em>) :</p>
<blockquote><p><em>Jeder Staat hatte plötzlich das Gefühl, stark zu sein und vergaß, daß der andere genauso empfand, jeder wollte noch mehr und jeder etwas von dem andern. Und das Schlimmste war, daß gerade jenes Gefühl uns betrog, das wir am meisten liebten: unser gemeinsamer Optimismus.</em></p>
<p>
Chaque État avait soudain le sentiment d'être fort, et oubliait que les autres se sentaient de même ; chacun en voulait encore plus, et chacun quelque chose de l'autre. Et le plus grave est que c'est justement ce sentiment que nous aimions le plus qui nous abusait : notre optimisme à tous.</p></blockquote>
<p>Effaré, Zweig voit tous ses amis happés par l'hystérie collective nationaliste.
Incapable de voyager loin, militairement « planqué », il collabore en Suisse à un collectif d'écrivains européens contre la guerre, conscients de parler dans le vide.</p>
<p>Il assiste aux derniers instants de l'Autriche impériale, en croisant l'Empereur Charles de Habsbourg en exil à la frontière suisse.
De Salzbourg, il assiste au chaos économique, au bouillonnement culturel et au complet renversement des valeurs de la nouvelle Autriche — le seul pays que l'on ait jamais forcé à être indépendant.</p>
<p>Les Années Folles se passent mieux (c'est au tour des Allemands de souffrir économiquement). Son succès littéraire déjà naissant avant guerre se renforce.</p>
<p>S'impose progressivement Hitler, que personne en Autriche ne voit venir. En Allemagne, son ami l'homme politique <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walther_Rathenau" hreflang="fr" title="Walter Rathenau sur Wikipédia">Rathenau</a> est assassiné. Les chemises brunes sèment le chaos. L'ordre moral et légal, les bases de la société, que même la Première Guerre Mondiale avait à peu près préservées : tout cela s'envole. Sous l'unité de façade du pays face à la menace, Zweig sait que beaucoup, par peur ou prudence, sont déjà préparés à l'Anschluß.</p>
<p>Zweig est un des premiers à fuir, bien avant le rattachement au IIIè Reich. Pour en ajouter aux pertes matérielles (livres, collections) ou immatérielles (amis, famille), il est déchu de sa nationalité en 1938 : il se retrouve apatride. Ce qui semblait un rêve pour un citoyen du monde se transforme vite en cauchemar administratif.
En Autriche, sa vieille mère mourante n'a même plus le droit de se reposer sur un banc lors de ses promenades : interdit aux Juifs.</p>
<p>En Angleterre, impossible de convaincre ses interlocuteurs que la perte de l'Autriche entraînera la chute de toute l'Europe. Zweig assiste à l'euphorie à l'annonce des accords de Munich, et à la consternation rapide quand la population réalise que tout a été abandonné à Hitler. L'ambiance se plombe, la guerre s'annonce, certaine.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26.jpg" title="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Stefan_Zweig-Le_Petit_Parisien-1942-02-26_m.jpg" alt="Le Petit Parisien, 26 février 1942 (via Wikipédia)" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Le livre est un document. Quelques petits travers énervent, comme le <em>name dropping</em> permanent : Sigmund Freud, Richard Strauss, Romain Rolland, Bernard Shaw, H. G. Wells, Walter Rathenau, Charles Ier… Certaines visions semblent un peu idylliques (le Paris d'avant-guerre !), en tout cas réservées aux gens des classes aisées ; mais c'est le propre de la nostalgie. Ce livre décrit certes un monde perdu et son auteur, mais sa famille est quasiment oubliée, et il est surprenant que les prénoms de ses deux femmes ne soient même pas cités.</p>
<p>Zweig n'a pas vu la guerre se retourner, ni la reconstruction de l'Europe. Il en aurait sans doute été un des rebâtisseurs. Notre époque, qui remet des frontières partout, fait la chasse aux migrants, et à nouveau en prise à la stupidité de masse, ne lui aurait pas plu. Et il n'aurait pu s'empêcher de retisser des parallèles avec la chute de l'Europe un siècle plus tôt.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/860« L’odyssée des gènes » d’Évelyne Heyerurn:md5:4ad6250b8a59c8bd8d02356d1191698c2021-04-05T19:12:00+02:002021-04-05T18:13:04+02:00ChristopheGénéalogie & ancêtresAfriqueAmériqueAntiquitébase de donnéesChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitéculturedémographieenfantsEuropeexaptationgénéalogiegéographiehistoirelyrismemobilitémytheperspectiveracismereligionsciencesociétés primitivestempsthéorieécologieémerveillementévolution<p>(Oui, enfin une chronique d'un livre récent !)
Depuis quelques années, l'étude génétique des fossiles a progressé à pas de géants, ainsi que celle des écarts entre deux populations actuelles. Évelyne Heyer résume l'état des connaissances de manière accessible et lisible.</p>
<p>Résumé subjectif (<em>commentaires personnels en italiques</em>) :</p> <p>Les gènes mutent en permanence. Par quelques passages peu techniques, Évelyne Heyer explique clairement de quelle manière on peut lister et exploiter les écarts afin de remonter aux ancêtres communs de deux populations, et estimer les transferts démographiques entre elles.
Chaque exemple de sa fresque historique est l’occasion d’illustrer un concept : dérive génétique dans les petits groupes isolés, possibilités offertes par les différents types de code génétique (mitochondrial, chromosomes X ou Y…) ; ou d'expliquer une technique ou difficulté : recherche d'ADN dans les os, dents, les bulbes de cheveux, difficultés de conservation dans certains sols… <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/L_Odyss%C3%A9e_des_g%C3%A8nes-%C3%89velyne_Heyer.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.L_Odyssée_des_gènes-Évelyne_Heyer_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Un chercheur qui cherche des volontaires pour ses études dans des régions reculées peut avoir quelques surprises : la cordialité d'un administrateur quasi-soviétique d'Asie centrale, la surveillance du FSB ouzbekh, le blocage d'une région où est tombé un Soyouz, les frontières à passer en douce après avoir perdu un passeport, l'accueil et l'aide spontanés des nomades, les ravages de l'alcoolisme dans le Kouzbass, la musique hyper-sophistiquée des Pygmées, ou une véritable Vallée des Rois dans l'Altaï.</p>
<p><em>Depuis longtemps, je dévore tout ce qui est démographie dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science & Vie<em> ; je savais par exemple que les </em>Homo sapiens<em> non africains avaient rencontré Néandertal en arrivant au Moyen-Orient, et que leurs descendants, nous comme les Aborigènes d'Australie, avions gardé quelques pour cents de gène néandertaliens. Je savais aussi qu'à côté de Néandertal existaient au moins 2 ou 3 espèces comme Denisova, qui elles aussi nous ont légué quelques gènes. Je ne savais pas que la chronologie de l'histoire de l'humanité était aussi bien établie.</em> Résumé :</p>
<h4>−200 000 et −300 000 ans en Afrique : apparition de l'homme moderne</h4>
<p><em>Le livre n'en parle pas, mais cela se passe pendant l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_Riss" hreflang="fr">avant-dernière glaciation</a></em>.</p>
<p>La limite entre <em>Homo erectus</em> et <em>Homo sapiens</em> est un peu floue.</p>
<h4>−120 000 ans : séparation des Khoe & San</h4>
<p>Leurs descendants sont les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/San_(peuple)" hreflang="fr">derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari</a>.</p>
<h4>−100 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>La Chine a été colonisée il y a plus de 100 000 ans. Par contre, ces premières vagues, et même les suivantes évoquées plus bas, y compris celle qui se croisera avec Denisova et ira en Australie, n'ont pas laissé de trace génétique.</p>
<h4>−70 000 ans au Moyen Orient : Sapiens rencontre Néandertal</h4>
<p>(<em>Donc pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_W%C3%BCrm" hreflang="fr">dernière glaciation</a>, entre −100 000 à −10 000 ans environ</em>).</p>
<p>La rencontre a commencé vers −70 000 ans. Il semble avoir suffi de 150 métissages laissant une descendance, dans quelques groupes sortis d'Afrique, de quelques milliers d'individus au total, pour expliquer la diffusion des gènes vers notre espèce. Les deux groupes manquaient-ils d'intérêt l'un pour l'autre, ou les hybrides étaient-ils généralement stériles ?</p>
<p>Se sont-ils rencontrés paisiblement et romantiquement, ou violemment ? Les gènes ne le disent pas, mais le chromosome X (masculin) semble peu touché par le métissage : peut-être les hommes métis étaient-ils plus facilement malades (ils n'ont pas de deuxième chromosome X, mais un Y), peut-être le croisement était-il asymétrique (cela se rencontre), avec une attirance entre femmes <em>Sapiens</em> et hommes de Néandertal, sans que le symétrique soit vrai.</p>
<p>Les métis sont donc les ancêtres des Européens, Asiatiques, Amérindiens… Quelques-uns sont manifestement retournés en Afrique, où l'on retrouve quelques traces génétiques de Néandertal.</p>
<p>Les Européens ont environ 2 % de gènes néandertaliens. Mais c'est très peu quand 99,87 % du génome est identique. Les Néandertals souffraient cependant de consanguinité, les premiers métis semblent en avoir pâti. Il n'est pas facile de savoir à quoi nous servent à présent les gènes restants. Certains sont liés au système immunitaire ou à la kératine, peut-être à la résistance au froid, car Néandertal était adapté au climat de l'Eurasie de l'époque glaciaire.</p>
<p>Bizarrement, des gènes <em>Sapiens</em> de l'époque, et disparus depuis, ont été retrouvés chez certains Néandertals. Le croisement a été à double sens.</p>
<h4>D'autres croisements, d'autres espèces</h4>
<p>Les croisements sont encore plus compliqués en Asie : des habitants de Nouvelle-Guinée ont hérité jusqu'à 6 % de gènes de Denisova, cousin de Neandertal, les Tibétains ont hérité de gènes d'adaptation à la haute altitude. Des preuves de métissage Denisova-Neandertal existent aussi.</p>
<p>En Afrique existent des traces de métissage de <em>Sapiens</em> avec d'autres espèces dont on ne sait rien. En Indonésie, pendant des centaines de milliers d'années, a existé un « homme de Florès », peut-être descendant d<em>'Homo erectus</em>, mais dont l'ADN reste inconnu (le sol tropical conserve mal les fossiles). L<em>'Homo luzonensis</em> est un cousin philippin datant d'autant moins 50 000 ans.</p>
<blockquote><p>« Cela fait finalement très peu de temps que nous sommes la seule espèce d'humains sur Terre. »</p></blockquote>
<h4>−60 000 ans : séparation des pygmées</h4>
<p>Pendant ces mélanges en Asie, les pygmées sont devenus un groupe à part, lui-même scindé en deux il y a 20 000 ans.</p>
<p>La raison de leur petite taille reste discutée : adaptation à la forêt, dérive génétique dans de petits groupes… Il y a plus de différences génétiques entre ces deux groupes pygmées, de même culture pourtant, qu'entre Européens et Asiatiques ! Ce qui d'ailleurs peut se généraliser à l'Afrique, puisque les non-Africains descendent tous d'un petit groupe, qui n'a emporté qu'une partie de la diversité génétique originelle de l'Afrique (même si elle a ajouté ses mutations, adaptations et métissages avec Neandertal et Denisova).</p>
<h4>−50 000 ans : colonisation de l'Australie</h4>
<p>Toujours pendant la dernière glaciation, le niveau bas des mers permet aux hommes en provenance d'Asie (métissés de Néandertal donc) d'arriver jusqu'en Australie. Les Aborigènes actuels sont les descendants directs de ces premiers colons. Dispersés en Asie, on trouve encore les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritos">Négritos</a>, qui seraient les descendants directs de ces anciennes populations.</p>
<p>Les fondateurs, même à cette époque, étaient forcément des marins, et assez nombreux, vu la diversité génétique des Aborigènes. Les populations du bloc Nouvelle-Guinée-Australie ont ensuite été séparées par les mers, les déserts, et, peut-être, leur système parental très complexe.</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Europe</h4>
<p>La génétique n'a pas modifié l'histoire déjà connue de Cro-Magnon et de ses voisins. Elle confirme une organisation en petites bande de chasseurs-cueilleurs, et des unions entre membres de bandes proches. Mais il est surprenant de retrouver le même phénomène que chez les Pygmées : une séparation génétique entre Est et Ouest de l'Europe malgré une proximité culturelle sur tout le continent.</p>
<p>Autre surprise : les Cro-Magnons et leurs voisins étaient plutôt noirs aux yeux bleus ! L'éclaircissement de leur peau a été très progressive, jusque pendant le Néolithique. Le problème est complexe : la peau claire est apparue plusieurs fois, avec des gènes différents, dans différentes populations dans le monde.</p>
<p>Les yeux bleus des Européens dateraient des débuts de colonisation. Les cheveux roux seraient apparus un peu avant. Ces caractères sans bénéfice évident ont pu se répandre par préférence sexuelle. (Autres exemples : les yeux bridés ou la barbe.)</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>On l'a vu, l'Asie était déjà colonisée. Les populations actuelles sont plus proches des Européens que des Australiens, et il doit s'agir de la même vague qui s'est séparé en deux branches, Europe et Asie. La frontière, floue, a permis des migrations entre elles. Le rôle de l'Asie centrale (source ou convergence) est flou : c'est un « mille-feuilles d'histoires de migrations », y compris aux temps historiques.</p>
<h4>−37 000 ans : disparition de Neandertal</h4>
<p>Parmi les innombrables causes possibles, de l'inadaptation au génocide par <em>Sapiens</em>, Évelyne Heyer en raye une : la consanguinité. Elle n'était pas forcément plus élevée chez les Néandertals que chez certains chasseurs-cueilleurs. Par contre, la diversité génétique était faible, et les Néandertals subissaient déjà une très lente décroissance démographique bien avant de rencontrer les <em>Sapiens</em>. Il n'est pas encore sûr que la consanguinité se soit renforcée ensuite, suite au morcellement du territoire.</p>
<h4>−15 000 ans : première découverte de l'Amérique</h4>
<p>Via le détroit de Béring ou les Aléoutiennes, comme il était déjà connu. Mais y a-t-il eu un peuplement plus ancien, par les côtes ou en dérivant depuis l'Afrique ? Les indices archéologiques sont ténus. Génétiquement, il n'en reste aucune trace.</p>
<h4>−10 000 ans : l'agriculture</h4>
<p>L'agriculture est apparue à peu près simultanément à plusieurs endroits de la planète.</p>
<p>(<em>Cela m'avait longtemps intrigué. J'avais compris qu'un assèchement avait conduit les populations à se regrouper autour des grands fleuves, par exemple. En fait, l'apparition de l'agriculture correspond à la fin de la glaciation et aux modifications climatiques qui ont eu un impact sur tout le globe.</em>)</p>
<p>L'explosion démographique a-t-elle suivi ou précédé l'apparition de l'agriculture ? Habituellement, on pose que la nourriture plus abondante a permis d'augmenter la population. Mais Heyer penche pour la seconde hypothèse. En effet, l'ADN permet de calculer le moment où l'effectif d'un groupe a fortement augmenté (la proportion d'ancêtres communs dans un petit groupe est plus grande), et les dates calculées sont nettement antérieures aux premières traces d'agriculture. Il a existé des populations non agricoles assez importantes pour laisser des grands monuments (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6bekli_Tepe" title="fr">Göbekli Tepe</a>) ou de premiers centres urbains (Jéricho). Le néolithique serait d'abord marqué par la démographie, qui a rendu nécessaire l'intensification de pratiques agricoles déjà embryonnaires chez des chasseurs-cueilleurs.</p>
<p>L'enchaînement causal reste très flou. On ne sait même pas si, au Moyen-Orient, il y a eu migration des convertis à l'agriculture ou diffusion culturelle auprès des chasseurs-cueilleurs. Par contre, il y a bien eu diffusion par des migrations vers l'est (Asie du Sud) et l'ouest (Europe).</p>
<p>Sont apparus en même temps que l'élevage et la démographie galopante : les caries, la malnutrition, des maladies contagieuses comme la rougeole, la tuberculose — pas forcément des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoonose" hreflang="fr">zoonoses</a> d'ailleurs, même si celles-ci vont devenir fréquentes.</p>
<h4>−6000 ans : l'agriculture en Europe</h4>
<p>L'agriculture se répand en Europe par l'est, depuis l'Anatolie, et n'atteint la France que vers 5000 av. J.-C.</p>
<p>La « continuité génétique » n'est pas facile à établir, par manque de fossiles d'époque avec un ADN en bon état. On sait toutefois que les premiers agriculteurs européens descendent des migrants anatoliens, qui se sont mélangés ensuite aux anciens chasseurs-cueilleurs. Le mode de vie de ces derniers a disparu en quelques millénaires.</p>
<p>Il semble que les nouveaux venus aient apporté la peau claire en Europe, utile si la nourriture contient moins de vitamine D.</p>
<p>(<em>Si je suis bien, les blonds aux yeux bleus sont des métis de Cro-Magons noirs, pour les yeux, et d'Anatoliens pour la peau.</em>)</p>
<h4>Le lait</h4>
<p>Les premières traces d'utilisation du lait (faisselle, fromage) remontent à 6500 av. J.-C. en Anatolie ; un peu moins en Europe.</p>
<p>Normalement un mammifère adulte ne possède plus l'enzyme pour digérer du lait… sauf les humains descendants d'éleveurs. Cela dépend énormément des populations, et les Africains, Européens, Asiatiques concernés ne possèdent pas les mêmes mutations.</p>
<p>La pression de sélection sur un gène peut se mesurer, et elle a été importante pour propager ce caractère (existant, jusque là peu utile) dans certaines populations (Finlandais, Irlandais, Touaregs…), mais pas dans d'autres (Chinois, Amérindiens). Des techniques comme la fermentation du lait permettent de se passer de la mutation.</p>
<p>(<em>Certains disent carrément que le lait est un poison. C'est excessif, mais son utilité pour un adulte dépend donc surtout de ses ancêtres. Quant à l'alimentation paléolithique, quoi qu'elle ait pu être, nous n'y sommes plus adaptés.)</em></p>
<h4>Ötzi, Âge du Bronze et culture Yamnaya</h4>
<p>Vers 3300 ans av. J.-C., dans le Tyrol, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi">Ötzi</a> était assassiné dans des circonstances qui resteront à jamais obscures. Son génome est proche des… Sardes !</p>
<p>L'histoire génétique de l'Europe ne s'est pas arrêtée avec l'arrivée des cultivateurs anatoliens. Un groupe se répand entre 3000 et 1000 av. J.-C. (<em>en gros, pendant l'histoire de l'Égypte antique classique, de l'unification jusque la fin du Nouvel Empire</em>), provenant du nord de la Caspienne, identifié comme « culture <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Yamna" hreflang="fr">Yamnaya</a> », nomade, inventeur du chariot à bœufs et des poteries en forme de cloche, entre autres, et a massivement influencé les génomes européens (et centre-asiatiques : leurs traces se retrouvent jusque dans l'Altaï).</p>
<p>(<em>Et ce ne sera pas la dernière invasion de nomades venus de ces steppes…</em>)</p>
<h4>L'Europe génétique actuelle</h4>
<p>5000 ans de guerres, invasions et acculturations diverses ne changèrent ensuite plus grand-chose : les gradients génétiques des Européens d'il y a un siècle (avant l'exode rural et les migrations massives du XXè siècle) suivent la géographie.</p>
<blockquote><p>« À tel point qu'à partir de l'ADN d'un individu contemporain, on peut retracer son origine à 500 km près. »</p></blockquote>
<p>Exceptions : les Basques, les Sardes, les Siciliens. Les Basques ne sont pas, comme on a pu le croire, un isolat des chasseurs-cueilleurs du Néolithique ; ils ont subi en gros les mêmes mélanges que les autres, mais seraient restés plus isolés depuis la fin de l'Âge du Bronze. Les Sardes par contre n'ont pas subi le dernier mélange, et restent proches des contemporains d'Ötzi. Les Étrusques ou les Minoens étaient peut-être aussi dans ce cas.</p>
<p>Et les Indo-Européens là-dedans ? Il n'y a pas forcément diffusion simultanée d'une langue et d'une population. Les langues indo-européennes ont conquis presque toute l'Europe, et au-delà (Hittites, Iraniens, certains Indiens…), et aucun scénario n'explique encore cela clairement.</p>
<h4>Le cheval & l'Asie centrale</h4>
<p>Dans les plaines kazakhs, vers 3000 ans av. J.-C. (<em>donc au moment où les Yamnayas conquièrent l'Europe et où les Égyptiens comment à penser aux pyramides</em>), le cheval est domestiqué. 1000 ans plus tard, depuis l'Oural, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Sintachta" hreflang="fr">Sintashtas</a> (Yamnayas mâtinés d'Européens) se répandent vers l'Asie centrale, et laissent des traces génétiques jusqu'en Inde.</p>
<p>L'Asie centrale se dessèche peu après, poussant les peuples à devenir nomades ou éleveurs se mélangeant allègrement au fil des générations : la région devient encore plus un véritable patchwork génétique.</p>
<h4>Bantous & pygmées</h4>
<p>Toujours vers 3000 ans av. J.-C., en Afrique, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bantous" hreflang="fr">Bantous</a> (des agriculteurs) diffusent depuis le Cameroun dans toute la moitié sud de l'Afrique, et fragmentent le territoire des Pygmées (chasseurs-cueilleurs).</p>
<p>Les deux peuples cohabitent, avec prédominance des Bantous : les Pygmées ont adopté les langues de leurs voisins non Pygmées, et échangé des gènes régulièrement. Heyer a constaté que ces échanges se font surtout des non-
Pygmées vers les Pygmées. Explication : les femmes pygmées, bien que considérées comme inférieures, peuvent épouser des hommes bantous (pas l'inverse), mais finissent généralement par retourner avec leurs enfants dans leur village. La taille des descendants est directement liée au degré de métissage, car de nombreux gènes sont impliqués dans la taille des pygmées (et en aucun cas la malnutrition).</p>
<p>À cause de la rapidité de leur expansion, les Bantous sont relativement homogènes linguistiquement et génétiquement. On retrouve tout de même les traces génétiques des populations absorbées, notamment ce qui a trait à l'adaptation locale.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. en Océanie</h4>
<p>Au moment où les Bantous terminent leur expansion (<em>époque de Ramsès Ⅲ et de la Guerre de Troie</em>),
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanuatu#Peuplement_initial" hreflang="fr">Vanuatu</a> est atteinte par l'homme.</p>
<p>D'où venait-il ? Les habitants sont un mélange génétique de Nouvelle-Guinée et d'Asie du Sud-Est (plus précisément Taïwan, suggère l'archéologie). Les premiers habitants, par contre, ne seraient pas passés par la Nouvelle-Guinée, le mélange avec les Papous est ultérieur.</p>
<p>Il faut attendre l'an 1000 de notre ère pour que la Nouvelle-Zélande et Polynésie soit conquises, jusqu'à l'Île de Pâques.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. : les Scythes</h4>
<p>Les « barbares » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scythes" hreflang="fr">scythes</a>, de langue iranienne, très anciens nomades éleveurs de chevaux des steppes de la Hongrie à la Mongolie, étaient craints des anciens Grecs. Leur origine est un mystère.</p>
<p>La réponse d'Heyer : génétiquement, ils descendraient des Shintayas des steppes d'Asie, et non de celles du Caucase, et se seraient mélangés aux nombreuses populations rencontrées. La relative homogénéité culturelle n'est pas génétique.</p>
<h4>Endogamie</h4>
<p>Heyer a participé à une longue étude génético-linguistique en Ouzbékistan (pays ethniquement très mélangé) : la proximité linguistique est corrélée à la génétique, mais ce n'est pas systématique, et des phénomènes de remplacement linguistiques sont prouvés ici ou là. Les mariages s'y font préférentiellement entre gens culturellement proches, quitte à parcourir de grandes distances, d'où divergence génétique. Le phénomène se retrouve entre castes indiennes, entre catholiques et protestants néerlandais…</p>
<p>À <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boukhara" hreflang="fr">Boukhara</a>, Heyer a constaté elle-même que les quelques familles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_de_Boukhara" hreflang="fr">juives ouzbekhs</a> sont génétiquement proches de celles du Caucase (une histoire remontant à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nabuchodonosor_II" hreflang="fr">Nabuchodonosor</a>). Ils sont aussi moins mélangés avec leurs voisins et les communautés juives proches, que ne l'ont fait les Ashkénazes d'Europe, très métissés… à moins que la tradition orale ait oublié l'arrivée récente d'un groupe important.</p>
<p>L'endogamie totale reste cependant exceptionnelle.</p>
<h4>IXè siècle : les Vikings en Islande</h4>
<p>L'Islande, isolée, avec sa généalogie millénaire, est un paradis de généticien. Les études récentes montrent que les premiers colons étaient moitié Scandinaves, moitié Gaéliques. Ces derniers ont laissé moins de descendance, car sans doute socialement inférieurs (des esclaves ?). Les chromosomes X et Y montrent que l'ascendance scandinave est surtout paternelle, mais les lignées maternelles sont écossaises. Ne pas oublier que l'Irlande était déjà en partie viking.</p>
<p>Par son isolement et sa petite taille, la petite population islandaise a subi une dérive génétique qui la rend bien identifiable.</p>
<h4>De Gengis Khan aux Maoris</h4>
<p>Selon un article de 2003, le conquérant aux nombreuses épouses serait l'ancêtre de 10 % des hommes actuels de son ancien Empire (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol" hreflang="fr">le plus grand de l'Histoire</a> avec le britannique). Plus rigoureusement, des variants génétiques sur le chromosome mâle Y, propres aux Mongols (pas forcément le Khan) remonteraient à cette époque. Ce n'est possible qu'avec un fort succès reproducteur sur plusieurs générations. Les groupes concernés sont fortement patrilinéaires, et leurs généalogies officielles ne sont pas que mythiques, mais recoupent bien la génétique. Le statut social et la capacité à avoir beaucoup d'enfants s'héritent par les pères. Les hommes ont alors tendance à partager des Y proches. Le phénomène se retrouve même dans les sociétés patrilinéaires moins strictes, comme l'Occident actuel.</p>
<p>Le phénomène se retrouve ailleurs et même, inversé, chez les Maoris, et plus généralement chez les chasseurs-cueilleurs, où l'ADN mitochondrial montre que le succès reproductif des femmes se transmet aux filles. Les raisons sociales sont nombreuses.</p>
<p>On peut donc détecter le système de parenté de civilisations par leurs gènes. Les haplogroupes peuvent être datés (comme l'a été celui de Gengis Khan). En Eurasie, la patrilinéarité aurait émergé pendant l'âge du Bronze (1000 à 2000 av. J.-C.).</p>
<p>Les études d'Heyer au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Touva" hreflang="fr">Touva</a> et en Mongolie retrouvent la patrilinéarité, mais aussi sa conséquence : les femmes ont beaucoup plus la bougeotte que les hommes. Ce phénomène concerne les ⅔ de l'humanité, mais pas toute l'espèce. Pourquoi sommes-nous le seul grand singe à varier les modes sociaux ?</p>
<h4>Les esclaves africains</h4>
<p>Il n'y a bien sûr pas d'archive de la provenance exacte des esclaves africains déportés aux Amériques. Les informations issues de l'ADN s'affinent au fur et à mesure que les bases de données s'enrichissent. Les Afro-Américains viendraient d'Afrique Centrale et de l'Ouest. Les esclaves ont retransmis quelques pour cent de gènes pygmées.</p>
<p>S'y ajoutent généralement des gènes européens, dans des proportions très variables selon les individus (y compris 95 %, puisque la règle locale veut qu'une goutte de sang noir fasse de vous un Noir...). Même des suprémacistes blancs possèdent des gènes noirs : la couleur de peau n'est pas un indicateur très fiable, et peut simplement ne pas avoir été sélectionnée.</p>
<p>Le chromosome Y (mâle) est souvent européen, alors que l'ADN mitochondrial (féminin) est généralement africain, alors que les esclaves étaient surtout des hommes ! Cela se voit aussi en Amérique du Sud (chromosome Y européen, mitochondries amérindiennes), là aussi dans des proportions très variables : les colons prenaient femme (au mieux) sur place. Chaque région d'Amérique a son histoire marquée par la disparition plus ou moins complète des Amérindiens, l'arrivée des Européens et des esclaves africains (pas partout), les taux de mélange, le degré d'isolement, les déportations, les maladies importées d'Europe ou d'Afrique…</p>
<h4>Le Québec & l'effet fondateur</h4>
<p>Comme l'Islande, le Québec est un paradis pour généticiens. La population, longtemps faible, a explosé, les mouvements de population sont documentés, et les archives généalogiques sont complètes.</p>
<p>Comme les hivers rigoureux limitent les maladies, les familles nombreuses y deviennent la norme. Les quelques milliers d'aventuriers et d'orphelines sous Louis XIV sont 70 000 un siècle après, quand la colonie devient britannique. Les colons suivants sont exclusivement britanniques et ne se mélangent pas aux francophones. L'Église catholique lance alors la « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Revanche_des_berceaux" hreflang="fr">guerre des berceaux</a> » : la natalité reste très élevée que dans les années 1960.</p>
<p>La description de l'exploitation à grande échelle des registres paroissiaux est passionnante. Une motivation : les maladies génétiques propres aux Québécois, à priori une conséquence de la consanguinité. Surprise : les populations victimes ne sont pas plus consanguines que les autres !</p>
<p>Il est parfois possible de remonter à <em>la</em> personne ayant importé la mutation au Québec au XVIIe siècle. Quelques dizaines de personnes sont ancêtres de <em>toute</em> une région, voire d'une bonne partie des Québécois francophones !
En théorie, au bout de 10 générations, un individu représente ½¹⁰ ~ 0,1 % du patrimoine de ses descendants (et en pratique, souvent absolument rien), mais ce sera beaucoup plus s'il se retrouve plusieurs fois dans l'arbre d'une personne. Les mutations portées par l'ancêtre finissent donc par avoir une grande fréquence dans la population. À l'inverse, certaines maladies génétiques de France sont absentes du Québec. C'est l'« effet fondateur ».</p>
<p>Ce n'était pas vraiment une découverte, mais Heyer a été surprise de l'ampleur de l'effet en si peu de générations pour une population devenue importante. L'effet a été amplifié par celui des « enfants utiles » : ceux qui meurent jeunes , ou partent, sont neutres quant à l'évolution d'une population donnée. Par exemple, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saguenay%E2%80%93Lac-Saint-Jean" hreflang="fr">Sagueney-Lac-Saint-Jean</a> était un front pionnier, il y avait de la place, et les enfants de familles nombreuses restaient facilement dans la région.</p>
<p>Heyer donne un autre exemple en France : une vallée du Jura possédant sa maladie génétique endémique létale. Les malades portent la même mutation, et il n'y a pas d'ancêtre commun récent (XVIIIe siècle). Il fallait expliquer une persistance aussi longue, malgré la sélection naturelle, dans une population réduite et pas isolée. La cause s'est avérée sociologique : les habitants les plus ancrés, propriétaires des terres, avaient plus d'enfants et formaient une sorte de noyau stable ; les arrivants, sans terres, avaient tendance à repartir après une ou deux générations.</p>
<h4>Généalogie génétique</h4>
<p>Après 40 générations, la plupart des Français descendent sans doute de Charlemagne : la population de l'époque est très inférieure à celle de nos ancêtres potentiels s'ils étaient tous différents. De plus, une part notable n'a pas laissé de descendance jusqu'à nos jours : des branches peuvent s'éteindre relativement rapidement, mais d'autres personnes ont de nombreux descendants. Cela se calcule, et à supposer qu'il y ait quelques migrations à longues distances de temps à autre :</p>
<blockquote><p>« En Europe, tous nos ancêtres communs ont vécu il y a a entre 1 200 et 2 000 ans environ : tout individu (…) qui a laissé au moins un descendant jusqu'à nos jours est l'ancêtre de tous les individus actuels. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Le premier ancêtre généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3 000 ans. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Il y a à peine 5 000 ans, nous avions tous les mêmes ancêtres ! »</p></blockquote>
<p>Et parmi les habitants de cette époque, 60-80 % ont encore des descendants, donc :</p>
<blockquote><p>« Si vous entriez dans un village ou une cité d'il y a 5 000 ans, la plupart des personnes que vous croiseriez seraient les ancêtres communs à toute l'humanité. »</p></blockquote>
<p>(<em>Ce qui veut quasiment dire, cher lecteur, qui que tu sois, que les pyramides ont sans doute été construites par nos ancêtres communs ; et que nous descendons tous des premiers pharaons ou de Gilgamesh, de Papous, de Pygmées, de Maoris et de Sibériens. D'un côté, j'ai du mal à croire qu'en si peu de temps des Amérindiens de 3000 av. J.-C. aient pu transmettre leurs gènes à toute l'Eurasie, vu que les contacts étaient à peu près coupés jusqu'aux grandes explorations. D' un autre côté, pour un <a href="https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5313-vikings-decouvrent-ameriques.html" hreflang="fr">Leif Erikson</a> ou une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pocahontas" hreflang="fr">Pocahontas</a> qui ont laissé une trace dans la grande Histoire, combien d'aventuriers, de nomades, de bannis, de pirates violeurs, ou d'esclaves razziés très loin de chez eux ?</em>)</p>
<p>Les tests ADN sont à la mode, surtout aux USA. Les bases de données existantes sont un problème de vie privée, car notre ADN est commun avec nos parents. Y fouiller permet de débusquer des criminels, mais aussi de révéler des secrets de famille. Quant aux tests d'origine, ils ne possèdent aucune rigueur. Or l'extrême-droite américaine a tendance à les utiliser.</p>
<p>Paradoxalement, nos ADN sont très similaires, mais les différences permettent de désigner des populations distinctes (restées dans un même endroit et se mariant avec ses proches voisins). Quant à en déduire des « races », c'est illusoire : des populations très différentes peuvent posséder un même caractère (cas des maladies génétiques) ; si un caractère est précis, il ne concerne qu'un tout petit groupe (ex : l'adaptation à l'altitude des Tibétains). La notion n'est même pas fonctionnelle en médecine, et ne recouvrirait même pas les notions historiques et sociales. Évidemment, ceux qui parlent de races en arrivent très vite à les hiérarchiser, à réduire un individu à sa race (essentialisme), à oublier tous les aspects culturels, sociaux et environnementaux, en aucun cas liés aux gènes, voire qui les déterminent. On connaît les conséquences.</p>
<p>Si un humain ne semble pas spontanément raciste, il serait volontiers ethnocentriste, et privilégie naturellement son groupe, même non apparenté, tout en étant assez ouvert à l'étranger. L'essentialisme en fait un raciste.</p>
<h4>Les migrants</h4>
<p>250 millions de migrants en 2015, dit l'ONU. La plupart migrent à des distances très variables, généralement entre pays du Sud, et ce ne sont pas forcément les plus pauvres qui migrent, et pas forcément vers des États en dépression démographique. Aujourd'hui encore, 95 % des gens restent dans leur pays de naissance.</p>
<p>Dans le passé, les migrants ont toujours fini par se mélanger aux occupants précédents, à quelques quasi-génocides près (États-Unis). Le « taux de mélange » est très élevé dans nos sociétés, et quasi-total en 3 générations. En France, le mélange est la norme, mais il est beaucoup plus lent aux États-Unis. Au sein d'une même région du monde, l'endogamie est très variable, variant parfois d'une famille à l'autre. Si les femmes bougent plus (patriarcat oblige), les hommes qui quittent leur village vont plus loin. Un Californien aux yeux bleus bridés et à la peau sombre conclut le chapitre : l'allongement des distances va conduire à des brassages plus variés et des phénotypes nouveaux.</p>
<h4>Nos descendants</h4>
<p>La sélection naturelle ne nous changera pas en quelques siècles (<em>modulo cataclysme</em>). Le petit doigt de pied est inutile, il pourrait disparaître sans souci (comme nos queues autrefois), mais il faut une mutation, qui ne se diffusera que très lentement puisqu'il n'y a aucune pression de sélection dessus.</p>
<p>Si sélection il y a encore, elle est soit liée aux polluants (impact sur la fertilité de certains hommes, par exemple), et dans ce cas sans doute peu durable, ou variable ; soit à la sélection sexuelle, lors du choix du conjoint, les exemples étant des caractères visibles, en premier lieu la taille. L'exemple est développé : la taille est fortement héréditaire, mais son augmentation rapide au XXè siècle montre que le milieu a aussi un rôle majeur. Un plafond (génétique) semble atteint dans certains pays (Suède), d'autres populations grandissent ailleurs sans pouvoir espérer grandir autant. Par contre, la diversité génétique semble favoriser les plus grandes tailles, les divers mélanges génétiques vont donc jouer un rôle. (Surtout que nous serions inconsciemment plus attirés par des gens au système HLA différent du nôtre ! (<em>donc sans que l'apparence physique joue un rôle</em>))</p>
<p>Pour compliquer les choses, il y a l'épigénétique, c'est-à-dire l'expression des gènes (version amoindrie de l'hérédité des caractères acquis). Typiquement, une disette peut avoir un impact sur les quelques générations suivantes, pas plus loin. À l'inverse, l'augmentation de la taille peut bénéficier de cet effet, dans le bon sens.</p>
<p>La population humaine est gigantesque, et un caractère se propage lentement, et son environnement varie beaucoup plus vite que la sélection naturelle : impossible de savoir comment nous évoluerons — jusqu'à ce que nous isolions une petite population sur une planète. (<em>D'ailleurs, tous les films de science-fiction non immédiate me semblent faux à cause de cela : la population de Mars ou Cérès, après quelques générations, sera aussi diverse que l'équipage de Star Trek, mais ne ressemblera à aucun phénotype actuel.</em>)</p>
<h4>L'espérance de vie</h4>
<p>Quant à l'espérance de vie, son envolée en deux siècles tient à la réduction de la mortalité infantile et une meilleure hygiène de vie. Elle plafonne voire recule dans certains pays pour des raisons sociales (sida en Afrique, vodka en Russie, obésité aux États-Unis…). Une augmentation tiendrait à présent à la prolongation de la vie des personnes âgées (marginalement) ou simplement… l'amélioration de l'intégration sociale des moins favorisés ! Il ne semble pas y avoir de gène des centenaires. L'espérance de vie en bonne santé est une autre voie où progresser encore, mais le calcul est très délicat.</p>
<h4>Transition démographique</h4>
<p>(<em>On m'en parlait déjà au collège, je trouve fascinant de la voir se réaliser.</em>) L'augmentation de la population tient au délai entre diminution de la mortalité et diminution de la natalité (plus court en France qu'en Angleterre, d'où des augmentations de population différentes au XIXè siècle). L'Amérique latine, l'Iran… sont en train de terminer leur transition démographique. L'Afrique est très hétérogène sur ce point. Les pays industrialisés sont souvent tombés à 1 enfant/femme (Japon, Allemagne, Pologne…).</p>
<p>Parallèlement l'espérance de vie grimpe, la population mondiale continue de grimper. Le pic serait entre 9 et 11 milliards entre 2050 et 2100… si la transition se réalise partout. Après les révolutions néolithique et industrielle, quel sera l'impact d'une transition écologique ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-odyss%C3%A9e-des-g%C3%A8nes-d-%C3%89velyne-Heyer#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/859« La chute du Japon » de William Craigurn:md5:1477cf6bde729463b434ee59a1c292032020-09-27T21:21:00+02:002020-09-27T21:21:00+02:00ChristopheHistoireabominationAmériqueapocalypseautodestructionbombe atomiquebon senscataclysmecatastrophechaosChinecivilisationdécadencedéshumanisationEmpire soviétiquegigantismeGuerre FroidegéopolitiquehainehistoirehiérarchieimpérialismeLibérationmortnationalismeoh le beau cas !ouverture d’espritperspectiveracléescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeÉtats-Unis<p>Loin de l'histoire militaire pleine de bruits, il y a la petite grande histoire, celle qui se déroule dans des réunions feutrées, ou dans des consciences déchirées entre devoirs, intérêts, peurs et réalisme. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Nagasaki_nuage_1945-Charles_Levy-domaine_public-via_Wikipedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> C'est plutôt celle-là que William Craig choisit de décrire. En 1967, ce livre rapportait les souvenirs des survivants des dirigeants de l'Empire japonais pendant les jours les plus terribles de son histoire. Si quelques pages décrivent les événements militaires de la toute fin de la guerre ou s'étendent sur la mission qui a failli ne pas lâcher la deuxième bombe atomique sur Nagasaki, l'essentiel tourne autour des discussions, tergiversations et affrontements des divers dirigeants japonais.</p> <p>Les ministres, amiraux, officiers... sont évidemment nombreux, et l'Occidental moyen qui les découvre tous ensemble aura du mal à suivre. Heureusement, les photos aident un peu à mémoriser.</p>
<p>Le jeu se déroule essentiellement entre quelques membres du gouvernement, le conseil des anciens Premiers Ministres, et le Conseil suprême, donc beaucoup de militaires et quelques politiques : très peu de personnes au final. Leur poids est écrasant. On est à l'été 1945, Okinawa est tombé, les grandes villes sont rasées sous les bombes incendiaires, et même les plus fanatiques ne croient plus à la victoire. La seule discussion porte sur les termes d'un arrêt des hostilités. Notamment : le maintien de l'Empereur, la non-occupation du Japon, le refus de faire juger des criminels de guerre par l'extérieur.</p>
<p>Dans ce cadre, le dernier ultimatum allié, la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Potsdam_Declaration" hreflang="en">déclaration de Potsdam</a>, demandant une reddition sans conditions sous peine d'anéantissement, est inacceptable. L'espoir des jusqu'au-boutistes : une résistance opiniâtre et des pertes terribles amenant les Américains à plus de concessions. Les Japonais avaient d'ailleurs prévu correctement le plan d'invasion américain par le sud de l'archipel. (<em>On sait que les prévisions de pertes américaines pour l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall" hreflang="fr">invasion de l'archipel</a> se chiffraient en millions. Cela n'effrayait apparemment pas les planificateurs du Pentagone.</em>). Un passage surréaliste : un maréchal revenant d'Hiroshima annonce que la bombe A n'est pas aussi destructrice, des abris souterrains pourraient résister.</p>
<p>Mais d'autres facteurs pèsent : d'abord, les bombes atomiques.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia.png" title="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Atomic_bomb_1945_mission_map-fr-by_Skimel-CC_BY_SA-Wikimedia_m.png" alt="Bombardements atomiques1945, Skimel, CC_BY_SA via Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Craig consacre beaucoup de pages à décrire le lancement du projet, l'entraînement des pilotes pour cette délicate mission, le choix des cibles... Étonnamment, il passe vite sur Hiroshima (6 août), dont l'attaque se déroule comme à l'exercice, pour se concentrer sur Nagasaki (9 août). Contrairement aux bombes A précédentes à l'uranium, il s'agit là d'une bombe au plutonium, donc non encore testée. La mission fut un cauchemar : problème de carburant dès le départ ; difficulté de rendez-vous avec les avions d'observation ; conditions mauvaises au-dessus de la cible, Kokura ; changement d'objectif ; carburant trop limité pour un deuxième passage et mauvaises conditions, toujours. Il fallait que le bombe tombe juste pour avoir un impact majeur. Mais il y eut une trouée, et Nagasaki disparut. Le bombardier se posa de justesse à Okinawa. La description du sort des habitants de Nagasaki dans les jours suivants est dantesque. Certains victimes étaient des soldats alliés prisonniers. D'autres bombes atomiques étaient en cours d'assemblage.</p>
<p>Depuis plusieurs mois, des vagues de B-29, basés près du Japon, tapissent de bombes les villes japonaises. Même sans bombe atomique, l'industrie japonaise est déjà en train de disparaître. La société, dans des villes rasées où tout manque, se délite.</p>
<p>Les tentatives d'ouverture de divers diplomates dans plusieurs chancelleries pour entamer des négociations de paix échouent pathétiquement. Il est effarant de voir à quel point les deux belligérants possèdent peu de moyens pour communiquer l'un avec l'autre, et combien sont rares les gens bilingues. La déclaration de Potsdam, discutée en interne, reste d'abord sans réponse — ce qui est interprété comme un rejet par les Américains.</p>
<p>Le coup de bambou est sans doute soviétique : les Japonais comptaient sur la neutralité de Staline, voire son intermédiation. Mais celui-ci tient la promesse faite à Roosevelt : l'URSS envahit la Mandchourie au moment où tombe la bombe de Nagasaki, et en un temps record.</p>
<p>Le 10 août, après d'âpres discussions dans un abri antiaérien sous le palais impérial, aucun consensus entre les dirigeants n'est obtenu. Le vieux Premier ministre <a href="ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Kantar%C5%8D_Suzuki">Suzuki</a> pousse, contre toute tradition, l'Empereur à intervenir. Hirohito tranche et décide d'accepter la déclaration de Postsdam. Les irréductibles ne peuvent s'y opposer, mais sauvent la face, puisqu'il faut obéir à l'Empereur.</p>
<p>Les Alliés sont contactés via la Suisse et la Suède. L'acceptation par le Japon ajoute la réserve que les prérogatives du souverain régnant seront préservées. Truman et ses conseillers discutent de cette entorse à la « capitulation sans conditions » exigées. Le pragmatisme l'emporte : l'Empereur sera un moyen de faire pression sur les derniers extrémistes dispersés dans les possessions japonaises ; il faut tenter de libérer les prisonniers de guerre le plus vite possible ; plus la guerre durerait, plus l'influence soviétique grandirait. Il faut aussi consulter les Alliés. Les Soviétiques tentent en vain un bluff pour avoir une part du commandement du Japon occupé.</p>
<p>La réponse américaine annonce que toute l'administration japonaise sera subordonnée au commandant suprême allié pour mettre en œuvre les conditions de la capitulation, que le peuple japonais choisira lui-même la forme de son futur gouvernement, et que le Japon sera occupé jusque là. Ce la ne calme pas les partisans de la guerre à outrance, surtout que les Russes et les Chinois veulent explicitement la tête de l'Empereur. Faut-il accepter cette note ? Là encore, il faut que Hirohito tranche à nouveau, le 14 août, pour que l'acceptation soit envoyée aux Américains.</p>
<p>Pendant ces quelques jours, la situation reste floue. Nagasaki brûle toujours. Les extrémistes continuent de lancer aux troupes des appels à la résistance à la radio. Les Japonais annoncent la fin de leurs offensives. Les Américains suspendent leurs bombardements dès le 10 août, se contentant de lâcher des tracts. Le temps passant, quelques bombardiers repartent à l'attaque juste avant le cessez-le-feu définitif.</p>
<p>Au-dessus des responsables japonais planent depuis des décennies les menaces de coup d'État militaire et d'assassinat par des officiers fanatiques. (Ce fut le cas, entre autres, lors de l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_japonaise_de_la_Mandchourie" hreflang="fr">invasion de la Mandchourie en 1931</a>). À ce moment encore, certains généraux sont ouvertement poussés au putsch par leurs officiers. Ce n'est pas une révolte contre l'Empereur, celui-ci est juste est mal conseillé. Les extrémistes voient notamment le général <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Korechika_Anami" hreflang="fr">Anami</a>, hostile à une capitulation sans conditions, mener un coup d'État. Mais Anamu se plie à la décision finale d'Hirohito, refuse de se révolter, et se suicide comme tant d'autres. Plusieurs autres renoncent, parce qu'ils savent que le coup d'État est voué à l'échec. Le cas de l'ancien Premier Ministre <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hiranuma_Kiichir%C5%8D" hreflang="en">Hiranuma</a> surprend : partisan de la paix, il change d'avis quand il voit que la personne de l'Empereur n'est pas garantie.</p>
<p>Les derniers extrémistes ne se suicident pas tous. Un dernier groupe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Incident_de_Ky%C5%ABj%C5%8D">va jusqu'au bout</a> et, le 14 août, attaque le Palais impérial. Le disque où Hirohito a enregistré son adresse au peuple n'est pas retrouvé. Le Premier ministre Suzuki manque d'être assassiné. L'essentiel de l'armée ne suit pas. Le putsch échoue, les derniers insurgés se suicident. Le discours d'Hirohito est diffusé le 15 août. Certains Japonais ont du mal à comprendre le message, puis à y croire.</p>
<p>La capitulation se diffuse difficilement. Les combats continuent quelques jours aux Philippines. Quand elle parvient, les réactions sont parfois violentes. Des prisonniers de guerre sont exécutés. Des kamikazes décollent, dont plus personne n'entend parler. Par la suite, il faut encore calmer quelques excités.</p>
<p>Suivent les détails techniques, parfois triviaux, comme l'échange de fréquences radio pour communiquer. Les Japonais envoient les ordres d'arrêt des hostilités à toutes leur troupes, demandent des sauf-conduits pour les officiers et membres de la famille impérial envoyés les confirmer. MacArthur demande l'envoi à Manille d'officiers pour planifier l'occupation. Au moins le transfert d'autorité devait-il se faire dans l'ordre : la mission japonaise s'envole dans le secret et la peur des kamikazes, et arrive le 20 août. L'ambiance, d'abord lourde, se détend un peu. La délégation japonaise apprend le plan américain, qui prévoit des débarquements dès les jours suivants (!). Elle réclame du temps pour mettre au pas les derniers fanatiques, nombreux dans les bases aériennes... et obtient le retrait d'un tableau prévoyant un nombre de femmes de chambres au service d'officiers supérieur ! Au retour, l'avion de la délégation doit amerrir !</p>
<p>Entre les chapitres s'intercalent des passages sur les opérations en vue de la libération des prisonniers. Craignant à juste titre des représailles sur les prisonniers de la part de Japonais désespérés, certains commandos américains, parachutistes et OSS, se positionnent en urgence, prêts à bondir vers les camps de prisonniers à l'annonce de l'arrêt des hostilités. Des difficultés avec les militants communistes sont prévues, et il y a des accrochages : la guerre civile va reprendre en Chine. À ces endroits, les premiers contacts entre Américains et Japonais après l'annonce de la capitulation sont très tendus, mais globalement la libération des prisonniers se déroule sans trop de problèmes.</p>
<p>Très tendu aussi le premier débarquement de soldats américains au Japon, le 28 août, sur une base aérienne auparavant dédiée aux envols des kamikazes. Les Américains arrivent plus tôt que prévu, même retardés de deux jours par la météo. Si l'ambiance reste fraîche, tout se déroule cependant avec un minimum de bonne volonté réciproque, et la première base américaine commence à voir déferler des milliers de soldats vainqueurs, dont MacArthur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.USS_Missouri-domaine_public-via_Wikimedia_s.jpg" alt="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="USS Missouri, domaine public, par Wikimedia" /></a>La brève cérémonie signature officielle de la capitulation, en présence de tous les représentants galonnés des nations vainqueurs, n'a lieu sur le <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/USS_Missouri_(BB-63)" hreflang="en">Missouri</a></em> que le 2 septembre. Le choix du bateau tient dans la rivalité MacArthur/Nimitz, ou plutôt Army/Navy : MacArthur étant signataire, le lieu doit être un navire, et est disponible celui du nom de l'État de Truman. Les Américains débarquent alors à Tokyo, et les emprisonnements de responsables suspects de crimes commencent. Au fur et à mesure que les nouveaux maîtres s'installent, les principaux problèmes sont plutôt des chocs culturels, ou des problèmes de disciplines récurrents dans une armée d'occupation, que les deux camps veulent éviter au maximum.</p>
<p>Le livre raconte aussi l'histoire de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Marcus_McDilda" hreflang="en">Marcus McDilda</a>, pilote de chasse prisonnier : aux Japonais qui croient qu'il savait des choses sur la bombe atomique, il donne une théorie et des chiffres fantaisistes — qui ont peut-être fait peur en haut lieu. Et celle du major <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Mayhew_Wainwright_IV" hreflang="fr">Wainwright</a>, ancien second de MacArthur, prisonnier depuis la prise de Manille en 1942, et retrouvé à temps pour être présent, squelettique, à la signature de la capitulation. Ou du drame de l'Indianapolis, coulé après avoir livré la bombe A, dont l'équipage naufragé est décimé par les requins <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>Une question que je me pose : Craig s'est basé sur les souvenirs des dignitaires japonais survivants et des témoins, mais pas de l'Empereur. Celui-ci apparaît de manière très furtive. Son rôle dans le fonctionnement de l'Empire japonais est totalement minimisé. Cela colle avec la théorie plus ou moins officielle, après guerre, d'un Empereur traditionnellement sans rôle politique, impuissant face à la caste militaire toute-puissante, théorie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hirohito#Question_de_la_responsabilit%C3%A9_personnelle_de_l'empereur">remise en cause depuis</a>. On l'a vu, les généraux en faisaient à leur tête ; mais Hirohito se serait laissé pour le moins laissé convaincre, et aurait approuvé la politique d'agression japonaise. Vue la manière extrêmement cérémoniale dont Hirohito communiquait avec ses ministres, on se demande même quelle pouvait être sa vision du monde.</em></p>
<p>Titre original : <em>The Fall of Japan</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le récit d'un survivant est une des pires scènes des </em>Dents de la me'r' de Spielberg.''</p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-chute-du-Japon-de-William-Craig#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/858« La sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles » de Rodolphe Reussurn:md5:d3f64b897ed1308aa11679268733709f2020-08-23T21:20:00+02:002021-01-11T12:48:41+01:00ChristopheHistoireabominationAlsaceautodestructionchristianismecynismeDieudéshumanisationguerre saintehainehistoireincohérencejusticelivres luslégendes urbainesmèmeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparadoxeparanoïapeine de mortperspectivepessimismepsychologiereligionRenaissancethéologietotalitarisme<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/La%20Sorcellerie%20en%20Alsace%20aux%2016%C3%A8%20et%2017%C3%A8%20si%C3%A8cles%20-%20Rodolphe%20Reuss.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.La Sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles - Rodolphe Reuss_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Petite analyse des procès en sorcellerie, en une époque que l'on croyait déjà civilisée. La grande époque des bûchers de sorcières, ce n'est pas l'obscur Moyen Âge, mais les siècles suivants. Et le nombre de femmes (surtout) torturées, étranglées, brûlées, pour une aussi petite région que l'Alsace, fait froid dans le dos.</p> <p>(<em>Comme d'habitude, le texte vise à résumer, et l'italique indique une remarque de ma part.</em>)</p>
<p>Il y a parfois de bonnes surprises dans les dépôts de livres en accès libre que l'on trouve à présent un peu partout. Il s'agit ici de la réédition de 1987 (il y en a <a href="https://editionsdegorce.ecwid.com/La-Sorcellerie-au-XVIe-et-au-XVIIe-si%C3%A8cle-particuli%C3%A8rement-en-Alsace-p88163721" hreflang="fr">une de 2017</a>) de l'ouvrage de 1871 d'un des anciens responsables de la Bibliothèque de Strasbourg. Rodolphe Reuss a passé en revue et résumé des dizaines de procès en sorcellerie sur deux siècles.</p>
<h3>Les sorcières</h3>
<p>Les « sorciers » et « sorcières » sont de toutes les couches sociales, mêmes les plus élevées, et de la campagne comme de la ville. Les femmes sont surreprésentées : elles sont censées être moins intelligentes, moins capables de se défendre, et donc plus faciles à séduire par Satan, qui d'ailleurs est un être au-delà du lubrique. Les enfants ne sont pas épargnés.</p>
<p>Satan est censé frapper à un moment de faiblesse, pour une raison ou une autre : il donne, protège, offre des pouvoirs. Il s'agit de devenir plus riche, se venger, tuer des animaux, ou beaucoup d'enfants — il fallait bien une explication aux nombreux décès en bas âge. Bizarrement, aucun de ces pouvoirs n'est dangereux à grande échelle, et il se retourne parfois contre la personne ou les biens de la sorcière. Les réunions avec Satan, les sabbats, les différentes formes de Satan, les noces diaboliques, du dernier degré de dépravation... tout cela figure dans les minutes des procès avec moults & glauques détails, menus des noces et composition des breuvages inclus.</p>
<h3>Les procès</h3>
<p>L'Église catholique n'est pas seule coupable de chasse aux sorcières ; l'Alsace était d'ailleurs en bonne partie protestante à cette période. D'ailleurs les inquisiteurs n'étaient plus aux commandes, et chaque ville avait son tribunal dédié aux maléfices, rempli de gens sans formation, que Reuss décrit comme incultes et bornés. Il n'y avait presque jamais d'avocat, cela ralentissait trop le procès, et il ne faisait de toute façon pas bon protéger un accusé de sorcellerie : c'était un bon moyen de se voir suspecté soi-même. Se défendre trop bien est également l'indice d'une possession satanique. Par contre, il est évident que Dieu protège les juges !</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Femme_accus%C3%A9e_de_sorcellerie-%C3%89mile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="Femme accusée de sorcellerie (Émile Deschamps, domaine public, via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Femme_accusée_de_sorcellerie-Émile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Au début d'un procès, il y a bien sûr dénonciation, pour une broutille souvent (tout le monde se surveille, dans des petites villes), souvent par calomnie, ou dénonciation anonyme, mais parfois à cause de l'aveu d'un(e) accusé(e) de sorcellerie. Le juge agit à charge, appelle des témoins qui n'ont pas à prouver ce qu'ils avancent, cherche des traces du Malin, et, bien sûr, fait grand usage de la torture. Il y avait une grande variété de supplices, et plusieurs degrés, dont même le premier fait dresser les cheveux sur la tête. La recherche de signes « objectifs » de possession (marques diverses, dont celle d'une partie insensible du corps) relevait aussi de la torture. Évidemment, l'accusé(e) avouait au final tout et n'importe quoi, quand il ne décédait pas sur le chevalet. Les incohérences et contradictions dans les confessions n'étaient pas un problème.</p>
<p>Le ou la coupable quittant généralement ce monde, ses biens étaient confisqués, servant entre autres à payer le procès, les juges, rémunérer les accusateurs ! — la question des dénonciations calomnieuses est donc ouverte, et enfin remplir les caisses de la commune. Quand les juges étaient miséricordieux, que la sorcière se repentait, il y avait décapitation ou étranglement avant le bûcher. Si, quasiment par miracle, l'accusé était déclaré innocent (cela arrivait !), on l'exilait quand même.</p>
<p>(<em>Cette hystérie collective se retrouve dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorci%C3%A8res_de_Salem" hreflang="fr">sorcières de Salem</a>. Au moins les Américains ont-ils alors tiré une morale de l'histoire. Un exemple effroyable, alsacien, vers 1617-1630 est la <a href="https://journals.openedition.org/alsace/1036" hreflang="fr">série de procès à Molsheim</a>, où 76 « sorciers » ont été brûlés… dont 30 enfants !</em></p>
<p><em>Il ne faut pas se moquer de ces gens si superstitieux. À l'époque moderne, sans Satan, le phénomène du coupable par association sans défense possible frappe aussi : Terreur en France, terreur stalinienne... Certaines hystéries médiatiques ou sur les réseaux sociaux sont moins graves, mais de la même logique.)</em></p>
<p>Le nombre de victimes est effarant : on parle de bûchers chaque année, ou presque, pendant des décennies, avec parfois de véritables flambées . Sélestat : 91 sorcières brûlées de 1629 à 1642 ; Rouffach : 37 personnes en 8 ans à Rouffach avant 1596 ; et 5000 dans l'évêché de Strasbourg entre 1615 et 1635 ! Le XVIIè siècle fut pire que le XVIè à cause de la Guerre de Trente Ans. Il y eut encore quelques cas de procès dans les premières décennies du XIXè siècle ! Pour Reuss, les bûchers n'ont reculé que grâce aux philosophes des Lumières. Et le combat contre ignorance et superstition n'est pas fini, déplore Reuss en 1871.</p>
<h3>Pourquoi</h3>
<p>Rodolphe Reuss cherche des explications à un tel délire et à tant de victimes. L'acharnement des juges à poursuivre la torture jusqu'à des aveux complets, et la suggestion des réponses à l'accusé, la duplicité des interrogatoires, la perspective d'être damné si l'on n'avouait pas… n'expliquent pas tout.</p>
<p>Un point important : dans un monde ignorant et superstitieux, <em>tout le monde</em> croyait au Diable autant qu'à Dieu, et était réellement terrorisé par le concept, les juges — sincères — comme les accusés. Avec suffisamment de pression, ces derniers pouvaient mettre eux-mêmes sur le compte d'influences sataniques certaines de leurs mauvais pensées ou rêves. Certains étaient évidemment des malades mentaux à un degré ou un autre.</p>
<p>Une autre explication levée par l'auteur est la disponibilité de substances plus ou moins hallucinogènes. Vue la rudesse du temps, la consommation ne devait pas être anecdotique chez certains (Reuss la compare à l'ivrognerie de son temps et le besoin d'oubli de la réalité). Les consommateurs auraient projeté dans leurs délires confus leurs croyances et les on-dits, et sincèrement cru rencontrer le démon, avant ou après la suggestion des juges. Les aveux étaient donc parfois <em>sincères</em> ! Cela expliquerait aussi leur monotonie.</p>
<p>Enfin, certains procès auraient plutôt dû relever du droit commun : empoisonnement (mais toute science était à l'époque ramenée à la magie), simple charlatanisme, ou affaires de mœurs divers, dont l'accusé comme la société préfère se dédouaner sur Satan. Enfin, les accusations de sorcellerie permettent de s'attaquer aux hérétiques ou aux membres d'une religion concurrente (clergé compris).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic.jpg" title="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic_s.jpg" alt="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a> Rodolphe Reuss est manifestement consterné par la crédulité et les préjugés des gens de cette époque. Il parle du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malleus_Maleficarum" hreflang="fr">Marteau des Sorcières</a></em> comme d'un « monument prodigieux de la bêtise humaine ». Il sait bien que son lecteur du XIXè siècle ne croit plus à la sorcellerie, mais il sait que certains sont sceptiques sur l'ampleur ahurissante du phénomène. On sourit et on le sent gêné, quand certains passages des sévices subis sont trop obscènes pour être racontés « même en latin ».</p>
<p>On retrouve dans les pages quelques blessures personnelles de l'auteur. Plus d'une fois, il se plaint que certains documents ont été détruits par les « obus prussiens » en plein pendant la rédaction du livre : sa chère bibliothèque strasbourgeoise a été incendiée lors du très dur <a href="https://www.lalsace.fr/magazine-tourisme-et-patrimoine/2020/07/12/le-siege-de-strasbourg-en-1870-une-catastrophe-aussi-pour-le-genealogiste" hreflang="fr">siège de Strasbourg</a>. Il a ensuite dû quitter l'Alsace annexée. Il la verra à nouveau française — mais ses trois fils auront laissé la vie dans la Grande Guerre.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/857« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856« Ravage » de Barjavelurn:md5:145f601f59d23413fcf25318a57c57a52017-01-22T22:19:00+01:002017-03-04T22:00:32+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationanalogieapocalypseauto-organisationautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcouragedéshumanisationexaptationlivres luslyrismenaturenostalgieperspectivepessimismesciencescience-fictionSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeutopieécologieénergieévolution <p>Dans la SF française, qui ne s’appelait pas encore comme cela en 1942, c’est un classique et la première œuvre d’un de nos plus grands auteurs. Mais noyés dans les odeurs de cendres surnagent quelques relents un peu nauséabonds. C’est une des difficultés des anciens livres : discerner ce qui vient de l’air de son temps, ce qui est deuxième degré, et ce qui est vrai choix de l’auteur.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Barjavel_Ravage.jpg" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin "><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Barjavel_Ravage_m.jpg" alt="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ravage - Barjavel, ed. Folio, illustration Constantin" /></a> Dans le Paris de 2052, tel qu’imaginé juste avant-guerre, l’électricité disparaît inexplicablement. Pendant que la civilisation s’écroule puis que le monde flambe, le jeune François sauve sa jeune, innocente, belle et naïve Blanche, puis monte une expédition pour rejoindre la région rurale isolée où ils ont grandi.</p>
<p>Comme dans toute anticipation dont la date est dépassée ou proche, certaines pages font sourire. La nourriture ne provient que de la synthèse chimique, personne ne sait plus à quoi ressemble un poulet, mais les ouvriers meurent toujours à 50 ans à cause de la dureté de l’usine. Le « plastec » omniprésent n’est pas si loin de la réalité actuelle, et les trains à haute vitesse sillonnent l’Eurasie, mais les avions ne semblent pas voler plus loin qu’en 1939. Le téléphone est en 3D mais il faut toujours se déplacer dans la pièce où il sonne. Les mœurs nous sembleront surannées : Blanche suit une école pour futures « mères d’élite » et elle obéit sans mot dire à son homme. Il est facile de se moquer après coup, je pense que mes éventuelles prédictions pour 2117 feraient rire mes descendants (voire moi-même ?).</p>
<p>La partie la plus intéressante reste la description de la société qui s’effondre, du chaos et des méthodes de survie. On a sans doute fait mieux dans le domaine depuis 1942, mais le passage des individus policés aux bandes barbares reste convaincant : un sage a bien dit que la différence entre la civilisation et la barbarie n’était que de quelques repas, et je le crois volontiers.</p>
<p>Par certains côtés <em>Ravage</em> m’a rappelé <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malevil">Malevil</a></em> de Robert Merle : destruction totale, barbarie des survivants, héros reconstituant une bande.</p>
<p>Tout cela a d’ailleurs un avant-goût assez inquiétant : combien de temps durerait notre civilisation si l’électricité, pour une raison ou une autre, disparaissait pour longtemps à une échelle continentale ? Sommes-nous certains d’être à l’abri du danger ? Saurions-nous rester assez disciplinés et éviter le chaos ? Barjavel a peut-être été inspiré en partie par l’Exode, tout proche.</p>
<p>Le personnage de François fait froid dans le dos par son adaptation froide à la barbarie de la situation. C’est l’« homme providentiel » par excellence, le guide-né sans lequel les autres ne sont que moutons stupides, et contesté par personne. C’est par lui que l’on retrouve peut-être le pétainisme à la mode en 1942. Barjavel a certes travaillé pour Denoël qui était collaborationniste et publié chez lui, mais il y travaillait avant guerre ; et si <em>Ravage</em> cadrait dans la philosophie de Vichy, le reste de l’œuvre de Barjavel n’a rien à voir. On peut ne voir dans <em>Ravage</em> que méfiance envers un progrès incontrôlé et regret de la France rurale, comme encore parfois aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire que l’on souhaite la destruction de la société moderne. Doit-on voir dans le chapitre final une apologie du bonheur par l’obscurantisme, ou un avertissement ? C’est sur cette grosse ambiguïté que se finit le livre. Même si le futur de cette société, entrevu dans le <em>Voyageur imprudent</em> paru peu après, ne fait pas rêver.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Ravage-de-Barjavel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/836« La Forteresse perdue » (de Nathalie Henneberg)urn:md5:4af00f3d6615e89c031f7fac516482422016-09-17T12:00:00+02:002019-02-02T11:26:45+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypseconquête de l’inutileconquête spatialecoup basdommageextraterrestresgaspillageguerrelivres luslyrismemémoireperspectiveprise de têtepsychologiescience-fictionSeconde Guerre Mondialespace operasurréalismeunivers <p>Ma période <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nathalie-Henneberg">Nathalie Henneberg</a> n’est pas terminée, il me reste quelques livres issus des étagères remplies par mon père dans les années soixante.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/N_Henneberg_La_forteresse_perdue.jpg" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.N_Henneberg_La_forteresse_perdue_s.jpg" alt="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La forteresse perdue, Nathalie Henneberg, Le Rayon fantastique, 1962" /></a>La Terre de 2300, en pleines convulsions, envoie sa Légion Spatiale de « volontaires pour mourir ». Un navire échoue sur une planète maudite et stérile où de sombres forces maléfiques immatérielles manipule la faune et la population locales, pousse des humains à la trahison, pour se saisir de ces astronautes perdus — avec la Terre en ligne de mire.</p>
<p><em>La Forteresse perdue</em> ne restera pas pour moi son meilleur ouvrage. Trop de thèmes déjà lus dans la <em>Rosée du soleil</em> ou le <em>Mur de la lumière</em> reviennent. Le couple des Amants-Parfaits-qui-se-sont-toujours-connus perturbé par un génie-tourmenté-presque tout-puissant, évidemment amoureux de la belle-pas-indifférente-car-ils-se-sont-connus-dans-un-autre-temps-mais-qui-le-repousse a déjà été utilisé dans le <em>Mur de la lumière</em>. La force occulte et la trahison dudit savant annoncent le prince Valeran de la <em>Plaie</em>. Autre rengaine : les mutants, positifs ou négatifs, qui modifient l’univers autour d’eux sans le vouloir ni même le savoir. Au moins n’a-t-on pas cette fois de mère folle prête à vendre sa fille, l’héroïne est orpheline.</p>
<p>Le style d’Henneberg reste matière de goût, un rien confus et flamboyant, instable mélange de lyrisme slave et de rationalité française. Et on ne goûte pas forcément l’utilisation systématique de ces personnages-archétypes.</p>
<p>Un intérêt quand même : le parallèle avec la vie de l’autrice et certains faits oubliés de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Impossible de ne pas retrouver Nathalie Henneberg et son mari, sous-officier de la Légion Étrangère d’origine allemande, basé en Syrie avant-guerre, dans le couple d’Alix & Arnold de Held (<em>Held</em> = héros en allemand). Les résurgences entre époques abondent chez Nathalie Henneberg.</p>
<p>Le couple était également aux premières loges pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Syrie_(1941)">campagne de Syrie de juin 1941</a>, quand Britanniques et Français libres envahirent le territoire tenu par Vichy pour couper les voies de communication de l’Axe : des Français, dont des légionnaires, étaient dans les deux camps, et il y eut des morts. Dans quels camps de 1941 se transposent les légionnaires et les androïdes du livre ? La transposition est vaine mais la Légion de 2300 se bat inutilement pour l’honneur plus que pour d’autre cause, comme celle de 1941 par bien des côtés.</p>
<p>Bref, la <em>Forteresse perdue</em> est un ouvrage peut-être un peu superflu pour qui n’est pas un inconditionnel d’Henneberg, mais il m’a donné envie de lire les autres autour de cette histoire syrienne vécue réellement de près (notamment <em><a href="http://sombres-rets.fr/hecate-nathalie-henneberg" hreflang="fr" title="Hécate, éditions Sombres Rets">Hécate</a></em>).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-forteresse-perdue-de-Nathalie-Henneberg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/828« Guerres & Histoire » n° 32 d’août 2016 : l’armée invincible d’Alexandre le Grandurn:md5:effea9c5e805582f883f07253649f26b2016-09-13T00:00:00+02:002020-02-08T18:02:38+01:00ChristopheHistoireAntiquitébon sensEmpire romainguerrehistoireimpérialismenationalismeoptimisationperspectiveraclée<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerresEtHistoire_32.jpg" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) "> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerresEtHistoire_32_s.jpg" alt="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " /> </a> C’est le dossier principal de ce numéro. J’ai traité les autres thèmes dans le billet précédent. <em>Commentaires perso en italique.</em></p>
<p>D’un pays quasiment barbare, il a fait la première puissance mondiale de son époque : d’où vient le succès d’Alexandre le Grand ? Notes :</p> <h3>La Macédoine</h3>
<p>La Macédoine, à la limite de la culture grecque mais sous-développée, possédait d’<strong>abondantes ressources naturelles</strong> (dont des pâturages pour les chevaux)... et <strong>humaines</strong>.</p>
<p>L’armée macédonienne était celle d’un <strong>peuple en armes</strong>, sans mercenaires, manifestement avec aussi des professionnels, avec une bonne cavalerie noble. Plus tard, Alexandre utilise le nationalisme grec pour les unir contre les Perses (et châtie les mercenaires grecs rencontrés en face).</p>
<h3>Philippe</h3>
<p><strong>Philippe</strong>, le père d’Alexandre et véritable fondateur de la puissance macédonienne, s’inspire des <strong>phalanges de hoplites grecs</strong> (de lents rouleaux compresseurs) et améliore le système. Il essaie de refuser les grandes batailles, évite les longs sièges, préfère la « petite guerre » à base de petits combats et de surprise. Profitant des éternelles guerres entre cités grecques il soumet tout le monde. Déjà il vise la Perse.</p>
<p>Alexandre, formé par son père, sait faire fructifier l’héritage de son père et commence par mater les rébellions. Il hérite aussi de bons officiers.</p>
<p>Techniquement, <strong>la « phalange du pauvre » de Philippe</strong> vise à reprendre le principe des <strong>rangs serrés</strong> (jusque là invincibles face à la cavalerie) mais en <strong>allégeant</strong> le coûteux équipement et en <strong>allongeant les lances</strong>. Les sarisses, longues mais légères, ont une allonge supplémentaire face aux Grecs, écrasent les Perses trop légèrement protégés, et, dressées, offrent une protection contre les flèches. Ces phalanges moins lourdes sont bien plus <strong>mobiles</strong> que leur équivalent grec.</p>
<h3>La stratégie</h3>
<p>À côté des phalanges (l’enclume), les Macédoniens misent sur leur <strong>cavalerie</strong> (le marteau, négligé par les Grecs) qui s’occupe du choc : <strong>les cavaliers macédoniens osent charger l’infanterie</strong> ! La procédure exacte reste discutée : des chevaux ne chargent pas un mur de lances ! Il aurait pu suffire de les laisser approcher doucement (à revers) pour qu’ils passent entre les lances puis arrivent aux boucliers ennemis, pendant que les phalanges clouent l’ennemi d’un autre côté, jusqu’à dislocation de l’unité adverse.</p>
<p>L’armée macédonienne, autour des phalanges, utilise de <strong>nombreux autres types d’unités</strong>, pour protéger les flancs par exemple. Il le faut aussi pour intégrer des unités issues des pays conquis. Leur roi coordonne tout cela : Philippe et Alexandre maîtrisent le <strong>combat interarmes</strong>. La bataille ne se limite pas à un grand choc où les unités légères ne sont qu’accessoires.</p>
<h3>Préserver la conquête</h3>
<p>L’Empire perse (monstre de 50 millions d’habitants peut-être) a une dynastie à la légitimité fragile, une armée utilisant beaucoup l’infanterie légère, les archers et les mercenaires... grecs ! Les satrapes (gouverneurs) sont très autonomes : Alexandre sait les retourner pour assoir son propre pouvoir et assurer ses arrières.</p>
<h3>Mais aussi...</h3>
<p>Les ingénieurs grecs se montrent utiles pour l’artillerie de jet (innovation pendant les batailles) et les sièges (Tyr, Gaza).</p>
<h3>La fin</h3>
<p>L’Empire d’Alexandre n’a finalement comme limite que la fatigue de ses soldats après la conquête de la vallée de l’Indus. À la mort (de maladie ?) du conquérant, ses généraux se partagent les territoires. Puis il s’empressent de se faire la guerre pendant plus d’un siècle, avec des armées alourdies, moins formées, moins fiables.</p>
<p>Avant qu’une armée de citoyens-soldats sans général de génie mais encore mieux organisée, adaptable et manœuvrable mette tout le monde d’accord : la légion romaine.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-aout-2016-l-armee-d-alexandre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/827« Guerres & Histoire » n° 32 d’août 2016 : Verdun, un borgne chez les aveuglesurn:md5:7865ce2d76b0cdcaa45092967553e9722016-09-11T16:13:00+02:002020-02-08T18:05:06+01:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypsebon senscatastrophecommunismeesclavageEuropeguerreGuerre FroidehainehistoireHistoire de Franceimpérialismeincohérencelégendes urbainesparadoxeperspectivePremière Guerre MondialepsychologieracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerresEtHistoire_32.jpg" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) "> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.GuerresEtHistoire_32_s.jpg" alt="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerres & Histoire n°32 (août 2016) " /> </a> Petit résumé rapide de ce dont je veux me rappeler du dernier <em>G&H</em>, à part la partie sur l’armée d’Alexandre reportée au prochain billet.</p> <h3>Verdun</h3>
<p>Le plus grand massacre de la Première Guerre Mondiale était stratégiquement dénué de sens !</p>
<p>Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_von_Falkenhayn">Falkenhayn</a>, l’organisateur allemand, le but n’était pas simplement de « saigner à blanc l’armée française » (le degré zéro de la stratégie). Le général sait que malgré de gros succès défensifs, l’Allemagne ne tiendra pas face à la multiplication des fronts (Italie, Balkans, Arabie...) et au blocus naval. Faute de volonté du politique de négocier la paix, Falkenhayn vise à <strong>séparer ses ennemis</strong> et croit s’attaquer au plus faible : la France (« meilleure épée » de l’Angleterre et, croit-on, épuisée).</p>
<p>Verdun (la ville du Traité) est un <strong>objectif limité mais symbolique</strong>. À cause du terrain, les contre-offensives seraient si coûteuses que la France finirait par accepter une paix séparée. L’armée russe recevrait alors tout le poids de l’armée du Reich, et l’Angleterre finirait seule.</p>
<p>Est-ce la faute à Falkenhayn, ce plan n’a pas été appliqué à la lettre par les généraux : l’attaque limitée mais puissante a été étendue dans le but de prendre Verdun, en espérant plus. Les troupes allemandes se sont donc beaucoup plus exposées au feu ennemi alors que le but n'était que d’attirer les Français et les pilonner, au moindre coût. <strong>Le but tactique (Verdun) a remplacé le but stratégique (user les Français)</strong>. (<em>Oublier la stratégie au bénéfice des victoires tactiques, il semblerait que ce soit une constante allemande pendant les deux Guerres Mondiales...</em>)</p>
<p>Ces damnés Français tiennent, grâce à la rotation des effectifs, et l’armée allemande s’épuise elle aussi, sans résultat probant. Falkenhayn est écarté par Hindenburg et Ludendorff qui vont établir une quasi-dictature sur le Reich. Ils suivent la même philosophie (une grande victoire tactique suffira, comme aux siècles précédents), sans plus de succès puisqu’ils ne sauront pas exploiter les avancées de 1918.</p>
<p>Ironiquement les Français tombent dans le même travers (Chemin des Dames). Ils gagnent quand même (arrivée des troupes américaines, matériel supérieur, succès dans les fronts arabes ou balkaniques, épuisement des puissances centrales...). Mais pour Benoist Bihan, ils prolongent l’erreur en 1940 : croyant là encore à une guerre d’usure, la France s’enferme derrière la ligne Maginot et laisse à Hitler le temps de manger les petites puissances et l’initiative.</p>
<h3>Moshe Dayan au Vietnam</h3>
<p>Le général israélien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Moshe_Dayan">Moshe Dayan</a>, un peu désœuvré en 1966, a joué quelques semaines au reporter, et écrit une série d’articles sur les opérations américaines au Vietnam. Il a les coudées franches et est impressionné par l’hallucinante débauche de moyens, mais beaucoup moins par la stratégie. <strong>La machine américaine ne semble pas savoir où elle va, dans quel but, à part vouloir impressionner le monde entier</strong>.</p>
<p>Le peu que les Américains font pour gagner les cœurs des habitants est totalement insuffisant. Les soldats vont chercher dans la jungle un ennemi très mobile et insaisissable. Le renseignement, essentiellement technique, ne peut localiser précisément le Viet-Công, qui frappe toujours juste à côté, ou juste après : les Américains « utilisent des marteaux-pilons pour forer des trous dans le vide ». « <strong>Les Américains gagnent tout — sauf la guerre</strong>. »</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les <strong>équipages des bombardiers américains</strong> ont encaissé le pire taux de pertes de toutes les troupes alliées. 1943 fut la pire année, faute d’escortes. Avec l’expérience, les équipages avaient de plus en plus de chances de revenir vivants.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’interview du mois est celle de <strong>Yon Deguen</strong>, un de ces miraculés de la Seconde Guerre Mondiale : Juif soviétique ukrainien, il s’engage dès l’attaque allemande de 1941, à 16 ans. Dans l’ambiance chaotique de ces premiers mois, il se retrouve très vite commandant de section car il sait lire les cartes ! (<em>les armées russe puis soviétique ont toujours eu un énorme problème d’encadrement</em>). Il se retrouve à franchir le Dniepr à la nage bien que blessé ! Baladé dans diverses unités, il survit aussi bien aux combats qu’au NKVD qui fusille pour un oui ou pour un non. Sur la manière dont l’URSS à tenu : « Nous avons inondé les Allemands avec nos cadavres. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>reportage photo sur la guerre de Corée</strong> (1951), où la machine de guerre américaine s’est grippée dans les collines et face aux vagues chinoises, est quelque part surréaliste : pas de combat, et elles rappellent la Seconde Guerre Mondiale (mais en couleur) et le Vietnam (sans la jungle ni les hélicos).</li>
</ul>
<h3>Réponses du journal à des questions de lecteurs</h3>
<ul>
<li><strong>La traite des Noirs a-t-elle facilité le colonialisme européen</strong> ? Selon G&H, c’est probable : 40 millions de personnes enlevées par les divers esclavagistes africains, arabes, européens représentaient une ponction notable, mais pas le seul facteur (l’Asie aussi a été colonisée malgré une population supérieure).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Si l’Italie avait respecté ses engagements en 1914</strong> et combattu aux côtés de l’Allemagne et de l‘Autriche, cela n’aurait sans doute pas changé grand-chose : la France était protégée par des Alpes infranchissables, un blocus naval allié aurait mené à une rapide paralysie, et au final le pays aurait été une charge pour l'Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le terme « <strong>génocide vendéen</strong> » est abusif : malgré d’innombrables massacres typiques d’une guerre civile, et que l’on retrouve dans d'autres guerres antérieures, il n’y avait pas de plan d’extermination.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-Histoire-32-ao%C3%BBt-2016#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/829Légendes & lasagnes culturelles : « Le Cycle du Graal » de Jean Markaleurn:md5:d3d95b043f44be08b20f24788aeda4d32016-01-06T00:00:00+01:002016-06-12T13:26:00+02:00ChristopheTemps et transformationsAntiquitéchristianismechâteauxcivilisationCroisadesculturefantasyGrandes Invasionsguerre saintehistoirelivres luslyrismemagieMoyen ÂgemulticulturalismemythemèmemémoireMérovingiensperspectivequêterecyclagereligionsignifiésociétés primitivestempsthéologieémerveillementévolution <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Markale">Jean Markale</a>, dans les années 90, a entrepris une réécriture dans un style moderne de <em>tout</em> le Cycle du Graal : au total deux pavés de mille pages dans mon édition incluant la Table Ronde, les vies d’Arthur & Merlin, Lancelot & Guenièvre, Yvain, Gauvain, Galaad, Bohort, Viviane, Morgane, Tristan & Yseult et j’en passe beaucoup.</p>
<p>Un travail titanesque donc, surtout qu’il ne s’agit pas d’une simple réactualisation du style d’une mythologie « achevée », mais aussi de l’arbitrage, la fusion, la synthèse, l’harmonisation de plusieurs versions dans différentes langues d’Europe de l’Ouest écrites et traduites sur plusieurs siècles dans différents contextes religieux et politiques, leur compilation, leur mise en cohérence.</p>
<p>L’ensemble se présente sous la forme d’une suite de nouvelles pleines de digressions, aux ambiances parfois très différentes, reliées de manière un peu lâches, malheureusement souvent répétitives (il y a <em>beaucoup</em> de jeunes filles à sauver d’un infâme méchant auquel le preux chevalier fera mordre rapidement la poussière). C’est parfois très primaire et binaire, sauf peut-être vers la fin.</p>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8527589h/f13.item" title="La Table Ronde, de « Messire Lancelot du Lac » de Gautier Moap, 1470, Gallica via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public_m.jpg" alt="Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Un gros patchwork culturel</h3>
<p>Il ne semble pas que les universitaires aient beaucoup porté Markale dans leur cœur donc on prendra ses interprétations avec des pincettes, mais il reste malgré tout clair que le Cycle du Graal agrège :</p>
<ul>
<li>des histoires issues de la mythologie celte, parfois si anciennes que l’on peut parler de chamanisme (notamment lors des transformation d’humains en animaux) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des légendes celtes, bretonnes, armoricaines, galloises, irlandaises, souvent pré-chrétiennes, agrégées au mythe parfois brutalement ;</li>
</ul>
<ul>
<li>une version historiquement peu correcte de l’invasion romaine et des Empereurs à l’époque de l’arrivée du Graal en Bretagne ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des personnages historiques réels des alentours des années 475-500 : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roi_Arthur">Arthur</a> aurait été un chef de guerre celto-romain, ou une synthèse de plusieurs chefs ayant effectivement combattu les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l'Angleterre_anglo-saxonne">Saxons lors des Grandes Invasions</a>, et des allusions montrent qu’il n’était pas très respectueux des biens de l’Église de l’époque ; <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Merlin">Merlin</a> aurait pu être un chef de tribu un peu plus tardif ; le poète <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taliesin">Taliesin</a> ; le roi <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Urien">Urien</a> et son fils devenu le chevalier <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Owain_mab_Urien">Yvain</a> ; voire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraimbault_de_Lassay">Lancelot / Saint Fraimbault</a> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des histoires n’ayant pas forcément de liens avec le Graal à l’original ;</li>
</ul>
<ul>
<li>un vernis chrétien parfois très fin recouvrant à peine le fantastique celtique, parfois transposant des divinités celtiques en preux chevaliers (Lug / Lancelot) ou en magiciennes (Morgane), déplaçant l’Autre Monde celtique dans des royaumes imaginaires, ou transformant la quête du Graal originelle (sordide vengeance ? guérison d’une blessure du Roi Pêcheur dans ses parties sexuelles ?) en apologie de l’Eucharistie ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des réinterprétations médiévales du passé : Virgile passait pour un prophète ou un magicien ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des ajouts par des moines choqués par l’immoralité de ces chevaliers querelleurs, parfois pillards ou lubriques : Perceval/Peredur puant trop la mythologie païenne, il est remplacé par Lancelot comme nouveau roi du Graal ; mais Lancelot, ayant cocufié Arthur avec Guenièvre, ne pouvait décemment pas être le Bon Chevalier gardien du Graal, il a donc fallu inventer son fils Galaad, personnage transparent et fade, arrivé comme un cheveu sur la soupe et très vite débarqué ; les autres amants de Guenièvre ont été (mal) gommés, et les femmes globalement rabaissées ; tout est fait pour rendre les amours interdites inévitables <em>malgré</em> les personnages (filtre d’amour pour Tristan & Yseult, substitution de femme pour Lancelot et Brisane/Elaine) et l’on montre qu’elles mènent à la catastrophe : la guerre finale vient de l’adultère de Lancelot & Guenièvre enfin révélé ;</li>
</ul>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2200046b/f3/" title="Chrétien de Troyes, Gravure de 1530, BNF"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public_s.jpg" alt="Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<ul>
<li>des réécritures à la mode de l’amour courtois par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_de_Troyes">Chrétien de Troyes</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Boron">Robert de Boron</a>, au top des <em>playlists</em> des trouvères et troubadours du XIIè siècle (en plein renouveau médiéval, à l’apogée de la féodalité et au plus fort des Croisades), et par bien d’autres dans tout l’Occident chrétien (Italie, Allemagne, Angleterre des Plantagenêts, cour d’Aquitaine...), qui ont lié, remixé à divers degrés et inséré au chausse-pied beaucoup d’histoires existantes, à commencer par Lancelot, et connecté le Graal et Jésus ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des éléments typiques de la société médiévale telle que clercs et nobles l’idéalisaient : code de l’honneur chevaleresque, amour courtois, vassalité bien ordonnée, ignorance et mépris des vilains, assimilation des beautés physiques et morales, quelques mentions antisémites, un prosélytisme chrétien <em>très</em> agressif ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des échos des remous de la société de l’époque, comme des piques envers les chevaliers pilleurs, ou une allusion de Chrétien de Troyes à l’exploitation des ouvrières dans le textile en Champagne (plus d’un demi-millénaire avant Marx) ; des relents de l’affrontement de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bouvines">Bouvines</a> entre Philippe Auguste et l’Empereur allemand ; des traces de besoins d’affirmation du pouvoir des Plantagenêt (les versions de leur époque affirment qu’Arthur est bien mort, inutile d’attendre son retour d’Avalon).</li>
</ul>
<h3>De quoi/qui parle-t-on en fait ?</h3>
<p>Ajoutons des confusions entre personnages : Arthur fait un enfant à sa sœur, mais est-ce Morgane ou Anne ? Perceval s'est vu dépouillé par Lancelot de bien des histoires. Combien de personnages, fées, sorcières, déesses différentes Morgane agrège-t-elle elle-même ? Et Viviane/Mélusine ? Et ne parlons pas de Merlin ! Markale a pas mal arbitré pour nommer les personnages.</p>
<p>Il y a même un mystère sur le concept même du Graal : chaudron ou corne d’abondance celtique pré-chrétienne, récipient du sang du Christ, vengeance, guérison symbolique, quête mystique de soi-même, tout cela à la fois ? Jean Markale a tranché pour la version chrétienne mais mentionne les autres interprétations.</p>
<h3>Le Moyen Âge n’était pas une période rose</h3>
<p>Certains traits médiévaux agacent. On fait peu de cas de la vie humaine. Les chevaliers s’entretuent à la moindre provocation, et le vainqueur épouse la femme du perdant trucidé (Uther Pendragon & Ygerne). Un sens de l’honneur disproportionné mène à des guerres fratricides et bien des morts inutiles. Les jeunes filles sont toutes les plus belles que l’on peut imaginer, à part une poignée de sorcières hideuses, dont la moitié se retransforment en magnifiques jeunes filles quand le jeune homme est chevaleresque.</p>
<p>En matière de religion, le niveau d’ouverture d’esprit approche celui de Daesh : qui ne se convertit pas est passé au fil de l'épée. Ces preux ne doutent pas un instant de l’aide de Dieu.</p>
<p>La misogynie règne : ces dames s’enflamment toutes pour un rien, parfois sans avoir vu le valeureux chevalier, n’ont d’yeux que pour les guerriers vainqueurs, sont hautement capricieuses (revers de la médaille de l’amour courtois) et ont souvent la cuisse légère. On sent que l’idéal de virginité avant le mariage et de monogamie n’est pas encore bien établi, et en tout cas allègrement ignoré par beaucoup. D’un autre côté, des personnages aussi exceptionnels ne peuvent avoir été conçus que de manière exceptionnelle, voire interdite : Merlin est fils d’un diable et d’une pieuse mortelle ; Arthur nait d’un adultère ; son fils maudit Mordret naîtra d’un inceste (dans les anciennes versions il n’ont pourtant aucune parenté.)</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>En creusant un peu</h3>
<p>Les anciennes coutumes celtes surnagent et surprennent : le Graal n’est chrétien et médiéval que superficiellement.</p>
<p>Le couple Arthur/Merlin reprend la dualité roi/druide. Le roi n’est pas le moteur, juste le premier de pairs, et n’est pas le moteur de grand-chose dans toute la quête. Par tradition, il doit accorder presque à n’importe qui des « dons » sans savoir auparavant de quoi il retourne, d’où bien des dilemmes.</p>
<p>On répand des joncs pour accueillir les invités (normal pour des Celtes, mais le Moyen-Âge utilisait déjà les chaises). Les moines cisterciens ont laissé passer quelques allusions à des liens ouvertement homosexuels entre preux chevaliers (à la manière de la Grèce antique). Les références aux nuits de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_de_Walpurgis">Walpurgis</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Samain_%28mythologie%29">Samain</a> abondent.</p>
<p>Les filiations celtiques sont plutôt matrilinéaires, il est donc normal que le neveu d’Arthur, Gauvain, soit son héritier. Les enfants sont confiés à d’autres familles pour être élevés. À la mode celtique, Lancelot ou Galaad ont été élevés par des femmes : chez la Dame du Lac pour le premier, chez des religieuses pour le second, plus tardif. On découvre que les femmes de l’époque se décoloraient déjà les cheveux en blond.</p>
<p>Quant aux mentions topographiques ou architecturales comme la forme des forteresses, elles remontent plus à l’Antiquité qu’à l’apogée du Moyen Âge.</p>
<p>Bref, un gros pavé pas très digeste, bien représentative de l’évolution culturelle occidentale, qui plaira aux fanas d’histoire.</p>
<p>Pour finir, <a href="http://boutdubois.blogspot.fr/2014/07/jean-markale.html">une interview de l’auteur</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Cycle-du-Graal-de-Jean-Markale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/801« Nous allons mourir, et cela fait de nous les veinards... »urn:md5:0316bb19766e8575157cdbb6114c61422015-12-03T00:00:00+01:002015-12-03T00:00:00+01:00ChristopheTout petit mondebon senscitationcomplexitécouragedémographiemortmèmemétaloptimisationoptimismeperspectiveréalitétempsuchronieéonsévolution <blockquote><p><em>“We are going to die, and that makes us the lucky ones. Most people are never going to die because they are never going to be born. The potential people who could have been here in my place but who will in fact never see the light of day outnumber the sand grains of Sahara. Certainly those unborn ghosts include greater poets than Keats, scientists greater than Newton. We know this because the set of possible people allowed by our DNA so massively outnumbers the set of actual people. In the teeth of these stupefying odds it is you and I, in our ordinariness, that are here. We privileged few, who won the lottery of birth against all odds, how dare we whine at our inevitable return to that prior state from which the vast majority have never stirred?” </em><br /> <br />Nous allons mourir, et cela fait de nous les veinards. La plupart des gens ne mourront jamais parce qu’il ne naîtront jamais. Les personnes potentielles qui auraient pu être là à ma place mais en fait ne verront jamais la lumière du jour sont plus nombreuses que les grains de sable du Sahara. Ces fantômes non nés comprennent certainement des poètes plus grands que Keats, des scientifiques plus grands que Newton. Nous savons cela parce que l’ensemble des personnes possibles permises par notre ADN dépassent si massivement l’ensemble des personnes réelles. En dépit de ces probabilités stupéfiantes c’est vous et moi, dans notre banalité, qui sommes là. Nous les quelques privilégiés qui avons gagné la loterie de la vie contre toutes les probabilités, comment osons-nous nous plaindre de notre inévitable retour à cet état précédent dont la majorité d’entre nous ne s’éveillera jamais ?<br /> <br />— <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Dawkins">Richard Dawkins</a>, </em>Unweaving the Rainbow <em>(<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Myst%C3%A8res_de_l'arc-en-ciel">Les Mystères de l’arc-en-ciel</a>), 1</em></p></blockquote>
<p>Selon Wikiquote, Dawkins, athéiste militant, a demandé à ce que ce texte soit lu à ses funérailles.</p>
<p>J’ai trouvé cette citation reprise dans <em>The Greatest Show On Earth</em>, long et épique morceau de clôture d’ <em><a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/nightwish-endless-forms-beautiful">Endless Forms Most Beautiful</a> </em>, dernier opus du bruyant et finlandais groupe de métal symphonique Nightwish <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<iframe width="854" height="480" src="https://www.youtube.com/embed/uzPT9dGgeTs" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Album que j’ai une méchante tendance à écouter en boucle depuis quelques semaines, alternant à peine avec <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6gxFlTXPZVY">un</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=1HYgidYaBl8">deux</a> albums précédents et le dernier <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Dy6MpsDPKts">Within Temptation</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Nous-allons-mourir-et-cela-fait-de-nous-les-veinards#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/804Les blagues de l’ex-RDAurn:md5:0eb549900b7b07928376710c1b90b6fa2015-11-01T21:27:00+01:002015-11-01T21:32:00+01:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnecommunismeEmpire soviétiquefoutage de gueuleGuerre FroidehistoirehumourmémoireperspectivepolitiqueRussietotalitarisme <p>J’ai eu la joie de constater que divers moteurs de recherches proposaient mon site dès la première page à propos d’un État : la République Démocratique Allemande<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>... pour une compilation de blagues !</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/rda/bilder/drapeau_rda.gif" alt="Drapeau est-allemand" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour les plus jeunes parmi nous, rappelons qu’il s’agissait de la partie de l’Allemagne occupée par les Soviétiques après la guerre, devenue une dictature communiste, frugale mais vivable tant qu’on se taisait, enfermant ses administrés derrière le fameux Mur de Berlin (qui les empêchait d’entrer à Berlin Ouest), jusqu’à 1989 et de nouvelles évasions massives<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et des manifestations monstres, puis l’annexion en 1990 par le voisin de l’ouest. Pour une idée de l’ambiance, je conseille deux films connus : le glaçant <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111643.html">La vie des autres</a></em> et la comédie <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=52715.html">Goodbye Lenin!</a></em></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" title="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg_s.png" alt="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Carte administrative de RDA, Wikimedia, CC-BY-SA 4" /></a>J’ai vécu un an là-bas, quelques années après la Réunification qui n’avait pas encore effacé les différences. Je m’étais amusé à traduire en français certaines des blagues de l’époque communiste, publiées en recueils après 1989 aux début de la vague de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostalgie">Ostalgie</a>. Certaines sont des transpositions locale de blagues universelles ; d’autres sont applicables à tout le bloc communiste ; certaines se fichent gentiment des dirigeants ; d’autres sont beaucoup plus grinçantes quand on connaît un peu le régime stalinien des débuts de la RDA, le flicage généralisé, le trucage des élections ; beaucoup détournent la langue de bois de l’époque. Beaucoup d’entre elles ne font plus rire, mais renseignent sur ce qui désespérait les gens de l’époque.</p>
<p>La collection complète est sur le « vieux site » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>: <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda.html">sommaire</a>, blagues d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda40.html">après-guerre</a>, des <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda50.html">années 50</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda60.html">années 60</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda70.html">années 70</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html">années 80</a>, de <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html#1989">1989</a>, d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda90.html">après la Réunification</a>. En prime : <a href="https://www.coindeweb.net/blagues_lada.html">quelques blagues sur les Ladas</a>, des voitures soviétiques, à la mode dans les années 80 et 90 (les blagues, pas les voitures, du moins de notre côté du Mur). Il faudrait que je relise et corrige pas mal de maladresses.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<h4>Période stalinienne</h4>
<blockquote><p><em>Staline fait un discours à l’Académie Militaire de Moscou. Silence absolu dans l’auditoire.<br />Soudain quelqu’un éternue violemment dans l’assistance. <br />Staline s’interrompt : « Qui a éternué ? »<br />L’assistance est pétrifiée de peur. Personne ne répond. Tout le monde se voit déjà en Sibérie.<br />Staline demande alors à ceux du premier rang si l’un d’entre eux éternué. Aucun n’avoue. Staline les fait tous fusiller sur le champ.<br />Puis c’est au tour du deuxième rang.<br />Puis du troisième.<br />Soudain quelqu’un se lève et crie : « Camarade Staline, c’est moi qui ait éternué ! »<br />Alors Staline :<br />« À tes souhaits, Camarade ! »<br />Et il continue son discours. </em></p></blockquote>
<h4>Années 50</h4>
<blockquote><p><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Ulbricht">Ulbricht</a> [Secrétaire Général du PC est-allemand de l’époque] convoque son ministre de la sûreté et lui demande : <br />« Deux et deux, ça fait combien ? <br />— Cinq, Camarade Président. »<br />Ulbricht sort un revolver et l’abat. <br />D’autres camarades, alertés par le bruit, arrivent aussitôt et s’étonnent : <br />« Mais pourquoi l’as-tu tué ??!! <br />— Il en savait trop ! »</em></p></blockquote>
<p>...à rapprocher du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2_%2B_2_%3D_5" hreflang="en">2+2=5</a> évoqué par George Orwell dans <em>1984</em>, et sa conséquence :</p>
<blockquote><p><em>Freedom is the freedom to say that two plus two make four. If that is granted, all else follows.</em><br /> <br />La liberté, c’est la la liberté de dire que deux et deux font quatre. Une fois cela accordé, tout le reste suit.</p></blockquote>
<h4>Années 60</h4>
<blockquote><p><em>— Pourquoi les Égyptiens ont-ils perdus contre les Israéliens pendant la Guerre des Six Jours ? <br />— Parce qu’ils ont suivi les conseils des Soviétiques, leurs alliés : d’abord laisser l’ennemi s’enfoncer profondément dans son territoire, puis attendre l’hiver. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" title="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Trabant_P50_front.burts.Wikimedia_s.jpg" alt="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Trabant P50, la voiture locale en plastique qu’il fallait attendre des années, burts, Wikimedia" /></a></p>
<blockquote><p><em>Deux policiers est-allemands, un vieux expérimenté et un jeune qui débute à peine, sont chargés de contrôler l’alcoolémie des automobilistes et autres usagers du bitume et des pavés. Une mobylette approche, elle fait des zigzags.<br />« En voilà un ! dit le jeune policier, qui veut l’arrêter.<br />— Mais non, laisse-le passer », dit le policier expérimenté.<br />Le jeune s’étonne mais obéit.<br />Une voiture alors arrive, qui va aussi en zigzags. Une deuxième fois, le policier expérimenté dit à l’impétueux jeune de ne pas l’arrêter.<br />Une autre voiture arrive. Le jeune la regarde à peine, mais le policier expérimenté bondit.<br />« Hé celui-là, faut l’arrêter, il est complètement fait !<br />— Comment le sais-tu ? demande le jeune, étonné. Il roule bien droit !<br />— Oui, mais sans éviter les trous dans la chaussée ! »</em></p></blockquote>
<p>Il est vrai qu’après la chute du Mur et pendant toutes les années 90, les routes est-allemandes ont été un gigantesque chantier...</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Stamps_of_Germany_%28DDR%29_1969%2C_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" title="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia_s.jpg" alt="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Timbre de 1969, Wikimedia" /></a></p>
<h4>Années 70</h4>
<blockquote><p><em>Un ange vient visiter l’ancien chef du parti tchécoslovaque <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Dub%C4%8Dek">Dubcek</a> [destitué par les Russes après l’écrasement du printemps de Prague en 1968].<br />« Tu es un vrai communiste, Dubcek, et j’ai recu l’ordre de te récompenser. Tu as droit à trois vœux. »<br />Dubcek n’a pas besoin de réfléchir longtemps avant de répondre :<br />« D’abord je veux que l’armée chinoise vienne jusqu’en Tchécoslovaquie, l’occupe quelques jours, puis reparte.<br />— Et le second vœu ?<br />— La même chose !<br />— Et le troisième ?<br />— Encore la même chose !<br />— Tu es sûr d’avoir bien réfléchi ? demande l’ange un peu surpris.<br />— Certain. Comme ça les Chinois devront passer six fois à travers toute l’Union Soviétique ! »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Deux policiers arrêtent une Trabant qui a commis un excès de vitesse. Il y a dans la voiture un homme, sa femme et sa mère. Les flics demandent son permis au conducteur :<br />« Désolé, répond-il, je n’en ai pas.<br />— Ne l’écoutez pas, messieurs les policiers, interrompt sa femme, il est complètement saoul. »<br />La grand-mère : « Je savais qu’on aurait des problèmes dans une voiture volée ! »<br />Et le grand-père, dans le coffre : « On est déjà à l’Ouest ? »</em></p></blockquote>
<p>Fernand Raynaud a aussi utilisé cette blague (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qn_cFnDihv0">premier sketch de cette vidéo</a>), à la chute finale près.</p>
<blockquote><p><em>— Quelle est la différence entre la RDA et l’ancien dieu grec de l’amour Cupidon ?<br />— Aucune. Tous les deux sont petits, nus, et armés. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019%2C_Berlin%2C_30._Jahrestag_DDR-Gr%C3%BCndung%2C_Parade.jpg" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019,_Berlin,_30._Jahrestag_DDR-Gründung,_Parade_s.jpg" alt="30 ans de la RDA" style="display:block; margin:0 auto;" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0" /></a></p>
<h4>Années 80</h4>
<blockquote><p><em>Les membres du syndicat polonais Solidarnozc sont divisés en deux tendances :<br />— les optimistes pensent qu’on va les flanquer dans un train et les envoyer au fin fond de la Sibérie ;<br />— les pessimistes pensent qu’ils devront y aller à pied.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Trois chirurgiens, un Américain, un Russe, un Allemand de l’Est se rencontrent :<br />« Chez nous en Amérique, nous avons dû un jour soigner les jambes broyées d’un accidenté, et on a si bien réussi qu’il est maintenant coureur de marathon de niveau international.<br />— Chez nous, dit le Russe, on a si bien soigné les mains écrasées d’un blessé qu’il a pu devenir un pianiste réputé.<br />— Chez nous, dit le chirurgien de RDA, il y a eu un grave accident de la route ; du blessé il ne restait que le cul, on a pu lui greffer ce qui restait de ses oreilles ; il est maintenant notre chef. »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>— Pourquoi le capitalisme est-il au bord du gouffre ?<br />— Parce qu’il regarde le communisme qui est au fond.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Période de campagne électorale en RDA. Le secrétaire du Parti local arrive un jour devant la mairie de sa commune et voit plein de policiers.<br />« Que se passe-t-il ? demande-t-il à l’un d’eux, une manifestation ?<br />— Non. Mais on a volé quelque chose à la mairie.<br />— Et quoi ?<br />— Les résultats de l’élection de dimanche prochain. »</em></p></blockquote>
<h4>1989 : la chute du Mur</h4>
<blockquote><p><em>Honecker fait son dernier discours au congrès du Parti.<br />« Qui est votre mère ? demande-t-il.<br />— La RDA ! répond l’assistance.<br />— Et votre père ?<br />— Toi, cher Honecker !<br />— Et que voulez-vous devenir ?<br />— Orphelins ! »</em></p></blockquote>
<h4>Après la Réunification</h4>
<blockquote><p><em>— Après la chute du mur et la dissolution de la police politique, comment les agents de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Minist%C3%A8re_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_d'%C3%89tat">Stasi</a> [redoutable police politique] se sont-ils reconvertis ?<br />— Comme chauffeurs de taxis de nuit. Si, après une fête, vous êtes trop bourré pour dire où vous habitez, ils sortent votre fiche et vous ramènent chez vous.</em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Reunification.Wikimedia.296px.svg.png" title="Reunification.Wikimedia.296px.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Reunification.Wikimedia.296px.svg_s.png" alt="Carte de la réunification, Wikimedia" style="display:block; margin:0 auto;" title="Carte de la réunification, Wikimedia" /></a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un État disparu depuis plus longtemps que certains mes lecteurs majeurs n’existent, certes ; et c’est une des plus anciennes pages du site, ce qui n’est pas très motivant pour l’avenir de ce blog. Mais tout de même ça fait du bien à l'ego.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>À l’époque les Autrichiens et les Allemands ne se posaient pas la question de savoir si tous ces milliers d’Allemands de l’Est </em>devaient<em> être accueillis, et la mode était plutôt à la destruction des murs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>L’apparence spartiate n’est pas qu’un hommage à l’ambiance de l’époque, mais à mes compétences en HTML des années 90 :-)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/654“The sleepwalkers — How Europe went to war in 1914” (« Les somnambules — Eté 1914 : Comment l’Europe a marché vers la guerre ») de Christopher Clarkurn:md5:2521e44836d265fb4a56207b0ef066e22015-04-19T22:25:00+02:002021-07-31T14:38:14+02:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophecolonisationdommagedéterminismeEuropeguerregéopolitiquehainehistoireHistoire de FranceimpérialismeincohérencenationalismeperspectivepessimismepolitiquePremière Guerre Mondialeprise de têteprovocationpsychologieRealpolitikRussieuchronie <blockquote><p>The outbreak of the war was a tragedy, not a crime. <br /> <em>Le déclenchement de la guerre fut une tragédie, pas un crime.<br /><br />Christophe Clark, </em>The Sleepwalkers<em>, Conclusion, p. 561</em></p></blockquote>
<p>L’Europe s’est suicidée sans que personne veuille vraiment la guerre : c’est la tragédie de la Première Guerre Mondiale, et une leçon pour le futur. Certaines causes résonnent encore au XXIè siècle.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM1/the_sleepwalkers.jpg" alt="the_sleepwalkers.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La séquence d’introduction porte déjà la violence des conséquences lointaines (oui, le titre français est trompeur : Christopher Clark commence bien plus tôt que l’été 1914). En Serbie en 1903, des officiers ultranationalistes assassinent sauvagement le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Ier_de_Serbie">roi Alexandre</a> et sa femme. D’après la description de Clark, ce souverain n’était pas très sympathique, mais les tueurs ne le sont pas plus. Cette clique militaire régicide, notamment un certain colonel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragutin_Dimitrijevi%C4%87">Apis</a>, va acquérir une grande influence en Serbie dans les années suivantes, et, de manière à peu près autonome, semer le trouble dans la Bosnie-Herzégovine voisine (partiellement serbe mais annexée par l’Autriche), puis organiser l’assassinat de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Ferdinand_d%27Autriche">François-Ferdinand</a>, l’allumette qui embrasera le continent.</p>
<p>Toute cette partie sur la politique serbe, le nationalisme intense, le déni par exemple de l’existence même de Slaves non serbes en Bosnie et Croatie, les exactions pendant la conquête serbe de la Macédoine en 1912-13… rappellent furieusement ce qui s’est passé dans les années 1990 en Yougoslavie ; jusqu’au rôle de la Russie, ange gardien autoproclamé des Slaves des Balkans ; jusqu’au conflit est-ukrainien actuel (un russophone est-il forcément russe ?).</p>
<h3>Les acteurs</h3>
<p>Clark fait le tour de toutes les grandes puissances du moment, leurs gouvernants, leur organisation, leurs faiblesses, leurs relations mutuelles…</p>
<p>Tout le monde voyait la Russie, en croissance très rapide, comme la nouvelle superpuissance, malgré la défaite de 1905 face au Japon, malgré son gouvernement pas très stable et marqué par l’absolutisme — ce qui ne voulait pas dire que le Tsar donnait toujours le ton.</p>
<p>À l’inverse, l’Autriche-Hongrie semblait en décrépitude, paralysée par un gouvernement double et les revendications ethniques, malgré une économie florissante. Que serait-elle devenue si François-Ferdinand avait vécu, lui qui ne voulait pas de guerre et ambitionnait de créer un État fédéral ?</p>
<p>Le fantasque Kaiser ne dominait pas une Allemagne envieuse des empires coloniaux de ses voisins.</p>
<p>La France ne s’impliquait pas dans les Balkans, sinon par ses banques et ses exportations d’armes. Face à des Ministres des Affaires étrangères instables, les diplomates étaient devenus autonomes ; mais en 1914 Poincaré, Président, donnait le ton et prônait la fermeté face à l’Allemagne. Clark n’est pas tendre avec lui.</p>
<p>L’Angleterre (comme souvent…) ne tenait pas à s’engager irrévocablement, comme la France auprès de la Russie. Au Foreign Office, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Grey,_1st_Viscount_Grey_of_Fallodon" hreflang="en">Edward Grey</a> n’en faisait qu’à sa tête et lia son pays à la France.</p>
<p>L’Italie, théoriquement alliée aux puissances centrales, se rapprochait de plus en plus de l’Entente.</p>
<p>Les états des Balkans combattaient depuis 1912, contre l’Empire ottoman et entre eux.</p>
<h3>Les alertes et la déstabilisation</h3>
<p>La Grande Guerre n’a pas éclaté dans un ciel serein. Sans remonter jusqu’au conflit franco-allemand de 1870, les années d’avant-guerre virent plusieurs affrontements dont certains auraient pu dégénérer, et dont le souvenir influença les décideurs de 1914.</p>
<p>Allemagne et France s’accrochèrent notamment au Maroc (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27Agadir">crise d’Agadir en 1911</a>), mais cela ne dégénéra qu’en marchandage (Maroc contre Cameroun). L’Allemagne remettait en cause la domination britannique sur les mers, mais ne l’inquiéta en fait jamais sérieusement. En Asie, les impérialismes russe et britanniques se heurtèrent plus d’une fois (Inde, Afghanistan, Iran…), sans conséquence majeure. En Afrique, les Anglais s’étaient heurtés aux Français (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Fachoda">Fachoda en 1898</a>), et, juste après, lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers">guerre des Boers</a>, émergea fugitivement l’idée d’une alliance franco-germano-russe contre l’Empire britannique.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/627px-Balkan_1912.svg.png" title="627px-Balkan_1912.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.627px-Balkan_1912.svg_m.png" alt="627px-Balkan_1912.svg.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>La vraie déstabilisation commença en 1912 avec l’agression italienne contre l’Empire ottoman, qui perdit Lybie et Dodécanèse. Les jeunes et ambitieux États européens fraîchement émancipés de la tutelle turque (Serbie, Bulgarie, Grèce) se ruèrent sur l’Empire malade. Le partage tourna mal : la Bulgarie finit en guerre contre ses anciens alliés, et la Serbie menaça déjà de déclencher une guerre européenne en voulant croquer l’Albanie (et l’on parlait déjà de purification ethnique au Kosovo). Autriche et Italie considérèrent cela comme une ingérence dans leur sphère ; l’Autriche mobilisa partiellement ; la Russie aussi. On fut à deux doigts de la guerre ; puis les Serbes, sous la pression internationale, renoncèrent. Ces fausses alertes éloignèrent le spectre d’un conflit continental, et en 1914 les décideurs y crurent hélas moins.</p>
<h3>Des blocs non figés</h3>
<p>Tout n’était pas figé, et la guerre n’était pas inéluctable. Certes certains l’attendaient, par exemple certains Allemands effrayés de la très rapide (mais fragile) évolution industrielle et militaire russe, ou certains généraux autrichiens belliqueux. Mais il existait à l’inverse une multitude de facteurs de pacification : Guillaume II, tout fantasque qu’il ait été, reculait devant cette perspective ; ses relations avec Nicolas II étaient cordiales ; la rivalité navale entre Royaume-Uni et Allemagne avait déjà été gagnée par le premier ; François-Ferdinand ne voulait pas de guerre… Les guerres d’agression entre puissances européennes étaient impensables<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, même l’attaque autrichienne sur la Serbie nécessitait une justification. (<strong>Ajout de 2021</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig">voir ce qu’en dit Stefan Zweig dans <em>Le monde d’hier</em></a>.)</p>
<p>Enfin, les alliances étaient elles-mêmes mouvantes : la petite Serbie avait été protégée par l’Autriche avant de se retourner contre elle ; les alliés balkaniques de 1912-13 s’étaient entre-déchirés immédiatement après leur victoire ; la Russie et l’Angleterre avaient de nombreux points de friction coloniaux ; l’alliance de la France démocratique et de la Russie autocratique n’allait pas de soi ; la Russie s’était focalisée sur les Balkans en partie parce que sa cible prioritaire (Constantinople et les détroits) restait pour le moment inaccessible ; la Turquie avait un général allemand pour moderniser son armée, mais aussi un amiral anglais pour sa flotte ; etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" title="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg_m.png" alt="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
Cette instabilité des blocs provoqua d’ailleurs l’enchaînement inéluctable ! La France craignait que la Russie, puissance montante, n’ait plus besoin de son alliance, absolument vitale pour elle contre l’Allemagne : Poincaré l’assurait donc de son soutien indéfectible, y compris dans les Balkans, pourtant inutiles aux Français. Symétriquement, l’Allemagne ne faisait pas confiance à seul grand allié, l’Autriche, et la soutint donc inconditionnellement, là aussi dans les Balkans. La Russie se devait de soutenir son allié serbe, autrefois soumis à l’Autriche. L’Angleterre avait garanti la protection des côtes du nord de la France, dont toute la flotte croisait en Méditerranée : l’Angleterre se voyait donc entraînée par son alliée contre l’Allemagne.</p>
<h3>Tous ensembles vers l’abîme</h3>
<p>La Main Noire serbe, aidée par des services serbes, sans accord réel du plus haut niveau, place ses tueurs : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gavrilo_Princip">Prinzip</a> assassine l’archiduc François-Ferdinand. L’Autriche-Hongrie prend son temps pour l’enquête, finit par envoyer un ultimatum à la peu coopérative Serbie — ultimatum que Clark trouve presque acceptable, comparé à celui adressé par l’OTAN à la Serbie en 1999 ! La tradition occidentale veut que la Serbie ait quasiment accepté ces conditions coupant toute justification à l’attaque autrichienne ; en fait Clark qualifie la réponse serbe de « chef-d’œuvre d’équivoque diplomatique » (<em>a masterpiece of diplomatic equivocation</em>). L’Autriche menace d’attaquer, la Russie mobilise (complètement), donc l’Allemagne prend peur et mobilise, provoquant la mobilisation française. La rapidité de mobilisation et d’attaque pouvant décider du sort de la guerre, les hostilités commencent ; puis l’entrée du Reich en Belgique provoque l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.</p>
<p>Cet enchaînement, tout le monde l’avait vu venir, mais personne ne le voulait et chacun croyait faire toutes les concessions possibles pour éviter la guerre. Dans les deux camps, chacun pensait que ceux d’en face la voulait, et y recourrait sans une volonté de fer en face — toute conciliation ou désaveu d’un allié serait donc un dangereux signe de faiblesse, de plus inutile puisque l’ennemi <em>voulait</em> la guerre. La fermeté protégeait donc la paix. Sans cela, difficile d’expliquer que Poincaré en Russie lie sciemment la France aux événements d’une zone aussi instable que les Balkans. Et chaque progrès d’une alliance effrayait l’autre, la poussant à se préparer au pire (un grand classique).</p>
<h3>Facteurs psychologiques</h3>
<p>Ils jouèrent massivement dans l’enchaînement de la crise. Les Serbes en voulurent trop dès 1912, et surestimèrent le poids du soutien russe. Les Autrichiens, exaspérés par les Serbes depuis des années, furent légers en les attaquant sans penser aux terribles conséquences. En cette période sans instance supranationale reconnue, tout abandon de souveraineté était inconcevable — les Serbes ne pouvaient <em>pas</em> accepter l’ultimatum. Les Russes ne comprirent pas que les Autrichiens ne pouvaient <em>pas</em> laisser passer impuni le meurtre du prince héritier. Les Autrichiens auraient pu attaquer dès après le meurtre, ce qui aurait été bien mieux accepté, mais le processus de décision de la double monarchie se traînait (les Hongrois notamment craignaient une invasion des Carpathes par la Roumanie). Les Russes auraient pu attendre pour mobiliser, laissant aux Serbes une chance d’accepter l’ultimatum, ou se contenter d’une mobilisation partielle contre l’Autriche pour ne pas effrayer l’Allemagne, mais leur logistique ne le prévoyait pas. Les Allemands auraient pu se contenter de n’envahir qu’une petite partie de la Belgique (<em>tout le monde</em> s’y attendait) : cela aurait donné une chance aux pacifistes dans le gouvernement anglais. Mais les militaires allemands (contrairement aux civils) sous-estimaient la Grande-Bretagne.</p>
<p>Clark ajoute une note : la « masculinité » du mâle européen semblait menacée à cette période précise par les évolutions de la société et, par réaction, le besoin de s’affirmer dur et endurant prenait le pas sur les vieilles valeurs aristocratiques, plus accommodantes.</p>
<p>Une chose finalement est sûre : attribuer à l’Allemagne la responsabilité totale de la guerre dans le Traité de Versailles, en plus d’une faute politique à l’époque, était purement et simplement une erreur factuelle. Si les Alliés s’imaginaient dès le début que l’intransigeance autrichienne venait de Berlin, la paranoïa régnait partout.</p>
<h3>Digestion</h3>
<p>C’est un pavé (pas loin de 600 pages en anglais sans les notes) et, forcément, les affrontements diplomatico-commerciaux subtils et pleins de sous-entendus ne sont pas la meilleure matière pour des rebondissements trépidants mêlés de réparties cinglantes, surtout quand on connaît déjà la fin. J’ai été un peu frustré par la relation du déclenchement des hostilités : Clark s’arrête aux mobilisations et ne relate pas l’assassinat de Jaurès, par exemple (est-il tellement important d’ailleurs, vu par un Anglo-Saxon ?) ni les réflexions des Français dans les derniers jours.</p>
<p>Si le passionné d’histoire trouvera son compte dans les causes plus ou moins immédiates de la mort de millions de soldats et l’effondrement de quatre empires, le dilettante risque de trouver la chose indigeste. <em>The Sleepwalkers</em> est pourtant déjà devenu une référence sur le sujet. Et comme je le disais au début, le XXIè siècle semble en rejouer des pans entiers.</p>
<p>Quant à l’amateur d’uchronies, il croulera sous les points de divergence potentiels…</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Contre les Turcs et autres non-Européens, on s’en donnait par contre à cœur joie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/786« Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. »urn:md5:00b880a09f7f338d4b265bfb1fee3ea82015-01-08T22:41:00+01:002015-01-22T14:31:28+01:00ChristopheCitationsanalogiebon senscitationcivilisationcommunicationcourageculturecynismeguerreguerre saintehainehistoireintelligencejusticemèmeouverture d’espritpeine de mortperspectivepolitiqueprovocationpsychologieracléesignifiésociétés primitivesterrorismeéducation <blockquote><p>Derjenige, der zum erstenmal an Stelle eines Speeres ein Schimpfwort benutzte, war der Begründer der Zivilisation.<br /> <br />Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. <br /> <br />Attribué à Sigmund Freud</p></blockquote>
<p><a href="https://de.wikiquote.org/wiki/Diskussion:Sigmund_Freud#Noch_.27n_Zitat" hreflang="de">La source de cette citation reste douteuse</a> : raison de plus de garder la version française plus proche de la version anglaise qui coure sur le net (“<em>The first human who hurled an insult instead of a stone was the founder of civilization.</em>”) que de cette hypothétique version allemande originale qui parle plutôt de javelot.</p>
<p>Elle n’en reste pas moins douloureusement actuelle.</p>
<p>Elle commence très mal, mais bonne année à tous quand même.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-premier-homme-%C3%A0-jeter-une-insulte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/784« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754« Pour la Science de septembre 2013 » : Universités en ligne, loi de Mooreurn:md5:cb97420413073f6c3878adcad7ec871a2013-09-16T12:04:00+02:002016-07-07T12:59:32+02:00ChristopheScience et conscienceaddictionbesoincomplexitéconquête de l’inutilecosmologieculturedinosaureseauenseignemententropiehard sciencehowtoinformatiqueintelligence artificiellemicroéconomiemétéonaturepanspermieparadoxeperspectivepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationtempséconomieéconomies d’énergieéducationémerveillementénergieéonsÉtats-Unis <p>Un numéro moyen avec quelques infos intéressantes. <em>Comme d’hab’, les commentaires personnels sont en italiques.</em></p>
<h3>De l’origine de la monogamie</h3>
<p>Il y a 10% d’espèces monogames chez les mammifères : pourquoi ? L’intérêt du mâle serait plutôt de multiplier le nombre de femelles qui porteront ses enfants. Il y a deux explications à l’établissement de la monogamie, en fonction du comportement précédent de l'espèce.</p>
<p>D’abord, chez les espèces où la femelle avait son propre territoire, les mâles ne pouvaient s’assurer de la fidélité des femelles : ils seraient devenus monogames pour écarter la compétition.</p>
<p>Ensuite, surtout chez les primates, l’infanticide par le beau-père est courant : le père serait devenu fidèle pour protéger ses enfants.</p>
<p>L’amélioration des soins aux enfants ne seraient que la conséquence de la monogamie, pas la cause !</p>
<h3>Neutrinos</h3>
<p>Ils ont été inventé par Pauli pour compléter une équation bancale, ils sont quasiment indétectables, ils sont mal connus, ils ont des « saveurs », ils sont peut-être leur propre antiparticule : les neutrinos détiennent peut-être la clé de bien des problèmes de l’astrophysique moderne : asymétrie matière-antimatière, matière noire...</p>
<p><em>Trop éthéré pour que ça me passionne vraiment...</em></p>
<h3>L’amour au temps des dinos</h3>
<p>Comment les stégosaures, hérissés de pointes, faisaient-ils pour copuler sans que la mâle se fasse empaler ? Comment la femme diplodocus supportait-elle les assauts du mâle ? En fait, on n’en sait trop rien, et les fossiles n’ont pas conservé beaucoup d’informations.</p>
<p><em>Et ce petit article est frustrant pour cette raison : il se résume à dire qu’on ne sait quasiment rien.</em></p>
<h3>La loi de Moore</h3>
<p>À prix égal, la puissance informatique double tous les 18 mois : la loi de Gordon Moore, un des fondateurs d’Intel, a tenu quarante ans. Facteur de progrès cumulé : un million, dans des domaines aussi différents que le processeur ou le stockage ! Des limites infranchissables semblent en vue (on approche du transistor réduit à un atome, ou d’investissements dépassant le PIB), et le ralentissement des progrès explique en partie le faible renouvellement des PC, mais les optimistes considèrent que les progrès vont continuer au même rythme sur d’autres plans.</p>
<p>Il existe des généralisations du concept, par exemple sur la progression de l’efficacité énergétique. Plus spéculatif, la « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique">Singularité </a> » concerne notre futur. Il existe aussi une sorte de loi de Sharov s’appliquant à la complexité du génome : sa complexité double tous les 350 millions d’années ! Le plus troublant est l’origine : dix milliards d‘années dans le passé, avant la formation de la Terre (et pas si loin du Big Bang). De là à imaginer que la vie primitive est apparue ailleurs...</p>
<h3>Universités en ligne</h3>
<p><em><a href="https://www.coursera.org/" hreflang="en">Coursera</a></em> (alimenté par Stanford ou l’X), <em><a href="https://www.edx.org/" hreflang="en">edX</a></em> (du MIT), <a href="https://www.canvas.net/courses/abc-de-la-gestion-de-projet">Centrale Lille</a> ou tout simplement <a href="https://www.khanacademy.org/" hreflang="en">Khan academy</a>... : les sites offrant des cours en ligne, ne faisant payer parfois que les certificats, voire rien du tout, fleurissent. Les Américains d’abord y voient un moyen de réduire leurs colossaux frais universitaires. Les pays du Tiers-Monde, Inde en tête, cherchent à faciliter l’accès à une éducation de bon niveau, pas forcément supérieure... pourvu que les étudiants aient un ordinateur et sachent l’utiliser. Entre autres avantages, on y progresse à son rythme. L’enseignant n’est pas hors-circuit, mais il est libéré des cours magistraux. Place à l’interaction entre élèves !</p>
<p><em>Oh non, encore une tentation... Coursera ou edX fournissent des cours complets exigeant plusieurs heures par semaine, mais même les cours d’introduction m’attirent. Je dois déjà me faire violence pour ne pas dévorer toute la partie Histoire de Khan academy. Il faut dire que le format de quelques minutes est bien fichu (et en prime je bûche mon anglais). Dans le même registre il y a le </em><a href="http://ddc.arte.tv/">Dessous des cartes</a>.</p>
<p><em>Peut-on refondre ainsi le système éducatif ? La motivation et la discipline d’apprentissage n’en seront que plus cruciales. Quant à la tendance à faire bûcher les élèves </em>avant<em> le cours avec l’enseignant (pédagogie inversée), elle n’a rien à voir avec Internet : livre ou vidéo, les deux sont utilisables, même si un écran scotche plus facilement un gamin. </em></p>
<p><em>Ce qui est marrant, c'est l’inversion des évolutions entre la télé il y a quelques décennies, et Youtube (puisque tout ça dépend de Youtube) : la télé a été inventée pour éduquer à distance et est très vite devenue un outil de divertissement, sinon essentiellement un robinet à merde ; Youtube a commencé comme dépotoir, et permet de faire fleurir quelques perles. Dans les deux cas menace le piège de l’homogénéisation culturelle (le monde anglo-saxon domine massivement !).</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les neurologues ont autrefois découvert avec étonnement que le cerveau était aussi actif au repos (quand l’esprit vagabonde) qu’en plein effort de concentration. Il y a un lien avec la capacité humaine à se projeter dans les états mentaux d’autrui (« que pense/que comprend mon interlocuteur ? »), voire avec le langage.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>rivières atmosphériques</strong> sont de gigantesques fleuves de vapeur d’eau en altitude, responsables de certains inondations gigantesques. Exemple majeur : l'inondation de 1861-62 qui noya Sacramento et ruina la Californie. La mémoire s'est perdue, et une répétition (fort possible dans les prochaines années) coûterait des centaines de milliards de dollars. Il n’y a pas que la faille de San Andrea...</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans les années 50, <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Willi_Hennig">Willi Hennig</a></strong> a mis au point la systématique actuelle, et fourni enfin les bonnes règles pour classer tous ces animaux en fonction de leurs ancêtres. Continuateur de Darwin, sa gloire a été éclipsée par la montée en puissance du tout-ADN, la technophilie, la confusion entre phylogénétique et biodiversité... Cette science qui consiste à ordonner le vivant a du mal à exister indépendamment.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/751Des petits panneaux solairesurn:md5:9e5a54dbfa5ffc293b948d510837beb02013-09-08T14:45:00+02:002016-07-07T12:47:57+02:00ChristopheFragile planèteAllemagneAlsaceanticonsumérismeargentbesoinbon sensconquête de l’inutilemicroéconomiemèmeoptimisationperspectivepouvoir d’acheterprise de têteécologieéconomieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieéducationémerveillementénergie <p><a href="http://www.heise.de/ct/inhalt/2013/19/86/" hreflang="de">Mon magazine favori a encore commis un article hors informatique, sur les petites installations solaires</a>.</p>
<p>Il ne s’agit pas des grosses installations photovoltaïques destinées à couvrir le toit pour revendre du courant à EDF. Pour moi, cela s’apparente à un investissement financier plus qu’autre chose, et je doute de la pertinence <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conologie">éconologique</a> du concept <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><em>C’t</em> ne parle pas non plus des installations « thermodynamiques » (non photovoltaïques) qui consistent à pré-chauffer l’eau sanitaire ou carrément l’eau de chauffage sur le toit. Même dans mon Alsace, ça peut être rentable car on a besoin de chauffage plus longtemps que dans les régions ensoleillées.</p>
<p>Rien à voir non plus avec les petits panneaux solaires à trimbaler en randonnées ou sur un bateau : leur intérêt principal est l'autonomie dans une zone paumée.</p>
<p>Non, le sujet ce sont bien ces petites installations solaires peu chères, branchées sur le secteur de la maison, de l’ordre de seulement 200W mais destinées à alimenter toutes les petites consommations éparses d’une maison : frigo, électronique en veille, etc. Un de leurs intérêts est de ne pas nécessiter la même paperasse qu’une installation photovoltaïque complète puisque le but n'est pas de revendre.</p>
<p>Je n’ai jamais vu ça en France <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, et il y a peut-être une raison toute bête : l’article calcule que l’investissement ne sera amorti qu’en dix ans dans le meilleur des cas... en Allemagne, où l’électricité est deux fois plus chère qu’en France <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Quand le but est d’économiser quelques dizaines d’euros dans l’année, le moindre surcoût remet l’investissement en question :</p>
<ul>
<li>l’installation doit tenir une décennie : cela implique des garanties au moins aussi longues et une mise en place très soigneuse pour encaisser les intempéries aussi longtemps, éviter qu’un panneau envolé tue quelqu’un, ou simplement pour tirer un câble jusqu’à l’extérieur ;</li>
<li>l’heure de main d’œuvre d’un installateur ou réparateur coûte les économies d’une année ;</li>
<li>ajouter une source dans un circuit électrique doit être pensé : ce serait dommage de surchauffer un fil et de déclencher un incendie ; les disjoncteurs adéquats coûtent encore un ou deux ans d’économie ;</li>
<li>si tout est éteint dans la maison, le compteur électrique va tourner à l’envers, ce que les opérateurs d’électricité allemands n’admettent pas sans paperasse et garanties : il faut éventuellement que le compteur soit remplacé pour bloquer ;</li>
<li>on peut rajouter une batterie qui stocke l’énergie inutilisée, mais l’investissement se compte en milliers d’euros.</li>
</ul>
<h3>Conclusion de l’article</h3>
<p>Une mini-installation n’est économiquement rentable que dans des conditions idéales, et encore. L’auteur conseille de conserver son argent pour une future installation plus importante et plus professionnelle <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, ou tout simplement d’investir dans des appareils plus économes <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<h3>Commentaire personnel</h3>
<p>Selon les personnes que l’on lit, le prix assez bas de l’électricité en France est une conséquence du choix nucléaire ; ou une conséquence de la non-prise en compte des effarants coûts de démantèlement. Je ne sais. En tout cas, le nucléaire n’est qu’une des options.</p>
<p>Le solaire, comme toute installation de production d’énergie, ne se rentabilise réellement que dans de grosses installations bien pensées, optimisées : les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_solaire">centrales solaires</a> prennent de la place, utilisent des miroirs, et par exemple des sels fondus pour continuer à produire de nuit. Que ce soit l’État, par ses coups de pouces fiscaux, ou directement EDF, par ses tarifs de rachat, c’est le même contribuable-consommateur qui paie la production ; et au final, c’est une étude bénéfice-coût qui doit décider à partir de quel niveau la production peut être rentable (donc subventionnée) : uniquement les grosses centrales solaires un peu encombrantes ? aussi les panneaux couvrant des hangars entiers ? Pour les installations de particuliers, j’ai des doutes. Et pour les petites installations décrites dans l’article, la sentence est brutale. L’argent ne peut-il justement pas être employé autrement pour un même effet ? Après tout, EDF paye pour des éoliennes de plus en plus géantes, jamais pour une petite éolienne de toit.</p>
<p>Il y a quand même un petit créneau. Lors d’une rénovation ou dans le neuf, l’ajout de panneaux destinés à limiter à couvrir une partie de la consommation pourrait être rentabilisée (prix de gros, main d’œuvre forfaitaire, installation de toute façon à mettre en place...).</p>
<p>On peut aussi rêver à des panneaux bien moins chers et couvrant de grandes surfaces, sinon carrément à de la peinture solaire couvrant toute la maison et assurant plusieurs kW, que la batterie à hydrogène dans la cave stockerait : c’est encore de la science-fiction, mais les évolutions des prix peuvent réserver de belles surprises dans les décennies à venir. Là encore la question se pose : une telle installation, avec ses coûts de maintenance et d’installation, ne serait-elle pas plus efficace mutualisée au niveau d’un quartier par exemple ?</p>
<p>Il reste cependant un intérêt au concept des petits panneaux : la pédagogie. D’abord comme démonstration que l’autonomie est en partie possible ; ensuite comme leçon sur la notion de rentabilité et d’arbitrage dans l’affectation des ressources.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Au passage : <em>Que Choisir</em> vient de rappeler qu’en tout cas, ces installations ne devraient pas coûter plus de 12 000 € pour une maison, si on veut avoir une chance de rentabiliser la chose en mois de dix-quinze ans... dans le sud de la France ! ''</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Non, je n’ai pas fouillé bien loin non plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Un panneau de 195 W coûtant 500 € délivre moins de 200 kWh dans l’année à Hanovre, un peu plus à Fribourg, en face de l’Alsace. Le kWH est autour de 13 centimes TTC en France, 26 en Allemagne.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Vu ce que je vois en franchissant le Rhin, les installations sont beaucoup plus nombreuses que chez nous, et couvrent souvent </em>tout<em> le toit, bien loin des trois panneaux ici et là par chez nous.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Et, ajouterais-je, uniquement à l’occasion de leur renouvellement : que ce soit un PC ou un frigo, la réduction de consommation électrique ne justifient à elle seule ni économiquement ni écologiquement un remplacement précoce.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Des-petits-panneaux-solaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/750« Pour la Science » de mai 2013 : complexité, créativité, médecine chinoiseurn:md5:f4b91406c03d0193a3b6bb4bc31775f32013-05-22T00:00:00+02:002016-07-06T12:00:26+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationchaosChinecommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiedémographiedéshumanisationenfantsentropieintelligencemathématiquesmèmemémoireoptimisationorganisationparadoxeperspectivesantésociétés primitivesécologieévolution <p>Notes rapides sur le dernier numéro avant qu’il ne soit chassé des kiosques, <em>et avis personnels en italique</em> :
<img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_427_1ere_de_couv_w1.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Créativité</h3>
<p>La créativité humaine, la capacité à innover de façon continue, ne remonte pas à si loin, mais la date fait débat. Les fossiles africains montrent des évolutions culturelles, puis des régressions apparentes pendant des dizaines de milliers d’années.</p>
<p>La taille du cerveau n’est pas un critère suffisant pour être créatif, il faut savoir utiliser ces neurones et les interconnecter. Les individus actuels les plus créatifs sont de grands rêveurs, dont l’esprit vagabonde pour faire des analogies inédites avant de revenir au mode analytique habituel. Les neurones plus nombreux rendraient les souvenirs plus précis et pérennes, permettant leur connexion. Un exemple : l’hominidé qui se blesse à un buisson épineux ferait le rapport entre sa chasse et cet épisode <em>via</em> la chair blessée, et aurait ainsi l’idée de l’arme pointue.</p>
<p>Mais l’origine de la créativité humaine pourrait aussi être l’explosion des interactions avec la progression démographique d’il y a 100 000 ans. Une expérience montre que des enfants de maternelle écrasent les singes à des exercices de casse-tête simplement parce qu’ils communiquent, partagent et s’encouragent.</p>
<p>Ah oui : c’est le repos du cerveau, libre de divaguer, qui engendre la créativité. (<em>Pas le stress hystérique de la vie moderne...</em>)</p>
<h3>La médecine traditionnelle chinoise</h3>
<p>Les traités médicaux chinois remontent bien avant Jésus-Christ, mais les médecins ont traîné leurs racines magiques et religieuses jusqu’au XXè siècle, et les théories étaient aussi fumeuses que celles des humeurs en Europe. La pharmacopée en constitue la colonne vertébrale.</p>
<p>Les gouvernements du début du XXè siècle, puis les communistes, affligés par l’état de leur médecine, admirant les succès techniques occidentaux, traumatisés par les succès japonais, imitateurs de l’Occident, décident de revoir toute cette médecine selon les normes scientifiques. La « médecine traditionnelle chinoise », pratique rationalisée d’inspiration traditionnelle, n’a donc que cinquante ans !</p>
<p>Au moment où la Chine s’ouvre à nouveau, certains Occidentaux découvrent cette médecine, et y voient le contrepoint du poids de la physique et de la chimie trop présents à l’Ouest. Ajoutons les problèmes de traduction, culturels, quelques experts ignares, la fascination pour du savoir millénaire, et un aveuglement parfois délibéré par rejet de la science : la mode prend.</p>
<p>Le gouvernement chinois est déchiré : d’un côté, cette passion occidentale pour sa médecine offre des perspectives d’exportation alléchante ; d’un autre côté il garde pour but d’extirper les superstitions et de rationaliser cette médecine, à l’occidentale. Si les anciens concepts fumeux reviennent en Chine même <em>via</em> l’Occident, on retourne à l’obscurantisme scientifique qui a mené la Chine à sa perte les siècles précédents. Les deux raisons poussent les Chinois à vouloir garder le contrôle sur l’enseignement de leur médecine, et n’en facilitent pas l’évaluation raisonnable.</p>
<h3>Complexités</h3>
<p><em>Bon cru pour l’article de Delahaye. Pour certains, ce seront des évidences réchauffées, mais j’ai une question existentielle de moins dans ma tête.</em></p>
<p>D’un côté il y avait la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Complexit%C3%A9_de_Kolmogorov">complexité de Kolmogorv</a>, où un objet pouvait être résumé au plus petit programme capable de le générer. En première approche, un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/ZIP_%28format_de_fichier%29">zip</a> d’un fichier estime cette complexité, elle est minimale dans les objets répétitifs, faible dans une fractale (le programme est simple), et maximale dans un nombre aléatoire, un circuit imprimé...</p>
<p>La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Profondeur_logique_de_Bennett">profondeur logique de Bennett</a> complète cette approche en tenant compte du temps de calcul nécessaire à ce programme : les motifs répétitifs restent simples ; les suites aléatoires, programmées avec une simple recopie de chiffres, redeviennent simples ; par contre la fractale ou le circuit imprimé exigent de longs calculs pour être reconstitués.</p>
<p>Suit un parallèle avec les arbres biologiques de créatures vivantes (indéniablement complexes), qui suivent un très long temps d’évolution/calcul. En conclusion : « On peut même rêver d'aboutir à une compréhension théorique profonde du développement de la complexité de l’univers et du vivant, qui rendrait définitivement caduques les élucubrations des créationnistes de l’<em>Intelligent Design</em>. » (<em>Personnellement, je doute que des équations mathématiques les convainquent...</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fa/Latimeria_Chalumnae_-_Coelacanth_-_NHMW.jpg/320px-Latimeria_Chalumnae_-_Coelacanth_-_NHMW.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93lacanthe">cœlocanthe</a>, ce poisson si proche des ancêtres des tétrapodes, redécouvert au XXè siècle alors qu’on le pensait disparu avec les dinosaures, ne survit pas en captivité. Des plongeurs sont allés le voir dans son milieu (<em>chapeau pour les heures de paliers de décompression à subir</em>) : c’est une bestiole placide, au métabolisme très lent, et curieuse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas compris grand-chose aux résultats de la <a href="http://public.planck.fr/">mission Planck</a>, sinon que le satellite a réussi l’exploit de mesurer une température proche du zéro absolu dans les profondeurs les plus lointaines de l’univers, avec un cent-millième de degré de précision. Les résultats vont servir à invalider certaines théories de physique très fondamentale.</li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait trouvé un fossile de Néandertalien métis : ADN mitochondrial néandertalien, menton d’homme moderne !</li>
</ul>
<ul>
<li>La physique quantique en une minute, <a href="https://www.youtube.com/user/minutephysics" hreflang="en">c’est possible</a> ! <br /><em>Sympa, mais franchement, pas beaucoup d’infos de plus que dans une page écrite. Et à un débit qui ne rend pas forcément facile la mémorisation pour qui tout cela n’est pas déjà une évidence. Enfin, si ça peut aider certains...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait mettre au point du béton flexible : capital pour les zones sismiques !</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/746« 1941-1942 : Et si la France avait continué la guerre… »urn:md5:6044450b72d481d1becc7d092454558a2013-05-18T00:00:00+02:002016-07-05T12:35:57+02:00ChristopheTemps et transformationsAllemagneAmériqueapocalypsechaoscommunismecomplexitéconquête de l’inutilecouragedéterminismeEmpire soviétiqueEuropegéopolitiquehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoirenationalismeperspectiveracismeracléeRussieSeconde Guerre MondialesimulationspéculationtempstotalitarismeténacitéuchronieémerveillementÉtats-Unis <p>Ceci est la suite d'une uchronie que j'avais pas mal appréciée, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre">la France continue la Guerre</a></em>, issue d'une <a href="http://www.1940lafrancecontinue.org/forum/">réflexion collective</a>.</p>
<p>Le point de divergence avec notre histoire portait sur le refus d'un armistice en juin 1940. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continué-la-guerre">Dans le premier tome était conté comment le Grand Déménagement emmène gouvernement et armée en Afrique du Nord</a>. La France entière est envahie, et la Royale et l'aviation continuent le combat vaille que vaille aux côtés des Britanniques. Ceux-ci connaissent une bataille d'Angleterre moins violente, et la Lybie italienne puis la Sardaigne tombent tout de suite aux mains des Alliés. Le théâtre des opérations se centre autour de la Méditerranée bien plus que dans la trame historique réelle. Le premier tome finissait fin 1940.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lafrancecontinue-2.jpg" alt="lafrancecontinue-2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /><em>1941-1942</em> prend la suite immédiate, pendant presque un an et demi. Presque jour par jour s'écoulent les opérations en Sardaigne, Corse puis Grèce (similaires mais différentes de ce qui s'est réellement passé en 1941) ou dans l'Empire italien ; en Asie et à Pearl Harbor ; et enfin en Russie. Les grosses différences concernent l'Indochine (menacée par les Japonais, alors que Vichy avait coopéré avec eux) et Barbarossa.</p>
<p>Ce livre se lit avec Wikipédia à côté pour goûter toute les différences entre la trame réelle et celle-ci fantasmée, bien similaire mais souvent subtilement différente. Accessoirement on apprendra des choses (qui se souvient qu'en 1941 nous avons mené une guerre contre la Thaïlande, ou que les Britanniques ont envahi l’Irak et l’Iran par précaution ?). Petites friandises : les allusions à des personnages dont le destin a basculé ou des films qui se seront inspiré des événements (que devient <em>Un taxi pour Tobrouk</em> dans un monde où Rommel sévit dans une Grèce enneigée ?).</p>
<p>C'est dans la postface que réside l'intérêt majeur. Jacques Sapir et ses confrères décrivent les choix qu'ils ont fait, leurs réflexions, leurs simulations. Tout en reconnaissant une part d'arbitraire, et que la probabilité de tomber juste se réduit au fur et à mesure que s'éloigne le point de divergence avec le réel, ils défendent les positions adoptées.</p>
<p>Économiquement tout d’abord : la France, forte de ses réserves d’or, pouvait se réarmer auprès du gigantesque « arsenal des démocraties » américain. Peinant encore à sortir de la crise de 1929, celui-ci ne demandait que cela, et l'argent et les ingénieurs français auraient stimulé la montée en puissance des États-Unis encore plus que dans la réalité : les nombreuses commandes de 1939 ou 1940 auraient été poursuivies, les Britanniques, soulagés d’une partie de l’effort, auraient pu rétrocéder des avions, et d'autres notables investissements auraient pu être faits pour les Français.</p>
<p>Les points de discussion principaux portent évidemment sur l'attaque japonaise généralisée de décembre 1941 sur les possessions occidentales (et accessoirement Pearl Harbor). Il n’y a pas de raison que les relations entre Japon et États-Unis, exécrables à cause des exactions en Chine, soient meilleures. Quel que soit le prétexte (ici l’intimidation des Japonais envers une France qui n’abandonne pas l’Indochine), étaient inéluctable l’embargo américain, puis l’affrontement armé : attaque des possessions occidentales en Asie, et raid sur Pearl Harbor. La Guerre du Pacifique commence de manière similaire, mais on nous promet une fin bien différente.</p>
<p>En Europe, la stratégie des Alliés est contrainte : ils sont forcés de contre-attaquer, et ne peuvent le faire qu’en Méditerranée, qui devient le champ de bataille principal, et en espérant détacher l’Italie de l’Axe. Même s’ils n’ont pas les moyens de leur ambition, cela ne fait pas l’affaire d’Hitler qui, lui, ne pense qu’à l’attaque de l’URSS.</p>
<p>C’est dans le premier tome que Sapir & compagnie avaient justifié le maintien de Barbarossa : la psychologie d’Hitler doit rester la même. La conquête du <em>Lebensraum</em> aux dépens de ces sous-hommes de Slaves <em>est</em> le but fondamental de sa guerre. Les Anglais et Français laisseraient tomber quand il aurait à sa disposition toutes les ressources de l’URSS, et ce n’était pas ces Américains enjuivés et négrifiés qui allaient changer grand-chose...</p>
<p>Toujours est-il que même le Führer doit se rendre à l’évidence : les combats en Méditerranée mobilisent trop de moyens et l’attaque doit être reportée d’un an <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Une année qui, la postface le décrit fort bien, a réellement manqué justement à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> pour réorganiser l’Armée Rouge et la préparer au combat. Une Allemagne plus fatiguée attaquant une URSS bien mieux préparée : on nous promet des conséquences « cataclysmiques » pour le Reich.</p>
<p>Pour la forme, on retrouvera les mêmes défauts que pour le premier tome : une action trop détaillée quant aux opérations militaires et aux événements politiques au jour le jour, qui ne laisse pas assez de place pour les réflexions de fond, la vie des civils, les évolutions technologiques, l’impact du maintien des Français sur les opérations. Il est vrai que le pavé est déjà assez lourd... Les cartes manquent, et celles présentes renseignent peu. On aimerait plus de moyens de détecter les variations avec la réalité que la lecture parallèle de livres ou de Wikipédia.</p>
<p>Les premières salves de Barbarossa démarrent dans les dernières pages, et j’attends le tome 3. Par rapport à la réalité, comment les lignes de front finales se positionneront-elles ? Les Russes à Strasbourg, et les Japonais soumis <em>avant</em> de recevoir des bombes atomiques sur la tête ? Comme les habitants de ce monde fantasmé, il faudra patienter encore quelques temps...</p>
<p>PS : Voir aussi la <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/et-si-la-france-avait-continue-la-guerre-tome-2-1941-1942/">critique d’Alias</a>, fan du projet.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons que cela n’est qu’une extension de la trame historique : les Italiens ont réellement attaqué la Grèce fin 1940, et se sont fait raccompagner à la frontière. Ce qui motiva une intervention allemande en 1941, incluant l’invasion de la Yougoslavie. Militairement un succès foudroyant, mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Barbarossa#Plans_.C3.A9labor.C3.A9s_d.C3.A8s_1940">tout cela retarda de quelques semaines l’attaque de l’URSS...</a>, semaines qui manquèrent peut-être pour prendre Moscou, atteint et raté trop tard dans l’hiver. La ténacité grecque a peut-être fait perdre la guerre à l’Allemagne.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/739« Les taxes sont ce que nous payons pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation avec un rabais. »urn:md5:58cba9ecb5a89198ca1c614ec25b9e3a2013-04-20T16:18:00+02:002017-06-11T15:00:43+02:00ChristopheCitationsanticonsumérismeargentbon senscivilisationdémocratielibertéperspectiveréalitésolidaritévaleuréconomieÉtats-Unis <blockquote><p><em>Taxes are what we pay for civilized society.</em> <br /> <br />Les impôts sont ce que nous payons pour une société civilisée.<br /> <br /><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Oliver_Wendell_Holmes_Jr.">Oliver Wendell Holmes, Jr.</a></p></blockquote>
<p>« Justice Holmes » fut un des plus importants juges de la Cour Suprême américaine de la première moitié du XXè siècle. Cette citation <a href="http://quoteinvestigator.com/2012/04/13/taxes-civilize/" hreflang="en">était dans l’air du temps</a> et figure sur le fronton d’un bâtiment de l'IRS, le fisc local.</p>
<p>En 1937, le Secrétaire au Trésor de Roosevelt ajouta :</p>
<blockquote><p><em>Taxes are what we pay for civilized society. <br />Too many citizens want the civilization at a discount.</em><br /> <br />Les taxes sont ce que nous payons pour une société civilisée. <br />Trop de citoyens veulent la civilisation avec un rabais.<br /> <br /><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Morgenthau">Henry Morgenthau, Jr.</a>, mémo du 21 mai 1937 au Président <br /> <br /> (Source : <a href="http://www.taxhistory.org/thp/readings.nsf/ArtWeb/A03CE0C836330991852575B400689747?OpenDocument" hreflang="en">Taxhistory.org</a>)</p></blockquote>
<p>Morgenthau attirait l’attention sur les techniques d’évasion fiscale de l’époque, à un moment où la tranche maximale de l’impôt sur le revenu américain commençait à s’envoler vers les 90% ; taux qui sera maintenu longtemps après la fin de la guerre, sans que cela gêne l’explosion économique des Trente Glorieuses. Comme quoi il y a des choses qui ne changent pas malgré les décennies qui passent.</p>
<p>La traduction de <em>at a discount</em> est pleine de pièges. On dirait peut-être <em>low cost</em> en franglais actuel, mais le terme a pris une connotation négative pour le produit final même, de même que « au rabais ». « Avec un rabais » me semble plus juste.</p>
<p>PS : Citation rencontrée dans l’édito du dernier numéro (<a href="http://www.courrierinternational.com/magazine/2013/1171-fisc-la-grande-evasion">1171</a>) de l’excellent <em>Courrier International</em>.</p>“Life After People”urn:md5:eebdf1a12cb562d150c76a0daf652e712013-03-20T00:00:00+01:002016-06-02T10:36:59+02:00ChristopheTemps et transformationsAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcomplexitédommagedécadenceentropieexaptationgéologiehistoirelyrismemortnatureperspectivepollutionrecyclagesciencesimulationspéculationtempsécologieémerveillementéonsévolution <p><em>Welcome to Earth, population zero.</em></p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51xtluUbvcL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Cette série américaine de documentaires a manifestement été inspirée par <em>The World without us</em> (en français, <em>Homo disparitus</em>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman">déjà chroniqué et apprécié ici en 2008</a>), d’ailleurs l’auteur du livre fait des apparitions.</p>
<p>Elle en reprend l’hypothèse de départ : toute présence humaine disparaît du jour au lendemain, comme par magie, et sans détruire le reste de la planète qui évolue alors sans nous. Que deviennent le monde et nos villes ?</p>
<p>Bon point, la série utilise comme le livre la mise en perspective historique : la déliquescence de Washington désertée est rapprochée de celle d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Angkor">Angkor</a>, abandonnée à la jungle il y a un demi-millénaire. Mine de rien, il existe de nos jours flopée de cités abandonnées, même récemment, même dans les pays riches.</p>
<p>Nombre d’épisodes rappellent la puissance des éléments : la pluie, la foudre, les inondations mais aussi la neige, les racines des arbres, les fientes des oiseaux, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana#Le_kudzu_en_tant_qu.27esp.C3.A8ce_exotique_envahissante">kudzu</a>, la rouille, les ultra-violets solaires... Notre société a incroyablement modifié le paysage, détourné des fleuves, prélevé et déplacé des masses d'eau gigantesques, asséché des marais, et installé des piscines dans des déserts. Los Angeles retournera au désert quand les pompes s’arrêteront, et les monuments de Washington finiront fossilisés sous le niveau de la mer.</p>
<p>Ce ne sont pas les constructions les plus apparemment solides qui survivront forcément : tout ce qui est en béton armé, bunkers du Mur de l’Atlantique y compris, sera vite rongé par la corrosion. Dans deux-trois siècles, il ne restera plus grand-chose de visible de nos villes ; et dans deux mille ans, peut-être Notre-Dame et sûrement les pyramides. Les derniers témoignages de l’humanité seront des coffres-forts enterrés plein d’or, des sondes dans l’espace, et un rover sur la Lune. La question n’est
pas de savoir si mais quand et comment un pont, un navire de guerre, une statue, la Joconde... disparaîtront.</p>
<p>Le monde que nous laisserons derrière nous ne sera pas le même que celui où nous sommes apparus. Après nous prospérerons peut-être des plantes invasives venues d’autres continents, tenues péniblement sous contrôle (comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana">kudzu</a> aux états-Unis), des chiens retournés à l’état sauvage, des chimpanzés lâchés dans des villes vides pleine d’opportunités pour les plus fûtés...</p>
<p>Quelques touches d’humour surnagent au sein d’un commentaire évidemment catastrophiste, par exemple le sort des <a href="http://www.kelchien.com/races/welsh-corgi.php">corgys</a> d’Élisabeth II, obligés de piller Buckingham Palace avant de s’échapper dans le vaste monde.</p>
<p>Des bémols ? Un ton très sensationnaliste, une certaine lassitude après le énième immeuble effondré à cause de l’assaut de l'eau et de la foudre et faute de maintenance ; beaucoup d’effets faciles ; des redites à cause des coupures pubs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et une vision très centrée sur l’Amérique (on voit quand même la Tour Eiffel s’émietter). Ça n’en reste pas moins passionnant.</p>
<p>Attention, c’est uniquement en anglais, sans sous-titre ! Je n'ai cependant eu aucun problème pour comprendre, à part quelques Texans, et pourtant j’écoute peu d’anglais ces temps-ci. Gaffe au zonage si vous vous offrez le DVD.</p>
<p>Site de la série (deux saisons) : <a href="http://www.history.com/shows/life-after-people" hreflang="en">http://www.history.com/shows/life-after-people</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais comment font les Américains pour supporter de la pub toutes les cinq minutes ? Pour le moment ils n’en mettent pas sur les DVDs, Dieu merci.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/715« Pour la Science » de Janvier 2013 : Mer morte, loup domestiqué, monde continu ou discreturn:md5:e11ad857d68921787c0821850e5cfcf22013-03-16T00:00:00+01:002016-04-26T12:17:12+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieauto-organisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecynismegénéalogiegéologieintelligence artificiellelanguesmathématiquesperspectivesciencescience-fictionsignifiéspéculationsurréalismetempsuniversvirtuelécologieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieénergieévolution <p>À chaque fois que je lis mon magazine préféré, je me dis que je vais essayer d’économiser le temps de chroniquer celui-ci. Et paf, ça ne rate jamais, il <em>faut</em> que je me souvienne de certains articles, donc que je les résume ici. C’est parti, <em>commentaires personnels comme d’habitude en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_423_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Sigma de un n sur deux » est plus parlant pour un mathématicien que « la somme des inverses des carrés des nombres entiers. » De même, des mots comme « ontologie » ou « keynésien » permettent de ne pas se laisser submerger à nouveau par tous les détails et d’avancer un peu plus loin. « L’étrange besoin qu’a l’esprit de court-circuiter les détails d’une étape pour pouvoir s’appuyer sur celle-ci confère aux abréviations une étrange puissance créatrice. »<br /><em>Parallèle à faire avec les fonctions et autres routines en informatique ; ou une documentation souvent inutile quand elle reprend ce qui est déjà noté clairement en code informatique.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour passer pour un oracle, il ne faut pas être nuancé et capable de changer d’avis, mais carré, inflexible et inébranlable, et on vous écoutera. « Le monde n’écoute que les sourds. »<br /><em>Éternel dilemme entre les principes et le réalisme. Pour que les réalistes ne bradent pas trop les principes, ne faut-il pas quelques têtes de mules qui leur rappellent ?</em></li>
</ul>
<h3>Le monde est-il discret ou continu ?</h3>
<p>Grave question non résolue, au confluent de la philosophie, des plus audacieuses théories de physique théorique, du <em>Jeu de la vie</em>, de la physique quantique et de <em>Matrix</em>.</p>
<p>Le discret est à la mode à notre époque, et la théorie des quanta (paquets d’énergie aux quantités bien définies, et non continues) semble le justifier. Cependant, <a href="http://www.damtp.cam.ac.uk/user/tong/bio.html">David Tong</a> rappelle que ces quantas ne sont, par un « tour de magie mathématique », que des solutions à l’équation de Shrödinger qui, elle, suppose un espace continu.</p>
<p>D’ailleurs en physique théorique fondamentale, il n’y a même pas vraiment de particules, juste des champs.</p>
<p>En conséquence, le <em>seul</em> entier fondamental de toute nos théories physiques est 1, nombre de dimensions temporelles. En effet il n’est pas certain que le nombre de dimensions d’espace soit simplement 3 si l’espace est fractal (dimension non entière). Et le nombre de sortes de quarks (6) ou autres particules n’est qu’une conséquence des équations des champs. (<em>Le concept de dimensions temporelles plurielles me laisse rêveur, mais il paraît que les théories seraient alors incohérentes.</em>)</p>
<p>Plus pratiquement, aucune simulation numérique ne semble réalisable pour certains phénomènes chiraux en chromodynamique quantique : ils seraient fondamentalement non discrétisables.</p>
<p><em>Moralité : si nous sommes dans la Matrice, elle est analogique.</em></p>
<h3>Du loup au chien</h3>
<p>Le chien descend des loups domestiqués il y a au bas mot 30 000 ans, soit nettement plus tôt que tous les autres animaux domestiques (10 000 ans au plus). Les premiers louveteaux auraient pu être allaités par des femmes, comme cela se voyait encore récemment en Papouasie. Par nature social, un jeune loup se considère alors comme membre d’une horde d’humains. C’est en fait logique : le loup occupait la même place écologique que nous avant le Néolithique : prédateur en meute et sociologiquement, c’est donc déjà l’animal le plus proche de nous.</p>
<p>Sélection artificielle aidant, nous aurions alors obtenu cet animal artificiel, très dépendant de nous, loup éternellement adolescent, qu’est le chien.</p>
<p>La définition du chien en tant qu’espèce est d’ailleurs un exemple du flou sur la notion même d’espèce, car la variabilité entre espèces canines est plus grande que la distance avec le loup. Quant à l’apparence, elle ne veut rien dire (le pékinois est plus proche du loup que le berger allemand !). Espèce à part ou sous-espèce de <em>Canis lupus</em> ?</p>
<p>Un passage laisse songeur : grâce au chien, doté d’un odorat et d’une endurance plus performants bien supérieurs, la chasse de nos ancêtres a été bien plus efficace. Peut-être le chien a-t-il été un atout majeur d’<em>Homo sapiens</em> dans la lutte contre Neandertal, lequel, justement, a disparu peu après cette domestication...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><strong>La Mer Morte se meurt</strong> (<em>je sais que les zombies sont à la mode, mais là ça devient zarb’</em>) : les eaux du Jourdain sont massivement détournées par les pays riverains, le niveau baisse d’un mètre par an (<em>!!!</em>), provoquant d’impressionnants et dangereux effondrements circulaires près des rivages. Un projet d’aquaduc depuis la Mer Rouge existe (c’est la saumure résultant du dessalement de l’eau qui approvisionnerait la Mer Morte), les études sont en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour un père qui veut diffuser ses gènes, il vaut mieux s’occuper de ses neveux (par sa sœur) que de ses propres enfants (supposés) si le taux d’infidélité dépasse 50%. <br /><em>J’adore quand on croise probas, génétique, et morale.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait à présent mesurer la température d’un plasma quarks-gluons (environ 2 000 milliards de degrés, pendant 10<sup>-23</sup> s). <br /><em>Non je n’ai compris ni la technique, ni l’utilité immédiate, ni même ce que l’on mesurait.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait détecté à une centaine d’années-lumière une <strong>planète errante</strong>, éjectée de son système solaire. <br /><em>Des étapes sur la route des étoiles ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Évaluation entre experts au sein de l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche</strong> : plutôt que la nomination en cascade depuis le sommet (politique), ou des critères de « performances » vite générateurs de cercles vicieux, <a href="http://lem.vjf.cnrs.fr/spip.php?article91">Philippe Büttgen</a> propose purement et simplement... l’élection par les pairs. Transparence n’est pas confiance, et ça se passe bien en Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une usine à gaz en préparation au Parlement vise à <strong>moduler le prix de l’électricité</strong> en fonction de la consommation : -20% sur la facture en dessous d’un quota de base, +10% pour ce qui en dépasse le double. <a href="http://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2012/03/12-03-CV-Boris-Solier.pdf">Boris Solier</a> accuse ce système d’être contre-productif, comme cela a été le cas en Californie : le prix moyen, plus bas pour certains, mènera à une hausse de leur consommation, et en général lors des pics. Ensuite, on ne consomme pas moins quand on est pauvre et plus quand on est riche : les gens modestes ont du mal à faire isoler leur logement. Autant aider la rénovation. Enfin, la mise en œuvre sera complexe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pas d’addiction au sucre</strong> : dans les définitions officielles des psychiatres, l’addiction suppose plusieurs critères, dont un conflit entre un désir d’arrêter une consommation, et le désir impérieux de continuer à en consommer, et plus que de raison. On ne pourra donc parler d’addiction au sucre que lorsque la pression sociale sera telle que les gens <em>voudront</em> arrêter le sucre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Australopithecus sediba</em></strong>, découvert en Afrique du Sud, serait-il le véritable ancêtre des <em>Homo erectus</em> (et donc le nôtre) ? Une grotte a livré deux squelettes assez complets, événement très rare, et promet déjà d’autres belles découvertes pour trancher le débat. L’arbre généalogique de l’homme reste dans le détail très discuté.<br /><em>J’ai même l’impression qu’ils y rajoutent une nouvelle espèce tous les 3-4 ans : </em>Homo antecessor<em>, </em>Homo heidelbergensis<em>...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique de Jean-Paul Delahaye s’étend sur <strong>ces jeux sérieux qui utilisent l’intelligence humaine</strong> de manière massivement parallèle pour des problèmes (encore) inaccessibles aux ordinateurs, par exemple <a href="http://www.galaxyzoo.org/" hreflang="en">Galaxy Zoo</a>, ou <a href="http://fold.it/portal/" hreflang="en">FoldIt</a>, quand ce n’est pas <a href="http://www.google.com/recaptcha" hreflang="en">reCAPTCHA</a> pour numériser des livres.</li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique Science-Fiction détaille l’anatomie de la bestiole d’<em>Alien</em>, et montre que c’est un condensé de toutes nos peurs animales (reptile, insecte, arachnide...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Et la rubrique artistique montre que, <strong>géologiquement, le monde de J.R.R. Tolkien est cohérent</strong>. On a même les frontières des plaques tectoniques.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Janvier-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/734ST Magazine, un bout d’histoire à la benneurn:md5:d760263dd0d671014e6962579cc4f8a52013-03-10T13:14:00+01:002016-03-29T16:50:42+02:00ChristopheInformatique militante et technologieculturedécadencehistoireinformatiquemémoirenostalgieperspectivesauvegardestempséconomie de l’attentionéducationémerveillementévolution <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.STMag30_s.jpg" alt="STMag30.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="STMag30.jpg, mar. 2013" /> Je viens de jeter à la benne trois années de <em><a href="http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=6&page=presentation">ST Magazine</a></em>, qui pendant mes années lycée-prépa (en gros de l’effondrement du mur de Berlin à la sortie de <em>Jurassic Park</em>), a fait le début de mon éducation informatique.</p>
<h3>Radotons</h3>
<p>C’était un monde informatique que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, où le summum de la connectivité passait par le Minitel (pour le téléchargement) et la Poste (pour les disquettes de domaines publics) ; où les éditeurs allemands comptaient autant que les Américains ; où tout était intégré par le même constructeur, du matériel aux périphériques au système d’exploitation ; où la compatibilité entre deux versions successives d’une machine pouvait jouer des tours ; où on était ravis de s’éclater les yeux en 320x200 en seize couleurs sur une télé ; où les graphismes délirants de <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NwN3x8GzzFc">Capitaine Blood</a></em> <img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/SF/captain-blood-atari-st-screenshot-migraxs.png" alt="Capitaine Blood et un Migrax" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> m’arrachaient un « ouaouh ! » (bon, avant j’avais un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomson_MO5">MO5</a>), et en plus <a href="https://www.youtube.com/watch?v=olIwhY7BAFU">la musique était de Jean-Michel Jarre</a> ; où les éditeurs de jeux disaient déjà que le piratage allait les tuer (le pair-à-pair à l’époque, c’était dans la cour du lycée).</p>
<p>ST Mag causait parfois du monde Mac (et ses bécanes hors de prix), du monde Amiga (l’ennemi mortel pourtant), voire de hautes technologies complètement ésotériques pour les mortels : Unix System V release 4, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/NeXT">NeXT</a>, les Motorola 68030... Non, Linux n’existait même pas. Jean-Michel Jarre créait sur Atari ST, et à côté de tout cela MS-DOS et son invite en mode texte faisait pitié.</p>
<p>Je me souviens de mes premiers programmes sérieux en <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/GFA-BASIC" hreflang="de">GFA Basic</a>, tellement proche du Pascal, et des émerveillements en codant mon premier ensemble de Mandelbrot ou un simulateur de système solaire ; des émulateurs pour PC (j’avais, ça marchait assez pour faire du Turbo Pascal !) ; de mes premiers pas avec <a href="http://hof.povray.org/">PoV</a> ; et des dessins de <a href="http://bellaminettes.com/blog/">Bruno Bellamy</a>.</p>
<p>Dans la famille, nous sommes actuellement trois générations à faire simultanément du rangement : j’ai dû me résoudre à décharger mon père de ce carton poussiéreux. J’ai survolé les sommaires en choisissant les quelques numéros que je tenais à garder, et il faut reconnaître que l’essentiel n’a plus grand intérêt : nouvelles très défraîchies, tests de logiciels oubliés, de cartes d’extension confidentielles, ou des nouvelles machines d’Atari qui n’ont jamais décollé (<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_TT030" hreflang="en">TT</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_Transputer_Workstation">Transputers</a> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jaguar_%28video_game_console%29" hreflang="en">Jaguar</a>, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_Falcon" hreflang="en">Falcon</a>), faute de surface financière surtout. Comme tant d’autres, je suis passé dans le monde plus triste, mais plus économiquement réaliste, des PCs et des Macs.</p>
<h3>Dave Small</h3>
<p>Resteront dans les annales notamment les articles de Dave Small (en ligne <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/index.php3">ici</a>, à archiver), une mine de conseils.</p>
<p><a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/mbti.php3">Grâce à lui</a> j’ai su que j’étais un NT avant même de <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/30/129-je-sais-un-intj">faire le test</a>. Il rendait une partie de l’informatique <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/mmu.php3">magique</a>, ou montrait <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/heisenberg.php3">son côté vaudou</a>. Il m’a fait découvrir <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/tesla.php3">Tesla</a> et <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/souviens.php3">l’influence du SIDA sur l’industrie informatique</a>.</p>
<p>Si j’en crois les forums, une bonne partie de la nostalgie liée à ST Mag est attachée à Dave. Impossible de mettre la main sur les versions originales des articles.</p>
<h3>Vingt ans après</h3>
<p>Depuis, ST Magazine continue de paraître en ligne toutes les demi-décennies. <a href="http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=6&page=presentation">Les anciens numéro sont sur abandonware.org</a> (merci Stéphane pour le lien).</p>
<p>Le patron d’Atari <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_Tramiel" hreflang="en">Jack Tramiel</a> est mort en 2012. NeXT a dévoré Apple de l’intérieur. Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Motorola_68000">68000</a> sont ravalés au rang de microcontrôleurs.</p>
<p>D’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Atari">Atari</a> il ne reste rien que des droits sur des jeux et un nom connu, racheté par un éditeur qui trouvait que le nom sonnait bien et qui vient de faire faillite. Il y a des chances qu’Atari renaisse un jour sous une forme ou une autre, sans aucun rapport avec l’entreprise originale.</p>
<p>Dave Small semble avoir manqué la transition vers Internet. Restent <a href="https://www.atariage.com/forums/topic/9183-spectre-gcr/" hreflang="en">une preuve de vie sur un forum</a>, où il parle de la faillite de son entreprise, et <a href="http://valvassori.free.fr/dave_small/">les versions numérisées de ses articles dans ST Mag</a> (lecture conseillée aux petits jeunes).</p>
<p>Et Bellamy vient de lancer <a href="http://www.mbdmag.eu/">un nouveau mag de BD</a>.</p>« Guerre & Histoire » n°10 de décembre 2012 : Guerre de Cent Ans, Crimée, Pologne, Maison Blanche brûléeurn:md5:fae08c2dd2296d59b49fc4da560252912013-02-04T22:13:00+01:002016-03-21T12:59:32+01:00ChristopheHistoireAllemagneAntiquitécatastrophechâteauxEmpire romainGrandes InvasionsguerreGuerre de Cent AnsgéopolitiquehistoireHistoire de FranceMoyen ÂgemythemémoirenationalismeperspectivepolitiquePremière Guerre MondialesaturationSeconde Guerre Mondialeuchronieévolution <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/GuerreEtHistoire_10.jpg" alt="GuerreEtHistoire_10.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerre & Histoire n°10" /></p>
<p>J’aime bien ce magazine : à l’école ou dans les livres, on parle très peu de la science militaire alors que son rôle été capital. De plus, les auteurs ne se limitent pas à admirer les « gros tanks de la Wehrmacht qui auraient gagné la guerre si les Alliés avaient gentiment attendu 10 ans qu’ils les construisent en série », comme d’autres magazines, mais traitent aussi d’économie et de société : un précédent numéro parlait du rôle du pétrole dans la Seconde Guerre Mondiale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ici, ce sont les évolutions sociales pendant la Guerre de Cent Ans, avec les conséquences jusqu’à nos jours, qui font la couverture.</p>
<h3>Kippour, Crimée, Pologne, Maison Blanche cramée</h3>
<p>Rapidement, ce dont parle aussi ce numéro :</p>
<ul>
<li><strong>Un ancien jeune tankiste israélien</strong> raconte comment en 1973, surpris dans le Golan par l’attaque syrienne, son petit groupe de 13 chars a tenu tête, sans perte, à 450 tanks syriens, et en a détruit la moitié ! La formation, la motivation, et 6° de différence dans l’orientation du canon vers le bas, peuvent littéralement faire des miracles.</li>
</ul>
<ul>
<li>En France, la <strong>guerre de Crimée</strong> (1853-56) a été zappée de la mémoire collective, oblitérée par la défaite de 1870. Il ne reste que quelques noms de lieux, de stations, à Paris. Et pourtant, ce fut le premier conflit photographié. Les clichés présentés ici semblent surréalistes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La cavalerie polonaise n’a jamais été assez stupide pour charger les panzers de la Wehrmacht en 1939 !</strong> Elle combattait normalement à pied, les chevaux n’étant que des moyens de transport adaptés à un pays aux mauvaises routes. Quelques rencontres imprévues ont été grossies par la propagande allemande, et le mythe perdure encore de nos jours.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La Guerre de 1812 entre États-Unis et Angleterre</strong> marqua sans doute le premier acte impérialiste américain, et ça a plus mal fini encore qu’en Irak. À cause notamment du blocus napoléonien et des mesures de rétorsion anglaises, et voulant « libérer » le Canada sous-peuplé, des « faucons » poussent le Président Madison à l’attaque au nord. Mais l’armée américaine n’est pas organisée, alors que les Canadiens, bien que majoritairement francophones, restent fidèles à la couronne britannique, ainsi que leurs alliés indiens ; enfin la Royal Navy domine les mers. Humiliation, la Maison Blanche flambe. En 1815, les deux camps signent le match nul, la chute de Napoléon éteignant la cause du conflit (et libérant nombre de ressources anglaises...).</li>
</ul>
<ul>
<li>En 451, la célèbre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_champs_Catalauniques_%28451%29">bataille des Champs Catalauniques</a>, mythique sauvetage par le « dernier des Romains », <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aetius">Aetius</a>, des reste de l’Empire romain face aux hordes hunniques d’Attila, a plutôt ressemblé à une bataille entre d’une part des Germains soumis aux Huns (Ostrogoths surtout, Hérules, Gépides, Francs...) et d’autre part des Germains alliés aux Romains (Wisigoths, Alains, d’autres Francs...), sans beaucoup de légions romaines par contre, mais quelques mercenaires huns avec Aetius. Au final, Aetius laisse filer Attila pour éviter une hégémonie wisigothe en Gaule. Attila ira encore piller l’Italie et Aetius, trop puissant, sera liquidé par l’Empereur en personne.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Angleterre a connu au XVIIè siècle sa période républicaine, d’un puritanisme extrême assez difficile à comprendre de nos jours (est-ce qu’on pourrait rapprocher ce mélange de théocratie et de parlementarisme avec l’Iran d’aujourd’hui ?). Cromwell, homme fort du Parlement, a pu s’imposer et écraser l’armée royale grâce à sa <em>New Model Army</em>. Sans stratégie vraiment originale, elle se fondait d’abord sur le mérite et non le sang bleu, sur une base nationale et non régionale, et enfin une part de fanatisme puritain. Assez pour prendre le pouvoir, pas assez pour consolider un régime pérenne qui ne survivra pas à Cromwell.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><em>Liberty ships</em></strong> : ces milliers de bateaux de transport identiques construits à la chaîne en quelques dizaines de jours parfois sont l’exemple parfait de la toute-puissance industrielle américaine au service des Alliés.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>Plan Schlieffen de 1914</strong> n'aurait pas été, comme on le pensait, vraiment conçu pour éviter la guerre sur deux fronts, mais était à l’origine le plan allemand contre... l’Angleterre (et non la Russie). Avec dans les deux cas la France comme adversaire secondaire à éliminer rapidement <em>via</em> la Belgique.</li>
</ul>
<h3>La Guerre de Cent Ans</h3>
<p>C’est une période charnière, chaotique, pleine de transformations douloureuses : une époque donc « intéressante » selon les critères de la vieille malédiction chinoise. Toutes les cicatrices ne sont pas refermées d’ailleurs, les vagues d’anglophobie et francophobie persistent encore parfois. (Rappelons qu’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/03/18/318-les-guerres-oubliees-2">on peut considérer qu’il y a eu trois Guerres de Cent Ans</a>...)</p>
<h4>Chronologie</h4>
<p>Rappelons les grandes lignes de ce long massacre entre 1328 et 1453, en soulignant que les campagnes au Moyen Âge étaient brèves et entrecoupées de nombreuses trèves, d’où la durée.</p>
<ul>
<li><strong>Contexte</strong> : Les Capétiens, plus puissante monarchie d’Europe, devaient fatalement un jour rentrer en conflit ouvert avec les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plantagen%C3%AAt">Plantagenêt</a>, qui en plus de l’Angleterre possèdent de gros morceaux de la France (Normandie et Guyenne surtout). Il y avait déjà eu pas mal d’explications musclées avant que Philippe Auguste ne montre qui était le patron un siècle plus tôt. Finalement, des raisons économiques (Flandres) s’ajoutent, et ce sera une querelle dynastique qui déclenchera les festivités. Pour les détails, se référer à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/11/21/34-les-rois-maudits-contexte-ii">mon billet sur le contexte des Rois maudits</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase I</strong> : Les Anglais ne cherchent qu’accessoirement la conquête, ils sont d’abord là pour piller. À Crécy les archers anglais écrasent l’armée de Philippe III. À Poitiers c’est carrément le fils de ce dernier, Jean II, qui se fait capturer, et comme rançon doit abandonner la moitié de son royaume à l’Anglais (mais il garde son trône). Autre catastrophe, la Peste Noire emporte un tiers de la population.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase II</strong> : Plus fûté que son chevalier de père, Charles V délègue au célèbre Du Guesclin les opérations militaires. Celui-ci préfère guérilla et harcèlement aux grandes chevauchées, et le résultat est là : les Anglais reperdent tout leurs gains. Fin du premier round et trève de quelques décennies.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase III</strong> : Le nouveau roi de France, Charles VI, devient progressivement fou. Les querelles pour sa tutelle mènent à une guerre civile entre ses oncles, cousins, et leurs descendants, divisés entre Armagnacs et Bourguignons. Le nouveau roi anglais Henri V en profite, s’allie aux Bourguignons, et prouve que les nobles français n’ont rien retenu de Crécy en les massacrant à Azincourt. La moitié de la France est occupée, et Henri V se fait reconnaître comme héritier de Charles VI, lequel déclare le Dauphin illégitime. Les deux rois meurent en même temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase IV</strong> : Le Dauphin et son « royaume du Bourges » résistent un temps à l’envahisseur, puis arrive le catalyseur : Jeanne d’Arc. Charles VII sacré à Reims, la réconciliations avec les Bourguignons signée, la reconquête commence, pendant que l’Angleterre connaît à son tour la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Deux-Roses">guerre civile</a>. Les Anglais ne gardent que Calais. Fin du Moyen Âge.</li>
</ul>
<h4>Évolutions sociétales</h4>
<p>En un siècle, les armées féodales (temporaires, dominées par la chevalerie, peu soudées) sont devenues professionnelles (permanentes), puis modernes (disciplinées, avec beaucoup d’infanterie, de l’artillerie...).</p>
<p>Les Anglais innovent avec leurs fameux archers, issus des rangs des petits propriétaires. Malgré un entraînement étalé sur des années, ils étaient beaucoup moins chers que les lourds chevaliers français, forcément nobles, et beaucoup plus nombreux (l’Angleterre était bien moins peuplée que la France à l’époque).</p>
<p>L’entraînement d’autant d’archers et leur équipement nécessitaient une logistique, une planification, une proto-industrie et une quasi-conscription assez incroyables pour l’époque. Voilà pourquoi il y a tant de gens nommés Archer ou Stringer outre-Manche. Cette <em>gentry</em> a en conséquence gagné en poids fiscal puis politique : sont apparus alors les <em>Commons</em>, à côté des <em>Lords</em>, qui constituent encore aujourd’hui les deux chambres du Parlement britannique.</p>
<p>La France n’a pas compris ni cherché cette évolution. La levée en masse n’a jamais été à l’ordre du jour. La noblesse méprisait et la piétaille et ses ennemis, et était allergique au commandement unique : cela mena à Crécy, Poitiers puis finalement au massacre d’Azincourt.</p>
<p>L’armée permanente avait bien été inventée par Charles V, mais c’est l’élimination physique de nombreux nobles à Azincourt qui permet à Charles VII de moderniser le fonctionnement de l’ost royal, y compris son financement (la taille devient annuelle) et son recrutement (« gens d’arme » rattachés directement au roi, puis « francs archers » recrutés dans la population).</p>
<p>Enfin c’est l’artillerie qui fonde la puissance du roi de France : la noblesse n’a pas les moyens de se l’offrir, et ses châteaux ne résistent pas aux boulets. Bien qu’enrôlé, le peuple n’a toujours rien à dire. La suite, en caricaturant : absolutisme et Révolution violente.</p>
<p>Noter que cette émergence du peuple comme force militaire et politique était déjà ancienne et générale (milices italiennes qui fondent l’indépendance des cités ; communes des Flandres qui flanquent la pile à Philippe le Bel en personne ; cantons suisses...), et se poursuivra encore longtemps. Au passage, cela mènera à des batailles bien plus saignantes : fini l’esprit chevaleresque où on voulait d’abord des prisonniers à rançonner. (À rapprocher des Aztèques attaquant les Espagnols avec le même esprit...)</p>
<h4>Le nationalisme</h4>
<p>On savait déjà que le sentiment national français date de cette époque. Je me disais aussi que toute uchronie où les Anglais gagnaient impliquait une assimilation de l’Angleterre par la France : la noblesse anglaise étant parfois plus française qu’anglo-saxonne, ses conquêtes françaises auraient accentué le phénomène, et la différence démographique aurait fait le reste.</p>
<p>J’ai appris par contre que le sentiment national anglais a joué aussi, et contre eux : une victoire et la fusion des deux royaumes aurait mené à l’absorption par des Français honnis. J’aurais aimé plus de détails sur ce point...</p>
<h4>Évolutions technologiques</h4>
<p>L’armée anglaise est organisée autour de leur fameux arc, l’arme de destruction massive de l’époque, adapté à l’attaque par « saturation ». En face, les archers génois engagés par les Français misent sur la précision de leurs arbalètes, mais leur lenteur de réarmement les rend en fait plus adaptées aux sièges et aux batailles maritimes. L’arc perdra cependant de son importance suite à l’amélioration des cuirasses françaises à la toute fin de la guerre et plus tard à cause des armes à feu (plus chères mais plus faciles à maîtriser).</p>
<p>En face, les Français n’utilisent sérieusement l’artillerie qu’à la toute fin.</p>
<h4>La fin</h4>
<p>Quand Bordeaux tombe, Charles VII met fin à trois siècles d’affrontement entre Capétiens et Plantagenêt. Et c’est aussi par l’artillerie qu’au même moment les Turcs prennent Constantinople et achèvent l’Empire romain. Aux deux extrémités de l’Europe sonne ainsi la fin la fin du Moyen Âge.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Article d’ailleurs qui noie dans l’huile la crédibilité de toute uchronie où le Japon ou l’Allemagne gagne la guerre : dans une guerre archi-mécanisée, Américains et Russes avaient quasiment tout le pétrole, et ce que l’Axe a pu ou aurait pu atteindre était trop loin pour le ramener.</em> </p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/728Questions à la con chez XKCD (7 à 12)urn:md5:a390493be7d456b7cfe26974e1b8eb972012-12-09T00:00:00+01:002016-03-18T12:42:03+01:00ChristopheScience et conscienceamourapocalypsebon senscartescataclysmecatastrophechiffresclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedémographiegravitationgéographiehard sciencehumourlivres luslogistiquelyrismeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationsurréalismetempsthéorieutopievaleuréducationémerveillementénergie <p>Suite des questions stupides-qui-font-réfléchir sur l’un des sites qui justifient l’existence même d’Internet (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD">premier recueil de résumé-traductions ici</a>) :</p>
<ul>
<li><strong>Tout le monde dehors</strong> : <a href="https://what-if.xkcd.com/7/" hreflang="en">Avons-nous assez d’énergie pour faire quitter la planète à toute l’humanité ?</a>. Enfin une question « appliquée ». <br />L’énergie nécessaire strictement minimale est l’énergie cinétique atteinte par 7 milliards d’humains d’en moyenne 65 kg dépassant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_lib%C3%A9ration">vitesse de libération</a> terrestre (11,2 km/s), soit 2,8.10<sup>18</sup> J, environ 5% de notre consommation d’énergie annuelle. Difficile mais jouable en théorie.<br />L’énergie réellement nécessaire dépend du moyen utilisé. Les fusées traditionnelles ne sont pas très efficaces, avec 20 à 50 tonnes de carburant pour 1 tonne de charge utile dans l’espace ! De quoi siphonner toutes les réserves mondiales de pétrole. L’ascenseur spatial serait une option (le matériau reste à inventer) ; ou encore l’utilisation de nos bombes atomiques comme carburant (projet <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Orion">Orion</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Jump!</em></strong>: <a href="https://what-if.xkcd.com/8/" hreflang="en">si toute l’humanité se rassemblait dans le plus petit espace possible et sautait ensemble en même temps</a>, la Terre ne serait pas déplacée de la largeur d’un atome (elle est simplement trop grosse pour nous). Par contre, la concentration de sept milliards de personnes sur un territoire de la taille de Rhode Island (équivalent à un petit département français comme le Bas-Rhin) posera de cataclysmiques problèmes de logistiques lors de l’évacuation (on a supposé une arrivée instantanée et miraculeuse), menant au chaos et au décès de milliards de personnes. (Les expériences de pensée ont parfois d’inattendues conséquences.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/9/" hreflang="en">L’âme sœur</a></strong> : à supposer très romantiquement que nous n’ayons réellement qu’une seule âme sœur chacun, disséminée aléatoirement au sein de l’humanité, mais que l’on saurait reconnaître au premier regard, quelle serait la chance de la rencontrer et de déclencher le coup de foudre ?<br />Si on se limite à l’humanité <em>qui a vécu</em>, il y a 90% de chances que l’âme sœur soit déjà morte ; beaucoup plus si on inclut les générations à venir.<br />Si on considère que l’âme sœur fait forcément partie des vivants d’âge voisin, ça ne fait plus qu’un demi-milliard de rencontres à faire avant le coup de foudre. Combien d’étrangers croisez-vous par jour ? Même à raison de plusieurs douzaines, ça ne fait guère qu’une chance sur dix mille de rencontrer un jour l’Amour Vrai.<br />Industrialiser le problème d’une manière ou d’une autre (<em>SoulMateRoulette</em>) permettrait de rassembler tous les couples en quelques décennies... à condition que chacun s’y consacre à plein temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/10/" hreflang="en">Si la Terre tournait de 90°</a></strong>, en mettant par exemple le Mexique au Pôle Sud, et en espérant que les règles de la météo ne soient pas complètement déréglée par des phénomènes aussi bizarres que ceux de la réalité (du genre de l’Amazonie ensemencée par un bout de désert tchadien), après une période d’adaptation la carte du monde deviendrait :<br /><img src="https://what-if.xkcd.com/imgs/a/10/cassini_cities.png" alt="Le monde basculé de 90°" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />La France et l’Antarctique devenues tropicales, Madagascar à notre place, Chine et Inde congelées... Il n’y a guère que le Kamtchatka qui ne change pas.<br /> <em>PS : J’</em>adore<em> ce genre de renversement de carte, ça change complètement la perspective par rapport à nos habitudes.</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/11/" hreflang="en">Se faire chier dans la bouche par un oiseau</a></strong> nécessite en moyenne 195 ans de sieste gueule ouverte ininterrompue. Bon exemple de moyenne stupide vue la répartition totalement non-uniforme des piafs en ce monde.<br />Cet exemple débile donne pourtant un bon exemple d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_dimensionnelle">analyse dimensionnelle</a> avec des ratios de nombre de fiente/oiseau et de cm² par bouche, le résultat du calcul s’exprimant en année.<br />Avec une analyse du même genre, Randall montre que la consommation d’une voiture, en miles par galon (ou en kilomètres par litre, c’est en fait l’inverse de la manière de raisonner des Européens) peut s’exprimer en mm<sup>2</sup>, le nombre étant la section du volume d’essence étiré dans un tube de la longueur du trajet.</li>
</ul>
<p><em>Suite : </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">What If?</a><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">, le livre !</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD-7-a-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/714« Au Bonheur des Dames » d’Émile Zolaurn:md5:7f0d2f07e301cd938842edcd9095e2252012-10-31T00:00:00+01:002023-11-01T19:32:29+01:00ChristopheSur mes étagères alourdiesargentdéshumanisationgigantismehistoirelivres lusmicroéconomieperspectivepouvoir d’acheteréconomieévolution <blockquote><p>Classic – something that everybody wants to have read and nobody wants to read.<br /> <br /><em>Classique : ce que tout le monde veut avoir lu, et que personne ne veut lire.</em><br /> <br /><em>Mark Twain</em></p></blockquote>
<p>Et pourtant cet archi-classique vaut le coup.</p>
<p>Bon, j’ai toujours aimé Zola.</p>
<p>Mais cet opus particulier résonne encore. Le petit commerce qui coule, le rouleau compresseur du Grand Capital, les employés exploités... ça n’a pas disparu cent quarante ans après. Le XIXè siècle me fascine <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> par sa proximité et en même temps par sa différence sur certains points fondamentaux de civilisation (rôle de la femme, du travail...), et les résonances/résurgences avec notre époque, éventuellement dans d’autres pays.</p>
<p>Un peu vieillie et artificielle peut-être l’histoire d’amour entre le propriétaire coureur et la jeune-vendeuse-dure-travailleuse-qui-l’aime-mais-ne-veut-pas-se-l’avouer. Mais sans cela il n’y aurait plus guère d’histoire.</p>
<p>Il m’a donné envie de dévorer le reste des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Rougon-Macquart">Rougon-Macquart</a>, tiens. Dans le genre des sagas sur plusieurs générations, on fait difficilement mieux. Comme si je n’avais pas 2 m³ à lire par ailleurs.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je sais, je suis facilement fasciné.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Au-Bonheur-des-Dames#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/704« Fables scientifiques » de Darryl Cunninghamurn:md5:9d657e3f5c65e4a534ac4794525f474b2012-10-05T00:00:00+02:002016-03-14T13:59:00+01:00ChristopheScience et conscienceabominationanticonsumérismeapparenceastronomiecivilisationcomplexitéconquête spatialehard sciencehistoireincohérenceintelligencelivres lusLunelégendes urbainesmèmemémoireoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparanoïaperspectivepollutionprécisionquêtesantéscienceéconomie de l’attentionéducation <p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/41gdLv9q4CL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Je dois avouer une certaine déception à la lecture de cette BD. Ce n’est pas une histoire, mais une mise en images de quelques mini-essais sur divers délires anti-scientifiques. Le total du texte tiendrait dans un gros article de blog, et honnêtement j’ai peu vu l’intérêt des images (ah si : le pingouin est sympa). Aucun humour.</p>
<p>Chiropractie, tenants du faux débarquement sur la Lune, sceptiques du réchauffement climatique, créationnistes : ce sont les cibles. Cunningham n’a pas de formation scientifique mais a compris : comment elle marche ; ce qui la distingue de la foutaise ; et comment elle se fait ridiculiser par des médias stupides, au mieux partisans de donner tous les points de vue, au pire influencés par des groupes de pression sinon achetés, ou encore accros au sensationnel sans aucune notion du fonctionnement de la science.</p>
<p>De là à convaincre les sceptiques ou ceux qui s’opposent à la vaccination, je doute. Il donne des arguments mais les opposants ont aussi les leurs, les pétroliers et lobbys du tabac valant bien les groupes pharmaceutiques, le tout menant à un « tous pourris » où l’on jette le bébé Connaissance avec l’eau du bain commerciale.</p>
<p>Les passages les plus intéressants sont ceux sur la chiropractie (fondements théoriques : zéro), ou le passage de l’homme sur la Lune (les vraies conspirations sont bordéliques, et il était moins compliqué d’aller <em>vraiment</em> sur la Lune<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>), ou la fin sur l’exposé de la méthode scientifique avec quelques exemples de cas délicats (Wegener, la fraude).</p>
<p>Par contre et par exemple, aucun sceptique ne sera convaincu par les stats sur la proportion de climatologues <del>pro- </del> qui <del>croient</del> pensent que le réchauffement climatique existe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. (Au passage : la meilleure discussion sur le réchauffement que j’ai lue vient du <a href="http://www.skeptic.com/the_magazine/archives/vol17n02.html" hreflang="en">QG du mouvement sceptique</a>).</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Ni là ni ailleurs je n’ai entendu l’argument que les Soviétiques auraient immédiatement décelé et dénoncé la fraude. Mais la Guerre Froide est déjà hors de tous les esprits, comme si elle n’avait jamais eu lieu.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Lutter contre le réchauffement climatique passera aussi par donner un nom « positif » à ceux-qui-pensent-que-c’est-d’origine-humaine-et-que-c’est-une-mauvaise-chose : « pro-réchauffement » fait croire qu’on le veut. Et « ceux qui <strong>croient</strong> que...» est une aberration puisqu’on parle de presque-certitude-après-examen-par-un-paquet-de-gens-qui-y-ont-consacré-leur-vie, et non de croyance religieuse ou philosophique, qui justifie que l’on ait une autre opinion par simple choix de vie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Fables-scientifiques-de-Darryl-Cunningham#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/717« Pour la Science » de mars 2012 : pharaons au ¹⁴C & véritable hasardurn:md5:8394081bc662619215478ec35f6a80062012-04-11T23:06:00+02:002015-10-06T12:43:53+02:00ChristopheScience et conscienceAfriqueAntiquitéapocalypsebon senscomplexitéconquête de l’inutiledéterminismeexpertisehard sciencehistoiremathématiquesmémoirenatureperspectivesciencesimulationsociétés primitivestemps <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_413_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />
Ce numéro est périmé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, donc on va faire vite<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. (<em>Commentaires personnels en italique comme d’hab’.</em>)</p>
<h3>Le bloc-note de Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Les économies d’énergie commandent donc que l’on supprime les feux de circulation et que l’on confère aux voitures une priorité permanente sur les piétons » car les arrêts-redémarrages consomment beaucoup d’énergie. <br /> <br /><em>Dissertez sur la notion de « priorité d’une société »… Puis remplacez les feux rouges par les lois sur la pollution par exemple.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un train annoncé à 14 h 22, puis en retard à 14 h 52, arrivé finalement à 14 h 47 est-il en retard de 25 ou en avance de 5 minutes ?<br /> <br /><em>Ne rigolez pas, l’embellissement des mauvais résultats est un art pratiqué dans beaucoup de hautes sphères !</em></li>
</ul>
<h3>Égypte ancienne et carbone 14</h3>
<p>Malgré deux siècles de décryptage intensif de hiéroglyphes, les archéologues hésitent sur les dates exactes des règnes des divers pharaons, et cela empire évidemment en remontant le temps : l’incertitude approche du siècle pour les plus anciens. Les Égyptiens ne tenaient pas de calendrier à origine fixe comme les Hébreux ou nous, et certains périodes troublées laissent peu de traces qui permettent de calculer leur durée… Même les références astronomiques peuvent être douteuses.</p>
<p>Le principe du carbone 14 est connu, mais un article expose les biais de la méthode, et comment calibrer les courbes. Au tout début, on supposait constante dans le temps la concentration en ¹⁴C par rapport au ¹²C car elle découle de l’action des rayons cosmiques sur le carbone atmosphérique. Il suffisait donc de mesurer la quantité restante de ¹⁴C (demi-vie : environ 5700 ans) par rapport au ¹²C pour savoir depuis combien de temps la matière biologique étudiée n’avait plus d’échange avec l’atmosphère (donc qu’elle était morte).</p>
<p>Cependant, la concentration atmosphérique de ¹⁴C varie dans le temps, et aussi avec le champ magnétique terrestre, le climat, la latitude, le type de créature (les deux isotopes ne sont pas <em>strictement</em> chimiquement identiques, les plantes ou les animaux ne les absorbent pas de manière identique), l’influence de l’océan et son inertie, ce qui introduit un biais dans les zones côtières, etc.</p>
<p>Bref, il faut une courbe de calibration, relativement tordue au final, créée notamment grâce au comptage des cernes des vieux arbres (on peut remonter à 11 000 ans, avant c’était la glaciation) ou aux coraux et carbonates marins (on arrive à -50 000 ans).</p>
<p>Au final, après une sélection d’échantillons assez drastique, les scientifiques de plusieurs pays sont parvenus à dater précisément (un quart à un demi-siècle près…) de nombreux règnes de pharaons. L’accord avec les diverses dates historiques supposées est bon, et permettrait de trancher pour les plus anciennes.</p>
<h3>L’impossible hasard</h3>
<p><em>C’est vraiment une constante : les articles de Jean-Paul Delahaye m’intéressent beaucoup une fois sur deux, sinon je suis carrément froid. Pas de milieu !</em></p>
<p>Le hasard pur a un critère : la suite doit être incompressible (non reproductible sauf à l’énumérer), et imprévisible (aucun système de pari ne peut gagner contre elle). Les irrationnels comme π ou √2 passent les pires tests d’imprévisibilité haut la main mais sont compressibles (leur définition suffit à tout recalculer).</p>
<p>Pour produire ce hasard deux moyens sont utilisés à notre époque : des algorithmes mathématiques (donc ce n’est pas du hasard pur non plus !) ou des systèmes à base de phénomènes quantiques… mais dans ce dernier cas rien ne permet d’affirmer réellement que ce hasard est bien pur. Les phénomènes physiques (jet de pièces) sont trop biaisés si bien contrôlés. (Au passage : le calcul du résultat d’un jet à la roulette est bien en pratique imprévisible, quoi qu’en disent des casinos trop heureux de faire croire à l’existence de martingales).</p>
<p>Pour la pratique (vénales machines à sous, secrète cryptographie, ou scientifiques méthode de Monte-Carlo), ce problème théorique fondamental n’a pas d’importance. « La théorie et la pratique divergent au maximum ! »</p>
<p>Dans le numéro d’avril suivant, Jean-Paul Delahaye répond à un lecteur en évoquant le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Oméga_de_Chaitin">nombre Oméga de Chaitin</a> comme nombre mathématiquement définissable mais totalement aléatoire (l’article Wikipédia sus-lié est passionnant, du moins la première partie que je suis parvenu à comprendre avant de décrocher).</p>
<h3>Divers</h3>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/65/Hypsibiusdujardini.jpg" alt="http://tardigrades.bio.unc.edu/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>Les tardigrades sont d’adorables bestioles d’un demi-millimètre… et quasiment indestructibles, y compris après un voyage dans l’espace ! <br />(Image : Willow Gabriel and Bob Goldstein, <a href="http://tardigrades.bio.unc.edu/" hreflang="en">http://tardigrades.bio.unc.edu/</a>, <em>via</em> Wikipédia)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit les querelles entre scientifiques français (Wurtz & Berthelot notamment) sur l’hypothèse atomique pendant tout le XIXè siècle. Simples notations, hypothèses non scientifiques, existence réelle ou pas ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit le contexte géologique de la région de Franceville au Gabon : ses roches contiennent les restes des plus vieux organismes pluricellulaires connus (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">on en avait parlé rapidement</a>). Cette zone a notamment été peu perturbée par les tremblements de terre depuis cette époque.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’extinction massive du Permien (peu avant l’apparition des dinosaures ; <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">tiens, j’en avais déjà causé</a>) aurait bien été causée<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> par les trapps de Sibérie, les kilomètres d’épaisseur de basalte crachés par des milliers de volcans, la libération de milliers de gigatonnes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> de chlore, soufre et autres saletés, avec (c’est la découverte) empoisonnement au mercure de toute la chaîne alimentaire à la clé.</li>
</ul>
<ul>
<li>La disposition des panneaux de la centrale solaire de Séville suit la même logique en spirale que la disposition des feuilles de tournesol. <br /><em>J’adore quand des ingénieurs redécouvrent ce que la nature avait déjà trouvé.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les alligators de Floride ont trouvé leur prédateur : le python birman, en train de se répandre dans les Everglades, en attendant le reste des États-Unis.</li>
</ul>
<ul>
<li>On pense pouvoir descendre bientôt à une température d’un picokelvin.<br /><em>Glagla. En laboratoire uniquement, heureusement.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Façon de parler, la Connaissance est intemporelle. Pendant mes études, je prenais plaisir à feuilleter les premiers numéros de </em>Pour la Science<em>, d’une époque où je ne savais pas lire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Même pressé par le temps, vous savez que j’en suis incapable.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Est-ce une inesthétique répétition quand le verbe « causer » est utilisé dans deux acceptions différentes à la suite ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Ça sonne mieux que « 1 ou 2 pétakilogrammes ».</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mars-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/683« L’espion du Président » d’Olivia Recasens, Didier Hassoux & Christophe Labbéurn:md5:067359d391db2d40113c9350e66f820c2012-02-11T16:36:00+01:002015-10-06T12:23:56+02:00ChristopheRes publicaabominationadministrationcoup basespionnagefichagefoutage de gueulehistoireHistoire de Francehiérarchieincohérenceoh le beau cas !perspectivepessimismepolitiqueprovocationpériméRealpolitikréseausabotagesécuritéterrorisme <p><img src="http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/8/3/8/9782221129838.gif" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />À sa parution le mois dernier, cette enquête a fait l’effet d’une bombe. Quoiqu’elle ne fasse que confirmer et coucher par écrit ce que de nombreuses personnes craignent (à commencer, selon les journalistes, divers candidats à la présidentielle qui à présent enlèvent toujours la batterie de leur portable). Les auteurs accusent carrément <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Squarcini">Bernard Squarcini</a>, patron de la DCRI (née de la fusion de la DST et des Renseignements Généraux) d’avoir fait de son service une officine de renseignement au service de l’Élysée.</p>
<p>Espionnage de journalistes pour trouver les « traîtres » qui les renseignent, protection de Sarkozy (lui-même autrefois cible de bien des crasses comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Clearstream_2#Nicolas_Sarkozy">Clearstream</a>), protection de la vie privée du même et de ses femmes (ne cherchez pas, le livre n’a pas de secret croustillant à dévoiler<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>), mise à l’écart de policiers sur des critères de politique de couloir et de proximité avec l’ancienne équipe, menace terroriste agitée dès que le Président est embarrassé, abus du « secret défense », et instrumentalisation de l’habilitation « secret défense », paranoïa anti-fuites doublée d'écrans de fumée dans la presse… Squarcini est accusé d’avoir désorganisé le renseignement français, de l’avoir mis au service exclusif de l’Élysée, et d’être si peu discret qu’il en perd toute crédibilité. Pendant ce temps, la CIA a le champ libre dans l'espionnage économique, on ne surveille plus la scientologie et autres sectes, et le véritable renseignement antiterroriste souffre.</p>
<p>Un des problèmes vient de la personnalité même de Squarcini, flic de terrain des Renseignements Généraux, homme de terrain, de réseau et de bagout, forcément lié à des gens louches par son métier, et toujours sur le fil. Un bon chasseur et traqueur de terroristes basques ou corses, mais aussi quelqu’un incapable de dire non à ses supérieurs. Un membre plus fidèle à « la Firme », l’équipe qui a mené Sarkozy là où il est, qu’à l’État. Bref, l’antithèse d’un chef de service de renseignement, qui doit être un serviteur de l’État rigoureux.</p>
<p>Les journalistes ont rencontré beaucoup de monde, à commencer par Squarcini lui-même. Nombreux sont les commissaires ou membres des services qui se livrent en critiquant leur patron, après avoir bien précisé que toutes leurs paroles étaient <em>off</em> et enlevé les batteries de portables.</p>
<p>On en apprend de belles sur nos services de renseignement comme leur capacité à « siphonner » un ordinateur à distance, ou à avoir accès aux « fadettes » (les relevés téléphoniques) de quiconque, en court-circuitant l’organisme chargé d’éviter les abus (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Squarcini#Mise_en_examen_dans_l.27affaire_Woerth-Bettencourt">Squarcini est mis en examen pour cela justement</a>). J’ai bien aimé les équipes capables de fouiller un appartement sans laisser de traces : si vous vous dites que votre serrure a été forcée mais que le cambrioleur n’a rien emporté, c’est que ce n’était pas un cambrioleur. L’appartement a de bonnes chances d'avoir été « sonorisé» au passage, bien sûr. Rigolo aussi le passage où l’équipe s'était trompé d’appartement, elle ne comprenait rien aux conversations… Moins rigolo quand les auteurs disent justement qu’on a un jour forcé leur porte...</p>
<p>Les policiers qui font cela n’ont normalement pas une âme d’espion, et à la base veulent servir la France, traquer les terroristes et les gangsters. Mais dans une organisation aussi compartimentée, impossible de savoir si la cible est légitime. La mentalité de la maison veut que les exécutants soient dociles car « couverts ». Or Squarcini casserait cette logique toute militaire en refusant d’assumer.</p>
<p>La maison a aussi des archives. Où sont-elles, qui y a accès ? Flou total. Un passage croustillant porte sur un ancien ministre de l’Intérieur des années 80 qui cherche à consulter son propre dossier. Y figurent ses conversations avec sa future femme. Pourquoi ne furent-elles jamais purgées des fichiers ? Plus récemment, les conversations coquines de DSK s’échangeaient sur clés USB.</p>
<p>La Corse est un fil rouge. Squarcini est à moitié italien. C’est pratique pour discuter avec Carla ou un homologue américain, mais aussi pour traquer le terroriste corse dans son maquis. Squarcini connaît tous les réseaux de l’île, une logique clanique faite de services rendus et de copinage, qu’un citadin continental légaliste aura bien du mal à comprendre<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ces réseaux ont bien servi quand il a fallu traquer Yvan Colonna, mais les liens entre Squarcini, certains politiques, et d’autres nationalistes devenus hommes d’affaires posent question.</p>
<p>Autre lien sulfureux : Squarcini a casé un de ses fils dans l’administration de Guérini, le Président socialiste du Conseil Général des Bouches-du-Rhônes, assez empêtré dans les ennuis judiciaires avec son frère. Compromettant et stupide.</p>
<p>Enfin : la DCRI travaille-t-elle sur l’opposition, bref a-t-on un <em>watergate</em> français en cours ? L’équipe de Strauss-Kahn s’était fournie en portables belges, et les conversations coquines suscitées n’auraient jamais dû être enregistrées. Apparemment la DCRI n’est pour rien dans l’affaire du Sofitel à New-York <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. Par contre il aurait été prévu que l’affaire du Carlton sorte pendant les primaires socialistes. De même, Martine Aubry est persuadée que les bruits sur ses problèmes ophtalmologiques (réels mais délibérément grossis) viennent de la DCRI. Un des auteurs est témoin de première main du lancement de la rumeur, pseudo-confidence lancée en <em>off</em> au cour d’une conversation.</p>
<p>Les notices de bas de page abondent, indiquant les dates des entretiens comme les démentis de personnes impliquées par d’autres. On aimerait être certain qu’il n’y a pas des règlements de comptes par journalistes interposés.</p>
<p>Scarcini a porté plainte contre les journalistes pour diffamation, une habitude chez lui et Guéant apparemment. Cela laisse apparemment froid les auteurs :
<a href="http://www.lepoint.fr/societe/apres-l-espion-du-president-le-patron-de-la-dcri-promet-une-riposte-judiciaire-19-01-2012-1421196_23.php">(Le Point.fr)Le patron de la DCRI promet une riposte judiciaire</a>
<a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/01/19/le-contre-espionnage-francais-accuse-d-etre-un-instrument-du-pouvoir_1632122_823448.html">(Le monde.fr)Bernard Squarcini mis en cause dans un livre d'enquête</a></p>
<p>Je laisse la morale à un des intervenants du livre, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rémy_Pautrat">Rémy Pautrat</a>, ancien patron de la DST, créateur de sous-direction antiterroriste trente ans plus tôt :</p>
<blockquote><p>« <em>Je savais que je prenais le risque de voir la lutte antiterroriste, qui a toujours eu l’attention du politique, devenir trop importante au détriment du reste. C’est ce qui est arrivé. Les services se sont nourris de cette menace, surtout après le 11 septembre, pour grossir leurs pouvoirs de façon démesurée. On a accepté beaucoup de choses sans qu’il y ait eu de débat… </em>»<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Non plus que sur le père de l’enfant de Rachida Dati, il n’y a rien de plus que les ragots rencontrés à l’époque sur Internet. D’ailleurs Rachida Dati apparaît aussi comme cible d’écoutes destinées à voir si elle a révélé/ragoté sur le Président.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Et ça me révulse.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je me disais aussi que le </em>timing<em> n’était pas bon</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>10 mai 2011, p.268</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/679« Science & Vie » de novembre 2011 : nucléaire sûr au thorium ; neutrinos plus rapides que la lumière ; animaux-plantesurn:md5:e29cb772fdc9570c04e2e3f5782acee42011-11-24T22:28:00+01:002015-10-01T10:21:06+02:00ChristopheScience et conscienceabominationbombe atomiquebon sensbugcomplexitécosmologiedommagedysfonctionnementdétectiongravitationincohérenceouverture d’espritparadoxeperspectiveprise de têtepériméréalitésciencespéculationsécuritétempsémerveillementénergie <p><img src="http://www.science-et-vie.com/AnciensSV/images/Numeros/1130_cov.jpg" alt="Science & Vie 1130 de novembre 2011" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Un bon numéro du magazine le plus « sciensationaliste »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> :</p>
<h3>Les centrales nucléaires au thorium</h3>
<p>Les centrales nucléaires actuelles fonctionnant sous pression avec de l’uranium ne sont pas le seul modèle de centrale nucléaire (basée sur la fission exothermique de certains éléments).</p>
<p>Il y a pléthore de modèles possibles. Celui utilisant l’uranium n’est pas le moins mauvais, mais pas le meilleur du point de vue économique et sécuritaire. La lourdeur de développement des technologies nucléaires nous a en effet « verrouillé » avec le modèle à l’uranium : conçu à l’origine pour fabriquer des bombes, puis amélioré pour être embarqués sur des sous-marins, un milieu où la compacité est reine, le modèle à l’uranium était donc éprouvé et fiabilisé quand on a pensé au nucléaire civil. Il a donc emporté d’emblée le morceau sans que l’on étudie sérieusement les autres options, notamment le réacteur liquide au thorium.</p>
<p>Ce dernier fonctionne selon le même principe, mais en pratique très différemment :</p>
<ul>
<li>le thorium (et non l’uranium ou le plutonium), bombardé par des neutrons, se transforme en uranium 233, et dégage de l’énergie ;</li>
<li>il n’y a pas besoin de maintenir le système sous pression (dans les réacteurs actuels à 155 bars, la moindre fuite est une catastrophe) ;</li>
<li>le thorium barbote dans une soupe de sels fondus à 800°C, liquide ;</li>
<li>on peut rajouter petit à petit le thorium, et extraire les matériaux fissiles produits, il y a donc beaucoup moins de matières dangereuses dans le cœur que dans les réacteurs actuels où les barres d’uranium sont utilisées puis remplacées en bloc ;</li>
<li>les matériaux produits sont beaucoup moins pratiques pour construire une bombe A (cela reste possible) ;</li>
<li>et ils sont beaucoup moins nombreux (donc moins de déchets) ;</li>
<li>pas de problème de refroidissement, la cuve se vide par gravité.</li>
</ul>
<p>Une énergie nucléaire presque propre, sans danger ? Trop beau pour être vrai. Et si tout de même... ? Restent quelques obstacles à surmonter : une phase liquide pas dans les habitudes du milieu ; une température très élevée ; et surtout une fabuleuse résistance au changement de la part des constructeurs de centrale... qui n’auront peut-être pas le choix pour s’adapter. (Du moins en France, la Chine et l’Inde construisent des centrales à tour de bras.)</p>
<p>Quant aux coûts de construction, je n’en ai aucune idée. Je dirais naïvement que si les mesures de sécurité sont allégées, le réacteur étant structurellement sûr, cela se ressentira sur le coût de construction.</p>
<p>Doit-on investir là-dedans au lieu de la fusion ? au lieu des énergies renouvelables ? en même temps que ces énergies ?</p>
<h3>Des neutrinos plus rapides que la lumière</h3>
<p>(<strong>Mise à jour</strong> : Cet article est périmé, puisque l’erreur de mesure dans un appareil a été décelée par la suite. Einstein est sauf.)</p>
<p>Ça avait fait grand bruit il y a quelques semaines : l’expérience <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/OPERA_(expérience)">OPERA</a> a trouvé des neutrinos se déplaçant un rien plus vite que la lumière. <em>Science & Vie</em> détaille l’expérience et le contexte. Notamment : la relativité ne dit pas que la vitesse de la lumière dans le vide est indépassable, mais qu’il existe une vitesse limite <em>et invariante</em> avec l’observateur. Or on a justement mesuré que la lumière dans le vide satisfait ce critère, avec une précision « diabolique », et on a donc vite identifié la vitesse de la lumière à la limite absolue <em>c</em>.</p>
<p>Puis viennent les réflexions des responsables, et ce que cela inspire aux autres sommités du milieu. Cela va de :</p>
<ul>
<li>« je n’y crois pas », « on l’aurait déjà vu dans d’autres expériences », « j’ai déjà vu trop d’anomalies finir par s’évaporer », sous-entendu : il y a un effet subtil qui n’a pas été pris en compte (pas forcément évident et potentiellement très intéressant d’ailleurs) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à « cela met par terre toute la physique », car la relativité restreinte a été montée pour préserver le principe de causalité ;</li>
</ul>
<ul>
<li>en passant par « c’est stimulant », sous-entendu : ça s’explique avec des dimensions supplémentaires, la théorie des cordes, bref c’est un nouveau champ de recherche.</li>
</ul>
<p>Rappelons que :</p>
<blockquote><p><em>The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not “Eureka!” (I found it!) but rather, “hmm.... that’s funny…”</em><br /> <br />La phrase la plus excitante à entendre en science, celle qui annonce de nouvelles découvertes, n’est pas « Eurêka » (j’ai trouvé !), mais plutôt « Tiens, c’est marrant… » <br /> <br />(Attribué à <a href="http://lafemmedessteppes.over-blog.com/article-le-grand-livre-des-robots-isaac-asimov-48571752.html">Isaac Asimov</a>, un des Grands Anciens de la SF de l’Âge d’Or)</p></blockquote>
<p>Donc de cette expérience peuvent découler aussi bien un correctif d’une ligne dans un subtil algorithme de calcul en Fortran, une découverte scientifique obscure qui n’intéressera que les géomètres du CERN, une avancée permettant à terme des outils plus qu’utiles comme le GPS<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> ou le laser, ou bien une théorie ravalant la relativité au rang d’approximation moins imprécise que la gravitation de Newton, et permettant le voyage plus rapide que la lumière (ou pas).</p>
<p>Il faut bien garder à l’esprit que ceux qui ont trouvé cette vitesse « impossible » ne sont pas des guignols qui ont oublié de prendre en compte la rotondité de la Terre ou la dérive des continents. L’article est gratuitement en ligne (<a href="http://arxiv.org/abs/1109.4897" hreflang="en">abstract</a>, <a href="http://arxiv.org/pdf/1109.4897v2" hreflang="en">PDF complet</a>). Je n’irais pas prétendre que j’y ai tout compris, ni même tout lu, mais tout de même trois remarques :</p>
<ul>
<li>pour qu’autant de gens <em>a priori</em> sérieux aient signé une publication aussi iconoclaste, après des mois d’analyse, avec le risque du ridicule si l’erreur est simple, c’est que l’explication de l’écart n’est <em>pas</em> triviale ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la forme et le vocabulaire scientifique de haut niveau sont vraiment complètement déconnectés du niveau du commun des mortels, même de l’ingénieur de base : ils ne disent pas pas qu’ils ont trouvé une vitesse de 299 799,9 ± 1,7 km/s (au lieu de 299 792 458,0...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>), mais (merci Wikipédia) : <br /> <br /><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/math/e/0/3/e03b7d539a868c0b46ad8a0d054f9ccc.png" alt="(v-c)/c >0" style="display:block; margin:0 auto;" /></li>
</ul>
<ul>
<li>ils ont pensé à énormément d’erreurs de mesure possibles, le calcul des marges d’erreur est même l’essentiel du papier. Il y a par exemple les mesures des écarts de distance avant et après un tremblement de terre en Italie.</li>
</ul>
<p>La fin de la conclusion est aussi son passage le plus spéculatif et débridé :</p>
<blockquote><p>In conclusion, despite the large significance of the measurement reported here and the robustness of the analysis, the potentially great impact of the result motivates the continuation of our studies in order to investigate possible still unknown systematic effects that could explain the observed anomaly. We deliberately do not attempt any theoretical or phenomenological interpretation of the results.<br /> <br />Tentative de traduction : En conclusion, malgré la grande importance des mesures rapportées ici et de la robustesse de l’analyse, l’impact potentiellement énorme du résultat motive la poursuite de notre étude pour enquêter sur d’éventuels effets systématiques encore inconnus qui pourraient expliquer l’anomalie observée. Délibérément, nous ne chercherons aucune interprétation théorique ou phénoménologique des résultats.</p></blockquote>
<h3>Les animaux-plantes</h3>
<p>Jusqu’à il y a peu, on ne connaissait pas de vertébré vivant en symbiose avec une algue, juste des une limace, une méduse… Une salamandre abrite pourtant une algue dès l’œuf. Cette précocité est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle le système immunitaire de l’animal tolère l’algue. Peut-être utile à l’œuf, la capacité de photosynthèse ne sert pourtant pas grand-chose à la salamandre adulte qui vit à l’ombre.</p>
<p>Les premiers essais commencent mais il va être très difficile de recréer le phénomène avec d’autres animaux. Vivre de soleil et d’eau fraîche serait pourtant pratique — et écologique.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Il y a plus racoleur, mais le contenu scientifique est alors beaucoup plus sujet à caution.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Imaginez le casse-tête des ingénieurs chargés de déboguer les premiers GPS si Einstein n’était pas passé par là...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Par définition de la seconde, cette valeur est exacte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/667Seuls dans l’univers ?urn:md5:34a614271989813a3271cc30dd8c02e82011-10-11T00:00:00+02:002015-09-25T14:45:19+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropomorphismeastronomiebon senscolonisationconquête spatialecosmologiedommageextraterrestrespanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêteréalitésciencescience-fictionsimulationtempsténacitéuniversécologieémerveillementévolution<p>Ce qui suit s’appuie sur l’article d’Howard Smith sur la possibilité d’une vie intelligente dans notre coin de la galaxie, paru dans le numéro d’octobre 2011 de <em>Pour la science</em> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2011">mentionné ici</a> et encore en kiosque quand paraîtra ceci).</p> <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110921_103017_PLS-2011-octobre_408-fu-pls_408_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Nous avons détecté de nombreuses exoplanètes dans de nombreux systèmes, aucune ne ressemble à la Terre. Évidemment, nos instruments ne sont pas encore assez sensibles. Il n’empêche que la diversité des systèmes solaires est bien plus grande qu’autrefois envisagée et cela réduit d’autant plus les chances qu’il y ait une autre Terre dans un système stable.</p>
<p>Dans l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie">équation de Drake</a>, seuls les premiers termes sur le nombre d’étoiles ou le nombre de planètes sont estimables, le reste est pure spéculation, et beaucoup y projettent leur optimisme pour trouver que la galaxie pullule de vie.</p>
<p>Le point primordial de l’article de Smith repose sur la distance aux éventuels extraterrestres. Même si on estime que l’univers est tellement grand que la vie ne peut qu’y foisonner, il faut compter avec la vitesse finie de la lumière<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, seuls comptent pour le moment les 30 millions d’étoiles dans un rayon d’environ 1250 années-lumières — seuil supérieur vu que nous n’attendrons pas plus de 100 générations la réponse à un de nos messages.</p>
<p>Et si nous sommes plus optimistes en espérant qu’il y a des moyens plus rapides que la lumière, comme nous ne recevons rien, nous pouvons juste en déduire que la vie intelligente est rarissime, éparse et lointaine.</p>
<p>Smith continue avec un résumé des arguments sur la « Terre rare » : gamme de masses peu étendue (la planète doit retenir son atmosphère mais si elle est trop grosse, il n’y aura pas de tectonique des plaques ), présence d’eau sans noyer les continents, bande d’habitabilité étroite, stabilité de l’obliquité, rareté des systèmes solaires comme le nôtre, et même de notre type d’étoile (brillante sans être éphémère) ou la répartition des éléments chimiques dans la galaxie.</p>
<p>Et tout cela sans parler de la durée d’apparition et d’évolution de la vie, et du rôle déterminant de catastrophes rares (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théia_(impacteur)">impact de Théia</a>, météorite tueuse de dinosaures…).</p>
<p>Bref, pour Smith, il faudrait que chacun des termes de l’équation de Drake approche des 20% (un chiffre en fait énorme) pour que nous ayons à qui parler dans cette bulle d’univers de 100 générations de diamètre.</p>
<p>Il finit par une pirouette sur le « principe misanthropique », référence au principe anthropique (l’univers est adapté à la vie puisque nous sommes là) : l’univers est si varié et vaste qu’il y a peu de chances que deux civilisations vivent assez longtemps pour se rencontrer.</p>
<p><em>Commentaire personnel : tout cela est bien résumé, mais connu, et ne convaincra pas celui qui tient à croire à la présence des ETs dans un endroit proche (oui on se rapproche plus de la foi que de la science sur ce terrain où elle manque cruellement de données). Son article ne tient pas compte de certains des scénarios expliquant le <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>, et surtout pas du paradoxe lui-même, soit la rapidité de la colonisation de la galaxie dès qu’une civilisation l’entreprend. Des hypothèses peuvent être avancées sur l’impossibilité pratique de cette colonisation, mais elles n’ont rien à voir avec la Terre rare et les autres idées de Smith, lequel traite de l’espace relativement proche. Si ses vues sont justes et la colonisation de la galaxie possible, alors la vie est encore plus improbable (nous sommes seuls dans la Voie Lactée), ou nous sommes dans un zoo, etc.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Et même si le neutrino est plus rapide d’un pouième, cela ne change rien en pratique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Seuls-dans-l-univers#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/663« Pour la Science » de septembre 2011 : (2) Principe de Peter & promotion au hasardurn:md5:2a0d7ef60519855099bab0eaab7cb2cc2011-10-02T00:00:00+02:002015-09-25T14:14:28+02:00ChristopheScience et conscienceadministrationauto-organisationbon senscivilisationcommunicationcomplexitédysfonctionnementexaptationexpertisehiérarchiehumourincohérencemobilitémèmeoptimisationorganisationouverture d’espritpanurgismeparadoxeperspectivepolitiqueprise de têtepsychologietravailéconomieévolution<p>Second article intéressant dans ce numéro de <em>Pour la Science</em>, et il est délectable.</p> <p>(<em>Commentaires perso en italique</em>)</p>
<h3>Promotion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/murphy/murphy_politique.html#peter">Le principe est bien connu</a> :</p>
<blockquote><p><strong>Principe de Peter</strong><br /> <br />Dans toute hiérarchie, qu’elle soit gouvernementale ou d’entreprise, chaque employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence ; chaque poste tend à être occupé par un employé incompétent dans son travail.</p></blockquote>
<p>Boutade ou réalité profonde ? Les deux dira-t-on. Il est « de bon sens » que forcer les gens à prendre de nouvelles fonctions tant qu’il s’en sortent, mais à les y laisser quand ils pataugent, peut mener à la situation où presque chaque employé se retrouve à un poste où il est au mieux inefficace (il fait ou laisse faire le travail par les compétents, surchargés). Les contre-mesures existent, comme l’éviction des incompétents (<em>je note qu’on perd alors leur compétence dans un poste « inférieur »</em>), leur neutralisation en les promouvant au <em>management</em> (<a href="http://www.vinch.be/blog/2010/08/02/le-principe-de-peter-et-le-principe-de-dilbert/">principe de Dilbert</a> ; <em>en fait à mon avis une grosse erreur, sauf dans les technocraties où ceux qui font décident et le reste n’est que support et secrétariat</em>), la possibilité de refuser des promotions, ou plutôt de les opérer sur d’autres plans comme la progression salariale, sans que cela implique un changement hiérarchique ou de fonctions (<em>pas trop la mentalité de beaucoup d’endroits</em>).</p>
<p>(<em>Je vois une autre faille dans le principe : les gens sont capables d’apprendre, surtout si on les soutient. Untel incompétent arrivé sur son poste peut avec le temps devenir efficace. Reste la question : est-il vraiment fait pour un poste parfois totalement différent de son choix originel dans la vie ? Parfois oui, parfois non.</em>)</p>
<p>L’article de Didier Nordon s’étend sur différentes recherches et simulations visant à justifier le principe, notamment :</p>
<ul>
<li><strong>la régression vers la moyenne</strong> : quelqu’un de très compétent, puisque promu, visera fatalement à se rapprocher de la moyenne quand on l’amène à un poste différent où (c’est un présupposé implicite) <strong>la compétence au nouveau poste n’a pas forcément grand chose à voir avec celle à l’ancien</strong> (hypothèse de Peter) ;</li>
<li><strong>l’effet cliquet</strong> : celui qui est monté et montre ses limites ne redescend jamais, surtout si le licenciement est impossible comme dans beaucoup de grandes administrations et entreprises (<em>et pour moi une des solutions au problème est de permettre de tester des gens et de ne pas poursuivre l’expérience si elle n’est pas concluante, et surtout sans qu’il y ait l’idée que ce soit un échec, une punition sociale.</em>)</li>
</ul>
<p>Un prix Ignobel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> a été décerné pour la démonstration et la simulation que dans un environnement qui suit strictement le principe de Peter, <strong>le plus efficace est de promouvoir les incompétents</strong> ! Ainsi on échappe à l’effet cliquet et on profite de de la régression vers la moyenne : chaque poste ne sera pas « bloqué » par un incompétent à vie, et un incompétent a une chance d’arriver à un poste où il est bon (et il y restera).</p>
<p>À l’inverse, dans le cas où l’hypothèse de Peter est fausse, que la compétence à un nouveau poste est à peu près liée à celle à l’ancien, il est logique de promouvoir les meilleurs, la régression vers la moyenne étant moins dramatique et les meilleurs arrivant en haut de la pyramide : l’efficacité globale y gagne.</p>
<p>On arrive donc à la question fondamentale laissée en exercice au lecteur : la compétence au poste N+1 est-elle liée au poste N ? (<em>Mon avis : ça dépend :-) </em>).</p>
<p>Est évoquée aussi la promotion au hasard : hypothèse de Peter vraie ou fausse, elle donne un résultat moyen, meilleur que la promotion du meilleur si l’hypothèse est vraie. Dans une hiérarchie bloquée, autant redistribuer les cartes ! (<em>J’ai toujours considéré qu’il fallait choisir une partie des assemblées politiques au hasard pour apporter du sang neuf, les Grecs antiques le faisaient bien.</em>)</p>
<p>Mais arrive le plus rigolo : <strong>si l’hypothèse de Peter est vraie, promouvoir les plus mauvais donne un résultat un peu meilleur que la promotion des meilleurs si elle est fausse</strong> ! <em>C’est-à-dire : il faut prendre des gens manifestement inadaptés à leur ancien poste pour les mettre là où les qualités demandées n’ont rien à voir, plutôt que de prendre des compétents pour les mettre à un poste où ils pourraient être moins bon. C’est finalement de très bon sens !!</em></p>
<p><em>Bon, comme tout simulation sociale ou économique, les effets sont intéressants à observer mais ne tiennent pas compte de toutes les rétroactions dans le réel : possibilité d’apprentissage comme j’ai dit plus haut ; surveillance de la performance pour éviter que les incompétents s’entassent ; éviction systématique des plus mauvais ; sélection naturelle quand l’entreprise subit les conséquences de sa nullité et doit dégraisser (mais à ce stade terminal, les licenciements ne sont pas décidés par les plus compétents pour garder justement les plus compétents) ; échelle considérée (parle-t-on d’une administration en circuit fermé, d’une entreprise sur un marché à fort </em>turn-over<em>, d’une société dans son ensemble qui effectivement ne cherche pas à récompenser la compétence ; et la définition même de compétence, celle-ci étant plus que multiforme et variant avec l’époque… Et puis, tout bêtement, les changements de poste évoqués ci-dessus concernent des promotions, alors que l’on peut vouloir faire changer de poste les incompétents le plus vite possible sans que cela devienne une promotion, une progression dans la pyramide.)</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams">J’en avais parlé .</a></em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/661« Pour la Science » de septembre 2011 : (1) La pensée façonnée par la langueurn:md5:0551f1d344887071217ab184ee495b402011-09-29T21:57:00+02:002015-09-24T14:44:32+02:00ChristopheScience et conscienceanalogiecivilisationcommunicationcultureenseignementmulticulturalismemétainformationouverture d’espritperspectivepsychologiesignifiééconomie de l’attentionéducationémerveillementévolution<p>« Petit » numéro au final, où flottent quelques perles, dont un article sur la langue qui influence la pensée (ci-dessous) et un sur le principe de Peter (à la prochaine émission).</p> <p><em>Commentaires purement personnels en italique, comme à l’accoutumée.</em></p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110824_162523_PLS-2011-septembre_407-fu-pls_407_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>La langue façonne la pensée.</h3>
<p>Le débat sur le lien entre pensée et langage ne date pas d’hier. Il est à présent évident que la langue et la culture influencent la pensée de manière profonde. L’article regorge d’exemples fascinants :</p>
<ul>
<li>Le tri de photos dans l’ordre chronologique se fait de gauche à droite pour l’Occidental moyen, de droite à gauche pour un hébreu, et c’est lié au sens de l’écriture (<em>et pour les enfants qui ne savent pas écrire ? y a-t-il imitation des parents ?</em>)…</li>
<li>…et de l’est vers l’ouest pour certains aborigènes australiens ! Ces gens sont donc capables de s’orienter systématiquement par rapport aux points cardinaux.</li>
<li>Les degrés de parenté sont décrits de manière plus ou moins fine entre les langues : le mandarin a des mots différents pour les oncles paternels ou maternels, par alliance ou par le sang…</li>
<li>Pour les Occidentaux, le passé est derrière eux, le futur devant ; mais pour les Aymaras dans les Andes c’est l’inverse (<em><a href="http://www.auto-buzz.com/peuple-aymara-le-passe-est-devant-et-le-futur-derriere-38951.html">cet article</a> explique cela viendrait de la nécessité de préciser si le locuteur a été témoin ou pas d’un fait</em>.).</li>
<li>Certaines langues ne connaissent pas les nombres supérieurs à 4.</li>
<li>En anglais ou en français les tournures directes sont privilégiées (« Pierre a renversé le vase »), alors que beaucoup d’autres langues (espagnol, japonais) ont des tournures indirectes (« le vase s’est cassé ») : les locuteurs de ces dernières langues mémorisent moins bien les événements accidentels, les anglophones s’expriment plus de façon causale.</li>
<li>Les capacités en calcul mental sont directement influencées par le nombre de syllabes des nombres !</li>
<li><em>J’ajouterai : <a href="http://www.coridys.asso.fr/pages/base_doc/langue.pdf">la dyslexie dépend de la langue</a>, ou plutôt de son orthographe, mais jusqu’à quel point peut-on séparer les deux ?</em></li>
<li>La langue utilisée a un impact sur les préjugés à un moment donné (testé sur des bilingues hébreu-arabe) !</li>
<li>La définition exacte des couleurs dépend de la langue.</li>
</ul>
<p>Bref, la langue semble participer à la plupart des activités cognitives humaines, et est un reflet de la capacité d’adaptation humaine à de nombreux milieux.</p>
<p>Dans un commentaire, <a href="http://www.pierrepica.com/">Pierre Pica</a> remarque que ces variations sont liées aussi aux « connaissances noyau », acquises par un enfant avant même qu’il sache parler : les différences viennent-elles des langues ou des connaissances noyau ? Tous les humains parlent une langue, en créent une entre eux au besoin, et s’appuient sur les différences d’usage, éducation… de leur milieu.</p>
<p><em>Ce que je me demande, c’est dans quelle mesure on peut distinguer dans les exemples ci-dessus ce qui relève de la langue et ce qui est plus lié à la culture dans son ensemble. La langue étant elle-même la manifestation et le vecteur de cette culture, les deux sont forcément massivement entremêlées. Tout nouveau concept devant être exprimé dans la langue, les limites de celle-ci deviennent donc des obstacles à ce qui n’entre pas dans son cadre. Je suppose qu’un critère serait la facilité d’assimilation d’un nouveau concept en introduisant simplement quelques mots supplémentaires — pas forcément si simple…</em></p>
<p><em>Rigolo : l’autrice a une <a href="http://www-psych.stanford.edu/~lera/papers/">page web relativement atypique</a> : nos goûts esthétiques s’ont-ils influencés par notre façon de penser, ou l’inverse ?</em></p>
<p><em>Question encore : qu’est-ce que les langues dominantes actuelles oublient qui serait fondamental ? Pourrait-on ajouter tous les concepts issus d’autres langues dans une langue synthétique dont le but serait d’ouvrir au maximum l’esprit humain ?</em></p>
<p><em>Enfin : une langue dominante (l’anglais actuellement mais ça vaudrait pour n’importe laquelle) n’est-il alors pas en soi une catastrophe ? Non seulement elle donne un avantage matériel à la nation qui la domine (les États-Unis essentiellement), puis culturel (beaucoup d’auteurs non anglophones se font traduire en anglais pour être connus ensuite dans les pays tiers, ce qui fait filtre), mais l’article ci-dessus implique que s’impose le système de pensée anglo-saxon au reste du monde. Bref, vive le multilinguisme.</em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-1-Pens%C3%A9e-fa%C3%A7onn%C3%A9e-par-la-langue#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/660“We judge ourselves...”urn:md5:7566e59266ed7883e19e1bf503f3ef9b2011-08-20T00:00:00+02:002015-09-07T14:18:15+02:00ChristopheCitationsapparencebon senscitationcommunicationcouragedommageexpertisemémoireoptimismeouverture d’espritparadoxeperspectiveprise de têtepsychologiequêteréalitérésolutionssignifiétravailténacitévaleuréconomie de l’attention <blockquote><p>“<em>We judge ourselves by what we feel capable of doing,</em><br /><em> while others judge us by what we have already done.</em>”<br /> <br />« Nous nous jugeons par ce que nous nous sentons capable de faire, <br />pendant que les autres nous jugent sur ce que nous avons déjà fait. »<br /> <br />Henry Wadsworth Longfellow,<br /><em><a href="http://www.archive.org/stream/talekavanagh00longrich/talekavanagh00longrich_djvu.txt" hreflang="en">Kavanagh: A Tale</a></em> (1849) Ch. 1</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9CWe-judge-ourselves...%E2%80%9D#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/656« Pour la Science » de juillet 2011 : l’hydrogène comme énergie propre ; le démon de Maxwell existe ; nucléaire : le débat date du XIXè siècleurn:md5:dd021c3ac1cfef245124559ffb244bfc2011-07-21T14:06:00+02:002015-09-03T12:13:36+02:00ChristopheScience et consciencecatastrophechiffrescomplexitéconquête de l’inutiledilemmediscriminationhistoirelobbysmèmemémoireoptimisationoptimismeParisperspectivequêtesantéthéorieécologieéconomieéconomies d’énergieémerveillementénergie <p>Encore un bon cru que ce numéro. Comme d’habitude en vrac <em>avec mes commentaires personnels en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20110622_152533_PLS-2011-juillet_405-fu-pls_405_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Pub pour l’hydrogène</h3>
<p>Plusieurs articles font la promotion de l’hydrogène comme vecteur de l’énergie de demain. Ce n’est pas nouveau, mais on s’en rapproche.</p>
<p>Le problème principal est le stockage : on commence à le maîtriser correctement, ainsi que la restitution sous forme d’électricité avec de bons rendements. À l’heure de l’expansion nécessaire de sources d’énergie renouvelables mais à la production erratique (éolien, solaire), l’hydrogène serait <em>le</em> tampon idéal. Des exemples à petite échelle dans des îles existent. Et sans pollution puisque les « déchets » de la production par électrolyse et de la consommation dans une pile à combustible sont respectivement l’oxygène et l’eau.</p>
<p>Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. Sur le long terme on peut tout espérer (<em>soyons optimistes</em>) mais pour le moment aucune technologie ne concilie coût faible, compacité et durabilité (<em>on est encore loin de l’autosuffisance d’une maison couverte de panneaux solaires et avec des piles à combustible dans la cave</em>) et bien sûr le chauffage est exclu de l’équation, il devra être fourni par une autre source.</p>
<p>Parmi les catalyseurs de l’électrolyse on évitera le platine (ruineux, et il n’y en aurait pas pour tout le monde). Il existe des membranes échangeuses de protons nées des nanotechnologies. Le plus intéressant reste la bonne vieille photosynthèse, au stade industriel grâce à des procédés s’inspirant du vivant (feuilles artificielles) et utilisant des métaux courants (nickel…).</p>
<p>Le stockage, impossible simplement sous pression pour une molécule aussi petite, pourrait se faire dans des récipients plastiques, ou dans des matériaux composites. Coût et poids seront encore longtemps rédhibitoires pour une voiture.</p>
<p>Bref, l’hydrogène est mûr pour 2050… si la recherche suit. (<em>Et elle ne suivra que si on y met les moyens.</em>)</p>
<h3>Le démon de Maxwell existe</h3>
<p>Pas de démonologie ici, juste une expérience de pensée de 140 ans d’âge enfin implémentée. Maxwell avait imaginé séparer les molécules chaudes et froides d’un gaz grâce à un « démon » qui ouvrirait ou fermerait une porte en fonction de la vitesse de la molécule. Une équipe américaine, dans sa quête sans fin du zéro absolu, a utilisé des lasers pour parvenir à ses fins et séparer atomes froids et chauds.</p>
<p>Et l’entropie dans tout ça ? Les lasers emportent pile poil avec eux l’information perdue par les gaz. Le second principe de la thermodynamique est sauf.</p>
<p>Au final, plein de découvertes en perspective, qui laisseront froid le commun des mortels (qui s’intéresse à la masse du neutrino ?). (<em>Mais qui évidemment seront indirectement à la base de notre confort en 2100…</em>)</p>
<h3>La controverse du gaz d’éclairage</h3>
<p>Le débat actuel sur le nucléaire, utile, effroyablement dangereux selon les uns, raisonnablement sûr selon les autres, a déjà été livré il y a presque deux siècles, à propos des usines à gaz et gazomètres. L’article de Jean-Baptiste Fressoz est passionnant.</p>
<p>En 1823, l’extension de l’éclairage au gaz (une véritable révolution !) nécessite la construction de grands réservoirs, dont un rue du Faubourg Poissonnière à Paris. Les riverains inquiets en appellent à l’équivalent du principe de précaution, l’Académie des Sciences est impliquée et conclut à un non-risque pratique d’explosion. Ajoutons que le débat est pollué par les querelles politiques de l’époque (la Restauration fut agitée).</p>
<p>Évidemment, pour contredire l’Académie, certains gazomètres explosèrent dans les décennies suivantes. Les académiciens avaient négligé de nombreux problèmes pratiques que le personnel de terrain connaissait pourtant ; certains scientifiques étaient intéressés financièrement par l'expansion des gazomètres ; certaines interactions physico-chimiques provoquèrent plus tard des catastrophes expliquées seulement cinquante ans plus tard ; enfin l’interaction avec d’autres technologies, fondamentalement imprévisible, mena aussi à des explosions (réseau d’eau (autre révolution !) qui fuit => éboulement => fuite du réseau de gaz proche => le gaz ne peut s’échapper car les routes sont en macadam (autre nouveauté !) => accumulation dans les égoûts et cave => explosion => 86 morts en 1883).</p>
<p>Les scientifiques ne furent pas les seuls à être aveugles. Le débat en France mena tout de même à un début de régulation de la sécurité du gaz. En Angleterre, pourtant plus consciente des problèmes, l’argument du coût balaya toute velléité de norme.</p>
<p>Ajoutons que, un siècle après leur démantèlement, les usines à gaz polluent toujours nos sols par les goudrons issus de la distillation...</p>
<p>Le parallèle avec le débat actuel nucléaire est frappant. « Le seul vainqueur de la controverse a été l’imprévisible. »</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Un peu au-dessus de l’équateur existe une <strong>bande de précipitations</strong> vitale pour l’agriculture de nombreux pays. Des chercheurs se sont donnés la lourde et pénible mission de parcourir de nombreuses îles paradisiaques du Pacifique, et d’y trouver les traces de l’évolution de cette bande au sein de sédiments au fond des lacs intérieurs. Verdict : la bande est très sensible à toute variation de la température, et va donc se décaler très vite de plusieurs degrés de latitude vers le nord, avec une redistribution des pluies et des impacts en cascade sur toute la planète.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>L’innovation technologique peut aider les pays pauvres</strong>, sans qu’il y ait besoin de prix Nobel, de percées technologiques délirantes, ou de méga-investissements : une simple mini-centrale hydroélectrique sur une chute d’eau de 400 W (<em>la puissance d’un gros PC de joueur</em>) peut suffire à changer le quotidien de plusieurs foyers (éclairage, télécommunications, une télé) ; des séchoirs à légume stimulent des pans entiers de l’économie burkinabée ; une bête capsule en polyéthylène réduit les risques de propagation du sida, etc. Les solutions les plus simples et les moins chères ont souvent l’impact le plus énorme. Il manque un répertoire mondial de toutes ces petites avancées pour en généraliser l’utilisation.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les gélules-robots</strong> avec caméra, que l’on peut avaler et qui ressortent naturellement, rendent déjà des services. Un article traite de l’étape suivante : gélules à bras pour explorer, voire gélules avalées indépendamment, et s’auto-organisant pour opérer de l’intérieur !</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les premiers accouplements</strong>, chez certains poissons d’il y a 375 millions d’années (déjà vivipares), seraient nés de la nécessité de protéger les petits des prédateurs : plus gros à la naissance, leurs chances de survie étaient meilleures. Certains attributs virils seraient des nageoires détournées et… la mâchoire à l’origine plutôt destinée à maintenir les femelles pendant l’acte pour pouvoir féconder les œufs le plus vite possible avant d’autres prétendants ! (<em>J’adore tous ces bricolages évolutifs : cette mâchoire de prise devenue arme ; les nageoires-pagaies évoluant en pattes ; les poumons-stabilisateurs devenus poumons...</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<strong>article mathématique de Jean-Paul Delahaye relève du quasi-surréalisme</strong> : <a href="http://www.mathrix.org/zenil/" hreflang="en">Hector Zenil</a>, un de ses doctorants, a ordonné par ordre de complexité les nombres de 0 à 31 — en binaire. En parlant de complexité, on évoque le fait que 11010 est plus complexe que 11111, lui-même plus complexe que 1. La complexité selon Kolmogorov d’un nombre (qui est, en gros, proportionnelle à sa taille après passage à la moulinette d’un algorithme de compression comme <code>zip</code>) se calcule mal pour les tous petits chiffres. Il a donc fallu revenir à la définition et tester les 11 milliards de programmes possibles d’une machine de Turing à quatre états pour voir quelles chaînes de un à cinq bits sortaient le plus fréquemment. Bref, au final 0 et 1 sont les moins complexes des chaînes, 11100 est dernier (<em>ex-æquo</em> avec 00111 et d’autres). Si si, il y a des applications.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juillet-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/649« L’Alsace au Moyen Âge » de Guy Trendelurn:md5:ea1e131a77cacf2d4e720f4fce896fb92011-07-11T23:08:00+02:002015-09-03T08:30:47+02:00ChristopheHistoireAlsacechaoschâteauxcultureEmpire carolingienEuropeFrancsGrandes InvasionsgéopolitiquehistoireHistoire de FranceMérovingiensperspectivetemps <p>Ce bon livre manque peut-être un peu de cohésion, on a plus l’impression d’une compilation d’articles ou chroniques. Celui qui n’a aucune notion d’histoire allemande (Otton, le Saint Empire, les Hohenstaufen, les Habsbourgs…) risque de se sentir noyé : dans le Moyen Âge alsacien, les Français ne sont que des envahisseurs !</p>
<p><img src="http://boutique.nueebleue.com/WebRoot/Store/Shops/NueeBleue/4CD1/2071/1EAB/8FA6/A156/91E2/210A/8D20/Alsace_0020_Moyen_0020_Age-1-AF_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Mais l’auteur a bon goût de ne pas négliger la critique mais si souvent négligée période des Mérovingiens et Caroligiens, avant l’An Mil. Rappelons que les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Serments_de_Strasbourg">Serments de Strasbourg</a> (842) scellent la partition de l’Empire carolingien entre France et Allemagne.</p>
<p>L’Alsace a eu un destin assez chaotique : les Alamans ont d’abord été durement mis au pas par les Francs. Puis son destin s’est trouvé lié à la Souabe. Le Duché d’Alsace n’a jamais vraiment existé.</p>
<p>Ensuite arrive un morcellement tout assez spectaculaire entre de nombreuses entités. Il semble surréaliste au Français habitué à la séparation des pouvoirs que l’évêque de Strasbourg ait longtemps été une puissance militaire régionale.</p>
<p>Étonnantes aussi les interventions des Suisses en Alsace : Bâle a joué un grand rôle.</p>
<p>Les « chevaliers brigands », dont les châteaux sont encore visibles dans les Vosges, sont une spécialité locale. Déjà à l’époque des sociétés par action finançaient ce genre de brigandage. Dans le même genre médiéval-financier, la Bourgogne de Charles le Téméraire a carrément tenté d’acheter la Haute-Alsace.</p>
<p>Effroyable la fréquence des guerres et des pillages. L’Alsace a payé très cher son morcellement. Les passages des armées de mercenaires, Français, Anglais ou autres, sont de véritables cauchemars pour les habitants. En réaction, la Décapole, une union de villes libres, n’a pas montré une efficacité réelle.</p>
<p>Quant au vin, il était omniprésent dès les origines : pour faire plier une ville assiégée, le plus simple était de menacer de couper les pieds de vigne.</p>
<p>Le livre se clôt par la « révolte des rustauds » à l’aube de la Renaissance : une révolte sociale, partie de la base, écrasée dans le sang par le Duc de Lorraine.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Alsace-au-Moyen-%C3%82ge-de-Guy-Trendel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/646« Les histoires sont là pour nous rappeler... »urn:md5:ccb6b4d55f48072d85aaac48d57e1b292011-06-10T00:00:00+02:002011-06-19T14:48:18+02:00ChristopheCitationsbon sensconquête de l’inutilelibertémèmeouverture d’espritperspectivequêtesciencespéculationténacitéutopievirtueléconomie de l’attentionéducationémerveillement <blockquote><p>« Les histoires sont là pour nous rappeler qu’il y a plus et autrement que la réalité, ou sinon comment ferions-nous pour changer la réalité ? »<br /> <br />Élisabeth Vonarburg, <em>Les Rêves de la Mer</em> (<em><a href="http://www.alire.com/Romans/Tyranael.html">Tyranaël</a></em>, tome 1), 17</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-histoires-sont-la-pour-nous-rappeler.#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/588“The Unix-Haters Handbook” (« Le manuel de haine anti-Unix »)urn:md5:1ebc825b85120dcdae5cbd2b0ba4a9862011-03-27T12:45:00+02:002018-02-10T11:04:52+01:00ChristopheInformatique militante et technologieApplebugcitationcoup bascynismeDebiandinosauresdommagedysfonctionnementdécadencedéveloppementemmerdeursergonomieexpertisefoutage de gueulegaspillageguerre saintehainehumourinformatiqueLinuxlivres luslogiciel librelyrismeMacMacOSMicrosoftmèmemémoireouverture d’espritpanurgismeperfectionnismeperspectivepessimismeprise de têteprovocationprécisionpériméspéculationsécuritéUbuntuuchronieUnixutopievaleurWindowsévolution<p>Résumé et critique-après-coup d’un <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">livre de haine</a> envers ce qui est tout de même devenu quasiment le standard sur quoi se base l’essentiel de l’informatique moderne (hors Windows) : Unix. Rigolo et instructif.</p> <p>(Comme d’hab’, <em>les italiques sont des avis et commentaires personnels, ou des citations en langue non française</em>. Le non-italique tente la fidélité au livre. Les traductions sont personnelles et pas forcément bonnes, je suis preneur de meilleures adaptations, par exemple pour <em>hater</em>. D’ailleurs j’ai plusieurs fois jeté l’éponge. )</p>
<p><em>Certains qui me connaissent auront du mal à croire que j’ai lu ça. Et pourtant.</em></p>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/77/UNIX-HATERS_Handbook_cover_ISBN_1-56884-203-1.png" alt="Unix Hater Handbook : couverture du livre chez IDG" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Le <em>Unix-Haters Handbook</em> relève en fait plus du document historique (1994), sinon archéologique, que de quoi que ce soit d’actuel. Il serait une mine de thèmes d’uchronies, : si Unix n’avait pas existé, quel système l’aurait remplacé ? Je parle d’une époque où MS-DOS, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_3.1x" hreflang="en">Windows 3.1</a> et Macintosh (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/System_7" hreflang="en">Système 7</a>) régnaient sur la bureautique — ou n’étaient pas. Évidemment, le mélange des domaines (l’Unix serveur de fichiers ou serveur de courrier de l’époque n’est pas le poste bureautique ou le serveur web de maintenant) fait partie du jeu.</p>
<p>Les auteurs, Simson Garfinkel, Daniel Weise, Steven Strassmann, ont vécu l’époque où Unix remplaçait petit à petit <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/OpenVMS" hreflang="en">VMS</a>, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Incompatible_Timesharing_System" hreflang="en">ITS</a> et d’autres. Et ils n’ont pas aimé. Le livre est à charge, donc paradoxalement j’en ai très peu appris sur ces concurrents qui étaient forcément plus mieux, sinon en creux. Dennis Ritchie se paye leur tête dans l’anti-préface (je pense que c’est intraduisible) :</p>
<blockquote><p>“The systems you remember so fondly (TOPS-20, ITS, Multics, Lisp Machine, Cedar/Mesa, the Dorado) are not just out to pasture, they are fertilizing it from below.”<br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p>et aussi (à apprendre par cœur et à resservir dans votre prochaine <em>flamewar</em>) :</p>
<blockquote><p>“Like excrement, it [this book] contains enough undigested nuggets of nutrition to sustain life for some. But it is not a tasty pie: it reeks too much of contempt and of envy.”<br /> <br /><em>« Comme des excréments, [ce livre] contient assez de pépites nourissantes non digérées pour permettre à certains de vivre. Mais ce n’est pas un plat appétissant : il exhale trop le mépris et l’envie. »</em><br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p><em>Ceux de ma génération et d’après considèrent souvent qu’en pratique Unix = Linux, même si intellectuellement nous savons (?) que ce n’est pas le cas. Oh, il y a bien encore <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Solaris_(système_d'exploitation)">Solaris</a>, du moins jusqu’à ce qu’Oracle se lasse, un <a href="http://www.gnu.org/software/hurd/hurd.html" hreflang="en">Hurd</a> dont la ponctualité effraierait même un mainteneur Debian, et puis cette incarnation un peu exotique, qui est à Unix ce que le toucan est au </em>Tyrannosaurus rex<em>, MacOS X, autrefois connu sous le nom de NeXSTEP</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. <em>Et puis HP-UX, AIX dans pas mal d’entreprises, QNX dans l’embarqué… Linux lui-même se décline en tellement de versions qu’on pourrait parler de systèmes différents. Et Android et iOS entrent-ils dans la catégorie ?</em></p>
<p><em>Bref. Ce livre n’évoque même pas le Linux 0.99 sous Slackware ou Debian (déjà !) de l’époque, dure leçon d’humilité pour tous les fanatiques, </em>fanboys<em> et adeptes du libre. GNU n’existe alors que par <a href="http://www.gnu.org/software/emacs/" hreflang="en">Emacs</a> et les compilateurs. Sun par contre est évoqué — de la même manière dont je vomissais ma bile autrefois sur Windows 98 (mais avec plus de style).</em></p>
<p>Unix (la version originale) date de l'époque où l’on marchait encore sur la Lune. Il a beaucoup évolué depuis, et avec succès. En fait, il serait devenu un virus (minimaliste et en conséquence portable, il vampirise son hôte, et mute souvent) avec une interface utilisateur.</p>
<p>Sun est une cible particulièrement appréciée. <em>Dans mon esprit Sun et Solaris étaient associés aux gros Unix stables et indestructibles sur lesquels moulinent les bases Oracle critiques (ai-je simplement été victime du </em>marketing<em> ?), mais ici on croit entendre des linuxiens parler de Windows.</em> Les stations Sun ne sont là que parce qu’elles sont moins chères, la stabilité n’est pas leur fort, et nombre des produits issus de la firme semblent mériter une haine inextinguible.</p>
<p>La mauvaise foi et les généralisations abusives suintent partout où les reproches ne sont pas solidement étayés par des anecdotes, exemples, et <em>emails</em> de victimes désespérées — donc seulement une ligne sur deux. Les flèches touchent d’autant plus juste que certaines lacunes unixiennes… ont persisté jusque 2011 ! Le tout sur un style pince-sans-rire typique du milieu.</p>
<p>Exemples :</p>
<h3>Sendmail</h3>
<p>Ce logiciel de transfert de mail a sévi jusqu’à mon époque (j’ai très vite eu envie de découvrir <code>postfix</code> ou <code>exim</code>), et était déjà connu pour sa stabilité relative, ses fichiers de paramétrage cryptiques (encore plus proches du bruit blanc que <code>perl</code>, c’est dire), sa compatibilité pathologique avec la pléthore de systèmes de l’époque (<code> @#$@$^%<<<@# ) at @$%#^! </code> est paraît-il une adresse email valide), sa capacité à interpréter le corps du message comme une suite d’adresses, ou les messages d’erreur <code>Deferred: Not a typewriter</code>. Avec un sens aigu de la justice équilibrée, un cri du cœur a été lancé en 1993 :</p>
<blockquote><p>“The thing that gets me is that one of the arguments that landed Robert Morris, author of ‘the Internet Worm’ in jail was all the sysadmins’ time his prank cost. Yet the author of sendmail is still walking around free without even a U (for Unixery) branded on his forehead.”<br /> <br /><em>« Ce qui me rend dingue, c’est que l’un des arguments utilisés pour envoyer en prison Robert Morris, l’auteur du “ver Internet” était ce que sa plaisanterie a coûté en temps d’administrateurs système. Et pourtant l’auteur de sendmail se balade encore librement sans même un U (pour Unixellerie) tatoué sur son front. »</em></p></blockquote>
<p><a href="http://shop.oreilly.com/product/9781565928398.do">Le livre dédié chez O’Reilly</a> contenait plus de pages que <em>Guerre et paix</em> et aurait arrêté une balle tirée à bout portant. La chauve-souris de la couverture a inspiré une comparaison entre l’animal et l’outil, par exemple :</p>
<blockquote><p>“Bat guano is a good source of potassium nitrate, a principal ingredient in things that blow up in your face. Like Sendmail.”<br /> <br /><em>« Le guano de chauve-souris est une bonne source de nitrate de potassium, ingrédient principal des choses qui vous explosent à la figure. Comme Sendmail. »</em></p></blockquote>
<h3>Tout est un flux d’octets</h3>
<p>La philosophie Unix, c’est « tout est un flux d’octets » (<em>a stream of bytes</em>), manipulés à l’aide d’une cascade d’outils divers, censés faire une seule chose et bien. En conséquence, les outils n’ont aucune cohérence quant aux arguments de ligne de commande.</p>
<p>Les rédacteurs regrettent amèrement l’absence de notion d’enregistrement. Chaque application doit en conséquence redécouvrir la roue de ce côté (“<em>You see Unix knows parsing like <a href="http://www.quotationspage.com/quotes/Dan_Quayle/" hreflang="en">Dan Quayle</a> knows quantum mechanics.</em>” (oui, forcément, les références politiques datent aussi)), par exemple sur un fichier aussi critique que <code>/etc/passwd</code>, où la synergie bugatoire avec <code>sendmail</code> s’exprime pleinement.</p>
<p>Un chapitre croustillant détaille l’absence de systèmes de locks et donc… leur émulation via deux systèmes qui s’ignorent (j’ai l’impression que perdure la situation...).</p>
<h3>Le système de fichiers</h3>
<p>Les systèmes de fichier actuels (<code>ext4</code>, <code>ZFS</code>…) ont bien évolué depuis l’antique <code>UFS</code> — qui est toujours là, avec ses répertoires contenant les noms des fichiers. Le temps a eu raison de certains des reproches, par exemple l’absence de journalisation (quoique pas depuis si longtemps sous Linux…). D’autres sont des lacunes toujours là dans une Ubuntu toute fraîche, même si des outils au-dessus du système de fichiers peuvent les combler :</p>
<ul>
<li>pas de cryptage intégré ;</li>
<li>aucune notion de versions de fichiers (comme dans VMS) (<em>et le prochain MacOS va redécouvrir la chose trois décennies plus tard !</em>) ;</li>
<li>pas de notion de type de fichier comme les connaissent les Macintosh depuis 1984, juste des extensions aux noms de fichiers associés à des « nombres magiques » dans les fichiers eux-mêmes, nouvelles source de mille bugs (<em>Les tendances sur le sujet sont contradictoires, avec le Mac OS X qui renonce aux ressources et ne prend en compte que l’extension et, dans la plupart des OS récents, les types reconnus par des couches supérieures via l’extension… Est-ce parce que la notion de métadonnée est hermétique à l’utilisateur et l’association d’icelle au fichier trop difficile à maintenir au fil des migrations et déplacements au travers du net et de divers systèmes ?</em>) ;</li>
<li>la possibilité d’avoir dans le nom du fichier à peu près n’importe quoi d’autre qu’un /, d’où moults bugs ésotériques, fichiers ineffaçables, voire trous de sécurité (c’est encore plus drôle après qu’on a réussi à créer ce fichier avec un /...).</li>
</ul>
<h3>L’administration</h3>
<p>Un Unix bien administré est censé avoir plusieurs partitions, histoire par exemple que <code>/tmp</code> ne remplisse pas de l’espace au détriment de <code>/usr</code>, ou pour sauvegarder une partition (<em>forcément</em> entièrement, jamais en <em>live</em>). Les utilisateurs d’autres systèmes ont beau jeu de dire qu’à l’inverse un système de fichier pouvait s’étaler sur plusieurs disques, et gérer l’espace grâce à des quotas, plus d’une décennie avant la rédaction du livre. Les partitions <em>swap</em> existent encore, d’ailleurs (<em>en voie de disparition sur les Linux récents ?</em>), quand le système de fichier pourrait tout simplement convenir.</p>
<p>Bref, toute la logique de gestion des disques vise en fait à contourner des limites ou les conséquences de bugs.</p>
<p>Un autre sujet, toujours d’actualité : la pléthore de fichiers de configuration.</p>
<blockquote><p>“Those allergic to Microsoft Windows with its four system configuration files shouldn’t get near Unix, lest they risk anaphylactic shock.”<br /> <br /><em>« Ceux allergiques à Microsoft Windows</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup><em> et ses quatre fichiers de configuration ne devraient pas s’approcher d’Unix, au risque d’un choc anaphylactique. »</em></p></blockquote>
<p>Bien sûr, tous ces fichiers ont une syntaxe différente, supportent ou pas des commentaires, et confondent ou pas tabulations et espaces. (<em>Honnêtement, je préfère un bordel de fichiers texte qui sont à peu près localisables, au moins dans une Debian ou mon vieux Windows 3.1, à quelque chose de plus complexe à base de XML, ou, horreur, de binaire.</em>)</p>
<p>Pour compliquer la chose, les outils standards font de même chacun leur sauce sans soucis de cohérence. Le phénomène s’étend jusqu’aux <em>shells</em>, dont il y a pléthore, aux sémantiques qui diffèrent parfois. Et écrire un script un peu costaud devant tenir compte de tous les cas devient un cauchemar.</p>
<blockquote><p>“And, indeed, that is my memory of Unix tools—you spend all your time learning to do complex and peculiar things that are, in the end, not really all that impressive. I decided I’d rather learn to get some real work done.”<br /> <br /><em>« En fait, c’est mon souvenir des outils Unix — on passe son temps à apprendre à faire des choses complexes et bizarres qui au final ne sont pas si impressionnantes. J’ai décidé que j’allais plutôt apprendre à bosser. »</em><br /> <br /><em>— Jim Giles</em></p></blockquote>
<p>(<em>On voit que certains n’ont pas sué sur des bêtes fichiers <code>.bat</code>.</em>) Les <em>pipes</em> permettent de faire communiquer des programmes, de manière fragile. Rien de sérieux n’a jamais été développé ainsi. Le Macintosh se passait très bien de cela (<em>dans une utilisation totalement différente et sans soucis de réutilisation d’un script, œuf corse</em>)(<em>s’il lit jusque là, je sais qu’un certain lecteur aura déjà bondi et m’aura parlé d’un outil de scriptage remontant même à l’époque où Steve Jobs n’avait pas encore été viré d’Apple.</em>).</p>
<p>Allez, j’adore ces deux paragraphes, surtout avec le recul et le passage à MacOS X :</p>
<blockquote><p>“When was the last time your Unix workstation was as useful as a Macintosh? When was the last time it ran programs from different companies (or even different divisions of the same company) that could really communicate? If it’s done so at all, it's because some Mac software vendor sweated blood porting its programs to Unix, and tried to make Unix look more like the Mac.<br />The fundamental difference between Unix and the Macintosh operating system is that Unix was designed to please programmers, whereas the Mac was designed to please users. (Windows, on the other hand, was designed to please accountants, but that’s another story.)”<br /> <br /><em>« À quand remonte la dernière fois où votre station Unix a été aussi utile qu’un Macintosh ? Quand pour la dernière fois avez-vous utilisé des programmes de différentes sociétés (ou même de différentes divisions d’une même société) qui pouvaient vraiment communiquer ? Si c’est même faisable, c’est qu’un vendeur de logiciels Mac a sué sang et eau pour porter ses programmes sur Unix, et tenté de transformer un Unix en Mac. <br />La différence fondamentale entre Unix et le système du Macintosh est qu’Unix a été conçu pour plaire aux programmeurs, alors que le Mac a été conçu pour plaire aux utilisateurs. (Windows, d’un autre côté, a été conçu pour plaire aux comptables, mais c’est une autre histoire.) »</em></p></blockquote>
<h3>NFS</h3>
<blockquote><p>“The ‘N’ in NFS stands for Not, or Need, or perhaps Nightmare.”<br /> <br /><em>— Henry Spencer</em></p></blockquote>
<p>Ce protocole inventé par Sun (<em>déjà une tare en soi, apparemment</em>) est coupable d’être sans état, sans sécurité (puisque basé sur des <em>magic cookies</em>), dans le but de contourner l’instabilité des serveurs et stations Sun, puis d’avoir eu besoin de rajouter état (verrous…) et sécurité par-dessus à coup de rustines. Les anecdotes sont cruelles. La page 291, au milieu d’une <a href="https://www.coindeweb.net/humour/info_eco.html">comparaison digne d’Umberto Eco</a>, contient le délicieux :</p>
<blockquote><p>“The Sun kernel has a user-patchable cosmology.”<br /> <br /><em>« Le noyau Sun a une cosmologie rapiéçable par l’utilisateur. »</em></p></blockquote>
<p>Pour finir, l’indépendance de NFS par rapport à l’OS client est une blague.</p>
<p>(<em>Le récent <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Network_File_System#NFSv4">NFS v4</a> valide </em>a posteriori<em> tout cela puisqu’il apparemment il garde le nom mais n’a plus rien à voir avec les versions précédentes.</em>)</p>
<h3>Le C, le C++ et le développement</h3>
<blockquote><p>“Do not meddle in the affairs of Unix, for it is subtle and quick to core dump.”<br /> <br /><em>— Anonyme</em></p></blockquote>
<p>L’annexe B l’affirme : le C et Unix sont un poisson d’avril qui a mal tourné. Thompson, Kernighan & Ritchie ont cherché en 1969 à créer le système le plus cryptique qui soit, parodie de Multics et du Pascal.</p>
<blockquote><p>”We stopped when we got a clean compile on the following syntax:<br /> <br /><em><code>for(;P("\n"),R=;P("|"))for(e=C;e=P("_"+(*u++/ 8)%2))P("|"+(*u/4)%2); </code>”</em></p></blockquote>
<p><em>Mouais.</em></p>
<p>Toujours est-il que les dinosaures rédacteurs regrettent l’époque où un programme qui plantait pouvait être débogué immédiatement, sans autopsier un <em>core</em> volumineux dont les symboles ont disparu (éventuellement écrasé par le propre <em>core</em> du débuggeur).</p>
<p>Sur le plan fondamental, le C est délicat à <em>parser</em> (analyser ?), d’où d’ailleurs les cascades d’erreurs de compilation générées par une seule faute de syntaxe. Quant au C++, c’est une cause perdue de ce point de vue. Et d’ailleurs : qu’est-ce que c’est que ce langage moderne qui n’a même pas de <em>garbage collector</em> ni même de grammaire claire ?</p>
<blockquote><p>“The only marvelous thing about C++ is that anyone manages to get any work done in it at all.”<br /> <br /><em>« La seule chose merveilleuse avec la C++, c’est que des gens arrivent à bosser avec. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>J’ai l’impression que les reproches faits au C++ sont les mêmes de nos jours qu’il y a presque 20 ans. Non je ne connais pas vraiment le C++ et le peu que j’en connais m’a convaincu de le mettre tout en bas de la liste des langages à apprendre et que je n’aurai pas le temps d’apprendre.</em>)</p>
<p>Sur le plan anecdotique, <code>make</code> exige des tabulations et non des espaces au début de ses fichiers de configuration (<em><a href="http://www.gnu.org/software/automake/manual/make/Error-Messages.html" hreflang="en">et encore de nos jours</a></em>) : l’auteur aurait refusé de modifier sa syntaxe car il avait déjà dix (10) utilisateurs. (<em>J’ai retrouvé le même problème dans le beaucoup plus récent <code>rsnapshot</code>.</em>)</p>
<h3>La sécurité</h3>
<p>Au regard de ce qui va suivre, il semble accessoire qu’Unix ne supporte pas la moindre défaillance du matériel sous-jacent :</p>
<blockquote><p>“That’s because Unix programs usually don’t check for hardware errors—they just blindly stumble along when things begin to fail, until they trip and panic.”<br /> <br /><em>« C’est parce que les programmes Unix ne vérifient pas les erreurs matérielles — ils trébuchent dans le noir quand ça commence à dérailler, jusqu’à ce qu’ils se rétament en paniquant. » </em></p></blockquote>
<p>Sur le plan logiciel, on insiste bien sur le fait que le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Morris_worm" hreflang="en">ver Morris</a>, un des premiers virus passés par le réseau en 1988, et qui l’a paralysé à l’époque, est bien un ver <em>Unix</em> : la faute à <code>sendmail</code>, <code>finger</code>, aux mots de passe faiblards…</p>
<h3>Pire est mieux</h3>
<p>Les auteurs vont jusqu’à dire que conceptuellement Unix est le représentant de l’école de pensée « Pire est mieux » : un truc qui marchotte maintenant est mieux qu’un truc parfait dans longtemps. La simplicité avant tout, et surtout avant la correction, la consistance ou l’exhaustivité.</p>
<p>Cela se retrouve dans les outils de développement par exemple (p 176) :</p>
<blockquote><p>“The designers of the Interlisp environment had a completely different approach. They decided to develop large sophisticated tools that took a long time to learn how to use. The payoff for investing the time to use the tools would be that the programmer who learned the tools would be more productive for it. That seems reasonable.<br /> <br />Sadly, few programmers of today’s machines know what it is like to use such an environment, in all its glory.”<br /> <br /><em>« Les concepteurs de l’environnement Interlisp avaient une approche complètement différente. Ils avaient décidé de développer de gros outils sophistiqués dont la maîtrise nécessitait beaucoup de temps. L’avantage pour le temps investi à apprendre ces outils serait que le programmeur qui les utiliserait serait plus productif. Cela semble raisonnable.<br /> <br />Hélas, peu de programmeurs sur les machines de maintenant savent ce que veut dire utiliser un environnement dans toute sa splendeur. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>Je me fais violence pour ne pas commenter et fournir de nombreux exemples où on code d’abord et on apprend après. Certes pas dans un contexte universitaire comme celui des auteurs du livre.</em>)</p>
<p>Et puis :</p>
<blockquote><p>“Consistent mediocrity, delivered on a large scale, is much more profitable than anything on a small scale, no matter how efficient it might be.”<br /> <br /><em>« La médiocrité constante, délivrée à grande échelle, est bien plus profitable que n’importe quoi à petite échelle, aussi efficace que cela soit. »</em></p></blockquote>
<p><em>Il est hilarant de constater que tout ce que l’on reproche ou a reproché à Windows jusque récemment l’a été à Unix : un outil léger bancal immédiatement accessible qui marche la plupart du temps </em>vs<em> le gros Unix propriétaire rigide et complexe. Soit Windows marque une nouvelle descente dans le néant, soit Unix s’était entretemps stabilisé — comme Windows l’a fait ensuite. </em><br /><em>Les pessimistes noteront que le « bancal tout de suite » au lieu de « réfléchi demain » est également la philosophie dominante pour tout ce qui concerne ce qui se fait sur le web, voire l’économie entière, pression du court terme oblige. Au moins là y a-t-il une certaine sélection naturelle qui s’opère (pour le mieux ? c’est discutable). </em></p>
<h3>Lisez-le !</h3>
<p><em>Le <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">PDF est gratuitement en ligne</a> mais hélas je ne connais aucune traduction française. En même temps, celui qui s’intéresse au <del>Néolithique</del> Paléozoïque de l’informatique a intérêt à maîtriser l’anglais.</em></p>
<p><em>Voir aussi la <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/The_UNIX-HATERS_Handbook" hreflang="en">page Wikipédia dédiée</a>, la <a href="http://www.art.net/~hopkins/Don/unix-haters/handbook.html" hreflang="en">page de pub de l’époque</a>, ou encore l’<a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/index.html" hreflang="en">archive de la liste de diffusion qui a donné naissance au livre</a>. On y trouvera d’autres merveilles assassines non incluses dans le livre comme <a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/requium.html" hreflang="en">A Requiem for a Dying Operating System</a>, <a href="http://www.hillside.co.uk/articles/cult.html" hreflang="en">The UNIX cult</a>, <a href="http://www.andromeda.com/people/ddyer/topten.html" hreflang="en">The Top 10 Ways to get screwed by the "C" programming language</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup><em>.</em></p>
<h3>Critiques</h3>
<p><em>Il existe des critiques du livres sur le net, par exemple celle d’<a href="http://esr.ibiblio.org/?p=538" hreflang="en">Eric Raymond</a> en 2008 : en gros, il reproche au livre d’être daté (forcément), de noyer « une once de pertinence dans une livre de polémique », de ne pas prendre en compte les interfaces graphiques apparues un lustre plus tard voire plus, de ne pas reconnaître qu’ailleurs ce n’était pas mieux, et de ne pas avoir prévu Linux (qui découvrait à l’époque ce qu’était un réseau), ou Python (vagissant également), plus perfidement d’avoir été en 1994 bloqué aux années 80, ou d’avoir été du mauvais côté de l’histoire (un des auteurs a participé à NeWS, concurrent de X) et de tomber dans le romantique regret de ce qui aurait pu être ; même de ne pas avoir cherché eux-même à améliorer la chose. En fait, ESR justifie de grosses parties du bouquin (ici à propos du C) : </em></p>
<blockquote><p>“Gradually, in a messy and evolutionary way, the Unix community is teaching itself the lesson that the authors of this chapter wanted to give it. I agree with them that it could have happened faster and should have happened sooner.”<br /> <br /><em>« Graduellement, de manière brouillonne et par évolutions successives, la communauté Unix s’est enseigné la leçon que les auteurs de ce chapitre voulait lui donner. Je leur accorde que cela aurait pu arriver plus vite et aurait dû arriver plus tôt. »</em></p></blockquote>
<p>Beaucoup moins récemment, en 1997, la <a href="http://linuxgazette.net/issue22/haters.html" hreflang="en">Linux Gazette</a> parlait du livre (en pleine explosion du nouvel OS libre) : Andrew Kuchling reconnaît quelque pertinence (“<em>The chapter on the X Window System is devastating and accurate</em>.”) et se demande si la raison de ces plaintes ne serait pas qu’en 1994 les Unix libres au source ouvert étaient beaucoup moins répandus et connus : certaines lacunes ont été corrigées à ce moment. Dans ce sens, le livre est une mine d’idées d’améliorations — pour beaucoup implémentées dans Linux ou MacOS X quatorze ans après.</p>
<p>En notre millénaire (2003), <a href="http://slashdot.org/story/03/04/26/2354245/Unix-Haters-Handbook-Available-Online" hreflang="en">Slashdot a lancé un fil</a> lors de la publication intégrale en ligne : au milieu des habituels verbiages et crachats sur Windows, on trouve quelques gemmes, comme ce <a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817398" hreflang="en">rappel du contexte par un des auteurs, qui ne regrette rien</a>.</p>
<h3>Validité</h3>
<p><em><a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817447" hreflang="en">Il a été dit</a> que le </em>Handbook<em> n’est plus drôle depuis la sortie de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_NT_4.0" hreflang="en">Windows NT 4</a> (maudit soit son nom). L’année 1995, celle d’après la parution du livre, marque le début de l’apogée de Microsoft, sur les bureaux d’abord, dans les serveurs ensuite, et l’union sacrée contre Redmond fut alors de mise. </em></p>
<p><em>Les tables tournèrent et Windows se prit dans la tronche tous les reproches des barbus à Unix : instabilité pathologique (par exemple Windows 95 plantait systématiquement après une quarantaine de jours, et on mit des années à s’en apercevoir)</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup><em>, mépris des standards (et carrément </em>by design<em>), impossibilité de scripter… Windows s’est bien amélioré depuis</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> <em>même si son hégémonie est menacée à terme (des mondes entiers se développent sans lui, sous Linux, MacOS, Android…). Y aura-t-il un nouveau système « bâclé mais suffisant » pour nous faire regretter Windows ? </em></p>
<p><em>Ou est-ce le libre (qui fait tourner l’essentiel des <a href="http://www.top500.org/charts/list/36/os" hreflang="en">supercalculateurs</a>, des box comme des téléphones évolués de nos jours, de Linux à Java en passant par BSD, Apache...) qui a réellement changé la donne ? Et si le libre était apparu dès l’époque de Multics, VMS et autres regrettés <del>dinosaures</del> <del>ammonites</del> <del><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">ichthyostegas</a></del> créatures précambriennes de l’informatique ? ESR, dans la critique ci-dessus, le reconnaît pour X : il a gagné parce qu’</em>open source<em>.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>L’orthographe n’est pas claire et déjà à l’époque ils s’interrogeaient sur la nature de la créature de Steve Jobs :</em> “NeXT, meanwhile, calls their version of Unix (which is really Mach with brain-dead Unix wrapped around it) NEXTSTEP. But it’s impossible to get a definition of NEXTSTEP: is it the window system? Objective-C? The environment? Mach?”</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Époque bénie où on se cassait les dents sur <code>AUTOEXEC.BAT</code> au lieu de se noyer dans la base de registre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Et moi non plus je ne peux pas supporter ce langage. En fait c’est comme la nitroglycérine, il faut le laisser aux gens qui en ont </em>vraiment<em> besoin pour faire des choses que le commun des mortels ne fait jamais.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Et la situation était tellement sérieuse qu’un des lecteurs de ce blog écrivit un <a href="http://gentiane.org/~miod/software/murphy/index.html">outil pour personnaliser l’écran bleu</a>. Souvenirs souvenirs…</em> </p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Si si !</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/641“The Years of Rice and Salt” (« Chronique des années noires ») de Kim Stanley Robinsonurn:md5:3672d4b8474854f1add0b1c23e0bc84e2011-02-01T22:47:00+01:002015-08-21T09:52:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAmériquecatastropheChinecivilisationcolonisationdéterminismeguerregéopolitiquehistoireIndelivres lusmémoireperspectivespéculationtempstranscendanceuchronie<p>Ce pavé a été mon « uchronie de Noël », une tradition personnelle avec laquelle je renoue.</p> <p>L’idée est simple : au lieu de liquider un tiers de la population européenne, la Peste Noire de la fin du Moyen Âge ne laisse personne, et l’Europe devient un désert. Évidemment l’Histoire prend une toute autre tournure : le Nouveau Monde est envahi par les Chinois et les Arabes ; la France est recolonisée depuis l’Andalousie par les soufis et la Scandinavie par la Horde d’Or ; la science moderne apparaît à Samarcande ; les Indiens font la révolution industrielle et s’étendent aussi vite que les Européens au XIXè siècle ; la Guerre Mondiale est pire que celles que nous avons connues…</p>
<p>Le monde se divise (schématiquement) entre Islam, Indiens (d’Inde), Chinois, et accessoirement Indiens (ceux de ce qui n’est donc pas l’Amérique). Robinson retrace les transferts de connaissance entre ces civilisations sans les perturbations introduites par les Européens dans notre fil temporel (le choix de Samarcande, sur la Route de la Soie, n’est pas innocent, mais l’influence des Indiens du Nouveau Monde sur ceux de l’Ancien est plus surprenante), leurs remises en cause après des guerres perdues, l’évolution du rôle de la femme dans le temps, en Chine ou dans diverses contrées islamiques, l’évolution des sociétés vers certaines valeurs que l’on qualifierait d’occidentales, etc.</p>
<p>Comme dans la trilogie de SF martienne (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">déjà chroniquée ici</a>) Robinson veut que le lecteur s’attache aux personnages malgré une histoire étalée sur des siècles. En science-fiction il pouvait allonger leur vie grâce à la médecine, mais ici l’expédient est plus radical : ils se réincarnent. Après tout, le bouddhisme et l’Islam influencé par le bouddhisme le permettent. On suit donc K., B., I., P., S. au fil des siècles, de leurs changements de noms (ils ne conservent que l’initiale), de sexe, même, de leurs sauts d’une civilisation à l’autre, et de leurs réunions dans le bardo, entre deux réincarnations. Chacun est un archétype (K. le révolté, I. le scientifique…). Il n’y a pas vraiment d’intrigue, les personnages sont tous emportés par l’évolution du monde tout en faisant parti des minorités qui font l’histoire. Contrairement à la plupart des livres, on peut réellement craindre pour leur vie à chaque page.</p>
<p>J’ai trouvé des défauts au niveau de la plausibilité : la Peste Noire a tué absolument <em>tous</em> les Européens en épargnant les autres, mais un virus moins radical aurait aussi permis l’uchronie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; la fondation de la science moderne par les trois principaux personnages à Samarcande est plus que rapide ; les blocs lors de la Longue Guerre sont beaucoup trop caricaturaux (nos guerres mondiales ont transcendé les cultures : on fait plus souvent la guerre à son voisin de même religion qu’à un peuple mal connu aux antipodes — le « choc des civilisations » n’est pas loin) ; la civilisation évolue au final un peu comme dans la nôtre avec domination occidentale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et on peut se demander si ce n’est pas une (inévitable) marque du fait que l’auteur <em>est</em> occidental, malgré un évident effort de recherche. Et puis Robinson est un peu trop bavard, sans que l’ennui pointe.</p>
<p>Péchés véniels, le livre reste prenant, on le savourera un certain temps. Il y a un côté ludique à retrouver Amérique ou Australie sous leurs noms chinois.</p>
<p>Le titre français est une erreur (cf <a href="http://www.cafardcosmique.com/Chroniques-des-Annees-Noires-de">cette chronique sur le Cafard cosmique</a>). L’original est une référence chinoise.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Sur le même point de divergence, Silverberg s’était contenté dans la </em><a href="http://a-c-de-haenne.eklablog.com/la-porte-des-mondes-de-robert-silverberg-w-a2349372">Porte des mondes</a><em> de supposer que l’Europe était devenue turque — un petit livre sympa pour un préado soit dit en passant.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Quoique avec l'évolution actuelle de la Chine les deux mondes vont encore se rapprocher...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/642« Pour la Science » de novembre 2010 : « le temps est-il une illusion ? » et « l’ensemble de tous les ensembles »urn:md5:6c9a2074b2394b2d4086be5ce0594c3a2011-01-02T22:21:00+01:002015-08-20T15:08:54+02:00ChristopheScience et conscienceanalogieapocalypseastronomieautoréférencebugcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecourt termeentropiegalaxiesgravitationlyrismemathématiquesmortparadoxeperspectivesciencespéculationtempsthéorieunivers<p><a href="http://drgoulu.com/2010/11/21/le-temps-est-il-une-illusion/">Dr Goulu a parlé déjà de cet excellent et vertigineux numéro</a>, j’en rajoute une couche.</p> <h3>Le temps</h3>
<p>Il est rigolo de constater qu’après la mode d’un espace-temps à quatre dimensions, voire <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Th%C3%A9orie_des_cordes#Dimensions_suppl.C3.A9mentaires">26 dans certaines variantes de la théorie des cordes</a>, la mode serait plutôt au bidimensionnel : la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion">théorie holographique dit que la troisième dimension est une illusion</a> et dans ce numéro, nous découvrons que le temps... n’existe pas !</p>
<p>C’est un des débats qui animent ce numéro. Depuis Newton, nous avions l’habitude d’un temps abstrait et imperturbable, une horloge qui bat indépendamment de l’espace. Depuis Einstein, nous savons que c’est moins simple, l’écoulement du temps est relatif, dépend de l’accélération, de la masse des objets impliqués et de leur voisinage... L’horloge universelle n’existe pas : chaque durée d’un phénomène peut se mesurer à partir de l’écoulement d’un autre, de proche en proche. Le temps des équations, similaire à l’argent qui remplace le troc, n’est plus qu’un outil pratique sans existence intrinsèque.</p>
<p>La non-existence du temps en tant que tel n’est que l’étape suivante du processus. Les équations de la relativité peuvent être reformulées sans que le temps intervienne, dans un univers statique : il serait donc bien inutile. Ce serait une des clés pour (enfin) marier physique quantique et relativité.</p>
<p>Évidemment, il faut alors expliquer pourquoi nous constatons l’existence du temps, et de sa « flèche ». Le parallèle avec les débuts de la thermodynamique, où température et pression sont des propriétés sans sens au niveau atomique, est explicite : le temps pourrait être une propriété émergente. Nous ne le percevons que parce que nous sommes justement un des éléments mais que nous nous considérons distincts du reste de l’univers : le temps ne serait que subjectif.</p>
<p>Le seul temps réel serait celui né des phénomènes thermodynamiques, non réversibles au niveau macroscopique (au contraire de la plupart des équations de base de la physique, au niveau microscopique). L’irréversibilité naît du nombre immense de composants en jeu, et de l’improbabilité pratique de la réversibilité (il est <em>possible</em> que toutes les molécules d’un gaz puisse décider de se regrouper dans un coin et de laisser du vide dans le reste du récipient, c’est juste fantastiquement improbable). Le temps ne serait qu’un effet de l’ignorance de l’état microscopique des systèmes macroscopiques. (<em>J'ai personnellement du mal à avaler cela.</em>).</p>
<p>Un article qui vole un peu trop haut pour moi relie la question de l’antimatière à celle de la flèche du temps : la violation de la symétrie CP qui a pu donner la prédominance à la matière sur l’antimatière implique une violation de la symétrie temporelle. On est là « au-delà du modèle standard », dans la physique de demain.</p>
<p>La science-fiction a usé jusqu’à la corde le filon des paradoxes temporels. La moindre communication à une vitesse supérieure à celle de la lumière violerait la causalité, cela reviendrait à remonter le temps. Le voyage vers le futur est « facile », il suffit d’attendre, et d’accélérer à une vitesse proche de la lumière pour ralentir l’écoulement propre du voyageur. Pour aller vers le passé, la technique la plus connue est celle des « trous de vers », assez délicate toutefois (la matière exotique dont la gravité est négative ne coure pas les rues).</p>
<p>Un article de <a href="http://www2.iap.fr/users/riazuelo/">Alain Riazuelo</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> décrit l’avenir très lointain de l’univers. Certaines des plus petites étoiles qui brillent actuellement ne s’éteindront que dans cent mille milliards d’années, et il n’y aura pas d’autres étoiles ensuite (le taux de formation d’étoiles baisse continuellement), à quelques collisions près. Dans 10²² ans (dix mille milliards de milliards d’années), les dernières naines brunes s’étant insensiblement rapprochées pour fusionner et créer une nouvelle étoile se seront éteintes. Entretemps les galaxies se seront évaporées ou se seront perdues dans leurs trous noirs centraux (la mystérieuse matière noire, si elle existe, ne fera que ralentir le processus). Une civilisation pourrait survivre en exploitant la fabuleuse énergie de rotation des trous noirs. Sur le très long terme, le proton pourrait être mortel, même à une échéance de 10²⁰⁰ ans. Ne resteraient au final que des trous noirs dans une soupe d’électrons, positons, neutrinos, et photons très refroidis par le décalage vers le rouge. Ensuite, il se pourrait que les trous noirs s’évaporent, avant 10¹⁰⁰ ans. Dans le cas où le proton serait parfaitement stable, tous les atomes se seront transmutés en fer (à l’horizon de 10¹⁵⁰⁰ ans), dans des objets tous devenus parfaitement sphériques grâce à la gravité. Des trous noirs apparus spontanément dans les plus gros les transformeront en petits trous noirs, dont l’évaporation pourra durer jusque 10^10⁵⁶ ans !</p>
<p>D’autres articles parlent du temps de manière plus concrète dans d’autres branches des sciences :</p>
<ul>
<li>les horloges moléculaires mesurent la vitesse d’évolution de l’ADN au sein des espèces au fil du temps (vous saviez que nos ancêtres communs avec les champignons remontent à environ un milliard d’années ?) — plus facile à dire qu’à faire, les pièges sont nombreux et le calibrage par la paléontologie est nécessaire ; mais elles peuvent lui rendre en retour bien des services ;</li>
<li>nos diverses horloges biologiques internes commencent à être bien connues ; elles sont pilotées par une horloge centrale dans le cerveau, elle-même « calibrée » par la lumière extérieure ;</li>
<li>les émotions (ou plutôt leur souvenir) évoluent dans le temps ;</li>
<li>les Indiens (ceux d’Amérique du Nord, entre autres cultures) ont une vision de l’évolution structurée par l’espace et les lieux, et non le temps et les dates : d’où divers problèmes de cohabitation avec la mentalité occidentale et son rythme effréné... ;</li>
<li>l’Égypte ancienne avait même une sorte de temps double incarné par deux dieux.</li>
</ul>
<h3>Les bases de la théorie des ensembles</h3>
<p>Une fois sur deux, l’article de Jean-Paul Delahaye me laisse froid (quand il parle de pavage du plan par exemple), et une fois sur deux il me laisse rêveur, surtout quand il s’approche de la logique et des paradoxes, à la limite de ma compréhension. Ce mois-ci il est en plein dedans. Miam !</p>
<p>À la fin du XIXè siècles, les mathématiques ont été refondées sur la nouvelle théorie des ensembles (grâce à, entre autres, <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Georg_Cantor">Cantor</a>). Patatras, des paradoxes flanquent tout par terre, le plus compréhensible étant l’antinomie de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell">Russell</a> sur l’ensemble des ensembles qui ne sont pas membre d’eux-mêmes (est-il membre de lui-même ?).</p>
<p>Le problème a été résolu de manière un peu radicale dans la nouvelle version de la théorie, les axiomes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/ZFC">ZFC</a>, qui interdit les ensembles « trop gros » en définissant les règles de construction. Entre autres et surtout, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Schéma_d%27axiomes_de_compréhension">l’axiome de séparation ou de compréhension restreint</a> : un ensemble peut être défini par une propriété <em>à condition</em> qu’elle porte sur un ensemble déjà défini, donc pas par une propriété dans l’absolu (ce serait un « regroupement »).</p>
<p>Von Neumann a ajouté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_de_fondation">l’axiome de fondation</a> (AF) : il n’existe pas de chaîne d’ensembles qui se contiennent indéfiniment ou se contiennent eux-même. Bizarrement, on peut rejeter cet axiome et ajouter un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_d%27anti-fondation">axiome d’anti-fondation</a> (permettant l’existence d’hyperensemble qui se contiennent eux-même) pour obtenir une théorie ZFC-AF+AFA tout aussi cohérente que ZFC+AF !</p>
<p><em>Exit</em> le paradoxe. La théorie ZFC donne parfaitement satisfaction mais limite un peu arbitrairement les ensembles que l’on peut créer alors qu’intuitivement ils semblent bien exister. Déjà Russell avait imaginé travailler avec des types : chaque ensemble appartient à un niveau <em>n</em>, et ne peut comporter que des éléments de niveau <em>n-1</em> : on évite alors les paradoxes mais les difficultés de manipulation avaient fait préférer la théorie ZFC.</p>
<p>L’idée est reprise par une théorie dite <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/New_Foundations" hreflang="en">NFU</a> (<em>New Foundation & Urelements</em>), où cette distinction de niveau n’est nécessaire qu’à l’apparition du symbole d’appartenance <code>∈</code>. On remplace l’axiome de séparation par une plus souple stratification temporaire au sein d’une démonstration ou d’un théorème ; il n’y a plus de types. On peut définir un ensemble U des ensembles vérifiant <code>x=x</code> (donc le fameux ensemble de tous les ensembles), mais il est interdit d’écrire <code>x ∉ x</code> car il faut un ensemble à droite : <code>x ∈ U</code> est légal et pas paradoxal. On peut ainsi manipuler de « gros » ensembles « naturels » sans paradoxe, comme aux premiers temps de la théorie, un siècle auparavant.</p>
<p>Pour Delahaye, cette théorie NFU semble moins stricte, aussi bonne (et commode !) que ZFC, ouvre de nouveaux horizons, et n’a que le défaut d’être apparue trop tard. Il semble qu’il n’y ait pas qu’en technologie que la supériorité intrinsèque le cède à la disponibilité immédiate !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Un peintre du XVIIè siècle peignait des jeunes gens avec des vestes en jeans ! La toile de Nîmes ou de Gênes (qui a donné <em>jeans</em>) existait déjà et, solide, vêtait des gens modestes. Levi Strauss n’a rien inventé !</p>
<h3>PS</h3>
<p>Bonne année à mon (mes ?) lecteur(s) !</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un nom qui revient souvent. J’avais bien aimé <a href="http://video.google.com/videoplay?docid=3818939164658758924#">son petit film de simulation sur les trous noirs</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/640« Pour la Science » de septembre 2010urn:md5:f7ee3d7305c8d20becf129776d192fc12010-09-10T00:00:00+02:002015-08-20T10:13:43+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanalogieanthropieargentastronomieauto-organisationbon sensbullechaoscivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup bascynismedilemmeeauemmerdeursentropiefoutage de gueulehard sciencelobbyslyrismemathématiquesoptimismepanurgismeperspectiveprise de têteprovocationréalitésabotagesciencescience-fictionspéculationsurréalismetempsthéorieuchronieuniversvaleurvirtuelécologieéconomieémerveillementénergieéons<p>Miracle : j’ai eu le temps de lire ce numéro avant même que son mois théorique d’édition soit entamé.</p> <p>Comme d’hab’, en italique mes commentaires personnels.</p>
<h3>La carnet de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres :</p>
<p>Les unités de mesure, tout le monde connaît. Didier Nordon propose les unités de <em>démesure</em> : le kerviel (somme qu’un employé peut faite perdre à l’employeur) ; le paléobiologiste (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">capable de se tromper de 1,5 milliards d’années dans l’estimation de la date d’apparition de la vie multicellulaire</a>) ; le BP (argent dilapidé par pollution d’une réserve naturelle).</p>
<h3>Les fractales 3D</h3>
<p>Franchement, tout le monde devrait connaître l’ensemble de Mandelbrot. Je rappelle juste ici qu’il rassemble les points du plan complexe qui divergent quand on itère la suite <code>z(n+1) = z(n)²+c</code> (<code>c</code> constante).</p>
<p>Habituellement, l’ensemble est en noir et les jolies couleurs sont fonction de la vitesse de divergence hors de l’ensemble. Infiniment découpable, c’est LA fractale la plus connue. On peut en imaginer une infinité d’autres, basées sur la fameuse non-linéarité de l’équation de base, mais il semble que le simple carré contienne en fait toute la substantifique moëlle du sujet.
<img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/de/Mandelbrot_set_rainbow_colors.png/800px-Mandelbrot_set_rainbow_colors.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Mais elle est plate, une simple image, bien que déjà gourmande en puissance de calcul (<em>Je me souviens de la première fois où je l’ai calculée sur mon vieil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Atari_ST">Atari 520 ST</a>, et c’était déjà leeeeent.</em>), ce qui explique en partie que la version en trois dimensions ait dû attendre.</p>
<p>Cependant les obstacles n’étaient pas que technologiques :</p>
<ul>
<li>la généralisation en 3D n’est <em>pas</em> immédiate, ou plutôt ne donne pas aisément des résultats esthétiques : déjà il faut définir ce qu’est une multiplication dans un espace en trois dimensions (ce n’est pas trivial) ; certains ont obtenu quelques résultats avec les <a href="http://nylander.wordpress.com/2009/07/07/4d-quaternion-mandelbrot-set/" hreflang="en">quaternions</a> (des couples de complexes, en 4D donc) ;</li>
<li>une fois définie cette multiplication (de manière plus géométrique qu’algébrique), il faut trouver la « bonne » puissance pour un résultat intéressant : si le Mandelbrot classique se contente d’un <code>z²</code>, il a fallu aller jusqu’à la puissance huit pour le <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Mandelbulb</a> :</li>
</ul>
<p><img src="http://www.skytopia.com/project/fractal/new/ff/q85/z7_b_3D_fractal_2-s_by_KrzysztofMarczak.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li>pour le rendu on arrive aux limites des moteurs de calcul : comment calculer le vecteur normal d’une surface en <em>ray-tracing</em> sur une fractale par définition infiniment découpée qui n’admet aucune tangente ? En conséquence, certaines surfaces apparemment et bizarrement lisses ne le sont peut-être qu’à cause d’un artefact de calcul.</li>
</ul>
<p>Les images du Mandelbulb (voir <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Skytopia</a>) sont fascinantes, un véritable monde de cauchemar, et ce n’est qu’une des variantes possibles.</p>
<h3>L’univers perd-il de l’énergie ?</h3>
<p>Contrairement à certains paradoxes astrophysiques très ésotériques que ne comprennent que quelques chercheurs, celui-ci est à la porté d’un étudiant de base : à cause de l’expansion de l’univers, la longueur d’onde de la lumière qui se promène sur des milliards d’années-lumière diminue de plus en plus (décalage vers le rouge). L’énergie des photons décroît en conséquence. Cette énergie perdue n’étant apparemment allé nulle part, le principe universel de conservation de l’énergie, base fondamentale de la physique depuis deux siècles, est-il violé ?</p>
<p>J’ai appris à cette occasion le lien entre une loi de conservation et une symétrie de l’espace, découvert par <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Emmy_Noether" hreflang="de">Emmy Noerther</a> : notamment la conservation de l’énergie est liée à la symétrie de translation dans le temps des phénomènes, c’est-à-dire au fait que la forme de l’espace-temps ne change pas, donc que les lois de la physique peuvent être « rejouées » indifféremment en descendant ou en remontant le temps (en reprenant le classique exemple des boules de billard, on peut dire que la conservation de l’énergie entre les billes suppose que la forme du tapis ne change pas pendant leur déplacement). De même la symétrie de translation dans l’espace implique la conservation de toute quantité de mouvement.</p>
<p>Donc, puisque l’espace-temps, aux échelles cosmiques, évolue, la loi de conservation n’est pas forcément observée.</p>
<p>À l’inverse, il est possible d’expliquer l’expansion de l’univers comme un simple éloignement classique de deux objets, l’émetteur et le receveur, et de réduire le problème à un effet doppler classique où l’énergie est conservée (les ondes sonores comme lumineuses d’une voiture de police ne changent pas d’énergie entre l’émission et l’arrivée à vos oreilles ; pourtant on entend bien l’effet de changement de la longueur d’onde de la sirène avec le déplacement de la voiture, et on verrait l’effet Doppler sur le gyrophare avec des yeux plus sensibles).</p>
<p>Quant à la comptabilisation de l’énergie totale contenue dans l’univers, travail déjà totalement titanesque, il est rendu vain par l’énergie sombre (à la densité constante, donc en augmentation si le volume d’univers s’étend !), la prise en compte de l’énergie cinétique des galaxies, ou des ambiguïtés dans la théorie de la relativité.</p>
<h3>Immortalité et suicide quantique</h3>
<p>Idée provocante : si la théorie des « mondes multiples » de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Everett_III" hreflang="en">Hugh Everett </a> est juste, chaque réduction de fonction d’onde donne lieu à une divergence et à la création de deux univers : le célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schrödinger">chat de Schrödinger</a> meurt donc dans un univers, vit dans un autre. En conséquence, on peut jouer au « suicide quantique » : je joue au loto, et la boîte du chat me tue dans tous les cas où je n’ai pas gagné. Je ne survis donc que dans l’univers où je suis richissime. Mille variantes existent, permettant même d’accéder à l’immortalité — en fait, si l’hypothèse des mondes multiples est juste, nous serons tous immortels.</p>
<p>Évidemment, le moindre doute sur la justesse de cette théorie justifie le refus de jouer cette roulette russe quantique. Même sans cela, des problèmes éthiques se posent, par exemple par la douleur infligée aux proches dans les univers (majoritaires) où l’on décède.</p>
<p>(<em>Commentaire personnel : Mouais. L’hypothèse des mondes multiples est séduisante, expliquerait bien des paradoxes, et est à mon avis à peu près invérifiable. Si chaque seconde, les myriades de réductions d’onde qui se produisent dans notre environnement donnent lieu à autant d’univers, nous n’avons en tout cas l’impression que d’un seul fil temporel. Chaque fois que j’ai joué à l’Euromillion une de mes copies a gagné, mais je n’en ai ni le souvenir ni la connaissance. Donc nous sommes (nous les êtres conscients, peut-être réductibles à une « âme », quoi que ce que cela signifie) également multipliés par le nombre d’univers créés. Il n’y a pas de raison que la mort ne suive pas le même chemin et que l’écrasante majorité de nos « exemplaires » ne décède pas à un âge normal, même si existe un archi-improbable-mais-possible quasi-immortel. Or dans le suicide quantique, on suppose que l’âme se « réfugie » automatiquement dans les univers où l’on est encore vivant. Si cela est vrai, nous sommes tous effectivement immortels mais sera-ce enviable ? C’est peut-être cela l’Enfer : l’immortalité dans un corps très probablement totalement décrépi. Mais je n’y crois pas.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les Mayas sacrifiaient des enfants lors de l’enterrement de leurs rois. Ils n’ont pas été les seuls à faire accompagner leurs grands défunts de membres de leur entourage, mais là c’est macabre…</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines petites lunes de Saturne seraient tellement jeunes et brillantes qu’elles ne peuvent s’être formées qu’à partir d’agrégats de matière échappée des anneaux. Elles seraient donc les derniers objets formés dans le Système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ivar Ekeland annonce que l’Europe tolère une « expérience grandeur nature » : le <em>trading</em> haute fréquence, où les logiciels sont seuls à décider, où la vitesse de la lumière devient une limite, où les cours virent probabilistes. Déjà un tiers de l’activité des bourses, sans aucune théorie économique derrière, et un impact sur des millions de personnes. <br /> <br />(<em>Et l’utilité sociale là-dedans ? J’ai toujours été partisan d’une taxation des bénéfices boursiers en fonction de la durée de détention. En-dessous de 24 h je prendrais 100% des bénéfs’, et rien des pertes bien sûr. Alors en-dessous de la seconde ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux chercheurs québécois plaident pour les plantations : intelligemment gérées (plusieurs essences complémentaires...), elles ne sont pas le mal absolu et peuvent se rapprocher du « service écologique » des forêts primaires (biodiversité, stockage de CO₂ ...), surtout sur sol déjà dégradé.<br /> <br />(<em>Je me méfie toujours de ce genre de rationalisation qui est une porte ouverte à pas mal d’abus, mais à l’inverse le danger de virer khmer vert est réel. En Europe, où la forêt primaire n’est plus qu’un souvenir, nous sommes d’ailleurs dans la configuration de l’article depuis longtemps.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Être du soir ou du matin a une base génétique, mais dépend aussi de la date de naissance des enfants ! Un bébé cale son rythme vers trois mois et si c’est l’été, a des chances de rester « du soir ». <br /> <br />(<em>Dans la famille, c’est raté, l’hérédité semble être trop lourde.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les couleurs interdites existent : le jaune bleuâtre et le vert rougeâtre sont discernables quand on force le cerveau à mélanger des couleurs, comme quoi l’opposition entre ces couleurs n’est pas aussi fondamentalement ancrée dans le cerveau qu’on le pensait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le manioc est une plante peu connue sous nos latitudes, et en conséquence délaissée par la recherche occidentale. C’est pourtant la base de l’alimentation de centaines de millions de personnes. La recherche de variétés plus résistantes et plus riches en vitamines et nutriments bat son plein, plutôt en Égypte, au Nigéria et au Brésil qu’en Occident. La bonne nouvelle : ça se fait plutôt par les méthodes traditionnelles ; les OGM, c’est trop cher.<br /> <br />Rigolo : le manioc est une plante qui se bouture aisément, mais les pieds/clones ont tendance à accumuler tous les virus qu’ils rencontrent et voient leur rendement dépérir à chaque génération — jusqu’à ce qu’on reparte d’une graine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans l’île de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn">Bahreïn</a>, les sources artésiennes qui ont fait la prospérité de l’île dès l’Antiquité (en plus de sa position géographique idéale dans le Golfe Persique) se sont récemment taries. Comme dans nombre d’oasis de la péninsule arabique, l’eau provenait de nappes remplies il y a des millions d’années, époque d’un climat plus verdoyant. L’exploitation humaine a eu raison de cette précieuse ressource… Les habitants se reposent donc entièrement sur leurs usines de dessalement, mais comment les faire tourner le jour où le pétrole aussi se tarira ? Pour éviter (ou retarder…) la même catastrophe, l’Arabie saoudite a carrément renoncé à cultiver des céréales. Trop tard ?</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/628Coupe du Monde de Foot : victoire de l’Allemagne par 7 à 1 !urn:md5:367b899747d54944b55c8d76fa7d640a2010-07-01T22:08:00+02:002015-08-19T16:34:31+02:00ChristopheInformatique militante et technologieanthropomorphismeauto-organisationcomplexitéconquête de l’inutiledéshumanisationfootinformatiqueintelligence artificielleperspectiverobotssciencescience-fictionémerveillement <p>(J’en entends déjà qui doivent se dire : « ça y est, il est tombé dans le piège des paris sportifs en ligne, le dernier impôt et arnaque aux pigeons à la mode. » Meuh non.)</p>
<p>De la même manière qu’il y a quatre ans, (et <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/16/203-la-coupe-du-monde-des-robots">j’en avais parlé</a>), la RoboCup a eu lieu, cette fois à Singapour, et dans la catégorie <em>Humanoid Kid Size</em>, celle des humanoïdes format <del>Sarko</del> bambins découvrant la marche (pas seulement par la taille), c’est l’équipe allemande de Darmstadt qui a écrasé par 7 à 1 d’autres Allemands, les FUmanoids, après bien d’autres massacres dans les poules.</p>
<p>Ci-dessous la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4wMSiKHPKX4">vidéo de la finale</a>. J’adore la démarche un brin pataude de ces bestioles, leur stabilité assez relative (mais ils savent se relever seuls), et la technique du grand écart des gardiens de but, capables de pas mal d’anticipation.</p>
<p>Je n’ai pas vu les autres catégories, mais pour le moment, il n’y a pas encore de quoi faire peur à grand-monde, même à l’équipe de France actuelle. Rappelons que le but réel de la compétition est de faire naître une équipe de robots humanoïdes capable de battre l’équipe championne du monde 2050 humaine (qui n’est pas encore née elle non plus d’ailleurs).</p>
<center>
<object width="640" height="385"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/4wMSiKHPKX4&color1=0xcc2550&color2=0xe87a9f&hl=fr_FR&feature=player_embedded&fs=1"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowScriptAccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/4wMSiKHPKX4&color1=0xcc2550&color2=0xe87a9f&hl=fr_FR&feature=player_embedded&fs=1" type="application/x-shockwave-flash" allowfullscreen="true" allowScriptAccess="always" width="640" height="385"></embed></object>
</center>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Coupe-du-Monde-de-Foot-victoire-de-l-Allemagne-par-7-%C3%A0-1#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/620« L’Empire khazar » (collectif, dirigé par Jacques Piatigorsky & Jacques Sapir)urn:md5:2594ef318356e88cc9967c27669860352010-06-24T00:00:00+02:002015-08-19T16:28:17+02:00ChristopheHistoireByzanceconquête de l’inutilegéopolitiquehistoireimpérialismeMoyen ÂgemulticulturalismeperspectivereligionRussiethéologie<p>L’Histoire connue du grand public, même intéressé comme moi, comprend des trous parfois monstrueux : par exemple le détail du demi-millénaire du Haut Moyen-Âge, entre la chute de Rome (vers 500) et la stabilisation de la géographie politique européenne (vers 1000). Entre Clovis et Hugues Capet émergent vaguement les rois francs fainéants, Charles Martel, les invasions arabes ou Charlemagne. Et chez les peuples voisins ? Heu...</p> <p>C’est encore pire dans certaines zones géographiques comme cette gigantesque steppe qui va de l’Ukraine au nord de la Chine, de la Sibérie à l’Afghanistan, bourrée de peuples nomades mal définis, aux noms parfois imprononçables, et dont la civilisation tournait autour du cheval. Pourtant certains des plus grands bouleversements mondiaux viennent de là, et les ethnies et les empires issus plus ou moins directement des steppes sont légion : les Huns, les Mongols de Gengis Khan, les Magyars (devenus hongrois), les Turcs (les actuels ne sont que les descendants d’une des innombrables ethnies), les Bulgares (qui sont à la Bulgarie actuelle ce que les Francs sont à la France, un nom sur un substrat presque intact)…</p>
<p><strong>Les Khazars</strong> ? Personne ne connaît. Et pourtant, entre 600 et 1000, ils ont fondé un Empire respectable dans la Caucase et le sud de la Russie et de l’Ukraine actuelles, tenu en respect des Arabes partis à la conquête du monde, ainsi que les Byzantins. Ces guerriers fondaient leur richesse sur le racket du commerce entre Danube, Mer Noire, Caspienne, Don et Dniepr, et multipliaient les peuples clients autonomes mais payant tribut.</p>
<p>Une caractéristique les distingue : <strong>les Khazars étaient juifs</strong>. Loin d’être une tribu perdue d’Israël, ils sont plutôt un des rares exemples de conversion au judaïsme de peuples païens. La cause en semble purement politique : frontalier à la fois de Byzance et du Califat, l’Empire khazar ne pouvait se permettre d’adopter le christianisme ou l’Islam et ainsi se placer sous la sujétion indirecte de l’un ou l’autre.</p>
<p>L’étendue de la conversion des Khazars fait encore débat. Il est possible qu’elle se soit limitée à la haute noblesse, le peuple et les tribus tributaires gardant le paganisme ou se convertissant au deux autres religions monothéistes. Au final, la société khazare s’est en tout cas montrée très tolérante, les différentes religions cohabitant dans ses villes (chose extrêmement rare en cette époque de prosélytisme massif des deux côtés).</p>
<p>Originellement soumis à l’Empire turqüte<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, les Khazars profitèrent de la destruction de ce dernier par les Chinois pour affirmer leur indépendance puis soumettre les peuples voisins... du Caucase au Danube !</p>
<p>Peu à peu, les fiers cavaliers se sédentarisèrent, fondèrent leur sécurité de plus en plus sur des mercenaires (Turcs...). Ainsi, leur puissance militaire s’effrita, les peuples tributaires devenant de plus en plus remuants. Ce ne fut ni Byzance ni le Califat qui eut raison des Khazars, mais une nouvelle puissance émergente, encore païenne, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rus'_de_Kiev">Rus’</a> du prince <a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/sviatoslav-de-kiev-souverain-73234">Sviatoslav de Kiev</a>, précurseur direct de la Russie.</p>
<p><strong>Qui sont les descendants actuels des Khazars ?</strong> On trouvera certes quelques tribus peu connues du Caucase ; mais certains ont, un peu rapidement, imaginé que les Juifs des pays de l’Est, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ashkénaze">Ashkénazes</a> (soit la majorité des Juifs actuels !) descendent des Khazars. La théorie est hardie, probablement fausse.</p>
<p>Un chapitre s’étend sur le rôle de l’histoire khazare dans la politique soviétique : sous Staline, montrer qu’un grand peuple asiatique avait participé à l’histoire russe n’était pas spécialement bien vu, en pleine période d’instrumentalisation du nationalisme russe puis d’antisémitisme latent.</p>
<p>Au final, un livre intéressant, en partie grâce à l’exotisme né de l’évocation de peuples à peu près inconnus dans nos contrées : Bulgares Noirs, Petchenègues, Ossètes (Alains)...</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Oui, moi aussi j’ignorais son existence jusque là.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/618Balistique relativiste et diplomatie interstellairesurn:md5:840200b4528307a26b60c725ec1410c52010-06-10T00:00:00+02:002015-07-29T12:47:29+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieabominationapocalypseastronomieautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophecivilisationcommunicationconquête spatialecosmologiecoup bascynismedilemmedommagedéshumanisationemmerdeursextraterrestresgigantismegravitationguerregéologiegéopolitiquehard scienceimpérialismeintelligencepanspermieparanoïapeine de mortperspectivepessimismeprise de têtepsychologieracléesciencescience-fictionSetispace operaspéculationsécuritétempsterrorismeuniverséonsévolution<p>Issue d’<a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=1453440&cid=30199506" hreflang="en">un petit bout de discussion</a> qui a dérivé du sujet initial (l’envoi d’un inutile message interstellaire depuis un iPhone), voici une petite application de la théorie des jeux à ajouter au dossier du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>.</p> <h5>Prudence paranoïaque</h5>
<p>Une civilisation A se met à émettre dans l’espace, délibérément ou non. Une civilisation B plus avancée sur une autre planète capte cela et déduit l’existence de A. Elle ne sait rien de A. Elle peut se douter cependant qu’à la réception du message, c’est-à-dire quelques siècles plus tard, l’autre civilisation aura sans doute progressé. B peut faire rapidement l‘analyse suivante :</p>
<ul>
<li>soit elle reste coi et ne signale pas sa présence en retour, sachant que le contact aura forcément lieu plus tard d’une manière ou d’une autre si les voyages interstellaires sont possibles ;</li>
<li>soit elle décide de signaler sa présence, au risque de se retrouver face à une puissance agressive qui lui fera la peau ;</li>
<li>soit elle opte pour l’option la plus sûre, l’Arme Balistique Ultime (si elle en a les moyens) : <strong>un météore de bonne taille, accéléré à une vitesse proche de celle de la lumière</strong>, précipité sur la planète émettant le signal.</li>
</ul>
<p>Cette dernière arme a plusieurs avantages : aisément disponible (les planétoïdes sont pléthores), propre (pas de radiations qui empoissonnent tout à dix parsecs aux alentours), sans protection possible (un bouclier assez costaud n’existe pas), et surtout sans préavis car, par définition, un objet qui s’approche à la vitesse <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_la_lumière">c</a></em>-ε ne peut être détecté avant d’être reçu dans la tronche. Rappelons qu’à vitesse relativiste, l’énergie de l’impact sera bien supérieure au classique ½mv² ; un modeste astéroïde suffira pour transformer n’importe quelle planète rocheuse en ceinture de poussière d’astéroïdes.</p>
<p>La question de savoir comment accélérer un caillou à une telle vitesse est laissée en exercice, mais les militaires financeront sans problème la chose à la première occasion.</p>
<p>Reste un problème : l’attaquant ne recevant les émissions de la victime que des décennies, des siècles voire des millénaires après leur émission, elle ne peut deviner si, au moment de l’impact, l’agressé n’aura pas déjà colonisé quelques autres mondes et évolué assez vite, ce qui lui fournirait hypothétiquement la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à l’agresseur. Celui-ci se trouve donc forcé de détourner l’attention de son propre système en attaquant depuis un autre ou en faisant dévier le projectile pour masquer sa provenance. Cela suppose que l’agresseur est déjà un empire interstellaire (en fait évident pour quelqu’un capable de déplacer de telles masses à de telles vitesses), mais ajoute beaucoup aux délais puisque l’ordre doit être envoyé à une vitesse forcément limitée par <em>c</em>, ou le voyage bien allongé, d’où sursis supplémentaire pour l’agressé.</p>
<h5>Mauvais voisin</h5>
<p>Il existe un autre inconvénient à cette politique du « je me tais et je désintègre balistiquement tout ce qui apparaît autour » : d’autres civilisations évoluées pourraient découvrir ce qui se passe. Et, bien que pacifiques, décider que la communauté galactique peut se passer de membres paranoïaques agressifs et régler le problème de la même manière. Selon que la première civilisation à se répandre sera prudente-paranoïaque ou coopérative-justicière dépend le sort de toutes les autres civilisations.</p>
<p>En arrière-plan figurent les hypothèses que l’on peut faire sur la cohérence d’une civilisation multi-planétaire où les communications sont limitées par la distance (répétition, en pire, des problèmes au sein des Empires européens à l’heure de la conquête de l’Amérique), et les durées se comptant en décennies : le temps que l’astéroïde arrive sur sa cible, ou que celui de la Revanche parvienne, la situation politique et philosophique de l’agresseur peut avoir évolué. L’Allemagne actuelle mérite-t-elle d’être anéantie pour les abominations d’Hitler ?</p>
<p>Si cela se trouve, la galaxie est actuellement parcourue par des centaines d’astéroïdes tueurs envoyés par des civilisations peureuses jouant au <em>sniper</em> interstellaire. La Voie lactée semble vide car ceux qui ne se taisent pas rencontrent très vite un rocher relativiste. Pendant ce temps, une autre civilisation fait peut-être les choses en grand et allume des supernovas dans tous les recoins favorables à la vie, la stérilisant par millions de parsecs-cube à la fois.</p>
<p>À l’inverse, chaque civilisation peut faire ce raisonnement, constater que l’astéroïde tueur est (relativement) simple à mettre en œuvre mais que des représailles sont également faciles, et dans le doute s’abstenir. Collectivement, on arriverait à un « équilibre de la terreur » galactique équivalent à celui de la Guerre Froide. Le « donnant-donnant » deviendrait donc la règle, comme après tout c’est à peu près le cas dans le monde actuel… à quelques timbrés éventuels près qui pourraient faire du dégât mais seraient plus aisément « traitables » par la collectivité. (Ce dernier cas m’interroge : les distances galactiques et le coût des déplacements empêchant les vrais conflits d’intérêt, quelles seraient les motivations pour attaquer ses voisins ? Fondamentalisme religieux ? Régime délirant à la nord-coréenne ?)</p>
<h5>En conclusion</h5>
<p>Einstein disait qu’il ne connaissait pas les armes de la Troisième Guerre Mondiale mais celle de la Quatrième : les cailloux. Je ne sais pas s’il pensait à cette variante-là de la fronde.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/616« Pour la Science » de juin 2010 : fusion inexploitable et baleines mortesurn:md5:df3ba38d180b14d9d7ee0e2e7d523e232010-06-02T00:00:00+02:002015-07-29T12:45:01+02:00ChristopheScience et conscienceanticonsumérismeastronomiecomplexitécosmologiegigantismegéologiehard sciencemathématiquesperspectivesciencescience-fictionuniversécologieéconomieénergieéons<p>Grande première : j’arrive à chroniquer un numéro de <em>Pour la Science</em> avant même le début du mois pour lequel il est paru. Je réussis à contenir la vague de parutions de magazines, j’en suis tout étonné.</p> <p>Au sommaire :</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-fusion-nucleaire-une-filiere-d-avenir-25196.php">Avenir de la fusion</a></h5>
<p>Le titre et un dossier s’étendent sur la faisabilité de la fusion nucléaire, ce graal énergétique qui nous garantirait une énergie inépuisable (le carburant est dans l’eau de mer), propre (du moins en dehors de la centrale) et sûre (pas de risque de polluer un continent en cas de pépin). Depuis 70 ans on prévoit que les centrales seront au point dans 50 ans.</p>
<p>Techniquement c’est un cauchemar : comment confiner 150 millions de degrés de telle manière que la fusion deutérium-tritium s’effectue, tout en récupérant la chaleur sans faire fondre le réceptacle, sachant que les neutrons émis doivent servir à fabriquer ce fameux tritium au passage et non à altérer les propriétés mécaniques des parois ?</p>
<p>J’ignorais qu’il existât deux filières pour obtenir la fusion :</p>
<ul>
<li>la filière à <a href="http://www.itercad.org/projet_3.php">tokamak</a>, avec un plasma très chaud confiné magnétiquement (plus facile à dire qu’à faire), c’est la filière suivie par le réacteur <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-une-recherche-span-style-text-transform-uppercase-iter-span-ative-25198.php">ITER</a>, encore loin du pilote industriel ;</li>
<li>l’<em>outsider</em>, le chauffage d’une cible par de nombreux lasers d’une puissance démentielle, au sein d’une chambre sphérique grande comme un immeuble ; c’est en fait une retombée des besoins militaires.</li>
</ul>
<p>La fusion, on sait la faire dans les deux cas… quelques secondes en laboratoire. Un réacteur commercial devra cependant tourner 24h/24. Il faudra donc soit réussir à maintenir le plasma chaud en permanence, soit agir par laser sur de véritables rafales de cibles deutérium/tritium. Quelle que soit la filière, des progrès énormes (mais réalistes) doivent encore être accomplis par les techniciens pour améliorer les matériaux, augmenter la puissance des aimants, des lasers…</p>
<p>Théoriquement ça marche. Mais, forcément ruineuse, la fusion ne sera économiquement viable que si elle peut résoudre ces problèmes techniques assez vite pour ne pas être dépassée par d’autres techniques qui ont aussi 50 ans d’optimisation devant elles : solaire, géothermie…</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-evolution-des-mineraux-25200.php">Évolution des minéraux</a></h5>
<p>Je n’avais jamais accroché à la géologie, mais depuis quelques temps je lis des choses passionnantes dessus. L’évolution des minéraux ne relève en aucun cas du darwinisme, mais comme ils sont les témoins des mécanismes en œuvres sur notre planète, il ne faut pas s’étonner qu’il y en ait des milliers.</p>
<p>En plus des originaux nés de la lave, des minéraux n’existent que grâce à l’action de l’eau, de la tectonique des plaques, des glaciers, à la présence d’oxygène due à la vie, et à la vie elle-même qui érode beaucoup, voire donne lieu à des roches sédimentaires (le calcaire n’est qu’un amoncellement de coquillages sur des durées géologiques, et charbon ou pétrole sont d’anciennes forêts). À l’inverse, bien avant cela, l’impact avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théia_(impacteur)">Théia</a> avait redistribué les éléments rares et réduit leur capacité à créer des cristaux.</p>
<p>J’aime bien les expressions de Grande Oxydation (quand le taux d’oxygène a dépassé le pour cent grâce aux algues, et tout oxydé) ou
de <em>boring billion</em> (« emmerdant milliard ») pour désigner l’interminable période suivante, qui n’a pas vu grand-chose de nouveau se dérouler dans aucun règne. (Ont suivi ensuite la Terre « boule de neige », l’explosion de la vie…)</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-baleines-mortes-sources-de-vie-25201.php">Baleines mortes</a></h5>
<p>Une baleine de plusieurs dizaines de tonnes qui meurt et se dépose sur le plancher océanique est une véritable manne pour la faune locale. Il lui faut des décennies pour absorber tous ces nutriments.</p>
<p>Il existe ainsi des cadavres de gros cétacés tous les quelques kilomètres sur le fond océanique, avec leur écosystème bien spécifique… qui en dit aussi long sur ce qui vit au fond des océans, loin de la lumière.</p>
<h5><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-univers-est-il-mathematique-25194.php">Univers mathématique</a></h5>
<p>La « déraisonnable efficacité » des mathématiques pourrait s’expliquer si l’univers <em>est</em> une structure mathématique, une parmi une infinité, et donc soumise à ses lois. Il y a du pour et du contre. Tout cela est très éthéré, philosophiquement vertigineux, et sera encore sujet de réflexion dans quelques siècles je pense.</p>
<h5>Divers</h5>
<ul>
<li>Finalement, <a href="http://tomroud.com/2010/05/10/faq-50-millions-de-neandertals-et-moi-et-moi-et-moi/">Néandertal se serait bien croisé avec les premiers hommes modernes au Moyen-Orient</a> ; Européens et Asiatiques en descendraient donc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les bernards-l’ermites sont capable de créer des bourses aux coquillages pour changer ensemble de maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-liminer-la-mauvaise-grece-25188.php">contrer les spéculateurs</a></strong>, qui cherchent à deviner l’évolution du marché et non à suivre la logique, il ne faut pas chercher à lutter, mais changer les règles du jeu pour que ledit marché n’ait plus d’intérêt à jouer ceci ou cela à la baisse. (Je m’abstiens de tout commentaire en raison de lois réprimant les incitations au meurtre.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-boissons-energisantes-sont-elles-dangereuses-25189.php">boissons énergisantes</a></strong> sont une saleté, surtout mélangées à de l’alcool dont elles masquent les symptômes, d’où des abus avec les conséquences que l’on imagine. En plus il y a risque d’accoutumance.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">Un article intéressant sur les </a><strong><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-truffes-un-maillon-fort-des-ecosystemes-25199.php">truffes</a></strong> m’a appris que ces champignons ont choisi de s’enterrer pour se protéger du climat parfois froid des régions tempérées. Inconvénient : il faut attirer une bestiole qui la déterrera, la mangera, et répandra les spores parfois très loin. D’où le besoin d’un fumet attirant. Et le rôle parfois crucial dans les écosystèmes.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-eyjafjoll-radiographie-d-un-volcan-qui-a-du-panache-25202.php">Un article revient sur le volcan islandais-dont-on-ne-peut-prononcer-le-nom</a>, l’historique local, les risques de réveil des volcans voisins.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-l-enigme-de-la-theiere-qui-coule-25193.php">Le phénomène physique qui fait couler le thé le long de la théière est utilisé en aéronautique</a>. Sisi ! (Truc de grand-mère dévoilé par l’article : mettre une substance hydrofuge comme du beurre au bout de la théière.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les merveilles du Système solaire en peinture : notamment une superbe vue des anneaux de Saturne depuis le « sol » et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Valles_Marineris">Valles Marineris</a></em>.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2010-fusion-inexploitable-et-baleines-mortes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/617Telepolis special Kosmologieurn:md5:09cbf1a1440420c9321ce2319bdbd4442010-05-26T00:00:00+02:002015-06-25T12:51:10+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationchristianismecivilisationcolonisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedinosauresdétectionentropieextraterrestresgalaxiesgigantismehard scienceintelligenceintelligence artificiellemèmeoptimismeouverture d’espritpanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêtereligionrobotssciencescience-fictionSetispace operaspéculationtempsthéologiethéorietranscendanceténacitéuniverszooécologieémerveillementénergieéonsévolution<p><a href="http://www.heise.de/tp/" hreflang="de">Telepolis</a> serait un magazine que j’achèterais et lirais si j’avais le temps. Mais j’ai tout de même craqué pour le « <a href="https://www.heise.de/kiosk/special/tp/10/01/" hreflang="de">special Kosmologie</a> ».</p>
<p>Sur la couverture, la question fondamentale : <strong>« Où sont-ils ? »</strong></p> <p>Suivent une série d’articles sur le destin à long terme de l’humanité dans l’univers, la possibilité d’une vie extraterrestre, le programme <a href="http://www.seti.org/Page.aspx?pid=1366" hreflang="en">SETI</a> (radio ou optique), etc :</p>
<ul>
<li>Les mystères encore mystérieux de l’univers et les frontières actuelles de la science : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sursaut_gamma">sursauts gamma</a>, détecteur géant de neutrinos au pôle sud, détecteurs d’ondes gravitationnelles à la précision diabolique, fin possible de l’univers…</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>multivers</strong> peut exister de plusieurs manières : tout simplement d’abord sous forme de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hubble_volume" hreflang="en">volumes de Hubble</a> dans un univers infini, avec à 10^10^118 mètres d’ici un monde quasi identique au nôtre, qui restera à jamais inconnu à cause des distances et de l’expansion universelle ; ensuite sous forme d’une interminable série d’univers répartis le long d’autres dimensions ; enfin sous forme de duplication d’univers nés à chaque fois qu’une fonction d’onde est observée. Que nous soyons dans un univers miraculeusement adapté à la vie (toutes proportions gardées) s’explique par le principe anthropique au sein de cette infinité d’univers possibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’énergie négative (pas l’antimatière, qui est positive, mais la vraie négative) n’est déjà pas un objet que l’on manie tous les jours hors de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Casimir">effet Casimir</a>. En théorie, cela pourrait servir à voyager plus vite que la lumière, ou traverser des trous noirs. En théorie aussi ça n’avancera en pratique à rien (fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d'incertitude">principe d’incertitude</a> !).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.hawking.org.uk/" hreflang="en">Stephen Hawking</a> <em>himself</em> évoque la possibilité d’une vie intelligente dans l’univers, et ajoute des réflexions pas très nouvelles sur la fragilité de la vie sur Terre avec ces humains et leur bombe atomique, le passage à un type d’évolution qui ne soit plus darwiniste, ou des solutions possibles connues au paradoxe de Fermi. La remarque que je retiens : la vie datant quasiment du refroidissement de la Terre, on peut considérer que son apparition est facile et commune ; par contre il a fallu attendre trois milliards d’années pour voir apparaître la vie multicellulaire, c’est peut-être donc cette étape qui est hautement improbable.<br />(<strong>Ajout quelques semaines plus tard</strong> : Et paf, la <a href="http://www.bdpgabon.org/articles/2010/07/07/les-plus-anciens-organismes-multicellulaires-connus-decouverts-au-gabon/">découverte de fossiles multicellulaires plus jeunes d’un milliard et demi d’années</a> abat cette idée en vol.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Et ce paradoxe de Fermi (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">je rappelle que j’ai déjà radoté là-dessus ici</a>) revient comme une rengaine. Deux articles surtout énumèrent des hypothèses souvent déjà connues par qui s’intéresse au sujet : impossibilité du vol interstellaire, causes sociales, autodestruction systématique… Pour <a href="http://www.ucl.ac.uk/~ucfbiac/" hreflang="en">Ian Crawford</a> encore, les dinosaures montrent que la vie pourrait prospérer sans mener inéluctablement à l’intelligence. <br />D’autres hypothèses : les artefacts nous crèvent les yeux mais nous les interprétons comme des phénomènes naturels (pulsars ?) ; nous ne savons pas reconnaître les extra-terrestres car ils diffèrent trop de nous (exemple de la fourmi sur une autoroute incapable de découvrir la civilisation humaine) ; ils nous observent depuis toujours (scénario « du <a href="http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/09/19/kubrick-signification-du-monolithe-de-2001/">monolithe</a> ») et nous découvrirons un jour leurs traces dans notre système solaire (un article discute de ce que ce pourrait être) ; nous vivons dans une zone de la Galaxie ou de l’univers exceptionnellement riche en éléments lourds ; toute civilisation est vite victime d’un univers finalement très dangereux (au moins jusque récemment) : supernovas, rayons gamma…</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a>, formulée en 1961 dans un minuscule congrès, n’a pas réclamé grand effort à son auteur, qui s'étonne de son succès. Les premiers facteurs (nombre d’étoiles et planètes) sont mieux estimés à présent ; les autres restent des devinettes. Il y manquerait cependant un facteur <em>Pb</em> (<em>Politicians & bigotry</em>) : un seul membre du Congrès américain peut couper les ailes au SETI.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’équation de Drake comme le paradoxe de Fermi se ramènent donc vite à l’interrogation sur la durée de vie des civilisations. Un article de 1981 du regretté bon docteur Asimov rappelle que nous sommes intelligents et capables de prévoir, avec des inconvénients majeurs : la possibilité d’une vengeance, le besoin d’accumuler les richesses et donc l’épée de Damoclès de l’autodestruction.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faut-il tenter de communiquer ? Le contact lui-même recèle un danger : les extra-terrestres, s’ils nous captent, voire viennent ici, auront une énorme avance sur nous, et nous savons par l’histoire de l’humanité qu’en cas de différentiel, c’est le moins technologiquement développé qui soufre le plus, même sans agressivité volontaire. Certains ont peur d’extraterrestres ouvertement impérialistes ou esclavagistes. D’un autre côté, si toutes les civilisations écoutent et aucune n’émet, l’espace semblera effectivement mort. Nous émettons de toute façon depuis 60 ans intensivement pour nos propres besoins en télécommunications, la question est vaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Exothéologie : quel serait l’impact de l’arrivée d’extraterrestres sur les religions terrestres ? L’Église catholique s’est déjà posé la question. (À mon avis, ce sera sur les autres religions, ou plutôt leurs versions radicales, que l’effet risque d’être le plus violent. À voir aussi la réaction des ETs à une tentative de conversion, et s’ils n’ont pas <em>déjà</em> une religion à nous offrir. Drake rêve de communiquer grâce aux mathématiques, s’embrochera-t-on dans une guerre de religion galactique ?)</li>
</ul>
<ul>
<li>En cas de détection, quelle est la procédure, quel serait le langage utilisé ? Petit rappel.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour optimiser les chances de détection, une proposition consiste à chercher les « phares » de l’univers : par exemple une supernova va être observée par beaucoup de monde, donc on peut <em>émettre</em> dans la direction opposée pour optimiser ses chances. (Je suis à moitié convaincu : cela suppose qu’on ne sait pas du tout où émettre, alors autant le faire dans cette direction-là.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas mal de pages, dont un entretien avec Frank Drake, décrivent le projet de détection <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">SETI</a>, ses réalisations, ses échecs, ses difficultés pour obtenir des fonds, l’obstruction d’une poignée de personnes au Congrès américain. Le SETI va enfin avoir son propre réseau de radiotélescopes dédiés (payé par <a href="http://www.paulallen.com/TemplateHome.aspx?contentId=1" hreflang="en">Paul Allen</a>), mais le manque de moyens reste criant. <br />À côté du SETI classique sur les ondes radio, il existe d’autres projets plus ou moins actifs, notamment le SETI optique qui analyse le spectre des exoplanètes, ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson#Observations_astrophysiques">celui qui cherche des sphères de Dyson qui n’émettent que dans l’infrarouge</a> (un article entier). <br />Les possibilités ne dépendent que de budgets toujours trop réduits. Les détecteurs existants d’ondes gravitationnelles ou de neutrinos (<a href="http://www.icecube.wisc.edu/info/explained.php" hreflang="en">IceCube</a> me fascine) pourraient être mis à contribution. On pourrait imaginer encore plus spéculatif (que sont vraiment les sursauts gamma ?).<br />SETI n’a rien détecté de manière fiable, il y a cependant eu dans l’histoire deux signaux : le fameux « <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">signal WOW</a> » radio en 1977 et un autre en 1998 en optique, tous deux jamais reproduits ni retrouvés ni expliqués.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le dernier article s’étend sur l’écart entre nous et Eux… dont la civilisation remonterait à des millions d’années. Malgré cela, l’auteur estime que les communications sont hors de prix : émettre à 1000 années-lumières (à la fois beaucoup et pas grand-chose à l’échelle de la Galaxie) nous coûterait l’équivalent de notre production actuelle mondiale d’énergie (environ 10 TW), pour un dialogue qui s’étalerait sur des milliers d’années. Impossible dans ces conditions de fixer des rendez-vous quand on n’est même pas sûr que la civilisation à laquelle on s’adresse soit encore là des millénaires plus tard.<br />Ajoutons quelques hypothèses classiques du paradoxe de Fermi, et on peut conclure que s’il y a un « club galactique » de civilisations évoluées, elles s’ignorent sans doute la plupart du temps et nous laissent tranquilles dans notre zoo.<br />(Personnellement, je trouve que cet article se base trop sur la technologie et la psychologie humaines, et élude les hypothèses des machines de von Neumann autoreproductrices, des monolithes... comme celles où, la technologie permettant une quasi-immortalité, l’expansion à l’échelle des siècles devient réaliste.)</li>
</ul>
<p>Deux ou trois interviews ou débats d’Allemands connus chez eux suscitent nettement moins l’intérêt, trop éloignés du sujet ou trop proches du café du commerce. L’iconographie a le défaut de décorer plus que d’illustrer pertinemment le sujet de l’article. Quatre nouvelles de SF un peu trop didactiques tentent d’éclairer les fins possibles de l’univers ou de la civilisation.</p>
<p>Je n’ai pas encore eu le temps de regarder le DVD fourni (il y a des sous-titres français).</p>
<p>Bref, à acheter si vous lisez l’allemand.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/611« Pour la Science » de mai 2010urn:md5:5c437dabfe389583a9adb6c6e9824a5f2010-05-05T00:00:00+02:002015-06-10T12:52:14+02:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationcataclysmecivilisationconquête de l’inutileenfantsgéologiehard sciencemusiqueperspectivesantéscienceéconomie<p>Petit numéro, ce mois-ci. Non que la la qualité baisse, mais les articles m’ont moins frappé que d’habitude.</p> <p>La couverture allèche par un article sur <strong>la naissance violente des continents</strong>. En fait, quelques pages sur une théorie qui suppose que les noyaux des continents actuels ont été formés par les conséquences d’impacts majeurs (du genre qui ravale le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">tueur de dinosaures</a> au rang de « moustique sur un pare-brise ») pendant l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Archéen">Archéen</a>. Un caillou de 50 km à pleine vitesse crée une mer de roche en fusion de 500 km de rayon, dérange les panaches remontant du manteau et les dévie sous les protocontinents qui gagnent ainsi en épaisseur.<br />Comme il y a très peu de roches de cette époque<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, la théorie sera très délicate à prouver.</p>
<p>J’ai appris ce qu’était un <strong><a href="http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/medecine-2/d/metagenome_5153/">métagénome</a></strong> grâce à l’édito. Celui d’un être humain comprend l'ensemble des 170 espèces de bactéries qui vivent en symbiose avec lui dans ses entrailles. Une étude chinoise sur le sujet de notre flore intestinale fait d’ailleurs l’objet d’un petit article.</p>
<p>La chronique économique d’Ekeland rappelle qu’il n’y a <strong>pas de règle formelle pour la faillite d’un État</strong>. Ça pourrait servir pourtant…</p>
<p>Les émotions générées par la musique sont à peu près universelles : un article fait une étude quasi-mathématique des <strong>accords mineurs et majeurs</strong>, qui m’est passé très au-dessus (je suis un ignare total en théorie musicale), et hypothèse que notre cerveau est biologiquement entraîné à associer les vocalisations montantes à l’agressivité, celles descendantes à la soumission, et que l’utilisation des sons par l’humanité puis les musiciens se base sur cette origine très lointaine.</p>
<p>De loin l’article le plus important : la <strong>mort subite du nourrisson</strong>. Depuis que les enfants sont à nouveau couchés sur le dos les décès sont chuté. Les causes de ces tragédies mal expliquées seraient à la fois environnementales et génétiques, cardiaques et nerveuses (notamment parce qu’à la période la plus dangereuse, entre un et six mois, un bébé perd sa capacité innée de respirer par la bouche en cas de problème nasal, et doit la réapprendre !). <br />Si les parents ne fument pas, ne sont pas des toxicomanes, que bébé n’est pas enrhumé, pas trop stressé (il y aurait moins de décès à la crèche en France qu’aux Pays-Bas grâce à la période d’adaptation préalable), suce une tétine, a têté sa mère, voire dort dans la chambre de ses parents (pas dans leur lit !), sur un lit ferme, bref s’il a peu de chance de commencer à s’étouffer sans se réveiller, alors on divise encore le risque.</p>
<p>Un article inattendu concerne une région que j’ai un peu connue : <strong>les puits creusés au néolithique</strong> (très précisément l’hiver 5098-97 avant notre ère pour l’un !) dans la région de Leipzig. Les charpentiers locaux savaient déjà faire des mortaises. Le plus étonnant en fin d’article : de ce qu’on peut déduire des bâtisses de l’époque, elles utilisaient déjà le même modèle que certaines encore bâties au XXè siècle…<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Les minuscules <strong>nanobactéries</strong>, du genre de celles qu’on a cru détecter sur une météorite martienne en 1996, que l’on retrouve jusque dans l’organisme humain, et trop petites (moins qu’un virus) pour être vivantes, ne sont que des cristallisations un peu étonnantes de phosphate et de calcium au sein d’un milieu plein de protéines. Déception… à moins que ce ne soit une piste sur la méthode qui a fait apparaître la vie autrefois ?</p>
<p>Un article chante les louanges de <strong>Bernard Palissy</strong>, le prototype même du monomaniaque qui brûlait son parquet pour faire cuire ses fameux émaux, et était en fait un des précurseurs de la méthode scientifique (la pratique plutôt que la théorie issue de livres antiques). Devenu riche, il est mort à la Bastille, victime des Guerres de Religion…</p>
<p>La chronique de Delahaye traite de <strong>la division équitable de parts de pizzas</strong> quand le centre est mal défini. Le type même d’article caricaturellement mathématique : une question concrète au départ, un délire total à l’arrivée. (Je ne pense pas que cela serve beaucoup chez Pizza Hut, mais peut-être qu’en 2234 un thésard utilisera ces théorèmes pour un point final à une théorie de l’espace-temps qui nous permettra de dépasser le mur de la lumière, allez savoir…)</p>
<p>52 tableaux représentent <strong>la Cène, de l’an Mil à Dali</strong> : la quantité moyenne de mets sur la table ne cesse d’augmenter au fil du temps, sans doute parce qu’en moyenne l’alimentation humaine s’est améliorée. La quantité de vin a plafonné au XVIè siècle par contre.</p>
<p>Pourquoi un <strong>magnet</strong> (celui que l’on colle sur un frigo) ne colle-t-il que d’un côté quand un aimant a deux pôles ? Il y a deux pages dessus.</p>
<p>Enfin, les fanatiques de <strong>bowling</strong> aimeront l’article sur les machines ramasseuses automatiques de quilles.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’ai depuis peu appris que les fonds océaniques ont tous été renouvelés depuis au plus 180 millions d’années par le jeu de la tectonique des plaques. Ce n’est pas le cas pour les continents (heureusement pour les paléontologues) mais rien d’antérieur aux dinosaures ne pourra être trouvé sur le fond des océans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mon grand-père, né en 1921, dit souvent que les choses ont plus changé au XXè siècle que pendant toute la période précédente. Effectivement.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-mai-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/608L’Histoire spécial d’avril 2010 : « France 1940, autopsie d’une défaite »urn:md5:4165a810cf26d4145523c37a7ed80db72010-05-02T00:00:00+02:002015-06-10T12:42:08+02:00ChristopheHistoireAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophedommagedysfonctionnementdécadenceguerregéopolitiquehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusoh le beau cas !ParisperspectivepessimismeracléeRealpolitiksabotageSeconde Guerre Mondialetempstotalitarisme<blockquote><p>« La guerre... Et très vite, la débâcle. Inattendue, radicale, monstrueuse, comme un torrent qui emporte tout. Depuis ce jour, je sais que tout peut disparaître en quelques heures, que rien n’est jamais impossible. »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hélie_de_Saint_Marc">Hélie de Saint Marc</a>, <em>Notre histoire, 1922-1945</em>, 3 (avec <a href="http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichegh.php?idGH=721&idLang=fr">August von Kageneck</a>)</p></blockquote>
<p>Il y a une soixantaine d’années, la France se prenait la branlée la plus magistrale, cruelle, inattendue, sanglante et catastrophique de toute son histoire.</p> <p>Si cette période me fascine, c’est en partie par ses conséquences : l’Histoire de France se coupe en deux à ce moment, il y a un avant et un après ; les élites sont deux fois renouvelées, le pays dévasté et ruiné, l’honneur à peine sauf ; la Reconstruction donne naissance à un pays très différent, mais au sein d’une Guerre Froide où la France ne joue plus qu’un rôle secondaire et voit filer son Empire pan par pan.</p>
<p>Mais c’est surtout la soudaineté qui a traumatisé une génération entière : la première puissance mondiale de l’époque, sûre de sa force, de son Empire, ne fait pas que perdre une guerre, elle s’effondre <em>totalement</em>, et cela n’a pas traumatisé que le futur général cité ci-dessus.</p>
<p>Ce numéro spécial du magazine <em>l’Histoire</em> fait le point sur les recherches de ces dernières années. Des photos, un article de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Paxton">Paxton</a> pour nous remonter le moral, des encadrés sur des épisodes peu connus comme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Narvik">Narvik</a> ou le <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Massilia_(paquebot)">Massilia</a></em>, bref que du bon.</p>
<p>Les opinions sont pléthores sur les causes de l’historique défaite. L’armistice n’était pas signé que Pétain accusait déjà l’esprit de jouissance. En gros, la vieille baderne du XIXè siècle mettait tout sur le dos de ces gauchistes du Front populaire, et de la IIIè République en général, et de la Révolution finalement. Conséquence : il fallait un redressement moral, descendre aux oubliettes la démocratie et silence dans les rangs. Cette théorie culpabilisante à l’extrême a hélas perduré longtemps après la Libération et la condamnation à mort de Pétain : les civils se souvenaient surtout du traumatisme de l’Exode, des stukas impunis dans le ciel, bref de l’effondrement final de juin à une époque où effectivement il n’y avait plus grand chose à sauver en France métropolitaine.</p>
<p>Un passionnant livre de Dominique Lormier, <em>Comme des lions</em> avait rendu son honneur à l’armée française (j’en avais parlé ici : épisodes <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1">1</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/19/441-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-2">2</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/20/442-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-3">3</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/21/448-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-4">4</a>).</p>
<p>Rappelons les lacunes parfois inexcusables de l’armée française de 1940 :</p>
<ul>
<li>un État-major d’une génération plus vieille que Rommel, Guderian ou de Gaulle, certes pas stupide au point de vouloir rejouer la guerre de 14 comme on l’a dit, mais qui n’avait pas vraiment compris la différence que le moteur faisait dans la guerre ;</li>
<li>la doctrine, fondée sur la défense, n’était pas si stupide dans le cadre d’une guerre défensive, voulue longue pour épuiser l’ennemi, sachant que la France manquait d’hommes expérimentés (armée de conscription, pertes de la guerre précédente, dénatalité…) et d’alliés ; mais de là à rester l’arme au pied à taper le carton alors que toute la Wehrmacht était bloquée en Pologne ou en Norvège… ;</li>
<li>une tactique et une formation, des cadres surtout, pitoyables : pendant que les Allemands cherchaient à combiner les différentes armes dans une même offensive, les saint-cyriens n’apprenaient même pas ce qu’était un avion ou un tank (interview accablante de Jean-Louis Crémieux-Brilhac) ;</li>
<li>une mécanisation peut-être insuffisante (une grosse partie de l’armée allemande fonctionne encore aussi avec des chevaux pourtant !), en tout cas très mal répartie et pas concentrée comme en face (pour les <em>panzers</em> comme en l’air) ;</li>
<li>l’utilisation beaucoup trop limitée de la radio ;</li>
<li>une DCA bien trop faible (voir <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1#c1002">le point 3 de ce commentaire d’un spécialiste</a>) ;</li>
<li>une ligne Maginot surprotégée, qui a effectivement tenue là où elle était attaquée, mais avec le trou béant des Ardennes.</li>
</ul>
<p>La France partait également avec moins d’alliés qu’en 1914 : la défaite de 1940 a été aussi la conséquence des très mauvais calculs de Staline (pacte germano-soviétique) et du gouvernement belge (neutralité proclamée en 1936, trop tard pour prolonger la ligne Maginot). On pourrait remonter plus loin (<em>appeasement</em> anglais, lâchage à Munich de la Tchécoslovaquie, l’autre allié de revers…).</p>
<p>Les Allemands n’étaient pas non plus sans faiblesses :</p>
<ul>
<li>leur réarmement était plus ancien que celui des Français mais n’allait pas sans quelques problèmes et il mettait en danger l’économie du Reich ;</li>
<li>le blocus maritime allié n’était pas compensé par l’apport soviétique suite au Pacte, ni ne contrebalançait l’aide matérielle américaine aux Alliés (déjà) ;</li>
<li>la Wehrmacht a souffert de la campagne de Pologne qui n’a pas été une promenade si facile que cela (un article cite un quart des blindés hors service).</li>
</ul>
<p>Bref le facteur temps jouait contre le Reich. Tous les dirigeants le savaient, d’où l’audace militaire allemande, et l’apparent immobilisme allié.</p>
<p>Gamelin porte une lourde responsabilité dans le drame : s’il n’était pas incompétent, il a commis plusieurs grosses boulettes :</p>
<ul>
<li>ne pas s’en tenir à sa propre doctrine : au lieu de verrouiller le territoire, il envoie des troupes à l’offensive en direction des Pays-Bas… se privant des réserves qui auraient pu stopper le coup de faux parti des Ardennes ;</li>
<li>être ainsi tombé dans le piège de von Manstein ;</li>
<li>bien plus tôt, en 1936, avoir torpillé toute vélléité du gouvernement de rentrer en Rhénanie au moment où Hitler la remilitarisait, ce qui aurait pu changer bien des choses...</li>
</ul>
<p>En résumé, la victoire allemande n’était pas inéluctable, même si les Allemands avaient beaucoup d’atout et ont eu beaucoup de chance. Mettre la défaite sur le dos de la IIIè République (qui était déjà passée à deux doigts d’une première raclée en 1914, au moment du miracle de la Marne) ou de la société française entière est abusif.</p>
<p>Une révélation (pour moi) a été d’apprendre que le <em>Blitzkrieg</em> n’avait rien d’une théorie bien établie : l’économie allemande se préparait à une guerre longue ; von Manstein a eu du mal à faire accepter son audacieux plan ; Guderian et Rommel ont désobéi et foncé plus loin que prévu. La Wehrmacht n’avait précédemment affronté que des ennemis bien plus faibles, et la suite (Angleterre et surtout Russie) a montré la limite de cette stratégie généralisée. Le <em>Blietzkrieg</em>, stratégie au final très risquée, serait d’abord « un acte de désespoir du niveau opérationel pour sortir d’une situation désespérée au niveau stratégique ». Le Reich s’est au final usé en Russie et à l’ouest a été broyé par la lente et inexorable logistique américaine. (En Tunisie en 1943, le britannique Alexander désespérait de la valeur des Américains, encore novices.)</p>
<p>L’interview de Jean-Louis Crémieux-Brilhac sur la naissance de la France libre est instructive : de Gaulle a été accueilli à bras ouverts par Churchill qui espérait qu’il persuaderait le gouvernement Reynaud de continuer la lutte avec l’Empire ; les gens qui l’ont rejoint étaient souvent tout au début « des Bretons, quelques Juifs et des aristocrates ».</p>
<p>On trouvera aussi un article sur l’arrivée des Allemands dans Paris, ville ouverte, et l’atmosphère qui y règne ; sur la faillite des politiques britanniques, qui n’ont pas fait mieux jusqu’à ce que Churchill reprenne les choses en main.</p>
<p>Bref, un numéro passionnant.</p>
<blockquote><p>”<em>Young man, study history, study history. In history lies all the secrets of the state craft.</em>”<br /> <br />« Jeune homme, étudiez l’histoire, étudiez l’histoire. C’est dans l’histoire que résident tous les secrets de l’art de gouverner. »<br /> <br />Winston Churchill à James C. Humes, 29 mai 1953, <br />cité dans <em>Winston Churchill</em> (de J.C. Humes), Author’s Acknowledgment</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Histoire-sp%C3%A9cial-d-avril-2010-France-1940-autopsie-d-une-d%C3%A9faite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/606Livres en stock et en coursurn:md5:05fc233a4f4e8642e7097ee76bfd6d812010-04-17T19:48:00+02:002015-06-08T14:26:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanticonsumérismeapocalypseastronomiecataclysmecatastrophechiffrescommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologieentropiegalaxiesgravitationhard sciencelivres luslyrismemèmemémoiremétainformationouverture d’espritpanspermieperspectivepessimismeprise de têtepsychologieréalitéréseausciencescience-fictionsimulationspace operaspéculationtranscendanceuniversvirtueléonsévolution<p>Faute de temps pour lire et chroniquer ici et quand même pondre un billet, histoire que mon lectorat ne m’oublie pas, je vais causer de mes trois derniers achats.</p> <ul>
<li><em>Visual and Statistical Thinking: Displays of Evidence for Making Decisions</em> de Edward R. Tufte (<a href="http://www.soc.washington.edu/users/bpettit/soc506/tufte.pdf" hreflang="en">PDF</a>) : pas cher, et il me manque toujours un arrière-plan théorique sur la représentation de données que je fais souvent au boulot (non que Business Objects aille bien loin dans le domaine mais bon...). Il y a un bout sur les célèbres statistiques du choléra de Londres au XIXè qui ont permis de repérer le rôle des fontaines publiques, et sur les différentes manières de présenter les mêmes bilans.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.eyrolles.com/Sciences/Livre/voyages-dans-le-futur-9782746504257">Voyages dans le futur</a></em> de Nicolas Prantzos : aussi épais que le précédent était fin. Ça cause du paradoxe de Fermi et d’astroingénierie, le genre de chose archi-éthérée qu’il me faut pour sortir de mon quotidien terre-à-terre surmené. (<strong>Ajout postérieur</strong> : C’est lu, à chroniquer prochainement. (<strong>Ajout de 2015</strong> : À relire avant de faire la chronique :-) )</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.debatpublic.net/2008/01/04/petit-cours-dautodefense-intellectuelle/">Petit cours d’autodéfense intellectuelle</a></em> de Normand Baillargeon : maintes fois conseilllé, ça peut pas faire de mal, et ça permettra peut-être d’éviter de tomber dans un ou deux pièges intellectuels ou publicitaires.</li>
</ul>
<p>Sur la table de nuit actuellement (ou plutôt à son pied vu le format) : <em><a href="http://www.decitre.fr/livres/Atlas-du-monde-prehistorique.aspx/9782035051677">Atlas de la préhistoire</a></em> de Douglas Palmer. Bien détaillé, y compris sur l’ère pré-dinosaures. Je conseille à ceux que les mots compliqués ne gênent pas.</p>
<p>Interrompu : <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Accelerando_(novel)" hreflang="en">Accelerando</a></em> de <a href="http://www.accelerando.org/" hreflang="en">Charles Stross</a>. SF de haute voltige, j’adore, une idée par chapitre. Il m’est tombé des mains parce que dans mon état actuel de déficit de sommeil aussi affolant que celui budgétaire des Grecs, et de saturation cérébrale suite à la saturation permanente de ce qui me reste de capacités mentales pour de frustrantes banalités, je suis incapable de lire un texte exigeant en langue étrangère le soir. Or <em>Accelerando</em> est typiquement le livre à ne pas lâcher faute d’oublier des pans entiers de l’histoire d’une fois sur l’autre (surtout avec ma mémoire de poisson rouge actuelle). On verra pendant les vacances. <br />(<strong>Ajout d’octobre</strong> : <a href="http://wiesmann.codiferes.net/wordpress/?p=8335&lang=en" hreflang="en">Thias en parle sur son blog</a>.)</p>
<p>Avec du bol, j'aurais lu ça avant Noël 2011… (<strong>Ajout post-Noël</strong> : Deux sur cinq seulement…)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Livres-en-stock-et-en-cours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/605Plus d’histoire en terminaleurn:md5:fece58e2cad69f31836d0e4282b622aa2009-12-11T21:46:00+01:002009-12-11T21:47:02+01:00ChristopheRes publicaabominationAllemagneapocalypseautodestructionbon senscatastrophecitationcivilisationcommunicationconquête de l’inutilecoup basculturecynismedécadencedémocratiedéshumanisationenfantsenseignementexpertisefoutage de gueulegéographiegéopolitiquehistoireincohérenceintelligencelibertémèmemémoirenationalismeouverture d’espritpanurgismeperspectivepessimismepolitiqueprovocationSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeéconomie de l’attention <p>Dans le cadre de l’hallucinant débat sur la consternante proposition de supprimer l’histoire-géo en terminale :</p>
<blockquote><p><em>Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.</em><br /> <br />Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. <br /> <br /><a href="http://en.wikiquote.org/wiki/George_Santayana" hreflang="en">George Santayana</a>, <em><a href="http://www.gutenberg.org/files/15000/15000-h/vol1.html" hreflang="en">The Life of Reason</a></em>.</p></blockquote>
<p>J’avais trouvé cette citation très connue en en-tête de <em><a href="http://www.amazon.fr/Rise-Fall-Third-Reich-History/dp/0671728687/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=english-books&qid=1260563359&sr=1-2en">Rise and fall of the Third Reich</a></em> (<em>Le Troisième Reich : Des origines à la chute </em>) de William L. Shirer.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Plus-d-histoire-en-terminale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/595« Les exoplanètes » : Dossier Pour la Science de septembre 2009urn:md5:57c3a7803a8894f1bf8f0e05685b886a2009-09-27T00:00:00+02:002010-10-17T16:38:57+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanalogieastronomieauto-organisationcataclysmechaoscomplexitéconquête spatialecosmologiedétectiondéterminismegigantismegravitationhard scienceJupiterMarsperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationuniversémerveillement<p>Franchement ça devient une manie chez les éditeurs de <em>Pour la Science</em> : encore un titre destiné à allécher le lecteur, qui ne décrit pas complètement le contenu. La moitié du dossier concerne plus notre propre système solaire que les quelques centaines de planètes déjà connues autour d’autres étoiles.</p> <p>Évidemment, l’observation des autres systèmes solaires depuis une quinzaine d’années nous en apprend beaucoup par contraste sur le nôtre. Naïvement, les scientifiques s’étaient toujours attendu à découvrir des planètes plus ou moins homologues à celles de notre système (des rocheuses proches de l’étoile et des géantes gazeuses au loin), mais le bestiaire s’est révélé bien plus varié que prévu, notamment avec toutes ces planètes géantes orbitant extrêmement près de leur étoile.</p>
<p>En conséquence, la remise en cause des modèles anciens de formation planétaire (les plus anciens remontent à Laplace) jette une nouvelle lumière sur l’origine de notre système solaire. Des constantes se dégagent tout de même, comme une planète géante juste au-delà de la « limite des glaces » de fusion de certains gaz, justement là où se trouve Jupiter... mais les géantes migrent souvent plus près de l’étoile en fonction du gaz restant. Le destin d’une planète relève quasiment de la mécanique des fluides.</p>
<p>Notre existence ne semble guère tenir qu’à un hasard monstrueux sur la densité exacte du nuage primordial : une autre valeur aurait pu voir dériver Jupiter beaucoup plus près du Soleil au final. À l’inverse, les collisions entre planètes rocheuses primitives deviennent quasiment inéluctables, ce qui rend <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/la-taille-de-la-lune-est-elle-une-coincidence">le hasard de la taille énorme de la Lune moins improbable</a>.</p>
<p>En effet, les systèmes planétaires semblent tous « pleins » : toute planète supplémentaire générerait un beau bazar qui se solderaient par une collision ou l’éjection d’une autre planète. À l’inverse, la création des planètes n’a pas été qu’une agglomération de poussières, mais aussi un véritable billard : elles doivent être des milliards à avoir été éjectées de leur système solaire naissant par plus grosses qu’elles, et à errer dans l’espace interstellaire (hum, une idée pour un roman de science-fiction ?), de la même manière que la Terre, Neptune ou Jupiter « nettoient » encore leur orbite. (C’est d’ailleurs pour cela que Pluton n’est plus officiellement une planète : elle n’a pas purgé son orbite de la concurrence ; au contraire la ceinture de Kuiper, et le nuage d’Oort, sont peuplés de ces planétoïdes éjectés par les autres planètes.)</p>
<p>D’ailleurs Newton, Poincaré comme bien d’autres s’étaient penché sur le thème de la stabilité du Système solaire. <a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/Laskar.html">Jacques Laskar</a> avait calculé il y a un bout de temps que le chaos y avait sa place, et qu’<a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/jxl_collision.html (voir la superbe animation des impacts Terre-Vénus et Terre-Mars)" hreflang="en">un impact entre les planètes telluriques n’était pas totalement exclu à l’échelle des milliards d’années</a>.</p>
<p>Les astronomes recherchent évidemment des traces de vie sur les exoplanètes. Pour le moment, les instruments disponibles ne permettent pas de détecter l’équivalent lointain de notre terre et d’y rechercher par spectroscopie une signature biologique. Et sur la masse des planètes détectées, bien peu orbitent dans la « zone habitable » de leur étoile.</p>
<p>Ce dossier est tout de même l’occasion de refaire un tour parmi la diversité des planètes et satellites du système solaire, de fouiller leur structure interne, de se pencher sur les hôtes les plus modestes, ces astéroïdes à l’histoire mouvementée et mal connue, de deviner la frontière de notre système, cette héliopause que les sondes <em>Voyager</em> viennent de franchir.</p>
<p>J’ai appris que cette diversité parmi les satellites était ignorée jusqu’au passage des sondes <em>Voyager</em> dans les années 79 à 89. Jusque là il était naturel de penser que Io, Europe, Ganymède... ressemblaient à notre vieille Lune pelée. La nature a toujours plus d’imagination que nous, et les exoplanètes promettent sans doute de belles surprises à chaque amélioration des techniques de détection.</p>
<p><strong>Ajout du lendemain</strong> : Et justement, dans le <em>Pour la Science</em> de septembre, un article sur les atmosphères des planètes décrit l’influence que leur disparition progressive peut jouer. Et cette évaporation peut être lente comme chez nous, ou accélérée par la chaleur ou les impacts d’astéroïdes. Un facteur de plus à prendre en compte dans la vie d’une planète.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-exoplan%C3%A8tes-Dossier-Pour-la-Science-de-septembre-2009#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/589Le dur chemin vers l’acte authentiqueurn:md5:50266b7a7f4ec75bc55991e51039181a2009-09-21T13:07:00+02:002015-09-01T13:18:42+02:00ChristopheRes publicaadministrationanticonsumérismeargentbon senscomplexitécoup basdommagedysfonctionnementdéshumanisationemmerdeursfoutage de gueulegaspillagehaineincohérencemicroéconomieMurphyorganisationparadoxeperspectivepessimismepouvoir d’acheterprise de têteprovocationsabotagesantétempsténacitééconomie<p>Quand j’ai commencé à boucler mon prêt pour la maison, j’étais optimiste : bon apport, premier achat déjà aux 3/5 payés, situations stables. Notre situation financière n’a effectivement jamais posé problème, mais le chemin vers la signature de l’acte définitif fut long et ardu. Nous avions pourtant déjà été échaudés il y a quelques années.</p> <p>(Pour les locataires : l’acte authentique marque le transfert de la propriété d’un bien, et le notaire doit donc avoir reçu tous les fonds, y compris ceux prêtés par la banque.)</p>
<p>Leçons qui peuvent servir à qui passera par là aussi :</p>
<ol>
<li>Les trois mois de délai entre le <a href="http://www.paruvendu.fr/I/Tout-savoir-sur-le-compromis-de-vent">compromis de vente</a> et l’<a href="http://www.paris.notaires.fr/art.php?cID=181&nID=296">acte authentique</a> final ne sont pas de trop. Si ça ne urge pas, de toute façon ça traînera.</li>
<li>Ne perdez jamais UN jour. Les autres en perdront assez pour vous.</li>
<li>Ne comptez sur les autres que si vous ne pouvez pas faire le travail vous-même.</li>
<li>Vous avez un bel apport, une bonne santé ? C’est bien, le dépassement des délais ne devient pas une certitude.</li>
<li>Même quelqu’un en bonne santé a des chances d’avoir un problème bénin ou passé qui nécessitera un certificat médical. En l’occurrence, préparez tous les certificats médicaux le plus vite possible. (Merci à l’allergologue pour avoir accordé un rendez-vous en trois jours, même s’il a attendu une semaine avant d’envoyer le papier...)</li>
<li>On est au XXIè siècle, email et téléphone portable sont des outils merveilleux. Mais comment faisaient-ils au XXè siècle ?<br />(De toute manière, tous les documents les plus importants, les plus urgents, voyagent par courrier, exceptionnellement par fax.)</li>
<li>Une grosse partie des déménagements se faisant l’été, les demandes de prêts se font donc vers mai (plein de ponts géants et de congés) et les actes authentiques en juillet-août (où personne ne travaille).</li>
<li>En conséquence, dans vos calculs de délai, ne comptez ni le mois de mai ni la moitié de l’été. Pensez à demander les dates de congés de vos interlocuteurs et les noms des assistantes et remplaçants.</li>
<li>L’accord de prêt doit être renvoyé AU MOINS dix jours après l’avoir reçu (la loi est rigide) ! Hors de question de gratter du temps là-dessus.</li>
<li>Une fois l’accord de prêt signé et reçu par la banque, restent les surprises :
<ol>
<li>dans la flopée de papiers, lequel a été oublié/mal signé ? ;</li>
<li>les garanties-surprises exigées auprès du notaire (comme un engagement de récupération du prêt relai sur la vente du bien précédent) ;</li>
<li>le temps pour débloquer les fonds.</li>
</ol></li>
<li>Toutes les banques sont aussi nulles, dixit la notaire (sauf paraît-il le Crédit Mutuel qui gèrerait tout au niveau de l’agence ; les autres centralisent dans des services dédiés, d’où des délais ; mon acheteur a effectivement eu son prêt très vite — même si un papier manquait quand même le jour de la signature de l’acte, je suppose que cela dépend fortement des personnes précises impliquées et de leurs dates de congés...).</li>
<li>Il y a toujours des clauses surprenantes à découvrir dans l’accord de prêt final, qu’on ne peut plus refuser faute de temps.</li>
<li>Il manquera toujours un tampon quelque part. Vous oublierez toujours de signer un obscur coin d’un quelconque papier.</li>
<li>Le gain financier (finalement dérisoire) des prêts à taux zéro, PEL, CEL... sera annulé par le coût de mise en place (énervement, nuits blanches, téléphone portable, accessoirement argent...).</li>
<li>Les clauses les plus inquiétantes d’un contrat d’assurance ne sont connues que lorsqu’il est trop tard pour reculer.</li>
<li>Toutes les personnes rencontrées au téléphone et physiquement seront aimables, serviables, ponctuelles, mais faillibles et débordées. Mais pris dans sa globalité, le <em>back-office</em> de la banque, de l’assurance... n’est, lui, que lent, faillible et débordé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>Si quelqu’un dit « je m’occupe de tout », inquiétez-vous.</li>
<li>J’ai découvert avec fascination que personne ne connaît vraiment tout le flux exact (ça change avec chaque banque, chaque assureur...). Par contre tout le monde s’attend à ce que VOUS le maîtrisiez (« Ah, il faut un chèque de banque ? »).</li>
<li>Une banque est paranoïaque et ne lâche pas un kopeck si elle n’est pas sûre de le récupérer intégralement même si vous vous tuez ET que le prix de l’immobilier chute de 95% un mois avant la fin du prêt ET que vous avez perdu toutes vos économies. <br />À force de vous interroger sur ce que ce vampire va bien demander encore comme garantie, vous trouverez plein d’idées de choses que la banque ne vérifie pas et qui ouvriraient d’intéressantes perspectives à des gens moins honnêtes que vous ; ou simplement qui vous font regretter d’être honnête et franc, ce qui coûte cher en délais (au moins vous serez tranquille plus tard<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>).</li>
<li>La Communauté urbaine a autre chose à faire que faxer des certificats d’urbanisme (faxer, oui, en 2009<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>), y compris le jour de la signature, deux mois après la première demande et après trois relances.</li>
<li>Ayez une pensée pour les gens qui ont moins d’apport que vous, des problèmes de santé et ne peuvent pas fouetter banquier, notaire ou assureur au téléphone pendant les heures ouvrables. Et on se demande pourquoi les transactions immobilières baissent.</li>
<li>Si vous êtes déjà propriétaire, cet apport sera fortement minoré par la banque. J’ai eu de la chance, j’ai vite eu un acheteur dont le banquier a vite pu produire un accord de principe de prêt. (Si possible, vendez, louez, et achetez ensuite, ou débrouillez-vous pour ne pas avoir de prêt relai.) (Un de mes collègues a tout de même réussi le <em>même jour</em> à remplir le camion de déménagement, signer les actes authentiques de vente et d’achat, et à vider le camion dans sa nouvelle maison. Chapeau. Dangereux.)</li>
<li>Tout montage conclu avec votre diligent commercial attitré a de bonnes chances d’être dénoncé par le service crédit — un mois après.</li>
<li>Scannez et gardez sur vous dans une clé USB tous les justificatifs.</li>
<li>Si comme moi vous avez une flopée de comptes d’épargne (historique chargé de deux personnes), centralisez le plus vite possible l’argent sur un minimum de comptes pour éviter de dégainer des dizaines de pages d’extraits de comptes justificatifs à chaque visite chez le banquier.</li>
<li>Un courtier (CAFPI...) peut être un gain de temps si vous ne faites pas vous-même le tour des banques, ou pour un dossier tordu. Rappelez-vous cependant que c’est un commercial qui doit trouver des clients aux banques partenaires. Si vous avez un bon dossier, le courtier peut au moins servir à mettre la pression sur vos banques favorites.</li>
<li>Le taux n’est pas tout. Cela peut coûter beaucoup de frais dès le départ pour espérer gagner un peu bien plus tard. Un taux intéressant sur le prêt principal est parfois la contrepartie d’un crédit relai riquiqui (la banque vous oblige à emprunter plus sur le prêt principal) et de pénalités de remboursement anticipées systématiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</li>
<li>Une banque veut vous prêter le maximum le plus longtemps possible : les remboursements anticipés sont une obscénité. Vous n’aurez pas de clause intéressante là-dessus si vous ne l’avez pas exigée.</li>
<li>Dans le système actuel, les banquiers se plaignent des clients qu’ils ne voient plus que pour quémander un prêt, et qui partent pour une faible différence de taux. Les clients savent que les banquiers ne sont là que pour les plumer.</li>
<li>Une promesse orale de banquier vaut moins que le papier sur laquelle elle est écrite.</li>
<li>Si se présente un « conseiller » quelconque, c’est forcément un commercial.</li>
<li>Chaque banque a ses règles de calcul, estimation, garantie, prêt relai, conditions de remboursement anticipé... Mais toutes croit que les autres font pareil qu’elle.</li>
<li>Simuler et comparer des crédits est un excellent exercice de maniement d’Excel ou Calc. Ne cherchez pas à retomber sur les mêmes chiffres que votre banquier, il y aura toujours un écart et on ne vous donnera jamais tous les chiffres.</li>
<li>Actuellement les banques veulent gagner de l’argent avec le crédit, pas juste conquérir un client : si un taux est trop bas et trop intéressant, il y a toujours un loup.</li>
<li>La domiciliation de revenus est illégale, mais ils l’exigent toujours<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</li>
<li>Même si vous n’êtes pas bloqué par la date fixée pour les déménageurs, ou la rentrée des enfants, votre vendeur sera lui très pressé de voir son argent, et l’acheteur de votre précédent bien très pressé d’emménager.</li>
<li>Un acheteur à x k€ tout de suite vaut mieux qu’un hypothétique acheteur à x+10 k€ dans deux mois — ou jamais.</li>
<li>Rappelez-vous que l’argent que l’on vous prête est le vôtre. Mais l’État a prêté aux banques, pas à vous.</li>
<li>Les derniers banquiers honnêtes ont déjà sauté du haut de leur tour pendant le dernier krach.</li>
<li>(<strong>Ajouts de 2011</strong>) <br />Finalement j'ai fait une erreur : tout ce cirque pour maximiser le prêt relai pour ne pas avoir à emprunter plus que prévu a été inutile, dans une maison il y a toujours 20 k€ de travaux de plus que prévu (le prévu était : zéro). Au pire, emprunter un peu plus permet d’avoir un matelas qui fructifiera à la banque. Et le prêt sera plus facile à décrocher avec un taux un peu plus intéressant.</li>
<li>N’oubliez pas que tout gain sur les taux se répercutera sur l’assurance, il faut bien que la banque se rattrape quelque part.</li>
</ol>
<p>Une fois l'étape du prêt bouclée, mes douleurs à l’épaule (attribuées d’abord au clavier, mais aussi à ce stress non professionnel) se sont presque totalement envolées. Quel est l’impact sur la Sécu de toute la paperasse banquière ?<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Que des systèmes composés de gens relativement dévoués et sérieux soient aussi souvent lents et bureaucratiques, sinon carrément cafouilleux, m’« émerveille » tous les jours.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Mouais. À vérifier.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Il paraît que le fax a une valeur légale que l’email n’a pas encore.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>J’ai une objection de principe aux pénalités de remboursement anticipé, c’est vraiment un concept de vampire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Il n’y aurait pas moyen de tirer de juteuses amendes de toutes ces clauses sciemment caduques ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Le médecin m’a raconté avoir vu une fois les futurs habitants de tout un lotissement, tous avec les mêmes pathologies. Sans doute pas uniquement à cause des banquiers, mais l’exemple est révélateur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-dur-chemin-vers-l-acte-authentique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/580“The electric telegraph made possible - indeed, inevitable - the United States of America.”urn:md5:75d7f49f877b5f6c5d6f82bedd5b1a8b2009-09-08T00:00:00+02:002011-06-03T21:44:40+02:00ChristopheCitationsAmériqueauto-organisationcitationcivilisationcommunicationconquête spatialedéveloppementguerregéographiegéopolitiquehistoiremèmenationalismeoptimismeorganisationperspectivepessimismepolitiquesciencescience-fictionsolidaritéÉtats-Unisévolution <blockquote><p>“<em>A hundred years ago, the electric telegraph made possible — indeed, inevitable — the United States of America. The communications satellite will make equally inevitable a United Nations of Earth; let us hope that the transition period will not be equally bloody.</em>”<br /><br />« Il y a cent ans, le télégraphe électrique a rendu possibles — en fait, inévitables — les États Unis d'Amérique. Les satellites de télécommunication rendront aussi inévitables les Nations Unies de la Terre ; espérons que la période de transition ne sera pas aussi sanglante. »<br /> <br />Arthur C. Clarke, <em>First On The Moon</em>, épilogue (1970)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-electric-telegraph-made-possible-indeed%2C-inevitable-the-United-States-of-America#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/575Checklistsurn:md5:6b3802399887538a69b8facd7f52bb6b2009-08-23T00:00:00+02:002011-06-03T21:12:33+02:00ChristopheSavoir mortelauto-organisationbon senscommunicationcomplexitécourt termedommagedysfonctionnementdéveloppementexpertiseinformatiqueintelligencemétainformationperfectionnismeperspectiveprécisionpsychologierésolutionssantésécuritétravailéconomie de l’attention<p>Les listes de contrôle (pointage ?) sont de merveilleux outils très efficaces que peu de monde aime utiliser.</p> <p>Une perle de sagesse rencontrée au fil du web :</p>
<blockquote><p>« Devenu pilote, je suis devenu un partisan convaincu des <em>checklists</em> et je les lai intégrées à mon travail en informatique. Je fais des <em>checklists</em> pour les processus de livraison de logiciel, les installations de <em>frameworks</em>, les changements de cartouche de toner, etc. Puis je demande à quelqu’un de l’équipe de les exécuter pendant que je regarde par-dessus leur épaule. Puis je les améliore et les place dans un répertoire public. Mes vacances ne sont plus jamais interrompues. »<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~devonbowen">devonbowen</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/" title="en">Slashdot.org</a>, 8 décembre 2008</p></blockquote>
<p>Même si je hurle souvent contre les <em>process</em> formalisés à l’extrême qui ne laissent aucune latitude à un être humain, c’est l’excès et la déshumanisation qui me hérissent, <em>pas</em> la formalisation de connaissances ni la mise en place de listes d’actions pour un but donné. Au contraire !</p>
<p>J’ai trop souffert dans pas mal d’endroits à réinventer la roue, remettre en place des processus de livraison jamais formalisés avant moi — et j’ai bien sûr négligé ensuite de les mettre par écrit une fois assimilés. Le piège est double :<br />- ce qui est répété tous les jours n’a pas vraiment besoin d’être formalisé (en tout cas le besoin n’est pas évident) ;<br />- ce qui est fait rarement ne vaut (apparemment...) pas la peine d’être tracé, sans rentabilisation du temps investi.</p>
<p>Évidemment, on est plus motivé (ou on devrait l’être) quand plusieurs personnes alternent dans le même rôle : une liste empêchera <em>les autres</em> d’oublier (encore !) ci ou ça. Oui, suivre une liste est un supplice pour un impatient comme moi, et la tentation guette de sauter des <em>items</em> ; mais si un pilote d’avion hyper-entraîné a besoin de sa liste, alors le commun des mortels ne peut négliger l’outil, même sans charge d’âme.</p>
<p>Je dirais que plus l’opérateur est impatient, multitâche, chargé de tâches de conception, non répétitives, plus la liste est nécessaire, et plus il faut mener la liste à deux pour limiter les risques de « triche » plus ou moins consciente.</p>
<p>Exemple parfait : la livraison de différentes versions d’un logiciel. Je ne connais aucun processus idéalement automatisé sans une doc à mettre à jour manuellement, un test impossible à réaliser par la machine... Je me dis que les wikis sont particulièrement bien adaptés aux <em>checklists</em>, notamment avec la facilité de rajouter telle étape oubliée ou tel nouveau contrôle à faire.</p>
<p>Les <em>checklists</em> sont à la mode : <a href="http://www.medecinews.com/762/une-check-list-pour-les-chirurgiens-avant-doprer.html">sous pression de l’OMS, elles vont devenir obligatoires dans les blocs opératoires français</a>. Même pour des chirurgiens archi-formés, en équipe, la fréquence des interversions de bras amputés et des oublis de compresses fait frémir.</p>
<p>D’ailleurs la <em>checklist</em> se révèle encore plus capitale en équipe : il y a trop de risques que l’un se dise que l’autre va faire ci ou ça, et trop de distractions liées à la communication. (Toutes les plaquettes de prévention sur la noyade en piscine privée invitent à désigner explicitement un responsable de la surveillance des enfants.)</p>
<p>Un peu de rigueur basique pour pas cher. Rares sont les outils avec un tel retour sur investissement.</p>
<p><strong>PS</strong> : Je cherche une meilleure traduction pour <em>checklist</em> que « liste de contrôle ». Fichu anglais avec ses noms courts hyperpratiques.</p>
<p><strong>Application</strong> :</p>
<ul>
<li>Catégorie : OK</li>
<li>Programmation du billet : oups, j’avais oublié. Oui, c’est bien dans le futur.</li>
<li>URL : OK</li>
<li>tags : OK</li>
<li>Titre : OK</li>
<li>Chasse aux apostrophes droites et aux guillemets droits : OK</li>
<li>Prévisualisation et chasse ax fuates de frppes : OK</li>
<li>Première traque des verbes faibles : OK</li>
<li>Traque des répétitions inutiles verbeuses qui ne servent à rien qu’à répéter : OK</li>
<li>Traque des subordonnées trop lourdes, des subordonnées, des « on », des voix passives : OK</li>
<li>Relecture à tête reposée : <del>À FAIRE</del> (<strong>FAIT EN 2011</strong>)</li>
</ul>
<p>(Tiens, encore une idée de <em>plugin</em> pour Dotclear que je n’aurai jamais le temps de programmer.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Checklists#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/584« Armstrong ou Zidane... »urn:md5:d486d06c247eb2ed39fa1e10a9f238122009-07-18T14:01:00+02:002009-07-18T13:05:39+02:00ChristopheCitationscitationconquête de l’inutileconquête spatialedécadencehistoiremèmeperspectiveéconomie de l’attentionémerveillement <blockquote><p>« Armstrong ou Zidane, il faut des héros pour tous. »<br /> <br /> Wil Waechter, <br />Slash (fanzine de science-fiction) n°15, 1998</p></blockquote>
<p>NB : Si l’Armstrong suscité vous évoque un cycliste actuellement en tournée plutôt qu’un astronaute dont notre société est incapable de rééditer l’exploit quarante ans après, ou à la rigueur qu’un musicien noir, vous faites partie du problème de notre société actuelle.<br /> <br /> <br /> <br /></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Armstrong-ou-Zidane#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/585« Petit traité de l’imposture scientifique » d’Aleksandra Krohurn:md5:b6cf628183ce8ae4b254d876d1ee166f2009-06-26T00:00:00+02:002012-01-04T21:13:27+01:00ChristopheScience et conscienceanthropieanthropomorphismeauto-organisationBiblebon senschristianismecivilisationcommunismecomplexitécynismeDieudiscriminationdommagedysfonctionnementdéterminismeenseignementexpertiseextraterrestresfoutage de gueuleGuerre Froideguerre saintehistoireincohérenceintelligencelivres luslobbysmanipulationmèmeouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprovocationreligionRussieréalitésabotagesciencescience-fictionthéologiethéorietotalitarismetranscendanceuniverséducationÉtats-Unisévolution<p>Les titres des dernies livres de <em>Pour la Science</em> sont accrocheurs mais parfois un peu trompeur. Il y avait déjà le cas de (l’excellent) <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-Sébastien-Steyer-et-Alain-Béneteau">la Terre avant les dinosaures</a></em>, qui traitait exclusivement des tétrapodes, et ici ce <em>Petit traité de l’imposture scientifique</em> décevra tous ceux qui cherchent à casser du sucre sur le dos de la science officielle. C’est peut-être le but d’ailleurs :-)</p> <p>Le livre vise plutôt à dénoncer tous ceux qui, sous couvert de science justement, sortent des inepties plus ou moins criminelles, plus ou moins sincères. Sur les pages flotte l’esprit du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>, grand pédagogue de l’évolution et grand pourfendeur de racistes et créationistes en tout genre. Mais le titre est encore une fois trompeur car il n’y a rien d’un « traité », on se limitera à un aperçu historique de quelques cas plus ou moins connus.</p>
<p><img src="http://www.editions-belin.com/e_img/boutique/full/004624.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Sont abordés plus ou moins succintement :</p>
<h3>Les canulars</h3>
<p>« Forme bénigne », les canulars touchent tous les domaines. Les plus connus sont l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Piltdown">homme de Piltdown</a> ou certains témoignages d’OVNI (dont un, français, exemplaire). J’ai adoré le canular d’Alain Sokal (développé dans <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html#impostures_intellectuelles">Impostures intellectuelles</a>, j’en parlerai ici).</p>
<h3>La mémoire de l’eau</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Benveniste">Jacques Benveniste</a>, loin d’être un original, a déclenché une tempête avec sa « mémoire de l’eau », que quasiment personne n’a pu reproduire et qui flanque en l’air les bases de la chimie, mais fut soutenu par toute l’industrie homéopathique (l’article Wikipédia sur le sujet est un modèle de schizophrénie.) L’homéopathie aurait d’ailleurs mérité un chapitre dans le livre...</p>
<p>Benveniste n’a jamais été accusé de fraude, au pire de faire n’importe quoi. Son cas est exemplaire par l’impact médiatique (<em>le Monde</em>, rien que ça, et je me souviens des tempêtes dans <em>Science & Vie</em>...).</p>
<h3>OVNI</h3>
<p>La mode des « soucoupes volantes » a duré de l’immédiat après-guerre à la fin du XXè siècle, parasitée par canulars et fraudes, interprétation sélective, phénomènes étonnants mais naturels mal interprétés, un ras-le-bol des scientifiques d’être assaillis de témoignages bidons, une méfiance envers les autorités de la part des «croyants », le tout sur fond de paranoïa en temps de guerre froide. Aleksandra Kroh dépeint, entre autres, l’histoire des commissions militaires ou civiles chargées de faire la lumière sur ces affaires, fatalement sans convaincre personne.</p>
<h3>Lyssenko</h3>
<p>C’est là le plus énorme et catastrophique exemple de charlatanisme scientifique.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lyssenko">Trofim Lyssenko</a>, petit technicien agricole ukrainien, réussit à se hisser au sommet de la hiérarchie scientifique de l’URSS stalinienne par son astuce, ses « découvertes » toujours affirmées avec enthousiasme, mais jamais vérifiées, son talent oratoire, et sa capacité à deviner les attentes d’un Staline qui sera son soutien principal. Perte collatérale : l’agriculture soviétique, gérée en dépit du bon sens pendant des décennies, et la génétique de tout le bloc de l’Est — pendant qu’elle se développait massivement à l’ouest.</p>
<p>Comment un arriviste a-t-il pu si longtemps abuser un pays entier ? Pour Kroh, la réponse n’est pas qu’idéologique : la vue à très court terme des fonctionnaires de l’époque, assez désespérés par la situation catastrophique de l’agriculture soviétique pour croire le premier charlatan venu, et ce « règne des médiocres » typique des régimes totalitaires, sont la cause principale, et non un réel souci d’établir une « science prolétarienne ». La « logique » interne du stalinisme a fait le reste.</p>
<h3>La supériorité blanche</h3>
<p>L’apothéose des théories racistes s’incarne évidemment dans les délires du Ⅲè Reich. Cependant, bien longtemps avant, il était « évident » qu’il y avait plusieurs races humaines, et que la race blanche était « évidemment » supérieure. Selon l’époque et le milieu, on justifiait ainsi l’esclavagisme ou un simple paternalisme colonial.</p>
<p>Plus d’un scientifique a tenté de trouver une base réelle à la supériorité blanche, sans succès à chaque fois que le travail était fait sérieusement, sans sélection préalable ou postérieure des données. La génétique actuelle a sonné le glas définitif (en sciences...) du racisme en permettant, certes, de discerner des provenances géographiques mais en dévoilant l’énorme diversité génétique à l’intérieur de chaque groupe, et des indices sur nos ancêtres communs —bien trop proches et peu nombreux pour que toute différentiation sérieuse ait pu avoir lieu, sans compter les métissages réguliers.</p>
<p>La fin du chapitre relève quelques survivances racistes dans notre civilisation : le <a href="http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html">discours de Dakar</a> de Sarkozy (vers le milieu : « <em>Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire</em> » et la suite immédiate), ou les élucubrations de Watson (nouveau rappel que les Nobel ne sont pas toujours les derniers à dire des sottises).</p>
<h3>Le créationisme</h3>
<p>Les pages sur Darwin montrent bien la vitalité et disparité du monde créationiste, qui rejette le darwinisme, l’évolution, la sélection naturelle. Il y a un monde entre le rejet viscéral de fondamentalistes américains financièrement puissants, celui du clergé polonais qui même rejette les avis de Jean-Paul Ⅱ sur l’évolution (« <em>plus qu’une hypothèse</em> »), ou celui de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/William_Jennings_Bryan" hreflang="en">William J. Bryan</a> (un politicien américain du début du siècle, plutôt de gauche mais fondamentaliste, incapable de concilier d’une part la morale et le progrès, et d’autre part l’impitoyable lutte pour la survie et ses implications sociales effroyables — ses craintes sur ce point étaient fondées !), ou le « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">dessein intelligent</a> ».</p>
<p>Ce dernier, qui se veut une version « scientifiquement correcte » ne va pas jusqu’à nier l’âge canonique de la Terre ni même la modification graduelle des espèces, mais (et ça me rappelle le « Dieu des manques », explication bouche-trous aux manques de la science, et fatalement destiné à se réduire au fur et à mesure que celle-ci progresse) voit dans certaines choses « irréductiblement complexes » la main d’une intervention extérieure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#pnote-577-1" id="rev-pnote-577-1">1</a>]</sup>. Le piège <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Finalisme">finaliste</a> est sournois et courant (et, justement, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/">la Terre avant les dinosaures</a></em> montre bien qu’il n’y a aucune finalité dans la transition poisson/reptiles).</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_du_singe">procès du singe</a> est évidemment traité, ainsi que l’état désastreux de la culture américaine, polonaise ou turque dans le domaine de l’évolution. La montée d’un créationisme islamique est inquiétant même s’il touche peu les scientifiques locaux.</p>
<h3>Bilan</h3>
<p>Ce livre prêche plutôt à un public convaincu d’avance. Je lui reprocherais de ne pas s’étendre sur les critères qui font de la <em>bonne</em> science : reproductibilité, publication et avis des pairs, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutabilité</a> à la Popper, non-pertinence des anecdotes personnelles, règles statistiques contre-intuitives... ou les écueils à éviter : tour d’ivoire, consensus d’un petit cercle, parasites socio-économiques, modes... que les fanatiques de telle ou telle théorie rejetée brandissent un peu trop vite.</p>
<p>La possibilité d’une cohabitation paisible de la science et de la religion est par contre bien évoquée (référence à la doctrine <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Non-Overlapping_Magisteria" hreflang="en">NOMA</a> de non-empiètement de Gould).</p>
<p>Auraient mérité d’être abordés : les charlatanismes du genre de l’astrologie, les médecines douces plus ou moins délirantes, homéopathie en tête, tout ce qui tourne autour des manipulations motivées par des soucis financiers ou <em>marketing</em> (lobby pharmacie, lobby pétrolier anti-réchauffement climatique), ou la fraude délibérée venant des scientifiques eux-mêmes.</p>
<p>Bref : malgré tout, si vous ne connaissez pas déjà à fond les sujets ci-dessus, ce <em>Petit traité</em> sera une saine lecture, plus historique que fondamentale, juste un peu frustrante par le manque de profondeur.</p>
<p><a href="http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-petit-traite-de-l-imposture-scientifique-12486.php">Présentation sur le site web de l’éditeur</a><br />
<a href="http://charlatans.info/news/spip.php?article156">Avis sur charlatans.info</a><br />
<a href="http://scepticismescientifique.blogspot.com/2009/04/notes-de-lectures-9-petit-traite-de.html">Avis critique sur le blog scepticismescientifique</a>, avec des réserves sur le manque d’explication sur <em>pourquoi</em> certaines affirmations ne sont pas scientifiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#rev-pnote-577-1" id="pnote-577-1">1</a>] <em>Qu’on ose avancer cette explication, qui implique l’existence d’une entité </em>encore plus complexe<em>, me fascine.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/577“The soundest argument...”urn:md5:b8c27464a45db5d4f5ad6fb3965d56242009-06-21T00:00:00+02:002011-06-03T18:50:51+02:00ChristopheCitationsbon senscitationcommunicationdommageintelligencemanipulationmèmeouverture d’espritperspectivepessimismeprise de têteprovocationpsychologiesaturationéconomie de l’attention <blockquote><p>“<em>The soundest argument will produce no more conviction in an empty head than the most superficial declamation; as a feather and a guinea fall with equal velocity in a vacuum.</em>” <br /> <br />« L’argument le plus sensé ne convaincra pas plus une tête vide que la plus superficielle des déclamations ; car une plume et une noix tombent à la même vitesse dans le vide. »<br /> <br />Charles Caleb Colton (1780-1832) , <a href="http://books.google.fr/books?id=CjACAAAAQAAJ&dq=colton+many+things+few+words&printsec=frontcover&source=bl&ots=2fDfsep3VZ&sig=YPMOiLGMnt6kGLk0sjadvnGPg7g&hl=fr&ei=RcEySorQJ4PGsgaTkNCwCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1" hreflang="en">Lacon, or Many Things in Few Words</a>, 1826</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-soundest-argument#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/571« Pour la Science » de juin 2009urn:md5:eb881c1408ffdba2fcae3f2a8e0c83232009-06-01T00:00:00+02:002010-10-17T20:53:08+02:00ChristopheScience et conscienceanticonsumérismeastronomieconquête de l’inutilecosmologiedéterminismeextraterrestresgravitationmémoireperspectiveprise de têtequêtesantéuniversécologieéconomieémerveillementénergieévolution<p>Petit résumé rapide de ce que j’ai aimé dans ce dernier numéro de <em>Pour la Science</em>.</p> <h3>Le bloc-notes de Didier Nordon</h3>
<p>Je le répète, je resterai abonné rien que pour cette rubrique. Il démontre notamment qu’une annonce de fin du monde ne doit pas être prise à la légère, le messager ne pouvant être motivé par la satisfaction du « je vous l’avais bien dit ». Ou que le jugement de la qualité des travaux universitaires est intrinsèquement indécidable.</p>
<h3>Les singularités nues</h3>
<p>Une singularité nue n’existe pas forcément, c’est un débat qui dure chez les physiciens de haute volée. Ces bestioles sont comme des trous noirs, mais sans « horizon» d’où la matière ne peut s’échapper. Pourquoi cela intéresse-t-il un physicien ? D’abord l’espèce est curieuse ; ensuite on toucherait là un « point de contact » entre théorie de la gravitation et mécanique quantique (un trou noir, ou plutôt la partie comprise dans son horizon, est trop gros pour que les effets quantiques interviennent), et en conséquence une découverte permettrait de trancher entre diverses théories de gravitation quantique, le Saint Graal des physiciens théoriques actuels<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2009#pnote-557-1" id="rev-pnote-557-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Le subliminal</h3>
<p>On a dit beaucoup de bêtises à propos du subliminal : il reste à démonter qu’il puisse déclencher réellement un acte d’achat par exemple, et on ne vous obligera pas non plus avec cette technique à aller contre votre volonté.</p>
<p>Les effets sont plus subtils : l’étude présentée ici consiste à montrer des images (dont des subliminales abstraites) à des gens et à les faire miser sur un résultat de pari arbitraire dont le résultat est lié à l’image affichée précédemment. Les cobayes humains font inconsciemment le lien entre ce qu’ils ont vu et leur chance de gagner. Leur décision consciente de parier est liée à un indice inconscient. Bref, un angle fascinant sur la manière dont se construit l’intuition... et sur la masse de présupposés plus ou moins farfelus que notre cerveau peut utiliser dans les couches inférieures de son réseau de neurones.</p>
<h3>La couleur des plantes extraterrestres</h3>
<p>C’est tout con mais nos plantes ne sont vertes que parce que les longueurs d’onde qu’elles absorbent sont les plus efficaces compte tenu du soleil et de la composition de l’atmosphère. En conséquence, sur une autre Terre autour d’une naine rouge, les plantes pourraient être noires pour absorber le maximum de rayonnements dans toutes les longueurs d’ondes. Autour d’étoiles plus agitées, la vie serait bleutée pour ne pas absorber trop d’énergie, voire ne pourrait sortir de l’environnement marin protecteur. Et sur la Terre primitive, les algues n’étaient pas vertes, la chrolophylle n’étant intéressante que dans l’atmophère pleine d’oxygène apparue un milliard d’année plus tard.</p>
<p>L’intérêt de ces spéculations : la recherche de signatures biologiques sur les exoplanètes doit tenir compte de ce à quoi la vie peut ressembler en fonction de l’étoile proche.</p>
<h3>Reconstituer des animaux disparus</h3>
<p>Il y a quatre pages d’entretien avec Sébastien Steyer, le paléontologue-artiste qui a dessiné les belles illustrations de la <em>Terre avant les dinosaures</em> <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-Sébastien-Steyer-et-Alain-Béneteau">dont j’avais parlé ici</a>.</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Parmi les infos plus ou moins développées :</p>
<p>L’épidémie de tubercolose ultrarésistante s’étend. Même si pour la plupart des gens il n’y a pas de symptômes, pour les autres les antibiotiques connus sont inefficaces. Évidemment ce sont les plus pauvres qui en meurent.</p>
<p>En varape, pourquoi les cordes de rappel et celles pour s’assurer doivent-elles être différentes ? Pour s’assurer, il faut une corde qui s’allonge un peu pour rester en-dessous des 10 g dangereux pour l’organisme. Mais en descente en rappel il la faut inélastique.</p>
<p>Certains poissons voient dans l’ultraviolet, et le monde paraît bien différent avec une couleur en plus.</p>
<p>Un escargot n’existe que dans les Appenins... et les arènes de Nîmes.</p>
<p>Les robes du cheval sont des créations purement humaines (sélection artificielle) ; je suppose qu’il en est de même pour les chiens (des loups à l’origine).</p>
<p>Calcul de bilan : la biomasse est plus intéressante comme carburant de centrale électrique que comme agrocarburant de voiture.</p>
<p>Suite à la polémique du dernier tremblement de terre italien : il est actuellement impossible de prédire les séismes avec une certitude suffisante sur une plage de temps assez réduite pour que ce soit en pratique utilisable. Le non-respect des normes antisismiques devrait faire plus débat.</p>
<p>Je réutiliserai l’article d’Ekeland sur la comparaison des chiffres astronomiques et économiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2009#rev-pnote-557-1" id="pnote-557-1">1</a>] <em>Avec peut-être à la clé des révolutions techniques du même ordre que celle de la mécanique quantique ce siècle-ci.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-juin-2009#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/557Extrait de mes signatures automatiques : développement informatique (2)urn:md5:cddeffc2d3c6e0fb50fbd449d1e9e8822009-04-27T00:00:00+00:002011-06-03T17:23:41+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementbon senscitationcomplexitécynismedysfonctionnementdéveloppementfoutage de gueuleinformatiqueperfectionnismeperspectiveprise de têtetravailéconomie<p>(<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/29/510-extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-1">La partie 1, c’était en juin dernier…</a>.</em>)</p>
<p>Ici aussi la source principale est <a href="http://slashdot.org" hreflang="en">Slashdot</a>, ou plutôt ses commentateurs (parce que le site lui-même...). Toute proposition de meilleure traduction est la bienvenue.</p> <hr />
<blockquote><p><em>Realize that for every good new idea that you hear about, there are at least a 100 that were funded, developed, and failed before you ever saw them. The naive reaction is “well, they were stupid”. That’s nonsense, history has shown over and over that we find new ideas amongst the insight we gain by building the bad ideas. Without doing that, we don’t learn what was bad and we don’t recognize what is good.</em><br /> <br />Comprenez que pour chaque nouvelle bonne idée dont vous entendez parler, il y en a au moins cent qui ont été financées, développées et ont échoué avant que vous ne les voyiez. La réaction naïve est « bon, elles étaient stupides ». C’est un non-sens, l’histoire a montré encore et encore que nous trouvons les nouvelles idées avec le recul obtenu en développant les mauvaises. Sans ça, nous n’apprenons pas ce qui était mauvais et nous ne reconnaissons pas ce qui est bien.<br /> <br /><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Larry_McVoy" hreflang="en">Larry Mc Voy</a>, <a href="http://kerneltrap.org/node/222">kerneltrap.org, 28/05/2002</a></p></blockquote>
<p>C’est la version moderne du « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », appliquée à l’innovation de manière globale. Tant de choses nous semblent évidentes et simples parce que mille autres théories, possibilités, configurations... ont été essayées sans succès. L’un des enjeux de l’informatique actuelle est de pouvoir continuer à expérimenter tous azimuts, sans se laisser enfermer par un choix technologique d’<em>un</em> fournisseur.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>We are not tolerant people.<br />We prefer drastically effective solutions.</em><br /> <br />Nous ne somme pas des gens tolérants. <br />Nous préférons les solutions drastiquement efficaces.<br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>Les informaticiens n’ont jamais été des gens portés sur la mesure et le compromis, ni portés à ménager la chèvre et le chou.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>This product does exactly the source code says it does.<br />All other documentation is purely opinion.</em><br /> <br />Ce produit fait exactement ce que le code source dit qu’il fait.<br />Toute autre documentation est pure opinion. <br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>À garder à l’esprit quand on lit la documentation d’un outil... Mais soyons honnête : la documentation pêche plutôt par sa pure et simple absence, et les <em>bugs</em> ne sont de toute manière <em>pas</em> documentés.</p>
<hr />
<blockquote><p><em>If a line of code doesn’t exist, then it cannot contain a bug.</em><br /> <br />Si une ligne de code n’existe pas, elle ne peut pas contenir un bug.<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~wowbagger">wowbagger</a>, <a href="http://developers.slashdot.org/comments.pl?sid=51636&cid=5142354">Slashdot.org, 23/01/2003</a></p></blockquote>
<p>C’est simple mais il fallait y penser. C’est en partie à cause de leur verbosité que ne m’attirent ni Java (pas assez pratiqué pour le haïr de manière honnête), ni l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/19/186-prise-de-tete-en-abap">ABAP</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/16/252-par-paquets-de-5">l’existence même de ce langage est un non-sens</a>), et par sa compacité que <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/07/09/521-python-et-moi">python</a> me plaît.</p>
<hr />
<p>Ce qui suit décrit une longue partie de mon existence gaspillée à maintenir du code écrit par des débutants ou des Indiens pour un ERP :</p>
<blockquote><p><em>Don’t be afraid to refactor code every so often (...) Even good coders crumble to cost and schedule, and band-aid code that just plain needs to be rethought. In some environments, that’s a fact of life. In others you will have to fight for it, but you can get code rewritten.<br />In my experience, programming for an employer is the process of secretly introducing quality. This usually consists of debugging and refactoring on the sly while your pointy-haired boss thinks you're adding ‘features’.<br />Is it just me, or this the way it's done most places?</em><br /> <br />N’ayez pas peur de refactoriser le code de temps à autre (...) Même les bons développeurs doivent céder devant les coûts et les plannings, et les rustines a repenser complètement. Dans certains environnements, ça fait partie de la vie. Dans d’autres, vous devrez vous battre, mais vous arrivez à réécrire du code.<br />D’après mon expérience, programmer pour un employeur consiste à introduire secrètement la qualité. Cela consiste habituellement à déboguer et refactoriser furtivement pendant que votre incompétent de chef croit que vous ajoutez des « fonctionnalités ».<br />Est-ce juste moi, ou c’est comme ça que ça se passe presque partout ?<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~sbszine">sbszine</a>, <a href="http://developers.slashdot.org/comments.pl?sid=51636&cid=5141535">Slashdot.org, 23/01/2003</a></p></blockquote>
<hr />
<blockquote><p><em>Where I work, firing any number of the “developers” would thoroughly and permanently cripple the company. These guys are just irreplaceable. Use <code><a href="http://plasserre.developpez.com/v1-7.htm">Strict</a></code>? <code><a href="http://plasserre.developpez.com/v1-7.htm">Option Explicit?</a></code> Comments? Documentation? Proper English? Any jedi craves not these things.</em><br /> <br />Là où je travaille, virer n’importe quel nombre de « développeurs » handicaperait complètement et définitivement la société. Ces gars sont irremplaçables. Utiliser <code>Strict</code> ? <code>Option Explicit</code> ? Des commentaires ? La documentation ? Du vrai français ? Un <em>jedi</em> n’a pas besoin de ces choses.<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~Darth_Burrito">Darth_Burrito</a>, <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=52174&cid=5178331">Slashdot.org, 29/01/2003</a></p></blockquote>
<p>Sans commentaire. Avoir du code glauque que l’on est seul à comprendre est à la fois une protection contre le chômage (illusoire quand le chef croit que n’importe quel Indien saura faire pareil), et contre toute promotion (une personne indispensable reste où elle est (problème des gens <em>très</em> compétents également)).</p>
<hr />
<p>J’aime bien celle-là aussi, dans la série des priorités dans la vie :</p>
<blockquote><p><em>Save the whales,<br /> feed the hungry,<br /> free the mallocs.</em><br /> <br />Sauvez les baleines,<br /> nourrissez les affamés, <br />libérez les <code><a href="http://www.linux-kheops.com/doc/man/manfr/man-html-0.9/man3/malloc.3.html">malloc</a></code>.<br /> <br />(Anonyme)</p></blockquote>
<p>Évidemment, en <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/07/09/521-python-et-moi">python</a>, c’est hors sujet...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Extrait-de-mes-signatures-automatiques-developpement-informatique-2#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/456Stupidité, incompétence, malice, malveillance : variations sur un proverbeurn:md5:0019a615d82e9cc4132ace00fd915b842009-03-22T00:00:00+00:002018-06-16T13:27:03+00:00ChristopheCitationsbon senscynismedysfonctionnemententropiehiérarchieintelligenceorganisationouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprise de têtepsychologiethéorieéconomie<p>Il y a des citations que j’adore parce que :</p>
<ol>
<li>elles donnent une explication simple et fondamentale du monde ;</li>
<li>elles peuvent se décliner à l’infini.</li>
</ol> <p>En l’occurence :</p>
<blockquote><p>Never attribute to malice that which can be adequately explained by stupidity.</p></blockquote>
<p>Celle-ci a de plus l’émoustillante faculté d’être vicieuse à traduire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. « Malice » est un faux ami, ou plutôt dont le sens original s’est émoussé par rapport à l’américain<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ce qui donne plutôt :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui peut s’expliquer par la stupidité.</p></blockquote>
<p>C’est un de mes mantras, une des manières que j’ai de ne pas devenir paranoïaque dans ce monde malgré les apparences<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hanlon's_razor" hreflang="en">Sur le web anglosaxon, on appelle cela le « rasoir d’Hanlon »</a>, en référence au rasoir d’Occam qui veut que l’explication la plus simple est celle à privilégier. Que chaque humain soit fondamentalement apparemment un imbécile, au moins une partie du temps, explique à mon avis mieux le monde qu’une flopée de conspirations toutes plus démoniaques et tentaculaires les unes que les autres.</p>
<p>(En fait, toujours d’après les sources difficilement vérifiables de Wikipédia, la version originale serait du grand Robert Anson Heinlein<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>You have attributed conditions to villainy that simply result from stupidity.<br /> <br /><em>Robert A. Heinlein</em>, Logic of Empire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup><em>, 1941</em></p></blockquote>
<p>La déformation du nom semble évidente. )</p>
<p>Évidemment, la stupidité de son prochain n’est pas forcément la bonne explication. Et ce qui peut sembler stupide est peut-être plus pertinent quand on y réfléchit ou depuis un autre point de vue :</p>
<blockquote><p>Don’t assign to stupidity what might be due to ignorance. And try not to assume your opponent is the ignorant one — until you can show it isn’t you.<br /> <br />N’attribuez pas à de la stupidité ce qui peut n’être que de l’ignorance. Et essayez de ne pas supposer que votre adversaire est l’ignorant — à moins que vous ne puissiez montrer que ce n’est pas vous.<br /> <br /><em>M. L. Plano Joao Miranda</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Napoléon aurait, paraît-il, exprimé une version moins cruelle qui distingue la stupidité intrinsèque et celle que chacun manifeste hors de son domaine précis ou par manque de formation (je donnerais cher pour trouver la source réelle de cette phrase que je trouve essentiellement chez les Anglo-saxons !) :</p>
<blockquote><p>N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence.<br /> <br /><em>Napoléon Bonaparte</em></p></blockquote>
<p>J’adopte pour ma part une autre version étendue (je ne sais plus où je l’ai lue), qui me sert quasiment tous les jours dans le monde du travail, et doit être à peu près universellement applicable :</p>
<blockquote><p>N’attribuez pas à la malveillance ce qui n’est qu’incompétence.<br />N’attribuez pas à l’incompétence ce qui n’est que réduction de budget. <br />N’attribuez pas à une réduction de budget ce qui n’est que mauvaise organisation.</p></blockquote>
<p>Les deux concepts (stupidité et malveillance) se rejoignent dans une version très inspirée par <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/24/475-toute-science-assez-avancee-variations-sur-un-proverbe">la loi de Clarke dont j’ai déjà fait mon miel</a>, quelqu’un a nommé ça la « Loi de Grey ».</p>
<blockquote><p>Any sufficiently advanced incompetence is indistinguishable from malice.<br /> <br />Toute incompétence assez avancée est indiscernable de la malveillance.</p></blockquote>
<p>(Ce qui rejoint la sagesse populaire quand elle s’exclame : « Il devrait être interdit d’être aussi con ! ») Et c’est cette fusion des deux concepts qui à mon avis rend les gens paranoïaques quand les choses sont pas ou mal faites. Je ne développerai pas ici les concepts de négligence criminelle, non-assistance à personne en danger, développement de Vista...</p>
<p>Le XXè siècle finissant et le XXIè vagissant ont même froidement théorisé ce comportement, et en sont arrivés à cette explication fondamentale de notre époque qui en revient au thème de la paranoïa, mais dans un sens totalitaire (« totalitaire » dans le sens où on ne vous en veut pas <em>personnellement</em> ni pour ce que vous pouvez faire, mais vous en serez victime quand même <em>car le système est comme ça</em>) :</p>
<blockquote><p>Never ascribe to malice what can be explained by business sense.<br /> <br />N’attribuez jamais à la malveillance ce qui n’est que sens du commerce.</p></blockquote>
<p>(Pour la traduction exacte, j’hésite.) Ce qui peut se décliner sous deux formes :</p>
<ul>
<li>les horreurs genre DRM, verrouillage du marché qui ne sont qu’une forme particulièrement raffinée d’égoïsme et de parasitisme ;</li>
<li>l’organisation interne de certains grandes structures (centres d’appel, administration à la soviétique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>, planification démentielle<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>...) qui vise à déresponsabiliser, supprimer toute initiative, que ce soit ouvertement (« tu lis ce qu’il y a sur l’écran, pas une syllabe de plus »), par contrainte (<a href="http://captaincapitalism.blogspot.com/2008/03/youre-not-team-player.html" hreflang="en">« Tu n’as pas l’esprit d’équipe ! »</a>) ou par inertie involontaire (j’m’en-foutisme autoentretenu puisque les acteurs en sont aussi les premières victimes), ouverte (syndrome « surtout pas de vagues » qui pourrit les échelons administratifs de l’Éducation Nationale) ou carrément cynique (en laissant pourrir les situations et les réclamations ; les clients/administrés/patients/contribuables se lasseront bien un jour).</li>
</ul>
<p>Pour finir sur une note d’optimisme, l’argument principal contre toutes les paranoïas :</p>
<blockquote><p>Many journalists have fallen for the conspiracy theory of government. I do assure you that they would produce more accurate work if they adhered to the cock-up theory.<br /> <br /><em>Sir Bernard Ingham</em></p></blockquote>
<p>(Ça perd aussi à la traduction.)</p>
<p><strong>Note de 2017</strong> : Le <a href="http://quoteinvestigator.com/2016/12/30/not-malice/">Quote Investigator s’est penché sur le sujet</a>. Comme beaucoup de citations, on la retrouve régulièrement sous différentes formes et différentes plumes depuis deux siècles et demi, et la version de Napoléon semble apocryphe. L’auteur de la version actuelle serait bien Robert J. Hanlon.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Oui, ça me plaît. C’est un signe que les langues ne sont pas neutres, pas équivalentes, qu’elles modèlent en conséquence notre vision du monde, et je me sens un peu supérieur d’en maîtriser trois.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Je ne dis pas l’anglais. Ce sont les </em>States<em> qui donnent le ton et par eux que cette langue s’est imposée — plus ou moins massacrée sous sa forme de </em>globish<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Parce que franchement, quand on voit George Bush, la destruction de l’Éducation Nationale depuis trois décennies, ou l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/02/27/Black-out">HADOPI</a>, il y a de quoi se demander si une nouvelle Révolution ne serait pas nécessaire.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Heinlein">Auteur de SF fondateur et essentiel</a> dont l’essentiel de la production <del>peut</del> devrait être donnée en pâture à tout gamin de 10 ans.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Une nouvelle sur l’esclavage de fait inévitable dans une colonie, c’est dans le premier tome de son </em>Histoire du futur<em>, toujours plaisante à lire bien qu’à présent très datée. </em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] <em>Ne me demandez qui est cet inconnu, une recherche superficielle sur son nom ne renvoie que cette citation, et je ne parle pas portugais pour creuser plus.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] <em>Les Soviétiques n’étaient que le </em>summum<em> mais l’inertie bureaucratique est consubstantielle à toute grosse organisation, publique ou privée, centralisée ou pas.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] <em>Dans notre civilisation, c’est du genre : on pose la date d’abord, on réfléchit à la planification ensuite, accessoirement aux moyens, et si on a le temps à ce qu’on veut vraiment faire. Ou encore : on fixe une marge, on en déduit le prix, on regarde ce qu’on peut refourguer au client avec ce qui reste de budget, et on ne parle même pas de l’ouvrier-esclave chinois ou vietnamien. Sous Staline, on fixait des objectifs, on tuait quelques milliers d’esclaves pour les tenir, finalement on inventait les chiffres.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/03/474-incompetence-malice-variations-sur-un-proverbe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/54La Dernière Technologieurn:md5:ece66613b9fedd5b3b474dc3f4b1c79e2009-03-20T00:00:00+01:002015-12-16T19:37:12+01:00ChristopheInformatique : l’art du développementabominationbon sensculturedommagedéveloppementenseignementexpertiseinformatiqueintelligenceMicrosoftmèmeouverture d’espritperfectionnismeperspectiveprovocationréalitéSSIItravailvirtueléconomie de l’attentionéducationévolution<p>“<em>I’ve just worked hard to learn the previous technology. Can you promise me that, if I learn this one, it will be the last one I ever have to learn?</em>”</p> <p>Perle trouvée sur <a href="http://hardware.slashdot.org/comments.pl?sid=602189&cid=24037133" hreflang="en">Slashdot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/21/La-Derni%C3%A8re-Techno#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, en commentaire aux annonces d’Intel sur les habitudes à changer avec les futures processeurs massivement multicœurs :</p>
<blockquote><p>“I’m reminded of an anecdote told to me during a presentation. The presenter had been introducing a new technology, and one man had a concern: ‘I’ve just worked hard to learn the previous technology. Can you promise me that, if I learn this one, it will be the last one I ever have to learn?’ The presenter replied, ‘I can’t promise you that, but I can promise you that you’re in the wrong profession.’'<br /> <br /> (Traduction imparfaite : « Ça me rappelle une anecdote qu’on m’a racontée pendant une présentation. Le conférencier présentait une nouvelle technologie, et un homme avait un souci : “J’ai travaillé dur pour apprendre la technologie précédente. Pouvez-vous me promettre que si j’apprends celle-là, ce sera la dernière que j’aurai jamais à apprendre ?” Le présentateur répondit : “Je ne peux pas vous promettre ça, mais je peux vous assurer que vous êtes dans la mauvaise profession.”)<br /> <br />GatesDA, <a href="http://hardware.slashdot.org/comments.pl?sid=602189&cid=24037133" hreflang="en">Slashdot.org, 02/07/2008</a></p></blockquote>
<p>Bien dit ! Je suis parfois fasciné par le non-intérêt de certains collègues à ne pas chercher à apprendre de nouvelles technos. Mon problème serait plutôt l’inverse (trop vouloir apprendre alors que je n’en ai jamais le temps), mais <em>refuser</em> d’apprendre un nouvel outil quand l’occasion professionnellement justifiable se présente, ça me dépasse. Même si un ras-le-bol peut se faire jour face à certains éditeurs qui changent leurs bibliothèques tous les trois ans<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/21/La-Derni%C3%A8re-Techno#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, le problème se pose en terme de temps perdu, de maintenance de logiciels d’époque différentes, pas d’intérêt en terme d’apprentissage. Même quand on considère que l’informatique a atteint sa perfection dès l’enfance avec Unix, il y a toujours quelques trucs à glaner à connaître les concurrents (il n’y a et n’y avait pas que Windows). Même l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/19/186-prise-de-tete-en-abap">ABAP</a> a quelques idées sympas.</p>
<p>Je suis peut-être déformé par ma sous-branche professionnelle : dans le service, on est presque censé connaître tout sans jamais passer une seconde en veille technologique ; plus y en a sur le CV, mieux on peut se recaser chez un autre client ou employeur ; se faire piéger dans une technologie en voie d’extinction ou toujours dans le même contexte relève du suicide professionnel. Cependant, aucun informaticien ne peut dire ce avec quoi il travaillera réellement dans dix ans, même si son cœur de métier reste le même.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/21/La-Derni%C3%A8re-Techno#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Site, rappelons-le, qui n’a d’intérêt que par l’élite de sa population de </em>geeks<em> commentateurs, et pas par son intérêt journalistique, qui serait même négatif.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/21/La-Derni%C3%A8re-Techno#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Voir les technos MS d’accès aux données...</em></p></div>
« Der Spiegel » du 19 janvier 2009 : Marienburg la martyre ; de Berlin à la Norvège ; argent pas cher ; tsunami vert au Brésil ; régulation de gènes ; A320 à la baille ; le temps de la radicalitéurn:md5:c872227ca4228d131518394969bf9d2f2009-02-14T18:53:00+01:002011-06-03T07:47:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneAmériqueauto-organisationdysfonctionnementenfantsenseignementesclavageEuropeguerrehainelangueslivres lusmétainformationoptimismeperspectivepessimismepolitiqueRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarismevaleurécologieéconomieéconomies d’énergieéducationÉtats-Unisévolution<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué de cet hebdomadaire allemand.</p> <p>Je ne lis pas très souvent le <em>Spiegel</em> pour deux raisons : 1) mon manque de temps chronique et 2) cet hebdomadaire de référence allemand est paradoxalement difficile à trouver dans les maisons de la presse de la banlieue strasbourgeoise — au contraire hélas des équivalents de <em>Point de vue - Images du monde</em> que la ménagère alsacienne de plus de quatre-vingt ans semble apprécier. J’ai acheté ce numéro lors d’un passage à Offenburg (paradoxalement à peine plus loin en temps que Strasbourg, malgré le tram !)</p>
<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué :</p>
<h3>Le charnier de Marienburg</h3>
<p>Ce Marienburg n’existe plus depuis 1945. L’ancienne capitale des Chevaliers Teutoniques a été quasiment rasée lors de l’invasion de l’Armée Rouge, et est depuis polonaise. La plupart des habitants ont été évacués mais au final des milliers manquent à l’appel. En octobre dernier, des travaux ont mis une fosse commune contenant les restes d’environ 1800 civils, femmes et enfants inclus, dépouillés de leurs vêtements.</p>
<p>Victimes des combats sorties des maisons bombardées ? Victimes des épidémies et famines de la fin de la guerre, dans une Allemagne plongée dans le chaos et traitée sans ménagement par les Soviétiques ? Victimes de l’épuration ethnique, par l’Armée Rouge ou les Polonais ? L’article n’a pas la réponse.</p>
<p>Le terrible sort de l’Allemagne orientale est relativement peu connu chez nous, mais a traumatisé les Allemands. Ce que Rommel, <a href="http://resistanceallemande.online.fr/20-07-1944/20-07-1944.htm">von Stauffenberg</a>, <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow" hreflang="de">von Tresckow</a> et d’autres ont voulu épargner à leur peuple est arrivé : les derniers mois de la guerre ont été les plus meurtriers pour l’Allemagne, et seule une partie est imputable aux bombardements aériens (qui n’ont fait que s’intensifier sur la fin de la guerre, Dresde n’étant que l’exemple le plus connu) ; des millions de civils ont été déplacés ; le Reich a perdu des terres occupées depuis des siècles. La lecture des premiers chapitres de <em><a href="http://www.conflits-actuels.com/spip.php?article369">la Chute de Berlin</a></em> d’Anthony Beevor éclaire bien le comportement des Soviétiques, poussés par leur propagande à la vengeance. Les civils allemands ont lourdement payé les exactions des SS et de la Wehrmacht en Russie.</p>
<p>Voir les pages du Wikipédia allemand sur <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Malbork" hreflang="de">Marienburg</a>, et <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Massengrab_von_Marienburg" hreflang="de">sur le charnier</a>.</p>
<h3>L’anglais au primaire</h3>
<p>Une page s’étend sur l’effet de l’enseignement de l’anglais à la <em>Grundschule</em> : par manque de suivi, de formation, de contrôles, de séparation des filières... l’effet de l’enseignement précoce de l’anglais est indétectable quelques années plus tard par rapport à l’enseignement « classique » plus tardif.</p>
<p>(<strong>Ajout postérieur</strong> : ça colle avec l’expérience de ma mère, dont les élèves de 6è faisaient tous les même programme par la logique de l’Éducation Nationale, même s’ils avaient fait de l’anglais en primaire ; et après quelques mois il n’y avait plus de différence de niveau.)</p>
<p>(Pour ma part, je reste persuadé qu’un enseignement précoce doit plutôt viser une langue difficile : l’allemand, le chinois... et en tout cas être soutenu tout le long de la scolarité.)</p>
<h3>De Berlin à la Norvège</h3>
<p>Une page est dédiée à un recruteur norvégien qui vit un drame professionnel assez enviable : avec un taux de chômage de 2% en Norvège, impossible de recruter ! M. Engeset s’est alors établi à Berlin et envoie des Allemands travailler en Norvège. La tendance est en hausse. Tout le monde est content, mais Engeset prévient que l’émigration n’est pas la vraie solution pour laisser derrière soi ses problèmes : „<em>Es gibt keinen Zurück-auf-Start-Knopf.</em>“</p>
<h3>L’argent pas cher</h3>
<p>Trois pages s’intéressent à la crise bancaire, ornées d’une photo de Jean-Claude Trichet et Ben Bernanke, l’air très anxieux. En résumé, la crise est en bonne partie due à l’argent lâché par les banques centrales trop facilement contre des garanties trop légères. En 1929, c’était pareil, et la restriction brutale du crédit à l’époque avait aggravé le problème. Les banques centrales de 2008 n’ont pas voulu rééditer l’erreur et... ouvert encore plus les vannes. Mais « réduire à nouveau la masse d’argent en circulation est aussi facile que remettre du dentifrice dans son tube. »</p>
<p>Un des moyens de résoudre le problème, et réduire les dettes de l’État au passage, consisterait à faire tourner la planche à billets, bref à générer de l’inflation. Les excès d’une telle politique <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Deutsche_Inflation_1914_bis_1923" hreflang="de">ont traumatisé les Allemands en 1920-1923</a> (division de la valeur du mark par un billion). La Bundesbank a pendant des années suivi une politique inverse de monnaie forte, qui se retrouve dans celle de la Banque Centrale européenne actuelle. Mais la conjoncture actuelle, comme l’interdépendance croissante des économies et l’impact d’une monnaie trop forte sur les exportations, rend délicate une politique trop stricte.</p>
<p>Troisième politique possible : un retour au bon vieil étalon-or du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods">système de Bretton-Woods de 1944</a>, organisé autour du dollar et de l’or. Le cours de l’or exploserait d’un facteur 40...</p>
<p>Conclusion fataliste : le capitalisme semble condamné à une ou deux crises majeures par siècle. Mais les autres systèmes sont-ils capables de mieux ?</p>
<h3>Le tsunami vert</h3>
<p>Quatre pages parlent des cultures d’éthanol dans le Nordeste brésilien et du véritable esclavage qui y sévit. Le pays veut devenir le plus grand fournisseur de carburant à base d’éthanol grâce à sa canne à sucre, et les paysans locaux en payent le prix — on parle de Zola au XXIè siècle.</p>
<p>Le seul reproche que je fais à l’article est de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que les grands propriétaires du Nordeste se comportent en féodaux que les agrocarburants sont intrinsèquement mauvais, et les réserves de principe écologiques (engrais, concurrence avec l’agriculture de subsistance...) ne disparaîtraient pas même si les ouvriers étaient payés comme des princes avec 60 jours de RTT. Les problèmes écologiques et sociaux sont complètement orthogonaux.</p>
<h3>Génétique</h3>
<p>Quelques pages sympathiques sur Darwin. Dont une révélation pour moi (qui ne suit pas si près que ça l’actualité de la génétique), on aurait enfin compris à quoi sert tout le bazar non codant de notre ADN : ce serait du code de régulation de l’activité des protéines. Nous avons moins de gènes que la souris, et pas beaucoup plus que l’anémone de mer, mais un nombre record de <a href="http://www.snfge.asso.fr/01-Bibliotheque/0A-Resumes-JFPD/2008/2959.htm">miARN</a> de contrôle. Un savant a repéré une poignée d’emplacements identiques du poulet au chimpanzé, mais différents chez nous...</p>
<h3>Un A320 dans l’Hudson</h3>
<p>Trois pages sur le petit miracle de l’Hudson : le commandant de bord Sullenberg était vraiment l’homme de la situation avec une expérience énorme, y compris sur planeur et en voltige aérienne. En perspective, la compétition croissante pour l’air entre oiseaux (parfois protégés et plus nombreux) et avions (de plus en plus silencieux...).</p>
<h3>Le temps de la radicalité</h3>
<p>En final, une interview de Thomas Friedman, du <em>New York Times</em>, partisan d’Obama, de réformes radicales vertes en résistant aux lobbys. Il pointe que « la crise climatique n’est pas un problème de régulation, mais d’innovation ». « Ce dont nous avons besoin, c’est d’ingénieurs. » Les Américains doivent être à la pointe de la révolution verte. Pourvu qu’il soit écouté...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/14/%C2%AB%C2%A0Der-Spiegel-%C2%BB%C2%A0du-19-janvier-2009-%3A-Marienburg-la-martyre-%3B-de-Berlin-%C3%A0-la-Norv%C3%A8ge-%3B#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/534Obama condamnéurn:md5:887e1e745d070e622119e86624a1f1412009-02-03T00:00:00+01:002009-04-13T19:17:51+02:00ChristopheRes publicaAmériquebon senscynismedémocratiegéopolitiquehistoireintelligencemèmeoptimismepanurgismeparadoxeperspectivepessimismespéculationutopieéconomieÉtats-Unis<p>Un petit billet pas ori­gi­nal du tout mais dans l’air du temps, et que je reli­rai avec nos­tal­gie dans quel­ques mois ou plus.</p> <p>Tout le monde le dit, <strong>Obama est con­dam­né à déce­voir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Les médias le con­si­dè­rent comme le mes­sie, et il n’est très pro­ba­ble­ment qu’un homme.</li>
<li>Qui­con­que est <del>sacré</del> intro­nisé en direct devant des dizai­nes de mil­lions de per­son­nes, va for­cé­ment en déce­voir un bon paquet.</li>
<li>Une crise éco­no­mi­que majeure est en cours, c’est en géné­ral assez déli­cat à régler. Sur­tout que cela impli­que de s’atta­quer à cer­tai­nes caté­go­ries de para­si­tes assez puis­san­tes.</li>
<li>À l’étran­ger, tout le monde n’a pas encore inté­gré qu’il bos­sera d’abord pour ses élec­teurs, les Amé­ri­cains.</li>
<li>Il n’a pas les pleins pou­voirs, c’est le « cime­tière légis­la­tif » (le Sénat), pourri de lob­byis­tes, qui aura réel­le­ment le der­nier mot.</li>
<li>Les médias brû­lant volon­tiers ce qu’ils ont adoré, sui­vant en cela la pente natu­relle de tout peu­ple, ils lui cher­che­ront des noi­ses après quel­ques mois. Nom­bre de chro­ni­queurs actuels aver­tis­sent déjà qu’il va se plan­ter, sui­vant en cela et le bon sens et un cer­tain sno­bisme et le besoin de trou­ver un sujet pour faire leur copie et paraî­tre per­ti­nent<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#pnote-522-1" id="rev-pnote-522-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>Dans le camp d’en face on doit lui pré­pa­rer un <em>remake</em> de l’affaire Clin­ton-Levinski pour détour­ner l’atten­tion. Obama n’est pas un saint, il a bien dû voler un bon­bon à un cama­rade de mater­nelle, boire plus d’un verre de bière un soir et lâcher une gros­siè­reté, appren­dre quel­ques mots de fran­çais, ou oublier de tenir la porte à une vieille dame. Ça finira par se savoir.</li>
</ul>
<p>
Cepen­dant il est aussi <strong>con­damné à réus­sir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Comme l’a fine­ment remar­qué un com­men­ta­teur de la radio, <strong>Bush a mis la barre très bas</strong>, sur tous les plans. N’importe qui de pas com­plè­te­ment stu­pide et de bonne volonté peut faire mieux.</li>
<li>Rien que le chan­ge­ment de tête à Washing­ton peut déclen­cher beau­coup de bon­nes cho­ses sur le plan inter­na­tio­nal. Il n’est pas inno­cent qu’Israël ait arrêté les opé­ra­tions à Gaza juste <em>avant</em> l’inves­ti­ture.</li>
<li>Per­sonne n’a inté­rêt à ce qu’il se plante à court terme, à part les extré­mis­tes du camp adverse ; et il a appa­rem­ment mis dans sa poche les modé­rés pour quel­ques temps.</li>
</ul>
<p> </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#rev-pnote-522-1" id="pnote-522-1">1</a>] <em>Et j’en rajoute ici même.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/522« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493Comment ne pas utiliser une base de donnéesurn:md5:d58c60c94b3dbada973f514b2fc4ce4d2008-12-15T07:21:00+00:002015-01-25T21:08:35+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementanalogiebon senscommunicationcomplexitécynismedysfonctionnementdéveloppementexpertisefoutage de gueuleincohérenceinformatiquemétainformationoffshoreperspectivesauvegardessignifié<p>Petite histoire d’horreur en bases de données.</p> <p>(<em>Caveat : Ce billet à haute teneur informatique tente de s’adresser aussi aux non-informateux.</em>)</p>
<p><a href="http://asktom.oracle.com/pls/asktom/f?p=100:11:0::::P11_QUESTION_ID:6692296628899" hreflang="en">Extrait datant de 2002 et traduction de l’excellent site de questions-réponses sur Oracle AskTom</a> :</p>
<p>Question d’un utilisateur d’Oracle au gourou :</p>
<blockquote><p>« <em>J’ai une table avec un champ de type BLOB</em> (un champ destiné à contenir du binaire en vrac — NDT) <em>, du genre de :</em><br /> <br /><code>Create table trx (</code><br /><code>trxId Number(18),</code><br /> <code>trxType Varchar2(20),</code><br /><code>objValue Blob,</code><br /><code>...</code><br /><code>)</code><br /> <br /><em>Le BLOB contient un objet Java sérialisé</em> (sauvegardé dans un fichier ou une base)<em> en fait différents objets qui implémentent tous la même interface.<br /> <br />Nous accédons toujours à l’objet via le conteneur J2EE </em> (par programme, quoi)<em>, ça marche bien jusque ici.<br /> Maintenant les utilisateurs veulent créer des rapports avec Sqlplus </em>(un requêteur SQL en ligne de commande)<em>, Crystal Reports</em> (un requêteur et créateur de jolis rapports)<em>, etc. Donc il faudrait une solution à ce problème de BLOB. </em>»</p></blockquote>
<p>Pour ceux qui n’ont pas sauté d’effroi à la lecture, je résume :</p>
<p>Le programme du monsieur manipule des objets Java (par exemple des objets « Livraison » ou « Employé » ou « Mouvement budgétaire » ou « Nuitée » selon que le logiciel traite de logistique, de paye, de finance ou d’hôtellerie). Ces objets sont constitués de code exécutable (en gros, immuable) et de variables parfois nombreuses (dans les exemples précédents : la quantité, les articles, l’adresse de livraison, le nom du destinataire final, la date ; le salaire, l’adresse, le CV ; l’imputation, le montant, la date, le type ; le numéro du client, celui de la chambre, un drapeau « petit déjeuner oui/non », le numéro de carte bleue de réservation...).</p>
<p>La mémoire de l’ordinateur étant volatile et finie, il faut sauvegarder ces données : typiquement dans un fichier sur le disque dur ou, de manière plus efficace et ordonnée, dans une base de données (Oracle, MySQL, ce que l’on veut).</p>
<p>De nos jours, une base de données est généralement ordonnée autour de « <strong>tables</strong> » dans lesquelles les données (chiffres, dates, libellés...) sont triées en <strong>colonnes</strong> (ou « <strong>champs</strong> »). L’intérêt de ce formalisme réside dans 1) un <strong>cadre propre</strong> où ranger d’entrée toute nouvelle donnée que l’on voudrait stocker, et 2) permettre à <strong>plusieurs applications</strong> de traiter des mêmes données sans se donner trop de mal à comprendre sous quel format les autres applications les ont stockées. Une date va dans un champ DATE, un libellé dans un champ CHAR ou une variante, un nombre dans un champ de type NUMBER, etc. , et notamment des gros morceaux de binaire, comme des images, dans des champs pour binaire de type BLOB sous Oracle.</p>
<p>Ce que fait le naïf questionneur consiste à passer totalement outre ces deux points. Il stocke tout son objet (code binaire exécutable <em>et</em> données) ensemble dans un BLOB. Aucun autre logiciel n’a aucune chance de comprendre comment les données sont organisées, sauf si on le programme lui aussi explicitement pour cela, et ce ne sera pas le cas des outils extérieurs à l’entreprise comme le Crystal Report évoqué.</p>
<h3>Équivalent</h3>
<p>J’ai du mal à trouver un équivalent réel de cette aberration.</p>
<p>C’est pire que de rédiger ses documents dans une langue que personne ne connaît (exemple de Tom Kyte dans sa réponse). Sans traduction explicite, longue et difficile, personne ne pourra les utiliser. Et encore, une langue suit en général une tradition, mais l’informatique se base sur des standards, de fait ou reconnus qui n’ont aucun rapport avec l’identité culturelle et que l’on se doit d’adopter. Les langues cependant sont à peu près équivalentes, la prédominance du latin, du français, de l’anglais n’étant que contingence historique, alors que dans le cas présent on descend d’un degré dans la flexibilité d’utilisation.</p>
<p>C’est pire que de recréer de zéro une nomenclature. Une nomenclature peut être plus ou moins bancale, et meilleure ou moins bonne qu’une autre, le but final est le même : désigner des objets.</p>
<p>C’est pire qu’une bibliothèque où tous les livres sont soigneusement numérotés mais entassés en vrac dans les rayons. Celui qui veut un livre qu’il a eu entre les mains peut le demander ; celui qui cherche un roman d’espionnage ou un précis de séismologie comparée laissera vite tomber. Et encore : il a une chance de trouver en balayant systématiquement les étagères. (Ce dernier exemple serait donc plutôt l’équivalent d’une table non indexée que l’on doit balayer intégralement, mais où au moins les données sont reconnaissables.) Imaginons que le contenu des livres soit en sanskrit, ou que ceux-ci soient tous sous emballage opaque.</p>
<p>C’est peut-être équivalent à <em>ignorer</em> le concept même de nomenclature et de caractéristique. Imaginons qu’un ordinateur doive rechercher tous les mammifères quadrupèdes herbivores européens dans une liste des noms usuels d’animaux sans aucune autre caractéristique...</p>
<p>Classiquement l’informatique tente de trouver une analogie avec les voitures, et le plus proche que j’imagine ne tombe pas au même niveau : un constructeur de voitures a créé ses propres normes de signalisation, son propre code de la route, et à présent ses voitures veulent circuler au milieu des autres. Mais là encore il s’agit juste de choix différents de norme, pas du choix d’un système intrinsèquement inférieur.</p>
<h3>Remède</h3>
<p>Ma première pensée dans ce genre de cas est de proposer que l’on fusille celui qui a osé programmer cela. Franchement, même les non-informaticiens qui ne jurent que par Excel et Access (<em>vade retro</em> !) planent dix niveaux de compétence au-dessus de lui.</p>
<p>Comme je suis quelqu’un de trop miséricordieux, ma deuxième pensée est que cela lui a peut-être été imposé par un chef stupide, par sa simple ignorance de non-technicien pas formé au maniement des bases de données, par des objets tellement différents qu’aucun schéma ne se distinguait clairement, par un administrateur de base peu coopératif voire ouvertement hostile (à fusiller aussi) ou au contraire absent, par des contraintes en temps démentielles.</p>
<p>Cependant, n’importe quel concepteur après quelques semaines d’expérience sait que toute donnée doit pouvoir être récupérée ailleurs. Et tout flanquer en vrac n’est PAS une bonne idée.</p>
<p>À moins que ce ne soit un de ces adeptes des technologies empilées, qui considérait que l’accès au moindre objet ne devait surtout pas se faire directement dans la base (ce qui se défend), mais impérativement en passant par des <em>web services</em> qui attaqueraient un serveur d’application Java qui interrogerait Oracle lui-même, créerait les objets et les ferait communiquer avec toute autre application. Sauf que le monde réel ne fonctionne pas comme ça mais préfère souvent le simple et brutal : « toi causer SQL ? » (<strong>Mise à jour de 2011</strong> : Tiens, je viens d’en rencontrer une, une appli comme ça : il faut que les développeurs préparent des vues exprès pour les accès extérieurs, sinon c’est sans espoir. Encore est-ce excusé par une flexibilité démoniaque.)</p>
<p>Ou encore est-ce un employé de SAP, où l’accès à la base est aussi <em>streng verboten</em>, mais qui <del>offre</del> vend des interfaces de communication avec le monde extérieur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/16/252-par-paquets-de-5">qui m’ont déjà fait hurler</a> mais qui ont le mérite d’exister et de fonctionner.</p>
<p>Ma quatrième pensée replace le problème dans sa perspective historique : autrefois, au néolithique où une application ne quittait pas le <em>mainframe</em> où elle tournait, à l’époque où le concept de « réseau d’entreprise » relevait de la science-fiction (« mais il nous faudrait un <em>autre</em> ordinateur » !), les formats de données étaient propres à chaque application.</p>
<p>Plus tard, dans les temps protohistoriques où les PC se répandaient chez les particuliers, les applications ne communiquaient toujours pas entre elles, et le format de données était contraint par la taille du fichier et la vitesse de chargement. <a href="http://www.gnu.org/philosophy/no-word-attachments.fr.html">Et puis le verrouillage du format de fichiers est un moyen de garder des clients captifs</a>.</p>
<p>À notre époque connectée et distribuée, l’utilisation d’un format totalement fermé (et ici c’est de verrouillage complet au niveau technique qu’il s’agit, même pas de secret industriel, puisque même les concepteurs ne peuvent aisément corriger le problème !) relève du blasphème.</p>
<p>Ma cinquième pensée est une vacherie que mon cerveau a du mal à ne pas généraliser : « tiens, c’était encore un Indien »...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/10/22/518-comment-ne-pas-utiliser-une-base-de-donnees#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/462« Pour la Science » de décembre 2008 : sauropodes qui fermentent, mer Aral qui remonte.urn:md5:2ac77f157b3697c8438b8f4268b716022008-11-26T00:00:00+01:002011-06-02T11:00:19+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéauto-organisationcatastropheclimatconquête de l’inutileconquête spatialedinosauresdéterminismeeauenfantsenseignementgaspillageGauloisgéologieMarsmathématiquesoptimismeperspectivesciencetourismeécologieéducationémerveillement<p>Plein de petites choses.</p> <p>Un bon numéro de ma revue non informatique préférée. Sélection-flash (<em>en italique mes commentaires purement personnels</em>) :</p>
<ul>
<li>Un article sur la <strong>réforme du lycée</strong> où la part des sciences risque de ne pas sortir grandie, pour employer un euphémisme.<br /><em>Je ne ferai aucun commentaire sur notre Éducation nationale car je ne veux pas m’énerver.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit article sur la <strong>vision des bébés</strong> : c’est très flou les premiers mois.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Union Européenne étudie comment encadrer le <strong>tourisme médical</strong> (<em>pas forcément un mal en soi</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le meilleur article : <em><strong>Les sauropodes, géants habiles</strong></em>. <br />Les sauropodes, ce sont ces diplodocus, brachiosaures, titanosaures et autres bestioles, herbivores gigantesques, les plus pesantes créatures terrestres connues.<br />Les dernières découvertes établissent que ces animaux étaient bien terrestres et pas amphibies, à sang chaud, et nettement plus actifs que les représentations anciennes de l’imaginaire collectif.<br />Les causes du gigantisme de la famille sont floues. Fondamentalement, les sauropodes étaient de gigantesques sacs à fermentation de conifères, et plus gros le tas à fermenter dans le ventre, plus grande la chaleur et meilleure est la fermentation, ce qui encourage le gigantisme de la panse. Le reste (protection contre les prédateurs, taille utile pour atteindre les arbres) était probablement du bonus. De plus, les jeunes croissaient à une vitesse impressionnantes, ce qui en dit long sur la solidité de leurs os.<br />Me fait toujours sourire la correspondance de ces énormes animaux avec les oiseaux actuels : en l’occurence, l’article mentionne des vertèbres creuses (pour alléger le cou) et les gastrolithes (cailloux dans le gésier pour aider à la digestion).<br />La position exacte du cou reste matière à discussion, ainsi que leurs capacités cérébrales (ils étaient sociaux donc pas forcément si crétins que la tradition le dit).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article a sans doute donné à un scénariste d’Hollywood les idées pour un film-catastrophe : <strong>la tempête solaire du millénaire</strong> nous pend au nez. J’en reparlerai ici. (<strong>Mise à jour</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/11/23/Le-bug-solaire-qui-nous-pend-au-nez">C’est fait !</a>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article sur <strong>les dunes de Mars</strong> peut intéresser du monde. <br /><em>Le plus important pour moi réside dans les réflexions sur les théories sur la formation des dunes qui ont dû être revues après confrontation avec les photos satellite des déserts martiens : quelques mesures contre la désertification sur Terre viendront-elles indirectement des enseignements des dunes martiennes ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Si vous êtes <strong>migraineux</strong>, un article vous apprendra que :</li>
</ul>
<ol>
<li>vous avez quelques centaines de millions de compagnons de souffrance, et :</li>
<li>la cause est une tare dans vos gênes.</li>
</ol>
<ul>
<li>L’autre article passionnant du numéro porte sur la <strong>Mer d’Aral</strong>, cette mer asiatique dont le niveau baisse constamment depuis des décennies à cause des plantations de coton ouzbekhs et kazakhs, et actuellement réduite à une fraction de sa surface d’autrefois. L’article relate les tentatives, notamment kazakhs, de sauver des parties de la mer ou au moins des écosystèmes parallèles. Le problème est principalement économico-humain (l’irrigation gaspille l’équivalent du débit des fleuves qui s’y jettent encore) mais la tonalité est optimiste.<br /><em><a href="http://www.dinosoria.com/mer_aral.htm">Voir aussi cette page avec quelques photos impressionnantes</a>.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Ceux que l’<strong>ordinateur quantique</strong> intéresse apprendront que des progrès ont été réalisés grâce à des chaînes d’ions. Moi j’attends de voir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cinq pages intéressantes sur l’<strong>historique de la jachère</strong>.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article mensuel de l’excellent Jean-Paul Delahaye sur la <strong>dissection articulée de polygones</strong> m’a personnellement laissé froid. À voir tout de même, <a href="http://www.cs.purdue.edu/homes/gnf/book2/Booknews2/lalanne.html" hreflang="en">l’impressionnante photo d’une application en menuiserie</a>. Une autre application possible serait l’auto-organisation des nanoparticules selon le milieu.</li>
</ul>
<ul>
<li>Maintenant je sais comment fonctionnent les <strong>chaufferettes chimiques</strong> à base d’acétate de sodium en surfusion. Ce n’est <em>pas</em> le clic du petit bout de métal qui déclenche la solidification !</li>
</ul>
<p>Pas la peine d’acheter le magazine rien que pour ce qui suit, ce sont des brèves :</p>
<ul>
<li>Un petit article sur <strong>les rayons X émis par le scotch</strong> qui se déroule !</li>
</ul>
<ul>
<li>L’hypertension est en partie liée au manque d’H2S dans le sang. Oui, c’est le gaz des boules puantes.</li>
</ul>
<ul>
<li>« La conjecture d’ergodicité quantique unique, qui prédit le comportement des systèmes chaotiques quantiques, est en partie résolue. »<br /> <em>J’en suis fort heureux.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Une nouvelle méthode de prévision des tremblements de terre à base de détection de certains gaz libérés par les failles sous-marine évitera peut-être aux stambouliotes<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#pnote-494-1" id="rev-pnote-494-1">1</a>]</sup> de finir en grand nombre sous leurs immeubles le jour du Big One. <br /><em>N’achetez pas dans l’immobilier local sans certitude absolue du respect des normes antisismiques de l’immeuble. Dans ce cas, la corruption tuera.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Les Gaulois clouaient bien les têtes de leurs ennemis à leur maison.</li>
</ul>
<ul>
<li>Certains gènes s’expriment au hasard. <br /><em>Le déterminisme génétique pur et dur prend un nouveau coup.</em></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#rev-pnote-494-1" id="pnote-494-1">1</a>] <em>Habitants d’Istanbul.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Pour-la-Science-de-decembre-2008#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/494« Homo disparitus » (“The World Without Us”) d’Alan Weismanurn:md5:195abc6a98ec3bab0e66fd2540de41da2008-08-25T19:36:00+00:002011-06-01T13:34:58+00:00ChristopheTemps et transformationsautodestructioncataclysmeeffet de serreentropiegaspillageguerregéologiehistoireperspectivepessimismepollutionsciencescience-fictionspéculationécologieéonsévolution<p>Et si l’humanité disparaissait du jour au lendemain, quelles traces laisserions-nous ? Alan Weisman décrit la désintégration progressive des restes de notre civilisation. Le plus durable n’est pas le plus évident. Et on ne le devinera pas sans de gros efforts de perspective historique.</p> <p><em>Homo disparitus</em> frappe plus que le titre original (<em>Le monde sans nous</em>) mais relève du mensonge : dans le monde que décrit l’essai d’Alan Weisman, il ne reste <em>aucun</em> membre du groupe <em>homo</em>.</p>
<p>La cause possible de notre anéantissement soudain n’est pas creusée et reste en exercice au lecteur, il suffit que l’apocalypse nucléaire ne vitrifie pas la planète.</p>
<p>La disparition des traces de l’homme progresse <em>crescendo</em> : si le chapitre 2 s’étend sur la décrépitude en quelques décennies de simples maisons sous le coup des cycles gel-dégel, des spores, et d’entreprenantes racines, l’effondrement rapide d’un New York tributaire des pompes qui protègent son sous-sol suit vite. Un passage sur les masses monstrueuses de plastique non biodégradables que nous laisserons derrière nous précède un résumé assez apocalyptique de ce qui attend la ribambelle de barrages, raffineries et centrales nucléaires réparties sur la planète. Le final s’étend sur ce qui témoignera le plus longtemps de notre civilisation : des statues de bronze parfois déjà millénaires, des grottes et tunnels, les montagnes que nous avons façonnées (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Rushmore">mont Rushmore</a> ou collines décapitées pour leur charbon), les ondes et quelques sondes qui ont quitté la Terre voire le Système solaire.</p>
<p>Mais la description jouissivement morbide de la déliquescence de notre civilisation est une partie relativement maigre. La perspective historique semble plus lourde au premier abord : Weisman s’étend longtemps sur la conquête de l’Amérique par l’homme, l’écosystème de Manhattan avant la ville, les troglodytes turcs, l’histoire des engrais, celle du canal de Panama, l’effondrement de la civilisation maya, les avicides perpétrés plus ou moins volontairement par l’homme par sa seule présence, etc.</p>
<p>Cependant, ce n’est pas vain, le passé nous renseigne sur ce que sera le futur. En effet, des villages abandonnés retournés à la forêt primitive existent déjà : j’ai bien aimé le passage où un pommier au sein d’une forêt de chênes indique une ancienne habitation proche avalée par la forêt en quelques siècles ; après tant de temps il ne restera d’ailleurs de villes entières que les bouches d’incendie en fonte et des canettes d’aluminium. Nous pouvons même étudier en temps réel la déliquescence de <a href="http://www.jjkphoto.ch/photo_pripyat.htm">Pripiat</a> la radioactive ou de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Varosha_(Famagusta)" hreflang="en">Varosha</a> à Chypre, deux cités fantômes encore debout mais où le travail de sape végétal a commencé.</p>
<p>Une autre leçon du passé est la description comparée de l’action de l’homme préhistorique en Amérique (où la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mégafaune">mégafaune</a> a disparu) et en Afrique (où l’homme cohabite avec l’éléphant), obtenant des paysages très différents au final. Si le super-prédateur qu’est l’homme disparaît, le paysage changera à nouveau, même dans les contrées encore rurales. (Voir comme exemple <a href="http://www.zuneo.net/2004/06/quand-les-loups-font-pousser-les.html">la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone qui en a modifié paysage et écosystème</a>.)</p>
<p>La question de ce qui restera après nous pose immédiatement celle de ce qui est <em>déjà</em> détruit ou en voie de l’être, ou des destructions visibles que laissera notre civilisation. Un des passages les plus effrayants, car décrivant une catastrophe <em>en cours</em> concerne le plastique : il se fragmente mais les bactéries sont encore incapables de le dégrader, et ses morceaux de plus en plus minuscules finissent par étouffer des espèces de plus en plus petites. L’océan est un vaste dépotoir où flottent des millions de sacs, bouteilles... jamais dégradés.</p>
<p>Moins tragique, Weisman évoque les espèces animales qui nous regretteront : nos parasites (poux...), les cafards qui ne passeront plus d’hiver au chaud, les rats qui n’auront plus nos déchets, et devront se battre avec tous les chats redevenus sauvages...</p>
<p>Le signet fourni avec le livre contient une échelle temporelle égrenant la disparition de nos traces :</p>
<ul>
<li>2 jours après la disparition : sans stations de pompage, l’eau commence à saper New York par son métro ;</li>
<li>à 7 jours, l’arrêt de nombre de génératrices de secours dans diverses centrales et installations chimiques fait débuter les feux d’artifices nucléaires et les pollutions massives ;</li>
<li>dans les décennies qui suivent, les immeubles sans entretien ni chauffage disparaissent sous les assauts de la végétation, les mouvements du sol, les cycles gel-dégel ; les légumes et plantes que nous connaissons redeviennent sauvage ;</li>
<li>au bout de quelques siècles, les ponts les plus solides ont trop rouillé pour tenir (les plus récents et « optimisés » s’effondrent les premiers), les barrages cèdent tous, les fleuves retrouvent leur cours naturel, des deltas se remplissent ; les forêts ont effacé la présence humaine dans la plupart des endroits ;</li>
<li>les millénaires suivants éradiquent les traces visibles au-dessus du sol (notamment si les glaciations reviennent et broient tout) ;</li>
<li>après 100 000 ans, le CO2 que nous avons injecté dans l’atmosphère aura enfin été digéré par Gaïa ;</li>
<li>dans le million d’années qui suit devraient disparaître le plutonium et le plastique digéré (enfin) par les microbes ;</li>
</ul>
<p>En dernier recours, notre civilisation laissera un joli stock d’uranium 238 qui sera encore là quand la Terre disparaîtra, et pas mal de saletés genre PCB ou objets en fonte ou bronze qui se retrouveront peu à peu compressés dans des strates géologiques.</p>
<p><a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/2008/08/vestiges-dhier-et-de-demain.html">Voir aussi une critique enthousiaste du même livre par l’auteur de SF canadien Jean-Louis Trudel.</a></p>
<p>Sur le même thème on trouvera aussi <a href="http://environment.newscientist.com/article/mg19225731.100.html" hreflang="en">un article du New Scientist en ligne</a> avec quelques informations supplémentaires, et <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=06/10/18/2138247" hreflang="en">quelques réactions sur mon site geekesque favori</a>.</p>
<p>Entre autres remarques :</p>
<ul>
<li>les civilisation qui pourraient venir après nous auront bien du mal à décoller techniquement car nous aurons éliminé toutes les sources faciles d'accès de pétrole ou minerai ;</li>
<li>d’un autre côté, nos anciennes décharges, ou les ruines de nos cités, contiendront des métaux et autres matériaux sous forme assez concentrée ;</li>
<li>des extraterrestres débarquant 100 000 ans après nous ne verraient rien au premier abord... jusqu’à la découverte d’une extinction massive de nombre d’espèces à notre époque.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/472Transposition d’un hack civilisationnel à la réalitéurn:md5:cee71040cf6fb3cc38824a46ac99318b2008-08-17T19:19:00+00:002008-11-23T21:02:23+00:00ChristopheHistoirecitationdémocratiehistoirejeulibertéperspectivepessimismereligionsimulation<p>“<em>Actually, a friend of mine and I figured out a pretty serious flaw in </em>Civilization II<em> that makes it easy to conquer the world.</em>”</p> <blockquote><p>“<em>Actually, a friend of mine and I figured out a pretty serious flaw in </em>Civilization II<em> that makes it easy to conquer the world. Make discovering Democracy your primary goal. Don't worry about building any Wonders except for the Great Library and Great Wall. After you discover Democracy, build the Statue of Liberty, then revolt and switch over to Fundamentalism. You get zero corruption, zero support costs for units and all citizens are content, so you don't have to worry about cities revolting! Your research is slowed down to nothing, but that's why you built the Great Library. You still get the advances! Now that you're a Funadamentalist regime, just have your cities crank out diplomats and buy your opponents cities by inciting revolt! You can roll over a continent in a few hundred years if you've got decent enough roads.</em>”<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~XxtraLarGe/">XxtraLarGe</a>, <a href="http://slashdot.org/">Slashdot.org</a>, 12 septembre 2005</p></blockquote>
<p>Faire le lien avec une grande démocratie actuelle un peu trop versée dans la religion et le sécuritaire, et commenter.</p>
<p>(Oui, j’ai la flemme de traduire.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/17/526-transposition-d-un-hack-civilisationnel-a-la-realite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/468« On fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres... »urn:md5:27a0cb41bb5b8bd3d2fc47ef21ce980a2008-07-29T21:18:00+00:002011-06-01T13:11:34+00:00ChristopheScience et consciencecitationorganisationperspectivesciencethéorie <blockquote><p>« Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n'est une maison. »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Poincaré">Henri Poincaré</a>, <em><a href="http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?scihyp2">La science et l’hypothèse</a></em>, 9</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/29/528-on-fait-la-science-avec-des-faits-comme-une-maison-avec-des-pierres#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/470Le Paradoxe de Fermiurn:md5:af8cf0540161e644fbfab82647b93ec52008-06-08T19:46:00+00:002017-04-01T20:17:25+00:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationcataclysmechaosconquête spatialecosmologieDieudétectionentropieextraterrestresgalaxiesguerreintelligenceJupiterLuneouverture d’espritpanspermieparadoxeparanoïaperspectivescience-fictionspéculationuniversvirtuelécologieéconomieémerveillementéonsévolution<p>« Pourquoi les petits hommes verts ne sont-ils pas déjà là ? »</p>
<p>C’est pour moi l’une des énigmes les plus passionnantes de notre temps ; elle a l’air simple mais les implications scientifiques ou philosophiques sont en fait monstrueuses. On pourra jeter un œil à l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">article Wikipédia adéquat</a> que je n’ai pas l’intention de paraphraser.</p> <p>Le paradoxe de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enrico_Fermi">Fermi</a> est en fait une grande question : « <strong>où sont-ils ?</strong>».</p>
<p>Une des réponses possibles est évidemment : « ils n’existent pas, nous sommes seuls. ». Répond alors immédiatement l’angoissante « <strong>mais pourquoi serions-nous les seuls dans l’univers ?</strong> ». Une autre réponse envisageable est : « ils sont peut-être là, mais désespérément trop loin. »</p>
<p>Le nombre de sous-entendus dans ces questions est fascinant, ne serait-ce que dans toutes les étapes nécessaires à l’apparition d’une vie intelligente, aux problèmes scientifiques et économiques pour qu’elle nous rende visite, et dans les implications <em>pour notre avenir</em> si effectivement, il n’existe aucune vie intelligente assez près pour venir nous voir. Ajoutons les difficultés de reconnaître les ETs.</p>
<h3>Principe</h3>
<p>Le paradoxe de Fermi se résume ainsi :</p>
<ul>
<li><em>supposons</em> une espèce intelligente capable de développer le vol interstellaire ;</li>
<li><em>ne supposons même pas</em> qu’elle soit capable d’atteindre des vitesses relativistes : les voyages interstellaires réclament donc des siècles (de tels voyages semblent à notre portée un jour) ;</li>
<li><em>supposons</em> que chaque système solaire colonisé prenne son temps et n’envoie des vaisseaux vers d’autres étoiles qu’après plusieurs centaines d’années (le temps de coloniser, construire une économie, exprimer à nouveau le besoin de migrer) ;</li>
<li><em>alors</em>, même à cette allure d’escargot, en quelques <em>millions</em> d’années cette civilisation se sera répandue dans <em>toute</em> la galaxie (200 à 400 milliards d’étoiles réparties sur un disque de moins de 100 000 années-lumière de diamètre, et la plupart ne doivent pas abriter de planète intéressante) ;</li>
<li><em>or</em> notre galaxie a une bonne dizaine de <em>milliards</em> d’années d’existence (strict minimum), ce qui représente plusieurs fois la durée nécessaire à l’apparition de l’intelligence sur Terre ; donc la conquête d’une galaxie s’effectue <em>en un clin d’œil</em> à l’échelle galactique et même à l’échelle de l’évolution d’une planète ;</li>
<li><em>mais</em>, <em>apparemment</em>, les extraterrestres ne sont pas venus s’installer chez nous, ils ne nous ont pas contacté, nous ne voyons aucun phare stellaire, nous ne captons aucune émission, bref il n’y a aucune manifestation de leur présence ;</li>
<li><em>donc</em> : « où sont-ils ??? » ... et « pourquoi serions-nous seuls ? »</li>
</ul>
<p>La fameuse <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a> tente de fournir une estimation du nombre de civilisation dans la galaxie. Selon le choix des paramètres, elle peut fournir un nombre entre 1 (nous) et des millions. Ce qui ne nous avance guère mais pose au moins le problème de tous les facteurs impliqués : nombres d’étoiles et planètes favorables à la vie, probabilité d’apparition de la vie, de son accession à l’intelligence, bien sûr, mais aussi la durée de vie d’une civilisation avant son éventuelle disparition...</p>
<h3>Les solutions au paradoxe</h3>
<p>Comme tout paradoxe, celui de Fermi se résoudra par la révélation d’une erreur dans un de ses présupposés. On peut penser à de très nombreuses possibilités pour expliquer l’absence de visiteurs extraterrestres alors qu’ils sont censés pulluler. Certaines sont hautement discutables, voire fausses si on réfléchit. D’autres sont simplement spéculatives. Certaines ne font que reculer d’un pas, et ne résolvent en fait pas le paradoxe.</p>
<p>La liste suivante est non exhaustive. Je serai heureux de compléter par toute idée des gens passant sur cette page. Je me retiens de commenter en détail chaque option, il y aurait matière à un livre, et j’ai bien l’intention de creuser quelques points sur ce blog.</p>
<p>1) <strong>Nous sommes vraiment seuls</strong></p>
<ul>
<li>La Terre est la seule planète qui abrite la vie :
<ul>
<li>La combinaison de la position par rapport au soleil, de la composition atmosphérique, de celle du sol, de la gravité, du puissant champ magnétique protecteur, du bouclier anti-météorites qu’est Jupiter, de l’effet stabilisant d’une Lune hypertrophiée, etc., etc... est unique et seule capable de créer la vie.</li>
<li>Même dans des conditions identiques, la probabilité d’apparition de la vie est infime.</li>
<li>La Terre est seule à ne pas posséder un poison quasiment universel.</li>
<li>Notre coin de la Galaxie est privilégié et le reste est moins stable, moins accueillant.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>La vie est courante mais l’intelligence rarissime :
<ul>
<li>La vie complexe (au-delà des bactéries et autres organismes unicellulaires) est rarissime. (Se rappeler que la vie animale relativement évoluée comme nous la connaissons n’existe pas depuis plus d’un demi-milliard d’années alors que la vie prospère depuis 4 milliards.)</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence est un accident. Elle ne voit que la lutte pour la survie des individus, et ne mène pas forcément à des espèces aussi complexes que nous. Des espèces comme les dinosaures pourraient dominer la planète des centaines de millions d’années sans forcément pouvoir accéder à l’intelligence à cause de contraintes biologiques, et resteraient piégées dans leur « maximum local ».</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence nécessite en général plus de temps que la durée pendant laquelle une planète est habitable.</li>
<li>Plus généralement, l’apparition d’une vie complexe, puis intelligente, nécessite un savant mélange de stabilité et de phénomènes catastrophiques qui « redistribuent les cartes » assez souvent mais pas trop.</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence est la cause de l’extinction systématique d’une espèce voire de son écosystème entier (voir plus loin).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a une intervention quasi-divine :
<ul>
<li>Dieu (ou un quelconque équivalent créateur de l’Univers) a créé le monde avec une humanité solitaire.</li>
<li>La Matrice où nous vivons est conçue pour que l’humanité soit seule (du moins dans son coin de l’univers).</li>
<li>L’Histoire a été remaniée pour en supprimer toute autre espèce intelligente (cf <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/19/502-the-end-of-eternity-d-isaac-asimov">la Fin de l’Éternité</a></em> d’Asimov).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_anthropique">Principe anthropique</a> : puisque nous existons, et qu’il n’y a pas de raison que nous soyons plus privilégié qu’une autre civilisation, et que nous ne voyons aucun extraterrestre, cela signifie que la vie <em>est</em> rarissime. Dans ce cas, pourquoi y aurait-il d’<em>autres</em> civilisations tout près ?<br />Le simple fait que nous soyons là implique que l’univers est assez hospitalier pour nous, y compris dans son absence de civilisations prédatrices, donc peut-être de civilisations étrangères tout court (<em>probablement</em>...).</li>
</ul>
<p>2) <strong>Nous ne sommes pas seuls mais le contact est improbable.</strong></p>
<ul>
<li>L’intelligence est rare et les distances entre civilisations trop longues pour espérer qu’elles se rencontrent avant des milliards d’années.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les distances interstellaires sont en pratique infranchissables, et les communications entre civilisations difficiles voire impossibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les autres intelligences nous sont à jamais étrangères, et nous n’arriverons même pas à les reconnaître.
<ul>
<li>La vie sous la forme que nous connaissons est une aberration et nous empêche de reconnaître les autres intelligences (qui sont des ondes sentientes ou des pierres philosophes, ou raisonnent à des échelles de temps tellement différentes que la reconnaissance est impossible).</li>
<li>Elles utilisent toutes des technologies et philosophies étrangères les unes aux autres.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>L’intelligence est courante, mais pas la civilisation technique.
<ul>
<li>L’apparition d’une civilisation scientifique et technique comme la nôtre est rarissime, les autres chassent, philosophent ou prient toute la journée sans dépasser le stade protohistorique (comme auraient pu le faire des <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents">dinosaures intelligents</a>).</li>
<li>Les intelligences maritimes (comme les dauphins) sont matériellement incapables de développer une civilisation technique.<br />(<strong>Mise à jour de 2011</strong> : Lu récemment un article expliquant que le système solaire est plus riche que la normale en métaux lourds, grâce à une origine dans les ruines d’une supernova ; or ces métaux lourds augmentent la radioactivité et donc la chaleur interne des planètes, forçant l’évaporation de l’eau : sans cela la Terre serait une planète-océan, sans animaux terrestres ).</li>
<li>Plus généralement, la combinaison pied/main/terre ferme/intelligence est propre à l’homme.</li>
<li>Même évoluée, aucune autre civilisation n’a réussi à dépasser le stade de la civilisation esclavagiste qui bride tout progrès technique.</li>
<li>Seul l’homme s’intéresse à l’espace et aux étoiles. Il se pourrait qu’il soit le seul à les voir (des taupes, des dauphins, des fourmis... penseraient que le monde est fini).</li>
</ul></li>
</ul>
<p>3) <strong>Une civilisation ne colonise jamais une grande fraction de la galaxie ni ne communique bien loin.</strong></p>
<ul>
<li>Il est matériellement impossible à une civilisation de s’étendre loin de son système solaire :
<ul>
<li>Les distances interstellaires sont trop grandes pour pouvoir les franchir à des vitesses non relativistes, et les vitesses relativistes sont impossibles à obtenir en pratique.</li>
<li>Le vol interstellaire offre des obstacles inconnus en plus des distances incommensurables et du temps de voyage.</li>
<li>Aucune civilisation capable de vol interstellaire n’arrive à maintenir une dynamique d’expansion pendant les centaines de milliers d’années que nécessite la colonisation d’une part importante de la galaxie.</li>
<li>Toute expansion galactique implique la fragmentation d’une civilisation, des conflits voire des guerres, qui causent sa perte.</li>
<li>Les contraintes économiques (qui découlent des contraintes physiques et matérielles universelles) rendent la colonisation d’autres systèmes solaires impraticables (difficulté de terraformation, délais, etc.). Le coût faramineux de la conquête spatiale ne se justifierait jamais, sauf crise interne (démographique, guerre...) qui soit mènerait à la fin de la civilisation avant, soit serait résolue avant que la conquête soit sérieusement entamée et économiquement soutenable. (Le cas se présente déjà chez nous : la conquête de la Lune est fille de la Guerre Froide, et nous n’y sommes pas retourné.)</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les civilisations ne cherchent pas à s’étendre dans la galaxie :
<ul>
<li>Seuls les hommes ont une réelle envie d’aller coloniser toujours plus loin. Comme la Chine de la Renaissance et d’après, la plupart des civilisations se contentent de se regarder le nombril.</li>
<li>Quand une civilisation arrive au niveau technologique permettant le voyage interstellaire, elle a forcément perdu le dynamisme et le goût de l’expérimentation — sinon elle se serait autodétruite plus tôt.</li>
<li>Avant même de conquérir les étoiles, chaque civilisation découvre un jour d’autres univers plus accessibles qui l’en détournent :
<ul>
<li>les mondes virtuels (<em>World Of Warcraft</em> n’est qu’un début, et l’expansion de ces mondes ne dépend que de l’énergie disponible) ;</li>
<li>les univers parallèles (cf <em>Demain les chiens</em> de Clifford Simak) ;</li>
<li>d’autres mondes au sein même de son système solaire (<em>ibid.</em>).</li>
</ul></li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les communications intergalactiques par radio ou autre moyen sont impossibles (noyées dans les parasites...).</li>
</ul>
<p>4) <strong>Les civilisations sont mortelles et ne durent pas assez longtemps</strong>.</p>
<ul>
<li>Toute civilisation finit par se détruire elle-même, sinon sa planète, dans une crise de croissance :
<ul>
<li>L’expansion démographique incontrôlée mène à des crises économiques fatales par manque de ressources, voire des guerres.</li>
<li>L’apocalypse atomique a forcément lieu à une époque ou une autre (pour notre part, nous avons évité la IIIè Guerre Mondiale, mais une guerre atomique reste plausible).</li>
<li>Des armes bactériologiques trop radicales sont forcément utilisées dans une guerre, voire involontairement.</li>
<li>Aucune civilisation n’arrive à atteindre un niveau de sagesse collective assez rapidement avant que les armes de destruction massives ne soient accessibles à des fous (sommes-nous encore à l’abri ?).</li>
<li>(<strong>Ajout de 2011</strong>) Une civilisation qui découvre l’informatique, la robotique… se repose trop vite dessus et fatalement arrive un pépin qui fait s’effondrer cette civilisation :
<ul>
<li>cette informatique se retourne même contre ses créateurs (l’option <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Skynet_(Terminator)" hreflang="en">Skynet</a></em>) ;</li>
<li>au mieux les humains ou extraterrestres deviennent technophobes ; au pire ils disparaissent.</li>
</ul></li>
<li>Les perturbations de l’écosystème planétaire lors de la croissance sont à terme fatales à toutes les civilisations avant qu’elles puissent quitter leur système solaire.</li>
<li>Toutes les civilisations épuisent leur planète avant d’avoir réussi à atteindre le stade interstellaire, et ne peuvent progresser plus loin.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Toute civilisation qui survit à sa crise de croissance à l’ère industrielle finit alors par sombrer dans l’hédonisme, le confort, la paresse, sans forcément que ce soit assimilable à une décadence — toujours est-il qu’elle ne se donne alors pas la peine d’explorer la Galaxie.</li>
</ul>
<p>5) <strong>Les civilisations ne peuvent cohabiter.</strong></p>
<ul>
<li>Scénario <em>Independance Day</em> : la première civilisation apparue dans la galaxie se pose en prédatrice, par nature, besoin ou précaution, et, favorisée par son avance technologique, élimine toutes les autres qui pourraient lui faire de l’ombre (violemment ou subtilement), ou du moins les empêche de quitter leur planète.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le scénario des <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Von_Neumann_probe#Implications_for_Fermi.27s_paradox" hreflang="en">machines autoréplicantes de Von Neumann</a> est inquiétant : tôt ou tard, une civilisation assez évoluée crée une espèce de machines capable de se reproduire toutes seules à partir des ressources des planètes rencontrées.<br />Elles peuvent servir d’avant-garde pour l’exploration, mais le taux d’accroissement forcément gigantesque de ces machines implique qu’une fois lâchées dans l’espace libre elles éradiqueront toute concurrence, c’est-à-dire toute civilisation (et éventuellement celle qui leur a donné naissance).</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus généralement : les civilisations qui se manifestent (en se répandant, en émettant inconsidérément des ondes radio...) tombent victimes des prédateurs ci-dessus ou d’un autre danger quelconque ; les autres se terrent. La vie intelligente n’est pas forcément rare, mais elle est cachée.</li>
</ul>
<ul>
<li>La dernière guerre galactique (éventuellement au sein d’une seule espèce) a ramené toutes les civilisations au stade préindustriel, ou pire :
<ul>
<li>Nous sommes la dernière espèce intelligente de la galaxie.</li>
<li>Les espèces précédentes ont été annihilées et nous faisons partie de la vague suivante des nouvelles civilisations, dont aucune ne s’est encore répandue très loin dans la galaxie.</li>
<li>Notre développement a été inhibé jusqu’à la disparition de l’espèce précédente.</li>
<li>(<strong>Ajout de 2011</strong>) Ceci peut être un cycle qui se répète tous les quelques milliers d’années dans chaque coin de la Galaxie, garantissant que l’espace ne sera jamais bien rempli, ou qu’une civilisation a une forte probabilité d’être la seule dans un certain espace, puisque le vide se fait très vite au-delà d’une certaine densité.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>6) <strong>Le « zoo spatial »</strong></p>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas seuls, mais les extraterrestres s’interdisent de nous rencontrer.
<ul>
<li>Les communications sont bloquées et interdites.</li>
<li>Notre espace proche est délibérément protégé de toute manifestation apparente extraterrestre.</li>
<li>Les rencontres du IIIè type avec des explorateurs ou des touristes arrivent de temps à autre (OVNI) mais nous semblent tellement extraordinaires que nous n’y croyons pas.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils nous étudient de loin jusqu’au jour où nous serons :
<ul>
<li>civilisés et fréquentables ;</li>
<li>trop dangereux pour être tolérés plus longtemps ;</li>
<li>en train de nous suicider collectivement ;</li>
<li>bons à manger.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils n’ont pas <em>besoin</em> de venir jusque sur Terre pour nous connaître. Un télescope à des années-lumière peut suffire pour tout savoir sur nous.
<ul>
<li>Et chaque civilisation se contente de regarder ainsi les autres (ce qui permettrait d’ailleurs de communiquer) sans investir dans les voyages interstellaires.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Le refus des extraterrestres de communiquer peut s’expliquer de mille façons :
<ul>
<li>Ils nous protègent contre des influences qui nous détruiraient si nous les rencontrions trop tôt.</li>
<li>Ils ont peur d’espèces encore immatures comme la nôtre.</li>
<li>Ils nous « élèvent » en dirigeant à un degré ou un autre notre évolution (hypothèse <em>2001</em>), ou pas du tout, en attendant de voir ce que cela donnera.</li>
<li>Ils se contrefichent d’espèces inférieures comme la nôtre (de la même manière qu’un humain ne cherche pas à communiquer avec des fourmis).</li>
<li>Nous sommes dans une « réserve » protégée en attendant que nous grandissions.</li>
<li>Ils jouent avec nous comme nous comme dans un jeu vidéo (comme dans un <em>Populous</em> ou un <em>Sim City</em> géant).</li>
</ul></li>
</ul>
<p>7) <strong>Ils sont là (en tout cas pas trop loin) et nous ne les voyons pas.</strong></p>
<ul>
<li><em>(Hypothèse paranoïaque)</em> Les « petits gris » dirigent déjà notre monde en sous-main.
<ul>
<li>Éventuellement, plusieurs factions d’une « guerre froide » cherchent à mettre la main discrètement sur notre planète.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils sont là et ce sont les dauphins (hypothèse défendue dans le <em>Guide galactique</em> de Douglas Adams), les baleines à bosse (cf <em>Star Trek</em>), les chats et les chiens (<em>Cats & Dogs</em>), les <em>colonies</em> de fourmis ou termites, des rochers à la perception trop lente pour nous, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ils sont passés alors que nous n’étions pas encore là, et n’ont même pas laissé de poste d’observation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les communications entre civilisations nous sont inaccessibles :
<ul>
<li>Elles utilisent des technologies encore inconnues. Le SETI écoute les ondes radio de la même manière qu’un Indien chercherait les signaux de fumée des Blancs sans reconnaître un fil télégraphique.</li>
<li>Elles sont indiscernables d’un bruit car trop bien cryptées/compressées.</li>
<li>Pour économiser l’énergie elles sont focalisées sur leur cible, et nous ne pouvons pas les capter.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les manifestations « macroscopiques » des extraterrestres nous sont masquées :
<ul>
<li>Nous interprétons comme artefacts naturels des chefs d’œuvre d’ingénierie interstellaire (supernovas, quasars...).</li>
<li>Une civilisation assez évoluée économise l’énergie et réduit donc sensiblement ses émissions sur toutes les longueurs d’onde (une <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson">sphère de Dyson</a> masque même une étoile — (<strong>Ajout de 2011</strong>) quoique certains <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie">cherchent les émissions infrarouges que la sphère doit forcément émettre</a>).</li>
<li>Les civilisations se cachent pour éviter d’être repérées par d’autres espèces éventuellement agressives.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>8) <strong>Ils sont déjà là, et c’est nous.</strong></p>
<ul>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Panspermie">panspermie</a> <em>est</em> le moyen choisi par la première civilisation intergalactique pour se répandre dans l’univers.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous <em>sommes</em> ces fameuses machines de von Neumann, dont les plus efficaces fonctionnent à base d’ADN.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous sommes les descendants d’une entité de colonisation.
<ul>
<li>Nous avons colonisé ce monde en adaptant notre biologie à celle dominante, ce qui explique notre apparente proximité avec le reste du monde.</li>
<li>Nous avons pris possession des cerveaux de la première espèce capable de les accueillir.</li>
<li>Les extraterrestres ont pris la place de dieux ou de rois autrefois, et ont dominé le monde ; ils ont disparu mais nous ont laissé les bases de la civilisation.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>9) <strong>Problèmes fondamentaux rendant le paradoxe insoluble</strong></p>
<ul>
<li>Nous ne connaissons pas grand-chose en-dehors de notre civilisation sur notre planète, et nous manquons d’informations pour faire autre chose que des hypothèses. Après tout, notre vision de l’univers change tous les siècles...</li>
</ul>
<ul>
<li>Parler des motivations d’extraterrestres à la biologie et à la culture totalement étrangères, possédant plusieurs millions d’années de civilisation d’avance sur nous, est pour le moins présomptueux.</li>
</ul>
<p>Plusieurs options peuvent se cumuler. Par exemple, l’intelligence peut être effectivement rarissime dans la Matrice qui abrite notre univers, lui-même conçu comme boîte de Pétri géante par une intelligence qui a ensemencé notre planète par son propre ADN, la dirige en sous-main, et a ajouté quelques machines de von Neumann prédatrices pour éliminer les rares autres civilisations qui ne se seraient pas auto-détruites.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/53Clé primaire de substitution ou clé naturelle ?urn:md5:cec8a5af169ee8d6479b9342a79980de2008-05-28T22:30:00+00:002015-11-20T22:33:09+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementbase de donnéesdéveloppementexpertiseguerre sainteinformatiquemétainformationorganisationperspectiveprise de têtesignifiéthéorie<p>Même si vous n’êtes pas trop versé(e) dans l’informatique, le concept de « <strong>clé primaire</strong> » peut quand même vous avoir occasionné quelques maux au crâne - comme utilisateur ou comme victime.</p>
<p>Peut-être avez-vous professionnellement créé une petite base sous Access pour gérer Dieu sait quel fichier client, vous êtes demandé à quoi servait la « clé primaire », l’avez ignorée, puis avez redécouvert douloureusement certains des concepts de normalisation des données que les développeurs professionnels sont censés avoir appris en école.</p>
<p>Ou peut-être une administration ou une entreprise vous a-t-elle pris pour un(e) autre et adressé des colis ou des mises en demeure ?</p> <p><em>Caveat : Ce billet comporte une haute dose d’informatique non pratique mais, malgré les apparences, appliquée plus que théorique.</em></p>
<h3>Clé primaire : késaco ?</h3>
<p>Une « <strong>clé primaire</strong> » est ce qui <strong>identifie de manière <em>unique</em> une ligne</strong> (un enregistrement) dans une table de base de données (et de simples feuilles Excel ou papier peuvent être considérées comme des tables de base de données ; Oracle c’est pareil en plus lourd et plus gros).</p>
<p>Cette clé primaire n’est <strong>pas forcément obligatoire</strong> dans une table, cela dépend de ce que l’on en fait. Mais dès qu’il y a besoin de « joindre » deux tables (une liste de commandes ou de factures, avec une liste des clients par exemple), le besoin apparaît. Sur chaque facture ou commande, il faut pouvoir repérer le client pour aller récupérer son adresse par exemple. Pour chaque client il faut pouvoir repérer toutes les factures qui le concernent.</p>
<p>Le système le plus basique se contente de recopier toutes les informations demandées au client sur chaque facture à partir d’une précédente, ce qui devient très vite ingérable ; et même avant la création de l’informatique tout le monde avait son « fichier client » où chacun était identifié, avec nom, adresse(s), téléphone, etc.</p>
<p>La question devient alors est « <strong>quelles informations mets-je dans la commande ou la facture pour pouvoir retrouver la fiche client à coup sûr</strong> ? ». Cette information doit être <em>unique</em> (il ne faut pas confondre deux clients), et absolument <em>présente</em> (sinon on ne peut identifier le client et on ne peut relier une facture à un payeur !).</p>
<pre><strong>Présence et unicité</strong> : ce sont les caractéristiques d’une « clé primaire ». Dans notre exemple, c’est la clé primaire de la table des clients.</pre>
<p>Et les mêmes informations dans la facture sont une « clé étrangère » ; il peut y avoir d’autres clés étrangères, par exemple la liste des articles vendus qui pointe vers une table des articles, etc.</p>
<p>Donc sur chaque « fiche client » (chaque fiche papier de mon garagiste, chaque ligne de l’onglet « Clients » d’un classeur Excel, ou chaque ligne de la table <code>KNA1</code> de <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/28/156-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-1-des-interfaces-hideuses">SAP R/3</a>) existe cette « clé primaire », plus ou moins formalisée, plus ou moins cohérente.</p>
<p>Une clé peut porter sur plusieurs informations : elle peut se résumer à un « numéro » client (numéro FR67-002564), un identifiant arbitraire (identifiant 45896542), ou être composée de plusieurs « champs » : nom client + prénom + code postal + pays + adresse + téléphone + date de naissance.</p>
<h3>Deux formes</h3>
<p>Concrètement, cette clé peut prendre deux formes :</p>
<ul>
<li>La « <strong>clé naturelle</strong> » (en anglais : <em>natural key</em>, ou <em>meaninfull key</em>) est la plus intuitive : pour un client, si je prenais son état-civil ? Plus son adresse pour éviter de le confondre. <br /> <br />Plus intelligemment un identifiant alphanumérique, inventé ou existant préalablement. C’est votre numéro client auprès d’une entreprise, ou votre numéro de Sécurité Sociale. <br /> <br /><strong>La clé naturelle a un sens, elle est visible, parfois compréhensible.</strong></li>
</ul>
<ul>
<li>La « <strong>clé de substitution</strong> » ou « clé technique » ou « clé arbitraire » (<em>surrogate key</em> ou <em>meaningless key</em>) est masquée et arbitraire, c’est en général un numéro attribué par la machine à votre ligne dans la table des clients, aléatoirement ou séquentiellement. <br /> <br />Elle ne sortira pas de la machine. Elle n’a aucune signification en dehors des tables et des liens qu’elle permet de lier entre elles.</li>
</ul>
<p>Entre ces deux formes de clés, le débat fait rage depuis longtemps entre informaticiens, développeurs et administrateurs de bases de données, théoriciens et blogueurs, et constitue une des nombreuses guerres de religion informatiques. Des gens très sensés figurent des deux côtés, même si la clé arbitraire a tendance à l’emporter.</p>
<p>Dans ce qui suit, je me concentrerai d’abord sur des applications « classiques » genre ERP (beaucoup de petites transactions simultanées) et je terminerai par un mot sur d’autres contextes.</p>
<h3>Exemples réels</h3>
<p>Les deux principaux ERP de la planète (SAP R/3 et Oracle Applications) ont chacun opéré un choix différent. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/05/175-la-guerre-des-erp-sap-vs-oracle-applications-5-schemas-de-donnees">J’avais décrit ici en détail comment les choses se passent et pourquoi je préfère les clés de substitution comme dans Oracle</a>.</p>
<p>Oracle choisit l’identifiant arbitraire (en gros, un compteur incrémenté). Le numéro de client officiel, visible à l’écran, n’existe que dans la table dudit client. C’est l’identifiant masqué qui est copié dans les commandes, factures... pour garder le lien avec le client.</p>
<p>SAP R/3 a choisi la clé fonctionnelle. Le client est identifié par son mandant (<code>KNA1-MANDT</code>, une sorte d’identifiant de la base utilisée) et son numéro (<code>KNA1-KUNNR</code>), lequel numéro est visible à l’écran. La ligne de commande est identifiée par le mandant, le numéro de commande et le numéro de ligne de commande visibles sur l’écran.</p>
<p>SAP CRM, plus récent que R/3, est passé à des clés arbitraires.</p>
<p>Dans le cadre assez spécialisé de la gestion financière pour collectivité française, je pourrais aussi sortir deux exemples d’applications basées l’une sur les clés arbitraires, l’autre sur les clés fonctionnelles.</p>
<p>Bref, on trouve les deux cas dans la vie réelle.</p>
<h3>Exemples concrets pour le développeur</h3>
<p>Essayons d’afficher en SQL clients, lignes, échéances, articles d’une commande dans deux cas simplifiés. (Des exemples réels de SAP ou Oracle Applications seraient trop lourds, en anglais ou allemand, et je n’ai plus les bases sous la main).</p>
<ul>
<li><strong>Avec une clé naturelle</strong> :</li>
</ul>
<p>Les clés primaires sont basées sur un code entreprise (<code>business_num</code>) qui sépare fonctionnellement ce que les entreprises peuvent vendre ou acheter, et un code finissant par <code>_num</code>, visible par l’utilisateur (convention propre à l’exemple).</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong> COMMANDES.business_num, CLIENTS.nom, CLIENTS.adresse, COMMANDES.client_num, </code><br />
<code> COMMANDES.commande_num, </code><br />
<code> LIGNES_COMMANDES.ligne_num, LIGNES_COMMANDES.article_num, ARTICLES.description,</code><br />
<code> ECHEANCES.echeance_num, ECHEANCES.date_livraison, ECHEANCES.quantite </code><br />
<code><strong>FROM</strong> </code> <em>(tables)</em><br />
<code> CLIENTS, COMMANDES, LIGNES_COMMANDE, ARTICLES </code><br />
<br />
<code><strong>WHERE</strong> </code> <em>(jointures)</em><br />
<code> COMMANDES.client_num = CLIENTS.client_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> COMMANDES.business_num = CLIENT.business_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.commande_num = COMMANDES.commande_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.business_num = COMMANDES.business_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.business_num = LIGNES_COMMANDES.business_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.article_num = LIGNES_COMMANDES.article_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.business_num = LIGNES_COMMANDES.business_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.commande_num = LIGNES_COMMANDES.commande_num </code><br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.ligne_num = LIGNES_COMMANDES.ligne_num </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ...</code> <em>(critères de filtrage divers)</em>
<code>;</code></p></blockquote>
<ul>
<li><strong>Avec une clé arbitraire</strong> :</li>
</ul>
<p>Chaque table a un seul identifiant qui par convention ici se termine par <code>_id</code>. Les <code>_num</code> ici ne sont que les champs <em>visibles</em> à l’écran, ils ne font pas partie de la clé primaire (même si des contraintes d’unicité sont en général placées dessus).</p>
<blockquote><p><code><strong>SELECT</strong> BUSINESS.business_code, CLIENTS.nom, CLIENTS.adresse, COMMANDES.client_num, </code><br />
<code> COMMANDES.commande_num, </code><br />
<code> LIGNES_COMMANDES.ligne_num, LIGNES_COMMANDES.article_num, ARTICLES.description,</code><br />
<code> ECHEANCES.echeance_num, ECHEANCES.date_livraison, ECHEANCES.quantite </code><br />
<code><strong>FROM</strong> </code> <em>(tables)</em><br />
<code> BUSINESS, CLIENTS, COMMANDES, LIGNES_COMMANDE, ARTICLES </code><br />
<br />
<code><strong>WHERE</strong> </code> <em>(jointures)</em><br />
<code><strong>AND</strong> BUSINESS.business_id = COMMANDES.business_id</code>
<br />
<code><strong>AND</strong> COMMANDES.client_id = CLIENTS.client_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> LIGNES_COMMANDES.commande_id = COMMANDES.commande_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ARTICLES.article_id = LIGNES_COMMANDES.article_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ECHEANCES.ligne_id = LIGNES_COMMANDES.ligne_id </code><br />
<br />
<code><strong>AND</strong> ...</code> <em>(critères de filtrage divers)</em>
<code>;</code></p></blockquote>
<p>Quelles différences ?</p>
<ul>
<li>Les jointures sont plus courtes dans le second cas, avec un seul identifiant à joindre. <br />On objectera que le <code>business_num</code> est imposé artificiellement dans le premier cas... mais justement, il s’agit là d’un choix fonctionnel : dans deux <em>business</em> différents, les commandes peuvent avoir des numéros visibles identiques, ce qui impose de rajouter le <code>business_num</code> dans la clé primaire. Dans le second cas, les histoires d’unicité ou pas des commandes est une autre question, gérée à part et sans influence sur la clé primaire et la requête.</li>
<li>Dans le second cas, récupérer le code du <em>business</em> a nécessité de joindre la table <code>BUSINESS</code> en plus, car on n’avait que son <code>id</code> sous la main.</li>
</ul>
<p>De manière plus générale, du point de vue abstrait du DBA, le premier cas se contente d’informations déjà présentes dans les index, alors que le second implique l’accès aux données systématiquement.</p>
<h3>La clé naturelle (ou fonctionnelle)</h3>
<p>Si la clé naturelle n’a globalement pas ma faveur pour les raisons qui vont suivre, son utilisation ne relève tout de même pas du blasphème. <a href="http://asktom.oracle.com/pls/asktom/f?p=100:11:0::::P11_QUESTION_ID:390289200346900727" hreflang="en">Même mon gourou Tom Kyte reconnaît sa validité dans bien des cas</a>.</p>
<p>Cependant :</p>
<ul>
<li>D’une part, <strong>elle doit être effectivement unique</strong>, sinon les mécanismes de la base de données rejetteront impitoyablement tout doublon.</li>
</ul>
<ul>
<li>D’autre part <strong>elle ne doit pas changer</strong> ; sinon le code à écrire gonfle d’un coup en essayant de mettre à jour la clé primaire <em>et tous les endroits où elle est utilisée comme clé étrangère, </em>ie<em>, les endroits où elle est utilisée</em> ! Imaginez qu’un client change de numéro : il vous faut aller corriger toutes les factures depuis la nuit des temps... Dans l’exemple ci-dessus, changer le code <code>business_num</code> oblige à modifier les tables <code>COMMANDES</code>, <code>LIGNES_COMMANDES</code>, <code>ECHEANCES</code>… Cela a des impacts très lourds en terme de longueur du programme et de <em>bugs</em> supplémentaires (et de la pire race, puisque l’on touche à l’intégrité des données).</li>
</ul>
<p>Le simple nom d’un client ne peut être une clé primaire, à cause de l’homonymie. Par contre, les codes standardisés comme les codes de lieux INSEE, un code pays ISO... sont plus utilisables.</p>
<p>J’ai cité l’exemple farfelu d’une clé composée de nom client + prénom + code postal + pays + adresse + téléphone + date de naissance. Typiquement, une telle clé se retrouve dans des applications à l’historique chargé : au début on s’est contenté de l’état civil, puis on a distingué des homonymes avec l’adresse, y compris le téléphone, et quand deux personnes du même foyer partageant le même prénom sont apparues (cas réel récent dans ma belle-famille et dans ma généalogie à une époque où cela ne générait pas de problème informatique), la date de naissance a été rajoutée.</p>
<p>La probabilité est faible mais non nulle que l’application explose (ou plutôt sorte un message d’erreur ou confonde les deux personnes) si deux Dominique Martin nés le même jour emménagent ensemble. On rajoutera alors le sexe…</p>
<p>Rendez-vous bien compte du cauchemar que chaque amélioration a été pour le mainteneur de l’application : les nouvelles informations ont dû être copiées dans les tables préexistantes ; les factures, commandes, etc. contiennent à présent l’état-civil et les coordonnées complètes de chaque client !</p>
<p>Exemple plus réaliste dans des bases mieux fichues, celui de données à de nombreux niveaux : continent/pays/état ou région/département/canton/ville/rue : une clé primaire naturelle sur le dernier niveau comprendra six (6) champs, ce qui est lourd. D’un côté on peut accéder directement aux villes d’un continent entier. D’un autre côté, a-t-on besoin d’utiliser toute cette hiérarchie de niveaux d’un coup dans une application de type ERP ? Enfin, si le « continent » est typiquement l’abréviation « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Europe,_the_Middle_East_and_Africa" hreflang="en">EMEA</a> » et que la dernière lubie des <em>top managers</em> est de renommer cela en « Terre du Milieu », la modification doit se faire dans <em>toutes</em> les tables (avec un impact désastreux sur la fragmentation des index).</p>
<p>C’est bien ce dernier point qui pose problème : <strong>une modification de la clé naturelle</strong> (ajout d’un champ, format de chaîne...) <strong>doit se répercuter sur <em>toutes</em> les tables filles du système</strong> — et même sans hiérarchies profondes, elles peuvent être nombreuses : pensez au nombre de modules qui tournent autour d’un ERP de bonne taille comme SAP, Peoplesoft, Oracle Application... Un changement devient cauchemardesque.</p>
<p>On pourrait penser être à l’abri avec <strong>une clé encore fonctionnelle mais plus arbitraire</strong>, comme le numéro client visible (pas forcément numérique), le code de localisation INSEE, ou un numéro de Sécurité Sociale. Ce numéro n’est effectivement pas destiné à changer.</p>
<p>Il faut cependant se méfier de trois choses :</p>
<ul>
<li><strong>Un numéro client a fortement tendance à prendre une signification fonctionnelle</strong>, à contenir du sens ; par exemple les clients français ont un numéro qui commence par <code>FR</code> ; ou bien ceux supérieurs à <code>10000</code> concernent tel gamme de produits, etc. En soi ce n’est pas un problème, mais cela peut donner aux utilisateurs l’envie de <em>changer</em> un jour ce numéro pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la technique, parfois purement esthétiques ! (Et si vous êtes en SSII, le client a toujours raison !)<br /> <br />À l’inverse, une clé naturelle peut interdire certains changements à cause de mauvais choix initiaux. Dans l’exemple ci-dessus, les clients sont forcément séparés par leur <code>business_num</code> car on avait jugé au départ que les numéros de client devaient être séparés entre deux <em>business</em>... permettant deux numéros identiques pour deux <em>business</em>, mais interdisant ainsi que les clients traitent avec deux <em>business</em> à la fois, sauf à se trouver en double dans la base.</li>
<li>En cas de fusion de société ou de service, il y a des chances que ce numéro de client ou commande change ou soit agrandi.</li>
<li>Comme dans l’exemple ci-dessus, ce numéro client n’est souvent unique qu’associé à un numéro de société, de <em>business</em>, d’organisation... ce qui donne une clé composée sur au bas mot deux champs, comme dans l’exemple ci-dessus.</li>
</ul>
<p>Autre exemple de piège : <strong>le numéro de Sécurité Sociale</strong>, qui semble pourtant un parfait exemple de clé fonctionnelle immuable. Un numéro de Sécu <em>peut</em> changer (transexuels), n’existe pas pour tout le monde (enfants, étrangers...), et ne garantit pas l’unicité (cycle d’un siècle...).</p>
<p>Bref, <strong>une clé fonctionnelle ça se défend, SI on est certain qu’elle ne changera jamais !</strong>.</p>
<p>Et le concepteur du schéma de données doit se méfier : les spécifications changent quoi qu’en dise le commanditaire, et ce qui est unique et fixe un jour ne l’est plus le lendemain, forçant à des contorsions parfois immondes dans le programme...</p>
<p>De plus, <strong>une clé naturelle restreint naturellement le champ des valeurs à ce qui est fonctionnellement pertinent</strong>. Un code de Sécurité Sociale en clé primaire implique que vous ne pourrez pas stocker des numéros d’étrangers ou d’enfants sans magouille : le système devra créer un numéro spécial plus ou moins arbitraire. Alors que si la clé est différente et que le numéro de Sécu n’est qu’une information liée au client parmi d’autres, le champ peut être laissé vide et le reste de l’application tourner normalement (pourvu qu’il n’y ait pas un besoin réel dudit numéro). Si le besoin est réel, au moins le logiciel peut-il sauvegarder la ligne problématique, même invalide, ce qui n’est pas le cas s’il y a problème sur la clé fonctionnelle.</p>
<p>N’oublions pas les <strong>contraintes de performances et de place disque</strong> : une clé primaire doit être <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Index_(database)" hreflang="en">indexée</a> par la base de données. Pas de problème si la base est petite par rapport à la machine utilisée ou les clés simples. Cependant, une grosse clé composée comme dans certains exemples ci-dessus, répliquée dans toutes les autres tables qui y font référence, peut finir par coûter très cher en espace disque et en performances dans une grosse installation. Indexer et joindre sur du <code>VARCHAR(50)</code>, c’est un peu plus gourmand que du numérique pur.</p>
<p>Sur le principe, il est pour moi aberrant de répercuter les contraintes liées au <em>format</em> d’un numéro de facture (par exemple : « deux lettres et six chiffres », ce qui mènera à un <code>VARCHAR(6)</code>) à la manière dont les données sont jointes (<em>ie</em> les relations entre elles).</p>
<p>Enfin, <strong>les clés naturelles gèrent mal le problème de la suppression/recréation</strong> : la notion de « clé primaire garantissant l’identification d’une ligne » ne joue plus. Si je supprime la ligne <code>10</code> de la commande <code>FR52695A</code> et que je la récrée différemment ensuite, une autre table quelque part qui référençait cette commande (et qu’on a oubliée ou pas su vider) ne verra pas le changement, avec les conséquences que l’on imagine. L’interdiction complète de la réutilisation de membres de clés déjà utilisés ne passe pas forcément toujours auprès du client (et SAP autorise le gag ci-dessus, l’exemple est réel).<br />De même, les cas où un objet doit être créé et manipulé <em>avant</em> de recevoir son code définitif (numéro de facture impérativement incrémental sans trou par exemple) sont délicats à manipuler.</p>
<p>Je reviens sur un dernier cas où la clé fonctionnelle est pertinente : <strong>les codes <em>réellement</em> standardisés</strong>. Par exemple, les codes ISO pour des pays (<code>FR</code> pour la France...), la liste des codes des départements... Leur stabilité est garantie sur le long terme. Si un pays éclate, un autre code se crée (et il faut être conscient que le code pays dans une adresse est pour certaines régions fonction de la date… ).</p>
<h3>La clé de substitution (ou technique)</h3>
<p>Contrairement à la clé primaire fonctionnelle ou naturelle, <strong>une clé technique ne doit jamais être montrée à l’utilisateur final</strong>. Elle n’est même pas censée « sortir » de l’application. Elle n’a pas de sens, sa valeur n’intéresse personne, elle ne changera jamais.</p>
<p><strong>À première vue, cela paraît redondant</strong> avec un numéro de commande ou de client ou de Sécu que de toute façon il faudra bien créer (et indexer, et contraindre à l’unicité...).</p>
<p>Cependant :</p>
<ul>
<li>au contraire d’une clé primaire fonctionnelle, <strong>la valeur d’une clé technique n’est absolument pas influencée par une règle extérieure</strong> (fonctionnelle, légale, écrite ou pas) ;</li>
<li><strong>le numéro <em>visible</em> n’est plus qu’une donnée à un seul endroit, et peut à présent changer au gré des caprices du commanditaire final, sans conséquence sur la structure des données</strong> : on devra peut-être agrandir le champ dans un écran et rajouter des contrôles, mais l’intégrité des données n’est pas en danger ; changer ne force pas à mettre à jour toutes les tables qui référencent les clients (et elles peuvent être nombreuses !) car ces tables (commandes, factures...) utilisent l’identifiant abstrait. Le gain en facilité de maintenance vaut bien de gaspiller quelques octets.<br />Dans l’exemple ci-dessus, le changement du <code>business_code</code> pour faire plaisir à la lubie d’un chef ne nécessite qu’une modification dans la table <code>BUSINESS</code>. Une renumérotation des clients pour y rajouter le code du département se limite à <code>CLIENTS</code>. Renuméroter les numéros de lignes de commandes pour qu’ils se suivent ne pose plus de problème de cohérence. Etc.</li>
</ul>
<p><strong>Les requêtes créées sont également nettement plus simples à écrire</strong> par le développeur, il n’y a jamais qu’<em>un</em> champ à manier dans la clé primaire. On réduit le risque d’erreur (produit cartésien ou index ignoré par oubli d’une colonne de la clé, mauvais transtypage si on mélange les types de données dans une même clé...).</p>
<p>La clé technique a l’<strong>inconvénient du manque de lisibilité immédiate</strong> : le développeur lira <code>123456</code> alors que l’utilisateur parle de la commande <code>FR52695A</code>. Cela peut freiner d’un rien le débogage.</p>
<p>Cela peut rebuter aussi le non-informaticien volontaire qui bricole une base dans Access ; mais <a href="http://rapidapplicationdevelopment.blogspot.com/2007/08/in-case-youre-new-to-series-ive.html" hreflang="en">comme dit Lee Richardson</a>, un utilisateur n’a pas à fouiller dans la base de données plus qu’un passager ne bricole un moteur d’avion, et celui qui le fait doit apprendre à le faire comme un pro.</p>
<p>Une autre objection est la <strong>nécessité de joindre plus de tables qu’il ne serait nécessaire avec une clé fonctionnelle</strong> : si la clé naturelle comprend le numéro de commande, on trouvera ce numéro dans la table des commandes, mais aussi dans la table des lignes de commande. En consultant cette dernière, il n’y aura pas besoin de remonter jusqu’à la commande pour récupérer son numéro (ou tout autre élément de la clé). Cependant, il est rare que l’on ait besoin uniquement de la clé pour ne rien en faire par la suite, les jointures lignes-détails sont en fait quasi-systématiques.</p>
<p>Ce problème de jointures inutiles avec les clés techniques peut courir sur plusieurs niveaux de tables, comme fait remarquer <a href="http://jonathanlewis.wordpress.com/2006/12/29/meaningless-keys/" hreflang="en">un certain Jonathan Lewis</a>. Dans le cas où chaque niveau est en pratique souvent du 1-1 (une commande a une ligne qui a une ligne d’échéance qui a un lot), on se retrouve à joindre quatre tables ou plus sans gain réel.</p>
<p>Remarquons cependant que si le problème de performances est réel, rajouter une colonne indexée sur les tables inférieures (du genre <code>commande_id</code> au niveau des échéances) pour accélérer certaines requêtes est encore possible, la dénormalisation limitée étant acceptable au prix parfois d’un peu de maintenance (quand un lot est déplacé d’une commande à l’autre par exemple), bien inférieur à celui d’une clé fonctionnelle.</p>
<p>Certaines objections de DBA aux clés techniques portent sur des <strong>considérations assez ésotériques sur les index</strong>, et en fait dépendantes des implémentations actuelles des bases de données actuelles, Oracle en premier lieu. Mais de nos jours, le temps de développement ou de correction est plus élevé que celui du disque ou du processeur (ceci sans vouloir encourager le gaspillage de ressources à la Microsoft ou Business Objects), et les problèmes de performance sont de loin plus causés par des requêtes mal écrites que par des limitations de l’optimiseur des bases. Bref, <em>premature optimization is the root of all evil</em> comme disait Knuth.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p><strong>En place disque, la clé technique « coûte » apparemment un index en plus</strong> (c’est une clé primaire, il faut l’indexer, et les autres informations comme les numéros de client ou de commande visibles devront être indexées aussi pour faire des recherches). Mais cet index porte sur <em>une</em> colonne, au contraire des clés naturelles composées qui doivent être reprises intégralement dans les tables filles (voir l’exemple ci-dessus avec l’état civil complet dans la clé primaire).</p>
<p>Les bases de données modernes font des miracles, donc je ne m’aventurerais pas à porter des jugements sur les performances entre les deux types de clés dans des cas non dégénérés ; les erreurs d’implémentation en causent bien plus. J’ai juste remarqué que sur les tables d’Oracle Applications les index sur un peu toutes les colonnes étaient légions, et en ajouter était assez bien accepté par le DBA, alors que sous SAP les index semblaient des objets coûteux et dangereux à mettre en place. Question de mentalité ? J’ai aussi constaté que les « requêtes SQL de la mort » de trois pages étaient bien plus simples à écrire avec Oracle Applications, où tout est identifiant numérique simple, que sous SAP (mais cela tient aussi à la nullité de l’ABAP).</p>
<p>Dans l’exemple précédent de la ligne de commande supprimée et recréée, la clé de substitution permet de régler le problème : l’identifiant numérique (bêtement incrémenté ou aléatoire) est, lui, différent sur l’ancienne et la nouvelle lignes. On pourrait renuméroter toutes les commandes et leurs lignes que les programmes annexes retrouveraient leurs petits.</p>
<p>Accessoirement, la séquence qui génère la plupart des identifiants permet de repérer l’<strong>ordre chronologique d’insertion</strong> (c’est un effet de bord, <em>pas</em> une fonctionnalité !). On utilisera une séquence par table (les numéros s’y suivent alors, c’est plus lisible pour le développeur ; là encore c’est un effet de bord), et si possible en les initialisant avec des ordres de grandeur différents (organisations commençant à 10, clients à 1000, lignes de commandes à 100000...).</p>
<h3>Exemples extrêmes de clés techniques : GUID et ROWID</h3>
<p><strong>La plupart des applications basées sur des clés de substitution utilisent de bêtes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Séquence_(mathématiques)">séquences</a></strong>, <em>ie</em> un simple numéro incrémenté à chaque nouvelle utilisation. L’identifiant numérique (visible uniquement par le développeur rappelons-le) reste souvent « manipulable » (la ligne de commande <code>1999555</code> est liée à la commande <code>125666</code> pour le client <code>8836</code>).</p>
<p>J’ai vu sous SAP CRM des <strong>identifiants sous forme d’identifiant global</strong> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/GUID">GUID</a>, ou UUID si non lié à la machine), une suite hexadécimale de 32, 64, ou 128 bits, du genre de <code>42d38912-3c32-4ca1-965c-09edb910eb18</code>. <strong>Pour le développeur c’est un cauchemar</strong>, les chaînes sont trop longues pour être lisibles, si même elles tiennent à l’écran (et les outils de développement ABAP précambriens n’arrangeaient rien…).</p>
<p>Pourtant, les identifiants ne servent pas qu’à la base, mais aussi au développeur ou au support, et infliger un tel boulet à ce dernier, c’est mettre en danger la réactivité et donc la vie même de l’application (mais les <em>managers</em> qui sous-traitent tout en Inde imaginent que le problème disparaît automagiquement quand on considère le développeur comme une sorte de programme impersonnel).</p>
<p>Des détails et une discussion sont disponibles par exemple ici : <a href="http://www.codinghorror.com/blog/archives/000817.html" hreflang="en">http://www.codinghorror.com/blog/archives/000817.html</a>. Il y a des
utilisations justifiées (notamment pour des <strong>fusions de bases de données</strong>, ou la <strong>communication hors de la base</strong> avec des identifiants générés hors de celle-ci, et encore, il y a des moyens plus conviviaux pour générer ces clés) mais franchement, pour la plupart des applications, l’identifiant global est une bombe thermonucléaire pour écraser une mouche, voire un problème de performance potentiel (fragmentation d’index si les clés ne sont pas séquentielles, place en disque et mémoire d’une clé sur 16 octets au lieu de 4 ou 5...), voire pire (l’unicité est <em>très probablement</em> garantie, pas <em>absolument</em> comme avec une séquence classique). <strong>Il n’y a pas besoin d’unicité au-delà de la <em>table</em> pour une clé primaire !</strong></p>
<p>Plus grave car source inévitable de problèmes, il ne faut pas utiliser un identifiant <em>a priori</em> unique, le <strong>ROWID</strong> d’Oracle, que possède chaque ligne de cette base de données. Oui, il est bien unique (c’est ce dont se sert Oracle pour retrouver une ligne sur le disque dur !) mais... il change dès que le DBA décide d’une réorganisation physique, voire avant. La seule utilisation acceptable est transitoire (<em>au sein</em> d’une requête pour dédoublonner par exemple).</p>
<h3>Clés naturelles, ETL & <em>datawarehouse</em></h3>
<p>Les exemples ci-dessus se basent sur des programmes de type ERP, des applications de production où les données sont lues par petits paquets, modifiées en permanence, où les contraintes principales sont le nombre de transactions par seconde que peut encaisser le système et l’intégrité des données.</p>
<p>Dans un <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Entrepôt_de_données">datawarehouse (entrepôt de données)</a></em>, les contraintes sont différentes. Ces bases de données consolident, agrègent, croisent... ce qui vient de différentes applications « de production ». <strong>Les contraintes de performance se situent principalement au niveau de la lecture de gros volumes croisés dans tous les sens</strong>, par exemple des statistiques sur toutes les ventes des trois dernières années avec de savants calculs par géographie et classe d’âge des clients (alors que dans l’ERP on se préoccupait essentiellement des commandes encore ouvertes, en affichant surtout des listes).</p>
<p>Pour améliorer les performances pour de gros volumes, les tables d’un <em>datawarehouse</em> sont totalement dénormalisées (les données se répètent), et indexées à mort. Les mises à jour se font souvent ponctuellement par <em>batch</em> nocturne, en masse. Des outils dédiés (les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extract_Transform_Load">ETL</a>) sont utilisés. L’exploitation s’effectue <em>via</em> des outils spécialisés comme <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/03/05/451-l-abominable-bo">Business Objects</a> qui écrivent les requêtes, ce qui limite l’erreur humaine.</p>
<p><strong>Les contraintes et outils rendent caduques les raisons qui font le succès de la clé primaire technique sur une application de production</strong>. Les <em>datawarehouses</em> notamment ne manipulent pas réellement leurs données, ils se synchronisent brutalement avec les bases de production, on peut presque les considérer comme un cache des grosses requêtes statistiques que l’on effectuait autrefois sur la base source.</p>
<p>De plus et surtout, <strong>les données à croiser proviennent de nombreuses applications différentes</strong>. Celles-ci ne partagent <em>pas</em> les clés techniques qu’elles peuvent utiliser en interne : chaque outil a ses identifiants, l’<code>ID_ORDER</code> d’un logiciel n’est pas le même que le <code>COMMANDE_ID</code> du logiciel d’à côté. Partager ces clés techniques entre programmes n’aurait pas grand sens, les problèmes de synchronisation propres aux clés naturelles réapparaissant, à moins d’avoir la main sur toutes les applications en les considérant comme une seule et unique.</p>
<p>Même si en source on utilise des logiciels utilisant les clés techniques, on en arrive donc au concept de <strong>clé « alternative »</strong>, c’est-à-dire la clé qui est celle intuitive pour un humain : un numéro de commande, un numéro de client, un état civil, un numéro de Sécurité Sociale... avec les mêmes contraintes de présence et d’unicité réelle que l’on a pu évoquer plus haut pour les clés fonctionnelles, et que la clé technique arbitraire avait permis d’éviter.</p>
<p>C’est cette clé alternative qu’un <em>datawarehouse</em> utilisera comme clé pour ses tables. (<strong>Mise à jour</strong> : En fait il y a deux écoles. Mon maître à penser penche pour les clés fonctionnelles ; d’autres veulent recréer des clés techniques au sein même du <em>datawarehouse</em> car cela est nécessaire dans certains cas.) Elle existe d’ailleurs souvent déjà dans le système de production en plus de la clé technique, sous la forme d’un index supplémentaire. (<strong>Mise à jour</strong> : En fait, elle devrait quasiment toujours être là.) Au moins les <em>bugs</em> générés par des problèmes de clé mal gérée sur le <em>datawarehouse</em> sont-ils beaucoup moins graves puisque normalement on raisonne au niveau des statistiques, et pas sur un système de production destiné au fonctionnement quotidien de l’entreprise — en théorie...</p>
<h3>Bibliographie Web succinte</h3>
<p>Chez Robert Vollman (un DBA qui s’interroge) :<br />
<em><a href="http://thinkoracle.blogspot.com/2005/06/natural-vs-synthetic-keys.html" hreflang="en">Natural vs Synthetic keys</a></em></p>
<p>Chez Jonathan Lewis (un pro-clés naturelles pour des raisons très, trop techniques) :<br />
<em><a href="http://jonathanlewis.wordpress.com/2006/12/29/meaningless-keys/" hreflang="en">Meaningless keys</a></em></p>
<p>Chez Lee Richardson :
<em><a href="http://rapidapplicationdevelopment.blogspot.com/2007/08/in-case-youre-new-to-series-ive.html" hreflang="en">Surrogate vs Natural Primary Keys – Data Modeling Mistake 2 of 10</a></em>
(sur les pièges dans la création de clé primaire, et une bonne petite synthèse sur le débat <em>surrogate</em>/<em>natural</em>).</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/05/28/403-cle-primaire-de-substitution-ou-cle-naturelle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Oui, ceci est un argument d’autorité.</p></div>
“The Ig Nobel Prizes” de Marc Abrahamsurn:md5:d852f896d25bad19671cf53689d5bfb62008-04-26T19:17:00+00:002011-05-29T20:25:27+00:00ChristopheScience et conscienceconquête de l’inutilehumourMurphyperspectivesciencespéculation<p>La Science doit faire rire... et penser.</p> <p>Décernés annuellement par le <del>très sérieux</del> magazine <em><a href="http://www.improbable.com/" hreflang="en">Annals of Improbable Research</a></em>, les prix Ig Nobel récompensent, dans des catégories variant chaque année, des recherches qui ne peuvent ou ne doivent pas être reproduites (officiellement), et (officieusement) des recherches qui font rire certes, <em>mais aussi penser</em>.</p>
<p>Parce que mine de rien, il y a une morale derrière la plupart des prix décernés. Beaucoup récompensent des sujets rigolos, mais qui dans certains contextes sont tout à fait sérieux, par exemple le Prix Ig Nobel 1996 de Biologie décerné à des recherches sur la stimulation de l’appétit des sangsues avec de la bière, de l’ail... L’échec de la démonstration d’un effet stimulant intéressera certains chirurgiens qui utilisent ces petites bêtes !</p>
<p>Dans la même catégorie, je citerai encore l’Ig Nobel 2000 de Médecine qui couronne une étude par IRM des organes humains <em>pendant</em> l’accouplement (les obstacles matériels à l’étude ne furent rien à côté des administratifs), avec découvertes à la clé. Ou encore le prix de la même catégorie de l’année suivante sur les blessures engendrées par la chute de noix de coco en Papouasie-Nouvelle Guinée (ne riez pas, des gens en meurent).</p>
<p>Certaines recherches sont carrément des découvertes fondamentales, dont on pouvait se douter parfois, mais il fallait le démontrer : l’Ig Nobel 2000 de Psychologie a été décerné à des Américains qui ont montré que les gens incompétents sont justement les moins bien placés pour se savoir incompétents, et sont justement ceux qui se surestiment le plus. Ce qui explique bien des choses sur la bêtise humaine...</p>
<p>D’autres prix sont ironiquement politiques — comme celui de la Paix décernés à Jacques Chirac, pour avoir fêté le 50è anniversaire d’Hiroshima avec la reprise d’essais nucléaires dans le Pacifique, ou encore le Prix 2002 d’Économie à Enron et bien d’autres pour leur découverte des nombres imaginaires dans leur comptabilité. Ou, au deuxième degré, celui de Technologie attribué en 2001 à celui qui parvint à breveter la roue en Australie. Ou encore le prix attribué à un ancien Vice-Président américain au QI digne de W.</p>
<p>Les Prix honorent aussi de doux dingues au grand sérieux scientifique, par exemple le père de la centrifugeuse pour aider les parturientes à accoucher (prix 1999 de la Santé), ou le créateur de la combinaison anti-grizzlys (Ig Nobel 1998 de Sécurité).</p>
<p>Par contre, la dernière catégorie se fiche ouvertement d’égarés très loin de la science « officielle », dont personne n’arrive à reproduire les résultats hautement surprenants, comme Louis Kervran et sa fusion froide <em>in vivo</em> ou Jacques Benveniste et sa mémoire de l’eau (ce dernier a même reçu un deuxième Ig Nobel de Chimie pour prétendre transmettre cette mémoire par Internet) ; ou encore de vrais escrocs et cinglés complets : l’Ig Nobel de Biologie 1992 a été attribué a un médecin qui, entre autres, inséminait des femmes avec son propre sperme au lieu de donneurs anonymes.</p>
<p>Nombre de lauréats des prix se sont déplacés à leurs frais pour accepter le prix, ou ont envoyé un message. D’autres n’ont pas eu cette sportivité, ou « avaient d’autres engagements » (parfois de la taule).</p>
<p>Et évidemment je termine en citant mon prix préféré, celui de Physique en 1996 décerné au génial Robert Matthews, pour son étude de la Loi de Murphy dans le cadre de la chute de la Tartine Beurrée (<a href="http://ourworld.compuserve.com/homepages/rajm/toast.htm" hreflang="en">résumé ici</a>, voir aussi le <em>Pour la Science</em> n°234 d’avril 1997). Cet article conclue que le beurre est négligeable, et que la rotation partielle de la tartine est inévitable pour des raisons qui tiennent à la structure fondamentale de l’Univers : celui-ci nous est donc <em>fondamentalement</em> hostile.</p>
<p>Ce petit livre paru en 2002 recense de nombreux prix décernés jusqu’à cette date, mais pas ceux d’après hélas. Le ton est délicieusement pince-sans-rire et ironique.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/448« Gödel, Escher, Bach » de Douglas Hofstadterurn:md5:600f7a35d9efb7581904736c0cfb91c32008-04-16T19:49:00+00:002011-05-29T20:00:20+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesauto-organisationautoréférencechaoscommunicationcomplexitéintelligencelivres lusmathématiquesmusiqueouverture d’espritparadoxeperspectivesciencethéorieémerveillement<p>Un énorme pavé éclectique sur la logique interne des mathématiques, de l’art, de la musique, etc. Miam.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Hofstadter">Douglas Hofstadter</a>, fils de Prix Nobel et physicien lui-même, a « juste » décroché le Pulitzer pour ce pavé de 800 pages. Le feuilleter mène à la découverte de quelques équations peu communes (chimiques ou plus souvent de système formel) ; par contre il y a des images (des gravures d’<a href="http://mcescher.frloup.com/">Escher</a>) pour alléger quelques pages. Ce n’est <em>pas</em> un livre pour se délasser les neurones avant de dormir le soir (sauf pour des gens un peu bizarres comme moi).</p>
<p>Les personnes dépourvues d’un (gros) minimum d’esprit logique et mathématique et/ou de curiosité intellectuelle peuvent passer leur chemin. Les autres découvriront quelques-uns des principes fondamentaux qui gouvernent le monde, de l’abstraction aride des systèmes formels à l’ADN et à l’intelligence artificielle, de Bach le compositeur à Escher le dessinateur et à Gödel le logicien, tous liés d’une manière assez inattendue.</p>
<p>Chaque chapitre est précédé d’un dialogue entre Achille, la Tortue, un Crabe et quelques autres. Les concepts et les figures de style s’inspirent des concepts développés par la suite (autoréférence, canons musicaux...). L’exercice est parfois plaisant (les <em>Canons cancrizans</em> !), parfois un peu inutile. Ces dialogues sont truffés de références, acrostiches, exercices de style pas tous évidents à la première lecture.</p>
<p>Les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Système_formel">systèmes formels</a> occupent le début du livre. Ce qui semble un jeu typographique totalement vain (les systèmes <code>pg</code> ou <code>MIU</code> ou la <code>TNT</code>) devient, après pas mal de dizaines de pages, un peu plus clair. Ils ne sont ni plus ni moins qu’une formalisation à l’extrême du raisonnement mathématique. Les premiers ne sont que des « jouets » pédagogiques, mais la TNT permet de rebâtir toute la théorie des nombres. Surtout, les théorèmes décrits par ces systèmes peuvent eux-mêmes devenir des sujets de ces théorèmes.</p>
<p><em>Via</em> cette autoréférence et les paradoxes qu’elle engendre, Kurt Gödel a démontré dans les années 30, à l’horreur de ses contemporains, qu’un système assez puissant pour être intéressant ne peut <em>pas</em> démontrer tous les théorèmes qu’il peut exprimer. Hofstadter explique la manière dont Gödel a créé ce fameux théorème indécidable : le passage est aride (l’« arithmoquinification » vous connaissez ?).</p>
<p>Les systèmes formels étant un simple jeu typographique, leur donner une signification est affaire de convention, mais ne se fait pas n’importe comment. Hofstadter s’étend sur les niveaux de signification successifs, voire infinis, que l’on peut leur donner. Cette connaissance peut être transposée aux langages informatiques, qui existent en plusieurs niveaux. Le choix d’un niveau de lecture n’est pas forcément une chose simple...</p>
<p>Suivent également quelques « applications » de ce qui paraissait un exercice un peu vain pour logiciens en tour d’ivoire. L’ADN est un exemple concret, universel et fascinant : à la fois le produit et la source, le code et les données. Le phénotype d’un être humain ne peut se comprendre en descendant au niveau moléculaire mais à un autre : sites des protéines, protéines, organes...</p>
<p>Autre exemple, l’intelligence humaine : les neurones sont des systèmes simplissimes (ils s’excitent ou ne s’excitent pas, c’est tout) mais les capacités d’un cerveau humain ne peuvent s’apprécier à ce niveau, il faut monter plusieurs niveaux quasiment indépendants les uns des autres, de même qu’un logiciel actuel ne peut se comprendre réellement si on en reste au niveau des bits qui passent dans le bus.</p>
<p>Récursion, identité, géométrie euclidienne ou non, les différents types de consistance d’un système, les koans zens, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réductionnisme">réductionnisme</a>, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Holisme">holisme</a>, l’intelligence collective d’une fourmilière, le substrat de l’intelligence, le Moi et sa nécessité pour aboutir à l’Intelligence Artificielle, la conscience, la diagonale de Cantor, les caméras qui filment la télé auxquelles elles sont branchées... sont d’autres concepts traités plus ou moins profondément.</p>
<p>Quel lien avec Bach et Escher demandera-t-on ? Les œuvres de Bach sont également bâties sur l’autoréférence (les canons notamment), et l’enchevêtrement de mêmes thèmes. Ceux qui connaissent les gravures d’Escher connaissent par contre les jeux de paradoxes qu’il adorait, où se mélangent les niveaux de signification. Les implications logiques et philosophiques sont plus profondes qu’il n’y paraît...</p>
<p>Le livre aurait-il mérité quelques coupures ? Sans doute. Mais Hofstadter suppose manifestement que le lecteur a le temps et la volonté d’absorber le vocabulaire que, comme tout bon mathématicien, il définit préalablement pour son propos avant de développer. Il tient à faire partager son émerveillement de l’imbrication logique de phénomènes <em>a priori</em> totalement séparés.</p>
<p>Sont plaisants quelques passages, à commencer par la préface, où l’auteur fait comprendre que la version française (qui a nécessité plus qu’une bête traduction !) est au moins aussi bonne que l’originale américaine. L’autoréférence joue à plein quand il décrit comment il a conçu le dialogue des <em>Canons cancrizants</em>. Plus drôle est le paragraphe où il pronostique (en 1979) qu’un logiciel assez bon joueur d’échec pour vaincre tous les humains sera assez intelligent pour vouloir faire autre chose — il n’a pas su prévoir les immenses progrès de la puissance informatique dans les vingt années qui suivirent.</p>
<p>Le lecteur pressé pourra jeter un œil sur le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gödel,_Escher,_Bach" hreflang="en">long article Wikipédia consacré au livre</a>, en sachant qu’il effleure la surface de la substantifique moëlle du pavé.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/16/487-godel-escher-bach-de-douglas-hofstadter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/434« Si la gauche savait » de Michel Rocardurn:md5:364208de7bd5b4fafd185c0fd98c842b2008-03-16T10:26:00+00:002016-07-03T12:41:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcolonisationcommunismedommagedémocratieguerrehistoireHistoire de Francelivres lusperspectivepolitiqueéconomie<p>Michel Rocard est un des rares hommes politiques avec une bonne réputation qui a résisté à l’usure du pouvoir. Si sa carrière nationale est achevée, il reste actif au Parlement Européen, et j’ai eu plaisir à le voir s’engager lors de la <a href="http://brevets-logiciels.info/">guerre des brevets logiciels</a>.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" title="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Si_la_gauche_savait_M.Rocard_s.jpg" alt="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Ce livre paru peu avant la dernière campagne présidentielle retrace la vie de Michel Rocard, sous forme d’entretien avec le très mitterrandien Georges-Marc Benamou.</p>
<p>La jeunesse de Rocard est marquée par la Guerre d’Algérie, qui a profondément chamboulé la vie politique française : pas seulement par le retour de de Gaulle, mais aussi par les scissions et les rancunes au sein même de la gauche. Rocard, et une bonne partie de la gauche non communiste avec lui, s’est défini par opposition à Guy Mollet, puis à Mitterrand (« L’Algérie c’est la France »). Même énarque, il est mobilisé en Algérie, et le devoir de réserve l’oblige à écrire dans les revues politiques sous un pseudonyme. Il insiste sur le fait que les Français de l’époque n’étaient <em>pas</em> informés de ce qui se passait réellement en Algérie (les déplacements de population...), et qui l’écœurait.</p>
<p>Un des drames de la gauche française, pour lui, est la difficulté avec laquelle elle réussit à s’unir. Il envie par exemple le Parti Socialiste suédois et sa longue histoire. Il explique par exemple que les socialistes français n’ont jamais réussi à se regrouper avant 1905, donc n’ont pas « bénéficié » de l’aura de la lutte pour la démocratisation. Puis l’arrivée des communistes, les guerres et divers événements ont à chaque fois provoqué la perte de centaines de milliers de militants expérimentés. En France, il a fallu attendre la reconstruction du PS autour de Mitterrand pour en faire la force dominante de gauche.</p>
<p>Par rejet du communisme, si puissant à l’époque, Rocard raconte s’être toujours soucié de rassembler les forces de gauche et les « catholiques » modérés, donc les centristes. On pense bien sûr à Delors, et à l’« ouverture » alors qu’il était Premier Ministre, au début du second septennat de Mitterrand. Mais cela remonte beaucoup plus loin, quand il se battait pour être élu par ses condisciples étudiants. Certaines des pages les plus savoureuses remontent à cette époque — notamment quand il se fait voler une élection par un certain Jean-Marie Le Pen, personnage déjà peu recommandable.</p>
<p>Un autre personnage croisé pendant sa jeunesse est un certain Jacques Chirac, plus fortuné que lui auprès des femmes comme financièrement, et qui refusera de rejoindre le mouvement de Rocard, pas assez à gauche pour lui !</p>
<p>Bien que Mendès France ait été un de ses modèles, Rocard n’est pas tendre avec lui : Mendès France, trop timoré, n’a été Président du Conseil que mis devant le fait accompli par René Coty ; en 1956 il laisse à Guy Mollet un pouvoir qu’il aurait pu prendre d’une phrase.</p>
<p>Les luttes d’appareils et les querelles de chapelle occupent une bonne partie du livre. Trente à cinquante ans plus tard, elles semblent dérisoires. Les noms et encore plus les sigles sont tombés dans l’oubli. Mais à l’époque il ne s’agit pas simplement de querelles de personnes. Rocard offre aussi une perspective sur tout le côté sociologique de la vie d’un parti, de son appareil, nécessaires pour gagner des élections, et qui ne se construisent pas du jour au lendemain.</p>
<p>Mitterrand est certes presque un ennemi, mais Rocard finit par rejoindre le PS organisé autour de ce dernier, par réalisme. Déjà à l’époque il porte un regard critique sur la campagne de 1981, puis les débuts du premier septennat de Mitterrand. Le nouveau Président est un homme qui pense d’abord appareil, politique et jeux de pouvoirs, et considère les contraintes économiques comme négligeables. Le meilleur exemple est celui des nationalisations, que Rocard et d’autres ont voulu bien plus réduites (par exemple en se limitant à des participations), alors que Mitterrand voit grand et gaspille des milliards.</p>
<p>Mitterrand s’est fort bien coulé dans le modèle de monarchie élective français, et les rapports entre lui et Rocard sont toujours restés froids, même après la nomination de Rocard comme Premier Ministre — quasiment par surprise, lors d’un dîner. Les anecdotes foisonnent. En 1993 Rocard est littéralement viré par le Président.</p>
<p>Bref, un livre extrêmement instructif sur une époque qui semble déjà lointaine — mais dont une partie a représenté mon enfance et mon adolescence. Toute la perspective historique est passionnante.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/03/16/486-si-la-gauche-savait-de-michel-rocard#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/433Archives71.frurn:md5:6361929a60ce7171595b01ef4c2186172008-02-14T19:44:00+00:002011-05-25T20:52:22+00:00ChristopheGénéalogie & ancêtresadministrationgénéalogiehistoireHistoire de Francemémoireperspective<p>Mille fois bénis soient les commanditaires des archives de Saône-et-Loire <a href="http://www.archives71.fr/">qui ont mis en ligne les scans des microfilms des archives de l’état civil</a>.</p> <p>Un quart de ma famille vient d’un bled rural et bucolique du Sept-Un, petit paradis pour ruminants où j’ai passé de bien agréables vacances pendant mon enfance. Je suppose que ma grand-mère y a ses racines depuis la fondation de la bourgade lors des défrichements du Moyen-Âge, du passage d’une légion romaine, ou carrément au néolithique.</p>
<p>Complétant les notes prises dans sa jeunesse par mon oncle (qui à l’époque n’avait pu photocopier les actes), j’ai pu en quelques jours remonter de deux générations, au-delà de la Révolution. Le plus ancien de mes ancêtres connus, justement dans ce département, remonte à 1764 (environ — je n’ai pas (encore ?) son acte de naissance).</p>
<p>Les tables décennales sont en ligne. Ce sont des index par commune et tranche de dix ans reprenant les noms et dates dans les actes, écrits décemment. Elles sont très pratiques et permettent de gagner un temps fou en recherchant systématiquement un nom sur plusieurs décennies sans avoir à feuilleter des centaines de pages de registres illisibles. Les tables décennales sont indispensables pour rechercher toute une fratrie (car si un fils voit ses parents mentionnés dans un acte, les enfants, eux, ne sont pas mentionnés et il n’y a pas de moyen simple de redescendre les générations.). Pour le 71, <a href="http://suitegen.free.fr/Table_decennale71.htm">un passionné a d’ailleurs carrément scanné ces tables et les a mises en ligne</a> ; elles sont plus pratiques sous cette forme que l’interface assez lourde du site officiel.</p>
<p>Il m’a quand même fallu éplucher les registres d’état civil 1793-1802 de Marcilly-la-Gueurce dans leur intégralité pour retrouver certaines informations. Mais au moins pouvais-je les feuilleter sur mon écran, sans sacrifier trois jours et rouler 700 km aller-retour !</p>
<p>Remonter jusqu’aux années 1850 se fait en général très facilement. Mais dès que l’on parle de personnes nées avant que l’état-civil mis en place par la Révolution ne soit rodé, ça se corse. S’ajoutent d’autres difficultés :</p>
<p><strong>Les changements de nom</strong></p>
<p>Avant 1800 (en gros), « Monnet » s’écrivait plutôt « Monet ». Rien de bien méchant, mais il est quand même étonnant que l’orthographe ait encore évolué à cette époque où les actes étaient tout de même déjà écrits, y compris par ledit ancêtre à l’orthographe instable que j’ai retrouvé signer de nombreux actes comme officier d’état civil sous la Première République ! Un demi-siècle plus tard, celui qui a retranscris les tables décennales a même écrit « Monnêt ».</p>
<p>Quant au patronyme de la femme du susdit Monnet, il doit avoir autant de formes que j’ai retrouvé d’actes le mentionnant !</p>
<p><strong>Les homonymies</strong></p>
<p>Si notre époque aime l’originalité, la créativité, voire l’exotisme dans les prénoms, si j’en juge par ceux des camarades de mon fils, les XVIIIè et XIXè siècles préféraient le recyclage permanent. Jean, Claude, Jean-Claude, Antoine, Benoît... Il y en a une poignée, et chacun ou presque trouve son homonyme dans l’arbre même. Il faut faire attention à ne pas mélanger le grand-père avec l’un des innombrables enfants morts en bas âge.</p>
<p>Au fils du Monet officier d’état-civil susdit il fut donné le prénom de Jean-Claude. Ce qui n’empêcha pas ce dernier de se faire nommer Claude tout court, comme son père, dans nombre d’actes. (Jean-)Claude s’est marié trois fois (les deux premières femmes n’ont pas dépassé les vingt-cinq ans : mortes en couches ?), et j’ai longtemps soupçonné une homonymie ou la présence d’un frère. Mais le pot aux roses s’est dévoilé quand je suis tombé un peu par hasard sur l’acte de <em>promesse</em> de mariage entre lui et sa dernière femme (déjà enceinte, régularisait-on là une faute pour éviter le scandale ?), où il se nommait Claude, quand l’acte réel signé quelques jours plus tard portait Jean-Claude.</p>
<p><strong>L’écriture</strong></p>
<p>Si les registres paroissiaux signés par le curé jusqu’à la République sont un chemin de croix visuel, autant à cause de l’écriture que de l’absence de structure des registres (il sautait à peine une ligne de temps à autre) et de la mauvaise qualité des microfilms d’origine, les registres officiels tenus sous Napoléon sont un plaisir : le texte est imprimé, l’officier n’a plus qu’à combler les trous en indiquant noms, prénoms, lieux, qualité, etc. Étonnamment, ces formulaires redisparaissent ensuite, et des actes plus jeunes d’un demi-siècle arrachent à nouveau les yeux.</p>
<p>Une des difficultés dans le déchiffrage tient dans la diversité : chaque officier d’état-civil a son écriture. Et j’ai d’avance de la peine pour les généalogistes amateurs du futur, dont certains sont déjà majeurs, nourris toute leur scolarité de textes imprimés, et donc à peine capables de lire les écritures manuscrites, même actuelles. L’écriture de chaque officier est bien sûr fonction de celle de son époque, mais pas seulement : un acte paroissial de 1791 est mal écrit de manière « moderne », mais un autre de 1839 aux pleins et déliés se déchiffre avec peine.</p>
<p>Les majuscules constituent un obstacle supplémentaire : leur forme a beaucoup varié, et à petite échelle on retrouve les réflexes de Champollion déduisant un hiéroglyphe d’après le mot entier deviné, pour recycler cette connaissance dans un autre mot.</p>
<p>Les notations de mois souvent utilisées au XIXè siècle réservent un piège : que sont 7bre, 8bre, Xbre ? Non, le 23 Xbre 1791 n’était pas le 23/10/1791, mais le 23/12/1791. SEPTembre, OCTobre, DÉCembre ont bien gardé leur numérotation issue des Romains... <a href="http://www.caroloscrabble.be/article.php3?id_article=3890">avant que ceux-ci ne rajoutent deux mois en début d’année</a>.</p>
<p>Un grand classique qui surprend la première fois le généalogiste du dimanche est le mois bizarrement inidentifiable, différent de janvier, février... Mais ça ne dure pas, on apprend vite les mois du calendrier révolutionnaire (frimaire, véndémiaire, nivôse...) quand une fratrie entière est née entre fin 1792 et 1805. <a href="http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article326">Il y a un convertisseur en ligne</a>.</p>
<p><strong>La généalogie comme drogue dure</strong></p>
<p>L’état civil par Internet fait sauter la plus grande contrainte du généalogiste amateur, à savoir l’inaccessibilité relative des documents, qu’il fallait commander un par un auparavant, et recevoir des semaines après voire jamais. Ces délais de réponse ont été la cause principale de la « stagnation » de mon arbre pendant longtemps. De plus, impossible de fouiller dans les registres de manière un peu exhaustive pour chercher un acte de décès qui pourrait être n’importe quand entre 1830 et 1890. Par Internet, ces actes que l’on négligeait autrefois deviennent accessibles, et augmentent le nombre d’actes que l’on ose chercher, faisant ainsi boule de neige. Je me suis surpris à chercher « au passage » dans les tables décennales la famille de la première femme du susdit Jean-Claude Monnet décédée en 1822, alors que ces gens n’ont absolument rien à voir avec moi. Ma manie de l’exhaustivité...</p>
<p>La généalogie devient alors une drogue dure, qui commande de chercher toujours plus loin chaque ancêtre, de lire exhaustivement les cryptiques registres paroissiaux pour relever LA mention illisible qui note la naissance du futur patriarche familial, et qui, si Dieu le veut, précise qui sont ses parents, et, miracle, leur âge (la date de naissance n’y est pas ; avant 1800 au moins il semble que les gens de cette époque ne se soient souvenus qu’imparfaitement de leur propre âge...).</p>
<p>Et rappelons que le nombre d’ancêtres double à chaque génération... Après une semaine, je n’ai toujours pas terminé la branche paternelle du grand-père de ma grand-mère, ni cherché sérieusement d’acte pré-révolutionnaire, c’est dire le boulot qu’il me reste. Heureusement, ces données ne se périment pas.</p>
<p>Bref, si ce blog semble délaissé ses prochains temps, il ne faut pas aller chercher bien loin la cause (en plus de l’habituel et chronophage boulot/auto/marmot/dodo).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/14/476-archives71fr#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/56Des employés interchangeablesurn:md5:9f7b5cb210a28623867c6f2c3cb2af8b2008-02-06T22:17:00+00:002011-05-25T20:37:00+00:00ChristopheIl faut bien mangercourt termecynismemercenairemobilitéorganisationperspectiveSSIItravail<p>« Le système actuel considère que les gens doivent être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre. »</p> <p>Un petit billet <a href="http://it.slashdot.org/comments.pl?sid=188572&cid=15541422" hreflang="en">sur une perle de sagesse croisée au détour d’une conversation sur Slashdot</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-1" id="rev-pnote-199-1">1</a>]</sup> :</p>
<p>À une remarque sur le fait que les entreprises voient trop à court terme, à cause des bilans de fin de trimestre, et donc rechignent massivement à augmenter les salaires, quitte à laisser partir du monde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#pnote-199-2" id="rev-pnote-199-2">2</a>]</sup>, un sage au doux pseudonyme de « kfg » répond (je résume) :</p>
<blockquote><p>C’est pire que ça. Le système actuel considère que les gens <em>doivent</em> être interchangeables. Ce n’est pas que du cynisme, mais une des raisons même pour lesquelles les entreprises en question ont réussi à survivre : pour un boulot médiocre, on peut prendre n’importe quel médiocre, et on en trouvera toujours à un prix raisonnable. Les procédures et flux de ces entreprises sont conçues en fonction de cela.<br /> <br /> Évidemment, à force d’embaucher des médiocres, les grosses entreprises peuvent se voir laminer ponctuellement par de plus petites menées par des fondateurs brillants (j’ajouterais que jouent aussi les handicaps liés à l’échelle : inertie, communications, couches de management, conservatisme de celui qui est protégé par sa taille...). <br /> <br />Revers de la médaille, les petites structures sont beaucoup plus vulnérables à une défaillance de leur fondateur. Celles qui se reposent sur des gens brillants irremplaçables passent un sale moment quand ces gens indispensables s’en vont. Donc une entreprise <em>doit</em> s’organiser de manière à pouvoir remplacer une bonne partie de son personnel. <br /> <br />En résumé : « <em>The opposite of love is not hate; it is indifference. In the average company they aren't actually out to get you, they simply don't give a fuck about you.</em> »</p></blockquote>
<p><strong>Ajout personnel</strong> : Je me demande de quelle manière ce phénomène n’est pas un minimum local de tout ou partie de notre économie. Dans un secteur en crise, l’entreprise qui ronronne à coups de gens médiocres ou mal formés ou peu motivés se fera laminer par les nouveaux venus (faillibles mais nombreux, et qui peuvent vite grossir...) ou d’autres concurrents moins cyniques, ou simplement moins chers, plus motivés, qui trouvent facilement à se démarquer.</p>
<p>D’un autre côté, peu après mes débuts dans la grosse SSII où je suis arrivé trop longtemps, chez le client où je suis aussi resté trop longtemps, un des anciens a posé sa dém’ pour gagner plus au Luxembourg. (Je ne savais pas à l’époque que ladite SSII vivait en permanence une fuite des cerveaux.) À ma réflexion que l’on allait avoir du mal à faire sans lui, le chef a répondu que justement, personne n’était indispensable. Et effectivement, on a fait sans lui, et j’ai même souvent fait tout seul.</p>
<p>Contre-exemple : Google a bâti sa réputation sur le phénomène inverse, en siphonnant un bon paquet de la matière grise haute qualité disponible. D’un autre côté, Google aurait maintenant le problème de devoir balayer plus large dans son recrutement. Enfin, Google pourrait être justement <em>le</em> contre-exemple, celui qui a adopté une stratégie de niche que les autres ne peuvent pas tous suivre, et qui ne peut devenir la norme. Après tout, la plupart des salariés sont, par définition, des gens normaux, dans la moyenne, bref pas exceptionnels, et tout le monde ne peut embaucher la crème.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-1" id="pnote-199-1">1</a>] <em>Slashdot, c’est comme le café du commerce : on se tient au courant des ragots, le niveau est en général très bas, et parfois il y a quelqu’un de vraiment bien qui passe, ou bien le radotage d’un vieux combattant livre une des clés de l’existence.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#rev-pnote-199-2" id="pnote-199-2">2</a>] <em>Toute ressemblance avec une grande SSII où je suis passé n’est pas fortuite, mais elle est plus représentative du genre que l’exception.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/06/221-des-employes-interchangeables#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/199Où sont les specs ???urn:md5:def436a14ea2e1e449bc25aa52c1a04a2008-01-29T22:56:00+00:002011-05-24T20:46:29+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementauto-organisationcomplexitédéveloppementfichageincohérenceinformatiquemétainformationorganisationperspectivesignifiétravail<p>Écrire les spécifications fonctionnelles puis techniques d’un logiciel est un métier, et les interpréter pour développer un autre. Encore y a-t-il un problème intermédiaire bassement pratique : elles sont <em>où</em> les spécs ???</p> <p>Supposons que, dans une entreprise, il ait été jugé que tel besoin doit être satisfait par un petit développement informatique, et que le programme ait reçu <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/09/03/224-codes-projets">son précieux code projet (j’ai déjà causé de cette odyssée)</a>, par exemple VER78 (VEntes/Rapport/78ème programme développé pour ce domaine).</p>
<h3>Les « specs »</h3>
<p>Concrètement, dans une entreprise organisée, on écrit d’abord des <strong>spécifications</strong> (« Ce logiciel doit faire telle chose. ») et ensuite un ou des développeur(s) programme(nt).</p>
<p>Le processus peut être plus compliqué : expression de besoins formelle ; réunions d’arbitrage ; spécifications écrites par un <em>key user</em>, ou un consultant interne, ou externe, ou dossier géré de A à Z par un technico-fonctionnel solitaire ; développement en <em>waterfall</em> ou <em>extreme programming</em> ; dossiers de mise en production, d’exploitation... Mais en gros on se résume à : <strong>spécification / programme</strong>.</p>
<p>Pour le programme lui-même, son code, ses objets... pas de problème, le développeur sait où les trouver et déposer, il est naturellement assez ordonné<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#pnote-204-1" id="rev-pnote-204-1">1</a>]</sup>. De plus, en cas de négligence, la sanction est immédiate : ça ne compile plus. Les outils de gestions de version permettent également suivi et centralisation. Un programme est donc rarement perdu.</p>
<p>Les spécifications ne sont pas soumises à la même rigueur. Souvent, elles se matérialisent en tant que fichiers Word, dont l’éclosion s’effectue en un endroit souvent non public (disque dur personnel, clé USB, répertoire réseau privé...).</p>
<p>Dans les cas les plus défavorables, seul le développeur s’intéresse au code du programme, et la rédaction intervient <em>avant</em> l’étape d’attribution du nom VER78. Le document peut donc ne comporter qu’un titre (« Spécifications commissions sous-traitants.doc »), pas forcément explicite (« Spf comms sst TEST v7.doc »), et se trouver à peu près n’importe où sur l’intranet local…</p>
<p>Un cauchemar pour le petit pion de SSII qui débarque sans idée des nomenclatures et habitudes locales. C’est encore plus drôle quand les gens ne sont pas d’accord sur l’endroit où les documents doivent être déposés ; dans ce cas les chances de posséder plusieurs exemplaires des spécifications évoluant en parallèle est réel.</p>
<h3>De l’unicité du code</h3>
<p>J’ai donné l’exemple de VER78, sans parler d’un pépin courant : pourquoi VER79 et pas VER80 ? Qu’est-ce qui garantit que VER78 ne va pas être utilisé par quelqu’un d’autre pour un projet différent ?</p>
<p>Qu’on utilise un numéro (comme VER78) ou un code plus littéraire (du genre de « Nabuchodonosor »), le problème se pose rapidement (dès que l’équipe dépasse une personne — et même) : <strong>ne pas se retrouver avec deux programmes de même nom</strong>. C’est tout bête, mais dans une phase de foisonnement (installation d’un système) impliquant pléthore de consultants et développeurs, le danger est réel.</p>
<p>En informatique théorique, le cas est connu, il suffit de « poser un verrou » sur un numéro. Sous Oracle, on parlerait de « séquence » (à part pour le problème de non-continuité des numéros). En clair, une référence unique où se trouvent ces numéros, et qui garantit un minimum que deux personnes ne peuvent pas utiliser deux noms de programme en même temps. Mais c’est la théorie, où les programmes suivent toujours les procédures ; les humains font ce qu’ils veulent et sont faillibles.</p>
<p>Un collègue m’a parlé d’une technique primitive mais efficace : le <strong>classeur papier</strong> unique (le truc plat en plastique ou carton avec des anneaux métalliques et des feuilles dedans, pas un fichier Excel !). Le chef de projet ou le développeur qui a besoin de « tirer un numéro » pour nommer une brique logicielle va dans le classeur, regarde le dernier numéro ou nom utilisé, rajoute le sien, et est certain que personne ne créera le même au même moment. Inconvénient : à l’heure des bases de données réparties sur plusieurs sites, et de la sous-traitance massive aux antipodes, un classeur ne voyage ni par email ni par intranet.</p>
<p>Le dérivé de l’ère numérique est évident : un <strong>simple fichier Excel sur un intranet public</strong>. Encore faut-il savoir où il est sur la jungle de l’intranet réseau (<em>a priori</em> simple, parfois non, voir plus loin). De plus, les classeurs Excel ont le don de scissiparité, et les <em>managers</em> sont vite enclins à en créer d’autres pour le pilotage<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#pnote-204-2" id="rev-pnote-204-2">2</a>]</sup>. Le fichier unique « bête liste des programmes maison » tend très vite à évoluer en outil de mesure de la progression de projets.</p>
<p>La technique la plus efficace à ma connaissance est simplissime : puisque chaque développement implique la génération d’au moins un document (spécifications), autant utiliser cette base documentaire comme base pour la génération du nom du logiciel. On peut effectuer une recherche sur tous les documents intitulés VER*, trouver le dernier (VER77), pour décider de créer le VER78 — mais créer ce document n’est pas instantané, et il vaut mieux que ce code existe avant la moindre action (pour la cohérence des noms des objets à développer, pour les imputations du temps passé à écrire chaque spécification…).</p>
<p>Plus sûrement, <strong>utiliser les répertoires</strong> (du genre « R:\Développements\Ventes\Rapports\VER78\ »). Un répertoire se crée en deux secondes, le code VER78 est réservé même si aucun document n’a été généré, et le collègue dans l’autre bâtiment, dix secondes plus tard, avec besoin équivalent, créera son VER79.</p>
<p>Archi-simple. Beaucoup trop pour certains.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#rev-pnote-204-1" id="pnote-204-1">1</a>] <em>Dans ses fichiers, pas toujours sur son bureau.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#rev-pnote-204-2" id="pnote-204-2">2</a>] <em>Dans les gros projets, il y a des gens qui passent leur temps à remplir des fichiers Excel avec les informations d’autres fichiers Excel, ou d’informations disponibles dans l’intranet local...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/29/228-ou-sont-les-specs#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/204Le futur à reboursurn:md5:d173155340981db1812b2b943bf5841d2008-01-26T10:35:00+00:002011-05-24T20:39:31+00:00ChristopheCitationsbon senscitationdécadencegaspillageJupiterperspectivepessimismeprovocationscience-fictionéconomieévolution <p><img src="http://home.earthlink.net/~alprojects/2001/discovery.gif" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Juste un extrait cinglant d’un contributeur du <a href="http://www.anneau-monde.com/">Club Présence d’Esprit</a> :</p>
<blockquote><p>« Le symbole de notre époque: au lieu de FAIRE le futur, on fait des émissions sur l’époque où on croyait encore dans le futur... :-((<br /> <br />Quand j’étais gamin, je découvrais le Discovery cinglant vers les lunes de Jupiter, et en 2001, quand j’aurais dû le voir en vrai (on en avait les moyens technologique, en plus !) qu’ai-je vu ? Qu’était-ce qui dominait l’actualité des transports ? DES TROTTINETTES ! »<br /> <br />Paul Alary, <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/list-pde/message/12662">liste list-pde, 3 octobre 2007</a></p></blockquote>
<p><img src="http://www.trottinette.org/images/md_bladz_800w.jpg" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/26/433-le-futur-a-rebours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/392Dans trente ans, encore un bug de classe « fin du monde »urn:md5:ad067a9381306867551641386b4381112008-01-19T00:00:00+00:002011-05-24T20:39:06+00:00ChristopheBug de l’An 2000 et d'autres tempsan 2000apocalypsebugcomplexitécourt termedommagedysfonctionnementhiérarchieinformatiqueperspectivepsychologietemps<p>Dans trente ans pile, le monde informatique rencontrera le <a href="http://www.2038bug.com/" hreflang="en">Bug de 2038</a> (déjà surnommé Y2K38 par référence au Y2K de 2000 ; on remarquera que l’abréviation Y2K38 est plus longue que le chiffre 2038 — snobisme quand tu nous tiens...).</p> <p>En 2000 c’était simple et compréhensible par un gamin de dix ans : les programmeurs avaient été trop bêtes ou négligents ou leurs chefs trop pingres pour caser 4 chiffres dans les dates, et il avait fallu tout corriger si on ne voulait pas que notre civilisation s’effondre. Je reste d’avis que la quasi-hystérie de certains milieux sur le sujet est la raison principale qui l’a transformé en non-événement complet. Comme un commentateur l’a écrit, un missile de croisière parti tout seul s’abîmer en mer n’aurait pas fait de dégât mais aurait marqué les esprits. Ça ne s’est pas passé, et le bug apparaît rétrospectivement comme une fausse alerte.</p>
<p>En 2038 ce sera plus délicat :</p>
<ul>
<li>le concept de date Unix codée en secondes sur 32 bits est nettement plus ésotérique pour le téléspectateur moyen, et surtout pour ses chefs non techniciens ;</li>
<li>le correctif qui consiste à tout recompiler en 64 bits aura été appliqué de manière à peu près universelle d’ici là (quand on voit qu’une machine à laver utilise des puces qui était à la pointe en 1985, on peut être optimiste), d’où paradoxalement un net relâchement de l’effort éventuel sur les dernières puces restantes ;</li>
<li>le bug sera nettement plus coton à traquer (pas de champ bêtement déclaré comme <code>ANNEE VARCHAR(2)</code>) ;</li>
<li>le nombre d’applications, de logiciels embarqués, de puces cachées... aura explosé d’ici là (il n’y a qu’à voir la progression depuis 1978...) ;</li>
<li>les programmes en Cobol qui traînent depuis 30 ans et ont dû être corrigé il y a huit à dix ans sont la preuve vivante de la longévité de nombre de logiciels. (Mine de rien, les trois systèmes d’exploitation principaux du moment (DOS/Windows, Unix, MacOS), même réécrits entre temps, ont des racines qui remontent toutes à plus de 20 ans... Du code qui tournera en 2038 existe donc déjà.)</li>
</ul>
<p>« Bah, c’est dans 30 ans ! Après moi le déluge ! » diront les développeurs de base... Justement, dans trente ans :</p>
<ul>
<li>rares sont ceux d’entre eux qui seront effectivement à la retraite pour s’en contreficher (tous ceux qui ont moins de 40 ans n’ont pas d’illusions à se faire vues les courbes démographiques…) ;</li>
<li>et la plupart d’entre eux seront de toute façon encore de ce monde (vue la progression de l’espérance de vie), donc forcément concernés.</li>
</ul>
<p>Ce qui est rigolo est que <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=08/01/15/1928213" hreflang="en">certains évoquent des problèmes liés au calcul des intérêts sur 30 ans pour certains prêts</a> (maximum légal au États-Unis paraît-il), qui apparaîtraient déjà. D’une part 30 ans n’est qu’un cas particulier, les prêts plus longs existant déjà de toute manière. D’autre part, si les banquiers corrigent le problème tout de suite, on aura largement le temps de l’oublier avant 2038... Si des industries calculent effectivement sur le très long terme, la plupart vend du « jetable ».</p>
<p>Bah, comptons sur quelques consultants pour remuer la sauce. Il devrait donc y avoir un pic d’activité des SSII entre 2035 et 2038, mais allez savoir dans quel pays en développement accéléré tout cela sera sous-traité à ce moment. En Afrique noire ? Au fond des dernières régions peu développées de Chine ? En Europe redevenue une région à bas coût ? Ou les Intelligences Artificielles s’occuperont-elles toutes seules du problème ?</p>
<p>En tout cas, notre civilisation est en régression : il y a une autre trentaine d’année, dans le passé cette fois, mon grand-père payait la dernière traite d’un prêt pour un immeuble acheté par un vague cousin ou oncle... 70 ans plus tôt !</p>
<p>Et une chose est sûre, le commis qui a calculé les mensualités n’était pas sensible à quelque bug YK que ce soit.</p>
<p><strong>Micro-bibliographie sur Internet :</strong></p>
<ul>
<li><a href="http://www.2038bug.com/" hreflang="en">2038bug.com</a></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/02/92-les-bugs-qui-nous-attendent">Les Bugs qui nous attendent</a>, billet du présent blog de mars 2006 ;</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=08/01/15/1928213" hreflang="en">Discussion sur Slashdot d’il y a quelques jours</a></li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/19/465-dans-trente-ans-encore-un-bug-de-classe-fin-du-monde#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/419Arrondir : oui mais comment ?urn:md5:54ea730b2e67dbf93d15b11cd2a4439b2007-11-15T21:33:00+00:002011-05-09T19:59:04+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementchiffrescomplexitédysfonctionnementdéveloppementEuropeinformatiquemathématiquesmétainformationparadoxeperspectiveprécisiontravailvaleuréconomie<p>Arrondir un chiffre n’est pas innocent, du moins pas en comptabilité ou informatique, encore moins en sciences.</p> <p>C’était un article passionnant dont je voulais parler il y a déjà longtemps : <em><a href="http://www.pldesignline.com/howto/showArticle.jhtml;?articleID=175801189" hreflang="en">An introduction to different rounding algorithms</a></em>.</p>
<p>On rappelle qu’en ingénierie (donc dans le monde réel auquel le résultat d’un programme se confronte fatalement un jour), un nombre comme 4,0 est forcément associé à un degré de précision exprimé par le nombre de chiffres : ici, deux chiffres significatifs impliquent une valeur entre 3,9 et 4,1.</p>
<p>En comptabilité, les nombres sont en général fixes : 3,56 € est implicitement strictement équivalent à 3,56 ± 0,0000000000000000000000000000000... € aussi précisément qu’est défini π. Et 200 €, c’est également 200,0000000000000000000000000000000000000000000000... €. Même la manipulation des quantités (addition, multiplication...) ne pose pas de problème, parce que la division d’une somme de 3 € en dix ne donnera <em>jamais</em> naissance à des tiers de centime, mais quelque part quelqu’un prendra ou supprimera ce centime. Idem dans les transactions de devises, on se contente d’échanger des yens contre des euros, qui existent déjà, avec un nombre décimales fixes. J’ai vu des prix fixés en dollars avec six décimales<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/15/80-arrondir-oui-mais-comment#pnote-81-1" id="rev-pnote-81-1">1</a>]</sup> mais le prix final, lui, produit d’une multiplication, était arrondi : on n’ergote pas sur un dixième de centime quand la somme finale se chiffre en centaine de milliers.</p>
<p>Les comptables ont plus sué (et les consultants ont gagné pas mal de sous) lors du passage à l’euro ; là pas d’échange de devises, mais une conversion de la monnaie en une autre avec un taux pas simple du tout<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/15/80-arrondir-oui-mais-comment#pnote-81-2" id="rev-pnote-81-2">2</a>]</sup>, et la garantie que la conversion des francs/marks/pesetas/florins/lires/schillings... en euros ne tomberait pas souvent juste. Ce fut une orgie de comptes destinés à récupérer des minuscules erreurs d’arrondis (calculés à quel niveau ? sur quels totaux ou sous-totaux ?), et je suis fort aise de ne pas avoir touché à la compta à cette époque.</p>
<p>Il n’empêche que dans tous les cas il faut <em>arrondir</em>. Si dans les transactions commerciales de tous les jours on arrondit en général vers le bas ou au plus proche ou à la tête du client sans se poser de questions, le jeu devient plus délicat pour les ingénieurs et quelques comptables qui ne veulent pas voir s’accumuler des approximations dues à ces arrondis, surtout dans les opérations répétitives.</p>
<p>Avec un chiffre significatif, on arrondit 3,1 à 3, et 3,8 à 4, mais <em>quid</em> de 3,5 situé à mi-chemin entre 3 et 4 ? En général on décide d’arrondir à l’inférieur (les cinq premières valeurs après le 3 arrondies au 3, les cinq suivantes au 4), ce qui donne 3. Mais pour être cohérent il faudrait arrondir -3,5 à -4, ce qui peut choquer. Même problème pour la technique d’arrondi au supérieur, et là aussi on risque un biais.</p>
<p>L’<strong>arrondi du banquier</strong> demande d’intervertir le sens d’arrondi alternativement pour la valeur « du milieu » : 3,1 arrondi à 3, 3,5 arrondi à 4, 4,5 arrondi à 4, et 5,5 arrondi à 6. Là aussi, il y a risque de biais si les valeurs penchent pour une parité particulière.</p>
<p>L’<strong>arrondi stochastique</strong> choisit de façon aléatoire 3 ou 4 pour arrondir 3,5. Franchement, calculer en n’étant pas certain d’avoir deux fois le même résultat me rend très dubitatif...</p>
<p>Les fonctions <strong><em>floor</em></strong> (sol) et <strong><em>ceil</em></strong> (plafond) souvent rencontrées se contrefichent de la valeur de la mantisse : 3,1 comme 3,9 s’arrondissent en 3 avec <em>floor</em>, et en 4 avec <em>ceil</em> (et -3,1 respectivement en -4 et -3). Ils introduisent donc un biais, mais cela n’a pas forcément d’importance.</p>
<p>L’<strong>arrondi vers le zéro</strong> utilise <em>floor</em> pour les nombres positifs, <em>ceil</em> pour les négatifs pour supprimer les biais.</p>
<p>La pure <strong>suppression de la mantisse</strong> (<em>chopping</em>) semble simple mais peut générer de sulfureux problèmes selon les objets informatiques réels que l’on manipule.</p>
<p>En deuxième partie, l’article s’étend sur les considérations très techniques, notamment si c’est du matériel simple, et non un processeur surdopé aux gigahertz, qui doit effectuer le travail.</p>
<p>J’ajouterai que limiter les erreurs d’arrondis est un but souvent suffisant, mais les supprimer est illusoire. En conséquence, en calcul numérique, comparer deux valeurs qui n’ont pas implicitement une précision exacte (comme de la monnaie ou un entier stocké sous forme d’<em>integer</em>) relève de la roulette russe, puisqu’à cause de l’arrondi le bête ordinateur risque de ne pas voir que le 9,999999999999999999 qu’il a calculé n’est pas égal à 10 (sous-entendu 10,0000000000000...). Il faut alors définir un seuil de tolérance ε (par exemple 0,000000000001) en-dessous duquel on estimera que la différence entre les deux chiffres est du bruit, et qu’il sont égaux.</p>
<p>Personnellement, je reste parfois rêveur devant des rapports Business Objects qui se limitent à des sommations et soustractions, mais affichent 0,00 sur une ligne, et -0,00 sur la suivante.</p>
<p>Par contre, les non-arrondis parfois bien nécessaires me font hurler : un institut de sondage sort par exemple un nombre de deux chiffres significatifs calculé à partir d’une poignée de personnes alors que la précision est plutôt de l’ordre du chiffre unique. Mais parler de « 57% des Français » fait plus sérieux que « 50% à 10 points près ». Voir par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour">une célèbre étude sur la composition démographique de l’électorat de Sarkozy, dont j’avais parlé ici</a>.</p>
<p>En informatique de gestion, on apprend bien vite que les nombres ne sont pas les seuls à s’arrondir. La première fois que l’on calcule <code>TRUNC(une_date)</code> (dans mon cas avec Oracle) cela surprend, mais on s’y fait très vite : sous Oracle, un jour s’identifie à un entier. Le tronquer (supprimer la mantisse) revient à en prendre le début à minuit. Et on obtient le premier janvier de l’année avec <code>TRUNC(une_date,'YYYY')</code>.</p>
<p>Qu’une opération aussi basique que l’arrondi puisse donner lieu parfois à d’énormes prises de têtes me fascinera toujours. <em>Der Teufel steckt im Detail</em>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/15/80-arrondir-oui-mais-comment#rev-pnote-81-1" id="pnote-81-1">1</a>] <em>Pour chiffrer ce qui passait à la sortie d’un </em>pipeline<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/15/80-arrondir-oui-mais-comment#rev-pnote-81-2" id="pnote-81-2">2</a>] <em>Quoique le facteur de conversion français de 6,55957 ne pose ni plus ni moins de problème que le 1,95583 allemand, qui ne s’arrondit que psychologiquement à 2, pas comptablement.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/11/15/80-arrondir-oui-mais-comment#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/81« Freakonomics » de Levitt & Dubnerurn:md5:048d983a546f85f550c08dc475ab241d2007-10-30T18:10:00+00:002011-05-09T19:43:29+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieslivres lusmicroéconomieperspectiveéconomieÉtats-Unis<p>Enfin un livre de micro-économie archi-concret, parfois dérangeant, en tout cas surprenant.</p> <p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Levitt">Steven Levitt</a> est un économiste à la mode. <em>Freakonomics</em> est son œuvre grand public la plus connue, pleine d’exemples de l’influence de la micro-économie sur la société.</p>
<p>Le cas le plus frappant à mes yeux est la chute de la criminalité américaine dans les années 90 qui suivait exactement dans chaque État, l’assouplissement des lois sur l’avortement. (<em>Coïncidence, un autre article vient de sortir qui ne nie pas le lien avec l’avortement, mais corrèle plutôt l’interdiction du plomb dans l’essence avec la baisse de la criminalité vingt ans plus tard : <a href="http://www.amherst.edu/~jwreyes/papers/LeadCrimeNBERWP13097.pdf" hreflang="en">PDF de l’article</a>, <a href="http://www.nytimes.com/2007/10/21/magazine/21wwln-idealab-t.html?_r=1&adxnnl=1&adxnnlx=1193069109-tIv/I01qmqYqqX/fw3A7Iw&oref=slogin">résumé et commentaire par le</a> </em><a href="http://www.nytimes.com/2007/10/21/magazine/21wwln-idealab-t.html?_r=1&adxnnl=1&adxnnlx=1193069109-tIv/I01qmqYqqX/fw3A7Iw&oref=slogin" hreflang="en">New York Times</a><em>, <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=07/10/23/1839245&threshold=4" hreflang="en">quelques commentaires intéressants sur Slashdot</a>. Ou est-ce un exemple de corrélation sans causalité ?</em>).</p>
<p>La démonstration de l’existence d’une économie de la triche entre joueurs de sumo est également implacable, ainsi que celle du trucage des notes des élèves dans une société où les enseignants sont payés au mérite<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#pnote-261-1" id="rev-pnote-261-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>C’est quasiment l’inverse des théories à la mode des années 60 ou 70 : au lieu de « tout est politique », on finit par un très marxiste (?) « tout est micro-économique ».</p>
<p>Très instructif. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Levitt#Freakonomics">Les gens pressés se limiteront à l’article Wikipédia</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#rev-pnote-261-1" id="pnote-261-1">1</a>] <em>Et voilà pourquoi je tiens à ce que le Bac reste un examen national dans le contexte actuel...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/261"4" par 4.0 ?urn:md5:be583f4c15f593cec11e9f6dda5a5c2c2007-10-24T20:48:00+00:002011-05-09T19:40:11+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementchiffrescitationdysfonctionnementdéveloppementincohérenceinformatiquemathématiquesmétainformationparadoxeperspectiveprécisionsignifié<p>4 * 4.0 donne des résultats parfois surprenants selon les langages...</p> <p>C’était <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=228701&threshold=4&commentsort=3&mode=nested&cid=18549429" hreflang="en">une remarque faite sur Slashdot en mars dernier</a> par un certain <a href="http://jimbojw.com/wiki/index.php?title=Blog" hreflang="en">jimbojw</a>, au sein d’une discussion sur le sens profond de 4 x 4,0 <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/24/351-4-par-4-0#pnote-315-1" id="rev-pnote-315-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Suite à une remarque pertinente que <code>"4"</code> était en fait une chaîne de caractère dont la multiplication n’avait pas un sens immédiat, Jim a fait le test avec plusieurs langages :</p>
<p><code>"4" * 4.0</code> donne :</p>
<ul>
<li>En Ruby : <code>"4444"</code></li>
</ul>
<ul>
<li>En PHP et Javascript : <code>16</code></li>
</ul>
<ul>
<li>En Java : <code>Exception:The operator * is undefined for the argument type(s) String, double</code></li>
</ul>
<p>Et tant qu’il y était, il a testé l’addition :</p>
<p><code>"4" + 4.0</code> donne :</p>
<ul>
<li>En Ruby : <code>TypeError: can't convert Float into String</code></li>
</ul>
<ul>
<li>En PHP : <code>8</code></li>
</ul>
<ul>
<li>En JavaScript : <code>44</code></li>
</ul>
<ul>
<li>En Java : <code>"44.0"</code></li>
</ul>
<p>“<em>Which I just find amusing all around</em>” ajoute-t-il...</p>
<p>Effectivement, on se demande pourquoi Ruby, qui a défini l’opérateur * pour répéter des chaînes (une convention acceptable) n’en a pas profité pour faire de même avec +. En fait, si, c’est ce qu’il essaie de faire, mais manifestement la routine de conversion du décimal 4,0 en chaîne n’a pas de chaîne de formatage par défaut (l’utilisateur veut-il voir <code>"4"</code>,<code>"4.0"</code>,<code>"4,000"</code>,<code>"00004,0000"</code>... ?), ce qui personnellement me semble un peu dommage ; mais j’ai déjà assez pesté contre les conversions automatiques parfois cavalières de nombres en chaînes et vice-versa par Oracle (d’ailleurs je parie qu’Oracle aurait donné respectivement les <em>nombres</em> 16 et 8.)</p>
<p>Le Java, lui, semble connaître un formatage par défaut (peut-être comme Oracle dépendant de la configuration du serveur, du client ou de la session, au choix). Par contre le * n’a pas été défini pour les chaînes. Le PHP fait de la conversion en chiffres à la volée, j’ai toujours trouvé assez perturbant son typage très flou. Quant au Javascript, qui règne dans les mêmes sphères web que PHP, il semble inconsistant entre les deux opérateurs, puisque le * opère une conversion de la chaîne en nombre et la multiplication, alors que le + opère une conversion du nombre en chaîne et une concaténation ! Passer de PHP à JS régulièrement doit être assez buggatoire...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/24/351-4-par-4-0#rev-pnote-315-1" id="pnote-315-1">1</a>] <em>Le degré de signification des deux n’est pas le même, le premier n’a qu’une décimale significative (en fait, il vaut entre 3 et 5...), donc pour un ingénieur le résultat n’est </em>pas<em> 16, plutôt l’arrondi 2.10¹ (soit une valeur entre 10 et 30) - sauf à être certain que ce premier 4 n’est pas une mesure mais une valeur absolue d’une précision aussi infinie que π, auquel cas on obtient bien 1,6.10¹. Comme le disait un autre contributeur, dans certains domaines, la différence entre 4,00 cm et 4,00000000 cm est de plusieurs centaines de dollars.</em> </p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/10/24/351-4-par-4-0#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/315Une grande victoireurn:md5:7b06eaf564bfb3efa5bc59c92612db302007-09-17T21:00:00+00:002011-04-26T08:17:05+00:00ChristopheInclassable & inclassébon sensjeunationalismeoptimismepanurgismeperspective<p>Victoire française en rugby contre la Namibie : faut-il sauter de joie comme le font les journalistes ?</p> <p><a href="http://www.latribune.fr/info/Rugby--France-Namibie---le-match-de-la-renaissance--selon-Jo-Maso-029-~-AP-RUGBY-MONDIAL-FRANCE-MASO-$Db=News/News.nsf-$Channel=Sport-$SubChannel=Rugby">Ils sont contents, ils ont vaincu la Namibie</a>. Une véritable renaissance. Un triomphe. La fin de la période noire.</p>
<p>Mais c’était la Namibie, nom de Zeus ! La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Namibie">NAMIBIE</a> ! Même pas deux millions d’habitants<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/17/413-une-grande-victoire#pnote-370-1" id="rev-pnote-370-1">1</a>]</sup>, dont 7% de Blancs qui semblent quasiment les seuls à s’intéresser au rugby vue la carnation des joueurs, un pays qui est surtout une plage géante de 200 à 500 km de largeur et pas grand-chose d’autre, sans boue pour s’entraîner au plaquage.</p>
<p>Sans vouloir dénigrer les Namibiens (et surtout pas le joli sprint en dernière minute qui a mené à leur seul essai), il faut dire qu’ils ne sont pas spécialement dans les favoris de la Coupe du Monde. Pour se qualifier, la Namibie a dû <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_d'Afrique_de_rugby_à_XV_2006">écraser en 2006</a> des puissances majeures du rugby mondial comme le Swaziland ou le Maroc (l’Afrique du Sud n’a dégainé que son équipe amateur, probablement par esprit sportif).</p>
<p>Donc se glorifier d’avoir battu le petit poucet... Ah, si Schumacher avait hurlé sa joie d’avoir battu une Clio de série avec sa F1, ou si l’équipe de France de foot se glorifiait d’avoir écrasé le <a href="http://perso.orange.fr/stat2foot/champ0607/cfaga.htm">Schiltigheim Sporting Club</a>, les journalistes auraient été moins mielleux, voire ironiques.</p>
<p>On verra contre les Irlandais. Eux arrivent en quart de finale en général.</p>
<p><strong>PS</strong> : Que ceux qui me connaissent se rassurent, la fin de France-Namibie est à peu près tout ce que j’ai vu en rugby depuis le début du siècle. Mais vu ce que j’entends à la radio, je me dis que moi aussi je pourrais être commentateur sportif - ou plutôt non, je ne pourrais pas, vu le chauvinisme ambiant.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/17/413-une-grande-victoire#rev-pnote-370-1" id="pnote-370-1">1</a>] <em>Bon, ça ne veut rien dire. Les Tonga et leurs cent mille habitants ont mis la pâtée aux États-Unis forts de 300 millions d’âmes.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/09/17/413-une-grande-victoire#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/370Gros défaut des PC et exaptationurn:md5:5f9c57b6f8e616258cd0436ca6b8584e2007-08-23T18:18:00+00:002011-04-25T21:16:13+00:00ChristopheInformatique pratiqueanticonsumérismeauto-organisationbon senscomplexitédommagedysfonctionnementexaptationinformatiqueintelligenceoptimisationperspectiveévolution<p>Porte-gobelets sur PC et autres aberrations technologiques.</p> <p><a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=236043&cid=19260383" hreflang="en">Fine remarque d’un commentateur de Slashdot</a> :</p>
<blockquote><p><em>“Well, the worst thing about most PCs<br />is the way the cup holder automatically retracts during a reboot.”</em><br /> <br />« Le pire défaut de la plupart des PCs, c’est le porte-gobelet qui se rétracte automatiquement lors d’un reboot. »</p></blockquote>
<p>Je ne peux pas contester.</p>
<p>Derrière la blague il y a une vérité : l’utilisateur fait ce qu’il veut de sa machine<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/23/379-gros-defaut-des-pc-et-exaptation#pnote-332-1" id="rev-pnote-332-1">1</a>]</sup>. S’il a envie d’utiliser un morceau d’électronique comme porte-gobelet, c’est son droit le plus strict. Et l’évolution des fonctionnalités des machines doit tenir compte de ces détournements des fonctionnalités originelles.</p>
<p>On appelle ce phénomène l’« exaptation », comme pour le fameux sixième pouce du panda, détourné par l’évolution de sa fonction première (lire absolument <em>Le pouce du panda</em> du regretté Stephen Jay Gould).</p>
<p>La citation est extraite d’une enfilade sur Slashdot titrée <a href="http://ask.slashdot.org/article.pl?sid=07/05/24/2010242" hreflang="en">“What's the Worst Technical Feature You've Used”?</a> (« Les pires fonctionnalités que vous ayez utilisées ») dans laquelle on trouve, en vrac :</p>
<ul>
<li>Clippy, le peu regretté trombone parasite d’Office ;</li>
</ul>
<ul>
<li>un site de Logitech permettant de télécharger un pilote pour souris, site inutilisable au clavier seul sans souris ;</li>
</ul>
<ul>
<li>un four à micro-ondes qui exige qu’on lui règle la date ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les téléphones portables mal conçus, notamment un Samsung qui considérait l’appui prolongé du 9 comme une volonté d’appel au 911 (appel d’urgence aux États-Unis), y compris avec le verrouillage clavier activé ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les emballages de certains produits électroniques qui semblent totalement indestructibles ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les fonctions (notamment d’avance rapide ou de saut) désactivées sur les DVDs — je hais ça aussi ;</li>
</ul>
<ul>
<li>le temps délirant d’éjection de ces mêmes lecteurs DVD ;</li>
</ul>
<ul>
<li>l’inutile bouton « <em>Eject</em> » sur les télécommandes... sauf qu’à cause du point ci-dessus, on a réellement le temps de se lever de son fauteuil et de chercher le boîtier avant que le DVD sorte du lecteur ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les transformateurs électriques qui se branchent directement sur la prise, en bloquant plusieurs entrées d’une multiprise ;</li>
</ul>
<ul>
<li>une BMW tellement fortifiée contre toute intrusion qu’un malheureux qui avait oublié ses clés <em>et</em> son bébé dedans n’a rien pu faire et a dû faire appel aux pompiers pour éventrer la voiture (<a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=236043&cid=19267413" hreflang="en">à lire !</a>) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>et bien d’autres aberrations technologiques.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/23/379-gros-defaut-des-pc-et-exaptation#rev-pnote-332-1" id="pnote-332-1">1</a>] <em>En en assumant les conséquences, aussi.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/23/379-gros-defaut-des-pc-et-exaptation#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/332L’échec du CRM ?urn:md5:7ec424ffc7df88aceae312b0054c99b22007-08-21T07:54:00+00:002011-04-25T21:12:44+00:00ChristopheInformatique lourdeadministrationanticonsumérismebase de donnéesbon senscommunicationcomplexitéCRMdommagedéshumanisationergonomieERPinformatiqueperspectivetravail<p>Grandeur et malheurs d’un <em>buzzword</em> adoré des vendeurs de logiciels.</p> <p>« Les clients se disent victimes des systèmes de GRC<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/21/366-l-echec-du-crm#pnote-70-1" id="rev-pnote-70-1">1</a>]</sup> » : l’article qui dénonce est ici :
<a href="http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-les-clients-se-disent-victimes-des-systemes-de-grc-22970.html">http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-les-clients-se-disent-victimes-des-systemes-de-grc-22970.html</a>.</p>
<p>Questions :</p>
<p>- Quelle est la part de l’enquête, et la part de l’envie de faire un titre un peu provocant de la part du journaliste ? Ou d’Accenture, qui a fait l’étude, et qui doit se demander quoi vendre après avoir fait l’apologie de tous les systèmes de gestion à la mode depuis un bout de temps ?</p>
<p>- On accuse le logiciel de dégrader la qualité des prestations de service au client, mais le logiciel est-il coupable quand le processus entier exige souvent des téléopérateurs et -vendeurs sous-traités et payés au lance-pierre qu’ils se comportent comme des robots et ne s’intéressent qu’à réduire au maximum la durée des appels (au pire), ou sont des petits jeunes sans expérience chargés de fourguer au client le maximum de produits (au mieux) ?</p>
<p>- Pour avoir vu fonctionner avec succès deux CRM d’assez près (support interne d’un service après-vente d’un fabricant d’électronique, et télévente de « matière première » à des professionnels de la restauration), je sais que le paramétrage d’un tel monstre est une entreprise titanesque. Les CRM sont <em>vraiment</em> flexibles, mais il faut beaucoup de réflexion et de temps. Évidemment, à l’autre bout, les besoins des clients sont infinis, donc jamais totalement couverts, et immédiats. Je me demande si ces trucs ne sont pas <em>trop</em> compliqués pour être totalement maîtrisés.</p>
<p>- L’une des plaies de notre société est le saucissonnage des tâches : un client a rarement le même interlocuteur de A à Z quand il a un problème, ce qui impose un système de suivi mais augmente les chances de « tomber au travers » et dépersonnalise la relation. Rien de logiciel là-dedans.</p>
<p>- La « relation client » est par définition la part la plus « humaine » de tout ce que peut faire une entreprise. Faut-il vraiment automatiser ça à fond ?</p>
<p>Bref, le problème est-il lié aux logiciels ou à la philosophie actuelle du service au client ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/21/366-l-echec-du-crm#rev-pnote-70-1" id="pnote-70-1">1</a>] <em>GRC est le tout aussi imprononçable équivalent français de CRM : </em>Customer Relationship Management<em> ou </em>Gestion de la Relation au Client<em>, au choix. Un concept très à la mode qui a fait la fortune des actionnaires de Siebel, SAP, Salesforce.com et consorts.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/21/366-l-echec-du-crm#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/70USB partout toujoursurn:md5:64c1fa64e3a509adf61cccef2b9fcabe2007-08-15T13:44:00+00:002011-04-25T21:12:05+00:00ChristopheInformatique militante et technologieanticonsumérismecommunicationconquête de l’inutileexaptationinformatiquemicroéconomiemobilitéMP3panurgismeperspectivepouvoir d’acheterévolution<p>L’USB est universel et ubiquitaire, il a été créé pour. Jusqu’à l’absurde.</p> <p>J’ai récemment reçu et feuilleté le catalogue d’une entreprise alsacienne spécialisée dans la vente par correspondance d’un peu tout et n’importe quoi (beaucoup de n’importe quoi d’ailleurs) dans le domaine du périphérique informatique (et de tout ce qui est périphérique à l’informatique et susceptible d’intéresser le <em>geek</em>, le <em>nerd</em>, le <em>gamer</em> ou le simple a- ou décérébré abruti, forcément mâle), fournisseur chez qui je me suis épisodiquement fourni, bien que souvent peu satisfait de la qualité parfois très approximative des produits. Il faut savoir sélectionner.</p>
<h3>USB USB USB</h3>
<p>Et j’ai repéré une tendance plus qu’évidente, et loin d’être nouvelle : l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Universal_Serial_Bus">USB</a> est devenu <em>le</em> connecteur universel (Intel, Microsoft, HP et compagnie l’ont créé pour ça après tout). Il sert à tout et n’importe quoi quand il s’agit de relier quelque chose au PC : claviers USB, souris USB, imprimantes USB d’abord, puis appareils photo numériques USB, ensuite microscopes USB, téléphones Skype USB, caméras USB, clés USB de tous les formats et tailles, pavés numériques USB, télécommandes PC avec récepteur infrarouge USB...</p>
<p>Quelque part et un peu partout, des <em>brain-stormings</em> ont accouché d’une conclusion : on prend un produit banal, on rajoute « USB » derrière, et on voit après si ça a un sens. Ce sens peut être très ténu. Faute de mieux, on intègre un hub USB à l’objet. Sont donc nés les pèse-personnes USB, les lampes avec hub USB, les calculatrices-hub USB...</p>
<p>Parallèlement, la démocratisation de l’informatique et le « je me prends pas la tête à ouvrir la machine », renforcés par la généralisation des ordinateurs portables qu’on ne peut ouvrir, ont entraîné le passage de certains produits vendus sous forme de cartes d’extension à la connectique USB. Pain béni pour les marketeux, puisqu’ils pouvaient alors jouer en plus sur l’apparence du produit.</p>
<p>Les clés offrant l’accès wi-fi ou Bluetooth à un ordinateur datent de cette époque, mais le reste des extensions a suivi : cartes son USB, cartes vidéo USB, cartes tuner télé USB (TNT ou pas), <em>docking</em> stations USB, et enfin, grâce à la norme USB2, graveurs externes USB, disques durs externes USB.</p>
<p>Ça c’était la première étape, où le connecteur est utilisé pour ce à quoi il est censé servir.</p>
<h3>Écosystème</h3>
<p>La seconde a suivi, et c’est celle des gadgets qui facilitent l’utilisation de l’USB en tant que connecteur USB dans sa mission de tous les jours : il y a pléthore de modèles de <em>hubs</em> USB pour connecter la myriade de périphériques USB, ainsi que de façades pour ordinateurs avec de nouveaux périphériques USB, des rallonges USB, des coudes pour endroits difficiles d’accès, des adaptateurs USB entre norme A, norme B et micro USB, entre USB et normes périmées (USB/PS2, USB/série, etc.), des câbles rétractables...</p>
<p>De même, l’USB devient un moyen de conversion efficace : les lecteurs de cartes 53 en 1 (Compact Flash, SD, MMC...) USB en témoignent.</p>
<p>Bref, un véritable petit écosystème qui fleurit autour de la norme, comme cela se produit autour de chaque norme (le pire exemple étant celui de la connectique pour cinéma privé).</p>
<h3>Perversion</h3>
<p>Vient ensuite la troisième étape, celle de la perversion : l’USB n’est plus qu’une source d’énergie, certes pas énorme, mais déjà conséquente, surtout quand le gadget se contrefiche de la limite de 500 mA sous 5 V. Qu’il y ait un ordinateur à l’autre bout du câble est un détail, seuls comptent les 500 mA qui en sortent.</p>
<p>Ont fleuri alors ventilateurs USB pour les canicules, chauffe-tasses USB, chaussons chauffants USB, lampes de poche de chemise rechargeables par USB, lance-missiles USB pour collègues déconneurs, pointeurs laser USB pour leur chef en réunion, taille-crayons USB, ouvre-lettres USB, diffuseurs de parfums USB, horloges USB (qui font certes hub USB), aspirateurs à clavier USB, etc. Les LEDs, très économes, permettent une orgie de lampes USB de formes diverses et variées. Et, forcément, sont apparus des chargeurs pour portables ou PDA sur USB (et ils sont même souvent livrés par le fabricant dudit bout d’électronique).</p>
<h3>Abstraction</h3>
<p>Étape suivante : l’USB n’est alors qu’une source d’énergie, et après tout on n’a pas toujours un ordinateur sous la main. Et ces gadgets et chargeurs, on aimerait bien les utiliser partout. La suite est inéluctable : transformateurs 220V vers USB, allume-cigares vers USB, batteries portatives avec sortie USB.</p>
<p>(<strong>Mise à jour du 7 septembre 2007</strong> : La boucle est bouclée, il existe des accumulateurs sous forme de piles R6/AA, qui s’ouvrent et dévoilent un connecteur USB pour être rechargés.)</p>
<p>Il est techniquement réalisable (et éco-énergétiquement débile) de connecter un appareil à chargement USB sur un convertisseur allume-cigare-USB branché sur un transformateur 220V-allume-cigare. Il doit y avoir des commerciaux et autres techno-dingues nomades friqués possédant une telle chaîne, simple conséquence des années passées à collectionner transformateurs, chargeurs... d’abord orientés autour de l’allume-cigare, et à présent de l’USB. Les années 2010, avec ses voitures hybrides bourrées de batteries pleines de kWh, devraient être intéressantes de ce point de vue. Il faut espérer que le rechargement du véhicule sur le secteur sera aussi généralisé ; sinon l’alimentation permanente de PC portables suçant des centaines de watts avec l’essence ou le diesel va ruiner tous les efforts de réduction du CO2. (Quoiqu’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/07/01/362-des-kilowatts-dalims-1">à la vitesse où s’envole la consommation des PC</a>, il y a plutôt un risque que la voiture hybride se recharge à partir des accumulateurs du PC. Bref.)</p>
<h3>Généralisation</h3>
<p>Une chose m’énerve dans notre civilisation consumériste, aussi bien en tant que consommateur qu’ingénieur ou qu’écolo : la pléthore des connecteurs pour téléphone portables et autres. Un connecteur différent pour chaque marque, et souvent pour chaque modèle, un transformateur différent à l’autre bout. Les autorités européennes s’en contrefichent manifestement, et les constructeurs ont décidé que les marges engrangées sur les remplacements de ces périphériques ne contrebalançaient pas la joie d’un consommateur qui n’aurait pas à racheter chargeur de secours ou chargeur sur allume-cigare en passant de Noksy à Sonia. Je désespérais qu’un connecteur universel apparaisse un jour.</p>
<p>La solution est évidente : tout cela doit passer en USB. Et je parie que la norme éclatera à ce moment-là, avec des connecteurs USB Noksy, des connecteurs Sonia, des Phirola et des Motolips.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/08/15/393-usb-partout-toujours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/352Je métaprogrammeurn:md5:b9d645c208ba843b6619a27026b70b242007-07-09T23:12:00+00:002011-04-24T20:53:38+00:00ChristopheInformatique : l’art du développementauto-organisationautoréférencebase de donnéescitationcomplexitédéveloppementexpertiseinformatiqueintelligence artificiellemétainformationorganisationperspectivetranscendancevirtuelémerveillementévolution<p>Plongée philosophico-strastophérique dans les multiples niveaux de l’informatique, du bit au méta-SQL.</p> <h3>Plongée du ciel dans les profondeurs</h3>
<p>Pour manger, j’écris des programmes en SQL pour modifier le comportement interne d’un outil qui génère du SQL. Le SQL est lui-même un langage de quatrième génération destiné à masquer à l’utilisateur l’organisation interne d’une base de données et à lui faire croire que tout est soigneusement rangé dans de jolies tables bien ordonnées.</p>
<p>Cette base de donneés s’appuie sur un système d’exploitation (OS) qui ne lui présente que de la mémoire et du disque, la place exacte en mémoire ou sur disque
n’étant connue que de l’OS. D’ailleurs, une partie de la mémoire est en fait sur le disque, et une partie du disque est chargée en mémoire.</p>
<p>Le système d’exploitation fonctionne à partir d’un disque dur qui a un cache mémoire, et ment à l’OS sur sa structure interne (cylindres, secteurs...) en faisant sa
propre petite sauce, histoire d’obtenir de bons <em>benchmarks</em> et de bien se vendre, et accessoirement de ne pas corrompre les données qu’on lui confie.</p>
<h3>Stratosphère</h3>
<p>Remontons. Le SQL, qui était à l’origine conçu pour une communication facile
entre l’être humain non spécialisé et la machine, n’est plus considéré que bon que pour des développeurs. (On pensait pourtant autrefois donner directement à l’utilisateur final le droit d’attaquer les bases de données en SQL, mais l’expérience montre qu’il vaut mieux y avoir toujours un informaticien, de formation ou de tournure d’esprit adéquate, pour parler à un ordinateur, même avec un langage prétendument naturel mais forcément impitoyablement strict et logique.)</p>
<p>La structure réelle des tables et leur agencement, et le SQL, sont alors masqués par un logiciel de type Business Objects <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#pnote-323-1" id="rev-pnote-323-1">1</a>]</sup>, qui n’offre plus au non-informaticien que des « Dimensions » et « Indicateurs » qu’il copie-déplace au sein de tableaux évoquant un Excel gavé d’anabolisants. Là, l’informaticien s’est éclipsé après avoir créé l’« univers », qui consiste surtout à donner un sens au fatras de tables, liaisons et clés étrangères de la base de données.</p>
<p>Ces dimensions et indicateurs servent à l’élaboration de « tableaux de bord », rassemblant sous forme synthétique (c’est-à-dire avec des carrés verts et des clignotants rouges disposés avec un goût très sûr de gamin de
maternelle) les informations précédemment remontées.</p>
<h3>On plane pas un peu haut ?</h3>
<p>Je n’ose pas compter le nombre de cycles CPU destinés à simplement
interpréter la manière dont les données sont organisées au sein de toutes
ces strates, et à faire communiquer toutes ces entités (chacune avec ses
structures de données, ses contraintes de sécurité...) et le comparer à
celui nécessaire à la récupération et à l’affichage.</p>
<p>Quand M. Durand de la comptabilité mitonne son rapport, Business Objects le réexprime en SQL, traduit par la base en requête d’accès à des tables, donc à des blocs de sa mémoire, que l’OS va aller chercher un peu partout, notamment sur le disque dur, lequel traduira les requêtes en lectures physiques. Et encore, j’oublie toute la circuiterie, je ne connais rien au <em><a href="http://www.commentcamarche.net/pc/bus.php3">Northbridge</a></em> ni au fonctionnement interne du processeur (lui-même segmenté en unités logiques).</p>
<p>Évidemment, simplifier
radicalement le système reviendrait à enseigner à Business Objects, sinon à la couche affichage de Windows, voire à la carte graphique, à récupérer les données directement sur les secteurs du disque dur. Cela va totalement à l’encontre des approches « diviser pour régner », « chacun son
métier », “<em>best of breeds</em>”, « à chaque type de tâche son programme dédié »,
etc... qui ont fait le succès de l’informatique depuis cinq ou six décennies. Rien
que creuser et optimiser les relations entre chaque composant pour en tirer le meilleur parti à chaque étage rendrait fou un docteur en informatique.</p>
<p>Ce genre de délire n’est plus guère valable, et encore, que pour les projets fonctionnellement archi-limités aux contraintes de performance très fortes, du genre qu’on ne fait plus guère (à présent, même un téléphone a un système d’exploitation complet). L’esprit humain a ses limites quand à la manipulation de la complexité, et les entreprises quant aux temps de développement : on empile donc les briques de composants testables unitairement et à peu près éprouvés, au moins testables.</p>
<p>Cette accumulation de strates quasi-géologiques n’est pas qu’une nécessité de construction, c’est aussi une conséquence de l’évolution <em>historique</em> des besoins : le SQL permettait <em>enfin</em> d’accéder aux données de manière relativement standard et de les manipuler ; Business Objects les présentait <em>enfin</em> sous une forme exploitable autrement que par des tableaux statiques et des graphiques figés ; les <em>datawarehouses</em> (entrepôts de données) agrégeaient <em>enfin</em> à un niveau humain l’accumulation indécente de ces données ; le <em>data mining</em> permet <em>enfin</em> de trouver les corrélations cachées, etc.</p>
<h3>Post-combustion</h3>
<p>À raison d’un nouveau niveau d’abstraction tous les dix ans, je me demande à quoi
ressemblera le suivant : le regroupement des tableaux de bord de manière
dynamique sous forme de « vision de monde », interconnectée avec le fameux web
sémantique 3.0 qui n’en finit pas d’imminer ?</p>
<p>Accessoirement, les transformations que j’inflige aux données pour alimenter mon <em>datawarehouse</em> ne sont pas réellement du code, mais des <em>données</em> elles-mêmes stockées dans des tables accessibles par SQL (un fichier aurait été beaucoup moins souple). Ce qui me permet de les manipuler comme des données (d’où la notion de métaprogrammation). À la limite, l’alimentation pourrait s’auto-modifier. Je ne pense pas créer <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Skynet_(fictional)" hreflang="en">Skynet</a> par inadvertance<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#pnote-323-2" id="rev-pnote-323-2">2</a>]</sup>, mais je m’interroge : où cela s’arrêtera-t-il ? <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/murphy_informatique.html">Une piste</a> :</p>
<blockquote><p><strong>Cinquième et Septième Loi de la Programmation informatique (Lois de Croissance)</strong> : <br /> <br />La taille d’un programme grandira jusqu’à occuper tout l’espace mémoire disponible. <br /> <br />La complexité d’un programme grandit jusqu’à ce que son concepteur n’y comprenne plus rien.</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#rev-pnote-323-1" id="pnote-323-1">1</a>] <em>Je n’ai pas su dénicher de lien sur une description simple pour ceux qui ne connaissent pas, mais il y a un <a href="http://www.polymorphe.org/telecharger-200-cours-Business-Object-5---Manuel-Utilisateur">cours ici</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#rev-pnote-323-2" id="pnote-323-2">2</a>] <em>Pas à partir de données de gestion financière, non.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/07/09/369-je-metaprogramme#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/323Comparaison de chiffres du chômageurn:md5:34c042546faad933c44c35a55e8b85482007-06-20T19:03:00+00:002011-04-12T19:56:55+00:00ChristopheRes publicacynismedémographieoptimismeperspectiveéconomieÉtats-Unis<p>Petites statistiques surprenantes sur la comparaison des taux de chômage, activité et incarcération entre France et États-Unis.</p> <p>Grâce à un commentaire sur un <a href="http://slashdot.org/" hreflang="en">site américain</a> je suis tombé sur <a href="http://www.oecd.org/dataoecd/36/30/35024561.pdf" hreflang="en">ce rapport sur le chômage et l’emploi en 2004, édité par l’OCDE</a>, organisme international pas spécialement connu pour être un repaire de gauchistes. (On pourrait chercher des stats plus fraîches sur le site, mais ceux-là vieux de plus de deux ans suffiront pour la démonstration.)</p>
<h3>Symétrie atlantique</h3>
<p>Voyons la page 239. En 2004 le taux de chômage masculin (standardisé entre les différents pays) était :</p>
<ul>
<li>France : 8,7%</li>
<li>États-Unis : 5,7%</li>
</ul>
<p>Ce qui n’est pas très flatteur pour la pays des 35 heures et de la Sécurité Sociale étatique.</p>
<p>Mais il y a plus drôle. Quand on compare le taux d’emploi (<em>employment rate</em>) chez les hommes entre 25 et 54 ans, on obtient :</p>
<ul>
<li>France : 86,7 %</li>
<li>États-Unis : 86,3 %</li>
</ul>
<p>Donc il y a proportionnellement <em>(un peu) plus de Français adultes qui travaillent qu’aux États-Unis</em> ! Aux 35 heures peut-être ici, et aux 50 h là-bas, mais ils travaillent. La constatation vaut aussi pour les femmes (taux autour de 72 %, plus bas d’un cheveu chez Bush).</p>
<p>Donc pour la catégorie la plus facilement « employable » (adultes ni trop jeunes ni trop vieux), les <strong>énormes différences de charges et de législation sociale ne changent presque rien des deux côtés de l’Atlantique</strong> ! Et si on peut, en bon libéral, s’étonner qu’il n’y ait quand même pas un léger avantage côté américain, il y a une différence sociologique dont il faut tenir compte : le <strong>taux d’incarcération</strong>.</p>
<h3>Deux millions de taulaurds</h3>
<p><a href="http://www.oecd.org/dataoecd/12/7/38138100.xls">L’OCDE a un classeur Excel sur le sujet</a>. En France, 88 personnes sur 100 000 dorment derrière les barreaux (moins d’1 pour mille). Dans l’autoproclamée patrie de la liberté au-dessus de tout, on atteint 738, presque 3/4 de pour cent, 9 fois plus qu’en France, 7 fois plus que la moyenne européenne.</p>
<p>Évidemment, deux millions de personnes en prison ne peuvent avoir une mauvaise influence sur les chiffres du chômage, même si évidemment ils n’expliquent pas l’écart entre les deux pays.</p>
<h3>Trop vieux ou trop jeunes</h3>
<p>La vraie différence dans le taux d’activité entre les deux pays est ailleurs : chez les jeunes (32,8 % travaillent en France, 55,5 % aux États-Unis) et les « vieux » (55-64 ans : 41,9 % contre 66 %). Les durée des études, les difficultés en France pour trouver son premier emploi, le départ précoce à la retraite, la répugnance de nombre d’entreprises à embaucher des <em>seniors</em>... jouent à plein.</p>
<p>L’une des explications sur la bien connue excellente productivité <em>horaire</em> française trouve là une de ses explications : les moins productifs (quoique cela reste à démontrer et les causes sont matière à débat) sont moins représentés qu’aux États-Unis.</p>
<p>Les années qui viennent vont probablement amener de très sérieuses modifications du droit du travail en France. Je suis curieux de voir quelle influence elles auront sur le taux d’activité des 25-55... Rendez-vous en 2010.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/20/359-comparaison-de-chiffres-du-chomage#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/90Jack Welsh et les nouvelles règles du biznessurn:md5:0dffc32ef2677fbac456dfe1519db1642007-06-07T21:10:00+00:002011-04-09T13:50:15+00:00ChristopheIl faut bien mangercynismeexpertiseorganisationperspectivethéorietravailéconomieÉtats-Unis<p><a href="http://www.valuebasedmanagement.net/leaders_welch.html" hreflang="en">Jack Welsh</a> est l’homme qui dans les années 80 et 90 a dirigé <em><a href="http://www.ge.com/en/company/companyinfo/at_a_glance/history_story.htm" hreflang="en">General Electric</a></em>, une des plus grosses entreprises mondiales, héritière d’Edison. Son influence sur le <em>management</em> dans le monde entier a été déterminant.</p> <p>En juillet dernier, un article de CNN a repris ses principales règles (être numéro 1 ou 2, ou rien ; l’actionnaire est roi ; n’embaucher que les meilleurs...) , et les a méthodiquement assassinées :
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/rules.fortune/index.htm?cnn=yes</a>.</p>
<p>Certaines vacheries de CNN sur la pression des actionnaires et les effets pervers sur la gestion de l’entreprise seraient applaudies des deux mains par Lutte Ouvrière (et pas seulement).</p>
<p>Welsh a répondu :<br />
<a href="http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm" hreflang="en">http://money.cnn.com/2006/07/10/magazines/fortune/welch_defends.fortune/index.htm</a>.</p>
<p>Quand ces articles sont parus, je m’étais promis d’en faire un résumé, mais l’excellent Éric Cabrol m’avait pris de court : <a href="http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/09/12/275-les-nouvelles-regles-du-business?cos=1">allez lire son résumé de la polémique chez lui !</a></p>
<p>En annexe, voir également <a href="http://it.slashdot.org/article.pl?sid=06/07/11/1552245&threshold=4" hreflang="en">la discussion sur le sujet sur Slashdot</a>, avec quelques réflexions de saint mauvais esprit (du genre : être passionné par son métier, c’est bien, ce n’est pas un prétexte pour se faire exploiter).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/07/225-welsh-et-les-nouvelles-regles-du-bizness#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/202Le scandale du DHMOurn:md5:0e3294d84b89c4ef5667577c3d4ee0512007-05-31T07:30:00+00:002011-04-06T20:31:43+00:00ChristopheScience et conscienceeauhumourperspectivepessimismepollutionscienceécologie<p>Je n’ai pas le temps de faire autre chose qu’un billet rapide, mais le scandale est trop important : un composé hautement dangereux se diffuse dans le public depuis des lustres sans que personne réagisse !</p> <p>Allez vite voir le <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/">site de mise en garde contre les dangers du DHMO</a>. Ce composé à la limite entre la chimie organique et la chimie minérale est totalement négligé par les pouvoirs publics. Un extrait de la <a href="http://www.dhmo.org/translations/french/facts.html">FAQ</a> :</p>
<blockquote><p>Parmi les périls du monoxyde de dihydrogène on peut citer : <br />
<br />
Des décès dûs à l’inhalation accidentelle, même en faibles quantités<br />
L’exposition prolongée à sa forme solide entraîne des dommages graves des tissus.<br />
L’ingestion en quantités excessives donne lieu à un certain nombre d’effets secondaires désagréables, bien que ne mettant pas habituellement en cause le pronostic vital.<br />
Le monoxyde de dihydrogène est un constituant majeur des pluies acides.<br />
Sous forme gazeuse, il peut causer des brûlures graves.<br />
Il contribue à l’érosion des sols.<br />
Il entraîne la corrosion et l’oxydation de nombreux métaux.<br />
La contamination de dispositifs électriques par du DMHO entraîne souvent des court-circuits.<br />
Sa présence, même en quantité réduite, diminue l’efficacité des freins automobiles.<br />
Il a été trouvé dans des biopsies de tumeurs et lésions pré-cancéreuses.<br />
Il est souvent associé aux cyclones mortels survenant notamment dans le centre des États-Unis.<br />
Des variations de température du monoxyde de dihydrogène sont soupçonnées de contribuer au phénomène climatique El Niño.</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/31/344-le-scandale-du-dhmo#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/308Démographie des électeurs du second toururn:md5:967ae49ebc0a1122715ce5e4c5888c632007-05-07T23:23:00+00:002011-04-03T12:24:20+00:00ChristopheRes publicadémocratiedémographieperspectivepolitiquepériméspéculation<p>Étude et contre-étude sur qui a voté pour qui au second tour de la dernière présidentielle.</p> <p>Dans la blogosphère se répand le lien vers une étude de l’IFOP<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-1" id="rev-pnote-307-1">1</a>]</sup> pour M6 effectuée du 26 au 27 avril 2007, entre les deux tours et avant le débat. <a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/JDD-PRESI20-28-04-2007-16263A.pdf">Elle se trouve sur le site de l’IFOP</a> et des commentaires sont lisibles par exemple sur le <a href="http://www.bigbangblog.net/breve.php3?id_breve=339">Big bang blog</a> (merci aux commentateurs d’ailleurs...). Prévoyant à 0,5 point près le résultat du second tour, avec une abstention correcte, ce sondage semble refléter la réalité.</p>
<p>Selon cette étude, <strong>toutes les catégories de classes d’âge auraient voté majoritairement Royal, sauf les plus de 65 ans, archi-majoritairement sarkozystes</strong> (voir la page 7). Conclusions faciles et immédiates :</p>
<ul>
<li>Sarkozy est le candidat des grand-mères effrayées et des petits vieux qui ne veulent pas que leurs enfants paient des droits de succession ;</li>
<li>la France se droitise par simple vieillissement ;</li>
<li>etc.</li>
</ul>
<p>Oui mais non.</p>
<p><a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/PM-PRESI21-30042007-16265.pdf">Regardez cette autre étude du même IFOP</a>, réalisée <em>les deux jours suivants</em> pour <em>Paris Match</em>. Là aussi échantillon de 926 personnes, même sondeurs, prédiction du résultat du second tour encore plus proche et... cette fois, toujours page 7, <strong>toutes les tranches d’âges votent majoritairement Sarkozy, sauf les plus jeunes !</strong></p>
<p>Plus drôle : en deux jours, <strong>Sarkozy aurait chuté de 12 points chez les plus de 65 ans</strong>, une catastrophe compensée par ses gains ailleurs !!!</p>
<p>Bref, si le résultat final (57/43) est bon, si la preuve est faite que les retraités penchent nettement plus pour l’UMP que leurs compatriotes plus jeunes (ça c’est un scoop !), il est difficile d’aller beaucoup plus loin avec un échantillon de moins de mille personnes. J’aime beaucoup la mention « <em>Effectifs inférieurs à 50 individus : résultats à interpréter avec prudence</em> » pour tout ce qui touche aux électeurs de Le Pen, et uniquement eux. <br />Et d’ailleurs, il n’y a <strong>aucun intervalle d’erreur nulle part</strong>. Grandiose ! Afficher des scores du genre 51±15% aurait fait plus honnête mais pas très sérieux envers des candidats ignares en statistiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-2" id="rev-pnote-307-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Autre découverte instructive de ces rapports : les taux de report des voix des candidats éliminés au premier tour (page 8 du premier sondage, page 9 du second). Si on sait depuis longtemps<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-3" id="rev-pnote-307-3">3</a>]</sup> que les voix de Bayrou se sont réparties équitablement avec un léger avantage à Ségolène, je trouve ironique que celle-ci profite d’une part non négligeable des voix lepénistes (mais là aussi les deux rapports divergent de 11 points !), et totalement hilarant que 1 ou 2% de l’électorat des deux derniers candidats change de camp entre les deux tours ! Séguéla a fait manifestement des émules.</p>
<p>Avant de clore cette parenthèse politique et de reprendre le fil de nos émissions sur des thèmes plus intemporels, je voudrais signaler un dernier lien : <a href="http://trentaineordinaire.free.fr/">Jid</a> a calculé que <strong><a href="http://trentaineordinaire.free.fr/index.php/2007/05/07/321-petite-reflexion-politique-et-numerique">Sarkozy n’a gagné qu’avec 50,8% des voix</a></strong>. Il suffisait de tenir compte des bulletins blancs et nuls (qui ne sont <em>pas</em> de l’abstention). Tout de suite, la victoire de Sarko paraît moins impressionnante...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-4" id="rev-pnote-307-4">4</a>]</sup></p>
<p><strong>Mise à jour du 9 mai</strong> : Les sujets anti-Sarkozy plaisent à la blogosphère : ce billet a bénéficié d’un lien depuis <a href="http://rezo.net/">rezo.net</a> et, si j’en crois mes stats, une majorité écrasante de mon trafic venait hier de ce portail ! Il va falloir que je continue les sujets racoleurs pour fidéliser ce lectorat.</p>
<p><strong>Deuxième mise à jour du 9 mai</strong> : <a href="http://www.csa-fr.com/dataset/data2007/opi20070506-les-electorats-de-nicolas-sarkozy-et-de-segolene-royal-au-second-tour-et-l-apres-presidentielle.htm">Le CSA a fait un autre sondage</a> qui est un peu un mélange des deux de l’IFOP... Les moins de 50 ans alternent (violemment !) leurs préférences entre chaque tranche, et les plus de 50 ans ont voté plus ou moins massivement pour Sarkozy.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-1" id="pnote-307-1">1</a>] <em>Dont la patronne <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Parisot">Laurence Parisot</a> dirige aussi le MEDEF ; le biais éventuel a peu de chance d’être favorable à Ségolène Royal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-2" id="pnote-307-2">2</a>] <em>Si j’en crois leur engueulade à propos du pourcentage de l’électricité nucléaire en France.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-3" id="pnote-307-3">3</a>] <em>Au moins 24 h !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-4" id="pnote-307-4">4</a>] <em>Je sais, c'est petit ; on se console comme on peut.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/307Service après-venteurn:md5:571cd74a007eb8ab57be8df3293b36192007-04-14T21:00:00+00:002011-03-28T20:15:11+00:00ChristopheBlogger, une aventureAllemagneanticonsumérismeblogcommunicationcoup basdommageDRMdysfonctionnementERPespionnagefoutage de gueuleLéandriMicrosoftMP3OracleperspectiveréseauSAPsaturationSeconde Guerre MondialetravailWindowséconomie<p>Des billets de blog liés à l’actualité, c’est bien, mais il faut assurer le service après-vente et suivre les affaires évoquées.</p> <p>Mini-compilation :</p>
<ul>
<li><a href="http://www.petiteanglaise.com/" hreflang="en">Petite Anglaise</a> a <a href="http://maitre.eolas.free.fr/journal/index.php?2007/03/29/587-affaire-petite-anglaise-la-victoire-de-la-blogueuse">gagné son procès aux prud’hommes pour licenciement abusif</a>. J’avais participé au <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/21/188-google-bombing-pour-petite-anglaise">Google bombing en sa faveur</a>, mais mon billet est à présent redescendu bien bas dans les résultats de Google, éclipsé par tous les articles à ce sujet. Il est vrai aussi que <a href="http://searchenginewatch.com/showPage.html?page=2164611" hreflang="en">Google a récemment pris des mesures contre le bombing</a>.<br /> <a href="http://www.20minutes.fr/article/148757/20070329-Strasbourg-Victoire-pour-Petite-Anglaise.php">Un an de salaire, soit 44 000 euros de dédommagement</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#pnote-275-1" id="rev-pnote-275-1">1</a>]</sup>, c’est assez sympa ; à ce tarif je veux bien me faire virer tous les ans. Je me sens motivé pour prolonger <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/07/31/187-les-joies-de-la-ssii-1-angoisse-existentielle">ma série sur la vie en SSII</a> :-)</li>
</ul>
<ul>
<li>Après la FNAC et <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/02/28/313-mp3-sans-drm-achetables-en-ligne-enfin">ses (quelques) MP3 non protégés</a>, <a href="http://www.ratiatum.com/news4733_EMI_abandonne_les_DRM_sur_iTunes_quelles_consequences.html">iTunes se lance aussi dans le sans-DRM : EMI a cédé et vendra des morceaux non plombés</a>. L’avenir semble soudain moins sombre dans la guerre contre le verrouillage de la « propriété intellectuelle », même si on est sans doute plus proche du vent qui tourne, style Stalingrad, que de la victoire presque finale, genre chute du Mur de Berlin.</li>
</ul>
<ul>
<li>Même sur des sujets historiques, je me fais rattraper par l’actualité : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/04/14/139-fritz-kolbe">Fritz Kolbe, l’Allemand anti-nazi qui renseignait les Américains</a>, a droit à <a href="http://www.telleestmatele.com/article-6269574.html">une émission d’une heure mercredi 11 avril sur Arte</a>. (Et à cause de mon manque de temps, je publie ceci beaucoup trop tard...)</li>
</ul>
<ul>
<li>Vu le temps dont je dispose, non, je ne parlerai pas de la présidentielle. Allez, juste un lien sur un passionnant et affligeant billet de Maître Eolas : <a href="http://www.maitre-eolas.fr/2007/04/03/592-la-machine-a-fabriquer-des-delinquants">comment faire replonger des délinquants rangés des voitures</a> (<strong>2009</strong> : Lien mis à jour).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je ne parlerai pas non plus du dernier monstre de Microsoft, sinon pour dire que je l’ai vu rapidement, et que, s’il est moins laid que XP, rien ne m’a frappé qui me donne envie de migrer la machine du boulot, ou d’abandonner mon Mac ou ma Ubuntu.<br />Au passage, le début du rejet des DRM décrit ci-dessus montre, une fois de plus, que Microsoft est incapable de sentir où va tourner le vent de l’histoire informatique : <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/02/12/298-analyse-du-cout-de-la-protection-de-contenu-de-windows-vista-par-peter-gutmann">une des principales causes du retard de Vista vient de l’incrustation des DRM à un niveau très profond</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/09/16/2-hd-dvd-contre-blu-ray">Un an et demi après mon billet sur le sujet</a>, la bataille entre HD DVD et Blu-Ray fait rage, et pour ce que j’en vois, ça a quand même du mal à décoller dans notre coin de la planète. Je laisse filer, ma télé est encore cathodique et le disque dur du magnétoscope plein à ras bord de feuilletons, séries, documentaires, vieux films.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’avais fait l’apologie de l’<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/03/18/123-encyclopedie-du-derisoire">Encyclopédie du Dérisoire</a></em> de Bruno Léandri : il continue à sévir dans <em>Fluide Glacial</em>, et je <a href="http://www.fluideboutique.com/cgi-bin/fluide/resultatrech.asp?Option=R">conseille fortement les Hors-Série</a> <em>Votre Entreprise en 2007</em> et <em>Élections 2007</em> (tous publics).</li>
</ul>
<ul>
<li>Je ne devrais plus trop parler de SAP et d’Oracle Applications, je n’y touche plus. Quoique si ça se trouve il me reste des brouillons de billets sur une comparaison d’un point obscur entre ABAP et PL/SQL.</li>
</ul>
<ul>
<li>J’ai plein de billets de <a href="http://www.joelonsoftware.com/" hreflang="en">Spolsky</a> en attente de lecture, donc pas la peine de les lire vous non plus, je les paraphraserai ici dans les quelques années qui viennent.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#rev-pnote-275-1" id="pnote-275-1">1</a>] <em>Nets d’impôts, sans doute, puisque ce sont des dommages et intérêts...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/14/323-service-apres-vente#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/275“If liberty means anything at all...”urn:md5:dd98e8b1186f24982be02786a7a5c8db2007-02-06T16:12:00+00:002010-11-24T07:24:20+00:00ChristopheScience et consciencecitationdémocratielibertéperspectivepolitique <blockquote><p>“<em>If liberty means anything at all<br />it means the right to tell people what they do not want to hear.</em>”
<br /> <br />
(« Si le mot liberté a un sens, <br />c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre. »)</p>
<p>
George Orwell, <em><a href="http://home.iprimus.com.au/korob/Orwell.html" hreflang="en">Freedom Of The Press</a></em> (<em><a href="http://membres.lycos.fr/mgrunert/orwell.htm">La liberté de la presse</a></em>),<br />préface censurée à <em><a href="http://www.online-literature.com/orwell/animalfarm/" hreflang="en">Animal Farm</a></em> (<em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferme_des_animaux">La Ferme des Animaux</a></em> [<a href="http://www.ebooksgratuits.com/pdf/orwell_ferme_des_animaux.pdf">PDF</a>], 1945)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/06/310-if-liberty-means-anything-at-all#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/282Une notation Y10K-complianturn:md5:42d2e1a9037fb23aa6f4cc686f85bf152007-01-10T11:14:00+00:002010-11-21T21:13:24+00:00ChristopheBug de l’An 2000 et d'autres tempsan 2000bugcomplexitéconquête de l’inutilehumourmathématiquesperspectivetempséonsAprès l’An 2000, il nous faut préparer à l’an 10 000, et voir encore plus loin. <p><em>(Caveat : Merci de débrancher la prise de terre de votre cerveau avant de lire ceci.)</em></p>
<p>D’une part le Bug de l’An 2000 a traumatisé certains personnes. D’autre part certains scientifiques probablement optimistes (mais allez savoir...) estiment qu’une espérance de vie de mille ans sera très vite à notre portée (je ne retrouve plus l’article) - et pourquoi pas plus ?</p>
<p>Quitte à rêver, supposons que bientôt la technologie nous permette de nous déplacer dans des nefs spatiales se déplaçant à la vitesse de la lumière entre les étoiles. Les habitants des nefs ne vieilliraient biologiquement que de quelques dizaines/centaines d’années, mais, contraction temporelle des vitesses relativistes aidant, des millénaires et plus pourraient s’écouler pendant le voyage sur Terre et ailleurs. Ceci en supposant bien sûr que la numérisation de nos cerveaux ne nous accorde pas une quasi-immortalité<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#pnote-215-1" id="rev-pnote-215-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><strong>Vue l’inertie et la masse de logiciels à adapter, la prise en compte d’années très lointaines en informatique doit donc commencer tout de suite !</strong></p>
<p>La <a href="http://rfc.net/rfc2550.html" hreflang="en">RFC2550 : Y10K and beyond</a> résout déjà le problème. (Rappelons que les RFC définissent le comportement des logiciels devant communiquer avec d’autres, notamment les protocoles Internet.) Elle date du 1<sup>er</sup> avril 1999.</p>
<p>Je cite :</p>
<blockquote><p>“<em>Y10K compliant programs MAY choose to limit the range of dates they support to those consistent with the expected life of the universe.<br /> Y10K compliant systems MUST accept Y10K dates from 10 ** 12 years in the past to 10 ** 20 years into the future.<br />Y10K compliant systems SHOULD accept dates for at least 10 ** 29 years in the past and future.”<br /><br />« Les systèmes compatibles An 10000 ONT LE DROIT de choisir de limiter leur espace aux dates compatibles avec la durée d’existence supposée de l’univers.<br />Ces systèmes DEVRAIENT accepter au moins les dates 10 ** 29 années dans le passé et le futur. »</em></p>
</blockquote>
<p><strong>Existant</strong></p>
<p>La RFC s’étend sur les systèmes informatique de comptage du temps déjà utilisés (décompte en secondes depuis 1970 pour Unix, valable jusque 2038 ; années sur deux chiffres insuffisantes comme démontré en 2000 ; années sur 4 chiffres ne fonctionnant pas après l’an 9999 ; années codées sur 16 bits non utilisables au-delà de 65 535...) et recherche d’autres possibilités.</p>
<ul>
<li>Coder l’année sur <strong>cinq chiffres</strong> est un pis-aller qui permettra de dépasser le bug Y10K, mais posera problème en l’an 100 000 : une civilisation qui se met en tête de conquérir notre galaxie rencontrera le Bug avant la fin de son exploration (du moins dans le cadre des lois connues de la physique, qui interdisent un voyage à une vitesse supérieure à celle de la lumière).</li>
</ul>
<ul>
<li>Des années sur six chiffres codées sur 32 bits produiraient un bug de l’an 214 749. À peine suffisant pour un aller-retour d’un bout à l’autre de la Galaxie. Mais le 128 bits deviendra vite une option raisonnable qui permettra de compter jusqu’aux environs de 17.10<sup>33</sup><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#pnote-215-2" id="rev-pnote-215-2">2</a>]</sup> - de quoi voir venir.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cependant il y a aussi le problème de la granulométrie. À quoi bon stocker les années si on n’a pas accès aux millisecondes ? Nous ignorons la précision que les voyages interstellaires/temporels exigeront ; aussi la RFC, dans un premier temps, descend prudemment jusqu’à la <strong>femtoseconde</strong> (10<sup>-15</sup> secondes).<br />Malheureusement, un format de date de la forme <code>YYY...YYMMDDHHMMSSmmmuuunnnpppfff</code> (notation américaine) ne permet de compter que jusque 17 billions d’années dans le futur avec 128 bits.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#pnote-215-3" id="rev-pnote-215-3">3</a>]</sup></li>
</ul>
<ul>
<li>De plus, on peut prévoir que la femtoseconde devrait être la durée entre deux cycles d’un Pentium® MMDCLXVI de l’an 10 000, aussi cette précision sera-t-elle vite insuffisante également. (<em>Le calcul date de 1999, et même si l’envolée des gigahertz s’est notablement ralentie récemment, le problème se posera tôt ou tard, en 20 000, 100 000 ou après ; de plus la multiplication des processeurs dans une même machine, que l’on constate déjà, rendra les impératifs de synchronisation parfaite d’autant plus sensibles.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La RFC en déduit l’inadéquation de toute représentation sur un format fixe du type <code>YY...YYMMDD...</code>. Une représentation en virgule flottante pose de nombreux problèmes classiques (arrondis...)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#pnote-215-4" id="rev-pnote-215-4">4</a>]</sup>.</li>
</ul>
<h3>Descriptions des besoins</h3>
<p>Les solutions simplistes ayant échoué, posons le problème plus posément :</p>
<ul>
<li>L’informatique et les délais de migration étant ce qu’ils sont, une compatibilité avec les anciens format de date avec année sur quatre chiffres est impérative.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’ordre de grandeur de la date doit être reconnaissable très rapidement.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’ordre de tri des chaînes de caractères résultantes doit suivre l’ordre chronologique (par exemple, 20070108 suit 20061231 dans le temps comme dans l’ordre de tri, au contraire de 31122006, 14102005 et 220119999 qu’on ne peut trier sans connaître et décortiquer leur format).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le format adopté au-delà de l’an 10 000 doit être généralisable, compatible et aisément triable avec d’autres formats, même de précision supérieure.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’âge de l’Univers est estimé au grand maximum à 20 milliards d’années, et son espérance de vie à 10<sup>11</sup> à 10<sup>14</sup> années selon que notre destin à long terme soit scellé par le <a href="http://www.astronomes.com/c6_univers/p644_univferme.html">Big Crunch</a> ou la mort thermique. Même <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006">s’il y échappe</a>, l’âge de l’univers est supposé rester un nombre fini.<br />Cette incertitude sur la Fin explique que la RFC spécifie que les logiciels <em>peuvent</em> se limiter à la prise en compte de dates dans cette fourchette.</li>
</ul>
<h3>La syntaxe</h3>
<p>On adopte une syntaxe en texte simple (ASCII) de la forme déjà énoncée ci-dessus, commençant impérativement par <code>YYYYY</code> après 10 000, et utilisant autant de niveaux de précision que désiré de la forme <code>MMDDHHMMSSmmmuuunnnpppfff...</code> (précision décroissante vers la droite).</p>
<p>Le problème vient que le nombre de chiffres de l’années peut lui aussi être variable selon que l’on dépasse 10 000, 100 000, 1 000 000... Il faut donc stocker l’ordre de grandeur du nombre dans la notation.</p>
<ul>
<li>Les années pré-10 000 doivent simplement se voir amendée d’un zéro préalable (<code>02006</code> pour notre année).</li>
</ul>
<ul>
<li>Les années d’après 10 000 commencent par un <code>A</code> précédant le chiffre de l’année (<code>A10000</code>...<code>A99999</code>). <br />En ASCII, le A suit le 9, donc ces années seront placées dans l’ordre lexicographique <em>après</em> les années 0...9999.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le système s’étend aisément jusqu’à l’année 999 999 999 999 999 999 999 999 999 999 (notée <code>Z999999999999999999999999999999</code>), proche de 10<sup>30</sup>, ce qui explique que la RFC considère que les développeurs pourraient faire un peu d’effort pour implémenter la gestion des dates au moins jusque là (<em>should</em>).</li>
</ul>
<p>L’aspect pratique est évident : pour comparer l’ordre de grandeur de <code>H100000000000</code>, <code>I1000000000000</code> et <code>K100000000000000</code>, il suffit de comparer le premier caractère ; il est inutile de compter les chiffres. Les historiens de l’an 100 000 000 000 auront déjà assez de travail pour résumer la masse formidable de données à leur disposition.</p>
<h3>Au-delà de 10<sup>30</sup></h3>
<p>Les progrès de la technologie éviteront peut-être la fin de l’Univers vers 10<sup>14</sup>, et l’année 10<sup>30</sup> sera atteinte et dépassée. La notation doit être étendue si l’on veut faire un travail propre et définitif.</p>
<p>Une option naïve est de rajouter un symbole postérieur (au sens ASCII du terme) à Z, par exemple <code>^</code> : l’an 10<sup>56</sup> est noté <code>^^A100000000000000000000000000000000000000000000000000000000</code>. Deux circonflexes suffisent jusque 10<sup>732</sup>, trois jusque 10<sup>18 308</sup>.</p>
<p>En généralisant, on tombe sur un algorithme à base de suite de Fibonacci sur le nombre de <code>^</code> précédant les numéros d’années ; cette représentation est compacte.</p>
<h3>Années avant Jésus-Christ</h3>
<p>Pour maintenir l’ordre lexicographique, il est nécessaire de prendre le « complément Y10K » de l’année et d’ajouter quelques conventions de nommage décrites dans la RFC, qu’il me serait trop fastidieux de répéter ici. <br />La dernière année avant Jésus-Christ se note donc <code>/9998</code>, 9999 av. J.-C. est <code>/0000</code>, qui était précédée de <code>*Z89999</code>.</p>
<h3>Points problématiques</h3>
<ul>
<li>La comparaison de dates de divers calendriers (maya, hittite, khmer...) n’est toujours pas possible.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ce système ne prend pas en compte une éventuelle (et probable sur le très long terme) <strong>réinitialisation du calendrier</strong> avec un nouvel an zéro (<em>Remarque : Notre calendrier a été mis en place avant l’arrivée du zéro en Occident, il n’y avait donc pas équivoque ; mais une nouvelle ère commencerait-elle par l’An Zéro ou l’An Un ?</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong>destruction du système solaire</strong> dans les prochains milliards d’années va compromettre la pertinence d’un décompte en jours et années terriennes. (<em>J’ajoute personnellement que si le calendrier international actuel survit à la dissémination de l’humanité sur des planètes aux calendriers tous différents, le changement d’orbite de la Terre après le début de l’agonie du Soleil posera le problème de manière plus aïgue. Cependant, dans les échelles de temps que nous considérons, on peut penser que l’homme saura préserver le Soleil dans son état actuel encore quelques quadrillions de millénaires, au moins sous une forme simplifiée utilisable pour les besoins du calendriers, ou sous forme de réalité virtuelle</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>La probabilité que l’Homme se retrouve seul dans l’Univers est faible ; la coordination de nos dates avec les Gaz Sapiens de la Galaxie du Sombrero ou les Microbes Pensants de l’Amas d’Ophiuchus reste une question ouverte.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le maintien sous une forme utilisable des archives datées après la Fin des Temps est incertaine.</li>
</ul>
<h3>Détails techniques</h3>
<p>La notation ci-dessus oblige à revoir nombre de standards (MIME, SNMP, DNS...) qui se basaient naïvement sur des années à quatre chiffres. En revanche, posséder un nombre variable de chiffres dans une date évite les problèmes de <em>buffer overflow</em> exploitables par des pirates.</p>
<h3>Délais</h3>
<p>Le Bug de l’An Dix Mille se posera dans sept mille neuf cent quatre-vingt-treize ans, et même bien avant à cause des prévisions, crédits bancaires, etc. utilisant des dates futures.</p>
<p>À mon humble avis, vues l’évolution de l’immobilier, celle du recul de l’âge de la retraite, et les estimations optimistes de certains scientifiques sur les possibilités de prolongation de notre vie sur plusieurs siècles, ou sous forme numérique, les premiers crédits bancaires sur mille ans devraient voir le jour avant les années 2900. Le Bug Y10K se manifestera peut-être dans moins de six mille ans ! Il nous faut donc nous bouger ! <a href="http://www.loyd.net/y10k/index.html" hreflang="en">Certains organismes proposent déjà leurs services</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#rev-pnote-215-1" id="pnote-215-1">1</a>] <em>Mais que vaut l’immortalité en tant que simple processus tournant sur un système sous-dimensionné à partager avec quelques dizaines d’autres milliards d’entités numériques ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#rev-pnote-215-2" id="pnote-215-2">2</a>] <em><del>Et là je déplore que Dotclear, qui propulse le présent blog, ne permette apparemment pas de gérer les exposants...</del><br /><strong>Correctif</strong> : Il faut convertir le billet en XHTML auparavant et utiliser les balises HTML habituelles. Dommage que la syntaxe wiki ne le permette pas.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#rev-pnote-215-3" id="pnote-215-3">3</a>] <em>NB : À ce stade, nous ignorons le problème posé par la poignée de milliards d’années d’avant Jésus-Christ.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#rev-pnote-215-4" id="pnote-215-4">4</a>] <em>Remarquons qu’Oracle stocke les dates sous forme de nombre représentant les jours depuis une date reculée dans le passé ; les heures, minutes, secondes sont donc représentées par la partie fractionnaire du nombre, mais on ne descend pas au-dessous de la seconde en précision.</em></p>
</div>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/10/215-une-notation-y10k-compliant#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/193