The End of Eternity, grand classique de l’Âge d’Or de la SF (plus d’un demi-siècle d’âge), utilise de manière assez originale le thème des voyages temporels.
L’Éternité, une organisation située physiquement hors de la trame temporelle classique, se donne pour mission de modifier la trame réelle pour le bien global de l’humanité, sur des centaines de milliers d’années de durée. Son recrutement, très masculin, rassemble des gens issus de nombreux siècles, et l’organisation, méritocratique, se base sur des castes : Techniciens, Sociologues, Maintenance... Quand un Changement de Réalité est décidé par la hiérarchie, le Technicien Harlan y procède en introduisant le minimum de modifications : une boîte déplacée peut éviter une guerre un siècle plus tard.
Si sur la durée la trame globale du Temps absorbe bien les changements, l’impact d’un Changement de Réalité sur des vies individuelles peut être extrêmement important, et des individus peuvent purement et simplement disparaître. Et Harlan s’aperçoit un jour que la superbe créature du DLXXVè siècle dont il est tombé fou amoureux n’existe simplement pas dans la nouvelle Réalité qui va se mettre prochainement en place dans ce siècle. Il se met alors à violer toutes les consignes et serments pour sauver sa belle, avec d’effroyables impacts sur l’existence même de l’Éternité.
Les deux premiers tiers du livre mélangent exposition et mise en place de l’intrigue. Le dernier tiers est une cascade de dénouements à tiroirs, où chaque conclusion se révèle fausse, à cause d’un jeu politique, d’une manipulation politique ou temporelle. Harlan (et ses collègues) découvrent que la situation est bien plus compliquée que la simple sauvegarde d’une jeune fille. Ce qui commence par un coup de tête d’amoureux transi évolue rapidement vers une manipulation de la trame temporelle complète, explication (légère...) du Paradoxe de Fermi en prime. Ceux qui cherchent une unité dans toute l’œuvre d’Asimov trouveront dans ce livre certaines clés sous-tendant toute son histoire du futur.
Au final, un grand classique de la science-fiction à l’ancienne et à la sauce Asimov, avec beaucoup plus de parlote et de réflexion que de scènes d’action (ce n’est pas un mal).
Ne lisez pas les articles sur Wikipédia, ils révèlent trop de l’intrigue.
4 réactions
1 De Balise - 19/04/2008, 16:32
Ce que j'aime avec Asimov, c'est que même si j'en ai lu un sacré paquet (à la notable exception de Fondation, que j'ai jamais réussi à finir (faudra que je réessaie à l'occasion)), il en reste probablement encore autant :)
2 De Le webmestre - 19/04/2008, 16:54
@Balise : Si tu n’as pas réussi à finir Fondation, c’est normal. Seuls les trois premiers livres (Fondation, Fondation & Empire, Seconde Fondation) sont lisibles, et hautement conseillés à n’importe quel pré-ado d’ailleurs ; mais Fondation foudroyée et Terre & Fondation sont des pavés indignes du Maître qui diluent la sauce dans une inutile tentative pour relier tous ses cycles (les Robots, Trantor, Fondation...)
3 De Cécile de Quoide9 - 08/09/2008, 17:37
Le thème m'intéresse et ça serait mon tout premier Asimov mais au final on ne sait pas vraiment si tu as aimé ou pas, si tu le conseilles ou non. Je suis partie du présupposé que tu aimais (presque) tout Asimov de toute façon... ;o)
4 De Le webmestre - 08/09/2008, 19:12
@Cécile : Tiens, oui, j’ai pas dit que c’était pas mal du tout. Mais comme tu dis, Asimov est un des Grands Anciens de la SF que l’on ne peut PAS détester. Bon, littérairement il y a des faiblesses, les personnages sont un peu caricaturaux, et le style ne casse rien. C’est le côté « bonne SF à l’ancienne » à base d’idées et de déductions logiques et sans un poil d’action qui fait le charme du Maître. À offrir sans réserve à tout gamin de 10 ans porté sur la logique et les sciences.
Si tu ne connais pas le Maître, tu peux le lire (et dis-moi ce que tu en penses), ou te rabattre sur les archi-classiques, Fondation et ses suites, et les nouvelles de I, Robot (rien à voir paraît-il avec le film que je n’ai pas vu).