Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - politique<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Spinoza, l'homme qui a tué Dieu » de J.R. Dos Santosurn:md5:63f49be6d1a07176ce065b0c0ce54c1b2024-02-13T10:42:00+00:002024-02-13T10:42:00+00:00ChristopheScience et conscienceabsurditébon senschristianismecourageDieuhainehistoirelatinlibertélivres lusmulticulturalismeouverture d’espritperspectivepessimismepolitiqueracismereligionthéologietotalitarismeéducation<p>De l’évolution des mentalités</p>
<p>Le contexte historique est peu connu des Français : au XVIIᵉ siècle, le Portugal sous domination espagnole, sous l’influence de catholiques parmi les plus sectaires (dans une époque <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss">déjà pas très tolérante</a>) chasse ses Juifs. Ceux-ci se réfugient aux Pays-Bas, nation la plus libérale d’Europe, économiquement et religieusement (catholiques et différentes formes de protestantisme se tolérant à peu près). Sans oublier leur patrie, ces Juifs prospèrent dans le commerce, et s’intègrent dans une certaine mesure. Parmi eux naît <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza">Baruch Spinoza</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/Spinoza-JRDosSantos.webp" title="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Spinoza-JRDosSantos_m.webp" alt="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)" class="media-right" /></a></p>
<p>La coexistence pacifique entre Juifs et Néerlandais, protestants ou catholiques, ne signifie pas ouverture, et être minoritaire ne signifie pas être tolérant. Les rabbins ne sont pas mieux que l’Église, et trop dévier des croyances de base mène à l’anathème : c’est le sort d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Uriel_da_Costa">Uriel da Costa</a> qui ouvre le livre, ce sera celui de Spinoza, qui a repris ses idées. Les Juifs ne peuvent brûler leurs hérétiques, mais ils peuvent les bannir de leur communauté : même la famille ne doit plus voir le coupable. Un symptôme flagrant de sectarisme. Les protestants emprisonnent et laissent mourir, ce sera le sort d’amis de Spinoza.</p>
<p>Autre hypocrisie de l’époque : s’ils avaient publié en latin, que le bas peuple ne comprend pas, ils auraient eu beaucoup moins de problèmes.</p>
<p>Spinoza est d’abord repéré comme un futur grand rabbin. Sa connaissance de la Bible hébraïque lui permet de discuter avec des exégètes néerlandais (le dialogue interreligieux étant déjà une dangereuse nouveauté), puis d’accéder aux auteurs contemporains disponibles en latin : Descartes, Hobbes… Spinoza est d’abord cartésien, puis prolonge le raisonnement. En relisant la Bible et en s’appuyant uniquement sur la raison, il constate qu’elle n’a plus de cohérence, sauf à prendre absolument tout au figuré. En conséquence, plus aucun dogme chrétien ou juif n’est sûr. Spinoza ne va pas jusqu’à l’athéisme, pour lui Dieu <em>est</em> la nature. Mais tout le reste est renvoyé à la superstition, de l’immortalité de l’âme au libre arbitre, de la téléologie aux commandements, et la réaction des religieux est violente, très violente.</p>
<p>Même aux Pays-Bas, l’époque n’est pas pacifique. Non seulement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_de_Witt">De Witt</a> perd le pouvoir, à cause de revers militaires contre la France de Louis XIV, mais il finit lynché. Spinoza perd son protecteur.</p>
<p>Spinoza a pu survivre en vendant polissant des lentilles renommées, et éviter la prison en faisant autant profil bas que possible sans renoncer à la moindre de ses idées, et tant pis pour ses amours, mais sa santé fragile a raison de lui peu après. Ses amis et élèves réussiront à sauver et répandre ses idées iconoclastes parmi les philosophes. Ce n’était que le but de Spinoza. Ses lecteurs allumeront les Lumières au siècle suivant.</p>
<p>Page de l’éditeur : <a href="https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/">https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Spinoza%2C-l-homme-qui-a-tu%C3%A9-Dieu-%C2%BB-de-J.R.-Dos-Santos#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/878« Géohistoire » de Christian Grataloupurn:md5:478cf37f9b6a32f203931aaeb6a7c9a92023-12-29T18:48:00+00:002023-12-29T18:48:00+00:00ChristopheHistoireAfriqueAmériqueAntiquitéauto-organisationcartescatastropheChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitédémographiedéveloppementeffondrementEmpireEmpire romainesclavageEuropeguerregéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndeMoyen Âgeorganisationperspectivepolitiquepouvoir d’acheterpétroleRenaissanceRussiesociétés primitivestempséconomieémerveillementénergieévolution<p>Les achats d’impulsion sont parfois les meilleurs. <em>Géohistoire</em> veut nous faire sentir <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geohistoire">tout l’impact de la géographie sur la manière dont tourne le monde</a>. Christian Grataloup nous expose la trame sous-jacente à l’histoire de bien des Empires, plus liée aux vents de mousson ou aux flux de capitaux à l’échelle continentale qu’aux généraux et mouvements politiques. La domination européenne est en bonne partie une conséquence de sa géographie. Notes de lectures.</p>
<h2>Il était une fois l’humanité…</h2>
<p>Et ça commence très tôt, par <em>Homo erectus</em> et sa lente diffusion à travers le monde, du moins les parties habitables accessibles à pied sec. Dès cette époque, notre espèce montre une rare adaptation à tant de milieux différents, des savanes africaines aux forêts humides aux steppes neigeuses de l’ère glaciaire. Des bras de mer sont franchis. Nos atouts : le feu, la construction de maisons, l’aiguille à coudre.</p>
<p><a href="https://arenes.fr/livre/geohistoire-2/" title="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Geohistoire-Christian_Grataloup-Arenes_2023_m.jpg" alt="Géohistoire (Christian Grataloup, Arènes, 2023)" class="media-right" /></a></p>
<p><em>Homo sapiens</em> va encore plus loin, et même l’Amérique est envahie. À la fin de la glaciation ne restent inoccupées que des îles du Pacifique ou l’Islande, conquises vers l’An Mil au plus tard, et des zones polaires comme l’Antarctique.</p>
<h2>Axe & périphéries</h2>
<p>L’essentiel de l’histoire, de la démographie, des échanges de l’humanité, et depuis l’Antiquité, sont regroupées autour d’un « Axe » de l’Eufrasie (terme qui inclue bien l’Afrique dans le monde). Au départ, l’Axe va grossièrement de Gibraltar à la Chine du Nord via les côtes méditerranéennes, la Perse et l’Inde. Avec le temps, l’Axe s’épaissit, en premier lieu en incorporant toute l’Europe jusque la Scandinavie et Îles britanniques.</p>
<p>Sur cet axe s’échangent des biens ou des monnaies, et aussi des métaux précieux, une spécificité de l’Axe. Les latitudes étant voisines, les méthodes de culture ou domestication diffusent. Les idées circulent aussi, à commencer par les religions (monothéismes, bouddhisme…). Mais aussi des agents pathogènes : la Peste Noire est l’exemple le plus flagrant. Au fil du temps, toute la population de l’Axe acquiert une immunité à des germes, souvent transmise par des animaux d’élevage, et que d’autres peuples isolés ne connaissent donc pas, bientôt pour leur plus grand malheur.</p>
<p>Les Empires sur l’Axe se créent et se renouvellent en réaction à des menaces externes : Rome face aux barbares, la Chine ou les Empires indiens face aux envahisseurs des steppes. On note que les capitales (Pékin, Delhi, Trèves…) ont tendance à être proches des frontières menacées.</p>
<p>Des régions restent à la marge. L’Afrique d’abord, peu intégrée, peu peuplée, en contact toutefois avec l’Axe via quelques routes au travers du Sahel, et surtout toute la côte est. L’Insulinde est une zone fragmentée mais bien connectée à dominante commerciale. Sont à peu près isolés l’Australie et tout le monde polynésien, de Taïwan à l’île de Pâques, malgré les talents de navigation de ses habitants. Surtout, le continent américain entier est isolé depuis des dizaines de millénaires. Géographiquement beaucoup plus segmenté que l’Axe, il est aussi sans grand mammifère domesticable (et mangeable), ce qui aura son importance pour le développement des sociétés.</p>
<h2>Économies-monde polycentriques</h2>
<p>Les Empires sont des blocs en partie nés des impératifs de la culture (notamment la riziculture) et des attaques des nomades. D’autres parties de l’Axe évoluent en « économies-mondes », faute d’ennemi contre lequel s’unir. Il s’agit de l’Insulinde et, plus encore, de l’Europe. Celle-ci, bien que déchirée entre d’innombrables entités une fois disparu l’Empire romain, conserve son unité. Les frontières de l’Europe médiévale, et leur évolution, se repèrent très vite par la carte des mariages royaux. L’Europe, tout au bout de l’Eurasie, ne craint pas vraiment un envahisseur à grande échelle. Les Mongols s’approchent mais sont trop loin de leurs bases.</p>
<p>Étonnamment, une excroissance de l’Europe exposée, elle, aux attaques des steppes, reproduit le schéma de la conquête impériale à l’ancienne : la Russie. Une double origine et un dilemme national dont les conséquences perdurent.</p>
<h2>Les vents, les épices et l’or</h2>
<p>Pendant des millénaires, l’essentiel des échanges entre grandes masses humaines se fait via l’Océan Indien, de l’Afrique à la Chine. Les latitudes propices à la mousson permettent d’aller d’est en ouest et de ouest en est, sans trop de danger. La Route de la Soie n’est qu’un chemin secondaire, terrestre, plus dangereux, et lent, même si la Chine tente systématiquement d’en sécuriser les tronçons proches quand elle n’est pas sur la défensive.</p>
<p>Les périphéries fournissent ce dont les autres ont besoin : esclaves africains notamment, et depuis des siècles ; des fourrures ; des métaux précieux. La Chine et l’Inde exportent des biens manufacturées, textiles en premier lieu (cotonnades indiennes, soie…), mais aussi thé ou porcelaine. L’Insulinde exporte ses fameuses épices, dont le sucre. De tout cela les Européens sont friands. Mais ils ne peuvent rien produire eux-mêmes, et surtout pas la canne à sucre qui craint l’hiver. Et l’Europe n’a pas grand-chose à exporter, à part un peu de verre.</p>
<p>Pendant deux millénaires, l’or et l’argent européens servent à acheter des biens manufacturés ou des épices asiatiques (à destination des plus riches, bien sûr), et ces métaux précieux restent en Asie. Puis les techniques de navigation atteignent un niveau permettant d’aller plus loin, et le monde commence à changer.</p>
<p>D’un côté, la Chine impériale n’a pas <em>besoin</em> d’aller chercher des ressources ailleurs. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He">Flotte des Trésors de Zheng He</a> va peut-être loin, mais reste une exception trop coûteuse pour être renouvelée aux yeux de l’autorité centrale.</p>
<p>De l’autre, l’Europe a épuisé ses mines et manque de monnaie précieuse pour ses échanges. La multiplicité des acteurs, le rôle majeur des marchands, permettent les expériences. Le premier pas est la conquête de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Macaron%C3%A9sie">Macaronésie</a> par les Espagnols et les Portugais, un marche-pied dans l’Atlantique. On y inaugure le modèle de la plantation de canne à sucre avec esclaves africains. Les Portugais sont les premiers à dominer les vents et à acquérir les techniques pour arriver d’abord en Afrique noire, et acheter l’or du Mali sans intermédiaire. De comptoir en comptoir, les Portugais parviennent dans l’Océan Indien, profitent eux aussi des moussons, et mettent la main sur le très lucratif commerce des épices avec l’Asie.</p>
<p>Jusque là, pas de changement fondamental : l’Europe ouvre une voie d’accès périphérique (toujours lente et dangereuse) à l’Asie, mais l’on reste dans les échanges au sein de l’Axe. Le Portugal (1 million d’habitants) n’est démographiquement pas capable de tenir plus que des comptoirs, et craint plus ses rivaux européens envieux que les peuples « découverts ».</p>
<p>Christophe Colomb va tout changer. La connexion entre Ancien et Nouveau Monde était inévitable, et des contacts avaient déjà eu lieu (Vikings au nord et Polynésiens au sud). Une fois compris le régime des vents dans l’Atlantique et la nécessité de s’écarter de l’Afrique pour en profiter au mieux, il était fatal que les Européens accostent dans les Caraïbes ou au Brésil. Les Chinois ou les Japonais auraient pu le faire un jour ou l’autre, mais les Espagnols ont été les premiers à établir des colonies en Amérique, suivis par tous leurs voisins.</p>
<p>Ce qui intéresse les Européens, ce sont les contrées avec un climat sans hiver, en premier lieu pour la canne à sucre. Pour éviter la fuite des esclaves noirs, les îles sont privilégiées (et Louis XV sacrifiera pour elles bien les arpents de neige canadiens.) Les Anglais et les Français vont aussi au nord, à la recherche d’une voie directe vers l’Asie. Le prosélytisme, la curiosité scientifique ou le goût de l’exploration sont d’autres moteurs, mais annexes aux besoins commerciaux.</p>
<p>La conquête de l’Amérique du Centre et du Sud est rapide et facile. Les maigres effectifs hispaniques, avec à peine quelques chevaux et armes à feu, sont massivement aidés (involontairement, du moins au début) par les agents pathogènes inconnus des Amérindiens, et contre lesquels les habitants de l’Axe sont à peu près immunisés. L’effondrement de la population américaine (environ 90 % !) entraîne des troubles sociaux qui achèvent les sociétés. Tant de territoires sont libérés de l’agriculture (en Amazonie notamment) que le reboisement se traduit par une chute du CO₂ atmosphérique, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Little_Ice_Age#Destruction_of_native_populations_and_biomass_of_the_Americas">possible cause du Petit Âge glaciaire</a>. La main d’œuvre locale disparue, et faute de pouvoir motiver sa propre population à aller trimer dans les plantations, l’Europe se rabat sur la traite négrière à grande échelle, amplifiant la saignée du continent africain.</p>
<p>Grataloup se risque parfois à des uchronies. Parmi elles : des virus mortels auraient-ils pu traverser l’Atlantique dans l’autre sens ? Adaptés à une longue cohabitation avec beaucoup plus d’animaux d’élevage, les Eufrasiens avaient les probabilités pour eux… mais il n’aurait pas été impossible que nos ancêtres subissent une saignée symétrique à celle des Amérindiens.</p>
<h2>La domination européenne</h2>
<p>L’or et l’argent américain résolvent la crise monétaire européenne, on frôle même la surproduction. Parallèlement et grâce à ces ressources, le goût du sucre, du thé, du café, du tabac, du chocolat, se répand dans toute la société européenne, les besoins augmentent, justifiant la création des diverses Compagnies des Indes orientales. D’abord entreprises capitalistiques commerciales concurrentes destinées aux expéditions commerciales risquées, celles-ci finissent absorbées par leurs États respectifs, après avoir installé des ribambelles de comptoirs, devenus colonies ou protectorats. L’Europe exporte ses rivalités internes sur toute la planète. Colonies et protectorats changent de main, les guerres de la fin du règne de Louis XIV ont un impact sur tout le commerce mondial, et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans">Guerre de Sept Ans</a> est quasiment une guerre mondiale.</p>
<p>Enfin, l’accès des Européens à des territoires sans hiver leur permet de tenter de produire eux-mêmes ce qu’ils achetaient avant. Après les cultures de la canne à sucre, du café et du chocolat se déploie celle du coton en Amérique du Nord (toujours grâce à la traite), ce qui permet de ne plus acheter d’indiennes (le tissu indien). Le thé reste longtemps une denrée qu’il faut acheter cher à la Chine. Pour rééquilibrer les échanges, les Britanniques (d’abord, puis avec les Français) du XIX<sup>è</sup> siècle se font narcotrafiquants : ils imposent aux Chinois l’opium des Indes britanniques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_l%27opium">Guerres de l’opium</a>).</p>
<h2>Révolutions</h2>
<p>Grataloup va jusqu’à suggérer que les nouvelles habitudes occidentales basées sur les productions tropicales ont alimenté la Révolution industrielle, qui a d’abord démarré par une meilleure alimentation : thé et chocolats sucrés représentent en effet quelques calories en plus. L’hévéa aussi en est un élément important.</p>
<p>La transition démographique commence en France, en partie grâce aux améliorations des routes au XVIII<sup>è</sup> siècle, éliminant les famines. Cumulant supériorité maritime, puis technologique et industrielle, et enfin démographique (¼ de la population mondiale en 1900), l’Europe impose son modèle d’États aux frontières délimitées, ce qui n’est pas une évidence partout. Surtout, les différents pôles européens créent chacun un Empire, d’un type nouveau puisqu’il associe une métropole dans le nord très éloignée de colonies, généralement tropicales. Certaines de ces colonies deviennent des États de culture européenne indépendants (États-Unis en premier lieu puis Australie, Afrique du Sud…).</p>
<p>La seconde vague de colonisation européenne au XIXè siècle tient plus de l’affrontement impérial qu’autre chose. Les nouvelles colonies, notamment africaines, ne rapportent pas autant qu’elles coûtent.</p>
<p>La domination européenne ne dure pas deux siècles. Le polycentrisme, qui a stimulé les découvertes et conquêtes, provoque le suicide de l’Europe dès 1914. Plus tard, le Tiers Monde reste centré sur ces régions tropicales tant convoitées par d’autres. La transition démographique rebat les cartes. Une autre géographie se met à influer sur les rapports de force dans le monde : celle du Carbonifère, dont nous brûlons les forêts fossilisées.</p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-G%C3%A9ohistoire-%C2%BB-de-Christian-Grataloup#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/877„Die Teilung Deutschlands” (La scission de l’Allemagne) de Matthias Uhlurn:md5:69839c6b33fd0764fa2daa9acd17a2682022-11-29T19:48:00+01:002022-12-16T18:22:09+01:00ChristopheHistoireabominationadministrationAllemagneapocalypsecartescataclysmechaoscommunismedémocratieEmpire soviétiqueEuropeguerreGuerre Froidegéographiegéopolitiquehistoireimpérialismelivres luslogistiquemémoireperspectivepolitiqueracléeSeconde Guerre MondialetotalitarismeéconomieÉtats-Unis<p>Au début, je me demandais pourquoi les frontières entre Berlin Ouest et Est étaient si tordues. Ça a fini par l’achat de ce <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de"></a>petit livre.
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag.jpg" title="Die Teilung Deutschland"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Die_Teilung_Deutschlands-Matthias_Uhl-be.bra_verlag_s.jpg" alt="Die Teilung Deutschland" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>J’ai d’abord connu Berlin coupé en deux, lors d’un voyage scolaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Voir le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin">Mur</a>, taggé de haut en bas, a été un de mes souvenirs frappants d’ado (deux ans avant la joyeuse stupéfaction à sa disparition).</p>
<p><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:Occupied_Berlin.svg" title="Berlin occupé divisé en 3 zones (image Wikipedia, Stephan-Xp,CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Occupied_Berlin_depuis_Wikipedia-Stefan-Xp-CC-BY-SA-3.0.png" alt="Berlin occupé divisé en 3 zones" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Berlin occupé divisé en 3 zones" /></a></p>
<p>En y retournant récemment, je n’ai plus vu du Mur qu’un morceau devenu une expo artistique, l<em>'<a href="https://de.wikipedia.org/wiki/East_Side_Gallery" hreflang="de">East Side Gallery</a></em>, dans un <a href="https://www.openstreetmap.org/relation/6807791">coin paumé très à l’est</a>. Qu’est-ce que ce bout de Berlin-Ouest faisait de l’autre côté de la Spree ? Qui a fait des frontières aussi farfelues en 1945 quand les vainqueurs se sont partagé la ville ?
Et parce que cette question me trottait dans la tête, je n’ai pas pu ne pas acheter <em>Die Teilung Deutschlands</em> dans la librairie du château de Charlottenburg.</p>
<p>Il condense en quelques pages une très dense et difficile période, entre la capitulation (mai 1945) et la proclamation des deux Républiques allemandes (1949). Étonnamment, l’Allemagne est restée quatre ans écartelée entre quatre zones d’occupation, avec sa monnaie d’avant-guerre, et son administration (sous tutelles).</p>
<h3>Occupation</h3>
<p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Map-Germany-1947.svg/330px-Map-Germany-1947.svg.png" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Map-Germany-1947-Wikipedia-52_Pickup-CC-BY-SA-2.5.png" alt="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Division de l’Allemagne vaincue, 1945" /></a>Après la capitulation sans condition, tout le pays était occupé, et les Alliés pouvaient dicter leur loi. Les zones furent établis selon des critères logistiques, et non selon le front à la fin de la guerre (les Américains laissant notamment la Saxe aux Soviétiques). La Russie et la Pologne annexèrent la Prusse orientale, la Silésie, la Poméranie… pourtant allemandes depuis des siècles.</p>
<h3>L’heure zéro</h3>
<p>La situation matérielle en 1945 était évidemment dantesque. Avec un quart des logements en moins suite aux combats et bombardements, des millions de morts et prisonniers, des millions de réfugiés expulsés des zones annexées ou des zones germanophones de toute l’Europe de l’Est, la surface de logement par habitant était la moitié de celle de l’avant-guerre. Ce n’était pas le pire.</p>
<p>Les moyens de communications étaient anéantis, la main d’œuvre masculine prisonnière ou tuée, l’économie en ruine. Seule chose en abondance : les gravas de ce qui avait été des villes. Les prix alimentaires explosaient, et les familles des villes se dispersaient dans les campagnes à la recherche de la moindre nourriture.</p>
<p>Au titre des réparations, les Alliés se servirent sur la bête, et les Soviétiques sans retenue — ce qui se conçoit vu les destructions opérées chez eux par les Allemands. Des démontages d’usines tournèrent au fiasco, faute de capacité d’accueil réelles dans une URSS elle-même dévastée. La chasse aux ingénieurs et techniciens qualifiés avait démarré avant la fin des combats. Alors que les Américains leur offraient une alléchante émigration, les Soviétiques les renvoyaient chez eux une fois leurs compétences plus ou moins transmises.</p>
<h3>Réorganisation politique</h3>
<p>Il fallut refaire tourner les administrations locales et les systèmes judiciaires, sociaux, éducatifs, médicaux.
Très vite apparurent des Länders de taille régionale au sein de chaque zone, mais sans rien au-dessus que l’administration militaire d’occupation.</p>
<p>La Guerre froide n’était pas déclarée, mais l’administration militaire commune a très vite dysfonctionné, Soviétiques et Occidentaux ne s’entendant évidemment pas. De manière moins attendue, la coordination entre les trois zones occidentales n’était pas complètement acquise, chacun faisant un peu à sa sauce chez lui, par exemple en matière de dénazification. Les Français ont parfois dû se faire tirer l’oreille pour suivre le mouvement (les aides du plan Marshall étant un moyen de persuasion efficace). La fragmentation administrative par zone menaçait.</p>
<p>À l’est, les communistes se préoccupèrent d’entrée de placer leurs hommes aux postes clés, même si des « bourgeois » purent être mis en avant à nombre d’endroits. La dénazification, assez brutale, permit de réduire au silence nombre de fortes têtes. Progressivement les partis non communistes furent fusionnés de force avec le parti communiste et les élections devinrent une farce totale. Les brutalités et pillages des soldats russes en terre conquise <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> énerva jusqu’aux plus hautes autorités d’occupation, conscientes de l’impact désastreux sur la population, avant que l’Armée Rouge finisse parquée dans des casernes.</p>
<p>À l’ouest, la dénazification était bien sûr à l’œuvre aussi, mais il s’agissait aussi de rééduquer les Allemands et d’en faire progressivement des démocrates.</p>
<p>Nulle part la dénazification ne fut chose facile si l’on ne voulait pas totalement désorganiser les services.
Les exilés politiques, revenus après toutes ces années, n’étaient pas forcément bien vus par leurs collègues.
Il fallut bien laisser en place de nombreux anciens membres du parti nazi.
Cela n’empêcha pas les nouvelles administrations de suivre la politique décidée par les occupants.</p>
<h3>La population</h3>
<p>Le sort des femmes fut bien différent entre les deux zones. Il n’y a pas besoin de rappeler leur sort dans les zones envahies par l’Armée Rouge à la fin de la guerre. Les exactions sexuelles furent bien plus rares à l’ouest, même si la zone française a fait tache. Par contre, une prostitution plus ou moins ouverte se répandit dans toutes les couches de la population en raison des difficultés d’approvisionnement, pour le plus grand plaisir des occupants. La criminalité explosa, puis retomba avec l’amélioration de l’approvisionnement.</p>
<p>Les prisonniers furent relâchés relativement vite par les Anglo-Saxons pressés de rendre de la main d’œuvre à l’économie. Les Français avaient de nombreuses zones à leur faire déminer et prirent plus de temps. Les Soviétiques, rancuniers, mirent plus de dix ans à renvoyer tous les survivants <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. L’effarant taux de décès des prisonniers à l’est (33 % contre 1 % à l’ouest) provenait autant des privations, générales à l’est, que de la dureté du régime stalinien. Nombre de prisonniers furent condamnés sous divers prétextes.</p>
<p>Avant le retour des hommes, les femmes (<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_des_ruines" hreflang="de">Trümmerfrauen</a></em>) durent se sentir un peu seules pour déblayer ce qui restait des villes, un travail titanesque. Les maris revenus, bien des couples éclatèrent, l’homme étant souvent traumatisé et la femme ayant pris en main le foyer pendant ce temps, sans parler des enfants trop vite grandis. Peu à peu, à l’ouest, les femmes retournèrent à leurs fourneaux, pendant que l’est communiste restait plus égalitaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Le plan Marshall</h3>
<p>La reconstruction de l’Europe patinait. Or, les Américains voulaient éviter une redite du chaos économique
de l’Allemagne d’après la Première Guerre Mondiale, dont l'état impactait d'ailleurs toute l’économie européenne.</p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall" hreflang="fr">plan Marshall</a> de 1948, à destination de <em>toute</em> l’Europe, fut une gigantesque carotte américaine
— mais aussi un piège pour les communistes. Profiter du plan impliquait un droit de regard américain sur l’utilisation des fonds et ressources,
et poussait à l’intégration économique entre les États européens, de l’ouest comme de l’est. Staline ne pouvait supporter rien de cela.</p>
<p>Le refus des communistes de profiter du plan leur aliéna de nombreuses voix à l’ouest, et plomba les relations entre l’URSS et les États à qui elle avait imposé de refuser le plan.</p>
<h3>DM</h3>
<p>Le redémarrage économique fut lent. Le miracle (ouest-)allemand démarra en 1948 quand les Américains, en secret et suivis par leurs alliés, économiquement dépendants, préparèrent le remplacement du vieux Reichsmark par une nouvelle monnaie promise à un grand avenir, le Deutsche Mark.</p>
<p>Ne furent convertis à parité que quelques dizaines de RM par tête, et les flux réguliers (pensions, salaires, loyers…). Tout le reste, dettes, économies, valeurs, hypothèques… fut converti à des taux de 10 à 15 RM pour un DM. « La plus grande expropriation de l’histoire allemande » effaçait 80 % du patrimoine financier, purgeait l’Allemagne de dettes qu’elle aurait été incapable de rembourser, signa la fin du marché noir, et relança spectaculairement l’économie après quelques mois difficiles.</p>
<p>Les Soviétiques, au courant de l’opération par leurs espions, interdirent chez eux la nouvelle monnaie et durent faire une réforme similaire.</p>
<h3>Le blocus</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public.jpg" title="C -54 arrivant à Berlin-Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Berlin_1948-C-54_landing_at_templehof-Henry_Ries_USAF-Domaine_public_m.jpg" alt="C -54 arrivant à Berlin Ouest, 1948 - Henry Ries/US Air Force, via Wikipédia, domaine public" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
C’est à la même période que se déroula le bras de fer du blocus de Berlin-Ouest. Staline coupa tous les accès terrestres à l’enclave occidentale dans la zone soviétique.</p>
<p>Pendant presque un an, tout le ravitaillement de 2 millions d’habitants passa par un pont aérien allié, qui coûta la vie à de dizaines de pilotes. L’aéroport du Tegel fut bâti en 3 mois. La population subit évidemment de nouvelles restrictions, alors que la ville restait une gigantesque ruine. Économiquement insensé, politiquement indispensable, médiatiquement génial, le pont aérien marqua la détermination américaine sans aller jusqu’à l’affrontement armé, et obligea Staline à reculer. Lui non plus n’était pas prêt à un affrontement armé. Et les Occidentaux le savaient : les dizaines d’officiers soviétiques passés à l’ouest permttaient un aperçu de l’état des troupes communistes. Par ses propres espions, Staline savait les Occidentaux déterminés à un affrontement, passa outre à son habitude, puis jeta l’éponge.</p>
<h3>Les 2 Allemagnes</h3>
<p>Le blocus de Berlin fut totalement contre-productif pour les communistes à l’ouest, puisqu’il souda les Allemands de l’Ouest derrière les Alliés occidentaux et accéléra les discussions sur la mise en place d’un État ouest-allemand.</p>
<p>Sous la pression américaine, et devant l’état de partition de fait, les élus des Länder des zones occidentales créèrent un conseil de représentants des différents partis pour élaborer une nouvelle Loi Fondamentale. Les quelques élus communistes, sans surprise, votèrent contre le texte final. L’Allemagne n’était pas encore pleinement souveraine : les puissances occupantes se réservaient encore relations et commerce extérieurs. Bonn, petite ville loin de la frontière est, fut choisie comme capitale (provisoire). Les parlements régionaux approuvèrent la Loi Fondamentale — sauf la Bavière, qui accepta tout de même d’intégrer la nouvelle République Fédérale d’Allemagne. Née en 1949, celle-ci s’agrandit en 1956 de la Sarre, alors officiellement indépendante mais protectorat français de fait.</p>
<p>Staline ne créa un État est-allemand qu’après avoir perdu tout espoir d’étendre son influence à tout le pays, et laissé les Occidentaux assumer la division officielle. Un conseil populaire, officiellement pan-allemand, décida plus tard de créer la future République Démocratique. Évidemment, tous les scrutins et organisations étaient biaisés, quitte à recompter avec une mauvaise foi consommée, pour garantir les mains libres au Parti Socialiste Unifié, dirigé de fait par les communistes.</p>
<p>Le Mur de Berlin ne fut construit qu'en 1961 pour mettre un terme à l'émigration massive vers la RFA, mais c'est une autre histoire.</p>
<p>Voir la <a href="https://www.bebraverlag.de/verzeichnis/titel/die-teilung-deutschlands.html" hreflang="de">page du livre chez l’éditeur</a>.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Et pour en revenir à la trajectoire farfelue du mur : les zones d’occupation ont été définies à partir des limites administratives existantes.
Les occupants n’ont pas prévu au départ que les zones pourraient être séparées, et sont allés au plus simple.
Dans cette <a href="https://www.landkartenarchiv.de/historischestadtplaene600b.php?q=landkartenarchiv_gesamtadressenwerk_der_nsdap_berlin_1938" hreflang="de">carte des groupes du parti nazi à Berlin en 1938</a>, l’<em>ortsgruppe</em> 108 va bien jusqu’au bord de la Spree. Était-ce basé sur une vraie limite administrative ? Je n’ai pas trouvé. En tout cas, une partie de Berlin-Ouest donnant sur le fleuve obligeait les communistes à planter un mur sur la rive en face, pourtant toute à eux, pour interdire les passages à la nage. Plusieurs personnes se noyèrent là sans que les policiers des deux côtés ne puissent ou ne veulent faire quelque chose. Effarant.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Calculez mon âge…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Déjà…</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Dont des <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Tambov">Alsaciens malgré-nous</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Les avancées vers l’égalité homme-femme ont été un des rares succès des communistes est-allemands.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9EDie-Teilung-Deutschlands-%28La-scission-de-l-Allemagne%29-de-Mathias-Uhl#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/866« Le Français qui possédait l’Amérique : la vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV » de Pierre Ménardurn:md5:62a7adf8c4d5f7ea631f306bb6c5951d2018-01-30T18:26:00+01:002018-07-24T09:15:23+02:00ChristopheHistoireAmériqueargentcolonisationcoup bascynismedéshumanisationesclavagefoutage de gueulehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoireParispolitiquespéculationténacitévaleuréconomie <p>Toulousain, Antoine Crozat avait un père d’origine modeste, mais qui s’était déjà énormément enrichi sous Louis XIV. Bénéficiant de ses réseaux puis développant les siens, il atteignit un niveau de fortune monstrueux, prêtant même au Roi, allant jusqu’à se voir octroyée toute la gestion de la Louisiane française. Ce ne fut pas sa meilleure affaire.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Antoine_Crozat.jpg" title="Antoine Crozat, par Wikimédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Antoine_Crozat_s.jpg" alt="Antoine Crozat, par Wikimédi)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Antoine Crozat, par Wikimédia" /></a> Sa richesse ne provenait pas que du commerce transcontinental, en plein boom, et d’innombrables trafics, y compris d’esclaves. Ajoutons la spéculation sur les monnaies, en des temps où l’État jouait en permamence avec leur valeur, et les premiers billets à ordre et de banque, aux valeurs aléatoires. Ou le copinage avec les plus grandes familles nobles, auxquelles ce snob rêva toute sa vie de s’allier (il y parvint) ; la mise en coupe réglée de pans entiers du commerce, avec des monopoles légaux ; l’achat et la revente des charges publiques, à titre personnel ou comme intermédiaire de l’État ; et le financement des corsaires ; ou encore la contrebande de grand style : les réseaux financiers se jouaient déjà des frontières.</p>
<p>Mais, surtout, le système fiscal de l’Ancien Régime était un tel bazar qu’une bonne partie était quasiment sous-traitée à de riches personnes avançant l’argent à l’État, parfois à l’avance et se débrouillant pour récupérer cet argent. Rémunérateur, le poste était comme tant d’autres une « charge » vendue par l’État, que l’on pouvait revendre ensuite. Il n’était d’ailleurs pas sans risque financier, et valait aussi en retour la haine du peuple — en plus du mépris que récolte tout parvenu dans une société si hiérarchisée.</p>
<p>Le Régent remit un peu d’ordre dans ces choses (malgré l’échec de la banque de Law). Crozat comme nombre de confrères, fut poursuivi, mais, de fait indispensable, il s’en tira mieux que d’autres, avec une monstrueuse amende.</p>
<p>Crozat est mort vieux, dans son lit, ayant marié ses enfants aux plus anciennes familles. Il fait partie de ces gens éloignés de toute politique ou idéologie mais égoïstes qui ont modifié l’histoire, pas forcément pour le mieux, et que l’on a très vite oubliés (pourtant il a fait construire les futurs Ritz et Palais de l’Élysée !).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Fran%C3%A7ais-qui-poss%C3%A9dait-l-Am%C3%A9rique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/840Les blagues de l’ex-RDAurn:md5:0eb549900b7b07928376710c1b90b6fa2015-11-01T21:27:00+01:002015-11-01T21:32:00+01:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnecommunismeEmpire soviétiquefoutage de gueuleGuerre FroidehistoirehumourmémoireperspectivepolitiqueRussietotalitarisme <p>J’ai eu la joie de constater que divers moteurs de recherches proposaient mon site dès la première page à propos d’un État : la République Démocratique Allemande<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>... pour une compilation de blagues !</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/rda/bilder/drapeau_rda.gif" alt="Drapeau est-allemand" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour les plus jeunes parmi nous, rappelons qu’il s’agissait de la partie de l’Allemagne occupée par les Soviétiques après la guerre, devenue une dictature communiste, frugale mais vivable tant qu’on se taisait, enfermant ses administrés derrière le fameux Mur de Berlin (qui les empêchait d’entrer à Berlin Ouest), jusqu’à 1989 et de nouvelles évasions massives<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et des manifestations monstres, puis l’annexion en 1990 par le voisin de l’ouest. Pour une idée de l’ambiance, je conseille deux films connus : le glaçant <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111643.html">La vie des autres</a></em> et la comédie <em><a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=52715.html">Goodbye Lenin!</a></em></p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" title="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg_s.png" alt="DDR_Verwaltungsbezirke_farbig-427px-Wikimedia.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Carte administrative de RDA, Wikimedia, CC-BY-SA 4" /></a>J’ai vécu un an là-bas, quelques années après la Réunification qui n’avait pas encore effacé les différences. Je m’étais amusé à traduire en français certaines des blagues de l’époque communiste, publiées en recueils après 1989 aux début de la vague de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ostalgie">Ostalgie</a>. Certaines sont des transpositions locale de blagues universelles ; d’autres sont applicables à tout le bloc communiste ; certaines se fichent gentiment des dirigeants ; d’autres sont beaucoup plus grinçantes quand on connaît un peu le régime stalinien des débuts de la RDA, le flicage généralisé, le trucage des élections ; beaucoup détournent la langue de bois de l’époque. Beaucoup d’entre elles ne font plus rire, mais renseignent sur ce qui désespérait les gens de l’époque.</p>
<p>La collection complète est sur le « vieux site » <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>: <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda.html">sommaire</a>, blagues d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda40.html">après-guerre</a>, des <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda50.html">années 50</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda60.html">années 60</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda70.html">années 70</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html">années 80</a>, de <a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda80.html#1989">1989</a>, d’<a href="https://www.coindeweb.net/rda/rda90.html">après la Réunification</a>. En prime : <a href="https://www.coindeweb.net/blagues_lada.html">quelques blagues sur les Ladas</a>, des voitures soviétiques, à la mode dans les années 80 et 90 (les blagues, pas les voitures, du moins de notre côté du Mur). Il faudrait que je relise et corrige pas mal de maladresses.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<h4>Période stalinienne</h4>
<blockquote><p><em>Staline fait un discours à l’Académie Militaire de Moscou. Silence absolu dans l’auditoire.<br />Soudain quelqu’un éternue violemment dans l’assistance. <br />Staline s’interrompt : « Qui a éternué ? »<br />L’assistance est pétrifiée de peur. Personne ne répond. Tout le monde se voit déjà en Sibérie.<br />Staline demande alors à ceux du premier rang si l’un d’entre eux éternué. Aucun n’avoue. Staline les fait tous fusiller sur le champ.<br />Puis c’est au tour du deuxième rang.<br />Puis du troisième.<br />Soudain quelqu’un se lève et crie : « Camarade Staline, c’est moi qui ait éternué ! »<br />Alors Staline :<br />« À tes souhaits, Camarade ! »<br />Et il continue son discours. </em></p></blockquote>
<h4>Années 50</h4>
<blockquote><p><em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Ulbricht">Ulbricht</a> [Secrétaire Général du PC est-allemand de l’époque] convoque son ministre de la sûreté et lui demande : <br />« Deux et deux, ça fait combien ? <br />— Cinq, Camarade Président. »<br />Ulbricht sort un revolver et l’abat. <br />D’autres camarades, alertés par le bruit, arrivent aussitôt et s’étonnent : <br />« Mais pourquoi l’as-tu tué ??!! <br />— Il en savait trop ! »</em></p></blockquote>
<p>...à rapprocher du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/2_%2B_2_%3D_5" hreflang="en">2+2=5</a> évoqué par George Orwell dans <em>1984</em>, et sa conséquence :</p>
<blockquote><p><em>Freedom is the freedom to say that two plus two make four. If that is granted, all else follows.</em><br /> <br />La liberté, c’est la la liberté de dire que deux et deux font quatre. Une fois cela accordé, tout le reste suit.</p></blockquote>
<h4>Années 60</h4>
<blockquote><p><em>— Pourquoi les Égyptiens ont-ils perdus contre les Israéliens pendant la Guerre des Six Jours ? <br />— Parce qu’ils ont suivi les conseils des Soviétiques, leurs alliés : d’abord laisser l’ennemi s’enfoncer profondément dans son territoire, puis attendre l’hiver. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" title="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Trabant_P50_front.burts.Wikimedia_s.jpg" alt="Trabant_P50_front.burts.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Trabant P50, la voiture locale en plastique qu’il fallait attendre des années, burts, Wikimedia" /></a></p>
<blockquote><p><em>Deux policiers est-allemands, un vieux expérimenté et un jeune qui débute à peine, sont chargés de contrôler l’alcoolémie des automobilistes et autres usagers du bitume et des pavés. Une mobylette approche, elle fait des zigzags.<br />« En voilà un ! dit le jeune policier, qui veut l’arrêter.<br />— Mais non, laisse-le passer », dit le policier expérimenté.<br />Le jeune s’étonne mais obéit.<br />Une voiture alors arrive, qui va aussi en zigzags. Une deuxième fois, le policier expérimenté dit à l’impétueux jeune de ne pas l’arrêter.<br />Une autre voiture arrive. Le jeune la regarde à peine, mais le policier expérimenté bondit.<br />« Hé celui-là, faut l’arrêter, il est complètement fait !<br />— Comment le sais-tu ? demande le jeune, étonné. Il roule bien droit !<br />— Oui, mais sans éviter les trous dans la chaussée ! »</em></p></blockquote>
<p>Il est vrai qu’après la chute du Mur et pendant toutes les années 90, les routes est-allemandes ont été un gigantesque chantier...</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Stamps_of_Germany_%28DDR%29_1969%2C_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" title="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia_s.jpg" alt="Stamps_of_Germany_(DDR)_1969,_MiNr_1508.Wikimedia.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Timbre de 1969, Wikimedia" /></a></p>
<h4>Années 70</h4>
<blockquote><p><em>Un ange vient visiter l’ancien chef du parti tchécoslovaque <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Dub%C4%8Dek">Dubcek</a> [destitué par les Russes après l’écrasement du printemps de Prague en 1968].<br />« Tu es un vrai communiste, Dubcek, et j’ai recu l’ordre de te récompenser. Tu as droit à trois vœux. »<br />Dubcek n’a pas besoin de réfléchir longtemps avant de répondre :<br />« D’abord je veux que l’armée chinoise vienne jusqu’en Tchécoslovaquie, l’occupe quelques jours, puis reparte.<br />— Et le second vœu ?<br />— La même chose !<br />— Et le troisième ?<br />— Encore la même chose !<br />— Tu es sûr d’avoir bien réfléchi ? demande l’ange un peu surpris.<br />— Certain. Comme ça les Chinois devront passer six fois à travers toute l’Union Soviétique ! »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Deux policiers arrêtent une Trabant qui a commis un excès de vitesse. Il y a dans la voiture un homme, sa femme et sa mère. Les flics demandent son permis au conducteur :<br />« Désolé, répond-il, je n’en ai pas.<br />— Ne l’écoutez pas, messieurs les policiers, interrompt sa femme, il est complètement saoul. »<br />La grand-mère : « Je savais qu’on aurait des problèmes dans une voiture volée ! »<br />Et le grand-père, dans le coffre : « On est déjà à l’Ouest ? »</em></p></blockquote>
<p>Fernand Raynaud a aussi utilisé cette blague (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qn_cFnDihv0">premier sketch de cette vidéo</a>), à la chute finale près.</p>
<blockquote><p><em>— Quelle est la différence entre la RDA et l’ancien dieu grec de l’amour Cupidon ?<br />— Aucune. Tous les deux sont petits, nus, et armés. </em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019%2C_Berlin%2C_30._Jahrestag_DDR-Gr%C3%BCndung%2C_Parade.jpg" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Bundesarchiv_Bild_183-U1007-0019,_Berlin,_30._Jahrestag_DDR-Gründung,_Parade_s.jpg" alt="30 ans de la RDA" style="display:block; margin:0 auto;" title="Défilé militaire pour les 30 ans de la RDA, Bundesarchiv via Wikimedia, CC-BY-SA 3.0" /></a></p>
<h4>Années 80</h4>
<blockquote><p><em>Les membres du syndicat polonais Solidarnozc sont divisés en deux tendances :<br />— les optimistes pensent qu’on va les flanquer dans un train et les envoyer au fin fond de la Sibérie ;<br />— les pessimistes pensent qu’ils devront y aller à pied.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Trois chirurgiens, un Américain, un Russe, un Allemand de l’Est se rencontrent :<br />« Chez nous en Amérique, nous avons dû un jour soigner les jambes broyées d’un accidenté, et on a si bien réussi qu’il est maintenant coureur de marathon de niveau international.<br />— Chez nous, dit le Russe, on a si bien soigné les mains écrasées d’un blessé qu’il a pu devenir un pianiste réputé.<br />— Chez nous, dit le chirurgien de RDA, il y a eu un grave accident de la route ; du blessé il ne restait que le cul, on a pu lui greffer ce qui restait de ses oreilles ; il est maintenant notre chef. »</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>— Pourquoi le capitalisme est-il au bord du gouffre ?<br />— Parce qu’il regarde le communisme qui est au fond.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Période de campagne électorale en RDA. Le secrétaire du Parti local arrive un jour devant la mairie de sa commune et voit plein de policiers.<br />« Que se passe-t-il ? demande-t-il à l’un d’eux, une manifestation ?<br />— Non. Mais on a volé quelque chose à la mairie.<br />— Et quoi ?<br />— Les résultats de l’élection de dimanche prochain. »</em></p></blockquote>
<h4>1989 : la chute du Mur</h4>
<blockquote><p><em>Honecker fait son dernier discours au congrès du Parti.<br />« Qui est votre mère ? demande-t-il.<br />— La RDA ! répond l’assistance.<br />— Et votre père ?<br />— Toi, cher Honecker !<br />— Et que voulez-vous devenir ?<br />— Orphelins ! »</em></p></blockquote>
<h4>Après la Réunification</h4>
<blockquote><p><em>— Après la chute du mur et la dissolution de la police politique, comment les agents de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Minist%C3%A8re_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_d'%C3%89tat">Stasi</a> [redoutable police politique] se sont-ils reconvertis ?<br />— Comme chauffeurs de taxis de nuit. Si, après une fête, vous êtes trop bourré pour dire où vous habitez, ils sortent votre fiche et vous ramènent chez vous.</em></p></blockquote>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/Reunification.Wikimedia.296px.svg.png" title="Reunification.Wikimedia.296px.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/rda/.Reunification.Wikimedia.296px.svg_s.png" alt="Carte de la réunification, Wikimedia" style="display:block; margin:0 auto;" title="Carte de la réunification, Wikimedia" /></a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un État disparu depuis plus longtemps que certains mes lecteurs majeurs n’existent, certes ; et c’est une des plus anciennes pages du site, ce qui n’est pas très motivant pour l’avenir de ce blog. Mais tout de même ça fait du bien à l'ego.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>À l’époque les Autrichiens et les Allemands ne se posaient pas la question de savoir si tous ces milliers d’Allemands de l’Est </em>devaient<em> être accueillis, et la mode était plutôt à la destruction des murs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>L’apparence spartiate n’est pas qu’un hommage à l’ambiance de l’époque, mais à mes compétences en HTML des années 90 :-)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-blagues-de-l-ex-RDA#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/654“The sleepwalkers — How Europe went to war in 1914” (« Les somnambules — Eté 1914 : Comment l’Europe a marché vers la guerre ») de Christopher Clarkurn:md5:2521e44836d265fb4a56207b0ef066e22015-04-19T22:25:00+02:002021-07-31T14:38:14+02:00ChristopheHistoireabominationAllemagneapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophecolonisationdommagedéterminismeEuropeguerregéopolitiquehainehistoireHistoire de FranceimpérialismeincohérencenationalismeperspectivepessimismepolitiquePremière Guerre Mondialeprise de têteprovocationpsychologieRealpolitikRussieuchronie <blockquote><p>The outbreak of the war was a tragedy, not a crime. <br /> <em>Le déclenchement de la guerre fut une tragédie, pas un crime.<br /><br />Christophe Clark, </em>The Sleepwalkers<em>, Conclusion, p. 561</em></p></blockquote>
<p>L’Europe s’est suicidée sans que personne veuille vraiment la guerre : c’est la tragédie de la Première Guerre Mondiale, et une leçon pour le futur. Certaines causes résonnent encore au XXIè siècle.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/GM1/the_sleepwalkers.jpg" alt="the_sleepwalkers.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La séquence d’introduction porte déjà la violence des conséquences lointaines (oui, le titre français est trompeur : Christopher Clark commence bien plus tôt que l’été 1914). En Serbie en 1903, des officiers ultranationalistes assassinent sauvagement le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Ier_de_Serbie">roi Alexandre</a> et sa femme. D’après la description de Clark, ce souverain n’était pas très sympathique, mais les tueurs ne le sont pas plus. Cette clique militaire régicide, notamment un certain colonel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragutin_Dimitrijevi%C4%87">Apis</a>, va acquérir une grande influence en Serbie dans les années suivantes, et, de manière à peu près autonome, semer le trouble dans la Bosnie-Herzégovine voisine (partiellement serbe mais annexée par l’Autriche), puis organiser l’assassinat de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Ferdinand_d%27Autriche">François-Ferdinand</a>, l’allumette qui embrasera le continent.</p>
<p>Toute cette partie sur la politique serbe, le nationalisme intense, le déni par exemple de l’existence même de Slaves non serbes en Bosnie et Croatie, les exactions pendant la conquête serbe de la Macédoine en 1912-13… rappellent furieusement ce qui s’est passé dans les années 1990 en Yougoslavie ; jusqu’au rôle de la Russie, ange gardien autoproclamé des Slaves des Balkans ; jusqu’au conflit est-ukrainien actuel (un russophone est-il forcément russe ?).</p>
<h3>Les acteurs</h3>
<p>Clark fait le tour de toutes les grandes puissances du moment, leurs gouvernants, leur organisation, leurs faiblesses, leurs relations mutuelles…</p>
<p>Tout le monde voyait la Russie, en croissance très rapide, comme la nouvelle superpuissance, malgré la défaite de 1905 face au Japon, malgré son gouvernement pas très stable et marqué par l’absolutisme — ce qui ne voulait pas dire que le Tsar donnait toujours le ton.</p>
<p>À l’inverse, l’Autriche-Hongrie semblait en décrépitude, paralysée par un gouvernement double et les revendications ethniques, malgré une économie florissante. Que serait-elle devenue si François-Ferdinand avait vécu, lui qui ne voulait pas de guerre et ambitionnait de créer un État fédéral ?</p>
<p>Le fantasque Kaiser ne dominait pas une Allemagne envieuse des empires coloniaux de ses voisins.</p>
<p>La France ne s’impliquait pas dans les Balkans, sinon par ses banques et ses exportations d’armes. Face à des Ministres des Affaires étrangères instables, les diplomates étaient devenus autonomes ; mais en 1914 Poincaré, Président, donnait le ton et prônait la fermeté face à l’Allemagne. Clark n’est pas tendre avec lui.</p>
<p>L’Angleterre (comme souvent…) ne tenait pas à s’engager irrévocablement, comme la France auprès de la Russie. Au Foreign Office, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Grey,_1st_Viscount_Grey_of_Fallodon" hreflang="en">Edward Grey</a> n’en faisait qu’à sa tête et lia son pays à la France.</p>
<p>L’Italie, théoriquement alliée aux puissances centrales, se rapprochait de plus en plus de l’Entente.</p>
<p>Les états des Balkans combattaient depuis 1912, contre l’Empire ottoman et entre eux.</p>
<h3>Les alertes et la déstabilisation</h3>
<p>La Grande Guerre n’a pas éclaté dans un ciel serein. Sans remonter jusqu’au conflit franco-allemand de 1870, les années d’avant-guerre virent plusieurs affrontements dont certains auraient pu dégénérer, et dont le souvenir influença les décideurs de 1914.</p>
<p>Allemagne et France s’accrochèrent notamment au Maroc (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27Agadir">crise d’Agadir en 1911</a>), mais cela ne dégénéra qu’en marchandage (Maroc contre Cameroun). L’Allemagne remettait en cause la domination britannique sur les mers, mais ne l’inquiéta en fait jamais sérieusement. En Asie, les impérialismes russe et britanniques se heurtèrent plus d’une fois (Inde, Afghanistan, Iran…), sans conséquence majeure. En Afrique, les Anglais s’étaient heurtés aux Français (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Fachoda">Fachoda en 1898</a>), et, juste après, lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Boers">guerre des Boers</a>, émergea fugitivement l’idée d’une alliance franco-germano-russe contre l’Empire britannique.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/627px-Balkan_1912.svg.png" title="627px-Balkan_1912.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.627px-Balkan_1912.svg_m.png" alt="627px-Balkan_1912.svg.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>La vraie déstabilisation commença en 1912 avec l’agression italienne contre l’Empire ottoman, qui perdit Lybie et Dodécanèse. Les jeunes et ambitieux États européens fraîchement émancipés de la tutelle turque (Serbie, Bulgarie, Grèce) se ruèrent sur l’Empire malade. Le partage tourna mal : la Bulgarie finit en guerre contre ses anciens alliés, et la Serbie menaça déjà de déclencher une guerre européenne en voulant croquer l’Albanie (et l’on parlait déjà de purification ethnique au Kosovo). Autriche et Italie considérèrent cela comme une ingérence dans leur sphère ; l’Autriche mobilisa partiellement ; la Russie aussi. On fut à deux doigts de la guerre ; puis les Serbes, sous la pression internationale, renoncèrent. Ces fausses alertes éloignèrent le spectre d’un conflit continental, et en 1914 les décideurs y crurent hélas moins.</p>
<h3>Des blocs non figés</h3>
<p>Tout n’était pas figé, et la guerre n’était pas inéluctable. Certes certains l’attendaient, par exemple certains Allemands effrayés de la très rapide (mais fragile) évolution industrielle et militaire russe, ou certains généraux autrichiens belliqueux. Mais il existait à l’inverse une multitude de facteurs de pacification : Guillaume II, tout fantasque qu’il ait été, reculait devant cette perspective ; ses relations avec Nicolas II étaient cordiales ; la rivalité navale entre Royaume-Uni et Allemagne avait déjà été gagnée par le premier ; François-Ferdinand ne voulait pas de guerre… Les guerres d’agression entre puissances européennes étaient impensables<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, même l’attaque autrichienne sur la Serbie nécessitait une justification. (<strong>Ajout de 2021</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-monde-d-hier-de-Stefan-Zweig">voir ce qu’en dit Stefan Zweig dans <em>Le monde d’hier</em></a>.)</p>
<p>Enfin, les alliances étaient elles-mêmes mouvantes : la petite Serbie avait été protégée par l’Autriche avant de se retourner contre elle ; les alliés balkaniques de 1912-13 s’étaient entre-déchirés immédiatement après leur victoire ; la Russie et l’Angleterre avaient de nombreux points de friction coloniaux ; l’alliance de la France démocratique et de la Russie autocratique n’allait pas de soi ; la Russie s’était focalisée sur les Balkans en partie parce que sa cible prioritaire (Constantinople et les détroits) restait pour le moment inaccessible ; la Turquie avait un général allemand pour moderniser son armée, mais aussi un amiral anglais pour sa flotte ; etc.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" title="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg_m.png" alt="800px-Map_Europe_alliances_1914-fr.svg.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>
Cette instabilité des blocs provoqua d’ailleurs l’enchaînement inéluctable ! La France craignait que la Russie, puissance montante, n’ait plus besoin de son alliance, absolument vitale pour elle contre l’Allemagne : Poincaré l’assurait donc de son soutien indéfectible, y compris dans les Balkans, pourtant inutiles aux Français. Symétriquement, l’Allemagne ne faisait pas confiance à seul grand allié, l’Autriche, et la soutint donc inconditionnellement, là aussi dans les Balkans. La Russie se devait de soutenir son allié serbe, autrefois soumis à l’Autriche. L’Angleterre avait garanti la protection des côtes du nord de la France, dont toute la flotte croisait en Méditerranée : l’Angleterre se voyait donc entraînée par son alliée contre l’Allemagne.</p>
<h3>Tous ensembles vers l’abîme</h3>
<p>La Main Noire serbe, aidée par des services serbes, sans accord réel du plus haut niveau, place ses tueurs : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gavrilo_Princip">Prinzip</a> assassine l’archiduc François-Ferdinand. L’Autriche-Hongrie prend son temps pour l’enquête, finit par envoyer un ultimatum à la peu coopérative Serbie — ultimatum que Clark trouve presque acceptable, comparé à celui adressé par l’OTAN à la Serbie en 1999 ! La tradition occidentale veut que la Serbie ait quasiment accepté ces conditions coupant toute justification à l’attaque autrichienne ; en fait Clark qualifie la réponse serbe de « chef-d’œuvre d’équivoque diplomatique » (<em>a masterpiece of diplomatic equivocation</em>). L’Autriche menace d’attaquer, la Russie mobilise (complètement), donc l’Allemagne prend peur et mobilise, provoquant la mobilisation française. La rapidité de mobilisation et d’attaque pouvant décider du sort de la guerre, les hostilités commencent ; puis l’entrée du Reich en Belgique provoque l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.</p>
<p>Cet enchaînement, tout le monde l’avait vu venir, mais personne ne le voulait et chacun croyait faire toutes les concessions possibles pour éviter la guerre. Dans les deux camps, chacun pensait que ceux d’en face la voulait, et y recourrait sans une volonté de fer en face — toute conciliation ou désaveu d’un allié serait donc un dangereux signe de faiblesse, de plus inutile puisque l’ennemi <em>voulait</em> la guerre. La fermeté protégeait donc la paix. Sans cela, difficile d’expliquer que Poincaré en Russie lie sciemment la France aux événements d’une zone aussi instable que les Balkans. Et chaque progrès d’une alliance effrayait l’autre, la poussant à se préparer au pire (un grand classique).</p>
<h3>Facteurs psychologiques</h3>
<p>Ils jouèrent massivement dans l’enchaînement de la crise. Les Serbes en voulurent trop dès 1912, et surestimèrent le poids du soutien russe. Les Autrichiens, exaspérés par les Serbes depuis des années, furent légers en les attaquant sans penser aux terribles conséquences. En cette période sans instance supranationale reconnue, tout abandon de souveraineté était inconcevable — les Serbes ne pouvaient <em>pas</em> accepter l’ultimatum. Les Russes ne comprirent pas que les Autrichiens ne pouvaient <em>pas</em> laisser passer impuni le meurtre du prince héritier. Les Autrichiens auraient pu attaquer dès après le meurtre, ce qui aurait été bien mieux accepté, mais le processus de décision de la double monarchie se traînait (les Hongrois notamment craignaient une invasion des Carpathes par la Roumanie). Les Russes auraient pu attendre pour mobiliser, laissant aux Serbes une chance d’accepter l’ultimatum, ou se contenter d’une mobilisation partielle contre l’Autriche pour ne pas effrayer l’Allemagne, mais leur logistique ne le prévoyait pas. Les Allemands auraient pu se contenter de n’envahir qu’une petite partie de la Belgique (<em>tout le monde</em> s’y attendait) : cela aurait donné une chance aux pacifistes dans le gouvernement anglais. Mais les militaires allemands (contrairement aux civils) sous-estimaient la Grande-Bretagne.</p>
<p>Clark ajoute une note : la « masculinité » du mâle européen semblait menacée à cette période précise par les évolutions de la société et, par réaction, le besoin de s’affirmer dur et endurant prenait le pas sur les vieilles valeurs aristocratiques, plus accommodantes.</p>
<p>Une chose finalement est sûre : attribuer à l’Allemagne la responsabilité totale de la guerre dans le Traité de Versailles, en plus d’une faute politique à l’époque, était purement et simplement une erreur factuelle. Si les Alliés s’imaginaient dès le début que l’intransigeance autrichienne venait de Berlin, la paranoïa régnait partout.</p>
<h3>Digestion</h3>
<p>C’est un pavé (pas loin de 600 pages en anglais sans les notes) et, forcément, les affrontements diplomatico-commerciaux subtils et pleins de sous-entendus ne sont pas la meilleure matière pour des rebondissements trépidants mêlés de réparties cinglantes, surtout quand on connaît déjà la fin. J’ai été un peu frustré par la relation du déclenchement des hostilités : Clark s’arrête aux mobilisations et ne relate pas l’assassinat de Jaurès, par exemple (est-il tellement important d’ailleurs, vu par un Anglo-Saxon ?) ni les réflexions des Français dans les derniers jours.</p>
<p>Si le passionné d’histoire trouvera son compte dans les causes plus ou moins immédiates de la mort de millions de soldats et l’effondrement de quatre empires, le dilettante risque de trouver la chose indigeste. <em>The Sleepwalkers</em> est pourtant déjà devenu une référence sur le sujet. Et comme je le disais au début, le XXIè siècle semble en rejouer des pans entiers.</p>
<p>Quant à l’amateur d’uchronies, il croulera sous les points de divergence potentiels…</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Contre les Turcs et autres non-Européens, on s’en donnait par contre à cœur joie.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-sleepwalkers-de-Christopher-Clark#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/786« Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. »urn:md5:00b880a09f7f338d4b265bfb1fee3ea82015-01-08T22:41:00+01:002015-01-22T14:31:28+01:00ChristopheCitationsanalogiebon senscitationcivilisationcommunicationcourageculturecynismeguerreguerre saintehainehistoireintelligencejusticemèmeouverture d’espritpeine de mortperspectivepolitiqueprovocationpsychologieracléesignifiésociétés primitivesterrorismeéducation <blockquote><p>Derjenige, der zum erstenmal an Stelle eines Speeres ein Schimpfwort benutzte, war der Begründer der Zivilisation.<br /> <br />Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. <br /> <br />Attribué à Sigmund Freud</p></blockquote>
<p><a href="https://de.wikiquote.org/wiki/Diskussion:Sigmund_Freud#Noch_.27n_Zitat" hreflang="de">La source de cette citation reste douteuse</a> : raison de plus de garder la version française plus proche de la version anglaise qui coure sur le net (“<em>The first human who hurled an insult instead of a stone was the founder of civilization.</em>”) que de cette hypothétique version allemande originale qui parle plutôt de javelot.</p>
<p>Elle n’en reste pas moins douloureusement actuelle.</p>
<p>Elle commence très mal, mais bonne année à tous quand même.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-premier-homme-%C3%A0-jeter-une-insulte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/784« Les Alsaciens et le Grand Tournant de 1918 » de Christian Baechlerurn:md5:62cd3b8068a646b3494354b8c5d0c3692013-06-01T22:53:00+02:002016-07-06T12:56:48+02:00ChristopheHistoireAllemagneAlsacealsaciendommagedémocratieguerrehistoireHistoire de FranceLibérationnationalismepanurgismepolitiquePremière Guerre Mondiale <p>Il y a pas mal de littérature sur l’annexion de l’Alsace-Loraine par l’Allemagne nazie (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Le-Gauleiter-Wagner-le-bourreau-de-l-Alsace">ce livre-là</a>). Mais il n’y a pas grand-chose sur la transition précédente, celle du retour à la France en 1918, après 48 ans de domination allemande.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/les-alsaciens-et-le-grand-tournant-de-1918.jpg" alt="les-alsaciens-et-le-grand-tournant-de-1918.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Le petit livre de Christian Baechler comble un peu le vide. Je lui reprocherais de plonger directement dans les événements de l'extrême fin de la Première Guerre Mondiale, et de s’étendre un peu trop sur les sources journalistiques et les querelles politico-politiciennes alsaciennes, pour passer trop rapidement sur l’annexion concrète. Mais ça n’en reste pas moins très instructif.</p>
<p>En 1914, avec les nouvelles générations nées après 1870, la germanisation de l’Alsace progressait. Cependant, les Alsaciens et Lorrains restaient un peu des Allemands de seconde zone : pas d’autonomie régionale, comme pour les autres États allemands, au mieux des discussions sans fin sur un rattachement à la Prusse ou la Bavière. Ce n’est que pendant la Première Guerre Mondiale que la création d’un Land à proprement parler est évoquée. C’est bien tard ; de plus au même moment la région est considérée comme terre occupée à cause de la guerre, et germanisée de force : en quelques mois a été dilapidé le capital sympathie accumulé depuis Bismarck.</p>
<p>À partir d’octobre 1918, pendant que les troupes alliées avancent, que la révolution gronde dans toute l’Allemagne, et que le gouvernement du Reich semble céder aux exigences du Président Wilson, il devient clair que les Français vont revenir. Le premier problème qui agite les politiciens alsaciens, de gauche comme de droite ou du centre catholique, concerne la représentativité des députés du Land : si l’Alsace veut avoir son mot à dire pendant les négociations de paix, ses députés sont-ils légitimes ? Le gouvernement français n’en aura de toute façon cure et rien ne sera négocié à Versailles.</p>
<p>Plus important, l’avenir de l’Alsace : les événements de l’automne 1918 provoquent bien des retournements de veste. Qui était farouchement pour le maintien dans le Reich devient autonomiste, partisan d’un État neutre entre les deux puissances — statut précaire, et pas qu’économiquement, et probablement source de querelles internes futures. L’Église vomissait la France laïque mais la préfère finalement à une Allemagne virant spartakiste. La question religieuse est un point d’inquiétude, ainsi que le changement des circuits économiques.</p>
<p>Faut-il un plébiscite ? Au final, personne n’en voudra. Le gouvernement allemand, se doutant d’un résultat défavorable, ne veut pas que cela ferme définitivement la porte au retour, un jour, de l’Alsace en Allemagne (cela n’aurait probablement pas arrêté Hitler, cela dit). La France considèrera que, par l’accueil enthousiaste de la population aux troupes françaises, le plébiscite est fait.</p>
<p>Cet accueil enthousiaste par une population germanique et regermanisée a été analysé, notamment par les Allemands (mauvais joueurs) : résignation, volonté de se retrouver dans le camp vainqueur, rejet des méthodes de terreur des militaires allemands pendant la guerre, effet des privations de la guerre, espoir que la France protège l’Alsace du chaos et de la famine, atmosphère extatique, « hypnose collective », volonté de choisir son destin au lieu d’être un objet de tractation, calcul politique, rejet de la rigidité prussienne, idéalisation de la France... Si les foules étaient énormes en ville, on ne sait rien de l’avis du paysan ou de l’ancien soldat à son retour.</p>
<p>La situation est compliquée par le retour de mutinés alsaciens de la marine de guerre, en pleine agitation révolutionnaire (mourir dans un baroud d’honneur contre la Royal Navy ne leur disait rien). C’est l’époque des conseils de soldats et des soviets ouvriers, et <a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/novembre-1918-le-drapeau-rouge-46891">le drapeau rouge flotte sur la cathédrale</a>. À Strasbourg, ce soviet entre en concurrence avec la municipalité qui a choisi pour maire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Peirotes">Jacques Peirotes</a>, un francophile. La cohabitation ne se passe pas si mal (les soviets sont aussi un moyen de canaliser l’agitation...). Tout le monde appelle au calme pour faciliter le ravitaillement de la population. Les révolutionnaires partent avant l’arrivée en fanfare des troupes françaises peu après l’armistice.</p>
<p>L’Alsace se convertit très vite au français, pourtant parlé par une minorité. Si le respect des particularismes religieux sera finalement acquis (et vaut encore aujourd’hui aux curés, rabbins et pasteurs alsaciens et mosellans de profiter de nos impôts, et aux enfants d’avoir le choix entre religion et morale à l’école), le bilinguisme est nié autant que possible. Nombre d’Allemands ou de personnes suspectes sont expulsés. C’est le retour de la centralisation à la française : aucun statut particulier n’est envisagé pour les trois nouveaux départements, même si le remplacement des lois allemandes par les françaises n’a jamais été achevé : en plus de la religion, il reste encore pas mal de spécificités en matière notariale, de droit des associations, du travail, de sécurité sociale plus favorable qu’outre-Vosges, etc.</p>
<p>Quelques semaines après son arrivée, l’administration française gagne déjà une réputation d’inefficacité, un peu imméritée vu le chaos entraîné par la guerre et le remplacement de tous les fonctionnaires. De plus, le taux de chômage s’envole avec le retour des soldats. Les comptes bancaires sont gelés, le temps de régler la question du taux de change, et la rupture de liens financiers et économiques avec l’Allemagne désorganisent l’économie. Il n’y a plus d’assemblée unique, mais trois départements.</p>
<p>Des commissions de triage se mettent en place pour expulser ou internés les personnes non fiables. Cette épuration mène à une masse de dénonciations intéressées. Le remplacement des fonctionnaires allemands expulsés par des Français est une autre cause du « malaise alsacien », qui mènera à la création de mouvements autonomistes.</p>
<p>À lire en ligne, <a href="http://w3.dna.fr/dossiers/2008/grande-guerre/20081118_noeuds-malaise-alsacien.php">une interview de l’auteur sur les DNA</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-Alsaciens-et-le-Grand-Tournant-de-1918-de-Christian-Baechler#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/743« Guerre & Histoire » n°10 de décembre 2012 : Guerre de Cent Ans, Crimée, Pologne, Maison Blanche brûléeurn:md5:fae08c2dd2296d59b49fc4da560252912013-02-04T22:13:00+01:002016-03-21T12:59:32+01:00ChristopheHistoireAllemagneAntiquitécatastrophechâteauxEmpire romainGrandes InvasionsguerreGuerre de Cent AnsgéopolitiquehistoireHistoire de FranceMoyen ÂgemythemémoirenationalismeperspectivepolitiquePremière Guerre MondialesaturationSeconde Guerre Mondialeuchronieévolution <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/GuerreEtHistoire_10.jpg" alt="GuerreEtHistoire_10.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Guerre & Histoire n°10" /></p>
<p>J’aime bien ce magazine : à l’école ou dans les livres, on parle très peu de la science militaire alors que son rôle été capital. De plus, les auteurs ne se limitent pas à admirer les « gros tanks de la Wehrmacht qui auraient gagné la guerre si les Alliés avaient gentiment attendu 10 ans qu’ils les construisent en série », comme d’autres magazines, mais traitent aussi d’économie et de société : un précédent numéro parlait du rôle du pétrole dans la Seconde Guerre Mondiale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ici, ce sont les évolutions sociales pendant la Guerre de Cent Ans, avec les conséquences jusqu’à nos jours, qui font la couverture.</p>
<h3>Kippour, Crimée, Pologne, Maison Blanche cramée</h3>
<p>Rapidement, ce dont parle aussi ce numéro :</p>
<ul>
<li><strong>Un ancien jeune tankiste israélien</strong> raconte comment en 1973, surpris dans le Golan par l’attaque syrienne, son petit groupe de 13 chars a tenu tête, sans perte, à 450 tanks syriens, et en a détruit la moitié ! La formation, la motivation, et 6° de différence dans l’orientation du canon vers le bas, peuvent littéralement faire des miracles.</li>
</ul>
<ul>
<li>En France, la <strong>guerre de Crimée</strong> (1853-56) a été zappée de la mémoire collective, oblitérée par la défaite de 1870. Il ne reste que quelques noms de lieux, de stations, à Paris. Et pourtant, ce fut le premier conflit photographié. Les clichés présentés ici semblent surréalistes.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La cavalerie polonaise n’a jamais été assez stupide pour charger les panzers de la Wehrmacht en 1939 !</strong> Elle combattait normalement à pied, les chevaux n’étant que des moyens de transport adaptés à un pays aux mauvaises routes. Quelques rencontres imprévues ont été grossies par la propagande allemande, et le mythe perdure encore de nos jours.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La Guerre de 1812 entre États-Unis et Angleterre</strong> marqua sans doute le premier acte impérialiste américain, et ça a plus mal fini encore qu’en Irak. À cause notamment du blocus napoléonien et des mesures de rétorsion anglaises, et voulant « libérer » le Canada sous-peuplé, des « faucons » poussent le Président Madison à l’attaque au nord. Mais l’armée américaine n’est pas organisée, alors que les Canadiens, bien que majoritairement francophones, restent fidèles à la couronne britannique, ainsi que leurs alliés indiens ; enfin la Royal Navy domine les mers. Humiliation, la Maison Blanche flambe. En 1815, les deux camps signent le match nul, la chute de Napoléon éteignant la cause du conflit (et libérant nombre de ressources anglaises...).</li>
</ul>
<ul>
<li>En 451, la célèbre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_champs_Catalauniques_%28451%29">bataille des Champs Catalauniques</a>, mythique sauvetage par le « dernier des Romains », <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aetius">Aetius</a>, des reste de l’Empire romain face aux hordes hunniques d’Attila, a plutôt ressemblé à une bataille entre d’une part des Germains soumis aux Huns (Ostrogoths surtout, Hérules, Gépides, Francs...) et d’autre part des Germains alliés aux Romains (Wisigoths, Alains, d’autres Francs...), sans beaucoup de légions romaines par contre, mais quelques mercenaires huns avec Aetius. Au final, Aetius laisse filer Attila pour éviter une hégémonie wisigothe en Gaule. Attila ira encore piller l’Italie et Aetius, trop puissant, sera liquidé par l’Empereur en personne.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Angleterre a connu au XVIIè siècle sa période républicaine, d’un puritanisme extrême assez difficile à comprendre de nos jours (est-ce qu’on pourrait rapprocher ce mélange de théocratie et de parlementarisme avec l’Iran d’aujourd’hui ?). Cromwell, homme fort du Parlement, a pu s’imposer et écraser l’armée royale grâce à sa <em>New Model Army</em>. Sans stratégie vraiment originale, elle se fondait d’abord sur le mérite et non le sang bleu, sur une base nationale et non régionale, et enfin une part de fanatisme puritain. Assez pour prendre le pouvoir, pas assez pour consolider un régime pérenne qui ne survivra pas à Cromwell.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong><em>Liberty ships</em></strong> : ces milliers de bateaux de transport identiques construits à la chaîne en quelques dizaines de jours parfois sont l’exemple parfait de la toute-puissance industrielle américaine au service des Alliés.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>Plan Schlieffen de 1914</strong> n'aurait pas été, comme on le pensait, vraiment conçu pour éviter la guerre sur deux fronts, mais était à l’origine le plan allemand contre... l’Angleterre (et non la Russie). Avec dans les deux cas la France comme adversaire secondaire à éliminer rapidement <em>via</em> la Belgique.</li>
</ul>
<h3>La Guerre de Cent Ans</h3>
<p>C’est une période charnière, chaotique, pleine de transformations douloureuses : une époque donc « intéressante » selon les critères de la vieille malédiction chinoise. Toutes les cicatrices ne sont pas refermées d’ailleurs, les vagues d’anglophobie et francophobie persistent encore parfois. (Rappelons qu’<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/03/18/318-les-guerres-oubliees-2">on peut considérer qu’il y a eu trois Guerres de Cent Ans</a>...)</p>
<h4>Chronologie</h4>
<p>Rappelons les grandes lignes de ce long massacre entre 1328 et 1453, en soulignant que les campagnes au Moyen Âge étaient brèves et entrecoupées de nombreuses trèves, d’où la durée.</p>
<ul>
<li><strong>Contexte</strong> : Les Capétiens, plus puissante monarchie d’Europe, devaient fatalement un jour rentrer en conflit ouvert avec les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plantagen%C3%AAt">Plantagenêt</a>, qui en plus de l’Angleterre possèdent de gros morceaux de la France (Normandie et Guyenne surtout). Il y avait déjà eu pas mal d’explications musclées avant que Philippe Auguste ne montre qui était le patron un siècle plus tôt. Finalement, des raisons économiques (Flandres) s’ajoutent, et ce sera une querelle dynastique qui déclenchera les festivités. Pour les détails, se référer à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/11/21/34-les-rois-maudits-contexte-ii">mon billet sur le contexte des Rois maudits</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase I</strong> : Les Anglais ne cherchent qu’accessoirement la conquête, ils sont d’abord là pour piller. À Crécy les archers anglais écrasent l’armée de Philippe III. À Poitiers c’est carrément le fils de ce dernier, Jean II, qui se fait capturer, et comme rançon doit abandonner la moitié de son royaume à l’Anglais (mais il garde son trône). Autre catastrophe, la Peste Noire emporte un tiers de la population.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase II</strong> : Plus fûté que son chevalier de père, Charles V délègue au célèbre Du Guesclin les opérations militaires. Celui-ci préfère guérilla et harcèlement aux grandes chevauchées, et le résultat est là : les Anglais reperdent tout leurs gains. Fin du premier round et trève de quelques décennies.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase III</strong> : Le nouveau roi de France, Charles VI, devient progressivement fou. Les querelles pour sa tutelle mènent à une guerre civile entre ses oncles, cousins, et leurs descendants, divisés entre Armagnacs et Bourguignons. Le nouveau roi anglais Henri V en profite, s’allie aux Bourguignons, et prouve que les nobles français n’ont rien retenu de Crécy en les massacrant à Azincourt. La moitié de la France est occupée, et Henri V se fait reconnaître comme héritier de Charles VI, lequel déclare le Dauphin illégitime. Les deux rois meurent en même temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Phase IV</strong> : Le Dauphin et son « royaume du Bourges » résistent un temps à l’envahisseur, puis arrive le catalyseur : Jeanne d’Arc. Charles VII sacré à Reims, la réconciliations avec les Bourguignons signée, la reconquête commence, pendant que l’Angleterre connaît à son tour la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Deux-Roses">guerre civile</a>. Les Anglais ne gardent que Calais. Fin du Moyen Âge.</li>
</ul>
<h4>Évolutions sociétales</h4>
<p>En un siècle, les armées féodales (temporaires, dominées par la chevalerie, peu soudées) sont devenues professionnelles (permanentes), puis modernes (disciplinées, avec beaucoup d’infanterie, de l’artillerie...).</p>
<p>Les Anglais innovent avec leurs fameux archers, issus des rangs des petits propriétaires. Malgré un entraînement étalé sur des années, ils étaient beaucoup moins chers que les lourds chevaliers français, forcément nobles, et beaucoup plus nombreux (l’Angleterre était bien moins peuplée que la France à l’époque).</p>
<p>L’entraînement d’autant d’archers et leur équipement nécessitaient une logistique, une planification, une proto-industrie et une quasi-conscription assez incroyables pour l’époque. Voilà pourquoi il y a tant de gens nommés Archer ou Stringer outre-Manche. Cette <em>gentry</em> a en conséquence gagné en poids fiscal puis politique : sont apparus alors les <em>Commons</em>, à côté des <em>Lords</em>, qui constituent encore aujourd’hui les deux chambres du Parlement britannique.</p>
<p>La France n’a pas compris ni cherché cette évolution. La levée en masse n’a jamais été à l’ordre du jour. La noblesse méprisait et la piétaille et ses ennemis, et était allergique au commandement unique : cela mena à Crécy, Poitiers puis finalement au massacre d’Azincourt.</p>
<p>L’armée permanente avait bien été inventée par Charles V, mais c’est l’élimination physique de nombreux nobles à Azincourt qui permet à Charles VII de moderniser le fonctionnement de l’ost royal, y compris son financement (la taille devient annuelle) et son recrutement (« gens d’arme » rattachés directement au roi, puis « francs archers » recrutés dans la population).</p>
<p>Enfin c’est l’artillerie qui fonde la puissance du roi de France : la noblesse n’a pas les moyens de se l’offrir, et ses châteaux ne résistent pas aux boulets. Bien qu’enrôlé, le peuple n’a toujours rien à dire. La suite, en caricaturant : absolutisme et Révolution violente.</p>
<p>Noter que cette émergence du peuple comme force militaire et politique était déjà ancienne et générale (milices italiennes qui fondent l’indépendance des cités ; communes des Flandres qui flanquent la pile à Philippe le Bel en personne ; cantons suisses...), et se poursuivra encore longtemps. Au passage, cela mènera à des batailles bien plus saignantes : fini l’esprit chevaleresque où on voulait d’abord des prisonniers à rançonner. (À rapprocher des Aztèques attaquant les Espagnols avec le même esprit...)</p>
<h4>Le nationalisme</h4>
<p>On savait déjà que le sentiment national français date de cette époque. Je me disais aussi que toute uchronie où les Anglais gagnaient impliquait une assimilation de l’Angleterre par la France : la noblesse anglaise étant parfois plus française qu’anglo-saxonne, ses conquêtes françaises auraient accentué le phénomène, et la différence démographique aurait fait le reste.</p>
<p>J’ai appris par contre que le sentiment national anglais a joué aussi, et contre eux : une victoire et la fusion des deux royaumes aurait mené à l’absorption par des Français honnis. J’aurais aimé plus de détails sur ce point...</p>
<h4>Évolutions technologiques</h4>
<p>L’armée anglaise est organisée autour de leur fameux arc, l’arme de destruction massive de l’époque, adapté à l’attaque par « saturation ». En face, les archers génois engagés par les Français misent sur la précision de leurs arbalètes, mais leur lenteur de réarmement les rend en fait plus adaptées aux sièges et aux batailles maritimes. L’arc perdra cependant de son importance suite à l’amélioration des cuirasses françaises à la toute fin de la guerre et plus tard à cause des armes à feu (plus chères mais plus faciles à maîtriser).</p>
<p>En face, les Français n’utilisent sérieusement l’artillerie qu’à la toute fin.</p>
<h4>La fin</h4>
<p>Quand Bordeaux tombe, Charles VII met fin à trois siècles d’affrontement entre Capétiens et Plantagenêt. Et c’est aussi par l’artillerie qu’au même moment les Turcs prennent Constantinople et achèvent l’Empire romain. Aux deux extrémités de l’Europe sonne ainsi la fin la fin du Moyen Âge.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Article d’ailleurs qui noie dans l’huile la crédibilité de toute uchronie où le Japon ou l’Allemagne gagne la guerre : dans une guerre archi-mécanisée, Américains et Russes avaient quasiment tout le pétrole, et ce que l’Axe a pu ou aurait pu atteindre était trop loin pour le ramener.</em> </p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerre-Histoire-n-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/728“World War II Plans that never happened” (« Les plans secrets de la Seconde Guerre mondiale ») de Michael Kerriganurn:md5:38c8bc6a0463981d0e3a94742dcd89bb2012-10-15T00:00:00+02:002016-03-15T14:04:22+01:00ChristopheHistoireAllemagnebombe atomiqueEuropegigantismeguerregéographiegéopolitiquehistoireincohérencelivres lusoh le beau cas !politiquescienceSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis <p>Je l’ai lu en anglais mais il y a une <a href="http://www.amazon.fr/plans-secrets-seconde-guerre-mondiale/dp/2735703622/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1348775339&sr=8-1">version française</a>.</p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/61mQbgqfzkL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Chez tout amateur d’uchronie, ce livre fera naître joie et frustration.</p>
<h3>Joie</h3>
<p>Kerrigan recense une flopée de plans qui auraient pu marcher (ou échouer), réalistes ou fous, planifiés pendant des mois ou juste griffonnés en vitesse, et chacun ferait un point de divergence parfait pour une uchronie.</p>
<p>Certaines opérations n’ont jamais eu lieu :</p>
<ul>
<li>l’invasion de la Scandinavie ou juste de la Norvège par l’un ou l’autre camp (les Allemands ont osé les premiers en 1940), ou celle de l’Irlande (inquiétante pour les Britanniques, mais trop loin pour les Allemands) ;</li>
<li>l’invasion de la Suisse par le Reich (opération <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Operation_Tannenbaum" hreflang="de">Tannenbaum</a></em>), reportée on ne sait trop pourquoi : autres urgences, coopération entre les deux pays, promesse suisse de faire payer un ticket d’entrée disproportionné... ;</li>
<li>un classique : <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Seel%C3%B6we">Seelöwe</a></em>, l’invasion allemande de la Grande-Bretagne — très difficile faute de moyens de barges de débarquement et de maîtrise des mers, et impliquant donc une supériorité aérienne que la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-bataille-d-Angleterre">Bataille d’Angleterre</a> ne donna pas ;</li>
<li>l’attaque anglaise ou américaine sur les Açores ou le Cap Vert — inutiles tant que le Portugal et l’Espagne ne soutenaient pas trop l’Allemagne ;</li>
<li>la prise de Gibraltar par les Allemands (se rappeler que <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/03/427-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-3">Canaris a pas mal fait pour saborder le projet</a>) — opération reportée faute d’autorisation espagnole puis de troupes disponibles ;</li>
<li><em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Herkules" hreflang="en">Herkules</a></em>, c’est-à-dire la prise de la stratégique Malte par les Allemands — reportée car au début tout allait bien pour Rommel en Afrique, puis faute de moyens ;</li>
<li>les précurseurs d’<em>Overlord</em> (<em>Sledgehammer</em>, <em>Roundup</em>) : les Britanniques, plus réalistes, freinent l’envie des Américains d’en découdre en France dès 1942 et malgré les demandes pressantes de Staline d’un deuxième front ;</li>
<li>par les Japonais, l’invasion de l'Australie —trop loin, trop grande finalement — ou celle de Ceylan — trop loin— ou encore de Madagascar — Hitler était contre, c’était « sa » partie du monde ;</li>
<li>l’invasion de la Sardaigne par les Alliés, ou celle des îles anglo-normandes — îles abandonnées à leur sort, les Allemands ne pouvant faire grand-mal de là-bas ;</li>
<li>la plus délirante, l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Unthinkable">Unthinkable</a></em>, envisagée par Churchill avant même la capitulation allemande : l’attaque des forces russes sur le continent au cas où Staline se montrerait agressif — opération abandonnée car finalement inutile, souhaitée par personne, et si j’en crois Wikipédia il est probable que les Russes, éventuellement alliés aux Japonais, auraient gagné une guerre longue — mais personne ne savait alors que la bombe A allait tout changer ;</li>
<li>la plus gigantesque : l’opération <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Downfall">Downfall</a></em> (rassemblant <em>Coronet</em> et <em>Olympic</em>) visait en 1946 à débarquer au Japon, au sud puis vers Tokyo, avec des effectifs, des moyens et des pertes qui auraient ravalé Overlord au rang d’escarmouche — Hiroshima et Nagasaki ont tué dans l’œuf ce monstre logistique.</li>
</ul>
<p>Certaines armes n’ont jamais vu le feu :</p>
<ul>
<li>un projet américain de porte-avion mi-bois mi-glace : certes incoulable, mais avec trop de problèmes pratiques, et rattrapé par les évolutions des modèles classiques ;</li>
<li>les bombes anglaises destinées à diffuser l’anthrax, bien trop efficaces pour être utilisées (testé sur <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/en">Gruinard Island</a>) ;</li>
<li>les bombardiers allemands et japonais à très longue distance pour attaquer les États-Unis sur leur sol, voire Panama (trop loin, effet uniquement psychologue) ;</li>
<li>le super-tank allemand <em><a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Panzer_Maus" hreflang="de">Maus</a></em>, véritable bunker sur roues, avec ses 188 tonnes, et invincible (mais beaucoup trop lent et gourmand en pétrole pour être utile, et trop lourd pour passer le moindre pont) ;</li>
<li>la marine de guerre allemande complètement réarmée, prévue avant-guerre pour être prête en 1945, et donc abandonnée pour privilégier les sous-marins ;</li>
<li>un canon longue portée, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/V3_%28canon%29">V3</a>, destiné à bombarder Londres, mais à peine utilisé ;</li>
<li>un V2 intercontinental, projet utopique des derniers mois de la guerre.</li>
</ul>
<p>Dans la catégorie des plans « fous et foireux » :</p>
<ul>
<li>les projets de liquidation physique des différents leaders par le camp d’en face par bombardement, <em>sniper</em> ou espions (trop compliqués, trop irréalistes, ou contrecarrés trop tôt) ;</li>
<li>le projet de « réduit nazi » dans les Alpes, grande crainte des Alliés (justifiant en partie qu’ils aient délaissé la course à Berlin) — plan réel ou intoxication des derniers jours du Reich ?</li>
</ul>
<p>Fils rouges des différentes pages, les deux principaux décideurs de la guerre : Churchill et Hitler. Le premier était toujours partant pour un plan audacieux voire fou, favorisant les attaques indirectes aux frontales (il aurait préféré les Balkans plutôt que la Normandie). Le second changeait facilement d’avis et adorait les armes qui « en jetait » sans résultat stratégique réel.</p>
<h3>Frustration</h3>
<p>Les articles très résumés sur chaque opération militaire avortée n’en disent pas forcément beaucoup plus, souvent moins même, que des pages Wikipédia. À part quelques cartes, photos et documents n’offrent que peu d’intérêt Le style dérive souvent vers l’humour et le jeu de mot facile alors que le sujet porte rarement à la rigolade. Les commentaires sur le web sont assez assassins...</p>
<p>Bref, un bouquin intéressant pour la concentration de points de divergence uchroniques, plus que pour les informations sur chaque opération ou la profondeur de l’analyse.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%E2%80%9CWorld-War-II-Plans-that-never-happened%E2%80%9D-%28%C2%AB%C2%A0Les-plans-secrets-de-la-seconde-guerre-mondiale-%C2%BB%29-de-Michael-Kerrigan#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/719« L’espion du Président » d’Olivia Recasens, Didier Hassoux & Christophe Labbéurn:md5:067359d391db2d40113c9350e66f820c2012-02-11T16:36:00+01:002015-10-06T12:23:56+02:00ChristopheRes publicaabominationadministrationcoup basespionnagefichagefoutage de gueulehistoireHistoire de Francehiérarchieincohérenceoh le beau cas !perspectivepessimismepolitiqueprovocationpériméRealpolitikréseausabotagesécuritéterrorisme <p><img src="http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/8/3/8/9782221129838.gif" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />À sa parution le mois dernier, cette enquête a fait l’effet d’une bombe. Quoiqu’elle ne fasse que confirmer et coucher par écrit ce que de nombreuses personnes craignent (à commencer, selon les journalistes, divers candidats à la présidentielle qui à présent enlèvent toujours la batterie de leur portable). Les auteurs accusent carrément <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Squarcini">Bernard Squarcini</a>, patron de la DCRI (née de la fusion de la DST et des Renseignements Généraux) d’avoir fait de son service une officine de renseignement au service de l’Élysée.</p>
<p>Espionnage de journalistes pour trouver les « traîtres » qui les renseignent, protection de Sarkozy (lui-même autrefois cible de bien des crasses comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Clearstream_2#Nicolas_Sarkozy">Clearstream</a>), protection de la vie privée du même et de ses femmes (ne cherchez pas, le livre n’a pas de secret croustillant à dévoiler<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>), mise à l’écart de policiers sur des critères de politique de couloir et de proximité avec l’ancienne équipe, menace terroriste agitée dès que le Président est embarrassé, abus du « secret défense », et instrumentalisation de l’habilitation « secret défense », paranoïa anti-fuites doublée d'écrans de fumée dans la presse… Squarcini est accusé d’avoir désorganisé le renseignement français, de l’avoir mis au service exclusif de l’Élysée, et d’être si peu discret qu’il en perd toute crédibilité. Pendant ce temps, la CIA a le champ libre dans l'espionnage économique, on ne surveille plus la scientologie et autres sectes, et le véritable renseignement antiterroriste souffre.</p>
<p>Un des problèmes vient de la personnalité même de Squarcini, flic de terrain des Renseignements Généraux, homme de terrain, de réseau et de bagout, forcément lié à des gens louches par son métier, et toujours sur le fil. Un bon chasseur et traqueur de terroristes basques ou corses, mais aussi quelqu’un incapable de dire non à ses supérieurs. Un membre plus fidèle à « la Firme », l’équipe qui a mené Sarkozy là où il est, qu’à l’État. Bref, l’antithèse d’un chef de service de renseignement, qui doit être un serviteur de l’État rigoureux.</p>
<p>Les journalistes ont rencontré beaucoup de monde, à commencer par Squarcini lui-même. Nombreux sont les commissaires ou membres des services qui se livrent en critiquant leur patron, après avoir bien précisé que toutes leurs paroles étaient <em>off</em> et enlevé les batteries de portables.</p>
<p>On en apprend de belles sur nos services de renseignement comme leur capacité à « siphonner » un ordinateur à distance, ou à avoir accès aux « fadettes » (les relevés téléphoniques) de quiconque, en court-circuitant l’organisme chargé d’éviter les abus (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Squarcini#Mise_en_examen_dans_l.27affaire_Woerth-Bettencourt">Squarcini est mis en examen pour cela justement</a>). J’ai bien aimé les équipes capables de fouiller un appartement sans laisser de traces : si vous vous dites que votre serrure a été forcée mais que le cambrioleur n’a rien emporté, c’est que ce n’était pas un cambrioleur. L’appartement a de bonnes chances d'avoir été « sonorisé» au passage, bien sûr. Rigolo aussi le passage où l’équipe s'était trompé d’appartement, elle ne comprenait rien aux conversations… Moins rigolo quand les auteurs disent justement qu’on a un jour forcé leur porte...</p>
<p>Les policiers qui font cela n’ont normalement pas une âme d’espion, et à la base veulent servir la France, traquer les terroristes et les gangsters. Mais dans une organisation aussi compartimentée, impossible de savoir si la cible est légitime. La mentalité de la maison veut que les exécutants soient dociles car « couverts ». Or Squarcini casserait cette logique toute militaire en refusant d’assumer.</p>
<p>La maison a aussi des archives. Où sont-elles, qui y a accès ? Flou total. Un passage croustillant porte sur un ancien ministre de l’Intérieur des années 80 qui cherche à consulter son propre dossier. Y figurent ses conversations avec sa future femme. Pourquoi ne furent-elles jamais purgées des fichiers ? Plus récemment, les conversations coquines de DSK s’échangeaient sur clés USB.</p>
<p>La Corse est un fil rouge. Squarcini est à moitié italien. C’est pratique pour discuter avec Carla ou un homologue américain, mais aussi pour traquer le terroriste corse dans son maquis. Squarcini connaît tous les réseaux de l’île, une logique clanique faite de services rendus et de copinage, qu’un citadin continental légaliste aura bien du mal à comprendre<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Ces réseaux ont bien servi quand il a fallu traquer Yvan Colonna, mais les liens entre Squarcini, certains politiques, et d’autres nationalistes devenus hommes d’affaires posent question.</p>
<p>Autre lien sulfureux : Squarcini a casé un de ses fils dans l’administration de Guérini, le Président socialiste du Conseil Général des Bouches-du-Rhônes, assez empêtré dans les ennuis judiciaires avec son frère. Compromettant et stupide.</p>
<p>Enfin : la DCRI travaille-t-elle sur l’opposition, bref a-t-on un <em>watergate</em> français en cours ? L’équipe de Strauss-Kahn s’était fournie en portables belges, et les conversations coquines suscitées n’auraient jamais dû être enregistrées. Apparemment la DCRI n’est pour rien dans l’affaire du Sofitel à New-York <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. Par contre il aurait été prévu que l’affaire du Carlton sorte pendant les primaires socialistes. De même, Martine Aubry est persuadée que les bruits sur ses problèmes ophtalmologiques (réels mais délibérément grossis) viennent de la DCRI. Un des auteurs est témoin de première main du lancement de la rumeur, pseudo-confidence lancée en <em>off</em> au cour d’une conversation.</p>
<p>Les notices de bas de page abondent, indiquant les dates des entretiens comme les démentis de personnes impliquées par d’autres. On aimerait être certain qu’il n’y a pas des règlements de comptes par journalistes interposés.</p>
<p>Scarcini a porté plainte contre les journalistes pour diffamation, une habitude chez lui et Guéant apparemment. Cela laisse apparemment froid les auteurs :
<a href="http://www.lepoint.fr/societe/apres-l-espion-du-president-le-patron-de-la-dcri-promet-une-riposte-judiciaire-19-01-2012-1421196_23.php">(Le Point.fr)Le patron de la DCRI promet une riposte judiciaire</a>
<a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/01/19/le-contre-espionnage-francais-accuse-d-etre-un-instrument-du-pouvoir_1632122_823448.html">(Le monde.fr)Bernard Squarcini mis en cause dans un livre d'enquête</a></p>
<p>Je laisse la morale à un des intervenants du livre, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rémy_Pautrat">Rémy Pautrat</a>, ancien patron de la DST, créateur de sous-direction antiterroriste trente ans plus tôt :</p>
<blockquote><p>« <em>Je savais que je prenais le risque de voir la lutte antiterroriste, qui a toujours eu l’attention du politique, devenir trop importante au détriment du reste. C’est ce qui est arrivé. Les services se sont nourris de cette menace, surtout après le 11 septembre, pour grossir leurs pouvoirs de façon démesurée. On a accepté beaucoup de choses sans qu’il y ait eu de débat… </em>»<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Non plus que sur le père de l’enfant de Rachida Dati, il n’y a rien de plus que les ragots rencontrés à l’époque sur Internet. D’ailleurs Rachida Dati apparaît aussi comme cible d’écoutes destinées à voir si elle a révélé/ragoté sur le Président.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Et ça me révulse.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je me disais aussi que le </em>timing<em> n’était pas bon</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>10 mai 2011, p.268</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-espion-du-Pr%C3%A9sident#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/679« Pour la Science » de septembre 2011 : (2) Principe de Peter & promotion au hasardurn:md5:2a0d7ef60519855099bab0eaab7cb2cc2011-10-02T00:00:00+02:002015-09-25T14:14:28+02:00ChristopheScience et conscienceadministrationauto-organisationbon senscivilisationcommunicationcomplexitédysfonctionnementexaptationexpertisehiérarchiehumourincohérencemobilitémèmeoptimisationorganisationouverture d’espritpanurgismeparadoxeperspectivepolitiqueprise de têtepsychologietravailéconomieévolution<p>Second article intéressant dans ce numéro de <em>Pour la Science</em>, et il est délectable.</p> <p>(<em>Commentaires perso en italique</em>)</p>
<h3>Promotion</h3>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/murphy/murphy_politique.html#peter">Le principe est bien connu</a> :</p>
<blockquote><p><strong>Principe de Peter</strong><br /> <br />Dans toute hiérarchie, qu’elle soit gouvernementale ou d’entreprise, chaque employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence ; chaque poste tend à être occupé par un employé incompétent dans son travail.</p></blockquote>
<p>Boutade ou réalité profonde ? Les deux dira-t-on. Il est « de bon sens » que forcer les gens à prendre de nouvelles fonctions tant qu’il s’en sortent, mais à les y laisser quand ils pataugent, peut mener à la situation où presque chaque employé se retrouve à un poste où il est au mieux inefficace (il fait ou laisse faire le travail par les compétents, surchargés). Les contre-mesures existent, comme l’éviction des incompétents (<em>je note qu’on perd alors leur compétence dans un poste « inférieur »</em>), leur neutralisation en les promouvant au <em>management</em> (<a href="http://www.vinch.be/blog/2010/08/02/le-principe-de-peter-et-le-principe-de-dilbert/">principe de Dilbert</a> ; <em>en fait à mon avis une grosse erreur, sauf dans les technocraties où ceux qui font décident et le reste n’est que support et secrétariat</em>), la possibilité de refuser des promotions, ou plutôt de les opérer sur d’autres plans comme la progression salariale, sans que cela implique un changement hiérarchique ou de fonctions (<em>pas trop la mentalité de beaucoup d’endroits</em>).</p>
<p>(<em>Je vois une autre faille dans le principe : les gens sont capables d’apprendre, surtout si on les soutient. Untel incompétent arrivé sur son poste peut avec le temps devenir efficace. Reste la question : est-il vraiment fait pour un poste parfois totalement différent de son choix originel dans la vie ? Parfois oui, parfois non.</em>)</p>
<p>L’article de Didier Nordon s’étend sur différentes recherches et simulations visant à justifier le principe, notamment :</p>
<ul>
<li><strong>la régression vers la moyenne</strong> : quelqu’un de très compétent, puisque promu, visera fatalement à se rapprocher de la moyenne quand on l’amène à un poste différent où (c’est un présupposé implicite) <strong>la compétence au nouveau poste n’a pas forcément grand chose à voir avec celle à l’ancien</strong> (hypothèse de Peter) ;</li>
<li><strong>l’effet cliquet</strong> : celui qui est monté et montre ses limites ne redescend jamais, surtout si le licenciement est impossible comme dans beaucoup de grandes administrations et entreprises (<em>et pour moi une des solutions au problème est de permettre de tester des gens et de ne pas poursuivre l’expérience si elle n’est pas concluante, et surtout sans qu’il y ait l’idée que ce soit un échec, une punition sociale.</em>)</li>
</ul>
<p>Un prix Ignobel<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> a été décerné pour la démonstration et la simulation que dans un environnement qui suit strictement le principe de Peter, <strong>le plus efficace est de promouvoir les incompétents</strong> ! Ainsi on échappe à l’effet cliquet et on profite de de la régression vers la moyenne : chaque poste ne sera pas « bloqué » par un incompétent à vie, et un incompétent a une chance d’arriver à un poste où il est bon (et il y restera).</p>
<p>À l’inverse, dans le cas où l’hypothèse de Peter est fausse, que la compétence à un nouveau poste est à peu près liée à celle à l’ancien, il est logique de promouvoir les meilleurs, la régression vers la moyenne étant moins dramatique et les meilleurs arrivant en haut de la pyramide : l’efficacité globale y gagne.</p>
<p>On arrive donc à la question fondamentale laissée en exercice au lecteur : la compétence au poste N+1 est-elle liée au poste N ? (<em>Mon avis : ça dépend :-) </em>).</p>
<p>Est évoquée aussi la promotion au hasard : hypothèse de Peter vraie ou fausse, elle donne un résultat moyen, meilleur que la promotion du meilleur si l’hypothèse est vraie. Dans une hiérarchie bloquée, autant redistribuer les cartes ! (<em>J’ai toujours considéré qu’il fallait choisir une partie des assemblées politiques au hasard pour apporter du sang neuf, les Grecs antiques le faisaient bien.</em>)</p>
<p>Mais arrive le plus rigolo : <strong>si l’hypothèse de Peter est vraie, promouvoir les plus mauvais donne un résultat un peu meilleur que la promotion des meilleurs si elle est fausse</strong> ! <em>C’est-à-dire : il faut prendre des gens manifestement inadaptés à leur ancien poste pour les mettre là où les qualités demandées n’ont rien à voir, plutôt que de prendre des compétents pour les mettre à un poste où ils pourraient être moins bon. C’est finalement de très bon sens !!</em></p>
<p><em>Bon, comme tout simulation sociale ou économique, les effets sont intéressants à observer mais ne tiennent pas compte de toutes les rétroactions dans le réel : possibilité d’apprentissage comme j’ai dit plus haut ; surveillance de la performance pour éviter que les incompétents s’entassent ; éviction systématique des plus mauvais ; sélection naturelle quand l’entreprise subit les conséquences de sa nullité et doit dégraisser (mais à ce stade terminal, les licenciements ne sont pas décidés par les plus compétents pour garder justement les plus compétents) ; échelle considérée (parle-t-on d’une administration en circuit fermé, d’une entreprise sur un marché à fort </em>turn-over<em>, d’une société dans son ensemble qui effectivement ne cherche pas à récompenser la compétence ; et la définition même de compétence, celle-ci étant plus que multiforme et variant avec l’époque… Et puis, tout bêtement, les changements de poste évoqués ci-dessus concernent des promotions, alors que l’on peut vouloir faire changer de poste les incompétents le plus vite possible sans que cela devienne une promotion, une progression dans la pyramide.)</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams">J’en avais parlé .</a></em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2011-2-Principe-de-Peter#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/661Décompte des manifestantsurn:md5:f1e17ba7f5564208613d4a68047f589f2010-10-03T21:40:00+02:002010-12-08T21:51:16+01:00ChristopheRes publicabon senschiffrescommunicationfoutage de gueulemanipulationpessimismepolitiqueprécision <p>Bilan officiel des manifestations d’hier et d’aujourd’hui <a href="http://www.lepoint.fr/economie/manifestations-une-troisieme-journee-de-mobilisation-contre-la-reforme-des-retraites-en-demi-teinte-02-10-2010-1244093_28.php">rapporté par l’Express.fr</a>, confirmé par le <a href="http://twitter.com/Place_Beauvau/status/26185879593">propre touiteur du Ministère</a> :</p>
<p>- 997 000 le 23 septembre ;</p>
<p>- 899 000 hier.</p>
<p>Que ces chiffres soit pile-poil un epsilon en-dessous des chiffres psychologiques (le million, et un cran en-dessous) est en soi hautement suspect. Ça relève de la même logique que le pack de yaourts à 1,99 €. Que tout là-haut dans les hautes sphères on raisonne comme un marqueteux me remplit d’effroi. (D’un autre côté, ils ont sans doute raison, vu qu’ils sont arrivés là où ils sont et que moi je suis resté où je suis ; prendre les gens pour des cons est trop souvent la bonne stratégie.)</p>
<p>Mais foin de mauvais esprit. Vu le nombre de caméras dans les rues de nos jours, le décompte officiel est forcément juste, le Ministère connaît même sans doute tous les noms et adresses des manifestants. Je suis même étonné que la précision ne tombe pas à l’unité près, c’est du travail de porc.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/D%C3%A9compte-des-manifestants#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/632L’Omniprésident dans ma bourgadeurn:md5:4bffc2628a30e5e42dd7ab6ac52b95322009-12-17T23:05:00+01:002011-06-05T21:14:32+02:00ChristopheTout petit mondeAlsaceargentbon senscoup basdommagedysfonctionnementemmerdeursgaspillagelibertélogistiquemobilitéorganisationparanoïapolitiqueprise de têtesécuritééconomieéconomies d’énergie<p>« Lui » chez moi. Le bordel s’ensuit.</p> <p>Il a fallu que j’emménage dans mon village alsacien au nom quasiment imprononçable pour un non-germanophone<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-1" id="rev-pnote-596-1">1</a>]</sup> pour que débarque le Chef de l’État.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/03/27/Ma-ville-est-à-siège">Nicolas était déjà venu une fois dans l’agglomération, avec Barack et quelques autres, et ça avait été un bazar innommable que j’avais relaté ici</a>. Mais comme notre conseil régional est le dernier en métropole à être de son camp, avec un risque de bascule possible aux prochaines régionales (notamment suite au décès du respecté Président de région Adrien Zeller) (<strong>Mise à jour postérieure</strong> : C’est raté.), Il se devait de venir faire un tour. Comme par contre Strasbourg et toute la Communauté urbaine sont passées à l’ennemi socialo-écolo-bobo, le repli était de rigueur sur les bans proches mais encore fidèles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-2" id="rev-pnote-596-2">2</a>]</sup>, comme ma bourgade, et celle voisine tenue de plus par un député-maire.</p>
<p>Nous avons appris Sa venue lundi midi, quand les enfants, euphoriques, sortirent de classe : pas d’école le lendemain !! La préfecture avait carrément décidé, et au dernier moment donc, de faire sauter les cours (école primaire et collège) : le ballet des autos des géniteurs d’apprenants aurait forcément encombré massivement l’axe de passage du monarque élu, axe qui se doit de lui être totalement dédié. (Le centre-village est grand mais pas gigantesque : un axe principal qui le traverse, un autre moins net d’Entzheim à Blaesheim, quelques rues perpendiculaires et un maillage de ruelles, une place pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Geispolsheim#Architecture_et_patrimoine_culturel">la très jolie église baroque</a>, un lotissement, point barre.)</p>
<p>Dans notre cas, pas de problème, j’étais en plein congé paternité. D’autres parents ont bruyamment exprimé leur mécontentement de devoir trouver en urgence une garde pour leur progéniture. Ils devaient travailler plus pour tenter de gagner plus, les naïfs.</p>
<p>Ça tombait bien, j’ai pu emmener en mâtinée <del>le petit</del> le grand se faire piquer contre la grippe, malgré l’absence de bon, sans faire la queue. Ma blonde<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-3" id="rev-pnote-596-3">3</a>]</sup> ayant pu plus tôt traverser le village à pied sans devoir passer au crible policier, nous avons tenté une sortie en voiture jusqu’à Lingolsheim. Les forces de l’ordre pullulaient, mais pas de problème à l’aller.</p>
<p>Le retour fut un rien plus compliqué. Le chemin direct (une rocade provenant de l’aéroport où <del>Air Force One</del> l’avion présidentiel s’est posé<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#pnote-596-4" id="rev-pnote-596-4">4</a>]</sup>) étant bloqué, j’en profite pour faire un détour par Entzheim (le village, pas l’aéroport), en prenant une livraison de la Redoute dans un tabac au passage. Sur le chemin de la maison, à nouveau des gendarmes partout, dont un qui par gestes m’interdit de tourner dans la rue menant à chez moi. La voiture devant moi tourne une rue plus loin, je la suis, et contourne le barrage par des petites rues. Bravo la sécurité.</p>
<p>L’entrée du village est gardée également, un pandore me demande où je vais. Ben, chez moi ! Je donne l’adresse en indiquant du geste où c’est (ils ne sont pas du coin...), il me laisse passer. Deux cent mètres plus loin, arrivé à l’un des rond-points du quartier est, veto d’un gendarme :</p>
<p>« C’est bloqué jusqu’au passage du Président. <br />- Et il passe quand ?<br />- Ah c’est la question ! »</p>
<p>Deux minutes plus tard en fait, il me permet de passer. Deux autres minutes plus tard, nous sommes à la maison. On ne peut pas dire que la paranoïa règne : les bleus, tous sympas, m’ont cru sur parole, n’ont pas demandé mes papiers, ouvert mon coffre ou mis mon fils en joue. Me trimbaler dans une voiture banale immatriculée dans le département, avec un enfant dans le siège arrière, et rester poli, a dû plaider pour moi.</p>
<p>De toute manière, le trafic certes réduit dans le village n’était pas nul, et beaucoup de monde a pu circuler avant le passage du cortège. Le blocage total n’a eu lieu que quelques minutes auparavant.</p>
<p>L’exactitude est la politesse des rois, Il était donc en retard, d’une demi-heure. Précédé d’un motard éclaireur, d’une voiture de gendarmerie spécialiste des va-et-vient, le cortège comprenait une dizaine de voitures (il y avait trois ministres avec Lui tout de même), bien remplies, un minibus (vide), et (surprise) une ambulance aux armes du SAMU fermait la marche ! Les services d’urgence ont donc dû faire avec un véhicule en moins le temps de la visite du chef de l’État.</p>
<p>Contrairement à mes craintes, la vitesse a été tout à fait raisonnable, respectant les limites. L’avant-bras négligemment posé sur le rebord de la fenêtre ouverte par ce temps maussade, le Président cherchait manifestement à choper la crève (à moins que tout homme politique soit blindé après des décennies de réunions en plein air par tous les temps ; si ça se trouve c’est un des biais de sélection du métier). Pas de bol, le gamin et moi étions du mauvais côté de la rue. Il n’y avait pas foule mais nous n’étions pas encore dans le centre-village.</p>
<p>Je plains tous ces gendarmes occupés à faire le pied de grue pendant des heures avant le passage ; mais la météo était assez clémente bien que fraîche. Vu leur nombre, la facture de chaque déplacement présidentiel doit être astronomique. Et je ne compte pas les coûts cachés comme ces écoles fermées d’office. Et tout le dioxyde de carbone parti massivement en l’air. D’ailleurs, la place d’un chef d’État ne serait-elle pas plutôt à Copenhague pour sauver le monde ?</p>
<p>(<strong>Ajout de 2010</strong> : Parlons de coûts cachés : j’ai pu visiter une grande usine locale que le Président a visité. Il y a encore dans la verrière la marque du trou laissé par un gendarme passé au travers. Sarkozy a dû revenir pour l’enterrement.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-1" id="pnote-596-1">1</a>] <em>Notons que les journalistes parisiens ont fait un effort et prononcé correctement. Il y a quelques années, Schiltigheim était parvenu dans les étapes finales de la Coupe de France de foot, et les Alsaciens s’étaient beaucoup gaussé de la diction de la capitale. (Il est vrai qu’en Alsace il faut se poser la question pour nombre de lieux : prononcer à la française ou bien à l’allemande ?)</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-2" id="pnote-596-2">2</a>] <em>Vu Son score ici aux présidentielles, il était en territoire ami.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-3" id="pnote-596-3">3</a>] <em>Ceux qui la connaissent tiqueront, mais <a href="http://www.immigrer.com/faq/sujet/Les-origines-de-mon-chum-ma-blonde.html">l’expression est française</a>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#rev-pnote-596-4" id="pnote-596-4">4</a>] <em>Pourquoi n’a-t-il pas pris le TGV ? Plus de billet pour un déplacement prévu à la dernière minute ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Omnipr%C3%A9sident-dans-ma-bourgade#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/596Plus d’histoire en terminaleurn:md5:fece58e2cad69f31836d0e4282b622aa2009-12-11T21:46:00+01:002009-12-11T21:47:02+01:00ChristopheRes publicaabominationAllemagneapocalypseautodestructionbon senscatastrophecitationcivilisationcommunicationconquête de l’inutilecoup basculturecynismedécadencedémocratiedéshumanisationenfantsenseignementexpertisefoutage de gueulegéographiegéopolitiquehistoireincohérenceintelligencelibertémèmemémoirenationalismeouverture d’espritpanurgismeperspectivepessimismepolitiqueprovocationSeconde Guerre Mondialetempstotalitarismeéconomie de l’attention <p>Dans le cadre de l’hallucinant débat sur la consternante proposition de supprimer l’histoire-géo en terminale :</p>
<blockquote><p><em>Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.</em><br /> <br />Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. <br /> <br /><a href="http://en.wikiquote.org/wiki/George_Santayana" hreflang="en">George Santayana</a>, <em><a href="http://www.gutenberg.org/files/15000/15000-h/vol1.html" hreflang="en">The Life of Reason</a></em>.</p></blockquote>
<p>J’avais trouvé cette citation très connue en en-tête de <em><a href="http://www.amazon.fr/Rise-Fall-Third-Reich-History/dp/0671728687/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=english-books&qid=1260563359&sr=1-2en">Rise and fall of the Third Reich</a></em> (<em>Le Troisième Reich : Des origines à la chute </em>) de William L. Shirer.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Plus-d-histoire-en-terminale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/595“The electric telegraph made possible - indeed, inevitable - the United States of America.”urn:md5:75d7f49f877b5f6c5d6f82bedd5b1a8b2009-09-08T00:00:00+02:002011-06-03T21:44:40+02:00ChristopheCitationsAmériqueauto-organisationcitationcivilisationcommunicationconquête spatialedéveloppementguerregéographiegéopolitiquehistoiremèmenationalismeoptimismeorganisationperspectivepessimismepolitiquesciencescience-fictionsolidaritéÉtats-Unisévolution <blockquote><p>“<em>A hundred years ago, the electric telegraph made possible — indeed, inevitable — the United States of America. The communications satellite will make equally inevitable a United Nations of Earth; let us hope that the transition period will not be equally bloody.</em>”<br /><br />« Il y a cent ans, le télégraphe électrique a rendu possibles — en fait, inévitables — les États Unis d'Amérique. Les satellites de télécommunication rendront aussi inévitables les Nations Unies de la Terre ; espérons que la période de transition ne sera pas aussi sanglante. »<br /> <br />Arthur C. Clarke, <em>First On The Moon</em>, épilogue (1970)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-electric-telegraph-made-possible-indeed%2C-inevitable-the-United-States-of-America#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/57560 % d’abstentionurn:md5:ea881c77f30895f67d2ad771824254d82009-06-07T20:18:00+02:002010-10-17T20:50:32+02:00ChristopheRes publicabon senscommunicationcynismedommagedysfonctionnementdécadencedémocratieEuropefoutage de gueulelibertéparadoxepessimismepolitiquepsychologieéconomie de l’attention<p>60 % de nouilles dans ce pays. Allez, 40 % en déduisant ceux qui avaient de bonnes raisons ou un empêchement plus ou moins sérieux pour ne pas voter aux Européennes.</p> <p>Je suis partagé entre deux propositions de mesure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#pnote-559-1" id="rev-pnote-559-1">1</a>]</sup> :</p>
<ul>
<li>la <strong>distribution des sièges en fonction du taux d’abstention</strong> : les circonscriptions les moins assidues seraient sous-représentées par rapport aux plus sérieuses, et au niveau continental les Belges et Grecs seraient surreprésentés par rapport aux Italiens ;</li>
</ul>
<ul>
<li>le <strong>vote obligatoire</strong>, car c’est un devoir et pas seulement un droit : Belges, Grecs, Australiens, Brésiliens, Luxembourgeois (cf <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vote_obligatoire">Wikipédia</a>)... doivent aller voter sous peine de sanctions parfois sévères (pas de passeport, amende plus ou moins lourdement salée...) - personnellement je trouverais ça normal sous peine d’une amende genre 10-20 €, appliquée de manière plus ou moins stricte suivant le taux de participation.</li>
</ul>
<p>Par contre, je trouve <a href="http://www.lemonde.fr/elections-europeennes/article/2009/06/02/en-estonie-sept-clics-pour-voter_1201236_1168667_1.html">dangereux pour la confidentialité le vote par Internet comme en Estonie, où la participation n’est pas grandiose non plus</a>.</p>
<p>Et celui qui ne sait pas pour qui voter sait quand même probablement <em>contre</em> qui voter, nom de Diou !<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#pnote-559-2" id="rev-pnote-559-2">2</a>]</sup></p>
<p>Je ne parlerai pas du rôle accablant des médias. Si je ne lisais pas <em>Que Choisir</em>, je ne saurais pas que le Parlement européen existe entre les élections.</p>
<p>La seule chose qui me console est que ma voix a compté double.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#rev-pnote-559-1" id="pnote-559-1">1</a>] <em>Ce qui n’aura aucune importance pour la vie politique du pays vu que mon poids politique est d’un quarante millionième les jours de participation forte.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#rev-pnote-559-2" id="pnote-559-2">2</a>] <em>Et je ne parle même pas d’innovation comme le bulletin noir : soit comme vote négatif </em>contre<em> un candidat, soit comme rejet de tous avec, en cas de majorité noire, annulation de l’élection et inélégibilité des candidats pour la répétition du scrutin ; cela redirigerait le vote protestataire et résoudrait quelques paradoxes aux municipales où on a le choix entre un escroc connu et un </em>outsider<em> en déphasage total avec les sensibilités locales, quand ce n’est pas carrément un facho.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/60-%25-d%E2%80%99abstention#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/559« La Fayette », de Gonzague Saint Brisurn:md5:d2126155859711b39e6a1176187b8b7e2009-04-20T00:00:00+02:002015-01-22T09:12:38+01:00ChristopheHistoireAmériquecourageculturedémocratiehistoireHistoire de FrancelibertémémoireoptimismepolitiqueténacitéutopieÉtats-Unis<p>Le grand public connaît Gilbert de La Fayette sans le connaître.</p> <p>On sait surtout son rôle dans l’aide française (militaire) à la naissance des États-Unis, et dans le début de la Révolution Française (moteur, mais incapable de contenir les extrémistes). Sont ignorées en général les années sous la Terreur (il est emprisonné par les Autrichiens), sous l’Empire (comme opposant toléré mais mis à l’écart par Napoléon), sous la Restauration (comme opposant), et surtout son rôle capital dans une deuxième (!) révolution, celle de 1830 : Louis-Philippe lui doit en grande partie son trône, ce dont La Fayette se mordra très vite les doigts.</p>
<p>La Fayette, issu d’une très vieille famille de noblesse auvergnate, s’enflamme très vite pour les idéaux des Lumières, chose relativement courante en fait en son temps. Il devient franc-maçon, et contrairement à beaucoup, le restera une fois la mode passée. En effet, qualité rare dans ces temps troublés, le personnage n’a pas varié dans ses convictions entre ses jeunes années de conquérant de la liberté en Amérique, et ses derniers banquets républicains peu avant sa mort à l’âge, vénérable pour l’époque, de soixante-treize ans.</p>
<p>Son tort essentiel : avoir préféré la popularité à un pouvoir qu’il aurait pourtant eu l’occasion de prendre, ou simplement ramasser, plusieurs fois. En 1789, si Louis XVI lui avait fait plus confiance. Ou si les sociétés secrètes des Charbonniers avaient réussi leur coup sous la Restauration. Ou s’il avait simplement proclamé la République après les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_Glorieuses">Trois Glorieuses</a> en 1830.</p>
<p>Le livre de Gonzague Saint Bris, admiratif, ne se centre pas que sur le marquis républicain. Il dépeint une belle brochette de personnages, souvent archi-connus : Louis XV (son abominable agonie ouvre le livre), Louis XVI (Gonzague Saint Bris le dépeint comme un homme de bonne volonté, et loin d’être incapable, mais il n’était pas à la hauteur des temps), Marie-Antoinette (qui aurait dû comprendre qu’elle n’avait pas de sens politique, et n’a pas su reconnaître La Fayette comme un allié, contre toute évidence), Rochambeau (général des armées françaises en Amérique, une fois que l’aide aux États-Unis fut officielle), Beaumarchais (agent secret du Roi, dont l’aide aux insurgés américains fut également capitale), Choderlos de Laclos (le général écrivain, bras droit de Philippe Égalité, tient un grand rôle dans la marche des femmes sur Versailles), Napoléon (petit officier quand la Révolution dérape, et fossoyeur des idées d’icelle ; La Fayette lui donnera le dernier coup de grâce après Waterloo), Joseph Bonaparte (exilé aux États-Unis), quelques pères fondateurs américains comme George Washington (père spirituel de La Fayette), Benjamin Franklin, Thomas Paine (qui a fait beaucoup pour sauver la tête de Louis XVI et l’envoyer aux États-Unis)...</p>
<p>Le livre n’a rien de romancé, les dialogues sont rares mais le style est plaisant. Il y a bien quelques tics d’écriture à la longue énervant : chaque chapitre, quasiment, débute par une devinette sur un personnage ; le nom n’est donné qu’après deux pages.</p>
<p>Bref, une belle leçon d’histoire sur un personnage capital de plusieurs de chapitres cruciaux de l’Histoire de France, un peu trop oublié de nos jours.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/La-Fayette-de-Gonzague-Saint-Bris#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/529« Le fantôme de Staline » de Vladimir Fédorovskiurn:md5:b9af76e6a22197838d5c8519c19d10b42009-03-16T00:00:00+01:002023-12-27T12:01:32+01:00ChristopheHistoireabominationcommunismecynismedécadencedémocratiedéshumanisationEmpire soviétiqueespionnagefichageguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusmanipulationmythenationalismeparadoxepolitiquepsychologieRealpolitikRussieSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>Ce n’est pas un roman, « juste » un livre d’histoire sur la Russie et l’URSS, de Lénine à Vladimir Poutine. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Fédorovski">Vladimir Fédorovski</a> sait de quoi il parle, il était du sérail sous Brejnev et Gorbatchev.</p> <p>Les deux tiers du livre traitent de <a href="http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/leadership/disk/russie2_index.htm">Staline</a>, maître du pays de 1924 à 1953, du pouvoir totalitaire, de la terreur, héritée de Lénine et amplifiée, qu’il infligea à son peuple — deux fois (déjà avant la guerre, puis à nouveau celle-ci terminée : la sanglante Seconde Guerre Mondiale paraît paradoxalement une époque de liberté pour les Soviétiques !), et de la permanence de certaines tendances de l’histoire russe, notamment le besoin d’un pouvoir central fort.</p>
<p>Le parallèle entre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_le_Terrible">Ivan le Terrible</a> et Staline ne date pas d’hier : le Tsar Rouge lui-même voyait dans la lutte impitoyable d’Ivan IV contre les boyards le parallèle avec son propre besoin d’éliminer toute opposition — jusqu’à l’absurde, jusque dans sa propre famille ! La mécanique de terreur stalinienne, basée sur l’espionnage généralisé, la responsabilité collective, le changement permanent de la Ligne, est bien démontée.</p>
<p>Quasiment en aparté, Fédorovski parle de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Pasternak">Boris Pasternak</a>, Prix Nobel de littérature 1958 et connu en Occident notamment pour le <em>Docteur Jivago</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> — on saura tout sur les amours du poète, et notamment <em>qui</em> est Lara. Bizarrement, Pasternak a été plutôt protégé par Staline.</p>
<p>Même si Poutine partage la couverture avec son sinistre prédécesseur, il n’est question de lui qu’à la toute fin du livre, après que Fédorovski ait déroulé la manière dont le système totalitaire soviétique (sous une forme bien moins sanglante) s’est perpétué sous Khroutchev, Brejnev, Andropov, comment il a tenté de se réformer sans lâcher son emprise, comment il a échoué. Remarquable aussi la manière dont les services secrets (outil sous Staline, entité autonome sous Andropov, quasiment indépendante par la suite) se sont retrouvés les seuls en mesure de reprendre le contrôle d’une Russie en décomposition, que Gorbatchev et Eltsine ont laissé être dépecée par des groupes financiers et mafieux.</p>
<p>Vladimir Poutine — un inconnu au départ, choisi par un Eltsine finissant comme héritier pour garantir la survie de son clan — faisait partie de l’élite de la Russie soviétique, destinée forcément au KGB. Ses contacts lui ont permis de reprendre le contrôle de son pays, et de surfer entre les différents clans qui se le partagent. Comme Staline, il sait parler à la fameuse « âme » de la Russie, à son nationalisme, son besoin de grandeur, son impression d’être différente, ni européenne ni asiatique. Comme Staline, les dérives sont effrayantes.</p>
<p>Un grand résumé d’histoire russe du XXè siècle, très accessible.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je n’ai pas (encore) lu le livre mais vous </em>devez<em> voir le film si ce n’est déjà fait. Une bonne impression du chaos de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_russe">Guerre civile de 1918-21</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/08/%C2%AB%C2%A0Le-fant%C3%B4me-de-Staline-%C2%BB%C2%A0de-Vladimir-F%C3%A9dorovski#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/541HADOPI techniquement inapplicable & Ashramurn:md5:e56edda7829be25d383fed2a7b048d362009-03-11T20:45:00+01:002010-10-18T17:46:23+02:00ChristopheRes publicaabominationbon senscommunicationhumourinformatiquepolitiquepérimésabotagesécurité <p>Si vous ne l’avez pas déjà dans votre <em>blogroll</em>, <a href="http://petaramesh.org/post/2009/03/10/Hadopi-dans-ta-face-ou-larroseur-arrose">allez lire le billet de Swâmi sur la loi HADOPI</a>. Même rien que pour le style. Les commentaires valent aussi le détour.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/11/HADOPI-techniquement-inapplicable-Ashram#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/543APRILurn:md5:d1f7160be7664856da9131b8aab263112009-03-07T12:09:00+01:002010-10-18T17:46:41+02:00ChristopheInformatique militante et technologieanticonsumérismedémocratieinformatiquelibertéLinuxlobbyslogiciel libreoptimismeorganisationpolitiquerésolutionssolidaritévaleuréconomie <p><strong>Facteur déclenchant</strong> : <a href="http://www.ubuntu-fr.org/april">L’appel d’Ubuntu-Fr</a></p>
<p><strong>Facteurs non déclenchants mais importants</strong> : HADOPI ; l’<a href="http://standblog.org/blog/post/2008/11/12/La-campagne-d-adhesion-de-l-APRIL">appel de Tristan Nitot</a>.</p>
<p><strong>Raison fondamentale</strong> : Parce qu’avant de vous recevoir, un ministre vous demande « combien êtes-vous ? ».</p>
<p><strong>Illusions</strong> : Aucune, mais ça ne peut pas faire de mal. Et qui sait ?</p>
<p><img src="http://www.april.org/files/images/banniere_campagne-adhesion-objectif-5000-adherents.png" alt="Objectif 5000 adhérents pour l’APRIL" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p><a href="http://www.april.org/adherer?referent=Christophe+Courtois"><img src="http://www.april.org/files/association/documents/bannieres/adherer_april.png" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><img src="http://media.laquadrature.net/Quadrature_black-out_HADOPI_234x60px.gif" alt="HADOPI - Le Net en France : black-out" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/03/01/April#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/540Black out or not black out?urn:md5:afc430b210ac78e7d515436e17f7df132009-02-27T23:12:00+01:002010-10-18T18:25:48+02:00ChristopheRes publicaabominationanticonsumérismeautodestructioncommunicationcoup bascynismeDRMdéfense du françaisdémocratiefichagefoutage de gueuleguerre sainteincohérenceinformatiquelibertélobbyslogiciel librepanurgismepessimismepolitiqueréseautotalitarismeéconomieéconomie de l’attention<p>Black out pour une loi stupide.</p> <p>La réponse est éclatante de noirceur, j’ai « blackouté »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#pnote-538-1" id="rev-pnote-538-1">1</a>]</sup>.</p>
<p><img src="http://media.laquadrature.net/Quadrature_black-out_HADOPI_234x60px.gif" alt="HADOPI - Le Net en France : black-out" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>L’initiative vient de la <a href="http://www.laquadrature.net/fr/APPEL-HADOPI-blackout-du-net-francais">Quadrature du Net</a>. La première personne à m’avoir sensibilisé est <a href="http://www.pasithee.fr/blog/index.php?post/2009/02/25/Appel-au-blackout-du-net-francais-par-La-Quadrature-du-Net">Isa</a>.</p>
<p>La cause initiale : les derniers projets de loi anti-piratage de notre gouvernement, la loi HADOPI en particulier, un chef d’œuvre de n’importe quoi, rédigée par des gens qui ne comprennent rien à Internet, à l’informatique, au droit et à leur époque, et multi-récidivistes en matière de lois stupides, coûteuses et inefficaces.</p>
<p>J’arrête là parce que je m’énerve et que je n’ai pas envie de finir fiché comme opposant primaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#pnote-538-2" id="rev-pnote-538-2">2</a>]</sup> ; et puis les sites ci-dessous causent déjà suffisamment du sujet :</p>
<ul>
<li>Entre autres, la Quadrature a fait un <a href="http://www.laquadrature.net/files/LaQuadratureduNet-20090207_Riposte-Graduee_inefficace-inapplicable-dangereuse_2pages.pdf">petit résumé</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Voir aussi <a href="http://olivier.dossmann.net/joueb/archives/2009/02/27/pourquoi_jai_momentanément_colorié_mon_joueb_en_noir/index.html">le site d’Olivier</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Lire surtout <a href="http://fr.readwriteweb.com/2009/02/26/prospective/hadopi-est-une-mauvaise-reponse-faite-par-des-gens-desempares/">cette interview d’un acteur du domaine, Patrick Waelbroeck</a>. En résumé, les pirates se sont <em>déjà</em> adapté à ce genre de texte, et au mieux, on reviendra à la bonne vieille technique de l’échange de clés USB dans les cours des lycées. J’ai connu à l’époque des disquettes, c’était redoutablement efficace. Et Internet redeviendra (en France) ce qu’il était à l’époque : un Minitel.</li>
</ul>
<ul>
<li>(<em>Mise à jour du lendemain</em>) <a href="http://www.pcinpact.com/actu/news/49358-free-filtrage-blocage-riposte-graduee.htm">Le fournisseur d’accès Free est contre cette loi</a>. Évidemment, ça va lui coûter de l’argent, sinon des clients !</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://linuxfr.org/2009/02/23/25073.html">LinuxFr</a> pointe notamment les problèmes d’interopérabilité que le rapporteur de la loi semble complètement ignorer. Microsoft se frotte probablement les mains.</li>
</ul>
<p>Histoire de gloser un peu, je précise que je me suis posé la question sur « je suis le mouvement en bon <em>geek</em> de Panurge, ou je pousse un soupir et je passe à autre chose ? ».</p>
<ul>
<li><a href="http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/27/1329-pas-de-blackout-chez-eolas">Le très réfléchi Maître Eolas explique pourquoi lui, il ne suit pas</a>. Je comprends un peu ses positions : la loi HADOPI succède à la DADVSI ou à la LCEN comme épouvantail, ce sont des usines à gaz inutiles, il y a bien pire qui passe au Parlement sans mobilisation, et on sera toujours en démocratie après ça. DADVSI et LCEN n’ont pas empêché les DRM d’agoniser sous la pression du marché. <br />Mais je désapprouve. Ces lois sont débiles et inapplicables mais il y aura forcément des pertes collatérales. Eolas aura la capacité de décortiquer (férocement j’espère) le texte sur le plan du droit, moi je hurlerai de façon plus primitive : ce n’est même plus une lutte juridique mais de lobbying. Quant aux DRM, ils bougent encore (Blu-Ray, WMA...) et le marché ne fonctionne que quand la loi le laisse s’exercer réellement.<br />(<em>Mise à jour du 5 mars </em> : Maître Eolas analyse la loi de manière plus détaillée et ironique <a href="http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/04/1333-hadopi-mon-amie-qui-es-tu" title="http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/04/1333-hadopi-mon-amie-qui-es-tu">http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/...</a>.)</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.henrymichel.com/reseaux/black-out-francais-ou-backlink-party/">Henry Michel</a> est sceptique sur l’utilité (à raison mais l’espoir fait vivre) et dit qu’un vrai <em>black-out</em> ça consiste à bloquer les sites, pas à afficher l’équivalent du brassard de gréviste japonais. Mais baillonner mon blog n’apporterait rien, tandis qu’un deuil généralisé et verbeux pourrait donner l’idée à l’opposition de se remuer (pour changer) ou à quelques députés UMP avec un cerveau et une colonne vertébrale (solide) de ne pas voter ces âneries.</li>
</ul>
<ul>
<li>En accord avec Henry Michel, <a href="http://petaramesh.org/">le Âshram a fermé sur un message d’avertissement</a>, histoire de donner un avant-goût du <em>1984</em> qui attend les larves inactives que nous sommes.</li>
</ul>
<p><em>Post-scriptum</em> : Oui, les couleurs sont laides, je n’ai pas eu le temps de travailler ça.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#rev-pnote-538-1" id="pnote-538-1">1</a>] <em>Une pensée pour mon professeur de français de 6è qui aurait fait une attaque à cause d’un tel anglicisme. Personnellement ça me répugne aussi.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#rev-pnote-538-2" id="pnote-538-2">2</a>] <em>Bonjour au petit robot ficheur des Renseignements généraux.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/27/Black-out#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/538« Der Spiegel » du 19 janvier 2009 : Marienburg la martyre ; de Berlin à la Norvège ; argent pas cher ; tsunami vert au Brésil ; régulation de gènes ; A320 à la baille ; le temps de la radicalitéurn:md5:c872227ca4228d131518394969bf9d2f2009-02-14T18:53:00+01:002011-06-03T07:47:17+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationAllemagneAmériqueauto-organisationdysfonctionnementenfantsenseignementesclavageEuropeguerrehainelangueslivres lusmétainformationoptimismeperspectivepessimismepolitiqueRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarismevaleurécologieéconomieéconomies d’énergieéducationÉtats-Unisévolution<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué de cet hebdomadaire allemand.</p> <p>Je ne lis pas très souvent le <em>Spiegel</em> pour deux raisons : 1) mon manque de temps chronique et 2) cet hebdomadaire de référence allemand est paradoxalement difficile à trouver dans les maisons de la presse de la banlieue strasbourgeoise — au contraire hélas des équivalents de <em>Point de vue - Images du monde</em> que la ménagère alsacienne de plus de quatre-vingt ans semble apprécier. J’ai acheté ce numéro lors d’un passage à Offenburg (paradoxalement à peine plus loin en temps que Strasbourg, malgré le tram !)</p>
<p>Entre moults articles sur la chancelière, les malheurs de la Deutsche Bank, et les faits divers, surnargent quelques articles qui m’ont marqué :</p>
<h3>Le charnier de Marienburg</h3>
<p>Ce Marienburg n’existe plus depuis 1945. L’ancienne capitale des Chevaliers Teutoniques a été quasiment rasée lors de l’invasion de l’Armée Rouge, et est depuis polonaise. La plupart des habitants ont été évacués mais au final des milliers manquent à l’appel. En octobre dernier, des travaux ont mis une fosse commune contenant les restes d’environ 1800 civils, femmes et enfants inclus, dépouillés de leurs vêtements.</p>
<p>Victimes des combats sorties des maisons bombardées ? Victimes des épidémies et famines de la fin de la guerre, dans une Allemagne plongée dans le chaos et traitée sans ménagement par les Soviétiques ? Victimes de l’épuration ethnique, par l’Armée Rouge ou les Polonais ? L’article n’a pas la réponse.</p>
<p>Le terrible sort de l’Allemagne orientale est relativement peu connu chez nous, mais a traumatisé les Allemands. Ce que Rommel, <a href="http://resistanceallemande.online.fr/20-07-1944/20-07-1944.htm">von Stauffenberg</a>, <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Henning_von_Tresckow" hreflang="de">von Tresckow</a> et d’autres ont voulu épargner à leur peuple est arrivé : les derniers mois de la guerre ont été les plus meurtriers pour l’Allemagne, et seule une partie est imputable aux bombardements aériens (qui n’ont fait que s’intensifier sur la fin de la guerre, Dresde n’étant que l’exemple le plus connu) ; des millions de civils ont été déplacés ; le Reich a perdu des terres occupées depuis des siècles. La lecture des premiers chapitres de <em><a href="http://www.conflits-actuels.com/spip.php?article369">la Chute de Berlin</a></em> d’Anthony Beevor éclaire bien le comportement des Soviétiques, poussés par leur propagande à la vengeance. Les civils allemands ont lourdement payé les exactions des SS et de la Wehrmacht en Russie.</p>
<p>Voir les pages du Wikipédia allemand sur <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Malbork" hreflang="de">Marienburg</a>, et <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Massengrab_von_Marienburg" hreflang="de">sur le charnier</a>.</p>
<h3>L’anglais au primaire</h3>
<p>Une page s’étend sur l’effet de l’enseignement de l’anglais à la <em>Grundschule</em> : par manque de suivi, de formation, de contrôles, de séparation des filières... l’effet de l’enseignement précoce de l’anglais est indétectable quelques années plus tard par rapport à l’enseignement « classique » plus tardif.</p>
<p>(<strong>Ajout postérieur</strong> : ça colle avec l’expérience de ma mère, dont les élèves de 6è faisaient tous les même programme par la logique de l’Éducation Nationale, même s’ils avaient fait de l’anglais en primaire ; et après quelques mois il n’y avait plus de différence de niveau.)</p>
<p>(Pour ma part, je reste persuadé qu’un enseignement précoce doit plutôt viser une langue difficile : l’allemand, le chinois... et en tout cas être soutenu tout le long de la scolarité.)</p>
<h3>De Berlin à la Norvège</h3>
<p>Une page est dédiée à un recruteur norvégien qui vit un drame professionnel assez enviable : avec un taux de chômage de 2% en Norvège, impossible de recruter ! M. Engeset s’est alors établi à Berlin et envoie des Allemands travailler en Norvège. La tendance est en hausse. Tout le monde est content, mais Engeset prévient que l’émigration n’est pas la vraie solution pour laisser derrière soi ses problèmes : „<em>Es gibt keinen Zurück-auf-Start-Knopf.</em>“</p>
<h3>L’argent pas cher</h3>
<p>Trois pages s’intéressent à la crise bancaire, ornées d’une photo de Jean-Claude Trichet et Ben Bernanke, l’air très anxieux. En résumé, la crise est en bonne partie due à l’argent lâché par les banques centrales trop facilement contre des garanties trop légères. En 1929, c’était pareil, et la restriction brutale du crédit à l’époque avait aggravé le problème. Les banques centrales de 2008 n’ont pas voulu rééditer l’erreur et... ouvert encore plus les vannes. Mais « réduire à nouveau la masse d’argent en circulation est aussi facile que remettre du dentifrice dans son tube. »</p>
<p>Un des moyens de résoudre le problème, et réduire les dettes de l’État au passage, consisterait à faire tourner la planche à billets, bref à générer de l’inflation. Les excès d’une telle politique <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Deutsche_Inflation_1914_bis_1923" hreflang="de">ont traumatisé les Allemands en 1920-1923</a> (division de la valeur du mark par un billion). La Bundesbank a pendant des années suivi une politique inverse de monnaie forte, qui se retrouve dans celle de la Banque Centrale européenne actuelle. Mais la conjoncture actuelle, comme l’interdépendance croissante des économies et l’impact d’une monnaie trop forte sur les exportations, rend délicate une politique trop stricte.</p>
<p>Troisième politique possible : un retour au bon vieil étalon-or du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods">système de Bretton-Woods de 1944</a>, organisé autour du dollar et de l’or. Le cours de l’or exploserait d’un facteur 40...</p>
<p>Conclusion fataliste : le capitalisme semble condamné à une ou deux crises majeures par siècle. Mais les autres systèmes sont-ils capables de mieux ?</p>
<h3>Le tsunami vert</h3>
<p>Quatre pages parlent des cultures d’éthanol dans le Nordeste brésilien et du véritable esclavage qui y sévit. Le pays veut devenir le plus grand fournisseur de carburant à base d’éthanol grâce à sa canne à sucre, et les paysans locaux en payent le prix — on parle de Zola au XXIè siècle.</p>
<p>Le seul reproche que je fais à l’article est de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que les grands propriétaires du Nordeste se comportent en féodaux que les agrocarburants sont intrinsèquement mauvais, et les réserves de principe écologiques (engrais, concurrence avec l’agriculture de subsistance...) ne disparaîtraient pas même si les ouvriers étaient payés comme des princes avec 60 jours de RTT. Les problèmes écologiques et sociaux sont complètement orthogonaux.</p>
<h3>Génétique</h3>
<p>Quelques pages sympathiques sur Darwin. Dont une révélation pour moi (qui ne suit pas si près que ça l’actualité de la génétique), on aurait enfin compris à quoi sert tout le bazar non codant de notre ADN : ce serait du code de régulation de l’activité des protéines. Nous avons moins de gènes que la souris, et pas beaucoup plus que l’anémone de mer, mais un nombre record de <a href="http://www.snfge.asso.fr/01-Bibliotheque/0A-Resumes-JFPD/2008/2959.htm">miARN</a> de contrôle. Un savant a repéré une poignée d’emplacements identiques du poulet au chimpanzé, mais différents chez nous...</p>
<h3>Un A320 dans l’Hudson</h3>
<p>Trois pages sur le petit miracle de l’Hudson : le commandant de bord Sullenberg était vraiment l’homme de la situation avec une expérience énorme, y compris sur planeur et en voltige aérienne. En perspective, la compétition croissante pour l’air entre oiseaux (parfois protégés et plus nombreux) et avions (de plus en plus silencieux...).</p>
<h3>Le temps de la radicalité</h3>
<p>En final, une interview de Thomas Friedman, du <em>New York Times</em>, partisan d’Obama, de réformes radicales vertes en résistant aux lobbys. Il pointe que « la crise climatique n’est pas un problème de régulation, mais d’innovation ». « Ce dont nous avons besoin, c’est d’ingénieurs. » Les Américains doivent être à la pointe de la révolution verte. Pourvu qu’il soit écouté...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/02/14/%C2%AB%C2%A0Der-Spiegel-%C2%BB%C2%A0du-19-janvier-2009-%3A-Marienburg-la-martyre-%3B-de-Berlin-%C3%A0-la-Norv%C3%A8ge-%3B#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/534« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493Du mail en entrepriseurn:md5:4058f6a6e170d838a65634617c59a0042008-06-25T21:56:00+00:002011-06-01T06:13:21+00:00ChristopheInformatique pratiquecitationcommunicationcoup bascourt termecynismeemmerdeurshiérarchiehowtoorganisationparanoïapolitiquepsychologietempstravailéconomie de l’attention<p>Quelques consignes pas toutes bonnes à suivre sur l’utilisation du courrier électronique et les manipulations sociologiques qu’il permet.</p> <p>Au milieu d’une <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078" hreflang="en">discussion de Slashdot sur la disparition de la politesse élémentaire dans les mails échangés en entreprise</a>, j’ai trouvé <a href="http://ask.slashdot.org/comments.pl?sid=426078&cid=22139946" hreflang="en">cette perle d’un certain Confuse</a>, que je m’en vais traduire/trahir/résumer et (forcément) commenter :</p>
<blockquote><p>« D’abord, inutile de chercher à changer les gens, c’est futile. <br /> <br />Ensuite, ne mettez jamais par écrit ce que vous ne voudriez pas dire devant un tribunal. Faites comme vous voulez au téléphone ou face-à-face, mais par écrit soyez la voix de la raison — vous ne savez pas qui lira. »</p></blockquote>
<p>La voix de la raison, effectivement.</p>
<blockquote><p>« Ignorez les courriers dont vous n’êtes qu’en copie (<em>CC:</em>). Si vous deviez le lire, vous seriez en destinataire (<em>To:</em>). Les courriers en copie “perdus” sont à mettre au compte du filtre anti-<em>spam</em>. Et plus vous ignorerez de mails, moins les gens supposeront que vous les lirez. »</p></blockquote>
<p>J’ai déjà vu cette ligne de défense en place, plus ou moins consciemment et innocemment, comme défense contre l’avalanche de courriers. Trier automatiquement les courriers <em>CC:</em> vers un autre répertoire soulage la boîte aux lettres principale. J’ai aussi vu des responsables débordés devenus injoignables par mail — et donc de fait ignorés/contournés sauf lorsque perfidement on veut obtenir implicitement leur accord.</p>
<blockquote><p>« Si vous êtes destinataire, êtes-vous le seul ? Si non, et que ce mail contient des choses à faire, supposez qu’un autre destinataire s’en chargera : sinon ça n’aurait été adressé qu’à vous. Si vous ne pouvez éviter le travail, demandez une réunion de planification avec toutes les personnes présentes dans la discussion, éventuellement d’autres aux agendas non incompatibles. Cela repousse suffisamment le travail pour le rendre inutile. »</p></blockquote>
<p>Ne pas se précipiter sur du travail est un bon moyen de le voir disparaître spontanément (perte d’utilité, changement de priorité, nouvelle lubie du chef ou du <em>top management</em>). De là à le repousser délibérément... Parfois, attention, ce n’est que reculer pour mieux sauter, la <em>deadline</em> ne changeant pas (en général c’est même la seule chose fixe et précise, définie en premier avant toute analyse).</p>
<blockquote><p>« Ignorez les compte-rendus de réunion auxquelles vous n’étiez pas, ça n’est pas productif. Vous auriez été invité sinon. »</p></blockquote>
<p>Au risque de laisser passer d’importantes infos...</p>
<blockquote><p>« Tout cela semble brutal et ne devrait s’appliquer qu’à ce qui ne vous intéresse pas, mais marche bien dans la réalité. <br /> <br />À propos des citations sans fin dans les échanges de courrier, l’idéal est de ne jamais tout citer. Ne gardez que ce que à quoi vous répondez : les correspondants ne verront que ce que vous voudrez qu’ils voient, la plupart n’iront pas chercher l’original dans leur boîte. Réduisez le nombre de destinataires de vos réponses, cela multiplie les groupes avec différents niveaux d’information, ce qui est toujours utile en cas de recherche de coupable.<br /> <br />Évitez les mails courts si cela ne vous arrange pas directement. Présentez des options avec avantages et inconvénients. Commencez les mails avec un résumé à <em>votre</em> sauce avant de citer les mails suivants. Cela influencera ceux dont le délai d’attention ne sera pas d’entrée dépassé. »</p></blockquote>
<p>Personnellement, j’ai effectivement tendance à tartiner dans les mails. Mais je suis un pur produit de l’école française thèse/antithèse/[syn/fou]thèse. Je suis conscient qu’effectivement certains de mes correspondant font un <em>brain overflow</em> au-delà de quatre lignes de texte, mais bon, j’aurai fait mon devoir.</p>
<blockquote><p>« Pour se débarrasser de projets embarassants, impliquez les juristes, la sécurité, la qualité, des règlements et des lois : étonnament peu de gens sont prêts à mettre par écrit qu’ils ne veulent pas que les choses soient faites dans les règles. »</p></blockquote>
<p>Conclusion :</p>
<blockquote><p>« Ainsi, à moyen terme, vous aurez toute latitude pour ignorer les courriers que vous voudrez, et on hésitera à venir vous demander votre aide. Comme bénéfice secondaire, vous vous ferez une collection de courriers très prisés en cas de perquisition. »</p></blockquote>
<p>Si tout est loin d’être faux, et si chaque règle peut fournir une arme contre la saturation, les excès d’un chef ou de l’organisation dans son ensemble, il ne faut pas faire attention à en faire une règle et tomber dans le travers du très surfait <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonjour_paresse">Bonjour paresse</a></em>, vision totalement cynique restreinte aux services de support de grandes entreprises, où éviter le boulot et les jeux de politique mesquine peut devenir l’unique sport de gens totalement désabusés.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/25/504-du-mail-en-entreprise#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/449« Si la gauche savait » de Michel Rocardurn:md5:364208de7bd5b4fafd185c0fd98c842b2008-03-16T10:26:00+00:002016-07-03T12:41:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcolonisationcommunismedommagedémocratieguerrehistoireHistoire de Francelivres lusperspectivepolitiqueéconomie<p>Michel Rocard est un des rares hommes politiques avec une bonne réputation qui a résisté à l’usure du pouvoir. Si sa carrière nationale est achevée, il reste actif au Parlement Européen, et j’ai eu plaisir à le voir s’engager lors de la <a href="http://brevets-logiciels.info/">guerre des brevets logiciels</a>.</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" title="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Si_la_gauche_savait_M.Rocard_s.jpg" alt="Si_la_gauche_savait_M.Rocard.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Ce livre paru peu avant la dernière campagne présidentielle retrace la vie de Michel Rocard, sous forme d’entretien avec le très mitterrandien Georges-Marc Benamou.</p>
<p>La jeunesse de Rocard est marquée par la Guerre d’Algérie, qui a profondément chamboulé la vie politique française : pas seulement par le retour de de Gaulle, mais aussi par les scissions et les rancunes au sein même de la gauche. Rocard, et une bonne partie de la gauche non communiste avec lui, s’est défini par opposition à Guy Mollet, puis à Mitterrand (« L’Algérie c’est la France »). Même énarque, il est mobilisé en Algérie, et le devoir de réserve l’oblige à écrire dans les revues politiques sous un pseudonyme. Il insiste sur le fait que les Français de l’époque n’étaient <em>pas</em> informés de ce qui se passait réellement en Algérie (les déplacements de population...), et qui l’écœurait.</p>
<p>Un des drames de la gauche française, pour lui, est la difficulté avec laquelle elle réussit à s’unir. Il envie par exemple le Parti Socialiste suédois et sa longue histoire. Il explique par exemple que les socialistes français n’ont jamais réussi à se regrouper avant 1905, donc n’ont pas « bénéficié » de l’aura de la lutte pour la démocratisation. Puis l’arrivée des communistes, les guerres et divers événements ont à chaque fois provoqué la perte de centaines de milliers de militants expérimentés. En France, il a fallu attendre la reconstruction du PS autour de Mitterrand pour en faire la force dominante de gauche.</p>
<p>Par rejet du communisme, si puissant à l’époque, Rocard raconte s’être toujours soucié de rassembler les forces de gauche et les « catholiques » modérés, donc les centristes. On pense bien sûr à Delors, et à l’« ouverture » alors qu’il était Premier Ministre, au début du second septennat de Mitterrand. Mais cela remonte beaucoup plus loin, quand il se battait pour être élu par ses condisciples étudiants. Certaines des pages les plus savoureuses remontent à cette époque — notamment quand il se fait voler une élection par un certain Jean-Marie Le Pen, personnage déjà peu recommandable.</p>
<p>Un autre personnage croisé pendant sa jeunesse est un certain Jacques Chirac, plus fortuné que lui auprès des femmes comme financièrement, et qui refusera de rejoindre le mouvement de Rocard, pas assez à gauche pour lui !</p>
<p>Bien que Mendès France ait été un de ses modèles, Rocard n’est pas tendre avec lui : Mendès France, trop timoré, n’a été Président du Conseil que mis devant le fait accompli par René Coty ; en 1956 il laisse à Guy Mollet un pouvoir qu’il aurait pu prendre d’une phrase.</p>
<p>Les luttes d’appareils et les querelles de chapelle occupent une bonne partie du livre. Trente à cinquante ans plus tard, elles semblent dérisoires. Les noms et encore plus les sigles sont tombés dans l’oubli. Mais à l’époque il ne s’agit pas simplement de querelles de personnes. Rocard offre aussi une perspective sur tout le côté sociologique de la vie d’un parti, de son appareil, nécessaires pour gagner des élections, et qui ne se construisent pas du jour au lendemain.</p>
<p>Mitterrand est certes presque un ennemi, mais Rocard finit par rejoindre le PS organisé autour de ce dernier, par réalisme. Déjà à l’époque il porte un regard critique sur la campagne de 1981, puis les débuts du premier septennat de Mitterrand. Le nouveau Président est un homme qui pense d’abord appareil, politique et jeux de pouvoirs, et considère les contraintes économiques comme négligeables. Le meilleur exemple est celui des nationalisations, que Rocard et d’autres ont voulu bien plus réduites (par exemple en se limitant à des participations), alors que Mitterrand voit grand et gaspille des milliards.</p>
<p>Mitterrand s’est fort bien coulé dans le modèle de monarchie élective français, et les rapports entre lui et Rocard sont toujours restés froids, même après la nomination de Rocard comme Premier Ministre — quasiment par surprise, lors d’un dîner. Les anecdotes foisonnent. En 1993 Rocard est littéralement viré par le Président.</p>
<p>Bref, un livre extrêmement instructif sur une époque qui semble déjà lointaine — mais dont une partie a représenté mon enfance et mon adolescence. Toute la perspective historique est passionnante.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/03/16/486-si-la-gauche-savait-de-michel-rocard#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/433“The Plot Against America” (« Le complot contre l’Amérique ») de Philip Rothurn:md5:743b254023a90b67e72f8a58a6b83ef52008-01-01T17:33:00+00:002011-05-23T20:36:53+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesdémocratieespionnagehistoirelivres luspolitiqueSeconde Guerre MondialetotalitarismeuchronieÉtats-Unis<p>Il semble qu’à chaque Noël je me retrouve avec une uchronie en VO américaine sur ma table de chevet. Je ne le fais même pas exprès. Après <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day">Resurrection Day</a></em> de Brendan DuBois sur une Amérique sous une dictature après une Troisième Guerre Mondiale en 1962, après <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/01/h/blogeclectique/index.php?post/2007/01/20/304-in-the-presence-of-mine-enemies-de-harry-turtledove">In The Presence Of Mine Enemies</a></em> d’Harry Turtledove sur des Juifs cachés dans l’Allemagne nazie hégémonique des années 1980, cette année ce fut <em>The Plot Against America</em> de Philip Roth, basé sur une hypothétique élection de Lindbergh comme Président en 1940. Le livre a eu son succès et est traduit en français (<em>Le complot contre l’Amérique</em>).</p> <p>Rappelons que <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Lindbergh" hreflang="en">Charles A. Lindbergh</a> a été, en 1927, le premier aviateur à franchir l’Atlantique sans y laisser sa peau, et il continua à faire parler de lui par la suite : son fils perdit la vie dans un enlèvement crapuleux ; ses discours isolationistes et antisémites (“<em>America First</em>”), son admiration pour l’Allemagne hitlérienne eurent un certain écho mais ruinèrent sa réputation auprès de beaucoup de gens ; puis il participa à l’effort de guerre comme consultant technique et instructeur dans l’aviation.</p>
<p>Cependant, au sortir de la crise de 1929, le refus de nombre d’Américains d’entrer en guerre était réel (Roosevelt a eu fort à faire pour pouvoir soutenir les Anglais avant Pearl Harbor) et l’antisémitisme (même en version <em>light</em> par rapport à Hitler) était répandu aux États-Unis comme en Europe. Roth n’est pas le premier à imaginer que ces tendances isolationistes aient pris le dessus. Ajoutons une petite machination (<em>the plot</em>), et Lindbergh bat Roosevelt pour devenir Président en 1940.</p>
<p>Le point de vue du livre se situe à un niveau trop « ras des pâquerettes » pour plaire à l’amateur d’uchronie : Philip Roth lui-même, enfant de dix ans d’une modeste famille juive d’un quartier juif de Newark. Le parti pris se défend, de décrire l’évolution de la situation et de l’ambiance « de la base ». Il est dommage que des pages soient gaspillées aux angoisses existentielles d’un petit garçon ; on pourra les sauter allègrement. Plus intéressants sont les autres membres de la famille, notamment le père de Roth, un homme très droit, très instruit de la situation internationale, qui s’effondre petit à petit devant l’avancée progressive des amis de Lindbergh voire de l’Allemagne — y compris dans sa propre famille — mais se refuse à émigrer comme d’autres au Canada. Roth s’attache également beaucoup à la vie du quartier (très majoritairement juif, ce qui déplaît à la nouvelle administration qui cherche à en disperser la population), aux voisins, aux autres Américains (très loin de représenter des masses d’antisémites aigris). Se pose au passage la question du communautarisme : doit-on laisser vivre « entre eux » des membres d’une même communauté, ou les forcer à se mélanger à la population, sachant que l’isolation est le meilleur moyen d’entretenir les fantasmes et les haines, mais qu’un lieu propre, comme ce quartier juif de Newark, représente un havre de paix contre l’extérieur hostile ou, tout simplement, « chez soi ». Vaste sujet que l’intégration, et différent de toute manière d’une situation à l’autre.</p>
<p>On ne trouvera finalement pas beaucoup de modifications de la trame historique. Lindbergh élu, le sort du monde ne change finalement pas tant que ça, alors que le soutien américain en 1940-41 aux Britanniques puis aux Soviétiques, et la remise à niveau de la machine de guerre américaine, ont en réalité joué un rôle capital avant même l’entrée en guerre formelle des États-Unis en décembre 1941. On peut craindre le pire sur ce qui serait arrivé sans ce soutien américain pendant les deux années de l’apogée nazie. Comme uchronie, le livre possède là une faille réelle.</p>
<p>Cependant, pour la partie politique intérieure, du moins pour ce que je peux en juger, Roth reste relativement réaliste, et Lindbergh ne transforme pas les États-Unis en dictature nazie en six mois. La manière très plausible dont le régime de Lindbergh se met en place et se maintient, les arguments pour sa neutralité bienveillante envers le IIIè Reich, sont matière à réflexion. <a href="http://bulles.agora.eu.org/20060811_philip_roth.html">Comme le dit François Schreuer à propos du même livre</a>, « avant qu’il n’ait montré son vrai visage, le fascisme a toujours tendance — au nom peut-être du bons sens populaire qu’il prétend incarner — à bénéficier d’un crédit, même chez ses propres victimes. »</p>
<p>Quant à la fin, qui donne des rôles très importants à des personnages publics de l’époque, je ne sais pas trop quoi en penser, mais elle est du moins défendable. Il manque cependant un véritable épilogue.</p>
<p>Bref, un livre intéressant avec quelques défauts. Google trouvera sur le réseau une flopée d’autres critiques avec le titre, en français comme en anglais, en mot clé.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/01/01/460-the-plot-against-america-de-philip-roth#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/414« Les racines du ciel » de Romain Garyurn:md5:d7be34c148165ed54406b6f244fc548c2007-12-13T21:12:00+00:002011-05-23T20:25:32+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAfriquecolonisationcynismedémocratiehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres luspolitiquesociétés primitivestourismeutopieécologie<p>Dans l’Afrique coloniale française, un fou veut sauver les éléphants. Récupération, tornade médiatique, conflit avec les colons comme les indépendantistes... Un grand roman !</p> <p>Avec ce pavé, Romain Gary a décroché le premier de ses deux Prix Goncourt. Contrairement à la plupart des œuvres primées, le livre n’a pas été oublié.</p>
<p>Avec le temps s’est ajouté la patine et un très intéressant côté historique : l’action se déroule presque intégralement dans l’Afrique Équatoriale Française (Tchad, Centrafrique), peu avant la décolonisation, à une époque où « écologie » ne figurait pas au vocabulaire courant. Un ancien résistant déporté, Morel, se met en tête de protéger les éléphants, plus chassés par les Blancs pour le « sport » que par les Africains pour la viande. D’abord avec des pétitions inutiles, puis de manière plus violente. Il se met ainsi dans l’illégalité mais donne naissance à un phénomène médiatique où certains voient la main des communistes et d’autres un appel symbolique à l’indépendance des nations africaines. Lui se veut pourtant neutre, et exige juste que l’on fiche la paix aux éléphants.</p>
<p>Le plus plaisant à mes yeux a été la découverte de la société coloniale de l’époque : le gouverneur obligé de ménager la chèvre et le chou, les petits trafiquants en tout genre, les chasseurs, les profiteurs, les sorciers, les missionnaires, les indépendantistes, les paumés...</p>
<p>Se détache notamment Waïtiri l’Africain, ancien député, imbibé de culture française, décidé à inculquer de force les idées occidentales à son peuple qu’il juge arriéré, et à lui imposer une indépendance qu’il ne réclame même pas encore. Il est prêt à aller en prison, « antichambre des ministères », ou à faire liquider Morel après l’avoir aidé, pour que l’on ne s’aperçoive pas que la défense des éléphants n’est pas un symbole pour l’indépendance africaine, mais bien le but de l’écologiste. Le continent africain en a connu depuis, des Waïtiri...</p>
<p>Le peuple africain est spectateur de l’essentiel du livre. Le paysan de base ne voit dans l’éléphant qu’une masse de plusieurs tonnes de viande, et Morel explique clairement que les éléphants ne seront réellement à l’abri que le jour où les Africains mangeront à leur faim. L’écologie était — et est toujours — un souci d’homme rassasié.</p>
<p>Globalement, les coloniaux en prennent pour leur grade, même si l’écart est large entre le gouverneur qui se glorifie de ses succès dans la lutte contre les maladies, et les massacreurs d’éléphants.</p>
<p>Cinquante ans plus tard, les éléphants ont finalement été sauvés. Mais les <em>Racines du ciel</em> montre que certains des problèmes de l’écologie alors naissante n’ont toujours pas été résolus.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/12/13/449-les-racines-du-ciel-de-romain-gary#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/400Dimanche, voter avec le portefeuilleurn:md5:8fb7cedf0ce8c53671c69d04433ba5642007-06-05T20:32:00+00:002009-01-25T11:17:54+00:00ChristopheRes publicadémocratieoptimismepolitique <p>N’oubliez pas (les Français) : dimanche, vous donnerez 8,15 € <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/05/357-dimanche-voter-avec-le-portefeuille#pnote-265-1" id="rev-pnote-265-1">1</a>]</sup> à un parti politique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/05/357-dimanche-voter-avec-le-portefeuille#pnote-265-2" id="rev-pnote-265-2">2</a>]</sup>, choisissez bien lequel.</p>
<p>Manifestement, à en croire les sondages, l’UMP n’aura pas de problème de fins de mois dans les cinq années qui viennent. Pour les autres, va falloir se serrer la ceinture.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/05/357-dimanche-voter-avec-le-portefeuille#rev-pnote-265-1" id="pnote-265-1">1</a>] <em>1,63 € chaque année pour toute la législature.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/05/357-dimanche-voter-avec-le-portefeuille#rev-pnote-265-2" id="pnote-265-2">2</a>] <em>Que ça passe par vos impôts, la TVA que vous payez, ou votre participation aux bénéfices de nos entreprises nationales est un détail, ça vient de votre poche en dernier ressort.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/05/357-dimanche-voter-avec-le-portefeuille#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/265“Red Mars”, “Green Mars”, “Blue Mars” de Kim Stanley Robinsonurn:md5:0a40dae22e0533869c05c44ac1166a162007-06-01T07:47:00+00:002009-07-04T18:02:58+00:00ChristopheMarsauto-organisationcatastropheChinecivilisationcolonisationcommunismeconquête spatialecynismedilemmedémocratiedémographieeaueffet de serregigantismegéopolitiquehard scienceimpérialismeIndelibertélivres lusMarsmythenatureoptimismeouverture d’espritpessimismepolitiquepsychologieRésistancesciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsterrorismeténacitéutopieécologieéconomieémerveillementÉtats-Unisévolution<p>La Trilogie martienne est <ins>LA</ins> référence en matière de science-fiction réaliste sur la colonisation de Mars</p> <p>La trilogie <em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-1" id="rev-pnote-313-1">1</a>]</sup> est <em>le</em> livre de SF sur la colonisation et la terraformation de Mars. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Robinson</a> a effectué un travail de titan pour rendre plausible chaque étape du processus.</p>
<p>Les trois tomes se réfèrent aux trois étapes de la transformation de la planète en petit paradis :</p>
<ul>
<li>Encore vierge, Mars est rouge et hostile. Les humains y débarquent (les premiers, « les Cent », servent de fil conducteur aux livres) et s’installent petit à petit. Les effets de la terraformation ne sont pas encore visibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la montée des températures et l’apparition d’une véritable atmosphère dense, le lichen et les plantes se répandent, Mars devient verte. La colonisation devient massive, en provenance d’une Terre épuisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <em>permafrost</em> martien fond, l’eau liquide ne s’évapore plus, des mers apparaissent, et l’atmosphère devient enfin respirable : Mars devient bleue.</li>
</ul>
<p>Transformer aussi profondément une planète exige des centaines d’années au strict minimum. Pour couvrir la période entière en gardant les mêmes personnages, Robinson leur a offert la quasi-immortalité grâce aux progrès de la médecine. On suit donc « les Cent » au travers des trois tomes, de leurs premiers pas sur le caillou mort aux bains de soleil au bord de la nouvelle mer boréale. Robinson se concentre sur une dizaine d’entre eux, et certains de leurs descendants. Il ne lésine pas sur les introspections psychologiques et les analyses des rapports entre personnages. Cela est plaisant quand les relations interpersonnelles sont le reflet des nombreux affrontements politiques ou philosophiques qui traversent cette histoire de la colonisation martienne ; mais à d’autres moments le propos en est désagréablement alourdi (ces pavés sont pourtant déjà assez lourds).</p>
<p>Le plus intéressant, surtout pour un ingénieur et scientifique comme moi, réside dans l’arsenal de techniques déployées pour transformer le désert martien en contrée bucolique. Le mécanisme de base est similaire à l’effet de serre qui nous préoccupe tant sur Terre : l’atmosphère martienne est saturée de CO2 mais son épaisseur est trop faible. Tous les moyens seront donc bons pour ajouter du CO2. Certaines autres techniques utilisées pour gagner quelques degrés sont de la science-fiction pure, notamment la création d’une lentille orbitale pour concentrer les rayons du soleil.</p>
<p>Autre réalisation titanesque, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, l’invention qui ferait chuter le coût de la masse en orbite et rendrait enfin l’exploration spatiale bon marché. Quand ce câble qui monte littéralement jusqu’à l’espace est saboté et s’enroule autour de l’équateur martien, il provoque la plus impressionnante des « séquences catastrophes » de la trilogie.</p>
<p>La politique martienne démarre dès les premiers pas des Cent sur la planète. Très vite, les explorateurs sont divisés entre « Verts » (partisans de la terraformation) et « Rouges » (opposants, qui considèrent que Mars doit être préservée). Cette division perdurera chez les descendants et parmi les nombreux colons qui suivront. Politiquement et économiquement, Mars expérimente de nombreux systèmes : les villes naissantes gravitent dans le capitalisme caricatural des métanationales, tandis que les zones à peines habitées testent l’économie du don. De chacune des cités martiennes naîtra un modèle de civilisation différent ; diversité à laquelle les immigrés (y compris Arabes, Indiens, Chinois, Robinson n’est pas trop américano-centrique... ) ajouteront la leur, avec également leurs conflits.</p>
<p>La politique martienne ne se conçoit effectivement pas sans intervention terrestre. Quand ce ne sont pas les métanationales qui dictent leur loi, les nations les plus peuplées d’une Terre en plein chaos climatique exigent que leur population puisse se déverser dans la dérisoire soupape de sécurité martienne. Mais transférer une fraction significative de la population terrienne est illusoire, et le peu qui est possible saturerait déjà les capacités d’absorption de la jeune civilisation martienne, en la précipitant dans le chaos. En retour Mars, creuset politique et technologique, influence la Terre bien au-delà de sa petite population. Une fois la liberté acquise, qu’en faire ? L’isolationisme est tentant mais dangereux.</p>
<p>Bref, dans leur quête pour une planète habitable - et libre - les Martiens ne seront pas au bout de leur peine. Tout amateur de <em>hard science</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-2" id="rev-pnote-313-2">2</a>]</sup> un peu intéressé par la politique-fiction sera comblé.</p>
<p>Pinailleur comme je suis, j’aurais quand même quelques reproches à faire à la trilogie. Sur la forme, il y a quelques pages en trop sur les huit cents de chaque tome. Mais certains lecteurs apprécieront peut-être plus que moi les angoisses existentielles, voire amoureuses, des Cent, et voudront au contraire sauter les descriptions techniques.</p>
<p>Sur le fond, mon principal problème repose sur l’évolution de la Terre qui meurt. La trilogie a déjà dix à quinze ans (les parutions originelles datent de 1992 à 1996) et le futur a rattrapé partiellement la fiction. Dans cette fresque qui s’étale sur au moins deux siècles, la Chine et l’Inde semblent figées dans leur rôle prévisible dans les années 1990, futures superpuissances surpeuplées pas vraiment « mûres ». Or l’<a href="http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/POP910.doc.htm">ONU prévoie une stabilisation de la population mondiale avant 2100</a>, et le déclin démographique de la Chine est pour la prochaine génération : on peut être sûr que le futur ne sera <em>pas</em> comme prévu par Robinson. Surtout en 2300.</p>
<p>(Facile à dire, après coup. Faire de la prospective sans tomber dans le prolongement plus ou moins conscient des tendances actuelles est une mission impossible).</p>
<p>Les problèmes écologiques de la Terre semblent un peu artificiels. Robinson introduit de catastrophiques volcans antarctiques quand le réchauffement planétaire « normal » aurait suffi - mais en parlait-on autant en 1992 ?</p>
<p>Un trait américain de l’auteur surgit dans les révolutions martiennes (une dans le premier tome, une dans le second qui se prolonge dans le troisième) : les Martiens auront-ils vraiment envie de calquer leur histoire sur celle de la naissance des États-Unis ? Il est vrai que le rythme du récit y gagne.</p>
<p>En résumé : un gros pavé pour ceux qui aiment construire des mondes, et ne rechignent ni à la technique, ni à l’utopie. Un des monuments de la science-fiction récente dans ce qu’elle a de plus sérieux et fouillé. Quand je vois une carte de Mars, à présent, je rêve aux villes qui y seront peut-être un jour. Mon rêve est de me payer un voyage dans <em><a href="http://www.nirgal.net/valles.html">Valles Marineris</a></em> pour mon centenaire - sait-on jamais ?</p>
<hr />
<p>Autres sites sur cette trilogie :<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars">Article Wikipédia</a><br />
<a href="http://branchum.club.fr/mars.htm">http://branchum.club.fr/mars.htm</a><br />
<a href="http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html">http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-1" id="pnote-313-1">1</a>] <em>En français : </em>Mars la rouge<em>, </em>Mars la verte<em>, </em>Mars la bleue<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-2" id="pnote-313-2">2</a>] <em>Branche de la science-fiction la plus attachée à la plausibilité scientifique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/313Paritéurn:md5:70ff4881120ff0cca164279c4095f0692007-05-27T14:47:00+00:002009-01-25T11:17:31+00:00ChristopheRes publicadiscriminationdémographieoptimismepolitiquepérimé <p>La parité politique entre hommes et femmes est en marche, lentement et sûrement.</p>
<p>En tant que mâle, je réclame son application dans ma commune : sur la dernière brochure de présentation envoyée par la maire (suite à diverses dissensions au sein de sa majorité), la présentation des divers adjoints, délégués, missionnés, fait apparaître 6 femmes (plus la maire) pour 3 hommes : 33% d’hommes !</p>
<p>On va dire que pour le moment du moins, c’est un progrès.</p>
<p><strong>Ajout post-électoral</strong> : la maire n’a pas été réélue.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/27/350-parite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/314Démographie des électeurs du second toururn:md5:967ae49ebc0a1122715ce5e4c5888c632007-05-07T23:23:00+00:002011-04-03T12:24:20+00:00ChristopheRes publicadémocratiedémographieperspectivepolitiquepériméspéculation<p>Étude et contre-étude sur qui a voté pour qui au second tour de la dernière présidentielle.</p> <p>Dans la blogosphère se répand le lien vers une étude de l’IFOP<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-1" id="rev-pnote-307-1">1</a>]</sup> pour M6 effectuée du 26 au 27 avril 2007, entre les deux tours et avant le débat. <a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/JDD-PRESI20-28-04-2007-16263A.pdf">Elle se trouve sur le site de l’IFOP</a> et des commentaires sont lisibles par exemple sur le <a href="http://www.bigbangblog.net/breve.php3?id_breve=339">Big bang blog</a> (merci aux commentateurs d’ailleurs...). Prévoyant à 0,5 point près le résultat du second tour, avec une abstention correcte, ce sondage semble refléter la réalité.</p>
<p>Selon cette étude, <strong>toutes les catégories de classes d’âge auraient voté majoritairement Royal, sauf les plus de 65 ans, archi-majoritairement sarkozystes</strong> (voir la page 7). Conclusions faciles et immédiates :</p>
<ul>
<li>Sarkozy est le candidat des grand-mères effrayées et des petits vieux qui ne veulent pas que leurs enfants paient des droits de succession ;</li>
<li>la France se droitise par simple vieillissement ;</li>
<li>etc.</li>
</ul>
<p>Oui mais non.</p>
<p><a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/PM-PRESI21-30042007-16265.pdf">Regardez cette autre étude du même IFOP</a>, réalisée <em>les deux jours suivants</em> pour <em>Paris Match</em>. Là aussi échantillon de 926 personnes, même sondeurs, prédiction du résultat du second tour encore plus proche et... cette fois, toujours page 7, <strong>toutes les tranches d’âges votent majoritairement Sarkozy, sauf les plus jeunes !</strong></p>
<p>Plus drôle : en deux jours, <strong>Sarkozy aurait chuté de 12 points chez les plus de 65 ans</strong>, une catastrophe compensée par ses gains ailleurs !!!</p>
<p>Bref, si le résultat final (57/43) est bon, si la preuve est faite que les retraités penchent nettement plus pour l’UMP que leurs compatriotes plus jeunes (ça c’est un scoop !), il est difficile d’aller beaucoup plus loin avec un échantillon de moins de mille personnes. J’aime beaucoup la mention « <em>Effectifs inférieurs à 50 individus : résultats à interpréter avec prudence</em> » pour tout ce qui touche aux électeurs de Le Pen, et uniquement eux. <br />Et d’ailleurs, il n’y a <strong>aucun intervalle d’erreur nulle part</strong>. Grandiose ! Afficher des scores du genre 51±15% aurait fait plus honnête mais pas très sérieux envers des candidats ignares en statistiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-2" id="rev-pnote-307-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Autre découverte instructive de ces rapports : les taux de report des voix des candidats éliminés au premier tour (page 8 du premier sondage, page 9 du second). Si on sait depuis longtemps<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-3" id="rev-pnote-307-3">3</a>]</sup> que les voix de Bayrou se sont réparties équitablement avec un léger avantage à Ségolène, je trouve ironique que celle-ci profite d’une part non négligeable des voix lepénistes (mais là aussi les deux rapports divergent de 11 points !), et totalement hilarant que 1 ou 2% de l’électorat des deux derniers candidats change de camp entre les deux tours ! Séguéla a fait manifestement des émules.</p>
<p>Avant de clore cette parenthèse politique et de reprendre le fil de nos émissions sur des thèmes plus intemporels, je voudrais signaler un dernier lien : <a href="http://trentaineordinaire.free.fr/">Jid</a> a calculé que <strong><a href="http://trentaineordinaire.free.fr/index.php/2007/05/07/321-petite-reflexion-politique-et-numerique">Sarkozy n’a gagné qu’avec 50,8% des voix</a></strong>. Il suffisait de tenir compte des bulletins blancs et nuls (qui ne sont <em>pas</em> de l’abstention). Tout de suite, la victoire de Sarko paraît moins impressionnante...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-4" id="rev-pnote-307-4">4</a>]</sup></p>
<p><strong>Mise à jour du 9 mai</strong> : Les sujets anti-Sarkozy plaisent à la blogosphère : ce billet a bénéficié d’un lien depuis <a href="http://rezo.net/">rezo.net</a> et, si j’en crois mes stats, une majorité écrasante de mon trafic venait hier de ce portail ! Il va falloir que je continue les sujets racoleurs pour fidéliser ce lectorat.</p>
<p><strong>Deuxième mise à jour du 9 mai</strong> : <a href="http://www.csa-fr.com/dataset/data2007/opi20070506-les-electorats-de-nicolas-sarkozy-et-de-segolene-royal-au-second-tour-et-l-apres-presidentielle.htm">Le CSA a fait un autre sondage</a> qui est un peu un mélange des deux de l’IFOP... Les moins de 50 ans alternent (violemment !) leurs préférences entre chaque tranche, et les plus de 50 ans ont voté plus ou moins massivement pour Sarkozy.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-1" id="pnote-307-1">1</a>] <em>Dont la patronne <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Parisot">Laurence Parisot</a> dirige aussi le MEDEF ; le biais éventuel a peu de chance d’être favorable à Ségolène Royal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-2" id="pnote-307-2">2</a>] <em>Si j’en crois leur engueulade à propos du pourcentage de l’électricité nucléaire en France.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-3" id="pnote-307-3">3</a>] <em>Au moins 24 h !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-4" id="pnote-307-4">4</a>] <em>Je sais, c'est petit ; on se console comme on peut.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/307Et m...urn:md5:6ba0debb161a04ee9fd34e6e166a85562007-05-06T19:48:36+00:002007-05-06T20:08:00+00:00ChristopheRes publicadommagedémocratiepessimismepolitiquepérimé <p>Y a pas eu de miracle...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/06/342-et-m#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/306Ségo vs Sarko à chaudurn:md5:e3494febbb96cefc538c2096ed4585cb2007-05-03T00:00:00+00:002011-03-29T20:36:21+00:00ChristopheRes publicadémocratiefoutage de gueulepolitiquepériméutopie<p>Résumé à chaud d’un duel présidentiel</p> <p>Rien à voir avec l’ambiance détendue du Bayrou-Ségolène de samedi dernier. Là, c’est du pilonnage mutuel lourd.</p>
<p>L’une veut faire sérieuse et compétente : veste noire, chemise blanche, et elle démarre d’entrée en assénant des chiffres. L’autre ne veut pas qu’on lui reproche d’être un énervé, et j’ai bien senti parfois qu’il faisait un effort pour se maîtriser.</p>
<p>Les chiffres volaient bas, ils sont évidemment totalement invérifiables pour le téléspectateur de base. Les deux ont exercé récemment des responsabilités et ont dit beaucoup de bêtises provocantes l’un et l’autre, en traînant les casseroles des prédécesseurs de leur camp qu’ils ont écartés à coup de pied. <br />Les vacheries attendues et parfois faciles ont fusé (bizarrement souvent sans réponse). Les interruptions mutuelles fréquentes contrastaient violemment avec le débat totalement soporifique de 1995. Démonstration est faite que l’on n’interrompt pas Ségolène Royal - quoiqu’elle fatiguait sur la fin. Et que les réparties de Sarko sont mortelles.</p>
<p>J’ai été très amusé par les idées qu’ils se sont piquées mutuellement... Ségolène parle réduction du déficit et évoque Angela Merkel ; Sarkozy milite pour l’écologie et en appelle à Zapatero : ça étonne. (Quoique j’ai toujours pensé d’ailleurs que le mieux serait un programme de gauche/droite exécuté par un gouvernement de droite/gauche. Ou plutôt que l’on devrait voter séparément pour les hommes et les programmes (voir les référendums suisses).) <br />J’attendais que Sarkozy réponde au moins une fois « non, j’ai pas pu faire ci ou ça quand j’étais au gouvernement parce que je n’étais pas Premier Ministre et que le Vieux m’a pas laissé faire ! » ou que Ségolène hurle « ne tenez pas compte des bêtises sur les riches qu’a sorties mon conjoint, nous ne sommes pas d’accord sur tout, et d’ailleurs il dort sur le divan depuis ! »... Mais non. Dommage.</p>
<p>Idem, les défauts des uns et des autres s’échangent, Sarkozy reproche à Ségolène de s’énerver, alors que c’est plutôt à lui que l’on prêtait le point faible. <br />À presque 23 h, le <em>clash</em> attendu a eu lieu sur le thème des enfants handicapés (pourtant consensuel - <em>justement</em> parce que consensuel ?), avec insultes de « menteur » et de « sectaire ». Piège de Sarko ? Colère de Ségolène feinte ou sincère ? En tout cas, il se reprend bien, Sarko - après tout c’est la qualité première de tout avocat. Riposte un peu brouillonne après réflexion de Ségo - et elle accuse le choc<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#pnote-203-1" id="rev-pnote-203-1">1</a>]</sup>. Les journalistes ressortiront peut-être encore la colère de Ségolène dans 10 ans : « Comment elle a perdu la présidentielle. »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#pnote-203-2" id="rev-pnote-203-2">2</a>]</sup></p>
<p>Sarkozy plutôt concret, Ségolène plutôt bonnes intentions. Après tout, le monde a toujours été comme ça : les uns réclamaient l’abolition de l’esclavage, les autres démontraient que c’était irréaliste. Thèse, antithèse, <del>fouthèse</del> synthèse, et chaque demi-siècle.</p>
<p>D’Arvor<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#pnote-203-3" id="rev-pnote-203-3">3</a>]</sup> et Chabot me semblaient totalement dépassées, les deux candidats discutant entre eux sans trop répondre aux questions. Dans un sens c’est normal, le détenteur du pouvoir suprême n’ayant pas forcément à s’aplatir devant un journaliste ; et c’est aussi habituel, les journalistes français sont connus pour être des carpettes (j’entends rarement des questions gênantes, et jamais d’insistance quand un politique donne délibérément une réponse évasive ou hors-sujet). La mode des questions posées par des téléspectateurs avait d’ailleurs réduit d’Arvor au rôle de porte-micro depuis le début de l’année.</p>
<p>Juste trois morceaux au vol :</p>
<blockquote><p><strong>Ségolène</strong> : « Pas de collège de plus de 600 élèves. Pas plus de 17 élèves par classe. »</p></blockquote>
<p>Chiche ! Avec les profs qui feront leurs 35 h à demeure au lycée, les frais immobiliers de l’Éducation Nationale vont s’envoler.</p>
<blockquote><p><strong>Sarkozy</strong> : « Travailler plus pour gagner plus, <em>sur la base du volontariat</em>. »</p></blockquote>
<p>Chiche ! Je veux bien perdre 2 ou 3 RTT, <em>si</em> je choisis - mais j’ai plus besoin de temps que d’argent. Or en SSII, vue la marge brute faite sur le salarié de base, la tentation de le faire bosser à fond sera grande. Et ma douce a deux heures sup de cours par semaine qu’elle n’a pas eu le choix de refuser. Au passage, nous ne pointons pas.</p>
<blockquote><p><strong>Sarkozy</strong> : « Toutes les femmes doivent avoir un mode de garde pour leur enfant. »</p></blockquote>
<p>Chiche ! - Et pourquoi les femmes d’ailleurs ?</p>
<blockquote><p><strong>Sarkozy</strong> : « Je ne leur mentirai pas [aux électeurs]. »</p></blockquote>
<p>Dangereux, au moindre accro...</p>
<p>Bon, je savais déjà ce que je voterai dimanche, mais sans plus d’enthousiasme qu’avant ce débat...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#rev-pnote-203-1" id="pnote-203-1">1</a>] <em>D’un autre côté, on n’a pas à élire un président uniquement sur son sens de la répartie.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#rev-pnote-203-2" id="pnote-203-2">2</a>] <em>Ce qui supposerait une chance réelle de la gagner. Mouais.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#rev-pnote-203-3" id="pnote-203-3">3</a>] <em>Le sujet du renouvellement de la classe politique a d’ailleurs éclipsé celui des journalistes : d’Arvor commentait déjà la politique française à ma naissance, et ne va s’arrêter que lorsque mon fils sera assez grand pour comprendre un peu les enjeux politiques. (<strong>Note de 2011</strong> : Ah ben non, c’est râpé pour lui, il est à la demi-retraite.)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/03/341-sego-vs-sarko#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/203Je déteste...urn:md5:46b62a88cd804f2d720b55e49325264d2007-04-28T22:08:00+00:002011-03-29T17:12:07+00:00ChristopheMoi, ma vie, mon egoargentfoutage de gueulehainepolitiqueécologieéconomie de l’attention<p>(Liste à la Prévert.)</p> <p>Je déteste :</p>
<ul>
<li>les clients qui ne répondent pas aux mails destinés à les dépanner (problème « bloquant » paraît-il) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les gens qui répondent à une seule des trois questions posées dans un mail ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les échanges d’informations entre collègues membres d’un même projet, réparties aux six coins de l'hexagone, communiquant aux trois quart par téléphone sans trace écrite ;</li>
</ul>
<ul>
<li>avoir à la maison du matériel dix fois plus performant qu’au boulot - une constante où que je sois, mais en ce moment c’est caricatural : deux fois plus de gigahertz et de <em>cores</em>, deux fois plus de disque dur, cent fois plus de bande passante réseau ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les éditeurs qui rappellent en direct le client, en contournant le commercial de SSII qui a fait toute l’avant-vente du projet dont leur outil n’est qu’une brique ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les <a href="http://www.oracle.com/">grosses boîtes</a> qui rachètent une <a href="http://www.sunopsis.com/corporate/index_fr.htm">petite boîte très sympa</a>, française de surcroît, dont <a href="http://www.sunopsis.com/corporate/fr/products/sunopsis/snps_dc.htm">le logiciel est un bijou</a>, qui le renomment, le relookent à peine, et en font exploser le prix de licence ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les administrateurs réseaux qui modifient les IP de leurs machines et ne diffusent que ces nouvelles IP... DNS ? Connais pas ! (« dites les gars, votre serveur GC53_X2, à présent ce sera 156.233.1.66 »)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/28/320-je-deteste#pnote-276-1" id="rev-pnote-276-1">1</a>]</sup> ;</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/04/17/321-je-hais-notes">Lotus Notes</a> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>l’été qui arrive avec trois mois d’avance ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les meubles en kit d’Ikéa, dont le plan lui aussi est en kit (puisque pour un meuble il y a deux ou trois options et que chaque élément doit être récupéré indépendamment dans les entrepôts du fournisseur) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>avoir besoin de plusieurs jours de décompression en début de vacances avant de pouvoir commencer n’importe quoi de sérieux ;</li>
</ul>
<ul>
<li>ne pas avoir le temps de lire tous les magazines auxquels je suis abonné, et en souffrir, en sachant que me désabonner me ferait encore plus mal (et je ne parle pas des flux RSS) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les tranches des bandes dessinées qui changent parfois deux fois dans la vie d’une collection (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/07/200-rayons-de-bd-depareillees">ah, je me répète</a>) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les ordinateurs qui chauffent trop l’été pendant les canicules ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les moustiques qui gâchent toute la joie d’avoir un jardin ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la vitesse de croissance de <del>ma pelouse</del> mon herbe, et, pire, des troènes ;</li>
</ul>
<ul>
<li>les résultats du premier tour, et (par avance, sauf coup de théâtre) les résultats de l’élection du 6 mai prochain.</li>
</ul>
<p><em>À suivre...</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/28/320-je-deteste#rev-pnote-276-1" id="pnote-276-1">1</a>] <em>Non, pas dans ma boîte ; chez un client.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/28/320-je-deteste#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/276Bon ben dommage...urn:md5:da490f5eb179e6810faf9ad893b1293d2007-04-22T20:01:00+00:002007-04-22T20:07:23+00:00ChristopheRes publicadommagedémocratiepessimismepolitiquepérimé <p>Au moins le borgne s’est ramassé, c’est toujours ça.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/22/327-bon-ben-dommage#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/286“If liberty means anything at all...”urn:md5:dd98e8b1186f24982be02786a7a5c8db2007-02-06T16:12:00+00:002010-11-24T07:24:20+00:00ChristopheScience et consciencecitationdémocratielibertéperspectivepolitique <blockquote><p>“<em>If liberty means anything at all<br />it means the right to tell people what they do not want to hear.</em>”
<br /> <br />
(« Si le mot liberté a un sens, <br />c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre. »)</p>
<p>
George Orwell, <em><a href="http://home.iprimus.com.au/korob/Orwell.html" hreflang="en">Freedom Of The Press</a></em> (<em><a href="http://membres.lycos.fr/mgrunert/orwell.htm">La liberté de la presse</a></em>),<br />préface censurée à <em><a href="http://www.online-literature.com/orwell/animalfarm/" hreflang="en">Animal Farm</a></em> (<em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferme_des_animaux">La Ferme des Animaux</a></em> [<a href="http://www.ebooksgratuits.com/pdf/orwell_ferme_des_animaux.pdf">PDF</a>], 1945)</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/02/06/310-if-liberty-means-anything-at-all#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/282« L’Empire de l’Atome» et « le Sorcier de Linn » d’A.E. Van Vogturn:md5:5bdab5c63fdf4693c888ea749fc40c242006-12-13T22:24:00+00:002009-05-10T11:16:47+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiqueextraterrestresguerreimpérialismelivres lusmagiepolitiquereligionsciencescience-fictionspace opera<p>Un vieux clas­si­que sur une étrange civi­li­sa­tion qui mélange arcs et flè­che et navi­ga­tion inter­pla­né­taire.</p> <p>Quel­ques mil­liers d’années dans notre futur, la Terre est enfin réu­ni­fiée au sein de l’Empire de Linn : un étrange État basé sur la force et l’escla­vage, où la guerre con­tre Mars se mène avec des épées, des arcs et des lan­ces, mais où les dépla­ce­ments s’opè­rent en astro­nef inter­pla­né­taire (il fau­dra accep­ter le para­doxe) ; une civi­li­sa­tion où la science n’est plus, et ce qui en reste est aux mains des prê­tres de l’atome, ado­ra­teurs d’Ura­nium, Plu­to­nium et con­sorts (le livre date des années 50 et est là mar­qué par les préoc­cu­pa­tions de son épo­que) ; un monde qui mani­fes­te­ment sort d’une période de bar­ba­rie suite à l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion inter­pla­né­taire bien long­temps aupa­ra­vant.</p>
<p>La belle-fille de l’Empe­reur accou­che d’un fils mutant, aux os défor­més. Con­tre toute attente, l’enfant est laissé en vie, et un vieux sage prend son édu­ca­tion en main. Le petit Clane, en marge de la Cour minée par les intri­gues poli­ti­ques, gran­dit alors et devient un des prê­tres de l’atome. <br />Au moment où il com­mence à accu­mu­ler un savoir et un pou­voir tech­ni­que immen­ses, pio­chés dans les rui­nes des anciens dis­pa­rus, il est forcé de s’impli­quer dans les sor­di­des com­plots de la Cour. Puis défer­lent des enva­his­seurs bar­ba­res des lunes de Jupi­ter. Ils ne repré­sen­tent que le pre­mier des dan­gers mor­tels que le « Sor­cier de Linn » va évi­ter à son peu­ple.</p>
<p>Ce cycle en deux tomes est du pur Van Vogt. L’action est très réduite, les batailles sont rela­tées plus que décri­tes, tout est dans le rai­son­ne­ment. Les per­son­na­ges réflé­chis­sent beau­coup et se com­por­tent de manière pres­que trop ration­nelle (l’enva­his­seur Czinc­zar capi­tule sur le champ en cons­ta­tant la puis­sance de Clane, de la même manière qu’un joueur d’échec aban­donne après la perte de sa dame). On retrouve le mythe du « surhomme » à la Van Vogt, c’est-à-dire celui que le savoir et la for­ma­tion intel­lec­tuelle ren­dent pres­que invin­ci­ble (voir le Gos­seyn du <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo1">Monde des Ã</a></em> ou le savant nexia­liste de la <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo10">Faune de l’Espace</a></em>, deux autres très bons clas­si­ques du même auteur).</p>
<p>La for­ma­tion de Clane et le jeu des intri­gues poli­ti­ques mou­che­tées ou mor­tel­les de la Cour sont bien sûr les par­ties les plus inté­res­san­tes. Inté­res­sante éga­le­ment la décou­verte de la civi­li­sa­tion des Riss et les rai­sons et con­sé­quen­ces de l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion pré­cé­dant celle de Linn. <br />Mais la fin de cha­cun des deux tomes est trop vite expé­diée : le mutant dégaine son atout et l’adver­saire capi­tule. Un peu frus­trant. Les per­son­na­ges secon­dai­res (la famille de Clane notam­ment) sont trop peu déve­lop­pés. Un roman assez froid donc (comme tout Van Vogt), et qui plaira à des gens comme moi ainsi qu’aux ama­teurs d’échec et de clas­si­ques de SF.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/260Ségolène et la vidéourn:md5:f0524a64c341fa87656fab92b15b1b5d2006-11-12T22:21:00+00:002010-11-15T21:17:39+00:00ChristopheRes publicacoup basdémocratieenseignementfoutage de gueulepolitiquepériméutopie<p>Ça y est, moi aussi je me laisse gagner par la bulle médiatique autour de notre Zapatera nationale.</p> <p>Fils, re-fils, mari de prof, petit-fils d’instit, et moi-même pur produit (sur deux ou trois générations) du meilleur de l’Éducation Nationale, je connais le milieu et je me sens un peu concerné. (Et si je n’ai jamais voulu faire prof’, à quelque niveau que ce soit, ce n’est pas seulement parce que j’en ferais un pitoyable.)</p>
<p>En vitesse : j’ai trouvé <a href="http://petaramesh.org/2006/11/10/488-trop-des-copains-elle-va-se-faire-">la fameuse vidéo sur Ashram de Swâmi Petaramesh</a>. Un commentaire indique une <a href="http://www.49avecsego.org/blog/index.php?2006/11/10/53-la-fin-de-l-intervention-sur-les-enseignants-a-angers">version complète non montée (c’est-à-dire avec la fin !) sur un site pro-Ségolène</a>. Une version <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-4328081821493193533">« encore plus complète » traîne sur Google Vidéo</a>.</p>
<p>Ce qu’elle dit en résumé ; mes commentaires succincts sont en italiques :</p>
<ul>
<li><strong>C’est au collège que tout dérape</strong> ;
<ul>
<li><em>Ça se discute, pas mal de problèmes datent du primaire puisque nombre de gamins arrivent en sixième sans savoir lire ; mais il faut agir là </em>aussi<em> bien sûr. Je voudrais être sûr que ce ne soit pas </em>la<em> seule mesure. J’aimerais beaucoup connaître les autres d’ailleurs.</em><br /><br /></li>
</ul></li>
<li><strong>Il faudrait que les professeurs de collège fassent leur 35 h de présence au collège</strong>, pour pouvoir faire plus de soutien ;
<ul>
<li><em>Pourquoi pas ? Mais comme souvent commenté chez Ashram, la création d’un bureau par prof dans chaque collège va coûter très cher, et je ne parle pas des ordinateurs que beaucoup d’entre eux utilisent pour faire leurs cours (au passage j’aimerais bien récupérer le mien la moitié des soirs en période scolaire...)</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video#pnote-243-1" id="rev-pnote-243-1">1</a>]</sup><em>. Celui qui dit que le travail de préparation peut se faire uniquement le mercredi ou pendant les vacances ne connaît rien au système.<br />Connaissant le fonctionnement de l’ÉN, <strong>rien qu’à cause de ce problème immobilier, même si l’idée se défend, je ne crois pas une seconde à sa réalisation</strong>.</em><br /><em>(Et puis, avec avec dix-huit ou vingt heures de cours plus le soutien : les cours se préparent comment ?)</em><br /><br /></li>
</ul></li>
<li><strong>Il est bizarre qu’ils aient le temps de faire du soutien rémunéré pour des sociétés de soutien scolaire privées gratuites, et pas pour du soutien gratuit sur leur lieu de travail</strong>.
<ul>
<li><em>Ce qui sous-entend que ce soutien privé est fait sur le temps de travail, et c’est très spécieux. <br />Le prof’ de base fait en gros vingt heures de cours (dix-huit heures pour un certifié, plus heures supplémentaires payées mais pas facultatives), ceci en supposant deux heures de travail pour une heure devant les élèves : les cours ne se préparent pas tous seuls et les copies doivent être corrigées. Évidemment, c’est une base, et le fossé est immense entre le vétéran d’un bon lycée installé aux cours identiques depuis dix ans, et le nouveau qui hérite de six classes différentes sur quatre niveaux dans un établissement difficile où le moindre poly doit être pré-mâché à des élèves incapables de prendre des notes.<br />Il faut voir aussi quelle proportion fait des cours particuliers, dans quelle amplitude, ils sont très minoritaires si j’en crois mon échantillon. Et si ceux-ci ont envie de passer du temps supplémentaire à faire des cours particuliers, pourquoi serait-il fait à l’œil ? Raffarin avait bien dit que celui qui veut gagner plus doit pouvoir travailler plus.</em></li>
</ul></li>
</ul>
<p>(Qu’on ne me demande en retour pas mes solutions miracles pour purger le système ; mon côté élitiste ressortirait de manière beaucoup trop nette. Le mammouth a besoin d’un sérieux dégraissage mais la solution passe plus par changer sa tête, qui ne change pas avec les élections, et ce qui y entre que ses muscles, aux 35 h ou pas.)</p>
<p>On ne relèvera pas l’élégance du procédé de diffuser des réunions informelles sur le web. D’une part il est bon de savoir l’opinion d’un candidat sur tel ou tel sujet, d’autre part tout le monde a le droit de lancer des idées et de changer d’avis plus tard sans que ce soit enregistré par Google jusqu’à la fin des temps. De toute façon ce ne sera jamais elle <em>la</em> Ministre de l’Éducation Nationale.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video#pnote-243-2" id="rev-pnote-243-2">2</a>]</sup></p>
<p>Les commentaires des différents blogs sur le sujet sont assez rigolos à lire également ; on sent que les uns se sentent attaqués et ne veulent pas lâcher un pouce (réflexe d’une profession qui en a marre de se faire traiter de fainéants par élèves, parents et ses supérieurs), tandis que d’autres prennent les paroles de Royal comme le début d’une véritable vengeance longtemps attendue. Une atmosphère très propice aux échanges constructifs...</p>
<p>Bref, je ne sais pas trop ce que ça donnera pour Ségolène. Ce qui est un coup bas en vue de lui faire perdre les primaires au PS (parti des profs) ne sera au total pas forcément une mauvaise opération, elle va gagner ailleurs les voix des profs furibards qu’elle perdra... voix qui de toute manière se reporteront rarement sur Sarkozy.</p>
<p>Pour le moment, aucun commentaire de Ségolène, elle a juste envoyé sa garde rapprochée tâter le terrain (Dray, Montebourg...). Elle passe sur une radio demain matin, ça promet...</p>
<p>PS : Encore un billet que je voulais <em>express</em> sur un thème (les élections) que je ne voulais pas aborder à cause de sa fugacité, et j’ai déjà perdu plus d’une heure dessus...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video#rev-pnote-243-1" id="pnote-243-1">1</a>] <em>Il est à peu près sûr que les élèves auront tous leur portable dernier cri payé par leur Conseil Général alors que le prof’ de base paiera ordinateur (et licences s’il veut rester dans la légalité !) de sa poche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video#rev-pnote-243-2" id="pnote-243-2">2</a>] <em>D’ailleurs, j’aimerais bien que les candidats présentent leur gouvernement s’ils sont élus, histoire d’avoir une idée sur qui réalisera </em>vraiment<em> les promesses. Politiquement irréaliste... en France. Les Anglais par exemple ont depuis longtemps un <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Shadow_Cabinet" hreflang="en">gouvernement fantôme</a> de l’opposition où les principaux postes en cas de renversement sont déjà attribués.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/12/273-segolene-et-la-video#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/243« La France ne peut accueillir toute la misère du monde... »urn:md5:0401d854856bf9b985d3602c2f988d202006-08-06T18:40:00+00:002010-11-01T18:51:04+00:00ChristopheCitationscitationHistoire de Francejusticepolitiquesolidaritéutopie <blockquote><p>« La France ne peut accueillir toute la misère du monde,<br /> mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. »<br /><br />Michel Rocard, 1990</p></blockquote>
<p>Voir aussi ce texte du même dans Le Monde, 1996, toujours d'actualité : <a href="http://www.bok.net/pajol/rocard.html">http://www.bok.net/pajol/rocard.html</a>, où l'ancien Premier Ministre se plaint que seule la première partie soit reprise, pour légitimer des lois qu'il désapprouve.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/06/196-la-france-ne-peut-accueillir-toute-la-misere-du-monde#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/175« Kaputt » de Malaparteurn:md5:d08bd21cd360e4f4a0307855a98566442006-06-20T21:25:00+00:002010-10-31T11:17:10+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshistoirelivres luspessimismepolitiqueracismeRésistanceSeconde Guerre Mondialetotalitarisme<p>Un livre « gai et cruel » sur la Seconde Guerre Mondiale, écrit à chaud du point de vue italien.</p> <p><em>(Ce billet est déjà paru il y a quelques temps sur la liste <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9">Quoide9</a>.)</em></p>
<p><a href="http://ceciledequoide9.blogspot.com/">Cécile</a> m’avait conseillé ce livre il y a un bout de temps, et après son temps d’attente réglementaire sur mes étagères surchargées, j’ai découvert les péripéties autobiographiques de Malaparte, Italien envoyé au contact des Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale, rédigées par morceaux en différents pays, rassemblées presque par miracle par la suite.</p>
<p>Ce livre a un intérêt énorme : il est paru pendant la guerre (1943), donc « à chaud », sans que l’auteur connaisse « la fin », et alors que la « solution finale » d’Hitler sortait tout juste des cartons. Déjà pourtant ce ne sont que massacres, pogroms, boucheries. De plus, Malaparte, correspondant de guerre, était aux premières loges, dans le camp italo-allemand - même si on sent qu’intérieurement il bout. D’ailleurs, il a rejoint les troupes alliées dès le début de la libération de l’Italie. Enfin, il parle plus du front de l’Est que d’ailleurs, front qu’en France on connaît bien moins que le <em>D-Day</em>.</p>
<p>La moitié du récit se déroule dans les salons de Cracovie, Rome ou Stockholm, et entre gens de la « haute » : gouverneurs allemands, princes espagnol et suédois, princesse Hohenzollern, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Galeazzo_Ciano">gendre de Mussolini</a>, ambassadeur français, et ministre finlandais. On y croise <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Himmler">Himmler</a> à poil.</p>
<p>Entre vins fins et gibier, on discute des aventures scabreuses de la fille de Mussolini ; les Allemands se glorifient de leur culture, de la
manière dont ils relèvent la Pologne, et de la miséricorde avec laquelle ils traitent les Juifs ; on amoncelle les jugements définitifs et
péremptoires (cela devient très vite agaçant).</p>
<p>L’autre moitié, ce sont une ville roumaine sous les bombes et en plein pogrom ; des tranchées finlandaises lors du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Léningrad#Si.C3.A8ge_de_1941_.C3.A0_1944">siège de Léningrad</a> ; le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ghetto_de_Varsovie">ghetto de Varsovie</a> où les Juifs meurent comme des mouches, et où demander « pardon » aux gens bousculés un miracle ; un gamin russe qui répond à l’Allemand qui va l’exécuter que son œil de verre est le seul à avoir une lueur d’humanité ; la peur panique des tankistes allemands quand apparaissent des chiens russes (dressés à se glisser sous les tanks, une bombe sur le dos) ; des Juives roumaines forcées à se prostituer pour les troupes allemandes, et liquidées après un temps d’usage...</p>
<p>Un livre à vous casser le moral, « gai et cruel » dit l’auteur. Cruel parce qu’il raconte une suite d’horreurs, et gai parce que sinon on devient fou.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/20/172-kaputt-de-malaparte#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/155Des versions originales des citations (5) : la Tour de Babelurn:md5:825178b520a28d736ec1220c98be994e2006-06-15T22:32:00+00:002010-10-31T09:36:12+00:00ChristopheCitationscitationcynismeGuerre de Cent Anshistoirehumourlanguesouverture d’espritpolitiqueponctuationquête<p>Les citations en langues étrangères ajoutent des difficultés supplémentaires dans la recherche de la source originale, même dans des langues connues.</p> <p>La recherche de la version originale n’est pas toujours une sinécure. Je peux facilement « rétro-traduire » quelques mots clés d’une version française d’une boutade d’Oscar Wilde ou d’une réflexion de Goethe (domaine public), les soumettre à Google, et espérer trouver <em>la</em> version originale, à recouper bien sûr. Pour du Umberto Eco ou du Borges (plus récents), je dois me rabattre sur le livre.</p>
<h3>Anglais, allemand, polonais...</h3>
<p>Encore ces auteurs écrivent-ils dans une langue que je peux espérer lire : je parle anglais et allemand, et je peux espérer me retrouver dans un texte en une langue latine ou germanique, car je sais ce que je cherche et je compare avec la version française. Les traducteurs en ligne existent également pour ces langues courantes.<br />C’est plus délicat mais encore faisable avec les langues slaves, dont le vocabulaire de base m’est totalement étranger, par exemple celle-ci, dont il ne faut pas me demander à froid dans quelle langue elle est<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-1" id="rev-pnote-147-1">1</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>”Nie lubię wymiany poglądów. Zawsze na tym tracę.”<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-2" id="rev-pnote-147-2">2</a>]</sup><br />(Je n’aime pas les échanges d’idées - je suis toujours perdant !)<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-3" id="rev-pnote-147-3">3</a>]</sup><br /> <br /><a href="http://pl.wikipedia.org/wiki/Antoni_S%C5%82onimski" hreflang="pl">Antoni Słonimski</a></p></blockquote>
<p>Pour le japonais, l’arabe, le chinois, le grec ancien ou pas... je suis condamné à rechercher un locuteur et à lui faire confiance. Se posent ensuite d’intéressants problèmes techniques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-4" id="rev-pnote-147-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Quand on ne sait même pas la langue</h3>
<p>Certains auteurs un peu <strong>cosmopolites</strong> posent problème : il se sont exprimés dans plusieurs langues. Pour <strong>Kundera</strong> (qui a écrit en <del>albanais</del> tchèque comme en français), la question se règle en cherchant la mention du traducteur sur la page de garde du livre ou dans le catalogue. <br />Pour <strong>Einstein</strong> (citoyen suisse, puis allemand, puis américain), la question est plus délicate. Avec de la chance on peut espérer faire remonter une citation à un de ses ouvrages, mais on double l’espace de recherche. Quant à <strong>Catherine II de Russie</strong>, allemande francophone russifiée...</p>
<h3>Quand la VO n’existe pas</h3>
<p>Un cas gênant est l’auteur qui s’exprime dans sa langue face à des <strong>journalistes qui traduisent en français</strong> ; la version originale est à jamais inaccessible, comme ici :</p>
<blockquote><p>« Mais en 1897 - et en 1947 pas davantage -, aucun écrivain de SF ne nous a montré cette désolation que nous avons nous-même créée. Nous étions trop occupés par les invasions extraterrestres et les attaques nucléaires, ces fausses apocalypses, pour voir que les promoteurs et leurs bulldozers dévastaient le monde qui nous entoure. »<br /> <br />Dan Simmons, conférence aux <em>Galaxiales</em> de Nancy, 1997</p></blockquote>
<p>Encore ce cas ne comprend-il qu’une seule traduction vers la langue « principale » de mon site. Si je lis dans le <em><a href="http://www.spiegel.de/" hreflang="de">Spiegel</a></em> (magazine allemand) une interview exclusive de Woody Allen (anglophone), que dois-je ajouter sur mon site ? La version allemande (qui n’est pas originale) suivie de <em>ma</em> traduction en français ? Uniquement ma traduction ?</p>
<h3>Quelle version de la langue ?</h3>
<p>Je classe également dans les problèmes de traduction la <strong>transposition du vieux français</strong>. La langue s’est à peu près figée après 1700, mais Molière pose quelques problèmes d’orthographe, et il faut littéralement traduire <em>Tristan et Iseult</em> (XIIè siècle). Voici un bon exemple de ce qui est à la limite de la compréhension<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-5" id="rev-pnote-147-5">5</a>]</sup> :</p>
<blockquote><p>« Si avons nous beau monter sur des eschasses, car sur des eschasses encores faut-il marcher de nos jambes. Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes nous assis, que sus nostre cul. » <br /> <br />Montaigne, <em>Essais</em>, III, XIII</p></blockquote>
<p>Le problème est plus épineux dans l’autre sens. J’ai rencontré, je ne sais plus où, cette manifestation du désespoir du chef de guerre écrasé par l’adversaire :</p>
<blockquote><p>« Ouvrez, ouvrez, châtelain, c’est l’infortuné roi de France ! »<br /> <br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_VI_de_France">Philippe VI de Valois</a>, après le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Cr%C3%A9cy">désastre de Crécy</a> (26 août 1346), selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Froissart">Froissart</a></p></blockquote>
<p>Les œuvres de l’écrivain et historien<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#pnote-147-6" id="rev-pnote-147-6">6</a>]</sup> Froissart sont disponibles sur <a href="http://gallica.bnf.fr/">Gallica</a>, mais sous forme de simples images, même pour les versions éditées et dactylographiées des siècles plus tard. Quand bien même le texte serait numérisé, je ne saurai même pas <strong>comment <em>traduire</em> en français du XIVè siècle</strong> la version moderne ci-dessus pour la rechercher. Lire quelques pages des chroniques de Froissart dans le texte est formateur mais très long et pénible, la langue a trop évolué depuis.<br />Encore une recherche qui attendra ma retraite, les progrès de Google dans l’indexation généralisée du savoir humain, ou (coup de bol) la rencontre avec un médiéviste.</p>
<h3>Erreurs de traduction</h3>
<p>Il faut se méfier aussi des <strong>citations trop belles</strong> qui ont pu être déformées, notamment lors d’une traduction. Celle-ci est un exemple mineur (la citation originelle a gardé son intêrêt mais je préfère la mauvaise traduction française) :</p>
<blockquote><p>“In politics the choice is constantly between two evils.”<br />(« En politique il faut toujours choisir entre deux maux. »<br />Version française courante : « La politique est un domaine où il faut constamment choisir entre deux gaffes. » )<br /> <br />John Morley<br /> <br /></p></blockquote>
<p>Je vais faire des recherches sur l’exemple suivant, et je prie pour que ce soi-disant proverbe chinois soit authentique :</p>
<blockquote><p>« Le cerisier qui fleurit en hiver est un imbécile. »<br /> <br />Proverbe chinois ?</p></blockquote>
<p>Enfin, signalons un dernier problème quand on part d’une citation étrangère : la traduction n’est pas forcément de la tarte. Un personnage comme Churchill prenait plaisir à utiliser chaque nuance de l’anglais, et mon dictionnaire déclare parfois forfait. Quant à Shakespeare qui joint la richesse d’un vocabulaire parfois exclusif à une langue vieille de plusieurs siècles, je ne tenterais même pas... (Encore lui a-t-il été traduit intégralement.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-1" id="pnote-147-1">1</a>] <em>Après réflexion, ce serait bien du polonais, ce que confirme Wikiquote.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-2" id="pnote-147-2">2</a>] <em>On notera qu’ici se pose également le problème de savoir sous quelle forme se mettent les guillemets : à la française, à l’allemande, à l’anglaise ? Non, en polonais comme chez les Scandinaves, c’est encore différent...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-3" id="pnote-147-3">3</a>] <em>On remarquera que pour cette langue, je laisse une traduction que je ne fais pas pour les pensées en anglais ou allemand, participant ainsi de fait à l’impérialisme anglo-saxon...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-4" id="pnote-147-4">4</a>] <em>Comme de voir si je peux facilement convertir la page web en UTF-8. Ça devrait passer sur le Mac...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-5" id="pnote-147-5">5</a>] <em>Dans le sens où déchiffrer réclame un réel effort.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#rev-pnote-147-6" id="pnote-147-6">6</a>] <em>Plus écrivain qu’historien, disent certains.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/147Des versions originales des citations (4) : Les sources fugacesurn:md5:1a57c5d0f3f768b3156523390d99e13f2006-06-14T13:52:00+00:002010-10-31T09:34:22+00:00ChristopheCitationscitationcynismedémocratieEuropeguerrehainelivres lusnationalismepolitiquequêtesauvegardes<p>La version originale de nombre de citations n’a pas été imprimée, et les retrouver est donc délicat.</p> <p>Les citations ne viennent pas que des livres. Nombre d’entre elles proviennent de magazines. Par bonheur, une partie est en ligne... mais les archives sont payantes. De plus, je n’ai souvent qu’une traduction en français (c’est l’inconvénient de <a href="http://www.courrierinternational.com/">Courrier International</a>) . Donc si une bonne âme avait la générosité de griller quelques dollars pour vérifier que l’article suivant contient bien la citation ci-dessous, et pour savoir quelle en est la version anglaise, je serais très content :</p>
<blockquote><p>« Les déshérités se résigneront toujours à leur sort. Personne ne le dit ouvertement, mais c’est ce que pensent la plupart des gouvernements. » <br /> <br />Ronald Steel, <em><a href="http://www.nytimes.com/" hreflang="en">The New-York Times</a></em>, <br />édition du 100ème anniversaire, 29 juillet 1996</p></blockquote>
<p>Par contre, pour cette classique de l’anti-militarisme, il faudra recourir aux microfilms :</p>
<blockquote><p>« On croit mourir pour la patrie : on meurt pour des industriels. » <br /> <br />Anatole France, <em>L’Humanité</em>, 18 juillet 1922</p></blockquote>
<p>Et encore : pour ces deux citations-là, une source précise (au jour près) est fournie ; le problème est de trouver le support, le reste suit. La tâche est rarement aussi simple ! À ma connaissance, la numérisation complète des archives des journaux n’est pas à l’ordre du jour, mais ce sera peut-être économiquement réalisable dans vingt ans, et Google pourra enfin me dire quelle est la <em>vraie</em> version de cet autre classique, qu’on retrouve en plusieurs variantes sur la toile :</p>
<blockquote><p>« Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s’entretuent parce que d’autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d’accord. »<br /> <br />Paul Valéry</p></blockquote>
<p>Plus grave encore, <strong>la citation <em>jamais</em> imprimée</strong> : phrases extirpées d’un discours par un journaliste, rapportées de vive voix... Déformation garantie, traçabilité nulle. Quand ce ne sont pas des inventions complètes de journalistes. Il existe plusieurs versions de ce célèbre échange :</p>
<blockquote><p>Lady Astor à Winston Churchill : “If you were my husband, I’d put arsenic in your coffee.”<br />Winston Churchill à Lady Astor : “If I were your husband, I’d drink it!”</p></blockquote>
<p>La <strong>radio</strong> est un média également fugace ; tout n’est pas stocké, et en tout cas n’est pas en ligne, et encore moins indexé. Donc pour ceci j’ai dû faire une aveugle confiance à ma femme :</p>
<blockquote><p>« On a parfois l’impression que les Anglais ont pour principale occupation de jouer à être anglais. »<br /> <br />Philippe Meyer, <em>France Inter</em>, janvier 1997</p></blockquote>
<p>Les citations orales posent un autre problème : où pose-t-on la <strong>ponctuation</strong> ? L’exemple des discours de Churchill n’est pas forcément bon, car des versions imprimées « officielles » existent (ne serait-ce que les minutes au Parlement), mais pour le reste ? Le problème est mineur mais réel.</p>
<p>Pour toutes les raisons déjà citées, les livres de compilations de citations que l’on trouve dans le commerce sont en général douteux ; ils peuvent être utiles quand on cherche de nouvelles citations, mais les sources sont en général absentes, et sytématiquement sujettes à caution.<br />On fera une exception des <strong>recueils de maximes d’un personnage précis</strong> ; là on peut espérer que l’anthologiste s’est abreuvé directement aux sources écrites d’abord, ou auprès de rapporteurs de première main (aux dires par essence invérifiables, mais que l’on considérera comme sources fiables jusqu’à l’invention de la machine à remonter le temps). Par exemple :</p>
<blockquote><p>« Perdez votre temps, mon vieux ! Feriez mieux de réfléchir sur une mappemonde ! »<br /> <br />Charles de Gaulle,<br />à un officier penché sur une carte de l’Europe, à Londres (Rapporté comme attribué au Général par Marcel Jullian dans <em>De Gaulle, Traits d’esprits</em>)</p></blockquote>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/06/15/166-des-versions-originales-des-citations-5-la-tour-de-babel">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/14/165-des-versions-originales-des-citations-4-les-sources-fugaces#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/151« La Ferme des animaux » de George Orwellurn:md5:d2cf30188a775da83241e51dabd68f582006-06-01T16:21:00+00:002010-10-29T18:11:08+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesadministrationcynismedémocratieGuerre Froidelivres lusperspectivepessimismepolitiquetotalitarisme<p>Un petit livre pessimiste facile d’accès, à lire et relire.</p> <p><em>(Une première version de ceci est déjà parue en 2001 sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9">Quoide9</a>)</em>.</p>
<p><em>La Ferme des animaux</em> est un classique d’entre les classiques, mais je ne l’avais jamais lu. Dans ce tout petit livre, qui se dévore en deux ou trois heures, le style simple me rappelle un peu les livres pour enfants. Un enfant de dix ans pourrait le lire sans problème je pense, même s’il serait loin de saisir toutes les allusions.</p>
<h4>Le thème</h4>
<p>Les animaux se sont révoltés dans une ferme, et ont pris le pouvoir à l’homme, ce parasite. Aussitôt ils se remettent au travail dans la joie et l’allégresse, mais pour eux-mêmes. Ils honorent la mémoire du vieux sage qui les a poussé à l’insurrection. Ils créent leur hymne. Tout ce qui rappelle l’homme est banni. Les cochons, apparemment les plus fûtés du lot (ils savent lire), coordonnent... puis contrôlent.</p>
<p>Contrôle qui va devenir de plus en plus pesant. Guerre avec l’extérieur, construction d'un moulin, problèmes d’approvisonnement... Puis guerre des chefs, reniement (sans jamais l’admettre) de tous les idéaux de la révolution, exploitation, dictature totale jusqu’à la déprimante scène finale.</p>
<h4>Lien historique</h4>
<p>Le parallèle avec le <strong>stalinisme</strong> de 1945 est évident : <strong>perversion d’une révolution</strong> par les plus cyniques et calculateurs de ceux qui ont pris le pouvoir, <strong>élimination physique des opposants</strong>, jeu des <strong>uns contre les autres</strong>, <strong>diabolisation</strong> de l’ennemi, invention au besoin de cet ennemi, <strong>réécriture permanente de l’histoire</strong>, ravalement de <strong>l’être « humain » au rang d’objet</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-1" id="rev-pnote-134-1">1</a>]</sup> pendant qu’on exalte le sacrifice de soi pour la communauté - sans aucun retour, récupération puis perversion et retournement complets des idéaux de la révolution, utilisation de la masse des moutons stupides et <em>sans mémoire</em> (capital, cette <strong>perte de la mémoire</strong>) pour noyer toute contestation.</p>
<p>On retrouve tout <em>1984</em> en plus développé et concret, mais ramassé de façon magistrale, à la manière d’une fable intemporelle.</p>
<h4>Pessimisme et pertinence historique</h4>
<p>Seul bémol, le <strong>pessimisme noir</strong> que le livre dégage. Cinquante ans plus tard, on sait que le stalinisme n'a pas survécu à son créateur, et que le système qui lui avait donné naissance n’a pas survécu non plus, même s’il a fallu des années de combat. Encore fallait-il le deviner en 1945.<br />Au moins rétrospectivement peut-on en tirer la leçon que le pire n’est jamais inéluctable <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#pnote-134-2" id="rev-pnote-134-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>D’autre part, je me demande si un tel raccourci serait faisable dans notre société actuelle, un demi-siècle après la mort de Staline. Corruption, collusion d’intérêt, manipulations en chaînes, délires boursiers collectifs, pensée unique imposée par un clan... et autres maux de notre civilisation sont bien plus compliqués que le « pense comme ça ou crève » du stalinisme imposé par un chef et ses sbires, et l’exploitation, si elle est là, moins douloureuse pour la majorité de la population.<br />À moins de ramener l’analogie au niveau de la planète - avec tous les pays riches dans le rôle des cochons donneurs de leçons et exploiteurs cyniques ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-1" id="pnote-134-1">1</a>] <em>Pour John Brunner et d’autres, c’est la définition du </em>Mal Absolu<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#rev-pnote-134-2" id="pnote-134-2">2</a>] <em>Leçon qu’enseigne aussi un excellent livre de John Brunner, </em><a href="http://www.culture-sf.com/litterature/sf/ouvrage.php?livre=12">Le troupeau aveugle</a><em> qui décrit une société de l’époque actuelle, totalement rongée par la pollution et la guerre, par un simple prolongement à aujourd’hui des pires tendances des années 60.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/06/01/148-la-ferme-des-animaux#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/134« Le Nom de la Rose » d’Umberto Ecourn:md5:a1e02076d525464c8064ed80f6eb59c52006-05-18T00:00:00+00:002021-08-16T08:40:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieschristianismeEuropehistoireintelligencelivres lusMoyen ÂgepolitiqueRealpolitikreligion<p>Cet excellent livre très connu est aussi une bonne leçon d’histoire et de civilisation.</p> <p><em>(Ceci est déjà paru sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9/">Quoide9</a> en mars 2002.)</em></p>
<p><strong><em>Le Nom de La Rose</em>, Umberto Eco, 1980</strong></p>
<p>Vous avez peut-être vu le film. Si oui, vous l’avez sans doute aimé. Comme d’habitude, le livre est encore meilleur, plein de détails, de pans entiers que le film a dû sabrer. Je me souviens du film comme d’une enquête policière médiévale essentiellement, mais le livre n’en traite que superficiellement. Ce n’est qu’un prétexte.</p>
<p>L’adaptation hollywoodienne est finalement réussie, dans le sens où l’histoire se tient et que les parties supprimées n’en sapent pas la cohérence.</p>
<p>Le vrai intérêt du livre est ailleurs : dans <strong>l’évocation de la civilisation médiévale à son apogée</strong>, dans la mentalité et les raisonnements des gens de cette époque. Les motivations du coupable du crime nous sont totalement étrangères ; le rôle du monastère au sein de la « société » des alentours n’a rien en commun avec notre époque.</p>
<p>On retrouve aussi les premiers balbutiements du raisonnement logique et scientifique actuel (point commun entre le héros inquisiteur et nous), l’importance de l’héritage gréco-romain comme source principale de savoir, l’omniprésence de la religion, et surtout tout ce qui tourne autour des hérésies, des guerres théologiques qui déchiraient l’Église à cette époque.</p>
<p>Querelles qui nous semblent, à nous, totalement vaines, mais qui en fait, masquaient surtout deux choses :</p>
<ul>
<li>la <strong>révolte des faibles</strong>, attirés parfois par des courants qui voulaient changer le monde (notre époque n’a pas inventé les sectes) ;</li>
<li>et les <strong>oppositions fréquentes entre l’Empereur et le Pape</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, chacun ayant ses partisans. La <a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/t%C3%A9trapilectomie">tétrapilectomie</a> juridique et l’exhumation de textes oubliés pour justifier les intérêts de tel ou tel grand ne datent pas d’hier<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Bref, un classique, chaudement conseillé.</p>
<p>Umberto Eco a écrit d’autres livres passionnants. Le meilleur est sans doute <em>Le Pendule de Foucault</em> (assez ésotérique et touffu) ; se lisent également bien <em>Baudolino</em> (plus épique et historique) et ses recueils de chroniques (<em>Comment voyager avec un saumon</em>).</p>
<p>NB : Certains passages nécessitent que vous révisiez votre latin ;-) mais ils ne gênent en rien la compréhension de l’intrigue.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2021 suite aux commentaires</strong> : pour les parties en latin, <a href="http://nomina-nuda-tenemus.fr/" hreflang="fr">nomina-nuda-tenemus.fr</a> semble toujours hors ligne, mais <a href="https://www.lenomdelarose.fr/" hreflang="fr">lenomdelarose.fr</a> vient d'ouvrir.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le premier voulant interdire toute influence dans le domaine temporel au second. On retrouve le thème dans l’affrontement des familles dans </em>Roméo et Juliette<em> par exemple.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Une des heureuses conséquences en fut la mise en place de l’État de droit, une des meilleures inventions occidentales.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/133« Si la Tyrannie et l’Oppression s’imposent dans ce pays... »urn:md5:fddd735ec25de76175806dd7fd12764a2006-04-15T14:55:00+00:002010-10-28T19:51:03+00:00ChristopheCitationscitationmanipulationnationalismepanurgismeparanoïapolitiquepsychologieracismetotalitarismeÉtats-Unis <blockquote><p>“If Tyranny and Oppression come to this land,
it will be in the guise of fighting a foreign enemy.”</p>
<p>
« <em>Si la Tyrannie et l’Oppression s'imposent dans ce pays,</em>
<em>ce sera sous le couvert du combat contre un ennemi étranger.</em> »</p>
<p>
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/James_Madison">James Madison</a>,<br />quatrième Président des États-Unis</p></blockquote>Pour ou contre la licence globaleurn:md5:41c0dda8a58be39064dfe52e73ee467c2006-03-07T23:22:00+00:002010-10-27T20:23:50+00:00ChristopheInformatique militante et technologieanticonsumérismeDRMdémocratielibertélobbysMP3politique<p>Roberto di Cosmo démontre mathématiquement que la licence globale est une bonne chose pour les artistes connus. Bertrand Lemaire est farouchement contre.</p> <p>(<em>J'avais commencé à taper ce billet lors du premier vote sur la DADVSI, l’époque est à nouveau au sujet. Il mériterait un nouvel approfondissement, et pas mal d’octets ont coulé dans les réseaux sur le sujet, mais on ne peut retenir indéfiniment le départ d’un billet vers la liberté.</em>)</p>
<p>Pour le principe de la licence globale, voir l’<a href="http://www.lalliance.org/pages/2_1.html">Alliance public.artistes</a>. C’est en gros ce que voulaient instaurer les amendements votés par nos députés fin décembre, à la surprise générale, et que le gouvernement a à nouveau supprimé en deuxième lecture<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#pnote-77-1" id="rev-pnote-77-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Roberto Di Cosmo est pour</h3>
<p>Sur son site, <a href="http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/">Roberto di Cosmo</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#pnote-77-2" id="rev-pnote-77-2">2</a>]</sup> <a href="http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/MyOpinions/index.php/2006/01/02/19-monsieur-mitchell-soyons-amis">calcule ce que « gagneraient » les artistes avec la mise en place de la licence globale</a>. Il en <a href="http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/MyOpinions/index.php/2006/02/20/22-post-scriptum-a-monsieur-eddy-mitchell">remet récemment une couche dans un post-scriptum</a>.</p>
<p>En résumé :</p>
<ul>
<li>La <strong>consommation de biens culturels a atteint un pic</strong> ; les gens ne dépenseront pas plus. Au mieux ils arbitrent entre différents biens culturels. Or avec la license globale, la <strong>même somme dépensée passe dans les poches des artistes</strong>.</li>
<li>L’artiste continue à être diffusé autant qu’avant, sinon plus, en tout cas plus que dans le schéma où la copie est interdite et techniquement impossible. Cette restriction a un coût, déduit des revenus reversés aux artistes... et ampute en conséquence les revenus des <strong>taxes sur les supports vierges</strong> !</li>
<li>9 millions de foyers payants par 4 €/mois permet de <strong>doubler la somme</strong> versée aux artistes (dont les droits sur les supports).</li>
<li>Les maisons de disques ne sont pas les vrais amis des artistes.</li>
<li>Le téléchargement <em>payant</em> rapporte moins aux artistes que les CDs, à dépense des consommateurs égale ! « <em>Avec les titres à 99 centimes à l’unité, il ne me restera rien (si je veux remplir le nouvel iPod avec 60Go de disques, il me faudrait 15000 euros, je doute de pouvoir venir vous applaudir après).</em> »</li>
</ul>
<h4>Commentaire personnel :</h4>
<p>Le commentaire sur le « pic » est probablement juste : le budget « loisirs » n’est pas extensible à l’infini, en argent comme en temps à y consacrer. Téléphones, CDs, DVDs...</p>
<p>Je ne peux juger des calculs, mais Di Cosmo en vient à demander à Eddy Mitchell, Britney Spears... de déclarer la guerre à leurs maisons de disque. Non que je porte celles-ci dans mon cœur<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#pnote-77-3" id="rev-pnote-77-3">3</a>]</sup>, mais le problème serait le même pour les petits labels : <em>quid</em> des frais annexes, de la logistique, de la recherche des musiciens qui accompagnent le chanteur, des CDs à presser (il en restera) ? L’artiste doit-il tout payer avec ses revenus directs, et est-il condamné à devenir systématiquement homme d’affaire pour élaborer son œuvre ? Ou à accepter de tout faire passer par la SACEM ou iTunes ?</p>
<p>Goldman ou Mitchell peuvent décider du jour au lendemain de faire ce qu’ils veulent (si leurs contrats le permettent, Johnny s’y est brûlé les ailes), mais les « petits » ? À l’inverse, ces « petits » ont-ils d’ailleurs une quelconque chance réelle avec le système actuel ? Selon les présidents de l’Adami et de la Spedidam dans le <em>Monde</em>, les <a href="http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-728828@51-698751,0.html">artistes ne gagnent souvent presque rien, et sont globalement pour le principe de la license globale</a>.</p>
<p>De toute manière, il est clair que les studios n’auraient rien à gagner au système de licence globale (ils en perdraient le contrôle). Cependant, toute transition économique ou technique a produit ses victimes, et ce sont les artistes, ce qu’ils produisent, et comment le maximum de monde peut en profiter, qui comptent. Mais ce sont Virgin et Sony qui bloquent l’évolution, pas Bénabar ou Goldman.</p>
<p>On peut discuter du principe de la taxe sur les supports (disques vierges, disques durs...), mais payer une taxe pour sauvegarder <strong>mes</strong> photos et <strong>mes</strong> films me met hors de moi. <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#pnote-77-4" id="rev-pnote-77-4">4</a>]</sup></p>
<h3>Bertrand Lemaire est contre</h3>
<p><a href="http://blog.bertrand-lemaire.com/dotclear/index.php?2006/01/12/110-dadvsi-pourquoi-je-suis-contre-la-licence-globale">Bertrand Lemaire est farouchement contre la licence globale</a>. Pour résumer en très gros :</p>
<ul>
<li>Il n’y a pas de raison que les resquilleurs paient la surprime de la licence globale quand ils peuvent continuer à téléchargement illégalement ; le contrôle est impossible.</li>
<li>On confond encore copie privée et rediffusion. L’une devrait être un droit, l’autre devrait rester du contrôle de l’auteur.</li>
<li>Roberto di Cosmo est beaucoup trop optimiste :
<ul>
<li>Comment répartir l’argent entre les artistes (et entre les différents types d’interprètes) ? Par sondages ? Par flicage ?</li>
<li>Étatisation du circuit artistique, mais ce n’est pas nouveau.</li>
<li>L’information se duplique, mais économiquement les créateurs ne créeront plus trop s’ils n’y trouvent plus leur compte.</li>
</ul></li>
</ul>
<h4>Commentaire personnel :</h4>
<p>Je ne suis pas aussi pessimiste sur l’ampleur de la resquille à la surprime. La plupart des gens aiment se voir comme honnêtes, et acceptent de payer un prix bas. Le prix du CD (10 € strict minimum) est assez haut pour encourager la copie, tandis que moitié moins pour potentiellement des centaines de CDs...</p>
<p>Si la licence globale est mise en place, il est clair que nombre de gros consommateurs de musique vont y passer en masse ; il ne va plus falloir espérer vendre grand-chose aux ados. Cependant, on sait que les plus gros consommateurs de P2P sont aussi les plus gros consommateurs de musique tout court, il y a peut-être une bonne surprise à attendre de ce côté-là. (Surtout si la concurrence fait baisser le prix des CDs physiques).</p>
<p>Le contrôle peut se faire, il faut simplement renoncer à être parfaitement précis. Les sondages marchent bien sur des échantillons ridicules. De plus, sans risque de poursuites, un internaute pourrait très bien dire ce qu’il télécharge. (Soit dit en passant, télécharger ne veut pas dire écouter - mais acheter n’est pas écouter non plus...) Quel effet cela aura-t-il sur la promotion des artistes ? (J’aurais tendance à dire que ce sera une répétition au décuple des dernières <em>Victoires de la Musique</em>, où la plupart des artistes sont apparus d’abord sur scène).</p>
<p>La distinction entre copie <em>vraiment</em> privée (pas à des millions de pseudo-copains sur quatre continents) et droit de rediffuser est effectivement importante. En tant que journaliste, Bertrand Lemaire est touché d’une autre manière que les artistes, il vit aussi de ses écrits...
<br />Mais les DRM l’énervent autant que moi. Et je doute que le débat sur la licence globale les fasse disparaître.</p>
<h3>Et moi je ne sais pas...</h3>
<p>On parle beaucoup de musique. Mais <em>quid</em> des films ? Doivent-ils être soumis aussi à la licence globale ? La réponse est non d’après ce que je sais des amendements. L’économie des deux secteurs est différente. Cependant, laisser la musique être redistribuable quasiment sans frein risque de donner des habitudes qui seront très vite transposées aux autres domaines.</p>
<p>La remarque de Lemaire sur le découplage copie/rediffusion est capital. En fait c’est aussi copie privée/rediffusion/rétribution. Car <strong>qui sont les acteurs</strong> ?</p>
<ul>
<li>Les <strong>artistes</strong>, grands comme petits (Johnny, Bénabar, leurs musiciens, les compositeurs, les groupes inconnus...) veulent en général faire de la musique, et en vivre (et à la rigueur que Johnny touche trois fois moins de millions est un détail, si trente inconnus talentueux arrivent au niveau du SMIC) ;</li>
<li>Les <strong>auditeurs</strong> veulent leur musique, au coût le plus faible ; comme déjà dit ils sont en général prêt à payer un prix raisonnable si l’aspect pratique est là (transfert sur leur iPod notamment), mais <a href="http://arstechnica.com/news.ars/post/20060202-6103.html" hreflang="en">les prix des CD actuels sont trop élevés</a> ;</li>
<li>Les artistes et <strong>techniciens</strong> qui gravitent autour des albums (techniciens de studio, requins...) sont pris entre le marteau et l’enclume. J’ignore dans quelle mesure ils pourraient se débrouiller en contact direct avec les artistes - ou seuls ;</li>
<li>Les <strong>studios</strong> sont d’abord des entreprises qui veulent gagner de l’argent, et sont ceux qui ont le plus à perdre. Ils ne sont que des intermédiaires, condamnés comme toute entreprise à s’adapter ou à disparaître et être remplacée.<br /> En fait, le sort des <em>majors</em> devrait être indifférent au législateur ; surtout qu’organisées en cartel, avec leur poids énorme, elles sont le principal frein à toute évolution du marché.<br />Le cas des plus petits studios est différent, on peut quasiment les confondre avec les artistes. Leur rôle comme écurie d’artistes est le plus important.</li>
</ul>
<p>La licence globale met le doigt sur un point majeur : le <strong>découplage entre production/rémunération et contrôle</strong>. Ce qui m’énerve n’est pas tant que le prix que le fait que l’intermédiaire comme le support sont imposés, et qu’une lacune dans le marché ne peut être comblée par la loi du marché : tous les artistes ne sont pas disponibles sur le système de musique en ligne compatible avec ma machine, tous les 33 T ne sont pas disponibles en CD ou en téléchargement. Ce n’est pas une contrainte technique<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#pnote-77-5" id="rev-pnote-77-5">5</a>]</sup> mais totalement artificielle (légale).</p>
<p>Sous certaines conditions (respect maximum de la forme de l’œuvre notamment) et contre rétribution évidemment (pourcentage ? la SACEM est faite pour cela), je plaide pour la <strong>licence obligatoire</strong>, <em>ie</em> que les artistes, techniciens, soient rétribués pour faire leur musique, que leur rediffusion soit payante, mais puisse être effectuée par qui le peut techniquement, et qu’<strong>on ne laisse pas le jeu des intérêts de leur major réguler la diffusion de la musique</strong>. <br />Un tel système aurait permis à Napster de décoller immédiatement et légalement sans que les maisons de disque lui interdisent la rediffusion de morceaux, et moi je n’aurai pas peur d’être emm...dé par des DRM qu’aucun revendeur ne voudrait pourtant mettre en place de peur de perdre des clients, mais actuellement imposés par les maisons de disque.<br />En toute logique, une maison de disque devrait seulement penser à faire la bonne musique, et à la diffuser au maximum, pas en restreindre la diffusion légalement ou techniquement ! <br />(Est-ce la solution du dilemme <em>Information wants to be free / Rents want to be paid</em> ?)</p>
<p>Pour finir, une remarque, piquée sur le <a href="http://www.couchet.org/blog/index.php?2006/01/17/108-reunion-a-l-ump-sur-le-projet-de-loi-dadvsi">blog de Mad, qui a participé à une réunion de l’UMP sur le sujet</a> : Sarkozy <em>himself</em> avoue que ce sont ses propres enfants qui ont fait son éducation sur le sujet. Il y a encore du boulot... (Plein d’évidences intelligentes ont été dites lors de cette réunion).</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#rev-pnote-77-1" id="pnote-77-1">1</a>] <em>Que ce soit le gouvernement qui décide seul du contenu des lois des députés me laisse rêveur, mais c’est un autre débat. Voir par exemple <a href="http://www.generation-nt.com/actualites/12807/dadvsi-opacites-symboles-scandales">ce billet sur generation-nt.com pour le contexte</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#rev-pnote-77-2" id="pnote-77-2">2</a>] <em>Plus connu pour ses charges contre Microsoft, notamment le livre </em>le Hold-up planétaire<em> et l’article </em><a href="http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/Piege/PiegeFR.html">Piège dans le cyberespace</a></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#rev-pnote-77-3" id="pnote-77-3">3</a>] <em>Depuis l’affaire du <a href="http://standblog.org/blog/2005/11/14/93114500-drm-sony-bmg-chronique-d-un-massacre">rootkit Sony</a>, je les considère même comme des gens dangereux qui mette ma sécurité informatique en danger...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#rev-pnote-77-4" id="pnote-77-4">4</a>] <em>Quand même on me laisse <a href="http://idg3.typepad.com/infrastructure/2006/01/cprm_un_joyeux_.html">le droit de les recopier</a>...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#rev-pnote-77-5" id="pnote-77-5">5</a>] <em>Il y a certes des bandes à remasteriser, par exemple, mais ce n’est pas un obstacle majeur.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/03/07/74-de-la-license-globale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/77DADVSI : Blogueurs et ministre autour d’une saladeurn:md5:31a971a03ed7f4019f116b7dad48fe042006-01-07T16:30:00+00:002010-10-26T07:14:17+00:00ChristopheInformatique militante et technologieDRMdémocratiefoutage de gueulelobbyslogiciel libreMP3politiquevirtuel<p>Des bloggeurs ont rencontré le ministre de la Culture après la catastrophe législative de décembre dernier.</p> <p>Pas de commentaire inutile, <a href="http://blog2.lemondeinformatique.fr/management_du_si/2006/01/dadvsi_djeuner_.html">allez lire cela directement sur le blog du très pertinent Bertrand Lemaire</a>, ou bien la version sur le <a href="http://standblog.org/blog/2006/01/07/93114595-et-si-on-se-faisait-une-bouffe-au-palais-royal-dejeuner-dadvsi-au-ministere-de-la-culture">blog d’un autre invité, Tristan Nitot</a>.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/07/73-dadvsi-blogueurs-contre-ministre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/76“Resurrection Day” de Brendan DuBoisurn:md5:c355941865726fcac956215e6b5a00492006-01-03T00:00:00+00:002010-10-25T20:14:21+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiquedémocratieguerrelivres luspolitiqueuchronieÉtats-Unis<p>Uchronie : Un simple journaliste idéaliste qui essaie de faire son travail dans des États-Unis devenus une dictature, dix ans après la IIIè Guerre Mondiale (nucléaire).</p> <p>Une excellente <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Uchronie">uchronie</a>.</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence</a> avec notre ligne temporelle est le 27 octobre 1962, à un des moments les plus sensibles de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_missiles_de_Cuba">crise des missiles de Cuba</a>. Les détails de la divergence sont une des révélations de l’intrigue.</p>
<p>Cette crise pour nous n’est qu’un effrayant souvenir. Dans le livre, la situation dégénère tout de suite en guerre atomique entre l'URSS et les États-Unis. Le résultat n’est pas un monde post-apocalyptique à la Mad Max : comme le rapporte un personnage, par « chance » à ce moment les arsenaux, surtout côté russe, n’étaient pas encore ce qu’ils seraient/sont<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#pnote-66-1" id="rev-pnote-66-1">1</a>]</sup> devenus ensuite. Les États-Unis perdent plusieurs villes et dix millions d’habitants, et plongent dans le chaos, l’URSS entière est rayée de la carte, mais la planète continue de tourner.</p>
<p><strong>Dix ans plus tard</strong>, le livre nous parle d’un monde qui nous est à la fois proche et étrange : <strong>Kennedy</strong> est mort à la Maison Blanche et maudit pour avoir déclenché la guerre (mais est-il mort ? <em>“He lives”</em> proclament bien des personnages) ; le Vietnam de <strong>1972</strong> n’est pas en guerre, contre des soldats américains rentrés chez eux en urgence ; l’Europe ne s’est pas unie sous la pression des deux blocs mais est tenue par les Français et les Allemands ; la Russie n’existe plus ; la Lune n’est pas conquise ; le <em>disco</em> est français ; Martin Luther King est encore vivant ; les Américains vivent sous une <strong>dictature militaire</strong> de fait qui envoie ses opposants disparaître dans des camps de concentration en zone radioactive ; Philadelphie est la nouvelle capitale ; des gangs d’orphelins traînent dans les rues ; le redressement du pays est lent et dépend énormément de l’<strong>aide britannique</strong> - pas si désintéressée.</p>
<p>Le héros, <strong>Carl</strong>, est un jeune ancien militaire, admirateur à l’époque de Kennedy, témoin du chaos de l’immédiat après-guerre, où il a perdu toute sa famille, et recyclé dans le journalisme local à Boston.<br />Mais le régime militaire ne permet pas aux journaux de publier ce qu’ils veulent. Carl se retrouve à enquêter sur un <strong>meurtre d’un ancien vétéran</strong>, meurtre pas si banal que cela. La victime avait des liens avec l’administration d’avant-guerre, et Carl se retrouve sur le grill pour s’accrocher à son enquête. <br />Parallèlement il croise (quel hasard !) le chemin d’une <strong>jolie journaliste anglaise</strong> du <em>Times</em>, qui à l’exotisme ajoute le charme de son pays riche (il est rare de lire un livre où les Américains font presque figure d’habitants du Tiers-Monde). Envoyés pour un reportage complaisant dans les <strong>ruines de New-York</strong>, ils découvrent ensemble que la vie n’y est pas absente. Pendant ce temps, les agissements des Britanniques semblent de plus en plus suspects.</p>
<p>Les aventures de Carl m’ont tenu en haleine jusqu’aux petites heures du matin, même si les thèmes de la théorie de la conspiration et du petit idéaliste perdu entre deux froides logiques d’États ennemis sont un peu usés, et que la chance permet à Carl d’échapper un peu trop souvent à ses poursuivants. <br />Sur la fin, chaque chapitre est une révélation supplémentaire, à prendre avec des pincettes.</p>
<p>Ma génération n’a pas connu les moments les plus angoissants de la <strong>Guerre Froide</strong>, avec les exercices et les refuges dans les abris anti-atomiques, mais l’auteur si, et on le sent. Il a bien « fait ses devoirs » et l'enchaînement des événements vers l’Apocalypse et le chaos qui s’ensuit est parfaitement réaliste. <strong>Ce monde est crédible</strong>. <br />Comme dans toute uchronie, on se prend au jeu de repérer les personnages historiques et les différences ou parallèles parfois subtils avec notre ligne temporelle (manifestations contre la conscription au lieu du Vietnam). DuBois n’abuse pas de ce jeu : on ne peut pas croiser King ou Dylan à chaque page. La description étouffante de la dictature, et de la vie difficile de la population américaine, est soignée et réaliste. <br />Pour un <em>thriller</em> pur, le rythme est un peu lent, mais l’amateur d’uchronies sera comblé.</p>
<p>(Livre apparemment non traduit en français, mais je ne pense pas qu’il y ait besoin d’un niveau d’anglais fabuleux pour apprécier).<br />
Site de l’auteur :<br />
<a href="http://www.brendandubois.com/" hreflang="en">http://www.brendandubois.com/</a>
<br />Site du livre :<br />
<a href="http://www.resurrectionday.com/" hreflang="en">http://www.resurrectionday.com/</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#rev-pnote-66-1" id="pnote-66-1">1</a>] <em>Il manque un temps dans nos conjugaisons, là...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/03/61-resurrection-day#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/66« Mars la Blanche » de Brian Aldissurn:md5:8b3316b641dfabaa1995ee9fc5f10e7f2005-12-09T14:53:00+00:002010-07-04T06:32:30+00:00ChristopheMarsauto-organisationcivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialedommageenseignementexaptationextraterrestreshard sciencelivres lusMarsmythemèmeoptimismeorganisationouverture d’espritperspectivepolitiqueprise de têtepsychologierésolutionssciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsténacitéutopieémerveillement<p>Une société qui vise la perfection, isolée sur sa planète. Un essai plus qu’un nouveau roman sur la conquête de Mars.</p> <h3>Mars la Blanche<br /></h3>
<p>de <a href="http://perso.wanadoo.fr/listes.sf/aldiss/bio.htm">Brian Aldiss</a><br />
avec <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" hreflang="en">Roger Penrose</a></p>
<p>Une « Mars blanche » est une Mars laissée à elle-même, non colonisée par l’homme, non polluée, juste parcourue par quelques scientifiques ; c’est le statut actuel de l’Antarctique. C’est un des thèmes sous-jacents de l’histoire, mais pas le principal.</p>
<h4>Utopie</h4>
<p>Le sous-titre évoque une « <strong>utopie martienne</strong> », et c’est sa construction qui est la base de l’histoire. Quelques milliers de personnes sont bloquées sur Mars suite à l’effondrement de la multinationale chargée de la colonisation, et survivent (relativement confortablement) en tentant de créer une société plus parfaite.</p>
<p>Les problèmes matériels de cette micro-société isolée (approvisionnement...) sont apparemment délibérément mis de côté, à peine évoqués. Plus intéressante est la manière dont leur civilisation s’organise.</p>
<p>On parle ouvertement d’utopie, donc je me demande si les points suivants, qui ont sabordé la crédibilité de l’histoire pour moi, sont délibérés : le « chef » de la colonie, qui lance les idées liées à l’utopie, n’est guère contesté ; les débats (pendant des pages, ce qui n’est pas un mal) sont assez dirigés ; les opposants sont souvent caricaturaux (et passent très vite à la violence) ; les diagnostics sur les raisons des problèmes de la Terre rappellent furieusement notre époque (et pas 2060) ; certaines des solutions sont des bonnes intentions et rappellent parfois les « yaka/fokon » de gamins de 15 ans naïfs ; la manière dont les problèmes de la société sont corrigés est assez floue (à part améliorer l’éducation des enfants (vaste débat...), et la disparition de l’argent).</p>
<p>Évidemment, tout est beaucoup plus facile dans une <strong>société de fait communiste, égalitaire</strong>, faite de gens tous éduqués aimant débattre, avec un minimum de confort, sans les charges de la civilisation qui leur a donné ce confort, et sans interaction avec icelle. Je suis peut-être trop terre-à-terre ou mauvais esprit pour goûter correctement une utopie.</p>
<p>Le <strong>côté scientifique</strong> à l’inverse est souvent massif, et je pense que certains sauteront le long passage sur les taches de bosons de Higgs que l’accélérateur martien doit découvrir. Les liens entre conscience et mécanique quantique (théorie de Penrose), ou les affirmations sur la nature de la vie sur Mars, sont plus affirmés que démontrés ou expliqués.<br />D’un autre côté, une <strong>action assez lente</strong>, plus orientée sur les relations entre les personnages et sur leurs débats, tranche agréablement avec tous les récits sur la conquête de Mars à la manière américaine (versions <em>hard science</em> ou western).</p>
<p>Je suis <strong>resté sur ma</strong> fin après la dernière page. Les pires problèmes d’une société utopique arrivent quand la population augmente et quand elle perd son isolement. Le livre ne va pas jusque là.</p>
<h4>Terraformation</h4>
<p>Dès le début, et dans la conclusion, Aldiss affiche ouvertement son <strong>hostilité aux projets de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Terraformation">terraformation</a> de Mars</strong>. Le livre ne sert son propos qu’en bottant en touche, en introduisant la seule chose qui pour moi l’interdirait sur le principe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#pnote-52-1" id="rev-pnote-52-1">1</a>]</sup> : de la vie sur Mars. Vie sous une forme assez inattendue il est vrai (et très utopique elle aussi, avec le même flou sur la manière concrète dont elle est apparue, et surtout comment elle évolue à la fin du livre).</p>
<p>Par contre, si cela était raisonnablement réalisable, je vois mal pourquoi nous nous priverions d’une deuxième planète, ou d’une troisième (Vénus ?) ou d’autres (autour de Jupiter ?). Les cailloux mort et inhabités, bien que scientifiquement passionnants, sont innombrables dans cet univers. Le parallèle avec l’Antarctique est à mon avis injustifié, car il fait partie de l’histoire de la terre, contient sa mémoire dans ses glaces, et a son propre et fragile écosystème.</p>
<p>On peut ensuite entrer dans le débat si la conquête de l’espace se fera par celle des planètes ou par des systèmes autonomes vivant dans l’espace, par le cyberespace et/ou via des robots, et dériver vers le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">paradoxe de Fermi</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?category/Paradoxe-de-fermi-et-exobiologie">thème que j’essaie de traiter ici</a>).</p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Un livre un peu décevant, que j’ai failli lâcher après le premier quart, mais l’histoire devient plus concrète ensuite. Cependant, pour narrer de façon réaliste la conquête de Mars, terraformation comprise, la référence reste la <a href="http://www.fakeforreal.net/index.php/2004/07/11/35-kim-stanley-robinson-red-mars-green-mars-blue-mars">trilogie martienne</a> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Kim Stanley Robinson</a>.</p>
<p>Google vous fournira d’autres critiques du livre, notamment <a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_blanche.html">celle-ci</a>, plus favorable que la mienne.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#rev-pnote-52-1" id="pnote-52-1">1</a>] <em> « Sur le principe », parce que l’on peut discuter longtemps du point de vue matériel ou financier, ou de l’utilité réelle d’une planète viable dans mille ans à cent millions de kilomètres. (<strong>Mise à jour</strong> : Sur le sujet, voir le billet <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars">Coloniser le désert de Gobi plutôt que Mars</a>.) </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/52Citation du 26 novembre 2005 de Winston Churchillurn:md5:29ee8afb2c686f86b036482418dcbdef2005-11-26T15:08:00+00:002010-05-05T20:17:34+00:00ChristopheCitationsadministrationcitationhistoireintelligencelivres lusmémoireperspectivepolitique <blockquote><p>“Young man, study history, study history. In history lies all the secrets of the state craft.” <br />
<br />
<em>« Jeune homme, étudiez l’histoire, étudiez l’histoire. C’est dans l’histoire que résident tous les secrets de l’art de gouverner. »</em><br />
<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Winston_Churchill">Winston Churchill</a> à James C. Humes, <br />
29 mai 1953,
cité dans <em>Winston Churchill</em> (de J.C. Humes), <em>Author’s Acknowledgments</em></p></blockquote>
<p>J.C. Humes a écrit une biographie de Churchill (instructive mais très élogieuse et peu critique). Dans sa jeunesse il a recueilli ce conseil de Winston en personne. Conseil sans doute pertinent de la part d’un homme deux fois Premier Ministre, fanatique d’histoire entre autres passions.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/26/40-citation-du-26-novembre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/41Citation du 12 novembre 2005 du cardinal Paul Poupardurn:md5:ae6b4adfb13f5cb2f4a9a7c73401a6042005-11-12T18:56:00+00:002010-05-04T19:51:57+00:00ChristopheCitationschristianismecitationintelligenceouverture d’espritperspectivepolitiquereligionsciencethéologieévolution <blockquote><p>« Nous savons où peut mener la raison scientifique seule : la bombe atomique et la possibilité de cloner des humains sont les résultats d’une raison qui cherche à se libérer de tout lien éthique ou religieux.<br />Mais nous connaissons aussi les dangers d’une religion qui coupe tout lien avec la raison et devient la proie du fondamentalisme. »<br />
<br />
Cardinal Paul Poupard, <br />
directeur du Conseil pontifical pour la culture, <br />
conférence de presse au Vatican du 3 novembre 2005 sur le rôle des sciences, notamment la théorie de l’évolution.</p></blockquote>
<hr />
<p>Manifestement les catholiques sont plus ouverts que pas mal de protestants américains volontiers créationistes.</p>
<p>(Cette citation figure sur les sites d’information suivant ; nulle part
n’est précisée la langue d’origine. Si par miracle l’un de vous a accès
à la version originale de ce texte, je suis preneur de l’information !<br />
<a href="http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88">http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88</a><br />
<a href="http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205" hreflang="en">http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205</a><br />
<a href="http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science" hreflang="en">http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science</a> )</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/12/31-citation-du-12-novembre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/31Non, la France ne vit pas au-dessus de ses moyens !urn:md5:76c874d08038077102ac40ac577b700c2005-09-28T15:31:00+00:002010-04-17T18:45:23+00:00ChristopheRes publicaoptimismepolitiquepérimétravailéconomie<p>Une chronique des Échos plus optimiste que d’habitude sur l’état du pays.</p> <p>Je suis tombé il y a quelques jours sur cette <a href="http://www.lesechos.fr/journal20050920/lec1_idees/4316991.htm">chronique de Henri Guaino</a> plus optimiste que bien d’autres.</p>
<p>D’une part, il est bon de ne pas tomber dans la sinistrose complète et de voir ramener ses problèmes à leurs justes proportions.</p>
<p>D’un autre côté, ce nest pas parce que la situation n’est pas toute noire qu’il n’y a pas quand même lieu de s’inquiéter. Le gouvernement actuel ne fait pas grand-chose pour réduire le déficit - et pourtant les fonctionnaires commencent à partir massivement à la retraite. Malgré la baisse du nombre des actifs qui devrait arriver pour de simples raisons démographiques, le chômage ne veut pas baisser. La relève politique se fait attendre. La construction européenne est en panne. Etc. (Je m’arrête là sinon je suis reparti pour un billet de 50 kilo-octets ; j’aurais bien plus l’occasion en 2007).</p>
<p><strong>Mise à jour de février 2006</strong> : Le magazine <em>Marianne</em> va plus loin : la France vit <em>au-dessous</em> de ses moyens : grosse épargne, pans entiers de la population qui ne travaillent pas et le pourraient au besoin.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2010</strong> : Marrant de relire ça quelques années après, avec l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Guaino">auteur devenu éminence grise du nouveau Président</a>, et un déficit de plus en plus abyssal.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/09/28/16-non-la-france-ne-vit-pas-au-dessus-de-ses-moyens#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/15