Auteurs classiques incontournables

Il y en a flopée, voici ceux que je connais et préfère :

  • Isaac Asimov, bien sûr, qui plaira dès le plus jeune âge ; j’ai découvert ado ses cycles mythiques de l’Âge d’Or de la SF (avant 1950). Pas un grand écrivain mais de bonnes idées, surtout :
    • le cycle de Fondation (les trois premiers Fondation, Fondation et Empire, Seconde Fondation, à la rigueur la suite écrite bien plus tard : Fondation foudroyée, Terre et fondation, mais pas les « préquelles » trop commerciales et délayées) ;
    • le cycle des robots, surtout I, Robot (rien à voir avec le film).
  • Robert Heinlein évidemment. Son Histoire du futur a pas mal vieilli et a été rattrapée par l’histoire réelle, mais a encore son charme. Mon livre préféré est Révolte sur la Lune (The Moon Is A Harsh Mistress) : l’insurrection d’une civilisation de bagnards à peu près anarchiste sous l’égide d’un ordinateur conscient. Heinlein, ancien militaire a souvent été traité de fasciste (voir aussi Starship Troopers, à l’ambiance très différente du récent film qui en a été tiré) mais il en était très loin, alliance étrange du militaire et du flower power.
    Autre classique, Marionnettes humaines (The Puppet Masters) : des extraterrestres prennent le contrôle d’humains, un thème qui a plu au début de la Guerre Froide.
    Plus poétique et à base de voyages dans le temps, Une porte de l’Été (The Door Into Summer) m’avait bien plus il y a longtemps.
  • John Brunner : un Britannique, pour changer. Ses meilleurs et plus connus sont L’Orbite déchiquetée (The Jagged Orbit) et Tous à Zanzibar (Stand On Zanzibar), sur la décomposition de la société occidentale. Brunner est volontiers pessimiste avec quelques touches d’espoir.
    J’ajouterai à mes préférés À l’Ouest du Temps (Quicksand), sur un psychiatre dont une patiente semble ne pas être de notre époque. De quel futur glauque vient-elle ?

Space operas flamboyants anglo-saxons :

  • Hypérion de Dan Simmons, et sa suite : la Chute d’Hypérion. Grandiose !
    Pour les inconditionnels, Endymion et l’Éveil d’Endymion existent aussi, mais je les avais trouvés très décevants (trop longs, trop linéaires).
  • La Guerre éternelle (The Forever War) d’Haldeman, transposition de la guerre du Vietnam au niveau galactique (il en existe une très fidèle et très connue version en bande dessinée chez Dupuis ; à la rigueur on peut se contenter de lire uniquement celle-là).

Space operas français :

  • Étoiles mourantes de Dunyach & Ayerdhal : l’humanité a évolué dans plusieurs directions différentes, et plusieurs de ses représentants se retrouvent autour d’une étoile en passe de devenir une supernova. Très bien écrit.
  • Autre space op’ français déjà plus ancien, lyrique, plein de mutants, races diverses, univers incertains, pauvres malheureux ballotés dans des guerres intergalactiques, et de manichéisme radical : la Plaie de Nathalie Henneberg. C’est un de mes livres préférés. Je n’ai pas encore lu la suite, le Dieu foudroyé. (Ajout postérieur : Le blog a en 2007 traité de ces deux livres.)
  • Le Signe du Chien, de Jean Hougron : de la bonne SF de l'Âge d'Or français, bien épique : un agent isolé d'un Empire spatial démesuré, des mondes entiers détruits, des guerres galactiques gigantesques, des extraterrestres étranges, une planète qui semble peinarde mais se révèle dangereuse, une conspiration...

La conquête de Mars

C’est un de mes dadas, j’espère bien en voir le début :

  • Voyage de Stephen Baxter : cette uchronie où l'arrivée sur la planète rouge a lieu en 1986 est très bien documentée, et la phase conception de la mission, ses impasses, ses choix, sont expliqués et détaillés ; les amateurs de hard science seront comblés.
  • La trilogie Mars la Rouge, Mars la Verte, Mars la Bleue (Red Mars, Green Mars, Blue Mars) de Kim Stanley Robinson, sur les problèmes plus sociologiques que techniques de la terraformation, étalés sur plusieurs siècles. Une référence sur le sujet.

Plus ardu

  • La cité des permutants de Greg Bear : mélange de Matrix et du jeu de la vie ; pour amateurs de Wolfram. Pas très facile à suivre mais abîmesque : si des humains ont réussi à se défaire totalement de leur enveloppe de chair pour ne plus vivre qu’au sein d’ordinateurs, pourquoi ne pourrait-on pas se détacher totalement de la matière même ?

Humoristique

  • Le Guide galactique du regretté Douglas Adams (au moins le 1er tome) : certains n’aiment pas le style loufoque british, mais personnellement j’adore.
    Le film est relativement fidèle mais j’ai été un peu déçu ; il mélange aussi des scènes des volumes suivants (le Guide n’est que le début d’une trilogie en cinq volumes, à réserver aux fanatiques).
  • Martiens Go Home de Fredric Brown : les Martiens sont arrivés, ils sont petits et verts, impolis, et font tourner l’humanité entière en bourrique. Jouissif, pour les enfants comme les adultes.

Espace-temps

  • L’avènement des chats quantiques de Frederic Pohl : un excellent exemple des univers parallèles qui se mélangent et le sac de nœuds qui s'ensuit. On suit plusieurs exemplaires des mêmes personnages nés dans des univers différents, on y croise des personnages réels dans un autre rôle (Reagan en rebelle, Staline en immigré)... Un peu désorientant au début, mais le rythme et le chaos vont grandissant.

Extraterrestres

  • La Voix du Maître (Glos pana) de Stanislas Lem (auteur polonais). Je relis tous les quelques années ce livre sur les difficultés à décrypter un signal extraterrestre et les bassesses de l’humanité. Très philosophique et plutôt noir.
  • Plus léger (et bien meilleur et plus subtil que le film) : Contact de Carl Sagan : les ETs ont envoyé un message, c’est le plan d’une machine. Très réaliste.

Uchronies

Dans la veine uchronique que l’on rattache souvent à la SF :

  • L’essai d'Éric Henriet qui vise à les recenser toutes : L'histoire revisitée. Une mine d’idées.
  • J’ai chroniqué aussi Resurrection Day de Brendan DuBois : la quête d’un petit journaliste dans une Amérique qui se remet difficilement de la guerre atomique lancée par Kennedy dix ans plus tôt.

Autres classiques anglo-saxons

  • La Patrouille du temps de Poul Anderson est une compilation archi-classique de nouvelles sur les bouleversements historiques, les paradoxes temporels...

Autres livres d’auteur francophones

  • Il n’y a pas grand chose à jeter dans ce qu’a écrit Jean-Claude Dunyach, et surtout pas le recueil de nouvelles Déchiffrer la trame (dont j’ai aussi déjà parlé).
  • Parmi les Grands Anciens de chez nous des débuts du genre, j’avais apprécié J.-H. Rosny aîné, notamment le fantastique La Force Mystérieuse : suite à des modifications des lois de la physique, l’humanité devient peu à peu folle. Un peu vieilli mais toujours prenant.
  • Du bon roman d’aventure sans prétention :
    • Johan Heliott s’est lancé notamment dans une uchronie limite steampunk (La Lune seule le sait, La Lune n’est pas pour nous) où il recycle presque uniquement des personnages historiques, dans la tradition des romans feuilletons.
    • Pierre Bordage est souvent assez saignant, comme par exemple dans Abzalon qui conte le long voyage vers une autre planète de forçats mêlés à des exilés d’une société totalement patriarcale (j’ai moins aimé la très sanglante suite Orchéron).

Science-fiction européenne

  • On citera l’allemand Eschbach pour son fabuleux Des milliards de tapis de cheveux : le début s’attache à une civilisation fondée sur la production de tapis de cheveux, achetés par des commerçants interplanétaires, puis on prend de la perspective. Ne lisez pas les critiques, elles dévoilent trop de l’histoire !
  • Valerio Evangelisti a écrit le cycle d’Eymerich (débutant par Nicolas Eymerich, inquisiteur), j'ai moins aimé la dimension fantastique, mais c’est un audacieux mélange entre la Sainte Inquisition et des événements parallèles dans le futur lointain.
  • La guerre des salamandres de Karel Capek : de la SF tchèque d’avant-guerre. Une nouvelle espèce intelligente est trouvée au fond des mers, qui semble parfaite comme esclave de l’humanité. Du moins au départ.
  • La Nébuleuse d’Andromède d’Ivan Éfrémov : de la SF soviétique ! Ah, que l’humanité communiste du futur promettait d’être belle et parfaite. Là, elle part à la conquête de l’espace dans des voyages qui durent des années, à la rencontre de pacifiques extraterrestres. À l’opposé total du space opera.

On trouvera beaucoup d’autres avis succints sur mes lectures en parcourant la liste exhaustive de mes lectures depuis plus de dix ans (en gras ce que j’ai beaucoup aimé). Figurent aussi des avis plus détaillés sur quelques-uns des livres cités ci-dessus.