Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - religion<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Spinoza, l'homme qui a tué Dieu » de J.R. Dos Santosurn:md5:63f49be6d1a07176ce065b0c0ce54c1b2024-02-13T10:42:00+00:002024-02-13T10:42:00+00:00ChristopheScience et conscienceabsurditébon senschristianismecourageDieuhainehistoirelatinlibertélivres lusmulticulturalismeouverture d’espritperspectivepessimismepolitiqueracismereligionthéologietotalitarismeéducation<p>De l’évolution des mentalités</p>
<p>Le contexte historique est peu connu des Français : au XVIIᵉ siècle, le Portugal sous domination espagnole, sous l’influence de catholiques parmi les plus sectaires (dans une époque <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss">déjà pas très tolérante</a>) chasse ses Juifs. Ceux-ci se réfugient aux Pays-Bas, nation la plus libérale d’Europe, économiquement et religieusement (catholiques et différentes formes de protestantisme se tolérant à peu près). Sans oublier leur patrie, ces Juifs prospèrent dans le commerce, et s’intègrent dans une certaine mesure. Parmi eux naît <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza">Baruch Spinoza</a>.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/Spinoza-JRDosSantos.webp" title="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/images/livres/.Spinoza-JRDosSantos_m.webp" alt="Spinoza J.R. DosSantos (Hervé Chopin éditions)" class="media-right" /></a></p>
<p>La coexistence pacifique entre Juifs et Néerlandais, protestants ou catholiques, ne signifie pas ouverture, et être minoritaire ne signifie pas être tolérant. Les rabbins ne sont pas mieux que l’Église, et trop dévier des croyances de base mène à l’anathème : c’est le sort d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Uriel_da_Costa">Uriel da Costa</a> qui ouvre le livre, ce sera celui de Spinoza, qui a repris ses idées. Les Juifs ne peuvent brûler leurs hérétiques, mais ils peuvent les bannir de leur communauté : même la famille ne doit plus voir le coupable. Un symptôme flagrant de sectarisme. Les protestants emprisonnent et laissent mourir, ce sera le sort d’amis de Spinoza.</p>
<p>Autre hypocrisie de l’époque : s’ils avaient publié en latin, que le bas peuple ne comprend pas, ils auraient eu beaucoup moins de problèmes.</p>
<p>Spinoza est d’abord repéré comme un futur grand rabbin. Sa connaissance de la Bible hébraïque lui permet de discuter avec des exégètes néerlandais (le dialogue interreligieux étant déjà une dangereuse nouveauté), puis d’accéder aux auteurs contemporains disponibles en latin : Descartes, Hobbes… Spinoza est d’abord cartésien, puis prolonge le raisonnement. En relisant la Bible et en s’appuyant uniquement sur la raison, il constate qu’elle n’a plus de cohérence, sauf à prendre absolument tout au figuré. En conséquence, plus aucun dogme chrétien ou juif n’est sûr. Spinoza ne va pas jusqu’à l’athéisme, pour lui Dieu <em>est</em> la nature. Mais tout le reste est renvoyé à la superstition, de l’immortalité de l’âme au libre arbitre, de la téléologie aux commandements, et la réaction des religieux est violente, très violente.</p>
<p>Même aux Pays-Bas, l’époque n’est pas pacifique. Non seulement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_de_Witt">De Witt</a> perd le pouvoir, à cause de revers militaires contre la France de Louis XIV, mais il finit lynché. Spinoza perd son protecteur.</p>
<p>Spinoza a pu survivre en vendant polissant des lentilles renommées, et éviter la prison en faisant autant profil bas que possible sans renoncer à la moindre de ses idées, et tant pis pour ses amours, mais sa santé fragile a raison de lui peu après. Ses amis et élèves réussiront à sauver et répandre ses idées iconoclastes parmi les philosophes. Ce n’était que le but de Spinoza. Ses lecteurs allumeront les Lumières au siècle suivant.</p>
<p>Page de l’éditeur : <a href="https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/">https://www.hc-editions.com/livres/spinoza/</a></p>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Spinoza%2C-l-homme-qui-a-tu%C3%A9-Dieu-%C2%BB-de-J.R.-Dos-Santos#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/878« L’odyssée des gènes » d’Évelyne Heyerurn:md5:4ad6250b8a59c8bd8d02356d1191698c2021-04-05T19:12:00+02:002021-04-05T18:13:04+02:00ChristopheGénéalogie & ancêtresAfriqueAmériqueAntiquitébase de donnéesChinecivilisationclimatcolonisationcomplexitéculturedémographieenfantsEuropeexaptationgénéalogiegéographiehistoirelyrismemobilitémytheperspectiveracismereligionsciencesociétés primitivestempsthéorieécologieémerveillementévolution<p>(Oui, enfin une chronique d'un livre récent !)
Depuis quelques années, l'étude génétique des fossiles a progressé à pas de géants, ainsi que celle des écarts entre deux populations actuelles. Évelyne Heyer résume l'état des connaissances de manière accessible et lisible.</p>
<p>Résumé subjectif (<em>commentaires personnels en italiques</em>) :</p> <p>Les gènes mutent en permanence. Par quelques passages peu techniques, Évelyne Heyer explique clairement de quelle manière on peut lister et exploiter les écarts afin de remonter aux ancêtres communs de deux populations, et estimer les transferts démographiques entre elles.
Chaque exemple de sa fresque historique est l’occasion d’illustrer un concept : dérive génétique dans les petits groupes isolés, possibilités offertes par les différents types de code génétique (mitochondrial, chromosomes X ou Y…) ; ou d'expliquer une technique ou difficulté : recherche d'ADN dans les os, dents, les bulbes de cheveux, difficultés de conservation dans certains sols… <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/L_Odyss%C3%A9e_des_g%C3%A8nes-%C3%89velyne_Heyer.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.L_Odyssée_des_gènes-Évelyne_Heyer_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>Un chercheur qui cherche des volontaires pour ses études dans des régions reculées peut avoir quelques surprises : la cordialité d'un administrateur quasi-soviétique d'Asie centrale, la surveillance du FSB ouzbekh, le blocage d'une région où est tombé un Soyouz, les frontières à passer en douce après avoir perdu un passeport, l'accueil et l'aide spontanés des nomades, les ravages de l'alcoolisme dans le Kouzbass, la musique hyper-sophistiquée des Pygmées, ou une véritable Vallée des Rois dans l'Altaï.</p>
<p><em>Depuis longtemps, je dévore tout ce qui est démographie dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science & Vie<em> ; je savais par exemple que les </em>Homo sapiens<em> non africains avaient rencontré Néandertal en arrivant au Moyen-Orient, et que leurs descendants, nous comme les Aborigènes d'Australie, avions gardé quelques pour cents de gène néandertaliens. Je savais aussi qu'à côté de Néandertal existaient au moins 2 ou 3 espèces comme Denisova, qui elles aussi nous ont légué quelques gènes. Je ne savais pas que la chronologie de l'histoire de l'humanité était aussi bien établie.</em> Résumé :</p>
<h4>−200 000 et −300 000 ans en Afrique : apparition de l'homme moderne</h4>
<p><em>Le livre n'en parle pas, mais cela se passe pendant l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_Riss" hreflang="fr">avant-dernière glaciation</a></em>.</p>
<p>La limite entre <em>Homo erectus</em> et <em>Homo sapiens</em> est un peu floue.</p>
<h4>−120 000 ans : séparation des Khoe & San</h4>
<p>Leurs descendants sont les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/San_(peuple)" hreflang="fr">derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari</a>.</p>
<h4>−100 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>La Chine a été colonisée il y a plus de 100 000 ans. Par contre, ces premières vagues, et même les suivantes évoquées plus bas, y compris celle qui se croisera avec Denisova et ira en Australie, n'ont pas laissé de trace génétique.</p>
<h4>−70 000 ans au Moyen Orient : Sapiens rencontre Néandertal</h4>
<p>(<em>Donc pendant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation_de_W%C3%BCrm" hreflang="fr">dernière glaciation</a>, entre −100 000 à −10 000 ans environ</em>).</p>
<p>La rencontre a commencé vers −70 000 ans. Il semble avoir suffi de 150 métissages laissant une descendance, dans quelques groupes sortis d'Afrique, de quelques milliers d'individus au total, pour expliquer la diffusion des gènes vers notre espèce. Les deux groupes manquaient-ils d'intérêt l'un pour l'autre, ou les hybrides étaient-ils généralement stériles ?</p>
<p>Se sont-ils rencontrés paisiblement et romantiquement, ou violemment ? Les gènes ne le disent pas, mais le chromosome X (masculin) semble peu touché par le métissage : peut-être les hommes métis étaient-ils plus facilement malades (ils n'ont pas de deuxième chromosome X, mais un Y), peut-être le croisement était-il asymétrique (cela se rencontre), avec une attirance entre femmes <em>Sapiens</em> et hommes de Néandertal, sans que le symétrique soit vrai.</p>
<p>Les métis sont donc les ancêtres des Européens, Asiatiques, Amérindiens… Quelques-uns sont manifestement retournés en Afrique, où l'on retrouve quelques traces génétiques de Néandertal.</p>
<p>Les Européens ont environ 2 % de gènes néandertaliens. Mais c'est très peu quand 99,87 % du génome est identique. Les Néandertals souffraient cependant de consanguinité, les premiers métis semblent en avoir pâti. Il n'est pas facile de savoir à quoi nous servent à présent les gènes restants. Certains sont liés au système immunitaire ou à la kératine, peut-être à la résistance au froid, car Néandertal était adapté au climat de l'Eurasie de l'époque glaciaire.</p>
<p>Bizarrement, des gènes <em>Sapiens</em> de l'époque, et disparus depuis, ont été retrouvés chez certains Néandertals. Le croisement a été à double sens.</p>
<h4>D'autres croisements, d'autres espèces</h4>
<p>Les croisements sont encore plus compliqués en Asie : des habitants de Nouvelle-Guinée ont hérité jusqu'à 6 % de gènes de Denisova, cousin de Neandertal, les Tibétains ont hérité de gènes d'adaptation à la haute altitude. Des preuves de métissage Denisova-Neandertal existent aussi.</p>
<p>En Afrique existent des traces de métissage de <em>Sapiens</em> avec d'autres espèces dont on ne sait rien. En Indonésie, pendant des centaines de milliers d'années, a existé un « homme de Florès », peut-être descendant d<em>'Homo erectus</em>, mais dont l'ADN reste inconnu (le sol tropical conserve mal les fossiles). L<em>'Homo luzonensis</em> est un cousin philippin datant d'autant moins 50 000 ans.</p>
<blockquote><p>« Cela fait finalement très peu de temps que nous sommes la seule espèce d'humains sur Terre. »</p></blockquote>
<h4>−60 000 ans : séparation des pygmées</h4>
<p>Pendant ces mélanges en Asie, les pygmées sont devenus un groupe à part, lui-même scindé en deux il y a 20 000 ans.</p>
<p>La raison de leur petite taille reste discutée : adaptation à la forêt, dérive génétique dans de petits groupes… Il y a plus de différences génétiques entre ces deux groupes pygmées, de même culture pourtant, qu'entre Européens et Asiatiques ! Ce qui d'ailleurs peut se généraliser à l'Afrique, puisque les non-Africains descendent tous d'un petit groupe, qui n'a emporté qu'une partie de la diversité génétique originelle de l'Afrique (même si elle a ajouté ses mutations, adaptations et métissages avec Neandertal et Denisova).</p>
<h4>−50 000 ans : colonisation de l'Australie</h4>
<p>Toujours pendant la dernière glaciation, le niveau bas des mers permet aux hommes en provenance d'Asie (métissés de Néandertal donc) d'arriver jusqu'en Australie. Les Aborigènes actuels sont les descendants directs de ces premiers colons. Dispersés en Asie, on trouve encore les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritos">Négritos</a>, qui seraient les descendants directs de ces anciennes populations.</p>
<p>Les fondateurs, même à cette époque, étaient forcément des marins, et assez nombreux, vu la diversité génétique des Aborigènes. Les populations du bloc Nouvelle-Guinée-Australie ont ensuite été séparées par les mers, les déserts, et, peut-être, leur système parental très complexe.</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Europe</h4>
<p>La génétique n'a pas modifié l'histoire déjà connue de Cro-Magnon et de ses voisins. Elle confirme une organisation en petites bande de chasseurs-cueilleurs, et des unions entre membres de bandes proches. Mais il est surprenant de retrouver le même phénomène que chez les Pygmées : une séparation génétique entre Est et Ouest de l'Europe malgré une proximité culturelle sur tout le continent.</p>
<p>Autre surprise : les Cro-Magnons et leurs voisins étaient plutôt noirs aux yeux bleus ! L'éclaircissement de leur peau a été très progressive, jusque pendant le Néolithique. Le problème est complexe : la peau claire est apparue plusieurs fois, avec des gènes différents, dans différentes populations dans le monde.</p>
<p>Les yeux bleus des Européens dateraient des débuts de colonisation. Les cheveux roux seraient apparus un peu avant. Ces caractères sans bénéfice évident ont pu se répandre par préférence sexuelle. (Autres exemples : les yeux bridés ou la barbe.)</p>
<h4>−40 000 ans : <em>Homo sapiens</em> en Asie</h4>
<p>On l'a vu, l'Asie était déjà colonisée. Les populations actuelles sont plus proches des Européens que des Australiens, et il doit s'agir de la même vague qui s'est séparé en deux branches, Europe et Asie. La frontière, floue, a permis des migrations entre elles. Le rôle de l'Asie centrale (source ou convergence) est flou : c'est un « mille-feuilles d'histoires de migrations », y compris aux temps historiques.</p>
<h4>−37 000 ans : disparition de Neandertal</h4>
<p>Parmi les innombrables causes possibles, de l'inadaptation au génocide par <em>Sapiens</em>, Évelyne Heyer en raye une : la consanguinité. Elle n'était pas forcément plus élevée chez les Néandertals que chez certains chasseurs-cueilleurs. Par contre, la diversité génétique était faible, et les Néandertals subissaient déjà une très lente décroissance démographique bien avant de rencontrer les <em>Sapiens</em>. Il n'est pas encore sûr que la consanguinité se soit renforcée ensuite, suite au morcellement du territoire.</p>
<h4>−15 000 ans : première découverte de l'Amérique</h4>
<p>Via le détroit de Béring ou les Aléoutiennes, comme il était déjà connu. Mais y a-t-il eu un peuplement plus ancien, par les côtes ou en dérivant depuis l'Afrique ? Les indices archéologiques sont ténus. Génétiquement, il n'en reste aucune trace.</p>
<h4>−10 000 ans : l'agriculture</h4>
<p>L'agriculture est apparue à peu près simultanément à plusieurs endroits de la planète.</p>
<p>(<em>Cela m'avait longtemps intrigué. J'avais compris qu'un assèchement avait conduit les populations à se regrouper autour des grands fleuves, par exemple. En fait, l'apparition de l'agriculture correspond à la fin de la glaciation et aux modifications climatiques qui ont eu un impact sur tout le globe.</em>)</p>
<p>L'explosion démographique a-t-elle suivi ou précédé l'apparition de l'agriculture ? Habituellement, on pose que la nourriture plus abondante a permis d'augmenter la population. Mais Heyer penche pour la seconde hypothèse. En effet, l'ADN permet de calculer le moment où l'effectif d'un groupe a fortement augmenté (la proportion d'ancêtres communs dans un petit groupe est plus grande), et les dates calculées sont nettement antérieures aux premières traces d'agriculture. Il a existé des populations non agricoles assez importantes pour laisser des grands monuments (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6bekli_Tepe" title="fr">Göbekli Tepe</a>) ou de premiers centres urbains (Jéricho). Le néolithique serait d'abord marqué par la démographie, qui a rendu nécessaire l'intensification de pratiques agricoles déjà embryonnaires chez des chasseurs-cueilleurs.</p>
<p>L'enchaînement causal reste très flou. On ne sait même pas si, au Moyen-Orient, il y a eu migration des convertis à l'agriculture ou diffusion culturelle auprès des chasseurs-cueilleurs. Par contre, il y a bien eu diffusion par des migrations vers l'est (Asie du Sud) et l'ouest (Europe).</p>
<p>Sont apparus en même temps que l'élevage et la démographie galopante : les caries, la malnutrition, des maladies contagieuses comme la rougeole, la tuberculose — pas forcément des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoonose" hreflang="fr">zoonoses</a> d'ailleurs, même si celles-ci vont devenir fréquentes.</p>
<h4>−6000 ans : l'agriculture en Europe</h4>
<p>L'agriculture se répand en Europe par l'est, depuis l'Anatolie, et n'atteint la France que vers 5000 av. J.-C.</p>
<p>La « continuité génétique » n'est pas facile à établir, par manque de fossiles d'époque avec un ADN en bon état. On sait toutefois que les premiers agriculteurs européens descendent des migrants anatoliens, qui se sont mélangés ensuite aux anciens chasseurs-cueilleurs. Le mode de vie de ces derniers a disparu en quelques millénaires.</p>
<p>Il semble que les nouveaux venus aient apporté la peau claire en Europe, utile si la nourriture contient moins de vitamine D.</p>
<p>(<em>Si je suis bien, les blonds aux yeux bleus sont des métis de Cro-Magons noirs, pour les yeux, et d'Anatoliens pour la peau.</em>)</p>
<h4>Le lait</h4>
<p>Les premières traces d'utilisation du lait (faisselle, fromage) remontent à 6500 av. J.-C. en Anatolie ; un peu moins en Europe.</p>
<p>Normalement un mammifère adulte ne possède plus l'enzyme pour digérer du lait… sauf les humains descendants d'éleveurs. Cela dépend énormément des populations, et les Africains, Européens, Asiatiques concernés ne possèdent pas les mêmes mutations.</p>
<p>La pression de sélection sur un gène peut se mesurer, et elle a été importante pour propager ce caractère (existant, jusque là peu utile) dans certaines populations (Finlandais, Irlandais, Touaregs…), mais pas dans d'autres (Chinois, Amérindiens). Des techniques comme la fermentation du lait permettent de se passer de la mutation.</p>
<p>(<em>Certains disent carrément que le lait est un poison. C'est excessif, mais son utilité pour un adulte dépend donc surtout de ses ancêtres. Quant à l'alimentation paléolithique, quoi qu'elle ait pu être, nous n'y sommes plus adaptés.)</em></p>
<h4>Ötzi, Âge du Bronze et culture Yamnaya</h4>
<p>Vers 3300 ans av. J.-C., dans le Tyrol, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi">Ötzi</a> était assassiné dans des circonstances qui resteront à jamais obscures. Son génome est proche des… Sardes !</p>
<p>L'histoire génétique de l'Europe ne s'est pas arrêtée avec l'arrivée des cultivateurs anatoliens. Un groupe se répand entre 3000 et 1000 av. J.-C. (<em>en gros, pendant l'histoire de l'Égypte antique classique, de l'unification jusque la fin du Nouvel Empire</em>), provenant du nord de la Caspienne, identifié comme « culture <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Yamna" hreflang="fr">Yamnaya</a> », nomade, inventeur du chariot à bœufs et des poteries en forme de cloche, entre autres, et a massivement influencé les génomes européens (et centre-asiatiques : leurs traces se retrouvent jusque dans l'Altaï).</p>
<p>(<em>Et ce ne sera pas la dernière invasion de nomades venus de ces steppes…</em>)</p>
<h4>L'Europe génétique actuelle</h4>
<p>5000 ans de guerres, invasions et acculturations diverses ne changèrent ensuite plus grand-chose : les gradients génétiques des Européens d'il y a un siècle (avant l'exode rural et les migrations massives du XXè siècle) suivent la géographie.</p>
<blockquote><p>« À tel point qu'à partir de l'ADN d'un individu contemporain, on peut retracer son origine à 500 km près. »</p></blockquote>
<p>Exceptions : les Basques, les Sardes, les Siciliens. Les Basques ne sont pas, comme on a pu le croire, un isolat des chasseurs-cueilleurs du Néolithique ; ils ont subi en gros les mêmes mélanges que les autres, mais seraient restés plus isolés depuis la fin de l'Âge du Bronze. Les Sardes par contre n'ont pas subi le dernier mélange, et restent proches des contemporains d'Ötzi. Les Étrusques ou les Minoens étaient peut-être aussi dans ce cas.</p>
<p>Et les Indo-Européens là-dedans ? Il n'y a pas forcément diffusion simultanée d'une langue et d'une population. Les langues indo-européennes ont conquis presque toute l'Europe, et au-delà (Hittites, Iraniens, certains Indiens…), et aucun scénario n'explique encore cela clairement.</p>
<h4>Le cheval & l'Asie centrale</h4>
<p>Dans les plaines kazakhs, vers 3000 ans av. J.-C. (<em>donc au moment où les Yamnayas conquièrent l'Europe et où les Égyptiens comment à penser aux pyramides</em>), le cheval est domestiqué. 1000 ans plus tard, depuis l'Oural, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Sintachta" hreflang="fr">Sintashtas</a> (Yamnayas mâtinés d'Européens) se répandent vers l'Asie centrale, et laissent des traces génétiques jusqu'en Inde.</p>
<p>L'Asie centrale se dessèche peu après, poussant les peuples à devenir nomades ou éleveurs se mélangeant allègrement au fil des générations : la région devient encore plus un véritable patchwork génétique.</p>
<h4>Bantous & pygmées</h4>
<p>Toujours vers 3000 ans av. J.-C., en Afrique, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bantous" hreflang="fr">Bantous</a> (des agriculteurs) diffusent depuis le Cameroun dans toute la moitié sud de l'Afrique, et fragmentent le territoire des Pygmées (chasseurs-cueilleurs).</p>
<p>Les deux peuples cohabitent, avec prédominance des Bantous : les Pygmées ont adopté les langues de leurs voisins non Pygmées, et échangé des gènes régulièrement. Heyer a constaté que ces échanges se font surtout des non-
Pygmées vers les Pygmées. Explication : les femmes pygmées, bien que considérées comme inférieures, peuvent épouser des hommes bantous (pas l'inverse), mais finissent généralement par retourner avec leurs enfants dans leur village. La taille des descendants est directement liée au degré de métissage, car de nombreux gènes sont impliqués dans la taille des pygmées (et en aucun cas la malnutrition).</p>
<p>À cause de la rapidité de leur expansion, les Bantous sont relativement homogènes linguistiquement et génétiquement. On retrouve tout de même les traces génétiques des populations absorbées, notamment ce qui a trait à l'adaptation locale.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. en Océanie</h4>
<p>Au moment où les Bantous terminent leur expansion (<em>époque de Ramsès Ⅲ et de la Guerre de Troie</em>),
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanuatu#Peuplement_initial" hreflang="fr">Vanuatu</a> est atteinte par l'homme.</p>
<p>D'où venait-il ? Les habitants sont un mélange génétique de Nouvelle-Guinée et d'Asie du Sud-Est (plus précisément Taïwan, suggère l'archéologie). Les premiers habitants, par contre, ne seraient pas passés par la Nouvelle-Guinée, le mélange avec les Papous est ultérieur.</p>
<p>Il faut attendre l'an 1000 de notre ère pour que la Nouvelle-Zélande et Polynésie soit conquises, jusqu'à l'Île de Pâques.</p>
<h4>1000 ans av. J.-C. : les Scythes</h4>
<p>Les « barbares » <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scythes" hreflang="fr">scythes</a>, de langue iranienne, très anciens nomades éleveurs de chevaux des steppes de la Hongrie à la Mongolie, étaient craints des anciens Grecs. Leur origine est un mystère.</p>
<p>La réponse d'Heyer : génétiquement, ils descendraient des Shintayas des steppes d'Asie, et non de celles du Caucase, et se seraient mélangés aux nombreuses populations rencontrées. La relative homogénéité culturelle n'est pas génétique.</p>
<h4>Endogamie</h4>
<p>Heyer a participé à une longue étude génético-linguistique en Ouzbékistan (pays ethniquement très mélangé) : la proximité linguistique est corrélée à la génétique, mais ce n'est pas systématique, et des phénomènes de remplacement linguistiques sont prouvés ici ou là. Les mariages s'y font préférentiellement entre gens culturellement proches, quitte à parcourir de grandes distances, d'où divergence génétique. Le phénomène se retrouve entre castes indiennes, entre catholiques et protestants néerlandais…</p>
<p>À <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boukhara" hreflang="fr">Boukhara</a>, Heyer a constaté elle-même que les quelques familles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_de_Boukhara" hreflang="fr">juives ouzbekhs</a> sont génétiquement proches de celles du Caucase (une histoire remontant à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nabuchodonosor_II" hreflang="fr">Nabuchodonosor</a>). Ils sont aussi moins mélangés avec leurs voisins et les communautés juives proches, que ne l'ont fait les Ashkénazes d'Europe, très métissés… à moins que la tradition orale ait oublié l'arrivée récente d'un groupe important.</p>
<p>L'endogamie totale reste cependant exceptionnelle.</p>
<h4>IXè siècle : les Vikings en Islande</h4>
<p>L'Islande, isolée, avec sa généalogie millénaire, est un paradis de généticien. Les études récentes montrent que les premiers colons étaient moitié Scandinaves, moitié Gaéliques. Ces derniers ont laissé moins de descendance, car sans doute socialement inférieurs (des esclaves ?). Les chromosomes X et Y montrent que l'ascendance scandinave est surtout paternelle, mais les lignées maternelles sont écossaises. Ne pas oublier que l'Irlande était déjà en partie viking.</p>
<p>Par son isolement et sa petite taille, la petite population islandaise a subi une dérive génétique qui la rend bien identifiable.</p>
<h4>De Gengis Khan aux Maoris</h4>
<p>Selon un article de 2003, le conquérant aux nombreuses épouses serait l'ancêtre de 10 % des hommes actuels de son ancien Empire (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol" hreflang="fr">le plus grand de l'Histoire</a> avec le britannique). Plus rigoureusement, des variants génétiques sur le chromosome mâle Y, propres aux Mongols (pas forcément le Khan) remonteraient à cette époque. Ce n'est possible qu'avec un fort succès reproducteur sur plusieurs générations. Les groupes concernés sont fortement patrilinéaires, et leurs généalogies officielles ne sont pas que mythiques, mais recoupent bien la génétique. Le statut social et la capacité à avoir beaucoup d'enfants s'héritent par les pères. Les hommes ont alors tendance à partager des Y proches. Le phénomène se retrouve même dans les sociétés patrilinéaires moins strictes, comme l'Occident actuel.</p>
<p>Le phénomène se retrouve ailleurs et même, inversé, chez les Maoris, et plus généralement chez les chasseurs-cueilleurs, où l'ADN mitochondrial montre que le succès reproductif des femmes se transmet aux filles. Les raisons sociales sont nombreuses.</p>
<p>On peut donc détecter le système de parenté de civilisations par leurs gènes. Les haplogroupes peuvent être datés (comme l'a été celui de Gengis Khan). En Eurasie, la patrilinéarité aurait émergé pendant l'âge du Bronze (1000 à 2000 av. J.-C.).</p>
<p>Les études d'Heyer au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Touva" hreflang="fr">Touva</a> et en Mongolie retrouvent la patrilinéarité, mais aussi sa conséquence : les femmes ont beaucoup plus la bougeotte que les hommes. Ce phénomène concerne les ⅔ de l'humanité, mais pas toute l'espèce. Pourquoi sommes-nous le seul grand singe à varier les modes sociaux ?</p>
<h4>Les esclaves africains</h4>
<p>Il n'y a bien sûr pas d'archive de la provenance exacte des esclaves africains déportés aux Amériques. Les informations issues de l'ADN s'affinent au fur et à mesure que les bases de données s'enrichissent. Les Afro-Américains viendraient d'Afrique Centrale et de l'Ouest. Les esclaves ont retransmis quelques pour cent de gènes pygmées.</p>
<p>S'y ajoutent généralement des gènes européens, dans des proportions très variables selon les individus (y compris 95 %, puisque la règle locale veut qu'une goutte de sang noir fasse de vous un Noir...). Même des suprémacistes blancs possèdent des gènes noirs : la couleur de peau n'est pas un indicateur très fiable, et peut simplement ne pas avoir été sélectionnée.</p>
<p>Le chromosome Y (mâle) est souvent européen, alors que l'ADN mitochondrial (féminin) est généralement africain, alors que les esclaves étaient surtout des hommes ! Cela se voit aussi en Amérique du Sud (chromosome Y européen, mitochondries amérindiennes), là aussi dans des proportions très variables : les colons prenaient femme (au mieux) sur place. Chaque région d'Amérique a son histoire marquée par la disparition plus ou moins complète des Amérindiens, l'arrivée des Européens et des esclaves africains (pas partout), les taux de mélange, le degré d'isolement, les déportations, les maladies importées d'Europe ou d'Afrique…</p>
<h4>Le Québec & l'effet fondateur</h4>
<p>Comme l'Islande, le Québec est un paradis pour généticiens. La population, longtemps faible, a explosé, les mouvements de population sont documentés, et les archives généalogiques sont complètes.</p>
<p>Comme les hivers rigoureux limitent les maladies, les familles nombreuses y deviennent la norme. Les quelques milliers d'aventuriers et d'orphelines sous Louis XIV sont 70 000 un siècle après, quand la colonie devient britannique. Les colons suivants sont exclusivement britanniques et ne se mélangent pas aux francophones. L'Église catholique lance alors la « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Revanche_des_berceaux" hreflang="fr">guerre des berceaux</a> » : la natalité reste très élevée que dans les années 1960.</p>
<p>La description de l'exploitation à grande échelle des registres paroissiaux est passionnante. Une motivation : les maladies génétiques propres aux Québécois, à priori une conséquence de la consanguinité. Surprise : les populations victimes ne sont pas plus consanguines que les autres !</p>
<p>Il est parfois possible de remonter à <em>la</em> personne ayant importé la mutation au Québec au XVIIe siècle. Quelques dizaines de personnes sont ancêtres de <em>toute</em> une région, voire d'une bonne partie des Québécois francophones !
En théorie, au bout de 10 générations, un individu représente ½¹⁰ ~ 0,1 % du patrimoine de ses descendants (et en pratique, souvent absolument rien), mais ce sera beaucoup plus s'il se retrouve plusieurs fois dans l'arbre d'une personne. Les mutations portées par l'ancêtre finissent donc par avoir une grande fréquence dans la population. À l'inverse, certaines maladies génétiques de France sont absentes du Québec. C'est l'« effet fondateur ».</p>
<p>Ce n'était pas vraiment une découverte, mais Heyer a été surprise de l'ampleur de l'effet en si peu de générations pour une population devenue importante. L'effet a été amplifié par celui des « enfants utiles » : ceux qui meurent jeunes , ou partent, sont neutres quant à l'évolution d'une population donnée. Par exemple, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saguenay%E2%80%93Lac-Saint-Jean" hreflang="fr">Sagueney-Lac-Saint-Jean</a> était un front pionnier, il y avait de la place, et les enfants de familles nombreuses restaient facilement dans la région.</p>
<p>Heyer donne un autre exemple en France : une vallée du Jura possédant sa maladie génétique endémique létale. Les malades portent la même mutation, et il n'y a pas d'ancêtre commun récent (XVIIIe siècle). Il fallait expliquer une persistance aussi longue, malgré la sélection naturelle, dans une population réduite et pas isolée. La cause s'est avérée sociologique : les habitants les plus ancrés, propriétaires des terres, avaient plus d'enfants et formaient une sorte de noyau stable ; les arrivants, sans terres, avaient tendance à repartir après une ou deux générations.</p>
<h4>Généalogie génétique</h4>
<p>Après 40 générations, la plupart des Français descendent sans doute de Charlemagne : la population de l'époque est très inférieure à celle de nos ancêtres potentiels s'ils étaient tous différents. De plus, une part notable n'a pas laissé de descendance jusqu'à nos jours : des branches peuvent s'éteindre relativement rapidement, mais d'autres personnes ont de nombreux descendants. Cela se calcule, et à supposer qu'il y ait quelques migrations à longues distances de temps à autre :</p>
<blockquote><p>« En Europe, tous nos ancêtres communs ont vécu il y a a entre 1 200 et 2 000 ans environ : tout individu (…) qui a laissé au moins un descendant jusqu'à nos jours est l'ancêtre de tous les individus actuels. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Le premier ancêtre généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3 000 ans. »</p></blockquote>
<blockquote><p>« Il y a à peine 5 000 ans, nous avions tous les mêmes ancêtres ! »</p></blockquote>
<p>Et parmi les habitants de cette époque, 60-80 % ont encore des descendants, donc :</p>
<blockquote><p>« Si vous entriez dans un village ou une cité d'il y a 5 000 ans, la plupart des personnes que vous croiseriez seraient les ancêtres communs à toute l'humanité. »</p></blockquote>
<p>(<em>Ce qui veut quasiment dire, cher lecteur, qui que tu sois, que les pyramides ont sans doute été construites par nos ancêtres communs ; et que nous descendons tous des premiers pharaons ou de Gilgamesh, de Papous, de Pygmées, de Maoris et de Sibériens. D'un côté, j'ai du mal à croire qu'en si peu de temps des Amérindiens de 3000 av. J.-C. aient pu transmettre leurs gènes à toute l'Eurasie, vu que les contacts étaient à peu près coupés jusqu'aux grandes explorations. D' un autre côté, pour un <a href="https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5313-vikings-decouvrent-ameriques.html" hreflang="fr">Leif Erikson</a> ou une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pocahontas" hreflang="fr">Pocahontas</a> qui ont laissé une trace dans la grande Histoire, combien d'aventuriers, de nomades, de bannis, de pirates violeurs, ou d'esclaves razziés très loin de chez eux ?</em>)</p>
<p>Les tests ADN sont à la mode, surtout aux USA. Les bases de données existantes sont un problème de vie privée, car notre ADN est commun avec nos parents. Y fouiller permet de débusquer des criminels, mais aussi de révéler des secrets de famille. Quant aux tests d'origine, ils ne possèdent aucune rigueur. Or l'extrême-droite américaine a tendance à les utiliser.</p>
<p>Paradoxalement, nos ADN sont très similaires, mais les différences permettent de désigner des populations distinctes (restées dans un même endroit et se mariant avec ses proches voisins). Quant à en déduire des « races », c'est illusoire : des populations très différentes peuvent posséder un même caractère (cas des maladies génétiques) ; si un caractère est précis, il ne concerne qu'un tout petit groupe (ex : l'adaptation à l'altitude des Tibétains). La notion n'est même pas fonctionnelle en médecine, et ne recouvrirait même pas les notions historiques et sociales. Évidemment, ceux qui parlent de races en arrivent très vite à les hiérarchiser, à réduire un individu à sa race (essentialisme), à oublier tous les aspects culturels, sociaux et environnementaux, en aucun cas liés aux gènes, voire qui les déterminent. On connaît les conséquences.</p>
<p>Si un humain ne semble pas spontanément raciste, il serait volontiers ethnocentriste, et privilégie naturellement son groupe, même non apparenté, tout en étant assez ouvert à l'étranger. L'essentialisme en fait un raciste.</p>
<h4>Les migrants</h4>
<p>250 millions de migrants en 2015, dit l'ONU. La plupart migrent à des distances très variables, généralement entre pays du Sud, et ce ne sont pas forcément les plus pauvres qui migrent, et pas forcément vers des États en dépression démographique. Aujourd'hui encore, 95 % des gens restent dans leur pays de naissance.</p>
<p>Dans le passé, les migrants ont toujours fini par se mélanger aux occupants précédents, à quelques quasi-génocides près (États-Unis). Le « taux de mélange » est très élevé dans nos sociétés, et quasi-total en 3 générations. En France, le mélange est la norme, mais il est beaucoup plus lent aux États-Unis. Au sein d'une même région du monde, l'endogamie est très variable, variant parfois d'une famille à l'autre. Si les femmes bougent plus (patriarcat oblige), les hommes qui quittent leur village vont plus loin. Un Californien aux yeux bleus bridés et à la peau sombre conclut le chapitre : l'allongement des distances va conduire à des brassages plus variés et des phénotypes nouveaux.</p>
<h4>Nos descendants</h4>
<p>La sélection naturelle ne nous changera pas en quelques siècles (<em>modulo cataclysme</em>). Le petit doigt de pied est inutile, il pourrait disparaître sans souci (comme nos queues autrefois), mais il faut une mutation, qui ne se diffusera que très lentement puisqu'il n'y a aucune pression de sélection dessus.</p>
<p>Si sélection il y a encore, elle est soit liée aux polluants (impact sur la fertilité de certains hommes, par exemple), et dans ce cas sans doute peu durable, ou variable ; soit à la sélection sexuelle, lors du choix du conjoint, les exemples étant des caractères visibles, en premier lieu la taille. L'exemple est développé : la taille est fortement héréditaire, mais son augmentation rapide au XXè siècle montre que le milieu a aussi un rôle majeur. Un plafond (génétique) semble atteint dans certains pays (Suède), d'autres populations grandissent ailleurs sans pouvoir espérer grandir autant. Par contre, la diversité génétique semble favoriser les plus grandes tailles, les divers mélanges génétiques vont donc jouer un rôle. (Surtout que nous serions inconsciemment plus attirés par des gens au système HLA différent du nôtre ! (<em>donc sans que l'apparence physique joue un rôle</em>))</p>
<p>Pour compliquer les choses, il y a l'épigénétique, c'est-à-dire l'expression des gènes (version amoindrie de l'hérédité des caractères acquis). Typiquement, une disette peut avoir un impact sur les quelques générations suivantes, pas plus loin. À l'inverse, l'augmentation de la taille peut bénéficier de cet effet, dans le bon sens.</p>
<p>La population humaine est gigantesque, et un caractère se propage lentement, et son environnement varie beaucoup plus vite que la sélection naturelle : impossible de savoir comment nous évoluerons — jusqu'à ce que nous isolions une petite population sur une planète. (<em>D'ailleurs, tous les films de science-fiction non immédiate me semblent faux à cause de cela : la population de Mars ou Cérès, après quelques générations, sera aussi diverse que l'équipage de Star Trek, mais ne ressemblera à aucun phénotype actuel.</em>)</p>
<h4>L'espérance de vie</h4>
<p>Quant à l'espérance de vie, son envolée en deux siècles tient à la réduction de la mortalité infantile et une meilleure hygiène de vie. Elle plafonne voire recule dans certains pays pour des raisons sociales (sida en Afrique, vodka en Russie, obésité aux États-Unis…). Une augmentation tiendrait à présent à la prolongation de la vie des personnes âgées (marginalement) ou simplement… l'amélioration de l'intégration sociale des moins favorisés ! Il ne semble pas y avoir de gène des centenaires. L'espérance de vie en bonne santé est une autre voie où progresser encore, mais le calcul est très délicat.</p>
<h4>Transition démographique</h4>
<p>(<em>On m'en parlait déjà au collège, je trouve fascinant de la voir se réaliser.</em>) L'augmentation de la population tient au délai entre diminution de la mortalité et diminution de la natalité (plus court en France qu'en Angleterre, d'où des augmentations de population différentes au XIXè siècle). L'Amérique latine, l'Iran… sont en train de terminer leur transition démographique. L'Afrique est très hétérogène sur ce point. Les pays industrialisés sont souvent tombés à 1 enfant/femme (Japon, Allemagne, Pologne…).</p>
<p>Parallèlement l'espérance de vie grimpe, la population mondiale continue de grimper. Le pic serait entre 9 et 11 milliards entre 2050 et 2100… si la transition se réalise partout. Après les révolutions néolithique et industrielle, quel sera l'impact d'une transition écologique ?</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-odyss%C3%A9e-des-g%C3%A8nes-d-%C3%89velyne-Heyer#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/859« La sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles » de Rodolphe Reussurn:md5:d3f64b897ed1308aa11679268733709f2020-08-23T21:20:00+02:002021-01-11T12:48:41+01:00ChristopheHistoireabominationAlsaceautodestructionchristianismecynismeDieudéshumanisationguerre saintehainehistoireincohérencejusticelivres luslégendes urbainesmèmeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeparadoxeparanoïapeine de mortperspectivepessimismepsychologiereligionRenaissancethéologietotalitarisme<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/La%20Sorcellerie%20en%20Alsace%20aux%2016%C3%A8%20et%2017%C3%A8%20si%C3%A8cles%20-%20Rodolphe%20Reuss.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.La Sorcellerie en Alsace aux 16è et 17è siècles - Rodolphe Reuss_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a> Petite analyse des procès en sorcellerie, en une époque que l'on croyait déjà civilisée. La grande époque des bûchers de sorcières, ce n'est pas l'obscur Moyen Âge, mais les siècles suivants. Et le nombre de femmes (surtout) torturées, étranglées, brûlées, pour une aussi petite région que l'Alsace, fait froid dans le dos.</p> <p>(<em>Comme d'habitude, le texte vise à résumer, et l'italique indique une remarque de ma part.</em>)</p>
<p>Il y a parfois de bonnes surprises dans les dépôts de livres en accès libre que l'on trouve à présent un peu partout. Il s'agit ici de la réédition de 1987 (il y en a <a href="https://editionsdegorce.ecwid.com/La-Sorcellerie-au-XVIe-et-au-XVIIe-si%C3%A8cle-particuli%C3%A8rement-en-Alsace-p88163721" hreflang="fr">une de 2017</a>) de l'ouvrage de 1871 d'un des anciens responsables de la Bibliothèque de Strasbourg. Rodolphe Reuss a passé en revue et résumé des dizaines de procès en sorcellerie sur deux siècles.</p>
<h3>Les sorcières</h3>
<p>Les « sorciers » et « sorcières » sont de toutes les couches sociales, mêmes les plus élevées, et de la campagne comme de la ville. Les femmes sont surreprésentées : elles sont censées être moins intelligentes, moins capables de se défendre, et donc plus faciles à séduire par Satan, qui d'ailleurs est un être au-delà du lubrique. Les enfants ne sont pas épargnés.</p>
<p>Satan est censé frapper à un moment de faiblesse, pour une raison ou une autre : il donne, protège, offre des pouvoirs. Il s'agit de devenir plus riche, se venger, tuer des animaux, ou beaucoup d'enfants — il fallait bien une explication aux nombreux décès en bas âge. Bizarrement, aucun de ces pouvoirs n'est dangereux à grande échelle, et il se retourne parfois contre la personne ou les biens de la sorcière. Les réunions avec Satan, les sabbats, les différentes formes de Satan, les noces diaboliques, du dernier degré de dépravation... tout cela figure dans les minutes des procès avec moults & glauques détails, menus des noces et composition des breuvages inclus.</p>
<h3>Les procès</h3>
<p>L'Église catholique n'est pas seule coupable de chasse aux sorcières ; l'Alsace était d'ailleurs en bonne partie protestante à cette période. D'ailleurs les inquisiteurs n'étaient plus aux commandes, et chaque ville avait son tribunal dédié aux maléfices, rempli de gens sans formation, que Reuss décrit comme incultes et bornés. Il n'y avait presque jamais d'avocat, cela ralentissait trop le procès, et il ne faisait de toute façon pas bon protéger un accusé de sorcellerie : c'était un bon moyen de se voir suspecté soi-même. Se défendre trop bien est également l'indice d'une possession satanique. Par contre, il est évident que Dieu protège les juges !</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Femme_accus%C3%A9e_de_sorcellerie-%C3%89mile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia.jpg" title="Femme accusée de sorcellerie (Émile Deschamps, domaine public, via Wikimedia)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Femme_accusée_de_sorcellerie-Émile_Deschamps-domaine_public-via_Wikimedia_m.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Au début d'un procès, il y a bien sûr dénonciation, pour une broutille souvent (tout le monde se surveille, dans des petites villes), souvent par calomnie, ou dénonciation anonyme, mais parfois à cause de l'aveu d'un(e) accusé(e) de sorcellerie. Le juge agit à charge, appelle des témoins qui n'ont pas à prouver ce qu'ils avancent, cherche des traces du Malin, et, bien sûr, fait grand usage de la torture. Il y avait une grande variété de supplices, et plusieurs degrés, dont même le premier fait dresser les cheveux sur la tête. La recherche de signes « objectifs » de possession (marques diverses, dont celle d'une partie insensible du corps) relevait aussi de la torture. Évidemment, l'accusé(e) avouait au final tout et n'importe quoi, quand il ne décédait pas sur le chevalet. Les incohérences et contradictions dans les confessions n'étaient pas un problème.</p>
<p>Le ou la coupable quittant généralement ce monde, ses biens étaient confisqués, servant entre autres à payer le procès, les juges, rémunérer les accusateurs ! — la question des dénonciations calomnieuses est donc ouverte, et enfin remplir les caisses de la commune. Quand les juges étaient miséricordieux, que la sorcière se repentait, il y avait décapitation ou étranglement avant le bûcher. Si, quasiment par miracle, l'accusé était déclaré innocent (cela arrivait !), on l'exilait quand même.</p>
<p>(<em>Cette hystérie collective se retrouve dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorci%C3%A8res_de_Salem" hreflang="fr">sorcières de Salem</a>. Au moins les Américains ont-ils alors tiré une morale de l'histoire. Un exemple effroyable, alsacien, vers 1617-1630 est la <a href="https://journals.openedition.org/alsace/1036" hreflang="fr">série de procès à Molsheim</a>, où 76 « sorciers » ont été brûlés… dont 30 enfants !</em></p>
<p><em>Il ne faut pas se moquer de ces gens si superstitieux. À l'époque moderne, sans Satan, le phénomène du coupable par association sans défense possible frappe aussi : Terreur en France, terreur stalinienne... Certaines hystéries médiatiques ou sur les réseaux sociaux sont moins graves, mais de la même logique.)</em></p>
<p>Le nombre de victimes est effarant : on parle de bûchers chaque année, ou presque, pendant des décennies, avec parfois de véritables flambées . Sélestat : 91 sorcières brûlées de 1629 à 1642 ; Rouffach : 37 personnes en 8 ans à Rouffach avant 1596 ; et 5000 dans l'évêché de Strasbourg entre 1615 et 1635 ! Le XVIIè siècle fut pire que le XVIè à cause de la Guerre de Trente Ans. Il y eut encore quelques cas de procès dans les premières décennies du XIXè siècle ! Pour Reuss, les bûchers n'ont reculé que grâce aux philosophes des Lumières. Et le combat contre ignorance et superstition n'est pas fini, déplore Reuss en 1871.</p>
<h3>Pourquoi</h3>
<p>Rodolphe Reuss cherche des explications à un tel délire et à tant de victimes. L'acharnement des juges à poursuivre la torture jusqu'à des aveux complets, et la suggestion des réponses à l'accusé, la duplicité des interrogatoires, la perspective d'être damné si l'on n'avouait pas… n'expliquent pas tout.</p>
<p>Un point important : dans un monde ignorant et superstitieux, <em>tout le monde</em> croyait au Diable autant qu'à Dieu, et était réellement terrorisé par le concept, les juges — sincères — comme les accusés. Avec suffisamment de pression, ces derniers pouvaient mettre eux-mêmes sur le compte d'influences sataniques certaines de leurs mauvais pensées ou rêves. Certains étaient évidemment des malades mentaux à un degré ou un autre.</p>
<p>Une autre explication levée par l'auteur est la disponibilité de substances plus ou moins hallucinogènes. Vue la rudesse du temps, la consommation ne devait pas être anecdotique chez certains (Reuss la compare à l'ivrognerie de son temps et le besoin d'oubli de la réalité). Les consommateurs auraient projeté dans leurs délires confus leurs croyances et les on-dits, et sincèrement cru rencontrer le démon, avant ou après la suggestion des juges. Les aveux étaient donc parfois <em>sincères</em> ! Cela expliquerait aussi leur monotonie.</p>
<p>Enfin, certains procès auraient plutôt dû relever du droit commun : empoisonnement (mais toute science était à l'époque ramenée à la magie), simple charlatanisme, ou affaires de mœurs divers, dont l'accusé comme la société préfère se dédouaner sur Satan. Enfin, les accusations de sorcellerie permettent de s'attaquer aux hérétiques ou aux membres d'une religion concurrente (clergé compris).</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic.jpg" title="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Rodolphe_Reuss-1880-435px-Wikimedia-domainepublic_s.jpg" alt="Rodolphe Reuss 1880 (image Wikimédia, domaine public)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a> Rodolphe Reuss est manifestement consterné par la crédulité et les préjugés des gens de cette époque. Il parle du <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Malleus_Maleficarum" hreflang="fr">Marteau des Sorcières</a></em> comme d'un « monument prodigieux de la bêtise humaine ». Il sait bien que son lecteur du XIXè siècle ne croit plus à la sorcellerie, mais il sait que certains sont sceptiques sur l'ampleur ahurissante du phénomène. On sourit et on le sent gêné, quand certains passages des sévices subis sont trop obscènes pour être racontés « même en latin ».</p>
<p>On retrouve dans les pages quelques blessures personnelles de l'auteur. Plus d'une fois, il se plaint que certains documents ont été détruits par les « obus prussiens » en plein pendant la rédaction du livre : sa chère bibliothèque strasbourgeoise a été incendiée lors du très dur <a href="https://www.lalsace.fr/magazine-tourisme-et-patrimoine/2020/07/12/le-siege-de-strasbourg-en-1870-une-catastrophe-aussi-pour-le-genealogiste" hreflang="fr">siège de Strasbourg</a>. Il a ensuite dû quitter l'Alsace annexée. Il la verra à nouveau française — mais ses trois fils auront laissé la vie dans la Grande Guerre.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-La-sorcellerie-en-Alsace-aux-16%C3%A8-et-17%C3%A8-si%C3%A8cles-%C2%BB-de-Rodolphe-Reuss#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/857« Comment l'Empire romain s'est effondré » de Kyle Harper : climat, maladie et chute de Romeurn:md5:4f899faacaf05ab1676fc0a7561ba6062020-02-08T19:36:00+01:002020-12-06T22:46:13+01:00ChristopheHistoireadministrationAntiquitéapocalypseargentauto-organisationByzancecataclysmecatastrophechaoschristianismecivilisationclimatcommunicationdommagedysfonctionnementdécadencedémographiedéterminismeeauEmpire romainFrancsGrandes InvasionsgéographiegéologiegéopolitiquehistoireimpérialismeIndemortMoyen ÂgemulticulturalismeMérovingiensnatureorganisationperspectivepessimismereligionsociétés primitivestempsuchronievolcansécologieéconomie<p>Les causes et le processus de la chute de Rome font débat depuis des siècles, et les théories ne manquent pas. Le livre de Kyle Harper s'étend de l'apogée de l'Empire (milieu du IIè siècle sous <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le" hreflang="fr" title="Marc Aurèle">Marc Aurèle</a>) à l'effondrement des Byzantins devant l'Islam conquérant. Kyle Harper, se fondant sur les recherches pluridisciplinaires de ces dernières années, insiste sur deux facteurs qui n'expliquent peut-être pas tout, mais beaucoup de choses : le climat, et les maladies. Finalement, on s'étonne que cet Empire ait tenu aussi longtemps.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Kyle_Harper_Comment_l_Empire_romain_s_est_effondre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<p>(<em>Comme d'habitude, les commentaires personnels sont en italique</em> ; le reste est prise de notes de ce dont je veux me souvenir.)</p>
<p>Kyle Harper est professeur à l'université d'Oklahoma. Le titre original <em><a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691166834/the-fate-of-rome" hreflang="en">The Fate of Rome</a></em> contredit un peu le propos, qui est, justement, que l'Empire romain a remarquablement tenu pendant le demi-millénaire couvert par le livre, malgré une suite de catastrophes sanitaires et la dégradation du climat,. La chute de Rome n'a rien eu d'un phénomène régulier. Après les pertes effroyables de la Peste antonine sous Marc Aurèle, la démographie et le commerce se rétablirent. Après la Peste de Cyprien, l'Empire fut envahi et sombra dans le chaos pendant une génération (crise du IIIè siècle), mais les Empereurs-soldats danubiens reprirent les choses en main, et tout semblait aller pour le mieux quand déferlèrent les Huns. Une fois l'Empire d'Occident dépecé, celui d'Orient partit à la reconquête, mais son élan fut brisé par l'apparition de la Peste, dont il ne se releva pas, facilitant la conquête arabe. Le reste ne fut qu'une agonie s'étalant sur des siècles, avec quelques hauts et beaucoup de bas (voir tous les détails dans d'anciens billets sur l'Empire byzantin : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">formation</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">apogée justinienne & catastrophe</a>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">nouveau redressement & agonie</a>).</p> <p>L'Empire qu'Auguste avait fondé devait compter de l'ordre de 70-75 millions d'habitants sous Marc Aurèle. Évidemment, tout ce qui ressort de la démographie de cette époque ne peut être qu'évalué indirectement : les sources précises ne sont généralement que locale, et si Rome comptait 1 million d'âmes et n'était pas la seule métropole, l'essentiel de la population restait paysanne. La paix, une certaine stabilité grâce à l'assimilation des élites locales, des routes commerciales sûres, le fameux génie civil romain, évitaient les famines généralisée. L'approvisionnement restait bon : Rome ne s'écroula pas sous la surpopulation. Par contre, l'hygiène était ignorée, et les habitants des villes devaient être victimes en permanence de maladies contagieuses, notamment oro-fécales, du paludisme... Le poids du bouillon de culture permanent se lit dans les squelettes, plus petits qu'avant et après l'Empire. En conséquence, mortalité infantile élevée et espérance de vie faibles ne pouvaient être compensés que par une natalité élevée.</p>
<p>Quoiqu'il en soit, cette population crût globalement pendant les deux premiers siècles après l’avènement d'Auguste, profitant d'un optimum climatique et de conditions plus favorables qu'actuellement. En conséquence, l'armée ne manquait pas de recrues, et les impôts permettaient de la payer : les frontières étaient tenues.</p>
<p>Des villes surpeuplées, un bouillon de culture permanent, des communications pas très rapides mais internationales, des armées en déplacement : c'est un environnement idéal pour une maladie infectieuse. En 165, au sortir d'une guerre victorieuse contre la Perse, apparut la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_antonine" hreflang="fr">Peste antonine</a>, qui ravagea l'Empire depuis le Moyen Orient jusqu'à la Gaule. En suivant le témoignage de Galien, entre autres, Harper finit par l'associer à la variole, apparemment inconnue des médecins romains. (Une leçon au passage : si la vaccination a éradiqué la variole il y a peu, des réservoirs animaux de virus voisins existent toujours…) Pour Harper, les virus antiques n'étaient pas que ceux que l'humanité connaissait depuis le Néolithique ou avant, et notre époque n'a pas l'exclusivité des maladies émergentes : la nature n'arrête pas de nous jouer des tours.</p>
<p>Les pertes, peut-être 20 % de la population, effacèrent les gains démographiques depuis Auguste, mais la civilisation tint bon, les structures étatiques et commerciales subsistèrent, les frontière tinrent. Une conséquence fut le regain de religiosité, au profit du culte d'Apollon le guérisseur : même habitués aux épidémies, les Romains restèrent frappés par celle-ci.</p>
<p>L'Empire continua tant bien que mal, intégrant de plus en plus les élites des populations périphériques à son fonctionnement. Caracalla fit de tous les hommes libres de l'Empire des citoyens. Malgré les virus, la population effaça peu à peu les pertes. Mais, variabilité solaire aidant, l'optimum climatique méditerranéen, son humidité atypique, ses événements El Niño rares, était passés, le climat était plus sec. Il semble que les crues du Nil aient été moins hautes.</p>
<p>La « Peste de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage" hreflang="fr">Cyprien</a> » frappa de 249 à 262, juste après la célébration du millénaire de Rome. Il est difficile de savoir quelle était précisément l'agent. Harper penche pour un filovirus, du genre d'Ebola. Les conséquences furent funestes pour l'Empire : l'effondrement démographique et commercial, puis bancaire et fiscal rendit l'armée impuissante face à des attaques simultanées sur toutes les frontières. Les Perses occupèrent la Syrie, les Goths passèrent le Danube et descendirent en Grèce, Francs et Alamans se répandirent en Gaule, même l'Italie fut touchée. Des provinces firent sécession (Palmyre avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Septimia_Bathzabbai_Z%C3%A9nobie" hreflang="fr">Zénobie</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_des_Gaules" hreflang="fr">Empire des Gaules</a>), et les Empereurs connaissaient tous une mort violente : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_troisi%C3%A8me_si%C3%A8cle" hreflang="fr">crise du IIIè siècle</a> dura 20 ans.</p>
<p>L'Empereur Aurélien redressa la situation et réunifia l'Empire. Comme bien d'autres après lui (jusqu'à Justinien) il provenait des zones frontières très militarisée du Danube. Les modifications structurelles furent nombreuses : élites sénatoriales écartées du pouvoir militaire, prédominance du rôle de l'armée (avec le besoin impérieux de la solder), villes de l'intérieur à nouveau fortifiées et plus petites qu'auparavant, recrutement militaire plus difficile, peuples barbares fédérés pour garder les frontières à la place de soldats trop rares, dont une partie accédera aux plus hautes places dans l'Empire.</p>
<p>Les religions antiques, faillies, ne se relevèrent pas de l'épidémie, elles furent supplantées par de nouvelles. Aurélien adorait le Sol Invictus, et les Chrétiens sortirent de la marginalité — à la grande horreur de ceux qui les accusaient d'être responsables des catastrophes en refusant de sacrifier aux dieux ; d'ailleurs, en prônant la compassion, et donc les soins aux malades, la maladie les frappaient moins violemment...</p>
<p>L'Empire survécut donc une fois encore, et l'Antiquité tardive commença. Le climat du IVè siècle entrait dans un cycle assez favorable mais inconstant, et la récupération dépendit beaucoup des provinces. La population continuait de subir les épidémies habituelles autant, sinon plus, que dans les siècles précédents. Par exemple, le climat instable et les disettes entraînaient un exode vers les villes, bouillon de culture fatal à bien des nouveaux arrivants.
Mais on ne relève pas de pandémie.</p>
<p>Pendant les années 300, la civilisation romaine subit d'innombrables transformations, de la christianisation à la centralisation, et à l'amorce de la séparation en deux ensembles distincts. Rome n'était plus depuis longtemps la résidence du pouvoir, l'Empereur étant souvent aux frontières, comme à Trèves. En conséquence, Constantinople était situé parfaitement entre les deux principales menaces, sur le Danube et sur l'Euphrate.</p>
<p>Selon le scénario d'Harper, les évolutions climatiques continuèrent de créer de nouvelles menaces pour Rome. La première, l'assèchement des steppes asiatiques, provoqua la migration des Huns (véritables réfugiés climatiques !) et par ricochet le déplacement des Ostrogoths, puis Wisigoths, peuple fédéré qui demanda l'asile à Constantinople. Accueillir en-deça du Danube un peuple qui guerroierait pour lui semblait d'abord une aubaine pour l'Empire, mais l'incompétence romaine mena à leur révolte, une guerre ouverte, et la pire défaite romaine depuis Hannibal à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Andrinople_(378)" hreflang="fr">Andrinople en 378</a>. Leur soumission par Théodose ne fut que partielle.</p>
<p>Ce ne fut que le premier coup de boutoir. L'armée de l'Antiquité tardive n'était plus celle des siècles précédents, faute de volontaires, pas seulement pour des raisons démographiques. Elle comptait pourtant un demi-million d'hommes qui auraient dû tenir le choc — si Orient et Occident était arrivés à s'entendre. Les Wisigoths déjà installés se rebellèrent ; d'autres arrivèrent de l'extérieur, notamment lors de la fameuse traversée du Rhin en 406. Il ne s'agissait pas de raids mais de migration de peuples sous la pression des Huns. Quand en 410 les Goths d'Alaric firent le siège de Rome pour rançonner l'Empire, puis pillèrent la ville, un symbole tomba. Incapable de conserver sa coordination avec l'invasion ou la sécession de ses provinces, l'Empire d'Occident ne put reprendre la main ni se défendre dans les années suivantes contre les attaques des Huns d'Attila. L'Empire d'Orient dut y faire face également dans les Balkans. Ironiquement, les maladies locales qui avaient tué tant de Romains brisèrent parfois l'élan d'envahisseurs peu protégés contre le paludisme ou les bouillons de culture des villes.</p>
<p>L'Empire d'Occident n'était plus (officiellement en 476), chose facile à tracer dans les constructions de <em>villae</em>, la disparition des flux commerciaux ou l'effondrement de la population des villes. En ville, la saisonnalité des décès change : autrefois, nombre d'adultes, immigrés de fraîche date, tombaient en masse l'été, victimes des virus locaux ; ceux-ci semble disparaître. Économiquement, une entité surnage : l'Église.</p>
<p>L'Empire d'Orient, lui, était sorti à peu près intact de l'épreuve, encore politiquement stable, riche de son commerce, de ses métropoles Constantinople, Alexandrie, Antioche... À partir de 527, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien" hreflang="fr">Justinien</a>, Empereur énergique, entama de grandes réformes, bâtit beaucoup, fit la paix avec la Perse, lança ses troupes à la reconquête de l'Afrique puis de l'Espagne, de l'Italie. Tout semblait alors lui sourire, quand la nature frappa.</p>
<p>Alors qu'après 450 avait commencé un « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (jusque 700), en 535 commença une série d'éruptions volcaniques (en 2005, j'avais rapporté ici un <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde" hreflang="fr">documentaire accusant le Krakatoa des malheurs des Byzantins</a>). Partout 536 fut l'« année sans été », et les décennies 530 et 540 furent les années les plus froides depuis des siècles.</p>
<p>Pendant le IIIè siècle le commerce avait allègrement repris, ainsi que le crédit bancaire, permettant des échanges lointains, jusqu'en Inde et en Orient : j'ai appris que la Route de la Soie (et du poivre) passait aussi par la Mer Rouge et l'Océan Indien. Constantinople en profitait encore sous Justinien. Le cataclysme suivant provint probablement de là : en 541, Péluse, en Égypte, est la première ville touchée par la peste.</p>
<p>L'ADN a montré que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien" hreflang="fr">Peste justinienne</a> de 541-543 a été provoquée par le bacille <em>Yersinia pestis</em>. Il allait saper la démographie de l'Europe pour deux siècles, avant de revenir frapper à la fin du Moyen Âge (Peste noire du XIVè siècle), et régulièrement jusqu'au XIXè siècle. La bactérie parasite des puces, elles-mêmes parasites de rongeurs, et en premier lieu les rats noirs. L'Empire romain était pour eux un pays de cocagne : des villes et des réserves de grains partout pour soutenir une natalité galopante, de nombreuses voies de communications sur terre et mer pour se répandre partout. Certes, le virus et les puces ne s'attaquent que faute de mieux aux humains (et à d'autres espèces qui ont pu servir de vecteur) ; mais une fois les rats eux-mêmes décimés, la promiscuité de l'époque favorisait la transmission des puces et des virus. Pourtant, le rat noir était bien connu des Romains. Mais le climat du VIè siècle plus froid a pu favoriser la végétation, l'explosion des populations de rongeur, favoriser la diffusion du virus.</p>
<p>Si la peste avait déjà frappé localement dans la passé dans des variantes moins virulentes, la peste de Justinien valait bien la Peste noire. De plus la population romaine était affaiblie par les problèmes climatiques et son lot de virus habituel. Résultat : un taux de mortalité de 80 % et la disparition de peut-être 50 % de la population. La peste dépeupla Constantinople et Alexandrie, frappa jusqu'en Bretagne et en Bavière, épargna sans doute plus les zones désertiques (Maures, Arabie...) et les nomades. Faute de bras, on ne récolte plus, la famine s'installe. Suite à la dépopulation, le cours du blé s'effondre et le système bancaire aussi, puis les finances de l'Empire.</p>
<p>Justinien se maintint mais l'élan était brisé. La Peste revint régulièrement dans les décennies suivantes dans toute la Méditerranée, jusqu'après la conquête arabe, à chaque fois violemment, profitant des flux commerciaux. Partout l'archéologie indique une population en décroissance et une économie anémiée sur le long terme. Une bonne crue du Nil provoqua des inondations dans le delta, faute de bras en amont pour gérer l'irrigation. Justinien ne put qu'à grand peine contenir les Avars (eux-mêmes réfugiés climatiques selon le documentaire susnommé ?). Tout autour de la Méditerranée l'économie des divers États périclitait et la population des villes descendit à des niveaux ridicules. En Italie, le royaume ostrogoth reprenait la route de la prospérité, mais l'attaque des Byzantins et la peste entraînèrent l'effondrement des restes de la civilisation romaine. Les nouveaux États qui se formeraient, comme l'Empire franc, seraient plus continentaux.</p>
<p>Les années suivantes, l'Empire romain d'Orient épuisé, toujours à la recherche d'argent et de soldats, dut poursuivre sa guerre inexpiable contre les Perses, et perdit du terrain dans les Balkans et en Italie.</p>
<p>Le coup de bambou final fut religieux. Comme pour les crises précédentes, la crise climatique, la peste, l'effondrement de la civilisation, provoquèrent une poussée de croyances apocalyptiques. Le pape Grégoire le Grand pensait la fin du monde proche. Les Chrétiens n'étaient pas les seuls touchés, au contraire, et le thème est majeur dans l'Islam, apparu au VIIè siècle. Les Arabes profitèrent de la guerre qui épuisait les Perses et les Byzantins pour s'attaquer aux deux, et en peu d'années les Romains perdirent Égypte et Orient, ne sauvant leur capitale que de justesse.</p>
<p>Kyle Harper arrête là son histoire. L'Empire romain d'Orient, réduit à un bout de Grèce, romain uniquement que de nom à présent, ne disparut formellement qu'en 1453. Il eut entretemps quelques belles années (par exemple <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">vers l'an 1000</a>). Peut-être aurait-il pu survivre jusqu'à nous sous une forme ou une autre.</p>
<p>Sur le fond, rigoureusement, je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence. Il y a eu de nombreuses théories sur la fin de l'Empire romain, celle-ci a le mérite de s'appuyer sur les dernières recherches scientifiques en démographie antique, climatologie, biologie... Je trouve parfaitement plausible qu'une civilisation urbaine, ignorante des règles de base de l'hygiène, paie un tribu effroyable aux maladies. Basée sur l'agriculture, elle était forcément soumise aux caprices du ciel, lequel s'est détérioré pendant cette période. Et de tout temps, faute de rentrées fiscales, les limites de l'organisation d'un État apparaissent de manière fragrante, et il peut difficilement contenir le chaos social ou les agressions extérieures. L'impact du climat a joué un rôle dans la Révolution française, peut-être en Syrie récemment.</p>
<p>Il n'y a pas de déterminisme là-dedans. L'Empire a réagi différemment à trois épidémies massives en quatre siècles, et Harper montre bien ce qui a résisté et les évolutions sociales en conséquence. Au bout d'un certain temps, épidémies, climat, menaces extérieures et problèmes intérieurs se conjuguent, « les étoiles s'alignent », les problèmes s'accumulent jusqu'à la rupture — mais changer un des facteurs aurait pu modifier la donne.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/%C2%AB-Comment-l-Empire-romain-s-est-effondr%C3%A9-%C2%BB-de-Kyle-Harper-%3A-climat%2C-maladie-et-chute-de-Rome#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/856Légendes & lasagnes culturelles : « Le Cycle du Graal » de Jean Markaleurn:md5:d3d95b043f44be08b20f24788aeda4d32016-01-06T00:00:00+01:002016-06-12T13:26:00+02:00ChristopheTemps et transformationsAntiquitéchristianismechâteauxcivilisationCroisadesculturefantasyGrandes Invasionsguerre saintehistoirelivres luslyrismemagieMoyen ÂgemulticulturalismemythemèmemémoireMérovingiensperspectivequêterecyclagereligionsignifiésociétés primitivestempsthéologieémerveillementévolution <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Markale">Jean Markale</a>, dans les années 90, a entrepris une réécriture dans un style moderne de <em>tout</em> le Cycle du Graal : au total deux pavés de mille pages dans mon édition incluant la Table Ronde, les vies d’Arthur & Merlin, Lancelot & Guenièvre, Yvain, Gauvain, Galaad, Bohort, Viviane, Morgane, Tristan & Yseult et j’en passe beaucoup.</p>
<p>Un travail titanesque donc, surtout qu’il ne s’agit pas d’une simple réactualisation du style d’une mythologie « achevée », mais aussi de l’arbitrage, la fusion, la synthèse, l’harmonisation de plusieurs versions dans différentes langues d’Europe de l’Ouest écrites et traduites sur plusieurs siècles dans différents contextes religieux et politiques, leur compilation, leur mise en cohérence.</p>
<p>L’ensemble se présente sous la forme d’une suite de nouvelles pleines de digressions, aux ambiances parfois très différentes, reliées de manière un peu lâches, malheureusement souvent répétitives (il y a <em>beaucoup</em> de jeunes filles à sauver d’un infâme méchant auquel le preux chevalier fera mordre rapidement la poussière). C’est parfois très primaire et binaire, sauf peut-être vers la fin.</p>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8527589h/f13.item" title="La Table Ronde, de « Messire Lancelot du Lac » de Gautier Moap, 1470, Gallica via Wikimedia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public_m.jpg" alt="Table_ronde_Messire_Lancelot_du_Lac_de_Gautier_Moap_1470_Gallica_Wikimedia_Commons_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>Un gros patchwork culturel</h3>
<p>Il ne semble pas que les universitaires aient beaucoup porté Markale dans leur cœur donc on prendra ses interprétations avec des pincettes, mais il reste malgré tout clair que le Cycle du Graal agrège :</p>
<ul>
<li>des histoires issues de la mythologie celte, parfois si anciennes que l’on peut parler de chamanisme (notamment lors des transformation d’humains en animaux) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des légendes celtes, bretonnes, armoricaines, galloises, irlandaises, souvent pré-chrétiennes, agrégées au mythe parfois brutalement ;</li>
</ul>
<ul>
<li>une version historiquement peu correcte de l’invasion romaine et des Empereurs à l’époque de l’arrivée du Graal en Bretagne ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des personnages historiques réels des alentours des années 475-500 : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roi_Arthur">Arthur</a> aurait été un chef de guerre celto-romain, ou une synthèse de plusieurs chefs ayant effectivement combattu les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l'Angleterre_anglo-saxonne">Saxons lors des Grandes Invasions</a>, et des allusions montrent qu’il n’était pas très respectueux des biens de l’Église de l’époque ; <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Merlin">Merlin</a> aurait pu être un chef de tribu un peu plus tardif ; le poète <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taliesin">Taliesin</a> ; le roi <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Urien">Urien</a> et son fils devenu le chevalier <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Owain_mab_Urien">Yvain</a> ; voire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraimbault_de_Lassay">Lancelot / Saint Fraimbault</a> ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des histoires n’ayant pas forcément de liens avec le Graal à l’original ;</li>
</ul>
<ul>
<li>un vernis chrétien parfois très fin recouvrant à peine le fantastique celtique, parfois transposant des divinités celtiques en preux chevaliers (Lug / Lancelot) ou en magiciennes (Morgane), déplaçant l’Autre Monde celtique dans des royaumes imaginaires, ou transformant la quête du Graal originelle (sordide vengeance ? guérison d’une blessure du Roi Pêcheur dans ses parties sexuelles ?) en apologie de l’Eucharistie ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des réinterprétations médiévales du passé : Virgile passait pour un prophète ou un magicien ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des ajouts par des moines choqués par l’immoralité de ces chevaliers querelleurs, parfois pillards ou lubriques : Perceval/Peredur puant trop la mythologie païenne, il est remplacé par Lancelot comme nouveau roi du Graal ; mais Lancelot, ayant cocufié Arthur avec Guenièvre, ne pouvait décemment pas être le Bon Chevalier gardien du Graal, il a donc fallu inventer son fils Galaad, personnage transparent et fade, arrivé comme un cheveu sur la soupe et très vite débarqué ; les autres amants de Guenièvre ont été (mal) gommés, et les femmes globalement rabaissées ; tout est fait pour rendre les amours interdites inévitables <em>malgré</em> les personnages (filtre d’amour pour Tristan & Yseult, substitution de femme pour Lancelot et Brisane/Elaine) et l’on montre qu’elles mènent à la catastrophe : la guerre finale vient de l’adultère de Lancelot & Guenièvre enfin révélé ;</li>
</ul>
<p><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2200046b/f3/" title="Chrétien de Troyes, Gravure de 1530, BNF"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public_s.jpg" alt="Chrétien_de_Troyes_Gravure_1530_BNF_Domaine_public.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<ul>
<li>des réécritures à la mode de l’amour courtois par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_de_Troyes">Chrétien de Troyes</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Boron">Robert de Boron</a>, au top des <em>playlists</em> des trouvères et troubadours du XIIè siècle (en plein renouveau médiéval, à l’apogée de la féodalité et au plus fort des Croisades), et par bien d’autres dans tout l’Occident chrétien (Italie, Allemagne, Angleterre des Plantagenêts, cour d’Aquitaine...), qui ont lié, remixé à divers degrés et inséré au chausse-pied beaucoup d’histoires existantes, à commencer par Lancelot, et connecté le Graal et Jésus ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des éléments typiques de la société médiévale telle que clercs et nobles l’idéalisaient : code de l’honneur chevaleresque, amour courtois, vassalité bien ordonnée, ignorance et mépris des vilains, assimilation des beautés physiques et morales, quelques mentions antisémites, un prosélytisme chrétien <em>très</em> agressif ;</li>
</ul>
<ul>
<li>des échos des remous de la société de l’époque, comme des piques envers les chevaliers pilleurs, ou une allusion de Chrétien de Troyes à l’exploitation des ouvrières dans le textile en Champagne (plus d’un demi-millénaire avant Marx) ; des relents de l’affrontement de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bouvines">Bouvines</a> entre Philippe Auguste et l’Empereur allemand ; des traces de besoins d’affirmation du pouvoir des Plantagenêt (les versions de leur époque affirment qu’Arthur est bien mort, inutile d’attendre son retour d’Avalon).</li>
</ul>
<h3>De quoi/qui parle-t-on en fait ?</h3>
<p>Ajoutons des confusions entre personnages : Arthur fait un enfant à sa sœur, mais est-ce Morgane ou Anne ? Perceval s'est vu dépouillé par Lancelot de bien des histoires. Combien de personnages, fées, sorcières, déesses différentes Morgane agrège-t-elle elle-même ? Et Viviane/Mélusine ? Et ne parlons pas de Merlin ! Markale a pas mal arbitré pour nommer les personnages.</p>
<p>Il y a même un mystère sur le concept même du Graal : chaudron ou corne d’abondance celtique pré-chrétienne, récipient du sang du Christ, vengeance, guérison symbolique, quête mystique de soi-même, tout cela à la fois ? Jean Markale a tranché pour la version chrétienne mais mentionne les autres interprétations.</p>
<h3>Le Moyen Âge n’était pas une période rose</h3>
<p>Certains traits médiévaux agacent. On fait peu de cas de la vie humaine. Les chevaliers s’entretuent à la moindre provocation, et le vainqueur épouse la femme du perdant trucidé (Uther Pendragon & Ygerne). Un sens de l’honneur disproportionné mène à des guerres fratricides et bien des morts inutiles. Les jeunes filles sont toutes les plus belles que l’on peut imaginer, à part une poignée de sorcières hideuses, dont la moitié se retransforment en magnifiques jeunes filles quand le jeune homme est chevaleresque.</p>
<p>En matière de religion, le niveau d’ouverture d’esprit approche celui de Daesh : qui ne se convertit pas est passé au fil de l'épée. Ces preux ne doutent pas un instant de l’aide de Dieu.</p>
<p>La misogynie règne : ces dames s’enflamment toutes pour un rien, parfois sans avoir vu le valeureux chevalier, n’ont d’yeux que pour les guerriers vainqueurs, sont hautement capricieuses (revers de la médaille de l’amour courtois) et ont souvent la cuisse légère. On sent que l’idéal de virginité avant le mariage et de monogamie n’est pas encore bien établi, et en tout cas allègrement ignoré par beaucoup. D’un autre côté, des personnages aussi exceptionnels ne peuvent avoir été conçus que de manière exceptionnelle, voire interdite : Merlin est fils d’un diable et d’une pieuse mortelle ; Arthur nait d’un adultère ; son fils maudit Mordret naîtra d’un inceste (dans les anciennes versions il n’ont pourtant aucune parenté.)</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" title="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/.Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2_s.jpg" alt="Jean_Markale_Le_Cycle_du_Graal_2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a></p>
<h3>En creusant un peu</h3>
<p>Les anciennes coutumes celtes surnagent et surprennent : le Graal n’est chrétien et médiéval que superficiellement.</p>
<p>Le couple Arthur/Merlin reprend la dualité roi/druide. Le roi n’est pas le moteur, juste le premier de pairs, et n’est pas le moteur de grand-chose dans toute la quête. Par tradition, il doit accorder presque à n’importe qui des « dons » sans savoir auparavant de quoi il retourne, d’où bien des dilemmes.</p>
<p>On répand des joncs pour accueillir les invités (normal pour des Celtes, mais le Moyen-Âge utilisait déjà les chaises). Les moines cisterciens ont laissé passer quelques allusions à des liens ouvertement homosexuels entre preux chevaliers (à la manière de la Grèce antique). Les références aux nuits de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_de_Walpurgis">Walpurgis</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Samain_%28mythologie%29">Samain</a> abondent.</p>
<p>Les filiations celtiques sont plutôt matrilinéaires, il est donc normal que le neveu d’Arthur, Gauvain, soit son héritier. Les enfants sont confiés à d’autres familles pour être élevés. À la mode celtique, Lancelot ou Galaad ont été élevés par des femmes : chez la Dame du Lac pour le premier, chez des religieuses pour le second, plus tardif. On découvre que les femmes de l’époque se décoloraient déjà les cheveux en blond.</p>
<p>Quant aux mentions topographiques ou architecturales comme la forme des forteresses, elles remontent plus à l’Antiquité qu’à l’apogée du Moyen Âge.</p>
<p>Bref, un gros pavé pas très digeste, bien représentative de l’évolution culturelle occidentale, qui plaira aux fanas d’histoire.</p>
<p>Pour finir, <a href="http://boutdubois.blogspot.fr/2014/07/jean-markale.html">une interview de l’auteur</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Cycle-du-Graal-de-Jean-Markale#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/801Habemus papam dans le texteurn:md5:88ef067ed72becc902afaab0dbc47f772013-03-13T22:27:00+01:002013-03-13T22:27:00+01:00ChristopheDes formes des motsAntiquitécivilisationconquête de l’inutileculturelatinreligionémerveillement <p>J’ai entendu en direct le <em>habemus papam</em> sur BFM, et les quelques formules qui allaient avec, jusqu’au nom du nouvel évêque de Rome.</p>
<p>Je n’aurais jamais pensé comprendre un événement à la télé avec quelques secondes d’avance sur l’essentiel de l’humanité grâce à mes cours de latin au lycée.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Habemus-Papam#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/736« Pour la Science » de novembre 2012urn:md5:0394e2356f4f7b9fc5bf8374e85dca1a2013-02-16T16:53:00+01:002016-03-21T13:36:57+01:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanthropomorphismeanticonsumérismebon sensconquête de l’inutilecoup basDieudommagedéterminismefoutage de gueulehistoirejardinagelobbysmanipulationmathématiquesoh le beau cas !psychologiereligionsantésciencethéorieécologieévolution <p>Pour ce numéro qui n’est plus en vente et qui globalement ne m’a pas autant intéressé que d’autres, je vais pour une fois essayer de faire court :</p>
<h3>Le bloc-notes de Didier Nordon</h3>
<p>Beau festival ce mois-ci :</p>
<ul>
<li>Même les grands mathématiciens de notre époque ne comprennent rien à certains domaines des maths qu’ils considèrent totalement sans intérêt.</li>
</ul>
<ul>
<li>Évident mais frappant : « donner des exemples est une démarche inverse à celle qui consiste à énumérer ». <strong>Si on vous noie sous des listes interminables, c’est que l’idée sous-jacente est banale ou qu’on vous enfume !</strong></li>
</ul>
<ul>
<li>Didier Nordon rapporte l’exemple d’un physicien russe qui demande l’autorisation de dater au carbone 14 un prétendu morceau de l’arche Noé. Le prêtre arménien accepte : ce serait un bon test pour cette méthode scientifique. Clash des systèmes de pensée.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></li>
</ul>
<pre></pre>
<h3>La conjecture ABC résolue ?</h3>
<p>Résolue ou pas, ça ne changera pas votre quotidien. Ne me demandez pas en quoi elle consiste, je n’ai ni compris ni cherché à comprendre. C’est de la théorie des nombres, pour laquelle j’ai toujours eu une certaine allergie.</p>
<p>Je peux juste préciser que cette conjecture permettrait de démontrer le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dernier_th%C3%A9or%C3%A8me_de_Fermat">dernier théorème de Fermat</a> plus élégamment que dans la démonstration de Wiles en 1993. Et que la démonstration proposée par un Japonais réputé est longue et prendra du temps à valider.</p>
<h3>Science & croyance</h3>
<p>Une des principales perles du numéro n’est qu’un entretien avec <a href="http://lettre.ehess.fr/4261">Yves Gingras</a> sur le mélange des genres entre science & croyance, chose un peu trop à la mode ces temps-ci chez de grands scientifiques reconnus.</p>
<p>On est très loin des délires des créationistes des diverses religions, mais la séparation stricte entre science et religion devient poreuse. Le mysticisme ou la spiritualité percent dans un titre comme <em>The God Particle</em> (du Prix Nobel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leon_Lederman">Leon Lederman</a>), ou dans ce qu’à pu écrire Trinh Xuan Thuan (j’avais été choqué du finalisme qui perçait dans <em><a href="http://www.trinhxuanthuan.com/origines.htm">Origines</a></em>, superbe et instructif par ailleurs). Certains rapprochent bizarrement théorie quantique et mystique indienne ou immortalité de l’âme. D’autres abusent du « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_anthropique">principe anthropique</a> ».</p>
<p>La confusion ne peut que se faire dans le grand public impressionné par l’aura de ces scientifiques éminents. Yves Gingras tire la sonnette d’alarme sur ce mélange des genres encore vu avec indulgence par le milieu scientifique.</p>
<blockquote><p>Un homme savant a compris un certain nombre de vérités. Un homme cultivé a compris un certain nombre d’erreurs. Et voilà toute la différence entre l’esprit droit et l’esprit juste. L’esprit droit surmonte l’erreur sans la voir ; l’esprit juste voit l’erreur ; et certes il n’y veut pas tomber, mais il y veut descendre. <br /> <br />Alain, <em><a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/Alain/Vigiles_de_lesprit/vigiles.html">Les Vigiles de l’esprit</a></em>, XXXI</p></blockquote>
<h3>Histoire des sciences : le DDT</h3>
<p>En 1962, le <em>Printemps silencieux</em> de Rachel Carson dénonçait les ravages du DDT. C’est l’occasion de revenir sur la prédominance de la chimie dans l’agriculture : si pratique, compensant les faiblesses de la monoculture industrielle, elle semblait invincible. Les diverses influences sociales, la foi aveugle dans le progrès technique, ont fait le reste et ignoré les réserves.</p>
<p>Pourtant, à l’extrême fin du XIXè siècle, aux États-Unis, on avait déjà régulé les pulvérisations de « vert de Paris » dans les vergers : les apiculteurs voyaient mourir leurs abeilles. Il faut croire que chaque génération doit redécouvrir que balancer des produits chimiques en vrac n'est pas innocent, et que les faibles dosages peuvent avoir des effets à long terme. Désespérant.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les LED blanches vont petit à petit remplacer nos fluocompactes, je n’ai pas cherché à comprendre les détails techniques.</li>
</ul>
<ul>
<li>Au milieu du magazine, quatre pages de pubs payées par LVMH Cosmétique rapportent un colloque : pavé illisible sans fil conducteur évident et au langage boursouflé (application de la remarque de Nordon ci-dessus).</li>
</ul>
<ul>
<li>L’épidémie mondiale d’obésité s’étend : plusieurs articles décrivent le coût faramineux, le rôle majeur mais non fatal des gènes, et celui des perturbateurs endocriniens trop utilisés dans notre civilisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les dernières recherches sur le cerveau dissocient les circuits du désir (déterminant les actions) et du plaisir. Un drogué agit sans plaisir : quand les deux circuits divergent, il y a maladie mentale, que l’on pourra peut-être mieux traiter à présent.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un paléontologue et un astrophysicien essaient d’interpréter ce que pourraient être les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Midi-chlorien">midichloriens</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, si nombreux dans le sang d’Anakin Skywalker. Les Jedis sont-ils des « super-organismes » ? Ce n‘est pourtant pas le numéro d’avril.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>J’avais trouvé un site web d’un fondamentaliste américain qui réinterprétait toutes les incohérences entre Bible et science en prenant bien sûr ses croyances au pied de la lettre : un fascinant exercice de loopings intellectuels.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Une des pires bourdes de Lucas dans </em>Episode I<em>, heureusement non développée par la suite.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Novembre-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/732« L’Empire khazar » (collectif, dirigé par Jacques Piatigorsky & Jacques Sapir)urn:md5:2594ef318356e88cc9967c27669860352010-06-24T00:00:00+02:002015-08-19T16:28:17+02:00ChristopheHistoireByzanceconquête de l’inutilegéopolitiquehistoireimpérialismeMoyen ÂgemulticulturalismeperspectivereligionRussiethéologie<p>L’Histoire connue du grand public, même intéressé comme moi, comprend des trous parfois monstrueux : par exemple le détail du demi-millénaire du Haut Moyen-Âge, entre la chute de Rome (vers 500) et la stabilisation de la géographie politique européenne (vers 1000). Entre Clovis et Hugues Capet émergent vaguement les rois francs fainéants, Charles Martel, les invasions arabes ou Charlemagne. Et chez les peuples voisins ? Heu...</p> <p>C’est encore pire dans certaines zones géographiques comme cette gigantesque steppe qui va de l’Ukraine au nord de la Chine, de la Sibérie à l’Afghanistan, bourrée de peuples nomades mal définis, aux noms parfois imprononçables, et dont la civilisation tournait autour du cheval. Pourtant certains des plus grands bouleversements mondiaux viennent de là, et les ethnies et les empires issus plus ou moins directement des steppes sont légion : les Huns, les Mongols de Gengis Khan, les Magyars (devenus hongrois), les Turcs (les actuels ne sont que les descendants d’une des innombrables ethnies), les Bulgares (qui sont à la Bulgarie actuelle ce que les Francs sont à la France, un nom sur un substrat presque intact)…</p>
<p><strong>Les Khazars</strong> ? Personne ne connaît. Et pourtant, entre 600 et 1000, ils ont fondé un Empire respectable dans la Caucase et le sud de la Russie et de l’Ukraine actuelles, tenu en respect des Arabes partis à la conquête du monde, ainsi que les Byzantins. Ces guerriers fondaient leur richesse sur le racket du commerce entre Danube, Mer Noire, Caspienne, Don et Dniepr, et multipliaient les peuples clients autonomes mais payant tribut.</p>
<p>Une caractéristique les distingue : <strong>les Khazars étaient juifs</strong>. Loin d’être une tribu perdue d’Israël, ils sont plutôt un des rares exemples de conversion au judaïsme de peuples païens. La cause en semble purement politique : frontalier à la fois de Byzance et du Califat, l’Empire khazar ne pouvait se permettre d’adopter le christianisme ou l’Islam et ainsi se placer sous la sujétion indirecte de l’un ou l’autre.</p>
<p>L’étendue de la conversion des Khazars fait encore débat. Il est possible qu’elle se soit limitée à la haute noblesse, le peuple et les tribus tributaires gardant le paganisme ou se convertissant au deux autres religions monothéistes. Au final, la société khazare s’est en tout cas montrée très tolérante, les différentes religions cohabitant dans ses villes (chose extrêmement rare en cette époque de prosélytisme massif des deux côtés).</p>
<p>Originellement soumis à l’Empire turqüte<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, les Khazars profitèrent de la destruction de ce dernier par les Chinois pour affirmer leur indépendance puis soumettre les peuples voisins... du Caucase au Danube !</p>
<p>Peu à peu, les fiers cavaliers se sédentarisèrent, fondèrent leur sécurité de plus en plus sur des mercenaires (Turcs...). Ainsi, leur puissance militaire s’effrita, les peuples tributaires devenant de plus en plus remuants. Ce ne fut ni Byzance ni le Califat qui eut raison des Khazars, mais une nouvelle puissance émergente, encore païenne, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rus'_de_Kiev">Rus’</a> du prince <a href="http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/sviatoslav-de-kiev-souverain-73234">Sviatoslav de Kiev</a>, précurseur direct de la Russie.</p>
<p><strong>Qui sont les descendants actuels des Khazars ?</strong> On trouvera certes quelques tribus peu connues du Caucase ; mais certains ont, un peu rapidement, imaginé que les Juifs des pays de l’Est, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ashkénaze">Ashkénazes</a> (soit la majorité des Juifs actuels !) descendent des Khazars. La théorie est hardie, probablement fausse.</p>
<p>Un chapitre s’étend sur le rôle de l’histoire khazare dans la politique soviétique : sous Staline, montrer qu’un grand peuple asiatique avait participé à l’histoire russe n’était pas spécialement bien vu, en pleine période d’instrumentalisation du nationalisme russe puis d’antisémitisme latent.</p>
<p>Au final, un livre intéressant, en partie grâce à l’exotisme né de l’évocation de peuples à peu près inconnus dans nos contrées : Bulgares Noirs, Petchenègues, Ossètes (Alains)...</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Oui, moi aussi j’ignorais son existence jusque là.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/L-Empire-khazar#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/618Telepolis special Kosmologieurn:md5:09cbf1a1440420c9321ce2319bdbd4442010-05-26T00:00:00+02:002015-06-25T12:51:10+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationchristianismecivilisationcolonisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedinosauresdétectionentropieextraterrestresgalaxiesgigantismehard scienceintelligenceintelligence artificiellemèmeoptimismeouverture d’espritpanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêtereligionrobotssciencescience-fictionSetispace operaspéculationtempsthéologiethéorietranscendanceténacitéuniverszooécologieémerveillementénergieéonsévolution<p><a href="http://www.heise.de/tp/" hreflang="de">Telepolis</a> serait un magazine que j’achèterais et lirais si j’avais le temps. Mais j’ai tout de même craqué pour le « <a href="https://www.heise.de/kiosk/special/tp/10/01/" hreflang="de">special Kosmologie</a> ».</p>
<p>Sur la couverture, la question fondamentale : <strong>« Où sont-ils ? »</strong></p> <p>Suivent une série d’articles sur le destin à long terme de l’humanité dans l’univers, la possibilité d’une vie extraterrestre, le programme <a href="http://www.seti.org/Page.aspx?pid=1366" hreflang="en">SETI</a> (radio ou optique), etc :</p>
<ul>
<li>Les mystères encore mystérieux de l’univers et les frontières actuelles de la science : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sursaut_gamma">sursauts gamma</a>, détecteur géant de neutrinos au pôle sud, détecteurs d’ondes gravitationnelles à la précision diabolique, fin possible de l’univers…</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>multivers</strong> peut exister de plusieurs manières : tout simplement d’abord sous forme de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hubble_volume" hreflang="en">volumes de Hubble</a> dans un univers infini, avec à 10^10^118 mètres d’ici un monde quasi identique au nôtre, qui restera à jamais inconnu à cause des distances et de l’expansion universelle ; ensuite sous forme d’une interminable série d’univers répartis le long d’autres dimensions ; enfin sous forme de duplication d’univers nés à chaque fois qu’une fonction d’onde est observée. Que nous soyons dans un univers miraculeusement adapté à la vie (toutes proportions gardées) s’explique par le principe anthropique au sein de cette infinité d’univers possibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’énergie négative (pas l’antimatière, qui est positive, mais la vraie négative) n’est déjà pas un objet que l’on manie tous les jours hors de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Casimir">effet Casimir</a>. En théorie, cela pourrait servir à voyager plus vite que la lumière, ou traverser des trous noirs. En théorie aussi ça n’avancera en pratique à rien (fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d'incertitude">principe d’incertitude</a> !).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.hawking.org.uk/" hreflang="en">Stephen Hawking</a> <em>himself</em> évoque la possibilité d’une vie intelligente dans l’univers, et ajoute des réflexions pas très nouvelles sur la fragilité de la vie sur Terre avec ces humains et leur bombe atomique, le passage à un type d’évolution qui ne soit plus darwiniste, ou des solutions possibles connues au paradoxe de Fermi. La remarque que je retiens : la vie datant quasiment du refroidissement de la Terre, on peut considérer que son apparition est facile et commune ; par contre il a fallu attendre trois milliards d’années pour voir apparaître la vie multicellulaire, c’est peut-être donc cette étape qui est hautement improbable.<br />(<strong>Ajout quelques semaines plus tard</strong> : Et paf, la <a href="http://www.bdpgabon.org/articles/2010/07/07/les-plus-anciens-organismes-multicellulaires-connus-decouverts-au-gabon/">découverte de fossiles multicellulaires plus jeunes d’un milliard et demi d’années</a> abat cette idée en vol.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Et ce paradoxe de Fermi (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">je rappelle que j’ai déjà radoté là-dessus ici</a>) revient comme une rengaine. Deux articles surtout énumèrent des hypothèses souvent déjà connues par qui s’intéresse au sujet : impossibilité du vol interstellaire, causes sociales, autodestruction systématique… Pour <a href="http://www.ucl.ac.uk/~ucfbiac/" hreflang="en">Ian Crawford</a> encore, les dinosaures montrent que la vie pourrait prospérer sans mener inéluctablement à l’intelligence. <br />D’autres hypothèses : les artefacts nous crèvent les yeux mais nous les interprétons comme des phénomènes naturels (pulsars ?) ; nous ne savons pas reconnaître les extra-terrestres car ils diffèrent trop de nous (exemple de la fourmi sur une autoroute incapable de découvrir la civilisation humaine) ; ils nous observent depuis toujours (scénario « du <a href="http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/09/19/kubrick-signification-du-monolithe-de-2001/">monolithe</a> ») et nous découvrirons un jour leurs traces dans notre système solaire (un article discute de ce que ce pourrait être) ; nous vivons dans une zone de la Galaxie ou de l’univers exceptionnellement riche en éléments lourds ; toute civilisation est vite victime d’un univers finalement très dangereux (au moins jusque récemment) : supernovas, rayons gamma…</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a>, formulée en 1961 dans un minuscule congrès, n’a pas réclamé grand effort à son auteur, qui s'étonne de son succès. Les premiers facteurs (nombre d’étoiles et planètes) sont mieux estimés à présent ; les autres restent des devinettes. Il y manquerait cependant un facteur <em>Pb</em> (<em>Politicians & bigotry</em>) : un seul membre du Congrès américain peut couper les ailes au SETI.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’équation de Drake comme le paradoxe de Fermi se ramènent donc vite à l’interrogation sur la durée de vie des civilisations. Un article de 1981 du regretté bon docteur Asimov rappelle que nous sommes intelligents et capables de prévoir, avec des inconvénients majeurs : la possibilité d’une vengeance, le besoin d’accumuler les richesses et donc l’épée de Damoclès de l’autodestruction.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faut-il tenter de communiquer ? Le contact lui-même recèle un danger : les extra-terrestres, s’ils nous captent, voire viennent ici, auront une énorme avance sur nous, et nous savons par l’histoire de l’humanité qu’en cas de différentiel, c’est le moins technologiquement développé qui soufre le plus, même sans agressivité volontaire. Certains ont peur d’extraterrestres ouvertement impérialistes ou esclavagistes. D’un autre côté, si toutes les civilisations écoutent et aucune n’émet, l’espace semblera effectivement mort. Nous émettons de toute façon depuis 60 ans intensivement pour nos propres besoins en télécommunications, la question est vaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Exothéologie : quel serait l’impact de l’arrivée d’extraterrestres sur les religions terrestres ? L’Église catholique s’est déjà posé la question. (À mon avis, ce sera sur les autres religions, ou plutôt leurs versions radicales, que l’effet risque d’être le plus violent. À voir aussi la réaction des ETs à une tentative de conversion, et s’ils n’ont pas <em>déjà</em> une religion à nous offrir. Drake rêve de communiquer grâce aux mathématiques, s’embrochera-t-on dans une guerre de religion galactique ?)</li>
</ul>
<ul>
<li>En cas de détection, quelle est la procédure, quel serait le langage utilisé ? Petit rappel.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour optimiser les chances de détection, une proposition consiste à chercher les « phares » de l’univers : par exemple une supernova va être observée par beaucoup de monde, donc on peut <em>émettre</em> dans la direction opposée pour optimiser ses chances. (Je suis à moitié convaincu : cela suppose qu’on ne sait pas du tout où émettre, alors autant le faire dans cette direction-là.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas mal de pages, dont un entretien avec Frank Drake, décrivent le projet de détection <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">SETI</a>, ses réalisations, ses échecs, ses difficultés pour obtenir des fonds, l’obstruction d’une poignée de personnes au Congrès américain. Le SETI va enfin avoir son propre réseau de radiotélescopes dédiés (payé par <a href="http://www.paulallen.com/TemplateHome.aspx?contentId=1" hreflang="en">Paul Allen</a>), mais le manque de moyens reste criant. <br />À côté du SETI classique sur les ondes radio, il existe d’autres projets plus ou moins actifs, notamment le SETI optique qui analyse le spectre des exoplanètes, ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson#Observations_astrophysiques">celui qui cherche des sphères de Dyson qui n’émettent que dans l’infrarouge</a> (un article entier). <br />Les possibilités ne dépendent que de budgets toujours trop réduits. Les détecteurs existants d’ondes gravitationnelles ou de neutrinos (<a href="http://www.icecube.wisc.edu/info/explained.php" hreflang="en">IceCube</a> me fascine) pourraient être mis à contribution. On pourrait imaginer encore plus spéculatif (que sont vraiment les sursauts gamma ?).<br />SETI n’a rien détecté de manière fiable, il y a cependant eu dans l’histoire deux signaux : le fameux « <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">signal WOW</a> » radio en 1977 et un autre en 1998 en optique, tous deux jamais reproduits ni retrouvés ni expliqués.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le dernier article s’étend sur l’écart entre nous et Eux… dont la civilisation remonterait à des millions d’années. Malgré cela, l’auteur estime que les communications sont hors de prix : émettre à 1000 années-lumières (à la fois beaucoup et pas grand-chose à l’échelle de la Galaxie) nous coûterait l’équivalent de notre production actuelle mondiale d’énergie (environ 10 TW), pour un dialogue qui s’étalerait sur des milliers d’années. Impossible dans ces conditions de fixer des rendez-vous quand on n’est même pas sûr que la civilisation à laquelle on s’adresse soit encore là des millénaires plus tard.<br />Ajoutons quelques hypothèses classiques du paradoxe de Fermi, et on peut conclure que s’il y a un « club galactique » de civilisations évoluées, elles s’ignorent sans doute la plupart du temps et nous laissent tranquilles dans notre zoo.<br />(Personnellement, je trouve que cet article se base trop sur la technologie et la psychologie humaines, et élude les hypothèses des machines de von Neumann autoreproductrices, des monolithes... comme celles où, la technologie permettant une quasi-immortalité, l’expansion à l’échelle des siècles devient réaliste.)</li>
</ul>
<p>Deux ou trois interviews ou débats d’Allemands connus chez eux suscitent nettement moins l’intérêt, trop éloignés du sujet ou trop proches du café du commerce. L’iconographie a le défaut de décorer plus que d’illustrer pertinemment le sujet de l’article. Quatre nouvelles de SF un peu trop didactiques tentent d’éclairer les fins possibles de l’univers ou de la civilisation.</p>
<p>Je n’ai pas encore eu le temps de regarder le DVD fourni (il y a des sous-titres français).</p>
<p>Bref, à acheter si vous lisez l’allemand.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/611« Pour la Science » d’avril 2010urn:md5:58a86e0aaa47083a427871ff086d2f782010-04-04T21:22:00+02:002015-06-10T12:28:29+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropomorphismeapocalypseastronomieBiblecitationcivilisationclimatcomplexitéconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedinosauresdéshumanisationeffet de serregravitationhard sciencehistoireintelligencemathématiquesmortmythenaturepanspermiepeine de mortpollutionreligionsantétempsuniverséconomies d’énergieénergie<p>Dernier numéro de ma revue non informatique préférée. Un bon cru. Petit problème : je n’ai pas trouvé le poisson d’avril !!!</p> <p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/_done_20100311_144826_PLS-2010-avril_390-fu-pls_390_couv.jpg" alt="Couverture Pour la Science n°310" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />En vrac et en développant selon l’importance, mon temps disponible et le petit bonheur :</p>
<ul>
<li><em>Dixit</em> <strong>Didier Nordon</strong>, entre moults paradoxes :</li>
</ul>
<blockquote><p>La première [consigne affichée dans les lieux publics] est : « <em>Gardez votre calme, ne criez pas au feu.</em> » Donc si vous entendez un cri effrayé « <em>Au feu !</em> », continuez à vaquer tranquillement à vos activités, sûr qu’il n’y a aucun incendie dans les parages. ''</p></blockquote>
<ul>
<li>L’<strong>axe d’Uranus</strong> est hors norme (couché sur l’orbite, pôle pointé vers le Soleil), sans doute à cause d’un satellite disparu depuis. Encore une découverte de <a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/Laskar.html">Laskar</a>, un veinard qui fait des simulations gravitationnelles toute la journée.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Israël de l’Ancien Testament (Xè siècle av. J.-C.), décrit comme une « <strong>terre de lait et de miel</strong> », possédait bien des ruches. Pour une fois, la Bible est à prendre au pied de la lettre.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-les-poissons-baleines-du-cretace-24482.php">pachycormidés</a> occupaient à l’époque des dinosaures la niche écologique de la baleine (« Je suis énorme et je me goinfre de plancton en fonçant droit devant la gueule ouverte. »)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Toutankhamon</strong> est bien le fils d’Akhénaton, mais pas de Nefertiti. (C’est plutôt le dernier <em><a href="http://www.science-et-vie.com/">Science & Vie</a></em> qu’il faut lire si le sujet vous passionne autant que Petit Rémi.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Il existe des papillons migrateurs. J’ignorais.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le rôle de l’appendice n’est toujours pas clair (à la rigueur, réservoir de bactéries pour renouveler la flore intestinale après une maladie ?).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>La vie est-elle possible dans d’autres univers ?</strong> : l’article le plus éthéré, le plus spéculatif. Il est connu (?) qu’une toute petite variation des constantes physiques (masse du proton, ratio des différentes forces de la nature entre elles...) rendrait l’univers actuel invivable, par exemple en interdisant l’existence même d’atomes. La question « pourquoi sommes-nous justement dans <em>cet</em> univers improbable ? » n’a qu’une réponse anthropique au sein d’un multivers (il y a une infinité d’univers avec chacun ses lois, et nous ne pouvons évidemment apparaître que dans celui propice à la vie). <br />Les auteurs battent l’idée en brèche, en faisant varier plusieurs paramètres à la fois sans voir s’effondrer le monde. Ils vont jusqu’à développer le cas où la force faible (qui joue dans la cohésion des atomes) n’existe carrément pas : les étoiles auraient pu se former, alimentées par la fusion du deutérium et non de l’hydrogène ; elles seraient simplement plus froides et moins énergétiques. Même si les éléments supérieurs au fer ne pouvaient exister (certaines supernovas seraient physiquement impossibles), la chimie évoluée resterait possible, et donc potentiellement la vie. <br />De même les rapports des masses des différents quarks pourraient varier sans empêcher l’existence d’atomes aux propriétés certes différentes mais qui n’interdiraient pas la chimie organique à base de carbone tétravalent. <br />Ces spéculations peuvent sembler vaines, elles n’en sont pas moins vertigineuses, et, qui sait ? seront peut-être à la base de la physique en l’an 5000 (ou, mieux, en 45 000 000 000, quand il faudra songer à quitter notre univers gagné par l’entropie).</li>
</ul>
<ul>
<li>Vous connaissiez les <strong>Mochicas</strong> ? Peuple précolombien du Pérou, avant les Incas, ils avaient des coutumes <a href="http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/cap0509053.html">assez barbares</a>, aussi saignantes que celles des Aztèques. La tombe décrite dans l’article contient par exemple une adolescente sacrifiée pour l’enterrement. Belle mentalité.</li>
</ul>
<ul>
<li>En Afrique, les « <strong>maladies tropicales oubliées</strong> », souvent à base de parasites, tuent peu mais handicapent lourdement des pans entiers des populations, les enferrant dans la pauvreté : faiblesses, cécité, ralentissement du développement des enfants... Les traitements existent, sont pratiques et peu coûteux, mais ces maladies sont bien moins médiatisées que le SIDA, alors que leur prise en compte massive auraient un excellent « retour sur investissement ».</li>
</ul>
<ul>
<li>Vous connaissez les <strong>téléostéens</strong> ? Ils représentent l’écrasante majorité de la poiscaille actuelle de la carpe à l’hippocampe, à part requins, raies, esturgeons et une poignée d’autres, et même la moitié des espèces de vertébrés à eux seuls. Leur arbre phylogénétique a beaucoup évolué ces derniers temps.<br />Ce qui semble d’abord une question de spécialistes en cladistique (différencier les polymiixiformes des uranoscopidés) devient aussi un problème fondamental : « <strong>c’est quoi un poisson ?</strong> » <br />Sachant qu’un groupe est défini par un ancêtre commun et ses descendants, et que nous sommes plus proches de la carpe qu’elle du requin (l’ancêtre commun des tétrapodes et de la carpe n’est déjà qu’un cousin des requins), si carpe et requins sont des poissons, alors nous aussi. (De la même manière, si on définit de la même manière les dinosaures, les oiseaux en sont car ils descendent d’une de leurs espèces). <br />Bref, la définition courante ne tient pas compte des groupes qui se sont monstrueusement différenciés de leurs ancêtres, et la définition rigoureuse n’est pas du gâteau.</li>
</ul>
<ul>
<li>Glaçant : <strong>le péril du méthane</strong>. Le sujet n’est pas neuf mais développé en détail : <strong>la Sibérie fond</strong>, et des millénaires de matières organiques mortes (feuilles comme rhinocéros laineux) figées dans le sol gelé sont en train de passer progressivement au-dessus de 0°C, de fermenter, et de dégager des quantités astronomiques de méthane. Lequel est un puissant gaz à effet de serre et amplifie donc le réchauffement.<br />L’auteure peut carrément allumer des feux de méthanes au-dessus des lacs en formation, mais la récupération est économiquement illusoire. Il existe des projets de réserve naturelle pour ralentir le dégel en transformant ces terres en pâturages, mais le seul moyen réaliste d’enrayer le phénomène est de stopper le réchauffement déjà en cours (rêvons !), sinon ce sera 0,3°C de plus à la fin du siècle. (Rappelons que s’arrêter à +2°C serait déjà un exploit.)<br />Pour se faire encore plus peur, un encadré rappelle que les hydrates de méthane au fond des mers polaires représentent un danger encore plus grand, évoqué ici deux fois déjà : en SF (<em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/10/09/249-la-mere-des-tempetes-de-john-barnes">La mère des tempêtes</a></em> de John Barnes) et comme cause possible de l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/09/19/405-l-extinction-du-permien">extinction massive du Permien</a>.<br />Brrrr...</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article sur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Terence_Tao">Terence Tao</a>, mathématicien sino-australien multi-primé, un génie de notre époque. Le plus frappant est que bien qu’aussi précoce et doué que Mozart sur son créneau, c’est apparemment un être humain tout à fait agréable et sociable.<br />(Ne me demandez pas de comprendre ce sur quoi il travaille, je suppose que ce sera très utile un jour comme toutes les branches incompréhensibles des maths.)</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-avril-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/602« Petit traité de l’imposture scientifique » d’Aleksandra Krohurn:md5:b6cf628183ce8ae4b254d876d1ee166f2009-06-26T00:00:00+02:002012-01-04T21:13:27+01:00ChristopheScience et conscienceanthropieanthropomorphismeauto-organisationBiblebon senschristianismecivilisationcommunismecomplexitécynismeDieudiscriminationdommagedysfonctionnementdéterminismeenseignementexpertiseextraterrestresfoutage de gueuleGuerre Froideguerre saintehistoireincohérenceintelligencelivres luslobbysmanipulationmèmeouverture d’espritparanoïaperspectivepessimismeprovocationreligionRussieréalitésabotagesciencescience-fictionthéologiethéorietotalitarismetranscendanceuniverséducationÉtats-Unisévolution<p>Les titres des dernies livres de <em>Pour la Science</em> sont accrocheurs mais parfois un peu trompeur. Il y avait déjà le cas de (l’excellent) <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/La-Terre-avant-les-dinosaures-de-Sébastien-Steyer-et-Alain-Béneteau">la Terre avant les dinosaures</a></em>, qui traitait exclusivement des tétrapodes, et ici ce <em>Petit traité de l’imposture scientifique</em> décevra tous ceux qui cherchent à casser du sucre sur le dos de la science officielle. C’est peut-être le but d’ailleurs :-)</p> <p>Le livre vise plutôt à dénoncer tous ceux qui, sous couvert de science justement, sortent des inepties plus ou moins criminelles, plus ou moins sincères. Sur les pages flotte l’esprit du regretté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Jay_Gould">Stephen Jay Gould</a>, grand pédagogue de l’évolution et grand pourfendeur de racistes et créationistes en tout genre. Mais le titre est encore une fois trompeur car il n’y a rien d’un « traité », on se limitera à un aperçu historique de quelques cas plus ou moins connus.</p>
<p><img src="http://www.editions-belin.com/e_img/boutique/full/004624.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Sont abordés plus ou moins succintement :</p>
<h3>Les canulars</h3>
<p>« Forme bénigne », les canulars touchent tous les domaines. Les plus connus sont l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Piltdown">homme de Piltdown</a> ou certains témoignages d’OVNI (dont un, français, exemplaire). J’ai adoré le canular d’Alain Sokal (développé dans <a href="https://www.coindeweb.net/lectures/liste_livres_lus.html#impostures_intellectuelles">Impostures intellectuelles</a>, j’en parlerai ici).</p>
<h3>La mémoire de l’eau</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Benveniste">Jacques Benveniste</a>, loin d’être un original, a déclenché une tempête avec sa « mémoire de l’eau », que quasiment personne n’a pu reproduire et qui flanque en l’air les bases de la chimie, mais fut soutenu par toute l’industrie homéopathique (l’article Wikipédia sur le sujet est un modèle de schizophrénie.) L’homéopathie aurait d’ailleurs mérité un chapitre dans le livre...</p>
<p>Benveniste n’a jamais été accusé de fraude, au pire de faire n’importe quoi. Son cas est exemplaire par l’impact médiatique (<em>le Monde</em>, rien que ça, et je me souviens des tempêtes dans <em>Science & Vie</em>...).</p>
<h3>OVNI</h3>
<p>La mode des « soucoupes volantes » a duré de l’immédiat après-guerre à la fin du XXè siècle, parasitée par canulars et fraudes, interprétation sélective, phénomènes étonnants mais naturels mal interprétés, un ras-le-bol des scientifiques d’être assaillis de témoignages bidons, une méfiance envers les autorités de la part des «croyants », le tout sur fond de paranoïa en temps de guerre froide. Aleksandra Kroh dépeint, entre autres, l’histoire des commissions militaires ou civiles chargées de faire la lumière sur ces affaires, fatalement sans convaincre personne.</p>
<h3>Lyssenko</h3>
<p>C’est là le plus énorme et catastrophique exemple de charlatanisme scientifique.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lyssenko">Trofim Lyssenko</a>, petit technicien agricole ukrainien, réussit à se hisser au sommet de la hiérarchie scientifique de l’URSS stalinienne par son astuce, ses « découvertes » toujours affirmées avec enthousiasme, mais jamais vérifiées, son talent oratoire, et sa capacité à deviner les attentes d’un Staline qui sera son soutien principal. Perte collatérale : l’agriculture soviétique, gérée en dépit du bon sens pendant des décennies, et la génétique de tout le bloc de l’Est — pendant qu’elle se développait massivement à l’ouest.</p>
<p>Comment un arriviste a-t-il pu si longtemps abuser un pays entier ? Pour Kroh, la réponse n’est pas qu’idéologique : la vue à très court terme des fonctionnaires de l’époque, assez désespérés par la situation catastrophique de l’agriculture soviétique pour croire le premier charlatan venu, et ce « règne des médiocres » typique des régimes totalitaires, sont la cause principale, et non un réel souci d’établir une « science prolétarienne ». La « logique » interne du stalinisme a fait le reste.</p>
<h3>La supériorité blanche</h3>
<p>L’apothéose des théories racistes s’incarne évidemment dans les délires du Ⅲè Reich. Cependant, bien longtemps avant, il était « évident » qu’il y avait plusieurs races humaines, et que la race blanche était « évidemment » supérieure. Selon l’époque et le milieu, on justifiait ainsi l’esclavagisme ou un simple paternalisme colonial.</p>
<p>Plus d’un scientifique a tenté de trouver une base réelle à la supériorité blanche, sans succès à chaque fois que le travail était fait sérieusement, sans sélection préalable ou postérieure des données. La génétique actuelle a sonné le glas définitif (en sciences...) du racisme en permettant, certes, de discerner des provenances géographiques mais en dévoilant l’énorme diversité génétique à l’intérieur de chaque groupe, et des indices sur nos ancêtres communs —bien trop proches et peu nombreux pour que toute différentiation sérieuse ait pu avoir lieu, sans compter les métissages réguliers.</p>
<p>La fin du chapitre relève quelques survivances racistes dans notre civilisation : le <a href="http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html">discours de Dakar</a> de Sarkozy (vers le milieu : « <em>Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire</em> » et la suite immédiate), ou les élucubrations de Watson (nouveau rappel que les Nobel ne sont pas toujours les derniers à dire des sottises).</p>
<h3>Le créationisme</h3>
<p>Les pages sur Darwin montrent bien la vitalité et disparité du monde créationiste, qui rejette le darwinisme, l’évolution, la sélection naturelle. Il y a un monde entre le rejet viscéral de fondamentalistes américains financièrement puissants, celui du clergé polonais qui même rejette les avis de Jean-Paul Ⅱ sur l’évolution (« <em>plus qu’une hypothèse</em> »), ou celui de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/William_Jennings_Bryan" hreflang="en">William J. Bryan</a> (un politicien américain du début du siècle, plutôt de gauche mais fondamentaliste, incapable de concilier d’une part la morale et le progrès, et d’autre part l’impitoyable lutte pour la survie et ses implications sociales effroyables — ses craintes sur ce point étaient fondées !), ou le « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent">dessein intelligent</a> ».</p>
<p>Ce dernier, qui se veut une version « scientifiquement correcte » ne va pas jusqu’à nier l’âge canonique de la Terre ni même la modification graduelle des espèces, mais (et ça me rappelle le « Dieu des manques », explication bouche-trous aux manques de la science, et fatalement destiné à se réduire au fur et à mesure que celle-ci progresse) voit dans certaines choses « irréductiblement complexes » la main d’une intervention extérieure<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#pnote-577-1" id="rev-pnote-577-1">1</a>]</sup>. Le piège <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Finalisme">finaliste</a> est sournois et courant (et, justement, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/">la Terre avant les dinosaures</a></em> montre bien qu’il n’y a aucune finalité dans la transition poisson/reptiles).</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_du_singe">procès du singe</a> est évidemment traité, ainsi que l’état désastreux de la culture américaine, polonaise ou turque dans le domaine de l’évolution. La montée d’un créationisme islamique est inquiétant même s’il touche peu les scientifiques locaux.</p>
<h3>Bilan</h3>
<p>Ce livre prêche plutôt à un public convaincu d’avance. Je lui reprocherais de ne pas s’étendre sur les critères qui font de la <em>bonne</em> science : reproductibilité, publication et avis des pairs, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutabilité</a> à la Popper, non-pertinence des anecdotes personnelles, règles statistiques contre-intuitives... ou les écueils à éviter : tour d’ivoire, consensus d’un petit cercle, parasites socio-économiques, modes... que les fanatiques de telle ou telle théorie rejetée brandissent un peu trop vite.</p>
<p>La possibilité d’une cohabitation paisible de la science et de la religion est par contre bien évoquée (référence à la doctrine <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Non-Overlapping_Magisteria" hreflang="en">NOMA</a> de non-empiètement de Gould).</p>
<p>Auraient mérité d’être abordés : les charlatanismes du genre de l’astrologie, les médecines douces plus ou moins délirantes, homéopathie en tête, tout ce qui tourne autour des manipulations motivées par des soucis financiers ou <em>marketing</em> (lobby pharmacie, lobby pétrolier anti-réchauffement climatique), ou la fraude délibérée venant des scientifiques eux-mêmes.</p>
<p>Bref : malgré tout, si vous ne connaissez pas déjà à fond les sujets ci-dessus, ce <em>Petit traité</em> sera une saine lecture, plus historique que fondamentale, juste un peu frustrante par le manque de profondeur.</p>
<p><a href="http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-petit-traite-de-l-imposture-scientifique-12486.php">Présentation sur le site web de l’éditeur</a><br />
<a href="http://charlatans.info/news/spip.php?article156">Avis sur charlatans.info</a><br />
<a href="http://scepticismescientifique.blogspot.com/2009/04/notes-de-lectures-9-petit-traite-de.html">Avis critique sur le blog scepticismescientifique</a>, avec des réserves sur le manque d’explication sur <em>pourquoi</em> certaines affirmations ne sont pas scientifiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#rev-pnote-577-1" id="pnote-577-1">1</a>] <em>Qu’on ose avancer cette explication, qui implique l’existence d’une entité </em>encore plus complexe<em>, me fascine.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Petit-trait%C3%A9-de-l-imposture-scientifique-d-Aleksandra-Kroh#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/577« Delphes » de Philippe Navarrourn:md5:abea13d109499d5924670ee3d4c299da2008-12-02T00:00:00+01:002011-06-02T13:44:47+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiescommunicationconquête spatialedysfonctionnementEuropehard sciencehistoireintelligenceintelligence artificielleJupitermythereligionrobotsscience-fictionSeconde Guerre Mondialeémerveillement<p>De la bonne SF canadienne : un historien du futur se retrouve à écouter la BBC de 1940 en direct... mais ça ne colle pas !</p> <p>Ce livre canadien débute à la fois comme <em>2001, l’Odyssée de l’espace</em> et <em>Alien</em> : les personnages se réveillent d’hibernation dans leur astronef en plein espace, et au chapitre suivant ils sont sur la Lune. Si le parallèle avec <em>Alien</em> s’arrête là, il s’avère qu’une connaissance du « mythe halien » est quasiment un pré-requis à <em>Delphes</em> : l’ordinateur de bord s’appelle <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/HAL_9000">HAL</a> comme dans <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/2001_:_l'odyssée_de_l'espace">2001</a></em>, et il est aussi loquace et parfois inquiétant que son homonyme. Ce n’est pas une clé masquée, le parallèle est explicite.</p>
<p>Mille ans dans notre futur, l’humanité peut voyager à des centaines d’années-lumières, sans avoir vraiment essaimé au-delà du Système solaire. Elle cohabite avec les Intelligences artificielles. Toutefois, après la Seconde Venue du Christ et le Second Moyen Âge, l’Église possède toujours un poids énorme, la science est sous contrôle.</p>
<p>Paul Kass est historien, et sa spécialité est le XXè siècle. Peu de documents de cette époque lui sont parvenus, et le grand projet de sa vie, <em>Historia</em>, a consisté à aller chercher les émissions de la BBC d’époque là où elles sont, c’est-à-dire à mille années-lumières. Après quelques années, <em>Historia</em> se met soudain à dériver par rapport à l’histoire connue : l’Allemagne n’attaque pas en mai 1940 ! Paul part avec trois équipiers vérifier ses lointains interféromètres.</p>
<p>Les deux derniers tiers du livre se rapportent à ce huis-clos entre une poignée de personnages bloqués pendant des mois dans leur vaisseau spatial, face à un phénomène mal compris. Suspicion, chocs des caractères, vieilles rancœurs historiques, sectarisme religieux, méfiance envers les Intelligences, doutes sur ce qu’est réellement l’Histoire, officielle ou non, les manipulations... un joli cocktail !</p>
<p>Par rapport aux personnages, le lecteur a la supériorité de connaître le déroulement réel de l’Histoire du XXè siècle. D’où vient l’écart ? Dans le déroulement de l’histoire selon Kass, la Seconde Guerre Mondiale est un nœud vital : a-t-elle eu lieu ?</p>
<p>Comme dans tout bon livre, et surtout en <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hard_science-fiction">hard science</a></em>, l’intérêt réside dans le monde autant sinon plus que dans l’intrigue. Le monde de <em>Delphes</em> est cohérent, même si par certains côtés il ressemble trop à ce qu’on pourrait imaginer ce que serait notre an 2100, alors que des siècles et des bouleversements énormes sont évoqués. Manifestement Navarro a un peu les mêmes lectures que moi, c’est flagrant quant aux « transbordeurs Aldrin »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#pnote-497-1" id="rev-pnote-497-1">1</a>]</sup>, ces stations non propulsées qui suivraient la gravitation entre la Terre et Mars, et dont je n’ai retrouvé l’idée nulle part ailleurs auparavant.</p>
<p>Les personnages sont bien étudiés, et psychologiquement cohérents : l’historien autiste, le scientifique génial camé, la navigatrice néo-européenne... Pas de pyrotechnie (ou si peu), juste de la réflexion et l’intelligence. Rien à voir avec le formatage hollywoodien qui m’énerve si souvent.</p>
<p>Des reproches pour le principe : d’abord la fin est assez confuse (car complexe ; même si l’habitué du genre devine d’entrée les causes possibles de la divergence historique, ce n’est pas aussi simple). Il y a quelques coquilles pénibles dans le livre (c’est un petit éditeur). Le vocabulaire se relâche un rien par moments, sans que je sache faire la part entre le décalage de mille ans de l’action ou celui d’un continent de l’auteur.</p>
<p>Entre autres critiques louangeuses, deux illustres compatriotes de Navarro ont dit :</p>
<blockquote><p>« Je dirais même que c'est le meilleur nouveau roman de science-fiction du siècle au Québec. » (<a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/">Jean-Louis Trudel</a>, sur SFFranco)</p></blockquote>
<p>et :</p>
<blockquote><p>«Je préviens toutefois, dans <a href="http://www.revue-solaris.com/numero/2006/159.htm">ma critique</a> et ici, qu'il s'agit d’un premier roman, avec des lacunes sur le plan littéraire qui m’ont fait grincer des dents à plusieurs endroits. Attention aux attentes trop élevées donc. Personnellement je l'ai classé dans la catégorie des curiosités fascinantes, plus que dans celle des œuvres littéraires abouties. » (<a href="http://sf.emse.fr/AUTHORS/JCHAMP/jc.html">Joël Champetier</a>, <em>ibid.</em>)</p></blockquote>
<p><a href="http://www.fractale-framboise.com/2006/12/lectures-de-novembre/">Sur ''Fractale Framboise'', Christian Sauvé est plus dubitatif</a> (le monsieur est exigeant).</p>
<p>En tout cas, un excellent livre de SF, lisible même par les non-fans du genre (prévoir de (re)voir <em>2001</em> auparavant pour ne pas manquer quelques répliques cultes), qui tient en haleine du début à la fin.</p>
<p><a href="http://patwhite.com/node/856">Ce sera peut-être une trilogie</a>, on verra bien...</p>
<p>(Acheter le livre depuis la France n’a pas été simple. Il semble qu’à présent <a href="http://www.editionssylvainharvey.com/catalogue.html">l’éditeur québécois permette l’achat en ligne</a> ; à l’époque j’ai dû passer par <a href="http://www.amazon.ca/s/ref=nb_ss_gw?url=search-alias%3Daps&field-keywords=delphes+philippe+navarro">Amazon.ca</a>. La <a href="http://www.librairieduquebec.fr/">Librairie du Québec</a> à Paris ne l’a pas dans sa base, mais peut-être suffit-il d’un coup de fil ? )</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#rev-pnote-497-1" id="pnote-497-1">1</a>] <em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets">Article en VO dans le </a></em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets">Scientific American</a><em><a href="http://www.sciam.com/article.cfm?id=a-bus-between-the-planets" hreflang="en"> de mars 2000</a>, sinon c’est dans </em>Pour la Science<em> n°271 de mai 2000. Pour une fois que le CD-ROM des archives de la revue me sert...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/30/Delphes-de-Philippe-Navarro#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/497Transposition d’un hack civilisationnel à la réalitéurn:md5:cee71040cf6fb3cc38824a46ac99318b2008-08-17T19:19:00+00:002008-11-23T21:02:23+00:00ChristopheHistoirecitationdémocratiehistoirejeulibertéperspectivepessimismereligionsimulation<p>“<em>Actually, a friend of mine and I figured out a pretty serious flaw in </em>Civilization II<em> that makes it easy to conquer the world.</em>”</p> <blockquote><p>“<em>Actually, a friend of mine and I figured out a pretty serious flaw in </em>Civilization II<em> that makes it easy to conquer the world. Make discovering Democracy your primary goal. Don't worry about building any Wonders except for the Great Library and Great Wall. After you discover Democracy, build the Statue of Liberty, then revolt and switch over to Fundamentalism. You get zero corruption, zero support costs for units and all citizens are content, so you don't have to worry about cities revolting! Your research is slowed down to nothing, but that's why you built the Great Library. You still get the advances! Now that you're a Funadamentalist regime, just have your cities crank out diplomats and buy your opponents cities by inciting revolt! You can roll over a continent in a few hundred years if you've got decent enough roads.</em>”<br /> <br /><a href="http://slashdot.org/~XxtraLarGe/">XxtraLarGe</a>, <a href="http://slashdot.org/">Slashdot.org</a>, 12 septembre 2005</p></blockquote>
<p>Faire le lien avec une grande démocratie actuelle un peu trop versée dans la religion et le sécuritaire, et commenter.</p>
<p>(Oui, j’ai la flemme de traduire.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/17/526-transposition-d-un-hack-civilisationnel-a-la-realite#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/468“The Da Vinci Code” de Dan Brownurn:md5:b7db22d90cfb7fa09ec8b9d7ee3b66da2008-07-24T19:26:00+00:002011-06-01T13:11:22+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAntiquitéchristianismefoutage de gueulehistoirelatinMoyen Âgemythereligionémerveillement<p><em>The Da Vinci Code</em> ne restera pas dans les annales comme le livre du millénaire, mais le polar est honnête et prenant, j’ai eu du mal à le lâcher.</p>
<p>Si Brown pioche lourdement dans toutes les références religieuses « alternatives » autour de cette nouvelle quête du Saint Graal, il sait jusqu’où ne pas aller trop loin (pas de Cathares ou de Petits Hommes Verts à l’horizon, ni de Grande Conspiration totalement incroyable finalement).</p> <p>(Je sais, ce livre n’a pas besoin de publicité, et il est un peu tard pour en faire la critique. Ceux que ça gêne n’ont pas besoin de lire plus loin.)</p>
<p>Le mélange entre réalité historique « officielle », réalité moins connue, théories alternatives contestées, bancales, voire fantaisistes, ne doit pas induire le lecteur en erreur : il s’agit bien d’un roman, pas d’une attaque en règle contre le Vatican ou l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opus_Dei">Opus Dei</a>. L’œuvre n’a pas du tout été appréciée par l’Église qui a en général réagi par le mépris et la pédagogie, quelques cardinaux outrés mis à part. Entre autres, <a href="http://insidecatholic.com/Joomla/index2.php?option=com_content&task=view&id=157&pop=1&page=0&Itemid=12" hreflang="en">un article</a> du magazine catholique américain <em><a href="http://insidecatholic.com/Joomla/index.php?option=com_magazine" hreflang="en">Crisis</a></em> flingue délicieusement le livre en relevant toutes les erreurs factuelles (<a href="http://www.catholiceducation.org/articles/persecution/pch0058.html" hreflang="en">miroir de l’article ici</a>) — dont certaines que j’avais relevées.</p>
<p>Le découpage a été prévu pour Hollywood : petits chapitres, accroche en fin pour forcer à tourner la page, dans la plus pure tradition des feuilletonistes. Certains « trucs » de l’écrivain de <em>thriller</em> chevronné finissent par énerver à la longue : Brown multiplie les allusions à des événements passés, ou à des découvertes des personnages, mais attend deux cent pages pour y revenir et développer. Point positif, la course-poursuite n’est qu’un prétexte : Brown s’intéresse plus aux symboles cachées et aux théories mystiques alambiquées qu’aux scènes d’action ou de romance, et je lui en sais gré. Même les « méchants » criminels ne sont pas des tarés psychopathes complets comme c’est si souvent le cas.</p>
<p>Fatalement, dans une quête aussi mythique, la fin déçoit à coup sûr. On fera avec. Je me suis tout de même fait avoir sur l’identité du <em>Teacher</em> (« le Maître » en VF ?).</p>
<p>Donc un polar bien foutu basé sur du vent et qu’on ne prendra pas plus au sérieux qu’une bonne uchronie. C’est même l’occasion de se renseigner sur les circonstances de la mise en place de l’Église et des choix des Évangiles dans les premiers siècles de la Chrétienté. (Mon livre de chevet actuel consiste justement en une analyse par de vrais historiens de tout ce qui est évoqué dans le <em>Da Vinci Code</em> et sépare le sûr du douteux et du pipeau complet. J’en parlerai peut-être ici.)</p>
<p>Mais tout de même : c’est bien Marie-Madeleine, pas Jean, assise à la droite de Jésus dans <em><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/08/Leonardo_da_Vinci_(1452-1519)_-_The_Last_Supper_(1495-1498).jpg">La Cène</a></em> de de Vinci...</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/07/24/527-the-da-vinci-code-de-dan-brown#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/469« Chronique du Pays des Mères » et « le Silence de la Cité » d’Élisabeth Vonarburgurn:md5:217e0cf21eb6e0e9cea94b607d3060852007-04-08T21:57:00+00:002011-03-28T20:07:48+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieshiérarchielivres lusoptimismereligionscience-fiction<p>Un excellent roman de science-fiction québécoise, version féministe <em>light</em>, option post-cataclysmique semi-religieuse.</p> <p>À Béthély, Lisbeï naît et grandit sans connaître sa mère - c’est normal au Pays des Mères : les femmes font tant d’enfant<em>e</em>s dans leur vie, pour compenser le manque d’hommes (un sur dix), et il meurent tant de ces enfants en bas âge de la Maladie, qu’il ne vaut pas la peine de s’intéresser à eux, ni de les éduquer avant l’âge de raison.</p>
<p>Les journées de Lisbeï enfant sont illuminées par la présence de Tula, avec qui elle a une affinité particulière — elle aussi a une « lumière ». Tula est sa petite sœur, mais Lisbeï ne le sait pas... Les années passent, les deux fillettes grandissent dans l’univers strict et ordonné de la garderie de Béthély, presque exclusivement féminin.</p>
<p>Puis Lisbeï découvre le monde extérieur — et aussi qu’elle est la fille de la Mère de la cité, la dirigeante, et destinée à lui succéder dès sa majorité. Mais Lisbeï se découvre stérile, et une Mère ne peut l’être. Finalement destinée à devenir la Mémoire - la secrétaire de la Mère — elle fouille le passé de Béthély, et se lance dans l’archéologie. Sa première découverte, sur le plan religieux, est une bombe.</p>
<p>Même si Lisbeï est loin d’être un personnage passif — son évolution et ses relations compliquées avec nombre de personnages sont le centre du livre — elle sert en partie de prétexte à Élisabeth Vonarburg pour décrire la complexe société du Pays des Mères : après le Déclin et le chaos climatique et génétique, les Harems et les Ruches, cette partie de l’Europe devenue presque exclusivement féminine connaît des crises de croissance. L’opposition entre progressistes et conservateurs quasi-intégristes, l’impact des découvertes archéologiques sur la foi en Garde (une équivalente féminine plus récente du Christ), l’obsession de la pureté génétique des lignées, la peur des Mauterres, pleines de mutants, le rôle à laisser aux hommes, ces êtres si violents mais si indispensables, le besoin d’exploration... sont autant de questions que se pose collectivement cette société en pleine renaissance autour de ses quelques villes — questions que notre civilisation se pose ou s’est aussi posé.</p>
<p><strong><em>Chronique du pays des Mères</em></strong> n’est en rien un pamphlet féministe ; au contraire, par bien des aspects, les mères hégémoniques ne valent pas forcément mieux que les hommes qu’elles ont ravalés au rang d’étalons réservés à la reproduction, et l’amour maternel ne les étouffe pas toujours. Encore ne se battent-elles pas entre elles ; petit à petit leur société avance ; les transformations sont politiques, économiques, sociales. Vonarburg s’étend sur toutes ces évolutions, les différences entre les courants, les cités... Son monde est cohérent et complet.</p>
<p>Les dernières pages sont étonnantes, et en révèle à la fois trop et pas assez sur l’origine de nombreux personnages, et du plus énigmatique d’entre elles.</p>
<p>La clé se trouve partiellement dans le <strong><em>Silence de la Cité</em></strong>, récit plus ancien de Vonarburg, se déroulant quelques siècles auparavant, juste après le Déclin :</p>
<p>Élisa est le produit de manipulation génétique d’un scientifique réfugié au fond d’une Cité, dernier îlot de science presque toute-puissante dans un monde livré au chaos et aux mutations. On n’en saura guère sur les causes profondes du Déclin, mais plus sur la manière dont Élisa cherchera à accélérer le retour de l’humanité sur des voies plus heureuses. Élisa a des capacités très particulières, et, dernière enfant de la Cité, a toute la puissante de cette dernière à disposition. Comment une adolescente peut-elle évoluer dans ces conditions ?</p>
<p><em>Chronique du Pays des Mères</em> n’est pas vraiment la suite du <em>Silence de la Cité</em>, ce sont plutôt deux récits liés, à des siècles d’écart, aux mêmes lieux... et personnages. Le <em>Silence de la Cité</em> a été encensé à sa sortie en 1982 ; je lui préfère pourtant largement le <em>Pays des Mères</em>, qui décrit une civilisation entière sous de nombreux aspects. Le <em>Silence de la Cité</em> se lit très bien <ins>après</ins> le <em>Pays des Mères</em>, l’éclaire d’une lumière totalement différente, et donne envie de le relire.</p>
<p>Au final, <a href="http://www.noosfere.org/heberg/auteurstf3/infolivre.asp?site=58&numlivre=-1196556267">Élisabeth Vonarburg</a> signe là deux œuvres majeures de la SF franco-québécoise.</p>
<p>(<strong>NB</strong> : Si <em>Chronique du Pays des Mères</em> se trouve sans problème en France, le <em>Silence de la Cité</em> a bizarrement disparu des rayonnages, même d’Amazon ou de la Fnac. L’éditeur québécois <a href="http://www.alire.com/Romans/SilenceCite.html">Alire</a> se fera pourtant un plaisir de l’envoyer sans frais de ports. Pour les Parisiens, se tourner vers la <a href="http://www.librairieduquebec.fr/">Librairie du Québec</a> au Quartier Latin.)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/04/08/316-chronique-du-pays-des-meres-et-le-silence-de-la-cite-d-elisabeth-vonarburg#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/288« L’Empire de l’Atome» et « le Sorcier de Linn » d’A.E. Van Vogturn:md5:5bdab5c63fdf4693c888ea749fc40c242006-12-13T22:24:00+00:002009-05-10T11:16:47+00:00ChristopheSur mes étagères alourdiesbombe atomiqueextraterrestresguerreimpérialismelivres lusmagiepolitiquereligionsciencescience-fictionspace opera<p>Un vieux clas­si­que sur une étrange civi­li­sa­tion qui mélange arcs et flè­che et navi­ga­tion inter­pla­né­taire.</p> <p>Quel­ques mil­liers d’années dans notre futur, la Terre est enfin réu­ni­fiée au sein de l’Empire de Linn : un étrange État basé sur la force et l’escla­vage, où la guerre con­tre Mars se mène avec des épées, des arcs et des lan­ces, mais où les dépla­ce­ments s’opè­rent en astro­nef inter­pla­né­taire (il fau­dra accep­ter le para­doxe) ; une civi­li­sa­tion où la science n’est plus, et ce qui en reste est aux mains des prê­tres de l’atome, ado­ra­teurs d’Ura­nium, Plu­to­nium et con­sorts (le livre date des années 50 et est là mar­qué par les préoc­cu­pa­tions de son épo­que) ; un monde qui mani­fes­te­ment sort d’une période de bar­ba­rie suite à l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion inter­pla­né­taire bien long­temps aupa­ra­vant.</p>
<p>La belle-fille de l’Empe­reur accou­che d’un fils mutant, aux os défor­més. Con­tre toute attente, l’enfant est laissé en vie, et un vieux sage prend son édu­ca­tion en main. Le petit Clane, en marge de la Cour minée par les intri­gues poli­ti­ques, gran­dit alors et devient un des prê­tres de l’atome. <br />Au moment où il com­mence à accu­mu­ler un savoir et un pou­voir tech­ni­que immen­ses, pio­chés dans les rui­nes des anciens dis­pa­rus, il est forcé de s’impli­quer dans les sor­di­des com­plots de la Cour. Puis défer­lent des enva­his­seurs bar­ba­res des lunes de Jupi­ter. Ils ne repré­sen­tent que le pre­mier des dan­gers mor­tels que le « Sor­cier de Linn » va évi­ter à son peu­ple.</p>
<p>Ce cycle en deux tomes est du pur Van Vogt. L’action est très réduite, les batailles sont rela­tées plus que décri­tes, tout est dans le rai­son­ne­ment. Les per­son­na­ges réflé­chis­sent beau­coup et se com­por­tent de manière pres­que trop ration­nelle (l’enva­his­seur Czinc­zar capi­tule sur le champ en cons­ta­tant la puis­sance de Clane, de la même manière qu’un joueur d’échec aban­donne après la perte de sa dame). On retrouve le mythe du « surhomme » à la Van Vogt, c’est-à-dire celui que le savoir et la for­ma­tion intel­lec­tuelle ren­dent pres­que invin­ci­ble (voir le Gos­seyn du <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo1">Monde des Ã</a></em> ou le savant nexia­liste de la <em><a href="http://empiresf.free.fr/?page=10&tra=vanvo10">Faune de l’Espace</a></em>, deux autres très bons clas­si­ques du même auteur).</p>
<p>La for­ma­tion de Clane et le jeu des intri­gues poli­ti­ques mou­che­tées ou mor­tel­les de la Cour sont bien sûr les par­ties les plus inté­res­san­tes. Inté­res­sante éga­le­ment la décou­verte de la civi­li­sa­tion des Riss et les rai­sons et con­sé­quen­ces de l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion pré­cé­dant celle de Linn. <br />Mais la fin de cha­cun des deux tomes est trop vite expé­diée : le mutant dégaine son atout et l’adver­saire capi­tule. Un peu frus­trant. Les per­son­na­ges secon­dai­res (la famille de Clane notam­ment) sont trop peu déve­lop­pés. Un roman assez froid donc (comme tout Van Vogt), et qui plaira à des gens comme moi ainsi qu’aux ama­teurs d’échec et de clas­si­ques de SF.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/12/13/291-l-empire-de-l-atome-et-le-sorcier-de-linn-d-ae-van-vogt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/260Clovis (2) : Le risque du baptêmeurn:md5:edde53b8692768142a7aebac988cad3f2006-11-27T20:50:00+00:002010-11-16T21:18:22+00:00ChristopheHistoireAntiquitéchristianismeFrancsGrandes InvasionshistoireHistoire de FranceMoyen ÂgeMérovingiensreligion<p>Pour un roi barbare, se convertir au catholicisme ne se fait pas à la légère.</p> <h3>Le risque du baptême</h3>
<p>Dans la mentalité germanique, <strong>le roi est un chef de guerre, inspiré et protégé par les dieux</strong> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Wotan">Wotan</a> en particulier). Un chef abandonné par les dieux est vite vaincu et abandonné par les siens. <br />Pour Clovis, abandonner ses dieux est un risque énorme, car <strong>ses soldats ne le suivront plus</strong>, voire le détrôneront.</p>
<p>Il n’est donc pas innocent que son fameux appel à l’aide du Dieu chrétien se déroule en 496 lors de la bataille de Tolbiac (contre une invasion des Alamans), alors que le roi franc est au bord de la défaite et <strong>se croit abandonné par ses dieux</strong>. La conversion ne se fera que trois ans plus tard, mais le Dieu catholique a prouvé sa « valeur militaire » pour Clovis. Pas suffisamment cependant pour ses soldats, qui auraient sans doute penché plus volontiers vers l’arianisme.</p>
<p>Ajoutons que la famille royale franque se voit aussi d’origine divine, et le baptême est un renoncement à cette prestigieuse lignée.</p>
<p>Effectivement, Michel Rouche pense qu’après la conversion de Clovis et de sa garde rapprochée (trois mille hommes tout de même), à <strong>Noël 499</strong>, ses conquêtes se ralentissent, en partie par faute de levées de troupes franques suffisantes : elles ne voient plus en Clovis ce protégé de Wotan. Heureusement pour lui, nombre de Gallo-Romains se rallient alors au nouveau baptisé, notamment les <strong>Armoricains</strong>, peuple indépendant en Bretagne (l’actuelle) - ce qui permet à leurs ennemis, les clans alains de l’Orléanais, de se soumettre aussi à Clovis. Ce dernier dispose aussi des restes de l’ancienne armée de Syagrius.</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/28/283-clovis-3-la-gaffe-de-theodoric">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/27/282-clovis-2-le-risque-du-bapteme#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/252Clovis (1) : Le dernier des rois païensurn:md5:656b49cd155cd14ada1869efc2cbff752006-11-25T22:48:00+00:002010-11-16T21:16:18+00:00ChristopheHistoireAntiquitéByzancechristianismeEmpire romainFrancsGrandes InvasionshistoireHistoire de FranceMoyen ÂgeMérovingiensreligionthéologie<p>Notes sur le livre <em>Clovis</em> de Michel Rouche : au-delà des clichés, Clovis était un roi déjà sous influence gallo-romaine et chrétienne, mais sa conversion au catholicisme (et non à l’arianisme) a été culturellement délicate pour lui.</p> <p>Suite de ma lecture du passionnant <em>Clovis</em> de Michel Rouche. Tout ce qui suit provient de ce livre, à mes erreurs de compréhension près. Certaines dates et certains lieux semblent cependant discutés...</p>
<p>Plus que sur les exploits militaires, l’auteur insiste sur l’ensemble des raisons de la victoire de Clovis, pourquoi son royaume s’impose aux trois quarts de la Gaule, puis à la totalité avec ses fils.</p>
<p>J’ai parlé de la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/09/262-les-grandes-invasions-en-gaule-resume">situation après les Invasions jusqu’à l’avènement de Clovis</a> dans une Gaule divisée en quatre. Et <a href="http://www.euratlas.net/AHP/histoire_europe/carte_europe_0500.html">cette carte de l’an 500</a> est un instantané pris peu après la chute de l’Empire d’Occident, au milieu du règne de Clovis.</p>
<h3>Chrétien</h3>
<p>La mémoire collective retient que Clovis se convertit après avoir appelé Dieu à l’aide sur un champ de bataille, et vaincu ; il gagne alors le soutien des Gallo-Romains et surtout de l’Église catholique, et conquiert la Gaule.</p>
<p>En fait, parmi les différents princes dans la Gaule immédiatement post-impériale, <strong>Clovis est initialement le seul non-chrétien</strong> ! <br />Les <strong>Wisigoths</strong> et les <strong>Burgondes</strong> sont par contre déjà chrétiens... mais <strong>ariens</strong>, adeptes d’une variante du christianisme considérée comme hérétique par la papauté, l’Empire d’Orient, et nombre de Gallo-Romains influents comme Remi de Reims ou Geneviève de Paris. Les Wisigoths, alliés aux <strong>Ostrogoths</strong> de <strong>Théodoric</strong>, ariens eux aussi, dominent la situation depuis l’Aquitaine et l’Espagne ; ils sont moins tolérants que les Burgondes (sud-est de la Gaule).</p>
<p>De plus, les <strong>Gallo-Romains</strong>, depuis la mort d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aetius">Aetius</a>, le vainqueur d’Attila, et la fin de l’Empire, sont en quasi-guerre civile, même entre catholiques : certains sont plus ou moins alliés aux Wisigoths (comme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Syagrius">Syagrius</a>, « Roi des Romains » entre Somme et Loire, vaincu à Soissons puis égorgé par Clovis), d’autres aux Francs (Geneviève à Paris).</p>
<p>Quant au <strong>corps épiscopal</strong>, exilé par les Wisigoths, ou décimé, ou pas renouvelé, il n’a qu’une faible influence. Et la papauté à Rome, empêtrée entre les influences de Théodoric et de l’Empereur d’Orient et diverses hérésies, pense peu à la Gaule.</p>
<h3>Clotilde</h3>
<p>L’influence majeure sur Clovis est exercée par son épouse <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Clotilde_%28465-545%29">Clotilde</a></strong>. Il n’est pas exagéré de dire que la fondation de la France lui doit autant qu’à Clovis.</p>
<p>Clotilde est une princesse burgonde et catholique, nièce de Gondebaud, roi de Burgondie, qui est aussi le meurtrier de ses parents ! Cette jeune fille est également liée au clan des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Amales">Amales</a>, très prestigieuse famille dont la généalogie remonte à quatorze générations, et le jeune roi franc a besoin de ce <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypergamie">mariage hypergamique</a>. Gondebaud est réticent, mais cède.</p>
<p><strong>Clotilde est le moteur de la conversion de Clovis</strong>. Elle est la première à s’attaquer aux dieux germaniques, pour elle simples icônes de pierre ou de bois. <br />Viennent ensuite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Remi_de_Reims">Remi</a> (évêque de Reims, un nostalgique de l’Empire et un anti-arien convaincu) et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Geneviève">Geneviève</a> (maîtresse de Paris, de père franc).</p>
<p>Une particularité de leur couple, selon Rouche, est que <strong>ce couple casse la logique barbare matriarcale et polygame</strong>. Même si Clovis a eu avant Clotilde une épouse barbare inconnue (la mère de Thierry, son premier fils), un mariage monogame stable, finalement catholique, va à l’encontre de la mentalité des Germains. <br />Michel Rouche insiste beaucoup sur ce matriarcat germain, où la mère est toute-puissante et détient une sorte de pouvoir, car elle désigne le père de ses enfants ; où les frères sont égaux et règnent ensemble ; et où les mariages incestueux sont fréquents.<br />Ce mariage monogame constitue un nouveau pas vers la romanité. L’intérêt d’un roi barbare aurait été de multiplier épouses et alliances, mais Clovis s’en abstient.</p>
<p>Assez connu est l’épisode du baptême dès la naissance des enfants du couple royal : le premier meurt très jeune, et Clovis en tient responsable Jésus ; trois fils (Clodomir, Childebert, Clotaire) et une fille (Clotilde) survivent : l’argument du « mauvais Dieu » tombe.</p>
<h3>La conversion</h3>
<p>Michel Rouche s’étend sur le chemin de Clovis sur la route du baptême. <strong>Pour un chef germanique comme lui, le processus de conversion est long et culturellement difficile</strong>.</p>
<p>L’<strong>influence de la société gallo-romaine</strong>, dans son royaume et ses environs, est le second facteur après Clotilde. Remi dès le départ prend contact avec le jeune roi et plus tard participe à sa catéchèse. Clovis n’oublie pas qu’il a hérité de titres officiels romains qui ne signifient plus grand-chose en pratique, mais indiquent une certaine continuité de la légalité romaine. <strong>Les Francs, depuis un siècle, sont dans l’orbite romaine</strong>.</p>
<p>Geneviève de Paris était déjà en contact avec Childéric, le père de Clovis. Anti-arienne également, à moitié franque, vite liée à Clotilde, elle est celle qui réussit lentement à réunir les Gallo-Romains à la faveur de l’avancée franque.</p>
<p>L’évolution mentale du chef franc est difficile sur un point : <strong>le rôle que lui octroient l’Église et Dieu</strong>. La doctrine est encore mouvante, et les discussions et luttes sur ce point continueront en gros tout le Moyen-Âge. Mais il est clair qu’il faut <strong>renoncer à la toute-puissance</strong> inspirée par un dieu : le Dieu chrétien ne règne pas par la force, et a même laissé crucifier son fils, chose inconcevable pour Clovis. Sa phrase d’indignation célèbre (« Si j’avais été là avec mes Francs, j’aurais vengé cette injure. ») est d’ailleurs révélatrice d’une autre tradition germanique, que le pardon cher au Christ n’a pas remplacé : la <em>faide</em>, <strong>la vengeance obligatoire</strong> entre familles, qui sera encore source de tant de sang versé entre Mérovingiens. (Et d’ailleurs même chez la très chrétienne Clotilde cette tradition ressurgira : elle enverra ses fils conquérir la Burgondie pour venger la mort de ses parents.)</p>
<p>D’autre part, la principale distinction entre catholiques et ariens se fait jour précisément sur ce sujet. <strong>Le dogme de la Trinité</strong>, chez les catholiques, sous-entend un partage des pouvoirs dans l’harmonie ; alors que le Dieu « unique » des ariens rend en quelque sorte le roi (choisi par Dieu) tout-puissant, et en fait aussi le chef de l’Église - optique parfaitement en phase avec la mentalité germanique païenne, et qui explique que Goths, Vandales, Burgondes... soient devenus ariens et non catholiques.<br />Les catholiques par contre s’attachent à un héritage du droit romain : l’<strong>État de droit</strong>, où un Empereur, aussi puissant soit-il, est tenu par les lois de l’État qu’il édicte lui-même. Cette notion est déjà bien présente à l’époque, et Clovis saura l’assimiler et la respecter.</p>
<p>Autre distinction entre ariens et catholiques : le <strong>culte des saints</strong>. Le commerce des reliques bat déjà son plein en ces temps, et les récits de miracles sont légions. L’illumination finale de Clovis se déroule peut-être lors de la visite au tombeau de Saint-Martin de Tours, un des principaux saints en Gaule en l’époque.</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/11/27/282-clovis-2-le-risque-du-bapteme">À suivre...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/25/269-clovis-1-le-dernier-des-rois-paiens#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/241Citation du 11 septembre 2006urn:md5:1fefdc542a7a9c2eec0965da9d1972a82006-09-11T00:00:00+00:002010-11-03T21:08:13+00:00ChristopheCitationscitationDieuprovocationreligionthéologie <blockquote><p>« Allah : Est grand... Il faudrait nous expliquer comment un dieu unique pourrait être petit. Et pourquoi, surtout, il convient de répéter ce stupide pléonasme plusieurs fois par jour. Y aurait-il un doute ? »<br /><br />Jean-François Kahn, <a href="http://www.institut-expression.com/Pages/institut-expression-a-lire.php?idRubrique=1&idArticle=217&Archives=1&m=5&a=2005">Dictionnaire incorrect</a></p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/09/11/237-citation-du-11-septembre-2006#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/209« Les Croisades vues par les Arabes » d’Amin Maaloufurn:md5:e27923317d302ff8839e661815a102532006-07-11T16:37:00+00:002014-02-26T10:52:04+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieschristianismeCroisadesdommageEuropegéopolitiquehistoireimpérialismelivres lusMoyen Âgeperspectivepessimismereligion<p>Les Croisades ont été un bain de sang et un traumatisme durable pour les Arabes. L’invasion franque s’étala sur deux siècles pleins de péripéties.</p> <p>L’enseignement des Croisades en France, du moins en mon temps, adoptait essentiellement le point de vue croisé : ferveur religieuse qui expliquait, sinon justifiait, l’invasion, et différentiation peu nette des adversaires.</p>
<h3>Contexte et résumé-éclair des Croisades</h3>
<p>Résumons l’époque : la période concernée est en gros <strong>1100-1300</strong>, la seconde moitié du Moyen-Âge et son apogée. <br />Avant 1100, les principaux royaumes européens se sont formés, et la croissance démographique et économique de l’Europe occidentale lui permet de lancer des opérations loin de ses frontières. <br />Au même moment, l’<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">Empire byzantin</a> cherche à attirer des mercenaires dans sa lutte perpétuelle contre l’effritement de ses territoires. L’Église catholique de Rome cherche, elle, à diriger l’énergie de ces chevaliers querelleurs contre les infidèles.</p>
<p>La Première Croisade culmine en 1099 avec la prise de Jérusalem (et le massacre des habitants, traumatisme durable). <br />Les Croisés établissent des royaumes indépendants sur toute la côte, d’Antioche au Sinaï, organisent plusieurs autres Croisades pour maintenir leur positions, liquident l’Empire byzantin au passage (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8me_croisade">détournement de la Quatrième Croisade</a> et sac de Constantinople, autre acte de barbarie) ; les Arabes et Turcs auront ainsi besoin de deux siècles pour rejeter définitivement l’envahisseur à la mer (1291), après bien des conflits.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisade">Wikipédia, comme d’habitude, est un bon point de départ pour se rafraîchir les connaissances</a>.</p>
<h3>Peuples en présence</h3>
<p>Le livre d’Amin Maalouf (paru il y a déjà quelques années) prend le contrepied de la vision classique, et cela change tout.</p>
<p>Les Croisés ne sont plus que des « <strong>Franjs</strong> » (déformation de « Francs »), mélangeant ainsi sans distinction tous ces peuples barbares et exotiques : Français de langue d’hoc et d’oïl, Allemands, Anglais... <br />Les Arabes les distinguent des « Roums » (« Romains », c’est-à-dire les Byzantins, chrétiens orthodoxes), qu’ils connaissent et affrontent depuis des siècles.</p>
<p>L’apparente unité arabe éclate ; d’ailleurs il n’y a pas que des Arabes musulmans au Moyen-Orient (Syrie, Liban, Palestine, Égypte) à cette époque, loin s’en faut.</p>
<ul>
<li>Les Arabes sont majoritaires, mais il ne sont pas tous musulmans : <strong>un bon nombre sont chrétiens</strong>, et souvent de rite oriental, copte... (C’est d’ailleurs encore le cas de nos jours au Liban, en Palestine...)<br /> <br /></li>
<li>Les Musulmans (arabes ou pas) se distinguent entre chiites et sunnites (distinction toujours valable de nos jours).<br /> <br /></li>
<li>La région entière est tombée tout récemment sous la coupe des <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Seldjoukides">Turcs seldjoukides</a></strong>. Les différents roitelets turcs se font cependant la guerre mutuellement, et l’empire seldjoukide ne brille donc pas par sa cohésion.<br /> <br /></li>
<li>Il y a pléthore d’<strong>autres communautés</strong> installées depuis longtemps, notamment les Kurdes (Saladin était kurde, même si son empire se centrait sur l’Égypte), les Juifs, les Arméniens...<br /> <br /></li>
<li>L’<strong><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis//index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions">Empire byzantin</a></strong> est sur la défensive (il vient de perdre l’Anatolie face aux Turcs) mais n’a pas renoncé à reconquérir une partie de ses anciens territoires, notamment Antioche.<br /> <br /></li>
<li>Les <strong>Mongols</strong>, sur la fin, étendent leur empire jusqu’au Moyen-Orient, et les Franjs les voient comme des alliés potentiels.<br /> <br /></li>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Assassins">secte des Assassins</a>, par sa capacité de nuisance, joue un rôle majeur pendant des décennies.<br /> <br /></li>
<li>Les Franjs se divisent entre princes et barons, petits chevaliers occidentaux fraîchement débarqués et fanatisés, « poulains » nés en Terre Sainte et ayant adopté nombre de coutumes locales, marchands italiens ne cherchant qu’à commercer, etc...<br /> <br /></li>
</ul>
<h3>Invasion</h3>
<p>L’invasion franje est une surprise pour les Musulmans. La première vague, celle des pauvres gens menée par Pierre l’Ermite, est aisément repoussée dès l’entrée en Anatolie. La seconde, une véritable armée bien organisée, avance comme un rouleau compresseur. Les chevaliers occidentaux lourdement cuirassés sont une arme efficace, et les roitelets turcs et arabes sont incapables de surmonter leurs divisions pour s’opposer à l’invasion. Au contraire, certains profiteront de l’avancée franj pour abattre leur rival du moment.</p>
<p>Plus les Croisés approchent de Jérusalem, plus les habitants de la région découvrent que les nouveaux venus, loin d’être une énième armée de mercenaires au service des Roums, sont décidés à s’installer. Plusieurs villes font leur soumission immédiate pour éviter un siège.</p>
<p>La <strong>prise de Jérusalem en 1099</strong> reste dans la mémoire collective orientale comme le summum de la <strong>barbarie franj</strong>. <strong>Toute la population non chrétienne est passée au fil de l’épée</strong>, musulmans, juifs et chrétiens orientaux compris. Le contraste avec la mansuétude de Saladin lors de la reprise de la ville un siècle plus tard est frappant.</p>
<h3>Les Franjs en Orient</h3>
<p>Les petits royaumes franjs d’Orient se distinguent assez vite par leurs querelles mutuelles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-1" id="rev-pnote-136-1">1</a>]</sup>.<br />(Une chose qui m’a frappée : parmi les causes figure notamment la rareté des héritiers mâles et les luttes de pouvoir qui s’ensuivent, et la raison profonde en serait le manque d’hygiène des Franjs dans une région où cela ne pardonne pas, et donc la mortalité infantile élevée.)<br />L’Empereur byzantin est le premier à faire les frais de cette indiscipline : il doit faire une croix sur les territoires conquis, qui en théorie auraient dû lui revenir.</p>
<p>La primauté du roi de Jérusalem sur les autres rois latins n’empêche pas les divisions, et au gré des renversements d’alliances, musulmans comme chrétiens peuvent se retrouver dans les deux camps d’une bataille. Les frontières changent relativement peu pendant un siècle, les Franjs tenant toute la côte, et les villes d’Alep et Damas et le Sinaï servant de frontières. Les incursions franjs en Égypte sont un échec<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-2" id="rev-pnote-136-2">2</a>]</sup> et leur extension est stoppée.</p>
<h3>Reflux</h3>
<p>Le XIIè siècle voit apparaître un phénomène nouveau : l’unification sous un même chef des forces arabes. D’abord autour de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nur_ad-Din">Noureddin</a></strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-3" id="rev-pnote-136-3">3</a>]</sup>. Celui-ci, depuis Mossoul, unifie peu à peu la Syrie. Il provoque lui-même des résistances, notamment à Damas. Enfin, il conquiert l’Égypte, contrecarrant les plans des Franjs. Il y installe comme vizir un de ses jeunes lieutenants, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saladin">Saladin</a>, kurde qui doit comme son père sa carrière à Noureddin.</p>
<p>Saladin et Noureddin finissent peu à peu par s’opposer ; le premier, quasiment indépendant, se refuse cependant à affronter ouvertement son maître. Noureddin meurt avant une véritable guerre, et Saladin unifie Syrie et Égypte à son profit. Les Croisés sont quasiment encerclés.</p>
<p>Après quelques échecs, Saladin parvient à s’emparer de pans entiers des royaumes latins, dont Jérusalem. En réaction, il doit affronter <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_croisade">la Troisième Croisade</a>, menée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_Barberousse">Frédéric Barberousse</a> (qui se noie en chemin), <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Auguste">Philippe Auguste</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Coeur_de_Lion">Richard Cœur de Lion</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-4" id="rev-pnote-136-4">4</a>]</sup>. Saladin tient bon, prêt à accepter la présence franque et les pélerins, mais intransigeant sur Jérusalem même. En dehors de ce problème, les négociations et la coexistence entre les deux communautés sont toujours empoisonnées par les extrémistes des deux camps<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-5" id="rev-pnote-136-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Certains personnages se détachent de cette période : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_de_Lusignan">Guy de Lusignan</a>, incapable roi de Jérusalem, libéré par Saladin après une promesse de ne plus l’affronter, et qui ne tient pas parole ; <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Renaud_de_Ch%C3%A2tillon">Renaud de Châtillon</a>, seigneur brigand responsable de la dégradation des relations entre Latins et Arabes, que Saladin va jusqu’à exécuter personnellement ; <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_de_J%C3%A9rusalem">Isabelle de Jérusalem</a>, malheureuse reine obligée d’épouser successivement les différents prétendants au trône, locaux ou étrangers, choisis par les barons.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_du_Saint-Empire">Frédéric II Hohenstaufen</a>, Empereur germanique, est un personnage assez étonnant, notamment par son intérêt pour les sciences, son peu de respect du pape et de la religion, et par les bonnes relations qu’il entretient longtemps avec un successeur de Saladin, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Kamel">al-Kamel</a>, lui aussi peu religieux. L’Allemand négocie ainsi la récupération de Jérusalem sans un combat en 1229, à la fureur de l’opinion arabe. Ce n’est que pour une quinzaine d’années avant une nouvelle chute de la ville.</p>
<h3>Les Mongols</h3>
<p>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_mongol">Empire mongol</a> commence à étendre son influence au Moyen-Orient à peu près à cette époque. Saint-Louis tente de négocier une alliance avec eux lors de son passage en Terre Sainte après son invasion ratée de l’Égypte. Cela échoue toujours, en partie parce que les Mongols ne voient pas dans les Franjs des alliés mais d’abord des vassaux ; et leur brutalité effraie bien des Franjs.</p>
<p>Le péril mongol est pire que celui des Franjs. En 1258, Bagdad est rasée, et sa population exterminée. Les villes arabes tombent ou se soumettent, jusque Gaza. Le monde musulman doit sa survie à la mort du Khan et aux querelles de succession, et à une contre-offensive des Mamelouks d’Égypte, de Palestine jusqu’aux portes de la Perse.</p>
<h3>La chute</h3>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Baybars">Baibars</a> devient peu après le nouvel homme fort d’Égypte. Il reprend la guerre contre les anciens alliés des Mongols (comme l’Arménie) et les Franjs. Antioche est détruite en 1268. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Huitième_croisade">Saint-Louis meurt devant Tunis</a>, et l’alliance entre Franjs et Tatars (Mongols) ne peut reprendre le terrain perdu.</p>
<p>Acre aurait pu rester un comptoir reliant les deux mondes, pour le plus grand profit des marchands des deux camps, mais l’extrémisme de certains Croisés fraîchement débarqués rallume la guerre. Le sultan Qalaoun règle la question, et Acre tombe en 1291. Les Franjs ne sont pas loin (notamment à Chypre), mais ne redébarqueront jamais en Terre Sainte.</p>
<h3>Épilogue</h3>
<p>La victoire des Musulmans sur les Croisés ne semble que le début d’une longue marche victorieuse poursuivie par les Turcs ottomans, dont l’Empire s’enfonce par la suite en Europe jusque Vienne en 1529.</p>
<p>Paradoxalement, les Arabes du Moyen-Orient ne sont jamais vraiment les acteurs de cette période, pendant ou après les Croisades : Turcs, Kurdes, Mongols, Tatars, Arméniens... fournissent les élites dirigeantes. Les instables royaumes arabes ou turcs ne leur permettent pas non plus d’être maîtres de leur destin. Le problème est toujours d’actualité... Pendant que l’Occident tire parti des contacts avec les Arabes, ceux-ci se recroquevillent, et continuent encore à parler d’une histoire terminée depuis sept siècles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#pnote-136-6" id="rev-pnote-136-6">6</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-1" id="pnote-136-1">1</a>] <em>Comme quoi ils s’intégraient parfaitement à la région...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-2" id="pnote-136-2">2</a>] <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France">Saint-Louis</a> tente lors de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Septi%C3%A8me_croisade">Septième Croisade</a> de prendre l’Égypte ; il y laisse son armée.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-3" id="pnote-136-3">3</a>] <em>Ce nom est francisé, l’arabe serait plus proche de Nour ad-Din. Ne soyons pas trop puriste, la francisation des noms est inévitable, surtout à propos de personnages historiques, notamment quand l’alphabet n’est pas le même. On dit bien « Léonard de Vinci » pour « Leonardo da Vinci », « Saladin » pour « Salâh Ad-Dîn », et « Clovis » ou « Louis » pour quelque chose en réalité plus proche de « Chlodwig ».</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-4" id="pnote-136-4">4</a>] <em>Dans la plus pure tradition chevaleresque, c’est-à-dire en s’échangeant cadeaux et médecin entre rois, pendant que leurs troupes se charcutent mutuellement.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-5" id="pnote-136-5">5</a>] <em>Comme quoi rien ne change sous le soleil de Palestine.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#rev-pnote-136-6" id="pnote-136-6">6</a>] <em>Et que George Bush parle volontiers de </em>croisade<em> est très mal reçu notamment à cause de ce contexte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/07/11/154-les-croisades-vues-par-les-arabes#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/136« Le Nom de la Rose » d’Umberto Ecourn:md5:a1e02076d525464c8064ed80f6eb59c52006-05-18T00:00:00+00:002021-08-16T08:40:28+00:00ChristopheSur mes étagères alourdieschristianismeEuropehistoireintelligencelivres lusMoyen ÂgepolitiqueRealpolitikreligion<p>Cet excellent livre très connu est aussi une bonne leçon d’histoire et de civilisation.</p> <p><em>(Ceci est déjà paru sur la liste de diffusion <a href="http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9/">Quoide9</a> en mars 2002.)</em></p>
<p><strong><em>Le Nom de La Rose</em>, Umberto Eco, 1980</strong></p>
<p>Vous avez peut-être vu le film. Si oui, vous l’avez sans doute aimé. Comme d’habitude, le livre est encore meilleur, plein de détails, de pans entiers que le film a dû sabrer. Je me souviens du film comme d’une enquête policière médiévale essentiellement, mais le livre n’en traite que superficiellement. Ce n’est qu’un prétexte.</p>
<p>L’adaptation hollywoodienne est finalement réussie, dans le sens où l’histoire se tient et que les parties supprimées n’en sapent pas la cohérence.</p>
<p>Le vrai intérêt du livre est ailleurs : dans <strong>l’évocation de la civilisation médiévale à son apogée</strong>, dans la mentalité et les raisonnements des gens de cette époque. Les motivations du coupable du crime nous sont totalement étrangères ; le rôle du monastère au sein de la « société » des alentours n’a rien en commun avec notre époque.</p>
<p>On retrouve aussi les premiers balbutiements du raisonnement logique et scientifique actuel (point commun entre le héros inquisiteur et nous), l’importance de l’héritage gréco-romain comme source principale de savoir, l’omniprésence de la religion, et surtout tout ce qui tourne autour des hérésies, des guerres théologiques qui déchiraient l’Église à cette époque.</p>
<p>Querelles qui nous semblent, à nous, totalement vaines, mais qui en fait, masquaient surtout deux choses :</p>
<ul>
<li>la <strong>révolte des faibles</strong>, attirés parfois par des courants qui voulaient changer le monde (notre époque n’a pas inventé les sectes) ;</li>
<li>et les <strong>oppositions fréquentes entre l’Empereur et le Pape</strong><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, chacun ayant ses partisans. La <a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/t%C3%A9trapilectomie">tétrapilectomie</a> juridique et l’exhumation de textes oubliés pour justifier les intérêts de tel ou tel grand ne datent pas d’hier<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</li>
</ul>
<p>Bref, un classique, chaudement conseillé.</p>
<p>Umberto Eco a écrit d’autres livres passionnants. Le meilleur est sans doute <em>Le Pendule de Foucault</em> (assez ésotérique et touffu) ; se lisent également bien <em>Baudolino</em> (plus épique et historique) et ses recueils de chroniques (<em>Comment voyager avec un saumon</em>).</p>
<p>NB : Certains passages nécessitent que vous révisiez votre latin ;-) mais ils ne gênent en rien la compréhension de l’intrigue.</p>
<p><strong>Mise à jour de 2021 suite aux commentaires</strong> : pour les parties en latin, <a href="http://nomina-nuda-tenemus.fr/" hreflang="fr">nomina-nuda-tenemus.fr</a> semble toujours hors ligne, mais <a href="https://www.lenomdelarose.fr/" hreflang="fr">lenomdelarose.fr</a> vient d'ouvrir.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Le premier voulant interdire toute influence dans le domaine temporel au second. On retrouve le thème dans l’affrontement des familles dans </em>Roméo et Juliette<em> par exemple.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Une des heureuses conséquences en fut la mise en place de l’État de droit, une des meilleures inventions occidentales.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/05/18/150-le-nom-de-la-rose#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/133Citation du 12 novembre 2005 du cardinal Paul Poupardurn:md5:ae6b4adfb13f5cb2f4a9a7c73401a6042005-11-12T18:56:00+00:002010-05-04T19:51:57+00:00ChristopheCitationschristianismecitationintelligenceouverture d’espritperspectivepolitiquereligionsciencethéologieévolution <blockquote><p>« Nous savons où peut mener la raison scientifique seule : la bombe atomique et la possibilité de cloner des humains sont les résultats d’une raison qui cherche à se libérer de tout lien éthique ou religieux.<br />Mais nous connaissons aussi les dangers d’une religion qui coupe tout lien avec la raison et devient la proie du fondamentalisme. »<br />
<br />
Cardinal Paul Poupard, <br />
directeur du Conseil pontifical pour la culture, <br />
conférence de presse au Vatican du 3 novembre 2005 sur le rôle des sciences, notamment la théorie de l’évolution.</p></blockquote>
<hr />
<p>Manifestement les catholiques sont plus ouverts que pas mal de protestants américains volontiers créationistes.</p>
<p>(Cette citation figure sur les sites d’information suivant ; nulle part
n’est précisée la langue d’origine. Si par miracle l’un de vous a accès
à la version originale de ce texte, je suis preneur de l’information !<br />
<a href="http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88">http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=15217.88</a><br />
<a href="http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205" hreflang="en">http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=47205</a><br />
<a href="http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science" hreflang="en">http://news.yahoo.com/s/ap/20051104/ap_on_sc/vatican_science</a> )</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/12/31-citation-du-12-novembre-2005#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/31Byzance (III) : Nouveau redressement et agonieurn:md5:f9a32c9f365cbb6d21a767ef63cbb6d02005-10-27T22:36:00+00:002010-05-02T13:50:11+00:00ChristopheHistoireautodestructionByzancechristianismeCroisadeshistoireMoyen Âgeperspectivereligion<p>L’Empire byzantin échappa de peu à l’effondrement, mais entre 800 et 1025 redevint une puissance. Puis la résurrection de l’Occident, les croisades, finalement la poussée turque, lui furent fatals un demi-millénaire plus tard.</p> <p>Aux abords de l’an 800, Byzance n’était déjà <strong>plus que l’ombre de l’Empire de Justinien</strong>, pas seulement territorialement mais aussi culturellement. Mais par rapport à l’Europe qui baignait encore dans l’instabilité du Haut Moyen-Âge, elle représentait encore une <strong>société très avancée et organisée</strong>, et l’Empire arabe en face montrait ses premiers signes de faiblesse et d’éclatement.</p>
<h3>L’apogée de l’an 1000</h3>
<p>Le IXè siècle commença par une <strong>reconquête de la Grèce</strong> occupée par les Slaves, mais aussi des défaites face aux Bulgares, aux Arabes, et une <strong>instabilité politique</strong> liée en partie à la querelle de l’iconoclasme. Le <strong>redressement</strong> démographique et fiscal était cependant là. Il se doubla d’une extension de l’influence religieuse par la <strong>conversion des Bulgares</strong> (par les moines <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyrille_et_Méthode">Cyrille et Méthode</a> notamment, inventeurs de l’alphabet cyrillique) puis des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Serbes">Serbes</a> et des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande-Moravie">Moraves</a>, et de nouvelles querelles de liturgie et d’influence territoriale avec Rome.</p>
<p>Après un siècle de guerres défensives, une reconquête laborieuse fut entamée sur le front oriental ; puis la Bulgarie, à qui Byzance paya un temps tribu, fut vaincue. La Crète notamment fut reprise et l’Anatolie libérée des incursions arabes. Le <strong>cœur de l’Empire était à nouveau en sécurité</strong>, même si la Sicile fut perdue. Aux approches de l’an <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1000">1000</a>, l’Empire s’étendait en Arménie et Syrie, en Bulgarie sous la conduite d’empereurs exceptionnels.</p>
<p>Le dernier d’entre eux fut <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Basile_II_%28empereur_byzantin%29">Basile II</a></strong>, qui après une dure guerre civile, annexa la Bulgarie, établit duchés et protectorats dans le Caucase, s’allia à une nouvelle puissance russe, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rus%27_kiévienne">Kiev</a>, renfloua massivement les caisses de l’État. <br />Il mourut alors qu’il préparait la reconquête de la Sicile. Byzance était alors à nouveau la principale puissance du bassin méditerranéen, ayant atteint à nouveau ses limites « naturelles » (Balkans jusqu’au Danube, riches zones côtières de l’Anatolie, Grèce) correspondant aux zones à majorité chrétienne dans cette région.</p>
<p>Économie et démographie étaient en pleine <strong>expansion</strong>, mais le principal atout de Byzance était <strong>son armée et son administration</strong>, par rapport notamment au <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Abasside">califat abasside</a>, trop riche et étendu pour être stable. L’activité culturelle fut stimulée par la <strong>conversion des peuples balkaniques</strong>.</p>
<p>Cependant l’Occident lui aussi connaissait avec la société féodale une période de renouveau qui allait à long terme être fatal à Byzance.</p>
<h3>L’époque des croisades</h3>
<p>Les successeurs de Basile II furent bien moins capables que lui, et <strong>dilapidèrent</strong> les réserves financières. Les dernières possessions au sud de l’Italie furent prises par les Normands, et, surtout, les <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Turcs_seldjoukides">Turcs seldjoukides</a> s’installèrent en Anatolie</strong> - perte terrible pour l’Empire.</p>
<p>Parallèlement l’influence des <strong>villes marchandes italiennes</strong> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Venise">Venise</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gênes">Gênes</a>...) grimpa en flêche, avec des comptoirs jusqu’à Constantinople, et un rôle actif dans la politique extérieure impériale. Le déclin commercial et la rancœur grecs contribuèrent fortement à <strong>détériorer les relations entre l’Empire et l’Europe occidentale</strong>. Le <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Schisme_d%27Orient">Grand Schisme</a> de 1054</strong> (excommunications réciproques du pape et du patriarche de Constantinople) n’est qu’un épisode des différences religieuses et linguistiques.</p>
<p><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Ier_Comnène">Alexis Comnène</a> fut l’artisan de la principale tentative de redressement à la fin du XIè siècle, mais en fut réduit à appeler des mercenaires italiens à l’aide contre l’avance normande. Il mata des insurrections (Crète, Chypre) et repoussa de nouvelles avancées turques (Égée) et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pétchenègues">pétchenègues</a> (en Thrace). Mais l’Anatolie semblait totalement perdue et l’Empire réduit à un État européen moyen.</p>
<p>Un tournant se produisit cependant en 1095 avec l’appel du pape <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Urbain_II">Urbain II</a> à la <strong>Croisade</strong> en Occident, malgré le schisme. Au rendez-vous de Constantinople, Alexis obtint la suzeraineté théorique sur les territoires reconquis, mais il se méfiait des Croisés, ne les aida guère, et en conséquence leur alliance demeura très précaire. De plus il ne tira pas profit des défaites turques en Anatolie.</p>
<p>Cette méfiance ne fit que s’accentuer, les ambitions de certains Croisés, notamment normands ou vénitiens, risquant de nuire à Byzance. Les Croisades suivantes considéreront les <strong>Byzantins plus des ennemis que comme des alliés</strong>.</p>
<p>Pendant tout le XIè siècle, l’Empire se trouva en guerre contre les Turcs, les Vénitiens, les Hongrois, les Serbes, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Sicile">Normands de Sicile</a>, les États croisés, et la Grèce même devint un champ de bataille. <br />Cependant aux abords de 1200, Byzance est encore territorialement presque intacte, les liaisons maritimes lui conservent son unité, et l’économie fonctionne bien. Administrativement et politiquement la situation est bien plus grave, la <strong>richesse de la capitale sert plus à alimenter les luttes entre clans</strong> qu’à assurer les frontières de l’Empire, et l’armée est moins efficace.</p>
<p>En <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1204">1204</a>, un des prétendants au trône se fait restaurer sur le trône par les membres de la <strong>IVè Croisade</strong> en échange du paiement de leur transport par Venise ; mais le nouvel Empereur est incapable de payer et Constantinople pour la première fois depuis sa fondation, est prise par une armée étrangère, et <strong>pillée de fond en comble</strong>.</p>
<h3>1204 : L’Empire latin, la division, la restauration</h3>
<p>La chute de Constantinople mena à la <strong>fragmentation de l’Empire</strong>. Les Croisés nommèrent Baudouin de Flandres à la tête de l’Empire latin, réduit à une partie de la Thrace et de l’Anatolie autour de la capitale, et se partagèrent le reste (Crète et Négrepont à Venise, duchés francs en Grèce...), pendant que les divers prétendants au trône d’avant la chute fondaient leurs <strong>petits empires grecs</strong> à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicée">Nicée</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_grec_de_Trébizonde">Trébizonde</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thessalonique">Thessalonique</a> ou en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Épire">Épire</a>.</p>
<p>Le demi-siècle suivant se passa en guerres entre ces différentes entités, les empires grecs se refusant à s’allier pour achever les derniers fragments de l’Empire latin. Ce fut l’<strong>empire de Nicée</strong> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Paléologue">Michel Paléologue</a> qui emporta la mise, prit la capitale et restaura l’Empire (Thrace, Épire, une partie de l’Anatolie, de la Grèce ; Trébizonde resta indépendant). Michel continua à défendre ses territoires, notamment contre les Francs de Charles d’Anjou installés à Naples, et finança contre eux les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vêpres_siciliennes">Vêpres siciliennes</a>. Une tentative de réunification des Églises catholique et orthodoxe avorta.</p>
<h3>Un siècle et demi d’agonie</h3>
<p>Le XIVè siècle commença par des guerres contre les Serbes et Venise, puis les Turcs achevèrent leur conquête de l’Anatolie. Réduits à embaucher des mercenaires italiens ou catalans qu’ils ne pouvaient solder et qui devenaient autant de pillards, les empereurs réussirent tout de même à rétablir par la suite la situation notamment à l’ouest. Mais les <strong>guerres civiles</strong> de succession reprenaient périodiquement et à partir de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1347">1347</a> la <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire">Peste Noire</a></strong>, en s’attaquant d’abord aux régions côtières et portuaires qui étaient tout ce qui restait de l’Empire, brisa tout espoir de revoir un jour Byzance prospérer.</p>
<p>Les Serbes envahirent la Thessalie et l’Épire, l’Empire se fragmenta et les puissances étrangères prirent part à de nouvelles guerres civiles. Peu après les <strong>Turcs ottomans</strong> passèrent en Europe, en quelques années écrasèrent les Serbes et s’imposèrent dans les Balkans. Constantinople se retrouva encerclé.</p>
<p>À l’orée du XIVè siècle, l’Empire byzantin n’était plus constitué que de sa capitale, de quelques ports comme Thessalonique et d’une partie du Péloponnèse. Le premier siège ottoman fut longtemps soutenu grâce à l’aide des villes italiennes. L’empereur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_II_Paléologue">Manuel II Paléologue</a> fit un tour d’Europe des capitales pour appeler à l’aide, ne récoltant que de la sympathie.</p>
<p>En <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1402">1402</a> le conquérant mongol <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tamerlan">Tamerlan</a></strong> écrasa les Turcs, et Constantinople fut sauvée pour quelques années. Un nouveau siège eut lieu en 1421, qui échoua, mais Thessalonique fut perdu. En <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1444">1444</a> une croisade fut lancée par le pape, parallèlement à des préparatifs pour une réunification des Églises, mais les Turcs l’écrasèrent.</p>
<p><strong>Constantinople tomba en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/1453">1453</a></strong> aux mains du sultan Mehmed II, dont l’armée disposait de canons. L’Empereur tué, les dignitaires exécutés, Constantinople devint <strong>Istanbul</strong>, capitale de l’Empire ottoman. Les Ottomans maintinrent l’Église orthodoxe, évitant évidemment qu’elle ne se rapproche de Rome.</p>
<p>Sept ans plus tard disparaissait le petit empire de Trébizonde, dernier vestige de l’empire grec. Toutes les terres de l’ancien Empire byzantin restèrent ottomanes jusqu’à l’indépendance grecque en 1830.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>L’empire d’Orient <strong>survécut quasiment un millénaire à celui d’Occident</strong>. Issu des <strong>régions les plus riches</strong> de l’Empire romain, fort d’une administration, d’une armée, d’une civilisation très en <strong>avance</strong> sur ses voisins, il sut maintenir ses ennemis à distance sur ses nombreuses frontières et reconquérir au VIè siècle une part notable de l’empire d’Occident.</p>
<p>On peut se demander ce qui se serait passé sans la peste de l’époque justinienne, qui cassa cet élan. Cependant, les pires pertes territoriales eurent lieu sous la <strong>pression musulmane</strong>. La seconde apogée sous Basile II démontrait que cet empire plus ramassé et plus homogène, très civilisé, pouvait avoir encore un bel avenir. Même l’éclatement après la chute de 1204 ne fut pas fatal à la culture byzantine et, mieux gouverné, mieux soutenu, cette civilisation aurait peut-être pu résister aux Turcs et participer à la Renaissance.</p>
<p>Économiquement l’Empire fut en général florissant grâce à ses <strong>riches provinces</strong> et à une <strong>position commerciale idéale</strong> ; cependant il échoua à cause de plusieurs facteurs :</p>
<ul>
<li>l’<strong>incapacité des classes politiques et dirigeantes</strong> à maintenir à bien des époques un système stable, provoquant ainsi d’innombrables guerres civiles et d’affrontements pour le trône, souvent aux pires moments possibles ;</li>
<li>le rôle prépondérant joué par la religion et les <strong>querelles théologiques</strong> (monophysisme, iconoclasme, Grand Schisme...), qui divisa souvent l’Empire, lui coûta une énergie précieuse, et rendit très problématiques ses relations avec l’Occident ;</li>
<li>le développement (après bien des siècles tout de même !) de l’<strong>Europe occidentale</strong> qui lui soutira la prépondérance commerciale en Méditerranée (Venise, Gênes...) voire l’attaqua directement (Normands, IVè Croisade) ;</li>
<li>des <strong>épidémies</strong> qui tombèrent fort mal, comme la peste de l’époque justinienne, ou la Peste Noire.</li>
</ul>
<p>Cet Empire n’était pas un État-nation, mais il était d’abord <strong>grec</strong>, et la Grèce en est issue. Il féconda également la <strong>Renaissance italienne</strong> lors de l’émigration d’érudits après la chute de la capitale. <br />De plus, l’héritage de Byzance est présent dans l’<strong>Église orthodoxe</strong>, à laquelle la culture byzantine s’était toujours identifiée, et la Russie notamment se considéra comme l’héritière directe de l’Empire (« Troisième Rome ») ; mais <strong>toute l’Europe de l’Est</strong> a subi à un degré ou un autre l’influence de l’Empire d’Orient.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/23Byzance (II) : De l’apogée justinienne à la castastropheurn:md5:1cfa674fabf80564b26f7a21a2dbc7052005-10-26T22:00:00+00:002010-05-02T13:20:34+00:00ChristopheHistoireByzancechristianismeEmpire carolingienEmpire romainGrandes InvasionshistoireMoyen ÂgeMérovingiensreligion<p>L’Empire byzantin atteignit son apogée territoriale sous Justinien. Cette expansion ne dura pas.</p> <h3>L’apogée justinienne</h3>
<p>Les Empereurs de la fin du Vè siècle (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Zénon_Ier">Zénon</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anastase_Ier_%28empereur_byzantin%29">Anastase</a>...) durent <strong>repousser Huns et Goths</strong> (introduits jusqu’à la Cour et l’armée), consolider l’Empire et l’économie, lutter contre la corruption, les <strong>divisions</strong> religieuses (monophysisme) et les clans (par exemple les factions des Verts et Bleus qui divisaient la population de Constantinople).</p>
<p>En <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/527">518</a> <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anastase_Ier_%28empereur_byzantin%29">Anastase</a> léguait à ses successeurs de <strong>grosses réserves de trésorerie</strong>. Le jeune <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Justinien">Justinien</a></strong> notamment allait en profiter. Sa femme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théodora%2C_femme_de_Justinien">Théodora</a> est connue pour sa jeunesse sulfureuse et son rôle politique important.</p>
<p>Militairement, Justinien se lança à la conquête de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Crimée">Crimée</a>, mata les Bulgares et les Slaves qui commençaient à s’inviter en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thrace_%28province%29">Thrace</a>, fit la paix avec les Perses. <br />Il envoya ses deux principaux généraux <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bélisaire">Bélisaire</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Narsès">Narsès</a> à la <strong>conquête de pans entiers de l’ancien empire d’Occident</strong>. Ce fut d’abord le tour des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales">Vandales</a>, sur les côtes africaines et en Méditerranée occidentale : leur royaume fut rapidement annexé. Puis ce fut au tour des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ostrogoths">Ostrogoths</a> de disparaître de l’Histoire : Illyrie, Sicile et Italie furent rattachés à l’Empire. La reconquête de l’Espagne wisigothe fut par contre limitée à quelques provinces au sud.</p>
<p>L’<strong>élan justinien fut en effet brisé par une effroyable <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien">épidémie de peste</a></strong>. Un quart de la population de l’Empire disparut, ainsi que la moitié de celle de Constantinople. La désorganisation qui s’ensuivit fut mise à profit par les ennemis à toutes les frontières (Maures, Huns, Avars, Bulgares, Ostrogoths, Perses...). Justinien et Bélisaire réussirent de justesse à redresser la situation.</p>
<p>Parallèlement à ses succès militaires, Justinien rénova la législation, bâtit beaucoup, notamment <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hagia_Sophia">Sainte-Sophie</a>. Malgré la peste et sa situation financière devenue difficile, Byzance restait de loin la principale puissance du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient. <br />Cependant, l’Empire reconstitué restait fragile. Immense, environné d'ennemis, il restait divisé entre son centre grec (Thrace, Grèce, Anatolie), l’Orient superficiellement héllénisé et possédant ses propres langues, et l’Ouest latin fraîchement annexé. La religion chrétienne commune était parcourue de tendances hérétiques (à cette époque principalement le monophysisme) qui recoupaient parfois les divisions politiques ou ethniques. Les provinces reconquises étaient bien plus pauvres que le cœur de l’Empire, isolées (provinces espagnoles), et ravagées par la guerre (notamment l’Italie). La guerre et surtout la peste provoquèrent un <strong>recul généralisé de l’urbanisation et de l’économie</strong>.</p>
<h3>L’effondrement : 602-780</h3>
<p>Les successeurs immédiats de Justinien réussirent à contenir les pressions extérieures mais l’<strong>instabilité politique interne</strong> perdurait : luttes de successions au trône, velléités indépendantistes des provinces lointaines, difficultés pour solder l’armée. Ces troubles affaiblirent l’Empire dans une période difficile et menèrent à la quasi-catastrophe.</p>
<p>La guerre contre la Perse reprit, et la situation devint critique au cœur même de l’Empire, en Anatolie et en Égypte. Les barbares extérieurs en profitèrent : invasion des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Avars">Avars</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Slaves">Slaves</a> en Illyrie et Thrace jusque Constantinople.</p>
<p>C’est à ce moment que l’<strong>Empire arabe</strong> naquit : en quelques années à partir de l’Arabie, les disciples de Mahomet s’emparaient de la Syrie, l’Égypte et de la Perse. Leur flotte lança des attaques jusqu’à Constantinople, alors que les Bulgares et les Slaves menaçaient la Thrace et la Grèce. Parant au plus pressé, obligés de s’allier aux Bulgares contre le calife, et se déchirant pour la couronne, les empereurs négligèrent l’Occident : l’Italie tomba progressivement aux mains des envahisseurs <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lombards">lombards</a>, et l’Afrique dans celle des Musulmans.</p>
<p>Parallèlement débuta la longue querelle théologique de l’<strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Iconoclasme">iconoclasme</a></strong>. Cette théorie prônait l’interdiction des images saintes et perturba durablement la politique intérieure byzantine.</p>
<p>À l’approche du VIIIè siècle, pendant que l’empire d’Occident renaissait sous la forme de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_carolingien">Empire carolingien</a>, Byzance retrouvait enfin une <strong>paix relative</strong> à ses frontières. Cependant, son étendue s’était réduite à son cœur (Grèce, Thrace, Anatolie), certes encore bien organisé et armé.</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/10/27/21-byzance-iii-nouveau-redressement-et-agonie">Suite et fin ici</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/22Byzance (I) : La formation et les invasions barbaresurn:md5:ce356d92f968d847f8f26abd480fa3bc2005-10-25T23:25:00+00:002010-05-02T13:00:34+00:00ChristopheHistoireAntiquitéByzancechristianismeEmpire romainGrandes Invasionshistoirereligion<p>L’Empire byzantin est issu de l’Empire romain, l’a remplacé pendant des siècles, reconquérant même certains de ses territoires. Puis il s’est étiolé et a été conquis par ses voisins. Grandeur et décadence d’un empire plus que millénaire.</p> <p><em>Première partie d’un résumé en 3 parties sur l’histoire de Byzance.</em></p>
<p><strong>NB</strong> : Des cartes de l’Europe siècle par siècle sont visibles chez <a href="http://www.euratlas.net/sommaire.htm">Euratlas</a>. J’avais fait un <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/09/15/10-euratlas">billet au sujet de ce magnifique site</a>.</p>
<p>La source principale de ce billet est un livre <em>Byzance, l’empire d’Orient</em>, version française raccourcie de <em>A Concise History of Byzantium</em> de Warren Treadgold, paru chez <em>Reader’s Digest</em> (leurs livres d’histoire sont en général bien faits même si la revue me tombe des mains). Littérairement c’est faible, on a du mal à suivre la tripotée d’empereurs, ça manque de cartes et de tableaux dynastiques, mais l’ensemble reste très intéressant. L’auteur accorde un grand poids aux épidémies et aux problèmes démographiques, financiers et monétaires (solde des soldats notamment) pour expliquer l’évolution de la politique impériale.</p>
<p>L’intérêt principal de ce livre est d’adopter le <strong>point de vue byzantin</strong> dès le début. En nos écoles, nous sommes plutôt habitués à suivre celui des Romains puis Gallo-Romains : Rome impériale, courte mention de la diversité ethnique romaine (grecque, égyptienne...), déliquescence progressive de l’Empire, qui semble craquer d’un coup devant les invasions barbares, chute de Rome en 476, fin de l’Antiquité, et on enchaîne sur Clovis et les rois fainéants...</p>
<p>Cela est simpliste. L’Empire romain d’Occident a survécu environ 500 ans à la République (elle-même semi-millénaire !), et après son apogée sous <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp14.htm">Trajan</a>, a connu <strong>maintes invasions précoces</strong> (par exemple celle repoussée par <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp18.htm">Marc-Aurèle</a> dès <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/166">166</a>), des guerres civiles pour le trône impérial tout comme des périodes de stabilité. Vue de l’est, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/476">chute de Rome</a> n’est qu’une étape (très symbolique) dans une lente bataille contre des envahisseurs qui seront souvent repoussés.</p>
<p>Une précision : le terme de « <strong>byzantin</strong> » est issu de la cité originelle de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Byzance">Byzance</a>, site sur lequel la ville de Constantinople a été bâtie ; cependant il n’a été utilisé qu’à la Renaissance. Les Byzantins (de culture grecque) s’appelaient eux-même « <strong>Romains</strong> », et leur empire celui de Romanie.</p>
<h3>Formation</h3>
<p>L’apogée de l’Empire romain unifié <a href="http://www.empereurs-romains.net/empcarte03.htm">se situe dans les deux premiers siècles après Jésus-Christ</a> sans que cela soit forcément une période homogène : on y rencontre des empereurs fous comme <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp06.htm">Néron</a> comme des empereurs conquérants comme <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp14.htm">Trajan</a> ; les périodes de conquêtes (Dacie...) se mélangent aux guerres civiles. <br />Après Marc-Aurèle notamment les tensions s’accumulent : inflation, épidémies, invasions perses et barbares, sécessions (<a href="http://www.empereurs-romains.net/emp38.00.htm#gaules">Empire gaulois</a> par exemple)... Tant bien que mal, Rome tint bon au IIIè siècle et conserva bon an mal an sa prospérité et sa cohésion.</p>
<p>Il est à noter que l’est (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique_%28province_romaine%29">Afrique</a>, Égypte, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Syrie">Syrie</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anatolie">Anatolie</a>...) était plus riche que l’ouest (Italie comprise), et souffrit moins des guerres. D’autre part il existait une <strong>coupure linguistique</strong> entre zones latines (moitié ouest jusqu’en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Illyrie">Illyrie</a>) et zones plutôt dominées par la langue grecque (extrême-sud de l’Italie, Grèce, Balkans, Anatolie...). Ces deux parties eurent des destins totalement différents.</p>
<p><a href="http://www.empereurs-romains.net/emp47.htm">Dioclétien</a> (empereur en 284) fut le premier à diviser l’Empire en deux, selon cette frontière linguistique, pour en faciliter l'administration (tétrarchie). L’Occident perdit ainsi sa prépondérance. Les divers succès de Dioclétien permirent à l’Empire de bien aborder le IVè siècle. Mais la guerre civile recommença, et elle fut remportée par <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp55.htm">Constantin</a>.</p>
<p>L’empereur <strong>Constantin</strong> est le père de l’Empire byzantin de deux manières : d’abord il fonda la ville quasiment <em>ex nihilo</em>, sur le site de Byzance, facile à défendre (alors que d’autres grandes villes orientales auraient pu convenir comme capitale) ; ensuite il fut le principal artisan de la conversion de l’Empire au <strong>christianisme</strong>, alors minoritaire mais en expansion, en le reconnaissant, puis en se convertissant (aussi pour des raisons d’intérêt politique). Le rôle du christianisme est capital dans l’histoire byzantine.</p>
<p>Sous <a href="http://www.empereurs-romains.net/emp68.htm">Théodose</a>, dernier empereur de l’Empire unifié, le christianisme (orthodoxe) devint religion officielle. Ses enfants consacrèrent la partition de l’Empire.</p>
<h3>Invasions barbares : 400-507</h3>
<p>On se souvient des invasions barbares comme de celles qui déferlèrent notamment sur le Rhin en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/406">406</a>. On sait moins que <strong>l’infiltration avait déjà commencé depuis longtemps</strong> (peuples germaniques fédérés gardiens des frontières, grandes parties de l’armée romaine d’origine barbare) d’une part, et d’autre part qu’elle ne venait pas que de Germanie. <br />Les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Huns">Huns</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Wisigoths">Wisigoths</a> et les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ostrogoths">Ostrogoths</a> notamment s’attaquèrent à l’empire d’Orient via les Balkans. Les uns et les autres furent difficilement <strong>repoussés</strong> et renvoyés vers l’empire d’Occident, où ils se taillèrent des empires.</p>
<p>Pendant que le Vè siècle voyait <strong>l’empire d’Occident s’effondrer</strong> par pans entiers depuis la Germanie et la Gaule (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Suèves">Suèves</a> qui descendirent jusqu’en Espagne, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales">Vandales</a> qui poussèrent jusqu’à Carthage via l’Espagne, Francs de Clovis qui conquirent la Gaule...), ou depuis les Balkans (Wisigoths qui mirent Rome à sac en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/410">410</a> avant de fonder un royaume en Espagne, Ostrogoths qui conquirent toute l’Italie), l’Empire d’Orient tenait bon et se consacrait à ses <strong>querelles théologiques</strong>, qui à nos yeux semblent totalement surréalistes.</p>
<p>Le rejet de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arianisme">arianisme</a> n’était pas nouveau (dès l’époque de Constantin), mais la première moitié du Vè siècle vit des conciles rejeter le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nestorianisme">nestorianisme</a>. <br />Puis l'Empire fut parcouru par l'<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Monophysisme">hérésie monophysite</a>, alors que les derniers païens disparaissaient. Ces <strong>querelles théologiques</strong> empoisonnèrent toute la politique impériale, extérieure comme intérieure, pendant des siècles et jusqu’à la fin, et s’entremêlèrent avec les <strong>luttes d’influence entre clans</strong> et régions de l’Empire. Les différences d’usage et de doctrine furent la raison majeure des relations souvent tendues entre Rome et l’Empire byzantin. Cependant elles témoignent de l’importance extrême que les Byzantins accordaient à la religion.</p>
<p>L’Empire s’organisait autour de cette Église unifiée, de sa capitale très moderne, mais aussi d’une <strong>administration</strong> et d’une <strong>armée</strong> puissantes et efficaces, héritées des réformes de Dioclétien et Constantin. <br />La partition de l’Empire et la déchéance occidentale firent de Constantinople le <strong>nouveau centre principal en Méditerranée</strong>, et favorisèrent l’<strong>homogénéisation linguistique autour du grec</strong>. Même si culturellement l’Égypte et la Syrie n’étaient que superficiellement héllénisées, ces deux riches provinces (sources de céréales et de commerce avec l’Orient) étaient administrativement et religieusement intégrées à l’Empire. <br />Les seuls ennemis étaient des royaumes barbares, certes remuants, et la <strong>Perse</strong>, globalement maintenue en respect. L’économie était à la mesure d’un empire aussi grand, stable et ancien. Politiquement, les successions au trône impérial s’effectuaient plus ou moins de père en fils, en tout cas en famille, le Sénat ayant un rôle mineur.</p>
<p>Cet Empire solide allait montrer toute sa puissance sous le règne de Justinien.</p>
<p><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/10/26/19-byzance-ii-de-l-apogee-justinienne-a-la-castastrophe">La suite ici...</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/10/25/11-byzance-i-formation-invasions#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/11