Les deux produits se basent au final sur des interfaces (apparence et technique) totalement propriétaires et utilisées nulle part ailleurs (sinon par leurs autres produits).

Qu’on ne s’imagine pas que cette indépendance permet de s’affranchir du système d’exploitation sous-jacent, je n’ai jamais vu en pratique tourner ces produits ailleurs que sous Windows. Je me trompe peut-être, les deux interfaces ont migré au moins partiellement vers Java, avec la persective théorique d’être utilisable n’importe où, mais SAP notamment est connu pour être très proche de Microsoft. Le projet Duet est d’ailleurs destiné à lier de plus en plus SAP et Office. L’évolution sous forme d’applis web pourrait rendre le problème caduc, au moins pour certains modules, ou certains écrans.

La cause de ces interfaces bizarres serait plutôt qu’à force de migrer de système en système au cours de l’histoire de l’informatique (du listing papier de 1972 au terminal texte de 1985 au client-serveur de 1990 au client lourd de 2000 au futur full web de 200?), avec l’impératif de maintenir le maximum de compatibilité (pour limiter des coûts de migration toujours astronomiques[1]), chacun des deux systèmes s’est « enfermé » dans son propre univers. Le souci de l’interfaçage avec le reste des outils professionnels (notamment Office) s’accroît avec le temps, mais on ne cherche pas des applications intégrées parfaitement au système d’exploitation en apparence comme en comportement.

De plus, SAP et Oracle Applications se vendent sur leurs fonctionnalités (et leur capacité à faire le maximum de choses avec le minimum de monde, du moins en théorie), pas sur leur ergonomie ou leur design (un commercial m’a confié présenter Oracle Applications sur un écran au client le plus tard possible).

On obtient donc l’inverse total et simultané des philosophies à la Microsoft (en mettre plein la vue et insister sur la facilité d’utilisation apparente), à la Apple (interface nette et cohérente avant tout), ou à la Unix (austère et élitiste mais propre).

Partie 1 : Des interfaces hideuses

Partie 2 : Deux gros patchworks

Partie 3 : Des interfaces très particulières

Partie 4 : Philosophies opposées

Partie 5 : Schémas de données

Notes

[1] En réécriture ou adaptation de programmes spécifiques au client, revalidation de tous les flux métier, découverte de nouveaux bugs, formation, temps de migration technique des données, nouvelles normes de programmation... Une migration de version de SAP ou Oracle prend facilement plusieurs mois.