John Brunner ne brille pas par son optimisme. Dans sa fameuse tétralogie sur l'avenir proche et ses dangers, Le troupeau aveugle (1972) est peut-être le plus noir et désespéré. John Brunner : Le troupeau aveugle (édition Livre de poche)

Les premières pages peuvent rassurer : cette civilisation étouffant sous la pollution, ces pluies si acides, ces avalanches provoquées par des avions supersoniques, ces plages innommables, on y a échappé (du moins à cette échelle, dans la plus grande partie de l'Occident, merci aux lois anti-pollution apparues justement peu après la publication). Quant au CO₂, Brunner n'était pas au courant du problème.

Mais la suite fait tout de même grincer les dents. Les masques que tous portent, on a connu récemment, pour d'autres raisons. La malbouffe est un problème, ainsi que les résidus de pesticides dans l'alimentation, et l'impact de la pollution sur la fécondité, ou le greenwashing, ou la pollution aux plastiques. Juste pas la même échelle que dans le livre, ou plus insidieusement. Denver qui brûle fait écho à cette ville brûlée à Hawaï ces derniers jours, même si la cause immédiate diffère. La pollution des nappes phréatiques, c'est toujours d'actualité.

La myopie complète des gouvernants et d'une bonne partie de la population : on atteint le niveau de Don't Look Up (et je me demande si le titre du livre de Brunner a pu inspirer celui du film). Les écolos (initialement) non violents réprimés violemment, tandis que les pollueurs sont laissés tranquilles, on connaît. On a juste encore échappé au virage écoterroriste, mais pour combien de temps ? Non, ça ne finit pas bien. Bref : excellent, déconseillé aux éco-anxieux.

Références : Page wikipédia anglophone