Pendant que certains fêtent bruyamment la victoire d’un homme sur lequel aucun d’entre eux n’aurait parié deux kopecks il y a un an, et que ceux du camp d’en face préparent leur migration en Suisse pour échapper au retour des communistes, je vais détendre l'atmosphère par un peu de sciences :
Ce fut un petit numéro en mai, avec quelques infos, mais rien qui m’ait frappé plus que ça. (En italique comme d’habitude ce qui est remarque personnelle.)
- L’obésite, le diabète… pourraient être causés entre autres par des perturbateurs endocriniens comme les phtalates, les dioxines, les pesticides…
- Alain Trannoy fait un petit article sur le fameux taux d’imposition à 75% proposé par le
futurnouveau président. Déjà c’est un taux marginal au-delà de 1 million, donc ça ne ferait que 57% de taux moyen pour ceux qui gagnent 2 millions par an. Ensuite, le découragement que cela pourra induire sur l’élite des PDG est difficile à quantifier, puisque le PDG d’une grande entreprise doit travailler autant que celui d’une PME, et que le salaire semble suivre grosso modo le chiffre d’affaire de l’entreprise. La vraie question est l’impact que cela peut avoir sur l’expatriation des « meilleurs » PDG.
(D’un autre côté, je ne sais pas si on a vraiment besoin de gens qui prennent comme premier critère de décision l’argent qui leur reste à la fin du mois. On sous-entend aussi que ce sont les meilleurs qui arrivent en haut, alors qu’il y a un effet de verrouillage et de copinage bien connu dans les conseils d’administration qu’un exil fiscal généralisé pourrait bien briser. Les places seront toujours convoitées de toute manière.)
- Les épinards ne contiennent pas beaucoup de fer assimilable, la légende provient d’une erreur d’impression dans la documentation du créateur de Popeye. Il vaut mieux chercher le fer assimilable dans les aliments d’origine animale, surtout sang et muscle.
- Les virus géants peuvent approcher la taille d’une bactérie. Ces monstres contiennent tous les gènes qu’il leur faut et n’ont pas besoin de s’introduire dans le noyau de la cellule infectée, détourner sa machinerie suffit. Il y a même des virus infectant des virus géants… En arrière-plan la question de l’appartenance des virus au vivant… ou pas.
- L’Antarctique serait un paradis pour paléontologues s’il n’y avait pas des kilomètres de glace à creuser avant de trouver le sol. Les rares affleurements contenaient quelques merveilles comme des dinosaures ou des tétrapodes d’un demi-milliard d’années.
- L’article sur la gravitation quantique en deux dimensions m’est passé totalement au-dessus de la tête. Cet exercice pour physiciens cherchant à simplifier le problème s’est révélé d’abord moins riche que prévu, mais ils ont réussi à le détourner pour en faire un monde à part avec ses règles, et y recréer l’équivalent de trous noirs en 2D, avec applications possibles en optique à la clé.
- L’article de Jean-Paul Delahaye sur les embouteillages et la file d’à-côté qui avance toujours plus vite évoque en passant la loi de Murphy mais s’étend sur des calculs et simulations. Effectivement, il y a bien un biais, et nous surestimons toujours l’écart de vitesse avec les autres files, dans un sens comme dans l’autre. Inutile de prendre le risque de changer de file toutes les trente secondes.
- Enfin, un petit article explique la physique du repassage, à base de cassage de liaison faibles entre chaînes de polymères grâce à la chaleur ou à l’humidité.
6 réactions
1 De Eric C. - 08/05/2012, 20:28
"Les places seront toujours convoitées de toute manière"
C'est clair. Primo je ne pense pas que le marché du pdg soit si "liquide" qu'on le suppose, secundo dans les grands groupes où ces rémunérations ont cours, le pdg est amha bcp plus facilement remplaçable qu'on ne le dit (ce n'est par contre pas vrai dans les PME)
2 De Le webmestre - 09/05/2012, 22:40
@Eric C. : Ceux qui sont arrivés en haut d'un grand groupe par leurs seules qualités managériales sont sans doute rares. Sont-ils vraiment si meilleurs que ceux juste en dessous qui pourraient les remplacer pour le même prix ?
Et puis voyons à long terme : plein de Français qui s’expatrient pour le pognon, ça fait toute une diaspora de gens aisés (donc bien intégrés dans leur nouveau foyer, et encore connectés chez nous) qui fait relai et lien entre la France et l'étranger. Pour un pays avec peu d’émigration comme le nôtre, une diaspora ça manque sans doute un peu :o)
Le vrai danger serait que les sièges sociaux émigrent aussi — mais on ne migre pas tout le contenu du siège comme ça, et les boîtes à lettres pour raisons fiscales sont déjà parties.
3 De vpo - 11/05/2012, 16:26
Je vais encore citer econoclaste (décidément :-) :
Le taux à 75% ne fait pas fuir les gens qui y seraient astreints (*). Je cite: "Si tu mets un taux à 75%, ceux qui ne le paieront pas vont être mécontents aussi." Car ils rêvent de gagner un jour une telle somme (même si comme pour les files d'attentes dans les embouteillages, ils surestiment leurs chances. Ouf j'ai réussi à me raccrocher au sujet de ton billet :-)).
Source: http://econoclaste.org.free.fr/dotc...
Conclusion : 75% c'est psychologiquement bcp et cela rapporte en fait assez peu. Mieux vaut des taux plus bas sur des tranches retaillées : Y aura un sentiment de justice sociale sans avoir l'aversion du 75% Ca tient à pas grand chose la politique :-)
Note: (*) car à ce niveau de salaire, on négocie du "net net" c-à-d du net d'impôt et de charges, et non du brut.
C'est l'effet star. Donc les employeurs vont augmenter le salaire de leur PDG / joueurs de foot vedette.
Et selon le principe de je déshabille pierre pour habiller paul, ce sont les salariés de niveau intermédiaire qui vont devoir se serrer la ceinture car bien sûr l'employeur qui a augmenté sa star ne veut pas que son budget explose, il se rattrape donc sur ceux qui sont substituables, les 'non stars'.
Lien sur l'effet star : http://econoclaste.org.free.fr/dotc...
4 De Le webmestre - 12/05/2012, 12:07
@vpo : L'effet star : ça veut dire aussi que ce serait contre-productif, les plus riches augmentant monstrueusement leur salaire pour compenser la ponction fiscale, d'où pression supplémentaire sur ceux d'en dessous ? Avec un argument pareil tu justifies des impôts nuls sur les plus riches. Reste à prouver aussi que les stars valent vraiment leur pesant d'or, et qu'elles ne seraient pas assi efficace en étant moins cher. y a un côté spéculatif là-dessus...
Quant à la justice fiscale, elle passe beaucoup par les symboles, le 75% et l'ISF, utiles ou pas, ont une forte valeur symbolique. Dans la pratique, ça serait plutôt faire en sorte que, tout confondu, les plus riches n'aient pas un taux d'imposition inférieur à celui des classes moyennes ! (Dans l'optique la plus optimiste, on pourrait dire que c'est parce qu'être aisé c pouvoir mettre tout son argent dans des investissements défiscalisés car encouragés par l'Etat).
Tu as par exemple le taux marginal d'imposition aux US, ça montait à plus de 90% en pleines 30 glorieuses :
http://ntu.org/tax-basics/history-o...
Un peu primaire certes, était-ce appliqué ? et l'économie était moins globalisée et la démographie très différente.
5 De vpo - 13/05/2012, 00:10
"Avec un argument pareil tu justifies des impôts nuls sur les plus riches."
Non, je ne justifie pas du tout cela. Ce ne sont pas les plus riches qui vont augmenter leur salaires mais seulement ceux qui ont le pouvoir de le faire car leur employeur ne veut pas les perdre. Je constate que l'effet star joue à plein chez les acteurs, les chanteurs, les footballeurs, les grand patrons, etc.
Et ce qui est ennuyeux avec le symbole c'est que c'est aussi parfois l'arbre symbolique de justice fiscale qui cache la forêt d'injustice fiscale.
Tu en fait la preuve toit même avec le problèmes de milliardaires moins imposés en taux moyen d'imposition qu'un type qui fait partie de la classe moyenne.
Si on part du principe qu'un impôt juste c'est un impôt progressif qui fait contribuer en fonction des moyens de chacun (comme l'impôt sur le revenu) alors qu'un impôt injuste est impôt qui frappe tout le monde pareil pauvres comme riche (comme la TVA) alors cela interpelle le fait que, en France, en 2005, la TVA a rapporté 3 fois plus que l'IRPP (http://www.minefi.gouv.fr/presse/do...).
Tiens, en passant, et pour finir, l'ISF n'est pas que symbolique. Il a un rôle incitatif à investir plutôt qu'à crever sur son tas d'or. En effet, une personne assujettie à l'ISF peut réduire son ISF si elle investi dans entreprises innovantes, par exemple. Or, on entend souvent des propositions du type "supprimons l'ISF c'est impôt odieux sur le capital et ajoutons une nouvelle tranche dans la barème de l'IRPP". En gros, dans ce cas, tu va inciter le rentier à ne pas investir puisque si son argent dort il ne sera pas imposé alors que si il prend un risque en investissant il peut perdre son argent et si il en gagne il sera imposé dessus.
6 De Le webmestre - 13/05/2012, 15:49
@vpo : Tu prends l'exemple des stars du show-bizz (sport inclus) mais je ne pense pas que ce soit eux qui soient les richissimes les plus nombreux, juste les plus visibles. Et en tout cas ils ouvrent rarement des dynasties, au contraire de certaines familles d'industriels. Quant aux grands patrons, ils se cooptent et je ne crois pas que les « meilleurs » que l'on tiennent à avoir soient ceux allergiques aux impôts. Et pour un artiste qui atteint le niveau Madonna, tu as quelques managers dans les grandes entreprises du divertissement qui encaissent autant…
C'est aussi le moment de rappeler que la fortune et l'évasion fiscales ne sont pas que le fait d'individus mais aussi des entreprises, et ce serait presque pire, car une entreprise n'a ni espérance de vie finie ni moralité ni nationalité, bref aucune loyauté ni sens de la vie en commun.
Dire que l'IRPP est mal fichu en France, je suis le premier à être d'accord. Il est aux dernières nouvelles plus élevé en Allemagne d'ailleurs, je sais pas si Sarkozy voulait prendre modèle là-dessus aussi.
Pour les exemptions : que ce soit ISF ou IRPP les exemptions doivent avoir le but de pousser à investir ou utiliser intelligemment l'argent. Le problème est que tout système de ce genre est exploité jusqu'à l'os pour faire de la pure évasion fiscale, la frontière étant floue. Et dans l'ISF bien sûr il faut distinguer les différents types de fortune (plus imposer des assurances vies qu'une résidence principale qui restera après ses propriétaires, moins imposer un investissement en appartement ou en PME qu'en actions de Total, tenir compte de la durée de détention… — je sais, ça complique).
Et puis n'oublions pas le 3è impôt sur la richesse, celui sur les successions : j'ai toujours été d'avis que le taux d'imposition devait être calculé non sur le degré de parenté ou sur le montant transmis mais sur la fortune totale de l'héritier, éventuellement son âge : si un milliardaire partage sa fortune (en cash) entre 10000 jeunes SDF, que l'État ne prenne rien, et qu'il prenne 80% s'il transmet à son fils sexagénaire déjà multimillionnaire.