Antiquités

Une sélection de très anciennes uchronies rappellent que l’idée n’est pas ancienne :

Hérodote démontre que, sans les Athéniens, personne ne se serait opposé à Xerxès, qui aurait conquis la Grèce.

Tite-Live suppose que le grand Alexandre a eu le temps de poursuivre ses conquêtes : vieilli et corrompu par les Empires même qu’il a conquis, il n’aurait pu vaincre la jeune Rome, aux hommes disciplinés, aux généraux tous doués de la même force d’âme que lui, et capable de perdre bien des combats sans perdre les guerres ; sans parler du recrutement et de la logistique.

Clovis aurait dit qu’il aurait sauvé le Christ s’il avait été là avec ses Francs. Alain-René Lesage, en 1732, raconte le voyage d’Indiens qui découvrent l’Europe, une bien étrange contrée peuplée de gens bizarres. Delisle de Salles conte, peu après les événements réels, ce qui serait survenu si Louis XVI avait vu la lumière et soutenu l’Assemblée du Jeu de Paume (le texte est pompeux et illisible).

Textes plus récents

Giusto Traina suppose que César n’est pas mort. Où aurait-il tourné ses armées ?

Raymond Iss tente d’imaginer ce que l’Europe serait devenue si le pistolet de Gavrielo Princip s’était enrayé en 1914 à Sarajevo : petit exercice plein de name dropping, où Hitler n’est plus qu’un peintre à succès.

Un texte assez ancien de H.A.L. Fischer imagine Napoléon réfugié aux États-Unis et partant délivrer le message de la Révolution en Amérique du Sud.

Rémi Astruc parle du Complot contre l’Amérique de Philip Roth (chroniqué ici il y a bien des années), qui relève en partie de l’autobiographie fictive. Rémi Astruc évoque une résonance avec les années Bush, il n’a pas écrit cela après l’avènement de Trump...

Frédéric Pernot commente l’article Analyse d’une bataille atomique de Ferdinand-Otto Mieksche, un militaire franco-tchèque, paru en 1955.Il s’agit ni plus ni moins d’étudier l’impact de bombes atomiques lors de l’attaque allemande de mai 1940. La France dégaine en atomisant notamment Aix-la-Chapelle, les Allemands répliquent sur des villes belges. La progression des blindés allemands est cassée mais la contre-attaque est elle-même laborieuse. Bloqués tactiquement, les deux camps passent au niveau stratégique et les bombes A rasent de grandes villes...

J’ai fait un rêve de Robert Franck imagine une Europe acceptée dès les années 50 par les gaullistes, basée sur la CED et donc sur une alliance d’abord politico-militaire. Les Britanniques n’adhèrent qu’après la chute du Rideau de Fer et l’instauration d’une monnaie unique en 1979. Le monde n’est pas fondamentalement changé mais a gagné quelques décennies d’évolution.

Articles

L’inventeur du mot « uchronie », au XIXème siècle, est Charles Renouvier, un anticlérical militant. Éric Vial retrace l’évolution de son univers, où il imagine que le christianisme ne s’est pas imposé. Renouvier évolue dans sa haine au fil des événements de son temps.

François Pernot conte l’évolution de la notion de Lotharingie, née de la partition de l’Empire carolingien, coincée entre Gaule/France et Germanie, et dont le plus célèbre avatar est la Bourgogne de la fin du Moyen Âge. La Lotharingie a ressurgi périodiquement dans l’histoire en guise d’État tampon, et fut même évoquée encore lors des négociations de paix de 1919, bien que réduite alors à la Rhénanie.

L’Histoire secrète n’est pas un fantasme récent de complotistes : D’Israeli en a fait un livre dès 1791.

En 1964, le premier film uchronique de l’Histoire parut sous le titre It Happened Here, tourné par deux ados avec peu de moyens et des acteurs principalement amateurs. Mais pour cette histoire d’une Angleterre occupée par les nazis dès 1940 les auteurs s’étaient documentés sur la Résistance des pays occupés. Ce n’était pas si lointain alors... Le film est une réussite par son grand soin du détail et se voulait un avertissement sur une résurgence possible de l’extrême droite dans l’Angleterre des années 60.

Ajoutons à ce menu roboratif quelques mini-uchronies plus oubliables, et des articles, dont un sur les jeux vidéos.