Un de mes seuls regrets est le manque de réutilisation des personnages entre les livres (à part les Rougon et leurs parents, et des enfants que l’on retrouve adultes).
Notes rapides pour un premier bilan d’étape :
1 - La Fortune des Rougons
Ou comment Pierre & Félicité Rougon, un couple de commerçants aigris et arrivistes et renseignés par leur fils Eugène depuis Paris, profitent du penchant petit-bourgeois de leur ville de Plassans, en Provence, pour en prendre le contrôle lors du coup d’État de 1851, et s’assurer une bonne situation.
Une bonne peinture des querelles politiques de l’époque.
2 - La Curée
Aristide, fils des précédents, est monté à Paris. Son frère Eugène, très bien placé, le pistonne pour prendre sa part du gigantesque gâteau lors des travaux dans Paris pendant l’Empire. Quand on sait quels immeubles seront détruits, il est facile de les racheter pas cher, puis de se faire exproprier à une valeur définie par des gens que l’on connait bien ou que l’on peut intéresser… Aristide bâtit une fortune colossale sur la corruption et le conflit d’intérêt (pendant que sa nouvelle jeune femme se tape son fils).
Description cynique d’un microcosme parisien déconnecté, parasite et débauché. (Certains diront que ça n’a pas changé.)
3 - Le Ventre de Paris
La cousine d’Eugène et Aristide, Lisa Macquart, tient une boucherie près des Halles, et, comme la petite bourgeoisie sous l’Empire, elle prospère gentiment (et honnêtement, elle).
Quand son beau-frère Florent revient du bagne de Guyane, où il avait été envoyé par erreur lors du coup d’État de 1851, puis fréquente des révolutionnaires de comptoir, elle tique, surtout que des ragots court sur eux deux. Mais la police de l’Empire est trop bien faite.
Une description roborative (voire bourrative, j’ai sauté des pages de description) des Halles qui nourrissaient la capitale.
4 - La Conquête de Plassans
Retour dans la petite ville de Plassans du premier tome, où règnent Pierre & Félicité Rougon.
François Mouret, leur gendre, vit aisément et tranquillement avec sa famille. Arrive un nouveau locataire, l’abbé Faujas, personnage terne mais chargé en sous-main de restaurer l’influence bonapartiste dans cette ville qui vote toujours légitimiste. C’est le début d’une suite de catastrophes pour tout le monde.
Belle description du panier de crabes et de la mesquinerie de la politique d’une petite ville, et du rôle encore majeur de la religion à cette époque.
5 - La Faute de l’abbé Mouret
Le fils de François Mouret avait depuis toujours la vocation. Encouragé par l’abbé Faujas, il devient curé d’un trou perdu près de Plassans. Bienveillant mais totalement coincé et asexué, il découvre subitement l’amour grâce à (ou à cause de ?) une petite sauvageonne. Évidemment ça ne peut pas bien finir.
Choc brutal du poids des conventions et de la liberté, du christianisme bienveillant, du fanatisme crétin et de l’athéisme, de la joie de vivre et de la mortification. Hélas, ça dégouline souvent de mièvrerie sur trop de pages. Zola a dû décider de caser tous les noms de fleurs de la création pour décrire le jardin du Paradou (un personnage à lui seul).
6- Son Excellence Eugène Rougon
Eugène Rougon, le fils de Pierre & Félicité, d’abord avocat à Plassan est monté à la capitale et est devenu complice du coup d’État bonapartiste de 1851. Il était déjà à l’arrière-plan de trois des livres précédents.
Il est à présent au Conseil d’État, et surtout au centre de toute une clique de parvenus, clients, parasites ingrats, et d’ennemis mortels (à commencer par son frère Aristide). Il alterne les disgrâces et les retours inattendus, quitte à changer d’opinion politique au besoin, par goût du pouvoir. Le Second Empire n’était pas vraiment une méritocratie. On croise Napoléon III à Compiègne.
7 - L’Assommoir
La misère des ouvriers parisiens, la précarité de leur existence et les ravages de l’alcoolisme opèrent un contraste violent avec le luxe du livre précédent.
Gervaise Macquart, nièce de Pierre Rougon et sœur de Lisa, est elle aussi montée à Paris (on ne verra jamais sa famille). Avec Lantier, puis Coupeau, elle est la mère de quatre des personnages principaux des livres suivants. Personnage positif et travailleur qui réussit à monter sa boutique, elle est ruinée par Coupeau devenu alcoolique, et Lantier, parasite manipulateur de premier ordre, et tout finit de manière tragique.
De la ribambelle de personnages du quartier, très peu sont au final vraiment positifs (nombreux furent ceux à le reprocher à Zola). Les ragots, commérages, brouilles et rabibochages entre eux font partie du plaisir.
Avant de le lire, je n’avais pas conscient de l’évolution du vocabulaire depuis Zola (même s’il y a sans doute une bonne part d’argot parisien).
Encore à (re)lire :
- Une page d’amour (jamais entendu parler)
- Nana (l’histoire de la fille de Gervaise, qui tourne mal ; lu il y a longtemps)
- Pot-Bouille (connu de nom)
- Au Bonheur des Dames : le grand classique, je m’en repourlèche les babines d’avances (pourtant je l’ai déjà relu il y a une décennie)
- La Joie de vivre (jamais entendu parler)
- Germinal (sur un fils de Gervaise) : peut-être le seul que je risque de sauter, déjà lu deux fois et vu au moins deux fois le film
- L’Œuvre (sur un autre fils de Gervaise, jamais entendu parler)
- La Terre (connu de nom)
- Le Rêve (jamais entendu parler)
- La Bête humaine (sur encore un autre fils de Gervaise ; je n’ai vu que le film avec Gabin)
- L’Argent (connu de nom)
- La Débâcle : sur la défaite de 1870, sans doute passionnant pour le côté historique
- Le Docteur Pascal : je suis curieux de lire celui-là, car le bon docteur est présent dès le premier tome
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