La première partie de ce billet se veut un résumé d’un article paru dans le dernier Pour la Science chroniqué la semaine dernière.
Ne votez pas, jugez !
Le type de scrutin actuel (pour les présidentielles mais pas seulement) est bancal. Son résultat dépend de tactiques politiques diverses ; du « vote utile » pour un candidat qui n’est pas celui que l’on préfère, mais qui a les meilleures chances de battre celui que l’on hait ; du nombre de « petits candidats » sans chance de gagner, qui peuvent parasiter le choix d’une potentielle majorité (voir en 2002 Jospin éliminé, qui aurait eu de bonnes chances au second tour) ; le centre est laminé et les extrêmes encouragés. Enfin le résultat est difficilement interprétable politiquement : les 82% de Chirac en 2002 n’étaient pas un plébiscite.
Condorcet déjà planchait sur d‘autres systèmes de scrutins mais se heurtait à des paradoxes des. Aujourd’hui, les deux polytechniciens auteurs de l’article proposent de juger tous les candidats, mais sans les comparer directement entre eux (la source réelle de ces paradoxes).
Leur système en quelques mots :
- il n’y a qu’un seul tour ;
- chaque électeur donne une mention (sept niveaux de « Excellent » à « Rejet ») à chaque candidat ;
- il ne compare pas les candidats (pas de classement ni de tri, du moins directement) ;
- un vote nul est un rejet.
Au dépouillement, on calcule la « mention majoritaire », tout simplement la mention qui divise 50/50 les votants. Dans une simulation de ce scrutin par un sondage en avril 2011, Le Pen fille obtenait une mention majoritaire « Rejet » (55% à lui tout seul), et Martine Aubry un « Assez bien » (Excellent+Très bien+Bien+Assez Bien = 51% ).
On classe ainsi tous les candidats, celui avec la mention la plus haute l’emporte. (Pour être franc, la méthode de calcul exacte pour trancher entre plusieurs candidats aux mentions proches me semble floue.)
Avantages :
- l’électeur n’a pas à trancher entre deux candidats qu’il aime ;
- inutile de surcoter un candidat (par exemple dire que Hollande est excellent pour être sûr de se débarrasser de Sarkozy) : tant que mon vote pour l’un reste positif, il sera dans les 50% qui le verront gagner (quoiqu’à mon avis il peut y avoir plus d’hésitation dans les niveaux intermédiaires qui feront basculer un candidat) ;
- de même, inutile de saquer un candidat : Insuffisant ou Rejet ne baissera pas sa mention finale et ne changera rien sur la note des autres ;
- la répartition des mentions donne par contre une bonne indication politique en plus du choix final : ce n’est pas la même chose de gagner avec 51% de Assez bien contre 49% de Passable (on n’enthousiasme ou n’ulcère personne), ou avec 51% d’Excellent et 49% de Rejet (on est très « clivant ») ;
- le nombre de petits candidats sans aucune chance n’influe pas sur le résultat (cela fait juste plus de personnes à classer) ;
- il y a même la possibilité du rejet de tous les candidats ;
- bref, l’électeur est poussé à l’honnêteté.
Il n’y a pas d’inconvénients suivant les auteurs : les partis du centre ne sont pas privilégiés (comme on pourrait le craindre de tout système qui cherche autre chose que forcer un choc de blocs). Notamment, un test grandeur nature par sondage avait mené à la victoire nette de Martine Aubry ; et d’autres ont montré que droite et gauche ne s’en sortaient pas si mal, seuls les extrêmes se font laminer (rejet massif par la majorité des votants).
Naïvement on se dit qu’une note (sur 20, sur 100…) et une moyenne seraient tout aussi parlants et efficaces que des « mentions ». Mais la moyenne est inutilisable car un petit groupe peut influer sur le résultat en exagérant ses votes (dans un sens ou dans l’autre suivant les candidats). Les mentions majoritaires ne sont pas des moyennes, un vote enthousiaste ou juste favorable donnent le même résultat (ici positif).
Exemple sur Slate.fr, et une longue discussion sur le site de Terra Nova (proche du PS).
Bonne idée ?
Je m’en vais livrer quelques remarques personnelles.
- La possibilité du rejet de tous les candidats est un point positif (il faudra refaire l’élection avec d’autres). Il y a eu des cas où il fallait voter entre un corrompu notoire et un facho : le rejet des deux est une nécessité. De plus, ce choix entre Charybde et Scylla est une conséquence du système à deux tours (avec le système actuel il en faudrait au moins trois en fait).
- Le comptage est plus compliqué : on ne compte plus N bulletins par N électeurs (au taux d’abstention près), mais N bulletins * M candidats (M pouvant aller jusque 10). C’est un point faible quand en même temps on refuse l’informatisation du bulletin par machines à voter ou par Internet, pour des raisons de risque de manipulation. Mais diantre, le problème n’est pas insurmontable, il y a peut-être quelques restrictions à poser sur le nombre de candidats et des astuces pour accélérer le calcul ; et puis on économise un tour donc des bonnes volontés d’assesseurs.
- On économise aussi des primaires. Rien n’interdirait à un parti de présenter deux ou trois candidats, puisqu’ils ne se piqueraient pas de voix. Le risque de brouillage et de cacophonie est un danger, mais aux partis de le gérer.
- Le risque de verrouillage d’un parti par un cacique est réduit. Dans plusieurs endroits, on a le choix entre le vote pour un potentat local de l’étiquette que l’on préfère pourtant, ou le vote pour le camp d’en face que l’on abhorre. C’est démocratiquement catastrophique. Si un parti peut présenter plusieurs candidats sans risque de dispersion des voix, la transition se fera naturellement, un « rénovateur » du parti choisi éliminant le cacique.
- Instaurer ce système serait un bouleversement, et au premier chef pour les élus actuels qui verraient leurs réflexes et leur siège remis en cause. Chaque homme politique analyse une réforme électorale en fonction de l’influence sur les résultats. Le FN sera immédiatement opposé, les centristes et les écolos devraient s’y rallier. Je vois mal les grands partis favoriser un système qui explose les logiques de clan et ne dissuade pas les dissidences. Bon, les candidats auront toujours besoin de partis établis pour se faire connaître et financer leur campagne…
- Les sondages deviendraient beaucoup plus compliqués. Actuellement 1000 personnes interrogées impliquent une marge d’erreur de 3% et beaucoup de gens rechignent à répondre ou même décrocher (par exemple les centres d’appels sont filtrés chez moi). Alors pour un questionnaire sur chacun des dix candidats… Il doit y avoir moyen d’optimiser ou carrément de passer par des sondages internet vue sa pénétration actuelle.
- Y aurait-il un « filtrage sur les imbéciles » ? Un abruti est capable de comprendre qu’on compte les voix et que celui qui en a le plus gagne. Le calcul d’une mention moyenne est plus compliqué. Un système de vote se doit d’être clair pour être légitime et inconstestable. Il faudrait tester sur des enfants de 10 ans.
- L’article n’insiste pas sur une information intéressante livrée par les bulletins : la corrélation entre les avis sur les différents candidats. D’une part, il est démocratiquement utile de savoir à M. Dupont que ses électeurs soutiennent également beaucoup Mme Duschmol, et abhorrent M. Durand. Ça pourrait aider, dans des coalitions. De l’autre, avec dix candidats, on peut arriver à une segmentation assez fine d’un électorat au point que certains personnes pourraient être identifiables au dépouillement — quelque chose de dangereux dans une démocratie.
- Ce système a l’intérêt de fonctionner sans aucune modification dans le cas où il faut élire plusieurs personnes. Il est parfait pour les municipales dans les petites communes.
- Par contre, pour les scrutins à la proportionnelle, je ne pense pas qu’il y ait de progrès, à moins de juger des listes entières, mais la conversion entre motion moyenne et part des sièges n’est pas immédiate pour moi.
- Enfin, pour les référendums, on pourrait enfin sortir du binaire « Oui ou Non ? ». Le référendum de 2005 sur la Constitution Européenne aurait pu offrir plusieurs choix : « Rejet », « Accord sur le principe mais à renégocier », « Compromis passable », « Accord plein».
(En fait, ce choix à quatre options serait déjà faisable avec le système actuel, ça ferait juste deux types de bulletin Oui et deux de Non. On pourrait carrément passer au QCM et on saurait pourquoi les électeurs ont accepté ou rejeté un texte.)
L’intérêt pourrait être réel si plusieurs scénarios concurrent sont proposés. Par exemple pour voter sur plusieurs formes de maintien dans l’Europe ou de réforme des collectivités locales ou des institutions. Le cas extrême aurait été en 1946 de proposer un choix de 10 constitutions, de la monarchie théocratique de droit divin à l’anarchiste totale, et de prendre la plus consensuelle.
- Les extrêmes seraient laminés, mais est-ce vraiment une bonne chose ? Si on adhère à l’un d’eux, évidemment non :-) Sérieusement, les extrêmes ont un côté défouloir, mais aussi de pression sur les candidats plus centristes. Actuellement, une voix pour Mélenchon est une voix en moins pour Hollande, mais si on peut juger les deux indépendamment, ce n’est plus le cas. Les grands partis perdraient-ils au change ? D’un autre côté, des « électrons libres » estimés par certains, mais que l’on juge incapables de gagner, ne seraient plus pénalisés, et l’on verrait leur poids politique réel.
- Les auteurs disent que le centre n’est pas outrancièrement favorisé. Certes, leur essai donne Aubry et Borloo en tête. Mais : d’une part, ils ont pris des politiques « sélectionnés » par le système actuel, donc pas représentatif du « régime permanent » du nouveau système après quelques élections. De l’autre, cela montre que les mêmes électeurs ont des préférences à la fois pour la droite et la gauche. Ce qui en fait est du bon sens vue l’alternance politique presque systématique chez nous.
- Il manque un nom bien fédérateur à ce système. Le « jugement par mention », ça fait scolaire ou judiciaire.
Bref, en résumé de mon avis personnel : c’est peut-être pas parfait, mais en tout cas mieux que le système actuel un peu trop primitif.
10 réactions
1 De Thias - 24/04/2012, 09:09
En Suisse, un système à plusieurs choix existe: lorsqu'un parti propose un referendum, le gouvernement propose parfois un contre-projet, qui est en général une version adoucie du texte de loi.
Si c'est le cas, lors de la votation, on vote pour les deux nouvelles lois (l'initiative et le contre-projet), chaque fois avec une décision oui/non. Il y a, en plus, sur le bulletin, une question subsidiaire pour départager l'initiative du contre-projet si les deux étaient acceptées. On peut répondre à cette question même si on a répondu non/non.
Ce système permet d'exprimer une palette d'avis un peu plus subtile qu'un simple oui/non.
2 De jid - 24/04/2012, 11:01
Système intéressant mais qui me semble compliqué à appliquer/faire comprendre: en politique les français sont en majorité binaires (la conséquence du système actuel) et il serait difficile et long de les faire évoluer (mais c'est possible en commençant par les "petites" élections).
Un truc très simple à mettre en peuvre, il y aurait le vote "contre un candidat", quand il n'y a plus que 2 candidats.
3 De petit écran de fumée - 24/04/2012, 11:16
Je suis bien d'accord. Et je crois que n'importe quel système ne peut être que meilleur, comme l'évoque jd ci dessus. Mais l'époque est vraiment à la simplification infantile (je parle même d'obscurantisme) de la politique.
Le principal blocage selon moi : qui pourrait insuffler un tel changement institutionnel? Quand on voit ce que donne la question du vote à la proportionnelle, ou la VI ème république, ça fait peur. Les partis hégémoniques même s'ils se font peur régulièrement tirent parfaitement parti de ce système. Ils ont tout intérêt à maintenir ce système paternaliste, ce culte de l'homme providentiel, qui s'appuie sur les extrêmes pour maintenir la zizanie qui permet à ces partis de régner sur le pays..
Il faudrait peut être développer un mouvement dans la société civile, comme l'a fait Attac il y a quinze ans, pour que ce travail porte ses fruits au bout de 20 ans... Patience, donc ! :-)
4 De Le webmestre - 25/04/2012, 12:01
@Thias : Ah, il y a toujours quelque chose à apprendre des Suisses...
@Jid : Système pas plus compliqué que l'actuel hors le dépouillement plus lent (mais en un tour). Les politiques auront un problème pour s'adapter, mais justement ce serait un moyen de sélectionner les fossiles et les conservateurs.
Je ne connais pas le votre "contre" un candidat (et là encore c'est une conséquence du système à 2 tours).
@petitécran : La mise en place chez nous d'un système défavorisant (temporairement...) l'élite dirigeante est en soi un paradoxe. Y a qu'à voir avec le droit de vote des femmes, victime pendant des années des calculs politiciens. Ce serait bien qu'il faille autre chose qu'une nouvelle catastrophe genre guerre mondiale pour rebattre les cartes !
5 De Eric C. - 08/05/2012, 21:24
"Je ne connais pas le votre "contre" un candidat"
Ben, la dernière présidentielle, non ? :)
6 De Le webmestre - 09/05/2012, 22:35
@Eric : Certes. Mais je voudrais un « contre » plus positif, ou plus négatif, comme on veut. Du genre qui aurait permis clairement de dire en 2002 que Chirac était élu par 20% des voix et -80% à Le Pen.
7 De vpo - 11/05/2012, 15:04
Il me semble que ce type d'élection par mention existe pour la désignation des présidence de certaines universités ou des chefs de labo / unité de recherche / etc dans ces universités (si je me souviens bien de ce que m'avais dit un copain). Et d'après le copain en question, cela marchait assez bien.
La remarque de petitécran sur le prérequis de développement d'une société civile (ou plutôt devrais-je dire d'une société civile qui ne soit pas confinée dans un rôle de potiche - les fameux corps intermédiaires honnis du candidat sorti -) est en ligne avec le sentiment de défiance particulièrement marqué chez les citoyens français vis à vis de tout ce qui constitue notre pays comme groupe sociaux.
Je veux parler du principe du tous pourris pour les politiques / les syndicalistes, du tous fraudeurs pour les chômeurs / bénéficiaires d'allocations sociales, du patron exploiteur et du salarié fainéant, etc. etc. etc..
Un tel sentiment est particulièrement marqué en France en comparaison d'autres pays riches en crise.
J'ai lu des notes de lecture (mais pas encore les bouquins en question) sur le sujet sur le site des econoclastes.
Les notes de lectures en elle-même résument bien les livres. Espoir : Le Danemark ou les scandinaves étaient aussi conflictuels dans leurs rapports employeurs / salariés au début du XXe siècle alors qu'ils sont maintenant érigés en modèle de dialogue social et de faible fraude.
- La fabrique de la défiance:
http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=203
- La société de défiance (des mêmes auteurs mais plus ancien et qui fait un constat sans proposer de solutions contrairement au premier) :
http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=178
- Repenser l'Etat (sans état légitime, pas de confiance, sans confiance dur de réformer en faisant primer l'intérêt général sur les intérêts particuliers / corporatistes) :
http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=205
Par contre y a un truc qui est peut être problématique dans un vote par mention, qui fait que finalement c'est le plus consensuel qui gagne.
J'ai souvenir d'un entretien d’embauche où le recruteur m'a dit que je cherchais le consensus et que c'était adapté au poste. Je lui ai demandé comment il pouvait y avoir des postes exigeant une personnalité clivante ne cherchant pas le consensus. Il m'a cité l'exemple de tous les postes de type "pompier en urgence" comme un poste où tu as 3 ou 6 mois pour redresser une entreprise avant qu'elle ne fasse faillite.
Donc on pourrait penser que parfois, en cas de crise notamment, il faut savoir décider en taillant dans le vif si nécessaire et sans chercher à obtenir le consensus faute de quoi il est trop tard pour agir. Et donc qu'il ne faut pas élire / nommer la personne la plus consensuelle.
D'un autre côté, rien n'empêche d'obtenir un consensus d'une majorité (à défaut de la totalité) rapidement en cas de crise. Du type: "Le bâtiment est en feu et nous sommes bloqués au 3e étage; Soit on reste et on meurt tous brûlé vif. Soit on saute dans le vide avec nos enfants dans les bras. Nous allons presque tous nous casser une jambe, certains d'entre nous seront paralysés et d'autres vont même mourir. Par contre, certains survivront et nous sommes presque sûr de sauver nos gamins car nous amortirons le choc. Alors on saute ?".
Bon je m'arrête là car faut que je montre à mon patron pas exploiteur que je ne suis pas un salarié fainéant !
Vincent le murphyprosien
PS : je n'arrive pas à comprendre pourquoi le second lien est affiché entre crochet une fois le message en prévisualisation.
8 De Le webmestre - 12/05/2012, 11:43
@vpo : Si ça existe quelque part, je serais curieux d'en entendre des retours. À la réserve de principe près que ce qui marche bien avec des universitaires formés et intelligents est parfois moins évident à grande échelle (voir la sécurité Internet :-)
Quant à l'élection de quelqu'un de clivant : le problème est plus fondamental, c'est comment une démocratie se choisit un chef qui peut imposer des choses dures. Soit tu décides que quelqu'un est mieux à même que le peuple de décider ce qui est bien pour lui, et tu justifies coups d'état, dictatures, etc. avec les dérives ; soit tu considères que le peuple doit toujours avoir le dernier mot et que sur le long terme il finit par être assez mûr pour accepter ce qui est dur, modulo droits de l'homme histoire que 51% ne décide pas de réduire les autres 49% en esclavage. Dans ton exemple d'entreprise, le chef est imposé par l'extérieur (actionnaires), c'est en gros lui qui décide.
Ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas qu'une démocratie ne puisse pas se choisir quelqu'un d'autoritaire. Les Romains avaient un système de dictature temporaire quand la patrie était en danger. Plus près, et sans foutre la démocratie aux orties, la Grande-Bretagne s'est choisi Churchill comme chef de guerre, l'a viré juste après. Là, c'est par le biais de ses représentants, et non d'un chef unique, que la nation se permet de choisir le chef autoritaire qu'il faut. Au contraire du Parlement français de 1940, et on touche peut-être au niveau moral des politiques.
Et de manière générale, un pouvoir en place avec sa majorité stable a la capacité d'impose des choses impopulaires pendant la période de son mandat. C'est là un critère important d'un système démocratique, la stabilité de la majorité pendant un certain temps, et ce qui a manqué à la fin de la IIIè , à la IVè Républiques, et pourrit la politique israélienne actuelle. Si plusieurs petits partis servent de charnière et que chacun peut faire sauter la majorité, impossible de faire passer des décisions difficiles. Et parfois n'importe quelle décision est préférable à aucune décision ! Et on en revient au niveau des politiques (lié en parti à celui des électeurs...), puisque des députés opposés mais habitués au dialogue intelligent et à la recherche de compromis arriveront à sortir des lois dures mais plus acceptables, alors qu'une bande d'arrivistes obnubilés par les gains à court terme et les luttes de clans paralysera son pays (je caricature).
Et pour revenir au système de vote par mention, je ne vois pas pourquoi une personnalité « clivante » (tiens, Sarkozy), ne pourrait pas en sortir, puisque ce système ne fait pas vraiment de différence entre « Excellent » et « Assez Bien ». Dans l’exemple de vote que l’article évoque, Aubry avait gagné devant Borloo, alors que la première déclenche plus les passions que le second, ai-je l’impression.
9 De vpo - 13/05/2012, 00:23
@Christophe : Je redemanderais des détails à mon pote quand je l'aurais au bout du fil.
"Soit tu décides que quelqu'un est mieux à même que le peuple de décider ce qui est bien pour lui, et tu justifies coups d'état, dictatures, etc. "
Ton hypothèse ne supposerait-elle pas que les dictateurs prendrait le pouvoir dans le but de faire le bien du pays / du peuple malgré lui et non pour assouvir leur soif personnelle de pouvoir :-)
"soit tu considères que le peuple doit toujours avoir le dernier mot et que sur le long terme il finit par être assez mûr pour accepter ce qui est dur, modulo droits de l'homme histoire que 51% ne décide pas de réduire les autres 49% en esclavage".
Alors je te répondais comme Churchill, puisque tu parles de lui, justement : La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes.
10 De Le webmestre - 13/05/2012, 15:33
@vpo : Parmi les dictateurs, un bon paquet veut le bien de son pays, souvent contre son gré. Pour arriver là il faut déjà une bonne dose de mégalomanie ou d'inaptitude au doute. Puis d'abus en compromission, sous l'influence de flatteurs et d'arrivistes, avec le pouvoir absolu qui corrompt absolument, ça finit dans le sang. Robespierre, Lénine, Napoléon, Pétain, Chavez, sans doute Castro ou Mao, de bonnes intentions au départ, et on pense que ceux qui sont contre sont le Mal. Tiens, même Hitler, qui ne pensait que par l'Allemagne (même si Annah Arendt dit qu'il a utilisé le nationalisme comme moyen et non comme but).
Les purs assoiffés de pouvoir ça se trouve évidemment aussi, et avec de l'autojustification ça se croise parfois avec ceux d'au-dessus, mais une autre partie trouve plus facile de s'insérer dans le système en place quel qu'il soit.
À propos de Churchill : cette citation est une de mes préférées. La démocratie a pas mal de problème (et on peut discuter longtemps de la forme exacte qu'elle peut prendre), mais tout le reste finalement est pire.