La liquidation de la famille de Clovis

Clovis semble à nos yeux un barbare sanguinaire pour certaines actions déjà peu reluisantes à l’époque : l’élimination systématique de tous ses parents, même lointains, qui auraient pu constituer une menace pour ses enfants.

Comme déjà exposé, la civilisation germanique ne donne pas de droit particulier aux aînés, et les héritages se déroulent plus latéralement que verticalement (principe de la tanistry). Les veuves épousent souvent le frère de leur défunt mari, les unions incestueuses sont courantes, et la société explose en groupes endogamiques fermés unis par le sang.

Le massacre de sa parentèle permet donc à Clovis de garantir que ses fils hériteront, et non un oncle ou un cousin quelconque, et d’établir un début de transmission patriarcale. L’échec est cependant total puisque les Mérovingiens s’entredéchireront en permanence, et le principe du règne simultané des frères perdurera jusqu’au IXè siècle. Le Regnum Francorum sera cependant réunifié brièvement sous Clotaire puis Dagobert.

La consolidation

Clovis vainqueur est également actif au niveau légal : la remise à plat de la loi salique et la promulgation du bréviaire d’Alaric tentent d’une part de supprimer certaines coutumes franques déplorables, notamment la faide (remplacée par des tribunaux et des amendes), ou les mariages incestueux (affirmation du patriarcat et des transmissions de père à enfant), d’autre part de supprimer les barrières entre Francs et Gallo-Romains pour une fusion ultérieure des deux ethnies (début d’État de droit à la romaine, maintien ou adaptation de lois romaines de l’époque impériale).

Le concile d’Orléans également constitue une étape importante : Clovis ne se pose pas comme chef de l’Église comme le ferait un roi arien, il coopère avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s’il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
Ce concile vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume franc, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes, à partager les tâches entre administration et Église, à restaurer les liens avec la papauté.

Royaume inachevé

Le royaume de Clovis est inachevé mais les base sont là : levée de la menace des ariens, des Goths, des Alamans..., unification religieuse, remise en état de la hiérarchie épiscopale, alliance avec l’Empire qui reconnaît Clovis comme son représentant en Occident... Mais il reste beaucoup à faire.

Clovis meurt en 511 à Paris, sa capitale définitive, et ce seront ses fils qui, malgré leur querelles internes, complèteront le travail : défense des frontières, conquête de la Burgondie, fusion des civilisations.