Un exemple est la déportation des Juifs de Rome juste après l’invasion allemande de l’Italie en 1943. Les SS montèrent une opération de grande ampleur pour ne pas leur laisser le temps de s’enfuir, à un moment où divertir des ressources du front italien relevait pourtant de l’aberration militaire, et sous les yeux du Vatican (qui sauva quelques Juifs). Les Britanniques étaient parfaitement au courant de l’opération grâce à leurs interceptions.

Aurait-on pu avertir les Juifs romains ? À coté de considérations techniques (celui qui écoute n’est pas celui qui décide, on ne savait pas ce qu’était un camp d’extermination...) se repose à ce moment la question de la divulgation des sources : les seules options réalistes étaient d’avertir le pape et la population juive romaine, mais cela aurait signifié aux Allemands que leurs communications étaient compromises.

Cette opération pour une petite communauté laissait augurer de ce qui passait dans l’immensité de l’Europe de l’Est occupée, mais l’ampleur ahurissante de l’effort génocidaire nazi pouvait être sous-estimé à cause d’une vision parcellaire. La liquidation des Juifs hongrois peu après, notamment, ne laissa pas beaucoup de traces à Bletchley Park. De plus, l’essentiel du processus concret de la solution finale était masqué aux Alliés, car en Europe même le téléphone et le courrier étaient plus pratiques. Les dirigeants nazis imposaient également la plus grande discrétion sur le sujet. Dans les écoutes et les déchiffrements, les transmissions à but militaires étaient prioritaires, et non celles internes au Reich ou aux zones occupées. Enfin, analyser le contenu des quelques messages administratifs ou logistiques relatifs à l’extermination des Juifs était délicat sans connaître le contexte.

1-Résumé
2-Barbarossa
3-Pearl Harbor
4-Vichy
5-La solution finale
6-L’assassinat de Hitler
7-Le bombardement de l’Allemagne
8-L’agonie du Reich
9-La bombe atomique