Et allons bon, encore un nouveau format audio matériel. À chaque bond technologique « ils » ne résistent pas à la tentation de nous revendre ce qu’on a déjà acheté quatre fois ces quarante dernières années.
Le CD a été un progrès, mais l’adaptation à la technologie du DVD a fait flop (cf SACD contre DVD Audio). La vidéo a fait un nouveau progrès (relatif et pas foudroyant, plus lié au renouvellement des lecteurs) avec le Blu-Ray, et ils veulent nous en fourguer l’équivalent audio, avec le « Blu-Ray Pure Audio ».
Il y a quelques détails techniques chez Daniel Renard (2016 : le lien est mort…) : pistes différentes selon le lecteur, formats audio haute définition, 5.1, etc. Par rapport au SACD par exemple, ce nouveau format à l’intelligence de se baser sur un parc de lecteurs Blu-Ray déjà installé, et évite l’éternel problème de la poule et de l’œuf.
Est-ce que ça va marcher ? Quel intérêt ? Il n’y a qu’à lire quelques forums (entre mille, Macbidouille, Homecinema.fr) pour noter un certain scepticisme, sinon un gros soupir collectif.
En fait, ce ne sont même pas les effets audio les plus poussés, inaudibles pour 99 à 100 % de la population, qui génèrent la méfiance, mais plutôt :
- Le marketing qui corrompt tout dans ce milieu.
Personne ne trouverait rien à redire si ce nouveau format remplaçait l’ancien dans les nouvelles parutions, avec un format hybride lisible partout, tirant parti au mieux des capacités de chaque lecteur. Après tout, des gens avec l’oreille absolue, qui peuvent et veulent déguster Mozart dans une salle de concert avec le dernier cri du matériel et des enceintes de concert, pourraient apprécier, et sans que cela porte préjudice à un béotien auditif comme moi.
Ou encore, il y aurait la place de caser une intégrale d’un artiste sur une seule galette pour pas cher.
Mais à voir la liste des albums (pas d’intégrale), on n’en prend pas le chemin (du classique je veux bien mais Brel ?).
Évidemment, ce sera plus cher, 20 € le disque.
Bref, le nouveau format vise encore l’audiopathe qui claque déjà son fric en câbles hors de prix (rappel).
- L’intérêt réduit d’un format puissant quand la source ne vaut rien : compression de la plage dynamique dans la « course au volume » (voir ici et le dernier commentaire ici), masters de vieux classiques pas forcément au top non plus… C’est à la production que ça pêche, pas dans la restitution chez l’auditeur !
r@net54 résume d’une phrase :
« ils vont mettre dessus a la fois le contenu d’un CD audio, d’un SACD, d’un DVD audio, des menus et clip, plus 5 heures de bonus et messages antipiratage qu’il faudra bien se résoudre a subir pour enfin avoir droit aux 45 minutes de son 7.1 haute fidélité , avec un peu de chance pas trop écrêtés ni compressés, rendant toutes les nuances du dernier opus d’un rapeu defoncé aux meth qui couine sur un sample des 80’s… »
Au passage, j’aime bien la possibilité de télécharger la version MP3 ou FLAC : le client a payé cher un format au stockage démentiel (25 Go minimum, à comparer aux minables 300 Mo d’un album en FLAC qualité CD, ou aux 100 Mo de la version MP3 qualité si-tu-entends-la-différence-avec-le-CD-tu-es-un-chien), donc, dans la logique des marketeux, pour ces versions pratiques-et-suffisantes hors d’une salle de concert, il faudra aller les chercher sur Internet !
Au passage, je me demande si on peut ripper aussi facilement un Blu-Ray Pure Audio qu’un CD, mais vu qu’on est sur les mêmes technos que le Blu-Ray et que celui-ci semble à présent aisément rippable malgré ses protections de dément [1], la réponse est très probablement oui.
Bref, penser à rajouter le BRPA un jour à ma liste des formats et pourquoi ils ont souvent floppé.
Rendez-vous dans deux ans pour en rigoler.
Mise à jour de 2016 : Trois ans après, une petite recherche sur le site de la Fnac ramène environ 200 références en Blu Ray Pure Audio, rien de mirobolant, à comparer aux 2000 et quelques références de SACD, un chiffre déjà ridicule.
Note
[1] D’après ce que je vois sur Google, moi j’ai jamais essayé, il faudrait déjà que j’ai un lecteur Blu-Ray.
2 réactions
1 De Thias - 08/05/2013, 20:57
À mon avis le problème central c'est que l'encodage audio n'est à présent plus le point faible de la chaîne: quel intérêt d'encoder mieux un signal mal mixé, qui sera reproduit sur un mauvais amplificateur avec des mauvais haut-parleurs. Dans ma collection musicale, j'entends plus facilement les enregistrements mal fichus (saturés, ou bien avec les basses coupées) que les artefacts de la compression…
Un billet que j'avais écrit qui évoque le format SACD d'il y a quelques années: http://wiesmann.codiferes.net/wordp...
2 De Le webmestre - 08/05/2013, 22:51
@Thias : Effectivement, c’est la morale. Les nouveaux formats servent simplement à reproduire de la m... encore plus fidèlement, et il faut que toute la chaîne soit parfaite comme dans ton exemple.
Je serais curieux de savoir si ce nouveau format offre quand même un intérêt réel (et pas uniquement un effet placebo comme pour les câbles ruineux) pour des amateurs pointus avec un excellent matos, ou dans des conditions exigeantes comme un concert.
Même sans ça, le BRPA n’est pas complètement inutile : quelques effets supplémentaires en 5.1, et une durée beaucoup plus importante. Mais les maisons de disque verront d’abord la tonte des audiophiles, pas le côté pratique.