La planète X

La système solaire pourrait-il retrouver une neuvième planète ? Pluton a été déclassé car elle n’était qu’un des corps (et pas le plus gros) de la ceinture de Kuiper, avec Eris, Sedna et d’autres. Elle avait été découverte par chance puisque les calculs qui voulaient expliquer les anomalies de la trajectoire de Neptune étaient faux. La découverte de cette même Neptune avait d’ailleurs suivi la découverte de perturbations de l’orbite d’Uranus. Mais l’histoire de l’astronomie est pleine de planètes mathématiquement démontrées et jamais détectées.

Les astronomes sont donc prudents depuis que les analyses des trajectoires des objets de la ceinture de Kuiper et d’autres indiquent la présence d’une planète d’environ dix masses terrestres dix fois plus loin que Neptune (même pas deux jours-lumière). L’hypothèse se défend, mais il va falloir voir cette planète. Des recherches systématiques ont déjà eu lieu, mais avec une sensibilité insuffisante pour un tel astre aussi lointain. Selon les télescopes mis à contribution, on pourrait la trouver dans les cinq ans.

On se demandait justement pourquoi il manquait dans notre système des « super-terres » si fréquentes autour d’autres étoiles. Les scénarios de formation des planètes prévoyaient déjà que des proto-planètes soient éjectées ou éloignées lors des différentes migrations de Jupiter ou Saturne.

Perte d’audition cachée

Quelques heures ou jours près une agression sonore, votre seuil d’audition peut retrouver une apparence normale mais en réalité le nerf auditif aura pu être atteint. Le seuil de détection des sons faibles semblera normal, mais la résolution aura baissé. L’auteur compare cela à réduire la résolution d’une image, où l’on peut reconnaître des formes en ayant perdu de nombreux détails. Cela expliquerait de nombreux problème de personnes âgées qui ont du mal à suivre des conversations.

Les normes sur le bruit ne tiennent pas compte de cela, il faudra les revoir. La bonne nouvelle : il serait possible de réparer les nerfs abîmés avec quelques gouttes.

Vie et complexité

Article très peu mathématique de Jean-Paul Delahaye : comment repérer la vie ou l’intelligence ? Est-ce par la complexité de ses artefacts ?

La régularité ne suffit pas (les découvreurs des pulsars ont d’abord cru à un signal extraterrestre). Des formes géométriques parfaites non plus, de manière assez étonnamment différentes suivant les formes : une sphère naturelle peut être énorme (planète) ou minuscule, un cube peut être moyen ; mais une sphère de taille moyenne ou un cube gigantesque seraient traces d’intelligence. De même, la polémique perdure sur certaines traces supposées de vie terrestre ou martienne, pas assez complexe pour exclure un phénomène purement chimique. En conclusion : « il faut raisonner prudemment en oubliant nos rêves ».

Didier Nordon

Mon chroniqueur préféré était en forme :

  • « Pour un mot auquel nous croyons avoir avoir réussi à assigner un sens précis, nous en employons mille que nous ne contrôlons pas. » Même chez les mathématiciens et les philosophes.
  • En mathématiques, impossible de tout redémontrer soi-même : il faut bien faire confiance à d’autres. Dans bien des sciences, c’est pire, on ne peut refaire certaines mesures ou enquêtes ou assister à des événements passés. Plus il y a d’intermédiaires, plus le risque de dérive idéologique est fort : sociologie et économie attisent plus les passions que ne le devraient des sciences.
  • Expliquer l’opposition de quelqu’un par la frustration (de ne pas faire partie d’un cercle, d’avoir échoué...) a beau être toujours plausible, cela n’enlève rien à la valeur des arguments. « Déconsidérer un individu est plus facile que réfuter ses arguments. Surtout s’ils sont pertinents. »

Science et laïcité

Le phénomène de la contestation religieuse de l’enseignement scientifique est sporadique et amplifié par les médias, mais il est réel. Et les professeurs sont parfois dépourvus.

Le renoncement et l’évitement du conflit ne sont pas des options. Il faut bien distinguer science et croyance, faire attention à ne pas présenter la science comme une croyance parmi d’autres, ni à la sacraliser comme un dogme (l’inverse de la démarche scientifique), ni chercher à réfuter des croyances religieuses. On ne peut forcer les élèves à « croire » aux enseignements de l’école, mais ils sont tenus de les apprendre. L’histoire des sciences (contextualisée) est une bonne porte d’entrée.

Vaccins

Les vaccins sont victimes de leur succès : on a oublié les maladies mortelles dont ils nous protègent (rappelons que la variole a totalement disparu, et que la poliomyélite va bientôt suivre), et qui ressurgissent dès que la couverture vaccinale se réduit (tétanos, rougeole...). La polémique sur les effets secondaires, l’activisme de certains groupes parfois irrationnels, la défiance envers les autorités de santé ont ainsi pu entamer la confiance de certaines parties de la population.

Les effets secondaires sont maîtrisés, pas prouvés ou paradoxalement moins graves quand on est vacciné : le vaccin contre la grippe peut entraîner un syndrome de Guillain-Barré, avec une probabilité infime par rapport à une vraie grippe qui peut aussi entraîner le syndrome. La recherche se poursuit sur les adjuvants et leurs risques.

La France est un des derniers pays où la vaccination est obligatoire pour des raisons historiques, quand les nouveaux vaccins ne sont que recommandés, ce qui est peu compréhensible pour le public. Supprimer l’obligation (en insistant sur le fait que certains sont indispensables) risque de réduire la couverture vaccinale, alors que des populations arrivent de pays où la couverture est insuffisante. Une fois de plus, il y a encore beaucoup à faire en matière de prévention ou de simplicité d’accès au vaccin.

Divers

  • Pour résoudre un paradoxe lié à la conservation de l’information lors de l’évaporation d’un trou noir, Stephen Hawking propose des gravitons soft et des photons soft, particules d’énergie issues d’une théorie sur les supertranslations de l’espace-temps.
    Ça me dépasse...
  • Il y a 10 000 ans au Kenya, une tribu a été massacrée par une autre (mains liées, flèches, massue...). Nos ancêtres auraient commencé à se faire la guerre quand des chasseurs-cueilleurs trouvèrent des ressources régulières et devinrent semi-nomades et, surtout, territoriaux.
  • Le champion européen de Go a été bâti par un logiciel qui combine une approche arborescente à des réseaux de neurones, qui a analysé 30 millions de parties de joueurs professionnels et joué contre lui-même sur 50 ordinateurs...
  • Si on suit Leibnitz, est conscient celui qui peut décrire ses actions. Un ordinateur le peut, mais forcément de manière partielle puisqu’il fait bien s’arrêter quelque part dans l’auto-description pour de simples raisons pratiques. Il nous semble évident aujourd’hui qu’une partie de nos actions sont inconscientes : ce ne l’était pas au temps de Leibnitz.
    De là à dire qu’un PC est conscient parce qu’il logue son propre fonctionnement...
  • On sait en anthropologie que les peintures de guerre ou les masques lèvent les inhibitions et notamment libèrent l’agressivité. On peut faire le parallèle avec toute situation où nous ne sommes pas en contact direct avec nos semblables, des insultes au volant aux flamewars sur le Net.
  • Les Chinois ont depuis les origines ignoré voire méprisé les civilisations voisines du cœur de la Chine antique. Leurs archéologues actuels tentent de sortir du carcan des chroniques anciennes et découvrent tout juste la cité de Jinsha, civilisation avancée du IIè millénaire avant notre ère, vénérant les éléphants, dans le Sichuan. La région est à présent totalement sinisée.

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