“CORPORATION, n. An ingenious device for obtaining individual profit without individual responsibility.”
(« ENTREPRISE, n. : Ingénieux système pour obtenir un profit personnel sans responsabilité individuelle. »)
Ambrose Bierce, The Devil’s Dictionary (Le Dictionnaire du Diable)
“CORPORATION, n.”
dimanche 12 octobre 2008. Lien permanent Citations
2 réactions
1 De Kooorrg - 12/10/2008, 19:53
Sur le sujet, je ne peux que conseiller l'excellent livre "The Corporation" de Joel Bakan (aussi disponible en DVD). La thèse du ce livre est simple : les lois qui régissent une entreprise l'oblige à rechercher le profit à tout prix mais comme les propriétaires (et les dirigeants) de ces entreprises n'en sont pas responsable individuellement (ils peuvent juste perdre leur mise si l'entreprise fait faillite), alors l'entreprise est par définition "psychotique" i.e. incapable d'assumer la responsabilités de ses actes. Cela expliquerait donc qu'une entreprise ne se soucie pas de la pollution qu'elle engendre ou du mal quelle fait à ses employés.
2 De Le webmestre - 12/10/2008, 21:20
@Kooorrg : Encore un livre qui va me déprimer (je suis dans les Origines du totalitarisme d’Arendt, là, c’est déjà assez angoissant quand je compare avec le monde actuel...). Mais la thèse est classique. Le principe de l’entreprise a été perverti : les petits entrepreneurs hypothèquent leur maison pour protéger leur entreprise, tandis que les plus gros sont dirigés par des gens qui la voient comme outil pour s’enrichir (parachutes dorés, ligne prestigieuse sur un CV le temps de passer à une autre, etc.).
Même si elle n’a pas de sens moral à proprement parler (en fait, pas plus que celui du moins civique de ses maillons, que ce soit en haut ou en bas), une entreprise peut parfaitement assumer ses actes mais même si c’est le cas, elle en crève mais, effectivement, les chefs n’en portent pas la responsabilité. Bizarrement, le concept de personne morale est à la fois un progrès et une erreur : les dirigeants devraient assumer personnellement les dérives les plus graves, même sans faute.
Même avec ça, je ne crois pas que la course au profit s’arrête pour autant. La rétroaction était en place en Occident pendant les Trente Glorieuses mais la mondialisation a fait exploser cela, et pas seulement à cause des usines chinoises. J’espère qu’une des contre-mesures à la crises actuelle sera la reprise en main de tous les paradis fiscaux qui rendent nombre d’entreprises irresponsables, même si ça doit se solder par une invasion des Caïmans par l’OTAN (on peut rêver ; mais qui serait en mesure de s’y opposer ?)