Ma période Nathalie Henneberg n’est pas terminée, il me reste quelques livres issus des étagères remplies par mon père dans les années soixante.
La Terre de 2300, en pleines convulsions, envoie sa Légion Spatiale de « volontaires pour mourir ». Un navire échoue sur une planète maudite et stérile où de sombres forces maléfiques immatérielles manipule la faune et la population locales, pousse des humains à la trahison, pour se saisir de ces astronautes perdus — avec la Terre en ligne de mire.
La Forteresse perdue ne restera pas pour moi son meilleur ouvrage. Trop de thèmes déjà lus dans la Rosée du soleil ou le Mur de la lumière reviennent. Le couple des Amants-Parfaits-qui-se-sont-toujours-connus perturbé par un génie-tourmenté-presque tout-puissant, évidemment amoureux de la belle-pas-indifférente-car-ils-se-sont-connus-dans-un-autre-temps-mais-qui-le-repousse a déjà été utilisé dans le Mur de la lumière. La force occulte et la trahison dudit savant annoncent le prince Valeran de la Plaie. Autre rengaine : les mutants, positifs ou négatifs, qui modifient l’univers autour d’eux sans le vouloir ni même le savoir. Au moins n’a-t-on pas cette fois de mère folle prête à vendre sa fille, l’héroïne est orpheline.
Le style d’Henneberg reste matière de goût, un rien confus et flamboyant, instable mélange de lyrisme slave et de rationalité française. Et on ne goûte pas forcément l’utilisation systématique de ces personnages-archétypes.
Un intérêt quand même : le parallèle avec la vie de l’autrice et certains faits oubliés de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Impossible de ne pas retrouver Nathalie Henneberg et son mari, sous-officier de la Légion Étrangère d’origine allemande, basé en Syrie avant-guerre, dans le couple d’Alix & Arnold de Held (Held = héros en allemand). Les résurgences entre époques abondent chez Nathalie Henneberg.
Le couple était également aux premières loges pendant la campagne de Syrie de juin 1941, quand Britanniques et Français libres envahirent le territoire tenu par Vichy pour couper les voies de communication de l’Axe : des Français, dont des légionnaires, étaient dans les deux camps, et il y eut des morts. Dans quels camps de 1941 se transposent les légionnaires et les androïdes du livre ? La transposition est vaine mais la Légion de 2300 se bat inutilement pour l’honneur plus que pour d’autre cause, comme celle de 1941 par bien des côtés.
Bref, la Forteresse perdue est un ouvrage peut-être un peu superflu pour qui n’est pas un inconditionnel d’Henneberg, mais il m’a donné envie de lire les autres autour de cette histoire syrienne vécue réellement de près (notamment Hécate).
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