(Mise à jour 5 ans après : Bon, le billet original semble bien présomptueux après coup, puisque Facebook est aussi florissant qu’alors, même si la concurrence s’est un peu développée dans d’autres niches.)

D’une part, ne pas rêver : pour un militant qui ferme son compte, cent jeunes totalement ignorants (on l’est forcément quand on est jeune) y déversent des tombereaux d’informations sur eux-mêmes et leur entourage, et ne comprennent rien au débat ni au danger.

D’autre part, je me dis que Facebook sera simplement dépassé par la prochaine mode. Il y a eu le courrier papier, le téléphone, les BBS, le mail, les newgroups, ICQ, le téléphone portable, le web « originel » (pages statiques, peu commerciales, codées à la mimine), les SMS, MSN, Myspace, les podcasts, Facebook, Twitter… et je dois en oublier.

On continue de distinguer médias synchrones (téléphone, MSN) et asynchrones (je lis quand ça me chante) mais tous ces médias se recoupent et se copient en compensant chaque amélioration par un nouveau défaut.

L’effet de génération est frappant, même pour ceux qui se tiennent au courant. Je suis de la génération e-mail : c’est pour moi le média le plus courant, le plus simple, asynchrone, rapide, bref ou long. Des membres de ma famille un peu plus jeunes communiquent principalement par SMS. Même si nous savons manier occasionnellement le média de l’autre, toute discussion est entravée par cette différence ; mais nous sommes assez vieux pour redescendre au standard ultime qu’est le téléphone.

J’ai ouvert mon blog pour diverses raisons, notamment son côté push grâce aux flux RSS. À côté de la facilité de rédaction (merci Dotclear) et des retours possibles par les commentaires, c’est surtout cette capacité à tenir un lectorat, même rachitique, informé des nouveautés, qui fait la différence par rapport à l’ancien site statique (toujours maintenu d’ailleurs).

Les forums web n’ont en fait aucun intérêt par rapport aux bons vieux newgroups. Il se trouve que le grand public confond toujours « Internet » et « ce qu’il y a dans le navigateur » (déjà beau si c’est autre chose qu’Internet Exploser), et préfère les pages pleines de jolies couleurs à des systèmes décentralisés qui avaient fait leurs preuves.

Je ne vois pas l’intérêt réel de Twitter, qu’un blog ne permette pas. La limite de quelques caractères de contenu me semble une réduction extrêmement dangereuse de toute pensée non triviale. C’est peut-être l’équivalent en multicast d’un SMS, mais la limite en taille du SMS était une contrainte, pas une fonctionnalité. Quant à Facebook, il a fallu que j’y ouvre un compte pour consulter exceptionnellement ceux des autres mais sous un pseudonyme pipeau (si vous cherchez mon nom, vous ne trouverez que flopée d’homonymes).

Je confesse n’y avoir consacré qu’un temps à peu près epsilonesque (Clio-boulot-marmots-dodo oblige).

La vraie raison de l’intérêt de Twitter/Facebook/Myspace (autrefois) : « les gens » y sont. La technologie est un détail. Les forums web parlaient à ceux qui ont découvert le web et pas Usenet, et ils sont restés. Myspace était in, maintenant out, alors qu’une page web suffit pour se présenter. En gros, chacun suit la mode de sa tribu, ou plutôt des tribus auxquelles il est lié. Si toutes les personnalités qui m’intéressent se mettaient uniquement à twitter, je m’ouvrirais un compte. Pour le moment, j’ai déjà largement trop de flux RSS à lire (même après la dernière purge) pour me lier à un autre média.