Ce numéro est périmé[1], donc on va faire vite[2]. (Commentaires personnels en italique comme d’hab’.)
Le bloc-note de Didier Nordon
- « Les économies d’énergie commandent donc que l’on supprime les feux de circulation et que l’on confère aux voitures une priorité permanente sur les piétons » car les arrêts-redémarrages consomment beaucoup d’énergie.
Dissertez sur la notion de « priorité d’une société »… Puis remplacez les feux rouges par les lois sur la pollution par exemple.
- Un train annoncé à 14 h 22, puis en retard à 14 h 52, arrivé finalement à 14 h 47 est-il en retard de 25 ou en avance de 5 minutes ?
Ne rigolez pas, l’embellissement des mauvais résultats est un art pratiqué dans beaucoup de hautes sphères !
Égypte ancienne et carbone 14
Malgré deux siècles de décryptage intensif de hiéroglyphes, les archéologues hésitent sur les dates exactes des règnes des divers pharaons, et cela empire évidemment en remontant le temps : l’incertitude approche du siècle pour les plus anciens. Les Égyptiens ne tenaient pas de calendrier à origine fixe comme les Hébreux ou nous, et certains périodes troublées laissent peu de traces qui permettent de calculer leur durée… Même les références astronomiques peuvent être douteuses.
Le principe du carbone 14 est connu, mais un article expose les biais de la méthode, et comment calibrer les courbes. Au tout début, on supposait constante dans le temps la concentration en ¹⁴C par rapport au ¹²C car elle découle de l’action des rayons cosmiques sur le carbone atmosphérique. Il suffisait donc de mesurer la quantité restante de ¹⁴C (demi-vie : environ 5700 ans) par rapport au ¹²C pour savoir depuis combien de temps la matière biologique étudiée n’avait plus d’échange avec l’atmosphère (donc qu’elle était morte).
Cependant, la concentration atmosphérique de ¹⁴C varie dans le temps, et aussi avec le champ magnétique terrestre, le climat, la latitude, le type de créature (les deux isotopes ne sont pas strictement chimiquement identiques, les plantes ou les animaux ne les absorbent pas de manière identique), l’influence de l’océan et son inertie, ce qui introduit un biais dans les zones côtières, etc.
Bref, il faut une courbe de calibration, relativement tordue au final, créée notamment grâce au comptage des cernes des vieux arbres (on peut remonter à 11 000 ans, avant c’était la glaciation) ou aux coraux et carbonates marins (on arrive à -50 000 ans).
Au final, après une sélection d’échantillons assez drastique, les scientifiques de plusieurs pays sont parvenus à dater précisément (un quart à un demi-siècle près…) de nombreux règnes de pharaons. L’accord avec les diverses dates historiques supposées est bon, et permettrait de trancher pour les plus anciennes.
L’impossible hasard
C’est vraiment une constante : les articles de Jean-Paul Delahaye m’intéressent beaucoup une fois sur deux, sinon je suis carrément froid. Pas de milieu !
Le hasard pur a un critère : la suite doit être incompressible (non reproductible sauf à l’énumérer), et imprévisible (aucun système de pari ne peut gagner contre elle). Les irrationnels comme π ou √2 passent les pires tests d’imprévisibilité haut la main mais sont compressibles (leur définition suffit à tout recalculer).
Pour produire ce hasard deux moyens sont utilisés à notre époque : des algorithmes mathématiques (donc ce n’est pas du hasard pur non plus !) ou des systèmes à base de phénomènes quantiques… mais dans ce dernier cas rien ne permet d’affirmer réellement que ce hasard est bien pur. Les phénomènes physiques (jet de pièces) sont trop biaisés si bien contrôlés. (Au passage : le calcul du résultat d’un jet à la roulette est bien en pratique imprévisible, quoi qu’en disent des casinos trop heureux de faire croire à l’existence de martingales).
Pour la pratique (vénales machines à sous, secrète cryptographie, ou scientifiques méthode de Monte-Carlo), ce problème théorique fondamental n’a pas d’importance. « La théorie et la pratique divergent au maximum ! »
Dans le numéro d’avril suivant, Jean-Paul Delahaye répond à un lecteur en évoquant le nombre Oméga de Chaitin comme nombre mathématiquement définissable mais totalement aléatoire (l’article Wikipédia sus-lié est passionnant, du moins la première partie que je suis parvenu à comprendre avant de décrocher).
Divers
- Les tardigrades sont d’adorables bestioles d’un demi-millimètre… et quasiment indestructibles, y compris après un voyage dans l’espace !
(Image : Willow Gabriel and Bob Goldstein, http://tardigrades.bio.unc.edu/, via Wikipédia)
- Un article décrit les querelles entre scientifiques français (Wurtz & Berthelot notamment) sur l’hypothèse atomique pendant tout le XIXè siècle. Simples notations, hypothèses non scientifiques, existence réelle ou pas ?
- Un article décrit le contexte géologique de la région de Franceville au Gabon : ses roches contiennent les restes des plus vieux organismes pluricellulaires connus (on en avait parlé rapidement). Cette zone a notamment été peu perturbée par les tremblements de terre depuis cette époque.
- L’extinction massive du Permien (peu avant l’apparition des dinosaures ; tiens, j’en avais déjà causé) aurait bien été causée[3] par les trapps de Sibérie, les kilomètres d’épaisseur de basalte crachés par des milliers de volcans, la libération de milliers de gigatonnes[4] de chlore, soufre et autres saletés, avec (c’est la découverte) empoisonnement au mercure de toute la chaîne alimentaire à la clé.
- La disposition des panneaux de la centrale solaire de Séville suit la même logique en spirale que la disposition des feuilles de tournesol.
J’adore quand des ingénieurs redécouvrent ce que la nature avait déjà trouvé.
- Les alligators de Floride ont trouvé leur prédateur : le python birman, en train de se répandre dans les Everglades, en attendant le reste des États-Unis.
- On pense pouvoir descendre bientôt à une température d’un picokelvin.
Glagla. En laboratoire uniquement, heureusement.
Notes
[1] Façon de parler, la Connaissance est intemporelle. Pendant mes études, je prenais plaisir à feuilleter les premiers numéros de Pour la Science, d’une époque où je ne savais pas lire.
[2] Même pressé par le temps, vous savez que j’en suis incapable.
[3] Est-ce une inesthétique répétition quand le verbe « causer » est utilisé dans deux acceptions différentes à la suite ?
[4] Ça sonne mieux que « 1 ou 2 pétakilogrammes ».
7 réactions
1 De Cambouis de l'Atari - 12/04/2012, 09:25
Bonjour,
Juste pour information, je ne sais pas si d'autres ont ce problème, je voulais juste signaler qu'avec mon plug-in Sage pour Firefox (Win XP), aucun lien vers ce blog n'est cliquable. Cela ne date pas d'aujourd'hui, et je n'ai aucun problème avec les autres fils rss que je suis.
Je profite de l'occasion pour vous dire que c'est toujours un plaisir de lire vos (trop rares ;) ) billets !
2 De Steph - 12/04/2012, 18:09
Quelques typos:
- "des ingénieurs redécouvre*NT*"
- pour chipoter sur la typographie: si tu veux noter C12 et le C14 correctement, c'est 12C avec le 12 en exposant non ?
- et surtout: est ce que l'extinction des "*dion*saures" a quelque chose à voir avec le naufrage du Titanic ? :-)
tu peux effacer le commentaire bien entendu après correction
3 De Le webmestre - 12/04/2012, 21:58
@Cambouis : Aucun lien <i>vers</i> ce blog ? Tu veux dire : liens internes ? Normalement mes liens sont du <code>a href</code> classique. À voir aussi : mes liens internes sont absolus mais ne contiennent pas le nom du site histoire de faciliter un prochain changement de domaine. Normalement ça fonctionne, voir l'URL affichée en bas reconstituée par Firefox (dans une fenêtre normale).
4 De Le webmestre - 12/04/2012, 21:59
@Steph : Merci pour les correctifs, effectivement t’as raison c’est ¹⁴C . Mais tu sais, la chimie, moi… :o) Cela dit, apparemment les exposants supérieurs à 3 rendent mal, surtout sur Windows. À creuser.
Pour les « dionsaures », ça doit être mon inconscient qui est influencé par toutes les commémorations actuelles. Je me savais tordu mais là…
5 De Cambouis de l'Atari - 13/04/2012, 09:21
@webmestre : Non, je veux juste dire que les liens vers les billets de ce blog, reçus via mon lecteur rss (plug-in sage) ne sont pas cliquables. Peut-être est-ce un bug de Sage, peut-être manque-t-il quelque chose dans la génération du flux rss du blog (le nom de domaine évoqué ?), je ne sais pas, je ne connais pas grand chose à cette matière. Pour ne pas polluer les commentaires, si tu souhaites d'autres infos, tu peux me contacter à l'adresse communiquée, je me ferai un plaisir d'aider si je peux :-)
Bonne journée !
6 De Le webmestre - 15/04/2012, 09:39
@Cambouis : Bon je reproduis le problème. Je ne sais pas trop pourquoi (liens uniquement relatifs sur le site ?), j'ai levé un bug (issue 79) auprès du développeur.
PS : La programmation d'un Atari disparu depuis 20 ans, on ne peut pas dire que ce soit un sujet très racoleur :o)
7 De Cambouis de l'Atari - 16/04/2012, 10:34
"PS : La programmation d'un Atari disparu depuis 20 ans, on ne peut pas dire que ce soit un sujet très racoleur :o)"
Certes ! :-) mais tu serais étonné de la vitalité de l'activité homebrew autour de cette machine, de nouvelles cartouches sont même encore éditées, si tu es curieux, va faire un tour du côté du site AtariAge. Et à titre personnel, ça m'amuse de découvrir l'architecture très particulière de ma toute première console.