Blog éclectique & sans sujet précis - Mot-clé - spéculation<p>Si ça me passe par la tête, si ça n’intéresse que moi, alors c’est peut-être ici. Ou pas.</p>2024-02-13T09:44:49+01:00L'éditeur est le propriétaire du domaineurn:md5:bf83720a7189bba489682d945b972671Dotclear« Le Français qui possédait l’Amérique : la vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV » de Pierre Ménardurn:md5:62a7adf8c4d5f7ea631f306bb6c5951d2018-01-30T18:26:00+01:002018-07-24T09:15:23+02:00ChristopheHistoireAmériqueargentcolonisationcoup bascynismedéshumanisationesclavagefoutage de gueulehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoireParispolitiquespéculationténacitévaleuréconomie <p>Toulousain, Antoine Crozat avait un père d’origine modeste, mais qui s’était déjà énormément enrichi sous Louis XIV. Bénéficiant de ses réseaux puis développant les siens, il atteignit un niveau de fortune monstrueux, prêtant même au Roi, allant jusqu’à se voir octroyée toute la gestion de la Louisiane française. Ce ne fut pas sa meilleure affaire.</p>
<p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/Antoine_Crozat.jpg" title="Antoine Crozat, par Wikimédia"><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/histoire/.Antoine_Crozat_s.jpg" alt="Antoine Crozat, par Wikimédi)" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Antoine Crozat, par Wikimédia" /></a> Sa richesse ne provenait pas que du commerce transcontinental, en plein boom, et d’innombrables trafics, y compris d’esclaves. Ajoutons la spéculation sur les monnaies, en des temps où l’État jouait en permamence avec leur valeur, et les premiers billets à ordre et de banque, aux valeurs aléatoires. Ou le copinage avec les plus grandes familles nobles, auxquelles ce snob rêva toute sa vie de s’allier (il y parvint) ; la mise en coupe réglée de pans entiers du commerce, avec des monopoles légaux ; l’achat et la revente des charges publiques, à titre personnel ou comme intermédiaire de l’État ; et le financement des corsaires ; ou encore la contrebande de grand style : les réseaux financiers se jouaient déjà des frontières.</p>
<p>Mais, surtout, le système fiscal de l’Ancien Régime était un tel bazar qu’une bonne partie était quasiment sous-traitée à de riches personnes avançant l’argent à l’État, parfois à l’avance et se débrouillant pour récupérer cet argent. Rémunérateur, le poste était comme tant d’autres une « charge » vendue par l’État, que l’on pouvait revendre ensuite. Il n’était d’ailleurs pas sans risque financier, et valait aussi en retour la haine du peuple — en plus du mépris que récolte tout parvenu dans une société si hiérarchisée.</p>
<p>Le Régent remit un peu d’ordre dans ces choses (malgré l’échec de la banque de Law). Crozat comme nombre de confrères, fut poursuivi, mais, de fait indispensable, il s’en tira mieux que d’autres, avec une monstrueuse amende.</p>
<p>Crozat est mort vieux, dans son lit, ayant marié ses enfants aux plus anciennes familles. Il fait partie de ces gens éloignés de toute politique ou idéologie mais égoïstes qui ont modifié l’histoire, pas forcément pour le mieux, et que l’on a très vite oubliés (pourtant il a fait construire les futurs Ritz et Palais de l’Élysée !).</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Le-Fran%C3%A7ais-qui-poss%C3%A9dait-l-Am%C3%A9rique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/840Bug de l’an 2016 strasbourgeoisurn:md5:5e4d6fe4752239675957b77d5893b10a2016-01-02T16:20:00+01:002016-01-02T16:20:00+01:00ChristopheBug de l’An 2000 et d'autres tempsabominationadministrationAlsacealsacienbugcommunicationdysfonctionnementdéveloppementinformatiquelégendes urbainesoh le beau cas !sabotagespéculationSSII <p>Je mitonnais un papier sur le Graal pour l’année nouvelle, mais il attendra : la <a href="http://www.cts-strasbourg.eu/fr/">CTS</a> (Compagnie des Transports Strasbourgeois) a inventé le bug de l’année 2016, et on ne peut plus valider son billet de tramway : <a href="http://www.dna.fr/actualite/2016/01/01/les-composteurs-de-la-cts-victime-du-bug-de-la-nouvelle-annee" title="http://www.dna.fr/actualite/2016/01/01/les-composteurs-de-la-cts-victime-du-bug-de-la-nouvelle-annee">http://www.dna.fr/actualite/2016/01...</a>.</p>
<blockquote><p>« Les composteurs<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> sont victimes d'un problème de codage, “certainement dû au passage de l'année 2015 à 2016”, indique la responsable de la communication de la CTS. »</p></blockquote>
<p>Pour la correction, il faudra attendre qu’un « prestataire » intervienne (encore une compétence critique sous-traitée...).</p>
<p>On notera le côté téléphone arabe : combien de niveaux entre ledit prestataire et la responsable de la communication (forcément spécialisée en novlangue et dissimulation de problèmes sous le tapis) ? Il n’y a aucun détail technique, et ni le site des actualités de la CTS, ni leur Facebook ni leur Twitter <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> ne sont plus fournis</p>
<p>Hypothésons faute de mieux :</p>
<ul>
<li>un bug sur 2016 est plus plausible que 2015 ou 2017 : 16 = 2 ^ 4, ce qui impliquerait que l’année soit codée ici sur un demi-octet et qu’il y a eu dépassement, donc retour en 2000 ;</li>
<li>il est tout de même étonnant qu’après tout le foin autour du <a href="http://www.coindeweb.net/humour/y2k.html">Bug Y2K</a> on retrouve ce genre de problème : pour ma part, je ne vois plus aucune date stockée dans une base de données sans ses quatre chiffres ;</li>
<li>d’un autre côté je n’ai aucune compétence dans le domaine des composteurs et cartes magnétiques, où la place coûte plus cher et où règnent peut-être des normes antédiluviennes ;</li>
<li>ce qui n’excuserait pas que les concepteurs/mainteneurs aient laissé passer un problème de ce calibre ;</li>
<li>mais depuis quinze ans, mine de rien, pas mal de stagiaires ont grandi sans avoir été traumatisés par le Bug — ça promet pour 2038 ou 2100 !</li>
<li>Reste la possibilité de l’enfumage (de la part de n’importe quelle personne dans la chaîne), un bug de 2016 paraissant plus plausible pour la communication que « zut, personne ne surveillait les serveurs pendant le réveillon, ça a planté, et maintenant il va falloir appeler le prestataire auquel on n’a pas voulu payer l’astreinte »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Dernière minute : <a href="http://www.theguardian.com/money/2016/jan/02/oyster-card-glitch-means-free-travel-for-london-passengers" hreflang="en">bug aussi à Londres</a> ! Impossible de savoir si le fournisseur est le même...</p>
<p>PS : Bonne année à mon lecteur, s’il est encore là !</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Les machines à composter les billets, pas les bacs pour déchets putrescibles.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Oui, je me mets enfin aux technologies </em>hype<em> en 2010.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Cette hypothèse pue la mauvaise foi — symptôme d’exaspération d’un contribuable...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Bug-de-l-an-2016-strasbourgeois#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/805« Guerres & Histoire » n°15 d’octobre 2013 : l’assassinat de la Luftwaffe, les châteaux forts japonais, Andrinople, la guerre du Kippoururn:md5:40afaf14fbe55fb16c3b8e60eed27eea2013-10-25T16:56:00+02:002016-07-07T13:24:48+02:00ChristopheHistoireAfriqueAllemagneAntiquitébon senscatastrophechâteauxcoup bascynismedommagedéshumanisationEmpire romainespionnageEuropegigantismeGrandes InvasionsguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationlivres luslogistiquemercenairemobilitéMoyen ÂgeorganisationperspectivePremière Guerre MondialeprovocationpétroleracléesaturationSeconde Guerre MondialespéculationsécuritétotalitarismeténacitéuchronieÉtats-Unis <p>Avec « l’assassinat de la Luftwaffe » en gros titre, <em>G&H</em> fait dans le racolage digne de ces revues militaires qui bavent devant le matériel, surtout celui avec croix gammée. Si je ne connaissais pas le sérieux de la revue et son manque d’admiration pour la Wehrmacht <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, je me serais méfié.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/GuerreEtHistoire_13.jpg" alt="GuerreEtHistoire_13.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>En fait, point d’hagiographie des ailes allemandes, mais la description de l’opération soigneusement planifiée visant à briser la chasse allemande début 1944, en utilisant les bombardements sur l’Allemagne comme appât, et dans le but de conquérir la maîtrise du ciel avant le Débarquement.</p>
<p>À part ça, excellent numéro, avec les analyses de fond habituelles. Je suis à chaque fois fasciné par les tendances de fond ou les modèles mentaux des différents adversaires qui expliquent bien des événements. Et en même temps, bien d’autres choses ont tenu à si peu...</p>
<p><em>Comme d’habitude, les remarques personnelles sont en italique.</em></p>
<h3>Le prisonnier miraculé</h3>
<p>Le soldat soviétique Sacha Volkov raconte sa terrible odyssée dans l’interview qui ouvre le numéro. Prisonnier à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Koursk">Koursk</a> en 1943, il subit les terribles marches vers les camps de prisonniers, eux-mêmes souvent des mouroirs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, pour finir à Buchenwald. Il a survécu, mais il insiste sur sa chance.</p>
<h3>La guerre des Boers</h3>
<p>Entre 1899 et 1902, les Anglais en ont bavé pour mettre au pas et annexer deux États sud-africains fondés par d’anciens immigrants néerlandais (et français, des huguenots chassés par Louis XIV !). Ces teigneux fermiers, bien équipés en matériel allemand, n’ont été mis au pas que grâce au blocus naval, à la terreur, à la déportation des familles dans des camps de concentration au taux de mortalité effroyable. Un avant-goût des horreurs du XX <sup>è</sup> siècle...</p>
<h3>Opération Pointblank</h3>
<p>En 1943, les Alliés décident de se débarrasser de la Luftwaffe, condition <em>sine qua non</em> pour tenter un débarquement l’année suivante. L’année 1943 montre aussi que les bombardements massifs ne suffiront pas à faire plier le Reich, une illusion longtemps entretenue avant guerre (<em>en 1940, le Blitz avait pourtant montré que bombarder les villes ne cassait pas le moral des agressés, au contraire</em>). Pire, ils ont un coût humain effroyable pour l’attaquant : les forteresses volantes (B 17) ont beau être hérissées de mitrailleuses et voler en formation, mais sans escorte, elles se font souvent hacher menu (parfois plus de 30% de pertes).</p>
<p>La solution : escorter ces bombardiers par une chasse capable de les accompagner jusqu’à Berlin. Étonnamment, ce n’était pas prévu jusqu’ici : les réservoirs d’essence largables, pas si faciles à mettre au point sans altérer les capacités de l’avion, ne seront prêts que fin 1943, et l’avion idéal (P-51 Mustang) en 1944.</p>
<p>Cette escorte ne sert en fait pas à protéger les bombardiers. Début 1944 sa mission devient la destruction de la chasse allemande : les bombardiers ne sont plus qu’un appât. Les missions s’enchaînent, toujours plus massives (culminant en une bataille aérienne entre 2000 appareils le 24 février 1944 !). Les Allemands sont obligés d‘affecter des ressources énormes à la défense aérienne de leurs villes, et en quelques semaines de pilonnage intensif, la chasse allemande est laminée.</p>
<p>Göring n’avait pas prévu ces escortes lointaines et les chasseurs lourds allemands ne sont pas prêts face à la chasse allié. Ils deviennent la cible principale alors qu’eux-mêmes visent d’abord les bombardiers. Puis le cercle infernal s’enchaîne pour la Luftwaffe : pénurie de chasseurs, peu favorisés jusque là par la Luftwaffe au profit des bombardiers ; appareils pas assez vite construits par des usines elles-même cibles majeures, certes pas aussi gravement touchées que le pensent les Alliés, mais dispersées par crainte des bombardements ; pénurie de pilotes, de plus en plus vite et mal formés <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ; siphonnage de tous les appareils disponibles pour la défense aérienne ; réquisition par la DCA de nombreux gros canons et de précieuses munitions qui manqueront sur le front...</p>
<p>L’opération Pointblank se révèle un succès total : en quelques semaines la Luftwaffe a perdu ses meilleurs pilotes de chasse et des milliers d’appareils, et peine à remplacer les avions quand les usines américaines tournent à plein. Les bombardiers se concentrent alors sur les voies de communications vers la zone du Débarquement, et le pétrole. La chasse allemande, dispersée sur trois fronts, laisse la totale maîtrise du ciel aux Alliés jusqu’à la fin de la guerre, ce qui facilitera grandement leur victoire.</p>
<p>Pointblank ne sera jamais rééditée. L’US Air Force acquiert son indépendance, et se concentre sur le bombardement, notamment atomique, revenant ainsi aux erreurs des débuts de la guerre. Le Vietnam et l’amélioration des défenses sol-air (guerre du Kippour) montrent que la supériorité aérienne n’est jamais un acquis. Surtout, les États-Unis considèrent le ciel comme leur chasse gardée et la base de leur puissance : on peut les considérer comme une <em>ouranocratie</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h3>Guerre du Kippour</h3>
<p>Les espions annonçaient une attaque imminente, l’ennemi cachait à peine ses préparatifs, et ils avaient une connexion discrète sur ses communications : pourquoi la guerre du Kippour de 1973 fut-elle une telle surprise pour les Israéliens ? L’article rejette l’essentiel de la faute sur un péché d’orgueil (sous-estimer les Arabes après les victoires précédentes, et considérer que les Égyptiens n’attaqueraient pas tant qu'ils ne disposeraient pas de certains moyens de bombardements), et le refus du chef des renseignements extérieurs de ne pas activer ses « moyens spéciaux » (cette bretelle sur les communications égyptiennes) de peur de les griller. Israël croit à un exercice jusqu’au dernier moment, et passe à deux doigts de la catastrophe.</p>
<p>(<em>Cette peur de trahir ses sources au point qu’on ne les utilise même plus est courante chez tous ceux qui sont sur la défensive et ont peu d’atouts, comme les Anglais avec Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale.</em>)</p>
<h3>Andrinople</h3>
<p>Cette bataille marque peut-être la fin de l’Antiquité : les Goths écrasent l’armée romaine tout prêt de Constantinople. Pourtant les Goths étaient déjà des alliés (fédérés), venaient en réfugiés pacifiques, et on leur avait promis des terres en Thrace. La cupidité d’un gouverneur et l’incompétence de l’administration les poussent à la révolte <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<p>Sous-estimation de l’adversaire (en partie déjà formé à la romaine !), incapacité de l’Empire à lever de grandes armées, stratégie inadaptée, indiscipline de troupes, et rôle décisif de la cavalerie lourde goth : c’est un désastre et l’empereur Valens y laisse la vie. Les conséquence directes sont finalement faibles (les Goths n’arrivent pas exploiter leur victoire, et le nouvel empereur d’Orient, Théodose, leur donne ce qui avait été promis au départ), mais symboliquement tout a changé : ni le prestige ni l’armée de Rome ne s’en remettront jamais, les Goths iront finalement piller les Balkans, Rome... et la cavalerie lourde dominera à présent les champs de bataille, comme tout au long du Moyen-Âge.</p>
<h3>Les châteaux forts japonais</h3>
<p>Même cause, mêmes effets : le Japon du XVè siècle se fragmente en seigneuries en guerre permanente, et comme en Europe un demi-millénaire plus tôt apparaissent des châteaux forts, à la fois résidence d’une lignée, centre de pouvoir et point de résistance majeur. Pourtant, le Japon connaît déjà l’artillerie, qui est à l’origine de la disparition des châteaux forts en Europe au même moment !</p>
<p>Le château fort japonais diffère cependant par sa structure. En raison des tremblements de terre, il se rapproche déjà plus de la cité fortifiée aux très épaisses murailles, quasiment des bastions, que des hauts châteaux élancés. L’artillerie ou la sape se révèlent donc beaucoup moins efficace. La conquête de ces châteaux pleins de pièges coûte très cher aux assaillants. (<em>Vauban aurait été ravi.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Le <strong>colonel Brémond</strong> devrait être aussi connu que Lawrence d’Arabie. Il commandait les quelques troupes françaises qui ont rendu de fiers services à la rébellion arabe de 1916. Mais la métropole lui accorda peu de moyens, et son talent littéraire était plus faible. (<em>J’adore les faces cachées des légendes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Projet Habbakuk</strong> : en 1942, un projet de porte-avion géant insubmersible, à base de glace mélangée à de la pâte à papiers, enthousiasme Lord Mountbatten et Churchill. Le projet capote, à cause des difficultés techniques, et surtout parce qu’en 1943 les Alliés reprennent déjà le contrôle de l’Atlantique. <br />(<em>Encore un de ces projets fous pour les amateurs d’uchronie. D’un autre côté, si certains projets ont échoué, c’est effectivement qu’ils étaient vraiment infaisables ou avec un rapport bénéfice/coût trop faible. Un des avantages des Alliés sur les nazis était de savoir arbitrer en faveur du fiable/pas cher/facile à maintenir face au monstrueux/prestigieux/coûteux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler</em></strong> : les chroniqueurs m’ont donné l’envie de me ruer sur cette biographie du maréchal soviétique (<strong>2014</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">chroniquée ici</a>) . Il n’avait reçu aucune instruction mais s’est révélé plus doué que les généraux allemands pour la guerre moderne ; il a survécu à toutes les guerres de la Russie et de l’URSS, et même au stalinisme. <br />(<em>Seul bémol : l’auteur comme le rédacteur de la critique font tous les deux partie du comité éditorial de la revue. Même si c’est ouvert, ça fait quand même un peu mauvais mélange des genres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>J’aime bien la chronique dialoguée de Charles Turquin, à la fin : Waterloo et Bir Hakeim sont des victoires anglaise et française, mais... d’où venaient en fait les troupes ? <br />(<em>Rien de neuf sous le soleil. Aux Champs catalauniques, les Germains étaient majoritaires dans les troupes d’Attila comme dans celles d’Aetius.</em>)</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un des numéros précédents avait décrit les lacunes fondamentales de l’armée allemande, notamment la recherche systématique des batailles décisives, un concept anachronique au XXè siècle. Les gaffes stratégiques majeures des nazis (guerre sur deux fronts, fascination pour le gros matos invulnérable mais trop coûteux à produire...) n’a été qu’une seconde couche.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques relevait de l’extermination : 3,3 millions de morts, notamment de faim, et surtout en 1941-42 avant que les nazis se disent qu’il faudrait plutôt les faire travailler.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Pendant ce temps les Américains développent des moyens de formation considérables, retirent leurs pilotes expérimentés du front et les utilisent comme formateurs.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Terme forgé sur le modèle de la thalassocratie athénienne. C’est logique puisque les transports sont forcément aériens à l’échelle d’une superpuissance planétaire. Google ne connaît bizarrement qu’une occurrence du mot — comme quoi il n’indexe pas tout. Et je me demande si un jour il y aura une spatiocratie ou une cosmocratie ?</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Je sens comme une résonance avec notre époque...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Guerres-et-Histoire-n15-octobre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/754« Pour la Science de septembre 2013 » : Universités en ligne, loi de Mooreurn:md5:cb97420413073f6c3878adcad7ec871a2013-09-16T12:04:00+02:002016-07-07T12:59:32+02:00ChristopheScience et conscienceaddictionbesoincomplexitéconquête de l’inutilecosmologieculturedinosaureseauenseignemententropiehard sciencehowtoinformatiqueintelligence artificiellemicroéconomiemétéonaturepanspermieparadoxeperspectivepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationtempséconomieéconomies d’énergieéducationémerveillementénergieéonsÉtats-Unis <p>Un numéro moyen avec quelques infos intéressantes. <em>Comme d’hab’, les commentaires personnels sont en italiques.</em></p>
<h3>De l’origine de la monogamie</h3>
<p>Il y a 10% d’espèces monogames chez les mammifères : pourquoi ? L’intérêt du mâle serait plutôt de multiplier le nombre de femelles qui porteront ses enfants. Il y a deux explications à l’établissement de la monogamie, en fonction du comportement précédent de l'espèce.</p>
<p>D’abord, chez les espèces où la femelle avait son propre territoire, les mâles ne pouvaient s’assurer de la fidélité des femelles : ils seraient devenus monogames pour écarter la compétition.</p>
<p>Ensuite, surtout chez les primates, l’infanticide par le beau-père est courant : le père serait devenu fidèle pour protéger ses enfants.</p>
<p>L’amélioration des soins aux enfants ne seraient que la conséquence de la monogamie, pas la cause !</p>
<h3>Neutrinos</h3>
<p>Ils ont été inventé par Pauli pour compléter une équation bancale, ils sont quasiment indétectables, ils sont mal connus, ils ont des « saveurs », ils sont peut-être leur propre antiparticule : les neutrinos détiennent peut-être la clé de bien des problèmes de l’astrophysique moderne : asymétrie matière-antimatière, matière noire...</p>
<p><em>Trop éthéré pour que ça me passionne vraiment...</em></p>
<h3>L’amour au temps des dinos</h3>
<p>Comment les stégosaures, hérissés de pointes, faisaient-ils pour copuler sans que la mâle se fasse empaler ? Comment la femme diplodocus supportait-elle les assauts du mâle ? En fait, on n’en sait trop rien, et les fossiles n’ont pas conservé beaucoup d’informations.</p>
<p><em>Et ce petit article est frustrant pour cette raison : il se résume à dire qu’on ne sait quasiment rien.</em></p>
<h3>La loi de Moore</h3>
<p>À prix égal, la puissance informatique double tous les 18 mois : la loi de Gordon Moore, un des fondateurs d’Intel, a tenu quarante ans. Facteur de progrès cumulé : un million, dans des domaines aussi différents que le processeur ou le stockage ! Des limites infranchissables semblent en vue (on approche du transistor réduit à un atome, ou d’investissements dépassant le PIB), et le ralentissement des progrès explique en partie le faible renouvellement des PC, mais les optimistes considèrent que les progrès vont continuer au même rythme sur d’autres plans.</p>
<p>Il existe des généralisations du concept, par exemple sur la progression de l’efficacité énergétique. Plus spéculatif, la « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique">Singularité </a> » concerne notre futur. Il existe aussi une sorte de loi de Sharov s’appliquant à la complexité du génome : sa complexité double tous les 350 millions d’années ! Le plus troublant est l’origine : dix milliards d‘années dans le passé, avant la formation de la Terre (et pas si loin du Big Bang). De là à imaginer que la vie primitive est apparue ailleurs...</p>
<h3>Universités en ligne</h3>
<p><em><a href="https://www.coursera.org/" hreflang="en">Coursera</a></em> (alimenté par Stanford ou l’X), <em><a href="https://www.edx.org/" hreflang="en">edX</a></em> (du MIT), <a href="https://www.canvas.net/courses/abc-de-la-gestion-de-projet">Centrale Lille</a> ou tout simplement <a href="https://www.khanacademy.org/" hreflang="en">Khan academy</a>... : les sites offrant des cours en ligne, ne faisant payer parfois que les certificats, voire rien du tout, fleurissent. Les Américains d’abord y voient un moyen de réduire leurs colossaux frais universitaires. Les pays du Tiers-Monde, Inde en tête, cherchent à faciliter l’accès à une éducation de bon niveau, pas forcément supérieure... pourvu que les étudiants aient un ordinateur et sachent l’utiliser. Entre autres avantages, on y progresse à son rythme. L’enseignant n’est pas hors-circuit, mais il est libéré des cours magistraux. Place à l’interaction entre élèves !</p>
<p><em>Oh non, encore une tentation... Coursera ou edX fournissent des cours complets exigeant plusieurs heures par semaine, mais même les cours d’introduction m’attirent. Je dois déjà me faire violence pour ne pas dévorer toute la partie Histoire de Khan academy. Il faut dire que le format de quelques minutes est bien fichu (et en prime je bûche mon anglais). Dans le même registre il y a le </em><a href="http://ddc.arte.tv/">Dessous des cartes</a>.</p>
<p><em>Peut-on refondre ainsi le système éducatif ? La motivation et la discipline d’apprentissage n’en seront que plus cruciales. Quant à la tendance à faire bûcher les élèves </em>avant<em> le cours avec l’enseignant (pédagogie inversée), elle n’a rien à voir avec Internet : livre ou vidéo, les deux sont utilisables, même si un écran scotche plus facilement un gamin. </em></p>
<p><em>Ce qui est marrant, c'est l’inversion des évolutions entre la télé il y a quelques décennies, et Youtube (puisque tout ça dépend de Youtube) : la télé a été inventée pour éduquer à distance et est très vite devenue un outil de divertissement, sinon essentiellement un robinet à merde ; Youtube a commencé comme dépotoir, et permet de faire fleurir quelques perles. Dans les deux cas menace le piège de l’homogénéisation culturelle (le monde anglo-saxon domine massivement !).</em></p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les neurologues ont autrefois découvert avec étonnement que le cerveau était aussi actif au repos (quand l’esprit vagabonde) qu’en plein effort de concentration. Il y a un lien avec la capacité humaine à se projeter dans les états mentaux d’autrui (« que pense/que comprend mon interlocuteur ? »), voire avec le langage.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>rivières atmosphériques</strong> sont de gigantesques fleuves de vapeur d’eau en altitude, responsables de certains inondations gigantesques. Exemple majeur : l'inondation de 1861-62 qui noya Sacramento et ruina la Californie. La mémoire s'est perdue, et une répétition (fort possible dans les prochaines années) coûterait des centaines de milliards de dollars. Il n’y a pas que la faille de San Andrea...</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans les années 50, <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Willi_Hennig">Willi Hennig</a></strong> a mis au point la systématique actuelle, et fourni enfin les bonnes règles pour classer tous ces animaux en fonction de leurs ancêtres. Continuateur de Darwin, sa gloire a été éclipsée par la montée en puissance du tout-ADN, la technophilie, la confusion entre phylogénétique et biodiversité... Cette science qui consiste à ordonner le vivant a du mal à exister indépendamment.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/751« World War Z », de Max Brooks (le bon livre, pas le navet au cinéma)urn:md5:864d70343e0a2e56a292e9b1e4ac83722013-08-31T19:57:00+02:002016-07-07T12:40:00+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesabominationapocalypsecataclysmecatastrophechaosChinecouragedommagedéshumanisationgaspillageguerreintelligencelivres luslégendes urbainesoptimismeprise de têteracléesolidaritéspéculationsurréalismesécuritéténacitéÉtats-Unis <p>Les histoires de zombie sont à la mode, on frise même la saturation. Le film récemment sorti s’inspire de ce très prenant livre, mais hormis le thème (les zombies attaquent et la société ne s’effondre pas totalement) et quelques bonnes idées il n’y aucun rapport. Non, je n’ai pas vu le film mais j’ai lu <a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/07/19/651-world-war-z-la-critique-pourrie">cette très longue critique de Nioutaik</a>, écrite au napalm, et je me sens autorisé à faire le parallèle.</p>
<p>Contrairement au film qui narre les aventures d’un représentant en produits capillaires <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, le livre est qu’une suite d’anecdotes et témoignages de survivants de tous les horizons, sans lien direct. Le panel est très large : politiques, militaires de tous bords, anciens petits et gros trafiquants, mères de famille, enfants, etc.</p>
<p>Bizarrement, dans un film de zombies, il ne faut pas s’attacher aux personnages : on sait qu’ils vont tous y passer. Mais pas ici, puisque les narrateurs sont des survivants d’après-guerre (il est clair d’entrée que l’invasion zombie a été repoussée et que le monde est en ruines). On peut alors s’intéresser à eux : ce sont leurs tripes qui parlent.</p>
<p>Le livre n’est pas trop américano-centré, ça change. Si les USA ne sauvent pas le monde, ils tiennent quand même beaucoup mieux le choc que les Russes ou les Chinois. Chaque pays s’en sort différemment (ou pas) : Islande, Cuba, Corée du Nord...</p>
<p>Comme dans tout film d’horreur, on sent le plaisir de l’auteur qui se paye la tête de ses lecteurs, passifs bourgeois aveugles à leur hallucinant niveau de confort — qu’ils vont perdre. Les pages sur les militaires américains obligés de lâcher leurs F22 et leurs rayons de la mort pour se limiter au fusil et la pelle valent le détour. Les habitants des autres pays n’en sortent pas tous grandis non plus. Certains passages semblent surréalistes, comme des guerre civiles, voire atomiques, en pleine invasion mondiale. D’autres histoires redonnent la pêche, certaines désespèrent.</p>
<p><em>World War Z</em> est bien plus optimiste que la (très bonne) BD <em>Walking dead</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, même si on y retrouve un thème commun : en cas d’effondrement de la civilisation, le principal danger ce ne sont pas les zombies, mais parfois les autres survivants. Ici la civilisation ne disparaît pas, on est même relativement proche du « même quand la situation est désespérée, avec de l’intelligence et de la gniaque on s’en sortira » (oui, il y a un passage sur la propagande de guerre), même si les gâchis est monstrueux.</p>
<p>Évidemment, dans le monde réel, personne ne croit aux zombies, le concept n’a aucune plausibilité et il est étonnant qu’il ait tant de succès. <em>World War Z</em> est donc un excellent exemple de « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Suspension_consentie_de_l%27incr%C3%A9dulit%C3%A9">suspension d’incrédulité</a> », puisqu’il est intelligemment construit, décrit des comportements humains souvent très rationnels, et n’en appelle pas qu’à nos peurs enfouies dans un but distrayant — du moins au premier abord.</p>
<p>Dans notre civilisation plus fragile que jamais, se poser la question de nos comportements collectifs et individuels en cas de très gros pépin ne peut être que salutaire. C’est peut-être le premier livre sur les zombies qui soit un tant soit peu optimistes sur <em>nous</em>, au moins sur le long terme. (D’un autre côté on ne fait ni bon film ni bon livre avec des pompiers qui éteignent les feux à temps.) Fautes d’ennemis vraiment identifiables (communistes, Japs, nazis...), avons-nous à présent besoin de nous inventer une menace encore plus incroyable que des extraterrestres ? Depuis Wells, l’envahisseur venu des étoiles est usé jusqu’à la corde, et n’offre pas le même niveau de mal pur qu’un zombie issu de nos propres rangs. Les zombies sont presque indestructibles et immortels (ah, ces zombies paumés qui se réveillent au dégel ou attaquent les scaphandriers dans les grands fonds !), n’ont aucune hiérarchie, ne se rendront <em>jamais</em> et il faudra les abattre jusqu’au <em>dernier</em>.</p>
<p>Étonnamment, il y a un point commun avec une vieillerie comme les <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/09/345-les-croises-du-cosmos-de-poul-anderson">Croisés du comos</a></em> de Poul Anderson, où c’est le plus stupidement agressif qui l’emporte sur le civilisé pacifique et embourgeoisé.</p>
<p>Les témoignages des victimes des zombies ou des soldats de la reconquête rappellent furieusement certaines des plus glauques heures de la Seconde Guerre Mondiale. Avons-nous besoin de fiction pour nous rappeler ce genre d’horreur ? Est-ce plus « réaliste » parce que situé dans notre monde actuel ? <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Bref : excellent bouquin, plus profond qu’il ne paraît au premier abord, et difficile à lâcher. Je ne regrette pas l’impulsion d’achat. Je l’ai lu en français, et les annotations sur quelques références culturelles américaines ne sont pas de trop. Évidemment ce n’est pas pour enfants.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Comme l’explique Nioutaik dans sa critique, il est clair que Brad Pitt ne sert qu’à convaincre ces dames à suivre leur mec dans une salle noire voir un film d’horreur.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Jamais vu la série télé.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Je suis en train de lire </em>Bloodlands<em>, livre d’histoire récente à dix mille morts par page, et il me faut bien reconnaître un certain sentiment d’irréalité...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/World-War-Z-de-Max-Brooks#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/749« 1941-1942 : Et si la France avait continué la guerre… »urn:md5:6044450b72d481d1becc7d092454558a2013-05-18T00:00:00+02:002016-07-05T12:35:57+02:00ChristopheTemps et transformationsAllemagneAmériqueapocalypsechaoscommunismecomplexitéconquête de l’inutilecouragedéterminismeEmpire soviétiqueEuropegéopolitiquehistoireHistoire de Franceimpérialismelivres lusmémoirenationalismeperspectiveracismeracléeRussieSeconde Guerre MondialesimulationspéculationtempstotalitarismeténacitéuchronieémerveillementÉtats-Unis <p>Ceci est la suite d'une uchronie que j'avais pas mal appréciée, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre">la France continue la Guerre</a></em>, issue d'une <a href="http://www.1940lafrancecontinue.org/forum/">réflexion collective</a>.</p>
<p>Le point de divergence avec notre histoire portait sur le refus d'un armistice en juin 1940. <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continué-la-guerre">Dans le premier tome était conté comment le Grand Déménagement emmène gouvernement et armée en Afrique du Nord</a>. La France entière est envahie, et la Royale et l'aviation continuent le combat vaille que vaille aux côtés des Britanniques. Ceux-ci connaissent une bataille d'Angleterre moins violente, et la Lybie italienne puis la Sardaigne tombent tout de suite aux mains des Alliés. Le théâtre des opérations se centre autour de la Méditerranée bien plus que dans la trame historique réelle. Le premier tome finissait fin 1940.</p>
<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lafrancecontinue-2.jpg" alt="lafrancecontinue-2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /><em>1941-1942</em> prend la suite immédiate, pendant presque un an et demi. Presque jour par jour s'écoulent les opérations en Sardaigne, Corse puis Grèce (similaires mais différentes de ce qui s'est réellement passé en 1941) ou dans l'Empire italien ; en Asie et à Pearl Harbor ; et enfin en Russie. Les grosses différences concernent l'Indochine (menacée par les Japonais, alors que Vichy avait coopéré avec eux) et Barbarossa.</p>
<p>Ce livre se lit avec Wikipédia à côté pour goûter toute les différences entre la trame réelle et celle-ci fantasmée, bien similaire mais souvent subtilement différente. Accessoirement on apprendra des choses (qui se souvient qu'en 1941 nous avons mené une guerre contre la Thaïlande, ou que les Britanniques ont envahi l’Irak et l’Iran par précaution ?). Petites friandises : les allusions à des personnages dont le destin a basculé ou des films qui se seront inspiré des événements (que devient <em>Un taxi pour Tobrouk</em> dans un monde où Rommel sévit dans une Grèce enneigée ?).</p>
<p>C'est dans la postface que réside l'intérêt majeur. Jacques Sapir et ses confrères décrivent les choix qu'ils ont fait, leurs réflexions, leurs simulations. Tout en reconnaissant une part d'arbitraire, et que la probabilité de tomber juste se réduit au fur et à mesure que s'éloigne le point de divergence avec le réel, ils défendent les positions adoptées.</p>
<p>Économiquement tout d’abord : la France, forte de ses réserves d’or, pouvait se réarmer auprès du gigantesque « arsenal des démocraties » américain. Peinant encore à sortir de la crise de 1929, celui-ci ne demandait que cela, et l'argent et les ingénieurs français auraient stimulé la montée en puissance des États-Unis encore plus que dans la réalité : les nombreuses commandes de 1939 ou 1940 auraient été poursuivies, les Britanniques, soulagés d’une partie de l’effort, auraient pu rétrocéder des avions, et d'autres notables investissements auraient pu être faits pour les Français.</p>
<p>Les points de discussion principaux portent évidemment sur l'attaque japonaise généralisée de décembre 1941 sur les possessions occidentales (et accessoirement Pearl Harbor). Il n’y a pas de raison que les relations entre Japon et États-Unis, exécrables à cause des exactions en Chine, soient meilleures. Quel que soit le prétexte (ici l’intimidation des Japonais envers une France qui n’abandonne pas l’Indochine), étaient inéluctable l’embargo américain, puis l’affrontement armé : attaque des possessions occidentales en Asie, et raid sur Pearl Harbor. La Guerre du Pacifique commence de manière similaire, mais on nous promet une fin bien différente.</p>
<p>En Europe, la stratégie des Alliés est contrainte : ils sont forcés de contre-attaquer, et ne peuvent le faire qu’en Méditerranée, qui devient le champ de bataille principal, et en espérant détacher l’Italie de l’Axe. Même s’ils n’ont pas les moyens de leur ambition, cela ne fait pas l’affaire d’Hitler qui, lui, ne pense qu’à l’attaque de l’URSS.</p>
<p>C’est dans le premier tome que Sapir & compagnie avaient justifié le maintien de Barbarossa : la psychologie d’Hitler doit rester la même. La conquête du <em>Lebensraum</em> aux dépens de ces sous-hommes de Slaves <em>est</em> le but fondamental de sa guerre. Les Anglais et Français laisseraient tomber quand il aurait à sa disposition toutes les ressources de l’URSS, et ce n’était pas ces Américains enjuivés et négrifiés qui allaient changer grand-chose...</p>
<p>Toujours est-il que même le Führer doit se rendre à l’évidence : les combats en Méditerranée mobilisent trop de moyens et l’attaque doit être reportée d’un an <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Une année qui, la postface le décrit fort bien, a réellement manqué justement à <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Joukov-l-homme-qui-a-vaincu-Hitler">Joukov</a> pour réorganiser l’Armée Rouge et la préparer au combat. Une Allemagne plus fatiguée attaquant une URSS bien mieux préparée : on nous promet des conséquences « cataclysmiques » pour le Reich.</p>
<p>Pour la forme, on retrouvera les mêmes défauts que pour le premier tome : une action trop détaillée quant aux opérations militaires et aux événements politiques au jour le jour, qui ne laisse pas assez de place pour les réflexions de fond, la vie des civils, les évolutions technologiques, l’impact du maintien des Français sur les opérations. Il est vrai que le pavé est déjà assez lourd... Les cartes manquent, et celles présentes renseignent peu. On aimerait plus de moyens de détecter les variations avec la réalité que la lecture parallèle de livres ou de Wikipédia.</p>
<p>Les premières salves de Barbarossa démarrent dans les dernières pages, et j’attends le tome 3. Par rapport à la réalité, comment les lignes de front finales se positionneront-elles ? Les Russes à Strasbourg, et les Japonais soumis <em>avant</em> de recevoir des bombes atomiques sur la tête ? Comme les habitants de ce monde fantasmé, il faudra patienter encore quelques temps...</p>
<p>PS : Voir aussi la <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/et-si-la-france-avait-continue-la-guerre-tome-2-1941-1942/">critique d’Alias</a>, fan du projet.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons que cela n’est qu’une extension de la trame historique : les Italiens ont réellement attaqué la Grèce fin 1940, et se sont fait raccompagner à la frontière. Ce qui motiva une intervention allemande en 1941, incluant l’invasion de la Yougoslavie. Militairement un succès foudroyant, mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Barbarossa#Plans_.C3.A9labor.C3.A9s_d.C3.A8s_1940">tout cela retarda de quelques semaines l’attaque de l’URSS...</a>, semaines qui manquèrent peut-être pour prendre Moscou, atteint et raté trop tard dans l’hiver. La ténacité grecque a peut-être fait perdre la guerre à l’Allemagne.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/739Canard PC Hardware n°16 & fourberies du marketingurn:md5:5744696d8530f0f3bcdd6029100174b12013-04-28T12:55:00+02:002016-06-02T12:25:38+02:00ChristopheGuerre au marketingabominationanticonsumérismeargentbon sensbullefoutage de gueulehumourincohérenceinformatiquelivres lusmanipulationMP3mytheoh le beau cas !optimisationparanoïaperfectionnismepouvoir d’acheterpsychologiesciencespéculationsécuritéthéorieéconomie <p>C’est la première fois que j’achète ce magazine, et pourtant je ne suis pas dans la cible <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Par contre je les avais découvert à propos d’un dossier sur les ondes radio qu’ils avaient mis en ligne <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. J’avais apprécié le ton badin bien que sérieux.</p>
<p>J’ai donc jeté un œil au <a href="http://www.canardpc.com/news-52991-cpc_hardware_n<strong>16_est_sorti</strong>.html">sommaire du n°16</a> : alléchant. Entre quelques benchmarks de CPU ou de carte graphique pas inintéressants pour conserver une petite culture de ce qui se fait en ce moment, il y a deux perles :</p>
<h3>Les câbles pour audiophiles ont-ils un intérêt ?</h3>
<p>La réponse est : en gros, non.</p>
<p>Le milieu de l’audio haut de gamme doit servir de champ d’étude des consommateurs argentés prêts à dépenser pour du subjectif. Attention, on ne parle pas d’améliorations incrémentales valant l’investissement pour certaines oreilles éduquées, mais de vent, de pipeau complet.</p>
<p>La technologie des amplis, des enceintes... ayant atteint la quasi perfection, il ne restait donc que les câbles comme composants dont on pouvait tenter de gonfler la marge. Le summum : des câbles optiques plaqué or, des câbles de raccordement électrique à 1000 €, des protections contre les parasites sur des câbles numériques. Quand les arguments de vente ne s’avèrent pas totalement farfelus (et dignes d’un prix Nobel en cas de démonstration rigoureuse), l’effet obtenu est ridicule, surtout comparé à l’effet placebo.</p>
<p>Le test ultime, en double aveugle, ils l’ont fait : les audiophiles concernés, sur leur propre chaîne, ne voyaient pas la différence entre deux câbles basique et ruineux. Ce n’est qu’un début, ils cherchent d’autres cobayes. (<strong>2016</strong> : Hélas j’attends toujours.)</p>
<p>D’autres arnaques plus ou moins évidentes suivent : radiateurs de barrettes mémoire inutiles ; mémoire cache inutilement gonflée sur des disques durs ; « certifications militaires » portant en fait sur la <em>méthode</em> de test d’un composant et pas le résultat ; cartes graphiques identiques et rebadgées...</p>
<h3>Les inondations thaïlandaises et les disques durs</h3>
<p>Depuis un an et demi le prix des disques durs a explosé, officiellement à cause des inondations d’usine en Thaïlande. Bizarrement, en plein milieu de la crise, le chiffre d’affaire des deux plus gros fabricants (Western Digital et Seagate) n’a guère accusé le coup. Puis il a presque doublé pendant les trimestres qui ont suivi, et n’est pas retombé depuis. Les bénéfices, eux, ont explosé en 2012. Le tout dans un contexte normalement défavorable (baisse mondiale des ventes de PC, montée des SSDs...).</p>
<p>Bref, les inondations ont bon dos, l’occasion a été trop belle aux fabricants de se refaire leur marge. Comme ce marché est devenu un duopole, il
n’y a plus grand chose à espérer de la loi du marché dans l’immédiat...</p>
<h3>Puces RFID & NFC</h3>
<p>Le NFC, c’est le dernier truc à la mode dans les téléphones, l’équivalent des puces RFID, lisibles à distance. J’avais déjà un mauvais <em>a priori</em> sur tout ce qui est lecture sans contact, puisque cela peut se faire potentiellement sans l’accord du propriétaire de la carte. Surtout pour tout ce qui est carte bancaire.</p>
<p>Moralité : ça n’a pas manqué, il suffit manifestement de quelques connaissances et d’un peu de matos pour récupérer en trois quarts d’heure dans un métro bondé les infos sur sept cartes bancaires et deux passeports. Consternant.</p>
<p>Bref, sans doute un magazine de plus à suivre... (<strong>2016</strong> : Et que je lis effectivement religieusement tous les trimestres.)</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je ne joue qu’à des jeux remontant au XXè siècle et j’ai essentiellement un Mac, des PCs sous Linux dont le plus jeune a plus d’une demi-décennie au compteur, ou des petits bouts d’électronique qui n’ont pas atteint le stade du double cœur.</em> </p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>En fait <a href="http://www.canardpc.com/pdf/CPCHW13.pdf">tout le numéro est disponible en PDF</a>. À propos de ce dossier sur les ondes : il me semblait bien fait, avec une tentative de chercher les intérêts financiers dans les deux camps, et d’en revenir aux fondamentaux scientifiques, notamment à propos des énergies impliquées. Pour le côté rationnel, voir <a href="http://www.skepdic.com/electrosensitives.html">Skeptic</a> : en double aveugle, on n’a jamais rien trouvé de probant. Voir aussi <a href="https://electroallergique.wordpress.com/2013/02/20/canard-pc-hardware-n13">l’avis d’une électrosensible qui a lu le dossier</a>, qui pointe surtout l’absence de certains conflits d’intérêt. Difficile de se faire des avis objectifs de nos jours sur des sujets que l’on n’a pas creusé soi-même et où tous les acteurs sont susceptibles d’avoir des intérêts financiers et de faire de la comm’ ou d’être irrationnels...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Canard-PC-Hardware-16#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/741« Pour la Science » d’avril 2013: étoiles noires, Gulf Stream, Internet pour les crédulesurn:md5:6318598607a9cd0773430c8faaafe5e32013-04-02T14:42:00+02:002016-06-02T12:05:31+02:00ChristopheScience et conscienceauto-organisationbon sensclimatcommunicationcosmologiecynismedinosauresenfantsexpertisefoutage de gueulelégendes urbainesmèmenatureoh le beau cas !ouverture d’espritparanoïapollutionpsychologiesimulationspéculationterrorismetotalitarismeécologie <p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/pls_426_R.jpg" alt="Pour la Science, avr. 2013" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Pour la Science, avr. 2013" />C’est dingue, je suis arrivé à finir ce numéro avant même la fin du premier jour du mois. Non, ce n’est pas un poisson. D’ailleurs le poisson du numéro, il faudra le chercher dans les contrepèteries.</p>
<p>Petit numéro quant à mes critères. Retenons ce qui suit :</p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<blockquote><p>Rien, sinon le désespoir à l’idée qu’il ne comprendra jamais le monde, ne peut expliquer le geste d’un homme qui décide de se spécialiser.</p></blockquote>
<p><em>Avis perso : tout à fait mon cas. Je désespère de ne pas connaître toutes les branches de l’informatique, je me spécialise de fait dans la partie qui me fait manger avec les outils qu’on m’impose, et j’ai abandonné tout résistance</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Abeilles</h3>
<ul>
<li>Les <strong>abeilles</strong> sont en voie de disparition pour de multiples causes (toutes de notre faute probablement) mais ne sont <em>pas</em> les seules bestioles qui pollinisent les plantes, et les abeilles sont loin d’être les plus efficaces. Ça c’était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que les autres espèces pollinisatrices en question sont aussi en voie de disparition, et surtout depuis 1970 (aux États-Unis au moins).</li>
</ul>
<ul>
<li>Pendant ce temps, une équipe américaine cherche à créer des essaims d’abeilles artificielles. Le robot lui-même est faisable, mais les batteries restent à mettre au point, et surtout : comment programmer un <em>essaim</em> ? De manière probabiliste ? Les théoriciens de l’informatique ont encore du boulot.</li>
</ul>
<h3>Internet fait le lit des croyances</h3>
<p>Gérald Bronner, sociologue, remarque que grâce à Internet, <strong>n’importe quelle idée peut acquérir une masse critique suffisante</strong> pour que les personnes intéressées y trouvent de quoi conforter leurs croyances. Sans même se confronter aux idées opposées (on ne lit pas tous les liens que Google renvoie), surtout si on ne les cherche pas.</p>
<p>Répondre point par point aux arguments plus ou moins sérieux ou cohérents peut être un travail à plein temps car ils sont parfois très nombreux (11 septembre, mort de Michael Jackson, homéopathie...), et les spécialistes et personnes informées (avec les données) ont souvent autre chose à faire. On ajoute la concurrence entre médias qui les pousse au sensationnalisme (le contraire de l'esprit scientifique), et l’esprit peu préparé se noie vite.</p>
<p><em>(Ajout perso : ajoutons la méfiance envers les experts, et les rôles intéressés dont on accuse parfois ceux-ci. Pas étonnant que quiconque a un brin de paranoïa trouve de quoi justifier n’importe quoi. On est tout de même très loin en général de <a href="http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/TimeCube">TimeCube</a>. </em></p>
<p><em>Mes sites préférés dans la guerre contre la crédulité humaine : dans le genre dézingage sans pitié, <a href="http://www.nioutaik.fr/">Nioutaik</a> (voir notamment le massacre de la </em><a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/02/26/640-la-revelation-des-pyramides-le-documentaire-en-mousse">Révélation des pyramides</a><em> ou des <a href="http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/01/08/634-les-theories-du-complot-du-11-septembre-cest-vraiment-nimporte-quoi">complots du 11 septembre</a>), et, dans un registre plus sérieux et structuré, l’<a href="http://www.zetetique.fr/">Observatoire zététique</a> et <a href="http://www.skeptic.com/" hreflang="en">Skeptic</a>. </em></p>
<p><em>Je reste aussi d’avis que l’incompétence et le j’m’en-foutisme intrinsèques à toute grande organisation, la sous-estimation des capacités de nos ancêtres et de leur nombre, la recherche immédiate du profit, l’ignorance par le grand public des règles les plus basiques des maths, de l’histoire, ou de la science (niveau Renaissance)... expliquent tout bien mieux que d’hypothétiques complots internationaux à grande échelle. </em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Vus les plumes sur les fossiles, les premiers oiseaux avaient sans doute quatre ailes. Gênant pour marcher.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un des objectifs du <a href="http://www.sante.gouv.fr/deuxieme-plan-national-sante-environnement-pnse2-2009-2013.html">Deuxième Plan national santé environnement</a> : réduire de 30% d’ici 2015 les particules fines (cancérogènes) émises par le chauffage au bois (foyers ouverts), ou les transports. (<em>Encore une pierre dans le jardin du diesel...</em>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Tous les animaux, apparemment, dorment, même la drosophile. En fait, on ne sait pas vraiment à quoi sert originellement le sommeil.</li>
</ul>
<ul>
<li>De la cosmologie théorique un peu planante : les « <strong>étoiles noires</strong> », créées au tout début de l’univers par la matière ordinaire et des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neutralino">neutralinos</a>. Ces derniers, dont l’existence sortie de modèles mathématiques reste à prouver, constitueraient peut-être la fameuse <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_noire">matière noire</a> mal définie qui constitue 90% de la masse de l’univers. Les premières générations d’étoiles auraient utilisé l’énergie due aux désintégrations entre neutralinos pour se constituer (le neutralino est sa propre antiparticule : quand deux se rencontrent, ils deviennent photons), ce qui leur aurait permis d’atteindre des masses de millions de masses solaires, et d’expliquer ainsi l'existence de trous noirs supermassifs. Et ceci avec le minimum d’hypothèses sur la nature de matière noire.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>« Le Gulf Stream : tempère-t-il vraiment l’hiver européen ? »</strong> : Le titre donne dans le sensationnalisme (le Gulf Stream n’expliquait-il pas que les Bordelais aient un climat bien plus clément que les New-Yorkais ? on nous aurait menti ?) mais l'article est plus prudent. Si les calculs et modèles récents donnent une certaine importance aux vents, l'eau reste un bien meilleur vecteur de la chaleur que l’atmosphère, et le Gulf Stream continuera probablement longtemps à faire partie de la cellule de convection géante qui amène la chaleur des tropiques aux zones tempérées. Des balises ont été jetées à la mer et des modèles calculent pour compléter cela les prochaines années.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les fanatiques de mécanique des fluides s’amuseront avec l'article sur la natation humaine. (<em>Moi j’y ai toujours été allergique. À la natation comme à la méca-flux.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Une équipe japonaise cultive des rétines artificielles à partir de cellules souches. Au mieux, cela rendra une vision de quelques dizaines de pixels à des aveugles, rien de transcendant. Mais dans le futur ?</li>
</ul>
<ul>
<li>L’article sur l’instinct maternel sous la IIIè République fascine par son machisme et les raccourcis avec les observations dans la nature : soit les femmes sont admirables par leur instinct maternel (vision dominante), et donc destinées à rester au foyer, sans qu’on les fatigue trop par des efforts cérébraux ; soit elles sont mues par cet instinct par pur égoïsme. L’impact sur les luttes politiques de l’époque fascine.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Je bosse à présent sur du Microsoft, c’est dire. (<strong>2016</strong> : il semble qu’<a href="https://www.postgresql.org/" hreflang="en">un autre monde</a> soit possible.)</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-avril-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/737“Life After People”urn:md5:eebdf1a12cb562d150c76a0daf652e712013-03-20T00:00:00+01:002016-06-02T10:36:59+02:00ChristopheTemps et transformationsAmériqueapocalypseautodestructioncataclysmecatastrophechaoscivilisationcomplexitédommagedécadenceentropieexaptationgéologiehistoirelyrismemortnatureperspectivepollutionrecyclagesciencesimulationspéculationtempsécologieémerveillementéonsévolution <p><em>Welcome to Earth, population zero.</em></p>
<p><img src="http://ecx.images-amazon.com/images/I/51xtluUbvcL._SL500_AA300_.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Cette série américaine de documentaires a manifestement été inspirée par <em>The World without us</em> (en français, <em>Homo disparitus</em>, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman">déjà chroniqué et apprécié ici en 2008</a>), d’ailleurs l’auteur du livre fait des apparitions.</p>
<p>Elle en reprend l’hypothèse de départ : toute présence humaine disparaît du jour au lendemain, comme par magie, et sans détruire le reste de la planète qui évolue alors sans nous. Que deviennent le monde et nos villes ?</p>
<p>Bon point, la série utilise comme le livre la mise en perspective historique : la déliquescence de Washington désertée est rapprochée de celle d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Angkor">Angkor</a>, abandonnée à la jungle il y a un demi-millénaire. Mine de rien, il existe de nos jours flopée de cités abandonnées, même récemment, même dans les pays riches.</p>
<p>Nombre d’épisodes rappellent la puissance des éléments : la pluie, la foudre, les inondations mais aussi la neige, les racines des arbres, les fientes des oiseaux, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana#Le_kudzu_en_tant_qu.27esp.C3.A8ce_exotique_envahissante">kudzu</a>, la rouille, les ultra-violets solaires... Notre société a incroyablement modifié le paysage, détourné des fleuves, prélevé et déplacé des masses d'eau gigantesques, asséché des marais, et installé des piscines dans des déserts. Los Angeles retournera au désert quand les pompes s’arrêteront, et les monuments de Washington finiront fossilisés sous le niveau de la mer.</p>
<p>Ce ne sont pas les constructions les plus apparemment solides qui survivront forcément : tout ce qui est en béton armé, bunkers du Mur de l’Atlantique y compris, sera vite rongé par la corrosion. Dans deux-trois siècles, il ne restera plus grand-chose de visible de nos villes ; et dans deux mille ans, peut-être Notre-Dame et sûrement les pyramides. Les derniers témoignages de l’humanité seront des coffres-forts enterrés plein d’or, des sondes dans l’espace, et un rover sur la Lune. La question n’est
pas de savoir si mais quand et comment un pont, un navire de guerre, une statue, la Joconde... disparaîtront.</p>
<p>Le monde que nous laisserons derrière nous ne sera pas le même que celui où nous sommes apparus. Après nous prospérerons peut-être des plantes invasives venues d’autres continents, tenues péniblement sous contrôle (comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pueraria_montana">kudzu</a> aux états-Unis), des chiens retournés à l’état sauvage, des chimpanzés lâchés dans des villes vides pleine d’opportunités pour les plus fûtés...</p>
<p>Quelques touches d’humour surnagent au sein d’un commentaire évidemment catastrophiste, par exemple le sort des <a href="http://www.kelchien.com/races/welsh-corgi.php">corgys</a> d’Élisabeth II, obligés de piller Buckingham Palace avant de s’échapper dans le vaste monde.</p>
<p>Des bémols ? Un ton très sensationnaliste, une certaine lassitude après le énième immeuble effondré à cause de l’assaut de l'eau et de la foudre et faute de maintenance ; beaucoup d’effets faciles ; des redites à cause des coupures pubs <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, et une vision très centrée sur l’Amérique (on voit quand même la Tour Eiffel s’émietter). Ça n’en reste pas moins passionnant.</p>
<p>Attention, c’est uniquement en anglais, sans sous-titre ! Je n'ai cependant eu aucun problème pour comprendre, à part quelques Texans, et pourtant j’écoute peu d’anglais ces temps-ci. Gaffe au zonage si vous vous offrez le DVD.</p>
<p>Site de la série (deux saisons) : <a href="http://www.history.com/shows/life-after-people" hreflang="en">http://www.history.com/shows/life-after-people</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Mais comment font les Américains pour supporter de la pub toutes les cinq minutes ? Pour le moment ils n’en mettent pas sur les DVDs, Dieu merci.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Life-After-People#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/715« Pour la Science » de Janvier 2013 : Mer morte, loup domestiqué, monde continu ou discreturn:md5:e11ad857d68921787c0821850e5cfcf22013-03-16T00:00:00+01:002016-04-26T12:17:12+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieauto-organisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecynismegénéalogiegéologieintelligence artificiellelanguesmathématiquesperspectivesciencescience-fictionsignifiéspéculationsurréalismetempsuniversvirtuelécologieéconomie de l’attentionéconomies d’énergieénergieévolution <p>À chaque fois que je lis mon magazine préféré, je me dis que je vais essayer d’économiser le temps de chroniquer celui-ci. Et paf, ça ne rate jamais, il <em>faut</em> que je me souvienne de certains articles, donc que je les résume ici. C’est parti, <em>commentaires personnels comme d’habitude en italique</em>.</p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/pls_423_couv.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Didier Nordon</h3>
<ul>
<li>« Sigma de un n sur deux » est plus parlant pour un mathématicien que « la somme des inverses des carrés des nombres entiers. » De même, des mots comme « ontologie » ou « keynésien » permettent de ne pas se laisser submerger à nouveau par tous les détails et d’avancer un peu plus loin. « L’étrange besoin qu’a l’esprit de court-circuiter les détails d’une étape pour pouvoir s’appuyer sur celle-ci confère aux abréviations une étrange puissance créatrice. »<br /><em>Parallèle à faire avec les fonctions et autres routines en informatique ; ou une documentation souvent inutile quand elle reprend ce qui est déjà noté clairement en code informatique.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>Pour passer pour un oracle, il ne faut pas être nuancé et capable de changer d’avis, mais carré, inflexible et inébranlable, et on vous écoutera. « Le monde n’écoute que les sourds. »<br /><em>Éternel dilemme entre les principes et le réalisme. Pour que les réalistes ne bradent pas trop les principes, ne faut-il pas quelques têtes de mules qui leur rappellent ?</em></li>
</ul>
<h3>Le monde est-il discret ou continu ?</h3>
<p>Grave question non résolue, au confluent de la philosophie, des plus audacieuses théories de physique théorique, du <em>Jeu de la vie</em>, de la physique quantique et de <em>Matrix</em>.</p>
<p>Le discret est à la mode à notre époque, et la théorie des quanta (paquets d’énergie aux quantités bien définies, et non continues) semble le justifier. Cependant, <a href="http://www.damtp.cam.ac.uk/user/tong/bio.html">David Tong</a> rappelle que ces quantas ne sont, par un « tour de magie mathématique », que des solutions à l’équation de Shrödinger qui, elle, suppose un espace continu.</p>
<p>D’ailleurs en physique théorique fondamentale, il n’y a même pas vraiment de particules, juste des champs.</p>
<p>En conséquence, le <em>seul</em> entier fondamental de toute nos théories physiques est 1, nombre de dimensions temporelles. En effet il n’est pas certain que le nombre de dimensions d’espace soit simplement 3 si l’espace est fractal (dimension non entière). Et le nombre de sortes de quarks (6) ou autres particules n’est qu’une conséquence des équations des champs. (<em>Le concept de dimensions temporelles plurielles me laisse rêveur, mais il paraît que les théories seraient alors incohérentes.</em>)</p>
<p>Plus pratiquement, aucune simulation numérique ne semble réalisable pour certains phénomènes chiraux en chromodynamique quantique : ils seraient fondamentalement non discrétisables.</p>
<p><em>Moralité : si nous sommes dans la Matrice, elle est analogique.</em></p>
<h3>Du loup au chien</h3>
<p>Le chien descend des loups domestiqués il y a au bas mot 30 000 ans, soit nettement plus tôt que tous les autres animaux domestiques (10 000 ans au plus). Les premiers louveteaux auraient pu être allaités par des femmes, comme cela se voyait encore récemment en Papouasie. Par nature social, un jeune loup se considère alors comme membre d’une horde d’humains. C’est en fait logique : le loup occupait la même place écologique que nous avant le Néolithique : prédateur en meute et sociologiquement, c’est donc déjà l’animal le plus proche de nous.</p>
<p>Sélection artificielle aidant, nous aurions alors obtenu cet animal artificiel, très dépendant de nous, loup éternellement adolescent, qu’est le chien.</p>
<p>La définition du chien en tant qu’espèce est d’ailleurs un exemple du flou sur la notion même d’espèce, car la variabilité entre espèces canines est plus grande que la distance avec le loup. Quant à l’apparence, elle ne veut rien dire (le pékinois est plus proche du loup que le berger allemand !). Espèce à part ou sous-espèce de <em>Canis lupus</em> ?</p>
<p>Un passage laisse songeur : grâce au chien, doté d’un odorat et d’une endurance plus performants bien supérieurs, la chasse de nos ancêtres a été bien plus efficace. Peut-être le chien a-t-il été un atout majeur d’<em>Homo sapiens</em> dans la lutte contre Neandertal, lequel, justement, a disparu peu après cette domestication...</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li><strong>La Mer Morte se meurt</strong> (<em>je sais que les zombies sont à la mode, mais là ça devient zarb’</em>) : les eaux du Jourdain sont massivement détournées par les pays riverains, le niveau baisse d’un mètre par an (<em>!!!</em>), provoquant d’impressionnants et dangereux effondrements circulaires près des rivages. Un projet d’aquaduc depuis la Mer Rouge existe (c’est la saumure résultant du dessalement de l’eau qui approvisionnerait la Mer Morte), les études sont en cours.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour un père qui veut diffuser ses gènes, il vaut mieux s’occuper de ses neveux (par sa sœur) que de ses propres enfants (supposés) si le taux d’infidélité dépasse 50%. <br /><em>J’adore quand on croise probas, génétique, et morale.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On sait à présent mesurer la température d’un plasma quarks-gluons (environ 2 000 milliards de degrés, pendant 10<sup>-23</sup> s). <br /><em>Non je n’ai compris ni la technique, ni l’utilité immédiate, ni même ce que l’on mesurait.</em></li>
</ul>
<ul>
<li>On aurait détecté à une centaine d’années-lumière une <strong>planète errante</strong>, éjectée de son système solaire. <br /><em>Des étapes sur la route des étoiles ?</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Évaluation entre experts au sein de l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche</strong> : plutôt que la nomination en cascade depuis le sommet (politique), ou des critères de « performances » vite générateurs de cercles vicieux, <a href="http://lem.vjf.cnrs.fr/spip.php?article91">Philippe Büttgen</a> propose purement et simplement... l’élection par les pairs. Transparence n’est pas confiance, et ça se passe bien en Allemagne.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une usine à gaz en préparation au Parlement vise à <strong>moduler le prix de l’électricité</strong> en fonction de la consommation : -20% sur la facture en dessous d’un quota de base, +10% pour ce qui en dépasse le double. <a href="http://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2012/03/12-03-CV-Boris-Solier.pdf">Boris Solier</a> accuse ce système d’être contre-productif, comme cela a été le cas en Californie : le prix moyen, plus bas pour certains, mènera à une hausse de leur consommation, et en général lors des pics. Ensuite, on ne consomme pas moins quand on est pauvre et plus quand on est riche : les gens modestes ont du mal à faire isoler leur logement. Autant aider la rénovation. Enfin, la mise en œuvre sera complexe.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Pas d’addiction au sucre</strong> : dans les définitions officielles des psychiatres, l’addiction suppose plusieurs critères, dont un conflit entre un désir d’arrêter une consommation, et le désir impérieux de continuer à en consommer, et plus que de raison. On ne pourra donc parler d’addiction au sucre que lorsque la pression sociale sera telle que les gens <em>voudront</em> arrêter le sucre.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Australopithecus sediba</em></strong>, découvert en Afrique du Sud, serait-il le véritable ancêtre des <em>Homo erectus</em> (et donc le nôtre) ? Une grotte a livré deux squelettes assez complets, événement très rare, et promet déjà d’autres belles découvertes pour trancher le débat. L’arbre généalogique de l’homme reste dans le détail très discuté.<br /><em>J’ai même l’impression qu’ils y rajoutent une nouvelle espèce tous les 3-4 ans : </em>Homo antecessor<em>, </em>Homo heidelbergensis<em>...</em></li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique de Jean-Paul Delahaye s’étend sur <strong>ces jeux sérieux qui utilisent l’intelligence humaine</strong> de manière massivement parallèle pour des problèmes (encore) inaccessibles aux ordinateurs, par exemple <a href="http://www.galaxyzoo.org/" hreflang="en">Galaxy Zoo</a>, ou <a href="http://fold.it/portal/" hreflang="en">FoldIt</a>, quand ce n’est pas <a href="http://www.google.com/recaptcha" hreflang="en">reCAPTCHA</a> pour numériser des livres.</li>
</ul>
<ul>
<li>La rubrique Science-Fiction détaille l’anatomie de la bestiole d’<em>Alien</em>, et montre que c’est un condensé de toutes nos peurs animales (reptile, insecte, arachnide...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Et la rubrique artistique montre que, <strong>géologiquement, le monde de J.R.R. Tolkien est cohérent</strong>. On a même les frontières des plaques tectoniques.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-Janvier-2013#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/734Questions à la con chez XKCD (7 à 12)urn:md5:a390493be7d456b7cfe26974e1b8eb972012-12-09T00:00:00+01:002016-03-18T12:42:03+01:00ChristopheScience et conscienceamourapocalypsebon senscartescataclysmecatastrophechiffresclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedémographiegravitationgéographiehard sciencehumourlivres luslogistiquelyrismeoh le beau cas !ouverture d’espritpanurgismeperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationsurréalismetempsthéorieutopievaleuréducationémerveillementénergie <p>Suite des questions stupides-qui-font-réfléchir sur l’un des sites qui justifient l’existence même d’Internet (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD">premier recueil de résumé-traductions ici</a>) :</p>
<ul>
<li><strong>Tout le monde dehors</strong> : <a href="https://what-if.xkcd.com/7/" hreflang="en">Avons-nous assez d’énergie pour faire quitter la planète à toute l’humanité ?</a>. Enfin une question « appliquée ». <br />L’énergie nécessaire strictement minimale est l’énergie cinétique atteinte par 7 milliards d’humains d’en moyenne 65 kg dépassant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_lib%C3%A9ration">vitesse de libération</a> terrestre (11,2 km/s), soit 2,8.10<sup>18</sup> J, environ 5% de notre consommation d’énergie annuelle. Difficile mais jouable en théorie.<br />L’énergie réellement nécessaire dépend du moyen utilisé. Les fusées traditionnelles ne sont pas très efficaces, avec 20 à 50 tonnes de carburant pour 1 tonne de charge utile dans l’espace ! De quoi siphonner toutes les réserves mondiales de pétrole. L’ascenseur spatial serait une option (le matériau reste à inventer) ; ou encore l’utilisation de nos bombes atomiques comme carburant (projet <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Orion">Orion</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><em>Jump!</em></strong>: <a href="https://what-if.xkcd.com/8/" hreflang="en">si toute l’humanité se rassemblait dans le plus petit espace possible et sautait ensemble en même temps</a>, la Terre ne serait pas déplacée de la largeur d’un atome (elle est simplement trop grosse pour nous). Par contre, la concentration de sept milliards de personnes sur un territoire de la taille de Rhode Island (équivalent à un petit département français comme le Bas-Rhin) posera de cataclysmiques problèmes de logistiques lors de l’évacuation (on a supposé une arrivée instantanée et miraculeuse), menant au chaos et au décès de milliards de personnes. (Les expériences de pensée ont parfois d’inattendues conséquences.)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/9/" hreflang="en">L’âme sœur</a></strong> : à supposer très romantiquement que nous n’ayons réellement qu’une seule âme sœur chacun, disséminée aléatoirement au sein de l’humanité, mais que l’on saurait reconnaître au premier regard, quelle serait la chance de la rencontrer et de déclencher le coup de foudre ?<br />Si on se limite à l’humanité <em>qui a vécu</em>, il y a 90% de chances que l’âme sœur soit déjà morte ; beaucoup plus si on inclut les générations à venir.<br />Si on considère que l’âme sœur fait forcément partie des vivants d’âge voisin, ça ne fait plus qu’un demi-milliard de rencontres à faire avant le coup de foudre. Combien d’étrangers croisez-vous par jour ? Même à raison de plusieurs douzaines, ça ne fait guère qu’une chance sur dix mille de rencontrer un jour l’Amour Vrai.<br />Industrialiser le problème d’une manière ou d’une autre (<em>SoulMateRoulette</em>) permettrait de rassembler tous les couples en quelques décennies... à condition que chacun s’y consacre à plein temps.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/10/" hreflang="en">Si la Terre tournait de 90°</a></strong>, en mettant par exemple le Mexique au Pôle Sud, et en espérant que les règles de la météo ne soient pas complètement déréglée par des phénomènes aussi bizarres que ceux de la réalité (du genre de l’Amazonie ensemencée par un bout de désert tchadien), après une période d’adaptation la carte du monde deviendrait :<br /><img src="https://what-if.xkcd.com/imgs/a/10/cassini_cities.png" alt="Le monde basculé de 90°" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />La France et l’Antarctique devenues tropicales, Madagascar à notre place, Chine et Inde congelées... Il n’y a guère que le Kamtchatka qui ne change pas.<br /> <em>PS : J’</em>adore<em> ce genre de renversement de carte, ça change complètement la perspective par rapport à nos habitudes.</em></li>
</ul>
<ul>
<li><strong><a href="https://what-if.xkcd.com/11/" hreflang="en">Se faire chier dans la bouche par un oiseau</a></strong> nécessite en moyenne 195 ans de sieste gueule ouverte ininterrompue. Bon exemple de moyenne stupide vue la répartition totalement non-uniforme des piafs en ce monde.<br />Cet exemple débile donne pourtant un bon exemple d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_dimensionnelle">analyse dimensionnelle</a> avec des ratios de nombre de fiente/oiseau et de cm² par bouche, le résultat du calcul s’exprimant en année.<br />Avec une analyse du même genre, Randall montre que la consommation d’une voiture, en miles par galon (ou en kilomètres par litre, c’est en fait l’inverse de la manière de raisonner des Européens) peut s’exprimer en mm<sup>2</sup>, le nombre étant la section du volume d’essence étiré dans un tube de la longueur du trajet.</li>
</ul>
<p><em>Suite : </em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">What If?</a><em><a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/What-If-de-Randall-Munroe">, le livre !</a></em></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Questions-a-la-con-chez-XKCD-7-a-10#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/714« Science & Vie » d’août 2012 : « Nous ne sommes pas seuls ! »urn:md5:a8a1f96c73b5f47dc40a2a2ee4d44cd62012-08-16T21:37:00+02:002016-01-22T14:36:12+01:00ChristopheScience et conscienceapocalypseastronomiecosmologiedinosauresextraterrestresgéologiepanspermiesciencespéculationuniverséonsévolution <p>Petit billet vite fait sur le plus sensationnaliste des magazines de sciences sérieux <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Nous ne sommes pas seuls !</h3>
<p><em>Science & Vie</em> en couverture, c’est parfois comme <em>Voici</em> ou <em>Gala</em> : un « grand drame » de la vie d’une star se révèle être une peccadille ; mais pour le savoir il faut avoir acheté, et quand on hurle à l’arnaque il est trop tard.</p>
<p>Ici c’est pareil. D’ailleurs quand on lit « les scientifiques en sont convaincus », il y a de quoi s’inquiéter, aucune unanimité n’est prête de se faire sur un tel sujet avant un débarquement, pacifique ou agressif, des ETs. <em>S&V</em> n’a pas l’exclusivité de la preuve d’une rencontre avec de petits hommes verts ou gris, ou même d’une esquisse de découverte de trace de signature d’une possible vie dans le spectre d’une planète.</p>
<p>Non, l’article s’étend sur l’extrapolation (très raisonnable d’après les premiers relevés) qu’il y a dans notre seule galaxie au bas mot 80 milliards de planètes « habitables ». Au sens large, l’habitabilité : 1 à 10 fois la masse de la Terre, avec la possibilité d’eau liquide, et en général autour d’une naine rouge. Extrapolation sur tout l’univers : 10 000 milliards de milliards de planètes.</p>
<p>Suivent quelques arguments sur les derniers calculs et découvertes tendant à augmenter la proportion des habitées parmi les habitables : l’eau est bien présente partout dans l’univers ; la plupart des systèmes sont plats et stables ; la vie peut coloniser les lieux les plus invivables (pas une nouveauté...) ; les supernovas ne sont pas si nocives et ne stérilisent pas des bras entiers de galaxies ; une énorme Lune comme la nôtre n’est pas nécessaire pour qu’une planète reste à peu près stable sur son axe. J’aurais aimé connaître le niveau de consensus de certaines de ces affirmations.</p>
<p>Bref, sous-entendu : « c’est bien le diable si avec tout ça il n’y a pas la vie quelque part. » Tout ça ne résout pas <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Fermi</a>.</p>
<p>Suivent des extrapolations sur ce que pourraient être les habitants de ces planètes mais on retombe dans les <del>devinettes déduites <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></del> hypothèses éclairées : plantes gonflées d’hydrogène par forte gravité ; plantes noires autour d’étoiles froides ; espèces massives volantes dans les atmosphères denses... <em>Pour la Science</em> avait déjà eu un article là-dessus (<a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-la-couleur-des-plantes-extraterrestres-22382.php">extrait</a>).</p>
<h3>L’Anthropocène a-t-il commencé ?</h3>
<p>Après l’Holocène, l’Anthropocène a-t-il commencé ? Quels sont les critères ? Nous avons déjà laissé des traces indélébiles, mais laquelle pourrait être <em>la</em> référence ? Selon les critères habituels (limite stratigraphique identique sur toute la planète), c’est discutable. Serait-ce une époque, ou juste un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tage_g%C3%A9ologique">étage</a> de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Holoc%C3%A8ne">Holocène</a> (les 10 000 années depuis la fin de la dernière glaciation) ? Les géologues discutent.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Un paléogénomicologue (?) récolte des sangsues vietnamienne pour analyser l’ADN trouvé dans le sang qu’elles ont sucé. Il y trouve des bestioles jamais vues pourtant dans la zone. J’adore ce genre de découvertes indirectes.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le nombre de cancers va exploser d’ici 2030. La bonne nouvelle : c’est juste le revers de la médaille de l’enrichissement et de l’élévation du niveau de vie (surpoids, diabète...).</li>
</ul>
<ul>
<li>Un petit entrefilet me fascine, sur le bon vieux mystère de la fin des dinosaures et de la survie des mammifères : ce serait à cause des œufs. Non que les mammifères les mangeassent (ça a dû arriver, mais pourquoi là et pas dans les 150 millions d’années précédents ?). Mais ces œufs imposant une limite maximale à la taille des bébés dinosaures, ces derniers, en grandissant, devaient occuper plusieurs niches écologiques différentes... occupées par les mammifères adultes plus petits. Sans la protection des adultes après la chute de la météorite, les bébés dinos survivants n’ont pu concurrencer les mammifères.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quand un satellite vient se désagréger dans l’atmosphère, il est impossible de prédire exactement où vont tomber les morceaux. Même pas de quoi faire un film catastrophe réaliste...</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Au contraire de tous ces machins qui fleurissent en récupérant le paranormal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Vous avez une meilleure traduction d’</em>educated guess<em> ?</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-d-aout-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/705« Pour la Science » de février 2012 : secondes excédentaires, ours des cavernes et multiversurn:md5:166c739421722fe9a6610268fc87f95b2012-02-02T23:33:00+01:002015-10-06T12:12:35+02:00ChristopheScience et conscienceastronomieconquête spatialecosmologiedéfense du françaisexaptationhard scienceprise de têtesciencescience-fictionspéculationtempsthéorieuniversévolution <p><em>(<del>Défit personnel : je vais tenter de chroniquer vite fait ce numéro un peu mineur, en dominant ma logorrhée habituelle, pour publier ceci avant le début du mois du numéro. Chiche !</del> C’est rapé.)</em></p>
<p><img src="http://www.pourlascience.fr/e_img/boutique/full/done_20120117_1011_PLS-2012-fevrier_412-fu-pls_412_couv_175.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<h3>Les secondes intercalaires</h3>
<p>Passionnant article sur un phénomène qui touche peu le commun des mortels, qui se contente au mieux de la précision d’un train ou du serveur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Network_Time_Protocol">NTP</a> auprès duquel son PC trouve son heure.</p>
<p>Le problème à la base est très concret : <strong>synchroniser la régularité du calendrier avec la rotation de la planète</strong>, qui est après tout le cadre ultime de nos vies. Certains s’en fichent, comme les Arabes avec des années lunaires plus courtes qu’une année solaire ; les Chinois rajoutent des mois au petit bonheur ; chez nous <a href="http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article134">Caius Julius</a> a imposé les années bissextiles, puis le pape Grégoire a affiné tout ça avec son calendrier.</p>
<p>Depuis 1972 le temps est mesuré avec des horloges atomiques, et la rotation de la Terre étant ce qu’elle est, il faut parfois ajouter, ou retrancher une seconde en milieu ou fin d’année pour que le temps solaire corrigé de l’équation du temps (l’explication du concept est claire) coïncide au micropoil avec le Temps Universel Coordonné, décompte des période du rayonnement entre deux niveaux hyperfins du césium 133 (une référence universelle qui en vaut une autre — mais sans lien avec la Terre). Il y aura donc sur certaines horloges précises un 30 juin 2012 23 h 59’ 60”.</p>
<p>Ces ajouts de seconde perturbent certaines applications précises, en partie à cause du système de notification. Bref, certains plaident pour la suppression de ces secondes intercalaires (<em>ça a failli être voté après l’écriture de l’article mais la décision est reportée à 2015</em>).</p>
<p>L’auteur plaide pour leur maintien : le calendrier « réel » (ressenti, avec heures, jour et nuit) et celui universel et coordonné vont diverger. Déjà le GPS a 15 secondes d’écart (il ne tient pas compte des secondes intercalaires). J’aime beaucoup la conclusion qui voit loin : dans 50000 ans, à cause de la rotation de la Lune, il faudra au moins une seconde intercalaire <em>par jour</em> : la planète tournera en 86401 secondes ! Comment dans le futur allons-nous gérer cela ?</p>
<p><em>(Personnellement, je me dis que le problème sera peut-être résolu quand nous nous installerons sur Mars ou ailleurs : un temps universel arbitraire ajusté ensuite pour chaque planète au gré des besoins de celles-ci, sera nécessaire. Il faudra juste que ce temps devienne arbitraire et formellement déconnecté des jours et nuits terrestres pour qu'on ne s’y réfère plus du tout. Il faudrait lire les discussions sur ce sujet à l’ITU-R.</em>)</p>
<h3>Les ours des cavernes</h3>
<p>Totem de la Préhistoire européenne, l’ours des cavernes a bien existé et laissé pas mal d’ossements. L’espèce était bien distincte de l’ours brun et de ses cousins proches (grizzly, ours blanc…), avec un ancêtre commun il y a environ 1,6 millions d’années. Ce monstre était plus végétarien que carnivore.</p>
<p>Les comparaisons de peintures rupestres étalées sur des milliers d’années, dans la grotte Chauvet par exemple, ainsi que l’analyse de la diversité génétique des ossements trouvés, montre que l’espèce a progressivement disparu au Paléolithique, et son déclin s’amorça avant l’arrivée de l’homme.</p>
<h3>Le multivers</h3>
<p>Depuis longtemps la SF prend comme décor les univers parallèles et les univers <em>très</em> lointains, au-delà du mur de quelques dizaines de milliards d’années-lumière autour de nous. Est-il possible, scientifiquement, de découvrir si oui ou non ils existent ? Pour le cosmologiste <a href="http://www.mth.uct.ac.za/~ellis/" hreflang="en">George Ellis</a>, non.</p>
<p>Le premier type de multivers englobe les espaces de l’univers « classique » trop lointains pour que leur lumière ou toute autre information nous en parviennent : à jamais inaccessibles, ils ont <em>a priori</em> les mêmes lois physiques que nous. Ce très plausible multivers est simplement un ensemble de bulles isolées à jamais par la vitesse finie de la lumière et l’expansion de l’univers.</p>
<p>Le second type de multivers envisage que des bulles assez lointaines auraient potentiellement des lois physiques différentes, voire toutes les combinaisons possibles de lois et de paramètres physiques. Ils restent également trop lointains et à jamais inaccessibles.</p>
<p>Les arguments scientifiques de ce multivers sont au mieux indirects sinon spéculatifs, et ils utilisent souvent des variantes ou la marge des théories physiques : les champs scalaires des dernières théories permettent des univers-bulles à l’infini (mais pourquoi ?) ; l’hyperinflation des débuts de l’univers pourrait s’être déroulée différemment ailleurs (rien ne l’interdit, rien ne l’y oblige) ; ils pourraient être parallèles ou juste lointains…</p>
<p>La théorie des cordes notamment offre un paysage idéal pour ces univers multiples, avec sa multitude de paramètres possibles. Mais on attend toujours une confirmation expérimentale des cordes ou d’un sous-ensemble. Et justement, parmi les arguments les plus intéressants du multivers figure l’étonnante (improbable ?) coïncidence de paramètres physiques qui permet la vie dans notre univers. Si énormément d’univers possibles existent, sinon tous ceux possibles, il n’y a rien d’étonnant à ce que nous existions dans un qui soit favorable à la vie, même improbable.</p>
<p>La recherche de trace d’univers passés dans le fond diffus de l’univers ou de variations possibles des constantes fondamentales a fait à peu près chou blanc. À l’inverse on n’a pas trouvé de motif se répétant dans l’univers, il ne semble donc pas sphérique et fini… ou alors à plus grande échelle, et nous ne le saurons jamais.</p>
<p>Bref, sans possibilité d’y aller voir jamais, sans théorie bien établie suggérant fortement l’existence du multivers, on ne peut parler de science quand on évoque le multivers. On tient plus là un concept extrêmement flexible qu’une théorie un tant soit peu travaillée. On extrapole « du connu à l’inconnu, du vérifiable à l’invérifiable ». George Ellis reproche que l’on cherche à établir par des hypothèses théoriques des choses à jamais invérifiables, ce qui est pourtant la base de la science moderne.</p>
<p>Dernier argument massue : le rasoir d’Ockham ne permet pas de créer une infinité d’univers aux paramètres exotiques juste pour expliquer l’existence du nôtre !</p>
<p>Il reconnaît certes un bon argument des défenseurs du multivers : il n’y a pas d’autre explication à notre existence. Il n’a jamais été établi, juste espéré, que les lois de la physique sont « obligatoires ». Mais le choix entre multivers, univers arrivé là par hasard, et univers créé, relève là de la métaphysique. Pas de la science.</p>
<p>Un encadré d’<a href="http://www2.cnrs.fr/journal/3150.htm">Aurélien Barrau</a> objecte : le sage a raison de se méfier de la spéculation, mais méfions-nous aussi d’un excès de circonspection. Le multivers est un « pari ». Il est en partie <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité">réfutable (donc scientifique)</a> car basé sur des théories scientifiques certes non établies, mais testables dans notre monde. On parle certes de probabilité que le multivers existe, mais c’est en fait très souvent le cas en physique. Et il voit le rasoir d’Ockham dans l’autre sens, car des théories suggèrent que le multivers est possible, et l’interdire les compliquerait. Il finit par dire que la physique change en permanence et pourrait accepter un cadre un peu plus spéculatif.</p>
<p>( <em>Avis perso : je n’ai aucune idée de ce à quoi peuvent ressembler les théories de l’inflation ou des cordes et comment en pratique on pourrait en déduire des univers différents. Ça me fascine. D’un côté tirer des conséquence parfois osées de théories (relativité, mécanique quantique) s’est révélé vrai, d’un autre côté cela a souvent permis de montrer qu’elles sont fausses et imparfaites. D’où la nécessité des observations pour valider ou infirmer la déduction théorique. Impossible ici. Et l’idée d’un multivers fatalement là parce qu’il n’y a pas d’autre possibilité défendable me rappelle le « Dieu des manques » qui a reculé à chaque avancée scientifique.<br />D’un autre côté, si l’on parle effectivement d’univers parallèles causalement inatteignables (ce dernier point sera massivement attaqué par tout écrivain de SF), le résultat de cette spéculation n’a matériellement </em>aucune<em> importance matérielle, juste philosophique !</em> )</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Didier Nordon met le doigt sur des <strong>aberrations étymologiques</strong> : un « misanthrope anthropophage » est quasiment une oxymore (et Matyo en rajoute : un vampire est aussi un hémophile…).</li>
</ul>
<ul>
<li>Du même : <strong>nul ne peut juger les hommes</strong> et les dire bons ou mauvais, ni certains d’entre nous, forcément juges et partie, ni les animaux que nous avons trop bousculés, ni les extra-terrestres qui pourraient lire toute notre littérature sur eux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>légumes et fruits surgelés</strong> sont réellement sains et bons, mangez-en.</li>
</ul>
<ul>
<li>La <strong><em>Listeria</em></strong> est une bactérie avec de nombreux moyens d’invasion de l’organisme. Elle pourrait paradoxalement nous servir : génétiquement modifiée pour exprimer des gènes de cancer, elle deviendrait un vaccin anticancer !</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-f%C3%A9vrier-2012#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/678« Science & Vie » de décembre 2011 : Neanderthal Park, effets secondaires, feux de charbonurn:md5:01872069b87981d9af8c52342df3c2fc2012-01-05T21:46:00+01:002015-10-01T13:10:17+02:00ChristopheScience et conscienceabominationaddictionbon sensclimatconquête de l’inutiledinosauresdommagedéveloppementeaueffet de serreexaptationgaspillagegéologienatureoptimisationpollutionprise de têterobotssantésciencesociétés primitivesspéculationtravailécologieéconomie de l’attentionévolution <p>(<strong><em>Ante scriptum</em></strong> : Bonne année et bonne santé à tous mes lecteurs réguliers, enfin, celui qui n’aura pas quitté la blogosphère pour Fesse-bouc, Gogue Pus et autres obscénités dont je n’ai toujours pas trop capté l’intérêt.)</p>
<p>Bon, je m’étais dit que ce numéro-là je pourrais le chroniquer alors qu’il est encore en kiosque. La pile des choses à faire grossissant sans cesse, c’est encore râpé.</p>
<p>En vitesse, pendant que dort la ’tiote, liste des choses notables dans ce numéro à se rappeler :</p>
<ul>
<li><strong>Les enfants Cro-Magnons dessinaient aussi dans les grottes</strong>, avec leurs petites mimines. Le sens de leurs gribouillis n’est pas clair mais je ne sais pas s’il faut chercher bien loin.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les racines des arbres influencent le lit des rivières</strong>. Le cours des rivières d’avant 360 millions d’années (date d’apparition des arbres) était beaucoup moins stable qu’après. Les racines fixent les berges. (<em>J’ai toujours trouvé fascinantes les interactions entre géologie et espèces vivantes. La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Oxydation">Grande Oxydation</a> en est une, celle-là est plus subtile.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Les maladies chroniques</strong> deviennent les principales causes de mortalité, y compris dans les pays en voie de développement : inactivité physique, surpoids, tabac, alcool… Nombre de pays pauvres ont déjà des maladies de riche, et pas les moyens d’y faire face.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Peut-on faire revivre des mammouths ? L’homme de Néanderthal ? Des dinosaures ?</strong><br /> L’article tente vraiment de nous convaincre que c’est possible, et il y a des chercheurs optimistes. Mais l’ADN est déjà en kit dans les mammouths congelés retrouvés en Sibérie, alors pour ce qui est d’espèces complètement pétrifiées et dix ou dix mille fois plus anciennes… De plus, le problème de la mère porteuse du bébé mammouth n’est pas résolu : <a href="http://www.30millionsdamis.fr/acces-special/actualites/detail/article/1532-australie-naissance-du-premier-elephant-concu-par-insemination-artificielle/retour-actus/47.html">l’insémination artificielle d’éléphante est déjà un exploit</a>. <br />Pour le Néanderthal, des obstacles éthiques majeurs apparaissent.<br />Au mieux, un « pouletosaure » pourrait apparaître, simple piaf dont on aurait réactivé de vieux gènes jurassiques lui rendant queue et dents.<br />Enfin, que faire de ces espèces dont l’environnement aura disparu ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Les <strong>effets secondaires des médicaments</strong> ont un bon côté : ils peuvent servir à traiter d’autres maladies que celle prévue au départ, et l’effet indésirable pour un malade sera bénéfique pour le malade à la pathologie inverse. L’aspirine peut provoquer des hémorragies, ce qui en fait un bon anticoagulant ; et le Viagra, médiocre dans le traitement de l’angine de poitrine, a révélé des effets secondaires intéressants… <br />Des chercheurs américains ont entré dans une base de données médicaments, effets secondaires, maladies, et ainsi pu repérer des substances potentiellement intéressantes dans des cas à l’origine non prévus. L’intérêt est énorme, aussi bien du point de vue de la réduction des coûts et des délais de mise sur le marché (on étend la prescription d’une molécule déjà connue et testée), que pour le soin des maladies orphelines (non rentables car trop rares).<br />Bref, un bon exemple de systématisation et d’industrialisation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Quelques émouvants exemples des « <strong>robots qui refusent de mourir</strong> », beaux témoignages de l’ingéniosité humaine et du travail des ingénieurs quand on les laisse faire leur travail : <em><a href="http://www.daviddarling.info/encyclopedia/P/Pioneer_6.html" hreflang="en">Pioneer 6</a></em> tourne autour du soleil depuis 1965 et émettait encore en 2000 ; <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Opportunity">Opportunity</a></em> devait fonctionner trois mois en 2004 mais continue d’explorer Mars depuis (<strong>Mise à jour de 2015</strong> : et ce n’est pas fini !) ; et <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_1">Voyager 1</a></em>, lancé en 1977, après avoir rempli sa mission autour de Saturne et Titan en 1980, continue de nous renseigner sur les limites du système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Histoire de désespérer un peu plus dans la lutte contre le réchauffement climatique, un article s‘étend sur les <strong>feux de charbon</strong> : pas ceux allumés pour produire de l’électricité ou chauffer des maisons, mais de mines entières qui se consument petit à petit, parfois depuis des décennies voire bien plus, polluent des régions entières, provoquent des affaissements de terrain, en Chine, en Australie, aux États-Unis… Une fois démarrés, parfois naturellement (il suffit que l’air soit en contact avec le charbon sous-terrain pour qu’un jour cela brûle), ces feux sont encore quasiment impossibles à éteindre. Un gaspillage insensé qui, avec les incendies de tourbières (oui, ça aussi), représentent une part notable des émissions de CO2 humaines.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>On se frotte les yeux quand on est fatigués</strong> à cause de l’assèchement du film de larmes protégeant l’œil. La fatigue réduit la fréquence des clignements d’œil, il faut une pression des doigts pour stimuler les glandes. Mais point trop n’en faut.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-d%C3%A9cembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/672« Science & Vie » de novembre 2011 : nucléaire sûr au thorium ; neutrinos plus rapides que la lumière ; animaux-plantesurn:md5:e29cb772fdc9570c04e2e3f5782acee42011-11-24T22:28:00+01:002015-10-01T10:21:06+02:00ChristopheScience et conscienceabominationbombe atomiquebon sensbugcomplexitécosmologiedommagedysfonctionnementdétectiongravitationincohérenceouverture d’espritparadoxeperspectiveprise de têtepériméréalitésciencespéculationsécuritétempsémerveillementénergie <p><img src="http://www.science-et-vie.com/AnciensSV/images/Numeros/1130_cov.jpg" alt="Science & Vie 1130 de novembre 2011" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Un bon numéro du magazine le plus « sciensationaliste »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> :</p>
<h3>Les centrales nucléaires au thorium</h3>
<p>Les centrales nucléaires actuelles fonctionnant sous pression avec de l’uranium ne sont pas le seul modèle de centrale nucléaire (basée sur la fission exothermique de certains éléments).</p>
<p>Il y a pléthore de modèles possibles. Celui utilisant l’uranium n’est pas le moins mauvais, mais pas le meilleur du point de vue économique et sécuritaire. La lourdeur de développement des technologies nucléaires nous a en effet « verrouillé » avec le modèle à l’uranium : conçu à l’origine pour fabriquer des bombes, puis amélioré pour être embarqués sur des sous-marins, un milieu où la compacité est reine, le modèle à l’uranium était donc éprouvé et fiabilisé quand on a pensé au nucléaire civil. Il a donc emporté d’emblée le morceau sans que l’on étudie sérieusement les autres options, notamment le réacteur liquide au thorium.</p>
<p>Ce dernier fonctionne selon le même principe, mais en pratique très différemment :</p>
<ul>
<li>le thorium (et non l’uranium ou le plutonium), bombardé par des neutrons, se transforme en uranium 233, et dégage de l’énergie ;</li>
<li>il n’y a pas besoin de maintenir le système sous pression (dans les réacteurs actuels à 155 bars, la moindre fuite est une catastrophe) ;</li>
<li>le thorium barbote dans une soupe de sels fondus à 800°C, liquide ;</li>
<li>on peut rajouter petit à petit le thorium, et extraire les matériaux fissiles produits, il y a donc beaucoup moins de matières dangereuses dans le cœur que dans les réacteurs actuels où les barres d’uranium sont utilisées puis remplacées en bloc ;</li>
<li>les matériaux produits sont beaucoup moins pratiques pour construire une bombe A (cela reste possible) ;</li>
<li>et ils sont beaucoup moins nombreux (donc moins de déchets) ;</li>
<li>pas de problème de refroidissement, la cuve se vide par gravité.</li>
</ul>
<p>Une énergie nucléaire presque propre, sans danger ? Trop beau pour être vrai. Et si tout de même... ? Restent quelques obstacles à surmonter : une phase liquide pas dans les habitudes du milieu ; une température très élevée ; et surtout une fabuleuse résistance au changement de la part des constructeurs de centrale... qui n’auront peut-être pas le choix pour s’adapter. (Du moins en France, la Chine et l’Inde construisent des centrales à tour de bras.)</p>
<p>Quant aux coûts de construction, je n’en ai aucune idée. Je dirais naïvement que si les mesures de sécurité sont allégées, le réacteur étant structurellement sûr, cela se ressentira sur le coût de construction.</p>
<p>Doit-on investir là-dedans au lieu de la fusion ? au lieu des énergies renouvelables ? en même temps que ces énergies ?</p>
<h3>Des neutrinos plus rapides que la lumière</h3>
<p>(<strong>Mise à jour</strong> : Cet article est périmé, puisque l’erreur de mesure dans un appareil a été décelée par la suite. Einstein est sauf.)</p>
<p>Ça avait fait grand bruit il y a quelques semaines : l’expérience <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/OPERA_(expérience)">OPERA</a> a trouvé des neutrinos se déplaçant un rien plus vite que la lumière. <em>Science & Vie</em> détaille l’expérience et le contexte. Notamment : la relativité ne dit pas que la vitesse de la lumière dans le vide est indépassable, mais qu’il existe une vitesse limite <em>et invariante</em> avec l’observateur. Or on a justement mesuré que la lumière dans le vide satisfait ce critère, avec une précision « diabolique », et on a donc vite identifié la vitesse de la lumière à la limite absolue <em>c</em>.</p>
<p>Puis viennent les réflexions des responsables, et ce que cela inspire aux autres sommités du milieu. Cela va de :</p>
<ul>
<li>« je n’y crois pas », « on l’aurait déjà vu dans d’autres expériences », « j’ai déjà vu trop d’anomalies finir par s’évaporer », sous-entendu : il y a un effet subtil qui n’a pas été pris en compte (pas forcément évident et potentiellement très intéressant d’ailleurs) ;</li>
</ul>
<ul>
<li>à « cela met par terre toute la physique », car la relativité restreinte a été montée pour préserver le principe de causalité ;</li>
</ul>
<ul>
<li>en passant par « c’est stimulant », sous-entendu : ça s’explique avec des dimensions supplémentaires, la théorie des cordes, bref c’est un nouveau champ de recherche.</li>
</ul>
<p>Rappelons que :</p>
<blockquote><p><em>The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not “Eureka!” (I found it!) but rather, “hmm.... that’s funny…”</em><br /> <br />La phrase la plus excitante à entendre en science, celle qui annonce de nouvelles découvertes, n’est pas « Eurêka » (j’ai trouvé !), mais plutôt « Tiens, c’est marrant… » <br /> <br />(Attribué à <a href="http://lafemmedessteppes.over-blog.com/article-le-grand-livre-des-robots-isaac-asimov-48571752.html">Isaac Asimov</a>, un des Grands Anciens de la SF de l’Âge d’Or)</p></blockquote>
<p>Donc de cette expérience peuvent découler aussi bien un correctif d’une ligne dans un subtil algorithme de calcul en Fortran, une découverte scientifique obscure qui n’intéressera que les géomètres du CERN, une avancée permettant à terme des outils plus qu’utiles comme le GPS<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> ou le laser, ou bien une théorie ravalant la relativité au rang d’approximation moins imprécise que la gravitation de Newton, et permettant le voyage plus rapide que la lumière (ou pas).</p>
<p>Il faut bien garder à l’esprit que ceux qui ont trouvé cette vitesse « impossible » ne sont pas des guignols qui ont oublié de prendre en compte la rotondité de la Terre ou la dérive des continents. L’article est gratuitement en ligne (<a href="http://arxiv.org/abs/1109.4897" hreflang="en">abstract</a>, <a href="http://arxiv.org/pdf/1109.4897v2" hreflang="en">PDF complet</a>). Je n’irais pas prétendre que j’y ai tout compris, ni même tout lu, mais tout de même trois remarques :</p>
<ul>
<li>pour qu’autant de gens <em>a priori</em> sérieux aient signé une publication aussi iconoclaste, après des mois d’analyse, avec le risque du ridicule si l’erreur est simple, c’est que l’explication de l’écart n’est <em>pas</em> triviale ;</li>
</ul>
<ul>
<li>la forme et le vocabulaire scientifique de haut niveau sont vraiment complètement déconnectés du niveau du commun des mortels, même de l’ingénieur de base : ils ne disent pas pas qu’ils ont trouvé une vitesse de 299 799,9 ± 1,7 km/s (au lieu de 299 792 458,0...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>), mais (merci Wikipédia) : <br /> <br /><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/math/e/0/3/e03b7d539a868c0b46ad8a0d054f9ccc.png" alt="(v-c)/c >0" style="display:block; margin:0 auto;" /></li>
</ul>
<ul>
<li>ils ont pensé à énormément d’erreurs de mesure possibles, le calcul des marges d’erreur est même l’essentiel du papier. Il y a par exemple les mesures des écarts de distance avant et après un tremblement de terre en Italie.</li>
</ul>
<p>La fin de la conclusion est aussi son passage le plus spéculatif et débridé :</p>
<blockquote><p>In conclusion, despite the large significance of the measurement reported here and the robustness of the analysis, the potentially great impact of the result motivates the continuation of our studies in order to investigate possible still unknown systematic effects that could explain the observed anomaly. We deliberately do not attempt any theoretical or phenomenological interpretation of the results.<br /> <br />Tentative de traduction : En conclusion, malgré la grande importance des mesures rapportées ici et de la robustesse de l’analyse, l’impact potentiellement énorme du résultat motive la poursuite de notre étude pour enquêter sur d’éventuels effets systématiques encore inconnus qui pourraient expliquer l’anomalie observée. Délibérément, nous ne chercherons aucune interprétation théorique ou phénoménologique des résultats.</p></blockquote>
<h3>Les animaux-plantes</h3>
<p>Jusqu’à il y a peu, on ne connaissait pas de vertébré vivant en symbiose avec une algue, juste des une limace, une méduse… Une salamandre abrite pourtant une algue dès l’œuf. Cette précocité est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle le système immunitaire de l’animal tolère l’algue. Peut-être utile à l’œuf, la capacité de photosynthèse ne sert pourtant pas grand-chose à la salamandre adulte qui vit à l’ombre.</p>
<p>Les premiers essais commencent mais il va être très difficile de recréer le phénomène avec d’autres animaux. Vivre de soleil et d’eau fraîche serait pourtant pratique — et écologique.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Il y a plus racoleur, mais le contenu scientifique est alors beaucoup plus sujet à caution.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Imaginez le casse-tête des ingénieurs chargés de déboguer les premiers GPS si Einstein n’était pas passé par là...</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Par définition de la seconde, cette valeur est exacte.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Science-Vie-de-novembre-2011#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/667« Les histoires sont là pour nous rappeler... »urn:md5:ccb6b4d55f48072d85aaac48d57e1b292011-06-10T00:00:00+02:002011-06-19T14:48:18+02:00ChristopheCitationsbon sensconquête de l’inutilelibertémèmeouverture d’espritperspectivequêtesciencespéculationténacitéutopievirtueléconomie de l’attentionéducationémerveillement <blockquote><p>« Les histoires sont là pour nous rappeler qu’il y a plus et autrement que la réalité, ou sinon comment ferions-nous pour changer la réalité ? »<br /> <br />Élisabeth Vonarburg, <em>Les Rêves de la Mer</em> (<em><a href="http://www.alire.com/Romans/Tyranael.html">Tyranaël</a></em>, tome 1), 17</p></blockquote>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-histoires-sont-la-pour-nous-rappeler.#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/588« 1940 : Et si la France avait continué la guerre… »urn:md5:aed425ec34c8fff3b98038f2b817097a2011-06-01T08:08:00+02:002015-09-02T12:57:32+02:00ChristopheTemps et transformationsAllemagnebombe atomiquecatastrophecolonisationcouragedémocratieguerregéopolitiquehistoireHistoire de FranceimpérialismeLibérationracléeSeconde Guerre Mondialespéculationtempstotalitarismeuchronie<p><img src="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/images/livres/lafrancecontinue-1.jpg" alt="lafrancecontinue-1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />Etait-il réaliste pour un gouvernement traumatisé d’abandonner la métropole, où la situation était désespérée, et de continuer la lutte depuis l’Algérie et l’Afrique, avec les appuis anglais et américain ? Le débat avait à l’époque fait rage entre les « défaitistes » (Pétain, Weygand…) pas mécontents de voir la République abattue, ou simplement inconscients de la différence de nature du IIIè Reich par rapport à l’Allemagne qu’ils avaient affrontée en 1914-18, et le groupe emmené par de Gaulle.</p> <p>J’ai chroniqué ici l’excellent livre sur la défaite de 1940, <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/17/440-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-1">Comme des lions</a></em>, de Dominique Lormier, dont <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/11/21/448-comme-des-lions-le-sacrifice-heroique-de-l-armee-francaise-mai-juin-1940-de-dominique-lormier-4">un passage traite d’un repli français dans l’Empire, sans capitulation</a>.</p>
<p>Récemment, un groupe mené entre autres par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Sapir">Jacques Sapir</a> n’a pas résisté à la tentation de l’uchronie sur ce point. Le choix du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence avec notre histoire</a> fut délicat : il fallait que le Président du Conseil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Reynaud">Paul Reynaud</a> ne renonce pas au pouvoir en faveur de Pétain (alors que paradoxalement il tenait à continuer la guerre) ; c’est donc en avançant de quelques semaines le décès accidentel d’Hélène de Portes, sa maîtresse, défaitiste elle, que cette histoire se met à diverger. (<a href="http://www.delpla.org/article.php3?id_article=69">Certains ne sont pas d’accord sur le poids de l’influence d’Hélène</a>. Détail, on pourrait trouver d’autres divergences menant au même résultat.)</p>
<p>Le livre reprend l’essentiel, sous une forme aussi plus agréable à lire, du site web <a href="http://www.1940lafrancecontinue.org/">1940lafrancecontinue.org</a>. Il ne couvre que 1940, jour par jour voire d’heure en heure. Le site a quelques cartes et des mentions sur les années suivant 1940.</p>
<h3>Le Grand Déménagement</h3>
<p>Reynaud tient bon, soutient de Gaulle, écarte Pétain puis Weygand, enrôle Mandel, Zay, Blum... et lance le Grand Déménagement de l’armée française (enfin, ce qu’il en reste...) vers l’Algérie, alors française.</p>
<p>La plausibilité fait l’objet de l’introduction : oui, cela était jouable. Evidemment, en Afrique du Nord, il n’y a aucune industrie digne de ce nom, et la France devient dépendante de l’Angleterre et des États-Unis. Il lui reste des atouts : la flotte, les ressources de l’Empire, de grands stocks d’or.</p>
<h3>Ce qui change</h3>
<p>Alors, par rapport à notre réalité, quelle différence peut faire une France dont les reins sont brisés ?</p>
<ul>
<li>On pense d’abord à la flotte : sa neutralisation était le premier but d’Hitler en acceptant l’armistice, et mettre la main dessus (en tout cas éviter qu’elle ne passe aux Allemands) une obsession de Churchill. Si la France continue, pas de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Mers_el_Kebir">Mers el-Kébir</a>, la Méditerranée reste aux Alliés, et les convois dans l’Atlantique seront mieux escortés.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Empire reste intégralement aux Alliés. Alors qu’en réalité de Gaulle a mis des années à le récupérer bout par bout, que les Anglais ont dû envahir Madagascar puis les Américains l’Algérie, que l’Afrika Korps de Rommel a pu s’y baser, si la France continue il devient aussitôt une base de départ, par exemple contre la Lybie.</li>
</ul>
<ul>
<li>Au lieu de l’humiliante débandade et de la reddition en masse après que Pétain a dit de déposer les armes sans même avoir négocié l’armistice, l’armée française réussit à tenir avec une direction claire. Certes, il est impossible de conserver longtemps la France continentale : le sacrifice de nombreuses unités ne sert qu’à couvrir le Grand Déménagement. Nos uchronistes voient Marseille tomber en août. Mais cela fait pas mal de prisonniers en moins... et beaucoup de combats destructeurs en plus dans toute la France. Des scénarios impliquant un réduit breton (irréaliste) ou provençal (plus plausible) ont été jugés un peu trop optimistes. Que la France tienne encore deux mois contre la Wehrmacht est jugé par certains même conservateur : la logistique de la Wehrmacht était très étirée (d’où une pause forcée à mi-chemin), les Français ont très vite appris de leurs erreurs, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les Français peuvent se rééquiper auprès des Américains grâce à leurs (énormes) réserves d’or.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans la réalité, l’armée allemande avait quand même souffert (même et surtout après Dunkerque), et les avions perdus en France ont manqué pendant la Bataille d’Angleterre. Par contre la Luftwaffe avait récupéré ses pilotes prisonniers après l’armistice. Si la France continue, la Wehrmacht s’use à finir la conquête, ne récupère pas ses pilotes prisonniers : la Bataille d’Angleterre (pour commencer) est moins intense.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dès 1940 les Alliés peuvent penser à des contre-attaques. Et le livre ne s’en prive pas : l’Italie ayant courageusement déclaré la guerre à une France en pleine débâcle (et comme dans la réalité, impréparation et artillerie de montagne française aidant, l’armée italienne n’ira pas loin dans les Alpes), elle prend le premier choc, avec la conquête alliée immédiate de la Lybie, de la Sardaigne, de Rhodes (ces deux dernières jamais conquises dans la réalité). Les Alliés ont donc gagné deux ans en Afrique, évité l’Afrika Korps, attiré la Grèce dans leur camp (que Mussolini aurait attaqué sinon dès la fin 1940, sans succès), protégé Suez, et menacent immédiatement la Sicile.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pétain a dans la réalité réussi à obtenir une légitimité grâce aux pleins pouvoirs octroyés par les députés. Si la France continue, ceux-ci s’enfuient, et commencent à bâtir quelque chose qui s’orientera plutôt vers notre Vè. Et si les auteurs ont tenu à maintenir Laval, Doriot, Déat… au pouvoir (à Paris, pas Vichy), ce n’est qu’une bande d’arrivistes à la légitimité nulle.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’Empire français (et le belge également par contrecoup) sortira socialement complètement transformé de la guerre, grâce aux centaines de milliers de personnes (soldats, techniciens, politiques…) déplacés en Algérie mais aussi aux lois donnant la citoyenneté aux « sujets »<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> s’enrôlant et à leur famille. D’intéressantes perspectives pour l’après-guerre…</li>
</ul>
<ul>
<li>De même, des milliers de Républicains espagnols sont enrôlés par l’armée française.</li>
</ul>
<h3>Ce qui ne change pas :</h3>
<p>Les auteurs n’ont pas osé trop s’éloigner de la trame temporelle réelle, de manière logique pour 1940, de manière plus discutable (et même frustrante, mais c’eut été un saut dans l’inconnu) pour la suite :</p>
<ul>
<li>Franco reste au pouvoir en Espagne avec son jeu d’esquive envers Hitler (j’avais parlé ici du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/03/427-biographie-de-l-amiral-canaris-par-andre-brissaud-3">double jeu du fascinant amiral Canaris</a>).</li>
</ul>
<ul>
<li>Le livre s’arrête à la Saint-Sylvestre 1940, donc bien avant l’attaque de l’URSS. Mais l’introduction précise bien que le maintien de la France dans la guerre ne change rien aux intentions d’Hitler. Sa nature (et celle de son régime dirait Hannah Arendt) impose de passer vite à autre chose quand les difficultés se font jour, et une France exsangue ne l’inquiétera pas beaucoup plus que la seule Angleterre dans notre réalité. Les nazis attaqueront donc les Soviétiques.</li>
</ul>
<ul>
<li>De même, dès les premières pages on sait que l’Occupation durera peu ou prou quatre ans. Au passage, quelques clins d’œils font référence à des événements bien postérieurs, légèrement « décalés ».</li>
</ul>
<p>Quelques reproches tout de même :</p>
<ul>
<li>Sur la forme, les récits au jour le jour recensant la moindre escarmouche au fond du désert lybien peuvent un peu lasser. Les opérations sont tellement détaillées que certaines parties se lisent en diagonale.</li>
</ul>
<ul>
<li>C’est le lot de la plupart des uchronies, mais il est frustrant de savoir que l’on passe à côté de nombre de références. Il faut quasiment avoir Wikipédia à portée de main pour se renseigner sur le champ sur chaque personnage qui apparaît : Guillaumet a un rôle dans l’évacuation (au lieu, dans la réalité, de se faire tuer dès 1940) ; Mendès France ne finit pas condamné comme déserteur ; Blum ne finit pas en prison sous Vichy ; Weygand se fait tuer au front ; le serment de Lybie remplace celui de Koufrah ; par contre l’ambassadeur japonais prend toujours des notes après le <a href="http://www.secondeguerre.net/articles/evenements/ou/40/ev_raidtarente.html">raid allié sur Tarente</a> qui inspira celui sur Pearl Harbor ; etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les avis des civils manquent cruellement. Le gouvernement a fui avec une partie de l’armée : qu’en pense le civil de base resté en France sous Occupation ? Que disent les habitants qui voient leur ville détruite juste pour des combats de retardement ?</li>
</ul>
<ul>
<li>Sur le fond, on pourrait reprocher au livre de trop se baser sur la ligne temporelle réelle sur le long terme (on sait que l’Occupation durera quatre ans, que l’URSS sera attaquée…) alors que les opérations imaginées pour 1940 n’ont plus rien à voir avec celles de la réalité. Le maintien de la France dans la guerre n’aurait-il qu’un si faible impact ? Il faudra attendre pour voir. En fait l’effet serait sans doute majeur sur l’après-guerre : sur l’Algérie (pleine de nouveaux citoyens arabes avec droit de vote) et l’Empire ; sur le maintien de la France comme puissance majeure sur le papier ; sur la manière dont l’Europe est libérée ; le rôle final de l’URSS… J’aurais rêvé d’un basculement majeur : par exemple, les Empires occidentaux ayant mieux encaissé, le Japon décide ne pas s’y frotter, renonce à Singapour, au Vietnam et à Pearl Harbor et (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">le choix fut paraît-il discuté à Tokyo</a>) préfère croquer l’URSS par l’Est : celle-ci s’effondre rapidement avec les conséquences que l’on imagine (aussi bien stratégiquement pour le plus grand bénéfice des nazis que par le maintien prolongé de la non-belligérance américaine) (<strong>Ajout de 2015</strong> : D’un autre côté, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol">les Japonais s’étaient déjà cassé les dents contre les Soviétiques en Sibérie</a>).</li>
</ul>
<p><strong>PS de septembre 2011</strong> : <a href="http://alias.codiferes.net/wordpress/index.php/et-si-la-france-avait-continue-la-guerre/comment-page-1/?gseaftercommentingmodal#comment-5069">Alias a aussi aimé ce livre</a>.</p>
<p><strong>PS de 2013</strong> : Le second tome, <em>1941-1942</em> est paru ! (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1941-1942-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre">et je l’ai chroniqué ici</a>)</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Rappelons que la devise </em>Tous les hommes sont égaux<em>, dans la France de la IIIè et de la IVè république, ne valait ni pour les femmes ni pour les Arabes...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/1940-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/647“The Unix-Haters Handbook” (« Le manuel de haine anti-Unix »)urn:md5:1ebc825b85120dcdae5cbd2b0ba4a9862011-03-27T12:45:00+02:002018-02-10T11:04:52+01:00ChristopheInformatique militante et technologieApplebugcitationcoup bascynismeDebiandinosauresdommagedysfonctionnementdécadencedéveloppementemmerdeursergonomieexpertisefoutage de gueulegaspillageguerre saintehainehumourinformatiqueLinuxlivres luslogiciel librelyrismeMacMacOSMicrosoftmèmemémoireouverture d’espritpanurgismeperfectionnismeperspectivepessimismeprise de têteprovocationprécisionpériméspéculationsécuritéUbuntuuchronieUnixutopievaleurWindowsévolution<p>Résumé et critique-après-coup d’un <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">livre de haine</a> envers ce qui est tout de même devenu quasiment le standard sur quoi se base l’essentiel de l’informatique moderne (hors Windows) : Unix. Rigolo et instructif.</p> <p>(Comme d’hab’, <em>les italiques sont des avis et commentaires personnels, ou des citations en langue non française</em>. Le non-italique tente la fidélité au livre. Les traductions sont personnelles et pas forcément bonnes, je suis preneur de meilleures adaptations, par exemple pour <em>hater</em>. D’ailleurs j’ai plusieurs fois jeté l’éponge. )</p>
<p><em>Certains qui me connaissent auront du mal à croire que j’ai lu ça. Et pourtant.</em></p>
<p><img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/77/UNIX-HATERS_Handbook_cover_ISBN_1-56884-203-1.png" alt="Unix Hater Handbook : couverture du livre chez IDG" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Le <em>Unix-Haters Handbook</em> relève en fait plus du document historique (1994), sinon archéologique, que de quoi que ce soit d’actuel. Il serait une mine de thèmes d’uchronies, : si Unix n’avait pas existé, quel système l’aurait remplacé ? Je parle d’une époque où MS-DOS, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_3.1x" hreflang="en">Windows 3.1</a> et Macintosh (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/System_7" hreflang="en">Système 7</a>) régnaient sur la bureautique — ou n’étaient pas. Évidemment, le mélange des domaines (l’Unix serveur de fichiers ou serveur de courrier de l’époque n’est pas le poste bureautique ou le serveur web de maintenant) fait partie du jeu.</p>
<p>Les auteurs, Simson Garfinkel, Daniel Weise, Steven Strassmann, ont vécu l’époque où Unix remplaçait petit à petit <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/OpenVMS" hreflang="en">VMS</a>, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Incompatible_Timesharing_System" hreflang="en">ITS</a> et d’autres. Et ils n’ont pas aimé. Le livre est à charge, donc paradoxalement j’en ai très peu appris sur ces concurrents qui étaient forcément plus mieux, sinon en creux. Dennis Ritchie se paye leur tête dans l’anti-préface (je pense que c’est intraduisible) :</p>
<blockquote><p>“The systems you remember so fondly (TOPS-20, ITS, Multics, Lisp Machine, Cedar/Mesa, the Dorado) are not just out to pasture, they are fertilizing it from below.”<br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p>et aussi (à apprendre par cœur et à resservir dans votre prochaine <em>flamewar</em>) :</p>
<blockquote><p>“Like excrement, it [this book] contains enough undigested nuggets of nutrition to sustain life for some. But it is not a tasty pie: it reeks too much of contempt and of envy.”<br /> <br /><em>« Comme des excréments, [ce livre] contient assez de pépites nourissantes non digérées pour permettre à certains de vivre. Mais ce n’est pas un plat appétissant : il exhale trop le mépris et l’envie. »</em><br /> <br /><em>— Dennis Ritchie</em></p></blockquote>
<p><em>Ceux de ma génération et d’après considèrent souvent qu’en pratique Unix = Linux, même si intellectuellement nous savons (?) que ce n’est pas le cas. Oh, il y a bien encore <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Solaris_(système_d'exploitation)">Solaris</a>, du moins jusqu’à ce qu’Oracle se lasse, un <a href="http://www.gnu.org/software/hurd/hurd.html" hreflang="en">Hurd</a> dont la ponctualité effraierait même un mainteneur Debian, et puis cette incarnation un peu exotique, qui est à Unix ce que le toucan est au </em>Tyrannosaurus rex<em>, MacOS X, autrefois connu sous le nom de NeXSTEP</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. <em>Et puis HP-UX, AIX dans pas mal d’entreprises, QNX dans l’embarqué… Linux lui-même se décline en tellement de versions qu’on pourrait parler de systèmes différents. Et Android et iOS entrent-ils dans la catégorie ?</em></p>
<p><em>Bref. Ce livre n’évoque même pas le Linux 0.99 sous Slackware ou Debian (déjà !) de l’époque, dure leçon d’humilité pour tous les fanatiques, </em>fanboys<em> et adeptes du libre. GNU n’existe alors que par <a href="http://www.gnu.org/software/emacs/" hreflang="en">Emacs</a> et les compilateurs. Sun par contre est évoqué — de la même manière dont je vomissais ma bile autrefois sur Windows 98 (mais avec plus de style).</em></p>
<p>Unix (la version originale) date de l'époque où l’on marchait encore sur la Lune. Il a beaucoup évolué depuis, et avec succès. En fait, il serait devenu un virus (minimaliste et en conséquence portable, il vampirise son hôte, et mute souvent) avec une interface utilisateur.</p>
<p>Sun est une cible particulièrement appréciée. <em>Dans mon esprit Sun et Solaris étaient associés aux gros Unix stables et indestructibles sur lesquels moulinent les bases Oracle critiques (ai-je simplement été victime du </em>marketing<em> ?), mais ici on croit entendre des linuxiens parler de Windows.</em> Les stations Sun ne sont là que parce qu’elles sont moins chères, la stabilité n’est pas leur fort, et nombre des produits issus de la firme semblent mériter une haine inextinguible.</p>
<p>La mauvaise foi et les généralisations abusives suintent partout où les reproches ne sont pas solidement étayés par des anecdotes, exemples, et <em>emails</em> de victimes désespérées — donc seulement une ligne sur deux. Les flèches touchent d’autant plus juste que certaines lacunes unixiennes… ont persisté jusque 2011 ! Le tout sur un style pince-sans-rire typique du milieu.</p>
<p>Exemples :</p>
<h3>Sendmail</h3>
<p>Ce logiciel de transfert de mail a sévi jusqu’à mon époque (j’ai très vite eu envie de découvrir <code>postfix</code> ou <code>exim</code>), et était déjà connu pour sa stabilité relative, ses fichiers de paramétrage cryptiques (encore plus proches du bruit blanc que <code>perl</code>, c’est dire), sa compatibilité pathologique avec la pléthore de systèmes de l’époque (<code> @#$@$^%<<<@# ) at @$%#^! </code> est paraît-il une adresse email valide), sa capacité à interpréter le corps du message comme une suite d’adresses, ou les messages d’erreur <code>Deferred: Not a typewriter</code>. Avec un sens aigu de la justice équilibrée, un cri du cœur a été lancé en 1993 :</p>
<blockquote><p>“The thing that gets me is that one of the arguments that landed Robert Morris, author of ‘the Internet Worm’ in jail was all the sysadmins’ time his prank cost. Yet the author of sendmail is still walking around free without even a U (for Unixery) branded on his forehead.”<br /> <br /><em>« Ce qui me rend dingue, c’est que l’un des arguments utilisés pour envoyer en prison Robert Morris, l’auteur du “ver Internet” était ce que sa plaisanterie a coûté en temps d’administrateurs système. Et pourtant l’auteur de sendmail se balade encore librement sans même un U (pour Unixellerie) tatoué sur son front. »</em></p></blockquote>
<p><a href="http://shop.oreilly.com/product/9781565928398.do">Le livre dédié chez O’Reilly</a> contenait plus de pages que <em>Guerre et paix</em> et aurait arrêté une balle tirée à bout portant. La chauve-souris de la couverture a inspiré une comparaison entre l’animal et l’outil, par exemple :</p>
<blockquote><p>“Bat guano is a good source of potassium nitrate, a principal ingredient in things that blow up in your face. Like Sendmail.”<br /> <br /><em>« Le guano de chauve-souris est une bonne source de nitrate de potassium, ingrédient principal des choses qui vous explosent à la figure. Comme Sendmail. »</em></p></blockquote>
<h3>Tout est un flux d’octets</h3>
<p>La philosophie Unix, c’est « tout est un flux d’octets » (<em>a stream of bytes</em>), manipulés à l’aide d’une cascade d’outils divers, censés faire une seule chose et bien. En conséquence, les outils n’ont aucune cohérence quant aux arguments de ligne de commande.</p>
<p>Les rédacteurs regrettent amèrement l’absence de notion d’enregistrement. Chaque application doit en conséquence redécouvrir la roue de ce côté (“<em>You see Unix knows parsing like <a href="http://www.quotationspage.com/quotes/Dan_Quayle/" hreflang="en">Dan Quayle</a> knows quantum mechanics.</em>” (oui, forcément, les références politiques datent aussi)), par exemple sur un fichier aussi critique que <code>/etc/passwd</code>, où la synergie bugatoire avec <code>sendmail</code> s’exprime pleinement.</p>
<p>Un chapitre croustillant détaille l’absence de systèmes de locks et donc… leur émulation via deux systèmes qui s’ignorent (j’ai l’impression que perdure la situation...).</p>
<h3>Le système de fichiers</h3>
<p>Les systèmes de fichier actuels (<code>ext4</code>, <code>ZFS</code>…) ont bien évolué depuis l’antique <code>UFS</code> — qui est toujours là, avec ses répertoires contenant les noms des fichiers. Le temps a eu raison de certains des reproches, par exemple l’absence de journalisation (quoique pas depuis si longtemps sous Linux…). D’autres sont des lacunes toujours là dans une Ubuntu toute fraîche, même si des outils au-dessus du système de fichiers peuvent les combler :</p>
<ul>
<li>pas de cryptage intégré ;</li>
<li>aucune notion de versions de fichiers (comme dans VMS) (<em>et le prochain MacOS va redécouvrir la chose trois décennies plus tard !</em>) ;</li>
<li>pas de notion de type de fichier comme les connaissent les Macintosh depuis 1984, juste des extensions aux noms de fichiers associés à des « nombres magiques » dans les fichiers eux-mêmes, nouvelles source de mille bugs (<em>Les tendances sur le sujet sont contradictoires, avec le Mac OS X qui renonce aux ressources et ne prend en compte que l’extension et, dans la plupart des OS récents, les types reconnus par des couches supérieures via l’extension… Est-ce parce que la notion de métadonnée est hermétique à l’utilisateur et l’association d’icelle au fichier trop difficile à maintenir au fil des migrations et déplacements au travers du net et de divers systèmes ?</em>) ;</li>
<li>la possibilité d’avoir dans le nom du fichier à peu près n’importe quoi d’autre qu’un /, d’où moults bugs ésotériques, fichiers ineffaçables, voire trous de sécurité (c’est encore plus drôle après qu’on a réussi à créer ce fichier avec un /...).</li>
</ul>
<h3>L’administration</h3>
<p>Un Unix bien administré est censé avoir plusieurs partitions, histoire par exemple que <code>/tmp</code> ne remplisse pas de l’espace au détriment de <code>/usr</code>, ou pour sauvegarder une partition (<em>forcément</em> entièrement, jamais en <em>live</em>). Les utilisateurs d’autres systèmes ont beau jeu de dire qu’à l’inverse un système de fichier pouvait s’étaler sur plusieurs disques, et gérer l’espace grâce à des quotas, plus d’une décennie avant la rédaction du livre. Les partitions <em>swap</em> existent encore, d’ailleurs (<em>en voie de disparition sur les Linux récents ?</em>), quand le système de fichier pourrait tout simplement convenir.</p>
<p>Bref, toute la logique de gestion des disques vise en fait à contourner des limites ou les conséquences de bugs.</p>
<p>Un autre sujet, toujours d’actualité : la pléthore de fichiers de configuration.</p>
<blockquote><p>“Those allergic to Microsoft Windows with its four system configuration files shouldn’t get near Unix, lest they risk anaphylactic shock.”<br /> <br /><em>« Ceux allergiques à Microsoft Windows</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup><em> et ses quatre fichiers de configuration ne devraient pas s’approcher d’Unix, au risque d’un choc anaphylactique. »</em></p></blockquote>
<p>Bien sûr, tous ces fichiers ont une syntaxe différente, supportent ou pas des commentaires, et confondent ou pas tabulations et espaces. (<em>Honnêtement, je préfère un bordel de fichiers texte qui sont à peu près localisables, au moins dans une Debian ou mon vieux Windows 3.1, à quelque chose de plus complexe à base de XML, ou, horreur, de binaire.</em>)</p>
<p>Pour compliquer la chose, les outils standards font de même chacun leur sauce sans soucis de cohérence. Le phénomène s’étend jusqu’aux <em>shells</em>, dont il y a pléthore, aux sémantiques qui diffèrent parfois. Et écrire un script un peu costaud devant tenir compte de tous les cas devient un cauchemar.</p>
<blockquote><p>“And, indeed, that is my memory of Unix tools—you spend all your time learning to do complex and peculiar things that are, in the end, not really all that impressive. I decided I’d rather learn to get some real work done.”<br /> <br /><em>« En fait, c’est mon souvenir des outils Unix — on passe son temps à apprendre à faire des choses complexes et bizarres qui au final ne sont pas si impressionnantes. J’ai décidé que j’allais plutôt apprendre à bosser. »</em><br /> <br /><em>— Jim Giles</em></p></blockquote>
<p>(<em>On voit que certains n’ont pas sué sur des bêtes fichiers <code>.bat</code>.</em>) Les <em>pipes</em> permettent de faire communiquer des programmes, de manière fragile. Rien de sérieux n’a jamais été développé ainsi. Le Macintosh se passait très bien de cela (<em>dans une utilisation totalement différente et sans soucis de réutilisation d’un script, œuf corse</em>)(<em>s’il lit jusque là, je sais qu’un certain lecteur aura déjà bondi et m’aura parlé d’un outil de scriptage remontant même à l’époque où Steve Jobs n’avait pas encore été viré d’Apple.</em>).</p>
<p>Allez, j’adore ces deux paragraphes, surtout avec le recul et le passage à MacOS X :</p>
<blockquote><p>“When was the last time your Unix workstation was as useful as a Macintosh? When was the last time it ran programs from different companies (or even different divisions of the same company) that could really communicate? If it’s done so at all, it's because some Mac software vendor sweated blood porting its programs to Unix, and tried to make Unix look more like the Mac.<br />The fundamental difference between Unix and the Macintosh operating system is that Unix was designed to please programmers, whereas the Mac was designed to please users. (Windows, on the other hand, was designed to please accountants, but that’s another story.)”<br /> <br /><em>« À quand remonte la dernière fois où votre station Unix a été aussi utile qu’un Macintosh ? Quand pour la dernière fois avez-vous utilisé des programmes de différentes sociétés (ou même de différentes divisions d’une même société) qui pouvaient vraiment communiquer ? Si c’est même faisable, c’est qu’un vendeur de logiciels Mac a sué sang et eau pour porter ses programmes sur Unix, et tenté de transformer un Unix en Mac. <br />La différence fondamentale entre Unix et le système du Macintosh est qu’Unix a été conçu pour plaire aux programmeurs, alors que le Mac a été conçu pour plaire aux utilisateurs. (Windows, d’un autre côté, a été conçu pour plaire aux comptables, mais c’est une autre histoire.) »</em></p></blockquote>
<h3>NFS</h3>
<blockquote><p>“The ‘N’ in NFS stands for Not, or Need, or perhaps Nightmare.”<br /> <br /><em>— Henry Spencer</em></p></blockquote>
<p>Ce protocole inventé par Sun (<em>déjà une tare en soi, apparemment</em>) est coupable d’être sans état, sans sécurité (puisque basé sur des <em>magic cookies</em>), dans le but de contourner l’instabilité des serveurs et stations Sun, puis d’avoir eu besoin de rajouter état (verrous…) et sécurité par-dessus à coup de rustines. Les anecdotes sont cruelles. La page 291, au milieu d’une <a href="https://www.coindeweb.net/humour/info_eco.html">comparaison digne d’Umberto Eco</a>, contient le délicieux :</p>
<blockquote><p>“The Sun kernel has a user-patchable cosmology.”<br /> <br /><em>« Le noyau Sun a une cosmologie rapiéçable par l’utilisateur. »</em></p></blockquote>
<p>Pour finir, l’indépendance de NFS par rapport à l’OS client est une blague.</p>
<p>(<em>Le récent <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Network_File_System#NFSv4">NFS v4</a> valide </em>a posteriori<em> tout cela puisqu’il apparemment il garde le nom mais n’a plus rien à voir avec les versions précédentes.</em>)</p>
<h3>Le C, le C++ et le développement</h3>
<blockquote><p>“Do not meddle in the affairs of Unix, for it is subtle and quick to core dump.”<br /> <br /><em>— Anonyme</em></p></blockquote>
<p>L’annexe B l’affirme : le C et Unix sont un poisson d’avril qui a mal tourné. Thompson, Kernighan & Ritchie ont cherché en 1969 à créer le système le plus cryptique qui soit, parodie de Multics et du Pascal.</p>
<blockquote><p>”We stopped when we got a clean compile on the following syntax:<br /> <br /><em><code>for(;P("\n"),R=;P("|"))for(e=C;e=P("_"+(*u++/ 8)%2))P("|"+(*u/4)%2); </code>”</em></p></blockquote>
<p><em>Mouais.</em></p>
<p>Toujours est-il que les dinosaures rédacteurs regrettent l’époque où un programme qui plantait pouvait être débogué immédiatement, sans autopsier un <em>core</em> volumineux dont les symboles ont disparu (éventuellement écrasé par le propre <em>core</em> du débuggeur).</p>
<p>Sur le plan fondamental, le C est délicat à <em>parser</em> (analyser ?), d’où d’ailleurs les cascades d’erreurs de compilation générées par une seule faute de syntaxe. Quant au C++, c’est une cause perdue de ce point de vue. Et d’ailleurs : qu’est-ce que c’est que ce langage moderne qui n’a même pas de <em>garbage collector</em> ni même de grammaire claire ?</p>
<blockquote><p>“The only marvelous thing about C++ is that anyone manages to get any work done in it at all.”<br /> <br /><em>« La seule chose merveilleuse avec la C++, c’est que des gens arrivent à bosser avec. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>J’ai l’impression que les reproches faits au C++ sont les mêmes de nos jours qu’il y a presque 20 ans. Non je ne connais pas vraiment le C++ et le peu que j’en connais m’a convaincu de le mettre tout en bas de la liste des langages à apprendre et que je n’aurai pas le temps d’apprendre.</em>)</p>
<p>Sur le plan anecdotique, <code>make</code> exige des tabulations et non des espaces au début de ses fichiers de configuration (<em><a href="http://www.gnu.org/software/automake/manual/make/Error-Messages.html" hreflang="en">et encore de nos jours</a></em>) : l’auteur aurait refusé de modifier sa syntaxe car il avait déjà dix (10) utilisateurs. (<em>J’ai retrouvé le même problème dans le beaucoup plus récent <code>rsnapshot</code>.</em>)</p>
<h3>La sécurité</h3>
<p>Au regard de ce qui va suivre, il semble accessoire qu’Unix ne supporte pas la moindre défaillance du matériel sous-jacent :</p>
<blockquote><p>“That’s because Unix programs usually don’t check for hardware errors—they just blindly stumble along when things begin to fail, until they trip and panic.”<br /> <br /><em>« C’est parce que les programmes Unix ne vérifient pas les erreurs matérielles — ils trébuchent dans le noir quand ça commence à dérailler, jusqu’à ce qu’ils se rétament en paniquant. » </em></p></blockquote>
<p>Sur le plan logiciel, on insiste bien sur le fait que le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Morris_worm" hreflang="en">ver Morris</a>, un des premiers virus passés par le réseau en 1988, et qui l’a paralysé à l’époque, est bien un ver <em>Unix</em> : la faute à <code>sendmail</code>, <code>finger</code>, aux mots de passe faiblards…</p>
<h3>Pire est mieux</h3>
<p>Les auteurs vont jusqu’à dire que conceptuellement Unix est le représentant de l’école de pensée « Pire est mieux » : un truc qui marchotte maintenant est mieux qu’un truc parfait dans longtemps. La simplicité avant tout, et surtout avant la correction, la consistance ou l’exhaustivité.</p>
<p>Cela se retrouve dans les outils de développement par exemple (p 176) :</p>
<blockquote><p>“The designers of the Interlisp environment had a completely different approach. They decided to develop large sophisticated tools that took a long time to learn how to use. The payoff for investing the time to use the tools would be that the programmer who learned the tools would be more productive for it. That seems reasonable.<br /> <br />Sadly, few programmers of today’s machines know what it is like to use such an environment, in all its glory.”<br /> <br /><em>« Les concepteurs de l’environnement Interlisp avaient une approche complètement différente. Ils avaient décidé de développer de gros outils sophistiqués dont la maîtrise nécessitait beaucoup de temps. L’avantage pour le temps investi à apprendre ces outils serait que le programmeur qui les utiliserait serait plus productif. Cela semble raisonnable.<br /> <br />Hélas, peu de programmeurs sur les machines de maintenant savent ce que veut dire utiliser un environnement dans toute sa splendeur. »</em></p></blockquote>
<p>(<em>Je me fais violence pour ne pas commenter et fournir de nombreux exemples où on code d’abord et on apprend après. Certes pas dans un contexte universitaire comme celui des auteurs du livre.</em>)</p>
<p>Et puis :</p>
<blockquote><p>“Consistent mediocrity, delivered on a large scale, is much more profitable than anything on a small scale, no matter how efficient it might be.”<br /> <br /><em>« La médiocrité constante, délivrée à grande échelle, est bien plus profitable que n’importe quoi à petite échelle, aussi efficace que cela soit. »</em></p></blockquote>
<p><em>Il est hilarant de constater que tout ce que l’on reproche ou a reproché à Windows jusque récemment l’a été à Unix : un outil léger bancal immédiatement accessible qui marche la plupart du temps </em>vs<em> le gros Unix propriétaire rigide et complexe. Soit Windows marque une nouvelle descente dans le néant, soit Unix s’était entretemps stabilisé — comme Windows l’a fait ensuite. </em><br /><em>Les pessimistes noteront que le « bancal tout de suite » au lieu de « réfléchi demain » est également la philosophie dominante pour tout ce qui concerne ce qui se fait sur le web, voire l’économie entière, pression du court terme oblige. Au moins là y a-t-il une certaine sélection naturelle qui s’opère (pour le mieux ? c’est discutable). </em></p>
<h3>Lisez-le !</h3>
<p><em>Le <a href="http://web.mit.edu/~simsong/www/ugh.pdf" hreflang="en">PDF est gratuitement en ligne</a> mais hélas je ne connais aucune traduction française. En même temps, celui qui s’intéresse au <del>Néolithique</del> Paléozoïque de l’informatique a intérêt à maîtriser l’anglais.</em></p>
<p><em>Voir aussi la <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/The_UNIX-HATERS_Handbook" hreflang="en">page Wikipédia dédiée</a>, la <a href="http://www.art.net/~hopkins/Don/unix-haters/handbook.html" hreflang="en">page de pub de l’époque</a>, ou encore l’<a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/index.html" hreflang="en">archive de la liste de diffusion qui a donné naissance au livre</a>. On y trouvera d’autres merveilles assassines non incluses dans le livre comme <a href="http://www.mindspring.com/~blackhart/requium.html" hreflang="en">A Requiem for a Dying Operating System</a>, <a href="http://www.hillside.co.uk/articles/cult.html" hreflang="en">The UNIX cult</a>, <a href="http://www.andromeda.com/people/ddyer/topten.html" hreflang="en">The Top 10 Ways to get screwed by the "C" programming language</a></em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup><em>.</em></p>
<h3>Critiques</h3>
<p><em>Il existe des critiques du livres sur le net, par exemple celle d’<a href="http://esr.ibiblio.org/?p=538" hreflang="en">Eric Raymond</a> en 2008 : en gros, il reproche au livre d’être daté (forcément), de noyer « une once de pertinence dans une livre de polémique », de ne pas prendre en compte les interfaces graphiques apparues un lustre plus tard voire plus, de ne pas reconnaître qu’ailleurs ce n’était pas mieux, et de ne pas avoir prévu Linux (qui découvrait à l’époque ce qu’était un réseau), ou Python (vagissant également), plus perfidement d’avoir été en 1994 bloqué aux années 80, ou d’avoir été du mauvais côté de l’histoire (un des auteurs a participé à NeWS, concurrent de X) et de tomber dans le romantique regret de ce qui aurait pu être ; même de ne pas avoir cherché eux-même à améliorer la chose. En fait, ESR justifie de grosses parties du bouquin (ici à propos du C) : </em></p>
<blockquote><p>“Gradually, in a messy and evolutionary way, the Unix community is teaching itself the lesson that the authors of this chapter wanted to give it. I agree with them that it could have happened faster and should have happened sooner.”<br /> <br /><em>« Graduellement, de manière brouillonne et par évolutions successives, la communauté Unix s’est enseigné la leçon que les auteurs de ce chapitre voulait lui donner. Je leur accorde que cela aurait pu arriver plus vite et aurait dû arriver plus tôt. »</em></p></blockquote>
<p>Beaucoup moins récemment, en 1997, la <a href="http://linuxgazette.net/issue22/haters.html" hreflang="en">Linux Gazette</a> parlait du livre (en pleine explosion du nouvel OS libre) : Andrew Kuchling reconnaît quelque pertinence (“<em>The chapter on the X Window System is devastating and accurate</em>.”) et se demande si la raison de ces plaintes ne serait pas qu’en 1994 les Unix libres au source ouvert étaient beaucoup moins répandus et connus : certaines lacunes ont été corrigées à ce moment. Dans ce sens, le livre est une mine d’idées d’améliorations — pour beaucoup implémentées dans Linux ou MacOS X quatorze ans après.</p>
<p>En notre millénaire (2003), <a href="http://slashdot.org/story/03/04/26/2354245/Unix-Haters-Handbook-Available-Online" hreflang="en">Slashdot a lancé un fil</a> lors de la publication intégrale en ligne : au milieu des habituels verbiages et crachats sur Windows, on trouve quelques gemmes, comme ce <a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817398" hreflang="en">rappel du contexte par un des auteurs, qui ne regrette rien</a>.</p>
<h3>Validité</h3>
<p><em><a href="http://slashdot.org/comments.pl?sid=62116&cid=5817447" hreflang="en">Il a été dit</a> que le </em>Handbook<em> n’est plus drôle depuis la sortie de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Windows_NT_4.0" hreflang="en">Windows NT 4</a> (maudit soit son nom). L’année 1995, celle d’après la parution du livre, marque le début de l’apogée de Microsoft, sur les bureaux d’abord, dans les serveurs ensuite, et l’union sacrée contre Redmond fut alors de mise. </em></p>
<p><em>Les tables tournèrent et Windows se prit dans la tronche tous les reproches des barbus à Unix : instabilité pathologique (par exemple Windows 95 plantait systématiquement après une quarantaine de jours, et on mit des années à s’en apercevoir)</em> <sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup><em>, mépris des standards (et carrément </em>by design<em>), impossibilité de scripter… Windows s’est bien amélioré depuis</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> <em>même si son hégémonie est menacée à terme (des mondes entiers se développent sans lui, sous Linux, MacOS, Android…). Y aura-t-il un nouveau système « bâclé mais suffisant » pour nous faire regretter Windows ? </em></p>
<p><em>Ou est-ce le libre (qui fait tourner l’essentiel des <a href="http://www.top500.org/charts/list/36/os" hreflang="en">supercalculateurs</a>, des box comme des téléphones évolués de nos jours, de Linux à Java en passant par BSD, Apache...) qui a réellement changé la donne ? Et si le libre était apparu dès l’époque de Multics, VMS et autres regrettés <del>dinosaures</del> <del>ammonites</del> <del><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ichthyostega">ichthyostegas</a></del> créatures précambriennes de l’informatique ? ESR, dans la critique ci-dessus, le reconnaît pour X : il a gagné parce qu’</em>open source<em>.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>L’orthographe n’est pas claire et déjà à l’époque ils s’interrogeaient sur la nature de la créature de Steve Jobs :</em> “NeXT, meanwhile, calls their version of Unix (which is really Mach with brain-dead Unix wrapped around it) NEXTSTEP. But it’s impossible to get a definition of NEXTSTEP: is it the window system? Objective-C? The environment? Mach?”</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Époque bénie où on se cassait les dents sur <code>AUTOEXEC.BAT</code> au lieu de se noyer dans la base de registre.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Et moi non plus je ne peux pas supporter ce langage. En fait c’est comme la nitroglycérine, il faut le laisser aux gens qui en ont </em>vraiment<em> besoin pour faire des choses que le commun des mortels ne fait jamais.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] <em>Et la situation était tellement sérieuse qu’un des lecteurs de ce blog écrivit un <a href="http://gentiane.org/~miod/software/murphy/index.html">outil pour personnaliser l’écran bleu</a>. Souvenirs souvenirs…</em> </p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] <em>Si si !</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Unix-Haters-Handbook#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/641“The Years of Rice and Salt” (« Chronique des années noires ») de Kim Stanley Robinsonurn:md5:3672d4b8474854f1add0b1c23e0bc84e2011-02-01T22:47:00+01:002015-08-21T09:52:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesAmériquecatastropheChinecivilisationcolonisationdéterminismeguerregéopolitiquehistoireIndelivres lusmémoireperspectivespéculationtempstranscendanceuchronie<p>Ce pavé a été mon « uchronie de Noël », une tradition personnelle avec laquelle je renoue.</p> <p>L’idée est simple : au lieu de liquider un tiers de la population européenne, la Peste Noire de la fin du Moyen Âge ne laisse personne, et l’Europe devient un désert. Évidemment l’Histoire prend une toute autre tournure : le Nouveau Monde est envahi par les Chinois et les Arabes ; la France est recolonisée depuis l’Andalousie par les soufis et la Scandinavie par la Horde d’Or ; la science moderne apparaît à Samarcande ; les Indiens font la révolution industrielle et s’étendent aussi vite que les Européens au XIXè siècle ; la Guerre Mondiale est pire que celles que nous avons connues…</p>
<p>Le monde se divise (schématiquement) entre Islam, Indiens (d’Inde), Chinois, et accessoirement Indiens (ceux de ce qui n’est donc pas l’Amérique). Robinson retrace les transferts de connaissance entre ces civilisations sans les perturbations introduites par les Européens dans notre fil temporel (le choix de Samarcande, sur la Route de la Soie, n’est pas innocent, mais l’influence des Indiens du Nouveau Monde sur ceux de l’Ancien est plus surprenante), leurs remises en cause après des guerres perdues, l’évolution du rôle de la femme dans le temps, en Chine ou dans diverses contrées islamiques, l’évolution des sociétés vers certaines valeurs que l’on qualifierait d’occidentales, etc.</p>
<p>Comme dans la trilogie de SF martienne (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">déjà chroniquée ici</a>) Robinson veut que le lecteur s’attache aux personnages malgré une histoire étalée sur des siècles. En science-fiction il pouvait allonger leur vie grâce à la médecine, mais ici l’expédient est plus radical : ils se réincarnent. Après tout, le bouddhisme et l’Islam influencé par le bouddhisme le permettent. On suit donc K., B., I., P., S. au fil des siècles, de leurs changements de noms (ils ne conservent que l’initiale), de sexe, même, de leurs sauts d’une civilisation à l’autre, et de leurs réunions dans le bardo, entre deux réincarnations. Chacun est un archétype (K. le révolté, I. le scientifique…). Il n’y a pas vraiment d’intrigue, les personnages sont tous emportés par l’évolution du monde tout en faisant parti des minorités qui font l’histoire. Contrairement à la plupart des livres, on peut réellement craindre pour leur vie à chaque page.</p>
<p>J’ai trouvé des défauts au niveau de la plausibilité : la Peste Noire a tué absolument <em>tous</em> les Européens en épargnant les autres, mais un virus moins radical aurait aussi permis l’uchronie<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; la fondation de la science moderne par les trois principaux personnages à Samarcande est plus que rapide ; les blocs lors de la Longue Guerre sont beaucoup trop caricaturaux (nos guerres mondiales ont transcendé les cultures : on fait plus souvent la guerre à son voisin de même religion qu’à un peuple mal connu aux antipodes — le « choc des civilisations » n’est pas loin) ; la civilisation évolue au final un peu comme dans la nôtre avec domination occidentale<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> et on peut se demander si ce n’est pas une (inévitable) marque du fait que l’auteur <em>est</em> occidental, malgré un évident effort de recherche. Et puis Robinson est un peu trop bavard, sans que l’ennui pointe.</p>
<p>Péchés véniels, le livre reste prenant, on le savourera un certain temps. Il y a un côté ludique à retrouver Amérique ou Australie sous leurs noms chinois.</p>
<p>Le titre français est une erreur (cf <a href="http://www.cafardcosmique.com/Chroniques-des-Annees-Noires-de">cette chronique sur le Cafard cosmique</a>). L’original est une référence chinoise.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Sur le même point de divergence, Silverberg s’était contenté dans la </em><a href="http://a-c-de-haenne.eklablog.com/la-porte-des-mondes-de-robert-silverberg-w-a2349372">Porte des mondes</a><em> de supposer que l’Europe était devenue turque — un petit livre sympa pour un préado soit dit en passant.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Quoique avec l'évolution actuelle de la Chine les deux mondes vont encore se rapprocher...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/The-Years-of-Rice-and-Salt#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/642« Pour la Science » de novembre 2010 : « le temps est-il une illusion ? » et « l’ensemble de tous les ensembles »urn:md5:6c9a2074b2394b2d4086be5ce0594c3a2011-01-02T22:21:00+01:002015-08-20T15:08:54+02:00ChristopheScience et conscienceanalogieapocalypseastronomieautoréférencebugcomplexitéconquête de l’inutilecosmologiecourt termeentropiegalaxiesgravitationlyrismemathématiquesmortparadoxeperspectivesciencespéculationtempsthéorieunivers<p><a href="http://drgoulu.com/2010/11/21/le-temps-est-il-une-illusion/">Dr Goulu a parlé déjà de cet excellent et vertigineux numéro</a>, j’en rajoute une couche.</p> <h3>Le temps</h3>
<p>Il est rigolo de constater qu’après la mode d’un espace-temps à quatre dimensions, voire <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Th%C3%A9orie_des_cordes#Dimensions_suppl.C3.A9mentaires">26 dans certaines variantes de la théorie des cordes</a>, la mode serait plutôt au bidimensionnel : la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion">théorie holographique dit que la troisième dimension est une illusion</a> et dans ce numéro, nous découvrons que le temps... n’existe pas !</p>
<p>C’est un des débats qui animent ce numéro. Depuis Newton, nous avions l’habitude d’un temps abstrait et imperturbable, une horloge qui bat indépendamment de l’espace. Depuis Einstein, nous savons que c’est moins simple, l’écoulement du temps est relatif, dépend de l’accélération, de la masse des objets impliqués et de leur voisinage... L’horloge universelle n’existe pas : chaque durée d’un phénomène peut se mesurer à partir de l’écoulement d’un autre, de proche en proche. Le temps des équations, similaire à l’argent qui remplace le troc, n’est plus qu’un outil pratique sans existence intrinsèque.</p>
<p>La non-existence du temps en tant que tel n’est que l’étape suivante du processus. Les équations de la relativité peuvent être reformulées sans que le temps intervienne, dans un univers statique : il serait donc bien inutile. Ce serait une des clés pour (enfin) marier physique quantique et relativité.</p>
<p>Évidemment, il faut alors expliquer pourquoi nous constatons l’existence du temps, et de sa « flèche ». Le parallèle avec les débuts de la thermodynamique, où température et pression sont des propriétés sans sens au niveau atomique, est explicite : le temps pourrait être une propriété émergente. Nous ne le percevons que parce que nous sommes justement un des éléments mais que nous nous considérons distincts du reste de l’univers : le temps ne serait que subjectif.</p>
<p>Le seul temps réel serait celui né des phénomènes thermodynamiques, non réversibles au niveau macroscopique (au contraire de la plupart des équations de base de la physique, au niveau microscopique). L’irréversibilité naît du nombre immense de composants en jeu, et de l’improbabilité pratique de la réversibilité (il est <em>possible</em> que toutes les molécules d’un gaz puisse décider de se regrouper dans un coin et de laisser du vide dans le reste du récipient, c’est juste fantastiquement improbable). Le temps ne serait qu’un effet de l’ignorance de l’état microscopique des systèmes macroscopiques. (<em>J'ai personnellement du mal à avaler cela.</em>).</p>
<p>Un article qui vole un peu trop haut pour moi relie la question de l’antimatière à celle de la flèche du temps : la violation de la symétrie CP qui a pu donner la prédominance à la matière sur l’antimatière implique une violation de la symétrie temporelle. On est là « au-delà du modèle standard », dans la physique de demain.</p>
<p>La science-fiction a usé jusqu’à la corde le filon des paradoxes temporels. La moindre communication à une vitesse supérieure à celle de la lumière violerait la causalité, cela reviendrait à remonter le temps. Le voyage vers le futur est « facile », il suffit d’attendre, et d’accélérer à une vitesse proche de la lumière pour ralentir l’écoulement propre du voyageur. Pour aller vers le passé, la technique la plus connue est celle des « trous de vers », assez délicate toutefois (la matière exotique dont la gravité est négative ne coure pas les rues).</p>
<p>Un article de <a href="http://www2.iap.fr/users/riazuelo/">Alain Riazuelo</a><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> décrit l’avenir très lointain de l’univers. Certaines des plus petites étoiles qui brillent actuellement ne s’éteindront que dans cent mille milliards d’années, et il n’y aura pas d’autres étoiles ensuite (le taux de formation d’étoiles baisse continuellement), à quelques collisions près. Dans 10²² ans (dix mille milliards de milliards d’années), les dernières naines brunes s’étant insensiblement rapprochées pour fusionner et créer une nouvelle étoile se seront éteintes. Entretemps les galaxies se seront évaporées ou se seront perdues dans leurs trous noirs centraux (la mystérieuse matière noire, si elle existe, ne fera que ralentir le processus). Une civilisation pourrait survivre en exploitant la fabuleuse énergie de rotation des trous noirs. Sur le très long terme, le proton pourrait être mortel, même à une échéance de 10²⁰⁰ ans. Ne resteraient au final que des trous noirs dans une soupe d’électrons, positons, neutrinos, et photons très refroidis par le décalage vers le rouge. Ensuite, il se pourrait que les trous noirs s’évaporent, avant 10¹⁰⁰ ans. Dans le cas où le proton serait parfaitement stable, tous les atomes se seront transmutés en fer (à l’horizon de 10¹⁵⁰⁰ ans), dans des objets tous devenus parfaitement sphériques grâce à la gravité. Des trous noirs apparus spontanément dans les plus gros les transformeront en petits trous noirs, dont l’évaporation pourra durer jusque 10^10⁵⁶ ans !</p>
<p>D’autres articles parlent du temps de manière plus concrète dans d’autres branches des sciences :</p>
<ul>
<li>les horloges moléculaires mesurent la vitesse d’évolution de l’ADN au sein des espèces au fil du temps (vous saviez que nos ancêtres communs avec les champignons remontent à environ un milliard d’années ?) — plus facile à dire qu’à faire, les pièges sont nombreux et le calibrage par la paléontologie est nécessaire ; mais elles peuvent lui rendre en retour bien des services ;</li>
<li>nos diverses horloges biologiques internes commencent à être bien connues ; elles sont pilotées par une horloge centrale dans le cerveau, elle-même « calibrée » par la lumière extérieure ;</li>
<li>les émotions (ou plutôt leur souvenir) évoluent dans le temps ;</li>
<li>les Indiens (ceux d’Amérique du Nord, entre autres cultures) ont une vision de l’évolution structurée par l’espace et les lieux, et non le temps et les dates : d’où divers problèmes de cohabitation avec la mentalité occidentale et son rythme effréné... ;</li>
<li>l’Égypte ancienne avait même une sorte de temps double incarné par deux dieux.</li>
</ul>
<h3>Les bases de la théorie des ensembles</h3>
<p>Une fois sur deux, l’article de Jean-Paul Delahaye me laisse froid (quand il parle de pavage du plan par exemple), et une fois sur deux il me laisse rêveur, surtout quand il s’approche de la logique et des paradoxes, à la limite de ma compréhension. Ce mois-ci il est en plein dedans. Miam !</p>
<p>À la fin du XIXè siècles, les mathématiques ont été refondées sur la nouvelle théorie des ensembles (grâce à, entre autres, <a href="https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Georg_Cantor">Cantor</a>). Patatras, des paradoxes flanquent tout par terre, le plus compréhensible étant l’antinomie de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell">Russell</a> sur l’ensemble des ensembles qui ne sont pas membre d’eux-mêmes (est-il membre de lui-même ?).</p>
<p>Le problème a été résolu de manière un peu radicale dans la nouvelle version de la théorie, les axiomes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/ZFC">ZFC</a>, qui interdit les ensembles « trop gros » en définissant les règles de construction. Entre autres et surtout, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Schéma_d%27axiomes_de_compréhension">l’axiome de séparation ou de compréhension restreint</a> : un ensemble peut être défini par une propriété <em>à condition</em> qu’elle porte sur un ensemble déjà défini, donc pas par une propriété dans l’absolu (ce serait un « regroupement »).</p>
<p>Von Neumann a ajouté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_de_fondation">l’axiome de fondation</a> (AF) : il n’existe pas de chaîne d’ensembles qui se contiennent indéfiniment ou se contiennent eux-même. Bizarrement, on peut rejeter cet axiome et ajouter un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome_d%27anti-fondation">axiome d’anti-fondation</a> (permettant l’existence d’hyperensemble qui se contiennent eux-même) pour obtenir une théorie ZFC-AF+AFA tout aussi cohérente que ZFC+AF !</p>
<p><em>Exit</em> le paradoxe. La théorie ZFC donne parfaitement satisfaction mais limite un peu arbitrairement les ensembles que l’on peut créer alors qu’intuitivement ils semblent bien exister. Déjà Russell avait imaginé travailler avec des types : chaque ensemble appartient à un niveau <em>n</em>, et ne peut comporter que des éléments de niveau <em>n-1</em> : on évite alors les paradoxes mais les difficultés de manipulation avaient fait préférer la théorie ZFC.</p>
<p>L’idée est reprise par une théorie dite <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/New_Foundations" hreflang="en">NFU</a> (<em>New Foundation & Urelements</em>), où cette distinction de niveau n’est nécessaire qu’à l’apparition du symbole d’appartenance <code>∈</code>. On remplace l’axiome de séparation par une plus souple stratification temporaire au sein d’une démonstration ou d’un théorème ; il n’y a plus de types. On peut définir un ensemble U des ensembles vérifiant <code>x=x</code> (donc le fameux ensemble de tous les ensembles), mais il est interdit d’écrire <code>x ∉ x</code> car il faut un ensemble à droite : <code>x ∈ U</code> est légal et pas paradoxal. On peut ainsi manipuler de « gros » ensembles « naturels » sans paradoxe, comme aux premiers temps de la théorie, un siècle auparavant.</p>
<p>Pour Delahaye, cette théorie NFU semble moins stricte, aussi bonne (et commode !) que ZFC, ouvre de nouveaux horizons, et n’a que le défaut d’être apparue trop tard. Il semble qu’il n’y ait pas qu’en technologie que la supériorité intrinsèque le cède à la disponibilité immédiate !</p>
<h3>Divers</h3>
<p>Un peintre du XVIIè siècle peignait des jeunes gens avec des vestes en jeans ! La toile de Nîmes ou de Gênes (qui a donné <em>jeans</em>) existait déjà et, solide, vêtait des gens modestes. Levi Strauss n’a rien inventé !</p>
<h3>PS</h3>
<p>Bonne année à mon (mes ?) lecteur(s) !</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Un nom qui revient souvent. J’avais bien aimé <a href="http://video.google.com/videoplay?docid=3818939164658758924#">son petit film de simulation sur les trous noirs</a>.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-novembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/640« Pour la Science » d’octobre 2010urn:md5:ee10a8ad1bd7e2826f0db83c02822fb42010-10-07T22:14:00+02:002015-08-20T13:11:20+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanthropieanticonsumérismeargentastronomiebon sensbullechiffrescitationcivilisationclimatconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecoup bascourt termecynismedommagedémocratiedéshumanisationeaueffet de serreesclavageEuropefichagefootformationfoutage de gueulegaspillagegigantismegravitationgéologieinformatiquemanipulationmathématiquesmortmétainformationpanurgismepeine de mortperfectionnismepessimismeprise de têtesciencesociétés primitivesspéculationtempstravailvaleurécologieéconomieémerveillement<p>Alors en vitesse pour ce numéro encore en kiosque (<em>comme d’hab’, en italique mes commentaires</em>)...</p> <h3>Décompte</h3>
<p>À propos du pitoyable débat sur les nombres de manifestants (<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Décompte-des-manifestants">qui m’avait déjà mis hors de moi</a>), Didier Nordon déclare :</p>
<blockquote><p>« La presse ne remplit pas sa fonction lorsqu’elle se contente de rapporter sans se compromettre les versions contradictoires des parties au conflit. Répéter n’est pas informer. »</p></blockquote>
<p>(<em>Il faut reconnaître que ce matin (seulement !) j’ai entendu des reportages tentant de tirer au clair la manière dont les manifestants sont comptés. D’accord, j’écoute une radio pas supposée être à droite, mais c’était assez consternant…</em>)</p>
<h3>Cocorico</h3>
<p>La liste des médaillés Fields, Gauss ou Chern honore les mathématiques françaises.</p>
<p>(<em>Mais les médias n’en parleront pas, nos millionnaires incapables de jouer correctement à la baballe les passionnent plus. Impossible de comprendre de quoi traitent leurs travaux ; c’est toujours comme ça avec les maths, on se dit que c’est totalement vain et puis quelques siècles plus tard une théorie fondamentale de la nature, ou une bête optimisation d’ingénieur, utilise ces inutiles théorèmes.</em>)</p>
<h3>Prédation</h3>
<p>Ivar Ekeland évoque les <em>dark markets</em>, des marchés financiers où les listes de ventes et d’achats ne sont pas publiques, ce qui coupe l’herbe sous le pied à certains spéculateurs. Ils ont été inventés car le marché normal aux carnets d’ordre publics permet de créer des algorithmes redoutablement rapides et efficace et cela coûte cher à de gros acheteurs (<em>pourtant c’est pas comme ça que c’est censé marcher un marché théorique pleinement efficient ? où les gens pressés et gros consommateurs payent forcément plus chers que les patients peu gourmands ?</em>).</p>
<p>De petits malins ont vite compris comment utiliser ces « marigots obscurs » pour savoir quels gros acheteurs ferrer sur les marchés ouverts et à quel prix. Conclusion d’Ekeland : tous ces gens hyper-brillants qui passent leur temps à optimiser la finance ne seraient-ils pas mieux employés par la société à des choses utiles ?</p>
<p>(<em>Ça me rappelle une remarque lue tout récemment je ne sais où : <strong>notre économie est passée d’une recherche de l’équilibre des ressources et besoins et de répartition du travail à un système d’optimisation de la prédation</strong>.</em>)</p>
<h3>SF théorique</h3>
<p>Les « super-Terres », des planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre sont détectés depuis quelques temps autour de diverses étoiles. Pour savoir si elles peuvent être habitables, une étude de ce que peut être leur géologie, leur tectonique des plaques a été faite.</p>
<p>La pression au centre est plus élevée et elles sont plus chaudes : la convection dans le manteau est donc accélérée et la tectonique des plaques plus rapides. Paradoxalement la croûte est plus fine, et le cycle du carbone rallongé. L’atmosphère est également mieux retenue. Cette stabilité rend ces planètes encore plus favorables à la vie que la nôtre (<em>C’est rare ça ! En général on s’extasie devant l’improbable perfection de notre petit monde.</em>) Il se pourrait que la Terre soit en fait tout en bas de la gamme de masses des planètes habitables, Vénus et Mars n’ayant pas les bonnes caractéristiques.</p>
<p>Par contre, leur noyau est devenu probablement complètement métallique, et le champ magnétique protecteur n’est donc pas là. La super-Terre n’est pas forcément à la bonne distance de son étoile et bien orientée (on en connaît une qui présente toujours la même face à son étoile : la silice s’évapore de cette fournaise pour retomber sur la face cachée.)</p>
<p>Il existe aussi sans doute des super-Terres recouvertes d’un océan, dont le fond est un manteau de glace sous très forte pression. La quête et l’étude des super-Terres ne fait que commencer.</p>
<h3>Violations de sépultures ou enquête criminelle ?</h3>
<p>Nos ancêtres du Néolitihique (il y a 6000 ans), dans une bonne partie de l’Europe, enterraient leurs morts dans des tombes circulaires. Certaines, à côté du défunt principal en position fœtale, contenaient aussi d’autres cadavres jetés plus négligemment. Seule hypothèse acceptable pour l’auteur : il s’agissait d’esclaves sacrifiés au décès de leur maître. Cette coutume effroyable était connue sous diverses formes sur tous les continents plus récemment, elle n’a pas épargné l’Europe…</p>
<h3>La minute du matheux ultime</h3>
<p>La chronique de Jean-Paul Delahaye parle notamment du site <em><a href="http://primes.utm.edu/" hreflang="en">The Prime Pages</a></em> (et du livre associé <em><a href="http://www.amazon.fr/Prime-Curios-Dictionary-Number-Trivia/dp/1448651700/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1286353199&sr=1-1">Prime Curios! The Dictionary of Prime Number Trivia</a></em>). C’est bien là que se trouvent des gens capables de trouver que 313 est un premier remarquable entre autres parce que c’est le plus petit nombre de personnes qui, prises au hasard, ont plus de 50% de chances que cinq d’entre elles aient le même jour anniversaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ; ou que 3539 est aussi un premier remarquable car donne la formule de la nitroglycérine (C3H5N3O9) ; ou que le 16719è siècle sera le premier à ne comporter aucune année égale à un nombre premier ; et mille autres propriétés affolantes.</p>
<p>En prime une réflexion sur les nombres premiers illégaux : il est possible de créer des premiers contenant tout chaîne arbitraire, et donc tout texte illégal (appel à la haine raciale…) correspond à un nombre premier donc illégal (il y a aussi l’exemple du <a href="http://decss.zoy.org/" hreflang="en">DeCSS</a>). Et il existe aussi des nombres premiers contenant votre nom<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Nos muscles se « souviennent » des entraînements passés car les multiples noyaux cellulaires ne disparaissent pas avec l’inactivité et l’atrophie ; donc ils regonflent plus vite ensuite. (<em>Dans mon cas, y a rien à se souvenir.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>On a identifié le gène de la respiration à la naissance. (<em>Évidemment la sélection naturelle l’a lourdement favorisé.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les vrais jumeaux n’ont pas les mêmes empreintes, car elles sont liées à certaines périodes de la vie utérine. On pourrait même repérer par les empreintes certains traumatismes vécus par la mère pendant la grossesse.</li>
</ul>
<ul>
<li>Sondage fait auprès de scientifiques (19% de doctorants !) : ils font nettement plus confiance aux scientifiques qu’aux politiques ou aux religieux pour obtenir des informations exactes. (<em>Sans blague ?!</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’espèce humaine a failli disparaître il y a moins de 200 000 ans, étant réduite à une poigne d’individus dans une Afrique rendue inhabitable par une glaciation. L’auteur pense avoir découvert un des refuges des survivants : des grottes en Afrique du Sud près du Cap, au bord de la mer.</li>
</ul>
<ul>
<li>En comparant des photos des années 1940 et des récentes, des scientifiques américains ont étudié l’évolution de la flore dans un coin d’Alaska. L’évolution suit ce qu’on pourrait attendre des conséquences du réchauffement climatique : la toundra voit fleurir des arbustes, la taïga (forêt boréale) progresse vers le nord et brunit dans le sud. Les rétroactions sont multiples et difficiles à modéliser.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <em>Alors que tout le monde sait que c’est le numéro de la voiture de Donald.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <em>Ça me rappelle l’histoire des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_univers">nombres univers</a> qui contiennent toute chaîne de chiffres possibles, donc n’importe quel texte, donc plein de versions de l’histoire de votre vie en de multiples langues, y compris inexistantes, y compris des versions fausses par un détail ou qui divergent totalement à partir du moment où vous avez gagné au loto.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-octobre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/633« Pour la Science » de septembre 2010urn:md5:f7ee3d7305c8d20becf129776d192fc12010-09-10T00:00:00+02:002015-08-20T10:13:43+02:00ChristopheScience et conscienceabominationanalogieanthropieargentastronomieauto-organisationbon sensbullechaoscivilisationconquête de l’inutilecosmologiecoup bascynismedilemmeeauemmerdeursentropiefoutage de gueulehard sciencelobbyslyrismemathématiquesoptimismepanurgismeperspectiveprise de têteprovocationréalitésabotagesciencescience-fictionspéculationsurréalismetempsthéorieuchronieuniversvaleurvirtuelécologieéconomieémerveillementénergieéons<p>Miracle : j’ai eu le temps de lire ce numéro avant même que son mois théorique d’édition soit entamé.</p> <p>Comme d’hab’, en italique mes commentaires personnels.</p>
<h3>La carnet de Didier Nordon</h3>
<p>Entre autres :</p>
<p>Les unités de mesure, tout le monde connaît. Didier Nordon propose les unités de <em>démesure</em> : le kerviel (somme qu’un employé peut faite perdre à l’employeur) ; le paléobiologiste (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010">capable de se tromper de 1,5 milliards d’années dans l’estimation de la date d’apparition de la vie multicellulaire</a>) ; le BP (argent dilapidé par pollution d’une réserve naturelle).</p>
<h3>Les fractales 3D</h3>
<p>Franchement, tout le monde devrait connaître l’ensemble de Mandelbrot. Je rappelle juste ici qu’il rassemble les points du plan complexe qui divergent quand on itère la suite <code>z(n+1) = z(n)²+c</code> (<code>c</code> constante).</p>
<p>Habituellement, l’ensemble est en noir et les jolies couleurs sont fonction de la vitesse de divergence hors de l’ensemble. Infiniment découpable, c’est LA fractale la plus connue. On peut en imaginer une infinité d’autres, basées sur la fameuse non-linéarité de l’équation de base, mais il semble que le simple carré contienne en fait toute la substantifique moëlle du sujet.
<img src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/de/Mandelbrot_set_rainbow_colors.png/800px-Mandelbrot_set_rainbow_colors.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Mais elle est plate, une simple image, bien que déjà gourmande en puissance de calcul (<em>Je me souviens de la première fois où je l’ai calculée sur mon vieil <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Atari_ST">Atari 520 ST</a>, et c’était déjà leeeeent.</em>), ce qui explique en partie que la version en trois dimensions ait dû attendre.</p>
<p>Cependant les obstacles n’étaient pas que technologiques :</p>
<ul>
<li>la généralisation en 3D n’est <em>pas</em> immédiate, ou plutôt ne donne pas aisément des résultats esthétiques : déjà il faut définir ce qu’est une multiplication dans un espace en trois dimensions (ce n’est pas trivial) ; certains ont obtenu quelques résultats avec les <a href="http://nylander.wordpress.com/2009/07/07/4d-quaternion-mandelbrot-set/" hreflang="en">quaternions</a> (des couples de complexes, en 4D donc) ;</li>
<li>une fois définie cette multiplication (de manière plus géométrique qu’algébrique), il faut trouver la « bonne » puissance pour un résultat intéressant : si le Mandelbrot classique se contente d’un <code>z²</code>, il a fallu aller jusqu’à la puissance huit pour le <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Mandelbulb</a> :</li>
</ul>
<p><img src="http://www.skytopia.com/project/fractal/new/ff/q85/z7_b_3D_fractal_2-s_by_KrzysztofMarczak.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<ul>
<li>pour le rendu on arrive aux limites des moteurs de calcul : comment calculer le vecteur normal d’une surface en <em>ray-tracing</em> sur une fractale par définition infiniment découpée qui n’admet aucune tangente ? En conséquence, certaines surfaces apparemment et bizarrement lisses ne le sont peut-être qu’à cause d’un artefact de calcul.</li>
</ul>
<p>Les images du Mandelbulb (voir <a href="http://www.skytopia.com/project/fractal/mandelbulb.html#renders" hreflang="en">Skytopia</a>) sont fascinantes, un véritable monde de cauchemar, et ce n’est qu’une des variantes possibles.</p>
<h3>L’univers perd-il de l’énergie ?</h3>
<p>Contrairement à certains paradoxes astrophysiques très ésotériques que ne comprennent que quelques chercheurs, celui-ci est à la porté d’un étudiant de base : à cause de l’expansion de l’univers, la longueur d’onde de la lumière qui se promène sur des milliards d’années-lumière diminue de plus en plus (décalage vers le rouge). L’énergie des photons décroît en conséquence. Cette énergie perdue n’étant apparemment allé nulle part, le principe universel de conservation de l’énergie, base fondamentale de la physique depuis deux siècles, est-il violé ?</p>
<p>J’ai appris à cette occasion le lien entre une loi de conservation et une symétrie de l’espace, découvert par <a href="http://de.wikipedia.org/wiki/Emmy_Noether" hreflang="de">Emmy Noerther</a> : notamment la conservation de l’énergie est liée à la symétrie de translation dans le temps des phénomènes, c’est-à-dire au fait que la forme de l’espace-temps ne change pas, donc que les lois de la physique peuvent être « rejouées » indifféremment en descendant ou en remontant le temps (en reprenant le classique exemple des boules de billard, on peut dire que la conservation de l’énergie entre les billes suppose que la forme du tapis ne change pas pendant leur déplacement). De même la symétrie de translation dans l’espace implique la conservation de toute quantité de mouvement.</p>
<p>Donc, puisque l’espace-temps, aux échelles cosmiques, évolue, la loi de conservation n’est pas forcément observée.</p>
<p>À l’inverse, il est possible d’expliquer l’expansion de l’univers comme un simple éloignement classique de deux objets, l’émetteur et le receveur, et de réduire le problème à un effet doppler classique où l’énergie est conservée (les ondes sonores comme lumineuses d’une voiture de police ne changent pas d’énergie entre l’émission et l’arrivée à vos oreilles ; pourtant on entend bien l’effet de changement de la longueur d’onde de la sirène avec le déplacement de la voiture, et on verrait l’effet Doppler sur le gyrophare avec des yeux plus sensibles).</p>
<p>Quant à la comptabilisation de l’énergie totale contenue dans l’univers, travail déjà totalement titanesque, il est rendu vain par l’énergie sombre (à la densité constante, donc en augmentation si le volume d’univers s’étend !), la prise en compte de l’énergie cinétique des galaxies, ou des ambiguïtés dans la théorie de la relativité.</p>
<h3>Immortalité et suicide quantique</h3>
<p>Idée provocante : si la théorie des « mondes multiples » de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Everett_III" hreflang="en">Hugh Everett </a> est juste, chaque réduction de fonction d’onde donne lieu à une divergence et à la création de deux univers : le célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schrödinger">chat de Schrödinger</a> meurt donc dans un univers, vit dans un autre. En conséquence, on peut jouer au « suicide quantique » : je joue au loto, et la boîte du chat me tue dans tous les cas où je n’ai pas gagné. Je ne survis donc que dans l’univers où je suis richissime. Mille variantes existent, permettant même d’accéder à l’immortalité — en fait, si l’hypothèse des mondes multiples est juste, nous serons tous immortels.</p>
<p>Évidemment, le moindre doute sur la justesse de cette théorie justifie le refus de jouer cette roulette russe quantique. Même sans cela, des problèmes éthiques se posent, par exemple par la douleur infligée aux proches dans les univers (majoritaires) où l’on décède.</p>
<p>(<em>Commentaire personnel : Mouais. L’hypothèse des mondes multiples est séduisante, expliquerait bien des paradoxes, et est à mon avis à peu près invérifiable. Si chaque seconde, les myriades de réductions d’onde qui se produisent dans notre environnement donnent lieu à autant d’univers, nous n’avons en tout cas l’impression que d’un seul fil temporel. Chaque fois que j’ai joué à l’Euromillion une de mes copies a gagné, mais je n’en ai ni le souvenir ni la connaissance. Donc nous sommes (nous les êtres conscients, peut-être réductibles à une « âme », quoi que ce que cela signifie) également multipliés par le nombre d’univers créés. Il n’y a pas de raison que la mort ne suive pas le même chemin et que l’écrasante majorité de nos « exemplaires » ne décède pas à un âge normal, même si existe un archi-improbable-mais-possible quasi-immortel. Or dans le suicide quantique, on suppose que l’âme se « réfugie » automatiquement dans les univers où l’on est encore vivant. Si cela est vrai, nous sommes tous effectivement immortels mais sera-ce enviable ? C’est peut-être cela l’Enfer : l’immortalité dans un corps très probablement totalement décrépi. Mais je n’y crois pas.</em>)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>Les Mayas sacrifiaient des enfants lors de l’enterrement de leurs rois. Ils n’ont pas été les seuls à faire accompagner leurs grands défunts de membres de leur entourage, mais là c’est macabre…</li>
</ul>
<ul>
<li>Certaines petites lunes de Saturne seraient tellement jeunes et brillantes qu’elles ne peuvent s’être formées qu’à partir d’agrégats de matière échappée des anneaux. Elles seraient donc les derniers objets formés dans le Système solaire.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ivar Ekeland annonce que l’Europe tolère une « expérience grandeur nature » : le <em>trading</em> haute fréquence, où les logiciels sont seuls à décider, où la vitesse de la lumière devient une limite, où les cours virent probabilistes. Déjà un tiers de l’activité des bourses, sans aucune théorie économique derrière, et un impact sur des millions de personnes. <br /> <br />(<em>Et l’utilité sociale là-dedans ? J’ai toujours été partisan d’une taxation des bénéfices boursiers en fonction de la durée de détention. En-dessous de 24 h je prendrais 100% des bénéfs’, et rien des pertes bien sûr. Alors en-dessous de la seconde ?</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Deux chercheurs québécois plaident pour les plantations : intelligemment gérées (plusieurs essences complémentaires...), elles ne sont pas le mal absolu et peuvent se rapprocher du « service écologique » des forêts primaires (biodiversité, stockage de CO₂ ...), surtout sur sol déjà dégradé.<br /> <br />(<em>Je me méfie toujours de ce genre de rationalisation qui est une porte ouverte à pas mal d’abus, mais à l’inverse le danger de virer khmer vert est réel. En Europe, où la forêt primaire n’est plus qu’un souvenir, nous sommes d’ailleurs dans la configuration de l’article depuis longtemps.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Être du soir ou du matin a une base génétique, mais dépend aussi de la date de naissance des enfants ! Un bébé cale son rythme vers trois mois et si c’est l’été, a des chances de rester « du soir ». <br /> <br />(<em>Dans la famille, c’est raté, l’hérédité semble être trop lourde.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les couleurs interdites existent : le jaune bleuâtre et le vert rougeâtre sont discernables quand on force le cerveau à mélanger des couleurs, comme quoi l’opposition entre ces couleurs n’est pas aussi fondamentalement ancrée dans le cerveau qu’on le pensait.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le manioc est une plante peu connue sous nos latitudes, et en conséquence délaissée par la recherche occidentale. C’est pourtant la base de l’alimentation de centaines de millions de personnes. La recherche de variétés plus résistantes et plus riches en vitamines et nutriments bat son plein, plutôt en Égypte, au Nigéria et au Brésil qu’en Occident. La bonne nouvelle : ça se fait plutôt par les méthodes traditionnelles ; les OGM, c’est trop cher.<br /> <br />Rigolo : le manioc est une plante qui se bouture aisément, mais les pieds/clones ont tendance à accumuler tous les virus qu’ils rencontrent et voient leur rendement dépérir à chaque génération — jusqu’à ce qu’on reparte d’une graine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Dans l’île de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn">Bahreïn</a>, les sources artésiennes qui ont fait la prospérité de l’île dès l’Antiquité (en plus de sa position géographique idéale dans le Golfe Persique) se sont récemment taries. Comme dans nombre d’oasis de la péninsule arabique, l’eau provenait de nappes remplies il y a des millions d’années, époque d’un climat plus verdoyant. L’exploitation humaine a eu raison de cette précieuse ressource… Les habitants se reposent donc entièrement sur leurs usines de dessalement, mais comment les faire tourner le jour où le pétrole aussi se tarira ? Pour éviter (ou retarder…) la même catastrophe, l’Arabie saoudite a carrément renoncé à cultiver des céréales. Trop tard ?</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-de-septembre-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/628« Pour la Science » d’août 2010 : calmars géants, neutrinos et postpérovskiteurn:md5:bd40ed446a18ba65afd3a790da3264352010-08-21T18:03:00+02:002011-06-12T15:23:28+02:00ChristopheScience et conscienceAntiquitéargentauto-organisationbon senscitationcivilisationcomplexitéconquête de l’inutiledéveloppementenfantsextraterrestresgigantismeguerregéologiehistoireintelligencenaturepsychologiesciencesociétés primitivesspéculationsécuritétempsténacitééconomieéducationémerveillementéonsévolution<p>Ce numéro n’est peut-être plus en kiosque, vu que j’ai déjà reçu le suivant. Mais baste, ceci me sert aussi à me rappeler plus tard de ce dont je veux me souvenir (et je suppose que la plupart de ceux qui tomberont par hasard sur ceci se contenteront du résumé et n’iront pas acheter le numéro, <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/archives.php">même en ligne chez l’éditeur</a>).</p> <p>En italiques, mes commentaires personnels.</p>
<h3>Chronique de Didier Nordon</h3>
<p>Pleins d’idées en une page, comme d’habitude. Notamment :</p>
<ul>
<li>La philosophie ressasse les sentences des Grands Anciens<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#pnote-625-1" id="rev-pnote-625-1">1</a>]</sup>, alors qu’objectivement toutes n’en valent pas la peine. À l’inverse, la science liquide sans état d’âme ce qui s’avère faux, se privant de l’étude de la survenue de l’erreur justement.<br /> <br />(<em>Mouais, un peu réducteur… comme toute provocation qui a un fond de vérité.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les feux rouges sont inutiles : en nous fiant à un signe arbitraire et en laissant de côté l’important (regarder si personne ne vient), nous provoquons justement certains accidents. <br /> <br />(<em>Mouais. L’idéal, ce sont les deux : des règles et le bon sens. Toute mesure de sécurité ne vaut que si elle est strictement respectée (les grandes catastrophes sont l’accumulation de plusieurs négligences). Je me souviens effectivement de mon grand-père pompier qui disait que la nuit, les feux rouges étaient ignorés et qu’il fallait faire attention même au vert ; d’ailleurs à présent beaucoup de feux sont oranges la nuit. À l’inverse, j’ai connu bien des carrefours bloqués par des gens qui ne respectaient pas les feux et s’engageaient — ou, à l’inverse encore, s’engageaient parce que c’était vert même s’il n’y avait pas la place.</em>)</li>
</ul>
<h3>Vieux fossiles</h3>
<p>Des micro-organismes vieux de 2,1 milliards d’années découverts au Gabon repoussent carrément de 1,5 milliards d’années l’apparition de la vie multicellulaire. Les bestioles « complexes » datent surtout d’il y a 500 millions d’années.</p>
<p>(<em>Mine de rien, c’est un paramètre à rajouter au <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">Paradoxe de Fermi</a> : la lenteur de l’émergence de la vie multicellulaire pouvait être un signe de sa rareté dans l’univers. Là, il semble que ce soit le multicellulaire </em>complexe<em> qui ait mis son temps à apparaître.</em>)</p>
<h3>Vidéosurveillance et délinquance</h3>
<p>Une « méta-analyse » rassemble des études sur le même sujet, trie celles méthodologiquement douteuses, et fait une synthèse. La conclusion, en gros : la vidéosurveillance, présentée par beaucoup comme la panacée, n’est efficace que dans certaines conditions. Les caméras sont très dissuasives sur les vols dans certains parkings par exemple, mais à peine sur les violences physiques en ville. Il n’est pas facile de distinguer l’effet de la caméra et celui de l’éclairage amélioré à la même occasion… Le déplacement de la criminalité n’est pas non plus une évidence. La population est sans illusion sur l’efficacité mais plébiscite en général.</p>
<h3>Résilience</h3>
<p>Boris Cyrulnik résume ses travaux sur la résilience, c’est-à-dire la capacité de certaines personnes et enfants à se reconstruire, contre toute attente, après une catastrophe, une agression majeure, ou un abandon complet (voir le tragique cas des orphelinats roumains sous Ceaucescu). Cette capacité est acquise très tôt dans la vie, on peut distinguer un bébé de neuf mois « sécure » (qui a été stimulé et protégé, et est devenu curieux, sociable…) d’un autre qui ne l’est pas, et sera plus vulnérable en cas de catastrophe. Les liens avec la neurologie sont frappants (action sur l’hypothalamus, sécrétions de sérotonine…).</p>
<h3>La postpérovskite</h3>
<p>Kei Hirose a découvert la postpérovskite, un minéral dont l’existence au fin fond du manteau terrestre était inconnue. Quelle importance ? Une mince couche de ce minéral, aux très hautes pressions qui règne entre le noyau terrestre et le manteau inférieur (constitué de pérovskite, lui) , joue un rôle capital dans les transferts de chaleur du centre vers la surface de notre planète.</p>
<p>Cela n’intéresse que certains géophysiciens, pensera-t-on. Pourtant, l’impact sur la vie terrestre a pu être important : un refroidissement accéléré pourrait impliquer que la graine, au centre du noyau, n’a « que » un milliard d’années, et que le champ magnétique terrestre n’existait donc pas avant, interdisant à la vie de sortir de l’océan.</p>
<p>(<em>Même si plantes et animaux ont mis encore un bout de temps après cela à conquérir la terre ferme, ce facteur est lui aussi à prendre en compte dans la probabilité d’apparition de la vie intelligente. Surtout que la postpérovskite semble se former dans un domaine restreint de température et pression. Dommage, l’article ne dit pas combien de temps il aurait fallu sans ce minéral magique pour former la graine.</em>)</p>
<p>M’amuse aussi le lien entre expériences de laboratoire pour créer et étudier le minéral, et l’étude de la terre elle-même. (Un passage savoureux sur les difficultés à reproduire les pressions gigantesques du manteau avec des enclumes en diamant : « Avec mes collègues, nous avons ainsi perdu de nombreux diamants, ce qui a sérieusement entamé nos crédits de recherche et notre enthousiasme. »)</p>
<h3>Divers</h3>
<ul>
<li>La ville égyptienne d’Oxyrinchos a fourni aux archéologues des milliers de papyrus antiques. On y lit que cette ville, bien avant la conquête par Alexandre le Grand en -332, était déjà à moitié grecque. Commerçants et mercenaires héllènes présents depuis des générations ont fourni à la dynastie grecque des Ptolémés l’élite administrative pour la prise en main de l’Égypte jusqu’à la conquête romaine. Les Grecs ont gardé leur langue et leur mode de vie jusqu’à l’ère chrétienne et, s’ils ont fait beaucoup d’emprunts à la religion égyptienne, l’inverse semble faux.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un article décrit les progrès dans la détection des neutrinos, particules pourtant quasi-indétectables, qui ouvrent la voie à de nouvelles branches de l’astronomie.</li>
</ul>
<ul>
<li>Un gros article sur les <em>Architeuthis</em> ou calmars géants. (<em>Belles bêtes</em> !)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les cachalots mangeurs de baleine ont existé il y a 12 millions d’années. Ils avaient des dents de 36 cm. (<em>Enfoncé, le tyrannosaure !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Les chimpanzés se font la guerre, et il y a des morts. (<em>Plus le temps passe, plus on voit que l’homme n’est qu’un singe comme les autres.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://www.liberation.fr/vous/0101641554-outox-la-boisson-detox-ou-intox">Outox</a> est une intox : ses effets mesurés sont faibles, et explicables par la concentration en fructose et en acide citrique.</li>
</ul>
<ul>
<li>La chronique d’Ivar Ekeland explique que dans une entreprise les actionnaires ne sont pas responsables pour plus que leur part dans l’entreprise. Au pire pour eux, la société responsable d’une catastrophe (par exemple BP) serait liquidée pour payer les dégâts, mais ils n’auraient pas à payer plus. Dommage pour la société dans son ensemble.<br /> <br />(<em>D’un autre côté, est-ce que vous investiriez dans une entreprise si vous saviez que vous pourriez être amenés à couvrir les bourdes du dirigeant ? La société à responsabilité limitée est une des raisons du succès du capitalisme. Plus choquante est la prime de départ mirifique du patron même si, comme le remarque Ekeland, ça reste théoriquement une punition puisqu’il aurait touché plus en restant !</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>La SNCF fait n’importe quoi avec son fret. (<em>On n’a pas fini de voir des camions sur les routes.</em>)</li>
</ul>
<ul>
<li>Il serait possible de faire du caoutchouc en Europe, avec du pissenlit russe.</li>
</ul>
<ul>
<li>Hervé This étudie la vodka : les liaisons hydrogènes ont une influence sur le goût, et les impuretés ont un impact sur l’hydratation de l’éthanol.</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Gardner" hreflang="en">Martin Gardner</a>, pilier du <em>Scientific American</em> (père américain de <em>Pour la Science</em>), est mort. Snif.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#rev-pnote-625-1" id="pnote-625-1">1</a>] <em>Tiens, on dirait du Lovecraft.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Pour-la-Science-d-aout-2010#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/625Balistique relativiste et diplomatie interstellairesurn:md5:840200b4528307a26b60c725ec1410c52010-06-10T00:00:00+02:002015-07-29T12:47:29+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieabominationapocalypseastronomieautodestructionbombe atomiquecataclysmecatastrophecivilisationcommunicationconquête spatialecosmologiecoup bascynismedilemmedommagedéshumanisationemmerdeursextraterrestresgigantismegravitationguerregéologiegéopolitiquehard scienceimpérialismeintelligencepanspermieparanoïapeine de mortperspectivepessimismeprise de têtepsychologieracléesciencescience-fictionSetispace operaspéculationsécuritétempsterrorismeuniverséonsévolution<p>Issue d’<a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=1453440&cid=30199506" hreflang="en">un petit bout de discussion</a> qui a dérivé du sujet initial (l’envoi d’un inutile message interstellaire depuis un iPhone), voici une petite application de la théorie des jeux à ajouter au dossier du <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">paradoxe de Fermi</a>.</p> <h5>Prudence paranoïaque</h5>
<p>Une civilisation A se met à émettre dans l’espace, délibérément ou non. Une civilisation B plus avancée sur une autre planète capte cela et déduit l’existence de A. Elle ne sait rien de A. Elle peut se douter cependant qu’à la réception du message, c’est-à-dire quelques siècles plus tard, l’autre civilisation aura sans doute progressé. B peut faire rapidement l‘analyse suivante :</p>
<ul>
<li>soit elle reste coi et ne signale pas sa présence en retour, sachant que le contact aura forcément lieu plus tard d’une manière ou d’une autre si les voyages interstellaires sont possibles ;</li>
<li>soit elle décide de signaler sa présence, au risque de se retrouver face à une puissance agressive qui lui fera la peau ;</li>
<li>soit elle opte pour l’option la plus sûre, l’Arme Balistique Ultime (si elle en a les moyens) : <strong>un météore de bonne taille, accéléré à une vitesse proche de celle de la lumière</strong>, précipité sur la planète émettant le signal.</li>
</ul>
<p>Cette dernière arme a plusieurs avantages : aisément disponible (les planétoïdes sont pléthores), propre (pas de radiations qui empoissonnent tout à dix parsecs aux alentours), sans protection possible (un bouclier assez costaud n’existe pas), et surtout sans préavis car, par définition, un objet qui s’approche à la vitesse <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_la_lumière">c</a></em>-ε ne peut être détecté avant d’être reçu dans la tronche. Rappelons qu’à vitesse relativiste, l’énergie de l’impact sera bien supérieure au classique ½mv² ; un modeste astéroïde suffira pour transformer n’importe quelle planète rocheuse en ceinture de poussière d’astéroïdes.</p>
<p>La question de savoir comment accélérer un caillou à une telle vitesse est laissée en exercice, mais les militaires financeront sans problème la chose à la première occasion.</p>
<p>Reste un problème : l’attaquant ne recevant les émissions de la victime que des décennies, des siècles voire des millénaires après leur émission, elle ne peut deviner si, au moment de l’impact, l’agressé n’aura pas déjà colonisé quelques autres mondes et évolué assez vite, ce qui lui fournirait hypothétiquement la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à l’agresseur. Celui-ci se trouve donc forcé de détourner l’attention de son propre système en attaquant depuis un autre ou en faisant dévier le projectile pour masquer sa provenance. Cela suppose que l’agresseur est déjà un empire interstellaire (en fait évident pour quelqu’un capable de déplacer de telles masses à de telles vitesses), mais ajoute beaucoup aux délais puisque l’ordre doit être envoyé à une vitesse forcément limitée par <em>c</em>, ou le voyage bien allongé, d’où sursis supplémentaire pour l’agressé.</p>
<h5>Mauvais voisin</h5>
<p>Il existe un autre inconvénient à cette politique du « je me tais et je désintègre balistiquement tout ce qui apparaît autour » : d’autres civilisations évoluées pourraient découvrir ce qui se passe. Et, bien que pacifiques, décider que la communauté galactique peut se passer de membres paranoïaques agressifs et régler le problème de la même manière. Selon que la première civilisation à se répandre sera prudente-paranoïaque ou coopérative-justicière dépend le sort de toutes les autres civilisations.</p>
<p>En arrière-plan figurent les hypothèses que l’on peut faire sur la cohérence d’une civilisation multi-planétaire où les communications sont limitées par la distance (répétition, en pire, des problèmes au sein des Empires européens à l’heure de la conquête de l’Amérique), et les durées se comptant en décennies : le temps que l’astéroïde arrive sur sa cible, ou que celui de la Revanche parvienne, la situation politique et philosophique de l’agresseur peut avoir évolué. L’Allemagne actuelle mérite-t-elle d’être anéantie pour les abominations d’Hitler ?</p>
<p>Si cela se trouve, la galaxie est actuellement parcourue par des centaines d’astéroïdes tueurs envoyés par des civilisations peureuses jouant au <em>sniper</em> interstellaire. La Voie lactée semble vide car ceux qui ne se taisent pas rencontrent très vite un rocher relativiste. Pendant ce temps, une autre civilisation fait peut-être les choses en grand et allume des supernovas dans tous les recoins favorables à la vie, la stérilisant par millions de parsecs-cube à la fois.</p>
<p>À l’inverse, chaque civilisation peut faire ce raisonnement, constater que l’astéroïde tueur est (relativement) simple à mettre en œuvre mais que des représailles sont également faciles, et dans le doute s’abstenir. Collectivement, on arriverait à un « équilibre de la terreur » galactique équivalent à celui de la Guerre Froide. Le « donnant-donnant » deviendrait donc la règle, comme après tout c’est à peu près le cas dans le monde actuel… à quelques timbrés éventuels près qui pourraient faire du dégât mais seraient plus aisément « traitables » par la collectivité. (Ce dernier cas m’interroge : les distances galactiques et le coût des déplacements empêchant les vrais conflits d’intérêt, quelles seraient les motivations pour attaquer ses voisins ? Fondamentalisme religieux ? Régime délirant à la nord-coréenne ?)</p>
<h5>En conclusion</h5>
<p>Einstein disait qu’il ne connaissait pas les armes de la Troisième Guerre Mondiale mais celle de la Quatrième : les cailloux. Je ne sais pas s’il pensait à cette variante-là de la fronde.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Balistique-relativiste-et-diplomatie-interstellaires#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/616Telepolis special Kosmologieurn:md5:09cbf1a1440420c9321ce2319bdbd4442010-05-26T00:00:00+02:002015-06-25T12:51:10+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationchristianismecivilisationcolonisationcommunicationcomplexitéconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiedinosauresdétectionentropieextraterrestresgalaxiesgigantismehard scienceintelligenceintelligence artificiellemèmeoptimismeouverture d’espritpanspermieparadoxeperspectivepessimismeprise de têtequêtereligionrobotssciencescience-fictionSetispace operaspéculationtempsthéologiethéorietranscendanceténacitéuniverszooécologieémerveillementénergieéonsévolution<p><a href="http://www.heise.de/tp/" hreflang="de">Telepolis</a> serait un magazine que j’achèterais et lirais si j’avais le temps. Mais j’ai tout de même craqué pour le « <a href="https://www.heise.de/kiosk/special/tp/10/01/" hreflang="de">special Kosmologie</a> ».</p>
<p>Sur la couverture, la question fondamentale : <strong>« Où sont-ils ? »</strong></p> <p>Suivent une série d’articles sur le destin à long terme de l’humanité dans l’univers, la possibilité d’une vie extraterrestre, le programme <a href="http://www.seti.org/Page.aspx?pid=1366" hreflang="en">SETI</a> (radio ou optique), etc :</p>
<ul>
<li>Les mystères encore mystérieux de l’univers et les frontières actuelles de la science : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sursaut_gamma">sursauts gamma</a>, détecteur géant de neutrinos au pôle sud, détecteurs d’ondes gravitationnelles à la précision diabolique, fin possible de l’univers…</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <strong>multivers</strong> peut exister de plusieurs manières : tout simplement d’abord sous forme de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Hubble_volume" hreflang="en">volumes de Hubble</a> dans un univers infini, avec à 10^10^118 mètres d’ici un monde quasi identique au nôtre, qui restera à jamais inconnu à cause des distances et de l’expansion universelle ; ensuite sous forme d’une interminable série d’univers répartis le long d’autres dimensions ; enfin sous forme de duplication d’univers nés à chaque fois qu’une fonction d’onde est observée. Que nous soyons dans un univers miraculeusement adapté à la vie (toutes proportions gardées) s’explique par le principe anthropique au sein de cette infinité d’univers possibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’énergie négative (pas l’antimatière, qui est positive, mais la vraie négative) n’est déjà pas un objet que l’on manie tous les jours hors de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Casimir">effet Casimir</a>. En théorie, cela pourrait servir à voyager plus vite que la lumière, ou traverser des trous noirs. En théorie aussi ça n’avancera en pratique à rien (fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d'incertitude">principe d’incertitude</a> !).</li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.hawking.org.uk/" hreflang="en">Stephen Hawking</a> <em>himself</em> évoque la possibilité d’une vie intelligente dans l’univers, et ajoute des réflexions pas très nouvelles sur la fragilité de la vie sur Terre avec ces humains et leur bombe atomique, le passage à un type d’évolution qui ne soit plus darwiniste, ou des solutions possibles connues au paradoxe de Fermi. La remarque que je retiens : la vie datant quasiment du refroidissement de la Terre, on peut considérer que son apparition est facile et commune ; par contre il a fallu attendre trois milliards d’années pour voir apparaître la vie multicellulaire, c’est peut-être donc cette étape qui est hautement improbable.<br />(<strong>Ajout quelques semaines plus tard</strong> : Et paf, la <a href="http://www.bdpgabon.org/articles/2010/07/07/les-plus-anciens-organismes-multicellulaires-connus-decouverts-au-gabon/">découverte de fossiles multicellulaires plus jeunes d’un milliard et demi d’années</a> abat cette idée en vol.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Et ce paradoxe de Fermi (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi">je rappelle que j’ai déjà radoté là-dessus ici</a>) revient comme une rengaine. Deux articles surtout énumèrent des hypothèses souvent déjà connues par qui s’intéresse au sujet : impossibilité du vol interstellaire, causes sociales, autodestruction systématique… Pour <a href="http://www.ucl.ac.uk/~ucfbiac/" hreflang="en">Ian Crawford</a> encore, les dinosaures montrent que la vie pourrait prospérer sans mener inéluctablement à l’intelligence. <br />D’autres hypothèses : les artefacts nous crèvent les yeux mais nous les interprétons comme des phénomènes naturels (pulsars ?) ; nous ne savons pas reconnaître les extra-terrestres car ils diffèrent trop de nous (exemple de la fourmi sur une autoroute incapable de découvrir la civilisation humaine) ; ils nous observent depuis toujours (scénario « du <a href="http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/09/19/kubrick-signification-du-monolithe-de-2001/">monolithe</a> ») et nous découvrirons un jour leurs traces dans notre système solaire (un article discute de ce que ce pourrait être) ; nous vivons dans une zone de la Galaxie ou de l’univers exceptionnellement riche en éléments lourds ; toute civilisation est vite victime d’un univers finalement très dangereux (au moins jusque récemment) : supernovas, rayons gamma…</li>
</ul>
<ul>
<li>L’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a>, formulée en 1961 dans un minuscule congrès, n’a pas réclamé grand effort à son auteur, qui s'étonne de son succès. Les premiers facteurs (nombre d’étoiles et planètes) sont mieux estimés à présent ; les autres restent des devinettes. Il y manquerait cependant un facteur <em>Pb</em> (<em>Politicians & bigotry</em>) : un seul membre du Congrès américain peut couper les ailes au SETI.</li>
</ul>
<ul>
<li>L’équation de Drake comme le paradoxe de Fermi se ramènent donc vite à l’interrogation sur la durée de vie des civilisations. Un article de 1981 du regretté bon docteur Asimov rappelle que nous sommes intelligents et capables de prévoir, avec des inconvénients majeurs : la possibilité d’une vengeance, le besoin d’accumuler les richesses et donc l’épée de Damoclès de l’autodestruction.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faut-il tenter de communiquer ? Le contact lui-même recèle un danger : les extra-terrestres, s’ils nous captent, voire viennent ici, auront une énorme avance sur nous, et nous savons par l’histoire de l’humanité qu’en cas de différentiel, c’est le moins technologiquement développé qui soufre le plus, même sans agressivité volontaire. Certains ont peur d’extraterrestres ouvertement impérialistes ou esclavagistes. D’un autre côté, si toutes les civilisations écoutent et aucune n’émet, l’espace semblera effectivement mort. Nous émettons de toute façon depuis 60 ans intensivement pour nos propres besoins en télécommunications, la question est vaine.</li>
</ul>
<ul>
<li>Exothéologie : quel serait l’impact de l’arrivée d’extraterrestres sur les religions terrestres ? L’Église catholique s’est déjà posé la question. (À mon avis, ce sera sur les autres religions, ou plutôt leurs versions radicales, que l’effet risque d’être le plus violent. À voir aussi la réaction des ETs à une tentative de conversion, et s’ils n’ont pas <em>déjà</em> une religion à nous offrir. Drake rêve de communiquer grâce aux mathématiques, s’embrochera-t-on dans une guerre de religion galactique ?)</li>
</ul>
<ul>
<li>En cas de détection, quelle est la procédure, quel serait le langage utilisé ? Petit rappel.</li>
</ul>
<ul>
<li>Pour optimiser les chances de détection, une proposition consiste à chercher les « phares » de l’univers : par exemple une supernova va être observée par beaucoup de monde, donc on peut <em>émettre</em> dans la direction opposée pour optimiser ses chances. (Je suis à moitié convaincu : cela suppose qu’on ne sait pas du tout où émettre, alors autant le faire dans cette direction-là.)</li>
</ul>
<ul>
<li>Pas mal de pages, dont un entretien avec Frank Drake, décrivent le projet de détection <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">SETI</a>, ses réalisations, ses échecs, ses difficultés pour obtenir des fonds, l’obstruction d’une poignée de personnes au Congrès américain. Le SETI va enfin avoir son propre réseau de radiotélescopes dédiés (payé par <a href="http://www.paulallen.com/TemplateHome.aspx?contentId=1" hreflang="en">Paul Allen</a>), mais le manque de moyens reste criant. <br />À côté du SETI classique sur les ondes radio, il existe d’autres projets plus ou moins actifs, notamment le SETI optique qui analyse le spectre des exoplanètes, ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson#Observations_astrophysiques">celui qui cherche des sphères de Dyson qui n’émettent que dans l’infrarouge</a> (un article entier). <br />Les possibilités ne dépendent que de budgets toujours trop réduits. Les détecteurs existants d’ondes gravitationnelles ou de neutrinos (<a href="http://www.icecube.wisc.edu/info/explained.php" hreflang="en">IceCube</a> me fascine) pourraient être mis à contribution. On pourrait imaginer encore plus spéculatif (que sont vraiment les sursauts gamma ?).<br />SETI n’a rien détecté de manière fiable, il y a cependant eu dans l’histoire deux signaux : le fameux « <a href="http://www.nirgal.net/ori_seti.html">signal WOW</a> » radio en 1977 et un autre en 1998 en optique, tous deux jamais reproduits ni retrouvés ni expliqués.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le dernier article s’étend sur l’écart entre nous et Eux… dont la civilisation remonterait à des millions d’années. Malgré cela, l’auteur estime que les communications sont hors de prix : émettre à 1000 années-lumières (à la fois beaucoup et pas grand-chose à l’échelle de la Galaxie) nous coûterait l’équivalent de notre production actuelle mondiale d’énergie (environ 10 TW), pour un dialogue qui s’étalerait sur des milliers d’années. Impossible dans ces conditions de fixer des rendez-vous quand on n’est même pas sûr que la civilisation à laquelle on s’adresse soit encore là des millénaires plus tard.<br />Ajoutons quelques hypothèses classiques du paradoxe de Fermi, et on peut conclure que s’il y a un « club galactique » de civilisations évoluées, elles s’ignorent sans doute la plupart du temps et nous laissent tranquilles dans notre zoo.<br />(Personnellement, je trouve que cet article se base trop sur la technologie et la psychologie humaines, et élude les hypothèses des machines de von Neumann autoreproductrices, des monolithes... comme celles où, la technologie permettant une quasi-immortalité, l’expansion à l’échelle des siècles devient réaliste.)</li>
</ul>
<p>Deux ou trois interviews ou débats d’Allemands connus chez eux suscitent nettement moins l’intérêt, trop éloignés du sujet ou trop proches du café du commerce. L’iconographie a le défaut de décorer plus que d’illustrer pertinemment le sujet de l’article. Quatre nouvelles de SF un peu trop didactiques tentent d’éclairer les fins possibles de l’univers ou de la civilisation.</p>
<p>Je n’ai pas encore eu le temps de regarder le DVD fourni (il y a des sous-titres français).</p>
<p>Bref, à acheter si vous lisez l’allemand.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/611Livres en stock et en coursurn:md5:05fc233a4f4e8642e7097ee76bfd6d812010-04-17T19:48:00+02:002015-06-08T14:26:01+02:00ChristopheSur mes étagères alourdiesanticonsumérismeapocalypseastronomiecataclysmecatastrophechiffrescommunicationcomplexitéconquête de l’inutilecosmologieentropiegalaxiesgravitationhard sciencelivres luslyrismemèmemémoiremétainformationouverture d’espritpanspermieperspectivepessimismeprise de têtepsychologieréalitéréseausciencescience-fictionsimulationspace operaspéculationtranscendanceuniversvirtueléonsévolution<p>Faute de temps pour lire et chroniquer ici et quand même pondre un billet, histoire que mon lectorat ne m’oublie pas, je vais causer de mes trois derniers achats.</p> <ul>
<li><em>Visual and Statistical Thinking: Displays of Evidence for Making Decisions</em> de Edward R. Tufte (<a href="http://www.soc.washington.edu/users/bpettit/soc506/tufte.pdf" hreflang="en">PDF</a>) : pas cher, et il me manque toujours un arrière-plan théorique sur la représentation de données que je fais souvent au boulot (non que Business Objects aille bien loin dans le domaine mais bon...). Il y a un bout sur les célèbres statistiques du choléra de Londres au XIXè qui ont permis de repérer le rôle des fontaines publiques, et sur les différentes manières de présenter les mêmes bilans.</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.eyrolles.com/Sciences/Livre/voyages-dans-le-futur-9782746504257">Voyages dans le futur</a></em> de Nicolas Prantzos : aussi épais que le précédent était fin. Ça cause du paradoxe de Fermi et d’astroingénierie, le genre de chose archi-éthérée qu’il me faut pour sortir de mon quotidien terre-à-terre surmené. (<strong>Ajout postérieur</strong> : C’est lu, à chroniquer prochainement. (<strong>Ajout de 2015</strong> : À relire avant de faire la chronique :-) )</li>
</ul>
<ul>
<li><em><a href="http://www.debatpublic.net/2008/01/04/petit-cours-dautodefense-intellectuelle/">Petit cours d’autodéfense intellectuelle</a></em> de Normand Baillargeon : maintes fois conseilllé, ça peut pas faire de mal, et ça permettra peut-être d’éviter de tomber dans un ou deux pièges intellectuels ou publicitaires.</li>
</ul>
<p>Sur la table de nuit actuellement (ou plutôt à son pied vu le format) : <em><a href="http://www.decitre.fr/livres/Atlas-du-monde-prehistorique.aspx/9782035051677">Atlas de la préhistoire</a></em> de Douglas Palmer. Bien détaillé, y compris sur l’ère pré-dinosaures. Je conseille à ceux que les mots compliqués ne gênent pas.</p>
<p>Interrompu : <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Accelerando_(novel)" hreflang="en">Accelerando</a></em> de <a href="http://www.accelerando.org/" hreflang="en">Charles Stross</a>. SF de haute voltige, j’adore, une idée par chapitre. Il m’est tombé des mains parce que dans mon état actuel de déficit de sommeil aussi affolant que celui budgétaire des Grecs, et de saturation cérébrale suite à la saturation permanente de ce qui me reste de capacités mentales pour de frustrantes banalités, je suis incapable de lire un texte exigeant en langue étrangère le soir. Or <em>Accelerando</em> est typiquement le livre à ne pas lâcher faute d’oublier des pans entiers de l’histoire d’une fois sur l’autre (surtout avec ma mémoire de poisson rouge actuelle). On verra pendant les vacances. <br />(<strong>Ajout d’octobre</strong> : <a href="http://wiesmann.codiferes.net/wordpress/?p=8335&lang=en" hreflang="en">Thias en parle sur son blog</a>.)</p>
<p>Avec du bol, j'aurais lu ça avant Noël 2011… (<strong>Ajout post-Noël</strong> : Deux sur cinq seulement…)</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Livres-en-stock-et-en-cours#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/605« Les exoplanètes » : Dossier Pour la Science de septembre 2009urn:md5:57c3a7803a8894f1bf8f0e05685b886a2009-09-27T00:00:00+02:002010-10-17T16:38:57+02:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanalogieastronomieauto-organisationcataclysmechaoscomplexitéconquête spatialecosmologiedétectiondéterminismegigantismegravitationhard scienceJupiterMarsperspectiveprise de têtesciencescience-fictionsimulationspéculationuniversémerveillement<p>Franchement ça devient une manie chez les éditeurs de <em>Pour la Science</em> : encore un titre destiné à allécher le lecteur, qui ne décrit pas complètement le contenu. La moitié du dossier concerne plus notre propre système solaire que les quelques centaines de planètes déjà connues autour d’autres étoiles.</p> <p>Évidemment, l’observation des autres systèmes solaires depuis une quinzaine d’années nous en apprend beaucoup par contraste sur le nôtre. Naïvement, les scientifiques s’étaient toujours attendu à découvrir des planètes plus ou moins homologues à celles de notre système (des rocheuses proches de l’étoile et des géantes gazeuses au loin), mais le bestiaire s’est révélé bien plus varié que prévu, notamment avec toutes ces planètes géantes orbitant extrêmement près de leur étoile.</p>
<p>En conséquence, la remise en cause des modèles anciens de formation planétaire (les plus anciens remontent à Laplace) jette une nouvelle lumière sur l’origine de notre système solaire. Des constantes se dégagent tout de même, comme une planète géante juste au-delà de la « limite des glaces » de fusion de certains gaz, justement là où se trouve Jupiter... mais les géantes migrent souvent plus près de l’étoile en fonction du gaz restant. Le destin d’une planète relève quasiment de la mécanique des fluides.</p>
<p>Notre existence ne semble guère tenir qu’à un hasard monstrueux sur la densité exacte du nuage primordial : une autre valeur aurait pu voir dériver Jupiter beaucoup plus près du Soleil au final. À l’inverse, les collisions entre planètes rocheuses primitives deviennent quasiment inéluctables, ce qui rend <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/la-taille-de-la-lune-est-elle-une-coincidence">le hasard de la taille énorme de la Lune moins improbable</a>.</p>
<p>En effet, les systèmes planétaires semblent tous « pleins » : toute planète supplémentaire générerait un beau bazar qui se solderaient par une collision ou l’éjection d’une autre planète. À l’inverse, la création des planètes n’a pas été qu’une agglomération de poussières, mais aussi un véritable billard : elles doivent être des milliards à avoir été éjectées de leur système solaire naissant par plus grosses qu’elles, et à errer dans l’espace interstellaire (hum, une idée pour un roman de science-fiction ?), de la même manière que la Terre, Neptune ou Jupiter « nettoient » encore leur orbite. (C’est d’ailleurs pour cela que Pluton n’est plus officiellement une planète : elle n’a pas purgé son orbite de la concurrence ; au contraire la ceinture de Kuiper, et le nuage d’Oort, sont peuplés de ces planétoïdes éjectés par les autres planètes.)</p>
<p>D’ailleurs Newton, Poincaré comme bien d’autres s’étaient penché sur le thème de la stabilité du Système solaire. <a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/Laskar.html">Jacques Laskar</a> avait calculé il y a un bout de temps que le chaos y avait sa place, et qu’<a href="http://www.imcce.fr/Equipes/ASD/person/Laskar/jxl_collision.html (voir la superbe animation des impacts Terre-Vénus et Terre-Mars)" hreflang="en">un impact entre les planètes telluriques n’était pas totalement exclu à l’échelle des milliards d’années</a>.</p>
<p>Les astronomes recherchent évidemment des traces de vie sur les exoplanètes. Pour le moment, les instruments disponibles ne permettent pas de détecter l’équivalent lointain de notre terre et d’y rechercher par spectroscopie une signature biologique. Et sur la masse des planètes détectées, bien peu orbitent dans la « zone habitable » de leur étoile.</p>
<p>Ce dossier est tout de même l’occasion de refaire un tour parmi la diversité des planètes et satellites du système solaire, de fouiller leur structure interne, de se pencher sur les hôtes les plus modestes, ces astéroïdes à l’histoire mouvementée et mal connue, de deviner la frontière de notre système, cette héliopause que les sondes <em>Voyager</em> viennent de franchir.</p>
<p>J’ai appris que cette diversité parmi les satellites était ignorée jusqu’au passage des sondes <em>Voyager</em> dans les années 79 à 89. Jusque là il était naturel de penser que Io, Europe, Ganymède... ressemblaient à notre vieille Lune pelée. La nature a toujours plus d’imagination que nous, et les exoplanètes promettent sans doute de belles surprises à chaque amélioration des techniques de détection.</p>
<p><strong>Ajout du lendemain</strong> : Et justement, dans le <em>Pour la Science</em> de septembre, un article sur les atmosphères des planètes décrit l’influence que leur disparition progressive peut jouer. Et cette évaporation peut être lente comme chez nous, ou accélérée par la chaleur ou les impacts d’astéroïdes. Un facteur de plus à prendre en compte dans la vie d’une planète.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/Les-exoplan%C3%A8tes-Dossier-Pour-la-Science-de-septembre-2009#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/589Obama condamnéurn:md5:887e1e745d070e622119e86624a1f1412009-02-03T00:00:00+01:002009-04-13T19:17:51+02:00ChristopheRes publicaAmériquebon senscynismedémocratiegéopolitiquehistoireintelligencemèmeoptimismepanurgismeparadoxeperspectivepessimismespéculationutopieéconomieÉtats-Unis<p>Un petit billet pas ori­gi­nal du tout mais dans l’air du temps, et que je reli­rai avec nos­tal­gie dans quel­ques mois ou plus.</p> <p>Tout le monde le dit, <strong>Obama est con­dam­né à déce­voir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Les médias le con­si­dè­rent comme le mes­sie, et il n’est très pro­ba­ble­ment qu’un homme.</li>
<li>Qui­con­que est <del>sacré</del> intro­nisé en direct devant des dizai­nes de mil­lions de per­son­nes, va for­cé­ment en déce­voir un bon paquet.</li>
<li>Une crise éco­no­mi­que majeure est en cours, c’est en géné­ral assez déli­cat à régler. Sur­tout que cela impli­que de s’atta­quer à cer­tai­nes caté­go­ries de para­si­tes assez puis­san­tes.</li>
<li>À l’étran­ger, tout le monde n’a pas encore inté­gré qu’il bos­sera d’abord pour ses élec­teurs, les Amé­ri­cains.</li>
<li>Il n’a pas les pleins pou­voirs, c’est le « cime­tière légis­la­tif » (le Sénat), pourri de lob­byis­tes, qui aura réel­le­ment le der­nier mot.</li>
<li>Les médias brû­lant volon­tiers ce qu’ils ont adoré, sui­vant en cela la pente natu­relle de tout peu­ple, ils lui cher­che­ront des noi­ses après quel­ques mois. Nom­bre de chro­ni­queurs actuels aver­tis­sent déjà qu’il va se plan­ter, sui­vant en cela et le bon sens et un cer­tain sno­bisme et le besoin de trou­ver un sujet pour faire leur copie et paraî­tre per­ti­nent<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#pnote-522-1" id="rev-pnote-522-1">1</a>]</sup>.</li>
<li>Dans le camp d’en face on doit lui pré­pa­rer un <em>remake</em> de l’affaire Clin­ton-Levinski pour détour­ner l’atten­tion. Obama n’est pas un saint, il a bien dû voler un bon­bon à un cama­rade de mater­nelle, boire plus d’un verre de bière un soir et lâcher une gros­siè­reté, appren­dre quel­ques mots de fran­çais, ou oublier de tenir la porte à une vieille dame. Ça finira par se savoir.</li>
</ul>
<p>
Cepen­dant il est aussi <strong>con­damné à réus­sir</strong> :
</p>
<ul>
<li>Comme l’a fine­ment remar­qué un com­men­ta­teur de la radio, <strong>Bush a mis la barre très bas</strong>, sur tous les plans. N’importe qui de pas com­plè­te­ment stu­pide et de bonne volonté peut faire mieux.</li>
<li>Rien que le chan­ge­ment de tête à Washing­ton peut déclen­cher beau­coup de bon­nes cho­ses sur le plan inter­na­tio­nal. Il n’est pas inno­cent qu’Israël ait arrêté les opé­ra­tions à Gaza juste <em>avant</em> l’inves­ti­ture.</li>
<li>Per­sonne n’a inté­rêt à ce qu’il se plante à court terme, à part les extré­mis­tes du camp adverse ; et il a appa­rem­ment mis dans sa poche les modé­rés pour quel­ques temps.</li>
</ul>
<p> </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#rev-pnote-522-1" id="pnote-522-1">1</a>] <em>Et j’en rajoute ici même.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2009/01/22/Obama-condamn%C3%A9#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/522« Ce que savaient les Alliés » de Christian Destremau (1)urn:md5:fe15c8b0055ea222325553532b04c5322009-01-14T00:00:00+01:002011-06-02T18:27:42+02:00ChristopheHistoireAllemagneAmériquebombe atomiquecolonisationcommunismecynismeespionnageEuropeguerreGuerre Froidegéopolitiquehistoireimpérialismeinformatiquelivres lusmanipulationorganisationparadoxeparanoïaperspectivepolitiquepsychologieracléeRealpolitikSeconde Guerre MondialespéculationÉtats-Unis<p>Le titre est trompeur (le sous-titre « Ont-ils pris les bonnes décisions ? » aussi ) : ce très intéressant livre ne traite pas de l’ensemble des données de renseignement connues de Churchill, Roosevelt et Staline, mais seulement de ce que les Anglo-Saxons ont pu apprendre par la meilleure de leur source : l’espionnage des communications radio ennemies.</p>
<p>Ce n’en est pas non plus l’histoire, mais un résumé de ce que l’auteur a pu dénicher dans les diverses archives et par comparaison avec les archives diplomatiques (tout ne fut pas intercepté, et ces lacunes ont leur importance !).</p> <p>Il n’a été révélé que bien après la guerre que les Britanniques étaient, à partir de 1941, capables de décoder l’essentiel des messages cryptés allemands, même ceux codés avec la fameuse machine <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enigma_(machine)">Enigma</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing">Alan Turing</a> en tête, une équipe de Bletchley Park suait pour que Churchill en personne lise les messages d’Hitler à ses généraux avant même les destinataires (et au passage cette équipe inventait l’informatique).</p>
<p>De même, les Américains étaient capables de décoder à peu près tout ce que les Japonais envoyaient sur les ondes avant même leur entrée en guerre.</p>
<p>Par contre, quand les Allemands recouraient au courrier papier ou au téléphone, l’écoute était impossible.</p>
<p>L’utilisation des renseignements différaient assez nettement : les Anglais craignaient en permanence de trahir leur source, au point de ne <em>pas</em> utiliser les renseignements ! Si les Allemands s’étaient aperçu que leur code était éventé, ils en auraient changé, et rendu les Alliés aveugles.</p>
<p>À l’inverse, les Américains considéraient que les renseignements devaient être utilisés, et ne s’en sont pas privés. (<em>Commentaire personnel : les Anglais considéraient peut-être avoir beaucoup moins de marges de manœuvre que les Américains.</em>)</p>
<p>Une des révélations du livre pour moi porte justement sur l’utilisation de ces renseignements : le risque pour celui qui écoute est de trop <em>réagir</em> à ce qu’il entend, à trop tenter deviner les buts immédiats de l’ennemi, au risque de se faire intoxiquer et manipuler, ou de se noyer dans les jeux entre les différentes factions au sein des autorités adverses. Mieux vaut suivre une stratégie claire et n’en pas dévier (ce qui est plutôt la technique américaine) : c’est flagrant au moment des ultimes tentatives de négociations lors des agonies du IIIè Reich ou de l’Empire japonais.</p>
<p>Destremau insiste aussi beaucoup sur les multiples différences d’interprétations des divers hauts gradés et politiques au courant des décryptages. Entre Churchill, qui lisait les données « brutes » et certains adjoints, les analyses différaient parfois nettement. Entre alliés, voire entre services, l’échange d’informations n’était pas dénué d’arrière-pensées.</p>
<p>L’importance des messages <em>Ultra</em> dans le déroulement de la guerre a été capital, certains parlent d’années de guerre économisées. Il faut garder à l’esprit qu’à côté des échanges de haut niveau (ambassadeurs, généraux nazis...), les messages décodés livraient une foule d’informations tactiques très utiles pour la menée quotidienne des opérations (et parfois par la bande : les informations de Churchill sur les unités russes venaient des Allemands et se tarirent avec leur chute).</p>
<p>Christian Destremau découpe son livre en plusieurs chapitres dédiés à diverses phases de la guerre : Barbarossa, Pearl Harbor, le double jeu de Vichy, la Solution finale, l’assassinat éventuel d’Hitler, les bombardements sur l’Allemagne, l’agonie du Reich, la bombe atomique et la capitulation japonaise.</p>
<h3>Webographie succinte</h3>
<p>On pourra lire d’autres critiques sur le web :</p>
<p><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Sur le site de la revue </a><em><a href="http://www.revue-lebanquet.com/docs/c_0001407.html?qid=sdx_q0">Le Banquet</a></em></p>
<p><a href="http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=549">Sur Histoforum</a></p>
<p>Et dans les prochains billets ici :</p>
<p>1-Résumé<br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-1-%3A-Barbarossa">2-Barbarossa</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-3-%3A-Pearl-Harbor">3-Pearl Harbor</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-4-%3A-Vichy">4-Vichy</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-5-%3A-La-solution-finale">5-La solution finale</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Lassassinat-de-Hitler">6-L’assassinat de Hitler</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-6-%3A-Le-bombardement-de-lAllemagne">7-Le bombardement de l’Allemagne</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-8-%3A-Lagonie-du-Reich">8-L’agonie du Reich</a><br />
<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2009/01/05/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau-9-%3A-La-bombe-atomique">9-La bombe atomique</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/11/23/Ce-que-savaient-les-Allies-de-Christian-Destremau#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/493Extension de garantie (suite) : cas réel et pratiqueurn:md5:1b71da246bd211c95426f0d527fe3dac2008-09-18T21:22:00+00:002011-06-01T17:36:30+00:00ChristopheGuerre au marketinganticonsumérismeargentbesoinbon sensextension de garantiehowtomanipulationmicroéconomieoptimisationoptimismepouvoir d’acheterspéculationsécuritévaleuréconomie<p>Il y a plus d’un an et demi, <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/01/28/253-extension-de-garantie">je m’interrogeais sur la pertinence des extensions de garantie proposés avec assistance par Darty, Fnac et consorts</a>. Mise en application puisque mon enregistreur numérique est mort...</p> <p><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/01/28/253-extension-de-garantie">Comme je l’ai raconté ici plus d’un an après ce billet</a>, mon enregistreur numérique a été atteint d’une forme d’Alzheimer. Il a fait un aller-retour au SAV chez Darty et deux semaines plus tard il fonctionne à nouveau.</p>
<p>L’appareil a presque trois ans, il valait plus de 550 € à l’achat. Un appareil équivalent neuf vaut de nos jours encore plus de 300 €, avec quelques fonctionnalités en plus peut-être.</p>
<p>L’extension de garantie que j’avais prise se montait à 89 €, alors que la facture de la réparation (disque dur, ventilateur, <em>firmware</em>) s’est chiffrée à 96 € TTC (non payés bien entendu). Le gain est déjà net. Sur un appareil d’électronique pure aussi complexe (après tout, c’est un PC !), et à l’époque assez nouveau, les chances de défaillance étaient élevées, et je m’étais dit à l’époque que le prix en valait le risque. Il reste deux ans de garantie à courir.</p>
<p>D’un autre côté, les 89 € en question auraient pu être investis dans une Freebox qui, en version 5, possède aussi un (petit) disque dur pour enregistrer la télé. J’ai cependant bien l’intention de l’avoir pour moins cher que les 90€ officiels, soit en remplacement de la v4 actuelle si elle défuncte, soit grâce à la dégressivité du prix — mais je n’ai que douze mois d’ancienneté officielle depuis mon dégroupage total. Mais je ne suis pas pressé du tout et la configuration actuelle me convient parfaitement. Enfin, comment aurais-je pu savoir en 2005 ce dont serait capable la Freebox v5 de 2006 ?</p>
<p>Une remarque : pour un appareil aussi cher, la garantie simple de deux ans est tout de même insuffisante. Peut-on l’allonger légalement sans encourager un marché gris de produits d’import qui n’intégreraient pas dans leur prix la réparation des appareils défaillants et la R&D pour des appareils plus fiables ? C’est typiquement le genre de décision qui doit se prendre au niveau continental.</p>
<p>De plus, écologiquement il est plus intelligent de faire réparer un morceau d’électronique qui peut encore rendre bien des services, que de l’envoyer au recyclage (ou pire) et d’en importer un nouvel exemplaire d’Asie.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/09/18/543-extension-de-garantie-suite-cas-reel-et-pratique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/478« Homo disparitus » (“The World Without Us”) d’Alan Weismanurn:md5:195abc6a98ec3bab0e66fd2540de41da2008-08-25T19:36:00+00:002011-06-01T13:34:58+00:00ChristopheTemps et transformationsautodestructioncataclysmeeffet de serreentropiegaspillageguerregéologiehistoireperspectivepessimismepollutionsciencescience-fictionspéculationécologieéonsévolution<p>Et si l’humanité disparaissait du jour au lendemain, quelles traces laisserions-nous ? Alan Weisman décrit la désintégration progressive des restes de notre civilisation. Le plus durable n’est pas le plus évident. Et on ne le devinera pas sans de gros efforts de perspective historique.</p> <p><em>Homo disparitus</em> frappe plus que le titre original (<em>Le monde sans nous</em>) mais relève du mensonge : dans le monde que décrit l’essai d’Alan Weisman, il ne reste <em>aucun</em> membre du groupe <em>homo</em>.</p>
<p>La cause possible de notre anéantissement soudain n’est pas creusée et reste en exercice au lecteur, il suffit que l’apocalypse nucléaire ne vitrifie pas la planète.</p>
<p>La disparition des traces de l’homme progresse <em>crescendo</em> : si le chapitre 2 s’étend sur la décrépitude en quelques décennies de simples maisons sous le coup des cycles gel-dégel, des spores, et d’entreprenantes racines, l’effondrement rapide d’un New York tributaire des pompes qui protègent son sous-sol suit vite. Un passage sur les masses monstrueuses de plastique non biodégradables que nous laisserons derrière nous précède un résumé assez apocalyptique de ce qui attend la ribambelle de barrages, raffineries et centrales nucléaires réparties sur la planète. Le final s’étend sur ce qui témoignera le plus longtemps de notre civilisation : des statues de bronze parfois déjà millénaires, des grottes et tunnels, les montagnes que nous avons façonnées (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Rushmore">mont Rushmore</a> ou collines décapitées pour leur charbon), les ondes et quelques sondes qui ont quitté la Terre voire le Système solaire.</p>
<p>Mais la description jouissivement morbide de la déliquescence de notre civilisation est une partie relativement maigre. La perspective historique semble plus lourde au premier abord : Weisman s’étend longtemps sur la conquête de l’Amérique par l’homme, l’écosystème de Manhattan avant la ville, les troglodytes turcs, l’histoire des engrais, celle du canal de Panama, l’effondrement de la civilisation maya, les avicides perpétrés plus ou moins volontairement par l’homme par sa seule présence, etc.</p>
<p>Cependant, ce n’est pas vain, le passé nous renseigne sur ce que sera le futur. En effet, des villages abandonnés retournés à la forêt primitive existent déjà : j’ai bien aimé le passage où un pommier au sein d’une forêt de chênes indique une ancienne habitation proche avalée par la forêt en quelques siècles ; après tant de temps il ne restera d’ailleurs de villes entières que les bouches d’incendie en fonte et des canettes d’aluminium. Nous pouvons même étudier en temps réel la déliquescence de <a href="http://www.jjkphoto.ch/photo_pripyat.htm">Pripiat</a> la radioactive ou de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Varosha_(Famagusta)" hreflang="en">Varosha</a> à Chypre, deux cités fantômes encore debout mais où le travail de sape végétal a commencé.</p>
<p>Une autre leçon du passé est la description comparée de l’action de l’homme préhistorique en Amérique (où la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mégafaune">mégafaune</a> a disparu) et en Afrique (où l’homme cohabite avec l’éléphant), obtenant des paysages très différents au final. Si le super-prédateur qu’est l’homme disparaît, le paysage changera à nouveau, même dans les contrées encore rurales. (Voir comme exemple <a href="http://www.zuneo.net/2004/06/quand-les-loups-font-pousser-les.html">la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone qui en a modifié paysage et écosystème</a>.)</p>
<p>La question de ce qui restera après nous pose immédiatement celle de ce qui est <em>déjà</em> détruit ou en voie de l’être, ou des destructions visibles que laissera notre civilisation. Un des passages les plus effrayants, car décrivant une catastrophe <em>en cours</em> concerne le plastique : il se fragmente mais les bactéries sont encore incapables de le dégrader, et ses morceaux de plus en plus minuscules finissent par étouffer des espèces de plus en plus petites. L’océan est un vaste dépotoir où flottent des millions de sacs, bouteilles... jamais dégradés.</p>
<p>Moins tragique, Weisman évoque les espèces animales qui nous regretteront : nos parasites (poux...), les cafards qui ne passeront plus d’hiver au chaud, les rats qui n’auront plus nos déchets, et devront se battre avec tous les chats redevenus sauvages...</p>
<p>Le signet fourni avec le livre contient une échelle temporelle égrenant la disparition de nos traces :</p>
<ul>
<li>2 jours après la disparition : sans stations de pompage, l’eau commence à saper New York par son métro ;</li>
<li>à 7 jours, l’arrêt de nombre de génératrices de secours dans diverses centrales et installations chimiques fait débuter les feux d’artifices nucléaires et les pollutions massives ;</li>
<li>dans les décennies qui suivent, les immeubles sans entretien ni chauffage disparaissent sous les assauts de la végétation, les mouvements du sol, les cycles gel-dégel ; les légumes et plantes que nous connaissons redeviennent sauvage ;</li>
<li>au bout de quelques siècles, les ponts les plus solides ont trop rouillé pour tenir (les plus récents et « optimisés » s’effondrent les premiers), les barrages cèdent tous, les fleuves retrouvent leur cours naturel, des deltas se remplissent ; les forêts ont effacé la présence humaine dans la plupart des endroits ;</li>
<li>les millénaires suivants éradiquent les traces visibles au-dessus du sol (notamment si les glaciations reviennent et broient tout) ;</li>
<li>après 100 000 ans, le CO2 que nous avons injecté dans l’atmosphère aura enfin été digéré par Gaïa ;</li>
<li>dans le million d’années qui suit devraient disparaître le plutonium et le plastique digéré (enfin) par les microbes ;</li>
</ul>
<p>En dernier recours, notre civilisation laissera un joli stock d’uranium 238 qui sera encore là quand la Terre disparaîtra, et pas mal de saletés genre PCB ou objets en fonte ou bronze qui se retrouveront peu à peu compressés dans des strates géologiques.</p>
<p><a href="http://culturedesfuturs.blogspot.com/2008/08/vestiges-dhier-et-de-demain.html">Voir aussi une critique enthousiaste du même livre par l’auteur de SF canadien Jean-Louis Trudel.</a></p>
<p>Sur le même thème on trouvera aussi <a href="http://environment.newscientist.com/article/mg19225731.100.html" hreflang="en">un article du New Scientist en ligne</a> avec quelques informations supplémentaires, et <a href="http://science.slashdot.org/article.pl?sid=06/10/18/2138247" hreflang="en">quelques réactions sur mon site geekesque favori</a>.</p>
<p>Entre autres remarques :</p>
<ul>
<li>les civilisation qui pourraient venir après nous auront bien du mal à décoller techniquement car nous aurons éliminé toutes les sources faciles d'accès de pétrole ou minerai ;</li>
<li>d’un autre côté, nos anciennes décharges, ou les ruines de nos cités, contiendront des métaux et autres matériaux sous forme assez concentrée ;</li>
<li>des extraterrestres débarquant 100 000 ans après nous ne verraient rien au premier abord... jusqu’à la découverte d’une extinction massive de nombre d’espèces à notre époque.</li>
</ul>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/472Le Paradoxe de Fermiurn:md5:af8cf0540161e644fbfab82647b93ec52008-06-08T19:46:00+00:002017-04-01T20:17:25+00:00ChristopheParadoxe de Fermi et Exobiologieanthropieapocalypseastronomieautodestructionautoréplicationcataclysmechaosconquête spatialecosmologieDieudétectionentropieextraterrestresgalaxiesguerreintelligenceJupiterLuneouverture d’espritpanspermieparadoxeparanoïaperspectivescience-fictionspéculationuniversvirtuelécologieéconomieémerveillementéonsévolution<p>« Pourquoi les petits hommes verts ne sont-ils pas déjà là ? »</p>
<p>C’est pour moi l’une des énigmes les plus passionnantes de notre temps ; elle a l’air simple mais les implications scientifiques ou philosophiques sont en fait monstrueuses. On pourra jeter un œil à l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">article Wikipédia adéquat</a> que je n’ai pas l’intention de paraphraser.</p> <p>Le paradoxe de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enrico_Fermi">Fermi</a> est en fait une grande question : « <strong>où sont-ils ?</strong>».</p>
<p>Une des réponses possibles est évidemment : « ils n’existent pas, nous sommes seuls. ». Répond alors immédiatement l’angoissante « <strong>mais pourquoi serions-nous les seuls dans l’univers ?</strong> ». Une autre réponse envisageable est : « ils sont peut-être là, mais désespérément trop loin. »</p>
<p>Le nombre de sous-entendus dans ces questions est fascinant, ne serait-ce que dans toutes les étapes nécessaires à l’apparition d’une vie intelligente, aux problèmes scientifiques et économiques pour qu’elle nous rende visite, et dans les implications <em>pour notre avenir</em> si effectivement, il n’existe aucune vie intelligente assez près pour venir nous voir. Ajoutons les difficultés de reconnaître les ETs.</p>
<h3>Principe</h3>
<p>Le paradoxe de Fermi se résume ainsi :</p>
<ul>
<li><em>supposons</em> une espèce intelligente capable de développer le vol interstellaire ;</li>
<li><em>ne supposons même pas</em> qu’elle soit capable d’atteindre des vitesses relativistes : les voyages interstellaires réclament donc des siècles (de tels voyages semblent à notre portée un jour) ;</li>
<li><em>supposons</em> que chaque système solaire colonisé prenne son temps et n’envoie des vaisseaux vers d’autres étoiles qu’après plusieurs centaines d’années (le temps de coloniser, construire une économie, exprimer à nouveau le besoin de migrer) ;</li>
<li><em>alors</em>, même à cette allure d’escargot, en quelques <em>millions</em> d’années cette civilisation se sera répandue dans <em>toute</em> la galaxie (200 à 400 milliards d’étoiles réparties sur un disque de moins de 100 000 années-lumière de diamètre, et la plupart ne doivent pas abriter de planète intéressante) ;</li>
<li><em>or</em> notre galaxie a une bonne dizaine de <em>milliards</em> d’années d’existence (strict minimum), ce qui représente plusieurs fois la durée nécessaire à l’apparition de l’intelligence sur Terre ; donc la conquête d’une galaxie s’effectue <em>en un clin d’œil</em> à l’échelle galactique et même à l’échelle de l’évolution d’une planète ;</li>
<li><em>mais</em>, <em>apparemment</em>, les extraterrestres ne sont pas venus s’installer chez nous, ils ne nous ont pas contacté, nous ne voyons aucun phare stellaire, nous ne captons aucune émission, bref il n’y a aucune manifestation de leur présence ;</li>
<li><em>donc</em> : « où sont-ils ??? » ... et « pourquoi serions-nous seuls ? »</li>
</ul>
<p>La fameuse <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Équation_de_Drake">équation de Drake</a> tente de fournir une estimation du nombre de civilisation dans la galaxie. Selon le choix des paramètres, elle peut fournir un nombre entre 1 (nous) et des millions. Ce qui ne nous avance guère mais pose au moins le problème de tous les facteurs impliqués : nombres d’étoiles et planètes favorables à la vie, probabilité d’apparition de la vie, de son accession à l’intelligence, bien sûr, mais aussi la durée de vie d’une civilisation avant son éventuelle disparition...</p>
<h3>Les solutions au paradoxe</h3>
<p>Comme tout paradoxe, celui de Fermi se résoudra par la révélation d’une erreur dans un de ses présupposés. On peut penser à de très nombreuses possibilités pour expliquer l’absence de visiteurs extraterrestres alors qu’ils sont censés pulluler. Certaines sont hautement discutables, voire fausses si on réfléchit. D’autres sont simplement spéculatives. Certaines ne font que reculer d’un pas, et ne résolvent en fait pas le paradoxe.</p>
<p>La liste suivante est non exhaustive. Je serai heureux de compléter par toute idée des gens passant sur cette page. Je me retiens de commenter en détail chaque option, il y aurait matière à un livre, et j’ai bien l’intention de creuser quelques points sur ce blog.</p>
<p>1) <strong>Nous sommes vraiment seuls</strong></p>
<ul>
<li>La Terre est la seule planète qui abrite la vie :
<ul>
<li>La combinaison de la position par rapport au soleil, de la composition atmosphérique, de celle du sol, de la gravité, du puissant champ magnétique protecteur, du bouclier anti-météorites qu’est Jupiter, de l’effet stabilisant d’une Lune hypertrophiée, etc., etc... est unique et seule capable de créer la vie.</li>
<li>Même dans des conditions identiques, la probabilité d’apparition de la vie est infime.</li>
<li>La Terre est seule à ne pas posséder un poison quasiment universel.</li>
<li>Notre coin de la Galaxie est privilégié et le reste est moins stable, moins accueillant.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>La vie est courante mais l’intelligence rarissime :
<ul>
<li>La vie complexe (au-delà des bactéries et autres organismes unicellulaires) est rarissime. (Se rappeler que la vie animale relativement évoluée comme nous la connaissons n’existe pas depuis plus d’un demi-milliard d’années alors que la vie prospère depuis 4 milliards.)</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence est un accident. Elle ne voit que la lutte pour la survie des individus, et ne mène pas forcément à des espèces aussi complexes que nous. Des espèces comme les dinosaures pourraient dominer la planète des centaines de millions d’années sans forcément pouvoir accéder à l’intelligence à cause de contraintes biologiques, et resteraient piégées dans leur « maximum local ».</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence nécessite en général plus de temps que la durée pendant laquelle une planète est habitable.</li>
<li>Plus généralement, l’apparition d’une vie complexe, puis intelligente, nécessite un savant mélange de stabilité et de phénomènes catastrophiques qui « redistribuent les cartes » assez souvent mais pas trop.</li>
<li>L’évolution vers l’intelligence est la cause de l’extinction systématique d’une espèce voire de son écosystème entier (voir plus loin).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Il y a une intervention quasi-divine :
<ul>
<li>Dieu (ou un quelconque équivalent créateur de l’Univers) a créé le monde avec une humanité solitaire.</li>
<li>La Matrice où nous vivons est conçue pour que l’humanité soit seule (du moins dans son coin de l’univers).</li>
<li>L’Histoire a été remaniée pour en supprimer toute autre espèce intelligente (cf <em><a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/04/19/502-the-end-of-eternity-d-isaac-asimov">la Fin de l’Éternité</a></em> d’Asimov).</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_anthropique">Principe anthropique</a> : puisque nous existons, et qu’il n’y a pas de raison que nous soyons plus privilégié qu’une autre civilisation, et que nous ne voyons aucun extraterrestre, cela signifie que la vie <em>est</em> rarissime. Dans ce cas, pourquoi y aurait-il d’<em>autres</em> civilisations tout près ?<br />Le simple fait que nous soyons là implique que l’univers est assez hospitalier pour nous, y compris dans son absence de civilisations prédatrices, donc peut-être de civilisations étrangères tout court (<em>probablement</em>...).</li>
</ul>
<p>2) <strong>Nous ne sommes pas seuls mais le contact est improbable.</strong></p>
<ul>
<li>L’intelligence est rare et les distances entre civilisations trop longues pour espérer qu’elles se rencontrent avant des milliards d’années.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les distances interstellaires sont en pratique infranchissables, et les communications entre civilisations difficiles voire impossibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les autres intelligences nous sont à jamais étrangères, et nous n’arriverons même pas à les reconnaître.
<ul>
<li>La vie sous la forme que nous connaissons est une aberration et nous empêche de reconnaître les autres intelligences (qui sont des ondes sentientes ou des pierres philosophes, ou raisonnent à des échelles de temps tellement différentes que la reconnaissance est impossible).</li>
<li>Elles utilisent toutes des technologies et philosophies étrangères les unes aux autres.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>L’intelligence est courante, mais pas la civilisation technique.
<ul>
<li>L’apparition d’une civilisation scientifique et technique comme la nôtre est rarissime, les autres chassent, philosophent ou prient toute la journée sans dépasser le stade protohistorique (comme auraient pu le faire des <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents">dinosaures intelligents</a>).</li>
<li>Les intelligences maritimes (comme les dauphins) sont matériellement incapables de développer une civilisation technique.<br />(<strong>Mise à jour de 2011</strong> : Lu récemment un article expliquant que le système solaire est plus riche que la normale en métaux lourds, grâce à une origine dans les ruines d’une supernova ; or ces métaux lourds augmentent la radioactivité et donc la chaleur interne des planètes, forçant l’évaporation de l’eau : sans cela la Terre serait une planète-océan, sans animaux terrestres ).</li>
<li>Plus généralement, la combinaison pied/main/terre ferme/intelligence est propre à l’homme.</li>
<li>Même évoluée, aucune autre civilisation n’a réussi à dépasser le stade de la civilisation esclavagiste qui bride tout progrès technique.</li>
<li>Seul l’homme s’intéresse à l’espace et aux étoiles. Il se pourrait qu’il soit le seul à les voir (des taupes, des dauphins, des fourmis... penseraient que le monde est fini).</li>
</ul></li>
</ul>
<p>3) <strong>Une civilisation ne colonise jamais une grande fraction de la galaxie ni ne communique bien loin.</strong></p>
<ul>
<li>Il est matériellement impossible à une civilisation de s’étendre loin de son système solaire :
<ul>
<li>Les distances interstellaires sont trop grandes pour pouvoir les franchir à des vitesses non relativistes, et les vitesses relativistes sont impossibles à obtenir en pratique.</li>
<li>Le vol interstellaire offre des obstacles inconnus en plus des distances incommensurables et du temps de voyage.</li>
<li>Aucune civilisation capable de vol interstellaire n’arrive à maintenir une dynamique d’expansion pendant les centaines de milliers d’années que nécessite la colonisation d’une part importante de la galaxie.</li>
<li>Toute expansion galactique implique la fragmentation d’une civilisation, des conflits voire des guerres, qui causent sa perte.</li>
<li>Les contraintes économiques (qui découlent des contraintes physiques et matérielles universelles) rendent la colonisation d’autres systèmes solaires impraticables (difficulté de terraformation, délais, etc.). Le coût faramineux de la conquête spatiale ne se justifierait jamais, sauf crise interne (démographique, guerre...) qui soit mènerait à la fin de la civilisation avant, soit serait résolue avant que la conquête soit sérieusement entamée et économiquement soutenable. (Le cas se présente déjà chez nous : la conquête de la Lune est fille de la Guerre Froide, et nous n’y sommes pas retourné.)</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les civilisations ne cherchent pas à s’étendre dans la galaxie :
<ul>
<li>Seuls les hommes ont une réelle envie d’aller coloniser toujours plus loin. Comme la Chine de la Renaissance et d’après, la plupart des civilisations se contentent de se regarder le nombril.</li>
<li>Quand une civilisation arrive au niveau technologique permettant le voyage interstellaire, elle a forcément perdu le dynamisme et le goût de l’expérimentation — sinon elle se serait autodétruite plus tôt.</li>
<li>Avant même de conquérir les étoiles, chaque civilisation découvre un jour d’autres univers plus accessibles qui l’en détournent :
<ul>
<li>les mondes virtuels (<em>World Of Warcraft</em> n’est qu’un début, et l’expansion de ces mondes ne dépend que de l’énergie disponible) ;</li>
<li>les univers parallèles (cf <em>Demain les chiens</em> de Clifford Simak) ;</li>
<li>d’autres mondes au sein même de son système solaire (<em>ibid.</em>).</li>
</ul></li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les communications intergalactiques par radio ou autre moyen sont impossibles (noyées dans les parasites...).</li>
</ul>
<p>4) <strong>Les civilisations sont mortelles et ne durent pas assez longtemps</strong>.</p>
<ul>
<li>Toute civilisation finit par se détruire elle-même, sinon sa planète, dans une crise de croissance :
<ul>
<li>L’expansion démographique incontrôlée mène à des crises économiques fatales par manque de ressources, voire des guerres.</li>
<li>L’apocalypse atomique a forcément lieu à une époque ou une autre (pour notre part, nous avons évité la IIIè Guerre Mondiale, mais une guerre atomique reste plausible).</li>
<li>Des armes bactériologiques trop radicales sont forcément utilisées dans une guerre, voire involontairement.</li>
<li>Aucune civilisation n’arrive à atteindre un niveau de sagesse collective assez rapidement avant que les armes de destruction massives ne soient accessibles à des fous (sommes-nous encore à l’abri ?).</li>
<li>(<strong>Ajout de 2011</strong>) Une civilisation qui découvre l’informatique, la robotique… se repose trop vite dessus et fatalement arrive un pépin qui fait s’effondrer cette civilisation :
<ul>
<li>cette informatique se retourne même contre ses créateurs (l’option <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Skynet_(Terminator)" hreflang="en">Skynet</a></em>) ;</li>
<li>au mieux les humains ou extraterrestres deviennent technophobes ; au pire ils disparaissent.</li>
</ul></li>
<li>Les perturbations de l’écosystème planétaire lors de la croissance sont à terme fatales à toutes les civilisations avant qu’elles puissent quitter leur système solaire.</li>
<li>Toutes les civilisations épuisent leur planète avant d’avoir réussi à atteindre le stade interstellaire, et ne peuvent progresser plus loin.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Toute civilisation qui survit à sa crise de croissance à l’ère industrielle finit alors par sombrer dans l’hédonisme, le confort, la paresse, sans forcément que ce soit assimilable à une décadence — toujours est-il qu’elle ne se donne alors pas la peine d’explorer la Galaxie.</li>
</ul>
<p>5) <strong>Les civilisations ne peuvent cohabiter.</strong></p>
<ul>
<li>Scénario <em>Independance Day</em> : la première civilisation apparue dans la galaxie se pose en prédatrice, par nature, besoin ou précaution, et, favorisée par son avance technologique, élimine toutes les autres qui pourraient lui faire de l’ombre (violemment ou subtilement), ou du moins les empêche de quitter leur planète.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le scénario des <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Von_Neumann_probe#Implications_for_Fermi.27s_paradox" hreflang="en">machines autoréplicantes de Von Neumann</a> est inquiétant : tôt ou tard, une civilisation assez évoluée crée une espèce de machines capable de se reproduire toutes seules à partir des ressources des planètes rencontrées.<br />Elles peuvent servir d’avant-garde pour l’exploration, mais le taux d’accroissement forcément gigantesque de ces machines implique qu’une fois lâchées dans l’espace libre elles éradiqueront toute concurrence, c’est-à-dire toute civilisation (et éventuellement celle qui leur a donné naissance).</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus généralement : les civilisations qui se manifestent (en se répandant, en émettant inconsidérément des ondes radio...) tombent victimes des prédateurs ci-dessus ou d’un autre danger quelconque ; les autres se terrent. La vie intelligente n’est pas forcément rare, mais elle est cachée.</li>
</ul>
<ul>
<li>La dernière guerre galactique (éventuellement au sein d’une seule espèce) a ramené toutes les civilisations au stade préindustriel, ou pire :
<ul>
<li>Nous sommes la dernière espèce intelligente de la galaxie.</li>
<li>Les espèces précédentes ont été annihilées et nous faisons partie de la vague suivante des nouvelles civilisations, dont aucune ne s’est encore répandue très loin dans la galaxie.</li>
<li>Notre développement a été inhibé jusqu’à la disparition de l’espèce précédente.</li>
<li>(<strong>Ajout de 2011</strong>) Ceci peut être un cycle qui se répète tous les quelques milliers d’années dans chaque coin de la Galaxie, garantissant que l’espace ne sera jamais bien rempli, ou qu’une civilisation a une forte probabilité d’être la seule dans un certain espace, puisque le vide se fait très vite au-delà d’une certaine densité.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>6) <strong>Le « zoo spatial »</strong></p>
<ul>
<li>Nous ne sommes pas seuls, mais les extraterrestres s’interdisent de nous rencontrer.
<ul>
<li>Les communications sont bloquées et interdites.</li>
<li>Notre espace proche est délibérément protégé de toute manifestation apparente extraterrestre.</li>
<li>Les rencontres du IIIè type avec des explorateurs ou des touristes arrivent de temps à autre (OVNI) mais nous semblent tellement extraordinaires que nous n’y croyons pas.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils nous étudient de loin jusqu’au jour où nous serons :
<ul>
<li>civilisés et fréquentables ;</li>
<li>trop dangereux pour être tolérés plus longtemps ;</li>
<li>en train de nous suicider collectivement ;</li>
<li>bons à manger.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils n’ont pas <em>besoin</em> de venir jusque sur Terre pour nous connaître. Un télescope à des années-lumière peut suffire pour tout savoir sur nous.
<ul>
<li>Et chaque civilisation se contente de regarder ainsi les autres (ce qui permettrait d’ailleurs de communiquer) sans investir dans les voyages interstellaires.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Le refus des extraterrestres de communiquer peut s’expliquer de mille façons :
<ul>
<li>Ils nous protègent contre des influences qui nous détruiraient si nous les rencontrions trop tôt.</li>
<li>Ils ont peur d’espèces encore immatures comme la nôtre.</li>
<li>Ils nous « élèvent » en dirigeant à un degré ou un autre notre évolution (hypothèse <em>2001</em>), ou pas du tout, en attendant de voir ce que cela donnera.</li>
<li>Ils se contrefichent d’espèces inférieures comme la nôtre (de la même manière qu’un humain ne cherche pas à communiquer avec des fourmis).</li>
<li>Nous sommes dans une « réserve » protégée en attendant que nous grandissions.</li>
<li>Ils jouent avec nous comme nous comme dans un jeu vidéo (comme dans un <em>Populous</em> ou un <em>Sim City</em> géant).</li>
</ul></li>
</ul>
<p>7) <strong>Ils sont là (en tout cas pas trop loin) et nous ne les voyons pas.</strong></p>
<ul>
<li><em>(Hypothèse paranoïaque)</em> Les « petits gris » dirigent déjà notre monde en sous-main.
<ul>
<li>Éventuellement, plusieurs factions d’une « guerre froide » cherchent à mettre la main discrètement sur notre planète.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Ils sont là et ce sont les dauphins (hypothèse défendue dans le <em>Guide galactique</em> de Douglas Adams), les baleines à bosse (cf <em>Star Trek</em>), les chats et les chiens (<em>Cats & Dogs</em>), les <em>colonies</em> de fourmis ou termites, des rochers à la perception trop lente pour nous, etc.</li>
</ul>
<ul>
<li>Ils sont passés alors que nous n’étions pas encore là, et n’ont même pas laissé de poste d’observation.</li>
</ul>
<ul>
<li>Les communications entre civilisations nous sont inaccessibles :
<ul>
<li>Elles utilisent des technologies encore inconnues. Le SETI écoute les ondes radio de la même manière qu’un Indien chercherait les signaux de fumée des Blancs sans reconnaître un fil télégraphique.</li>
<li>Elles sont indiscernables d’un bruit car trop bien cryptées/compressées.</li>
<li>Pour économiser l’énergie elles sont focalisées sur leur cible, et nous ne pouvons pas les capter.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>Les manifestations « macroscopiques » des extraterrestres nous sont masquées :
<ul>
<li>Nous interprétons comme artefacts naturels des chefs d’œuvre d’ingénierie interstellaire (supernovas, quasars...).</li>
<li>Une civilisation assez évoluée économise l’énergie et réduit donc sensiblement ses émissions sur toutes les longueurs d’onde (une <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphère_de_Dyson">sphère de Dyson</a> masque même une étoile — (<strong>Ajout de 2011</strong>) quoique certains <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/Telepolis-special-Kosmologie">cherchent les émissions infrarouges que la sphère doit forcément émettre</a>).</li>
<li>Les civilisations se cachent pour éviter d’être repérées par d’autres espèces éventuellement agressives.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>8) <strong>Ils sont déjà là, et c’est nous.</strong></p>
<ul>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Panspermie">panspermie</a> <em>est</em> le moyen choisi par la première civilisation intergalactique pour se répandre dans l’univers.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous <em>sommes</em> ces fameuses machines de von Neumann, dont les plus efficaces fonctionnent à base d’ADN.</li>
</ul>
<ul>
<li>Nous sommes les descendants d’une entité de colonisation.
<ul>
<li>Nous avons colonisé ce monde en adaptant notre biologie à celle dominante, ce qui explique notre apparente proximité avec le reste du monde.</li>
<li>Nous avons pris possession des cerveaux de la première espèce capable de les accueillir.</li>
<li>Les extraterrestres ont pris la place de dieux ou de rois autrefois, et ont dominé le monde ; ils ont disparu mais nous ont laissé les bases de la civilisation.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>9) <strong>Problèmes fondamentaux rendant le paradoxe insoluble</strong></p>
<ul>
<li>Nous ne connaissons pas grand-chose en-dehors de notre civilisation sur notre planète, et nous manquons d’informations pour faire autre chose que des hypothèses. Après tout, notre vision de l’univers change tous les siècles...</li>
</ul>
<ul>
<li>Parler des motivations d’extraterrestres à la biologie et à la culture totalement étrangères, possédant plusieurs millions d’années de civilisation d’avance sur nous, est pour le moins présomptueux.</li>
</ul>
<p>Plusieurs options peuvent se cumuler. Par exemple, l’intelligence peut être effectivement rarissime dans la Matrice qui abrite notre univers, lui-même conçu comme boîte de Pétri géante par une intelligence qui a ensemencé notre planète par son propre ADN, la dirige en sous-main, et a ajouté quelques machines de von Neumann prédatrices pour éliminer les rares autres civilisations qui ne se seraient pas auto-détruites.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/06/08/54-le-paradoxe-de-fermi#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/53“The Ig Nobel Prizes” de Marc Abrahamsurn:md5:d852f896d25bad19671cf53689d5bfb62008-04-26T19:17:00+00:002011-05-29T20:25:27+00:00ChristopheScience et conscienceconquête de l’inutilehumourMurphyperspectivesciencespéculation<p>La Science doit faire rire... et penser.</p> <p>Décernés annuellement par le <del>très sérieux</del> magazine <em><a href="http://www.improbable.com/" hreflang="en">Annals of Improbable Research</a></em>, les prix Ig Nobel récompensent, dans des catégories variant chaque année, des recherches qui ne peuvent ou ne doivent pas être reproduites (officiellement), et (officieusement) des recherches qui font rire certes, <em>mais aussi penser</em>.</p>
<p>Parce que mine de rien, il y a une morale derrière la plupart des prix décernés. Beaucoup récompensent des sujets rigolos, mais qui dans certains contextes sont tout à fait sérieux, par exemple le Prix Ig Nobel 1996 de Biologie décerné à des recherches sur la stimulation de l’appétit des sangsues avec de la bière, de l’ail... L’échec de la démonstration d’un effet stimulant intéressera certains chirurgiens qui utilisent ces petites bêtes !</p>
<p>Dans la même catégorie, je citerai encore l’Ig Nobel 2000 de Médecine qui couronne une étude par IRM des organes humains <em>pendant</em> l’accouplement (les obstacles matériels à l’étude ne furent rien à côté des administratifs), avec découvertes à la clé. Ou encore le prix de la même catégorie de l’année suivante sur les blessures engendrées par la chute de noix de coco en Papouasie-Nouvelle Guinée (ne riez pas, des gens en meurent).</p>
<p>Certaines recherches sont carrément des découvertes fondamentales, dont on pouvait se douter parfois, mais il fallait le démontrer : l’Ig Nobel 2000 de Psychologie a été décerné à des Américains qui ont montré que les gens incompétents sont justement les moins bien placés pour se savoir incompétents, et sont justement ceux qui se surestiment le plus. Ce qui explique bien des choses sur la bêtise humaine...</p>
<p>D’autres prix sont ironiquement politiques — comme celui de la Paix décernés à Jacques Chirac, pour avoir fêté le 50è anniversaire d’Hiroshima avec la reprise d’essais nucléaires dans le Pacifique, ou encore le Prix 2002 d’Économie à Enron et bien d’autres pour leur découverte des nombres imaginaires dans leur comptabilité. Ou, au deuxième degré, celui de Technologie attribué en 2001 à celui qui parvint à breveter la roue en Australie. Ou encore le prix attribué à un ancien Vice-Président américain au QI digne de W.</p>
<p>Les Prix honorent aussi de doux dingues au grand sérieux scientifique, par exemple le père de la centrifugeuse pour aider les parturientes à accoucher (prix 1999 de la Santé), ou le créateur de la combinaison anti-grizzlys (Ig Nobel 1998 de Sécurité).</p>
<p>Par contre, la dernière catégorie se fiche ouvertement d’égarés très loin de la science « officielle », dont personne n’arrive à reproduire les résultats hautement surprenants, comme Louis Kervran et sa fusion froide <em>in vivo</em> ou Jacques Benveniste et sa mémoire de l’eau (ce dernier a même reçu un deuxième Ig Nobel de Chimie pour prétendre transmettre cette mémoire par Internet) ; ou encore de vrais escrocs et cinglés complets : l’Ig Nobel de Biologie 1992 a été attribué a un médecin qui, entre autres, inséminait des femmes avec son propre sperme au lieu de donneurs anonymes.</p>
<p>Nombre de lauréats des prix se sont déplacés à leurs frais pour accepter le prix, ou ont envoyé un message. D’autres n’ont pas eu cette sportivité, ou « avaient d’autres engagements » (parfois de la taule).</p>
<p>Et évidemment je termine en citant mon prix préféré, celui de Physique en 1996 décerné au génial Robert Matthews, pour son étude de la Loi de Murphy dans le cadre de la chute de la Tartine Beurrée (<a href="http://ourworld.compuserve.com/homepages/rajm/toast.htm" hreflang="en">résumé ici</a>, voir aussi le <em>Pour la Science</em> n°234 d’avril 1997). Cet article conclue que le beurre est négligeable, et que la rotation partielle de la tartine est inévitable pour des raisons qui tiennent à la structure fondamentale de l’Univers : celui-ci nous est donc <em>fondamentalement</em> hostile.</p>
<p>Ce petit livre paru en 2002 recense de nombreux prix décernés jusqu’à cette date, mais pas ceux d’après hélas. Le ton est délicieusement pince-sans-rire et ironique.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/04/26/503-the-ig-nobel-prizes-de-marc-abrahams#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/448Coloniser le désert de Gobi plutôt que Marsurn:md5:45b82bb0348d0d477ca2729527ce7e752008-02-19T20:08:00+00:002011-05-26T19:14:06+00:00ChristopheMarsbesoinbon sensChinecivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialecosmologiecourt termedilemmedommagedémographieeaueffet de serreenvieEuropeexaptationgigantismegravitationincohérenceintelligence artificielleMarsmytheoptimisationparadoxepessimismerobotssciencescience-fictionspéculationéconomieÉtats-Unisévolution<p>Une provocation de Bruce Sterling : pourquoi conquérir un but aussi éloigné que Mars quand les déserts terrestres nous tendent les bras ?</p> <p>C’était en 2004. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruce_Sterling">Bruce Sterling</a>, rien moins que l’un des fondateurs du mouvement SF <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyberpunk">cyberpunk</a>, ramenait violemment sur Terre tous les rêveurs qui, de moi à <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche">Brian Aldiss</a> ou <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">Kim Robinson</a>, s’imaginent entamer la colonisation de Mars dans quelques décennies au maximum.</p>
<blockquote><p><em><a href="http://www.boingboing.net/2004/01/08/sterling_ill_believe.html" hreflang="en">“I’ll believe in settling Mars when I see people settling the Gobi Desert.”</a></em> <br /> <br />(« Je croirai à la colonisation de Mars quand je verrai des gens coloniser le désert de Gobi. »)</p></blockquote>
<p>Son idée est que Gobi est sans intérêt, et trop inhospitalier pour bon nombre de raisons. Et les gens qui s’y établiraient délibérément seront les premiers candidats à la vie sur une Mars qui est mille fois plus aride, plus inhospitalière que Gobi. Il ajoute que la civilisation possédant une technologie capable de terraformer Mars se sera d’ailleurs elle-même transformée en chemin, ce qui rend vaine toute supposition sur ses motivations. (Le thème des humains modifiés, génétiquement ou par implants, occupe d’ailleurs la place centrale de ses livres.)</p>
<p>Sterling ne dit pas qu’<em>aller</em> sur Mars, ou y laisser une base avancée, est utopique. Des scientifiques occupent des bases en Antarctique, mais personne ne songe à <em>coloniser</em> ses arpents de neige. Ce sera pareil pour Mars.</p>
<p>(Fin de résumé/paraphrase.)</p>
<p>Diantre, que de pessimisme de la part d’un personnage qui par profession serait normalement plus enclin à voir l’homme se répandre dans la Galaxie ! Mais le rêve n’empêche manifestement pas de savoir garder les pieds sur terre.</p>
<h3>Le Paradis de Gobi contre le cauchemar martien</h3>
<p>On aura beau jeu de rétorquer que le désert de Gobi <em>est</em> habité. <a href="http://dinosoria.com/desert_gobi.htm">Par quelques nomades mongols et leurs troupeaux</a>. Pourtant Gobi fait partie d’un pays surpeuplé, la Chine. Si Mars était seulement aussi aride — et malgré tout « habitable » — que Gobi, ou que la froide Sibérie, ou que le Kalahari, et distant d’un jour de marche, oui, certains nomades et quelques ermites iraient sans doute s’y établir.</p>
<p>Mais Mars est à 55 millions de kilomètres (strict minimum), les tempêtes y sont apocalyptiques, et il n’y a rien à y respirer. Les habitants de Gobi ne possèdent pas d’astronef interplanétaire, ont besoin d’oxygène, et ne doivent pas considérer leur zone comme surpeuplée, donc ils ne vont pas sur Mars.</p>
<p>À l’inverse, des habitants de zones surpeuplées cherchant de la place ne vont même pas dans les déserts proches (Gobi, Sahara ou Arizona). Et ce alors que la technologie humaine, antique ou actuelle, y permet la survie, et que le lien avec les zones plus peuplées est « rapide » (des heures d’avion ou des jours de chameaux au pire). Exception : Las Vegas, qui n’est là justement que comme partie d’une nation beaucoup plus habitable.</p>
<p>Pour Mars, il faut des mois de voyage, et le soutien technologique d’une superpuissance pour y survivre. Pour les mêmes raisons que Mars, l’Antarctique n’est pas colonisée (au pire elle sera exploitée pour son pétrole, son cuivre ou son zinc par quelques techniciens).</p>
<h3><em>Freakonomics</em> appliqué à Mars</h3>
<p>Bref, comme dirait <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/10/30/292-freakonomics-de-levitt-dubner">Levitt</a>, finalement c’est économique, on ne va que là où c’est économiquement réaliste.</p>
<p>Ajoutons trois choses :</p>
<p>D’abord, même si envoyer du monde sur Mars devenait aussi facile que vers la Lune grâce à Dieu sait quel mode de propulsion, et devenait cent fois moins cher grâce à la mise en place d’un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, une colonisation massive (des millions de personnes) resterait utopique, ou serait en tout cas effroyablement ruineuse. Bref, Mars deviendrait au mieux un territoire vierge où on rencontrerait ici ou là un hameau, une base scientifique, une petite ville. On est loin de l’Europe du XIXè siècle qui déversait ses excédents de population en Amérique.</p>
<p>Ensuite, la motivation des colons entre évidemment en compte. Qui va effectuer un voyage dangereux, long (des mois, probablement), pour un lieu désolé, où rien ne pousse, où il n’y a aucune industrie ? Des scientifiques, des fous, des aventuriers, des touristes, des techniciens du calibre de ceux qui vont sur les plate-formes pétrolières. (Les pauvres désespérés, SDF parisiens ou paysans du Sahel, ne pourront jamais s’offrir le billet, et personne ne leur offrira sans bonne raison, notamment sans une société martienne <em>déjà</em> présente.)</p>
<p>Vu le prix du billet, du séjour et du ravitaillement, et l’ensoleillement, je doute cependant que Mars devienne une destination aussi courue que les plages tunisiennes ; en tout cas il ne faut pas espérer qu’une société martienne puisse vivre des quelques touristes qui pourront aller là-bas juste admirer <em>Valles Marineris</em>.</p>
<p>D’autre part, pour « exploiter » les touristes, il faut une infrastructure déjà en place, donc du monde, ce que n’importe quel pays du Tiers Monde possède, mais pas Mars. Ce monde (conjoints, famille, médecins, coiffeurs, policiers, administratifs...) viendra en soutien des travailleurs (techniciens miniers ou GO du Club Méd’), et donc on revient au problème principal : que faire sur Mars d’intéressant, c’est-à-dire d’<em>économiquement rentable</em> ?</p>
<p>Enfin, notre espèce n’est peut-être sociale, mais elle est en tout cas grégaire<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-1" id="rev-pnote-354-1">1</a>]</sup>. La surpopulation locale n’est pas un problème : le taux d’urbanisation s’envole depuis deux siècles, les Chinois s’entassent sur leur côte est, les Américains dans quelques mégalopoles, les Français pour une bonne partie en région parisienne, etc. Le désert de Gobi n’est pas près d’être colonisé quand la Creuse, bien plus accueillante, se dépeuple. La population mondiale a explosé, mais les guerres pour des terres à coloniser n’existent quasiment plus entre États modernes. Nous ne sommes plus à l’époque des grands défrichements de l’apogée du Moyen Âge, ni de la conquête du <em>Far West</em> par des fermiers arrivés d’une Europe surpeuplée : dans notre civilisation industrielle les gens vont là où il y a du travail, et tant pis pour les prix délirants de l’immobilier. Je ne crois pas au télétravail pour inverser rapidement et massivement la tendance.</p>
<h3>Trop cher</h3>
<p>Oui, la conquête de Mars est romantique, c’est la prochaine étape de la conquête spatiale, le premier des objectifs difficiles, lointains mais réalistes que nous pouvons nous donner. Les Américains ou les Chinois iront sur Mars, oui, motivés d’abord par la gloriole. Et comme pour la Lune, ce sera sans doute juste pour planter un drapeau, collecter quelques cailloux, et repartir. Le prix effroyablement élevé d’une base permanente ne se justifie que très difficilement, alors pour une population plus importante, il faudra un intérêt économique supposé, même aléatoire.</p>
<p>Pour la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Station_spatiale_internationale">station spatiale internationale</a>, la justification scientifique est déjà tellement « limite » que les gouvernants hésitent à lâcher les milliards nécessaires. C’est d’ailleurs là que se situe le principal obstacle pour des projets de cette échelle : seuls des gouvernements d’États-continents (USA, Chine, Europe) peuvent aligner l’argent ; les projets privés sont irréalistes. Et un gouvernement est imperméable au romantisme. Christophe Colomb a été sponsorisé par l’Espagne pour rechercher des routes commerciales, pas pour faire de la recherche fondamentale en géographie.</p>
<p>Pour relancer la conquête de la Lune, <a href="http://www.onversity.net/cgi-bin/progactu/actu_aff.cgi?Eudo=bgteob&P=00000910">la NASA parle d’y chercher l’Hélium-3 qui alimenterait les centrales à fusion de la deuxième moitié du siècle</a>. Objectif douteux, et trop lointain, vaguement plausible. Mais la Lune est à trois petits jours de voyage. Accessoirement, pour utiliser des centrales à fusion à hélium, il faudrait déjà maîtriser celles à hydrogène — on en reparle en 2060.</p>
<p>J’ai du mal à imaginer ce qui serait exploitable sur Mars. Du pétrole ? Il aurait fallu des forêts autrefois. Du minerai ? Lequel ? Du CO₂ ? Nous en avons même trop, et Mars pas assez. Cependant, même si des mers de pétrole ou des mines de platine pur y était découvertes, le prix du transport serait tel que cela n'en vaudrait pas la chandelle. Quant à d’autres besoins... lesquels ? Que pouvons-nous faire sur Mars (hors l’étude de Mars) qui ne soit possible beaucoup plus près comme sur Terre, sur la Lune, ou simplement dans l’espace même, en orbite proche ou pas ?</p>
<p>La recherche d’une vie sur Mars est un objectif justifiant d’y envoyer des scientifiques, mais pas des colons. Ajoutons l’argument qui veut que pour le prix du billet d’un humain, on pourrait y envoyer une flotte entière de robots, certes limités, mais bien moins chers, et peut-être suffisants — en tout cas les gestionnaires qui lâcheront les crédits le verront comme ça. La robotique avance d’ailleurs plus vite que l’astronautique interplanétaire, et le retour sur investissement est plus rapide (les avancées technologiques se retrouvent très vite appliquées à l’industrie terrestre).</p>
<h3>Un pic à franchir</h3>
<p>Il ne s’agit pas de nier que la colonisation de Mars, sur le long terme, serait forcément une mauvaise opération. La conquête de la Lune a été remboursée plusieurs fois par les innovations qui ont été ensuite recyclées dans le « civil », l’envoi d’une mission sur Mars pourrait se justifier aussi ainsi. Sur le très long terme, que l’homme se répande sur une deuxième planète est un gage de survie à long terme de l’espèce. De là à investir massivement dans une colonisation... Notre époque a l’obsession du <a href="http://www.chef-de-projet.org/ROI.htm">retour sur investissement</a> rapide, et la terraformation est lointaine, aléatoire, et sans intérêt immédiat.</p>
<p>Sauf invention révolutionnaire par définition imprévisible, ou décision d’un gouvernement très volontaire qui aime les grands travaux (les Chinois ?), la colonisation martienne est face à un « mur de potentiel ». Le transport de la moindre denrée ou matériel est hors de prix. Si une justification économique existait (un minerai quelconque ?), et que notre société décidait collectivement d’aller l’exploiter, les masses d’argent en jeu nous pousseraient à les investir plutôt dans la substitution.</p>
<p>Or aucune colonisation ne démarrera sans justification économique. Le tourisme ou l’exploitation secondaire de ressources marginalement rentables suivrait sans doute si un premier circuit économique est en place. Mais, encore une fois, lequel ???</p>
<p>Deuxième mur de potentiel : toujours pour des raisons économiques et de protection de la vie humaine, une entreprise investissant dans Mars cherchera plus à y placer des robots que des humains. De l’exploitation sans colonisation donc. Même si ces robots se trouvent pilotés par des humains en réalité virtuelle, voire des trans-humains numérisés qui se téléchargeraient dans les robots — peut-on parler de colonisation dans ce cas ?</p>
<h3>Terraformation</h3>
<p>La colonisation de Mars (et non juste une tête de pont) n’a effectivement
pas de sens sans terraformation de la planète. Celle-ci est hors de portée. Il faudra donc attendre un temps où nous aurons les capacités d’oser même y penser. Mais la facture sera très salée et la terraformation étalée sans doute sur des siècles. Le personnel nécessaire justifierait un début de colonisation, mais la « rentabilité », certes positive sur le très long terme (nous serions enfin à l’abri d’une catastrophe globale sur Terre<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#pnote-354-2" id="rev-pnote-354-2">2</a>]</sup>) serait contrebalancée par le coût énorme à supporter pendant longtemps.</p>
<p>Ce peut être une décision politique (« Offrons-nous une deuxième planète !») qu’une société plus volontaire que la nôtre prendra peut-être. Ce peut être un moyen délibéré d’investir dans la recherche massivement, et qu’importe le but — mais pourquoi ce but-là (soyons cynique : terraformer Mars est plus clinquant que de sortir la moitié de l’humanité de la misère) ? Imaginons un rebond de la natalité occidentale couplé à de nouvelles inventions, ou un maintien du volontarisme chinois d’aller toujours plus avant, ou (comme dans la <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson">trilogie de Robinson</a>) une quasi-immortalité acquise par la médecine, nous rendant capables de planifier des projets aussi longs, et les justifiant par la place à conquérir. On en est donc réduit à imaginer des justifications de science-fiction.</p>
<p>Bref, si une vraie conquête de Mars est lancée ce siècle, ce ne sera probablement pas une décision rationnelle. L’humanité, il est vrai, en prend rarement collectivement.</p>
<h3>La prédiction est toujours difficile, surtout en ce qui concerne le futur</h3>
<p>Quand on se lance dans une telle discussion, il est toujours facile de trouver des exemples et contre-exemples sur le dépassement des limites économiques apparemment infranchissables. Les murs de potentiel s’effritent avec la technologie.</p>
<p>En cinquante ans, nous avons pris l’habitude de transporter des quantités monstrueuses de marchandises périssables ou très bon marché d’un hémisphère de la planète à l’autre ; cela aurait semblé utopique il n’y a pas si longtemps. Utiliser les tendances et contraintes actuelles pour prévoir le futur est toujours une manière efficace de se tromper, et une découverte par définition imprévisible peut redistribuer les cartes : un moteur quelconque pourrait raccourcir le voyage vers Mars à deux semaines, ou une percée spectaculaire dans l’ascenseur spatial, ou une autre technologie pourrait réduire le coût massivement et, couplé au manque criant de matières premières sur Terre, lancer une exploitation minière rentable des planètes et astéroïdes proches. Ou les contraintes écologiques terriennes enverront progressivement toutes les usines polluantes sur la Lune voire plus loin.</p>
<p>J’aime beaucoup la formule « <em><a href="http://science.slashdot.org/comments.pl?sid=287435&cid=20463705" hreflang="en">someone with a dream will harness the resources necessary to profit from the benefits that you cannot yet foresee.</a></em> ». Des <a href="http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/univers/d/hotel-spatial-et-si-le-reve-devenait-realite-maj_9315/">entreprises privées</a> tentent bien déjà un <a href="http://space.xprize.org/x-prize-cup/" hreflang="en">accès autonome</a> à l’espace, souvent comme « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Armadillo_Aerospace" hreflang="en">danseuse</a> » d’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_D._Carmack" hreflang="en">un milliardaire</a>. Mais l’investissement privé, sur le long terme, ne se maintient que s’il trouve une justification économique, les richissimes aventuriers ne jouant que le rôle de catalyseurs.</p>
<p>À l’inverse, une confiance aveugle dans l’avenir est aussi un moyen de se tromper. La Lune a bien été conquise — et ça n’a <em>rien</em> lancé. Toute l’histoire de l’astronautique depuis tourne uniquement autour de l’exploitation économique de l’espace proche (les satellites espions, météo, de communication, scientifiques...) et d’une poignée de sondes lointaines, dans l’attente de l’avancée technologique qui relancerait la machine. Quant à ces évolutions, d’une part elles ne se décrètent pas, d’autre part elles nécessitent des investissements, du temps, et une société accueillante pour fleurir.</p>
<h3>Échelle de temps</h3>
<p>Attention, je ne parle ici que du court et moyen terme, disons le XXIè siècle. Sur plus d’un siècle, tout et n’importe quoi peut se passer, surtout ce à quoi nous ne nous attendons pas. Dans mille ans, les contraintes économiques auront changé, et le tourisme sur Mars sera peut-être devenu un caprice accessible à beaucoup. La terraformation sera peut-être en cours voire achevée. L’intérêt minier de Mars sera peut-être réel, rien que pour alimenter l’économie locale. Après tout, dans la <em><a href="http://gotomars.free.fr/voie.html">Voie martienne</a></em>, Asimov décrit bien des Martiens obligés d’aller chercher leur précieuse eau dans les anneaux glacés de Saturne. Ou bien l’humanité sera peut-être réduite à quelques pauvres hères sur une planète cuite à l’étouffée dans son CO₂, incapables d’aller plus loin que la prochaine oasis.</p>
<p>Et même : comme le conclut Sterling, une civilisation capable de coloniser Mars aura sans doute bien mieux à faire que de s’occuper d’un caillou sans vie. Les mondes virtuels, ou des civilisations se construisant carrément leurs petits paradis dans l’espace interplanétaires, ne constituent que deux exemples. Ou encore, avant Mars, cette civilisation aura sans doute déjà cherché à occuper des zones inoccupées comme Gobi ou la Sibérie (encore une fois, pour y faire quoi ?). Alors, le clone numérique de Sterling croira peut-être à la colonisation martienne.</p>
<p>De toute manière, comme le remarque aussi Sterling, à quoi ressembleront les humains à cette époque ? J’ai évoqué des trans-humains qui se téléchargeraient dans des robots, ou des gens vivant uniquement en réalité virtuelle, il y a aussi le cas des cyborgs pouvant vivre n’importe où. Quels seraient les limitations et les besoins de tels « humains » ?</p>
<p>Enfin, donnons tout de même une dernière raison pour laquelle Mars sera peut-être terraformée quand le désert de Gobi restera sans vie : le sain conservatisme écologique. Nous commençons tout juste à comprendre comment fonctionne notre planète, et quand on lit ici ou là que les poussières du Sahara fertilisent l’Amazonie ou que les Rocheuses impactent le climat européen plus que le Gulf Stream, il est clair que terraformer une <em>autre</em> planète est moins risqué que de vouloir « finir » la terraformation de la seule que nous ayons pour le moment.</p>
<h3>PS</h3>
<p>Devoir pour moi-même ou mes descendants, en 2100 voire avant : dans ce billet, qu’est-ce que je n’ai <em>pas</em> vu qui semblera tellement évident quelques décennies plus tard, et qui flanque par terre tout le raisonnement ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-1" id="pnote-354-1">1</a>] Dixit <em>John Brunner</em>.</p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#rev-pnote-354-2" id="pnote-354-2">2</a>] <em>Mais toujours pas d’une guerre mondiale, cette fois interplanétaire, qui emporterait les deux planètes, et l’humanité par la même occasion.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/354“Red Mars”, “Green Mars”, “Blue Mars” de Kim Stanley Robinsonurn:md5:0a40dae22e0533869c05c44ac1166a162007-06-01T07:47:00+00:002009-07-04T18:02:58+00:00ChristopheMarsauto-organisationcatastropheChinecivilisationcolonisationcommunismeconquête spatialecynismedilemmedémocratiedémographieeaueffet de serregigantismegéopolitiquehard scienceimpérialismeIndelibertélivres lusMarsmythenatureoptimismeouverture d’espritpessimismepolitiquepsychologieRésistancesciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsterrorismeténacitéutopieécologieéconomieémerveillementÉtats-Unisévolution<p>La Trilogie martienne est <ins>LA</ins> référence en matière de science-fiction réaliste sur la colonisation de Mars</p> <p>La trilogie <em>Red Mars</em>, <em>Green Mars</em>, <em>Blue Mars</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-1" id="rev-pnote-313-1">1</a>]</sup> est <em>le</em> livre de SF sur la colonisation et la terraformation de Mars. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Robinson</a> a effectué un travail de titan pour rendre plausible chaque étape du processus.</p>
<p>Les trois tomes se réfèrent aux trois étapes de la transformation de la planète en petit paradis :</p>
<ul>
<li>Encore vierge, Mars est rouge et hostile. Les humains y débarquent (les premiers, « les Cent », servent de fil conducteur aux livres) et s’installent petit à petit. Les effets de la terraformation ne sont pas encore visibles.</li>
</ul>
<ul>
<li>Grâce à la montée des températures et l’apparition d’une véritable atmosphère dense, le lichen et les plantes se répandent, Mars devient verte. La colonisation devient massive, en provenance d’une Terre épuisée.</li>
</ul>
<ul>
<li>Le <em>permafrost</em> martien fond, l’eau liquide ne s’évapore plus, des mers apparaissent, et l’atmosphère devient enfin respirable : Mars devient bleue.</li>
</ul>
<p>Transformer aussi profondément une planète exige des centaines d’années au strict minimum. Pour couvrir la période entière en gardant les mêmes personnages, Robinson leur a offert la quasi-immortalité grâce aux progrès de la médecine. On suit donc « les Cent » au travers des trois tomes, de leurs premiers pas sur le caillou mort aux bains de soleil au bord de la nouvelle mer boréale. Robinson se concentre sur une dizaine d’entre eux, et certains de leurs descendants. Il ne lésine pas sur les introspections psychologiques et les analyses des rapports entre personnages. Cela est plaisant quand les relations interpersonnelles sont le reflet des nombreux affrontements politiques ou philosophiques qui traversent cette histoire de la colonisation martienne ; mais à d’autres moments le propos en est désagréablement alourdi (ces pavés sont pourtant déjà assez lourds).</p>
<p>Le plus intéressant, surtout pour un ingénieur et scientifique comme moi, réside dans l’arsenal de techniques déployées pour transformer le désert martien en contrée bucolique. Le mécanisme de base est similaire à l’effet de serre qui nous préoccupe tant sur Terre : l’atmosphère martienne est saturée de CO2 mais son épaisseur est trop faible. Tous les moyens seront donc bons pour ajouter du CO2. Certaines autres techniques utilisées pour gagner quelques degrés sont de la science-fiction pure, notamment la création d’une lentille orbitale pour concentrer les rayons du soleil.</p>
<p>Autre réalisation titanesque, l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ascenseur_spatial">ascenseur spatial</a>, l’invention qui ferait chuter le coût de la masse en orbite et rendrait enfin l’exploration spatiale bon marché. Quand ce câble qui monte littéralement jusqu’à l’espace est saboté et s’enroule autour de l’équateur martien, il provoque la plus impressionnante des « séquences catastrophes » de la trilogie.</p>
<p>La politique martienne démarre dès les premiers pas des Cent sur la planète. Très vite, les explorateurs sont divisés entre « Verts » (partisans de la terraformation) et « Rouges » (opposants, qui considèrent que Mars doit être préservée). Cette division perdurera chez les descendants et parmi les nombreux colons qui suivront. Politiquement et économiquement, Mars expérimente de nombreux systèmes : les villes naissantes gravitent dans le capitalisme caricatural des métanationales, tandis que les zones à peines habitées testent l’économie du don. De chacune des cités martiennes naîtra un modèle de civilisation différent ; diversité à laquelle les immigrés (y compris Arabes, Indiens, Chinois, Robinson n’est pas trop américano-centrique... ) ajouteront la leur, avec également leurs conflits.</p>
<p>La politique martienne ne se conçoit effectivement pas sans intervention terrestre. Quand ce ne sont pas les métanationales qui dictent leur loi, les nations les plus peuplées d’une Terre en plein chaos climatique exigent que leur population puisse se déverser dans la dérisoire soupape de sécurité martienne. Mais transférer une fraction significative de la population terrienne est illusoire, et le peu qui est possible saturerait déjà les capacités d’absorption de la jeune civilisation martienne, en la précipitant dans le chaos. En retour Mars, creuset politique et technologique, influence la Terre bien au-delà de sa petite population. Une fois la liberté acquise, qu’en faire ? L’isolationisme est tentant mais dangereux.</p>
<p>Bref, dans leur quête pour une planète habitable - et libre - les Martiens ne seront pas au bout de leur peine. Tout amateur de <em>hard science</em><sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#pnote-313-2" id="rev-pnote-313-2">2</a>]</sup> un peu intéressé par la politique-fiction sera comblé.</p>
<p>Pinailleur comme je suis, j’aurais quand même quelques reproches à faire à la trilogie. Sur la forme, il y a quelques pages en trop sur les huit cents de chaque tome. Mais certains lecteurs apprécieront peut-être plus que moi les angoisses existentielles, voire amoureuses, des Cent, et voudront au contraire sauter les descriptions techniques.</p>
<p>Sur le fond, mon principal problème repose sur l’évolution de la Terre qui meurt. La trilogie a déjà dix à quinze ans (les parutions originelles datent de 1992 à 1996) et le futur a rattrapé partiellement la fiction. Dans cette fresque qui s’étale sur au moins deux siècles, la Chine et l’Inde semblent figées dans leur rôle prévisible dans les années 1990, futures superpuissances surpeuplées pas vraiment « mûres ». Or l’<a href="http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/POP910.doc.htm">ONU prévoie une stabilisation de la population mondiale avant 2100</a>, et le déclin démographique de la Chine est pour la prochaine génération : on peut être sûr que le futur ne sera <em>pas</em> comme prévu par Robinson. Surtout en 2300.</p>
<p>(Facile à dire, après coup. Faire de la prospective sans tomber dans le prolongement plus ou moins conscient des tendances actuelles est une mission impossible).</p>
<p>Les problèmes écologiques de la Terre semblent un peu artificiels. Robinson introduit de catastrophiques volcans antarctiques quand le réchauffement planétaire « normal » aurait suffi - mais en parlait-on autant en 1992 ?</p>
<p>Un trait américain de l’auteur surgit dans les révolutions martiennes (une dans le premier tome, une dans le second qui se prolonge dans le troisième) : les Martiens auront-ils vraiment envie de calquer leur histoire sur celle de la naissance des États-Unis ? Il est vrai que le rythme du récit y gagne.</p>
<p>En résumé : un gros pavé pour ceux qui aiment construire des mondes, et ne rechignent ni à la technique, ni à l’utopie. Un des monuments de la science-fiction récente dans ce qu’elle a de plus sérieux et fouillé. Quand je vois une carte de Mars, à présent, je rêve aux villes qui y seront peut-être un jour. Mon rêve est de me payer un voyage dans <em><a href="http://www.nirgal.net/valles.html">Valles Marineris</a></em> pour mon centenaire - sait-on jamais ?</p>
<hr />
<p>Autres sites sur cette trilogie :<br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars">Article Wikipédia</a><br />
<a href="http://branchum.club.fr/mars.htm">http://branchum.club.fr/mars.htm</a><br />
<a href="http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html">http://membres.lycos.fr/starmars/ksr.html</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-1" id="pnote-313-1">1</a>] <em>En français : </em>Mars la rouge<em>, </em>Mars la verte<em>, </em>Mars la bleue<em>.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#rev-pnote-313-2" id="pnote-313-2">2</a>] <em>Branche de la science-fiction la plus attachée à la plausibilité scientifique.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/06/01/349-red-mars-green-mars-blue-mars-de-kim-stanley-robinson#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/313Démographie des électeurs du second toururn:md5:967ae49ebc0a1122715ce5e4c5888c632007-05-07T23:23:00+00:002011-04-03T12:24:20+00:00ChristopheRes publicadémocratiedémographieperspectivepolitiquepériméspéculation<p>Étude et contre-étude sur qui a voté pour qui au second tour de la dernière présidentielle.</p> <p>Dans la blogosphère se répand le lien vers une étude de l’IFOP<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-1" id="rev-pnote-307-1">1</a>]</sup> pour M6 effectuée du 26 au 27 avril 2007, entre les deux tours et avant le débat. <a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/JDD-PRESI20-28-04-2007-16263A.pdf">Elle se trouve sur le site de l’IFOP</a> et des commentaires sont lisibles par exemple sur le <a href="http://www.bigbangblog.net/breve.php3?id_breve=339">Big bang blog</a> (merci aux commentateurs d’ailleurs...). Prévoyant à 0,5 point près le résultat du second tour, avec une abstention correcte, ce sondage semble refléter la réalité.</p>
<p>Selon cette étude, <strong>toutes les catégories de classes d’âge auraient voté majoritairement Royal, sauf les plus de 65 ans, archi-majoritairement sarkozystes</strong> (voir la page 7). Conclusions faciles et immédiates :</p>
<ul>
<li>Sarkozy est le candidat des grand-mères effrayées et des petits vieux qui ne veulent pas que leurs enfants paient des droits de succession ;</li>
<li>la France se droitise par simple vieillissement ;</li>
<li>etc.</li>
</ul>
<p>Oui mais non.</p>
<p><a href="http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/PM-PRESI21-30042007-16265.pdf">Regardez cette autre étude du même IFOP</a>, réalisée <em>les deux jours suivants</em> pour <em>Paris Match</em>. Là aussi échantillon de 926 personnes, même sondeurs, prédiction du résultat du second tour encore plus proche et... cette fois, toujours page 7, <strong>toutes les tranches d’âges votent majoritairement Sarkozy, sauf les plus jeunes !</strong></p>
<p>Plus drôle : en deux jours, <strong>Sarkozy aurait chuté de 12 points chez les plus de 65 ans</strong>, une catastrophe compensée par ses gains ailleurs !!!</p>
<p>Bref, si le résultat final (57/43) est bon, si la preuve est faite que les retraités penchent nettement plus pour l’UMP que leurs compatriotes plus jeunes (ça c’est un scoop !), il est difficile d’aller beaucoup plus loin avec un échantillon de moins de mille personnes. J’aime beaucoup la mention « <em>Effectifs inférieurs à 50 individus : résultats à interpréter avec prudence</em> » pour tout ce qui touche aux électeurs de Le Pen, et uniquement eux. <br />Et d’ailleurs, il n’y a <strong>aucun intervalle d’erreur nulle part</strong>. Grandiose ! Afficher des scores du genre 51±15% aurait fait plus honnête mais pas très sérieux envers des candidats ignares en statistiques<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-2" id="rev-pnote-307-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Autre découverte instructive de ces rapports : les taux de report des voix des candidats éliminés au premier tour (page 8 du premier sondage, page 9 du second). Si on sait depuis longtemps<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-3" id="rev-pnote-307-3">3</a>]</sup> que les voix de Bayrou se sont réparties équitablement avec un léger avantage à Ségolène, je trouve ironique que celle-ci profite d’une part non négligeable des voix lepénistes (mais là aussi les deux rapports divergent de 11 points !), et totalement hilarant que 1 ou 2% de l’électorat des deux derniers candidats change de camp entre les deux tours ! Séguéla a fait manifestement des émules.</p>
<p>Avant de clore cette parenthèse politique et de reprendre le fil de nos émissions sur des thèmes plus intemporels, je voudrais signaler un dernier lien : <a href="http://trentaineordinaire.free.fr/">Jid</a> a calculé que <strong><a href="http://trentaineordinaire.free.fr/index.php/2007/05/07/321-petite-reflexion-politique-et-numerique">Sarkozy n’a gagné qu’avec 50,8% des voix</a></strong>. Il suffisait de tenir compte des bulletins blancs et nuls (qui ne sont <em>pas</em> de l’abstention). Tout de suite, la victoire de Sarko paraît moins impressionnante...<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#pnote-307-4" id="rev-pnote-307-4">4</a>]</sup></p>
<p><strong>Mise à jour du 9 mai</strong> : Les sujets anti-Sarkozy plaisent à la blogosphère : ce billet a bénéficié d’un lien depuis <a href="http://rezo.net/">rezo.net</a> et, si j’en crois mes stats, une majorité écrasante de mon trafic venait hier de ce portail ! Il va falloir que je continue les sujets racoleurs pour fidéliser ce lectorat.</p>
<p><strong>Deuxième mise à jour du 9 mai</strong> : <a href="http://www.csa-fr.com/dataset/data2007/opi20070506-les-electorats-de-nicolas-sarkozy-et-de-segolene-royal-au-second-tour-et-l-apres-presidentielle.htm">Le CSA a fait un autre sondage</a> qui est un peu un mélange des deux de l’IFOP... Les moins de 50 ans alternent (violemment !) leurs préférences entre chaque tranche, et les plus de 50 ans ont voté plus ou moins massivement pour Sarkozy.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-1" id="pnote-307-1">1</a>] <em>Dont la patronne <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Parisot">Laurence Parisot</a> dirige aussi le MEDEF ; le biais éventuel a peu de chance d’être favorable à Ségolène Royal.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-2" id="pnote-307-2">2</a>] <em>Si j’en crois leur engueulade à propos du pourcentage de l’électricité nucléaire en France.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-3" id="pnote-307-3">3</a>] <em>Au moins 24 h !</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#rev-pnote-307-4" id="pnote-307-4">4</a>] <em>Je sais, c'est petit ; on se console comme on peut.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/05/07/343-demographie-des-electeurs-du-second-tour#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/307Extension de garantieurn:md5:46264a6a55c750fc0f77213fbb0ad09f2007-01-28T00:00:00+00:002015-02-02T08:00:37+00:00ChristopheGuerre au marketinganticonsumérismeargentbesoinbon sensextension de garantiefoutage de gueulehowtomanipulationmicroéconomieoptimisationpouvoir d’acheterpsychologiespéculationsécuritévaleuréconomie<p>Est-ce utile ?</p> <p>De l’utilité d’une extension de garantie on peut discuter. Comme pour toute assurance, on échange un risque inconnu contre la certitude d’une perte financière immédiate ; et une assurance est toujours trop chère jusqu’à ce qu’on en ait besoin. (S’y ajoute le risque que l’assurance soit elle-même une arnaque à cause de clauses-pièges).</p>
<p>Les <del>conseillers</del> commerciaux de chez Darty sont avides d’extensions de garantie, ils veulent les fourguer sur tout et n’importe quoi. J’ai remarqué un phénomène intéressant : dès que je marque une hésitation sur le choix de l’extension, ou en la rejetant après réflexion, le vendeur réduit le montant de moitié ! Pour qui a l’intention de la prendre (ce peut être un choix pour un appareil cher ou critique), c’est bon à savoir. Et donne une idée de la marge que le distributeur se fait aussi là-dessus...</p>
<p>Si un lecteur a déjà <em>utilisé</em> une extension de garantie, je suis preneur.</p>
<p><strong>Ajout du 18 septembre 2008</strong> : <a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2008/09/18/543-extension-de-garantie-suite-cas-reel-et-pratique">J’ai testé pour vous l'extension de garantie sur mon enregistreur numérique. Sur cet achat-là, ça a été rentable.</a>.</p>
<p><strong>Ajout de mai 2010</strong> : Rebelote, nouvelle panne sur le même appareil, à nouveau réparé sans aucun problème et toujours sous garantie.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2007/01/28/253-extension-de-garantie#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/224Références glissantes, extinctions de masse, purée d’orties et univers calculable (« Pour la Science » de novembre 2006)urn:md5:ee7884403ff4436fadf9e462fb710caf2006-11-19T22:52:00+00:002010-11-16T20:57:25+00:00ChristopheScience et consciencecataclysmeclimatconquête de l’inutilecosmologiedinosaureseffet de serregéologieinformatiquelobbysperspectivepessimismesciencespéculationécologie<p>Le dernier <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> n’est pas très rassurant sur l’avenir de la planète : « références glissantes » qui faussent notre perspective, effet de serre tendant vers l’extinction thermique, lacs de CO2...</p> <h3>De la fin du monde</h3>
<ul>
<li>Ivar Ekeland évoque les « <strong>références glissantes</strong> », à savoir que chaque génération évalue la dégradation de son environnement à partir de ce qu’elle a connu, et pas dans l’absolu. Mais les changements écologiques ne sont pas immédiatement visibles : nous n’aurons donc jamais l’impression de franchir un seuil. Et cela est valable même pour chaque génération <em>de chercheurs</em>.<br />Le phénomène est particulièrement net pour l’évolution des espèces de poissons. Les océans sont en voie rapide de ne plus bientôt contenir que bactéries et méduses à cause de la surpêche, mais cette disparition est progressive.<br />L’exemple de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Île_de_Pâques">l’Île de Pâques</a></strong> est effrayant : autrefois très boisée, cette île a été victime de la déforestation humaine en quelques siècles<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#pnote-249-1" id="rev-pnote-249-1">1</a>]</sup>, et on peut se demander « qui a osé couper le dernier arbre ? » Mais le dernier arbre n’était qu’une brindille coupée par un paysan qui avait oublié jusqu’au souvenir des forêts d’arbres géants.<br />De même, la morue moyenne a vu sa taille divisée par trois et la biomasse de certains océans par dix. <strong>Les négociations internationales visent à stabiliser les stocks au niveau actuel, qui est peut-être déjà insuffisant</strong>.<br />Dernière flèche de Ekeland : bientôt nous aurons oublié qu’on ne parlait pas au téléphone qu’à des répondeurs et qu’on n’était pas fiché à chaque passage de frontière. « Pour nous qui avons connu autre chose, c’est un pas de plus vers un état totalitaire et policier à l’échelle du monde. »</li>
</ul>
<ul>
<li>Grand article sur <strong>l’effet de serre, responsable des extinctions de masse</strong> : à part pour la plus connue (provoquée par la chute d’une météorite et où disparurent les dinosaures), les grandes extinctions de masse de l’histoire de la vie terrestre auraient été provoquées par l’effet de serre : le dioxyde de carbone de provenance volcanique provoque le réchauffement, et génère du sulfure d’hydrogène dans les océans, qui y oblitère la vie et se répand ensuite dans l’atmosphère, où il attaque la couche d’ozone.<br />Le point positif est, qu’au rythme d’émission actuel, nous avons encore deux siècles de sursis avant d’arriver au niveau de CO2 de l’« extinction thermique » d’il y a 54 millions d’années. Cette extinction est mineure, mais apparemment de nombreuses autres petites extinctions de masse auraient eu lieu. (Note personnelle : Cela signifie que si le « <a href="http://www.eons.fr/catalogue/extraits/E0020X.pdf">scénario Vénus</a> » n’est pas probable, nous courrons quand même de gros risques à déstabiliser notre écosystème. Et il y a d’<a href="http://generationsfutures.chez-alice.fr/livre/3scenarios_de_Reeves.htm">autres scénarios moins apocalyptiques mais pas plus rassurants</a> comme le « scénario désert » ou le « scénario geyser ». Cependant, on notera que cet effet de serre d’origine volcanique est peut-être ce qui nous a sauvé de la « <a href="http://www.futura-sciences.com/news-terre-boule-neige-avis-grand-froid-il-y-750-millions-annees_3406.php">Terre-boule de neige</a> ».)</li>
</ul>
<h3>Mais aussi...</h3>
<ul>
<li>Il existe sous la mer des <strong>lacs de dioxyde de carbone</strong>, où la pression est forte et la température basse. J’avais entendu parler de la possibilité de stocker ainsi le CO2 au fond de la mer, mais naturellement c’est donc déjà le cas. Il existe des formes de vie très spécifiques à l’interface dioxyde de carbone/eau... qu’on pourrait retrouver dans les glaces de... Mars !</li>
</ul>
<ul>
<li>La <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythie">Pythie de l’Oracle de Delphes</a> ne devait pas ses transes divinatoires à l’éthylène supposé dans les émanations qu’elle respirait dans sa grotte, située au-dessus de deux failles géologiques, mais simplement au manque d’oxygène dans les émanations.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>De l’impact des séries télévisées telles que <em>les Experts</em> sur les jurys américains</strong> : même si les anecdotes sur les exigences croissantes des jurés en preuves matérielles abondent, les études ne montrent pas de changement réel. Par contre, le nombre d’analyses, les effectifs de techniciens spécialisés... explosent. Une conséquence sympathique est l’amélioration de l’image de la science et les perspectives d’augmentation des crédits pour la recherche fondamentale liée à ces sujets.</li>
</ul>
<ul>
<li>« <strong>Les orties hors loi</strong> » : un article de Alain Baraton sur l’interdiction du purin d’ortie sous la pression des lobbys chimiques probablement : <a href="http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2354">plus de détails ici</a> et <a href="http://www.eco-echos.com/dotclear/index.php?2006/09/07/81-purin-d-ortie-ca-relaie-ca-relaie">ici</a>, le sujet a pas mal remué la blogosphère. Cela fait plaisir de voir que nos gouvernants ont plus peur des recettes transmises depuis la nuit des temps que des OGMs libérés sans grande précaution dans la nature. <a href="http://philippe.ameline.free.fr/wordpress/">Philippe Ameline fait même le lien avec l’article d’Ekeland</a>.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Concevoir l’univers comme un ordinateur ?</strong> : Un article de Jean-Paul Delahaye qui démarre par une nouvelle d’<a href="http://www.noosfere.com/heberg/fbeurg/asimov.htm">Asimov</a> et pulvérise le mégalo <a href="http://www.boson2x.org/article.php3?id_article=63">Stephen Wolfram</a> au passage. La question est : « L’univers pourrait-il être réductible à une simple simulation informatique ? » Le <a href="http://www.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/divers/conway.html">jeu de la vie</a> est un exemple, simpliste (problème de directions privilégiées).<br />Une réponse affirmative permettrait de se débarrasser de ces problèmes de continuité infinie et de ramener l’évolution de l’univers à un simple calcul sur un ensemble discret. Une objection majeure à cette théorie est l’incompatibilité avec certains effets à distance de la mécanique quantique : on peut toutefois spéculer que l’ordinateur sous-jacent est lui-même quantique (donc on oublie localité et automates cellulaires).<br />Suivent des réflexions sur la complexité du programme sous-jacent (il doit être relativement simple puisque les lois de l’univers sont compréhensibles), et une possibilité que l’Univers échappe à la « mort thermique » à cause de ce fichu <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxième_principe_de_la_thermodynamique">second principe de la thermodynamique</a> : il « suffit » que ce calcul soit réversible.<br />J’adore <em>Pour la Science</em> pour les articles parfois archi-spéculatifs de ce genre, fréquents dans la partie « logique et calcul ».</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#rev-pnote-249-1" id="pnote-249-1">1</a>] <em>L’article sur Wikipédia est plus nuancé et affirme que la météorologie y est aussi pour quelque chose ; ce qui ne change pas grand-chose à l’argument d’Ekeland.</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/11/19/280-pour-la-science-de-novembre-2006#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/249Des tresses pour l’ordinateur quantiqueurn:md5:34efb9dc8647c0cf820eecbc5695deab2006-10-06T22:01:00+00:002010-11-04T18:07:03+00:00ChristopheScience et consciencecomplexitéinformatiqueMurphyoptimismespéculationthéorieémerveillement<p>De la science-fiction informatique.</p> <p>C’était dans le <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> de mai 2006. Je résume :</p>
<p>Le principal problème que rencontre le futur, hypothétique et fabuleux ordinateur quantique est la décohérence. Pour résoudre le problème, certains envisagent de former des tresses de lignes d’univers d’anyons non abéliens (des projections de groupes de Lie, aussi des quasi-particules), qui apparaissent au sein d’un fluide bidimensionnel d’électrons. Ils posent les premières bases du calcul topologique quantique. Les bits quantiques sont constitués par une colonne de paires d’anyons sur laquelle on effectue les opérations successives.</p>
<p>Je n’ai rien compris du tout non plus au paragraphe précédent. L’article est un peu plus explicite mais vole encore trop haut pour moi (en fait, il n’est abordable qu’en empilant des analogies, ce qui n’est pas vraiment comprendre non plus). L’un des derniers paragraphes permet au fainéant intellectuel que je suis parfois de se dédouaner de n’entraver que pouic à l’ordinateur topologique quantique : « on attend encore confirmation de l’existence même des objets sur lequel repose le principe de son fonctionnement. »</p>
<p>Je suis surtout heureux que des gens manifestement très intelligents se penchent sur l’informatique de 2030, voire plus. Je ne doute pas de ma capacité à utiliser ces bijoux quand ils sortiront, vue la capacité générale de l’humanité actuelle à manier le PC (enfant direct de la mécanique quantique, contre-intuitive pour 99% de l’humanité, et probablement plus admise que comprise par 90% du reste).</p>
<p>Mais <a href="https://www.coindeweb.net/murphy/">connaissant Murphy intimement</a>, je me pose la question : quels cauchemars nouveaux va-t-il nous inventer quand le <em>principe</em> même de l’ordinateur sera la mécanique quantique ? (Alors que les machines actuelles à base de portes logiques binaires, à la vitesse et la taille près, pourraient être simulées par des contacteurs téléphoniques comme avant-guerre). Les programmeurs actuels maîtrisent à grand-peine les bi-cœurs, les <em>threads</em> et leurs problèmes de concurrence d’accès et <em>race conditions</em> ; comment dompteront-ils alors des machines qui feront <em>vraiment</em> plusieurs calculs simultanément ?</p>
<p>(Remercions le contribuable américain qui, via la NSA si friande de craquer toute la cryptographie mondiale, doit financer une bonne partie de la recherche sur le sujet).</p>
<p><strong>PS</strong> : J’ai la flemme de rajouter la pléthore de liens sur Wikipédia et autres que nécessiterait ce billet bourré de mots nouveaux et de concepts ésotériques. Faites la bibliographie vous-même, Google est à un clic de souris.</p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/10/06/248-des-tresses-pour-lordinateur-quantique#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/219Des dinosaures intelligentsurn:md5:e570e19b92823accad618fb1417a3ff62006-08-29T17:02:00+00:002010-11-03T21:00:33+00:00ChristopheParadoxe de Fermi et ExobiologieapocalypseautodestructioncataclysmedinosauresextraterrestresgéologieintelligenceLuneperspectivescience-fictionspéculationuchronieéonsévolution<p>Petit délire sérieux sur le thème des dinosaures intelligents, passés ou uchroniques.</p> <p>Excellent billet de l’habituellement excellent David Latapie : <a href="http://blog.empyree.org/?2633-l-intelligence-sur-terre-un-recommencement">L’intelligence sur Terre : un recommencement ?</a>, un résumé de lectures et réflexions sur d’autres espèces intelligentes sur cette planète avant la nôtre.</p>
<h3>Les troödons</h3>
<p>Il démarre gentiment en se demandant à quoi ressemblerait un dinosaure ayant suffisamment évolué pour être intelligent. Le web livre une réponse (un descendant du <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Troödon">troödon</a></em>), un peu trop humanoïde à mon goût - mais c’est un détail.</p>
<p>On commence à dériver avec la remarque suivante : <strong>en 130 millions d’années de règne des dinosaures, cette espèce intelligente a probablement <em>déjà</em> existé</strong>. La perte de biodiversité chez les dinosaures peu avant leur destruction lui serait d’ailleurs imputable !</p>
<h3>Biodiversité</h3>
<p>Là je tique : notre impact sur la biodiversité mondiale a été <em>très</em> brutal, il ne s’est pas étalé sur des millions d’années. À supposer la disparition de l’homme demain, cette diversité réaugmenterait<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-1" id="rev-pnote-192-1">1</a>]</sup>. La question peut cependant se poser de savoir comment cela peut se traduire dans les fossiles (un paléontologue dans la salle ?). L’argument de la baisse de la biodiversité avant la chute de l’astéroïde a aussi, selon certaines de mes lectures, été invalidé (je n’en sais pas plus).</p>
<h3>Traces</h3>
<p>De plus, à supposer une population de bestioles intelligentes assez nombreuses pour avoir un impact si important sur leur environnement, il est tout de même étonnant que nous n’en ayons ni fossiles ni traces matérielles. Une espèce nombreuse comme la nôtre a pourtant laissé ses ossements partout (et nous ne sommes là que depuis cent mille ans). J’ai du mal à croire que nos maisons, routes, et autres travaux publics de grande envergure ne laisseront pas de trace repérable, même après 65 millions d’années : on a retrouvé des traces de <em>pas</em> de dinosaures, mais jamais de tracteur jurassique ou de fondations de bâtiment du Crétacé.</p>
<p>Un auteur de science-fiction ou fanatique de la thèse ne se laisserait pas impressionner et plaiderait que :</p>
<ul>
<li>Les <strong>dinosaures intelligents ne sont pas arrivés au stade des civilisations</strong> telles que les nôtres, ils ont « végété » (de notre point de vue) comme chasseurs-cueilleurs, sans agriculture, élevant à la rigueur quelques <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sauropode">sauropodes</a>, sans démographie galopante, sans outillage subsistant jusqu’à nous, sans grands bâtiments ni routes.<br /><br /></li>
<li>Ils brûlaient leurs morts et broyaient leurs os.<br /><br /></li>
<li>Leur existence s’est poursuivie sans changement pendant des millions d’années dans ce milieu faste qu’était la forêt tropicale jurassique (de la même manière que les Indiens d’Amazonie ont probablement peu évolué depuis leur arrivée il y a des milliers d’années). J’ai du mal à croire à un tel immobilisme sur cette échelle de temps, mais on peut <a href="http://blog.empyree.org/?2622-jared-diamond-et-le-determinisme-geographique#c19902">plaider le déterminisme géographique plaidé par Montaigne et déjà évoqué par David</a>).<br /><br /></li>
<li>La baisse de la biodiversité, réelle ou pas, n’a rien à voir avec eux, ou a été une pression de sélection <em>provoquant</em> leur apparition. Ils n’ont donc pas eu « besoin » d’exister pendant des millions d’années, leur civilisation n’a pu durer qu’un instant géologique comme la nôtre avant leur disparition.</li>
</ul>
<h3>Disparition</h3>
<p>Le billet de David plonge totalement dans un délicieux délire lors de l’évocation de cette disparition. Certaines structures et spécificités lunaires restant inexpliquées<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-2" id="rev-pnote-192-2">2</a>]</sup>, une théorie suppose un échange de missiles et gros cailloux entre les troödons terriens et leur colonie sélénite, provoquant la catastrophe bien connue et la fin du Secondaire.
<br />On nage dans la science-fiction la plus spéculative. Je ressors aussi l’argument des traces qui n’ont <em>pas</em> été laissées par une civilisation suffisamment évoluée pour envoyer des gens sur la Lune (et donc certainement nombreuse).</p>
<p>L’auteur de SF n’en resterait pas là et après tout, plaiderait que les troödons ont éventuellement été <em>victimes</em> d’extra-terrestres qui les pensaient dangereux (et pourquoi ne nous ont-ils pas réservé le même sort ?), ont manipulé des sciences inaccessibles aux cartésiens que nous sommes (du genre de la télékinésie au niveau de l’arme de destruction massive), ou ont développé leur civilisation de façon bien plus rapide et concentrée que la nôtre, uniquement à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cratère_de_Chicxulub">Chicxulub</a>, et la Catastrophe née de leur mauvais maniement de la Science trop vite acquise a effacé toutes leurs traces dans leur unique implantation.</p>
<h3>Conspiration</h3>
<p>Je préfère la théorie (également dingue) où ces dinos futés auraient eux-mêmes provoqué la catastrophe pour « redistribuer » les cartes sur Terre pendant qu’ils partaient sur une autre planète/dans un univers parallèle. Théorie compatible avec toutes celles à base de conspirations de « petits gris » à tendance saurienne, tirant les fils de l’évolution humaine, évoquées par David. Mais là on arrive à un niveau de SF trop bas pour être drôle.</p>
<h3>D’autres espèces</h3>
<p>Je reviens sur l’hypothèse originale : en 130 millions d’années, une espèce intelligente dinosaure est <em>forcément</em> apparue. <br />Si on pousse le bouchon un peu plus loin, on peut estimer que parmi les centaines de millions d’années <em>avant</em> les dinosaures, d’autres espèces intelligentes ont aussi <em>dû</em> apparaître.</p>
<p>Certes le développement des systèmes nerveux semble insuffisant bien avant cette époque. Mais après tout, peu de fossiles nous parviennent de si loin, et les fonds marins du Cambrien ont été presque entièrement renouvelés par la tectonique des plaques. Une civilisation née d’un descendant immédiat des bestioles des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Burgess">schistes de Burgess</a>, poulpoïde intelligent ou colonie de trilobites sentiente n’aurait pas laissé de traces. Il y a après tout plusieurs <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Extinctions_massives">extinctions massives</a> dans l’histoire du vivant. Pour le plus grand bonheur de la spéculation débridée, il y a peu de preuves de la <em>non</em>-existence de ces lointains prédécesseurs.</p>
<p>Ajoutons que l’apparition d’espèces intelligentes <em>pourrait</em> (hypothèse hautement contestable) être <strong>aussi systématique que celle de la vie</strong> sur une planète favorable, mais leur perpétuation ou leur évolution vers une espèce « technique » comme la nôtre serait bien plus aléatoire. <br />La Nature a peut-être déjà réglé leur compte de diverses manières aux trilobites intelligents, aux réseaux de fourmilières conscients, aux troödons télékinésistes, aux poulpoïdes calculateurs, aux civilisations de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Raptor">raptors</a>, avant qu’elles laissent trop de traces. Les nombreux modes de disparition d’une espèce intelligente méritent l’étude, vue l’incertitude de notre propre destin. Peut-être sommes-nous les premiers à avoir et le goût technique et les ressources (pétrole !) et la démographie et les structures sociales et le souci de l’avenir, pour <em>éviter</em> notre auto-destruction.</p>
<p>Laissons de côté le fait que la <strong>définition même de l’intelligence</strong> est sujet à débat et que d'autres espèces pourraient en développer des formes sans aucune similitude avec la nôtre, basée sur des structures sociales où la culture, la transmission de savoirs, la hiérarchie sociale, dominent. Ces espèces pourraient cohabiter dans des échelles de temps et des milieux complètement différents. <br />Par exemple, nous partageons peut-être la planète avec une civilisation de rochers intelligents hautement philosophes dont l’existence s’écoule mille fois plus lentement que la nôtre, qui manipulent les volcans et les mouvements des continents, et qui ne s’intéressent même pas à notre présence.<br />Je pourrais aussi évoquer une perversion de l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_Ga%C3%AFa">hypothèse Gaïa</a> et postuler que les êtres intelligents sont les planètes elles-mêmes.</p>
<h3>Conclusion</h3>
<p>On le voit, cet article a suffisamment de matière pour nourrir deux ou trois cycles de romans de science-fiction, et il économisera donc pas mal de temps à l’amateur plus intéressé par les idées et leurs conséquences que par le reste (l’histoire, les personnages, leurs péripéties et autres prétextes à la découverte du monde étonnant créé par l’auteur...).</p>
<p>David saupoudre son article de nombreux liens vers des gens délicieusement allumés comme Bernard Werber<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#pnote-192-3" id="rev-pnote-192-3">3</a>]</sup> ou Jerry Pournelle, en plus de l’inévitable Wikipédia.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-1" id="pnote-192-1">1</a>] <em>Surtout avec tous les déchets radioactifs et autres saletés mutagènes que nous laisserions.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-2" id="pnote-192-2">2</a>] <em>Je me méfie des structures géologiques inexpliquées, donc forcément causées par des humains/extraterrestres. Je lis toutes les semaines dans </em>Pour la Science<em> ou </em>Science et Vie<em> un article sur comment se forme tel ou tel motif étonnant.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#rev-pnote-192-3" id="pnote-192-3">3</a>] <em>Que je n‘ai jamais trouvé si original, mais bon...</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/08/29/214-des-dinosaures-intelligents#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/192La gravité est une illusionurn:md5:be7217f9dea7ecd1cb4468c5b4cd3ff92006-01-29T16:25:00+00:002010-10-25T19:49:17+00:00ChristopheScience et consciencecosmologiegravitationsciencespéculationthéorie<p>On nous a longtemps parlé de dimensions cachées de l’univers : une théorie n’en prévoit que deux en tout et pour tout !</p> <p>« La gravité est une illusion » : telle était la couverture provocatrice de <em><a href="http://www.pourlascience.com/">Pour la Science</a></em> en janvier.</p>
<p>C’est un peu l’inverse de l'<a href="http://www.philocours.com/cours/cours-platon.html">allégorie de la caverne de Platon</a> : le philosophe imaginait que le monde sensible n’était qu’une version appauvrie du monde réel bien plus riche ; selon l'article de cet <a href="http://www.sns.ias.edu/~malda/" hreflang="en">éminent argentin, professeur à Princeton</a>, l'exact inverse serait vrai. Le monde tridimensionnel actuel est une illusion ; les particules évoluent dans un monde bidimensionnel (plus le temps), qui est le bord d’un espace de courbure négative (espace anti-de Sitter, du genre de celui décrit par les dessins d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurits_Cornelis_Escher">Escher</a>). La description de particules sur le « bord » de cet espace est strictement équivalente à celle de particules « à l’intérieur » d’icelui, intérieur où elles <em>sembleraient</em> soumises à la gravité. Le « bord » en question est situé à l’infini, c'est une limite.<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-1" id="rev-pnote-86-1">1</a>]</sup></p>
<p>Cette thèse porte le doux nom de <strong><em>théorie holographique</em></strong>, en référence aux <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hologramme">hologrammes</a>, objets apparemment en trois dimensions nés d'une plaque photographique soumise à un laser. L'univers pourrait en fait se décrire des deux manières à la fois : la bidimensionnelle et la tridimensionnelle. Les calculs sont plus pratiques dans l’un ou l’autre selon les cas, mais l’équivalence serait totale. Un exemple est la manière dont on peut décrire un film : soit sous forme d’images sur l’écran, soit sous forme de bits sur un DVD.</p>
<p>Cet outil serait un moyen de <strong>résoudre le casse-tête de la théorie quantique de la gravité</strong>, sorte de Saint Graal pour physiciens de haute volée, qui réussirait à marier d’une part la théorie quantique, et d’autre part la théorie de la relativité (qui décrit la gravitation). Ces deux descriptions du monde, trésors de la science du XXè siècle, sont aussi fermement établies, éprouvées, vérifiées dans leur domaine respectif (l’infiniment petit pour la première, l’infiniment grand pour l’autre), qu'inconciliables entre elles, sur leurs principes comme dans les équations<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-2" id="rev-pnote-86-2">2</a>]</sup>.
<br />Expérimentalement, il n’est pas facile de trouver un domaine où ces deux théories jouent simultanément un rôle important, sinon quand on tente de décrire les premiers instants de l’univers.</p>
<p>C’est une théorie en germe, pas établie, qui de l’aveu de l'auteur n’a pas encore réussi à redécrire les quatre forces fondamentales de l’univers<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-3" id="rev-pnote-86-3">3</a>]</sup>. Ce n’est pas moi qui pourrait juger de sa validité. Peut-être est-ce LA grande explication de l’univers, qui réussit à évacuer la gravité du monde et permet de tout décrire en termes de particules quantiques, tout cela en supposant un espace-temps de structure assez bizarre. Peut-être est-ce un simple outil mathématique sans grand sens concret, similaire aux <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Transformée_de_Laplace">transformées de Laplace</a> qui me servaient à l’<a href="http://www.ensic.inpl-nancy.fr/">ENSIC</a> à calculer comment réagit un système physique aux perturbations<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#pnote-86-4" id="rev-pnote-86-4">4</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-1" id="pnote-86-1">1</a>] <em>Ne croyez pas que je comprenne à quelque niveau que ce soit la quintessence existentielle de ce paragraphe.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-2" id="pnote-86-2">2</a>] <em>Il y a bien des théories qui tentent de marier les deux : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hologramme">gravitation quantique à boucles</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_des_supercordes">théorie des cordes</a> (promotrice des mondes à 10 dimensions), la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Relativité_d%27échelle">relativité d’échelle</a>... Voir un récent </em>Science&Vie<em> dont je ne retrouve pas le numéro.</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-3" id="pnote-86-3">3</a>] <em>Forces forte et faible, électromagnétique, gravitation (vous le saviez, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_fondamentales">bien sûr</a>).</em></p>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#rev-pnote-86-4" id="pnote-86-4">4</a>] <em>Notamment l’évolution de la concentration d’un polluant largué par erreur dans un fleuve (exemple de TD réel).</em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2006/01/29/85-la-gravite-est-une-illusion#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/86« Mars la Blanche » de Brian Aldissurn:md5:8b3316b641dfabaa1995ee9fc5f10e7f2005-12-09T14:53:00+00:002010-07-04T06:32:30+00:00ChristopheMarsauto-organisationcivilisationcolonisationconquête de l’inutileconquête spatialedommageenseignementexaptationextraterrestreshard sciencelivres lusMarsmythemèmeoptimismeorganisationouverture d’espritperspectivepolitiqueprise de têtepsychologierésolutionssciencescience-fictionsolidaritéspéculationtempsténacitéutopieémerveillement<p>Une société qui vise la perfection, isolée sur sa planète. Un essai plus qu’un nouveau roman sur la conquête de Mars.</p> <h3>Mars la Blanche<br /></h3>
<p>de <a href="http://perso.wanadoo.fr/listes.sf/aldiss/bio.htm">Brian Aldiss</a><br />
avec <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" hreflang="en">Roger Penrose</a></p>
<p>Une « Mars blanche » est une Mars laissée à elle-même, non colonisée par l’homme, non polluée, juste parcourue par quelques scientifiques ; c’est le statut actuel de l’Antarctique. C’est un des thèmes sous-jacents de l’histoire, mais pas le principal.</p>
<h4>Utopie</h4>
<p>Le sous-titre évoque une « <strong>utopie martienne</strong> », et c’est sa construction qui est la base de l’histoire. Quelques milliers de personnes sont bloquées sur Mars suite à l’effondrement de la multinationale chargée de la colonisation, et survivent (relativement confortablement) en tentant de créer une société plus parfaite.</p>
<p>Les problèmes matériels de cette micro-société isolée (approvisionnement...) sont apparemment délibérément mis de côté, à peine évoqués. Plus intéressante est la manière dont leur civilisation s’organise.</p>
<p>On parle ouvertement d’utopie, donc je me demande si les points suivants, qui ont sabordé la crédibilité de l’histoire pour moi, sont délibérés : le « chef » de la colonie, qui lance les idées liées à l’utopie, n’est guère contesté ; les débats (pendant des pages, ce qui n’est pas un mal) sont assez dirigés ; les opposants sont souvent caricaturaux (et passent très vite à la violence) ; les diagnostics sur les raisons des problèmes de la Terre rappellent furieusement notre époque (et pas 2060) ; certaines des solutions sont des bonnes intentions et rappellent parfois les « yaka/fokon » de gamins de 15 ans naïfs ; la manière dont les problèmes de la société sont corrigés est assez floue (à part améliorer l’éducation des enfants (vaste débat...), et la disparition de l’argent).</p>
<p>Évidemment, tout est beaucoup plus facile dans une <strong>société de fait communiste, égalitaire</strong>, faite de gens tous éduqués aimant débattre, avec un minimum de confort, sans les charges de la civilisation qui leur a donné ce confort, et sans interaction avec icelle. Je suis peut-être trop terre-à-terre ou mauvais esprit pour goûter correctement une utopie.</p>
<p>Le <strong>côté scientifique</strong> à l’inverse est souvent massif, et je pense que certains sauteront le long passage sur les taches de bosons de Higgs que l’accélérateur martien doit découvrir. Les liens entre conscience et mécanique quantique (théorie de Penrose), ou les affirmations sur la nature de la vie sur Mars, sont plus affirmés que démontrés ou expliqués.<br />D’un autre côté, une <strong>action assez lente</strong>, plus orientée sur les relations entre les personnages et sur leurs débats, tranche agréablement avec tous les récits sur la conquête de Mars à la manière américaine (versions <em>hard science</em> ou western).</p>
<p>Je suis <strong>resté sur ma</strong> fin après la dernière page. Les pires problèmes d’une société utopique arrivent quand la population augmente et quand elle perd son isolement. Le livre ne va pas jusque là.</p>
<h4>Terraformation</h4>
<p>Dès le début, et dans la conclusion, Aldiss affiche ouvertement son <strong>hostilité aux projets de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Terraformation">terraformation</a> de Mars</strong>. Le livre ne sert son propos qu’en bottant en touche, en introduisant la seule chose qui pour moi l’interdirait sur le principe<sup>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#pnote-52-1" id="rev-pnote-52-1">1</a>]</sup> : de la vie sur Mars. Vie sous une forme assez inattendue il est vrai (et très utopique elle aussi, avec le même flou sur la manière concrète dont elle est apparue, et surtout comment elle évolue à la fin du livre).</p>
<p>Par contre, si cela était raisonnablement réalisable, je vois mal pourquoi nous nous priverions d’une deuxième planète, ou d’une troisième (Vénus ?) ou d’autres (autour de Jupiter ?). Les cailloux mort et inhabités, bien que scientifiquement passionnants, sont innombrables dans cet univers. Le parallèle avec l’Antarctique est à mon avis injustifié, car il fait partie de l’histoire de la terre, contient sa mémoire dans ses glaces, et a son propre et fragile écosystème.</p>
<p>On peut ensuite entrer dans le débat si la conquête de l’espace se fera par celle des planètes ou par des systèmes autonomes vivant dans l’espace, par le cyberespace et/ou via des robots, et dériver vers le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi">paradoxe de Fermi</a> (<a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?category/Paradoxe-de-fermi-et-exobiologie">thème que j’essaie de traiter ici</a>).</p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Un livre un peu décevant, que j’ai failli lâcher après le premier quart, mais l’histoire devient plus concrète ensuite. Cependant, pour narrer de façon réaliste la conquête de Mars, terraformation comprise, la référence reste la <a href="http://www.fakeforreal.net/index.php/2004/07/11/35-kim-stanley-robinson-red-mars-green-mars-blue-mars">trilogie martienne</a> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Stanley_Robinson">Kim Stanley Robinson</a>.</p>
<p>Google vous fournira d’autres critiques du livre, notamment <a href="http://www.nirgal.net/critiques/mars_blanche.html">celle-ci</a>, plus favorable que la mienne.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#rev-pnote-52-1" id="pnote-52-1">1</a>] <em> « Sur le principe », parce que l’on peut discuter longtemps du point de vue matériel ou financier, ou de l’utilité réelle d’une planète viable dans mille ans à cent millions de kilomètres. (<strong>Mise à jour</strong> : Sur le sujet, voir le billet <a href="https://www.coindeweb.net/blogeclectique/index.php?post/2008/02/19/395-coloniser-le-desert-de-gobi-plutot-que-mars">Coloniser le désert de Gobi plutôt que Mars</a>.) </em></p></div>
https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/12/09/52-mars-la-blanche#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/52Le Krakatoa et l’histoire du mondeurn:md5:a12a87f265fbe0988d034be985ef827d2005-11-03T15:30:00+00:002023-01-02T16:29:21+00:00ChristopheHistoireByzancecataclysmeeffet de serreGaïaMoyen Âgeperspectivespéculationuchronievolcansécologie<p>En 535 l’éruption d’un volcan (le Krakatoa ?) a changé l’histoire du monde. Rien que ça. Et on ne le savait pas jusque récemment.</p> <p>Vu avant-hier soir un passionnant reportage sur <a href="http://www.planete.tm.fr/">Planète</a> : <em>L’incroyable catastrophe</em> (Gary Johnstone, Grande-Bretagne 1999). Il sera rediffusé plusieurs fois dans les jours qui viennent.</p>
<h3>Découverte d’une catastrophe</h3>
<p>L’histoire, si l’on peut dire, commence avec la découverte de <strong>plusieurs années de croissance faible</strong> dans les arbres de plusieurs continents, aux environs de <strong>535-540</strong>. (Imaginer le travail de fourmi pour compter les cernes de croissance dans des monuments si anciens...).</p>
<p>C’est l’indice d’un <strong>accident climatique majeur</strong> au tout début du Moyen-Âge (l’Empire romain vient de s’effondrer, les premiers <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mérovingiens">Mérovingiens</a> confortent l’Empire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Francs">franc</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_byzantin">Byzance</a> repart à la conquête de l’Occident...). Il doit y avoir des traces dans les documents de l’époque. Et le chercheur trouve : des mentions de soleil voilé et de printemps et été exceptionnellement froids à Rome à cette époque.</p>
<p>Cela rappelle 1816, nommée « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Year_Without_A_Summer" hreflang="en">l’année sans soleil</a> » à cause de l’éruption du Tambora en Indonésie l’année précédente. Les poussières projetées avaient refroidi le climat mondial pendant des mois et provoqué des famines dans une Europe affaiblie au sortir des guerres napoléoniennes.</p>
<p>Les pistes de l’impact d’astéroïde ou de comète sont étudiées. Mais il n’y a pas de cratère de cette époque. Le verdict tombe grâce à des carottes de glace d’Antarctique et du Groenland, où une dose anormale de soufre de cette époque-là indique une <strong>origine incontestablement volcanique</strong>.</p>
<p>Le célèbre volcan <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Krakatoa" hreflang="en">Krakatoa</a></strong> est le suspect principal sans que les fouilles là-bas en aient apporté la preuve définitive.</p>
<h3>Impacts</h3>
<p>Le plus intéressant et le plus fascinant, de mon point de vue d’historien amateur et pratiquant de la théorie du chaos, est l’<strong>impact sur nos civilisations</strong>, particulièrement à cette époque extrêmement troublée en Europe. Les problèmes agricoles, suite à des années de mauvaises récoltes, ont dû être terribles.</p>
<p>Loin de nous, au Mexique, une des plus grandes cités du monde est alors <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Teotihuacan">Tehotihuacan</a></strong>. La cause de sa chute brutale est mal connue. La théorie est que les problèmes agricoles de l’époque (sécheresse) ont provoqué une énorme surmortalité et miné sa puissance, et provoqué sa chute. (Au passage, notons un détail fascinant : il y a un débat sur les dates exactes de la chute de la ville, carrément de 150 ans, comme si on mélangeait Révolution et Seconde Guerre Mondiale !).</p>
<p>En Angleterre, la catastrophe (ou plutôt ses conséquences climatiques) se répercuteraient directement dans les <strong>mythes arthuriens</strong>, à savoir la mort du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Roi_Arthur">roi Arthur</a> dans un royaume en décomposition. <br />Arthur n’est pas totalement légendaire et les dates concordent. À cette époque la Bretagne <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Britto-romains">britto-romaine</a> se retrouve envahie par des peuples germaniques (Angles, Saxons), et les problèmes climatiques auraient facilité leur victoire. Sans le Krakatoa l’Angleterre n’aurait peut-être jamais été.</p>
<p>À l’autre bout de l’Europe se déroule un autre événement capital : la <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_de_Justinien">Peste justinienne</a></strong>. Byzance à cette époque est un empire puissant, et l’empereur Justinien a recommencé à reconquérir les parties occidentales de l’ancien Empire romain, l’Italie notamment. Cet élan est brisé par un épisode de peste effroyable, qui se répand facilement dans tout cet empire basé sur le commerce. <br />Selon la théorie du documentaire, la cause est le <strong>refroidissement des foyers de peste</strong> « naturels » de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grands_Lacs_%28Afrique%29">région des Lacs</a> en Afrique, via une mouche vecteur de la maladie.</p>
<p>L’Empire byzantin subit d’autres conséquence de l’éruption de 535.<br />
À cette époque les steppes d’Asie centrale sont dominées par un peuple proto-mongol, les <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Avars">Avars</a></strong>. Juste après cette période, des peuples turcs les taillent en pièce. La cause principale de ce renversement serait la <strong>dépendance des Avars envers leurs chevaux</strong>, et ceux-ci auraient beaucoup moins bien supporté les changements climatiques et les problèmes d’approvisionnement que le bétail des peuples voisins.<br />La conséquence est que les Avars fuient et rejoignent la longue liste des peuples migrants d’Asie centrale en Europe ; quelques décennies plus tard ils établissent leur empire à partir de la <strong>Hongrie</strong> et leur combativité retrouvée leur permet de piller les régions environnantes. Ils ajoutent une menace supplémentaire sur l’Empire byzantin à un moment critique de son existence. Il faut attendre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne">Charlemagne</a> pour débarrasser l’Europe des Avars, des siècles plus tard.</p>
<p>Les conséquences ci-dessus sont un peu spéculatives, surtout que l’histoire est un domaine où le multifactoriel est la règle. La dernière conséquence est encore plus osée...<br />Après 535, le <strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Yemen" hreflang="en">Yémen</a></strong>, puissance dominante de la péninsule arabique, grâce notamment à un barrage géant, subit des sécheresses graves. Des problèmes alimentaires apparaissent. La déchéance du Yémen permet la montée de <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dine_%28Arabie_saoudite%29">Médine</a></strong> et <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mecque">La Mecque</a></strong> en Arabie, et là réside une famille qui acquière une certaine notoriété grâce à son aide aux zones frappées. Dans cette famille naîtra <strong>Mahomet</strong>, et de Médine et La Mecque surgira le <strong>premier Empire islamique</strong> - aux dépens notamment de Byzance. Même à un siècle d’intervalle, l’apparition et l’expansion de l’Islam serait une conséquence de l’éruption de 535.</p>
<h3>Et si ça recommençait ?</h3>
<p>Le Krakatoa est toujours actif, et bien sûr sous surveillance. Une catastrophe météorologique mondiale de plusieurs années peut se reproduire rapidement, avec ce volcan ou un autre, comme elle s’est passé en 1815 avec le Tambora, ou plus récemment en 1991 avec le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Pinatubo" hreflang="en">Pinatubo</a>. <br />
Je ne suis pas géologue et j’aimerais être certain que les grands volcans soient tous sous surveillance. Non que cela puisse changer grand chose au résultat, nous n’avons pas la technologie pour empêcher les aérosols de faire chuter la température mondiale et d’endommager la couche d’ozone. Ce ne serait pas la fin du monde, mais probablement une mauvaise période à passer, un désastre pour les pays pauvres, et une leçon pour les riches. <br />Il reste à espérer que cela n’arrivera pas à nouveau avant très longtemps.</p>
<h3>Validité de la théorie</h3>
<p>Le documentaire était forcément partial, mais cette théorie semble tenir. Il semble à peu près sûr que pendant quelques années après 535 le climat a été très altéré ; l’impact fut forcément énorme sur les différentes civilisations de l’époque, en les frappant plus ou moins sévèrement et en renversant des suprématies.</p>
<p>Il est peut-être un peu présomptueux d’en faire la cause principale de la peste justinienne, de la germanisation de la Grande Bretagne, de l’arrivée des Avars. Si le Krakatoa avait explosé deux millénaires plus tôt ou plus tard, Justinien aurait peut-être bien achevé la reconquête du bassin méditerranée, les Avars n’auraient jamais attaqué Constantinople, l’Islam ne serait jamais sorti d’Arabie, la chrétienté serait la principale religion de la planète...</p>
<p>Ou peut-être pas.</p>
<p>La peste serait peut-être arrivée à Constantinople 50 ans plus tard (car il ne suffit pas d’une cause, un milieu pour le développement est aussi nécessaire) ; les Avars auraient quand même migré naturellement, ou bien les Slaves et Bulgares auraient rempli leur « niche écologique » dans les Balkans ; les Saxons auraient mis juste 20 ans de plus à conquérir la Bretagne, et l’Islam serait peut-être venu sous une forme différente au même moment avec un autre prophète - les Empires perse et byzantin avaient forcément des faiblesses à cette époque pour être balayés aussi rapidement.</p>
<p>En tout cas, cette catastrophe fait un très bon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_divergence">point de divergence</a> pour une <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Uchronie">uchronie</a>.</p>
<p>Bien d’autres détails sur cette théorie sont disponibles sur le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Climate_changes_of_535-536" hreflang="en">site anglophone de Wikipedia</a>.</p>
<p><strong>Mise à jour d'octobre 2020</strong> : Ce dernier lien liste plusieurs autres volcans possibles. <em>Science & Vie</em>, dans un article du dernier numéro, <em><a href="https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/536-annee-maudite-58862" hreflang="fr">536, l'année maudite</a></em>, évoque les hypothèses de deux éruptions volcaniques de grande ampleur, plutôt aux hautes latitudes. Ce refroidissement, le pire de l'histoire, aurait duré une dizaine d'années. Les cendres retombent certes en moins de deux ans, mais le refroidissement s'auto-entretient un certain temps (extension de glaciers réfléchissants et modification des courants océaniques). L'article liste quelques preuve archéologiques sur toute la planète. L'impact en Scandinavie semble avoir été dévastateur.</p>
<p><strong>Mise à jour de janvier 2022</strong> : <a href="https://www.science.org/content/article/why-536-was-worst-year-be-alive" hreflang="en">des carottes glaciaires accuseraient plutôt des volcans islandais</a></p>https://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?post/2005/11/03/23-le-krakatoa-et-l-histoire-du-monde#comment-formhttps://www.coindeweb.net/blogsanssujetprecis/index.php?feed/atom/comments/25