Certains parlent de discrimination positive comme moyen de lutter contre le racisme et autres formes de mise à l’écart plus ou moins consciente, plus ou moins évidente, de parties entières de la population - en premier lieu les descendants d’immigrés « colorés[1] ».

Je serais par nature enclin à n’accepter la discrimination positive que pour les critères indépendants de la culture, de l’héritage, des qualités humaines et de l’aptitude à changer soi-même, donc en faveur des femmes dans certaines circonstances, ou sur critère financier, mais je me trompe peut-être.

Mais si la discrimination positive s’impose, je trouverais logique d’imposer des quotas :

- de nabots comme moi dans les entreprises ;

- de provinciaux dans les conseils d’administration parisiens ;

- d’alsaciens, basque, corses, ch’tis, lorrains avec un accent (même léger) parmi les présentateurs du journal de 20 heures ;

- de sourds et muets parmi les chanteurs et musiciens ;

- de moins de quarante ans au Parlement ;

- de blancs dans l’équipe de France d’athlétisme ;

- de noirs dans celle de ski ;

- de candidats de télé-réalité avec un QI supérieur à 80 ;

- d’handicapés mentaux parmi les candidats de Questions pour un champion ;

- de joueurs de moins d’un mètre soixante-dix dans les équipes de basket professionnelles ;

- de « techniciens » (ie pas d’avocats ou professionnels de la « com’ »...) au Parlement et au gouvernement ;

- d’hommes parmi les sages-femmes ;

- d’hommes parmi les instituteurs de maternelle[2] ;

- de linuxiens parmi les revendeurs de matériel informatique grand public ;

- de gens qui savent de quoi ils parlent parmi les journalistes[3] ;

- de personnages positifs de plus de quarante ans dans les films pour adolescents, hors rôle caricatural des grand-parents ;

- de boudins de moins d’un mètre cinquante et plus de cent kilos dans les clips vidéos de rappeurs de MTV ;

- de mecs petits, gros et moches parmi les simili-chanteurs pour minettes ;

- de noirs et d’asiatiques parmi les héros de films de cape et d’épées ;

- de serveurs blancs ou noirs dans les restaurants chinois[4] ;

- de gamins orthographiant correctement le français parmi tous les utilisateurs de MSN et des SMS ;

- de personnes non soumises aux quotas dans les catégories soumises aux quotas ;

- d’handicapés moteurs parmi les athlètes des Jeux Olympiques[5] ;

- d’autodidactes dans le corps professoral (surtout à son sommet) ;

- de femmes parmi les prêtres, toutes religions confondues ;

- de maladroits complets parmi les super-héros de films hollywoodiens ;

- de gens honnêtes parmi les vendeurs de cuisine ;

- de diplômés bac+5 dans les effectifs de la maréchaussée « de base » ;

- de smicards et de non-diplômés[6] à tous les échelons des hiérarchies gouvernementales ou de grandes entreprises ;

- de petits entrepreneurs parmi les lobbystes bruxellois ;

- d’espérantistes et autres locuteurs de langues délaissées à la télévision et la radio ;

- dans la presse informatique, de journalistes sachant écrire un article, et non copier-coller des communiqués de presse ;

- de gens de la direction parmi les victimes de tout plan social ;

- d’hommes parmi les caissi(è)r(e)s de supermarché ;

- d’adultes sachant débattre et discuter, sans s’insulter ni hurler comme des gamins de maternelle, parmi nos députés (au moins le mercredi devant les caméras) ;

- de films étrangers en version originale à la télé, sur toutes les chaînes ;

- de crédibilité dans tout scénario hollywoodien ;

- de femmes aux mensurations normales et d’hommes avec bedaine dans les publicités ;

- de gens responsables parmi les publicitaires et leurs commanditaires ;

- de pacifistes parmi les militaires ;

- de blogueurs qui lisent les blogs des autres au lieu de déblatérer des âneries du genre de ce que vous êtes en train de lire[7] ;

etc.

(Fin du mode provoc’)

Notes

[1] Terme lui-même débile, certains Arabes ou Asiatiques étant plus blancs - en fait roses - que moi, dont les origines françaises doivent remonter au Néolithique.

[2] Les implications œdipiennes de l’absence actuelle d’une figure « paternelle » à l’école maternelle, et au-delà également dans une moindre mesure, sont laissées au lecteur en exercice.

[3] Il est angoissant de découvrir que quand on connaît le sujet rapporté par un journaliste, on trouve souvent qu’il raconte beaucoup de bêtises...

[4] Soyons honnête, j’ai déjà vu ça.

[5] Ce qui reviendrait tout bêtement à faire se dérouler les Jeux Paralympiques en même temps que les autres.

[6] Comprendre : « non formatés par le système ».

[7] Si vous tenez un blog, merci pour votre participation au quota.