On sait surtout son rôle dans l’aide française (militaire) à la naissance des États-Unis, et dans le début de la Révolution Française (moteur, mais incapable de contenir les extrémistes). Sont ignorées en général les années sous la Terreur (il est emprisonné par les Autrichiens), sous l’Empire (comme opposant toléré mais mis à l’écart par Napoléon), sous la Restauration (comme opposant), et surtout son rôle capital dans une deuxième (!) révolution, celle de 1830 : Louis-Philippe lui doit en grande partie son trône, ce dont La Fayette se mordra très vite les doigts.
La Fayette, issu d’une très vieille famille de noblesse auvergnate, s’enflamme très vite pour les idéaux des Lumières, chose relativement courante en fait en son temps. Il devient franc-maçon, et contrairement à beaucoup, le restera une fois la mode passée. En effet, qualité rare dans ces temps troublés, le personnage n’a pas varié dans ses convictions entre ses jeunes années de conquérant de la liberté en Amérique, et ses derniers banquets républicains peu avant sa mort à l’âge, vénérable pour l’époque, de soixante-treize ans.
Son tort essentiel : avoir préféré la popularité à un pouvoir qu’il aurait pourtant eu l’occasion de prendre, ou simplement ramasser, plusieurs fois. En 1789, si Louis XVI lui avait fait plus confiance. Ou si les sociétés secrètes des Charbonniers avaient réussi leur coup sous la Restauration. Ou s’il avait simplement proclamé la République après les Trois Glorieuses en 1830.
Le livre de Gonzague Saint Bris, admiratif, ne se centre pas que sur le marquis républicain. Il dépeint une belle brochette de personnages, souvent archi-connus : Louis XV (son abominable agonie ouvre le livre), Louis XVI (Gonzague Saint Bris le dépeint comme un homme de bonne volonté, et loin d’être incapable, mais il n’était pas à la hauteur des temps), Marie-Antoinette (qui aurait dû comprendre qu’elle n’avait pas de sens politique, et n’a pas su reconnaître La Fayette comme un allié, contre toute évidence), Rochambeau (général des armées françaises en Amérique, une fois que l’aide aux États-Unis fut officielle), Beaumarchais (agent secret du Roi, dont l’aide aux insurgés américains fut également capitale), Choderlos de Laclos (le général écrivain, bras droit de Philippe Égalité, tient un grand rôle dans la marche des femmes sur Versailles), Napoléon (petit officier quand la Révolution dérape, et fossoyeur des idées d’icelle ; La Fayette lui donnera le dernier coup de grâce après Waterloo), Joseph Bonaparte (exilé aux États-Unis), quelques pères fondateurs américains comme George Washington (père spirituel de La Fayette), Benjamin Franklin, Thomas Paine (qui a fait beaucoup pour sauver la tête de Louis XVI et l’envoyer aux États-Unis)...
Le livre n’a rien de romancé, les dialogues sont rares mais le style est plaisant. Il y a bien quelques tics d’écriture à la longue énervant : chaque chapitre, quasiment, débute par une devinette sur un personnage ; le nom n’est donné qu’après deux pages.
Bref, une belle leçon d’histoire sur un personnage capital de plusieurs de chapitres cruciaux de l’Histoire de France, un peu trop oublié de nos jours.
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