Le risque du baptême

Dans la mentalité germanique, le roi est un chef de guerre, inspiré et protégé par les dieux (Wotan en particulier). Un chef abandonné par les dieux est vite vaincu et abandonné par les siens.
Pour Clovis, abandonner ses dieux est un risque énorme, car ses soldats ne le suivront plus, voire le détrôneront.

Il n’est donc pas innocent que son fameux appel à l’aide du Dieu chrétien se déroule en 496 lors de la bataille de Tolbiac (contre une invasion des Alamans), alors que le roi franc est au bord de la défaite et se croit abandonné par ses dieux. La conversion ne se fera que trois ans plus tard, mais le Dieu catholique a prouvé sa « valeur militaire » pour Clovis. Pas suffisamment cependant pour ses soldats, qui auraient sans doute penché plus volontiers vers l’arianisme.

Ajoutons que la famille royale franque se voit aussi d’origine divine, et le baptême est un renoncement à cette prestigieuse lignée.

Effectivement, Michel Rouche pense qu’après la conversion de Clovis et de sa garde rapprochée (trois mille hommes tout de même), à Noël 499, ses conquêtes se ralentissent, en partie par faute de levées de troupes franques suffisantes : elles ne voient plus en Clovis ce protégé de Wotan. Heureusement pour lui, nombre de Gallo-Romains se rallient alors au nouveau baptisé, notamment les Armoricains, peuple indépendant en Bretagne (l’actuelle) - ce qui permet à leurs ennemis, les clans alains de l’Orléanais, de se soumettre aussi à Clovis. Ce dernier dispose aussi des restes de l’ancienne armée de Syagrius.

À suivre...